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D.

MARTIN
P. SEGALEN

YlCE EXPLICATIVE
-
CARTE PÉDOLOGIC&JE
D U C A M E R O U N QRXENTAE

A U l /1.QQQ.QQO

OFFICEDELARECHERCHESClENTlFlWUE ET TECHNIOUEOUTRE-MER

1
I CENTREDEYAOUNDE

i 19GG
NOTICE EXPLICATWE

CARTE P S D O L O G I ~ E
DU CAMEROUN ORIENTAL

A U l/l.OOO.OOO

D. MARTIN
’ Mdtre de Recherches Principal
de 1’O.R.S.T.O.M.
et
P. SEGALEN
Inspecteur GBnCnl de Recherches
de 1’O.R.S.T.O.M.
-1-

T A B L ED E SM A T I a R E S

Pages

INTRODUCTION 1

PREMI&REPARTIE

1 - LES FACTEURS DEFORMATIONDES SOLS


ORIENTAL
AU CAMEROUN 3

limat 11 - Le 4
vivants
organismes
12 Les- 13

végétation121 - La 16

1211 - Facteurs affectant la végétation 16


1212 - Formationsprimairesetsecondaires- 18
1213 - Les principales formations vegétales
du Cameroun 19

animale
122vie La - Cameroun
au 23

roches-mères
13 -
Les 23

131 - Aperçusommaire de la géologiedel'Afrique- 23


132 - Histoire géologique du Cameroun 27
133 - Roches-mères et materiauxoriginels
des sols 28

géomorphologie
14 La - 29

141 - Esquisse de la géomorphologie en Afrique


Centrale et Occidentale 29
142 - Esquisse géomorphologique du Cameroun- 30

15 - L'hydrographie 34
-II-
Pages
-
16 l'homme
L'action
de sur
sols
les 38

161 - Caracteres pahiculiers de l'action de


le sur l'homme 38
1,62-
peuplement
Le du Cameroun 39
163 - Lesactivités de l'hommeau Cameroun- 40

Pastorat
1631 - Le 40
1632 - L'Agriculture 40

164 - Conclusions 42

DETJXIBME PARTIE

-
2 SOLS
LES ET LEURS
CARACTI%RISTIQUES
43

21 - Généralités
sur la pédogenese
.Cameroun
au 43

211 - Lesprincipauxprocessus de formation du sol 43


212 - Repartition
géographique
des sols 46
213 - Classification
Principes
sols.
des 47

22 - Classe I. minéraux
sols
Les
bruts 48
23 - Classe II. sols
Les évolués
peu 51
24 - Classe III. Vertisols 58
25 - Classe VI.solsLes 61
à mull
26 - Classe VIII. sols
Les à sesquioxydes 62

261 - Les sols fersiallitiquesavec le groupe des


opicaux rouges sols 62
- Les
ferrugineux
262 sols
tropicaux 65
263 Les
ferrallitiques
sols - 72

-
27sols
halomorphes
=.Les
Classe 88
-X.Les
28 sols
hydromorphes
Classe 91

TROISI~MEPARTIE

3 - LES 99
APTITUDES
SOLS DES

actuelle
31 - Situation 99
-m-
Pages
311 - Facteurs conditionnant l'utilisation
des
sols- 99

3111climatiques
. - Facteurs 99
-
3112 pédologiques
101
Facteurs
3113 -
humains
Facteurs 104
possibilités
312 -d'utilisation
Les 105

-
3121arbustives
Cultures 105
-
3122vivrières
Cultures 107
3123 - Culturesindustriellesetdiverses- 109
l'avenir
32 .- Coup
sur d'œil 111

-
321 d'extension
Possibilités 111
322 - Possibilités
d'améliorations 112

4 - CONCLUSION 115

119 5 - BIBLIOGRAPHIE
- 1 -

INTRODUCTION

Lestravaux pédologiques ont commencévéritablementauCameroun,


peu après la fin de la deuxièmeguerremondiale.Différentschercheurs
ou agronomes,comme R. BETREMIEUX, R. PORTERES, A. VAILLANT,
parcouraient le payset donnaient quelquesdescriptions de solseten
examinaientlespossibilitésagricoles.Dès1949, une mission de pédo-
logues , envoyée par 1'O.R. S. T. O. M. sous la conduite du Professeur
ERHART, arrivait au Cameroun.Elleallaitconstituer le premier noyau
de la section de pédologie de 1'I.R. CAM. dont les travaux portèrent sur
l'ensemble du pays. Deux pales d'attraction allaient longtemps provoquer
une concentration des efforts : l'Ouest (les régions volcaniques duMungo,
du Bamileké, duBamoun) etle Nord (départements du Logone etChari,
Diamare, Mayo Danai, Margui-Wandala, BBnoué). De nombreusescartes
(du 1/200 OOOe au 1/50 000e) ont été levées dans ces régions par les pédo-
loguesqui s e sontsuccédés au Cameroun. Mais d'autressecteursétaient
6galementétudiésdansdiverseszones du centre (Adamanoua) et duSud
(départements du Ntem, de la Haute Sanaga, du Nyong etKelle,de la
Sanaga maritime).

Dès 1957 , une première ébauche générale au 1/2 O00 OOOe du Cameroun
était préparée, à la faveur de la parution de la première partie de l'Atlas
du Cameroun(SEGALEN).Lapoursuitedestravauxdeterrain et de
. laboratoire ont permis de préparer une nouvelle carte au 1/1 O00 OOOe cette
fois, qui put etre présentée à la VIIIe Conférence Internationale de Science
du Sol à Bucarest (Roumanie) en septembre 1964. Cette carte correspond
à 1'8tat desconnaissancessurlessols du Camerounau debut de 1964,
date à laquelle le tracé des limites a été définitivement arreté.
Cettecartenetientpas compte des changementspolitiques de 1961
qui a vu la réunificationdesCamerounorientaletoccidental, aucun
document pédologique complet n'étant disponible à ce moment. I1 n'était pas
possible alors à la section de pédologie d'effectuer des reconnaissances,
memesrapidesde la partie occidentale du pays. Pqr la suite,divers
documentsétablispar BRUNT et HAWKINS, BAWDEN et LANGDALE-
BROWN -
1961 (1) ont étédisponibles. On pourra donc, dans uneédition
ultérieure, effectuer une présentation pédologique du Cameroun tout entier.

( 1 ) Rapports inedits aimablementcommuniqu6s par les auteurs.


- 2 -

Lesdocumentscartographiques qui ont servi à l'établissement de la


carte pédologique sont ceux de l'Institut Géographique National, annexe de
Yaoundé. Toutes les coupures au 1/200 OOOe ont été utilisées ; les limites
ont été portées sur un fonds au 1/1 O00 OOOe en 2 feuilles préparé par ce
servicepourlesroutes,lesvillesetlocalitésprincipales,lesforets
etrivigres,etc.

Tous les documents pédologiques établispar. 1'I.R. CAM. depuis sa


fondation ont été utilisés; leur liste est fort longue (plus de 130 numéros)
et ne saurait etre énumérée ici. I1 s'agit des travaux de MM. BACHELIER,
CLAISSE,COMBEAU, CURIS,
GUICHARD, LAPLANTE, D. MARTIN,
LEPOUTRE, PIAS, SEGALEN, SIEFFERMANN, VALLERIE qui ont dressé
descartes pédologiques à différenteséchelles,dansdiversesparties du
pays. On trouvera un extrait de liste à la fin de cette notice.
La carte doit être considérée comme l'état des connaissances sur les
sols Cameroun oriental en fin 1964. Certaines rdgions du pays (les dépar-
tements du Nord et de l'Ouest) sont beaucoup mieuxconnues à cette date
que le reste du pays. C'est ce qui explique les différences dans les tracés,
beaucoup plus fouillés, et on. l'espgre, plus precis qu'ailleurs. En ce qui
concerne les exemples présentés dans cette notice, on trouvera sans doute
qu'ils sont assez inegaux. Cela est da au progr& accomplis dans les diffé-
rents domaines de la pedologie depuis les premiers travaux au Cameroun.
En particulier,le codeMunselln'estd'usagesystematique que depuis
quelques années.
- 3 -

PREMIEREPARTIE
-
l LESFACTEURS DE FORMATION DES SOLS
AUCAMEROUNORIENTAL
- 4 -

Le Cameroun est situé en Afrique centrale, au sommet de l'angle droit


que dessine le golfe de Guinée (Fig. 1). I1 s'étend de la mer vers l'intérieur
et,atteint sa limite Nord aulacTchad. Le Camerounoriental a , très
grossièrement, la formed'untriangle dont la baseestsituée à peu de
chose près sur le 2e parallèle et la pointe à 13" de latitude Nord. Cette
disposition.depuis la m e r , au Sud, vers le lac Tchad, au Nord,résulte
comme les frontières, des vicissitudes politiques des cent dernières années
et ne correspond pas à une entitégeographique ou ethnique particulière.
Au contraire, la diversité est grande dans tous les domaines. Le climat
varie du régimeéquatorialaurégimetropical à longue saisonsèche au
Nord. La végétation passe de la foret dense ombrophile à des formations
épineusestrèsclaires ; lesrochessontmétamorphiques , plutoniques,
sedimentaires, ou volcaniques; le relief est à dominance de plaines ou
plateaux , mais unegrandepartie du paysestsituée à plusde 1 O00 m
(plusieurs sommets dépassent 2 O00 m). Les hommes également présentent
une grande diversité : bantous, semi-bantous , soudaniens , peuls, arabes.
Cetteextremevariétédes conditions naturellessetraduitdanslessols
parunegamme .trèsrichepuisque,surles 10 classes que comporte la
classification, 7 sont représentées avec une dominance très forte des sols
à sesquioxydes .

-
l1 Le climat
Leclimat du Camerounpeut@treétudiégrace auxdonnées fournies
par le service météorologique de cepaysetsurtoutgrace à la miseau
point effectuée par GENIEUX (1958) pour l'Atlas du Cameroun. Les travaux
effectuéspardesnaturalistescomme GAUSSEN (1952), AUBREVILLE
(1949, 1950) ou SILLANS (1958) pourdespaysvoisinssontégalement
précieux à connartre pour la compréhension de la climatologie du Cameroun
qui ne peut etre séparé de son contexte africain.Enfin,lestravauxdes
géographes ou climatologistes comme BIROT (1959), PEDELABORDE (1954),
PEGUY (1961) , DEMARTONNE (1940) sontindispensables à toute étude
climatologique de cettepartie de l'Afrique.

1 - LA POSITION GÉOGRAPHIQUE ET LA CLIMATOLOGIE DU CAMEROUN

Da& la partiecentraledel'Afrique,leclimatestplacé sous la


dépendance de deux centresd'action : unezone anticyclonique située sur
le Sahara, quidirigevers le Sud-Ouest un alizé sec connu sous le nom
d' "harmattan" , une zone anticyclonique située dans les parages de Sainte
,

Hélènequi dirigeversle Nord-Ouest unalizé humide qui,aprèsavoir


franchil'équateur, oblique versleNord-Est.Ces deux massesd'air se
rencontrent pendant une grande partie de l'année au-dessus du Cameroun.
Les mouvements de leur ligne de contact, le front intertropical ou F. I. T. ,
vont déterminerdanssesgrandesligneslesvariationsclimatiques du
pays (Fig. 2).
- 5 -

Fig. 2 - Variationsde la position du Front Intertropical


au voisinage du Cameroun.
- 6 -

Pendantl'étéboréal,l'anticyclone de SainteHélèneenvahit l'Afrique


occidentale et centrale. Le front intertropical se déplace vers le Nord et
ne dépasseguère, à fa longitude du Cameroun, 18" latitudeNord.Entre
Mars et Septembre, la culmination du soleil au zénith s e produit deux fois
sur l'ensemble du pays. Dans la moitié Nord, ces deux passages du soleil
auzénithsontrapprochéset ne donnent lieuqu'à une seulesaisondes
pluies . Dans la moitiéSud, chaque passage du soleil donne lieu à une
saisondespluies . Mais, lorsque le soleil culmineau Nord enJuillet,
un arret de la pluviométrie estenregistredansleSud. Pendant l'été
austral, le soleil culmine dans l'hémisphère Sud. L'air humide de l'océan
e s t refouléversle Sud parl'harmattan. Au mois de Janvier,lefront
intertropical se trouve vers 4" latitude Nord et reste parallèle à la frontière
Suddu pays. La saison sèche sera bien développée alors dans le Nord.
Elle sera sensible également, mais à un degré moindre, dans le Sud.

Par conséquent, les grands régimes climatiques au Cameroun peuvent


se schématiser comme suit : Dans la moitié Nord (au-dessus de 8" Nord),
une seule saison sèche, une seule saison des pluies de longueur variable :
c'estlerégimetropical.Dans la moitiéSud, deux .saisonsdespluies
correspondent aux deux passages du soleil au zénith;lessaisonssèches
correspondent à la culmination du soleil au tropique Sud (étéaustral)et
autropiqueNord(étéboréal) . P r è s de la m e r , des perturbationspro-
voquées,trèscertainement,parl'existencedesmassifs montagneux ,
font que des mouvements de convection des masses d'air humide provoquent
des précipitations en toute saison. Le ralentissement des pluies de Juillet
n'y est pas sensible ; celui de Janvier est au contraire marqué. C'est le
régime équatorial .

2 - LESCOMPOSANTESDESCLIMATSCAMEROUNAIS

2.1 - La Pluviométrie est la plus élevée en bordure de l'océan, 4 à


5 mètres. A mesure que l'on pénètre vers l'intérieur, elle diminue graduel-
lement,pouretre minimum auvoisinage du Lac Tchad (O, 4 m) Deux .
zonessontlégèrement moins pluvieuses que les régionsenvironnantes ;
à l'Est de Yaoundé ; la région ,de Bafia et celle qui s'étend de Mbalmayo
à Bertoua,situéesderrière uneligne de hauteurs. Par ailleurs, les
massifs de l'Ouest sont, du fait de leur situation proche de l'océan, très
fortement arrosés.

2.2 - Latempératureesttoujoursélevéeetlesvariationsencours
d'annéesont peu importantes (1,5" à Douala, 6" à Fort Lamy) . La dimi-
nution que l'on observe en quittant le bord de la mer (26") pour pénétrer
à l'intérieur du pays, résulte de l'augmentation de l'altitude (21-23"). Dans
la partie Nord du pays où l'altitude est faible 200-400 m , la température
est de nouveau forte (26-28").

2.3 - L'évaporationetl'humidité.Ces deuxdonnées varienttrès


fortement à mesure que l'onva duSud humide vers le Nord deplusen
plus s e c . L'humidité relative est la plusélevée à Douala et N'kongsamba
- 7 -

(77 et 78 % à midi). A mesure que la pluiediminue et la température


augmente , cettevaleurs'abaisseconsidérablementpourn'etreplus que
32 % à Fort Lamy.% L'évaporationsuit une variationinversepuisqu'elle
e s t de 576 mm à Doualapour atteindre 3576 mm à Fort Lamy.
2 . 4 - La notion de mois s e c . Suivant l'objectif poursuivi , la quantité
depluieau-dessous de laquelle un mois est considéré comme sec, varie
considérablementaveclesauteurs . Pour DEMARTONNE, cettequantité
est 30 mm à 25", pour GAUSSEN, elle est de 50 mm, pour AUBREVILLE
elle est de 60 mm,pour BIROT 100 mm. PEGUY (1961) présente un
diagramme permettant de classer très simplement les mois en tempérés,
tropicaux , ou arides;lesmoistropicauxettempérésétantséparésdes
moisaridespar une limitecorrespondant à celleétabliepar GAUSSEN.
Si on classe les zones climatiques suivant ce diagramme , on passe de la
région catière de 0-3 mois jusqu'à 7 moi*s secs à Fort Lamy. Aucun mois
ne peut @treconsidérécommetempéré , auCameroun, à l'exceptionde
zones très limitées en altitude.

3 - LES RÉGIMES ET TYPES DE CLIMAT AU CAMEROUN

Avant depasser en revuelesclimatscamerounais , l'onexaminera


rapidement la répartition des régimes climatiques en Afrique , de mani2re
à voircomments'insèreleCameroundansl'ensembleafricain.L'on
suivra ici définitionsgénéralesproposéespar PEGUY (1961) , utilisées
par TRICART et CAILLEUX (1.965) , P. BIROT (1959).
3 . 1 - Les régimes climatiques africains peuvent se ramener schéma-
tiquement à quatre (Fig.3).
Les régimes dquatoriaux intéressent une partie de la c6te occidentale ,
le Sud de la Nigeriaet du Cameroun, le Gabon, le Congo (Brazzaville)
.
et l'Ouest du Congo (Léopoldville) Les pluies sont généralement abondantes
etsupérieures à 1 , 7 m , bienrépartiesaucoursdel'année,avec un
nombre de mois secs inférieur à trois , généralement 1 et 2 mois séparés.
I1 e s t r a r e que le sol puisse sécher complètement lorsque la pluie cesse.
On peut n'avoir aucune saison sèche , mais le plus souvent 2 saisons sèches
et 2 saisonsdespluies. La températureesttrès constante etsesitue
entre 24" et 27". L'amplitudeannuelle estfaible (1-2").
Lerégimetropicalintéresse la majeurepartie de l'Afriqueinter-
tropicaleetceinturecomplètement la zone équatoriale . Cerégime est
caractérisé par une saison des pluies et une saison sèche. La sécheresse
est suffisamment marquée pour dessécher véritablement le sol pendant au
moins 3 mois. La pluviométrie peut @tre très forte pendant la saison des
pluies (4 m à Conakry).Ellediminuegraduellementversl'intérieur du
continent.Latempératuregénéralement est plusélevée que dansles
régionsprécédentes (26 à 29") maisl'amplitudethermiqueannuelle est
déjà nettementprononcée (6-8").
Le régime désertique est caractérisé par la rareté (ou l'absence quasi-
totale) et par l'irrégularité des précipitations. La température moyenne est
proche de celle de la zone précédente mais l'amplitude ,annuelle et diurne
est très accusée.
- 8 -

Trop.du Cancer

Equateur

Trop.du, Capricorne

Fig. 3 - Lesrégimepclimatiques enAfrique

I - RégimeEquatorial
II - RegimeTropical
III - Regime Désertique
IV - RégimeMéditerrannéen
- 9 -

Le régime méditerranéen neconcerne que les extrémités Nord-Ouest


et Suddu continent. I1 voit amaraftre une saisonfralcheet une saison
chaude avecpluiesensaison^&afche (pluie 4-700 mm et température
voisine de 16").
Seuls les régimes équatoriaux
et
tropicaux
sont
représentés au
Cameroun.

3.2 - Lesclimats du Cameroun. On connaft une variété de climats


locaux pour lesquels un certain nombred'appellations ont étéproposées
par AUBREVILLE (1949) ou GENIEUX (1958) qui serontutiliséesici.
(Fig. 4 , 5 et 6) .
3.2.1 - Parmilesclimats équatoriaux , on connaft lesclimats
équatorial à une seule saisonetéquatorialvrai.Leclimatéquatorial à
une seulesaisonestlocalisédansle ,Sud-Ouest du pays. I1 doitson
existence à desmasses montagneuses(Fernando Poo, Mont Cameroun,
MontKoupé) qui se dressent sur le passage de la mousson et déterminent
des mouvements deconvectionamenant despluiesmassives. On peut
distinguer :
Ia. Le climat bas-camerounien. Les stations types sont celles de
.
Douala,Edea ou Kribi Nkongsamba représente déjà une transition vers
leclimatéquatoriald'altitude.Lapluviométrieestélevée (2 à 5 ml . I1
n'y a qu'une sècheressetrèsbrève (moinsde 2 mois).Latempérature
moyenne annuelle est de 26'4 avec une amplitude
thermique de 1'2.
Ib. Leclimatéquatorialdemontagne.Lastation type estcelle
.
de Dschang Bafoussam constitue déjB une transition vers le climat tropical
d'altitude.Lapluviométrieresteélevée, la périodesèchetrèscourte
(2 mois). Pendant plusieurs mois la température descend B 19' mais seul
un moispeut etre considéré comme tempéré.
Le climat équatorial typique concerne tout le Sud du Cameroun,
jusqu'à 6" latitude Nord on a distingué deux subdivisionsbaséessur la
différence d'altitude (la température diminue légèrement1 .
I c . Leclimatcatierintéresse la zone catisre Sud-Ouest avec
les stations de Lolodorf ou Eseka. La pluviométrie est élevée (2 à 3 m)
répartie en deux saisonsavecdesmaximaen Mai etOctobre. I1 n'y a
qu'un véritablemoissec.Latempératureannuelleestde 25".
Id. LeclimatSud-camerounienconcerne tout le Sud du pays
jusqu'à la bordure Suddu plateau de l'Adamaoua. La pluviométrie est de
1,5 à 2, 0 m avec deux maxima en Mai et Septembre-Octobre . La saison
seche principale est en Décembre-Février, mais il y a toujours quelques
pluies. I1 n'y a en fait que deuxmois secs. La saison "sèche" d.e Juillet
a tendance à disparaftre à mesure que l'onapproche de l'Adamaoua.
La température, en raison de l'altitude, qui est de l'ordre de 700 m , a
diminué à 23-24'.
3.2.2 - Le régimetropicalintéresse tout le reste du paysvers
le Nord. I1 n'y a plus qu'une seule saison sèche et une saison des pluies.
IIa. Le climat tropical d'altitude est celui qui prévaut sur le plateau
de l'Adamaoua (800-1300m) aveclesstations de Ngaoundéré,Meiganga
.
et Tibati La pluie tombe.de Mars B Novembre avec une saison sèche bien
- 10 -

Fig. 5 - Repartitiondestemperatures
moyennes annuelles
(d'aprgs Gbnieux)
- 11 -

Fig. 6 - LesclimatsCamerounais

I - Regimeequatorial
a. climatbas-camerounien
b. climatde montagne
c. climatc6tier
d. climatsud-camerounien

II - Regimetropical
a. climatd'altitude
b. climat soudanien
c. climatsoudano-sahelien
- 12 -

individualisée de 3 à 5mois . La pluviométrieestde 1 , 4 à 1,6 m . La


température moyenne de 22-24'. I1 n'y a pasdemois où la température
soit inférieure à 20".
IIb. Leclimat soudanien (station de Garoua)concerne la zone
située au Nord de la "falaise" de l'Adamaoua et dont le nombre de mois
secs est de 4 à 6 , l'altitude moyenne varie de 200 à 500 m . La pluvio-
métrie varie graduellement de 1,2 à 0,8 m vers le Nord et la température
est proche de 27".
IIc. Le climat soudano-sahélien, puis sahélien (stations de Maroua
et Fort Lamy) lui succede vers l'extr@me Nord. A mesure que les préci-
pitationsdiminuent (O, 8 m à Maroua, O, 6 m il Fort Lamy) , la saison
sèche s'allonge notablement et est de 6 à 8 mois. La température moyenne
annuelle estde 28-29' et l'amplitudeannuelle est de6".
L'essentiel des résultats est résumé dans le tableau no 1.

Classifi- Tempé- Evapo- Humidité


Mois Mois

:I
cation rature ration relat. %
secs humides
au Cameroun moyenne en mm à 12 h

26,4 5 76 77 O 12
Ia
:=l: 26,4 - 72 1 11

Ia - Ib Nkongsamba 2672 22,4 443 78 2 10


I

Ib Dschang 1908 20,l 696 67 2 10

Ib - IIa Bafoussam 1811 20,2 9 80 62 3 9

Ic Eseka 2247 25, O 429 - 1 11

Abong Mbang 1595 23,4 666 71 2 10


Batouri 1720 23,9 814 68 2 10
Id
Ebolowa 1597 23,9 - 71 O 12
Yaoundé 1478 23,5 692 69 2 10

Ngaoundéré 1574 22,2 1822 47 5 7


IIa Meiganga 1473 - 1356 - 4 8
Tibati 1529 23,4 - - 3 9

Garoua 982 28,l 2380 39 6 6


IIb
Maroua 804 28,6 3536 35 6 6

IIC Fort Lamy 613 28,l 3576 47 7


- 5

Tableau no 1 - Caractéristiques de quelques


stations
climatiques du
Cameroun,extraitesdes "Annales desservices météo-
rologiques de la Franced'OutreMer (1959)". .
- 13 -

Dans la terminologieproposéepar PEGUY, tous lesclimats de la


moitié Suddu paysreprésententdesvariantes du climatcongolais (ou
indonésien). L'Adamaoua est à classer dans le climat guinéen, la Benoué
etleDiamarédansleclimatsoudanien,tandis que le climatsénégalais
(équivalant de sahélien)concerneseulementl'extremeNord.

4 - SCH~MATISATION DES CLIMATS ; INDICES

Les graphiques etreprésentations synthétiques ont pour objet de


traduire de manièresimple ou imagéeles faits climatiques.L'indice
d'aridite de Martonne, calculé pour l'ensemble des stations du Cameroun,
permet de constater que la valeur 30 constitue la limite des sols ferral-
litiquesetferrugineuxtropicauxetcoïncidegéographiquementavecle
rebord Nord de la falaise de l'Adamaoua à la limite des climats tropicaux.
IIa et IIb (Fig. 79 . Cette valeur avait été trouvée également à Madagascar
(SEGALEN, 1957).Desgraphiquesombrothermiques ont été dressés pour
quelques stations types du Cameroun (Fig. 8) .

5 - CLIMATSANCIENS

Lesclimatsanciens ont été longuementétudiés dans de nombreux


pays de l'Afrique centrale
et
occidentale : TRICART (1958, 19651,
LE
BOURDIEC (1958) en C6te d'Ivoire, MORTELMANS (1950) au Congo
ont donné pour la fin tertiaire et le quaternaire une énumération détaillée
desdifférentesphasesclimatiques qui se sontsuccédées. Aucune étude
de ce genre ne parae avoir été tentée au Cameroun où elle reste à faire.
Des indices de climats anciens n'ont été trouvés que dans des points isolés,
à partir desquels onne peut encore généraliser.

CONCLUSION

Les
climats du Cameroun présentent une gamme variant depuis
l'équatorialprès de l'Océanjusqu'autropicalsahélien à proximité du
Tchad. Cette régularité est à peine troublée par les montagnes de l'Ouest
et le plateau du Centre qui par leur altitude amènent une diminution assez
nette de la température, mais ne provoquent pas l'apparition de mois frais.
Lamoitié Suddu pays est caractérisée par une pluviométrie moyenne à
trèsforte,avecun nombre de moissecs, nul ou faible(moins de 2).
Lamoitié Nord voitaugmenternotablementlenombredemoissecs
(jusqu'à 7 à l'extreme Nord) et diminuer la pluviométrie .
12 - Les organismes vivants
On peut traditionnellementdistinguer la floreet la faunedans leur
action sur le sol.
- 14 -

Fig. 7 - L'indiced'aridit6de Martonne


- 15 -

T
B M

250

zm
l50

50 100
..32,5
a5 50
.12. 5
l
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J I A S O N D
1 Douala 2 Edea 3 Yaound6

350

300

250

200

150

100

50

J F M A M J J A S O N D J F MA M J J A S O N D
4 Dschang 5 Ngaoundere

:i
T T

25
350[

300
:$
50 so
32,s 32,s
25 25
12,s 12.5

J F M A M J J A S O N D JF M A M J J A S O N D
6 Garoua 7 Maroua 8 Fort Lamy

Fig. 8 - Graphiquesombro-thermiquesde
quelques
stations du Cameroun

1 &3 - Regimeequatorial
4 - Transitionequatorial - tropical
5 & 8 - Regimetropical
Penmm - Ten Co
121 - LA V ~ G ~ T A T I O N

La végétation est très sensible aux variationsclimatiques,depuis la


zone proche de l'océan jusqu'au Tchad. Elle a été étudiée par H. JACQUES- I

FELIX (1950) et par R. LETOUZEY (1958)auxquels s e r a emprunté l'essentiel


des donnéesprésentéesci-après.Lesouvrages de base d'AUBREVILLE
(1936, 1950j, HEITZ (1943), HUTCHINSON et DALZIEL (1936), PELLEGRIN
(1948) , ROBERTY(1961) , SILLANS(1958) , SCHNELL(1950) , TROCHAIN
(1940) bien que portant sur' desrégionsvoisines du Cameroun, donnent
desrenseignements,utilisables,soitpour la zone deforet , soitpour
celle de la savane (voir Fig. 9) .

1211 - Facteursaffectant la végétation

La végétation est en relation étroite avec le climat qui varie avec la


latitude, mais également avec l'altitude. Près de la m e r , la pluviométrie
abondante et bien répartie au cours de l'année, favorise le développement
de la foretdenseombrophile. Une certainedifférenciationseraapportée
vers l'intérieur par suite 'de l'existence des plateaux camerounais. Près
du Lac Tchad, la pluie a fortement diminué et ne tombe qu'en un nombre
restreint de mois. Les peuplements deviennent riches en éléments sahéliens,
souvent épineux et à petites feuilles. Entre ces deux extremes, se dévelop-
pent des zones très étendues où domine la savane.
Dans la partieOuest du pays,s'élèventdesédifices montagneux
résultant de l'accumulation volcanique. Il s'agit de massifs isolés comme
le MontKoupé ou le Nlonako près de Wdongsamba, soitdemassifsplus
importants comme le Manengouba, le Bambouto , Baloum, etc.
Leur
altitudevarie de 1700 à 2700 m ; ils sont très arroséset onpeut y
observerdes"formationsmontagnardes".Plus au Nord,depuislepays
Bamoun jusqu'à
l'Adamaoua et 1'Alantika , diverssommetsdépassent
1700 m . Dans les monts du Margui-Wandala, l'altitude est comprise entre
1000 et 1800 m. Mais les formations montagnardes y sont rares ou absentes.
Dans la partïe méridionale du pays, encore largement occupée par la
foretdenseombrophile , les influencesédaphiques se font difficilement
sentir et le sol, en apparence tout au moins, modifie peu la physionomie
et la composition de la foret. Toutefois , l'excèsd'eau,danscertaines
zonesmarécageuses(vallée du Nyong,du Ntem , du Noun) favorise la
foretdensemarécageuse ; enbordure de la m e r , l'eauet le se1sont
responsablesde la mangrove quiremontetous les grands estuaires. Par
contre, dans le Nord plus sec, aux alternances saisonnières très tranchées,
le sol influencedemanière très nettel'aspectde la végétation et meme
.
la composition floristique On peut citer dès maintenant le grand dévelop-
pement des Boswellia d a k i e l i sur les sols peu évolués, celui des Acacia
seyal sur les vertisols, de Vetiveria nigritiana danslesplainesinondées
du Logone, etc. I1 faut cependant etre très prudent dans la généralisation
de telles relations sols-plantes .
A peu près partout, mais surtout dans la partiecentraleetdansle
Nord du pays, l'influencedel'homme s u r la végétation estcapitale.
L'homme est en effet responsable de la modification,sinon du boulever-
sementcompletdespaysagesvégbtaux.Cette influence humaine s'exerce
- 17 -

Fig. 9 - Lesgrandeszonesdevégétation enAfrique


(d'aprss R. Schnell, t r s s simplifié)

I - Foretdenseombrophile
II - Foret dense et savanes
III - Savanes
IV - Steppes
V - Déserts
VI - Groupements méditerrannéens
- 18 -
demanièrevariabled'unendroit à l'autre.Lafragilitéet la fertilité
limitée de la plupart des sols obligent à renouveler très fréquemment les
terrainsutiliséspour les culturesannuelles.Les arbres , écorcés à la
base, meurent sur pied et sont bralés de manière B dégager un"champ"
pour le maïs, les haricots ou l'arachide. De nombreux arbres sont coupés
pour la construction de cases , le bois de chauffe, ou bien pour l'exportation.
Des zones plus vastes peuvent etre défrichées pour des cultures arborées
ou arbustivespérennes(palmiers B huile,cacaoyers,caféiers,etc. I.
Lorsque la breche faite dans la foret n'est pas trop importante ni le dégat
faitausolirrémediable, la foret peut réoccuper les zonesqu'elle a
momentanément perdues. Mais si la pression de la population est forte et
les dégradations répétées, la foret recule de manière constante (environs
de Yaoundé par exemple) .
En zone desavane, le mode dedégradationde la végétation est
égalementsouvent le défrichement à la hache. Mais ici, le feu, propagé
par les herbes , est unagentautrementactif. Un trèsgrandnombre
d'arbres ne résistentpas au passage du feu,sontdétruitsetéliminés.
Un petitnombre,parsuitedecaractéristiquesbiologiquesparticulières
comme une écorce épaisse, la reproduction par drageons , réussissent 5
supportercesmauvaistraitementset à subsistermalgrétout. Ils sont
alors peu éleves , et présentent un port contourné caractéristique. Propagé
rapidement à travers la savane, le feu ronge,année après année , la
foret qui recule lentement par ses lisières. Ce processus est particuligre-
ment net dans le Centre Cameroun où la foret est morcelke , tronçonnée
et ne subsiste que sous forme d'flots en avant de la masse principale de
la foretdense ou biendans les galeriesplushumideslelongdescours
d'eau, peu favorables à la propagation du feu (1) . La nécessité de renou-
veler les paturages, de remplacerlesherbessèchesinalibilespardes
repoussesplustendres, les besoins de la chasse,sontdesmotifssans
cesse renouvelés de rallumer les feux.
Cependant, si l'homme détruit , ou maltraite les formations végétales,
il lui arrive aussi , mais rarement, de les protéger et d'en reconstituer.
C'est le cas du pays Bamiléké ou un nouveau paysage végétal a été fabriqué
detoutespièces,par des plantations de haiesvives, de raphiales, etc.
Dans le Margui-Wandala, si les habitants remodèlent le sol, ils ne plantent
guère d'arbres.

1212 - Formations primaires et secondaires

Toutes cesmodificationsapportées à la végétationfontqu'elle se


présenteassez peu
souvent sous une forme qu'on peut qualifier de
climacique , c'est-à-dire en équilibre avec les facteurs environnants, mais
sansles modificationsapportéesparl'homme.Lesseulesformations
véritablementprimairessont à rechercheren zone forestière , loin des
villages et des routes. La foret dense ombrophile est remplacée le plus
souvent par des for&ts secondaires avec des essences à croissance rapide
et des graminées à grandes' feuilles.

(1) Se reporter a la carte pedologique.


- 19 -

Lorsque la sajsonsèche est suffisammentlongue, la foret,meme


secondaire ne se reconstituepas ; on passe alors à un type de savane.
La composition floristique change suivant le climat et le sol, mais conserve
unaspectconstantsurdessurfacesimmenses : mélangedegraminées
assezhautesavecdesarbresséparésplus ou moinsnombreux.-Cette
savanen'estjamais une formationprimaire.Elleremplacedespeuple-
mentsforestiers(foretsdensesmésophiles ou tropophiles)qui,soumis
depuislongtemps à la hache et au feu, ont disparu d'une manièrequi
paraftirréversible. En fait, si la pressionexercéeparl'hommese
relache ;si on empeche, par des moyens appropriés, la savane de brttler ,
celle-ci est rapidement réoccupée par des espèces forestières. Ceci est
particulièrementvraiprès de Foumban où un espaceprotégédepuis
plusieurs années, à la suite d'une action du Service des Eaux et Forets,
est envahipeu à peu par des arbustes et a r b r e s , alors qu'aux environs
il n'y a plus un seul arbre. Près de Koza (entreMoraet Mokolo) , un
flot forestier est protégé par l'administration. On ytrouvedegrands et
beaux arbres entremelés d'arbustes divers. Là où elle n'est pas protégée,
elleestabattuedétruitepardespopulationsenquetedeterrains à
cultiver.Sanscetteactionprotectrice, il estcertain que cetteforet
auraittotalementdisparuetauraitétéremplacéepar une formation du
type savane ou steppe .
On est donc endroit de penser qu'au Cameroun,centraletsepten-
trional, les formationsprimairesontsubidepuisdenombreuxsiècles,
des dégradations par la hache et le feu, destinées à ouvrir des terrains
deculturepour les hommesdesp2turagespour les animaux. Ceque
nousvoyons à l'heureactuelle est une végétation modifiée , entretenue
artificiellement. Si l'action de l'homme vient à disparathe des peuplements
forestiers reprennent la placequ'ils ont perdue (centre
Cameroun).

1213 - Lesprincipalesformationsvégétales du Cameroun

Dans cette notice, l'on suivra la terminologie utilisée par R. LETOUZEY


dans l'Atlas du Cameroun, qui est celle proposée par la réunion de phyto-
géographes à Yangambi en 1956 (TROCHAIN, 1957). Si, dans leur ensemble,
les termes de foret, savane ne présententpasdedifficultémajeure,par
contre celui de steppe à épineux ne parait pas très heureux.
R. LETOUZEY (1958) a distinguéplusieurszones : la foretdense
humide, la zonesoudano-guinéenne à formationsmixtesforestières et
graminéennes,lessavanessoudanaisesetlessteppessahéliennes.Ces
différenteszones s e rattachenttrèsrégulièrement auxzonesphytogéo-
graphiquesreconnues à l'Est comme à l'Ouest du Cameroun (Fig.10).

