NUT2006 Sa 0035 Ra
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- 2010 -
Secrétariat administratif
Mme Sheila GROS-DESIRS
Présidents
Monsieur Pierre Colin
Ecole supérieure de microbiologie et de sécurité alimentaire de Brest (ESMISAB)
Microbiologie
Membres du groupe de travail
Monsieur Georges Choubert
Retraité INRA
Nutrition des poissons
Monsieur Hervé Pouliquen
ONIRIS
Toxicologie, alimentation animale
Monsieur Jean-Louis Rivière
Retraité
Toxicologie environnementale
Madame Christine Burel
Unité alimentation animale du laboratoire de Ploufragan
Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES)
Alimentation des poissons
Madame Mariette Gerber
Retraitée INSERM
Nutrition humaine, cancérologie
Monsieur Alain Mimouni
CTCPA
Microbiologie, technologie des aliments
Monsieur Pierre Malle
Laboratoire des produits de la pêche de Boulogne-sur-mer
Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES)
Microbiologie des produits de la mer
Monsieur Jean-François Narbonne
Université de Bordeaux I, laboratoire de toxicologie
Toxicologie, contaminants chimiques
Monsieur Jean Duchemin
Agence de l’eau Seine Normandie
Contaminants, eau
Monsieur Tristan Renault
IFREMER, laboratoire de génétique et pathologie
Pathologie en aquaculture, innuno-virologie
Madame Chantal Cahu
Unité mixte INRA – IFREMER, laboratoire de nutrition des poissons
Nutrition des poissons
Monsieur Benjamin Guichard
Laboratoire Afssa de Fougères (jusqu’en mars 2008)
Monsieur Jean-Charles Guillaume
Retraité IFREMER
Nutrition des poissons, taxonomie
Monsieur Jérôme Lazard
CIRAD
Productions tropicales des poissons
Madame Françoise Médale
INRA de Saint Pée sur Nivelle
Nutrition des poissons
1 INTRODUCTION 19
3 ASPECTS NUTRITIONNELS 43
4.3 Evaluation des risques biologiques liés à la consommation des PMC 103
4.3.1 Zoonoses parasitaires 103
4.3.1.1 Helminthes 103
4.3.1.2 Protozoaires 106
4.3.2 Bactéries 107
4.3.2.1 Salmonelles 107
4.3.2.2 Listeria monocytogenes 108
4.3.2.3 Clostridium botulinum 112
4.3.2.4 Vibrions potentiellement pathogènes 113
A-Vibrio parahaemolyticus 114
B- Vibrio cholerae 116
4.3.3 Virus 117
A-Rotavirus 119
B-Astrovirus 119
4.5 Importations et contrôles à l’importation des PMC en provenance des pays tiers 122
4.6 Alertes sanitaires sur les PMC au cours des dix dernières années 123
4.6.1 Contaminants chimiques 124
4.6.2 Contaminants liés aux toxines 124
4.6.3 Contaminants microbiologiques 124
6 SYNTHESE 150
ANNEXE 8 : Proposition d’une liste de HAP et de leur facteur d’equivalence toxique (TEF) pour
évaluer l’exposition alimentaire aux HAP 160
ANNEXE 10 : Extrait de l’avis de l’afssa du 14 juin 2010 relatif aux benefice/risque lies a la
consommation de poissons 162
TABLEAU III : NIVEAU PROTEIQUE OPTIMAL POUR QUELQUES ESPECES DE POISSONS D’ELEVAGE ................... 30
TABLEAU IV : EMPLOI DE FARINES (FP) ET D’HUILES (HP) DE POISSON DANS LES DIFFERENTES FILIERES
AQUACOLES EN POURCENTAGE DE LA DISPONIBILITE MONDIALE (FP : 6,2 MILLIONS DE TONNES; HP : 1,1
MILLIONS DE TONNES)* .................................................................................................................... 31
TABLEAU V : CONTENU EN AGPI DE DIFFERENTES HUILES (% DES ACIDES GRAS TOTAUX) .............................. 31
TABLEAU VIII : INGREDIENTS ET TENEURS EN PROTEINES ET LIPIDES D’ALIMENTS POUR CREVETTES .............. 42
TABLEAU IX : COMPOSITION MOYENNE DES PRODUITS AQUATIQUES LES PLUS CONSOMMES EN FRANCE, POUR
LES MACRONUTRIMENTS ET LES PRINCIPALES VITAMINES ................................................................... 44
TABLEAU X : COMPOSITION MOYENNE DES PRODUITS AQUATIQUES LES PLUS CONSOMMES EN FRANCE, POUR
LES PRINCIPAUX MINERAUX ET OLIGOELEMENTS (PAR 100 G DE PRODUIT FRAIS) ................................. 45
TABLEAU XII : ROLE DES PRINCIPALES VITAMINES, SYMPTOMES DE CARENCE ET APPORTS NUTRITIONNELS
CONSEILLES EN FONCTION DU SUJET ................................................................................................ 49
TABLEAU XIII : ANC POUR LES PRINCIPAUX MINERAUX ET OLIGO-ELEMENTS CARACTERISTIQUES DES PRODUITS
AQUATIQUES ................................................................................................................................... 50
(1)
TABLEAU XIV : COMPOSITION ET TENEUR EN ACIDES GRAS DU MUSCLE DES POISSONS ............................... 55
TABLEAU XV : SYNTHESE DES ETUDES RELATIVES A LA MALADIE D’ALZHEIMER ............................................. 68
TABLEAU XVI : FACTEURS D' EQUIVALENCE TOXIQUE (TEF) DES CONGENERES DE DIOXINES, FURANES ET PCB
"DIOXIN-LIKE" .................................................................................................................................. 82
FIGURE 1 : VOIES DE BIOSYNTHESE DES ACIDES GRAS POLYINSATURES LONGUE CHAINE DES SERIES N-3, N-6
ET N-9 ............................................................................................................................................ 47
Vu l'
arrêté du 23 août 2000 relatif aux comités d'
experts spécialisés placés auprès de l'
Agence
française de sécurité sanitaire des aliments ;
Vu la décision du 17 juillet 2003 établissant une liste d’experts auprès de l’Agence française de
sécurité sanitaire des aliments ;
Vu l'
arrêté du 3 septembre 2003 portant nomination aux comités d' experts spécialisés placés
auprès de l'
Agence française de sécurité sanitaire des aliments ;
Vu l’arrêté du 15 octobre 2003 modifiant l’arrêté du 3 septembre 2003 portant nomination aux
comités d' experts spécialisés placés auprès de l' Agence française de sécurité sanitaire des
aliments ;
Vu l'
arrêté du 18 août 2004 portant nomination aux comités d'
experts spécialisés placés auprès
de l'
Agence française de sécurité sanitaire des aliments ;
DECIDE :
Article premier. Il est créé sur proposition du Comité d' experts spécialisé « Alimentation
animale » lors de la réunion du 15 janvier 2004 un groupe de travail dénommé « Aspects
sanitaires et nutritionnels des poissons, mollusques et crustacés ». Il a pour objectif de
réaliser :
• un état des lieux des pratiques d’alimentation des poissons, mollusques et
crustacés ;
• une évaluation de l’impact des pratiques d’élevage sur la qualité nutritionnelle des
poissons, mollusques et crustacés et sur l’environnement ;
• une évaluation des risques nutritionnels et sanitaires pour le consommateur
liés à la consommation des poissons, mollusques et crustacés ainsi qu’une
analyse bénéfice/risque pour cette même consommation.
- Autres experts :
Mme Christine Burel (Afssa, Ploufragan)
Mme Chantal Cahu (IFREMER)
M. Yves Douzal (Afssa, Direction scientifique)
M. Benjamin Guichard (Afssa, Fougères)
M. Jean-Charles Guillaume (retraité, IFREMER)
M. Jérome Lazard (CIRAD)
Mme Françoise Médale (INRA)
Mme Marielle Thomas (Muséum-Aquarium de Nancy)
Article 3. M. Pierre Colin est nommé président du groupe de travail mentionné à l'
article
premier.
Article 4. Les conclusions du groupe de travail seront présentées aux Comités d’experts
spécialisés « Alimentation animale », « Eaux », « Microbiologique », « Nutrition
humaine », « Résidus et contaminants chimiques et physiques » et « Santé animale »
dans un délai de 18 mois.
Article 5. Le secrétariat du groupe de travail mentionné à l’article premier est assuré par la
Direction de l’évaluation des risques nutritionnels et sanitaires.
Article 6. La présente décision sera publiée dans le Bulletin officiel de l’Agence française de
sécurité sanitaire des aliments.
CRUSTACES
Araignée de mer Maia squinado
Cigale de mer Scyllarides latus
Crabe vert Carcinus maenas / C. aestuari
Crevette bouquet Palaemon serratus
Crevette d'élevage Penaeus vannmei / P. monodon
Crevette grise sauvage Crangon crangon
Ecrevisse Astacus leptodactylus
Etrille Macropipus puber
Homard Homarus gammarus
Langouste Palinurus vulgaris
Ouassou Macrobrachium rosenbergii
Tourteau Cancer pagurus
MOLLUSQUES
Bigorneau Littorina littorea
Bulot Buccinum undatum
Calmar Loligo forbesi
Chaubette Donax denticulatus
Clams Mactra species
Coque Cardium edule
Coquille Saint Jacques Pecten maximus
Huître creuse japonaise Crassostrea gigas
Huître plate Ostrea edulis
Moule Atlantique Mytilus edulis
Moule Méditerranée Mytilus galloprovincialis
Ormeau Haliotis tuberculata
Palourde européenne Ruditapes decussatus
Palourde japonnaise Ruditapes philippinarum
Pétoncle Chlamys varia
Pétoncle Vanneau Proteopecten glaber
Poulpe Octopus vulgaris
Pousse-pied Pollicipes cornucopia
Praire Venus verrucosa
Seiche Sepia officinalis
Tellines Tellina species
Il convient de noter que les aspects de santé et de bien-être des animaux n’ont pas été inclus
dans le champ d’évaluation. L’évaluation de l’impact des pratiques de pêche et d’élevage sur
l’environnement n’a pas été traitée. Néanmoins quelques éléments sont évoqués en matière de
gestion durable des ressources halieutiques.
Ce rapport a été réalisé dans le cadre d’un groupe de travail rassemblant notamment des
experts des Comités d’experts spécialisés (CES) « Alimentation animale », « Nutrition
humaine », « Microbiologie », et « Résidus et contaminants chimiques et physiques ». Ce
groupe de travail a procédé à l’analayse des documents scientifiques et techniques collectés et
a également auditionné des personnalités succeptibles d’apporter des compléments
d’informations utiles à la réflexion engagée. Ce rapport a été présenté puis soumis à la relecture
des quatre CES impliqués entre mars et avril 2008.
Ce rapport présente les différentes ressources des poissons, mollusques et crustacés les plus
consommés en France, leurs modes de production, de transformation et de distribution aux
consommateurs, et apporte des éléments de réponse aux interrogations posées sur la qualité
nutritionnelle et sanitaire de ces produits.
Parallèlement à cette démarche, l’agence a rendu le 14 juin 2010 un avis relatif aux
bénéfices/risques liés à la consommation de poisson, en s’appuyant notamment sur les
réflexions apportées par le présent rapport, alors en cours de finalisation.
Presque tous les animaux comestibles pêchés pour l’alimentation appartiennent à l’embranchement
des vertébrés (super-classe des poissons) et à deux embranchements d’invertébrés. Tous sont des
ectothermes (pœcilothermes ou animaux à sang froid).
Pour les zoologistes, les poissons ne forment pas une classe homogène, mais une super-classe. Si
l’on excepte les types très primitifs comme la lamproie, on doit d’abord distinguer les poissons
cartilagineux ou sélaciens (requins et raies) et les poissons osseux eux-mêmes subdivisés en
chondroichthyens (esturgeons) et téléostéens, ces derniers représentant l’immense majorité des
poissons. Il existe plus de 30 000 espèces répertoriées, très inégalement pêchées. Sauf rarissimes
exceptions, les poissons se reproduisent par fécondation externe et leur vie commence par des
stades larvaires. Les modes de vie et d’alimentation sont des plus divers. En mer, le phytoplancton
constitue le début de la chaîne alimentaire ; schématiquement, il est surtout mangé par le zooplancton
qui lui-même nourrit les larves de nombreux poissons. Parmi les poissons adultes, on compte très peu
d’herbivores : pour la très grande majorité, il s’agit d’omnivores, détritivores, nécrophages, mais
surtout de carnivores de premier ordre ou d’ordre supérieur (se nourrissant de carnivores). Certaines
espèces dites pélagiques vivent en pleine eau, d’autres, dites benthiques, vivent sur le fond. Les
grands fonds (à partir de 1 000 m), très peu productifs, sont pêchés depuis peu.
L’embranchement des mollusques, très vaste, comprend des animaux marins, d’eau douce ou
saumâtre, parfois terrestres, caractérisés par un corps mou protégé, en général, par une coquille
rigide minéralisée, d’où leur nom vernaculaire de « coquillages ». Outre des classes mineures, il en
comprend trois de grande importance numérique et parfois économique :
- les bivalves sont des animaux dépourvus de tête, se nourrissant (sauf exceptions)
exclusivement de particules microscopiques, et en particulier de phytoplancton. Fixés ou
libres, ils sont protégés par une coquille séparée en deux valves. On en connaît environ 12
000 espèces, incluant la plupart des coquillages pêchés. Certains, comme les huîtres, font
l’objet d’aquaculture extensive depuis deux millénaires ;
- les gastéropodes ont une particularité unique dans le monde animal : leurs viscères sont
enroulés. Ils sont protégés par une coquille en hélice et sont souvent détritivores. Plus de 100
000 espèces (aquatiques ou non) sont connues, mais seul un nombre réduit est pêché pour la
consommation : ormeau, bulot, bigorneau, etc. ;
- les céphalopodes forment une classe très particulière et très évoluée (système nerveux
perfectionné, œil semblable à celui des vertébrés, etc.). Leur coquille (« os » de la seiche ou
« plume » du calmar) est interne. Ils nagent par réaction et sont carnivores. On ne compte que
700 espèces, mais certaines, comme les calmars et les seiches, font l’objet d’une pêche
importante. En général, ils ne reçoivent pas le nom de coquillage.
Les crustacés, dont on a recensé 45 000 espèces libres ou fixées, aquatiques ou terrestres, forment
un sous-embranchement parmi les arthropodes qui comprennent aussi les insectes, les arachnides,
etc. Ils sont notamment caractérisés par un corps recouvert de chitine (parfois calcifiée), des
segments articulés et deux paires d’antennes. A de rares exceptions près (pouce-pied, crustacé
cirripède), les espèces pêchées sont des décapodes : crevettes, crabes, langoustes, homards, cigales
de mer, écrevisses.
La possibilité d’élevage des crustacés, très recherchés pour la saveur particulière de leur muscle,
dépend de certaines caractéristiques biologiques et tout spécialement du nombre de stades larvaires.
Apparue il y a plusieurs siècles en Asie sous une forme extensive, l’aquaculture des crevettes a pris
e
un caractère intensif et a connu un essor foudroyant à la fin du XX siècle.
Thon Pêche frais, conserve France (mis en conserve majoritairement à l’étranger : Côte
d'Ivoire, Espagne, Seychelles, Madagascar) et importation
Moules Elevage frais, congelé France et importation (Pays Bas, Irlande, Espagne, Danemark,
Chili)
Huîtres Elevage frais France
Coquilles Saint-Jacques Pêche + frais, congelé Importation majoritaire : Royaume-Uni, Canada, Etats-Unis, Chili,
Elevage Argentine, Pérou
Crevettes pêche + congelé, cuit Importation majoritaire : Thaïlande, Madagascar, Brésil,
Elevage réfrigéré Indonésie, Equateur, Inde, Nigeria, Malaisie, Guatemala, Pays-
Bas
De 40 000 à 100 000
tonnes
Merlu Pêche congelé, frais Importation majoritaire: Argentine, Espagne, Namibie, Uruguay
Lieu noir Pêche frais, congelé Importation (Chine, Allemagne, Norvège) et France
Surimi Pêche frais, congelé France à partir de matière première en majorité importée
Poissons d’eau douce : frais, congelé Importation majoritaire : Pays-Bas, Ouganda, Tanzanie,
perche du Nil, Pêche Danemark, Afrique du Sud, Vietnam
pangasius, tilapia Elevage
Source OFIMER -classés selon le tonnage annuel vendu sur le marché français
Les principales autres espèces débarquées par la flotte française sont le hareng (36 500 tonnes), la
sardine (30 000 tonnes), le maquereau (23 500 tonnes), la coquille St-Jacques (22 000 tonnes), la
seiche (21 500 tonnes), le lieu noir (17 500 tonnes) et l’anchois (16 000 tonnes).
Le tableau II indique la période de débarquement, pour les sept espèces de poissons provenant de la
pêche, les plus consommées en France. Les produits issus de l’élevage présentent l’avantage d’être
disponibles toute l’année. Cependant, les données de consommation collectées par l’OFIMER mettent
en évidence une saisonnalité de consommation même pour les produits d’élevage : décembre pour
les huîtres, août à octobre pour les moules, décembre à avril pour le saumon.
Parmi les poissons les plus consommés, seuls les salmonidés (saumon et truite) et les poissons
tropicaux (pangasius, tilapia) sont des produits d’élevage. En France, les produits de l’aquaculture
représentent maintenant 24% du volume des produits aquatiques consommés ; c’est le pays
européen où cette proportion est la plus forte. En effet, les français sont de grands amateurs non
seulement de saumon et de truite, mais également de coquillages (huîtres et moules) et de crustacés
d’élevage (crevettes tropicales).
Environ 12% des poissons consommés en France sont issus de l' élevage (17% en moyenne en
Europe et près de 50% au niveau mondial). Cette tendance devrait s' accroître au cours des
prochaines années, en raison de la raréfaction de certains stocks de poissons exploités par la pêche.
Les filets de poissons tropicaux d’élevage comme le pangasius (Vietnam) ou le tilapia (Zimbabwe,
Costa-Rica) sont moins présents sur le marché français que sur les marchés européens voisins,
Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas notamment. La percée, observée ces dernières années,
devrait cependant se poursuivre car ces produits (filets de chair blanche à saveur et odeur peu
prononcées) répondent à la demande, en particulier de la restauration collective. En plus des espèces
traditionnelles, on trouve aussi de plus en plus souvent sur le marché des poissons tropicaux frais
comme le mérou, le thiof ou le coq rouge, en provenance du Sénégal, de la Thaïlande ou du
Vénézuela.
L’introduction d’espèces exotiques dans des biotopes où elles se développent aux dépens d’espèces
natives peut mettre en péril des écosystèmes aquatiques fragiles, comme on l’observe pour la perche
du Nil dans le lac Victoria. Ce risque existe également pour des espèces introduites à des fins
aquacoles.
2.3.1 Politique commune, état des stocks et « Total Admissible Capture » (TAC)
En Europe de l’ouest, la production de la pêche est fortement marquée par le contexte réglementaire
de l’Union européen et principalement par la Politique Commune des Pêches (PCP). Dès 1970, a été
posé le principe de la mise en commun, en matière de pêche, de l’ensemble des eaux maritimes des
Etats Membres (EM) de l’Europe, la bande côtière des Etats Membres (12 milles marins) faisant l’objet
de restrictions et de dérogations. Ce régime communautaire vise à assurer la gestion et la
conservation des ressources halieutiques et de l’aquaculture. La PCP a pour objectif de parvenir à
une exploitation durable, tant pour la viabilité des entreprises que pour la protection des écosystèmes.
