Theme N°23-La Protection Sociale Au Maroc
Theme N°23-La Protection Sociale Au Maroc
Theme N°23-La Protection Sociale Au Maroc
Maroc
Introduction
Dans son discours de la Fête du Trô ne, le roi Mohammed VI a souligné qu'il « faut redresser les
anomalies qui entachent l'exécution du programme de couverture médicale 'Ramed', et,
parallèlement, refondre en profondeur le système national de santé, qui se caractérise par des
inégalités criantes et une faible gestion »
Au Maroc, pays en transition démographique et économique, la protection sociale est un vecteur du
développement social et économique. En fait, la protection sociale est une composante des politiques de
redistribution qui permet de renforcer la solidarité sociale et assurer une contribution de la population, en
particulier celle vulnérable, à l’activité économique et à la stabilité du pays.
La protection sociale est l’ensemble des mécanismes de prévoyance collective mis en œuvre par l’Etat et les
organismes privés pour permettre aux individus de faire face à l’impact financier des risques sociaux pouvant
déstabiliser leur budget et compromettre leur sécurité économique ou celle de leurs familles.
La protection sociale constitue aujourd’hui un enjeu considérable notamment avec la montée des risques
sociaux qui impliquent des défis considérables en matière de cohésion sociale et de stabilité politique. Ceci
nécessite, entre autres, la mise à niveau nécessaire pour accompagner, au mieux, les mutations constantes du
monde du travail et les changements démographiques des années à venir.
Certains risques sont liés au cycle de vie et sont souvent amplifiés dans le cas des familles pauvres, à cause de
leur accès déficient aux services de base.
Au Maroc, comme dans la plupart des pays du monde, les dispositifs du système de protection sociale ont été
développés de manière fragmentée sur une période très longue. Aujourd’hui, le système de protection
sociale au Maroc se compose d’un système de sécurité sociale qui est contributif (CMR, RCAR, CNSS,
CNOPS…), d’un système de protection sociale partiellement contributif (RAMED) et d’un système de
protection sociale non-contributif (Tayssir, Kafala, INDH, établissements de protection sociale pour les
personnes en difficulté…).
Ces dispositifs fragmentaires ont été introduits au fur et à mesure pour traiter des problématiques sociales et de
développement humain qui ont émergé au fil du temps.
Historique
1959 : Institution du régime de sécurité sociale au profit des salariés des secteurs de l'industrie, du
commerce et des professions libérales :
le financement du régime est assuré par une contribution patronale et salariale assise sur
l'ensemble des rémunérations perçues par les salariés ;
les fonds disponibles de la caisse autres que ceux nécessaires à son fonctionnement courant,
doivent être déposés à la Caisse de Dépô t et de Gestion ;
ce régime est entré en vigueur le 1er avril 1961, et a été étendu aux secteurs de l'agriculture et
de l'artisanat.
1965 : Fixation du taux de cotisation due à la CNSS par les Marins Pécheurs à la part ;
1972 : Réforme du régime de sécurité sociale (Dahir portant loi n° 1.72.184 du 27 juillet 1972), en
vue d'améliorer l'attribution des prestations, la gestion et faciliter les procédures ;
1982 : Application du régime de sécurité sociale aux employeurs et aux salariés des exploitations
agricoles, forestières et leurs dépendances ;
1994 : Fixation des conditions d'application du régime de sécurité sociale aux salariés travaillant
dans les entreprises artisanales ;
2004 : Réforme du régime de sécurité sociale (loi 17-02 modifiant et complétant la loi 1.184.72 du
27 juillet 1972) ;
2011 : Extension du régime de sécurité sociale aux professionnels de transport routier titulaires de
la carte de conducteur professionnel (loi n°84.11 modifiant et complétant la loi 1.184.72 du 27
juillet 1972 du régime de sécurité sociale).