-
12131 La for& dense. La foret dense est connue à basse et moyenne
altitude. Près de la mer, Lophira alata est abondant ainsi que Saccoglotis
.
gabonensis, Cynometva Hankel et Coula edulis En moyenne altitude,
vers Ebolowa, Eseka, Ndikinimeki , cette foret s'enrichit en légumineuses.
La foret ombrophile est 'ouverte par des clairières près des villes, des
plantationsdepalmiers à huile,debananiers,d'hévéa.Ens'éloignant
davantage de la m e r , la foret dense, moins arrosée, devient semi-décidue .
- 20 -

Fig. 10 - Les zones de végétation au Cameroun (d'apr5s R. Letouzey, 1958)

1 - Zone deForet
a. Foretsdenses ombrophile,hemi-ombrophile
b. Mangrove
c. Foretde montagne (reliques)etsavanes
2 - Zone Guinéenne
Foretdense,foret-galeries,savanes
3 - Zone Soudanienne
a. Savanes d'altitude (1 O00 m)
b. Savanes et forets claires
4 - Zone Sahélienne
a,. Foretsclaires,steppes B épinew
b. Prairies
- 21 -

Au Sud,c'est la foretsemi-déciduecongolaise(bassins du Djaét de la


.
Boumba) Lesarbrescaractéristiquessontdes BaiZloneZZa toxispevma ,
Afromosia elata , Tuvveantlaus afiicanus ;Tvipbchiton sclevoxylon , Tevmi-
nalia supevba sontfréquents .Desdéfrichements ont étéopérés pour
planter les cacaoyères. Le recrusecondaireestessentiellement à base
de parasoliers (Musavga cecvopioides) Plusau . Nord , on passe à la
forethémiombrophile à Sterculiacées.Cetteforetest moins haute avec
quelques arbres à fats droits.Elleestobservée à Abong-Mbang ; dans
la vallée du Mbam.Elle est richeen Celtis etSterculiacées. Salimite
Nord correspond au passage brutal à la savane.
A cette zone deforetdenseombrophileethemi-ombrophile peuvent
@treassociées deux formationsparticulièresédaphiques : la mangrove à
.
Rhizophova racernosa, R . Mangle, Avicemzia nitida Leszonesmaré-
cageuses de l'intérieur sont occupées par des Pandanus, Raphia, Mitvagyzae ,
Uapaca .
Enaltitude., s u r les flancsdesmassifsmontagneux,subsistentdes
flots de foretsdenses de montagne ou de hautemontagne. On y observe
desGuttifères,des Entendvoph-agma, des Albizzia, Ficus alors que des
Podocavpus , Cyathea , Raphia colonisentcertaineszoneshumides . Cette
végétationdesmontagnes est détruiteactivementpour y installerdes.
cultures ou des paturages ; elle est alors remplacée par des SporoboZus ,
des bambous (Ammdinavia alpina), des papillonnées (Adenocaqhs mannii) .
-
12132 Latransitionentrelespeuplementsforestierset la savane
qui s'étend au Nord est très brutale. I1 subsiste encore des flots de foret
à Sterculiacées,et
des
forets
galeries.
Dans
les
savanes,
le
tapis
graminéen est à based'andropogonées.Lesarbresetarbustessontdes
Baulzinia thoningii, Arwna senegalensis Albizziadiv . (dont A. Zygia);
Entada abyssinica , Hymenocavdia acida , Lannea spq, LopJ2iva lanceolata ,
Psovospermum febri&gum. Pennisetum purpureum est abondant près des
forets.Cettesavaneestrégulièrementparcourueparle feu pendant la
saison sèche et s'étend vers le Sud aux dépens de la foret à Sterculiacées
le long desroutes . I1 sembleque,versl'intérieur du pays,vallées de
la Sanaga, du Pangar Djerem,etc. , lesprogrèsde
,' la savanesoient
ralentis et m@me que la foret reprenne possession de son domaine perdu .

Sur le plateau de l'Adamaoua, il ne semblepas que l'onconnaisse


de foret. Eneffet , cette zone située entre 1000 et 1200 m est favorable
au développement .du bétail (500 O00 bœufs,chevaux,chèvres,etc.)en
raison des bonnes conditions sanitaires et de l'absence de glossines. Par
ailleurs, l'abondance des cuirasses et des sols ferrallitiques très évolués
en fait unezonepeu favorable à l'agriculture. Le feuy passe souvent
deux fois par an (au début et à la fin de la saison sèche) pour renouveler
le paturage . Toute trace de foret a maintenant disparu. La strate herbacée
est à base d'Andropogonées . Les arbres sont souvent abondants : Daniella
oliveri, Lophivalunceolata , Terminalia div .
*VOIR ILLUSTRAT!ONS PAGES 127 ET 128
- 22 -
En contrebas de la falaise de l'Adamaoua,on entre dans le domaine
soudanien proprement dit. On y observe de véritables forets claires sèches
ou Anogeissus schimperi, Isoberlinia dalzieli et I. doka, etc. sont parti-
culièrementabondants,avec un tapis de graminées peu fourni. A cette
foret claire, sont associées des savanes où, en plus des Daniella oliveri,
Lophira lunceolata , s e joignent des Khaya senegalensis , Afzelia africana ,
divers Acacia (A. Sieberiana) , Parkiabiglobosa, Lannea diu., Poupartia
birrea , Prosopis afiicana , etc.
Au Nord de la Bénoué, apparaissent des Adansonia digitata , Boswellia
diu., Sterculia setigera, Balunites, aegyptiaca,Hyphaene thebai'ca, Faidhwbia
albzda , qui annoncent déjà la zone sahélienne .
c

On ne saurait donnerune liste de tous les arbres qui caractérisent


la zone soudanienne.Entre la falaise de l'Adamaoua etlescontreforts
des monts du Margui-Wandala,cetteassociationdeforetclaireet de
savane est la règle .

Enaltitude,dansleMargui-Wandala, la flore soudaniennes'adapte


à un sol souvent très ingrat. Parkia biglobosa, Isoberlinia Doka, Daniella
oliveri sonttoujours abondants avecdes Commiphora,Boswellii. Des
Euphorbes poussent autour des cases.

12133 - Au Nord d'une lignepassantpar Mokolo etGuider, on entre


peu à peu dans unezone où abondent davantage de végétaux propres à la
zone sahélienne. La pluviométrie a diminué (moins de 800 m) et la saison
sèches'estfortementallongée.Ladensité de la population a beaucoup
augmenté, les cultures (sorgho et coton) occupent tous les terrains dispo-
nibles. Un bétailnombreuxdoit y trouverdesaliments,ce qui l'oblige
à des déplacementsnombreuxentre la partie Sud-Ouest etNord-Est, à
la recherche de paturages .

Cette zone a été le sihge de mouvements de populations aux cours des


derniers siècles, et paraft avoir 6té occupée depuis fort longtemps. I1 en
résulte que les formations véritablement primaires ont pratiquement disparu
et doivent @tre recherchéessur certains massifs rocheux inhabités ou dans
certaines parties de la plaine de la cuvette tchadienne. I1 s'agit alors de
véritables forets tropophiles ou de forets claires. En tout 6tat de cause,
la "steppe à épineux" doit & r e considérée comme des faciès de remplace-
ment de cesformationsprimaires.Elleestvariableavec les sols.
Lessolssableuxprofondssontoccupéspar Faidherbia albida, Guiera
senegalensis ;les sols argileux (dont les vertisols) par Acacia seyal; les
.
sols halomorphes par Lannea diu., Balanites aegyptiaca Dans les jachères
onnote souvent Zizyphus mauritiaca, Bauhinia diu., Callotropis procera.
On observe également bien d'autres espèces citées précédemment :Boswellia
dalzieli, Hyphaene thebaika, Anogeissus
schimperi
Combretumdiu.,
Sterculia diu., Acacia (A. seyal, Senegal, stenocarpa , sieberiana , etc. ) .
12134- Dans la cuvette tchadienne, soumise à l'inondation périodique,
abondent les formations graminéennes avecdes massifs boisés assezrares.
- 23 -

A la saisonsèche y les eaux seretirent, laiss,antdesmaresquasi-


permanentes (yaérés). Vetiveria nkyitana et Hyparrhenia sont les graminées
lesplusrépandues,avec Echinochloa pyramidalis dansleszones qui
demeurent très humides. Le long du Logone, subsistent encore des zones
de foret-galerie .
122 - LA VIE ANIMALE AU CAMEROUN
1221 - La faune de mammifères est bien représentée au Cameroun,
maisn'offre
pas
de
caractéristiques
exceptionnelles . Les
troupeaux
d'eléphants sont connus dans la foret dense duSud et dans les plaines de
la cuvettetchadienne.Lesdegatsfaits aux culturesparaissentlimités.
Lesgrandsfauves(lions y panthères)existentdanstoutes les savanes,
maisplusparticulièrement auNord de la falaise de l'Adamaoua.Les
hippopotames sont connus dans la plupart des grandes rivières. Antilopes
et singes abondent partout. Mais les zones où les animaux sont particulière-
mentnombreux sontlebassin de la B6noué et la cuvette tchadienne où
existentdevastesreserves. C e s grandsanimauxn'exercent surlesol
que des ef€ets peu marques, à l'exception des fouisseurs y comme l'oryc-
térope qui remue beaucoup de terre dans1'Adamaoua.
1222 - Chez les invertébrés y par contre, l'action sur le sol parait
très importante par les termites et les vers.
Lestermitessontcertainement très actifsenforetdense.Leurs
I

édificessont peu visiblesensurface y mais on leurattribue une action


efficacedans le brassagede la partiefine du solprochede la surface
et en particulier, la remontéedesélementsfinsau-dessusde la "ligne
de pierres". A cela s'ajoute également leur action sur l'abondante masse
végétalequi touche au sol. En savane,lesédificesconstruitsparces
animaux sont particulièrement visibles et importants. La surface du sol est
mamelonnée par suite de l'abondance des termitières mortes ou vivantes,
rendantdifficiletout développement deculturemécanisée(environsde
Nanga-Eboko par exemple). Dans l'Adamaoua y les termitières-champignons
colonisent de vastes espaces, en particulier sur les cuirasses.
1223 - L'action des vers, jusqu'à présent peu connue, est égale-
ment importante. si elle existe certainement en foret, comme le signale
NYE (1955), elle revetdesaspectsspectaculairesdans la régionde la
Bénoué où la partie supérieure du sol est abondamment remaniée par les
vers qui laissent en surface des amas caractéristiques. Ceci est souvent
si important que certainsdecessols ont étéqualifiés de "sols à vers
de terre" * .
13 - Les roches-mtres
131 - APERCU SOMMAIRE DE LA GÉOLOGIEDE L'AFRIQUE
L'histoire géologique de l'Afrique a été longtempsmoinsbien connue
que celledel'Europe. Mais depuis lestrentedernièresannées,cette
histoire est déchiffrée patiemment etnous .est présentée dans son ensemble

*VOIR ELUSTRATION 7 PAGE 130


- 24 -

grace aux précieusesmises au point de R. FURON (1960).Celle du


Cameroun est l'euvre des géologues du Service des mines et de la géologie
et du B. R. G. M. ; elle a fait l'objet de synthèses de GAZEL, HOURCQ, et
NICKLES(1957) et de GAZEL(1958) pour l'Atlasdu Cameroun(Fig. 11 et 12).
EnAfrique,commeenEurope, on connaft les memes cinqcoupures
fondamentales,maiselles n'y ont pas la meme valeur. Le Précambrien
correspondcertainement à l'ère la plusimportante: Depuis la fin du
primaire, les plissements n'ont plus joué qu'un role mineur (du moins en
Afrique intertropicale).' tandis que les mouvements épirogéniques,les
gondolements, les cassures ,ont été impprtants . De plus ,, les sédiments
continentaux l'emportentdeloin sur lesdép6tsmarins. Une émersion
prolongée, des soulèvements et affaissements de vastes compartiments de
ce continent ont donc étésuivisd'érosionetd'accumulation de débris.
Enfin,levolcanisme a joué un rolelocalisémaistrèsimportant. Le
Précambrien est connu sur de très vastes surfaces en Afrique. C'est le
plusdifficile à déchiffrercar toute trace de vie y a étéeffacéeparle
métamorphisme. Ceci fait qu'il est souvent difficile. d'établir des corréla-
tions B distance entre les séries précambriennes qu'on subdivise en trois
ensemblesdemétamorphismedécroissant.Le tout est fortement plissé,
traversé de venuesgranitiques.Leprécambrieninférieurest connuau
Sahara comme en Afrique de l'Ouest où il étaitdénommégranitogneiss
(associé à des quartzitesetdesamphibolites). I1 comprend lesséries
dénommées Dahomeyen, Suggarien . Le précambrien moyen est discordant
sur le précédent. I1 est connu au Sahara, en Afrique de l'Ouest, au Congo,
au Katanga. Les séries du Birrimien appartiennent à cet étage . Le pré-
cambrien supérieur est connu en C6te d'Ivoire et au Ghana (Tarkwaïien) ,
au Sahara(Pharusien),enSierraLeone,etc. I1 estrelativement peu
métamorphique (schistes,grès,calcaires,conglomérats,etc. ).
Le primaireestmarquépar une transgressioncambrienne(Sahara,
Ouest-africain,Congo,
Katanga, Afrique du Sud) qui s'accentuera au
Silurien (Guinée en particulier) et se poursuivra au Devonien . Les mouve-
mentscalédoniensconcernerontsurtoutl'Afrique' du
Sud ; l'orogenèse
hercynienneachèveral'émersion de cettepartie du Continentainsi que
celle de l'Ouest.L'arasiondecette chaine hercynienneprovoquerale
dépot de puissantes séries continentalespendant le permien et le trias ,
c'estle "continentalintercalaire" dénomméau Sahara,grès de Nubie
et Karro enAfrique duSud et B Madagascar. Le dépotdecette série
n'intéressepasleCamerounmaisdespaysproches(Congo,Angola). A
la fin du trias se produit des cassures et une puissante émission de laves
en Afrique du Sud. Pendant le jurassique, la mer écorne l'Est du continent ;
pendant le crétacé, se produit un événement majeur. Le continent qui était
Bmergé depuisl'orogenèsehercynienneetaraséestenvahipar Ia mer .
Une partie du Sahara, la basse Nigeria, la valléeactuellede la Bénoué,
sontoccupées par les eaux.Descassuresseproduisentaccompagnées
d'éruptions volcaniques (Cameroun, Afrique de l'Est). A la fin du crétacé, la
mer se retire et pendant tout le tertiaire, à l'exception de bassins catiers
commeceux du Sénégal, duTogo-Dahomey, de Douala, du Gabon etc. la
continentalitéredevient la règleavec mouvements epirogéniques,cas-
sures, éruptions volcaniques qui sont le contrecoup de l'orogenèse alpine.
- 25 -

O 40

Trop.du Cancer

Equateur

Trop.du Capricorne

,
O I lop0 20pO 30pOkm

Fig. 11 - Croquis ggologique de l'Afrique


(d'aprss J. d'Hoore)

Socle Precambrien

1-1 Roches sgdimentaires primaires


à tertiaires

0 Zones d6primees
1 Niger
2 Tchad
3 Sudd
4 Congo
5 Kalahari
6 Siwa

Roches volcaniques
- 26 -

Fig. 12 - Lesprincipalesroches-meres auCameroun

Granites

1-1 Roches
metamorphiques
diverses

Basaltes

Sedimentaire
{ recent
- 27 -

Ces mouvements s e poursuivent jusqu'au quaternaire. Ils ont pourconsé-


quence de nouvelles érosions et dépats de nouveaux sédiments continentaux,
c'est le "Continental terminal".
L a , conséquence de cette longue histoire est que l'ensemble de l'Afrique
e t tout spécialement celle du Centre et de. l'Ouest présentera& l'affleurement
des roches plutoniques et métamorphiques associées des roches sédimen-
taires anciennes primaires tandis que des zones déprimées seront occupées
par des sédiments continentaux y grès, sables et alluvions diverses, avec
localement des édifices volcaniques. C'est en gros l'image du Cameroun.
132 - L'HISTOIREGI?OLOGIQUE DU CAMEROUN
Les 4/5e du pays sont occupés par des roches précambriennes qui ont
étésubdiviséesentroisgroupes.Lecomplexe de base (précambrien
inférieur)composéd'ectinites , migmatites granites ; leprécambrien
y

moyen se composederoches moyennementmétamorphiques(schisteset


quartzites : séries du Lom, de Poli, d'Ayos) ; au précambrien supérieur
sont attribués des schistes quartzites, dolérites, etc. (séries de Mbalmayo-
Bengbis , du Dja,de Mangbei, etc. ) . Aucune autrerochen'est connue
entre le précambrien et le crétacé. Le crétacé est connu dans le Sud (bassin
de Douala) et dans le Nord où il représente l'avancée maximum de la trans-
gression venue par la Benoué. Les sédiments marins sont peu importants,
illeur succ5de des gr&d'origine fluviatile sur des épaisseurs considérables.
Au tertiaire, des sédiments marins recouvrent le crétacé de Douala.
A la fin de cette è r e , la cuvette Tchadienne prend ses contours actuels et
se remplit de sédiments. Le volcanisme qui a débuté au crétacé se poursuit
(Mungo , Adamaoua) .
Au quaternaire les dép6ts dans la cuvette tchadienne se poursuivent,
le volcanisme reprend dans l'Ouest et dans l'Adamaoua.
Deux types de roches-m&es donnent naissance à des sols particuli5re-
ment intéressantsauCameroun. I1 s'agitdesroches volcaniques et des
sédimentsquaternaires.Lesautresroches(métamorphiquesdiverses ou
granites) n'ont pas un interet pédologique spécial.
Levolcanisme au Camerounintéresse deux zones : l'Ouest (Mungo,
Bamiléké, Bamoun) et leCentre(Adamaoua)? I1 jalome uneligne Sud-
Ouest - Nord-Estquiva de l'fle d'hnobon au Tibesti.Cettelignedite
"fracture" du Cameroun est un des traits dominants du pays. La succession
desdifférentesphasesvolcaniques a éteétudiéepar B. GEZE (1943) qui
a distingu6 trois parties .
La série noire inférieure est composée de basaltes et andésites datant
du crétacé. Vénus aujourdepuis 180 millionsd'années ils sontprofon-
dément altérés et portent des sols souvent riches en hydroxydes de fer et
alumine,dansl'Ouestainsi que dansl'Adamaoua.
La série blanche moyenne est constituée de roches acides (rhyolites,
phonolites,trachytes) dont l'age est néog5ne . Leuraltérationest moins
importante que celledesrochesbasiquessous-jacentes(etdecelle qui
les surmonte) .
*VOIR ILLUSTRATION 5 PAGE 129
I
- 28 -

La série supérieure est de nouveau basaltique du quaternaire à l'actuel.


Dans l'Ouest Cameroun on a pu reconnaitre trois phases principales : une
phase hawaïenne dont les laves très fluides se sont largement étalees, une
phase strombolienne ayant déversé de longues coulées filiformes dans les
vallees, une phase vulcanienne et parfois explosive qui a repandu, aux alen-
tours des centres d'émission, des centres basiques fort riches. L'altération
des roches de la série supérieure a donné lieu à la formation de sols d'un
haut degré de fertilité dans les départements de l'Ouest.
La formation de la cuvette tchadienne est lgvènement géologique majeur
duNord Cameroun.Commencéavant le tertiairele comblement s'est
effectué de manière très irrégulière, suivant les conditions climatiques et
tectoniques du moment. Les formes, l'étendue, l'emplacement du lac ont
beaucoup change, mais il est possible de retracer quatre périodes princi-
pales (BOUCHARDEAU et LEFEVRE , 1957 : J. PIAS, 1962).Lamer
paléotchadiennedevaits'étendre s u r la Nigeriaactuelle et très loin vers
le Sud. Elle régresse peu àpeu et les sédiments lacustres sont recouverts
de sables fluviatiles(sables de Kélo) . Une secondephase lacustrelui
succède pendant laquelle se déposedesargilessableuses(actuellement à
nodulescalcaires) . Aprèsunerégression? une troisièmephasetrans-
gressiveluisuccèdevers le Sud. Le cordonsableux Yagoua Limani -
marque sa limite. Après une nouvelle régression, le lac opère unequa-
trième avancée vers le Sud, mais moins loin que les précédentes. Le lac
actuel n'occupe aujourd'hui qu'une t r è s faible partie du bassin qui fut le sien
dans le passé. Lesviscissitudespaléogéographiques , les changements
climatiques du quaternaireontamenédesdépotstrèsvaries dont nous
retiendronstroisprincipaux : dessablesremaniéspar le ventaucours
des périodes sèches et alignés pour former un ensemble dunaire important
dans la région de Kalfou ; un cordon dunaire à peu près continu qui traverse
tout le Nord Cameroun (J. PIAS et GUICHARD, 1957) ; des argiles d'origine
lacustres qui ont évoluépourdonnerdesvertisols ou dessols hydro-
morphes . Des sables limoneux, limons argileux qui constituent les dép6ts
alluviaux récents. Ces deux derniers ensembles donnent naissance à des
sols de grande valeur agricole.
133 - ROCHES-M~RES ET MAT~RIAUX
ORIGINELS DES SOLS
L'histoire géologique qui a été esquissée dans les pages qui précèdent
a montré comment se mirent en place les roches qui constituent .le soubas-
sement du Cameroun. Mais il ne s'ensuitpasobligatoirement que ces
roches ont donné naissance aux sols qui lessurmontent. En effet, si le
continent africain, et plus particulièrement le Cameroun, est émergé depuis
fort longtemps (le début- du Secondaire), il n'est pas évident que les sols
que l'on observe actuellement datent de la mise à jour de la roche sous-
jacente . Despériodes Climatiques probablementdifférentes, des cycles
d'érosion se sont succédés provoquant des mouvements lateraux de produits
ayantdéjàsubi .
uneévolution pedologique Aussi, il n'estpas rare de
trouver des matériaux superposés sur les derniers desquels se developpe
le sol actuel. I1 est également possible que des matériaux ayant subi une
première évolution ensubissent une autreassezdifférenteparsuitede
changementsdans les conditionsclimatiques . Aussil'interprétationdes
profilsdoit@trefaite,parfois,avecprudence.
-.29 -

14 - La géomorphologie
Bien peu d'études ont été consacrées à la géomorphologie au Cameroun.
Les géologuescomme GEZE (1943) ouROCH (1953) y font certes longue-
mentallusion,maiscen'estpasl'objectifdeleurtravail.Lesétudes
géologiques détaillées qui ont été effectuées par la suite n'en parlent que
très peu.Pourtant , tout autour : au Congo., en Afrique Orientale,en
Nigéria,enAfriqueOccidentale , les travauxdes géomorphologues sont
nombreux : CAHEN et LEPERSONNE (1948), DMEY (1955), DRESH (1947-
1952 a et b) , DE HEINZELEIN (1952, 19621 KING (1961 , 1962)
LEPERSONNE (1956), MICHEL (1961), PUGH et KING (1952), PUGH
(1954), ROBERT (1946), RUHE (1954) TRICART (1962) .
A partir de tous ces travaux, on peut se faire une idée de l'évolution
du relief en Afrique Centrale et Occidentale.

141 - ESQUISSE DE LA G~OMORPHOLOGIE EN AFRIQUE CENTRALE


ET OCCIDENTALE

Elle résulte de l'histoire géologique dont les principauxépisodesont


été précisés dans le chapitre précédent.
A la fin du primaire , la surrectionde la chafne hercynienne est
achevée. Pendant le permien, le trias et le jurassique , aucun évènement
tectonique important n'intervient ; l'érosion attaque le relief dont l'aplanis-
sement très poussé s'accompagne du dép6t des sédiments continentaux du
continental intercalaire , qui sont largement répandus au Congo central et
un peu en République Centrafricaine.
Certains géomorphologues comme KING (1962).estiment qu'à ce moment
l'ensemble des continents africain , sud-américain et antarctique , Mada-
gascar , l'Indepéninsulaire,Australie ne formaient qu'une seulemasse
(nommée Gondwana parE. SUESS) . Cetensemblecomplètement arasé ,
est caractérisé par une surface. d'érosion unique qui est nommée "surface
gondwanienne" dont l'age serait jurassique.
La dislocation de cet ensemble en ses différentes parties provoque des
changements de niveau de base, et le départ d'un nouveau cycle d'érosion
amenant la formation de la "surface postgondwanienne", dont l'age serait
en gros crétacé-en meme temm s'organise la "fosse" .de la Bénoué (3000 m
de k d i m e n t s ) 6nNigéria, p& 1aqGelle s'effectue la transgressionvers
l'intérieur du continent. Les premières éruptions volcaniques débutent au
CamerounetNigéria.Des restes decettesurfacesontidentifiablesau
Congo, Cameroun et Nigéria. A ce moment, les derniers contrecoups de
la rupture gondwanienne cessent de se faire sentir.
Une nouvelle période majeure d'érosion s'ouvre alors qui concerne la
première moitié du tertiaire (essentiellement l'éocène) (1). L'aplanissement
e s t t r è s prononcé et intéresse la majeurepartie du continentafricain.

(1) Les travaux de MIUOT et ses collaborateurs (1957-1960) sur les sddiments &tiers, montrent, parallC-lement
que l'dvolution pddologique sur le Continent est la plus intense.2 cette p6riode.
- 30 -

'La"surfaceafricaine 1'' se développe à travers l'Afriquecentralemais


aussi ,occidentale etméridionale. Ace moment , les contrecoups de
l'orogénèse alpine se font sentir enAfrique et provoquent des gondolements ,
descassures(surtoutdansl'Est,Africain)maisaussi un changement du
niveau de base provoque le départ d'un nouveau cycle d'érosion.

Ce cycle se traduitpar la miseenplace d'une nouvelle "surface


africaine II" (l), également bien aplanie qui dure pendant la fin du tertiaire
et ïé début du quaternaire. Pendant toute la durée des cycles africains ,
les ,cassures de l'Est Africainont joué les éruptions volcaniques en Nigeria,
au Cameroun, dans l'Est Africain. Les restes des anciennes surfaces ont
eté gondolés, gauchis , soulevés souvent de plusieurs centaines de mètres.
Les zonesdépressionnairesquis'étaientconstituées de longue date au
Nord (bassin tchadien) ou au Sud (cuvette congolaire) à l'Ouest (dépression
nigérienne) se remplissent de sédiments provenant de l'attaque par l'érosion
des anciennes surfaces.

Au cours du quaternaire,de nouveauxmouvementstectoniques se


produisentencore , lointaines répercussions de l'orogénèse alpine. Ils se
traduisent par des gauchissements (par exemple sur les bords de la cuvette
congolaise) , qui accélèrent l'activité érosive des rivières et la remontée
des tetes provoquent ainsi de nombreuses captures (Haut-Oubangui , affluents
duNyong etc.) . Cecycle est'en cours actuellement.

142 -ESQUISSEGÉOMORPHOLOGIQUE DU CAMEROUN

A défaut de travaux de spécialistes sur le Cameroun, si l'on excepte


les donnéeslocalesde DRESCH (1952), GEZE (1943) et ROCH (19531 ,
l'esquisseprésentéeci-aprèsrésulte de l'interprétation du relief de ce
paysen fonction desrésultats obtenusdans les paysvoisinset dont un
résumé a été donné dans les pages précédentes. Certaines zones restent
encoremal connues(difficulté de pénétration,absencedecartes donnant
le relief) et l'interprétation sera alors forcémenthypothétique (Fig. 131.

La caractéristique géomorphologique majeure du Cameroun est l'exis-


tence de vastes surfaces d'aplanissement dont l'altitude est extremement
réguli5resurdesétenduesconsidérables , rappelant une dispositionen
marches d'escalier ; le passage de l'une à l'autre pouvant se faire brutale-
ment ou demanièregraduelle.Cetteorganisationpeutetretroublée
localementparl'accumulation volcanique qui estimportantedansl'Ouest
du pays. Deux zonesdéprimées fonctionnent comme zonesde dépdt pour
lessédimentsprovenantde la destructiondessurfacesdansleurétat
actueldesdépressionscongolaise au Sud , tchadienne auNord.Lafosse
de la Bénoué,combléedepuisl'éocènen'aplus de raie, decegenre.
- 31 -

DOUA

Fig. 13 - Esquissedesprincipauxelementsde
la geomorphologie du Cameroun
Surface Gondwanienne
Surface Post-Gondwanienne
Surface' Africaine I
Surface Africaine II
Surface subactuelle
Reliefs intermediaires
Accumulations volcaniques
Accumulations alluviales
- 32 -

La surface gondwanienne a été ainsi dénommée par analogie avec la


surface du m6me nom identifiéeauNigériapar KING. et PUGH (1952),
PUGH (1954). Elle correspond à la majeure partie de l'Adamaoua et aux
plateauxBamiléké et Bamoun. Son altitude est de 1000 1200 m (prise -
au niveau desrochescristallophylliennes du socle).L'aplanissement tel
qu'on peutl'observerneparaitpasexcellentpourautant qu'on puisse
l'apprécier. L'altération des roches est très profonde et du type ferral-
.
litique Cettesurface a étérecouvertepardesépanchementsdelave
basaltique s u r d e s étendues considérables portant localement l'altitude de
l'Adamaoua à 1200 - 1300 m et celle du plateau Bamiléké à 1600 - 1800 m .
Ce basalte, daté du crétacé (1)'est profondément altéré et est recouvert
d'une cuirasse bauxitique justifiant une exploitation minibe. Des sédiments
détritiques également crétacés sont connus également sur ce plateau dans
des zones déprimées.

Au début du quaternaire de nouvelles éruptions ont donné naissance à


desappareilsbienvisiblesau Sud-Est de Ngaoundéré et dans le pays
Bamoun.Le réseau hydrographique en a été parfois fortement perturbé.
Les principales rivières sont assez profondément encaissées au Nord-Est
et à l'Est du plateau de l'Adamaoua qui est attaqué par les bords à la fois
au Nord '(Mbéré, Wina, Faro) et le Sud (Djerem) .

La surface postgondwanienne s'étend sur l'Adamaoua de Yoko à Bétaré


Oya et se prolonge vers Bouar en République Centrafricaine. Son altitude,
prise au socle ;e s t de 800 à 1000 m . La transition avec la surface gond-
wanienne est très nette au Nord de Tibati et au Ngaoundal. Vers le Sud,
lepassage à la surface inférieure, est très brutal vers Yoko et Linté ;
il est visible mais moins accentué entre Bétaré Oya et Bertoua (2).
Cettesurfaceestmorceléepard'abondantesrivièresprofondément
encaissées. La ferrallitisation y est assez poussée. Le concrétionnement
y est important tandis que le cuirassement de type ferrugineux qui a pu etre
plusimportantautrefoisparaitactuellementlimité à de petitsplateaux.
A cette surface peut @tre rattachée la surface Kapsiki dans l'extreme
Norddont l'altitude est sensiblement la meme et dont l'age crétacé a été
envisagé par DRESCH (1952). L'étendue est assez réduite mais l'aplanis-
sementestbon.Ceplateauestattaqué de tous c6téspardesrivières
profondément encaissées (plusieurs centaines de mètres) qui ont séparé de
nombreux massifsisolésmaintenant.dans la plaineenvironnante,mais
dont l'altitude est sensiblement la meme. On peut distinguer deux niveaux
surceplateau.Leplusélevéportedeslambeauxd'unepédogénèse
ancienne(petiteszones'cuirasséesetancienssolsferrallitiques)tandis
que le niveau inférieur ne porte actuellement que des sols peuévolués et
hydromorphes .

La surface africaine I intéresse toute la moitié Sud du Cameroun ; elle


s e prolonge dans la République Centrafricaine et au Gabon où elle conserve
sensiblement les memes caractères. Son altitude varie peu s u r toute cette
étendue : 600 à 800 m ;l e plussouvent,elleestprochede 700 m .

(1) I1 va desoi cpe le nivellement de ce basalteest postgondwanien.


(2) Voir illustration 4 page 127
- 33 -

On y observe, mais c'est assez peu fréquent , des résidus des surfaces
précédentes. Le passage de cette surface à la suivante se fait en général
de manière peu brutale. Les rivières sont peu enfoncées mais en raison
de la pluviométrieélevée et bienrépartie , le nombre despetitscours
d'eau e s tt r è s importantce qui provoqueun morcellementenpetites
collines de la surface dont il subsiste cependant des portions horizontales.
Lesversantssont le plussouventconvexes à la partiesupérieure ,
concaves à la partieinférieure.Lessolssontdessolsferrallitiques
profonds.Lecuirassement nejoue un r6le important que dansl'Est du
pays. Cette surface a subi des gondolements qui ont perturbé les réseaux
hydrographiques amenant en particulier la capture d'affluents du Nyong par
la Sanaga ou le Congo .
La surface africaine II. I1 est malaisé de la mettre en évidence avec
certitudeauCameroun.Toutefoisl'onpense qu'une partie de la surface
c6tii5-e entre Douala et le rebord de la surface précédente (africaine I) et
dont l'altitude moyenne compriseentre 200 et 300 m , doit etreattribué
a cette surface. Le relief de détail de cette surface est analogue à celui
de l'africaine I . Les sols ferrallitiques qui la recouvrentsontgénérale-
ment épais.
Au Nord de l'Adamaoua, toute la zonequi s'étend jusqu'au massif du
Mandara appartient à la cuvette tchadienne, un aplanissement très marqué
se produitnivelant le terrain à une altitude de 350 à 500 m environ. Ce
niveau est largementcuirassé au Camerounau Sud (base du plateaude
l'Adamaoua depuis Baibokoum jusqu'8Poli). Au Nord de la Bénoué des
zones cuirasséessontvisiblesdans la zone entre Mindif et%élé.Les
cuirassesferrugineuses (PIAS , 1962 ; MARTIN , 1963) s'appuientaux
massifs granitiques ou de roches vertes.
Surfacerécente.Cettesurfacerésulte de "l'invasion" de la Bénoué
dans la zone entre Adamaoua et Mandara. La Bénoué qui était située toute
entière
dans la Nigeria actuelle
remonte ses sources activementet
capture successivement le Gongola , le F a r o , la Haute Bénoué , les Mayo
Ou10 et Louti(JACQUES-FELM , 1946). I1 s'ensuit à partir du niveau de
la Bénoué, d'un déblaiement de la surface antérieure et les cuirasses ne
sont plus visibles qu'à proximité de l'Adamaoua et à la ligne de partage
Bénoué-Tchad.Lereliefestactuellementtrèsaplaniet les talwegs se
prksententsous la forme de V , trèsévases.Lescoursd'eausont peu
enfoncés , les sols sont généralement très mal drainés et sont représentés
par des sols ferrugineux tropicaux et des sols hydromorphes à pseudogley
peu épais. Dans le coin Sud-Est du Cameroun, le relief s'abaisse forte-
ment. Les affluents du Congo par érosion régressive dégagent une nouvelle
surface.
Zonesderemblaiement. A l'exception de l'extremeNord, les zones
d'alluvionnementsont r a r e s . Aucun fleuve duSudoudu Nord ne dépose
d'alluvionsde quelque importance. Cependant prèsdesembouchuresdes
fleuves existent des zones alluviales souvent envahies par les palétuviers .
Dans la partiecentrale , le remblaiement ne s e produit que lorsqu'un
accident dans l'écoulement des eaux oblige celles-ci à déposer leur charge.
Dans l'extr@me Nord , les alluvions s e sont déposées dans la vallée de la
Bénoué et de ses principaux affluents (Mayo Kebbi , Mayo Rey , Faro , etc.)
*VOIR ILLUSTRATIONS PAGE 128
- 34 -
J

le fleuvefonctionnantcomme niveau de base. Dans la cuvette tchadienne


sans exutoire vers la mer se déposent depuis la mi-tertiaire des alluvions
de granuomgtrievariable.Actuellement, chaque inondation du Logone et
de s e s affluentsprovoqueun dépot d'alluvions.

.
Accumulations volcaniqus Ces accumulations sont importantes dans
le Sud-Ouest etle long de la frontièreavec la Nigeria.D'importants
édificesrécents ou anciens s e sontainsiconstituésdepuis le crétacé :
Mts Cameroun, Manengouba , Bambouto , etc.Lemassif de Nganha sur
l'Adamaouapeut leur etre assimilé.