La Communauté européenne se base sur des études scientifiques, telles que la taille des stocks de
Une récente étude américaine (Worm et al., 2006), conclut, à partir de l’extrapolation de la situation
actuelle, à la possibilité d’une disparition totale des poissons marins en 2048. C’est ce qui arriverait si
des mesures de la gestion au niveau mondial des ressources océaniques n’étaient pas prises et
respectées dans les décennies à venir. En dehors de cet effet d’annonce, cette étude montre bien que
la conservation de la biodiversité est indispensable pour préserver la stabilité et la productivité des
ressources naturelles. Les auteurs préconisent le développement d’un réseau d’aires marines
protégées comme moyen de contrecarrer le processus de perte de biodiversité.
2.3.2 Captures
La situation des pêches mondiales a connu une évolution spectaculaire au cours des cinquante
dernières années. Après la seconde guerre mondiale, la production a quadruplé, passant de 20
millions à 80 millions de tonnes. Cette progression était due à la mise en exploitation de nouveaux
stocks ainsi qu’à une augmentation des capacités de capture. Dans les années 70-80, un
ralentissement s’est fait sentir, et depuis deux décennies, la production mondiale stagne, les flottilles
étant sur-capacitaires et les stocks sur-exploités. Si les captures totales sont en apparence stables,
c’est du fait du transfert de la pêche des espèces traditionnelles de haut niveau trophique (carnivores,
comme la morue et l’églefin ; en écologie, le niveau trophique se définit comme la position qu’occupe
un organisme vivant dans le réseau alimentaire) vers des espèces de plus petite taille et de moindre
niveau trophique (merlan bleu, lançon) ou des stocks momentanément productifs mais menacés à
court terme de disparition (espèces profondes). En effet, il n’y a pratiquement plus d’espèces
inexploitées ou sous-exploitées qui offriraient des ressources nouvelles. La surexploitation s’est
installée rapidement dans les zones utilisées par les pays développés (Atlantique-Nord, Pacifique-
Nord) mais elle touche maintenant l’ensemble des océans. L’activité de pêche a été guidée par les
besoins croissants du marché, les progrès technologiques qui ont favorisé l’accroissement des
capacités de capture des navires et les aides (subventions). Les ressources halieutiques,
renouvelables mais limitées, sont restées en majorité en libre accès au niveau mondial. Les quelques
systèmes de gestion mis en place dans l’Union européenne ont été fréquemment battus en brèche
par les intérêts nationaux.
Au niveau mondial, 93 millions de tonnes de produits de la pêche ont été débarqués en 2003 (84,5
provenant du milieu marin et 8,5 du milieu continental). Soixante et un millions de tonnes ont été
directement consommés par l’homme, 25 millions de tonnes ont été transformés en farine et huile
pour l’alimentation animale dont l’aquaculture, et 7 millions de tonnes ont été utilisés pour des usages
non directement alimentaires. Une tonne de poisson frais donne 200 à 250 kg de farine et 40 à 50 kg
d’huile, les productions mondiales totales étant de 6 millions de tonnes de farine et 1 million de tonnes
d’huile.
2.3.3 Rejets
Alors que la ressource est limitée, des poissons capturés sont rejetés en grande quantité à la mer et
n’y survivent pas. Ils entrent alors dans la chaîne alimentaire des organismes carnivores. Les espèces
rejetées ont peu de valeur marchande et encombreraient la cale au détriment de l’espèce recherchée.
C’est aussi le cas du poisson abîmé par la pêche et en mauvais état ou qui n’atteint pas la taille
réglementaire, interdisant ainsi son débarquement.
Au niveau mondial, la quantité de ces rejets atteint près de 8 millions de tonnes. Ce chiffre a
cependant été divisé par quatre entre 1994 et 2004, grâce d’une part à une estimation plus correcte et
d’autre part à une meilleure sélectivité des engins de pêche et à un meilleur usage des captures
accessoires, moins rejetées et mieux valorisées sur les marchés. Cependant, dans le cas de certaines
pêcheries comme celle des crevettes tropicales pêchées au chalut, les rejets représentent 70 à 95 du
trait. En effet, la capture des crevettes au chalut exige un filet de petit maillage, entraînant des
captures de poissons dont la valeur marchande est bien inférieure à celle des crevettes.
Il s’agit donc de réduire les rejets par une meilleure sélectivité des engins de pêche, certains étant très
sélectifs et générant peu de captures accidentelles, comme la ligne ou les casiers, d’autres comme les
chaluts générant au contraire des rejets et ayant souvent une action destructive sur les habitats ;
l’utilisation de ces techniques doit donc être optimisée. Les pêcheries les moins sélectives restent le
chalut à crevettes en milieu tropical (1,9 millions de tonnes de rejets) et les palangres à thon et à
grands poissons pélagiques (1,5 millions de tonnes de rejets). Enfin, il faut noter que les rejets sont
très faibles en Asie, les espèces étant moins sélectivement consommées et l’aquaculture utilisant le
reste.
Vingt cinq millions de tonnes de poissons sont pêchés pour produire des farines et des huiles
destinées à nourrir des animaux d’élevage, dont les poissons et les crevettes d’aquaculture. Ce sont
principalement de petits poissons pélagiques (90 %) et des poissons de fond. L’anchois du Pérou
constitue la principale espèce, mais sa production est très variable en fonction des conditions
climatiques, très dépendantes du phénomène hydroclimatique El Niño, qui a fait passer les
débarquements d’anchois du Pérou de 11,3 millions de tonnes en 2000 à 6,2 millions de tonnes en
2003. Pour le Pacifique, l’anchois du Japon et le chinchard du Chili sont fortement représentés dans
les pêches minotières. Pour l’Atlantique, il s’agit essentiellement du merlan bleu, qui avec une
production de 2,4 millions de tonnes en 2004, est notoirement surexploité. La France dispose d’un
quota pour cette espèce (35 000 tonnes en 2006) ; ce quota est utilisé entièrement pour la fabrication
de surimi pour la consommation humaine. Le capelan de la mer de Barents, le sprat de Baltique et de
la mer du Nord et le lançon et le tacaud norvégien de la mer du Nord, constituent les autres espèces.
Ces poissons peuvent être pêchés par de très grands chalutiers usines, mais aussi par des bateaux
plus petits. Leurs stocks sont pour la plupart surexploités. Par ailleurs, cette pêche présente une
sélectivité médiocre : des juvéniles d’espèces de consommation, comme le hareng, peuvent être
capturés avec les espèces de petite taille. L’impact de ce prélèvement sur l’écosystème est mal
connu : les espèces concernées par cette pêche minotière contribuent également à l’alimentation
d’espèces plus grosses. Enfin, une partie de cette pêche pourrait être utilisée directement pour la
consommation humaine après transformation. Ainsi, le merlan bleu, jusqu’à présent réservé à la
pêche minotière, est maintenant valorisé sous la forme de surimi.
Des perspectives d’évolution des différents produits aquatiques ont été établies sur la base de
prospectives. Il convient de distinguer le cas des pêches et celui de l’aquaculture séparément. Dans le
cas des pêches, le scénario le plus probable est celui d’une réduction des captures totales tant
minotières qu’alimentaires (Chevassus-au-Louis, 2006). Dans le cas de l’aquaculture, la dynamique
actuelle devrait se poursuivre avec des taux de croissance plus modérés. En ce qui concerne
l’aquaculture française, la Commission INRA Filière Poissons a proposé cinq scenarios d’ici à 2021.
Ces futurs possibles sont accompagnés de descripteurs permettant de suivre l’évolution de la situation
(INRA, 2007).
Après une augmentation spectaculaire au cours des cinquante dernières années, la production
mondiale de PMC par la pêche stagne maintenant autour de 93 millions de tonnes par an et
n’augmentera pas, la plupart des stocks mondiaux étant sur-exploités. A coté de l’alimentation
humaine, environ un tiers de ces ressources est actuellement utilisé pour l’alimentation
animale ou pour des usages non alimentaires. La ressource étant limitée, les rejets de pêche
devraient être diminués.
En France, la pêche récréative, à pied, à la ligne, au filet ou en plongée, est pratiquée par près
de 4 millions de français. Même si les chiffres correspondant à ce prélèvement restent
globalement faibles, la pêche récréative représente, pour certaines espèces comme le bar, un
prélèvement proche de celui de la pêche professionnelle. De même, certains gisements
naturels de coquillages sont menacés d’épuisement.
2.4.1 Alimentation des poissons d' élevage : besoins nutritionnels des poissons et
composition des aliments piscicoles
Lors des débuts de la pisciculture, les poissons étaient alimentés avec « des poissons fourrage » ou
des déchets de la pêche et des conserveries, pour simuler l’alimentation en milieu naturel. Cette
pratique générant une quantité importante de déchets, n’était compatible ni avec une intensification de
la pisciculture, ni avec le respect de l’environnement. Aujourd’hui, près de la moitié des poissons
d’élevage, dans le monde, sont nourris avec des aliments composés fabriqués à partir d' un mélange
de plusieurs matières premières dans des proportions fixées pour couvrir leurs besoins de croissance.
2.4.1.1 Protéines et acides aminés
Comparés aux homéothermes (vertébrés supérieurs), les poissons et les crevettes ont des besoins
énergétiques très réduits par suite de leur caractère ectotherme, tandis qu’ils ont besoin de quantités
semblables de protéines alimentaires pour la synthèse de leurs propres protéines corporelles. De ce
fait, les aliments pour ces animaux doivent être plus riches en protéines mais plus pauvres en énergie,
avec des rapports protéines/énergie de 16 à 20 g de protéine/MJ d’énergie.
Tableau III : Niveau protéique optimal pour quelques espèces de poissons d’élevage
La source majoritaire de protéines dans les aliments destinés aux poissons, est la farine de poisson,
car celle-ci est riche en protéines (65 à 70%) et son profil en acides aminés est idéal pour couvrir ses
besoins. Une autre source de protéines utilisée dans les aliments piscicoles est l' hydrolysat de
poisson (ou concentré protéique). Ces ingrédients (farine et hydrolysats) sont obtenus à partir des
captures de pêche minotière. La qualité de la farine dépend tout d’abord de la fraîcheur des poissons
qui la constituent ; en effet, avec le temps et la température extérieure, les protéines se dégradent très
vite sous l’action des bactéries et des enzymes du poisson (autolyse), formation de composés azotés
(ammoniac, amines biogènes) qui altèrent la flaveur de la farine et sa digestibilité. Selon les espèces
qui les composent, les farines de poisson peuvent avoir des teneurs variables en protéines et en
matières minérales. Les déchets de filetage et de conserveries servent aussi de matière première
pour fabriquer des farines, mais le muscle ayant été prélevé pour la consommation humaine, il en
résulte une farine riche en matières minérales (arêtes) et pauvre en protéines (inférieure à 65%).
L'aquaculture est donc très dépendante de la pêche et puise dans les ressources naturelles marines
(tableau IV). Il est reconnu que la production de farine de poisson ne pourra pas dépasser les
30 millions de tonnes actuels par an, or l'aquaculture continue à se développer et s' intensifier. Il faut
donc trouver des substituts efficaces aux farines de poisson. Des essais concluants avaient été
conduits dans les années 70-80 à partir de déchets d' abattoir (farine de sang en particulier). En
France, en vertu de l' arrêté du 15 novembre 2000, l’utilisation de farines issues d’animaux terrestres
pour l’alimentation des poissons d’élevage est interdite à l' exception de la farine de sang de non
ruminants, à nouveau autorisée par l' arrêté du 18 juillet 2006. Ces farines de sang proviennent
uniquement de porc et de volaille et doivent subir un traitement thermique éliminant tout risque de
transmission de germes. Dans les aliments commerciaux actuels pour salmonidés, environ 50% des
protéines sont apportées par un mélange de matières premières végétales permettant de limiter
l'
incorporation de farines de poisson. Les régimes alimentaires des espèces d' eaux chaudes
(omnivores ou herbivores) en contiennent davantage. Les principaux freins au remplacement total
sont la faible teneur en protéines des matières premières végétales, leurs profils en acides aminés et
la présence de facteurs antinutritionnels. Il est ainsi parfois nécessaire de compléter les aliments à
Tableau IV : Emploi de farines (FP) et d’huiles (HP) de poisson dans les différentes filières aquacoles en
pourcentage de la disponibilité mondiale (FP : 6,2 millions de tonnes; HP : 1,1 millions de tonnes)*
1
Acides gras polyinsaturés (plus de 2 doubles liaisons) de la série n-3 (première double liaison située sur le 3ème carbone après
l’extrémité méthyl)
Le contenu en EPA et DHA des huiles varie selon les espèces à partir desquelles elles sont
fabriquées : les huiles d'
anchois, de sardines et de menhaden sont plus riches que celles de harengs.
Les AGPI étant sensibles à l' auto-oxydation, il convient de les protéger avec des antioxydants
(vitamine E par exemple).
Les huiles végétales renferment très peu d’acides gras contenant plus de 20 atomes de carbone mais
contiennent des quantités élevées d'acide linoléique.
Pour couvrir les besoins en acides gras essentiels des poissons et pour assurer la qualité
nutritionnelle des produits aquacoles, l’incorporation d’huiles de poisson reste actuellement la voie
privilégiée. Cependant la ressource mondiale en huiles de poisson est encore plus limitée que celle de
la farine. Il faut donc trouver des substituts. Les besoins en acides gras polyinsaturés à longue chaîne
des poissons étant faibles, ils peuvent être couverts par un très faible apport (de l' ordre de 1% de la
ration). Une fois ces besoins couverts, l' huile de poisson peut être remplacée par des huiles végétales
telles que les huiles de lin, de palme, de soja, de tournesol ou de colza seules ou en mélange, sans
altérer la croissance et le métabolisme des poissons. En revanche, la concentration en AGPI-LC n-3
de la chair des poissons est alors fortement modifiée car la composition en acides gras de la chair
reflète la composition en acides gras du régime alimentaire (voir chapitre 3.2.2.2). La solution
actuellement préconisée pour épargner les stocks d' huiles de poisson tout en préservant la valeur
diététique de la chair, est de recourir à une alimentation contenant des huiles de poisson seulement
en fin de cycle d' élevage, afin de restaurer un profil en acides gras caractéristique des poissons (Bell
et al., 2003 ; Izquierdoa et al., 2005 ; Regost et al., 2003).
2.4.1.3 Vitamines, minéraux et oligoéléments
Pour leur développement et leur croissance, les poissons ont aussi besoin de vitamines, de minéraux
et d'oligoéléments. Globalement, ils ont besoin des mêmes vitamines que les vertébrés supérieurs
même s' ils présentent quelques particularités. Ainsi, ils ne sont pas capables de synthétiser l' acide
ascorbique, qui doit donc être apporté par l'alimentation. De ce fait, dès le début de l’emploi d’aliments
composés en pisciculture, les fabricants y ont incorporé des mélanges vitaminiques semblables à
ceux utilisés pour les autres animaux. Des mélanges de minéraux et d' oligo-éléments sont aussi
ajoutés comme ingrédients aux aliments même si ces micro-nutriments se trouvent le plus souvent en
quantité suffisante dans l' eau. L' eau douce et l’eau saumâtre ont une composition éminemment
variable, alors que celle de l’eau de mer est relativement constante et toujours riche en oligo-éléments
rares sur terre comme l’iode ou le sélénium. L’addition de ces additifs se fait, dans l’Union
européenne, conformément au règlement (CE) n° 1831/2003.
Le tableau VI récapitule les composants des aliments aquacoles ainsi que les matières premières qui
les apportent.
potassium : 90 ; citrate de fer : 20 ; iodure de potassium : 0,4 ; chlorure de sodium : 40 ; phosphate bicalcique (CaHPO4, 2H2O) : 500 ; sulfate de cuivre : 3 ;
sulfate de zinc : 4 ; sulfate de cobalt : 0,2 ; sulfate de manganèse : 3.
3 Composés responsables de la couleur caractéristique de la chair des salmonidés et que les poissons ne sont pas capables de synthétiser
En conclusion, en élevage intensif, les poissons sont nourris avec des aliments composés, fabriqués à
partir d'
un mélange de plusieurs matières premières, dans des proportions fixées pour couvrir leurs
besoins et leur offrir des conditions optimales pour leur croissance. L'aquaculture est très dépendante
de la pêche car les aliments contiennent de la farine de poisson (source de protéines) et de l' huile de
poisson (source d’acides gras et d' énergie). Or les captures de pêche plafonnent et l' aquaculture
s'intensifie. Il faut donc trouver des substituts efficaces à ces farines et huiles. Dans les aliments
commerciaux actuels pour salmonidés, environ 50% des protéines sont apportées par un mélange de
matières premières végétales permettant de limiter l' incorporation de farines de poisson. De même,
l'
huile de poisson peut être remplacée par des huiles végétales sans en altérer la croissance et le
métabolisme. Cependant, la concentration en acides gras longs polyinsaturés n-3 de la chair des
poissons est alors fortement modifiée car la composition en acides gras de la chair reflète la
composition en acides gras du régime alimentaire. Il convient donc de recourir à une alimentation à
base d' huile de poisson, en fin de cycle d'
élevage, afin de restaurer la richesse en acides gras omega
3 qui confère au poisson l’un de ses intérêts nutritionnels.
Ingredients g/kg
Farine de poisson 150
Feverole 230
Tourteau de soja 210
Gluten de maïs 30
Germes de ble 50
Huile de poisson 80
Huile de colza 79
Huile de lin 78
Produits sanguins 50
Melange vitaminique 10
Melange mineral 10
Phosphate bicalcique 10
Antioxydant (bht) 5
Carotenoïde (astaxanthine) 3
Phytase 2
Mat. Prot. Brutes (g/kg ms) 390
Mat. Grasses brutes (g/kg ms) 260
Cellulose 26
Cendres brutes 65
L’éleveur doit ajuster au mieux la quantité d’aliment distribuée, pour couvrir les besoins des animaux.
Chez les poissons et les crustacés, la satiété est beaucoup plus difficile à apprécier que chez les
animaux terrestres, puisque l' aliment est distribué dans l'
eau et que les animaux ne consomment pas
forcément tout l' aliment qui leur est proposé. D’une façon générale, la gestion de la distribution à
satiété est complexe et conduit fréquemment à des pertes d’aliment, à une efficacité alimentaire
réduite et à une dégradation du milieu d’élevage. On lui préfère le rationnement alimentaire suivant
des tables (souvent indicatives) données par le fabricant de l’aliment pour une espèce de poisson de
taille moyenne et une température donnée.
Trois méthodes de distribution de l’aliment sont utilisées aujourd’hui pour les poissons :
i) la distribution manuelle, une à deux fois par jour, qui a l’avantage d’impliquer une
surveillance quotidienne du comportement du poisson ;
ii) la distribution automatique, surtout pour les espèces encore peu domestiquées ;
iii) la distribution à la demande, système par lequel le poisson vient lui-même prélever la
quantité d’aliment qu’il désire, la quantité d’aliment disponible dans le système étant
déterminée par l’éleveur. Cette dernière méthode est relativement récente en conditions
pratiques d’élevage.