Faiblesses
L’évolution annuelle de l’effectif de l’ensemble des salariés entrants et celles des assurés qui
cessent d’être déclarés avant de bénéficier d’un droit à pension (attrition) caractérise un niveau
élevé de fluidité du marché du travail dans le secteur privé formel, soulignent à la fois la fluidité et
l’insécurité qui caractérisent le marché du travail marocain formel ;
Un régime de sécurité sociale dont un quart de l’effectif global était en mouvement d’entrée ou de
sortie ;
Un phénomène de fluidité, que le secteur formel de l’emploi est étroit, avec à sa périphérie des
relations d’emplois marquées par une discontinuité structurelle ;
Le blocage structurel, l’étroitesse et la fragilité du marché du travail formel et en conséquence, les
limites qui pèsent sur les capacités du régime de sécurité sociale à retenir et accroître l’effectif des
personnes assurées et, a fortiori, à améliorer les niveaux de prestations qui leur sont servies ;
Le Maroc n’est à ce jour officiellement pas signataire des normes de l’OIT relatives à la protection
sociale en matière d’emploi, notamment la convention 102 concernant la sécurité sociale (1952)
qui inclut, parmi ses neuf branches, les prestations de chô mage, et la convention 168 sur la
promotion de l’emploi et la protection contre le chô mage (1988) ;
Les politiques publiques ne rendent pas compte non plus de leur degré de convergence avec la
recommandation 67 sur la garantie des moyens d’existence (1944) et la recommandation 176 sur
la promotion de l’emploi et la protection contre le chô mage (1988) ;
Les régimes demeurent fragmentaires puisqu’ils ne couvrent qu’un peu plus de 40% de la
population active occupée. Le gouvernement a certes institué une couverture pour les non-salariés,
mais elle n’a pas encore été opérationnalisée ;
L’armature de la protection sociale est dominée par une multitude de régimes, sans synergie
entre eux, financés essentiellement par les revenus du travail et destinés à une partie des salariés
du secteur privé, des fonctionnaires et des agents de l’Etat et des collectivités territoriales, le reste
de la population active est exclu .
Dans son dernier rapport au titre des années 2016 et 2017, la Cour des comptes pointe du doigt
plusieurs insuffisances relevant du mode de gouvernance des programmes d’appui social :
L’absence d’une stratégie intégrée pour la mise en œuvre des programmes d’appui social et un
manque de programmation cohérente de ses ressources et de ses dépenses, ainsi qu’un retard dans
le décaissement des contributions au profit des programmes sociaux (à partir de 2014) ;
Les contributions relatives au programme "Ramed" n’ont pas été complètement recouvrées. A cela
s’ajoutent des insuffisances au niveau du suivi et de l’évaluation de l’impact de ces programmes.
Un retard dans la préparation des cartes permettant de bénéficier du Ramed et ce, par rapport au
délai réglementaire de 60 jours ;
L’identification des personnes éligibles rencontre plusieurs difficultés compte tenu, surtout, de la
croissance du secteur informel et l’adoption du système déclaratif en ce qui concerne le revenu ;
Recommandations
Parmi les plus importantes recommandations du CESE, on notera :
Handicap :
compléter la protection des personnes handicapées par des mesures dissuasives contre les
violences, la maltraitance et les discriminations ;
Retraites :
instaurer un revenu minimum vieillesse équivalent au seuil de pauvreté pour les personnes
dépourvues d’une pension de retraite ;
instituer un régime de retraites de base, public et obligatoire, géré en répartition, pour les actifs des
secteurs public et privé, unifié, sous plafond de cotisation ;
mettre en place un régime complémentaire contributif pour les revenus supérieurs au plafond ;
Couverture maladie :
harmoniser, sur les meilleurs niveaux de prestations, les régimes obligatoires d’assurance maladie
(paniers de soins, taux de couverture et taux de cotisations) ;
réviser la gouvernance de l’Agence nationale de l’assurance maladie (Anam) pour lui permettre de
jouer pleinement son rô le de régulateur ;
développer des campagnes publiques d’information sur les droits à la protection sociale.