Reliefsintermédiaires. Dans un certainnombrederégions,entre


deux surfaces, s'établit , au lieu de la dénivellation brutale qui prévaut la
plupart du temps , unezone de transition irréguliêre peut-etre due à une
hétérogénéité de la roche. De telles zones existent dans le Sud-Ouest du
pays et à proximité du rebord Nord de l'Adamaoua.
Cette brève esquisse de la géomorphologie a été .tentée pour montrer
l'importancedescyclesd'érosion qui sont à l'origine du façonnement du
relief où sontintervenusérosionetpédogénèse . Cesfacteursagissent
depuis fort longtemps. Dans le centre et l'Ouest depuis le crétacé , dans
le Sud depuis le tertiaire , le Nord parattavoireu une histoireplus
complexe.

Les conclusions pédologiques ne doivent etre cependant tirées qu'avec


prudence, car si une surface a un age trèsancien, il ne s'ensuitpas
obligatoirement que le sol a le meme age.

15 - L'hydrographie
Le Cameroun appartient à une partie de l'Afrique dominée par le Niger
et le Congo. Ces deux grands fleuves ont euune histoire qui n'a pas été
sansrépercussionsur les coursd'eaucamerounais. Au Nord du pays
s'étend la cuvette tchadienne, sans exutoire fixe vers la mer. Entre ces
trois bassins, prennent placeceux des cours d'eaux proprement camerounais
dont les bassinsversants débouchent directementsurl'océan(Fig.14).
L'ensembledesrivièrescamerounaises a déjàfaitl'objetdetravaux de
BOUCHARDEAU et LEFEVRE (1957), PELLERAY (1958).Les données
hydrologiques complètes peuvent &re trouvées dans l'Annuaire hydrologique
de 1'ORSTOM-EDF (1963) . . .

1 - LES AFFLUENTS DUCONGO

Plusieursrivièressonttributairesdirects ou indirects du Congo.


Ellesconstituent un double faisceauqui,enserejoignant , constitue la
Sangha : la Kadeïgrossie du Doumé,le Ngoko formélui-meme de la
réunion du Dja e t de la Boumba.Le Dja a un tracé assez particulier.
- 35 -
- 36 -

I1 coule d'abord Est-Ouest , puis au moment où il reçoit le Lob0 , rebrousse


chemin et coule v e r s le Sud-Est. En réalité, le haut Dja devait btre un
affluentdu Nyong qu'ilrejoignaitparl'intermédiairede la valléede la
Soo. LeDjasupérieur(ancien Lobo) a étécaptépar unaffluent du Dja
inférieur et détourné vers leCongo. On'ne dispose pas de données précises
s u r ces rivières.

2 - 'LES AFFLUENTS DUNIGER


La Bénoué descendde l'Adamaoua et-reçoitdifférentscoursd'eau
descendantégalementde ce plateau : les Mayo Faro, Rey . Sur sa rive
Nord , il reçoit le Mayo Kebbi grossi des Mayo Oulo et Louti qui provien-
nent des monts du Mandara. La Bénoué se dirige à partir de Garoua vers
l'Ouest en direction du Niger, en empruntant le passage ouvert au Crétacé.
Ledébit moyenannuel est de 321 m3/s. Le débit est très faiblede
Décembre à Mai (2 à 25 m3/s) : il est tr2s élevé en Septembre (2150 m3/s\.
I1 profite alors d'un appoint d'eau provenant du Logone (par le Mayo Kebbi) .

3 - LES TRIBUTAIRES DULACTCHAD

Le Lac Tchad est alimenté par le Chari issu de la République Centra-


fricaine, mais aussi parle Logone issu de la partie orientale de l'Adamaoua.
.
Cette rivière résulte de la confluence de la Vina et de la Mbéré Le cours
de la Vina estcontrarié , dans l'Adamaoua, par la miseenplace des
appareils volcaniques quaternaires qui ont encombré son lit de crateres et
coulées. Le Logone longe la frontière orientale du Cameroun à partir de
Dana et se jette dans le Chari à Fort-Lamy.
Lacrue du Logone se produit à partir d'AoQt et durejusqu'en
Novembre. Le débitmoyen, qui est de 428 m3/s à'Moundou, passe à 536
à La€, puisdécroft à 504 m3/s à Bongor, et 382 m3/s à Logone Birni.
Cecis'expliqueparlefait que le fleuve , à partir de Laï, déverse une
partie de soneaudans le Mayo Kebbi, par Ere et Dana, et qu'au Nord
deBongor, il participe à l'inondation de la plainejusqu'auLacTchad.
A Bongor, le débit moyenmensuel est de 45 à 100 en période d'étiage ,
de 1800 m3/s au moment de la crue.

Au Nord decettelocalité,diversbrassecondaires , Mayo Guerleo,


Logomatia, recueillent l'eau du fleuve. Au Nord de Fort-Lamy , le Chari
se ramifie à son tour pour former un véritable delta, dont une branche
importante , l'El Beïd, traverse le Norddu pays.

DesmontsMandaradescendentdifférentespetitesrivigres comme
les Mayo Tsanaga,Raneo,Boula.Ensaisonsèche, il n'y a aucun
écoulementapparent.Ensaisondespluies, les crues peuvent btre très
brutales et atteindre 60 m3/s. On ne peut pas observer de confluent avec
le Logone car les eaux,arrivantaumomentde la crue du Logone, se
diluent dans celui-ci avant d'atteindre le lit mineur du fleuve.
- 37 -

4 - LES RMBRES PROPREMENT CAMEROUNAISES intéressent le centre


et .le Sud-Ouest du pays.
Le Wouri descend des massifs volcaniques de l'Ouest; son débit est
influencé directement par les pluies équatoriales tombant s u r les montagnes
del'Ouest.
La Sanaga est le résultat de la jonction des trois rivières descendant
de l'Adamaoua vers le Sud : le Djerem? le Pangar et le Lom . Elle occupe
la partie la plus basse de la surface africaine I L L'érosion régressive,
opérant à partir du niveau du fleuve, a déjà attaqué les sols ferrallitiques
dans la région de Ntui et Bafia . La roche sous-jacente e s t souvent dégagée,
tandis que les sols ferrallitiques n'occupent plus que le sommet de certaines
collines.Lefleuven'estpas navigable y sauf sur de courts biefs. Il e s t
coupé de nombreuses chutes entre Nachtigall et Edea. Une usine électrique
installée sur les chutes utilise l'énergie ainsi offerte. Le débit à Edea est
de 300 m3/s à l'étiageen Mars, pouratteindre 5700 m3/senOctobre.
Les variations des débits reflètent la répartition tropicale des pluies sur
l'ensemble du bassin versant. En effet, très peud'affluentsproviennent
du Sud,tandis que les gros tributairesdescendentdel'Adamaoua. Une
mention spéciale doit Btre faite pour le Mbam qui descend de l'Adamaoua
et draine, par l'intermédiaire du Noun, les régions Bamoun et Bamiléké.
Le Mbam a contribué. à façonner la surface africaine dès la plaine Tikkar .
Le Noun est un véritable torrent qui descend de la surface gondwanienne .
I1 est vrai que sa vallée a été perturbée par les nombreux volcans qui s'y
sont installés.
Lesautresfleuvessont le Nyong et le Ntem,avecdesrivières
catières y la .
e t la Lokoundjé Ledébit de cesrivièresestdirecte-
ment influencé par le climat équatorial à 4 saisons, puisque l'on observe
deux cruesl'une em Mai-Juin,l'autreenOctobre-Novembre .Le Nyong
a été privé d'une partie de son eau par des captures auprofit de la Sanaga
et du D j a .
Cet ensemble de rivières reflète donc par leur comportement le climat
de leur bassin versant, puisque duSud vers le Nord, on passe du régime
équatorialaurégimetropical,d'autantplusaccentué qu'on approche du
LacTchad. I1 peut @treintéressantdecalculerpouruncertainnombre
destationstypes,Iecoefficientd'6coulement qui estlerapportde la
quantité d'eau qui s'est écoulee (diminuée de la fraction perdue par évapo-
ration et transpiration des végétaux) sur la quantite d'eau tombée (tab. 2) .
On pourra remarquer, dans la zone pluvieuse, deux types de bassins.
Les premiers présentent de fortes pentes (Kribi, Lolodorf, Yabassi); les
valeursobtenuessontassezélevées, 36 à 60 % et traduisent le fait que
l'écoulementnaturel estbon. Dans lesseconds, la majeurepartie du
bassin est située dans. des zones àpente faible (essentiellement la surface
africaine) ; les chiffressontcomprisentre 22 et 33 %. Cequi tend à
montrer que les pertes par 4vaporation et transpiration sont élevées malgr6
l'abondance des précipitations . Dans l'Adamaoua, le coefficientd'écoule-
mentredevientélevé (45 %) sans doute à causede la diminutionde la
température. Dans la région Nord du pays, le coefficient e s t très forte-
.
mentabaiss6 (10 à 20 %) I1 doits'agiricidepertesimportantespar
évaporation.
- 38 -

Station
Pluie
m mm en mn
--
Ecoul. B
Coef.

1
Mbalmayo (Nyong) 1460 225
Goazik(Ntem) 1770 393 Bassinen zone équatoriale
Edea (Sanaga)
Goma (Mbam)
1630 455
606 ::
28
32
1780
ou tropicale peu accidentée

Yabassi (Wouri)
Lolodorf
(Lokondj é)
2160
1860
1270
63 5 ii } Zone équatoriale
accidentee
Kribi(Lobé) 2700 1640 60
I Adamaoua
1
Wakwa(Wina) 1500 680 45
Garoua (Bénoué) 1130 203
Ria0 (Bénoué)
Cossi (M. Kebbi)
1285
925
324
91
""
11 Bassin tropical de la Bénoué
Safai
(Faro) 1545 3 10 22
I
Tableau 2 - COEFFICIENT D'lkOULEMENT *
En résumé , dans les régions pluvieuses et accidentées ou bien là où
la température s'abaisse, le coefficientd'écoulement est élevé. Dans les
régionsplanesetpluvieuses , le coefficient s'abaisse parsuite de la
transpirationdes végétaux qui restituel'humidité à l'atmosphère.Dans
les régions les plus sèches , l'évaporation est maximum.

16 - L'action de l'homme sur les sols


161 - CARACTÈRES PARTICULIERS DE L'ACTION DE L'HOMME
SUR LE SOL

L'actiondel'homme sur les sols est connue depuisdenombreuses


décadesdans la zone intertropicale. Le mécanisme de cetteaction a été
"démonté" par de nombreux chercheurs tels que HARROY (19441,HUMBERT
(1927) etc. , JACQUES-FELM (1950) a montrécommentelles'exerçait
au Cameroun.

I1 sembleutiledeprécisericil'importancedecetteactionhumaine
par rapport aux autres facteurs qui ont été envisagésdansleschapitres
.
précédents .Tout d'abord, l'action des facteurs précédents est extremement
lente. L'influence d'un climat (par son pouvoir hydrolytique surles minéraux
des roches par exemple), la mise en place d'une surface d'aplanissement ,
l'implantationd'unréseauhydrographique , s'effectuent à l'échelledes
tempsgéologiquesetsechiffrentendizaines ou centaines de milliers
d'années etleursactionssesuperposent,se modifient trèslentement,
* Chiffres : +aire Hydrologie ORSTOM-EDF et Pelleray (Atlas Cameruun).
- 39 -

trèsgraduellement.L'apparition de l'homme est,elle , trèsrécenteet


se mesure en quelques milliers d'années ; par la brutalité de son action,
il va apporter un véritable catastrophisme dans l'évolution pédologique qui
n'existait pas avant lui et n'existerait pas sans lui, tout en se plaçant à la
fin d'une très longue évolution. Par ailleurs , il ne s'introduit pas comme
unfacteursupplémentairedel'évolutiondessols,maiscomme un agent
apportantdesperturbationsbrutalesdansl'équilibre.Lavégétationest
profondément modifiée,cequi a poureffetdechanger la biologie,le
climat du sol.Enfin,c'estlui qui est responsabledecetteérosion
accélérée du sol(parnappes,rigoles,ravins,etc.) dont l'effetétait
forcément réduit lorsque l'équilibre était assuré.
Par conséquent,l'intervention de l'homme seraen finde compte
surtout négative et destructrice ; dansdescirconstancesexceptionnelles,
elle sera positivemaispourréparerlesdégatsprécédemmentcommis.

162 - LE PEUPLEMENT DUCAMEROUN

Dansl'Ouest et leCentredel'Afrique,lepeuplement humain parait


Btre originaire des régions proches du Sahara actuel. La réduction de la
pluviométrie a provoqué une migrationgénéraledespopulationsversle
Sud(CORNEVIN1963 , 1964).L'occupation de la partie Norddu pays
paraitavoirété la plusancienne.Laforetdenseombrophile a constitué
longtempsunobstaclequin'a pu etre pénétré que grace aux rivières ou
contourné parleSud.Lesmigrationsbantouessesontopéréesparle
Sud (Douala) et,parle Nord etleNord-Est(Fang, Ewondo,Bakoko,
etc. ) . Les semi-bantous (ou soudano-bantous) sont venus sur leurs talons
etles ont sans doute refoulésencoreplusauSud.LesBamiléké,les
Bamoun ont ainsi occupé peu à peu les. régions où on les connait actuel-
lement. L'arrivée des Foulbé dans l'Adamaoua et les régions plus au Mord
est relativement récente (quelques siècles). Elle est en relation avec les
migrations des Peuls dans la zone soudano-sahélienne . Les Foulbé arrivent
avec des troupeaux de bœufs pour lesquels la recherche de paturages est
une impérieuse nécessité. Ils les trouvent sur toutes les hauteurs (région
Bamiléké et' Bamoun,Adamaoua) et danslesplaines de la cuvettetcha-
dienne . Au Nord de la Bénoué , ils' refoulent les précédents habitants (dits
Kirdi)dans les massifs granitiques et se réservent les plaines.
A l'heure actuelle , les départements du Diamaré et du Margui-Wandala
sontdensémentpeuplés (100 à 150 habitantsaukm2)surtoutdansles
massifs montagneux où la terre cultivable est rare. Les plaines auNord
périodiquementinondéessont très peuoccupées sauf le long duLogone .
Dans la vallée de la Bénoué, seuls les abords de ce fleuve et de quelques
affluentssontoccupés,tandis que tout l'espacecomprisentrelefleuve
etlerebord Nord de l'Adamaoua est quasivide. L'Adamaoua lui-meme
est assez peu peuplé mais la densité du bétail y est par contre très 6levée.
Entre l'Adamaoua et la foretdenseombrophile,ontraversede nouveau
une région quasi vide d'habitants . En foret, la répartition de la population
est très inégale.Lesrégions oh s'est développée la culture du cacaoyer
présententdesdensitésélevées(Yaoundé, Ebolowa ont jusqu'à 100 - 120
habitants au km2). Ailleurs, le degré d'occupation est beaucoup plus faible .
- 40 -

Les massifs de l'Ouest sont fortement occupés et les densités de population


sont les plus fortes du pays (150 à 250 habitants au km2). Aux circonstances
historiquesqui ont conduit les Bamiléké où ils sont, onpeutajouter
l'absence des glossines et des anophèles,mais aussi des sols volcaniques
souvent d'excellente qualité .
La zone forestière de l'Est etdu Sud-Est est peu peuplée ; les habitants
sont cantonnés le long des routes, alors que de très vastes espaces sont
.
quasi-vides Cettepartie du paysparaitavoir longtemps souffertdes
endémies(maladie du sommeil en particulier).Ellepeut être considérée
comme défavorisée par la rareté des voies de communication et la longue
distance des ports.
163 - LES ACTMTÉS DE L'HOMME AU CAMEROUN

L'activité essentielle de toute cette population est orientée vere lkxploi-


tation du sol par le bétail ou la culture.
1631 - LePastorat
Parler de pastorat est sans doute plus juste que d'élevage puisque le
role del'homme e s t d'accompagner le bétaildans les zones où il a été
installé et de brQler l'herbe pour renouveler le paturage . La température
clémente , l'absence de glossines dans les massifs de l'Ouest (Bambouto,
Nkogam, Mbam, ouAdamaoua) ontprovoquéunedestruction à peu près
compl&te de la foret (réduite à quelques lambeaux sur des versants diffi-
cilement accessibles etdespentesrocailleuses).Le feu renouvelleles
paturages dont il faut une superficie considérable pour assurer la nourriture
du troupeau. *
Dans le Nord , les paturages sont situés dansles "yaérés", dépressions
humidesdécouvertes dans la plaine.Leretour de l'inondation oblige 2
un repli vers les terres exondées, en évitant les abords des grands ,fleuves
ou sévissent encore les glossines.

1632 - L'Agriculture
Comme dans le reste de l'Afrique tropicale, elle revet deux formes.
La culture des plantes vivrières et celle des plantes d'exportation, néces-
saires pour apporter de l'argent frais dans les caisses de. l'état et celles
des particuliers.
Les cultures vivrières suivent, dans leurs grandes lignes, les variations
climatiques. Les zonessoudanienne e t sahélienne sont essentiellement celles
du mil dont la cultureesttr&sdiversifiéesuivant la texture du sol (il
existe de trèsnombreusesvariétésadaptées aux solstrèssableux ,
limoneux ou très argileux). Dans les massifs montagneux, la culture du
sorgho s'effectue s u r d'étroites terrasses maintenues par des murettes de
* pierressèches. Dans les plaines, la culture se faitdansdes"karal"
généralementconstitués de vertisol, où l'onmaintient la réserved'eau
grace à de petites diguettes. Ailleurs, la culture s'étend de plus en plus
audétrimentdesformationsarborées ou akbustives . Le sol y e s t t r è s
sensible à l'érosion , mais les précautions prises dans les montagnes sont
vite oubliees en plaine SAURAT (1960).
*VOIR ILLUSTRATION 3 PAGE 128
- 41 -

Le riz se développe dans les plaines du Logone là où, par un système


de digues , de canaux , de vannes, l'homme a pu se rendre martre de l'eau.
En raison de 1a.brutalité des crues du Logone , des accidents sont toujours
à craindre. Une partie de la récolte est commercialisée et vendue dans
le Suddu pays. Le reste est consommé sur place. I1 est certain que de
t r è s nombreux autresendroits,favorables à la riziculture , existentau
Cameroun. Ils nécessitent certes des travaux d'infrastructure, comme
dansleNord,mais le principalobstacleparaitetre quel'homme non
habitué à cette culture a toujours une autre occupation plus rémunératrice.
Dansl'Adamaoua, lemiln'estplusguèrecultivé.La zone de la
savane est maintenantcelle du manioc.Lessolscultivéssontdessols
ferrallitiques très pauvres, aussi les rendements sont-ils réduits. De plus,
la valeur alimentaire est plutat faible.
En forgt, les cultures alimentaires se diversifient. Au manioc s'ajoutent
les plantes à tuberculescomme le macabo,l'igname,etc. ainsi que le
maïs. Cette alimentation est surtout glucidique. Un apport d'azote résulte
de l'introduction de haricots (dans l'Ouest) ; des tentatives ont porté sur le
sésame,l'arachide dans l'Est.
Aucune de ces cultures ne comporte de véritable travail du sol. I1 n'y
a jamaisd'apport de fumier ou de déchets domestiques (à l'exception du
voisinage des villages où il est involontaire). La culture est itinérante et
s e fait aprèsdéfrichement et bralis . Ellefavorise la destructionde
l'horizon humifère et l'érosion en nappe .-
Les cultures marafchères destinées à l'alimentation des grandes villes
se sontinstall6es à proximitédecesdernières ou biendanscertaines
zonesfavorablescommel'Adamaoua etlepaysBamoun.Cescultures
sonttrèsconservatrices du sol,car elles s'apparentent au jardinage.
Elles sont sujettes aux fluctuations économiques et sont très sensibles aux
prix des transports.

Lesculturesindustriellessont,commelesculturesvivrières,assez
diversifiéeset dépendent desimpératifsclimatiquesetsontellesaussi
sensibles aux prix des transports. '

Dans leNord,seulle coton trouvedesconditionsécologiqueset


économiquesconvenables. La gammedesols qui luisontfavorablesest
assezlarge (les sols limoneux ou moyennement argileuxlui conviennent
bien). Un travail du sol à la charrue (tractée par des bœufs) est effectué
danscertainesrégions. On peutcraindreparfois une pressionsur les
sols réservés jusque là au sorgho ou aux paturages. Le coton est égren6
s u r place et transporté à la mer par voie fluviale (Bénoué).
Dans la zone de savane, aucunecultureindustriellen'esteffectuée .
I1 faut atteindre la foret du Sud ou bien les zones montagneuses de l'Ouest
pour voir apparaitre le cacaoyer, le caféier (Coffea robusta et C. arabica) ,
lebananier ? l'hévéa,lepalmier à huile.Cescultures ont l'avantage
d'etre pérennes et de bien couvrir et protéger le sol lorsqu'elles sont bien
conduites.Peu à peu l'agriculteurs'aperçoitqu'ellesexigentdeplusen
plusdesoinsdans le domainede la fertilisationetde la lutte phyto-
sanitaire , pour augmenter ou tout simplement maintenir les rendements.
La recherche des meilleurs sols a conduit au développement de la région
volcanique de l'Ouest , mais il existe d'autres zones à développer encore.
* VOIR ILLUSTRATIONS PAGE 129
- 42 -

164 - CONCLUSIONS

L'occupation du sol au Cameroun parart donc répondre à des causes


multiples : historiques d'abordpuisque la répartition actuelle des différentes
ethniesest le résultat d'une longue évolutionintéressantl'ensemblede
l'Afrique Occidentale et Centrale ; sanitaires puisque la recherche de zones
exemptes de glossines a conduit à l'occupation des hauteurs de l'Adamaoua
d'une partiedecelles de l'Ouest et d'une partiedesplaines du Nord ;
pédologiques puisque toute la partie centrale impropre au betail et aux sols
tr&spauvresoccupéspar la savane a été abandonnéetandis que les
hauteurs volcaniques du pays Bamiléké étaient densément peuplées; écono-
miques et climatiques puisque les grandeszones de culture du cacaoyer
et du caféier de la banane sesontinstalléesdans la foret humide 2
proximité des voies de communication.

Partout où il s'estinstallél'homme a bouleversél'équilibre déjà


établi . Partout il a modifié la couverture végétale et sauf en foret dense
ombrophile, favoriséla dégradation du sol par la transformation de l'horizon
humifère et la mise en Oeuvre de l'érosion et en fin de compteune perte
de la fertilité. Mais il est bien rare qu'on puisse le rendre responsable
d'unemodificationde la pédogénèse. Celle-ci demeure la meme mais est
sans doute modifiée en intensité non en nature.
- 43 -

DEUXmME PARTIE

2 - LES SOLS ET LEURS CARACTfiRISTIQlJBS

21 - Généralités, sur la pédogen2seau Cameroun


211 - LESPRINCIPAUXPROCESSUSDEFORMATION DU SOL
De l'interactiondesfacteurs de formation du solrésulte un certain
nombre de processus de formation du sol qui vont intéresser, à des degres
divers , lessols du Cameroun. On peutreconnartre la ferrallitisation,
la ferruginisation
l'induration,
l'accumulation de matière organique
la formation de gley et pseudo-gley , l'alcalinisation, le lessivage.
Laferrallitisationest le processusmajeur au Cameroun.Lapluie
chaude , qui tombe en abondance sur près des 'deux tiersdu pays , provoque
unehydrolyse desminérauxdesrochesavecélimination,dansles eaux
depercolation,desbasesalcalinesetalcalino-terreuseset d'une partie
de la silice, qui sont évacuées dans la mer par les grands fleuves. I1 en
résultera une accumulation relative de produits de synthèse ferrugineux ou
alumineux peu solubles.Elle se développeradansdessolstrèsépais,
sur toutes les roches mères du pays. La nature du contenu min6ral des
sols est liée, à l'intérieur de la zone ferrallitique , à la nature du drainage,
donc à la géomorphologie,aussibien qu'aux facteursclimatiques.Les
zones à bon drainage : rebord des surfaces d'érosion , zone de l'Adamaoua,
massifs volcaniques, seront favorables à la gibbsite. Les surfaces d'érosion
elles-memes , lorsqu'ellessont peu entamées par les rivières voient un
écoulement des nappes assez lent ; les sols y sont surtout kaoliniques . Ce
processus concerne les deux tiers au moins ducameroun. Les roches volca-
niques anciennes et récentes y sont soumises comme les autres , mais le
degré de développement du profil est moindre, chez les dernières. Le pro-
cessus parart s'etre exercé pendant des p6riodes g6ologiques tout entières.
Laferruginisationconcerne la partie du payssituéeau Nord de
l'Adamaoua.Lesaltérationssontencoretrèspousséesmaissur une
profondeur moins grande ; la pluie moins abondante ne permet pas l'évacua-
tion aussi complète des produits de l'hydrolyse. Les minéraux ferrugineux
sont les memes que plus au Sud, mais les produits alumineux ne comportent
plus de gibbsite, mais de la kaolinite ainsi que des minéraux à trois couches.
La topographie est le plus souvent très plane ou faiblement inclinée. Les
mouvements deferetdel'argile,l'hydromorphie ysontfréquents .
- 44 -

L'indurationporte
essentiellement s u lre s hydroxydes de fer et
d'alumine , lorsqu'ilssontpréalablementconcentrés.C'estlecasdans
diverses parties du pays (régions Bamilékéet Bamoun, environs de Bertoua,
Batouri, Poli, Mindif , dans l'Adamaoua , etc. 1. Les cuirasses qui résultent
de l'induration des produits ferro-alumine- peuvent constituer des plateaux
dominant le pays environnant lorsque l'érosion a été active (Adamaoua par
exemple) ; ils peuvent ne pas dépasser le reste du paysage lorsqu'elle a été
faible. La nature de la cuirasse est variable : bauxitiquedans le cas de
l'Adamaoua , plus ferrugineuse ailleurs .
L'accumulationde la matièreorganiqueseproduitdiversement sur
l'étendue du pays. Normalement, la température élevée et la pluviométrie
sont favorables à une minéralisation assez rapide de la matière organique.
Cependant, en haute altitude (massifs volcaniques de l'Ouest), l'abaissement
de la température est tel que la matière organique se maintient beaucoup
plus longtemps et que la quantité qui s'accumule peut atteindre 15 à 20 %.
Dans les zones à mauvais drainage , le plan d'eau peut Btre suffisamment
hautpour permettre uneaccumulation de matière organiquesousl'eau ;
on a alors parfois des accumulations de type tourbeux ou d'anmoor Les .
teneurs peuvent etreélevéesetatteindre 30 à 35 %.C'estlecasde
vallées marécageuses comme celles duNyong , duNoun, de la Vina, etc.
Dans les rbgions chaudes et humides du Cameroun (c'est-à-dire l'essentiel
du pays), les teneurs en matière organique sont généralement de l'ordre
de 2 8 4 %.
La formation d'argile concerne tous les sols. Elle est réglée par les
conditions de milieu dans lequel s'opèrent les hydrolyses , beaucoup plus
que par les matériaux originels. Lorsque la pluie est abondante , les bases
sontéliminéesenquasitotalitéavec une partieimportante de silice.
Lorsque les conditions de drainagesontexcellentes , la gibbsite est un
mingralsouventobservé.Sur les surfaces planes du Centre et duSud ,
la kaolinite est par contre le minéral dominant. Au Nord de l'Adamaoua,
la pluie s'abaisse au-dessousdeunmètre , la platitude du reliefgene
l'évacuation de l'eau dont une grande partie est éliminée par évaporation .
L'exportationde la silice se faitdifficilement; il Il'y a pas d'hydroxyde
d'aluminium.Lakaoliniteest 1argeme.nt dominante,maisl'élimination
incomplète des bases favorise la formationdeminéraux à troiscouches
comme l'illite , généralement en petites quantités dans les sols ferrugineux
tropicaux. Lorsque le drainage est imparfait sur des matériaux renfermant
du calcium (un granite à amphibolessuffit) , il y a formationd'argile
.
montmorillonitique Celle-ci est reconnaissable sur le terrain aux couleurs
gris verdatre , aux faces luisantes qu'elle confère. aux matériaux argileux.
Elleest abondante à la basedecertainssolsferrugineuxtropicauxet
halomorphes . Elleconstitue la majeurepartiede la fractionfinedes
vertisols et de certains sols hydromorphes .
La calcification concerne l'individualisation de calcaire dans un profil
à partird'ionscalciumetcarbonateproduitsauseindecelui-ci. I1 ne
s'agit donc pas d'un calcaire hérité (les sédiments calcaires sont d'ailleurs
fort rares dans le pays) , maisdenéoformation.Lecalciumprovientde
l'hydrolyse de mineraux primaires calciques. Une éliminationdifficile de
- 45 -

cet ion, parsuite d'un drainageralenti,luipermet de venir encontact


avec le gaz carbonique apporté par les eaux de pluie ou, plus simplement,
par l'air en saisonsèche(vertisols).Lecarbonateconstituedesnodules
dans les vertisols et les sols halomorphes, ou des amas diffus dans les
sols halomorphes .
L'alcalinisation . Sous cette appellation sont groupés tous les processus
qui relèvent de l'action du sodium dans les sols . La salinisation ou accumu-
lation de sels , ne concerne que l'extreme Sud-Ouest et le Nord du pays.
L'accumulation de chlorures de sodium n'intéresse que la zone de mangrove
quiremontedanstoutes les embouchures , parfois assez loin. Mais par
suite de l'abondante pluviométrie, ce sel est limité aux zones couvertes par
les marées. Dans le Nord du pays , il n'y a aucune source de chlorures.
Les sels solubles, fréquents dans les sols de la cuvette tchadienne (quelques
solshydromorphes et vertisols , et surtout les solshalomorphes) , sont
présentssousformedebicarbonatesetcarbonatesqui provoquentune
montée importante du pH.La fixationdel'ionsodium sur le complexe
absorbantest une caractéristiquedessols à alcalis.Cetteprésencede
sodiums'accompagne d'une structure compacte où l'argile est sans doute
sous forme dispersée. On peut également avoir un débit de structure en
colonnes sur 10 à 20 cm. Cettestructurepeut se détruire à la partie
supérieure suivant un mécanisme encore mal connu (sans doute une combi-
naison d'hydrolyse et le lessivage) .
Le lessivage est un vocable appliqué à des mécanismes assez différents
et qu'il y a lieu de préciser dès maintenant.
Dans les partieschaudesetpluvieuses du pays où le drainageest
convenablement assuré , l'eaupercolelibrement à travers le, sol.Elle
entraine,hors du profil,basesetsilice. On peut dire que cesolest
lixivié ; cela s'applique aux sols ferrallitiques. Une autre forme de lessivage
porte sur la fraction fine du sol (argile) ainsi que s u r le fer. Dans certains
sols, la perted'argileet de fer de l'horizonéluvials'accompagne d'un
gain de substancedel'horizonilluvialsous-jacent.Ce type delessivage
doit présenter un "ventre" dans la courbe granulométrie/profondeur ; on doit
également voir, soità l'œil, soit à la loupe, la migration se traduisant par
des revetements sur les sables ou sur les agrégats. Ce type de lessivage
est rare au Cameroun.
Très souvent , par contre , on note que si l'horizon A a été plus ou
moins fortement appauvri en argile , il ne s'ensuit pas obligatoirement que
l'horizon B enaitétéenrichi.La courbeargile/profondeurmontre que
la teneurenargile faible ensurface, augmente régulièrementd'abord,
puissestabilisesurdesépaisseurs souvent fortes,mais la plupart du
temps sans commune mesure avec la partie appauvrie du profil. L'horizon
B ne montre dans ce cas aucun des caractères propres à l'accumulation.
I1 fautdoncque l'argileaitétéexportéehors du profiletperduedans
les eaux qui, tombant massivement lors des saisons de pluies ne peuvent
ypénétrertotalementetdoiventruisseleretentrainerobliquement les
fractions fines. Ce type de lessivage est fréquent dans les sols ferrugineux
tropicaux du Nord du pays. I1 est possibledemettreenévidencece
lessivage oblique dans les solsferrallitiquesjaunes duSuddu pays;ce
processusdoitjouerégalementdanslessolonetzsolodisés du Nord.
- 46 -

Dans certains cas , il est possible de noter des revetements argileux


de quelques millim6tres d'épaisseur à la base de l'horizon A , ou bien il
est possible d'observer un très léger ventre au sommet de l'horizon B.
I1 est difficiledeparlerd'illuviationdanscescas ; il doit plutbt s'agir
d'un colmatage tr6s localisé du sommet de l'horizon B et ce cas ne doit
pas @tre dissocié du lessivageoblique.
Enfin, il est fréquent d'obtenir dans les profils une hétérogénéité dans
la morphologie due au fait qu'il y a eu troncature de la partie supérieure
d'un profilavec dép6t d'un nouveau matériaugénéralementramenéen
surface par la faune du sol. Celui-ci, plus perméable, est particulière-
ment sensible à l'enlèvement oblique deselémentsfins. Dans cecas,
le terme de lessivage doit etre employé aveccirconspection.
L'on essaiera, dans tous les cas, de préciser le type de lessivage.
L'hydromorphie peut s'accompagner d'une accumulation de matière
.
organique Le plus souvent, elle se traduit par la formation de pseudo-
.
gley et/ou de gley Le pseudo-gley est un horizon tacheté avec des parties
grisesetd'autresocre ou rouges,Ellesrésultent d'un engorgement
temporaire de l'horizon , quelle que soit sa cause. Une succession
d'engorgements et d'aérations du sol provoque réduction et oxydation avec
mises en mouvement et précipitations de f e r . Ceci peut s e produire dans
n'importe quel sol :ferrallitique, ferrugineux tropical, vertisol, halomorphe.
Le - gley s e développe lorsque l'engorgement est total ou quasi-total.
La phase réductrice est de loin la plus longue ; le fer réduit est mis en
mouvement et peut @tre évacué-du profil. Le gley n'est pas une caracté-
ristique des sols précités (où il peut exister occasionnellement). Avec le
pseudo-gley, il e s t fréquentdanslessolshydromorphesetest cantonné
dans les grandes plaines alluviales du Nord et dans les vallées inondées du
Centre et du Sud.
Les grandes catégories de sols du Camerounsontcaractériséessoit
par un de ces processus, soit par la superposition au processus principal
d'un ou plusieursautresprocessussecondaires. De cette
interaction
résultentune morphologie etdescaractéristiquesphysico-chimiquesqui
permettent de classifier les sols.
-
212 RBPAkTITION GÉOGRAPHIQUEDESSOLS
La comparaison des"conditions geographiques générales qui intéressent
le Cameroun B l'heure actuelle avec la répartition des sols permet d'aboutir
auxconclusionssuivantes.
Les sols ferrallitiques correspondentaux deux tiers inférieurs du pays.
Quelle que soitl'altitude,ledétaildesconditionsclimatiques, la ferral-
litisationestleprocessusdominant.Enaltitude,l'accumulationde la
mati6reorganique sesuperpose à ceprocessus. Dans l'Est,etdans
l'Adamaoua,lecuirassementenvahitlepaysage.Endifférentspoints ,
l'ensembledescaractéristiquespropres à la ferrallitisationn'estpas
remplietl'onauradessolsfaiblementferrallitiques . Dans différents
secteurs de l'Ouest et du Centre, la jeunesse des sols (dérivés de matériaux
récents),faitqu'ilssontrangésdans la classedessols peu évolués ou
dans celle des sols à mull. Dans quelques vallées ou plaines inondées, s e
développent des sols hydromorphes .
- 47 -

Le rebord Nord du plateau de l'Adamaouaconstitueune limite pédo-


1ogiqu.e très précise. Elle marque la fin des ,sols ferrallitiques . Au pied
de la falaise commencent les sols ferrugineux tropicaux. Ils se développent
surdesmatériauxdérivésderochescristallines ou grèseusesdans une
zone très plane et sont très étroitement associés à des sols hydromorphes .
Lespremiersvertisols peuvent etreobservés. Au Nord de la Bénoué,
on pénètredans la cuvettetchadienne ; lespentesysontfaibles ; aussi
les vertisols, les solshydromorphesethalomorphessont-ilsabondants.
Lesreliefsgranitiques ou gneissiques dominent largement les plaines
environnantes.Ledéveloppementdessols y estlimité ; on n'y observe
que sols minéraux bruts oupeu'évolués .