Le Pangasius offre l’exemple d’une espèce dont la domestication récente (1995) a permis le
développement tout à fait exceptionnel au Vietnam d’une filière de production, de
transformation et d’exportation. La production est ainsi passée, en 10 ans, de 50 000 à 700 000
tonnes en 2006. S’agissant d’une espèce détritivore/omnivore, à chaîne alimentaire courte, les
coûts de production avec un aliment à faible teneur en protéines (20-25% de protéines
végétales pour l’aliment croissance) demeurent faibles. Les filets congelés sont extrêmement
compétitifs sur le marché international.
Une attention particulière est à apporter à l’usage des antibiotiques dans ce type de
production.
2.4.4.2 Le tilapia :
A-Données biologiques, zootechniques et économiques
Le tilapia est l’un des poissons les plus largement élevés dans le monde et sa production augmente à
un rythme élevé : 400 000 tonnes en 1990, 2 000 000 tonnes en 2005. Comme pour la carpe, le tilapia
est l’un des poissons ayant fait l’objet du plus grand nombre d’introductions et de transferts à travers
le monde à des fins d’élevage. Il est produit actuellement dans une centaine de pays. La sous-famille
des tilapias est constituée d’une centaine d’espèces dont une, Oreochromis niloticus, représente 85 à
90% de la production.
Alors que le tilapia est déjà bien connu en Afrique depuis des siècles (continent d’origine de ce
poisson), les pays développés ne l’ont découvert que depuis deux décennies (plus pour les Etats-Unis
qui l’élèvent en étang dans les états du Sud). La chair blanche du tilapia est appréciée par de
nombreux consommateurs et il compte parmi les dix poissons les plus appréciés aux Etats-Unis. Les
filets présentent une coloration blanche ou très légèrement rose, avec une chair ferme et qui le reste
durant la cuisson. La qualité de la chair est souvent comparée à celle du poisson-chat américain, voire
à celle de la morue ou cabillaud. La composition corporelle du tilapia est présentée dans l’annexe 2.
De nombreuses études prospectives positionnent le tilapia comme une des espèces susceptibles de
remplacer certaines espèces marines en danger. L’approvisionnement en tilapia du marché
international est relativement aisé à programmer du fait que l’essentiel de la production destinée à
l’Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique provient de l’élevage. On peut estimer, très globalement, que
la production de tilapia répond aujourd’hui aux exigences du développement durable.
Le marché international du tilapia doit s’amplifier de façon significative selon les diverses projections
élaborées ces dernières années et de très nombreux investissements privés et publics sont
2
On a coutume de distinguer une pisciculture de production où le poisson trouve son alimentation au sein du milieu d’élevage
(étangs fertilisés pour stimuler la productivité naturelle) et une pisciculture de transformation basée sur une alimentation
exogène du poisson d’élevage.
Les tilapias constituent le groupe de poissons qui a connu la plus forte croissance ces dix
dernières années, juste après les Pangasius, toutes espèces aquatiques confondues. Ils sont
produits aujourd’hui dans plus de 100 pays. Ses caractéristiques biologiques en font un
poisson adaptable à tous les systèmes d’élevage et son régime alimentaire correspondant aux
niveaux les plus bas de la chaîne alimentaire (phytoplancton, détritus) en fait un poisson peu
coûteux à produire. Le développement d’un marché international de ce poisson à des prix
compétitifs pour le consommateur et rémunérateur pour le producteur laisse présager une
poursuite de la croissance de sa production. Son aspect lui permet en outre, à la différence
des poissons-chats, d’être commercialisé entier.
Les coquillages les plus consommés en France (huîtres, moules et coquilles Saint-Jacques) sont des
bivalves filtreurs qui accumulent et concentrent les substances particulaires dissoutes et se
nourrissent principalement d’algues. A la différence des poissons et des crustacés, les mollusques
bivalves d’intérêt économique ne sont pas nourris avec des aliments composés. C’est l’eau qui joue le
rôle de source alimentaire. La productivité des cultures de mollusques ainsi que leur qualité sont donc
tributaires de la qualité de l’eau dans laquelle ils sont élevés. Ces espèces représentent aussi, de ce
fait, d’excellents indicateurs de la qualité de l’environnement.
Les huîtres et les moules sont des produits d'
élevage, la coquille St-Jacques provient à la fois de la
pêche et de l'
élevage.
La consommation d' huîtres en France est quasiment couverte par la production nationale
ème
(3000 tonnes d' importations). La France, premier producteur européen d' huîtres, se place au 4
rang mondial après la Chine, le Japon et la Corée qui produisent, à eux trois, 93% de la production
mondiale. Sur les 200 000 tonnes de coquillages d' élevage produits annuellement en France,
huître plate, Ostrea edulis, et
3
130 000 tonnes sont des huîtres . Deux espèces sont concernées : l'
l’huître creuse japonaise, Crassostrea gigas, originaire du Pacifique qui représente plus de 90% de la
production française, comme ailleurs dans le monde.
Traditionnellement, les juvéniles ou naissains d’huîtres sont captés dans le milieu naturel sur des
collecteurs étalés sur des tables (coupelles, tubes, etc.); les chapelets de coquilles ou d' ardoises ont
progressivement été remplacés par des collecteurs en plastique. Afin de s' affranchir des fluctuations
de l' approvisionnement liées aux conditions environnementales, des écloseries ont été développées.
Elles sont aujourd’hui à l’origine de 25 à 30% de la production d’huîtres creuses et permettent, en
particulier, de mieux maîtriser la qualité des produits notamment par le biais de la polyploïdie
(triploïdisation) et de la sélection génétique. Dix mois plus tard, les jeunes huîtres sont détachées de
leur support et les unes des autres.
Les naissains peuvent ensuite être mis en élevage à même le sol de parcs ostréicoles sur estran.
Cependant, cette dernière technique est de moins en moins utilisée, au profit de la technique dite en
surélevée. Dans ce cas, les animaux sont placés dans des poches en matière plastique à petites
mailles qui sont fixées sur des tables métalliques et élevés de la sorte à environ 70 cm du sol avant la
pousse de printemps (deux pousses par an avec celle d' automne). Les huîtres sont ainsi protégées
des intempéries et de la prédation. Au bout de 18 mois, les huîtres ayant grandies, elles sont remises
sur des parcs dans des poches possédant un maillage plus grand qui permet à l' eau de mieux
circuler. Les huîtres se nourrissent essentiellement de phytoplancton et de sels minéraux. La taille
adulte est atteinte après trois à quatre ans de grossissement. Au cours de cette croissance, les
poches sont retournées 4 à 5 fois par an afin que les huîtres ne se développent pas en asperge mais
qu'elles aient une forme bien régulière et bien arrondie. Après collecte, les huîtres sont triées,
calibrées et affinées puis commercialisées.
Le détroquage précoce (individualisation du naissain par rapport au collecteur) et la fréquence de
manipulation des poches (retournement pour éviter les proliférations d’algues) ainsi que les différents
tris opérés par l’ostréiculteur, déterminent la forme finale de l’huître qui doit être creuse et équilibrée.
La capacité trophique des bassins de production (quantité de phytoplancton) et la densité des huîtres,
sont les critères majeurs qui contrôlent le taux de remplissage (quantité de chair). De la concentration
de l’eau d’élevage en phytoplancton mais également en matières particulaires en suspension,
dépendront les qualités organoleptiques et sanitaires de la chair du produit commercialisé. Par
ailleurs, la présence de métaux lourds, pesticides, hydrocarbures, toxines biologiques et micro-
3
Source : Comité national de la conchyliculture française, 2006
Deux espèces de moules sont élevées en France, Mytilus edulis sur les côtes de l’Atlantique et
Mytilus galloprovincialis en Méditerranée. Avec un volume de 62 000 tonnes, la production annuelle
française couvre environ la moitié de la consommation nationale de moules (120 000 tonnes). Les
importations proviennent en premier lieu des Pays-Bas mais aussi d' Espagne, d' Irlande, d'
Italie et
d'une dizaine d'autres pays.
Les juvéniles sont récoltés dans le milieu naturel sur la côte atlantique et en Méditerranée, par
captage le plus souvent sur des cordes de coco. Le naissain (environ un cm) est expédié dans les
différents bassins de production. Maintenu dans un filet, il est fixé sur différents supports :
- sur bouchots (alignement de pieux) (Normandie, Bretagne et Poitou-Charentes) ;
- sur des tables comme pour les huîtres ;
- sur le sol, à plat, sur estran ;
- en eau profonde sous des radeaux (méthode peu fréquente en France, mais très pratiquée
en Espagne, aux Pays-Bas et en Allemagne) ;
- en suspension sur filières (cordes) en pleine eau.
L’élevage jusqu'à la commercialisation, prend de 12 à 18 mois, en fonction du bassin de production,
du mode d' élevage et de l'
espèce. Les variations de composition des moules sont principalement liées
à la température, les moules d' hiver étant plus « maigres ». Les moules sont récoltées à l'aide de
barges mytilicoles pour les filières et de bateaux amphibies pour les bouchots. Elles sont dissociées
les unes des autres par « dégrappage » mécanique et débarrassées du byssus avant la vente.
En France, une des caractéristiques de la conchyliculture est qu’elle est réalisée très
majoritairement en milieu ouvert (estran). La plupart des espèces consommées sont des
bivalves sessiles filtreurs. En d’autres termes, ce sont des animaux capables d’accumuler des
substances dissoutes et de se nourrir de phytoplancton. Ils ne reçoivent pas d’alimentation
supplémentaire. Leur qualité nutritionnelle est donc le reflet de la qualité de l’environnement
dans lequel ils sont élevés. Ils apparaissent, de ce fait, pour le consommateur, comme des
produits « naturels ». Cependant, cette image peut être ambigüe dans la mesure où les
coquillages peuvent aussi accumuler des micro-organismes pathogènes et des substances
toxiques (polluants, toxines algales) présents dans l’eau.
Le marché mondial de la crevette est approvisionné, à part égale, par la pêche et par l' élevage. La
production commerciale de crevettes d' élevage est passée d'une activité traditionnelle à petite échelle
en Asie du Sud-est au début des années 70, à une échelle industrielle au niveau mondial de nos
jours. Deux espèces (crevette blanche Penaeus vannamei et crevette tigrée Penaeus monodon)
représentent près de 80% de tous les élevages dans le monde. La production annuelle est de l' ordre
de 2 millions de tonnes pour une valeur de 10 milliards d' euros. Près des trois-quarts des crevettes
d'élevage sont produites en Asie, en particulier en Chine et en Thaïlande ainsi qu' en Inde. Le reste
provient d'Amérique latine, avec le Brésil comme premier producteur. L' élevage est en développement
au Moyen-Orient et en Afrique. Signalons également la production de 2 200 tonnes de crevettes
d'élevage en Nouvelle Calédonie (espèces Litopenaeus stylirostris et Marsupenaeus japonicus) en
2004 dont plus de 1 600 tonnes ont été exportées crues et congelées. La création de nouvelles
fermes en Nouvelle Calédonie est prévue pour doubler la production actuelle.
Jusqu'au milieu des années 1980, la plupart des élevages de crevettes étaient approvisionnés par
piégeage de jeunes crevettes sauvages au stade post-larve dans les zones côtières. Pour contrer le
début d' épuisement des zones de pêche et garantir un approvisionnement régulier en post-larves
exemptes de maladies, des écloseries ont été développées. Les géniteurs sont le plus souvent élevés
dans des bassins en terre puis transférés en salle de maturation où la ponte est induite. Certaines
espèces sont inséminées artificiellement alors que d'autres se reproduisent naturellement. Les larves
sont alimentées avec des algues et des larves d' Artémia parfois complétées avec des micro-granulés
d'aliments composés.
Les écloseries fournissent les post-larves aux fermes de grossissement, parfois après quelques
semaines en nurseries où les crevettes passent du stade post-larve au stade juvénile. Le
grossissement se fait en bassins de terre dont la taille, le niveau d' équipement et les densités
d'élevage sont très variables. Pour les élevages semi-intensifs, la taille des étangs est de 2 à 30 ha et
la densité de 5 à 35 individus au m². Les élevages intensifs utilisent des étangs plus petits (0,1 à
1,5 ha) et des densités d'
élevage plus élevées. La taille commercialisable est atteinte après trois à huit
mois d’élevage selon la température de l' eau et la qualité de l'aliment. Les crevettes sont nourries
avec des aliments composés à base de farine de poisson, de blé, de maïs, de minéraux et de
vitamines et parfois, mais de façon minoritaire à base de krill (crustacés, essentiellement
Les valeurs des principaux composants des quinze produits aquatiques les plus consommés en
France sont rapportées dans les tableaux IX (macroéléments et vitamines) et X (minéraux et micro-
éléments). Il s’agit de valeurs moyennes (exprimées pour 100 g de muscle frais) trouvées dans la
bibliographie en complément des bases de données internes de l’INRA (truite), de l’Ifremer (surimi,
huître, coquille St-Jacques) et des bases de données CIQUAL et USDA (Nutrient Data Base
Standard) consultables sur internet. Seule, la chair du produit cru a été prise en compte dans ce
chapitre. Il faut cependant noter que, dans le cas des coquillages, tout le contenu intra-valvaire est
fréquemment consommé et le milieu aqueux intra-valvaire est particulièrement riche en minéraux. Les
crevettes peuvent parfois être consommées entières mais, le plus souvent, seule la partie musculaire
est consommée. Pour les poissons, les parties consommées sont généralement les muscles
composant les filets. On distingue deux principaux types de muscles en fonction des proportions
relatives des différents types de fibres musculaires qui les composent : une masse importante de
muscle blanc à prédominance de fibres glycolytiques à contraction rapide et une faible proportion de
muscle rouge (< 10% de la musculature à l' exception de certaines espèces de thon) à prédominance
de fibres oxydatives à contraction lente. Situé sous la peau et particulièrement abondant sur les
flancs, le muscle rouge assure la fonction de locomotion normale alors que la masse de muscle blanc
sert à la nage rapide ou prolongée. Le muscle rouge contient moins de protéines que le muscle blanc,
mais davantage de lipides et de glycogène. Les lipides y sont stockés à l’intérieur même des fibres,
alors que dans le muscle blanc, ils sont stockés dans des adipocytes dispersés entre les fibres
musculaires (Zhou, 1996).
Pour la première fois, une table de composition nutritionnelle des produits aquatiques, aux résultats
scientifiquement validés, est disponible en France. Elle est renseignée pour 47 produits aquatiques
pour lesquels les teneurs de plus de 20 nutriments (macronutriments, vitamines, minéraux) ont été
déterminées. Pour une utilisation optimale de ces données moyennes (unifiées pour 100 g de produit
consommé), validées par espèce, différentes fiches méthodologiques sont proposées. Ces fiches
comprennent : la liste des espèces analysées, l’échantillonnage, le protocole de choix des espèces
sur la base du panier des consommateurs français, le protocole de choix des nutriments (importance
pour la santé publique, réglementation en matière d’étiquetage et d’allégations nutritionnelles en
vigueur) et les méthodes d' analyses utilisées. Les résultats de ce projet ont été présentés en mars
4
2008 .
4
Projet Composition nutritionnelle des produits aquatiques – www.nutraqua.com
Produits Protéine Lipide EPA DHA Cholestérol Vit A Vit D Vit E Vit B1 Vit B2 Vit B6 Vit B12
aquatiques g g mg mg Mg µg µg mg mg mg mg µg
Thon jaune
26,1 1 35 131 45 18 2.9 0.5 0,43 0,05 0,6 6,8
(Albacore)
Thon blanc
25 11,2 200* 500* 45 5 0,9 0,22 0,06 0,4 3
(Germon)
Saumon
19,8 8 à 14 1112 2164 52 15 1,1 2,2 0,27 0,14 0,7 3,7
Atlantique
Lieu d'Alaska
17 0,8 71 20 1.1 0,81 0,07 0,07 0,139 2,3
(colin d'Alaska)
Coquille St
16,8 0,2-0,8 105 105 33 50 0 1 0,01 0,07 0,15 1,53
Jacques (Noix)
Sardine 19,7 1 à 18 638 1269 166 8 10 0,3 0,01 0,23 0,68 5,6
Lieu noir
19,5 1 71 173 71 11 0,8 0,4 0,05 0,05 0,18 1,3
(merlan noir)
Surimi
Source CIQUAL 8-15* 4-5*
152* 307*
39* 67* 0* 0,01* 0,06* 0,02* 1*
Source Ifremer 12,6 0,9 35 0,02 0,04 0,02 1
Tilapia 17 1-5
Valeurs moyennes (exprimées pour 100 g de muscle frais) issues des données bibliographiques en complément des bases de données
internes INRA (truite) et IFREMER (surimi, huître, coquille St-Jacques) et des bases de données CIQUAL* et USDA (Nutriment Data Base
Standard)
Figure 1 : Voies de biosynthèse des acides gras polyinsaturés longue chaîne des séries n-3, n-6 et n-9
Consommation en AGPI LC n-3 et n-6 en France (Rapport Afssa « lipides et cancers ») (Afssa,
2003b)
D’après le rapport Afssa « lipides et cancers » (Afssa, 2003b), l’alimentation des français, quels que
soient l’âge et le sexe, se caractérise par des apports en ALA très faibles, compris entre 0,10 et 0,20
g/jour, auquel les PMC contribuent très peu. En ce qui concerne les AGPI n-6, les apports moyens en
LA, pour lequel on connaît la teneur d’un grand nombre d’aliments, sont compris généralement entre 1
et 2 g/jour. La variabilité inter individuelle de ces apports est très élevée, avec des valeurs maximales
ème
pouvant atteindre 25 g/jour. Les valeurs du 95 percentile sont généralement comprises entre 3 et 7
g/jour. La publication récente d’Ailhaud et al. (Ailhaud et al., 2006) montre qu’entre 1940 et 2000, les
n-6 sont passés de 5% des acides gras totaux de la ration alimentaire consommée à près de 18%
tandis que les n-3 sont restés stables aux alentours de 1,5%. Ces apports moyens aboutissent à un
rapport LA/ALA trop élevé, en moyenne supérieur à 10, pouvant atteindre des valeurs de l’ordre de 15
à 20 voire davantage. Cet excès de n-6 par rapport aux n-3 pourrait augmenter le risque de maladies
chroniques dégénératives dans les populations ayant un mode de vie et de consommation de type
occidental.
Composition en AGPI LC n-3 des produits aquatiques
Dans les organismes aquatiques, les lipides sont caractérisés par leur richesse en acides gras
polyinsaturés (AGPI) appartenant principalement à la série n-3 (annexe 3). Les acides gras à longue
chaîne (EPA et DHA notamment) y sont particulièrement abondants. C' est cette particularité qui
différencie le plus les produits aquatiques des autres produits animaux. En effet, les chloroplastes des
végétaux aquatiques (algues, phytoplancton) possèdent la capacité de transformer l' acide oléique en
acide linoléique qui peut être désaturé en acide α-linolénique, lui-même servant de précurseurs aux
AGPI LC n-3. La teneur en ALA du phytoplancton est d’autant plus élevée que la photosynthèse est
importante, stimulant l’activité enzymatique de la 12 et de la 15 désaturase des chloroplastes. Les
différents maillons de la chaîne alimentaire marine (phytoplancton, zooplancton, krill, crustacés,
poissons) sont les sources les plus riches en AGPI-LC n-3 et notamment en EPA et DHA.
Tableau XII : Rôle des principales vitamines, symptômes de carence et apports nutritionnels conseillés en fonction
du sujet
Vitamine Rôle Conséquences d'une carence ANC (2001)
A Vision et différenciation cellulaire Atteintes oculaires cutanées (dessèchement de 350 à 950 microg/j
la peau, hyperkératose, retard de la cicatrisation)
et générales (retard de la croissance et
susceptibilité accrue aux infections).
