Infections A Chlamydiae
Infections A Chlamydiae
Infections A Chlamydiae
CHLAMYDIAE
D'après une communication de S. FORMAUX,,J.J. LENG et C. BÉBÉAR
lors des XII èmes journée Aquitaines de Perfectionnement en Reproduction humaine.
Bordeaux, 25 septembre 1993
Les trois espèces de Chlamydiae (C. trachomatis, C. psittaci, C pnenmoniae) possèdent des
antigènes communs, des antigènes spécifiques d'espèce. La connaissance des antigènes est
importante pour le diagnostic, que ce soit pour la détection de la bactérie ou pour la sérologie.
Chlamydia trachomatis peut atteindre chez la femme tous les niveaux de l'appareil génital.
Les études de prévalence donnent des résultats variables selon la population étudiée.
Les endocervicites
Chez l'homme, Chlamydia trachomatis est responsable d'urétrites qui peuvent se compliquer
d'épididymites et retentir sur la fertilité.
Chez l'adulte, il existe des localisations hors de la sphère génitale. Chlamydia trachomatis est
responsable de conjonctivites à inclusions par autoinoculation à partir d'un foyer génital,
d'arthrites réactives posturéthrites chez l'homme (syndrome de FiessingerLeroyReiter), et de
périhépatites chez certaines femmes atteintes de salpingite (syndrome de FitzHughCurtis)
Le diagnostic direct repose avant tout sur la qualité du prélèvement qui doit être réalisé avant
traitement, et qui doit recueillir des cellules infectées par grattage de la muqueuse avec une
curette ophtalmique, un bactopick (écouvillon plastique à extrémité spiralée), une cytobrosse,
un écouvillon d'alginate de calcium. Le prélèvement sera réalisé au niveau de l'endocol, de
l'urètre, de l'endomètre, du liquide péritonéal et des franges pavillonnaires des trompes
(prélèvement percoelioscopie). Le prélèvement doit être placé dans un milieu de transport et
acheminé rapidement au laboratoire. Le diagnostic direct repose sur trois types de techniques.
La culture cellulaire est la technique de référence, mais elle est lourde sur le plant technique et
demande un délai de 73 heures. Les techniques de détection de l'antigène bactérien par
immunofluorescence ou par immunoenzymologie, sont rapides et accessibles à tout
laboratoire mais elles sont moins fiables que la culture. Les techniques de biologie
moléculaire, qui utilisent le principe de l'amplification génique (Polymerase Chain Reaction),
de développement récent, sont en cours d'évaluation.
1.3.4. Interprétation
Dans les infections génitales basses, la mise en évidence directe de Chlamydia trachomatis
dans l'endocol occupe une place de choix dans le diagnostic. En effet, les infections
superficielles s'accompagnent d'une faible production d'anticorps, et une infection ancienne
entraîne une cicatrice sérologique. L'interprétation de la sérologie est donc délicate en dehors
de la séroconversion et de l'augmentation significative du taux d'anticorps, peu fréquemment
observés. Il est en effet rare de disposer d'un sérum précoce étant donné le caractère
paucisymptomatique de l'infection. L'isolement de Chlamydia trachomatis par culture ou la
mise en évidence de l'antigène constitue un élément de certitude. Une sérologie positive et
diagnostic direct positif signent une infection en cours, de même sérologie négative associée à
un diagnostic direct positif (l'infection peut se développer sans traduction sérologique ou le
sérum est trop précocement prélevé). Par contre, une sérologie positive et diagnostic direct
négatif évoquent une cicatrice sérologique sauf si la qualité du prélèvement peut être mise en
doute.
Chlamydia trachomatis entraîne fréquemment des infections qui évoluent longtemps et de
façon insidieuse. Dans les infections profondes, elle peut être retrouvée au niveau de
l'endocol, mais elle n'est parfois présente que dans l'appareil génital haut, d'où l'intérêt des
prélèvements profonds. Ceuxci restent parfois négatifs, et ils peuvent être cytotoxiques pour
les cultures cellulaires. A la différence des infections génitales basses, un diagnostic direct
négatif ne permet pas d'exclure le diagnostic.
La réponse sérologique est plus importante dans les infections profondes, où la stimulation
antigénique est plus prolongée. Devant une sérologie IgG positive (supérieure ou égale à 1/64
chez la femme), IgM et IgA, permettent d'affiner le diagnostic sérologique. Les IgM
spécifiques apparaissent quelques jours après la contamination et persistent quelques
semaines. Elles signent une infection récente, et si elles sont positives affirment le caractère
évolutif de l'infection, qui peut cependant n'intéresser que les voies génitales basses. Le
diagnostic des salpingites à Chlamydia trachomatis, cliniquement volontiers silencieuses, est
souvent tardif, postérieur à la disparition des IgM, lorsque les IgG ont atteint leur plateau. Les
IgA sont des immunoglobulines d'origine tissulaire, qui témoignent d'une atteinte viscérale
profonde, elles ont été proposés comme marqueurs de l'évolutivité.