213 - CLASSIFICATIONDES SOLS. PRINCIPES

La classification des sols utilisée est celle mise au point à 1'O.R.S.T.O.M.


par G. AUBERT (1963).Elledérivedecelleprésentéepar AUBERT et
DUCHAUFOUR lors de la VIe ConférenceInternationaledesSols à Paris
en
1956.Desdix
classes
qu'elle
comporte, sept
sont
présentes au
Cameroun. Mais c'estdeloin la classe VI11 dessols à hydroxydes qui
est la pluslargementreprésentéeavecles deux sous-classesdessols
ferrallitiques et des ferrugineux tropicaux. Vertisols , sols hydromorphes
et halomorphes se partagent l'essentiel de la portion restante . La présen-
tationdessolsestfaiteensuivantl'ordre de la classification qui est
égalementcelui de la légendede la carte. La classification est destinée
à avoir une valeur universelle. I1 est normal de penser que tous les sous-
groupes,et peut etre les groupes, n'ont pu Btre répertoriés jusqu'à
présent.C'estce qui expliquequecertainesunités ont étédifficiles à
insérerdans la classification.Cela peut résulterde deux cause? : la
définition des unités est encore insuffisamment précise, ou bien les sols
à classifiersonteux-m&mesencoreincomplètementconnus.
Les sols minéraux bruts correspondent bien à la définition proposée :
sols à l'horizonA à peineindividualisérepose sur un horizonC ou R .
Lessols peu évoluéssontdessols à profil A/C . Lessols modaux
d'apport s u r roches basiques renferment des quantités appréciables d'allo-
phanes ; mais ils ont été, en attendant une étude plus poussée de la classe,
laissés dans le groupe des sols d'apport.
La classe des sols à mull est représentée par les sols bruns eutrophes
sur roche basique. Ces sols représentent un degréd'évolutionsupérieur
à celui des sols de la classe II avec, en particulier, un horizon B bien
développé.Cependant il ne faitpasde doute que cessolsreprésentent
un degréd'évolutionmoindre que celledessols à sesquioxydesvers
laquelle ils tendent manifestement.
La classe des vertisols ne présente pas de difficultés particulières.
Les sols à sesquioxydes ont posé quelques difficultés. Un ensemble de
sols rouges de la partie Nord du pays répond à la définition générale des
solsferrugineuxtropicaux,mais ne présentepasdemobilitédeferni
d'argile. I1 a été doncdécidéderangercessolsdansunesous-classe
particulière, dénomméeprovisoirement"solsfersiallitiques" (BOTELHO
DA COSTA, 1959),avecungroupeles"solsrougestropicaux".Les
solsfaiblementferrallitiquesferrisoliquessont ceuxqui présententdes
- 48 -

caractères de ferrallitisation bien marquéspar le mode d'altérationdes


minéraux primaires , la synthèse des minéraux nouveaux, la différenciation
des horizons, mais qui en diffèrent par un moindre développement morpho-
logique , la présence d'une proportion plus élevée de minéraux inaltérés , un
pH plus élevé , une capacité d'échange et un degré de saturation plus forts.
Lessolsferrallitiquesjaunes ont étéprovisoirementconservésdans les
sols ferrallitiques typiques. Ils peuvent sans doute figurer dans les sols fer-
rallitiques lessivés lorsque le type lessivage aura été suffisamment précisé.
Les sols halomorphes sont représentés essentiellement par. les sols
à alcalissans modificationimportante de la structureet ceux ou cette
structure est fortement différenciée (solonetz solodisésl .
Les sols hydromorphes ont été ordonnés suivant la nouvelle présenta-
tion de cette classe à la suite de la réunion des pédologues O.R.S. T. O. M.
qui s'est tenue en Septembre 1964 et qui a préconisé la subdivision en trois
sous-classes : sols hydromorphes organiques , moyennement organiques et
minéraux (1).

22 - Classe I. Les sols minéraux bruts


Lessolsappartenant à cette classesontdessolsd'origine non
climatique et sont le résultat de l'érosion . Trois unités ont été reconnues.
11 - LES SOLS MINÉRAUX BRUTS NON CLIMATIQUESDIÉROSION SUR
ROCHESDIVERSES (2)
Les roches sont le plus souvent des roches plutoniques(granites) ou
métamorphiques(migmatites) .
Ellesaffleurenttrèslargementdans le
Nord du pays et plus particulièrement sur les bords massif du Mandara.
Ellesconstituentégalementde nombreux massifsisolés commedans les
environs de Maroua. Ils peuvent constituer des inselbergs isolés (un peu
. partoutdansleNord,maiségalementdansdifférentesautresparties du
pays).Ils ne peuvent etrereprésentésalorssur la carte.Différents
massifs de faibleétendue,constituésd'autresroches , existentailleurs :
rhyolitesenbordurede la plaine Tikkar par exemple. Ces rochers se
~

présentent sous forme de vastes dames lisses , ou bien d'un amoncellement


de boulesjuxtaposées,auxquellessontassociésdessablesgrossiers
provenant de la desquamation de ces roches. Ces sables sont précieusement
retenusparlespopulationsmontagnardes du Nord, qui n'ont que cela à
cultiver. Au pied des massifs, ces sables sont étalés sur des pediments
activement cultivés * .
12 5 3 - SOLS MINJ~RAUXBRUTS NON CLIMATIQUES DIÉROSIONSUR
CUIRASSESANCIENNES
Dans diverses parties du pays, affleurent sur de vastes surfaces des
cuirasses qui , par le jeu de l'érosion, se trouvent constituer des ensembles
B bord net et dominant le reste du pays de quelques mètres ou de quelques

(1) metin Bibliographique O.R.S.T.O.M. 1965, fas. 4.


(2) La num6rutation et l'appellation des sols sont ceux de la légende de la carte.

*VOIR ILLUSTRATION 9 PAGE 131


- 49 -

centaines de mètres. Cette situation topographique fait que ces formations


ne peuvent résulter de pédogenèse actuelle , mais constituent un héritage
d'un passé lointain. Ces cuirasses peuvent etre observées dans la moitié
Nord : cuirassesferrugineusesdanslesenvironsdeBaibokoum,Poli,
Mindif, ou cuirasses bauxitiquesdel'Adamaoua.
I2 - SOLS SUR CUIRASSEANCIENNEFERRUGINEUSE

Cette cuirasse est présente sur de grandes étendues entre le pied de la


falaise de l'Adamaoua et la Bénoué. Elle a été observée par les géologues :
KOCH (1959), LASSERRE (1961), SCHWOERER (1955) et par D. MARTIN
(1962) quiremarquequ'ellecouvredesétenduesconsidérablesetqu'elle
intéresse les roches mères les plus diverses (matériaux sédimentaires du
Mayo Rey ou gabbro) . Au Nord dePoli, la cuirasseforme une plate-
formetabulairequidominelesenvironsde 8 à 10 mètres.

Sur la surface du plateau, on note successivement :


- unhorizonde 30 cm d'abord gris foncé, puis passant graduellement à
un matériau rouge entourant des gravillons,
- une 'dalle ferrugineuse compacte.

Lesbords du plateau,assezabrupts,sontentourésdegrosblocs
provenant du démantèlementde la cuirasse. I1 leursuccède unezone à
pente très douce où se développe un sol hydromorphe . A la base de cette
pente,apparait unenouvelle cuirasse,près du talweg,au fond duquel
apparaissent des blocs de gabbro.

Ce plateaucuirasséparartrelever d'une pédogenèseancienne.La


cuirasse dégagée par l'érosion se désagrège sur les pentes et le fer est
remis en solution sur les pentes douces qui entourent la cuirasse près du
talweg. Ce schéma est tout à fait conforme à celui présenté par MAIGNIEN
(1958) en Afrique occidentale .
13 - SOLS SUR CUIRASSE ANCIENNE ALUMINEUSE

Le cuirassementaluminewest une caractéristiquede la partiede


l'Adamaoua situéeentre Ngaoundéré et Tibatietprochedeslocalitésde
Bagodo, Minim etMartap.Cescuirassescouronnentdesplateauxassez
allongésfortement disséqués
par
l'action
des
rivières,
profondément
enfoncées (100 à 200 m environ). Elles forment sur les bords une véritable
corniche d'une dizaine de mètres d'épaisseur . Elles sont occupées par une
savane assez lache dont les arbres poussent leurs racines dans les inter-
sticesdesblocs.Cettecuirasse,parsesteneursélevéesenalumine,
peut @trequalifiéedebauxitique.Elle a faitl'objetdesondagespar le
B. R. G. M. ( l ) , cequinouspermetd'avoirde bonnescoupes à travers
un matériau particulièrement dur.

(1) M. Lettemam.
- 50 -
Puits No 5 sur leplateauBrigitte(ensemble duNgaoundal) à 1352
m.
O à 0,2 m Sol noir B brun.
0,2 à 0,6 m Blocs bruns B jaunes separés par du sol rouge.
0,6 ii 4,3m Cuirassecompactebrun-rouge à jaunatre;cristaux de
gibbsite visibles .
4,3 B 21,7m Cuirasse bauxitique brun-rouge avec cristaux de gibbsite
visibles; elledevientdeplusenplusporeusevers le
bas ; entre 15,6 et 17 m filonnets noirs à éclat métallique
et quelques masses jaunes pulvérulentes.
21, 7 à 27,'6 m Rougeatre,pisolitesde 1 à 6 mm;argileux, happant à
la langue ; géodes blanches, opaques ; quelques concrétions
sans forme précise ; vers le bas de ce niveau, les piso-
lites deviennent de plus en plus gros. La roche altérée
apparart avec un faciès tigré.
27,6 à 30,5m Roche brune à brun-rouge , peu dense, peu indurée, peu
de pisolites.
30,5 à 34,3m Argileviolette,basaltealtéré.
Nappe B 33,2 m .

Les analyses des materiaux alumine- ont donné les résultats suivants :
0 - l m (apr&s
tamisage)
gibbsite .
2 - 3 m
10 m
gibbsite pure .
gibbsite pure.
21 m gibbsite pure.
25 - 26 m cuirasse dure ; très peu degibbsite ; beaucoup de kaolinite.
30gibbsite
m .
kaolinite
m31 .
On a doncune trèsforteaccumulationdeproduitsgibbsitiques . La
kaolinite caractériseessentiellementlesargilesviolettesd'altération du
basalte .
Des analyses chimiques de matériaux sur les plateaux entre Minim et
Martap ont donné les résultats suivants :

A1203 % I Fe203 %

Cuirasse brun-rouge 43 -47 20-27

Rocheblanche à
aspect de nougat
violette Argile 30 40 8

Latrgsfaibleépaisseur de sol meubleensurface, la trèsforte


épaisseur de la cuirasse, la situation topographique font que cette formation
doit Btre considérée comme très ancienne et , de ce fait , a été rangée dans
les sols minéraux bruts sur cuirasse ancienne.
*VOIR ILLUSTRATIONS PAGE 133
- 51 -

23 - Classe II. Les sols peu évolués


Ces sols sont caractérisés par un profil AC où les horizons A et C
sont déjà bien individualisés. Les sols de cette classe appartiennent B la
sous-classe des sols d'origine non climatique et ils dérivent de roches en
place ou apportées par les eaux ou les vents. Ce sont les sols d'érosion
et les sols d'apport.
Les sols d'érosion lithiques sont divisés en deux familles sur roches
acides et sur roches basiques .
111- SOLS PEU $VOLUI& D'~ROSIONSUR ROCHES ACIDES

Ces sols sont répandus dans le Nord du pays, dans les zones où les
pentessontfortes, la couverturevégétaleassezclairseméeetl'action
dégradante de l'hommeimportante , tandis que la pluietombe enorages
puissants .
Près de Mokolo, sous 800 mm de pluie et une température de 24",
sur la surfacequasi-horizontale dont l'altitude est de 900 à 1000 m , on
observe le profilsuivantsousculture de milavec,deloinenloin,
quelques Faidherbia albida de petitetailleet" Combveturn glutinosum ,
(SEGALEN et VALLERIE,1962).

Morphologie
O -
20 cmBrun ; sableuxgrossier , particulaire ; cohésionfaible :
poreux.
20 - 40 cm Brun pale ; sableux grossier , particulaire ; cohésionfaible ;
poreux.
40 cmBrunpale ; sableux
avec
blocs
de
roche
granitique
en
voie
d'altération.
Sur ceplateau,denombreuxautresprofilsidentiques peuvent etre
observés.

Caractéristiques physiques et chimiques

Les graviers et cailloux représentent près de 35 '% de la terre totale


ensurface,tandisqu'enprofondeur, ils approchent de 50 '%.Dans la
terrefine,l'argileet le limonatteignent6 à 10 %. A 20 c m , on note
près de 10 '%d'argile. Ce sable grossieresttrès abondant etdépasse
60 ?I avec 15 à 20 '% de sable fin.
Lamatiereorganique est faible ensurface(de 0,3 à 1 $6) ainsi que
l'azote (0,3 à O, 7 %) . Enprofondeur,lesteneurssonttrèsfaibles.
Le pH est acide (6,3 en surface ; 5 , 5 2 25 cm) . La capacité d'échange
est faible : 4 à 6 méq. ensurface , 3 à 6,5 à 25 cm.Lasommedes
cationséchangeables e s t 3 à 5 méq. (la presquetotalitéest la chaux,
- 52 -

2 à 5 méq. ; la magnésie est faible, O, 5 méq. ; tandis que soude et potasse


sont à peinedosables).Ledegrédesaturationestcomprisentre 50 e t
100 %.

Les mineraux argileux n'ont pas été déterminés dans ce type de sol.

Aptitudesculturales
Ces sols sont cultivés seulement en sorgho. En raison de leur faible
épaisseur et leur faible teneur en matière organique et argile , une bonne
récolte exige une pluie bien répartie.

I I ~ SOLS
- PEU BVOLUBS D ~ R O S I O NSUR ROCHES BASIQUES

Les sols peu évolués sur roches basiques peuvent @tre observés dans
différentes zones ou affleurent les basaltes récents dont dérivent des sols
peu épais caillouteux. On peut en observer dans le Moungo, dans les pays
Bamoun et memedans le massifMandara, au Sud de Mora. La pluvio-
métrie varie de 4000 mm â 800 mm.

Profil 13 AS à Kolan'Koté (série de Ngoll dans le Mungo, SIEFFERMANN,


1960).

Morphologie et caractéristiques
Le sol est couvert d'une litière sporadique de O â 5 cm d'épaisseur .
Un peu partoutaffleurentdesboules de basalte (5 5 25 % de la surface
du sol) . Lesolpeutatteindre 60 cm ; généralement, il avoisine 40 cm.
O - 10 cm Brun-noir foncé ;très humifere ;sablo-graveleux ;les graviers
sont constitués de débris de basalte.
10 - 40 cm Analogue au précédent , mais les débris de basalte représen-
tent 43 % du sol.
B 40 cmBasalte non altéré.

.
Les teneurs en argile ne dépassent pas 11 % Le limon varie de 4 à
16 % desurface , 4 à 28 % enprofondeur.Lesableest de l'ordre de
80 %.La matière organique est élevée en surface comme en profondeur ;
le pH e s t peu acide.

CE S
terre
Mat. org. N %I C/N fine méq. PH
l0Og
méq./100g

0-5 9,5-23 7,5-12,3 7-11 27 - 37 16-26 .5,8-6,4

30-40
6 - 15 3,5-8,5 9-10,5 6,5-15 3-7 5,4-6,9
- 53-

Contenu Minéral

Sur les coulées les $plusrécentes on n'observe que desprodbits


amorphes dont la capacité d'échange est élevée (200 méq. 1 . Par contre y
lorsquel'agede la coulée est plusgrand, on note, & catédeproduits
amorphes y de la montmorillonite et de la gibbsite .

Aptitude culturale

Ces sols constituent de bons sols par leur teneur en matière organique
et élémentsfertilisants. Ils sont,parcontre y peu épais et doivent
conserver leur matière organique.

Profils FTS 7 , pr6s de Bamenjin (Noun), s u r une


coulée volcanique
.
récente (BACHELIER y SEGALEN, 1957) ; pluviométrie 1800 mm ; altitude
1100 m.

MorDhologie et caractéristiaues

O - Noir ; limono-sableux ; bien structuré : grumeleux grossier ;


20 cm
cohésion faible ; très poreux.
20 -
30 cmBrun;limoneux ; grumeleux à muciforme ; cohésionfaible.
30 cm
Basalte
bulleux
enrobé
de
sol
brun.

Les caractéristiques physiques et chimiques ont des différences sen-


sibles avec le précédent. I1 y a moins de roches en surface ; la teneur
en argile est plus importante (20 - 25 '%) ; le pH est plus acide. Mais les
teneursenmati6reorganique y azote y la capacitéd'échangedebaseset
les bases fixées sur le complexe sont très voisines. L'on ne possède pas
de données minéralogiques s u r ce sol.
Des signes de mauvais drainage peuvent apparaftre avec des couleurs
grises d'un petit horizon de gley au contact de la roche mère.

Ces sols supportent actuellement la foret y en voie de disparition, et


peuvent etre plantés en caféierssi le drainage est correct et une profondeur
suffisante assurée.

II3- SOLS D'APPORT SUR CENDRESBASIQUES

Dans la vallée duNoun et aux alentours y dans le Mungo y des volcans


audynamismevulcanienont émisen abondance descendres(denature
basaltique)qui ont été répanduesautourdescentresd'émission où leur
épaisseur atteint plusieurs mètres. Transportées par les vents, elles ont
"saupoudré" des étendues considérables. En particulier le pays Bamiléké a
vu ses sols rajeunis superficiellement par des apports minéraux nouveaux
ce qui explique en partie le développement de l'agriculture dans ce pays.
Ces matériaux cendreux ont été déposés & une époque assez récente, leur
altération est encore peu avancée y et les profils sont généralement peu
épais. Ils sontdéveloppésentièrementsur la cendre ou bienconstituent
- 54 -

une épaisseur modeste sur un sol ferrallitique déjà fortementdéveloppé.


Leurindication sur la carteau 1/1 O00 OOOe n'était pas possible,mais
ces solssonttrèsimportants à connathe.Leurmiseenmltureest
effectueepour la plantationdescaféiers ou culturesvivrièresdiverses.

Morphologie

Profil observé près de Baleng, dans la vallée du Noun, près d'un cratère
(BACHELIER, CURIS,MARTIN, SEGALEN, 1957) .

O -20 cm Brun-gris'foncé à noir ;sablo-limoneux ;finement polyédrique ,


moyennement développé ; cohésion moyenne.
20 - 100 cmBruntrèsfoncé à brunfoncé ; sablo-limoneux : quelques
fragments de cendre ; grumeleux à tendance particulaire.
à 100 cmCendres
brun à noir,inaltérées.

Dans la région de Mungo (série de Bungo) , SIEFFERMANN (1960) note


leprofilsuivant :
O - 25 cm
G r i s foncé à noir;trèshumifère: sablo-graveleuxavec
fragments de cendres très abondants,
25 -40 cm Analogue auprécbdent , mais moinshumifère ; nombreux
fragments(lapillis)recouverts d'un enduitd'altération jau-
natre .
à 40 cm et + Lapillis noirs non altérés .

Caractéristiques physiques et chimiques

La granulométrie est très sableuse ; les teneurs en limons varient de


5 à 20 %; les teneurs en argile sont très faible ; 2 à 10 %.

Le pH est peu acideensurface (6,2 à 6,5) ; enprofondeur, il est


proche de la neutralité ( 6 , 7 à 7,5) .
Les teneurs en matière organique sont élevées, 6 à 10 % en surface ,
avec des teneurs en azote de 3 à 8 %O .
A 50 cm, il y a encorejusqu'à
2 % de matière organique .Le rapport C/N est de 12 à 15 dans le Noun,
6 à 8 dans le Mungo .

Lecomplexeabsorbantestcaractériséparunecapacitéd'échange
élevée , à mettre en relation avec l'abondance de la matière organique et
la nature particuli5re de la fraction minérale. Elle est de 20 & 40 m6q.
dans le Noun, 35-55 méq. dans le Mungo . La somme de bases échangeables
est élevée : 13 à 20 méq. Lecalcium represente la base la mieux repré-
sentée (53 à 87 %Idu total),suiviepar le magnésium (11. à 39 %) ; la
potasseesttoujourstrèsfaible, la soudeinexistante.

Le degré de saturation est élevé : il dépasse 50 %.L'analyse minéra-


logique de la fractionfine de cessolsmeten évidence l'abondance de
corps amorphes possédant une capacité d'échange élevée (200 méq. /l00 gl .
- 55 -

Sols à profil complexe

Lorsqu'unsolferrallitique , dérivé de rochebasaltiqueancienne ou


métamorphique, a été recouvert par des cendres récentes, on peut observer
leprofilsuivant :
-
I

II
1 O
25
40
-
-
25 cmBrun-gris
40 cmBrun
foncé ; limoneux ; grumeleux fin; très poreux.
; sablo-limoneux .
50 cmGris ; particulaire ; cendrefine.
50 cm et dessous Rouge ; argilo-sableux ; frais ; sol ferrallitique rouge
dérivé de roche métamorphique .
Les propiétés du sol développé sur les 50 premiers centimètres sont
analogues à celles indiquées précédemment, mais elles sont très différentes
de celles du sol rouge sous-jacent, très argileux, àpH acide. Ce dernier
profite, toutefois, d'un apport de bases échangeables provenant de la partie
supérieure du profil.Lespropriétésvis-à-vis de l'eausontégalement
fort différentes, puisque la forte proportion d'argile du sol rouge et son
recouvrement par un matériausableuxluipermettent de conserverl'eau
très longtemps et de résister très bien à la sécheresse.

Cessolsprésentent un développementmorphologique encoretrès


.
fruste L'altération-desminérauxprimairesestencore peu avancée,
puisqu'ontrouve,surtoutdans la fractionfine,desproduitsamorphes.

Le comportement de ces sols vis-à-vis des cultures est fort différent.


Le sol dérivé de cendres est très riche du point de vue matière organique,
azote et bases échangeables ; son pH est faiblement acide, mais il est peu
pourvu en argile et excessivement poreux. De ce fait', il est plus sensible
que tout autre à la sécheresse. Par contre , le sol sur cendres peu épais,
maisreposantsur un anciensolferrallitiqueest mieux partagécar il
tire une richesse en éléments fertilisants de la partie supérieure : dès que
lesracines atteignent les partiessupérieures du solferrallitiquerouge
argileux , elles trouvent un matériau B bonne capacité de rétention pour
l'eau qui permet de subsister au cours de la saison &Che. Bien cultivés,
ils peuvent donner d'excellentes récoltes .
II4- SOLS D'APPORT SURALLUVIONS FLUVIATILES

Les alluvionsfluviatilesqui n'ont passubid'évolution(autre qu'une


accumulationmodérée de matièreorganique)sontassezrares.Dans la
plupart des cas, l'évolution est assez rapide et permet le développement,
B partirdesmatériauxalluviaux de solsappartenant aux classesdes
vertisols ou des sols hydromorphes .
Des zones d'alluvions peu évoluées ont été indiquées en deux endroits.
Dans l'extreme Sud-Ouest , le long du Wouri, LEPOUTRE (1951) a décrit
dessolssur alluvionsfluviatiles qui n'occupent que des bandes de très
faible largeur , le long du fleuve .
- 56 -

Dansl'extremeNord,toutes les rivières temporaires qui descendent


des Massifs Mandara déposent en plaine des matériay alluviaux de granu-
lométrietrèsvariable quin'ont,jusqu'àprésent,passubid'évolution
très visible. Une caractéristique de ces sols est une certaine irrégularité
dans la morphologie qui dépend de la façon dont l'alluvionnement s'est
produit dans le lieu considéré.

A Gétalé , (SEGALEN , VALLERIE , 1962) dans la plaine située au Nord du


Massif Mandara , on observe le profilsuivant , sousunevegetation
de' Bulanitesaegyptiaca , Amgeissusleiocarpus , Khaya senegalensis,
Poupartia biwea,
O - 25'cmBrun-gris ; sable finetgrossier.
25 - 70 cmGris-brunclair; sable finetgrossier,etc.
Dans la plaine de Zamay , on note sous ,Balunites aegyptiaca, Term;inalia
macropiera , CornbveCLlm sp. , Bauhinia reticulata .
O - 10 cm Gris-brun clair ; sableux fin et grossier ; graviers nombreux ;
peu humifère ; structure fragmentaireà polyédrique ;cohésion
moyenne.
10 - 30 cm Gris-brun clair ; sableux avec un peu plus de sable grossier ;
structurefragmentaire à polyédrique ; cohésionmoyenne.
30 - 65 cm Brun-jaune ; sableux fin; un peu plus riche en argile ; struc-
ture fragmentaire à polyédrique ; cohésion moyenne.
65 - 105 cmBrun ; sablo-argileux ; massif.

Enbordured'autresrivières,comme le Mayo Tsanaga, le Mayo


Boula,desalluvionsdegranulométrievariable peuvent etreobservées.

Caractéristiques physiques et chimiques

Lagranulométrieesttrèsvariablemais,dans les casconsidérés ,


les sables dominent tr&s largement et leur répartition dans le profil est
très irrégulier.

Le pH est moyennement acide : 5,9 2, 6,5. La matière organique est


faible : O, 8 à 1 %.La capacité d'échange e s t faible (moins de 10 méq. ) ,
mais le degr6 de saturation est élevé (80 %) .
Aotitudesculturales

Cessolssontperméables,mais ne renferment que peu d'argile, ce


quientrafne une faiblecapacitéderétentionpourl'eau. Ils sonttrès
faciles à travailler ; mais ils doivent également etre régulièrement arrosés,
surtout au début de la végétation des sorghos.

D'autres ,régions présentent des zones de sols alluviaux répartis un


peu partout.Le Logone apporteégalementdesmatériauxalluviauxqui
évoluent très rapidementensolshydromorphes ou halomorphes eten
vertisols .
- 57 -

I I ~ -LES SOLS D'APPORT SUR PBDIMENTS


Par pédiment l'on entendra, comme DERRUAU (1964), un glacis modelé
dans une roche dure qui s'arénise .
Lepédimentvientprendre appui s u r
un inselberg ou sur un massif à pente forte. I1 s'agit d'une surface à
pente douce sur laquelle peuvent se déposer des matériaux (sableux) arrachés
aux massifs ou inselbergs.

Dans l e Nord du pays,cetteforme de relief est très fréquente, dans


le massif cristallin du Mandara et sur le pourtour de celui-ci. Dans cette
région, on a pu distinguer à proximitédesmassesrocheuses, la série
de Douggour où la surface est irrégulière avec denombreux blocs et boules
et une couverture sableuse faible, et d'autres séries où les blocs de roches
sontabsentset la couverturesableusesupérieure à 1 mètre.Les sols
qui dériventdecesmatériauxsonttrèsvoisins deceux qui dérivent de
matériaux alluviaux.

Morphologie

Le profil suivant observé 2 Goldoko, dans la région de Koza (SEGALEN,


VALLERIE , 1962) sur la feuille de Mokolo , a été observé au pied de la
falaiseMatakam.

O - 30 cm Brunpale;sablesfinetgrossier;particulaire ; cohésion
faible ; poreux.
30 - 60 cmBrunpale ; sable grossier ; particulaire .
60 - 65 cmBrunpale ; sableetcailloutis.
65 - 100 cmBrunpale ; sablesgrossieretfin,etc.

Caractéristiques physiques et chimiques

Granulométrie.Lesteneursengravierssontdel'ordre de 10 %.
Dans la terre fine, il y a environ 90 % des sables , 5 à 7 % d'argile et
3 à 4 % de limon. La matière organique est faible : O, 5 à O, 8 %.Réaction
acide : pH 6 , l à 6,2. La capacité d'échange est très faible , mais le degré
de saturation est élevé : 80 à 95 %.

Aptitude culturale
Cessols, souvent
occupés par la forettropophile, peuvent etre
cultivésensorgho, à condition de bénéficierd'unerépartitionfavorable
des pluies .

116- SOLS A TENDANCE HYDROMORPHE SUR ALLUVIONS MARINES

I1 s'agitdesolsoccupéspar la mangrove,fréquents à l'embouchure


de tous lesestuairesdepuisle Wourijusqu'auNtem.Ilsn'ontpasfait
,l'objet de travaux particuliers.
- 58 -

24 - Classe III. Vertisols


Les deux sous-classes,vertisolslithomorphesetvertisolshydro- ,
morphes ont été reconnues.

III1-VERTISOLSLITHOMORPHES

Localisation,topographie,végétation
Les vertisols formés sur roches grenues sont bien représentés dans
le Nord du Cameroun, essentiellement au Nord du 9e parallèle et surtout
du 10e parallèle. Ils occupent presque toujours le sommet en faible pente
des interfluves, sur des modelés d'aplanissement disséqués par le réseau
hydrographique : le drainageexterneestainsitoujoursassuré.Ces sols
sont toujours très cultivés et la végétation naturelle est rarement visible :
il semble qu'ellesoitassezvariee (Anogeissus leiocarpus,Bahnites
aegyptiaca Tamarindus indica Terminalia .macroptera et divers Acacia),
y y

mais qu'aprgs le premier défrichement, l'Acacia seyal devienne nettement


domin+nt .
Morphologie
Lesprofilsobservéssont peu différents les unsdesautres. KAE 35,
sortieOuest de KAELE . A mi-pente d'une collineen très faible pente
(MARTIN, 1963) .
O à 50 cm Gris foncé (5Y4/1) etgris (5Y5/1) s e c ;argile-sableux,
macrostructure prismatique bien développée par fentes de
retrait, structure polyédrique grossière fortement dévelop-
pée ; compact; dur à très dur : nodules calcaires de forme
trèsirrégulière, tacheté de noir, de O, 2 à O, 5cm de
diamètre; graviers et quartz (maximum 2 cm) anguleux et
blancs ou arrondis et teintés en brun: petites concrétions
noires et rondes (O, 2 2 O, 5 cm).
50 à 130 cm Gris foncé (5Y4/1) etgris (5Y5/1) sec : argilo-sableux;
pas de macrostructure ; massif; compact, légèrement puis
nettementhumide,trèsferme à plastique: nodules cal-
caires ne dépassant pas l cm ; graviers de quartz teintés
en brun; concrétions noires .
130 à 160 cm Horizon de passage à la rochealtérée : couleurpassant
de brungris (2,5Y5/2) à grisbrunclair (2,5Y6/21 avec
despassagesplusgris(verslehaut) ou plusclair(vers
le bas) ; moinsmassif que l'horizon précédent, structure
polyédrique 3 nuciformemoyennefortement développée ;
légèrement humide et ferme ; nombreuxnodules calcaires
(maximum 1 cm) ; graviersdequartzetfeldspaths non
altérés ; quelques concrétions noires.
160 à 800 cm Roche altérée de couleurdominante claire(blanc à gris
très clair) assez variable dans toute l'épaisseur ; sauf les
20 premierscm, la structure de la rocheestencore
visible ; passages formés uniquement de feldspaths altérés
- 59 -

blancsdans un squelettequartzeux;passagesnettement
litésavecfeldspathsaltérésblancs et quelquestaches
brunes y petits quartz, minéraux noirs non altérés et peu
abondants ; l'ensemble est dur et s e c .
800 cm
Devient
humide et
prend une teinte gris
clair,
friable B
ferme.
870 cm Nappe phréatique .
La macrostructure prismatique et les fentes de retrait bien marquées
sur aumoins 40 cm sont les principales caractéristiques morphologiques
de ces sols . On observe très rarement et seulement en sols non cultivés,
un horizonsuperficielfinementstructuré de quelques centimètres, qui
peut masquer les fentes de retrait. Avant d'atteindre la roche altérée dont
la profondeur varie de 90 cm à plus de 2 m y le sol devient massif compact
et sans structure. Les nodules calcaires sont généralement présents dans
tout le profil.

Caractéristiques physiques et chimiques

Ces sols sont remarquables par la constance de leur granulométrie :


à part les dix premiers centimètres souvent plus sableux, les teneurs en
argilesontconstantesjusqu'àl'horizon de rochealtérée. Mais si la
textureestconstantedansleprofil, on peutnoterd'assezgrandesdif-
férences entre profils, vraisemblablement en liaison avec la roche mère y
puisque lesteneursenargileoscillententre 50 à 55 %I.Ces taux élevés
d'argileentrainent une t r è s faibleperméabilité,mais une capacité de
retention d'eau élevée.
Les teneurs en matière organiquesont très moyennes (O, 8 à 1,5 %,
malgré la couleur fréquemment foncée du sol. En sols cultivés, le rapport
C/N comprisentre9 et 12 est correct. La teneur en matière organique
est encore de O, 4-0,5 % à 80-100 cm.
Lacapacitéd'échange est toujoursélevée (25 à 35 méq/100 g). Elle
estsaturée à plus de 80 %I ettrès souvent B 100 %.Lecalciumest
nettementdominant et le magnésium ne représente que 10 à 20 % de la
somme des bases échangeables. Le pH est compris entre 7 et 8 et seuls
quelques échantillons de surface peuvent avoir un pH inférieur à 7 .
Lafractionargileuseestcaractériséepar une-nettedominance de
montmorillonite y associée à un peu d'illiteetdekaolinitedéterminées
aux rayons X : le rapportSiO~/A1203estcomprisentre3et 5 et la
capacité d'échange calculée pour 100 g d'argile oscille entre 65 et 85 méq.

Aptitudesculturales
Les vertisols sont, dans l'ensemble, de bonne qualité,maisplus ou
moins fortementgenésparleurmauvaisescaractéristiquesphysiques de
drainage et de structure. Si certaines cultures, comme le sorgho repiqué,
peuvent s'y adapter, le coton,pourdonnerdesrendementscorrects y

nécessite des travaux culturaux spéciaux comme le billonnage y non encore


couramment pratiqué.
*VOIRILLUSTRATIONS PAGE 130
- 60 -

1113-VERTISOLSHYDROMORPHES (cf,. diverses études sur les sols de la


.
plai,nedu Logone LAPLANTE,COMBEAU, LEPOUTRE, BACHELIER
(1951), MARTIN, SEGALEN, SIEFFERMANN (1957 à 1962).

Localisation,topographie , végétation

Les vertisols hydromorphes, formés sur matériaux alluviaux, occupent


d'importantes superficies dans le Nord-Cameroun : ils sont fréquents dans
la vallée de la Bénoué, mais prennent une grande extension dans la plaine
duLogone et autour de Maroua. Leur topographie e s t -toujours très plane
et leur drainage externe est faible ou nul : ils sont le plus souvent inondés
par débordement des fleuves et deplus leur position topographique basse
empeche l'évacuation des eaux de pluie. La végétation varie avec l'intensité
de l'inondation : savane armée à Acacia dans le cas d'inondationfaible et
prairie à Hyparrhenia et Vetivaria dans les zones plus fortement et longue-
ment inondées.

Morphologie

Le profil suivant est typique des vertisols de la plaine du Logone.


Champ de sorgho muskuari sur défrichement d'Acacia.
O à 70 cm Gris très foncé ; argileux ; macrostructureprismatiqueen
gros blocs séparés par de fortesfentes de retrait et qui
se divisentenélémentspolyédriquesgrossiers de 4 à
10 c m ; peu poreux ; t r è s d u r .
70 à 150 cm Gris foncé ; argileux;assezmassif à tendancepolyédrique
grossière (3 à 7 cm) ; peu poreux à compact;dur à très
dur ; nodules calcaires présentant un maximum de densité
à 120 cm(diamètreinférieur à 2 cm).
150 cm
Bigarré
brun-gris à brun-gris foncé ; argileux, humide et
plastique trèsferme ; nodules calcaires moinsnombreux
mais plus gros (2 à 4 cm 'de diamètre) .
Dans la régiondeMaroua, les profilssontplusvariés . "Karal" (1) de
Gazawa (SEGALEN, 1962).
O à 30 cm Brun-gris ; argilo-sableux (fin et grossier) ; quelquesfentes
de retrait ; structure prismatique ; cohésion très forte : pas
. .
de nodules calcaires.
30 à 120 cmBrun-gris foncé ; argilo-sableux(grossier) ; prismatique ;
cohésion trèsforte ; nodules calcaires abondants ; petites
concrétions noires.
120 à 250 cmJaunepaleavectachesrouillediffuses ; quelquespetites
concrétionsnoires,graviersetcailloux de quartz.

[ l ) Karal : étenduepropre B l a culture du sorgho repiqué,généralementoccupéepardesvertisols.

*VOIR ILLUSTRATIONS PAGE 130


- 61 -

Les principales caractéristiques morphologiques sont :


- l'existence d'une bellestructureprismatiquesur aumoins 30 c m ,
- la présencedecaractèresd ' hydromorphie à profondeurvariable .
Caractéristiques physiques et chimiques
Latextureargileuse,constantedansleprofil,estparticulièrement
nettedans la plaine du Logone : les teneurs en argile peuvent osciller de
.
45 % à près de 60 % Autour de Maroua, les textures sont plus irrégulières
avec des taux d'argile compris entre 35 et 45 %.Les teneurs en matières
organiques ne sont jamais très fortes (maximum 1 , 5 %, et le rapport C/N,
voisinde 15 ensurface,estassezélevé.Lacapacitéd'échange, qui
varieentre 25 et 30 méq/100g estsaturée à plusde 75 % ensurface
et souvent à 100. % enprésence de nodules calcaires . LepH,souvent
inférieur à 7 en surface, peutatteindre 8 en profondeur. Le calcium est
le cationnettementdominant,etlesodiumn'apparaeenexcès que dans
quelqueséchantillons de profondeur.