D Indispensable au métabolisme osseux, Chez l’enfant, rachitisme ; chez l’adulte 5 à 10 microg/j
des pathologies (rénales, ostéoporose et ostéomalacie
hypoparathyroïdie, alcoolisme
chronique, cancers) et certains
médicaments peuvent perturber le
métabolisme de cette vitamine
E Les tocophérols libres sont des anti- Troubles hématologiques (anémie hémolytique 4 mg/j pour le nourrisson
radicalaires particulièrement efficaces, du prématuré), neuro-musculaires et 6 à 9 mg/j pour l’enfant
ce qui leur confère une potentialité ophtalmologiques (syndrome neurodégénératif, 12 mg/j pour l’adulte
protectrice vis-à-vis des maladies polyneuropathie, myopathie, rétinopathie). 20 à 50 mg/j pour les personnes
chroniques dégénératives âgées
B6 Vitamine impliquée dans plus de 60 Pas de pathologie avérée directement liée à la 0,3 mg/j chez le nourrisson, de
systèmes enzymatiques différents et carence en pyridoxine 0,6 à 1,5 mg/j chez l’enfant, 1,8
dans le métabolisme des acides aminés La carence en phosphate de pyridoxal entraîne mg/j chez l’adolescent et
des manifestations cutanéo-muqueuses l’homme adulte, 1,5 mg/j chez
(dermites, chéilite, glossite), neurologiques l’adolescente et la femme, 2
(psychasthénie, dépression, polynévrite, mg/j chez la femme enceinte et
convulsions) et hématologiques (anémie allaitante
microcytaire hypochrome, diminution de
l’immunité cellulaire et humorale)
B12 Co-enzyme des réactions de transfert de Anémie macrocytaire normochrome 0,5 microg/j chez le nourrisson,
méthyle et des réactions d’isomérisation. mégaloblastique (dont l’anémie de Biermer) 1,1 à 2,4 microg/j chez l’enfant
Joue un rôle important dans le associée à des troubles des autres lignées et l’adolescent, 2,4 microg/j
métabolisme des acides gras à nombre sanguines, des signes neurologiques, des chez l’adulte et les personnes
impair de carbones et dans celui de troubles psychiatriques (dépression) et cutanéo- âgées, 2,6 à 2,8 microg/j chez la
certains acides aminés muqueux. femme enceinte
D’après (Martin, 2001)
Le contenu en vitamines de la chair des poissons est très variable selon l’espèce, la saison et la zone
géographique d’habitat, mais, comme pour les lipides, le facteur majeur de variation est l’apport
alimentaire. Les teneurs en vitamines des coquillages et crustacés et leurs facteurs de variations sont
peu documentés dans la littérature scientifique.
Les vitamines liposolubles (annexe 4) sont plus concentrées lorsque la chair est grasse (dépôts
lipidiques dans le muscle blanc ou forte proportion de muscle rouge). Par exemple, le thon, dont le
Tableau XIII : ANC pour les principaux minéraux et oligo-éléments caractéristiques des produits aquatiques
Les organismes aquatiques puisent ces éléments à la fois dans leur nourriture et dans l' eau. Ils les
déposent de façon sélective dans les différents tissus. Les minéraux sont stockés en majorité dans le
squelette, en particulier les vertèbres (65% de minéraux), mais, on en trouve aussi dans les muscles
3.1.2 Impact de l’alimentation sur les qualités nutritionnelles de la chair des PMC
Parmi les facteurs affectant la composition de la chair des poissons, mollusques et crustacés et donc
leurs qualités nutritionnelles, l'
alimentation (notamment l’apport en énergie, en acides gras et en
caroténoïdes) a une influence particulièrement marquée. Toutes les conditions alimentaires qui
favorisent le gain de poids, et donc le stockage de réserves énergétiques, se traduisent, chez les
mollusques par une augmentation de la teneur en glycogène de la chair et chez les poissons de la
teneur en lipides, le glycogène représentant une proportion très faible de l'
énergie stockée dans les
muscles (de l'ordre de 1%) chez ces animaux.
En milieu naturel, la disponibilité de la nourriture, fluctuant avec la saison et l’habitat, est responsable
des variations de la teneur en lipides de la chair des poissons. En élevage intensif, l’influence de
l’alimentation s’exerce, non seulement par la formulation de l’aliment (quantité de lipides ou de
glucides digestibles) mais aussi par le rationnement, l’ingéré énergétique déterminant le degré
d’engraissement des animaux.
3.1.2.1 Taux de rationnement et fréquence d’alimentation
Le taux de rationnement et la fréquence de distribution de l’aliment ont un effet sur les dépôts
lipidiques corporels mais pas sur celui des protéines. L’augmentation de la fréquence de distribution
des repas (un à six) permet une plus forte ingestion d’aliments qui se traduit par une augmentation du
gain de poids et, en conséquence, de la teneur en lipides des poissons.
3.1.2.2 La valeur énergétique
L'augmentation de l'apport en énergie digestible se traduit, chez la très grande majorité des poissons,
par un accroissement de la teneur en lipides du muscle, accompagné d’une diminution de la teneur en
eau, la teneur en protéines restant stable (Kaushik, 1997). Des variations ont été observées selon
l'
âge des poissons (la teneur en lipides du muscle augmentant avec l' âge, quelle que soit l'
espèce), la
température d' élevage (l'
ingestion de nourriture étant stimulée à température élevée) et la sélection
génétique (certaines lignées étant sélectionnées sur leur capacité à accumuler les graisses au niveau
musculaire).
En élevage, avec des aliments très énergétiques comme ceux employés aujourd’hui en Occident, la
quantité d’énergie consommée par les poissons n’est pas limitée par leur capacité d’ingestion. La
quantité d’énergie ingérée peut donc dépasser de beaucoup leurs besoins. La fraction excédentaire
est alors stockée sous la forme de graisses, dans des compartiments corporels différents selon les
espèces : muscle, tissu adipeux péri-viscéral (chez la truite arc-en-ciel, par exemple), foie, tissu sous-
cutané. A l’inverse, avec des aliments peu énergétiques, la quantité d’aliment ingérée peut se trouver
limitée par le volume stomacal et, dans certain cas, être insuffisante pour couvrir les besoins et
assurer une bonne croissance. Dans un cas comme dans l’autre, la teneur en lipides et donc la valeur
énergétique de la chair des poissons peuvent être affectées.
3.1.2.3 Les protéines
Les protéines et les acides aminés peuvent être apportés par les farines de poissons ou par des
produits végétaux. Les farines de poisson ont une composition répondant parfaitement aux besoins
des espèces aquacoles ; elles sont également une source d’énergie digestible, de lipides, de
minéraux et de vitamines (Hertrampf et Pieded-Pascual, 2000). De ce fait, elles permettent d'
assurer
de bonnes performances de croissance, ce qui explique la part prépondérante de ces farines par
rapport aux autres matières premières dans les aliments pour l’aquaculture.
La farine de poisson était, au départ, le sous-produit de l'extraction de l'
huile de poisson et constituait
un moyen de tirer parti des surplus. Puis son intérêt s'affirma et des pêcheries se créèrent avec, pour
5
Règlement (CE) n°2316/98 de la Commission du 26 octobre 1998
Cette synthèse a été réalisée sur la base du rapport de l’Afssa sur l’Actualisation des apports
nutritionnels conseillés en acides gras (Afssa 2010, en cours de finalisation). Le lecteur se réfèrera
donc à cette synthèse bibliographique pour de plus amples précisions.
L’impact de la consommation de PMC sur la santé des enfants, a fait l’objet de peu d’études qui sont
essentiellement centrées sur la période périnatale. Elles concernent surtout les effets éventuels que
peuvent avoir les apports d’AGPI-LC sur le développement du système nerveux central du fœtus
(alimentation maternelle pendant la grossesse) et chez le jeune enfant (allaitement). Des données
relatives à l’enfant de plus d’un an commencent cependant à être publiées, soulignant que des actions
préventives à moyen et long terme sont, comme chez l’adulte, envisageables.
En effet, l’incorporation des AGPI-LC n-3, et spécifiquement de DHA, dans les membranes cérébrales
(cerveau, rétine) est essentielle dans le développement anatomo-fonctionnel du système nerveux
central du fœtus et du nouveau-né. En effet, le DHA est impliqué dans de multiples fonctions
cellulaires faisant intervenir, notamment les médiateurs lipidiques type docosanoïdes. Cet AGPI
ème
s’incorpore massivement dans le cerveau entre le 3 trimestre de grossesse et les deux premières
années de la vie et suit le développement neuronal (Clandinin et al., 1980 ; Martinez et Mougan,
1998).
Etudes écologiques
Les premières études évoquant un rôle bénéfique du poisson et des huiles de poisson sur la
prévention des maladies cardiovasculaires remontent au milieu des années 70 lorsque la faible
prévalence d’athérosclérose a été mise en évidence chez les Esquimaux Inuit du Groenland. En effet,
la mortalité par infarctus du myocarde (IM) ajustée à l’âge était approximativement dix fois moindre
que celle retrouvée chez les Danois continentaux ou les Nord-Américains, en dépit d' un régime
alimentaire aussi riche en cholestérol et plus riche en graisses totales (Bang et al., 1971). La
principale différence entre les deux types de régime résidait dans la composition des graisses
consommées : le régime danois contenait deux fois plus de graisses saturées et d' acides gras
polyinsaturés de la série n-6 que le régime des esquimaux Inuits. Ces auteurs ont fait l’hypothèse
qu’au-delà des causes génétiques et d’un style de vie particulier, c’était essentiellement la teneur
élevée en EPA (5 à 10 g/j) et en DHA de leur alimentation qui était responsable de cette différence
essentielle. Ces AGPI n-3 LC entrent dans la chaîne alimentaire via le phytoplancton marin et le krill
dont s’alimentent les poissons, eux-mêmes directement consommés par les phoques, les morses et
les baleines qui constituent les principales sources du régime alimentaire des Inuits. L’analyse de
l’ensemble des facteurs de risque lipidiques plasmatiques réalisés dans cette étude a montré une
baisse de la plupart d’entre eux comparé à ceux d’une cohorte de Danois et d’Esquimaux habitant au
Danemark (p<0.00l). En particulier, les concentrations de pré-lipoprotéine et, par conséquent, des
triglycérides plasmatiques étaient significativement plus bas chez les Esquimaux du Groenland que
dans la population témoin danoise (p<0,001).
Ces études écologiques relatives à l’impact de la consommation de poissons, et d’animaux marins par
les Inuits ont ouvert la voie à d’autres études épidémiologiques afin de mieux préciser le rôle
bénéfique plausible de la consommation de poisson et d’AGPI n-3 LC sur la diminution du risque
cardio-vasculaire et en particulier de l’ischémie coronarienne (Angerer et von Schacky, 2000 ;
Bjerregaard et Dyerberg, 1988 ; Kromann et Green, 1980 ; Leaf et Weber, 1988 ; Marckmann et
Gronbaek, 1999 ; Wang et al., 2006a)
Etudes d’observation
Les autres données disponibles concernent des études épidémiologiques d’observation et des essais
cliniques randomisés avec des suppléments (en général de l’huile de poisson) visant à évaluer les
effets de la consommation d’AGPI-LC oméga 3, EPA et DHA, sur les facteurs de risque
cardiovasculaires ou sur la survenue d’évènements cardiovasculaires.
Une analyse critique (Daviglus, 2002) et plusieurs méta-analyses des études épidémiologiques
d’observation mettent en évidence une association inverse entre la consommation de poisson ou
entre le contenu tissulaire d’AGPI-LC oméga 3 et le risque de survenue d’évènements
cardiovasculaires (accidents vasculaires cérébraux, cardiopathies ischémiques, mort subite), en
particulier chez les individus ne présentant pas d’antécédents coronariens (He et Song, 2006 ; He et
al., 2004 ; Hooper et al., 2006 ; Konig et al., 2005 ; Wang et al., 2006b ; Whelton et al., 2004). Ces
associations semblent plus marquées pour les évènements coronaires fatals.
Si les études épidémiologiques d’observation permettent de formuler des hypothèses et d’analyser
l’association avec divers facteurs de risque, ces résultats doivent, comme à l’accoutumée, être
interprétés avec prudence en raison des nombreux biais possibles : en effet, il est possible par
La majorité des études récentes suggère une réduction probable de risque de cancer colo-
rectal et de cancer de la prostate associée à la consommation de poisson. Pour le cancer du
sein, les résultats sont contradictoires et pour les autres cancers, ils sont insuffisants.
L’observation d’une réduction de risques est appuyée par une hypothèse sur le mécanisme
d’action, démontrée expérimentalement dans des modèles animaux.
Cependant, la consommation de poisson pourrait être également un indicateur d’un profil
alimentaire globalement favorable.
Les maladies métaboliques sont caractérisées par des anomalies des voies métaboliques, souvent
liées à un défaut de régulation d’un ou plusieurs paramètres du métabolisme des macro-nutriments.
Nous considérons ici des maladies métaboliques liées à une intolérance au glucose et une insulino-
résistance, accompagnées d’altérations des paramètres lipidiques, typiquement illustrée par le diabète
de type 2 (diabète gras). Depuis quelques années, le syndrome métabolique ou syndrome X a été
individualisé par l’identification de plusieurs critères : obésité dite centrale ou viscérale, hypertension,
intolérance au glucose, insulino-résistance, hypertriglycéridémie, hypocholestérolémie HDL (High
Density Lipoproteins). La présence chez un individu de trois de ces critères suffit à porter le diagnostic
de syndrome métabolique et à désigner ces sujets comme à risque élevé de survenue de diabète gras
et de maladies cardio-vasculaires.
Ce lien avec ces maladies fait que l’on va retrouver des études comparables à celles conduites en
relation avec les maladies cardio-vasculaires. De même, les mécanismes de réduction de risques mis
en jeu seront très proches, sinon identiques.
3.2.5.1 Etudes épidémiologiques
Des études chez les Inuits ont montré que le diabète de type 2 était moins fréquent que chez les
Danois (Mouratoff, 1969) et les Amérindiens. Dans des populations hollandaises et finlandaises, il a
été montré que les sujets qui consommaient le plus de poisson avaient le moins de risque de
développer une intolérance au glucose (Feskens et al., 1991). Les Islandais, malgré une forte
prévalence de surpoids et d’obésité, ont moins de diabète gras que les autres populations du Nord de
l’Europe. Cette observation a été mise au regard de la richesse en AGPI-LC n-3 du lait d’Islande (1/2
litre de lait apporte autant d’EPA, que 100 g de truites de mer), puisque des farines de poissons sont
incorporées dans les aliments pour le bétail (Thorsdottir et al., 2004).
3.2.5.2 Etudes cliniques
Un rapport récent a revu les différentes études cliniques et a recensé les possibles améliorations des
marqueurs du syndrome métabolique et du diabète de type 2 sous l’effet des AGPI-LC n-3 (Nettleton
et Katz, 2005). Ceux-ci retardent ou bloquent le passage de l’insulino-résistance au diabète de type 2,
diminuent les triglycérides, les lipoprotéines rémanentes, la protéine C-réactive et augmentent le
cholestérol HDL. Les AGPI-LC n-3 diminuent également les dépôts adipeux sous-cutanés et l’obésité.
L’amélioration de l’ensemble de ces marqueurs fait que l’installation du syndrome métabolique est
entravée, la progression du diabète de type 2 ralentie, et le risque de maladies cardio-vasculaires et
d’accidents vasculaires cérébraux réduits. Notons qu’il n’y a pas d’effet sur la régulation de la
glycémie (les études montrant une augmentation de la glycémie utilisaient dans leur protocole de
fortes doses d’huile de poisson).
3.2.5.3 Mécanismes
Certains des mécanismes impliqués dans l’effet bénéfique des AGPI-LC n-3 sur le diabète et le
syndrome métabolique sont comparables à ceux relevés pour les maladies cardio-vasculaires : une
action anti-inflammatoire (traduite par la diminution de la protéine C-réactive), un effet sur la fonction
endothéliale (effet vaso-dilatateur réduisant l’hypertension et le risque de nécrose diabétique).
Différentes études cliniques ont mis en évidence un effet favorable des AGPI-LC n-3,
administrés sous forme de complément d’huile de poisson, sur les indicateurs du syndrome
métabolique (diminution des triglycérides et de la protéine C-réactive, augmentation du
cholestérol HDL, amélioration de la sensibilité à l’insuline, diminution de dépôts sous-cutanés,
du rapport taille hanche et/ou de l’obésité) et sur les affections qui lui sont associées
(évolution du diabète de type 2 ralentie et risque de maladies cardio-vasculaires diminué).
Toutefois, il n’existe pas d’études portant spécifiquement sur la consommation de poisson.
Les AGPI-LC sont des constituants essentiels des membranes neuronales et le DHA un constituant
essentiel de la rétine. Les études épidémiologiques cherchant à démontrer une relation entre ces
acides gras et la dégénérescence de ces tissus se sont fondées soit sur la consommation de poisson,
soit sur le dosage de ces acides gras dans le plasma ou les érythrocytes.
En plus d’un mécanisme lié à des altérations cardio-vasculaires, condition dans laquelle les AGPI
jouent un rôle important, la neuro-inflammation est susceptible d’induire une dégénérescence
neuronale, et les AGPI n-3 en régulant la production des cytokines inflammatoires pourraient ainsi
s’opposer à ce processus.
Les travaux sur les relations entre les AGPI-LC n-3 et la physiologie cérébrale ont donc porté d’une
part sur le rôle de ces AG dans le fonctionnement cérébral et d’autre part sur leur implication dans les
dysfonctionnements et pathologies du système nerveux central, notamment les maladies
neurodégénératives de type Alzheimer.
Chez l’animal, la déficience alimentaire profonde en AGPI n-3 induit des troubles comportementaux en
lien avec une altération de certains circuits de neurotransmission dopaminergiques et
sérotoninergiques). Par ailleurs, les résultats d’études de réversibilité et de supplémentation
permettent de confirmer le rôle primordial de ces acides gras dans le fonctionnement cérébral.
L’hypothèse que le déficit en AGPI-LC n-3 chez l’homme puisse constituer un facteur de vulnérabilité
à la survenue de maladies neurologiques et psychiatriques est ainsi posée.
Bien que les études soient peu nombreuses, elles sont remarquablement cohérentes. La plausibilité
biologique de l’effet des AGPI-LC oméga 3 tend à confirmer ces observations. Des données issues
d’études d’intervention manquent pour confirmer définitivement ce faisceau de preuves.
Les résultats obtenus chez l’animal sont en faveur d’un rôle potentiellement neuroprotecteur
du DHA dans les maladies neurodégénératives. Il existe à ce jour un faisceau d’arguments en
faveur d’une association entre la consommation d’AGPI-LC oméga 3 (ou de poisson) et le
vieillissement cognitif, la maladie d’Alzheimer ou la DMLA. Toutefois, ces données nécessitent
d’être confirmées par des études d’intervention.
La sécurité chimique et biologique des denrées alimentaires, y compris les poissons, mollusques et
coquillages commercialisés, fait l’objet d’une réglementation communautaire. L’objectif de cette
législation vise à trouver le juste milieu entre les avantages et les risques des substances utilisées de
manière délibérée dans les filières de productions (médicaments vétérinaires et additifs), ainsi qu’à
réduire la présence de contaminants (métaux lourds, dioxines, mycotoxines, etc.), afin de garantir la
santé des consommateurs. Pour atteindre ce niveau de protection, la législation s’appuie
principalement sur le concept d’analyses des risques et sur la faisabilité des contrôles.