Tétracycline 0,020,5
Minocycline 0,0150,5
Josamycine 0,003
Roxithromycine 0,03
Spiramycine 0,5
Clindamycine 0,252,0
Péfloxacine 8
Ciprofloxacine 1,02,0
Ampicilline 0,25 50
Amoxicilline 2,0>4
Amoxicilline/Ac.
2,0
clavulanique
Spectinomycine 32256
Métronidazole >5000
Gentamicine >1000
Une souche isolée en clinique ne fait pas l'objet d'une étude de la sensibilité aux antibiotiques,
du fait de la difficulté technique et de l'absence de résistances acquises. Des échecs
thérapeutiques après traitement adapté ont cependant été décrits, ils semblent dus à une
mauvaise diffusion de l'antibiotique, ou à une recontamination.
2.2.1. Tétracyclines
Ce sont des antibiotiques bactériostatiques caractérisés par leur bonne diffusion intra et extra-
cellulaire. Les principaux représentants sont la doxycycline et la minocycline. Elles sont
contreindiquées pendant la grossesse, l'allaitement et chez l'enfant car elles entraînent une
hypoplasie et une dyschromie dentaire.
2.2.2. Macrolides
Les principaux représentants sont l'érythromycine (qui entraîne des troubles digestifs), la
josamycine et la roxithromycine mais de nouveaux produits, azithromycine, clarithromycine
sont en cours d'évaluation. L'azithromycine se distingue par sa demivie longue et son affinité
tissulaire qui permet d'envisager un traitement court. A la différence des tétracyclines, les
macrolides peuvent être utilisés chez la femme enceinte et le jeune enfant. Ils ne doivent pas
être associés aux vasoconstricteurs dérivés de l'ergot de seigle.
2.2.3. Fluoroquinolones
Les fluoroquinolones se caractérisent par leur large spectre d'activité ainsi que par leur bonne
pénétration tissulaire. L'ofloxacine possède une activité sur Chlamydia trachomatis supérieure
à celles de la norfloxacine et de la ciprofloxacine. De nouveaux dérivés (sparfloxacine) sont
en cours d'évaluation.
L'infection génitale haute est due une fois sur deux à une association plurimicrobienne. Son
traitement repose donc sur deux phases, la prescription d'une antibiothérapie à large spectre
pendant quinze jours, suivie ou associée un traitement spécifique de Chlamydia trachomatis.
La posologie et la voie d'administration sont adaptées en fonction du contexte clinique. La
voie intraveineuse est utilisée pendant les 7 à 9 premiers jours dans les formes graves, alors
que les formes moyennes et légères se traitent par voie orale.
Le traitement classique comprenait dans sa première phase l'association d'amoxicilline (4 à 6
g/24 h. IV ou 3 g/h per os), de gentamicine (2 à 3 mg/kg/j IM) et de métronidazole (0,5 g IV
ou per os, 2 fois par jour). La deuxième phase compotait trois à six semaines une
antibiothérapie antichlamydia (doxycycline 200 mg/j).
Pour les cervicites, l'efficacité du traitement est jugée par l'amélioration clinique ainsi que par
la négativation de la recherche directe de Chlamydia trachomatis à distance de l'arrêt du
traitement, bien que cet examen soit peu couramment pratiqué.
Pour les salpingites, l'amélioration clinique ne suffit pas pour affirmer la guérison d'une
infection à Chlamydia trachomatis, mais la disparition de la symptomatologie et la
normalisation du bilan biologique (N.F.S., V.S., C.R.P.) sont de bon pronostic et pourraient
être corrélées à une coelioscopie de contrôle, critère de guérison.
Les éléments biologiques spécifiques pourraient intervenir dans la surveillance de l'évolution.
La disparition de Chlamydia trachomatis au niveau de l'endocol et/ou dans des prélèvaments
profonds per coelioscopie permet d'apprécier l'efficacité du traitement. Le taux des anticorps
de type IgG ne constitue pas un élément de surveillance. En effet, ces anticorps persistent
plusieurs années après la guérison à un taux stable, leur évolution lors du traitement est
variable: ils peuvent décroître, rester stables ou même s'élever. Les IgM et les IgA sont des
arguments encore controversés et en cours d'évaluation: les IgM, si elles existent, semblent
être un marqueur d'évolutivité. Elles diminuent sous traitement, se négativent 2 à 3 mois après
la guérison et réapparaissent en cas de réinfestation. Leur persistance est de mauvais
pronostic. Les IgA persistent après la guérison, et ne semblent pas être de bons marqueurs de
l'évolution sous traitement, sauf si leur taux se modifie de façon significative. En l'absence de
recul suffisant, seule une négativation des IgM et IgA sous traitement semble être de bon
pronostic.
3. Conclusion
Le traitement d'une infection à Chlamydia trachomatis chez la femme repose sur des
arguments cliniques et biologiques. Le diagnostic direct, quand il est positif, est un argument
de certitude mais la sérologie reste parfois difficile à interpréter. Le diagnostic des salpingites
dues à Chlamydia trachomatis reste souvent difficile.