Lafractionargileuse est formée de montmorillonite, de kaolinite et


d'illiteenproportionvariable : la dominance, de la montmorilloniteest
beaucoup moins nette que dans les vertisols lithomorphes . ,

Aptitude culturale
Laposition topographique de cessolsetlesrisques d'inondation
limitent assez strictement les possibilités d'utilisation : culture de décrue
(sorghorepiqué) ou rizicultureirriguée.Leurprincipaldéfautestle
manque assez général d'azote.

25 - Classe VI. Les sols à mull


Danscetteclasse, on a reconnu dessolsbrunseutrophes modaux
dérivésderochesvolcaniquesbasiques. I1 s'agitdesolsdérivés de
basalte (en coulées généralement peu étendues) dont l'%ge est assez récent.
Ces sols présentent uneévolutionbeaucoupmoinsavancée que c e u de la
classe VIII, mais plus que celle de la classe II, tant par le développement
morphologique que parlespropriétés physiques etchimiques.Ilssont
situés dans la zone équatoriale (région duMungo et zone avoisinante), ou
tropicale d'altitude (Bamiléké et Bamoun) .
Morphologie
Dans la région de la Lamba (entre Yabassi et N'kongsamba) , LAPLANTE,
COMBEAU, LEPOUTRE (1950) avaientobservéleprofilsuivant :
O -
30 cm Brun foncé (chocolat) ; humifère ; belle structure grumeleuse.
30 -
50 cm Brun foncé; assez grumeleux ; moins humifère;assez argileux,
deplusenplusvers la profondeur , quelquesfragments
de basalte altéré.
50 cm et plus MBme couleur brun foncé ; argilo-limoneux avec morceaux
de basalte de plus en plus nombreux.
- 62 -

P r è s de Bati (pays Bamiléké), (BACHELIER, CURIS,MARTIN, SEGALEN,


'

1957), des cendres assez grossières ont donné naissance à des sols bruns
épais de O, 5 à 1 m .
O -25 cmBrun-grisfoncé ;limono-sableux ;bienstructuré ; grumeleux
fin; faible cohésion ; forte porosité.
25 - 100 cm Brun ; limono-argileux ; structure fondue, donnant fragments
nuciformes à polyédrique de O, 2 à 1 cm ; cohésion moyenne ;
porositéordinaireettubulaire ; les racinesdescendent
nombreuses jusqu'à 35 cm .;
à 100 cm
Cendresbrun-rouge à tachesrougeatres.

Caractéristiques physiques et chimiques

La fraction argile est peu représentée : 4 à 5 %, le limon représente


20 à 30 %; les sables représentent 70 %.La matière organique est très
abondante (10 % dans les 20 premiers centimètres , 3 % à 50 cm) avec de
fortesteneursenazote (4 % ensurface , 1 , 5 .
à 50 cm) L'aciditén'est
pas très accusée : pH 6, O en surface, 6,3 à 50 c m . Le complexe absorbant
présente une capacité d'échange de 50 méq/100g en surface, 19 méq en
profondeur , avec une somme de baseséchangeablesélevée : 14,3méq,
ensurface , 9 , 5 enprofondeur.Ledegrédesaturationest donc assez
faible. Par contre , les réserves en bases (extraction à l'acidenitrique)
sont très élevées.

Peudedéterminationsdeminérauxargileux ont étéfaitessurces


sols ; cependant SIEFFERMANN (1960) signale pour ces sols dans le Mungo
la présence de gibbsite à caté de kaolinite , d'unpeu de montmorillonite
et de minéraux amorphes.

I1 s'agit donc de sols bruns , limono-sableux, à t r è s bonne structure?


très riches en matière organique et en bases échangeables mais donc le
y

complexe est partiellement désaturé. Les minéraux argileux sont variables ~

mais la présencedegibbsite indique que l'évolutiongénérale est ferral-


litique .
Aptitude culturale

Ces sols présentent un certain nombre de facteurs favorables permé-


ables, bien structurés, riches en matière organique , bases échangeables ,
aux réservesimportantes. Ils constituentd'excellentssols convenant à
toutes les culturesriches(bananiers,caféiers,cacaoyers , etc.) et bien
entendu aux cultures vivrières.

-
26 Classe VIII. Les sols 3 sesquioxydes
261 - LESSOLSFERSIALLITIQUESAVEC LE GROUPE
DES SOLS
ROUGESTROPICAUX
Deux familles ont été distinguées sur roches basiques et acides.
- 63 -

VIIIl - SOLSROUGESTROPICAUXSURROCHESBASIQUES
Localisation,topographie , végétation
Ces sols, qui n'ont qu'une extension limitée en Nord-Cameroun, sont
localisés auNord du parallèle 9" N . entre Bibemi et Maroua.

Leursituation morphologique et topographique est variable puisqu'on


les trouve aussi bien sur des collines de "rocheverte'' à forte pente ou
surdesreliefsaplanis à pente moyenne à faible, où ils sontparfois
associés à des vertisols .

MorDhologie

Un profil typique a étéobservésur "rocheverte"près de Maroua :


O -
15 cm Brun à brun foncé (7,5YR4/2) ; légèrement humifère ; sablo-
argileux et nombreux cailloux; structure nuciforme moyen-
nement développée ; assez poreux ; peu dur. ,

-
15 35 cm Brun-rouge (5YR4/4) et rouge-jaune (5YR4/6) sec ; argileux :
macrostructure prismatique peu nette donnant éléments
polyédriques grossiers fortement développés ; assez poreux ;
dur.
35 cmJaune-brun (10YR6/6) et jaune (10YR7/6)s e c ; sablo-argileux
et limoneux; sans structure ; peu dur : horizon d'altération
de la roche verte qui peut atteindre 1 à 2 mm d'épaisseur .

Surrocheplusacide , commel'embrechite,leprofilestsouventmoins
bien structuré (profil KEB 43).
O -10 cmBrun-rougefoncé (5YR3/3 à 2,5YR3/4) ; sablo-argileuxet
graveleux ; structure polyédrique bien développée ; poreux ;
peu dur à d u r .
-
10 20 cmBrun-rougefoncé (2,5YR3/4) ; argilo-sableux ; structure
polyédriquemoyennementdéveloppée ; nombreux petits blé-
ments blancs de 1-3 mm ; assez poreux : dur .
20 - 35 cm Rouge(2,5YR3/6) ; sablo-argileux ; structure polyédrique
moyennementdéveloppée ; assezporeux; peu dur ; petits
éléments blancs.
-
35 50 cmTeintegénéralebrun foncé (7,5YR4/4) avecpartiesplus
rouges (2,5YR3/4 , 4/6 et 5/4) ; sablo-graveleux ; peu struc-
turé ; peuporeux ; nombreux élémentsderochealtérée
visibles.
50 cm Roche mère peu ou pas altérée.

On notera en particulier :
- la couleur rouge du sol , qui s'accentue dans le haut du profil,
- la bonne structuration d'ensemble du sol,
- la faible épaisseur de sol avant l'horizon de roche altérée.
- 64 -

Caractéristiquesphysiquesetchimiques

-
Lagranulométrie se caractérisepar une texturesablo-argileusede
surface, à laquelle fait suite une profondeur,une texture argilo-sableuse et
m@me argileuse s u r les roches les plus basiques : la capacité de rétention
pourl'eau est correcte et la perméabilité est suffisante pour assurer un
.
bon drainage Lesteneursenmatièreorganique (1 à 2 %) sontbonnes
pour la zone climatiqueet ne diminuent pasbrutalementen profondeur
(O, 5 à 1,5 % vers 20-40 cm) : le rapport C/N, assez élevé, est compris
entre 12 et 15. La capacité d'échange est toujours bonne : 10 à 25 méq/100 g.
Le degré de saturation est compris entre 70 et 90 % et le pH, faiblement
acide, oscille entre 6 et 7. Les réserves minérales sont élevées.

I Lafractionargileuse,étudiée aux rayons X , - s e révGle comme formée


d'un mélange en proportion variable de kaolinite , kllite et montmorillonite :
le rapport Si02/A1203 est compris entre 2,5 et 3 et la capacité d'échange
de l'argile est généralement comprise entre 30 et 60 méq/100 g.

L'importance des minéraux argileux 2 : 1 et l'individualisation du fer


colorant fortement le sol, sans qu'il y ait lessivage ou concrétionnement,
nous paraissent des caractéristiques essentielles de ces sols.

Aptitudesculturales

Tant
' par
leurspropriétés physiques
(capacité de rétention
d'eau,
perméabilité ,' structure) que par leurs caractéristiques chimiques (richesse
minérale,capacitéd'échange),cessols ont unbon potentiel de fertilité
et conviennent particuliGrement au coton;leplusgravedanger qui les
guette est l'érosion.

VI112 - SOLSROUGESTROPICAUX SUR ROCHESACIDES

Localisation, topographie, végétation (SIEFFERMANN, MARTIN, 1963)

On ne rencontre ces sols qu'au Nord de Garoua, le long de la frontière


du Nigéria, sur roche-mèregranitiqueacide.Latopographie mollement
ondulée assure un bon drainageexterne.Lavégétationest une savane
soudanienne fortement dégradée par l'homme.

Morphologie

Lesprofilssont peu différenciéset peu variés.Pentefaibleensommet


de collineaplani.
O - 8 cm
Brun-olive
(2,5Y4/4) et
brun-olive
clair
(2,5Y5/4)sec ;
sable et gravier peu argileux ;particulaire, poreux, meuble.
8 - 30 cm ' Rouge-jaune (5YR5/6) et jaune-rouge (5YR6/6) s e c ; sablo-
argileuxet
graveleux;
particulaire
assez
poreux, peu
cohérent.
- 65 -

30 - 50 cm Rouge (2,5YR4/6 et 2,5YR5/6\ sec; argilo-sableux et


graveleux ; peu cohérent * feldspath friable .
50 - 140 c m Rouge- jaune (5YR5/6) et jaune-rouge (5YR6/6\ sablo-argileux
e t graveleux ; peu cohérent ; feldspaths avec taches noires,
deplusenplusabondants en profondeur.
On notera en particulier :
- la coloration du sol et l'absence de lessivage ou concrétionnement du f e r ,
- la très faible structuration due à la texturesablo-graveleusedans tout
le profil.

Caractéristiques physiques et chimiques

Malgré l'abondance du sable grossier et gravier quartzeux (15 à 45 %


de graviers), les teneurs en argile ne sontpasnégligeables.:15 à 30 %
d'argile dans la terre fine. Ces sols n'en sont pas moins très perméables
et ils retiennent mal l'eau. Les teneurs en matière organique sont comprises
entre 1 e t1 , 5 % et le rapport C/N estdel'ordrede12.Lacapacité
d'échange oscille entre 5 et 10méq/100 g et est saturée à plus de 60 % :
le pH est très variableentre5,5et6,5,selonl'état du sol(cultures,
.
jachères) Aussibien, le rapport Si02/A1203 comprisentre2,3 et 2,5
et la capacité d'échange mesurée sur l'argile (25 à 40 méq/100 g) confirment
la présence, décelée à l'analyse thermodiff6rentielle, d'une certaine pro-
portion de minéraux 2 : 1 (illite et montmorillonite) en plus de la kaolinite .

Aptitude culturale

Ces sols sont caractérisés par leur texture très grossière,ils semblent
cependant supporter, dans d'assez bonnes conditions, des cultures répétées
de sorghoetd'arachide,mais ils sontsensibles à l'érosion.

262 - LESSOLSFERRUGINEUXTROPICAUX(MARTIN, 1962)

v1113 - SOLS LESSIV~SEN FER SUR SABLES

Localisation,topographie,végétation

Cessolsn'existent qu'auNord du parallèle 10"N,dans la cuvette


tchadienne. Ils sont formés sur des sables remaniés en massifs dunaires
orientés,particulièrementnetsentre Kalfou et Yagoua : quelquestaches
isolées les unesdesautresexistentaussiau Nord etauNord-Estde
Maroua.Cessols occupent toujoursdespositionstopographiqueshautes
au sommet et s u r les flancs des dunes, quipeuvent atteindre 10 à 20 m
de hauteur relative : leur drainage est donc toujours .parfaitement assuré.
Ils portent une véggtationdesavanearbustive et arborée où l'on note en
particulier : Anogeissus leiocarpus , Pouparfia biwea , Balanifes aegyptiaca
et surtout Guieva senegaletasis quienvahit toutes les jachères.
- 66 -

Morphologie
La morphologie est toujours relativement simple et constante.
O - 50 cmBrunclair ; sablefin;faible cohésion , à tendance parti-
culaire.
50 - 70 cmBrun-rougepale ; sablefin;particulaire.
70 - 100 c m Rouge pale ; sablefin;particulaire.

La caractéristique morphologique essentielle de ces sols est l'éclair-


cissement de la partie supérieure des profils; on n'observe pas de lessivage
d'argile, mais l'enrichissement en fer est bien visibleà la base des profils.

Caractéristiques physiques et chimiques


I1 s'agit toujours de sols très sableux à dominance de sable fin (60 à
80 %) : les teneurs en argiles passent de 5-8 % en surface à 12-15 % en
profondeur. Ce sont donc des sols très perméables et retenant peu l'eau.
Les teneurs en mati&re organiquesont de l'ordre de O, 3 à O, 7 %, avec
un rapport C/N voisin ou inférieur à 10. La capacité d'échange, comprise
entre 3 et 5 méq/100 g , est saturée à 50-70 %, et le pH faiblement acide
en surface diminue généralement en profondeur.

Lafractionargileuseestessentiellementkaolinitiqueetlesteneurs
en fer total passent de 1 , 5 % en surface à 2,5 à 150 cm et 6 % à 210 cm ,
enrelationavecun net lessivage du fer dans les horizonssupérieurs.
v1114 - SOLS LESSIVBS EN FER SUR GRANITE

Localisation , topographie , végétation


Cettecatégorie de solsferrugineuxtropicaux peu lessivésn'aété
observée qu'à l'Est de Bibémi , en relation avec un granite particulièrement
richeenquartz.Cessols y occupent à peu prèstoutes les positions
topographiquesdansunmodeléd'aplanissement assezdisséquépar le
réseauhydrographique, ce qui assurepartoutun bon drainageexterne.
Le granite affleure fréquemment dans les fonds de vallée et sur certaines
cretes. Lavégétation est une savane très ouverte où domine Boswellia
odorata .
Morphologie
Le profil est en général peu différencié. A mi-hauteur d'une colline
en pente moyenne ; savane très ouverte à BosweZZia dominant.
O - 25 cm G r i s ; sable grossier ; particulaire ; sanscohésion.
25 - 50 cmGrisclair ; sablegrossier;particulaire.
50 - 100 cmGris-brunclairavecquelquesfinesmoucheturesrouille;
sable grossier peu argileux ; particulaire .
110 cm
Passage
graduel à l'arène
granitique
grossière.

On observe une légère individualisation du fer qui s'accumule dans le


bas du profil, mais aucun lessivage ou accumulation d!argile .
- 67 -

Caractéristiques physiques et chimiques

I1 s'agit de sols particulièrement sableux (moins de 10 % d'argile dans


tout le profil) et pauvre en matière organique (moins de 1 %). Leur capacité
d'échange tri% faible (4 6méq/100 g) est due en meme temps aux faibles
teneurs en argile et B la présence exclusive de kaolinite dans cette fraction
argileuse. AupH compris entre 6,4 et 6,8 correspond un degré de satu-
ration faible , voisin de 50 %.

VIII~ - SOLS PEU LESSIVBS EN FER SUR SABLES ET ALLUVIONS

Localisation , topographie,végétation
Ces sols occupent dessuperficiesappréciablesau Nord du parallèle
10" N , particulièrement entre Maroua et le Logone, ainsi qu'au Nord-Est
de Mora.

Ils sont formés sur des alluvions sableuses, plus ou moins remaniées
par le vent , de la cuvette tchadienne. Malgré leur topographie plane, ils
sont toujours bien d r a k é s , aussi bien extérieurement qu'intérieurement,
parce que toujours en relief de quelques mètres par rapport aux zones de
drainage ou d'inondation.

Morphologie

Comme pour les sols précédents, le profil estpeu différencié.


O - 10 cm Brun-gris B gris foncé, peu humifère ; texturesableuse ; B
dominance de sable fin : structure particulaire ; faible cohé-
sion et compacité.
10 - 70 cmBrun;sablefin;structureparticulaire , maistrèslégère-
ment consolidé.
70 - 120 cm Brun trèspale ; sable fin peu argileux;particulaire,
légèrementconsolidé ; pas de tachesnideconcrétions.
Les profils présentent une légèreindividualisation du fer donnant au
sol unecouleurbrun B brun-jaune , mais on n'observepasd'indices de
lessivage ou d'accumulation d'argile .
Caractéristiques physiques et chimiques

La dominance du sablefinesttoujourstrèsnette (50 B 60 %) mais


les teneurs en argile ne sontjamaisnegligeables : 5 B 10 % en surface,
etjusqu'à 12-18 % enprofondeur.Cessolsn'ensontpasmoinstrès
perméables et retiennent mal l'eau.

Les teneurs en matière organique, faibles, dépassent rarement O, 7 %


avec un rapport C/N voisin de 10. La capacité d'échange ne dépasse pas
6méq/100g enprofondeur e t est saturée B 50-60 %.Le pH est compris
entre5,5et6,5.Lafractionargileuseestforméeessentiellementde
kaolinite et d'hydroxydes de f e r .
- 68 -

Aptitude culturale

Lessolsferrugineuxtropicaux peu lessivés ,. qu'ilssoient ounon


lessivésen fer et formés sur sableséoliens ou s u r granite, n'ont qu'un
potentiel de fertilité très réduit, en particulier du fait de leurs mauvaises
propriétés physiques (perméabilité, rétention d'eau), non compensées par
descaractéristiqueschimiquesélevées. Ils sontcultivablesensorghoet
en arachide, mais il ne faut pas en attendre des rendements élevés ; leur
faiblefaculté de régénération rend nécessaire de longues jachères.

SOLS FERRUGINEUX TROPICAUX LESSIVÉS

-
V I I I ~ SOLS A TACHES ET CONCR~TIONSSUR GR&

Localisation, topographie , végétation


Ces sols, formés sur desgr&crétacés,sont,localisésdepartet
d'autre du parallèle 9' N , de chaque caté de la Bénoué. Les affleurements
degrèssontfréquents, sous formedepetitspointementsrocheux ou de
hautescollinesd'aspectcaractéristique,etlessolsévolués de type fer-
rugineuxtropical ne se dévelpppent que sur des modelésd'aplanissement
à longues pentes faibles et régulières, en général peu disséquées par le
réseau hydrographique : le drainage externe est cependant toujouk assuré.

La végétation est une savanearborée, moyennement dense, où l'on


note enparticulier Bzstyrospermum Parkii, Terminalia sp, , Combreturn
sp. , Anona sp , La graminée dominante est Hyparrhenia.
Morphologie

Leprofil-type est le suivant : (MARTIN, 1962).


O à 25 cmGris-brunclair ; sablegrossier ; structureparticulaire.
t r è s 1,égèrementconsolidé ; cohésion faible ;bonne porosité ;
finesracines.
25 à 60 cm Jaune-rouge ;sable grossier argileux ;particulaire :poreux.
60 à 80 cm Rouge-jaune ; argileux;sablegrossieret fin 1 structure
nuciforme fine, faiblement développée ; cohésion faible ;
poreux.
80 à 120 cm Rouge-jaune , avectachesplusrougesplus ou moinsbien
délimitées;argileux,sablegrossieretfin;structure
nuciforme à polyédrique faiblement développée ; cohésion
moyenne ; peu poreux.
120 à 200 cm Rouge-jaune ; argilo-sableux ; peu structuré ; cphésion
faible à moyenne .
200 cm
Passage
progressif au grèsaltéré, de couleur plus claire
que le sol.

Sil'horizonlessivén'estpastoujoursnettementvisible,l'horizon
d'accumulationestplusnettementmarqué,aussibienparl'augmentation
- 69 -
de la teneur en argile que par une cohésion plus forte : le mouvement du
fer est asseznetetcelui-ci se concentre plut6t sousformedetaches
mais on a pu observer localement la présence de concrétions.

Caractéristiques physiques et chimiques

Si la granulométrieest à dominance de sables (50 à 60 % de sable


grossier) dans les horizons supérieurs, les teneurs en argile ne. sont jamais
négligeables,puisqu'ellespassenten moyenne de6. % en surface à 13 %
vers 30-50 cm e t 25 à 35 % dansl'horizond'accumulation.Lesteneurs
en matière organiquesontplutat faibles (moyenne entre 1 et 1 , 2 %) avec
un C/Nmoyen de 12,5 en sols non cultivés.Lacapacitéd'échange, qui
ne dépassepas 5 méq/100 g , est saturée autourde 60 % : le pH moyen
de 6 en surface baisse nettement en profondeur jusqu'à pH 5 .

Les réserves minérales sont faibles et les teneurs en phosphore total


ne dépassentpas O, 2 .
Utilisation
Ces sols n'ont pas des caractéristiques qui permettent de les cultiver
sans prendre les précautions nécessaires pour leur éviter une dégradation
rapide. Les cultures possibles sont le sorgho .et l'arachide.

V I I I ~- SOLS A TACHES ET CONCR~TIONSSUR ROCHE GRENUE ACIDE

Localisation,topographie,végétation

Ces sols occupent d'importantes superficies à la hauteur de Tcholliré ,


entre les parallèles 8" et 9" N . Ils sont formés àpartir de roches acides
(granites divers, embréchite et micaschistes) sur des modelés d'aplanis-
sement dont le degré de dissection par le réseau hydrographique est très
variable.Les longuespentesrégulièressontfréquentes,maiscertains
paysagesplusaccidentésexistent s u r les lignes de cretes . Ledrainage
externe est toujours correctement assuré. La vegétation est toujours une
savanearbustive ou arborée, souvent sansespècecaractéristique : on y
trouveenparticulier Tevnzimlia , Comb?pehm , Anonu , Butyospewnum
Puvkii .
Morphologie
Leprofilsuivant a étéobservésurgranite. POL 15, MARTIN (1962).
Modelé très aplanidelongues e t faiblespentesrégulières. Faible pente
pratiquementensommet de pente. Quelques tortillonsde vers de terre
en surface.
O à 18 cm Brun foncé (10YR3/3) à gris-brun clair (10YR6/2) s e c ;
sable grossier peu argileux; structure
fragmentaire à
tendance nuciforme fine peu développée ; très forte macro-
porosité, biologique ;peu dur ;quelques racines de graminées;
transition distincte et régulière.
- 70 -

18 - 42 cmBrun (lOYR4/3) à gris-brunclair (10YFt6/3) s e c ; sablo-


. argileux ;structure nuciforme fine, moyennement développée;
bonne macroporosité biologique ; peu cohérent à peu dur ;
transition distincte et régulière.
42 - 60 cmBrun-jaunefoncé (10YR4/4) à brun-jauneclair (10YR6/4)
s e c ; à tachesrouillesdiffuses ; sablegrossierargileux;
structure nuciforme à polyédrique peu développée : peu dur
à dur; macroporosité par passages de termites et de vers
de terreremplies de terreplusgrise,visiblesjusqu'à
100 cm ; transition brutale et ondulée.
60 - 90 cm Brun-jaune (10YR5/6) à jaune (10YR7/6) s e c ; sableux
grossierargileuxetgraveleux;massif,compact;dur à
très dur ; concrétion de forme irrégulière, 1 cm de diamètre
au maximum ; transition distincte et régulière.
90 -130 cm
Brun-jaune (10YR6/6) à bruntrès pale (10YR7/3) s e c ;
sable grossier argileux et graveleux;moins massif et moins
compact que l'horizon précédent ; dur ; rares concrétions.
130 cm
Passage
graduel à l'arène
granitique,
avec
feldspath non
décomposé visible ; de couleur d'ensemble brun- jaune clair
(10YR6/3) et de texture sable grossier et gravier argileux.
C e profil est caractéristique par la succession des horizons que l'on
y observe, à peu près constantedanstous les profilsétudiés.
- un horizonhumifèregris,souvent.sableux, à structure très fragile et
poreux,
- un horizonassezclair, à structure peudéveloppée etporeux, repré-
sentant plus ou moins nettement l'horizon lessivé,
- un horizond'accumulationd'argile etsurtout de fer, qui tranchepar
sa massivité et sa compacité avec les horizons précédents y
- le'passage à la rochealtéréeest souvent trèsrapideaprèsl'horizon
d'accumulation.

Caractéristiques physiques et chimiques


Lagranulométriedecessolsestassezvariableavec les roches-
mères, mais les variations dans le profil sont toujours dans le meme sens :
lestexturessableuses à sablo-argileusesdansleshorizonssupérieurs
deviennent sablo-argileuses à argilo-sableuses en profondeur.
Lesteneursenmatièreorganique,comprisesentre 1 , 2 et 2 , s %,
varient avec la texture du sol et la végétation. Le rapport C/N, relative-
ment élevé,estcomprisentre 13 et 15 dansl'horizon de surface?mais
diminue rapidement en profondeur.
Les capacités d'échange sont faibles dans l'ensemble, puisqu'elles ne
dépassentjamais 10 méq/100 g , memepour les échantillons lesplus
argileux ou les plus riches en matière organique : le degré de saturation
descendexceptionnellementen-dessousde 50 % dansl'horizonlessivéet
est le plus souvent compris entre 60 et 80 % en surface et dans l'horizon
d'accumulation. Le pH suit d'assez près les variations .de S/T : il oscille
entre 5 , 5 et 6 , 5 et présente un minimum plus ou moins bien marqué dans
l'horizon lessivé.
- 71 -

Lesanalyses de la fractionargileuse nous ont toujoursmontré la


présencepresqueexclusive de kaolinite ., associée à des hydroxydesde
fer ; l'existence de traces d'illite est exceptionnelle.
Utilisation
Ce sont des sols dont le potentiel de fertilité est assez limité ., aussi
bien du pointdevuephysiquequechimique : leshorizonshumifères se
dégradent rapidement sous l'influence de la culture et ils nécessitent d'assez
longuesjachères pour se reconstituer. Les principales cultures possibles
sont le sorgho ., l'arachide, l'igname.
vmg - SOLS INDURBS SUR ROCHE INDIFFÉRENCIÉE

Localisation,topographie y végétation
Cessols occupent d'assezgrandessuperficiesentrel'Adamaouaet
la Bénoué,particulièrement auSud de Garoua, au Sud de Tcholliréet
le longde la frontière du Tchad entre Touboro et le parallèle 9" N . Le
modelé estparfaitementaplani et peu disséquéparleréseauhydrogra-
phique, qui assure cependant undrainageexternecorrect.Leslongues
pentesfaibles
et
régulières se terminent
généralement par un petit
décrochement dQ à l'affleurement de la cuirasse,au-dessus du marigot.
Lavégétation est une savaneplus ou moinsdensémentarborée, où l'on
note en particulier Butyrospevrnum Parkii et Daniellia Oliveri

Morphologie
Les profils observés sont très homogènes.

Nord de Touboro.Faiblepenteensavanearboréedense à Daniellia.

O - 30 cm Gris clair ; sable grossier et fin, peu argileux ; structure


nuciforme (O, 2 à O, 5 cm) moyennementdéveloppée y peu
dur ; poreux ; fines racines de graminées.
30 - 50 cm Brun pale ;sable grossier argileux;peu structuré à tendance
particulaire ; peu cohérent ; poreux.
50 - 70 cm Jaunepale;sablegrossierargileuxetgraveleux; nom-
breusesconcrétionsferrugineuses de forme arrondie et à
intérieurviolet, non soudéesentreelles ; dur ; assez
poreux.
70 - 250 cm Horizonforméd'unmélangedeconcrétionsferrugineuses
toujoursséparéeset de terre jaune à brun-jaune,sablo-
argileux.
250 cm Passageau
granite
altéré.,
sableux,
particulaire, peu
cohérent.
Lesprincipalescaractéristiquesmorphologiques de cessolssont :
- un horizonhumifèregrissuivi ou non d'un horizonnettementlessivé
plus clair, sableux., peu structuré,
- un horizon sablo-argileux , mieux structuré y de couleur brun, brun-jaune
à jaune (planches 7 , 5 Y R et l O Y R ) y
- 72 -
- lepassagerapide à l'horizonconcrétionné, qui apparartentre 50 et
70 c m , peut avoirplusieursmètresd'épaisseur , mais ne se cimente
en cuirasse qu'en bas de pente ,
- unhorizond'altérationépais , qui peut se trouverentre3et5m de
profondeur.

Beaucoupplusprofondsque la plupart des sols ferrugineux tropicaux


lessivés
ces
sols
pourraientconstituer une transition vers
les
sols
faiblement ferrallitiques .

Caractéristiaues physiaues et chimiques

Lelessivagedel'argileestasseznet : le taux d'argilepassede


moins de 10 '$6 en surface à 25-30 % en profondeur.

Lesteneursenmatièreorganiquesonttrès moyennes ( 1 , 2 à 1 , 5 %)
etlerapport C/N estrelativementélevéetcomprisentre 14 et16.La
capacité d'échange ne dépasse pas 7 méq/100 g et le degré de saturation,
qui peut descendre à 30 % dans l'horizon lessivé , oscille entre 50 et ?O %.
LepH,comprisentre5,5et 6., 5 , suit les variations du rapportS/T .

La fraction argileuse est formée uniquement de kaolinite et d'hydro-


xydes de f e r .

Aptitudesculturels
Cessols n'ont qu'un degré de fertilitélimité. Si lesrendementsen
sorgho paraissent bons , ceux en coton sont faibles.

263 - LES SOLS FERRALLITIQUIk comprennent différents groupes qui


sont détaillés successivement ci-après .

SOLS FAIBLEMENT FERRALLITIQUES


VI1111 et 13 - SOLS FAIBLEMENT FERRALLITIQUES MODAUX
SUR
ROCHESACIDES

Localisation,topographie , végétation

Ces sols sont bien représentés dans l'Est-Cameroun et dansl'Adamaoua,


depuis le Nord de Bertoua jusqu'à Banyo en passant par Ngaoundéré .

Ils paraissent occuper le plus souvent des zones de raccordement entre


surfaces d'aplanissement d'ages différents ou des surfaces intermédiaires .
Le relief de collines irrégulières est toujours très accidenté les affleure-
ments rocheux sont fréquents et la pédogenèse semble récente.

La végétation est toujours une savane assez ouverte.


- 73 -

Morphologie
Le profil suivant est observé sur granite.
Savanearbustive à dominance d'Anotaa avenaria, quelques Crossoptevyx .
Graminées : Hypavvhenia et Inzpevata .
O - 12 cm Brun-gris très foncé (10Y.R3/2) et brun-gris (10YR312) et
brun-gris (10YR5/2) s e c ; sablo-argileux : structure nuci-
forme moyenne à grossière bien développée ; poreux à t r è s
poreux ; frais et friable.
12 - 25 cm Brun-rougefoncé (5YR3/2) e t brun-rouge (5YR4/3) sec;
argilo-sableux ; structure nuciforme moyennement dévelop-
pée ; poreux; frais et friable.
25 - 50 cm Brun-rougefoncé (5YR3/4) etocre (5YR4/6) s e c , avec
quelques taches plus rouges diffuses; argilo-sableux :struc-
ture nuciforme grossière moyennementdéveloppée ; assez
poreux ; friable à ferme à l'état frais.
50 - 100 cm Ocre (5YR4/6 à 5/8 par zonesmaldélimitées) : argilo-
sabieux etgraveleux; peu ou passtructuré : compact et
ferme ; quelques micas blancs et noirs non altérés.
100 cm Niveau t r è s graveleuxdequartzdans terre rouge-jaune
(5YR4/6 à 5/8), tachesblanchesdefeldspaths altérés ,
micasblancs etnoirsvisibles ; puishorizondegranite
altéré de plusieurs mètres avant la roche saine.

Lessols surmicaschistessontlocalisésdans unezone déprimée


(vallée du Lom) peutBtre d'originetectonique.Lesprofilsparaissent
constants en toute position morphologique et topographique sur les collines
à pentes fortes.

O -15 cmBrun-gris ; sablo-limoneux;structurenuciforme à polyé-


drique moyenne , bien développée ; peu dur à dur ; poreux.
15 -70 cm Brun-jaune ;argilo-sableux ; structure polyédrique grossière,
moyennementdéveloppée ; peuporeux à compact;dur ;
transition distincte et irrégulière.
70 -
100 cmLit decaillouxhétérogène : quartz anguleux dedimension
variant de O, 5 à 10 cm et morceaux de schistesaltérés
recouverts d'une pellicule ferrugineuse.
100 cm
Schistes
altérés : couleur
variable
rouge
de à jaune,
schistosité bien visible ; assez compact.

Au point de vue morphologique, il fautnoter :


- l'absence de mouvement visible du f e r ,
- la présence de lits de cailloux, surtout sur micaschistes,
- la faible profondeur del'horizonderochealtérée, quipeutcependant
etre épais (1 à 5 m),
- l'aspectde la roche altérée, où l'onvoitnettementdesminérauxen
voied'altération et où la structurede la roche peutBtre conservée .
- 74 -

Caractéristiques physiques et chimiques


Latexture,toujourspluslégèreensurface(sablo-argileux) , est
argilo-sableuse, rarement argileuse en profondeur ; il faut noter l'abondance
de limon (25 à 30 %) dans lessolssurmicaschistes. Ce sontdes sols
perméables et à capacité de rétention d'eau moyenne.
Lesteneursenmatièreorganiquesont moyennes (2 à 4 %) etles
rapports C/N sont élevés (15 à 18) en surface.
La capacité d'échange ne dépasse pas 12 méq/100 g en surface et 6 à
8 méq/100 genprofondeur,ce qui implique cependant descapacités
d'échangecalculées surargilesupérieure à 15méq/100 g . Ledegré de
saturation est compris entre 30 et 60 % et le pH oscille entre 5,5 et 6,5 ;
ces chiffres sont plus faibles sur micaschistes.
Lerapport Si02/A1203 de, la terre fine est voisin de 2 : la fraction
argileuseest constituéeessentiellementdekaolinite,avecpeut-etredes
traces d'illite .

Aptitude culturale
Le climat, la faible profondeur du sol et ses caractéristiques physiques
peu favorables excluent les plantations arbustives ; les cultures annuelles
sontpossibles,avecdesrisquescertainsdedégradationrapidedessols
et d'érosion .

VI1112 - SOLSFAIBLEMENT FERRALLITIQUES MODAUX SURROCHES


BASIQUES
Ces sols n'occupent que des étendues modestes et les endroits où ils
ont été indiqués sur la carte sont en fait exagérés (vallée de la Mbéré , par
exemple). On en observe sur les pentes ; ils résultent de la troncature par
l'érosion de sols ferrallitiques typiques sur rochesbasiquesmettant à nu
les parties profondes des profils ; "l'on assiste àune nouvelle pédogenèse
et à la formation de sols foncés plus riches, à belle structure, analogues
à ceux forméssurbasalterécent 'l (LAPLANTE, BACHELIER, 1953).
Ces sols présentent en effet, des teneurs en bases plus élevées (5 à
16 méq) , un degré de saturationélevéet un pH de 6 à 6 , 3 . Ils sont
relativementrichesettrèssouventcultivés.

SOUS-GROUPEDESSOLS
FAIBLEMENT FERRALLITIQUES FERRISOLIQUES
v11114 - SOLS SUR ROCHES ACIDES
Localisation,topographie,végétation
Cessols n'occupent que
de faiblessuperficiesdisperséesdansle
Sud-Cameroun , particulièrement au Nord de Yaoundé. (VALLERIE, 1961) .
On trouve cessols sur des types de reliefs très variés, aussi bien sur
descollines à fortespentes que s u r despentesfaibles,dans un modelé
d'aplanissement.
- 75 -

Lavégétationn'estpascaractéristiqueetpeutetreaussibien la
foret que la savane.