Lorsque l' on parle de sécurité alimentaire des PMC, on pense d’abord, à la maîtrise des dangers
chimiques et biologiques. Les dangers physiques sont peu ou pas évoqués. Or des éléments
indésirables, comme des particules métalliques provenant de la transformation du poisson, sont à
l'
origine d’accidents. Cependant, en dehors des corps étrangers dont les origines sont diverses, les
arêtes présentent un danger physique, intrinsèque au poisson, surtout depuis la mécanisation dans
les industries agroalimentaires. Différents cas de perforation stomacale ou intestinale, par des arêtes,
pouvant aboutir au décès ont été signalées (Gay et Gaddie, 1993 ; Soichiro et al., 1999 ; Stirnemann
et al., 2006). Les arêtes, si elles sont normalement présentes lorsque l' on mange un poisson entier,
peuvent poser un problème dans un filet, ou une préparation à base de poisson, qui sera consommé
par un jeune enfant ou une personne à la vision défaillante. En effet, l' ingestion de corps étrangers
survient surtout aux deux extrêmes de la vie : l'enfant de moins de 6 ans (70% des cas) et l’adulte de
70 ans et plus, édenté (15-20% des cas). L' ingestion de corps étrangers est exceptionnelle chez le
nourrisson et rare chez l' enfant de plus de 6 ans. L' absence de dents naturelles, ou le port d' un
dentier, sont des facteurs favorisant l' ingestion de corps étrangers. Les dentiers, notamment,
diminueraient la sensibilité du palais et gêneraient l'identification de petits éléments potentiellement
ingérés avec la nourriture.
Les dangers chimiques et biologiques des PMC sont étudiés notamment à travers les controles
réalisés dans le cadre des plans de contrôles et de surveillances ou par la mise en œuvre d’étude de
6
l’alimentation totale .
De nombreux métaux et métalloïdes présents dans l’eau proviennent, soit de sources naturelles, soit
d’activités anthropiques. Ils ont tendance, pour certains d’entre eux, à s’accumuler dans les
organismes aquatiques, tels les poissons prédateurs qui sont au sommet de la pyramide alimentaire
(annexe 9). De ce fait, les teneurs de la chair des poissons, mollusques et crustacés, en certains
métaux et métalloïdes, particulièrement en cadmium, mercure, plomb, arsenic et étain, peuvent être
plus élevées que celles présentes dans d’autres aliments, notamment d’origine terrestre. D’autres
éléments minéraux, notamment le cuivre, le nickel, le zinc et l’argent, qui ont le double statut
d’élément toxique et d’oligo-élément, ne font pas l’objet d’une évaluation de risque dans ce document
car ils sont classiquement reconnus comme moins toxiques.
Plusieurs études ont été réalisées avec pour objectif principal, l'
évaluation de l’exposition aux métaux
lourds des consommateurs via l’ingestion de PMC : diagonale des Métaux (Ministère de la santé et de
la protection sociale, 1992), étude Calipso sur les forts consommateurs de produits de la mer
(Leblanc, 2006b). D’autres études se sont intéressées à la qualité du milieu marin : RNO (Réseau
National d’Observation de la qualité du milieu marin), étude de la contamination en métaux lourds des
poissons des gaves et fleuves pyrénéens (Agence de l' Eau Adour Garonne), étude d’évaluation de la
contamination en micropolluants minéraux et organiques des produits de la mer du littoral normand
(Agence de l’Eau Seine Normandie (AESN), 2008).
6
La seconde étude de l’alimentation totale (EAT 2) est actuellement en fin d’explitation par l’ANSES.
Caractérisation du danger
Chez l’homme, le cadmium est faiblement absorbé au niveau du tractus digestif, de l' ordre de 3% de
la dose ingérée, pouvant atteindre 8% chez certains individus. Après passage dans le compartiment
systémique, le cadmium se distribue uniformément dans l' organisme et s’accumule dans le foie puis
dans le rein (jusqu'à 75% de la dose absorbée) dans lesquels les demi-vies ont été estimées
respectivement à 6-38 ans et à 4-19 ans (Horiguchi et al., 2004).
L'exposition chronique au cadmium peut provoquer des atteintes de la fonction rénale qui se
caractérisent par une dégénérescence des tubules proximaux et une protéinurie. Par ailleurs,
concernant les effets cancérogènes, les études chez l'homme comme chez l' animal, n'
apportent pas
suffisamment de preuves pour mettre en évidence une augmentation de l' incidence de cancer après
une exposition au cadmium par la voie orale. En revanche, la relation entre l’exposition
professionnelle au cadmium par inhalation et l’augmentation de l'
incidence de cancer, en particulier du
poumon et de la prostate, a été démontrée. En 1993, le CIRC a classé le cadmium et les composés
du cadmium dans le groupe 1 (cancérogène avéré pour l' homme). Trop peu d' études
épidémiologiques sont actuellement disponibles pour apprécier chez l' homme l' impact de l'
exposition
au cadmium sur la reproduction.
Le JECFA a fixé une dose hebdomadaire tolérable provisoire (DHTP) de 7 µg/kg p.c/semaine (soit
une DJT de 1 µg/kg p.c/jour) afin de prévenir l' accumulation de cadmium à des teneurs dépassant 50
mg/kg dans le cortex rénal correspondant à une exposition pendant 50 ans. La marge entre cette
DHTP et l’exposition réelle étant très faible voire inexistante pour la population générale, l’EFSA a ré-
évaluée cette DHTP (EFSA, 2009b). L’approche a consisté à déterminer la concentration de Cd
entrainant une augmentation significative de beta-2-microglobuline, celle-ci étant un marqueur
reconnu de toxicité au niveau des tubules rénaux. La dose hebdomadaire tolérable dérivée par cette
approche est de 2,5 µg/kg p.c/jour, soit une baisse de la DHTP déterminée par le JECFA d’un facteur
3.
Caractérisation du risque
L’apport moyen journalier estimé pour la population française est de 2,7 µg chez les adultes de 15 ans
ème
et plus et de 2,0 µg chez les enfants de 3 à 14 ans. L’exposition au 97,5 percentile est de
0,7 µg/kg p.c/semaine (10% de la DHTP chez les adultes) et de 1,2 µg/kg p.c/semaine (correspondant
à 17% de la DHTP chez les enfants). La proportion d’individus dont l’apport théorique dépasse la
DHTP établie pour le cadmium est estimée à 0% pour les adultes et les enfants de 3 à 14 ans
(Leblanc et al., 2005).
L’étude française CALIPSO (Leblanc, 2006a) qui concerne les forts consommateurs de produits de la
mer, montre que 8,5% des sujets dépassent la DHTP uniquement via leur consommation de produits
de la mer mais que ces dépassements sont modérés et difficiles à interpréter en raison des
incertitudes inhérentes à toute étude d’exposition indirecte et de l’existence de facteurs de sécurité.
A la vue des données disponibles, la contamination par le cadmium des PMC peut présenter des
risques sanitaires chez les forts consommateurs de poissons prédateurs ou de PMC issus de zones
fortement contaminées.
4.1.1.2 Plomb
Identification du danger
Le plomb (Pb) est un métal lourd naturellement présent dans l’environnement terrestre et aquatique.
Au plomb provenant de sources naturelles, s’ajoute le plomb rejeté dans l’environnement par les
activités humaines, notamment les industries, les automobiles, les rejets ou incinérations de batteries
et accumulateurs, les emplois de peintures ou de pigments, les combustions des combustibles
fossiles, les épandages de boues des stations d’épuration et et les plombs de chasse. A l’échelle
européenne, la voie atmosphérique, qui représente 66% des dépôts de plomb sur les sols (KTBL,
2005), est le principal contributeur à l’enrichissement des sols en cet élément. En France, les
émissions atmosphériques de plomb ont été considérablement réduites ces quinze dernières années :
4300 tonnes en 1990 contre 174 tonnes en 2004 (CITEPA, 2006). L’interdiction en 2000 des formes
tétraéthyl ou tétraméthyl de plomb dans l’industrie du pétrole a largement contribué à la réduction des
émissions de plomb dans l’atmosphère.
Comme le cadmium, le plomb se retrouve principalement dans les sédiments et les particules en
suspension. Les animaux aquatiques, notamment les poissons et les invertébrés, absorbent
directement le plomb à partir de l’eau et de leur nourriture. Bien que le plomb existe sous de
nombreuses formes dans les eaux continentales et marines, la majeure partie du plomb présente
dans les PMC est sous forme inorganique et est liée aux protéines. La bioaccumulation du plomb
dans les animaux marins est faible comparativement à celle du mercure. Chez le poisson, le plomb
s’accumule principalement dans les viscères (foie et rein), la peau et les os et pratiquement pas dans
le muscle.
Caractérisation du danger
Chez l’homme, le plomb est faiblement absorbé au niveau du tractus digestif, de l'
ordre de 5 à 10% de
la dose ingérée chez l’adulte et de 40 à 50% de la dose ingérée chez le jeune enfant. Après passage
Caractérisation du risque
L’apport moyen journalier estimé pour la population française est de 18 µg chez les adultes de 15 ans
ème
et plus et de 13,0 µg chez les enfants de 3 à 14 ans. L’exposition au 97,5 percentile est de
3,6 µg/kg p.c./semaine correspondant à 14% de la DHTP chez les adultes et de 6,4 µg/kg
p.c./semaine correspondant à 26% de la DHTP chez les enfants. La proportion d’individus dont
l’apport théorique dépasse la DHTP établie pour le plomb est estimée à 0% pour les adultes et les
enfants de 3 à 14 ans (Leblanc, 2004).
A la vue des données disponibles pour le plomb et en tenant compte des habitudes alimentaires de la
population française métropolitaine, la contamination par le plomb des PMC ne pose pas de problème
de santé publique même chez les forts consommateurs comme le précise l’étude CALIPSO.
4.1.1.3 Arsenic
Identification du danger
Les principales sources de contamination de l’environnement par l’arsenic, présent par ailleurs
comme impureté dans certains minerais, sont ou ont été, les produits utilisés par l’industrie, le
bâtiment (peintures et pigments) et l’agriculture (pesticides).
Les organismes marins accumulent davantage l’arsenic que les organismes terrestres. Diverses
études relatives à la teneur en arsenic dans la chair des poissons d’eau douce et d’eau de mer
semblent montrer que les poissons marins sont 10 à 100 fois plus contaminés que les poissons d’eau
douce. Chez les poissons, les mollusques et les crustacés, l’arsenic est principalement accumulé sous
des formes organiques, arsénobétaïne et arsénocholine (94 à 98% ; (Kohlmeyer et al., 2002)).
Caractérisation du risque
L’apport moyen journalier estimé pour la population française est de 62 µg chez les adultes de 15 ans
ème
et plus et de 43 µg chez les enfants de 3 à 14 ans (Leblanc, 2004). L’exposition au 97,5 percentile
est de 31 µg/kg p.c/semaine correspondant à 3,1% de la DHTP de l’arsenic inorganique chez les
adultes et de 42 µg/kg p.c/semaine correspondant à 4,2% de la DHTP de l’arsenic inorganique chez
les enfants. La proportion d’individus dont l’apport théorique dépasse la DHTP établie pour l’arsenic
est estimée à 0% pour les adultes et les enfants de 3 à 14 ans.
Dans l’état actuel des connaissances, en France, l’arsénobétaïne et l’arsénocholine provenant de la
consommation de PMC ne présentent pas de risque significatif pour la santé publique.
4.1.1.4 Mercure
Identification du danger
Le mercure (Hg) est un élément naturellement présent dans le sol et les roches, ainsi que dans les
lacs, les cours d’eau et les océans. L’écorce terrestre, qui rejette environ 2 700 à 6 000 tonnes de
mercure par an dans l’atmosphère, représente la principale source de ce métal dans l’environnement.
Au mercure provenant de ces sources naturelles s’ajoute le mercure rejeté dans l’environnement par
les activités humaines, notamment la transformation des pâtes à papier, l’exploitation minière et la
combustion des déchets et des combustibles fossiles.
Parmi les différentes formes physico-chimiques du mercure, le méthylmercure (MeHg) est la forme la
plus toxique, facilement absorbée et difficilement excrétée par les organismes vivants. La
Caractérisation du danger
Le MeHg est rapidement absorbé dans une forte proportion (environ 95%) par le tractus gastro-
intestinal. Il passe dans le courant sanguin où 90% est fixé à l’hémoglobine ou aux protéines
plasmatiques. Il franchit rapidement la barrière hémato-encéphalique du fait de sa liposolubilité et
probablement aussi par formation de complexes MeHg-cystéine. Le MeHg passe également la
barrière fœto-placentaire et gagne le cerveau du fœtus dans lequel il s’accumule (environ 10% du
stock de MeHg). La demi-vie corporelle du MeHg est estimée à 70-80 jours et la demi-vie sanguine à
48-53 jours.
Chez les sujets fortement exposés au MeHg, les pourcentages de mercure total retrouvés dans le
sang total, le plasma, le lait maternel, le foie et les urines sont respectivement de 7%, 22%, 39%, 16-
40% et 73%. Des autopsies réalisées au Japon ont permis d’estimer que la concentration en mercure
total du foie et du rein est de l’ordre de centaines de nanogrammes par gramme, et dans le système
nerveux central de l’ordre de quelques dizaines de nanogrammes par gramme. Dans ces organes,
80% du mercure total est sous forme de MeHg.
L’organe cible de l’exposition au MeHg est le cerveau, tant chez l’adulte que chez le fœtus. Des effets
portant sur le système cardio-vasculaire et immunitaire sont décrits, mais ont été moins étudiés que
les effets neurotoxiques. L’ensemble des données des études cliniques en exposition accidentelle
(accidents de Minamata et Niigata au Japon dans les années 1960 et intoxications massives en Irak
dans les années 1970) converge pour retenir l’atteinte neurologique, secondaire à une exposition in
utero et éventuellement post-natale, comme l’effet critique à prendre en considération. L’atteinte
neurologique se traduit essentiellement par une moindre performance dans différents tests explorant
le développement neuro-comportemental. Les données disponibles ne permettent pas d’évaluer le pic
d’exposition qui, durant la gestation, pourrait se révéler nocif. Les études épidémiologiques
actuellement disponibles, réalisées dans le cadre d’exposition chronique, n’apportent pas de preuves
quant à l’existence de troubles du développement neuro-comportemental en lien avec une exposition
au MeHg à travers la consommation de poissons.
Le JECFA a fixé la DHTP du mercure total à 5 µg/kg p.c/semaine et celle du méthylmercure à
1,6 µg/kg p.c/semaine.
En préambule, il faut souligner qu’un apport en métal ou métalloïde via les PMC supérieur à
10% de la DHTP peut être non négligeable compte tenu des autres sources (eau et autres
aliments), notamment chez les populations les plus à risques comme les enfants et les femmes
en âge de procréer. Par ailleurs, les effets synergiques d’une association de métaux et
métalloïdes ainsi que les effets de leurs interactions avec d’autres éléments minéraux ne sont
que rarement connus.
En tenant compte des habitudes alimentaires de la population française métropolitaine, la
contamination des PMC par le plomb, l’arsenic et les organoétains peut être considérée
comme ne présentant pas de problème de santé publique. La contamination des PMC par le
cadmium peut présenter un risque sanitaire chez les forts consommateurs de PMC.
Concernant le mercure, la sensibilité particulière du système nerveux central à l’action toxique
du méthylmercure pendant le développement du fœtus a motivé les recommandations de
l’Afssa pour les femmes enceintes et allaitantes et les enfants en bas âge.
7
L’Afssa se réfère dans ses avis de 2007 aux seuls PCB-NDL lorsqu’elle propose des limites d’ingestion ou de valeurs-seuils
sur PCB indicateurs.
Caractérisation du danger
Toxicocinétique
Selon la position et le nombre d’atomes de chlore substitués, les propriétés physico-chimiques et
toxicologiques des congénères diffèrent entre elles. Les molécules les moins chlorées sont les plus
solubles, leur lipophilie augmentant avec le degré de chloration et la position des atomes de chlore.
Bien que les PCB aient été trouvés dans l' ensemble des tissus, c'est dans le tissu adipeux et les
matrices riches en lipides que les taux les plus importants ont pu être mesurés. Les demi-vies des
PCB, mesurées chez l' homme sont, par exemple, de 3,7 à 5,7 ans pour le PCB 180 et de 1,1 à 1,3
ans pour le PCB 118. La mesure des concentrations de PCB dans le sang du cordon ombilical au
moment de la naissance montre qu' il existe un transfert mère-enfant in utero. Ce transfert peut
également avoir lieu via le lait maternel au cours de l'
allaitement.
L'élimination des PCB et de leurs métabolites se fait principalement par les urines (métabolites
hydroxylés) et les fèces (PCB non modifiés). Chez les mammifères, le lait représente également une
voie d' élimination substantielle. Des données plus précises concernant les niveaux et les lieux de
distribution tissulaire des principaux congénères retrouvés dans l’alimentation de l’homme avec leur ½
vie d’élimination seraient toutefois nécessaires.
Principaux effets toxiques
Au regard des effets toxicologiques observés selon les congénères de PCB, il est possible de classer
ces molécules en trois catégories :
- Les congénères faiblement chlorés (de 1 à 3 chlores dits « low-chlorinated ») ayant une forte
capacité à être métabolisés et activés par le foie, avec pour conséquence la production
d’adduits aux protéines et à l’ADN (en particulier les congénères non orthosubstitués) et
l’induction de mécanismes de stress oxydatif. Ces congénères sont peu rémanents et donc
peu présents dans les aliments ;
- Les congénères plus fortement chlorés non-ortho et mono-ortho substitués ayant une certaine
affinité pour le récepteur Ah et induisant des effets toxiques comparables à ceux des dioxines
et furanes et donc classés comme « dioxin-like ». Ces composés, assez bien métabolisés,
sont présents dans les aliments à hauteur du pg/g et généralement de façon minoritaire.
Néanmoins, le CB 118 peut atteindre 10 à 15% des PCBi retrouvés dans les PMC. Par
ailleurs, ces faibles concentrations sont compensées par une forte toxicité (tableau XVI) ;
- Les congénères très fortement chlorés, majoritairement di-ortho-substitués, sont peu
métabolisés et constituent donc, et de loin, la fraction la plus abondante dans les aliments et
sont présents à hauteur du ng/g. Ils n’ont pas d’affinité pour un récepteur (Ah), mais se lient à
un autre récepteur (CAR) impliqué dans l’induction du cytochrome CYP 2B. Les PCB-NDL
présentent cependant une certaine spécificité d’action, en particulier comme promoteurs de
cancérogenèse et comme inducteurs d’effets neurotoxiques, neuro-comportementaux et
hormonaux.
Concernant les effets sur la thyroïde, les effets indirects résultant de modifications hormonales
thyroïdiennes peuvent avoir un impact sur les fonctions de reproduction et plus particulièrement sur le
déroulement de la maturation sexuelle, sur le développement de l’embryon et sur l’activité neuro-
comportementale des nouveau-nés.
Des études épidémiologiques effectuées chez les populations vivant près des Grands Lacs
américains et exposés aux PCB par leur alimentation riche en poissons contaminés, ont montré un
raccourcissement significatif (un jour) des cycles menstruels (Mendola et al., 1997). Cette observation
avait également été faite pour les femmes victimes de l’accident de Yusho (Kusuda, 1971), mais ne
peut être réellement considérée comme un dysfonctionnement.