Morphologie
Leprofilsuivantestparticulièrementreprésentatif; NGB 107. Haut
de collines, 1égBrement plus bas qu'un affleurement rocheux en dames de
gneiss à grenats. Pente faible B moyenne. Brousse forestière hetérogène .
Observationensaison de pluie. Quelques tortillonsdeversdeterreen
surface du sol.
O - 10 cmBrun-grisfoncé (10YR3/2) ; argilo-sableux;structurefrag-
mentaire nuciforme fine, bien .développée ; peu d u r , poreux
à très poreux ; nombreuses fines racines.
10 - 23 cm Brun-foncé (7,5YR3/2),argilo-sableux à argileux ; structure
nuciforme à polyédrique fine moyennementdéveloppée ; peu
dur ; assez poreux à poreux;nombreusesgrossesracines
d'arbres et arbustes.
23 - 50 cmBrun-rouge (5YR4/4) ; argileux ; structure polyédrique faible-
ment développée, assez poreux ; peu dur ; quelques racines.
50 - 70 cm Rouge-jaune (5YR4/6 à 4/8) ; argileux et graveleux; sans
structure ; peu d u r ; nombreuxcailloux de quartz et débris
de roche pourrie.
70 cm Roche pourriepresqueexclusive : litage
visible, nombreux
micas blancs et grenats.

On remarquera en particulier :
- la faible épaisseur du s o l ,
- l'existencedeminéraux non altérésdansl'horizonderochealtérée.

Caractéristiques physiques et chimiques

Ce sont, dans l'ensemble,


des sols argilo-sableux, qui peuvent
devenirargileuxenprofondeur : toujours moins de 50 %I d'argile.Des
taux de limonrelativementélevésfontmonterlerapportlimon/argile
au-dessus de O, 2 .
Lesteneursenmatièreorganiquesontcomprisesentre 3 et 5 %I et
le rapport C/N varie fortement avec le type de végétation.
La capacité d'échange, relativement élevée, est comprise entre 10 et
15méq/100 g et le taux de saturation oscille entre 30 et 50 %; le pH est
supérieur à 6soussavaneet B 5,5sousforet.Lesréservesminérales
sont souvent élevées.

Les minéraux argileux sont formés essentiellement de kaolinite, mais


on décèledestracesd'illite ; la capacitéd'échangecalculée de 100 g
d'argiled'échantillons de profondeur estsupérieure à 15 méq et peut
atteindre 25 méq.
- 76 -

Aptitude culturale

En foret, ces sols conviennent aux culturesarbustives(cacaoyer ,


caféier),enraison de leur bonne richessechimique. En savane,leur
utilisation est plus délicate , par suite de leur faible profondeur.

VI1115 - SOLSSURROCHEBASIQUE

Localisation.végétation.drainage

Dans la partieOuest du Cameroun oriental, aux dernières nappes


hawaïennes très fluides ont succédé des manifestations de type strombolien
qui ont émis , dans les vallées, des coulées filiformes de plusieurs kilo-
mètres de long.Cebasalte de valléesupporte des sols beaucoup plus
évolués que ceux de la classe III, mais beaucoupmoins
8 que celui des
plateauxqui appartiennent à la classe VIII. Ils sont assez fréquents dans
la région Bamoun et sontgénéralement t r è s bien drafnés. Lavégétation
est du type savane.

Morphologie
Profil noté prèsde Malanden, une vallée envahie par une coulée longue
de dixkilomètres (SEGALEN, 1959).
O - 25 cmBrun foncé ; argilo-sableux ; grumeleuxfin;assezbien
structuré.
25 - 85 cm Brun à brun-rouge ; argilo-limoneux ; massif, donnant des
fragments grumeleux fins; cohésion moyenne à faible.
85 - 105 cmTextureetstructureanalogues,maiscouleur un peu plus
claire .
Laroche-mèreenplacen'apasétéobservée,mais des boules à
altération très brutale peuvent apparaftre par endroits.

Caractéristiques physiques e t chimiques


Les horizons de surface ont des teneurs en argile de 35 à 45 %, avec
25 % de limon.Enprofondeur, on observejusqu'à 60-70 % d'argile e t
15-20 % de limon. I1 est peu probable qu'il s'agisse d'un lessivage, mais
plutat de difficulté de dispersion. Le pH est moyennement acide en surface :
5 , 5 à 6 , 5 .; en profondeur, les valeurs remontent à 6,6-7, O . Les teneurs
en matière organiquesont élevées(jusqu'à 5 %) avec une teneur en azote
de 1,7 à 2 , 2 % . Lerapport C/N est assezélevé : 14-16.Le complexe
absorbantprésente une capacité d'échange de basesélevée : 24 à 32
méq/100 g , ensurface : 22 méq à 50 cm. La valeur de S est élevéeen
surface : 8 à 12 méq, tandis qu'en profondeur elle est faible : 1 à 3 méq.
La compositionminéralogique de la fractionargile fait apparaftrede la
métahalloysite l de l'hématite et 'de la gibbsite .
- 77 -

I1 s'agit donc de sols à évolution ferrallitique certaine par leur compo-


sition minéralogique, et fortement désaturés en profondeur, mais qui n'ont
pas encore perdu toutes leurs bases et qui ont un pH assez peu acide en
surface où la désaturation est modeste. Par ailleurs, l'épaisseur du profil
est assez faible (moins de deux mètres) et les teneurs en matière organique
élevées, ainsi que les boulesdebasalteencorenombreuses.

Aptitudes culturales
Ces sols ont des granulométries intéressantes et sont bien structurés.
Par la richesse des 25 premiers centimètres, ils constituent de très bons
solsrecherchés pour la plantationdeculturesvivrièreset de caféier
d'Arabie .

GROUPEDESSOLSFERRALLITIQUESTYPIQUES
SOUS-GROUPEDES SOLS BRUN-JAUNE:

VIIII6 - SOLSSURROCHESDIVERSES

Localisation,topographie,végétation
Ces sols ont été reconnusendiverssecteurs du Centre-Cameroun,
particulièrement au Nordde Yoko, autour deGaroua-Boulaï et au Sud de
.
Ngaoundéré Jusqu'à présent, on ne les a vus que sur la surface d'aplanis-
sement 900-1100 m où l'on observe un modelé de collines ou de plateaux
y

fortementdisséquéspar le réseau hydrographique ; les profils les plus


typiquessontobservésen topographie plane.
La végétation est une savanearborée, souvent à Loplziva alata e t à
forte végétation graminéenne d'Hyparrhelzia vufa .
Morphologie
Le profil suivant observé en sommet de plateau, au Sud de Garoua-Boulaï,
est particulièrement typique.
Abondantesdejections de vers de terre.
0 -12 cm Brun-rouge foncé (5YR3/2) etgris-rouge (5YR5/2) s e c :
argileux , sable grossier , humifère : bonne structure
nuciformemoyennementdéveloppée parnombreusesfines
racinesdegraminéesetactiondesversde terre; très
forte porosité biologique ; peu dur; transition graduelle et
régulière.
12 - 30 cm Gris-rouge foncé (5YR4/2) et brun (7,5YR5/2) sec : argileux,
sable grossier ; structure nuciforme très faiblement déve-
loppée,poreux, peu dur à peu cohérent,fortediminution
desracines y quartzgrossiers bienvisibles ; transition
graduelle et régulière.
30 - 60 cm Brun-jaunefoncé (10YR4/4) et brun-jaune (10YR5/4) sec ;
argileux y sable grossier quartz visibles ; très faiblement
y

structuré à tendanceparticulaire ; poreux; peu cohérent,


rares racines ; transition distincte et régulière.
- 78 -

60 -90 cm Brun-jaune (10YR5/8) à jaune-brun (lOYR6/8) sec , argileux ;


structure polyédrique fine , peu développée ; assez poreux,
peu dur à dur ; rares racines ; transitiongraduelleet
régulibre .
90 - 165 cm Jaune-rouge (7,5YR6/8 et 7/8) s e c , avecquelquestaches
brun-gris descendant en profondeur , par action biologique
et racines ; argileux ; peu structuré à tendance massive ;
assezporeux; peu dur à dur ; transitiondistincteet
régulière.
165 cm Mélange de terre jaune-rouge (7,5YR6/8) ; argileuse et de
gravillons sans forme définie, de 1 à 2 cm de diamètre ,
à intérieur rouge à violet ; non cimenté.
On remarque, en particulier,dansceprofil, la présence d'un net
horizon lessivé, qui se différencie aussi bien par sa couleurque par sa
structure : il ne semble pas cependant que l'existence de cet horizon soit
général dans tous les sols placés sous cette rubrique.

Caractéristiques physiques et chimiques


Suivant l'importance du lessivage , la textureargilo-sableuse de
surfacepasseplus ou moins rapidement à destexturesargileuses(plus
de 50 % d'argile) en profondeur.
Les dix premierscentimètres du sol ont desteneursenmatière
organique comprises entre 2 et 3,5 %.Cette matière organique a un C/N
élevé, supérieur à 15. I1 y a encore '1 % de matière organique vers 50 cm
et le C/N reste compris entre 12 et 14.
Les capacités d'échange sont faibles dans l'ensemble : 6 à 8 méq/100 g
en surface, 3 5 5 méq/100 g en profondeur. Les taux de saturation élevés
ensurface(entre 30 et 50 %), ne descendentpasen-dessous de 15-20 %
en profondeur. Le pH compris. entre 5 et 6 présente souvent un minimum
dansl'horizonlessivé,entre 20 et 50 c m .
Lafractionargileuseestforméeessentiellementdekaoliniteet
d'hydroxydesde f e r .
Lepotentieldefertilitédecessolsesttr&s moyen etleclimat ne
permetleplus souvent que des culturesvivrières annuelles : l'horizon
humifère s e dégraded'autantplusrapidementqu'il estplussableuxet
déficient en azote.

SOUS-GROUPEDESSOLS FERRALLITIQUES TYPIQUESROUGES


VIII17 -
SOLSSURROCHESACIDES
Localisation , topographie,végétation
Les sols ferrallitiques typiques rouges sur roche acide sont très bien
représentésdans tout lecentreetle Sud-Cameroun,entre Foumban et
Lomié, en passant par Nanga-Eboko et Bertoua. I1 est cependant possible
qu'à la suite d'études plus approfondies, certains secteurs de cette vaste
région passent dans la catégorie des sols ferrallitiques indurés.
- 79 -

La morphologie de toute la région occupée par ces sols est très homo-
gène : il s'agitleplussouvent d'une succession monotone decollinesen
demi-oranges qui, par leur forme et leur altitude relativement constantesur
de grandes surfaces, sont typiques de cette région de la zone équatoriale .

La végétationn'estpascaractéristiquedecessols, que l'ontrouve


aussi bien en foret qu'en savane.

Morphologie

Le profil suivant représente la morphologie la plus simple que l'on puisse


observerpour un solferrallitique typique (MARTIN, 1965) NGB 30.
Paysagedecollineslargementondulées. A mi-pented'unecollineen
pente
moyenne. Végétation
de
savane
dégradée,pr6s d'un village :
dominanced'lmperata .
Nombreusestermitièresanciennesetactuelles.

O - 20 cm Gris foncé (lOYR3/1) et brun-gris foncé (2,5YR4/2) sec ;


argilo-sableux ; structurenuciformefine, moyennement
développée ; poreux à trèsporeux; peu d u r , nombreux
animaux en activité (vers de terre, termites) .
20 - 40 cm Horizon de transition(7,5YR5/6 à 7/7); argileux ; structure
à tendance massive, peu nettement polyédrique moyenne ;
peu poreux ; compact, et dur.
40 - 190 cm Rouge-jaune (5YR5/6) ; argileux ; peu structuré ; compact
et dur .
190 - 330 cm Rouge-jaune (5YR5/6) ; argileux ; sans structure ; très fine
microporosité ; meuble ; friable.
330 - 450 cm Rouge (2,5YR5/6) ; irrégulièrementtacheté de jaune ;
argilo-sableux ; sansstructure ; peu poreux; peu dur à
.dur ; quartz bien visibles.
450 - 500 cm Rouge (2,5YR4/6 à 10R4/8) avec quelques points jaunes ;
argilo-sableux ; pas de structure; quelques petites concré-
tionsrondes (2 à 5 mm).
500 - 600 cm Rouge (10R4/8) ; argilo-sableux ; quelquespassagesde
roche altérée ; quartzplus nombreux etbienvisibles.
600 - 710 cm Rouge (2,5YR5/6) ; argilo-sableux ; mélangederoche
altérée et terre par bandes irrégulières.

On ne note,eneffet, qu'un horizonfaiblementtachetévers4mde


profondeur.Laprésenced'horizonstachetés à profondeurvariable ou
d'horizonconcrétionné ettachetéestfréquente, comme dansleprofil
schématiséci-après :
0 - 20 cmHorizonhumifère ; argilo-sableux ; bienstructuré.
20 -
720 cm Horizonrouge ; argileux ; peu structuré.
720 - 830 cm Idem avec quelques gravillons dispersés.
830 - 1000 cm Passage brutal à l'horizon gravillonnaire, mais non induré.
-
1000 1110 cmHorizontachetétypique, et quelquesconcrétions.
1110 Horizon
cm de roche
altérée.
- 80 -

.En dehorsdel'existenced'horizonscaractéristiques(horizontacheté
et concrétionné), on notera la grande épaisseur de ces sols au-dessus de
l'horizon de roche altérée.

Caractéristiques physiques et chimiques


L a principalecaractéristique physique decessolsestleurtexture
argileuse : les taux élevés d'argile (toujours plus de 40 % et maximum de
65 %) sont atteints dès 30-40 cm après un horizon supérieur argilo-sableux .
Cettetextureassureune bonne capacitéderétentiond'eaueten mgme
temps une perméabilité suffisante par suite de la présence depseudo-sables.
Lesprincipalescaractéristiquesagronomiques dépendent assez net-
tement du type de végétation. Les teneurs en matière organique comprises
entre 3 et 5 % ensurfacesonttoujoursplusfaiblesensavane, où l'on
note unenettedéficienceenazote : les rapports C/N sont voisins de 10
en foret et de 15 en savane.
Lescapacitésd'échange,voisinesde 10-12méq/100 g ensurface,
s'abaissent entre 4 et 7 méq/100 g en profondeur. Ces capacités d'échange
sont saturées entre 25 et 40 % en surface, et les maximums sont observés
ensavane : enprofondeur, le degrédesaturation s'abaisse exception-
nellementen-dessousde 15 % sous foret. Le pH estcomprisentre4,5
et 5 en foret et est toujours supérieur à 5 en savane.
Lesanalysesthermodifférentielles indiquent la présencedekaolinite
et d'hydroxydes defer : la présence de gibbsite estexceptionnelle.Le
rapport Si02/A1203 de la fraction argileuse est compris entre 1,7 et 2 ,
et le rapport Si02/R203 entre 1,3 et 1,6.
L a capacité d'échange calculée sur argile oscille
entre 7 et 10
méq/100 g . Toutes les méthodes d'analyses
de la fractionargileuse
concluent à la nette dominance de la kaolinite .

Aptitudesculturales
Les bonnes caractéristiquesphysiques(teneurenargile,capacitéde
rétention d'eau) compensent en partie le faible potentiel chimique, normal
pour des sols ferrallitiques . En forgt, ce sont de bons sols à cacaoyer et
caféier, mais, surtout pour ce dernier, l'emploi d'engraisminéraux
estnécessaire. En savane,cessols sontplusfragilesetdéficientsen
azote : ils peuvent supporterdansd'assez bonnesconditions la rotation
vivrièrenormale ou desculturesspéciales(textiles, canne à sucre).
VI1118 - LES SOLSFERRALLITIQUESTYPIQUESROUGESSURROCHES
BASIQUES
Localisation,végétation,drainage
Lessolsferrallitiquesrouges se développent s u r tous les "vieux
basaltes",
c'est-à-dire sur les
anciennes
nappes hawaïennesque
l'on
observe sur les plateaux Bamiléké, Bamoun ou del'Adamaoua.L'%gede
cesbasaltesestvariableetva du Crétacé, pour lesplusanciennes, à
une période relativement récente qu'on peut estimer au quarternaire ancien.
- 81 -

Cessols occupent donc généralementdessommets de plateaux où le


drainage est toujours bon, sans qu'on identifie de traces d'hydromorphie .
Lavégétationactuellementobservée est une savanearboréetrèsl%che .
Les feux de brousse y passent tous les ans.

Morphologie

Sur la feuille de Foumbot (BACHELIEFL, SEGALEN, 1957), on note le


profilsuivant :

O -25 cmBrun-rougefoncé ; limoneux ; grumeleux à grumeleuxfin;


bien développé ; cohésion très faible ; très poreux.
25 -
350 cmBrun-rouge à rouge ; argilo-limoneux ; nuciforme à grume-
leux,quelquesfentesverticales ; cohésion assezfaible.
à 350 cmBasalte en boulesrecouvert d'un enduit jaun%tre.

Des profils de ce type peuvent etre observés en pays Bamiléké et dans


l'Adamaoua.

Caractéristiquesphysiquesetchimiques

La granulométrie présente les teneurs suivantes : 40 à 60 % d'argile ;


lesteneursenlimonsontdel'ordrede 30 %.Lesteneursélevéesen
limon seront retrouvées dans les sols ferrallitiques humifères. La réaction
estacide en surface (4,7 à 5,6) commeenprofondeur.Lamatière
organique estassezélevée(3,5 '% environ),mais il estvrai que les
plateaux basaltiques sont situés à 1200 m d'altitude. Le complexe absorbant
présente une capacitéd'échangede 15 à 20 méqen surface, moins de
10méq/100 g enprofondeur(dès 50 cm).Lasommedesbasesfixées
est respectivement 3 et 1 méq;ledegrédesaturation : 20 et 10 %.

Les analyses de la fractionargilemettentenévidencedesquantités


importantes d'hydroxydes deferetdegibbsite, à catédekaolinite .
Aptitude culturale

Les sols ferrallitiques rouges sur roches basiques sont très diverse-
ment utilisés. Leplussouvent(surtoutdansl'Adamaoua), ils ne servent
qu'à des p%turages extensifs. En pays Bamiléké, où ils ont pu superficiel-
lement &re enrichis par des apports de cendres, ils sont le plus souvent
cultivés en petits enclos, où la matière organique est enfoncée sous terre
etbrQlée,et où lepetitbétailapportel'engraisanimal.

En paysBamoun, on y a installé des cultures de caféiers d'Arabie.


Lesvaleurs concernant l e complexe absorbantmontrent la faiblessedes
.
éléments fertilisants Aussi beaucoup de ces cultures ont-elles 'périclité.
Lesautres n'ont pu se maintenir que gr%ce à desapportsimportants
d'engrais .
- 82 -

GROUPEDESSOLS FERRALLITIQUES TYPIQUES


SOUS-GROUPEDES SOLS JAUNES (1)

-
V I I I ~ ~SOLS SUR ROCHES SÉDIMENTAIRES

Localisation,topographie , végétation

Ces sols occupent toute l'auréole du bassin sédimentaire de Douala,


depuis Mbanga au Nord jusqu'à. Edea au Sud.
Morphologiquement, la région est caractérisée par une succession de
plateaux , plusrarementdecollines à sommetaplani,présentantfacile-
ment des dénivellations de 30 à 50 m par rapport au réseau hydrographique.

La végétation naturelle est forestière, mais les plantations (palmier


à huile, hévéa) sont nombreuses et il existe quelques savanes anthropiques
près des villes.

Morphologie

Les profils observés sur les plateaux présentent unemorphologie simple


et homogène.

Près de la gare de Maka. Palmiers 3 huile et fougères.


O - 40 cmBrunhumifère,particulaire.
40 - 200 cm Ensemble ocre-jaune ; sablo-argileux , sans lessivage appa-
rent , particulaire.
200 - 400 cm Un peu plus rouge et un peu plus riche en sable grossier.

Laprésence de plaquette gréseusesferruginisées ou degravillons


ferrugineuxestfréquentesurlespentesetestl'indiced'unlessivage
ancien ou actuel du fer , seul processus pédologique à marquer nettement
la morphologie de ces sols.

Caractéristiques physiques et chimiques

Lagranulométrie de cessolsest à dominance sableuse,mais on


observedesvariationsimportantes : la texture, nettementsableuse en
surface passe à sablo-argileuse ou argilo-sableuse et rarement argileuse
enprofondeur. Ce sonttoujoursdessolstrèsperméableset à faible
capacité de rétention pour l'eau.

Les taux dematièreorganique ne sontjamaistrèsélevés (2 à 3 %)


et la capacité d'échange compriseentre 2 et 5 méq/100 g,estsaturée
à moins de 20 % et très souvent 3 moins de 10 '% en profondeur. Le pH,
franchement acide est inférieur 3 5 ; le lessivage en bases est assez net.
Les réserves minérales sont três faibles.
(1) Il est possible que, par la suite, ce sous-groupe soit rattaché a un gmupede sols ferraIlitiques lessivés
ou d é s a W s .
. 83 -

Aptitudes culturales
Cesont dessolsdefaiblevaleuragricole , très déficientsenélé-
mentsminérauxetdifficiles B améliorer ; ils conviennent aux cultures
arbustives peu exigeantes (palmier B huile,hévéas)
et aux cultures
vivrières extensives .

VI1120 - SOLSSURROCHESACIDES
Localisation , topographie , végétation
Ces sols forment un bloc important dans tout l'Ouest et le Sud-Ouest
du Cameroun, B proximitéde la cateetle long de la frontière du Rio
Muni et du Gabon.
Le relief est assez variable dans toute cette zone , mais on observe
les sols les plus typiques sur des modelésd'aplanissementgénéralement
très bien disséqués par un réseau hydrographique dense.
Lavégétationesttoujoursforestièreavectouslesintermédiaires
possibles entre la grande foret et les plantations arbustives , en passant
par des forets secondaires et des brousses et jach6res forestières.

Morphologie
Ces sols se rattachent au schémasuivant (MARTIN, 1959) :
- horizon humifère généralement réduit (3 3 10 cm au maximum) , variable
suivant la végétation,detexturesableuse B sablo-argileuse,
- horizon brun-jaune , brun à jaune-rouge(planche 7,5 YR) , d'épaisseur
trGs variable , de texture argilo-sableuse à argileuse, B structure fondue
et faible porosité.
- horizon hétérogène, formé d'un mélange brun-jaune , de quartz plus ou
moins grossier, de morceaux de rochealtéréeetferruginisée, de
concrétions ferrugineuses arrondies; le tout plus ou moins taché de rouge.
- après un horizon tacheté typique , qui manque parfois , horizon de roche
altérée très épais , le plus souvent rouge 3 violet , avec des trainees
plus claires blanches à jaunes , toujours meuble et friable.

On notera en particulier la couleur du sol, la présence d'un horizon


hétérogène de quartz et concrétions ferrugineuses et l'épaisseur de l'horizon
de roche altérée.

Caractéristiques physiques et chimiques


Les taux d'argilediminuentasseznettement de la surfacevers la
profondeur, sans que la morphologie mette nettement en évidence un proces-
sus de lessivage et d'accumulation d'argile : les teneurs en argiles passent
de 15-20 % en surface à 35-50 % en profondeur. Cette granulométrie assure
une perméabilitésuffisante du sol.Lesteneursenmatièreorganique,
assez nettement localisée en surface, sont en moyenne de 3 , 5 % et le C/N
est souvent élevé (voisin de 15) sous plantations , jachères forestières ou
forets fortement secondarisées.
- 84 -

La capacité d'échange ne dépasse pas 8 méq/100 g en surface et 5 à


7 méq/100 g en profondeur ; le degré de saturation compris entre 12 et 20 '%
ensurfaces'abaisseen-dessousde 10 '% enprofondeur. Le pH,toujours
inférieur à 4,5 en surface, augmente en profondeur ; le lessivage en bases
est net.
L'analyse de la fraction argileuse nous montre la présence de kaolinite ,
degoethiteetdefaiblesquantités de gibbsite : cette dernière ne dépasse
pas 10 %, alors qu'il y a de 35 à 45 % de goethite et 50 à 60 % de kaolinite .
Le rapport SiOz/A1203 , assez bas, est compris entre 1,l et 1,6.

Aptitudesculturales
I1 s'agitde sols à faiblepotentielorganique et minéral, qui peuvent
supporter, dans de bonnes conditions, des cultures arbustives peu exigeantes
(palmier à huile,hévéas) . I1 ne fautpasattendrederendementsélevés
de culturesplusexigeantes, comme lecaféier ou lecacaoyer.

GROUPE DES SOLS FERRALLITIQUES HUMIFI~RES

VI1121 - SOLSSURBASALTE

Localisation,végétation,drainage
Les sols ferrallitiques humifères existant sur les hauteurs volcaniques
de la partie Ouest du Cameroun oriental, 1%où l'on observe des roches
basiques,despluviométriesélevées (2 à 3000 mm) etdestempératures
assezfrafches, à unealtitudegénéralementsupérieure & 2000 m . Ces
sols ont étéobservésauCamerounpar JACQUES-FELM(1950), par
CLAISSE et LAPLANTE (1953) au sommetdes Monts Bambouto. La
végétation est une forgt dense assez basse qui disparaft pour faire place à

Le drainage est normalement assuré.


Faute de données précises au Camerounoriental, il sera fait appel
à celles du Cameroun occidental tout proche, où des observations ont été
faites près de Wum par SIEFFERMANN et autour de Bamenda par. BRUNT
et HAWKINS (1964).

Morphologie
BRUNT et HAWKINS (1964) définissent ces sols par la succession suivante :
O - , l 5 cm Noir(5YR2/1).
15 - 30 cmBrun-rouge foncé (5YR2/2 à 3/3).
30 - 45 cm Rouge foncé (2,5YR3/6).
et plus
L'épaisseur paraît très forte.
Les textures paraissent etre celles des limons, mais sont en réalité
desargiles ; la structureestgrumeleusetrèsfine; la consistanceest
poudreuse non collante ; l e drainage est bon.
- 85 -

Caractéristiquesphysiquesetchimiques

La granulométrie est caractérisée par des teneurs élevées en argile


(60 à 70 %) et également e n limon (24 à 29 %) . Le pH est nettement acide :
4 à 5,5. Lesteneursenmatière organiquesontélevéesensurface :
13 %; elles décroissent régulièrement avec la profondeur et à 45 c m , il
y a encore2,7 %.Lesteneursenazotesontassezélevées (O,44 % à
O, 12 %). Lerapport C/N estélevé : 18 à 13. Lecomplexeabsorbant
présente une capacitéd'échangeélevée : 27,2 méq/100 g dansl'horizon
le plus riche en matière organique ; elle décroft lentement pour atteindre
8,2 méq/100 g à 45 cm.Lasommedesbasesfixéessur le complexe
varie de 4,4 à O, 9 méq/100 g . Le degré de saturation passe de 16 à 6 .
La naturedesconstituantsminéraux a étédéterminéepar SIEF-
FERMANN B Yaoundé. I1 a trouvédesquantitésimportantesdegibbsite
à côté de teneurs modérées en kaolinite .
I1 s'agit donc desolsferrallitiques,malgréleursteneursélevées
enmatiereorganique,enraisondesquantitésélevéesengibbsite,leur
forte désaturation et leur faiblesse en bases.
Aptitudes culturales

Malgrédesteneursélevéesenmatièreorganique,cessolsparleur
acidité,leurfaiblesseenélémentsfertilisants,présententdesaptitudes
limitées. Ils peuvent convenir au théier ; avec un apport d'engrais conve-
nable, ils peuvent etre cultivés en pommes de terre.

GROUPE DES SOLS FERRALLITIQUES INDUR&

VI1122 - SOLSSURROCHESACIDES

Localisation,topographie,végétation

Cessolssontparticulierementbienreprésentésdans le Centreet
l'Est-Cameroun,mais il estpossible que des étudesplusapprofondies
tendent à placerdans cette catégoried'importantessurfaces du
Sud-
Cameroun, particulièrement en foret .
Les sols ferrallitiques indurés peuvent occuper des positions topogra-
phiquesparticulièresdanscertainspaysages,mais le plussouvent ils
représentent l'ensemble des sols en dehors des bas-fonds : dans ce dernier
cas, le modelé dedétail peut prendre aussi bien la forme "plateau" que
la forme colline à profil convexe (demi-orange) .
On trouve ces sols aussi bien en foretqu'en savane ; ces sols résultent,
le plus souvent, d'une pédogenèse ancienne sans rapport avec le climat et
la végétation actuels .
- 86 -

Morphologie
Le profil suivant est assez typique de ces sols : BER 25 (MARTIN, 1964).
Paysage ondulé decollines.Sommetdecollinesenpente trèsfaible.
.
Cacaoyère A 25 m , affleurement de cuirasseendalleset en blocs.
O - 10 cm Brun (7,5YR4/4) ; argilo-sableux ; structure nuciforme
moyenne,biendéveloppée ; très poreux, peu dur à dur ;
nombreuses racines.
10 - 15 cmTransitiongraduelledecouleur à l'horizonsuivant.
15 - 70 cm Rouge (2,5YR4/6); argileux ; structurefragmentaire ,
polyédrique à nuciformemoyenne,faiblementdéveloppée ;
friable à ferme ; passagebrutal,aveclimiteondulée,
à l'horizon suivant.
70 - 170 cm Mélange de grosblocscuirassés, pouvant atteindre 30
à 50 cm, et de gravillonsde toute dimensionavecde la
terre rouge (10R4/6) argileuse; blocs de cuirasseet
gravillons ont unepatinesombre, qui diminue d'intensité
et disparaft en profondeur.
170 - 420 cmDisparitiondesblocscuirassés ; mélange de terre rouge
(2,5YR5/8) et de gravillons dont le diamètrediminueen
profondeur en passant de 3-5 cm à 1-2 cm.
420 - 520 cm Gravillonsmoinsnettementindividualiséset moins durs,
diamètre de 5 à 15 mm ; terre rouge (2,5YR5/8) argileuse ;
passagebrutal à l'horizon de rochealtérée;limitetrès
ondulée, avec des poches de 50 cm de profondeur.
Entrecethorizonet lesuivant, il existedesblocsde
terre argileuse, rouge, sans concrétions, à forte compacité ;
ces blocs épars peuvent atteindre 30 à 50 cm d'épaisseur .
520 - 900 cm Roche altérée, de couleurvariable,rougeetjaune,avec
passagegradueldel'un à l'autre ; sansstructure,très
friable ; argilo-sableuse .
Dans ceprofil,l'horizontachetémanque,mais il n'en estpas de
mBme dans le profil schématique suivant, qui peut Btre considéré comme
plus classique .
Carrièrede"latérite" au Nord de NANGA-EBOKO, ouverte s u r une
forte pente à 15 m environ au-dessus du bas-fonds marécageux, après la
rupturedepentede la colline.Roche-mère : Embrechite à 2 micas .
- horizon meuble d'épaisseurvariable (20 à 50 cm) ; rouge ; argileux,
passant brutalement à un,
- horizon induré de 3 m d'épaisseur , contenant, dans le premier mètre ,
de gros blocs cuirassés, allongés horizontalement; dans les deux derniers
mètres, quelquesblocs cuirassés, .:de petite taille (moins de 30 cm) et
gravillons et concrétions ; transition graduelle à un,
- horizontacheté typique rougeetjaune,argileux,compact,de 1,5 m
d'épaisseur , passant graduellement à un,
- horizonderoche-mèrefortementdécomposée,violet ou rougeavec
passagesjaunes,argilo-sableux , passtructuré,friable.
- 87 -

C'estévidemmentl'importancedel'horizoninduré qui marque la


morphologie de ces sols ; la profondeur de cet horizon est très variable ,
puisqu'on a pu le trouver jusqu'à 7,5 m de profondeur.

Caractéristiques physiques et chimiques


L'horizon induré introduit une nette discontinuité dans les profils mais,
sauf encasd'affleurementensurface, . il y a peu d'influence surles
principalescaractéristiquesdeshorizonssupérieurs du sol : celles-ci
sontassezvoisinesdansl'ensembledecellesdessolsferrallitiques
typiques rouges .
On note,leplussouvent,des taux élevésd'argile (50 à 70 %) dès
50 c m , ce qui assure au sol une bonne capacitéderetentiond'eau.Les
teneurs en matièreorganiquevariententre 3 et 5 %, et le rapport C/N
est nettement plus élevé en savane qu'en foret. La capacité d'échange est
comprise entre 5 et 12 méq/100 g et son degré de saturation varie entre
15 et 40 %Iselon la végétation et la profondeur ; le pH est compris entre
4,5 et 6.

La kaolinite est le mineral argileux dominant dans la fraction argileuse


et se retrouve en forte proportion dans les niveaux indurés , où l'on note
un net enrichissement en hydroxydes de fer , rarement en alumine.

ADtitude culturale

Les affleurements de l'horizon induré, que ce soit sous forme de dalles


cuirassées ou de gravillons, stérilisent d'importantes superficies de terres,
particulièrementdans l'Adamaoua etleCentre-Cameroun . Dansl'Est-
Cameroun, les affleurements sont surtout fréquents en savane ; en foret ,
et quand l'horizon indure est à-plus d'un mètre de profondeur, les cultures
arbustives sont possibles.
VI1123 - SOLSSURROCHESBASIQUES
Des sols indurés ont été observes sur roches basiques sur les plateaux
Bamiléké ou Bamoun.Denombreux sols presentent une induration 2 une
profondeurplus ou moinsimportante.Laposition topographique estsoit
un plateau,soitunensellement. .

Morphologie

Près du pont de la Metchié, affluent de la Mifi Nord, on note (BACHELIER,


CURIS,
MARTIN, SEGALEN, 1958) :
O - 10 cm Noir ; grumeleux fin (résulte d'un apport volcanique récent).
10 - 100 cmJaune;assezdur ; quelquesconcrétions sur les vingt
premiers centimètres, cuirasse vacuolaire fortement anas-
tomosée ; bandesduresséparant unpeu desolrouge.
100 - 200 cmJaune,d'aspectidentique au précédent , mais beaucoup
plus tendre.
- 88 -

La composition de la cuirasse est la suivante :

Résidu Si02 Al203 Fe203 Ti02 H20


% 3,O 21,l 23,4 34,4 338 14, 7

I1 s'agit d'un mélange de goethite, kaolinite avec unpeu de gibbsite .

27 - Classe IX. Les sols halomorphes


Les divers types de sols halomorphes sont assez difficiles à séparer
.
avec netteté sur la carte du Cameroun au 1/1 O00 OOOe Aussi, la différen-
ciationa-t-elleétéétabliesur le type dematériauxet la positiondans
la topographie. Les sols observés sont essentiellement des sols à alcalis
présentant des enrichissements variables en sodium échangeable. I1 n'y a
pas de chlorures dans ces sols, mais des carbonates et bicarbonates : PIAS
et GTJICHARD (1957b). Dans certains sols, la différenciation morphologique
est encore assez faible, l'augmentation du,pH modérée, la végétation sup-
portée par ces sols ne présente pas de caractères très particuliers. Dans
d'autres,dénommésmaintenantsolonetzsolodisés,unestructuration en
colonnettes verticales peut etre observée, associéeà un pH fortement alcalin,
du moïns en profondeur (BOCQUIER , '1964).

a) LES SOLS A ALCALIS PEU ou PAS STRUCTUR~S

Beaucoup de solsprésententenprofondeurdesteneursensodium
échangeable élevées. Ils sont généralement rangés avec le type pédologique
habituellementreconnu.Danscertainesparties du Diamaré,dessols à
alcalis sont encore peu développés. Ils constituent en fait des intergrades
entre les sols peu évolués et les sols halomorphes .

Localisation,végétation,drainage
Ilssontobservés au pied de massifsgranitiquessurdessurfaces
à pente très douce ; ledrainageexterne ne parart pas très bon etdans
le profil, on notera des signes d'hydromorphie .
La végétation est le plus
souvent arborée et les espèces rencontrées sont : Acacia sp, , Poztpartia
birven , Anogeissus leiocarpus , diverses autres Combretacées , Boswellia
Dalzieli, Zizyphus mauritiaca , etc.

Morphologie
Profil noté près de Mogoudi, 2 15 km au Nord-Ouest de Maroua (SEGALEN
1962) :
O - 10 cm G r i s ; sableux à sablo-argileux ; massif, donnant des
A1 fragments polyédriques
de
taille
variable.
10 - 60 cmJaunep%le;argilo-sableux;grossièrementprismatiques ;
B2 quelques pentes espacées, donnant des fragm,ents nuci-
formes à polyédriques ; cohésion très forte.
- a9 -

60 - 130 cm Jaunepaleavectachesrouilles ; argilo-sableuxcompact;


Bag (le sableestconstituédequartzetdegrosfeldspaths);
la structure est massive ; cohésion forte.
130 - 180 cm Grisatre; sablo-argileux; massifnuciforme à polyédrique;
c cohésion forte.

Propriétésphysiquesetchimiques

On note une très nette différence de teneurs en argile entre l'horizon


.
A (13 %) et B (27 à 33 %) I1 est assez probable que cet appauvrissement
en argile de la partie supérieure du profil est da à un entraihement par
lessivage oblique , en raison de la très forte imperméabilité de l'horizonB.

Le pH estfaiblementacideensurface,6,3 à 6 , 7 . I1 augmente
notablement enprofondeur : 8 , l à 8 , 5 . La matière organique est faible :
O, 5 à O, 7 % en surface. La capacité d'échange de cations passe de 7 méq
en surface , à 15 dans l'horizon B. Les bases échangeables sont essentiel-
lement la chaux(10 à 12 méq) ; la magnésie (2 méq) et la soude (1 méq) ,
.
la potasse (O, 5 méq) Lerapport Na/Ca est donc faible ; maisdans
l'horizonC il peutatteindre 1,5 .

Lesminérauxargileuxsont l e plussouvent,dansl'horizonA, la
kaolinitedominantavecde la montmorilloniteetunpeud'illite ; dans
l'horizon B , la montmorillonite l'emporte sur la kaolinite .
Aptitude culturale

Cessolssontgénéralement peu cultivésenraisondeleurgrande


compacité. Le sorgho peut etre planté sur buttes.

b) LES SOLONETZ SOLODISES '

Localisation , topographievégétation
On ne rencontrecessols qu'au Nord de Garoua etparticulièrement
au Nord du parallgle 10" N . Ils n'occupent de grandes surfaces qu'autour
de Mora ou auNord deMaroua,alors que danslesautresrégions , ils
sont souvent associés génétiquement à des vertisols , des sols Peu6volUéS
ou dessolshydromorphes à pseudo-gley, plusrarement 3 des Sols
ferrugineux tropicaux.
Leursituation morphologique et topographique?ainsi que leur roche-
mère , esttrèsvariable : glacis au pied desmassifs montagneux ,
légèrement en relief par rapport à des vertisols dans des zones d'alluvion-
nementargileux,basdepentedecollinesensols peu éVOlUéS et Sols
.
hydromorphes à pseudo-gley Le drainage externe est cependant toujours
assuré.
La végétation graminéenne et arborée est toujours très peu dense et
on note quelques espèces caractéristiques : Lannea humilis , Acacia seyal,
Balanites aegyptiaca .
- 90 -

Morphologie
Le profil décrit ci-après est un type moyen.
Haut de pente en très faible pente .
O - 10 cm Brun (10YFt4/3) à brunpale (10YR6/3) sec ; sablefin
légèrementargileux ; structureparticulaire à tendance
lamellaire faiblement développée ; assez poreux ; peu cohé-
rent ; transition brutale et régulière.
10 - 20 cm Brun-gris foncé (10YR4/2) etgris-brunclair (10YR6/2)
sec ; argilo-sableux ;macrostructure à tendance prismatique
soulignée pardepetitesfentes de retrait;microporosité
particulière à la surface des prismes, puis compact; très
dur ; r a r e s petites concrétions noires ; transition distincte
et régulière.
20 - 30 cm Brun (10YR5/3) à brun p%le (10YR6/3) sec ; argilo-sableux ;
massif à tendance polyédrique grossier; compact, t r è s
dur ; quelques concrétions noires .
30 - 70 cm Brunpale (10YR6/3) à bruntrès p%le (10YR7/3) sec ;
argilo-sableux ; massif ; compact ; très dur ; concrétions
noires (moins de O, 5 cm) et petits nodules calcaires.
70 - 120 cm Brun-p2le (10YR6/3) à petites taches
rouilles;
argilo-
sableux massif;compact;trèsdur;concrétionsnoireset
nodules calcaires .
la succession classique
La morphologie de ce profil est caractérisée par
d'horizons :
- horizonlessivésuperficield'épaisseurvariable, peu ou passtructuré
et nettement limité,
- horizon à structure prismatique plus ou moinsbiendéveloppée,
- horizonmassifetcompact, souvent à nodules calcaires.
Selon le degré d'évolution vers la solodisation, ces horizons sont plus
ou moinsnetsetbienmarqués;danscertainsprofils peu évolués, la
limiteentre les deux premiershorizonsest peu netteet la structure
prismatiqueest peu développée ; au contraire,dans,lesstades les plus
évolués , la limite est particulièrement franche et on peut noter l'apparition
de la structure classique en colonnettes.

Caractéristiquesphysiquesetchimiques
L'horizonlessivéestsableux,rarementsablo-argileux,etsouvent
à dominance de sables fins. Les horizons inférieurs ont une texture argilo-
sableuse,parfoisargileuse : la texture, la compacitéet la cohésion de
ces horizons les rendent pratiquement imperméables surtout dans les types
les plusévolués vers la solodisation.
Les teneurs en matière organique sont faibles et la capacité d'échange
dépend essentiellementdesteneursenargile : enprofondeur, celle-ci
oscille entre 10 et 25 méq/100 g et est saturée à plus de 80 % et souvent
à 100 %. Le pH, légèrement acide dans les horizons lessivés et prismatiques,
- 91 -

devient franchement basique à partir de 30-40 cm et peut dépasser pH 9


en présence de nodules calcaires. La principale caractéristique chimique
de cessolsestl'excèsdesodiumfixé sur l e complexe absorbant : cet
excès n'apparart nettement que vers 30-40 cm; les taux de sodium échan-
geablessontcomprisentre1,5et5 méq/100 g ; l e rapport Na/Ca est
supérieur à O, 15 et peut atteindre O, 4 .

Les minéraux argileux sont formés d'un mélange en proportion variable


de montmorillonite, illite et kaolinite ; dans les horizons lessivés et pris-
matiques, la solodisation se traduitpar une augmentation de la kaolinite
et une diminution de la montmorillonite .
Aptitude culturale

L'utilisationdessolshalomorphes , souvent appelés "hardé" (terme


fulfuldé signifiant "stérile") au Nord-Cameroun p o s e Ün certain nombre de
problèmes agronomiques non encore complètement résolus : pour les types
les moins évolués , le sous-solage , qui brise le niveau compact et permet
la pénétration de l'eau, est toujours bénéfique et permet la culture du coton.

28 - Classe X. Les sols hydromorphes


X1 - SOUS-CLASSEDES SOLS HYDROMORPHESORGANIQUES
OU TOURBEUX

Localisation,végétation , drainage

Ces sols sont assez répandus, et finissent par représenter des surfaces
assez importantesdanscertainesvallées où ledrainageestfortement
contrarié pour descausesd'ordreessentiellementgéologique.Leplan
d'eau se maintient constamment élevé, mais est suffisamment mince pour
ne pas emp8cher le développement de egétaux : for& marécageuse ou bien
prairie aquatique. Le sol se constitue par accumulation de matière organique
.
peu décomposée reposant sur des horizons de gley Ce type de sol corres-
pond aux grands marais du Haut-Ntem ou Haut-Nyong, de la partie centrale
de la vallée du Haut-Noun, etc.

Un exemple est fourni par des observations effectuées dans la vallée


duNyong (SIEFFERMANN, 1959) .
Morphologie

Vallée duNyong à Atok.


O - 140 cm Noir ; matièrevégétaleenvoiededécomposition,avec un
peu de matière minérale.
à 140 cm Argile
plastique.
- 92 -

Caractéristiques physiques et chimiques

L'horizon organique présente des épaisseurs variables depuis O, 30 m


jusqu'à 2,5 m. Les teneurs en matière organiquetotalevarientde 45 à
60 %.La teneur en azote est de O, 78 %,avec un C/N de 3 9 . Le pH est
.
5,2 La capacité d'échange est relativement faible y 34,2 méq, et la somme
descationséchangeablesest de 8 méq.Lasommedesréservesestde
16 méq. La matière minérale est constituée essentiellement de kaolinite,
quartzetmicablanc; il n'y a pasd'hydroxydes de fer ou d'alumine.

Aptitude culturale

L'utilisationdeceproduitcommeamendement organique a été envi-


sagée. I1 est très peu évolué et ne contient qu'une quantité faible d'éléments
fertilisants.

Des sols identiques peuvent etre observés dans d'autres vallées comme
celle duNoun (BACHELIER,SEGALEN, 1958). Dans la régionBamoun,
le volcanismeestresponsable du barragedenombreusesvalléesavec
développementde sols hydromorphesorganiquesenamontdes verrous.
En raisonde la richessedesmatériauxoriginels, il. s e développe des
sols mésotrophes ou memeeutrophes.

Morphologie
Dans le marais du Nja au Nord du massif du Mbapit (régionBarnoun),
y

on observe, sous unevégétation à base de cypéracées :


O -
60 cmDébris végétaux (racinesvivantesetmortesenchevetrées)
au milieu d'une véritable purée noire.
60 - 90 cmArgilenoireavecquelquesracines.
à 90 cm
Argile
grise
plastique.

Caractéristiques physiques et chimiques

La matière organique, mélangée à la matière minérale y peut atteindre


.
20 % Les débris grossiers sont éliminés avec le refus au-dessus de 2 mm.
Lesteneursenazotedépassent 10 %O . Laréactionestvariable : 5,2 à
6 , 3 . Lecomplexeabsorbant a une capacitéd'échangecompriseentre 45
et 70 méq/100 g,liée aux fortesteneurs,enmatièreorganique.La
somme des bases échangeables est de 20 méq.

Lesréservesminérales sont élevées,enraison du saupoudrage par


des cendres volcaniques.

Aptitudesculturales

Après assainissement et minéralisation partielle de la matière orga-


y

nique, ces sols peuvent servir B la riziculture ou aux paturages .


- 93 -

X2 - SOLSHYDROMORPHESMOYENNEMENTORGANIQUES
GROUPE DES SOLS ,HUMIQUES A GLEY
SOUS GROUPE A PEDOCLIMATCHAUD

Localisation,
végétation
drainage

Les sols moyennement organiques occupent des sites voisins et ana-


loguesauxprécédents.Toutefois, ils endiffèrentpar le faitqu'ilssont
évacuésparleseaux, pendantune période assez courtede deux mois
environ. La végétation est actuellement detype prairie aquatique, susceptible
d'6tremise B feulorsde la périoded'assèchement. Une zone caracté-
ristique est la vallée duNoun etcellesdeplusieursde.cesaffluents
(Nafoumba, Maouat) .
Morphologie

Nord-Est de Bamendjin (Bamiléké).


O - 20 cmNoir ; limono-argileux ; bien structuré ;grumeleux grossier ;
cohésion faible; forte
porosité
tubulaire
et
ordinaire.
20 - 40 cmGris foncé ; limono-argileux ; fondu donnant desagrégats
nuciformes de O, 3 cm ; cohésion moyenne.
40 - 60 cm Grisclair, B tachesbrunes ; limono-argileux;nuciforme
avec agrégats de O, 3 cm ; cohésion moyenne.
60 - 120 cm Gris B,tachesrouille ; argileplastique.

Des profils identiques peuvent Btre observés également autour duMbapit


et près de différentes petites zones marecageuses de la régionBamoun.

Caractéristiques physiques et chimiques

Lagranulométrieexactedel'horizondesurfacen'estpasaisée' B
déterminer en raison de la difficulté de détruire convenablement la matière
organique. On trouve des teneurs en argile de 6 B 17 % et des teneurs en
limon de 30 $6.
Par contre, en profondeur, les teneurs en argile sont de
60 B 80 %, avec 20 % delimon.

Réaction. En surface, le pH est très acide (4,5 B 5,5), tandis qu'en


profondeur il ne dépasse 'pas 6, O . La matière organique est bien évoluée
et bienmelangée B la matière minérale. Le toucher est assez gras et il
n'y a pas de matériaux grossiers, commepour les sols précédents. Les
teneurs en matière organique totale sont très élevées et voisines de 10 B
20 %, avec 7 B 12 ?& d'azote.
Lacapacitéd'échangeestde 50 B 80 méq/100 g.Lasommedes
bases fixées est de 1 B 3 méq. Le degré de saturation est donc très faible.
Lesconstituantsde la fractionargilesontkaolinite,gibbsiteet
gœthite .
- 94 -

Aptitudes culturales

Cessols, une foisdrainésetassainis, peuvent etreutiliséspour


des paturages ou bien en riziculture .,
SOUS-CLASSE
DES
SOLS
HYDROMORPHES
IMIN&RAUX D ' ENSEMBLE
GROUPEDESSOLS A PSEUDO-GLEY
X3 - SOLS A PSEUDO-GLEYD'ENSEMBLE

Dans les grandes plaines alluviales du Nord-Cameroun, les sols sont


périodiquement inondés et présentent, dans l'ensemble de leur profil, des
marqoes d'hydromorphie : taches,concrétions, qui permettentde les
ranger dans les sols hydromorphes minéraux à pseudo-gley. Les différences
y sont très nombreuses, car les matériaux originels sont très variés en
raisonde l'alluvionnement du Logone. On observedessolsargileux à
sableux grossiers. La végétation est soit la prairie à Vetiuevia nipitana,
soit des arbres(Faidhevbia albida), soit des arbustes(Zizyphus mauritiacus ,
Hyphaene thebaica, Bauhinia sp.) , etc. Les sols sont envahis par les e a u
au moment , .
des crues ; ils se ressuient assez bien pendant la saison sèche.

Morphologie

SériedeSoukamna,prèsde Yagoua(MARTIN; SEGALEN, 1958).


O - 20 cmGris à tachesrouillesdiffuses ; tracesderacinescolorées
en rouge ; sable grossier particulaire.
20 - 40 cm Gris à brun très pale ; à taches rouilles ; sable grossier et
graviers ; particulaire.
40 - 80 cmBrunp%le à tachesrouillesdiffuses ; sablegrossier .'

D'autre profils, dans la plaine du Logone, présentent sur des épais-


seurs de plus d'un mètre , dans des granulométries différentes, des taches
brunes ou noires,légèrementdurciesavecparfoisdepetites nodules
calcaires.

Caractéristiques physiques et chimiques

La granulométrie est très variable et change rapidement d'un profil à


l'autre, en raison de l'alluvionnement. Le pH, faiblement acide en surface,
devient neutre vers 1 mètre. Les teneurs en matière organique sont faibles
(1 %) avec un rapport C/N proche de 10 . La capacité d'échange est moyenne
.
à faible (10 à 14 méq) La somme des bases échangeables est assez élevée
(8 à 10 méq) avec un degré de saturation assez fort.
- 95 -

SOLS A PSEUDO-GLEYDEPROFONDEUR

x4 - SOLS A TACHES ET CONCR~TIONSDE PROFONDEUR

Localisation,topographie,végétation
Cettecatégorie de sols hydromorphesprésente une extensionconsi-
dérabledans le Nord du Cameroun,entrelesparallèles 8" et 10" N
(MARTIN, 1962) .
Ils sontforméssurrochemétamorphiqueetgranitiqueet occupent
des modelésd'aplanissement dont ledegrédedissectionparleréseau
hydrographique esttrèsvariable ; ledrainageexterneest cependant
toujours assuré.
Ces sols sont, en général, peu cultivés mais leur végétation naturelle
parait très variable et ne présente pas d'espèce nettement caractéristique :
on peut ytrouverenparticulierdessavanes à Anogeissuslewcarpus
Terminalia sp. Acaciasieberiana,Butyrospermum Parkii, Combvetum
sp. Gardenia sp.

Morphologie

Le profil POL II est un des plus typique qui ait été observé.

POL II à l'OuestdePoli.Ami-pente d'une collineenpentemoyenne


dans un paysage de surfaced'aplanissementassezdisséquée. Savane
arborée à espèces variées, dont Anogeissus leiocarpus, Acacia sieberiana .
Cultures et jachères près d'un village.Absencedetortillons de vers de
terre par culture.

O - 22 cmBrunfoncé (10YR3/3) à brunpale (10yR6/3) sec ; sable


finetgrossier peu argileux, à tendanceparticulaire ou
nuciforme t r è s peu développée; forte macroporosité bio-
logique ; peu dur à peu cohérent ; nombreuses racines de
graminéesetd'arbres ou arbustes dont la majorité se
limite à cethorizon;transitionbrutaleetrégulière.
22 - 35 cmBrun-jaunefoncé (10YR4/4) à brun-jaune (10YR6/4) sec ;
sable grossier
et
finargileux;
structure
polyédrique
moyennepeu développée, fine microporosité; dur à très
d u r , peu ou pas de racines ; transitiondistincte et
régulisre .
35 - 72 cmBigarréparjuxtapositionintime,maisnettementvisible,
de brun olive clair (2, 5Y5/4) B brun-gris clair (2,5Y6/2)
sec et de brun-jaune clair (2,5Y6/4) à jaune p%le (2,5Y7/4)
sec ; taches noires et rouilles bien délimitées pouvant ou
non correspondre àune concrétion; argileux sable gros-
sier; peu structuré et massif; compact; dur à très dur ;
transition distincte et régulière.
- 96 -

72 -
95 cmCouleursidéntiques à l'horizonprécédent,maislesplages
de couleur différente plus grande et moins bien délimitée
donnent une impression moins bigarrée ; argilo-sableux ;
massif; compact et très dur;concrétions noires et rouilles
de moins de O, 5 cm
95 - 110 emTransitiongraduelleetirrégulière à l'horizon de roche
altérée par mélange des deux horizons ; texture,. argilo-
sableuse; grossier et graveleux; moins compact et massif
que l'horizon précédent.
110 cm Roche altérée de couleur claire.

Les principales variations par rapport à ce profil type portent sur la


présence fréquente d'un lit de cailloux de quartz entre l'horizon ameubli et
les horizons compacts et la plus ou moins grande abondance de concrétions.

Morphologiquement , ces sols sont caractérisés par :

- un horizon A , sableux à sablo-argileux, bien structuré et toujours trGs


ameubli par les vers de terre, dont les tortillonssont abondants à la
surface du sol.
- le passagebrutal, sauf quand il est masqué par un litdecailloux, à
unhorizon B argilo-sableux, de couleurterne(planche 10 YR à 2,5 Y
etchromainférieur à 4), présentantplus ou moinsnettement et à
profondeursvariables,lescaractéristiques du pseudo-gley , toujours
massif et compact.
- un horizon de roche altérée entre 80 et 150 cm de profondeur.

Caractéristiques physiques et chimiques

L'horizon supérieur meuble est caractérisé par ses fortes teneurs en


sable fin(plusde 50 %), sans que les taux d'argilesoientnégligeables
(entre 10 et 20 %) . En profondeur,lesteneursenargilepassentassez
brusquement à plus de 30 % sans dépasser 40 %.I1 en résulte une grande
différencedecomportementvis-à-visdel'eaude ces deuxhorizons : le
premier est perméable et facilitel'imbibition par l'eau de l'horizon profond
imperméable, où l'engorgement temporaire explique la formation de
pseudo-gley .
Les teneurs en matière organiquesontmoyennes(entre 1 et 2 %) et
le rapport C/N voisinde 12 indique que 'l'horizonsupérieur meuble
bénéficie d'une activité biologique normale.

Lacapacitéd'échange, qui estdel'ordrede 8 à 12mf3q/100 gen


surface, augmenteenprofondeurentre 15 et 25méq/100 g . Ledegré de
saturation est toujours supérieur à 50 % mais est le plus souvent compris
entre 70 et 90 % : dans le profil, les maximums sont notés dans l'horizon
superficiel (0-10 cm) etdans la rochealtérée. LepH,comprisentre6
et 7ensurface, peut baisseren-dessous de 6enprofondeur,mais
remonte toujours dans le bas du profil.
- 97 -

Lacapacitéd'échangecalculéepour 100 gd'argiledeshorizonsde


profondeur estrelativementélevée : 40 à 70 m e d l 0 0g . Aussibien
l'analyse thermodifférentielle que les rayons X nous donnent en effet , pour
la fractionargileuse, unmélangeenproportionvariabledekaolinite,
d'illiteetdemontmorillonite;danscertainsprofils , il semble que la
proportion de montmorillonite augmente en profondeur.

Utilisation
Lescaractéristiquesparticulièresdecessolsn'enfacilitentpas
l'utilisation ratinnelle : lemilparaft ne passouffrirdel'engorgement
deprofondeurmais sa culturedégraderapidementl'horizonmeuble,
auquel seuls la jachère et le renouveau d'activité des vers de terre peuvent
redonner sa bonne structure ; la culture du coton paraft poser davantage
de problèmes non encore résolus.
L

GROUPE DES SOLS A GLEY

X5 - A GLEYDEPROFONDEUR (Plaine duLogone : PIAS, 1962)

Localisation.toponraphie.vénétation

Ces sols forment un ensemble homogène dans les plaines d'inondation


du Logone, depuis le Nord de Pouss jusqu'à Fort-Foureau .
La topographie
estparfaitementplaneet les solssont inondés 6 à 7 moisdel'année,
depuis Juillet jusqu'en Janvier-Février ; la hauteur d'eau , au maximum de
la crue, varie entre 80 et 120 cm. Ces sols sont formés sur des alluvions
argileusesépaissesde 1 à 4 m qui reposent surdes alluvionsargilo-
sableuses à nodules calcaires ou des sables.
La végétation est à base d'Andropogonées : la plusrépandue est
Hyfiurrheniu rufa qui constituesouventl'essentiel du tapisgraminéen.
Morphologie

Le profil F 162 est assez typique.

Effondrements peu nombreux à peu profonds.

O - 20 cmGris-noir 9 trafnéesrouille ; argileux ; structure polyé-


drique fine à tendance grumeleuse ; cohésion et compacité
faibles .
20 - 50 cm Grïs-noir à tra'ihees rouille ; plusargileux;polyédrique
grossier ; compact et forte cohésion.
50 - 100 cm G r i s degley ; argileux ; massif ; humide.
100 - 140 cm Argilo-sableux à nodules calcaires, devenantdeplusen
plus sableux ; gris à taches rouilles ; humide .
- 98 -

I1 fautnoter, en particulier :
- l'absence de structure prismatique et la faible importance des fentes de
retrait qui descendent rarement B plus de 20-30 cm,
- lescaractères d'hydromorphie : trainéesrouilles en surface, horizon
de gley en profondeur.

Caractéristiques physiques et chimiques

La textme de ces sols est essentiellement argileuse, puisque les taux


d'argile varient de 45 à 80 '%: l e limon peut atteindre 15-20 % et le sable
grossier est souvent inférieur à 5 %.La capacité de rétention pour l'eau
est très élevée.
Lesteneursenmatièreorganiquesonten moyenne de 1,5 - 2 '% et
de 1 %O enazote ; lerapport C/N est del'ordre de 12-14,maispeut
.
s'élever davantage dans des horizons semi-tourbeux La capacité d'échange
oscille entre 20 et 30 m6q/100 g et est saturée à plus de 60 % en surface,
et davantageenprofondeur : le pH,franchementacideentre4,5et5,5
dansleshorizonssupérieurs,s'approchent de la neutralitédansle bas
du profil.Lecalciumestnettementdominantetle sodium esttrès
rarement en excès.

Utilisation

Cessols ont un bon potentielde fertilitéetforment un ensemble


importantde terresvierges, dont la récupérationengrand ne peut s e
faire que danslecadre d'un aménagementd'ensemble de la plaine du
Logone : la spéculationrecommandée est la riziculture..
- 99 -

TROISIÈME PARTIE

3 - LES APTITUDES DES SOLS

L'aptitude d'une terreest quelque chosed'essentiellement'subjectif


et sujet à révision périodique, puisqu'en dehors des caractéristiques intrin-
sèques du sol qui représentent les données de base de nombreux facteurs
d'utilisation,comme le climat(parl'irrigation) ou la pente(pardes
travauxantiirosifs), peuvent etre modifiéssousl'influencedefacteurs
humains (pressiondémographique) ou économique (forte demande
d'un
produitagricoleparticulier .
) Aussicettetroisi2mepartieva-t-elle
comprendre deux chapitresdanslesquelsserontexaminéesd'abord la
situationactuelle,puislespossibilitésd'avenir.
-
31 - Situation actuelle
311 - FACTEURSCONDITIONNANTL'UTILISATIONDES SOLS
Dansun paysenvoiede développementcomme leCameroun,les
terres sont rarementutilisées d'une façonintensive,c'est-à-dire en
modifiant profondément les conditions naturelles, et l'état actuel d'utilisation
dessols dépend essentiellementdesfacteursclimatiques, pédologiques
et humains .
3111 -
Facteursclimatiques
Les données climatiques sont un facteur limitant pour de nombreuses
cultures, en particulier les cultures arbustives qui ont des exigences assez
strictes à cetégard,surtout au point de vue régimepluviométrique .
Ainsi si l'onpasseen revue les diverstypesclimatiques du Cameroun,
on s'aperçoit que la gamme desculturespossiblesserestreint duSud
vers le Nord.
CLIMATS &QUATORIAUX
Lesclimatséquatoriaux, à pluviométrie abondante et bien répartie ,
permettenttouteslescultures qui supportentunetempérature moyenne
élevée, et celles-ci sont particulièrement nombreuses . Parmi celles qui
ont un intér&téconomique, on trouveaussibiendesculturesarbustives
- 100 -

(cacaoyer,caféier,palmier à huile,,cocotier,hévéa,arbresfruitiers)
que des cultures annuelles ou pluriannuelles (maïs, riz, arachide, sésame,
plantes féculentes, bananiers, ananas, canne à sucre, plantes textiles, etc.).

Les
quatre
types
de
climats
équatoriauxreconnus au Cameroun
n'introduisent que des nuances dans les possibilités offertes aux différentes
cultures et n'ont une influence que sur les cultures arbustives.
C'estainsi que l e climatbas-camerounien, à fortepluviométrieet
faibleensoleillement,réduitcertainementlespossibilités de rendements
élevés du palmier B huile et de l'hévéa, et il doit en Btre de memepour
le climat Sud-camerounien en raison de sa plus faible température moyenne
(23-24'). Par contre, le climat équatorial de montagne (au-dessus de 1000 m
d'altitude) convient bien à la culture du caféier Arabica , tandisque tout
le reste de la zone de régime équatorial est plus favorable à la variété
Robusta.
Dans tout l e Sud étl'Ouest-Cameroun, le régimeéquatorialoffrele
grandintérBtde permettre deux culturesannuellesdeplantesvivrigres,
calquées s u r l e s deux saisonspluvieusesplus ou moinsbien marquées.
L'extremelimite Nord de la possibilitédecette double culturesemble
Btre la ligne Banyo-Tibati-Meiganga .
CLIMATSTROPICAUX

Leclimattropicald'altitude occupe essentiellementleplateaude


l'Adamaoua. La longueur de la saison sèche (5 à 6 mois) réduit fortement
les possibilités de cultures arbustives, qui se limitent aux arbres fruitiers :
agrumes,manguiers. Une seulecultureestpossibledansl'année : le
sorgho, moins exigeant, remplace le maïs comme principalecéréale
cultivée.Lesplantesféculentes,enparticulierlemanioc,sonttoujours
possibles . La disparition de la for& et de ses endémies animales, ainsi
que la diminution de la température moyenne, font que cette région a une
nette vocation pastorale.

Au Nord de la falaisede l'Adamaoua (climatssoudanienet soudano-


sahélien), la pluviométriediminuegraduellementenmemetemps que la
température moyenne devient brusquement plus
élevée. Toute culture
arbustive non irriguée (sauf casparticuliercommelemanguier)devient
-impossible et seules des cultures annuelles et quelques cultures plurian-
nuellesconstituentunegamme restreintedespéculations,surlaquelle
l'agriculteurdevraassurer sa nourritureetsesgainsmonétaires. Au
Sud de la Bénoué, les principales cultures sont le sorgho, l'arachide et,
parmilesplantesféculentes,le manioc etl'igname ; le coton faitson
apparition. A partir de la Bénoué, l'igname disparart puis, plus au Nord,
le manioc ; l e coton prend une grande place comme culture d'exportation;
l'importance des zones inondées rend possible la riziculture et les cultures
dedécrue,commelesorghorepiqué.L'irrigation devient nécessaire
pour desculturesspéciales comme leslégumes, l'oignon, letabac,
la canne à s u c r e ,
- 101 -

Lerégimetropicalimposedelourdessujétions à l'agriculteur, qui


doitconcentrer ses efforts sur la culture vivrière de base (le sorgho) et
ne peut seconsacrer à destravauxagricoles quependantune période
limitée de l'année. De meme pour l'élevage, qui reprend de l'importance
au Nordde la Bénoué, s e pose leproblèmedesressourcesfourragères
en saisonsèche,problèmeenpartierésolupar la transhumancevers
les zonesd'inondation,quis'assèchenttardivement.
3112 - Facteurs pédologiques
La diversité des caractéristiques des sols qui jouent commefacteur
limitant leur utilisation dans l'ensembledu Cameroun nous oblige à séparer
la zone Sud (au Sud de la falaisede l'Adamaoua) où dominent les sols
ferrallitiques et la zone Nord, où les sols sontplus variés.
ZONESUD
Avant d'aborderlessolsferrallitiques,passonsenrevue les autres
grandstypesdesolsrencontrésdans la zone Sud.Lessolsminéraux
bruts (coulées volcaniques récentes, inselbergs, cuirasses) sont inutilisables
de par leur nature meme. Parmi les sols peu évolués , ceux qui dérivent
decendres donnent d'excellentesterresdecultureparsuitedeleur
richesseminéraleélevéeet conviennent à toutesculturesarbustives ou
annuelles, tandis que les sols d'érosion lithiques, peu profonds et à fortes
pentes, ne peuvent servir que depaturagesextensifs.
Lessols peu évolués à tendance hydromorphe sur alluvionsmarines
(mangrove) sont actuellement inutilisés au Cameroun et il en est de meme
de la plupart des sols hydromorphes : leurutilisation.suppose une agri-
culture évoluée à base de riziculture et nécessite de gros investissements.
Les sols hydromorphes les plus riches en matigre organique (sols tourbedx
et semi-tourbeux) sont parfois cultivés en r i z , quand l'inondation naturelle
le permet sans aménagement particulier.
Pour les sols ferrallitiques , les facteurs qui peuvent influer sur leur
utilisationsontessentiellement la profondeur, la pente etledegréde
.
fertilité
Connaissant l'épaisseur de l'alteration ferrallitique , la profondeur de
sol utilisable ne peut Btre limitée que par la présence d'un horizon induré
ou concrétionné.Sil'onadmetqu'ilfaut auminimum 1 m de sol meuble
pour une culture arbustive et 50 cm pour une plante annuelle, d'importantes
superficiesdel'Adamaoua, de l'Estet du Centre-Camerounsontainsi
retirées à toute utilisationagricole : ceci explique enpartie la vocation
pastorale de l'Adamaoua.
Le facteur "pente du sol" intervient aussi bien par les difficultés qu'il y
a à cultiver des sols en très forte pente que par l'érosion qui ne manquerait
pas de s'installerrapidement. Sont ainsi,éliminésdetouteutilisation
agricole la plupart des sols faiblement ferrallitiques modaux sur roche non
différenciée ou acide, qui occupent les"falaises"deraccordemententre
lesdifférentessurfacesd'aplanissement; il enestde mBme dessols,
souvent des ferrisols, des collines fortement accidentées duSud et Sud-
Ouest Cameroun.
- 102 -

Aprèsavoiréliminé les sols peu profonds et à fortepente,l'agri-


culteurchoisit ses terrains de culture selon le degré de fertilité du sol.
Ce facteur peut intervenir à l'échelon local, quand le potentiel de fertilité
du sol varie, par exemple, selon la topographie : cas dessolsdepente
ou de bas de pente fortement lessivés en bases, qui ne sont utilisés qu'en
dernier ressort. I1 joue surtout à l'échelonrégional, quand dessolsde
fertilitétrèsdifférentesontvoisins : ceci expliqueque tous lessols
faiblement ferrallitiques sur roches basiques (auxquels il faut rattacher les
sols bruns eutrophes sur roches basiques) de l'Ouest-Cameroun sont tous
cultivés et mêmeintensémentcultivés,tandisqu'àproximité les sols
ferrallitiques typiques jaunes sur sédiments et roches acides sont inutilisés.

A ce stade, peuvent alorsintervenir les exigencesdifférentesdes


diversescultures : c'estainsique,dansunmemesecteurclimatique
(climat bas-camerounien) , l'aptitude des sols ferrallitiques typiques jaunes
s'oriente vers des spéculations peu exigeantes comme le palmier à huile et
l'hévéa,tandis que les sols faiblementferrallitiques(etlessolsbruns
eutrophes) sur roches basiques sont réservés au bananier et au caféier, qui
réclament des sols d'un niveau de fertilité plus élevé.

ZONENORD

Dans la zone Nord, les caractéristiques des sols qui influent le plus
surleurutilisationsontessentiellement la profondeur, la pente et le
drainage : le degré de fertilité joue en général un r6le accessoire.

Profondeurinsuffisanteetfortespenteséliminentpratiquementde
toute utilisationagricole les solsminérauxbrutsd'érosion quioccupent
les massifsmontagneux. I1 devraitenetre demême de la plupartdes
sols peu évolués d'érosion lithiques qui leur sont associés sur les fortes
pentes : ce sont uniquement des facteurs extra-pédologiques qui ont permis,
auprixd'importantstravauxantiérosifs , l'installation d'une agriculture
de montagne vouée essentiellement à la production vivrière.

Quand la pentedevientmoins forte; les memessols peu évolués


lithiques (plateau de Mokolo) sont plus facilement utilisables ,malgré leur
faible profondeur. Dans ces divers cas précédents, la gamme de cultures
possiblesesttrèsréduite : lesorghoest la plantevivrièredebase et
il faut y ajouterl'arachide, le miletquelqueslégumes.

C'estégalement le facteur "profondeur du sol"quiintervientpour


écarter d'une utilisationagricolerationnelle les sols minérauxbruts s u r
cuirasse ferrugineuse et les affleurements de cuirasses des sols ferrugineux
tropicauxindurés.

Quand les facteurs "pente" et "profondeur" ne sontplusen cause,


intervientessentiellement le drainage qui permetdedéfinir d'une façon
assezprécise l'aptitudedenombreuxtypes desols du Nord-Cameroun.
* VOIR ILLUSTRATIONS PAGE 131
- 103 -

Le casdedrainage nul (drainagesinterneetexterne)s'applique aux


vertisolsetsolshydromorphesdeszones d'inondationqui prennentune
grandeextensiondans la plaine du Logone, la régiondeMarouaet la
vallée de la Bénoué. La riziculture est la vocation naturelle de ces s o l s ,
maïs comme elle nécessited'importantsinvestissements,on se contente
d'yeffectuer desculturesdedécrue comme le sorgho, qui estrepiqué
après l'inondation.

Lessolshalomorphes(solonetzsolodisés)ressortissentau cas de
drainageinterne nul ou très. faible, malgré un drainage externe assuré.
Lescaractéristiques pédologiques decessols(forteimperméabilité) y
empBchent toute culturedansles conditions ordinaires : seuleuneforte
intervention extérieure,sousforme d'un soussolagemécanique,permet
éventuellement leur utilisation, en particulier pour la culture cotonnière.

Des conditions de drainage externe assuré avec drainage interne faible


sont réalisées dans la plupart des vertisols lithomorphes : l'aptitude de ces
solsn'estpasstrictementdéfinieetpeut Btreinfluencée pardetrès
faiblesvariations du drainage.C'estainsique,selonunegammede
drainage de mieux en mieux assurée, on peut envisager le sorgho repiqué
d'arrière-saison, le sorghodesaisondespluies, le coton.Pour la
premièreculture,onpeutaméliorer la rétentiond'eauendiminuant le
drainageexternepar la confectiondepetitesdiguettesderetenued'eau,
tandis que pour le coton, il y a intérBt à améliorerledrainagepar la
culture en billons.

Certains sols ferrugineux tropicaux lessivés et les sols hydromorphes


à pseudo-gley bénéficient d'un drainage interne moyen à faible, tout en ayant
un drainage externe correct : ces sols, situés au Sud de la Bénoué, peuvent
Btre cultivésensorgho, coton et plantesféculentes(manioc,igname) .
Pourl'igname, la cultureestfaitesur billons et cette techniquedoit
6tre égalementvalablepour le coton.

Les meilleures conditions de drainage sont réalisées pour une gamme


desolsvariés : certainssolsferrugineuxtropicauxlessivésetsols peu
évolués sur alluvionsetpédiments, les solsrougestropicaux,certains
sols peu évoluéslithiques . Cesontd'excellentes t e r r e s à coton, car ils
allient le plus souvent un bon drainage, une capacitéderétentiond'eau
correcteetunerichesseorganiqueetminéraleélevée : ils conviennent
aussi au sorgho.

Des conditions dedrainageinterneexcessifs'observent s u r les sols


ferrugineuxtropicaux peu lessivésetlessivés à tachessurmatériaux
sableux,ainsi que sur les sols peu évolués d'apport s u r matériaux
grossiers (alluvionsetpédiments grossiers, dunes récentes) : la capacité
derétentiond'eaude cessolsest faible. L'arachideest la culturela
mieux adaptée à ce type de sol,mais la culture du sorghoesttoujours
possible.
- 104 -

3113 - Facteurs humains


Les facteurs humains jouent un r6le non négligeable dans l'orientation
donnée à l'utilisation des sols : que ce soit pour des raisons historiques,
- .
démographiques ou tenantaucomportementmemedes populations pour
assurer leur subsistance et à leurs habitudesalimentaires , les cultures
et les modes d'exploitation du sol peuvent différer notablement.