Gerhard et al. ont également montré que chez les femmes ayant eu des fausses couches répétées, la
concentration sanguine en PCB était plus élevée que chez les autres. Ces fausses couches étaient,
dans 31 % des cas, dues à des causes hormonales (Gerhard et al., 1998).
Des études cliniques et épidémiologiques, réalisées chez des sujets fortement exposés aux PCB, ont
révélé des diminutions du quotient intellectuel, des capacités mnésiques et d' apprentissage, des
8
WHO IPCS. Polychlorinated biphenyls : Human health aspects. Geneva. 2003
B-Dioxines et Furanes
Identification du danger
Le terme de "dioxines" est un nom générique qui désigne deux grandes catégories de composés, les
polychlorodibenzodioxines (PCDD) et les polychlorodibenzofuranes (PCDF). Les dioxines regroupent
75 molécules différentes (congénères). La plus connue est la 2,3,7,8-Tétra-Chloro-Dibenzo para-
Dioxine (TCDD), dite dioxine de "Seveso" ; elle est aussi la plus toxique. Les furanes regroupent 135
molécules.
Dioxines Furanes
Les dioxines sont émises au cours de processus thermiques, accidentels (incendies) ou non
(incinération de déchets industriels d’ordures ménagères, de bois ou de carburants fossiles), au cours
de processus chimiques (traitement de la pâte à papier d' origine végétale, impuretés de l’herbicide
2,4,5-T), par les transports motorisés, la combustion mal maîtrisée de charbon, fioul, bois, etc.
Toutefois, en raison de la réduction des émissions atmosphériques produites par les incinérateurs
d'
ordures ménagères (UIOM) et l' industrie métallurgique, les émissions de PCDD/F ont été divisées
environ par dix en France entre 1990 et 2004 et la mise aux normes européennes de l'ensemble des
UIOM à partir du 28 décembre 2005 devrait permettre de poursuivre la baisse des émissions, la part
Caractérisation du danger
La connaissance des effets des dioxines repose sur les résultats d’études réalisées chez l’animal. Les
données chez l’homme proviennent du suivi épidémiologique des populations exposées par le passé
à des niveaux 100 à 1000 fois plus élevés que ceux de la population générale d’aujourd’hui
(populations exposées à l’agent Orange lors de la guerre du Vietnam, accident industriel de Seveso,
exposition professionnelle, etc.).
Toxicocinétique
Les données observées chez l' homme et obtenues expérimentalement chez l' animal montrent que les
PCDD/F traversent facilement la paroi gastro-intestinale et sont transportés par les protéines sériques
vers les organes et les tissus. Les mécanismes de séquestration hépatique et d’excrétion peuvent
induire des variations considérables de concentration au niveau des cibles cellulaires, expliquant en
partie les variations de sensibilité entre les espèces. Chez l' homme, une partie de la dose ingérée par
voie orale est excrétée par voie fécale. L' élimination est d'
autant plus lente que la charge lipidique est
élevée. Toute mobilisation des graisses, notamment au moment de la lactation, est accompagnée
d'un relargage des contaminants dans l' organisme, ce qui explique la présence des PCDD/F dans le
lait maternel. La demi-vie d'élimination des PCDD/F, variable selon les congénères, est de l' ordre de
5,5 à 11 ans (moyenne : 7,6 ans ; OMS, 2001).
Les effets toxiques et biochimiques des PCDD/F sont corrélés aux concentrations tissulaires et non
directement à la dose quotidienne ingérée. La charge corporelle qui est le reflet des niveaux de
concentrations tissulaires et sériques, s'
élève progressivement tout au long de la période d'exposition.
A l'arrêt de l'
exposition, en raison des longues demi-vies de ces molécules, la charge corporelle
diminue très lentement pour atteindre un pseudo-équilibre au bout d' une dizaine d' années. Ainsi,
l'
exposition ponctuelle à ces molécules au travers d'un aliment très contaminé aura peu d' impact sur la
charge corporelle.
Principaux effets toxiques
Parmi les effets rapportés chez l’animal de laboratoire comme consécutifs à des expositions aiguës,
subaiguës et chroniques, on peut citer le développement de certains cancers, des effets sur la
reproduction (baisse de la fertilité, rôle de perturbateurs endocriniens) et le développement
(foetotoxicité et tératogénicité), une immunotoxicité, une neurotoxicité, des altérations des systèmes
enzymatiques hépatiques, notamment un déséquilibre du métabolisme des estrogènes au profit des
4-OH cathéchol estrogènes, potentiellement mutagènes.
D'une façon générale, les résultats actuellement disponibles ne sont pas évocateurs d'un fort potentiel
cancérogène ou tératogène de ces produits pour l' homme, les animaux utilisés pour les études
expérimentales semblant présenter une sensibilité plus grande vis-à-vis de ces substances.
Le risque tératogène (malformations du nouveau-né) est suspecté en cas de forte exposition mais non
démontré. On ne retrouve pas de malformation spécifiquement induite par les dioxines ou les PCB.
L’ensemble des PCDD est potentiellement carcinogène, mais seule la TCDD a été classée dans les
carcinogènes du groupe I par l’IARC (IARC, 1997). Cependant, rien n’est aujourd’hui définitivement
démontré par les études épidémiologiques en raison, notamment de la complexité des expositions et
A ce jour, aucun des congénères de dioxine n’a été trouvé génotoxique, ce qui explique le choix du
modèle d’évaluation des risques conduisant à la définition d'
une dose journalière (hebdomadaire ou
mensuelle) tolérable estimée pour la vie entière.
La DMTP (Dose Mensuelle Tolérable Provisoire) de 70 pg TEQOMS/kg de poids corporel/mois a été
considérée comme étant un bon compromis entre les différentes évaluations (JECFA, 2001). Les
charges corporelles dans ces études sont près de 10 fois plus faibles que la charge corporelle qui
induit un effet cancérogène chez le rat. Aussi, le JECFA a considéré que la DMTP déduite de cette
dose était également protectrice pour les effets cancérogènes.
Les PBDE appartiennent à la famille des retardateurs de flamme bromés (RFB) qui constituent des
produits chimiques incorporés dans les matières plastiques d' appareils électriques (ordinateurs,
télévisions) et de circuits électroniques en vue de leur conférer des propriétés ignifuges. Ils sont
également présents dans des mousses et des matériaux de capitonnage (domestiques et industriels),
les intérieurs de voitures et d'
avions ainsi que dans certains textiles. Leur mode d’action repose sur le
piégeage des espèces radicalaires produites lors de la phase gazeuse de la combustion.
Les PBDE sont des composés chimiques relativement stables du point de vue physico-chimique. Ces
molécules sont peu solubles dans l’eau, surtout dans le cas des congénères les plus bromés, ce qui
favorise leur bioaccumulation dans les tissus gras (log kow de 5 à 7).
Identification du danger
Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) constituent une famille de plus d’une centaine
de composés organiques, constitués d’atomes de carbone et d’hydrogène formant au moins deux
cycles aromatiques condensés. On différencie les HAP de faible poids moléculaire (moins de quatre
cycles aromatiques) des HAP de haut poids moléculaire (quatre cycles ou plus). Fréquemment
retrouvés dans l’environnement, ils sont d’origine naturelle (hydrocarbures pétrogéniques) mais aussi
et surtout d’origine anthropique (hydrocarbures pyrogéniques). Ils proviennent alors de processus de
pyrolyse ou de combustion incomplète de matériaux organiques (industrie chimique, sidérurgie,
incendies, moteurs à combustion, incinérateurs de déchets urbains, etc.).
Dans l’environnement, les HAP sont généralement présents sous forme de mélanges complexes et de
compositions variables selon leurs origines. Ces composés, chimiquement stables, ont une faible
hydrosolubilité, mais un coefficient de partage octanol/eau (Kow) relativement élevé. Ceci leur confère
un important potentiel d’adsorption sur les particules en suspension dans l’air ou dans l’eau. Aussi les
hydrosystèmes figurent-ils parmi les écosystèmes les plus touchés par les HAP, leur contamination se
faisant essentiellement par voie atmosphérique et par drainage et lessivage des sols. Les HAP sont
notamment présents dans les sédiments, mais peuvent être relargués par des mécanismes de
bioturbation.
L’accumulation des HAP peut exister chez certaines espèces animales, comme les mollusques, alors
que les poissons ont la capacité de métaboliser les HAP, pour former différents composés (formes
hydroxylées, époxydes, quinones, etc), dont les effets toxiques restent à préciser. La bioaccumulation
est dépendante :
- de la structure chimique des HAP (coefficient de partage octanol/eau et poids moléculaire
en particulier) ;
- de la nature des tissus (teneur en lipides principalement) ;
- des capacités métaboliques des organismes (Baumard et al., 1998). En effet le
phénomène de bioamplification (augmentation de l’imprégnation avec le niveau trophique)
est faible pour les HAP, les capacités de métabolisation des HAP étant d’autant plus
grandes que les organismes se situent à un niveau trophique élevé.
Caractérisation du danger
Chez l’homme, les HAP sont rapidement absorbés au niveau de l’intestin. Des études chez le rat ont
montré que 30 à 50% de faibles doses sont très vite absorbés, avec une majeure partie métabolisée
au niveau du foie. Les métabolites des HAP sont essentiellement éliminés via les fèces, la voie
urinaire étant la seconde voie d’élimination, en particulier des composés conjugués. Cependant tous
les HAP ne présentent pas le même niveau de toxicité. Afin de prendre en compte ces différences, un
facteur d'équivalence toxique (TEF ou TEQ) exprimé par rapport au benzo(a)pyrène, HAP le mieux
renseigné et aussi un des plus toxiques, a été défini pour chaque HAP. Néanmoins ce statut de
marqueur de présence et d’effet des HAP attribué au benzo(a)pyrène pourrait être révisé dans
l’avenir.
Des données toxicologiques montrent que certains HAP induisent des effets systémiques tels que des
troubles hématologiques, immunologiques et hépatiques, le développement d’athérosclérose ainsi
que des effets sur la reproduction. D’autres HAP ont des effets génotoxiques et cancérogènes. Pour
les denrées alimentaires, il n’est pas proposé de valeurs réglementaires (DJT) pour les HAP compte
tenu du caractère génotoxique de certains d’entre eux (en particulier le benzo(a)pyrène et le
dibenz(a,h)anthracène). On peut cependant retenir la valeur de la DVS (Dose Virtuellement Sûre)
proposée par le RIVM qui est de 5 ng TEQ/kg poids corporel/jour pour un excès de risque de cancer
-6
de 10 . En outre concernant les additifs aromatiques de fumage, il existe une teneur limite en
benzo(a)pyrène fixée à 0,03 µg/kg. De même des teneurs maximales sont données pour les produits
9
fumés à froid, soit 1 µg TEQ/kg de matière fraîche pour 11 HAP et 0,5 µg/kg de matière fraîche en
benzo(a)pyrène. Enfin des valeurs guides sont recommandées dans les aliments pour lesquels la
pollution environnementale peut être à l’origine d’un niveau élevé de contamination (déversement
9
Les 11 HAP concernés sont : anthracène, benz(a)anthracène, benzo(b)fluoranthène, benzo(j)fluoranthène,
benzo(k)fluoranthène, benzo(g,h,i)pérylène, benzo(a)pyrène, chrysène, dibenz(a,h)anthracène, fluoranthène et indéno(1,2,3,c-
d)pyrène.
Caractérisation du risque
L’apport moyen journalier estimé pour la population française est de 3,7 ng TEQ/kg p.c. chez les
10
adultes de 15 ans et plus et de 6,4 ng TEQ/kg p.c. chez les enfants de 3 à 14 ans . L’exposition au
ème
97,5 percentile est de 6,7 ng TEQ/kg poids corporel/jour chez les adultes et de
11
13,1 ng TEQ/kg/poids corporel /jour chez les enfants . L’annexe 8 présente une proposition d’une
liste de HAP et de leur facteur d’équivalence toxique (TEF) pour évaluer l’exposition alimentaire aux
HAP.
Considérant la consommation moyenne de poissons non fumés et fumés de mollusques et crustacés
en France (respectivement 30 et 1 g/jour/personne d’une part et 5 g/jour/personne d’autre part, selon
l’enquête INCA de 1999), l’exposition moyenne de la population française est inférieure ou voisine de
la DVS du RIVM (exprimée en ng TEQ/kg poids corporel /jour).
Quel que soit l’aliment, certains modes de cuisson, notamment domestiques (barbecue, cuisson au
grill avec calcination en surface), constituent le facteur essentiel de l’exposition alimentaire aux HAP.
Le risque sanitaire lié à la présence de HAP est faible pour le consommateur de produits de la
mer. En réalité, et ce quel que soit l’aliment, certains modes de cuisson, notamment
domestiques, constituent le facteur essentiel de l’exposition alimentaire aux HAP.
4.1.2.3 Pesticides
La majorité des pesticides organochlorés sont considérés par la Convention de Stockolm comme des
Polluants Organiques Persistants du fait de leur toxicité et de leur forte rémanence dans
l’environnement.
La revue de la littérature scientifique montre que les pesticides organochlorés sont régulièrement
détectés et quantifiés dans les poissons destinés à l’alimentation humaine (Héraud, 2005).
Les pesticides organochlorés sont également les pesticides les plus fréquemment détectés dans les
produits de la pêche et d’aquaculture prélevés dans le cadre des plans de surveillance et de contôle
de la DGAl : aldrine, dieldrine, chlordane, DDT isomère, endosulfan, endrine, heptachlore et lindane.
Un « Observatoire des Résidus de Pesticides » a été créé en 2004, pour rassembler les informations
sur la présence de résidus de pesticides dans différents milieux et organiser leur exploitation pour
estimer le niveau d’exposition des populations aux pesticides.
10
Estimation calculée en TEQ pour les 6 HAP suivants : benz(a)anthracène, benzo(b+j)fluoranthène,
benzo(k)fluoranthène, benzo(a)pyrène, dibenz(a,h)anthracène, benzo(g,h,i)pérylène.
11
Basé sur une estimation de l’exposition à 6 HAP de la population française par voie orale ; la contamination moyenne
est précisée en utilisant l’hypothèse dite haute, c’est à dire l’utilisation de la valeur de la limite de quantification divisée par 2
(soit 2 Log/2) dans le cas d’une non détection.
La contamination des produits issus de la pêche ou de l’aquaculture, par les pesticides autres que les
organochlorés, est faiblement documentée. Une étude récente réalisée à Taiwan (Sun et al., 2006) a
analysé 91 pesticides sur 920 échantillons de poissons, céphalopodes et crustacés prélevés sur les
marchés de trois grandes villes entre 2001 et 2003 ; elle montre que 11,4% des poissons, 1% des
crustacés et 1% des céphalopodes contiennent des insecticides organophosphorés (chlorpyrifos,
fenitrothion, fenthion ou prothion), le plus souvent à de faibles concentrations. Par ailleurs, les plans
de surveillance de la DGAL ont montré que deux insecticides (un organophosphoré, le pirimiphos
méthyl et un pyréthrinoïde, la cyperméthrine) ont été quantifiés, mais à une seule reprise entre 2002
et 2004 sur des saumons d’importation, à de faibles concentrations (3,7 et 9,2 µg/kg de poids frais
respectivement). Ces quelques résultats sont du même ordre de grandeur que ceux des plans de
surveillance mis en œuvre aux Etats-Unis. Par ailleurs, des traces d’isoproturon (désherbant céréales)
à des teneurs de quelques microg/kg de matière sèche ont été trouvées dans la chair de poisson et
dans les bulots en baie de Seine.
Caractérisation du risque
Concernant les poissons, la caractérisation du risque a été réalisée selon une approche déterministe
à partir des données de contamination (résultats des plans de surveillance de la DGAl de 2003) et des
données de consommation (enquête nationale de consommation individuelle INCA, (Afssa, 2000b)) ;
elle montre que le risque est globalement très faible puisque l’apport par les poissons en insecticides
des familles des organochlorés et des pyréthrinoïdes n’excède pas 15,7% de la DJA (Tableau XVII), à
l’exception du risque potentiel présenté par le chlordécone pour les populations antillaises, ce qui
explique des arrêtés d’interdiction de pêche dans certaines zones en Guadeloupe et Martinique.
12
cf. site Internet : http://www.ineris.fr/siris-pesticides/
13
Le chlordécone, insecticide organochloré, désormais interdit mais extrêmement persistant, utilisé pour lutter contre divers
ravageurs des cultures dans les régions tropicales, est retrouvé à des teneurs élevées dans la chair de poissons et crustacés
d’eau douce de certaines zones de Martinique et Guadeloupe.
4.1.2.4 Biocides
Destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, les biocides sont des
produits actifs susceptibles d’avoir des effets nuisibles sur l’homme, l’animal ou l’environnement. Les
substances biocides sont utilisées dans une large variété de produits incluant des désinfectants, des
insecticides ménagers ou industriels, des produits de traitement du bois et des eaux, des peintures
antisalissures, etc.
La distinction entre désinfectants et antiseptiques est surtout liée à une différence d’emploi car de
nombreuses molécules sont utilisées aux deux titres. Les désinfectants sont réglementés par la
directive 98/8/CE (dite directive « biocides ») tandis que les antiseptiques dépendent de la
règlementation relative aux médicaments humains ou vétérinaires selon le cas. La directive
« biocide » s’applique aux substances qui agissent par une action chimique ou biologique. Les
dispositions de cette directive couvrent l’ensemble des usages des biocides en identifiant 23 types de
produits de biocides répartis en 4 groupes : les désinfectants, les produits de protection, les anti-
parasitaires et les autres produits biocides. Seules les substances ayant démontré leur efficacité et
leur innocuité pour l’homme et pour l’environnement pourront être inscrites à l’annexe 1 de la directive
(liste positive). Dans un second temps, débute la phase d’évaluation des autorisations de mise sur le
marché de produits biocides contenant uniquement des substances actives inscrites à l’annexe 1.
Concernant les désinfectants, cette phase devrait être initiée vers 2012 (lorsque l’ensemble des
substances actives notifiées pour cet usage auront été évaluées).
Les biocides principalement utilisés dans les filières de production des poissons, mollusques et
crustacés sont :
Les aspects sanitaires liés aux médicaments vétérinaires et aux additifs utilisés en alimentation
animale concernent surtout les poissons et les crustacés et, dans une moindre mesure, les
mollusques en écloserie. Dans le cas des médicaments vétérinaires et des additifs utilisés en
alimentation animale, l’évaluation estréalisée a priori, c’est-à-dire avant la mise sur le marché de ces
médicaments et additifs.
4.2.1 Mycotoxines
Une évaluation du risque mycotoxique est donnée dans les rapports Afssa « Évaluation des risques
liés à la présence de mycotoxines dans les chaînes alimentaires humaine et animale » (Afssa,
2009b).
Identification du danger
Les mycotoxines sont des produits du métabolisme secondaire de moisissures pouvant se développer
sur la plante au champ ou en cours de stockage et douées de potentialités toxiques à l’égard de
l’homme et des animaux. Plus de 300 métabolites secondaires ont été identifiés mais, seulement une
trentaine possède de réelles propriétés toxiques préoccupantes. Ces toxines peuvent contaminer
naturellement de nombreuses matières premières d’origine végétale, notamment les céréales et les
graines, ainsi que les aliments composés et manufacturés issus de ces filières destinés à
l’alimentation humaine et animale.
Les mycotoxines peuvent être classées en polycétoacides, terpènes, cyclopeptides et métabolites
azotés selon leur structure. On peut aussi classer les mycotoxines plus simplement selon leurs
principaux effets toxiques. On distingue parmi les groupes de mycotoxines considérées comme
importantes du point de vue agro-alimentaire et sanitaire les aflatoxines, les ochratoxines et
l’ochratoxine A en particulier, la patuline, les fumonisines, la zéaralenone et les trichothécènes et tout
spécialement le déoxynivalénol. Il convient de remarquer que dans un groupe structural de toxines, la
toxicité peut varier considérablement d’une toxine à une autre ; le danger n' est pas toujours lié à la
toxine elle-même, mais peut aussi venir de ses métabolites et de l’effet de synergie, possible en cas
de multicontamination, mais peu renseigné.
Caractérisation du danger
La toxicité de ces contaminants naturels est variable. Certaines toxines exercent un pouvoir
hépatotoxique (aflatoxines), d’autres se révèlent œstrogéniques (zéaralènone),
immuno/hématotoxiques (patuline, trichothécènes, fumonisines), dermonécrosantes (trichothécènes),
néphrotoxiques (ochratoxine A) ou neurotoxiques (toxines trémorgènes). Certaines mycotoxines sont
reconnues cancérogènes ou suspectées de l’être. En outre, plusieurs mycotoxines peuvent être
présentes dans le même produit ou la même ration alimentaire (Afssa, 2006d ; Afssa, 2009b).
Pour les consommateurs humains, le risque est direct ou indirect car induit par la présence possible
de résidus dans les productions issues des animaux d’élevage, incluant les poissons et crustacés,
exposés à une alimentation contaminée par les mycotoxines. Ces résidus correspondent à la toxine
elle-même et/ou à des métabolites bioformés conservant les propriétés toxiques du composé parental.
Les espèces d'élevage peuvent donc constituer un vecteur de ces toxines ou de leurs métabolites.
Evaluation du risque mycotoxique
L’évaluation du risque mycotoxique demeure délicate. En effet, ce risque est d’essence naturelle chez
les végétaux, l’homme n’en maîtrisant pas la survenue (conditions climatiques notamment) ; il est
pernicieux car la contamination fongique est difficilement contrôlable ; enfin il peut être multiple en
raison de la capacité que peut avoir une même moisissure à produire différentes mycotoxines. En
effet, plusieurs toxines d’une même famille structurale ou présentant des structures différentes
peuvent se retrouver dans le même produit alimentaire et, a fortiori, dans une ration composée de
divers ingrédients alimentaires. Cette situation naturelle pose des problèmes car les études menées
sur les interactions toxiques demeurent limitées et sont peu informatives.
Les ochratoxines
Aucun cas d’ochratoxicose spontanée chez le poisson n’a été rapporté dans la littérature scientifique.
On peut trouver de l’ochratoxine (OTA) dans les céréales telles que le blé et le maïs qui peuvent être
incorporées dans l’aliment des poissons, à des taux variables selon les espèces (type carnivore ou
omnivores). Les poissons sont donc potentiellement exposés à une ingestion d’aliments contaminés à
l’OTA.
La biodisponibilité de l’OTA est très faible chez le poisson (carpe : 1,6%) (Hagelberg et al., 1989) et sa
demi-vie semble très courte (Fuchs et Hult, 1992).
Chez la truite arc-en-ciel ayant subi une injection avec de la toxine marquée ( C) (Fuchs et al., 1986),
14
l’autoradiographie des individus a montré que les plus fortes concentrations en ochratoxine A ou ses
métabolites se trouvaient dans le rein, l’urine et la bile, alors que pratiquement rien n’a été trouvé dans
le sang ou le muscle. La contamination des poissons ne semble donc pas jouer un rôle important
dans l’exposition des consommateurs à l’ochratoxine A.
4.2.1.2 Les autres mycotoxines
Les trichothécènes
On peut trouver des trichothécènes tels que les déoxynivalénol (DON), nivalénol (NIV), toxines T-2 et
HT-2, dans le blé et le maïs pouvant être incorporés dans les aliments pour poissons, tels quels ou
après transformation. Les poissons sont susceptibles d’être exposés à des trichothécènes ;
cependant, aucun cas de toxicité aux trichothécènes n’a été rapporté en pisciculture. Par ailleurs, il n’y
Les données des études menées sur l’aflatoxine et les ochratoxines suggèrent que le risque
sanitaire est faible pour le consommateur de produits de la mer. Concernant les autres
mycotoxines, il n’est pas possible de conclure sur un risque d’exposition des consommateurs
étant donné le manque d’informations sur leur transfert dans les tissus.
4.2.1.3 Réglementation
Pour l’alimentation animale, la directive 2002/32/CE (et ses modifications) sur les substances
indésirables dans les aliments pour animaux, des teneurs maximales ont été fixées pour les
aflatoxines. Pour les autres mycotoxines, aucune teneur maximale n' est encore fixée dans les
aliments pour animaux. Cependant, la Commission préconise dans sa recommandation 2006/576/CE
du 17 août 2006 d' appliquer des teneurs maximales en déoxynivalénol, zéaralénone, ochratoxine A,
toxines T-2 et HT-2 et en fumonisines dans les matières premières et aliments destinés à
l'
alimentation animale.
Pour l’Homme, le règlement (CE) n° 1881/2006 modifié portant fixation de teneurs maximales pour
certains contaminants dans les denrées alimentaires, ne fixe pas de teneurs maximales dans les
PMC.
4.2.2 Phycotoxines
Le phytoplancton est la partie végétale du plancton. C' est le premier maillon de la chaîne alimentaire
dans les écosystèmes aquatiques. Les algues unicellulaires microscopiques composent une part
importante du plancton dont certaines espèces (mollusques en particulier) se nourrissent. Il existe
environ 4 000 espèces d’algues phytoplanctoniques au niveau mondial : certaines d’entre elles
(environ 250) peuvent proliférer de façon importante (« algal bloom » ou « efflorescence ») en formant
des eaux rouges, brunes ou vertes. Dans les conditions favorables de température, de salinité, de
nutriments, les algues peuvent proliférer pour former des efflorescences contenant des millions de
cellules par litre.
La plupart de ces algues sont inoffensives. Cependant, certaines d’entre elle (environ 70 espèces)
sont toxiques. Les phycotoxines (biotoxines) correspondent ainsi aux toxines produites par quelques
espèces phytoplanctoniques. Certaines de ces toxines présentent un risque pour les consommateurs,
accumulent dans les coquillages (toxines diarrhéiques, paralysantes, amnésiantes, etc.) et
car elles s'
dans les poissons (ciguatoxines) ; d'
autres enfin sont dangereuses pour la faune marine (poissons,
coquillages, etc.).
4.2.2.7 Règlementation
Pour les coquillages, un système de surveillance des phycotoxines est basé sur un règlement
communautaire (paquet hygiène 852-853-854/2006/CE). La limite maximale dans les coquillages
(corps entier ou toute partie consommable séparément) est de :
La contamination par les toxines algales (PSP, DSP, ASP et autres toxines « émergentes »),
suite à la consommation de coquillages, est un risque réel en France métropolitaine. Il est
important de noter qu’un traitement par la chaleur ne détruit pas les toxines algales. De plus,
l’accroissement des échanges au plan international ainsi que les changements globaux de
l’environnement, peuvent être des facteurs favorisants l’émergence de nouvelles espèces et
les efflorescences d’algues toxiques le long des côtes françaises.
Pour les intoxications par les ciguatoxines, le risque est associé majoritairement à la
consommation de poissons et très rarement à la consommation de coquillages. Il est
pratiquement inexistant en France métropolitaine, mais réel dans les départements et
territoires d’outre-mer.
4.2.3 Histamine
Identification du danger
L’histamine (4-(2-aminoéthyl) imidazole ou imidazolalkylamine), découverte en 1910 par Akerman, est
un neuromédiateur largement impliqué dans les phénomènes inflammatoires et allergiques. Dans le
corps humain, l’histamine est synthétisée à partir d’un acide aminé, l’histidine et stockée
principalement dans les cellules immunitaires, les mastocytes, qui la libèrent lorsqu’ils sont stimulés
par la présence d’une molécule étrangère comme un allergène.
L’histamine appartient aux amines biogènes, molécules biologiquement actives sur le système
nerveux central et sur le système vasculaire. Dans le domaine alimentaire, le terme "amines
biogènes" correspond en fait aux amines non volatiles. Elles proviennent de la décarboxylation des
acides aminés par des enzymes bactériennes et tissulaires. Les plus étudiées sont des amines
aliphatiques (putrescine, cadavérine, spermidine, spermine) et des amines aromatiques (histamine,
tryptamine, tyramine). L’histamine résulte de la décarboxylation de la L-histidine essentiellement par
des décarboxylases microbiennes.
L’intoxication histaminique, ou syndrome de pseudo-allergie alimentaire, provient de la transformation
de l’histidine en histamine par décarboxylation. La consommation d’aliments renfermant de fortes
quantités d’histamine peut induire des effets toxiques.
Caractérisation du danger
Les principaux symptômes observés sont liés à l’effet vasodilatateur de l’histamine. La dilatation des
capillaires sanguins entraîne des phénomènes d’hémoconcentration. Les symptômes les plus souvent
rencontrés sont : rougeur facio-cervicale, éruption cutanée, enflure du visage, bouffées de chaleur,
sensation de brûlure dans la gorge, goût de poivre dans la bouche, démangeaisons, picotements de
la peau. Ces symptômes cutanés sont les plus spécifiques de l’intoxication histaminique et peuvent
orienter le diagnostic. Ils sont généralement suivis de troubles neurologiques : céphalées, palpitations
cardiaques, étourdissements. Des symptômes secondaires, de nature gastro-intestinale, peuvent
apparaître : nausées, maux d’estomac, vomissements, diarrhée.
En général, la période d’incubation est courte, elle varie de quelques minutes à quelques heures. Les
symptômes disparaissent spontanément en quelques heures (trois heures en général).
Exceptionnellement, ils peuvent durer plusieurs jours dans les cas les plus graves.
L’incidence de ce phénomène, trop souvent pris pour une allergie alimentaire, est sous-estimée à
cause d’un mauvais diagnostic. Les intolérances à l’histamine traduisent manifestement une
Figure 5 : Evolution des TIAC à l’Histamine entre les années 2000 et 2007
70 350
60 300
40 200
30 150
20 100
10 50
0 0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007*
Années (2007: -> juin)
Les productions de poissons, mollusques et crustacés commercialisés en France sont soumises aux
réglementations nationales et européennes en vigueur. En particulier, pour les risques biologiques, la
refonte de la réglementation européenne a pour objectif de garantir un niveau élevé de sécurité des
aliments pour protéger le consommateur et de renforcer ainsi la confiance de ce dernier.
Pour atteindre ces objectifs, l’Union européenne a mis en place, en 2006, une nouvelle approche,
connue sous le nom de « paquet hygiène » s’appliquant dans tous les Etats-Membres et également
aux pays tiers souhaitant exporter leurs denrées alimentaires dans l’Union Européenne.
L’objectif de cette réglementation est :
- d’assurer un niveau élevé de protection de la santé du consommateur en tenant compte de
la santé et du bien être des animaux, de la santé des plantes et de l’environnement ;
- de garantir la sécurité sanitaire en harmonisant les systèmes de surveillance et de contrôle
dans l’Union Européenne et les pays tiers ;
- de permettre la libre circulation des produits (denrées animales, végétales et aliments pour
animaux).
Cette nouvelle réglementation établit clairement que la responsabilité incombe à l’exploitant et tous les
acteurs des différentes filières concernées, y compris celles de production de PMC.
Le règlement (CE) n° 178/2002 du Parlement Européen constitue le socle du « paquet hygiène ».
D’autres règlements européens déclinent cette approche, notamment dans la définition des règles
d’hygiène, des bonnes pratiques d’hygiène et de l’application des principes du HACCP (Hazard
Analysis-Critical Control Point) à toutes les étapes de la chaîne alimentaire. Des critères
microbiologiques ont également été établis, notamment pour les denrées prêtes à être consommées
(Règlement (CE) n° 2073/2005 du 15 novembre 2005).
Dans cet esprit, un guide national de vulgarisation de l’hygiène à bord des navires de pêche vient
d’être édité, afin de mettre en application cette nouvelle approche dans la filière de la pêche ;
toutefois, ce guide ne doit pas être considéré comme un « Guide de Bonnes Pratiques Hygièniques »,
mais plus simplement comme un guide pédagogique pour les utilisateurs.
4.3.1.1 Helminthes
A- L’anisakiase (ou anisakidose)
Identification du danger
Les agents étiologiques de l' anisakiase appartiennent à la famille des Anisakidés, nématodes
parasites de mammifères, oiseaux et poissons marins. Les genres impliqués dans des pathologies
humaines sont principalement Anisakis et Pseudoterranova, quelques cas ayant également été décrits
impliquant les genres Hysterothylacium et Contracaecum.
Le cycle biologique de ces parasites est hétéroxène, impliquant un ou plusieurs hôtes intermédiaires.
Les individus adultes sont présents dans le tube digestif de l'
hôte définitif. Ses déjections contiennent
L’anisakiase est une zoonose parasitaire cosmopolite et émergente, transmise par de très
nombreuses espèces de poissons et de céphalopodes pêchés en mer. Lorsque la chair de ces
animaux est crue ou mal cuite, les larves parasites peuvent survivre et s’enfoncer dans la paroi
digestive du consommateur, provoquant des symptômes sévères dont le traitement est
principalement chirurgical. La prévention repose sur la cuisson à cœur ou la congélation, mais
l’ingestion de ces parasites, même tués, peut induire des réactions allergiques allant jusqu’au
choc anaphylactique.
Plusieurs autres helminthoses transmissibles par les PMC peuvent présenter un risque pour le
consommateur, principalement en Asie du Sud Est et en Amérique Latine.
4.3.1.2 Protozoaires
Des 325 épidémies hydriques liées à des protozoaires au niveau mondial, 50% étaient dues à
Cryptosporidium parvum, et 40% à Giardia lamblia, les amibes, toxoplasmes et microsporidies venant
loin derrière. Par ailleurs, si les œufs d’helminthes (ténia, ascaris, etc.) plus lourds décantent
rapidement à partir des eaux usées et se retrouvent principalement dans les boues extraites des
stations d’épuration, plutôt que dans leurs rejets, ou dans les sédiments fluviatiles, les kystes de
protozoaires restent en suspension plusieurs jours dans l’eau et peuvent ainsi atteindre le milieu
littoral via les fleuves côtiers ou des rejets directs. Les rejets agricoles peuvent également être
importants : les ruissellements d’effluents d’élevage peuvent être une source de Cryptosporidium
9
importante, puisqu’un jeune veau en état de diarrhée peut excréter jusqu’à 10 oocystes /g de fécès.
On retrouve ainsi dans l’eau de la Seine quelques oocystes (2 à 10/100 ml) de Cryptosporidium
parvum dans l’estuaire, et des teneurs similaires pour les kystes de Giardia, alors que leur
4 5
concentration initiale dans les eaux usées est 10 à 20 fois plus élevée : 10 -10 /100 litres au lieu des
10 -10 /100 litres pour les oocystes de Cryptosporidium parvum. On retrouve par effet concentrateur
3 4
les kystes des deux parasites dans les coquillages filtreurs de l’estuaire : 100 à 1000 (Cryptosporidium
ou Giardia) par kg de chair de moules d’eau douce (dresseine), mais sur le littoral est de la baie de
Seine seul Cryptosporidium parvum est retrouvé, à des concentrations maximales de 300 par kg de
chair de moules (Mytilus edulis) en été, et 1500 par kg en hiver. On l’a également retrouvé dans les
coques du même secteur. La contamination par Cryptosporidium parvum d’origine humaine et
animale a été rapportée, dans les eaux côtières et des huîtres de Chesapeake Bay. Des
contaminations de clams par Giardia et surtout Cryptosporidium ont été aussi observées sur les côtes
adriatiques d’Italie du Nord, des Abbruzes et de la lagune de Venise. Au Pays Bas, des oocystes de
Cryptosporidium ont été détectés chez des huîtres sauvages provenant de l’Oosterschelde.
4.3.2 Bactéries
4.3.2.1 Salmonelles
Les salmonelloses humaines se manifestent selon 2 principaux syndromes : les fièvres typhoïdes et
les gasto-entérites.
Les fièvres typhoïdes sont causées par Salmonella Typhi et Salmonella Paratyphi et sont des
infections relativement graves se traduisant par de la fièvre, des crampes abdominales et des
diarrhées, et surtout par des bactériémies. Les traitements antibiotiques des patients sont nécessaires
du fait de la gravité de cette maladie.
Les autres sérotypes (ou sérovars) de Salmonella spp. peuvent être responsables de gastro-entérites
se traduisant par des douleurs abdominales, des diarrhées et une fièvre. Ces symptômes se résolvent
progressivement après quelques jours. La contamination humaine se fait le plus souvent par la
consommation d’aliments contaminés. Les salmonelles non typhiques sont l’une des principales
causes des syndromes gastro-entériques dans les pays industrialisés, ces syndromes étant dus
essentiellement à des toxi–infections alimentaires survenant parfois en collectivités (TIAC).
La présence de Salmonella spp. dans les denrées alimentaires demeure, en Europe, la principale
cause de ces toxi-infections alimentaires collectives ; en 2004, près de 193 000 cas de salmonelloses
ont été déclarés. Ces TIAC à salmonelles sont principalement causées par la consommation d’œufs et
d’ovoproduits contaminés, de volailles et de produits de pâtisserie (présence d’œufs) ; la contribution
des produits de la mer (« seafood ») est relativement faible : 13 épidémies pour 173 personnes
infectées, dont 10 ont été hospitalisées. En France, entre 1996 et 2005, les poissons, crustacés et
coquillages, ont été impliqués dans 69 foyers de toxi-infections alimentaires à Salmonella
spp.déclarés, soit environ 4% de l’ensemble des foyers de cas de salmonelloses humaines (Delmas
et al., 2006).
Actuellement, les infections décrites sont principalement dues à la présence de quelques sérovars
dont S. Enteritidis et S. Typhimurium, mais la majorité des 2400 sérovars répertoriés doivent, selon la
définition de l’OMS, être considérés comme potentiellement pathogènes.
Les salmonelles sont des bactéries répandues dans différents milieux, les principaux réservoirs étant
le tractus gastro-intestinal des mammifères et des oiseaux. Dans la majorité des cas, les animaux sont
considérés comme des porteurs asymptomatiques. Certaines souches de Salmonella spp. peuvent
également être isolées d’autres sources, telles les animaux à sang froid (tortues de compagnie) et les
animaux aquatiques (mollusques et poissons).
La part des PMC dans les salmonelloses humaines demeure très faible. Selon (Bean, 1997), aux
USA, 7% des TIAC à salmonelles peuvent être attribuées à des PMC d’origine marine (« seafood »).
Une étude réalisée en Australie, entre 1990 et 2000, sur les toxi-infections associées à la
consommation des produits de la mer, ne fait absolument pas apparaître les salmonelles comme l’un
des principaux agents responsables (Summer, 2002).