Ainsi , ce sont des causes historiques qui ont obligé certaines popula-
tions
soudanaises du Nord-Cameroun à se réfugierdanslesmassifs
montagneuxdevant la pressiond'envahisseurs : ceci explique la mise en
culture au prix d'importants et constants travaux antiérosifs de sols qui,
en toute autre circonstance , seraient restés inutilisés. De meme , jusqu'à
ces
dernières années , d'importantessuperficiesd'excellentesterres
restaientinexploitéesdans la vallée duNoun : il estvraisemblablequ'il
faut en chercher la cause dans l'antagonisme des populations Bamiléké et
Bamounquioccupaient les zonesvoisines , ainsi que dans la structure
politique etsociale de l'ethnieBamiléké. ,

La pression démographique est, comme c'est souvent le cas en Afrique,


un stimulant pour le développement agricole et l'adoption de cultures pro-
ductrices de revenu monétaire. On peutainsiexpliquer l e développement
du bananier et du caféier Robusta dans le Mungo et du caféier Arabica sur
leplateauBamiléké par le dynamismedémographique des populations de
ces régions, et il en est de memepour le cacaoyer dans la région Nord
et Nord-Ouest de Yaoundé. Dans leNord-Cameroun,les populations
soudanaises de la plaine, qui vivaient encore récemment en autarcie , se
sont mises à la culture du coton et ont développé la production du sorgho
repiqué, par suite de la pression démographique et du désir d'amélioration
du niveau de vie.
Parmilestypesd'activitéspossibles , on distingueclassiquement
agriculture et élevage , et l'on sait qu'en Afrique ces deux modes d'exploi-
tation du sol sont souvent séparés. C'est le cas de l'Adamaoua où l'élevage
est l'apanage des Foulbéetdes Mbororo, maisdans le Nord-Cameroun
on observe une évolution intéressante vers une plus étroite imbrication des
deux activités qui devraient conduire àune amélioration de la productivité
agricole. Au contraire, dans le Sud-Cameroun, l'utilisation d'animaux de
trait se heurte aux impératifs sanitaires de la région forestière et à une
méconnaissancetotale, par leshabitants,del'élevagerationnel.

Un autre exemple de l'implication de facteurs humains dans l'exploi-


tation dessolsest le faitque,dans toute la zone Sud,lescultures
vivrières sont essentiellement réservées aux femmes : tout essai d'amélio-
rationdecesculturesainsi que la diffusiondel'enseignementagricole
doivent entenircompte.
Tout programme de développement agricole comportant un déplacement
de populations devra accorder une place importante aux questions techniques
certes, mais aussi à tous les problèmes humains , qui se posent aussi bien
chez les migrants(habitudesalimentaires,techniquesculturalesparticu-
lières) que chez les populations en place (problèmes fonciers).
- 105 -

312 - LES POSSIBILIT~S D'UTILISATION

Seront passées en revue, parmi les activités agricoles , les cultures


arbustives , lesculturesvivrièreset les culturesindustriellespuis les
activités pastorales et forestières.
-
3121 Cultures arbustives
Cacaoyer.Lecacaoyer est la plusimportantecultured'exportation du
Camerounet le principalsupport de l'activité économique dans l e Sud
du pays.
Le cacaoyer (BURLE, 1961) a des exigences climatiques assez strictes:
pluviométrie d'au moins 1500-1600 mm bienrépartisetsanssaisonsèche .
sévère , température moyenne élevée,degréhygrométriqueélevétoute
l'année. Ces conditions sont réunies dans toute la zone forestière duSud-
Cameroun, avecquelques
variations
régionales. Sous le
climat bas-
camerounien, la pluviométrie beaucoup plus forte
et la température
moyenne élevée favorisent
les
maladies
cryptogramiques .Leclimat
sud-camerounienestfavorabledansl'ensemble,mais,sur sa frange
Nord, la pluviométrie est limite et l'accentuation de la saison sèche oblige
à porterplusd'attention aux problhmesd'environnementforestieret
d'ombrage.
Au point de vue pédologique, l e choix d'un emplacement de plantation
doit Btre dicté par les considérations suivantes :
- sol argilo-sableux ou argileux profond : au moins l m sans gravillons ou
cuirasses formant obstacle à la pénétration des racines ,
- absence de nappe phréatique à faible profondeur ,
- ombrage forestier ni trop dense, ni trop léger,
- horizon humifère à pH acide (entre pH 5 et 6) convenablement pourvu en
azote et en bases échangeables.
Ces conditions sont réalisées surd'importantessurfaces du Sud-
Cameroun,maisexcluentpratiquement les solsferrallitiques typiques
jaunes sursédiments,aussibien pour leursmauvaisescaractéristiques
physiques que pour leur faible degré de fertilité.
L'importancede la richesseenbaseséchangeables a étémiseen
évidence par une enquete (P. SEGALEN, 1958) surlessols à cacaoyers '

du Sud-Cameroun, qui a montréqu'ilexiste


entre les rendementset la sommedesbases
une corrélationasseznette
échangeables (1) . Si, à
l'étatnaturel,lessolssousgrandeforetsontrelativementpauvresen
\
baseséchangeables, il n'en est pas de memedesterrainsanciennement
cultivésetoccupés, des emplacementsd'anciensvillageset de certaines .
jachères forestières : quand on peut facilement y régler l'ombrage et que
lesespècesarbustivessontfavorablesaucacaoyer , cesemplacements
sont intéressants.
( 1 ) Rendementdescacaoyeres
Production en g/pied
500 g et plus
250 B 500 g
moinsde 250 g
- 106 -

Lafertilisation du cacaoyer est connue commeétantun problème


difficileauCameroun.Lesétudessont peu nombreuses s u r ce sujet.
Plutôt que de fertilisation proprement dite, il faudrait mieux préconiser
une amélioration du potentiel minéral des sols pour l'amener au niveau où
l'onobserve les meilleursrendements : sommedesbaseséchangeables
supérieure à 4 méq/100 g . Cetteamélioration peut s'obteniraussibien
par des applicationsd'engraisminérauxque par le retour au sol de tous
les déchets susceptibles
d'apporter les principauxéléments(cabosses
brtllées , cendres ménagères, etc. ) .
Caféier. Le caféier ne vient qu'au second rang des produits exportés par
le Cameroun, mais il joue un rôle prépondérant dans l'économie des t r è s
actifs départements de l'Ouest : Mungo , Bamoun, départements Bamiléké) .
Lesexigencesclimatiques du caféier (COSTE, 1961),
sont
moins
strictes que celles du cacaoyer, en particulier au point de vue pluviométrie
et degréhygrométrique : aussicetteculturepeut-elles'étendreplusau
Nord, dans la zone des savanes guinéennes. Comme nous l'avons déjà dit,
la température moyenne, en fait liée à l'altitude, sert à séparer les zones
des deux variétés cultivées au Cameroun : le Robusta est cultivé au-dessous
de 1000 m , dans le Mungo et tout le Sud, tandis que 1'Ayabica trouve son
terrain d'élection sur les hauts-plateauxBamilékéet Bamoun.
Le caféier peut sembler à première vue moins exigeant que le cacaoyer
.
au point de vue pédologique En fait, ses exigences concernant les carac-
téristiques physiques du sol sont moins strictes par suite de sa plus grande
faculté de résistance à la sécheresse, mais il exportebeaucoup plus
d'élémentsminéraux que le cacaoyer e t , pourobtenir des rendements
élevés, il y a intéret à choisir des sols à bon potentiel minéral et orga-
nique et à compenser les exportations pardesapportsd'engrais. Le
problème de la nutrition minérale du caféier est en effet assez bien connu
et l'on sait qu'une fertilisationbien conduite est efficace etpayante.
Palmier à huile. Le palmier à huile existe dans toutes les régions à régime
équatorial,mais il n'estexploitépourl'exportation que dans la zone
côtière : SudduMungo, environsd'Edea.
Lepalmier à huile (SURRE, ZILLER,. 1963) a des exigencesclima-
tiquesassezstrictes, si l'onveut
obtenir desrendementsélevésen
plantations industrielles ; le climat doit etre chaud, pluvieux et ensoleillé.
Dans la zone côtière (climat bas-camerounien), les deux premiers points
sont réalisés, maisl'ensoleillementestdéficient. Sur le plateau duSud
(climatSud-camerounien), où le palmier à huileexisteen abondance à
l'étatspontané,ceserait plutôt la température moyenneun peu faible
(23" à 24") qui pourraitetre la cause d'unediminution desrendements .

Lepalmier à huile est beaucoup moinsexigeant au point de vue


pédologique : un sol profond et bien d r a h é , meme de richesseminérale
et organiqueréduite,luiconvient.Lesprincipauxdéséquilibresminéraux
sont facilement corrigés par des apports d'engrais. Les sols ferrallitiques
typiques jaunes sur sédiments et roches acides, malgré leur net appauvris-
sementen bases, conviennent bienaupalmier à huile.
- 107 -

Les problèmes que pose l'installation de nouvelles plantations doivent


plutatconcernerlesquestionsd'exploitation(incidence du reliefetde la
densité du réseauhydrographique pour la facilitéd'établissementd'un
réseaudepistes) que lesexigencesproprement pédologiques (profondeur
du sol).

..
Hévéa L'hévéa a , à peu près, les memes exigencesclimatiques que le
palmier 3 huile et est aussi peu exigeantau point de vue sol. Une seule
grandeplantationexisteprèsd'Edea(climatbas-camerounien)sursols
ferrallitiquestypiquesjaunessursédiments.Des essais dansd'autres
régions du Cameroun (Est et Sud-Ouest) n'ont pas donné de bons résultats,
essentiellement pour des raisons économiques , mais il est possible que
'

l'abaissementde la température moyenne ysoit un facteurlimitatif du


rendement.
Lesmemesproblèmes que pour lepalmier à huile s e posentpour
l'implantation de nouvelles plantations .
Divers. Le cocotier existe dans la zone catière (climat bas-camerounien) ,
mais est peu exploité, sauf peut-btre autour de Kribi, où il peut trouver
des conditions climatiques (ensoleillement plus élevé) et p6dologiques (sols
sableux)correctes.

Le théier n'a pas fait l'objet d'exploitation au Cameroun oriental, mais


il existe plusieurs plantations au Cameroun occidental. I1 est certainement
possible de trouver des zones où établir cette culture, en tenant compte de
s e s exigences climatiques (forte pluviométrie bien répartie et température
moyenne pastropélevée)et pédologiques (solsprofonds,argileux,bien
drainés, à horizonhumifèrebien développé et pH acide) . Lessecteurs
les plus favorables paraissent la partie Nord du département du Mungo et
les franges Nord et Sud-Est du plateau Bamiléké.

3122 - Culturesvivrigres

Maïs. Le maïs est une culture très répandue dans tout le Sud du Cameroun
à régimeéquatorial : certainespopulations (Bamiléké et Bamoun, et
quelquesgroupes du Centre) en font leur nourriture de base.

Lecycle de cultureestsuffisammentcourt pourn'occuper qu'une


saisondespluies, en général 'la première qui estplusensoleillée que
la seconde. Le maïs demande des sols relativement riches, en particulier
enazoteet en élémentsminérauxetconstitue la tetederotationaprès
défrichementetbrQlisde la jachèregraminéenne(Ouest-Cameroun) ou
forestière (Sud-Cameroun) . Dans les savanes du Centre-Cameroun, c'est
la pauvreté du sol en azote qui parart etre le facteur limitant de la culture,
qui est cependant possibleaprèsl'arachide.Plus au Nord,lemaïsest
toujours une culturedecase,pratiquéesurdessolstrèsenrichispar
les détritus ménagers.
L'amélioration de la culture du maïs ne peut se faire que dans le cadre
de l'intensification de larotation vivrière, problèmequi sera traité plus loin.
- 108 -

Riz. Le rizn'estpas une culturetraditionnelle au Cameroun. I1 a été


introduitdansle Sud où il est cultivédansles bas-fonds marécageux,
plusrarementensec;lescentresdeculturesont Nanga-Eboko, Ntui,
Tonga et Doumé.Lestypesdesolscultivéssontlessols tourbeux et
semi-tourbeux .
Dans le Nord du pays, la culture du riz a pris une extension notable,
particulièrementdans la plaine du Logone(CHABROLIN, 1961) . Des
aménagements hydrauliques importantsont été réalisés ces dernières années
entre Yagoua et Pouss, pour assurer la maftrise de l'eau : on ycultive
des vertisols suralluvions et des sols hydromorphesà pseudo-gley profond.
Lescaractéristiquesphysiquesdecessolssontcorrectes,maisleur
richesse organique, notamment en azote, est un peu faible pour permettre
des rendements élevés.
Les possibilités d'extension de la riziculture sont importantes, aussi
biendansle Sud (plaine duNoun) que dansle Nord (plaine du Logone,
vallée de la Bénoué).

Sorgho.Lesorghoest la culturevivrièredebase au Nord d'une ligne


Banyo-Meiganga jusqu'au lacTchad; cependant il estassocié aumanioc
dans l'Adamaoua et à l'ignameentre 1'Adamoua et la Bénoué. Plusau
Nord, la réussitede sa cultureestvitalepourtouteslespopulations .
Lesorghoest uneplante trèsplastique, qui paraîts'adapter à des
conditionsclimatiqueset pédologiques trèsvariables : en fait il s'est
créé un grandnombre de variétéslocales, souvent très bienadaptées à
leur terroir et à leur mode de culture. La plus grande partie du sorgho
est cultivée pendant l'unique saisondespluies du régimetropical.Dans
l'Adamaoua et jusqu'à la Bénoué, la longueur de la saison des pluies est
toujours suffisante, mais plus au Nord l'irrégularité des premières pluies
peut nécessiter plusieurs semis. Des variétés à cycle court sont toujours
semées pour assurer la soudure.
Laculture du sorghodesaisondespluies se faitsurdes types de
solstrèsvariés : solsferrallitiquesargilo-sableux à argileuxetbien
drainés ; sols ferrugineux tropicaux lessivés et hydromorphes à pseudo-gley
souvent mal drainés ; sols ferrugineux tropicaux peu lessivés, sableux et
à drainageexcessif ; sols peu évoluésd'érosion,lithiquesdesmassifs
montagneux .
Dans la vallée de la Bénoué et les départements du Diamaré, Mayo-
Danaïet Logone etChari, la culture du sorghod'arrièresaisonprend
souvent la première place. Les plants repiqués après la fin des pluies ou
la findel'inondationn'utilisentquel'eauemmagasinéedans lessols
argileux : on utilise, pour ce type deculture,touteslesvariétésde
vertisols et certains sols hydromorphes .
Arachide. L'arachide est cultivée partout au Cameroun : c'est une plante
qui s e contente aussi bien de l'une des deux saisons des pluies du régime
équatorial que l'unique saison du régime tropical. Dans le Sud, l'arachide
s'intègre à la rotationvivrièreaveclemaïs e t , dansleNord,avec
le sorgho.
- 109 -

L'arachide n'a pas de très grandes exigences pédologiques , du moment


que le sol est meuble et bien drainé. Dans l e Sud et l'Adamaoua, elle est
cultivée sur tous les typesde solsferrallitiques , avecunepréférence
. cependantpourceux qui ont la texture la pluslégère. Dans leNord,les
meilleurssols à arachidesont les sols peuévolués sur pédimentset
alluvionssableuses ; les solsferrugineuxtropicauxlessivéssurgrèset
peu lessivés sur alluvionssableuses , malgréleurpotentielorganiqueet
minéralplusfaible,lui conviennent également.

Dans leSud,l'arachideestessentiellementconsomméesurplace,
tandis que dans le Nord, sa vente constitue le seul revenu monétaire pour
certaines populations : son extension devrait donc etre réservée à la partie
Norddu pays, où c'est souvent la seule culture possible.

Manioc et autresféculents.Lemaniocetlesautresféculents(ignames,
macabo, taro) sont des plantes pluriannuelles qui restent en terre pendant
plus d'une saisondespluies : leurculturen'estpossible que si elles
peuvent passer la saisonsèche.Lemaniocestleplusrésistant à la
sécheresse et on le trouve jusqu'à la hauteur de Maroua. I1 a une assez
grande importance alimentaire dans tout l e Sud et constitue la nourriture
de base dans l'Est et dans certaines parties de l'Adamaoua; plus au Nord,
il n'est qu'une culture d'appoint pour assurer la soudure. Le manioc vient
toujours en fin de rotation vivrière et s e contente de sols tr&svariés : les
solsferrallitiquesargilo-sableux 2 argileuxluisontleplusfavorables.

L'igname est cultivéun peu partout, mais il ne prend uneextension


notablequ'entre l'Adamaoua et la Bénoué, où il est cultivé sur des sols
ferrugineux tropicaux lessivés.

Dans l'Ouest du pays , les principaux féculents cultivés sont l e macabo


et le taro.

3123 - Cultures industrielles et diverses

Coton.Le coton (LEUWERS, 1963) est la principalecultureindustrielle


du Nord-Cameroun et la sourced'importantsrevenusmonétaires. Son
extension a étéremarquabledepuis une douzaine d'années : l'entréeet
lemaintien du coton dansl'assollementnormaldespaysans du Nord
conditionnent et conditionnerontlongtemps le développementéconomique
de cette partie du Cameroun.

Le coton a des exigences écologiques et pedologiques assez strictes.


I1 réclame une pluviométrie moyenne, mais surtout bien répartie : il est
assez exigeant eneauetsouffredespériodesdesécheresse qui coupent
la saison des pluies. Aussi ses principales exigences pédologiques portent-
ellessur la capacitéderétentiond'eau du sol, qui doit etre suffisante
pour permettre un bon emmagasinementdel'eauentre les pluies.Le
coton préfère donc lessols aumoinssablo-argileux. De plus, le coton
demandeunsolbiendrainéet il ne souffrepasl'inondation : il faudra
veiller aussi bien au drainage externe qu'au drainage interne.
- 110 -

Lesmeilleurssols à coton sontlessols peuévolués sur alluvions


sablo-argileuses à argilo-sableusesetlessolsrougestropicauxqui,en
memetemps,sont bien drainésetretiennentsuffisammentl'eau : on
trouvedetelssolsautourdeMora, Maroua etGuider.Lesvertisols
s u r roche grenue retiennent aussi très bien l'eau, mais ils sont défavorisés
par leur mauvais drainage interne.

Lecoton est une cultureassezexigeante, que l'onplaceentete de


rotationetsurlaquelle il y a intéret à apporterlesengraisorganiques
dont on dispose. Lelabour a toujours un effet bénéfique et la culture en
billonsestrecommandéesur les sols à mauvaisdrainageinterne.La
culture cotonni&re bienconduite, sous l'impulsion d'un encadrement efficace,
doit servir de stimulant pour l'amélioration de toutes les activités agricoles
et pastorales du Nord-Cameroun et , par l'intermédiaire de l'augmentation
de la productivitéagricole , permettre unehausse duniveau devie des
populations .
Canne à sucre. La canne à sucre est une plante assez plastique qui peut
s'accommoderderégimesclimatiquesvariés . Cependant, lesprincipaux
facteursderendementsélevéssont une bonne pluviométrie et un bon
ensoleillement pendant la période de croissancevégétative;unesaison
sèche accusée, meme avec températures basses , favorise la maturité et
facilite la récolte ; l'insuffisance de piuviométrie peut etre compensée par
l'irrigation : ces conditions sontréaliséesdansdenombreusesrégions
du Cameroun.

Leproblèmeest donc surtout de trouver des surfaces, suffisamment


planesetimportantes pour justifier une culturemécaniséeindustrielle.
Lesterres volcaniques duMungo seraientexcellentes , maisellessont
déjà occupeespard'autrescultures.Lessolsdessavanes du Centre,
quand ils sont assez profonds , paraissent convenir , malgré l'inconvénient
despentes notable et du découpage dessuperficiesutilisables.Plusau
Nord , l'irrigation sera indispensable , si l'on veut utiliser certaines plaines
de l'Adamaoua ouduNord (vallée de la Bénoué).

Bananier.Lebananierestcultivédans tout l e Suddu pays , enzone


forestière ou à la limite foret-savane . Le bananier-plantain joue un grand
rôledansl'alimentationdecertainespopulations : la plantation sefait
leplussouventsurdéfrichement de jachèresforestières ou deforets ,
car c'est une planteexigeanteenélémentsminéraux.

Laculture du bananierpourl'exportationcommefruit (CHAMPION,


1963) n'a trouvé de bonnes conditions que dans le département duMungo :
pluviométriesuffisante etbienrépartie
, , associée à une température
moyenne élevée; bonnes terres volcaniques (sols peu évolués , sols bruns
eutrophesetsolsfaiblementferrallitiquessurrochesbasiques) à bon
potentiel organique et minéral ; proximité d'un port bien desservi. Malgré
la richessedessols,l'emploid'engraisminérauxestnécessairepour
obtenir des rendements élevés (DUGAIN , 1960).
$VOIR ILLUSTRATIONS PAGE 132
- 111 -

ACTIVITÉS PASTORALES
Dans la plus grande partie de l'Adamaoua , la principale utilisation du
solest le paturageextensif. On peut parler d'une véritableaptitudede
cette région à l'élevage , par suite de bonnes conditions sanitaires dues à
la disparition de la foret et à l a diminution de la température moyenne et
del'existenced'importantessuperficiesdesolsdifficilementutilisables
par l'agriculture (sols faiblement ferrallitiques sur roches acides et sols
ferrallitiques indurés) .
Dans le Norddu pays, surtout au Nord de la Bénoué , l'élevage tient
xussi unegrande place,maisparsuitede la plusfortedensitéde la
population,unegrande partiedes terres est utiliséeparl'agriculture ,
etl'aptitudedessols à l'élevageest beaucoupmoins stricte. I1 'existe
cependant d'importantes superficies dont l'aptitude actuelle , en l'absence
degrandstravauxd'aménagement , est nettement lepaturage : toute la
zone d'inondation du Logone.
, De meme,dansleszonespeuplées,touteslesterres non cultivées
sont utilisées comme p%turages pendant la saison des pluies , tandisque
les residus de culture sont paturés pendant la saison sèche.

A C T I V I T ~FORESTIÈRES ET DIVERSES
En dehors des activités agricoles et pastorales, d'immenses superficies
de terres restent inutilisées, que ce soit dans le Sud forestier, .dans les
savanes du Centre ou entre l'Adamaoua et la Bénoué : ce sont des réserves
deboiset de zonesdeplantationsarbustivesdansleSud,depaturages
et de terre agricole dans le centre et le Nord. On ne peut parler d'aptitude
forestière que dansdescasparticuliers : à l'échelonrégional,dansles
grandes zones à fortes pentes des sols faiblement ferrallitiques sur roche
indifférenciée ou de terres peu profondesdessolsferrallitiquesindurés
et des sols minéraux bruts et peu évolués d'érosion; à l'échelon local, dans
les secteurs en pente ou à sols peu profonds entre les terrains de culture ,
et où le reboisement peut 6tre intéressant pour maintenir l'équilibre agro-
sylvo-pastoral de la région.

32 - Coup d'œil surl'avenir +

LeCameroun estrelativement peu peuplé etpossèded'importantes


superficies de terres disponibles : cependant, les meilleures d'entre elles
et les plus faciles à mettre en valeur sont déjà utilisées , et le dévelop-
pementéconomique du pays , basée sur l'utilisation du s o l , doit se faire
aussibienparextensiondeszones,utilisées que paraméliorationde
l'utilisation des sols dans les zones déjà occupées.
321 - POSSIBILITBS D'EXTENSION

Lesculturesarbustives ont degrandespossibilités.d'extensiondans


tout le Sud du pays , particulièrement dans la zone forestière : le palmier
à huile etl'hévéadans la zone catière,lecacaoyeretlecaféierdans
- 112 -

le Centre-Sud etle Sud-Est du pays.Lessuperficiesdisponiblessont


importantes , mais les possibilités réelles ne peuvent etre connues qu'après
des études détaillées. La.faible densité de la population est une g&ne pour
une mise en valeur importante et il faudra envisager des mouvements de
population à l'intérieur du pays.
Comme nouvelle culture arbustive , on peut citer le théier à développer
dansl'Ouest du pays.Lacanne à sucre peuttrouver à s'implanterdans
certainessavanes du Centre,mais il ne faut pas croire que celles-ci
représentent un réservoir de terres important, car il existe de nombreux
obstacles à leurutilisationpartout : fortespentes , faibleprofondeur du
sol , diminution des caractéristiques de fertilité du sol , quand on s'éloigne
vers le Nord. Des possibilités de riziculture existent dans l'Ouest (plaine
duNoun) et sporadiquementdans le Sud.
Dans le Nord-Cameroun, lesmeilleurssolssontpratiquementdéjà
tous cultivés et , à p a r t i r de la zone peuplée formée par les départements
du Margui-Wandala, du Diamaré et du Mayo-Danaye , on peut prévoir une
extension des cultures vers le Sud et vers le Nord. Vers le Sud, il s'agit
de mieux utiliser les sols de la vallée de la Bénoué , puis de mettre en
valeur les sols ferrugineux tropicaux lessivés sur grès, puistout l'ensemble
des sols ferrugineux tropicaux lessivés et des sols hydromorphes à pseudo-
gley : les cultures possibles sont le sorgho repiqué et le sorgho de saison
despluies , leriz (avecaménagementshydrauliques)?l'arachide etle
coton. Vers leNord, la miseenvaleurdeszones inondées duLogone
nécessited'importantstravauxd'aménagementspour la riziculture, à
moins de se contenter de la culture extensive du sorgho repiqué.

-
322 POSSIBILITÉS D'AMI~LIORATION
Avant d'envisager uneextensionen surface des activités agricoles et
pastorales, il seraitd'ailleursplusintéressantd'améliorerl'utilisation
actuelle des terres : l'infrastructure économique existante (routes, chemin
de fer) serait mieux utilisée ; la productivité agricole serait améliorée ; la
pression démographique se ferait moins sentir dans les zones surpeuplées.
Certainesactionsd'améliorationsont connues , comme la prise de
mesuresantihosives , maisleproblèmeest de les faireappliquerpar
la masse paysanne ; d'autres , aucontraire,doiventencore faire l'objet
de recherches et d'expérimentation.
Pour les cultures arbustives du Sud , le problème est d'abord d'obtenir
une bonne implantation et un bon entretien des plantations : cultures pures ?
en particulier dans le Mungo, bon entretien des arbres , lutte contre les
parasites.Cen'est que s u r uneplantationcorrectemententretenue que
l'on peut envisager les problèmes de fertilisation, en particulier pour le
bananier et le caféier.
Les cultures vivrières ne doivent pas etre négligées : amélioration des
variétés , problèmes des jachères et du maintien de la fertilité. I1 faudrait
aussiétudiersérieusement les possibilitésdeculturemécaniséedans
certaines savanes du Centre et de l'Ouest , en se servant des expériences
réaliséesdans
despays
voisins (République Centrafricaine Congo) .
Dans l'Adamaoua, l'effort devrait porter sur une meilleure intégration
de l'agriculture et de l'élevage :délimiter les terresB vocation agricole, qui
seraient fumées et cultivées intensivement ; utiliser les plaines inondables
pour le p%turage de saisonsèche;améliorer la valeurdespaturages
(MONNIER , PIOT, 1964).

Malgré son handicap climatique , l e Norddu pays paraft plus avancé :


l e développement de la cultureet du transportattelé y estimportant ,
.
l'utilisation d'engrais organique est frequente I1 faut intensifier et etendre
cesactions,sansnégligertouslesproblèmesdeluttecontrel'érosion.
- 115 -

CONCLUSION

L'étude dessols du Cameroun fait apparartre que lesfacteursde


formation sont très variés en ce qui concerne :
a).Les conditions climatiques, qui s e ramènent aux régimes équatorial et
tropical, mais à l'intérieur desquels onpeutreconnailrequatretypes
declimatséquatoriauxettroistypestropicaux.Lesclimatsvarient
régulièrement depuis l'excessivement humide dans le Sud-Ouest, jusqu'au
prédésertique dans l'extreme Nord.
b)Lavégétation est la foretdenseombrophiledans le Sud,devenant
graduellement hémi-ombrophile . Différents types de savanes , de foret
claire, steppes à épineux lui succèdent duSud vers le Nord.
c ) Le socle précambrien affleure dans la moyenne partie du pays (granites,
migmatitesetrochesmétamorphiquesdiverses) . I1 estpartiellement
recouvertpar deux typesderoches : desrochesvolcaniquessurtout
basiquesdansl'Ouestet le Centre,desrochessédimentairesleplus
souvent détritiquesdans le Sud (Douala et Campo) et le Nord (bassin
de la Bénoué et depression tchadienne).
d) Du point de vue gt5omorphologique, on peut reconnai'tredepuis la mer
jusqu'auTchad : une surface catière quaternaire et actuelle s'étendant
à 100 ou 200 km vers l'intérieur, une surface à 6-800 m très 'étendue
dans tout le Sud (surface africaine) une surface à 1000-1200 m occupant
toute la partiecentrale(surfaces gondwanienne et postgondwanienne) ,
une surface à 200-400 m estimée fin tertiaire à subactuelle, un flot à
1000 m parallélisée avec la surface postgondwanienne et enfin la cuvette
de remblaiement 'tchadienne .
e) L'ensemble des habitants se livrantpartout à l'agriculture ; dans le Nord,
le Centre et l'Ouest, à l'élevage. Les concentrations les plus fortes se
situentdans les plateauxBamiléké et Mandara etautour de Yaoundé.

Sept classesdesols,d'importanceinégale,sontreprgsentées au
Cameroun.
Lessolsminérauxbruts , 700 O00 ha,soit1,6 '%I du total,sont
représentés par des masses rocheuses à peu près nuesdans le Mandara
ou dans différentes parties du pays. Dans cette classe, ont été rang6es les
cuirassesalumineuses ou ferrugineusesaffleurantes.Leurintéretminier
est parfois considérable (dans l'Adamoua, par exemple) ; du point de vue
agricole , il est négligeable.
- 116 -

Les sols peu évolués sont des sols d'érosion et dérivent de différents
matériaux.Ils occupent 1 200 O00 ha soit 2 , 8 % du total.Surroches
acides, ils sontbienreprésentésdans le Nord et supportentquelques
cultures de .mil sur roches basiques , coulées volcaniques, cendres ; leur
présence donne tout leurintéret à degrandespartiesdesdépartements
Mungo, Bamiléké et Bamoun etsupportentdesculturestrèsvariées
(Caféier d'Arabie, bananiers et cultures vivrisres diverses).
Sur alluvions et pediments , ils occupent quelque étendue, surtout dans
le Nord. Ils servent à des culturesdesorghoetdecoton.
Les vertisols sont essentiellement des sols de la partie Norddu pays
où ils représentent environ 800 O00 ha, soit 1,9 % du total. Ils dérivent
derochesbasiques ou d'alluvions.Cesontdessolstrèsargileux,de
couleurfoncéebienpourvusenélémentsfertilisants(surtoutcalcium).
Mais du fait des positions qu'ils occupent dans le paysage, de leur texture
très lourde, leur mise en valeur ne peut se faire que dans des conditions
assezspéciales(cultures de .sorghode décrue). Danscertainscas, on
peut y faire pousser du coton.
Lessols a mullsontessentiellementdessolsbruns ou brunfoncé
dérivés de roches volcaniques basiques. Ils sont moyennementprofonds ,
de bonne structureettextureetbienfournisenélémentsfertilisants.
Ils sontprésentsdans la partie Sud-Ouest du pays où ils représentent
130 O00 ha, soit O, 3 %.Ce sontdessols tout à faitintéressantspour
l'agricultureet on peut y fairepousser la plupartdesplantesrémuné-
ratricesenclimattropical humide (caféier , cacaoyer,bananier,etc.) .
Les sols à sesquioxydes occupent au Cameroun des superficies consi-
dérables auSuddu 9e parallsle.
Les sols ferrugineux tropicaux sont observés essentiellement entre la
Bénoué et le rebord Sud del'Adamaoua. Ils représentent 850 O00 ha et
2 % du territoire.Leurspropriétés physiques et chimiquessontassez
quelconques. Ils ne se pretent pas à un développement agricole remarquable,
endehorsdesplantesvivrières(sorgho,igname) .Ils sontoccupés par
la savane et la foret claire.
Les sols ferrallitiques occupent dans la partie centrale et Méridionale
du pays 33500 O00 ha, soit 78,5 %.Ils sont occupés par de la foret dense
ou la savane. Les sols ne présentent généralement pas de pentes très fortes,
leur épaisseur est très grande. Leurscaractéristiquesphysico-chimiques
sontassez quelconques etleurdegrédefertilitéestgénéralementbas.
Lessolsfaiblementferrallitiques(ferrisoliques) ont desteneursen
élémentsfertilisantsplusélevés , une meilleurestructureet se pretent
mieux à certainesculturescommecelles du cacaoyeret du caféier .
Lessolsferrallitiquesinduréssontfréquentsdans la partieEst du
pays où ils représentent 5 700 O00 ha, soit 13,5 %.La cuirasse , à faible
profondeur , est une gene pour le développement des végétaux et le faible
degrédefertilitéen font dessols peu justiciables d'un développement
économiquequelconque.
- 117 -

Lessolsferrallitiques typiquesrouges et .faiblementferrallitiques


représentent 17 600 O00 ha, soit 42 % du' total.Leurdegrédefertilité
estlimitéetcessols doivent Btre cultivésavecsoinpourentirerdes
récoltesprofitables(caféier,cacaoyersurtout).

Les sols ferrallitiques jaunes correspondent à la zone la plus pluvieuse


et atteignent 9 200 O00 ha, soit 2 1 , 8 '%du total. Malgré un degré de fertilité
assez réduit, ils peuvent s e prBter à quelques cultures adaptées au climat
(palmier à huile et hévéa, en particulier) .
La classedessolshalomorphesest cantonnée essentiellementdans
le Nord du pays, 310 O00 ha, soit O, 7 %I.
I1 s'agit de sols occupant des zones
planes et dont le drainage interne laisse à désirer. Les teneurs en sodium,
la structure du sol ne permettent pas une mise en valeur commode sans
de très gros frais de défonçagepour améliorer la structure.

La classe des sols hydromorphes est représentée un peu partout dans


le pays. Dans le- Sud, il s'agit de sols humiques à gley ou de sols hydro-
morphes mineraux. Leur'degré de fertilité est très variable, mais du fait
deleurplatitude, ils peuvent se prBter à la .riziculture à condition que
les travauxd'infrastructurenécessairessoientaccomplis.Lasuperficie
totale est de 2 500 O00 ha, soit 6, O %.
Dans l'ensemble, la densité.de la population est faible et le sol assez
peu occupé; des extensions des cultures actuellement entreprises peuvent
encore Qtre faites dans beaucoup de régions. Mais sirnultanement, il est
souhaitableque deseffortssoienttentéspouraméliorer les rendements
des productionsen cours.
- 119 -

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ILLUSTRATIONS
- 127 -

1 - Suvurze post-forestiè,revers Nkotetzg


{environs de Nangu-Eboko) .
Cliché J. Susini
- 128 -

3 - Feudebrousse d a m I'Adanzuoua p?rèsde Bugodo.


Cliche? P. SBgalen

4 - vm SW la surface africaine I depuis le yebord Sud


d u plateau de l'Adamaoua.
cliche?D. Martin
- 129 -

6 - Jeune plantatiotz de cotofz dép'adée


par l'éyosion (Nord-Cameroulz) .I
Clichd D. Martin
- 130 -

7 - Sol remanié par les vevres de ter-ve


dans la végion de la Bénoué.
Clid16 J. Susini

8 - Vevtisol prBs de DogBa (Dimm-é).


Cliche P. Segalen
- 131 -

9 - Cultures en tervasses PT&S d'Ozdjilu,


au Nord-Est d e Mokolo .
Cliché J , Susini
- 132 -

11 - Bananeraie sur sol peuévolué dé?-ivé


de yoclzevo1caziqzr.e dans le A4ulzgo .
Cliché P. Ségalen
- 133 -

14 - Cutvasse fermgimmse à l'Ouest de Mayo Djarerrdi


(Région de la Bénoué) .
Clich5 D. Martin
Composition 8, Impression
RAM-BAULT & G U I O T
18 rue de Calais, PARIS '?e
O. R. S. T. O. M.
Direction générale :

24, rue Bayard, PARIS-8'


Service Central de Documentation ;

70-74,route d'Aulnay,BONDY (93


Centre de Yaoundé
B.P. 193-YAOUNDÉ (Ré6 du Cameroun

O.R. S. T. O. M. Editeur
Dépôt légal :4"trim1966

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