Quelques épisodes de TIAC ont été décrits dans la littérature :
- en juin 1998, en Allemagne, une TIAC à S. Blockley consécutive à la consommation
d’anguilles fumées produites en Italie ; la contamination des poissons vivants et l’insuffisance
des traitements (fumage) étaient démontrées (Fell et al., 2000) ;
La prévalence des salmonelles dans les poissons peut être considérée comme faible.
Cependant, du fait de l’ubiquité de ces bactéries, leur présence dans l’environnement (eaux
douces et saumâtres) peut entraîner une contamination des poissons et des animaux
aquatiques, notamment les mollusques.
Ainsi, le risque de salmonelloses humaines liées à la consommation de ces produits peut être
considéré comme négligeable pour les poissons et crustacés consommés cuits. Cependant,
du fait des possibilités de contamination des mollusques, notamment dans des zones à risque
(apport de salmonelles par l’environnement), le risque de toxi-infections salmonelliques ne
peut être totalement exclu, surtout si ces denrées sont consommées crues ou peu cuites. La
mise en place de mesures de maîtrise adaptées, au stade de l’élevage et de la récolte, permet
alors de diminuer ces risques.
Une étude italienne (Busani et al., 2005), fondée sur des contrôles officiels, indique une absence de L.
monocytogenes dans les coquillages et crustacés. La présence dans ces produits est beaucoup plus
probable lorsqu’ils sont transformés. Un cas de listériose ayant entraîné le décès de jumeaux
nouveau-nés en Nouvelle Zélande, en 1992, a été attribué à l’ingestion de moules fumées (Brett et al.,
1998). S’agissant des crevettes, les préoccupations concernent essentiellement les produits cuits
recontaminés. Divers auteurs ont évalué la prévalence de L. monocytogenes dans les crevettes. Une
étude réalisée sur plus de 3000 échantillons de crevettes, prélevés dans 26 entreprises d’Islande, a
révélé la présence de L. monocytogenes dans 2,1 % des produits analysés (Gudmundsdottir et al.,
2006 ; Valdimarsson et al., 1998). Gudmundsdottir (Gudmundsdottir et al., 2006) a analysé des
échantillons prélevés dans deux entreprises de préparation de crevettes cuites décortiquées :
L.monocytogenes a été détectée dans 11,2% des échantillons. En 1989, aux Etats Unis, dans le
Connecticut, des cas de listérioses invasives (deux femmes enceintes) et non invasives (10 adultes
en bonne santé), ont été déclarés suite à un repas de cérémonie : des crevettes ont été incriminées
(Riedo et al., 1994). En 2000, dans l’Ontario, deux cas de listérioses non invasives ont été attribués à
un produit d’imitation de chair de crabe (Farber et al., 2000). Tous ces aliments peuvent être
contaminés au cours de la transformation ou de la conservation.
L’évolution des niveaux de prévalence continue à être étudiée dans la filière, notamment dans les
poissons fumés. Les recherches en cours sur L. monocytogenes sont particulièrement orientées sur la
virulence.
premières denrées alimentaires associées à cette maladie. Dès 1883, cependant, on remarqua, en
Russie, qu’une intoxication provoquée par des poissons fumés, était similaire à celle causée par des
saucisses en Allemagne. De nombreux cas d’intoxications liées à la consommation d’animaux
aquatiques ont été signalés par la suite, notamment en Allemagne (Afssa, 2002).
Identification du danger :
Clostridium botulinum est une bactérie anaérobie, sporulée et ubiquiste, produisant des neurotoxines
responsables d’une intoxication alimentaire potentiellement mortelle : le botulisme. Ces neurotoxines,
classées en sept toxinotypes (de A à G) selon leurs propriétés antigéniques, sont réputées être les
plus dangereux poisons biologiques connus. La dose létale de la neurotoxine botulique A, administrée
par la voie orale chez l’homme adulte, est estimée entre 100 ng et 1 µg.
L’espèce Clostridium botulinum, très hétérogène, est divisée en quatre groupes qui pourraient
correspondre à quatre espèces distinctes sur le plan taxonomique. Le type E, le plus fréquemment
mis en cause lors de toxi-infections alimentaires associées à l’ingestion de produits d’origine
aquatique, appartient au groupe II de C. botulinum, mais la neurotoxine botulique E peut également
être produite par C. butyricum. Par ailleurs, certaines souches non protéolytiques des types B et F
peuvent également se développer à basse température. Au sein même des souches de C. botulinum
de type E isolées de produits de la pêche, la diversité génétique est extrêmement grande.
Caractérisation du danger :
Responsable de cas humains et animaux régulièrement mortels, le botulisme est particulièrement
redouté malgré sa rareté. Il atteint le système nerveux, en provoquant une paralysie flasque.
Le botulisme humain est associé aux types A, B et E, exceptionnellement aux types C et F. Chez
l’homme, la forme de botulisme E est intermédiaire entre le botulisme de type A, la plus grave, et le
botulisme de type B, moins sévère.
Le botulisme est une maladie à déclaration obligatoire chez l’homme depuis 1986, mais ne fait pas
l’objet d’une réglementation spécifique chez l’animal.
Les poissons sont principalement concernés par le type E, qui affecte aussi les oiseaux sauvages et
d’élevage.
Chez les poissons vivants, la toxine peut être rapidement éliminée des tissus musculaires : dix jours
après une administration orale unique à différentes espèces d’intérêt commercial (truite arc-en-ciel,
perche fluviatile et sandre américain), la toxine botulique de type E n’est plus retrouvée dans la chair,
alors qu’on en retrouve encore dans le reste de leur organisme. Ce phénomène pourrait confirmer le
rôle des poissons vivants contaminés dans la transmission de l’intoxication botulinique aux oiseaux
sauvages.
Inversement, le risque de transmission du botulisme des oiseaux sauvages à l’homme par
l’intermédiaire des poissons est théoriquement possible mais n’a jamais été démontré, ce qui a
conduit l’Afssa à recommander la levée de l’interdiction de pêche dans un lac où avait été détectée
une mortalité anormale d’oiseaux par un botulisme de type C (Afssa, 2000a).
Potentiellement grave mais très rare, le botulisme est une maladie provoquée par l’ingestion de
toxines produites par Clostridium botulinum, une bactérie fréquente dans l’environnement.
Ces toxines affectent le système nerveux et peuvent entraîner la mort par paralysie des
muscles respiratoires. Le toxinotype le plus dangereux n’est cependant pas le plus
fréquemment associé aux produits d’animaux aquatiques, qui n’ont été en outre été associés
qu’à 4,2% des foyers déclarés en France entre 1991 et 2004.
Les seuls vibrions potentiellement pathogènes, par voie alimentaire, dans les produits de la
pêche, sont les Vibrio cholerae O1 et O139, les Vibrio cholerae non O1/non O139 possédant les
gènes de la toxine cholérique et certains Vibrio parahaemolyticus possédant les gènes codant
pour les hémolysines TDH et/ou TRH.
Les infections alimentaires à Vibrio parahaemolyticus sont principalement causées par la
consommation de poisson crus et de fruits de mer (crustacés, mollusques) crus ou mal cuits
ou encore rincés par de l’eau de mer contaminée. L’aliment doit reposer pendant un certain
temps à la température ambiante pour que la bactérie s’y multiplie. En France, où l’incidence
est faible, les mesures préventives consistent à contrôler les produits de la mer crus ou
précuits surgelés importés des zones tropicales, à éviter la contamination croisée entre les
aliments cuits et les produits de la mer crus, et à respecter les températures de conservation
des produits à tous les stades de la filière.
En France, lorsque Vibrio cholerae est détecté sur des poissons, mollusques ou crustacés, il
s’agit généralement de vibrions non cholériques. Toutefois il n’est pas exclu de trouver des
vibrions cholériques dans certains produits d’importation (crevettes, perches du Nil, etc) en
fonction du contexte du pays d’origine.
Les virus abondent dans le milieu aquatique aussi bien dans les eaux douces que marines. En plus
des virus natifs des milieux hydriques qui sont responsables de maladies chez les espèces marines,
des virus d’origines animale et humaine peuvent être véhiculés vers le milieu marin. En effet, les virus
parviennent dans les estuaires, les zones littorales, les stations conchylicoles et peuvent contaminer
les sédiments, le plancton et les coquillages. Des selles humaines infectées peuvent contenir jusqu’à
10 3 5
10 particules virales/g, les eaux usées en contiennent de 10 /litre à 10 /litre en période épidémique,
les eaux de surface quelques unités, mais les sédiments et particules en suspension les adsorbent
(reconcentration environ 100 fois) et les mollusques filtreurs (35 litres d’eau de mer/jour pour une
moule) vont également les concentrer et les conserver plusieurs semaines, alors que la dose
infectante pour l’homme est en général inférieure à 50 particules virales.
Du fait de la présence irrégulière et de la multitude des microorganismes pathogènes (bactéries, virus,
protozoaires) dans les eaux littorales et de l’absence de techniques de routine pour leur recherche et
de la fixation de critères, le contrôle sanitaire se fonde sur le dénombrement des bactéries,
Escherichia coli (E. coli) ou "germes tests de contamination fécale". En effet, la quasi totalité des
microorganismes pathogènes identifiés dans les eaux littorales sont de provenance fécale, humaine
ou animale, et sont, en permanence, accompagnés d' E. coli en grande abondance, et spécifiques des
contaminations fécales. En pratique, le niveau du risque sanitaire est évalué en fonction de
l'
importance de la pollution d' origine fécale, c' est-à-dire de l' abondance des témoins (E. coli). La
réglementation a ainsi défini des catégories pour les niveaux de contamination des zones de
production de coquillages. Par leur présence, ces témoins de contamination fécale indiquent la
probabilité, mais non la certitude, d' une contamination par des pathogènes de même origine, car la
présence et le nombre des pathogènes dépendent de l' état de santé de la population responsable de
la pollution fécale. A l'inverse, l'absence de témoin n' est pas une preuve de l' absence de risque
sanitaire car certains microorganismes pathogènes, en particulier les virus, peuvent survivre plus
longtemps qu' E. coli dans les eaux littorales et les coquillages. Cette survie prolongée des virus pose
le problème de la représentativité du risque par le seul indicateur « coliformes fécaux », ces derniers
disparaissant en quelques jours d’un coquillage contaminé après un pic de pollution fécale, si l’eau
retrouve une bonne qualité sanitaire.
Les risques sanitaires liés aux entérovirus, par voie digestive, ont pratiquement disparu en France,
suite au succès de la vaccination anti-poliomyélite. Aujourd’hui, les principaux virus pathogènes pour
l’homme, à transmission hydrique, avec reconcentration possible dans les coquillages filtreurs, sont
les virus de gastro-entérites (calicivirus, rotavirus et astrovirus) et les virus de hépatites A et E.
Calicivirus humains
Identification du danger
La famille des Caliciviridae est constituée de quatre groupes de virus distincts d'un point de vue
antigénique et d'
un point de vue génétique. Des différences sont également observées pour les virus
appartenant à ces quatre groupes au niveau de leurs hôtes. Les virus appartenant à cette famille sont
des virus à ARN simple brin positif. Ils possèdent une capside isosaédrique composée d' une protéine
majeure.
Les calicivirus humains sont regroupés en deux genres : le genre norovirus et le genre sapovirus. Les
norovirus qui infectent l' homme, ont été dans un premier temps appelés virus de type Norwalk ou
petits virus ronds. Le virus Sapporo est le virus type du genre des sapovirus. Au niveau,
ultrastructural, les virus de type Sapporo présentent des caractéristiques de capside particulières, leur
génome montre deux cadres de lecture distincts. Les virus du genre norovirus possèdent, quant-à
eux, trois cadres de lecture et les limites de leur capside apparaissent floues.
Caractérisation du danger
Chez l' homme, la période d' incubation pour les infections à norovirus est de 18 à 48 heures et la
maladie dure en général 24 à 48 heures. La contamination se traduit par une gastro-entérite
(nausées, vomissements, diarrhées, asthénie et fièvre) qui évolue naturellement vers la guérison. Le
traitement est uniquement symptomatologique et inclut, en particulier, une bonne réhydratation. Les
virus du genre norovirus peuvent toucher toutes les classes d' âge chez l' homme, à la différence
d'autres virus qui sont responsables de gastro-entérites essentiellement chez l' enfant (rotavirus,
astrovirus et adenovirus). La plupart des cas de gastro-entérites impliquant des calicivirus humains
sont rapportés dans des centres pour personnes âgées, des écoles et des lieux de villégiature et sont
Parmi les PMC, les mollusques (coquillages filtreurs) sont la source majeure pour l’homme de
virus pathogènes à transmission hydrique (calicivirus, rotavirus, astrovirus et virus de
l’hépatite A). De plus, les changements globaux de l’environnement, notamment
l’augmentation de la fréquence de fortes précipitations, via un phénomène de lessivage et
d’entraînement vers les zones côtières, peuvent être des facteurs favorisants.
Les poissons, mollusques et crustacés, ne peuvent être considérés globalement vis-à-vis des risques
allergéniques, car les allergènes sont différents et l’on présente couramment une allergie soit aux
poissons, soit aux mollusques, soit aux crustacés. La prévalence de ces trois types d’allergies
alimentaires dépend de la catégorie d’âge, reflétant des différences de consommation (Tableau XIX).
Les allergies IgE-dépendantes aux poissons et aux crustacés donnent des manifestations
immédiates, parfois sévères (choc anaphylactique, syndrome pâleur-léthargie-hypotonie du
nourrisson). D’après le réseau d’allergovigilance, les crustacés sont responsables de 9,9% des 294
accidents anaphylactiques alimentaires déclarés entre 2002 et 2004, les mollusques aquatiques de
1,4% et les poissons de 1% (CICBAA, 2004). Les crustacés sont la deuxième cause d' accidents
anaphylactiques alimentaires après les fruits secs à coque (35,4%), et la première cause d' origine
animale (Figure 6).
L’inhalation de vapeurs de cuissons de poisson peut déclencher de l’asthme chez les sujets
sensibilisés. La sensibilisation professionnelle aux crustacés ou aux poissons (industries) est bien
connue et fait désormais l’objet de mesures préventives.
Il n’existe pas de réactions cliniques croisées entre les mollusques (huîtres, coquilles Saint-Jacques,
moules, palourdes, ormeaux, bulots, etc.). Il a été avancé une association d’allergie au calamar et
d’allergie aux Lamellibranches (palourdes et clams) mais il peut s’agir d’association chez des
consommateurs des deux fruits de mer, et non véritablement d’une allergie croisée.
Par contre, les allergies croisées entre poissons sont fréquentes (sauf le thon, souvent bien toléré) et
n’épargnent pas les poissons de rivière. Les cas d’allergie à un seul poisson sont rares.
La gélatine de poisson est très peu allergénique et l’utilisation d’isinglas (collagène de vessies
natatoires de poissons tropicaux) comme clarifiant des bières ne présenterait pas de danger pour
l’Homme. Bien que des traces puissent être retrouvées dans les vins clarifiés, il n’a pas été mis en
évidence de réaction allergique aux poissons par la consommation de vin.
Les allergies aux céphalopodes (poulpes, calamars) sont peu fréquentes. La réactivité croisée entre
les mollusques terrestres (escargot) et les mollusques aquatiques est très rare également. Les oeufs
de poissons (caviar d’esturgeons, œufs de lumps) ne donnent qu’exceptionnellement des cas
d’allergies.
Autres Autres
végétaux : animaux :
31% 16%
Animaux
aquatiques :
12%
Fruits secs à
coque (arachides, Autres
noisettes, noix,etc.) : allergènes :
35% 6%
Bien connus pour les poissons et les crustacés, les allergènes sont thermorésistants et résistent aussi
assez durablement à la digestion. Les allergènes majeurs sont la parvalbumine, pour les poissons, et
la tropomyosine pour les crustacés (premiers identifiés : Gad c 1, et Pen a 1).
Bien que les homologies entre parvalbumine (allergène majeur) de poissons et parvalbumine de
grenouilles soient connues et rendent compte d’une réactivité croisée in vitro, l’allergie croisée entre
poissons et grenouilles est exceptionnelle. De même il existe une homologie des tropomyosines entre
les coquillages et les crustacés. Le risque réel d’allergie croisée semble peu fréquent, mais
nécessitera des évaluations ultérieures. Les homologies des tropomyosines, entre les mollusques, les
acariens et les blattes sont connues, mais il est très rare que les personnes allergiques aux acariens
et aux blattes présentent une allergie croisée aux mollusques et aux crustacés. L’allergie croisée entre
crevettes et crabes semble fréquente. Le chitosan (extrait de carapace de crustacés), figurant dans
des compléments alimentaires, parait dénué de risque.
En raison de la relative fréquence et de la sévérité potentielle des allergies aux poissons et aux
crustacés, leur mention est obligatoire (étiquetage) dès lors qu’ils figurent dans la composition des
produits alimentaires industriels, selon la directive n° 2003/89/CE.
Le « Guide nutrition des enfants et ados » (2004), publié dans le cadre du PNNS, ne recommande
pas une introduction tardive du poisson pour tous les enfants, mais propose son introduction après 6
mois révolus comme la viande, sauf dans le cas des enfants « à risque » (définis comme les enfants
dont un ou les deux parents et/ou un frère ou une sœur sont allergiques). Pour ces enfants à risque
d’allergie, la viande peut être introduite après 6 mois, mais le poisson et les crustacés pas avant l’âge
d’un an.
Des réactions allergiques peuvent enfin être provoquées par l’ingestion de parasites, principalement
Anisakis simplex, présents dans la chair ou les viscères des poissons marins et des céphalopodes.
Ces réactions se manifestent de différentes manières :
• l’anisakiase allergique : les larves d'Anisakis contiennent de puissants allergènes
dont le principal est la paramyosine. Leur libération chez l' homme peut provoquer des
phénomènes allergiques d' intensité variée, allant de l'
urticaire au choc anaphylactique
dans plus d’un quart des cas (Audicana et al., 2002);
• la pseudo-allergie alimentaire : l'
ingestion répétée de larves d' Anisakidés, même
tuées par la cuisson ou la congélation, peut provoquer divers troubles allergiques chez
Les crustacés sont les principaux produits aquatiques à l’origine d’allergies alimentaires chez
les adultes, et représentent la première cause d’accidents anaphylactiques alimentaires
d’origine animale dans la population générale. Chez les enfants ce sont les poissons qui
dominent, sans doute du fait de la faible consommation de mollusques et de crustacés dans
cette tranche d’âge.
Méconnues et sous-estimées, les allergies aux parasites des poissons pourraient représenter
une part non négligeable des allergies alimentaires attribuées aux PMC.
4.5 Importations et contrôles à l’importation des PMC en provenance des pays tiers
Le principe général qui régit l’importation dans la CE des produits de l’aquaculture et de la pêche (ici
le pangasius et le tilapia) issus des pays tiers est celui de l’équipollence ou de l’équivalence. En
pratique, pour être exportés, les produits sont soumis dans le pays de production aux mêmes normes
et règlements que les produits communautaires, ou à des normes reconnues équivalentes. Cette
conformité, qui permet l’exportation des produits alimentaires vers la CE, est attribuée par le comité
vétérinaire permanent suite un long processus d’évaluation qui concerne les lois, la compétence des
autorités de contrôle locales et aussi des moyens de production et de transformation. Ainsi, en ce qui
concerne les contaminants et les résidus, les produits exportés sont conformes ou équivalents au plan
de contrôle harmonisé européen qui est régi par :
- directive CE 96/22 (interdiction de l’usage d’hormones de croissance, thyréostatiques et beta
agonistes) ;
- directive 96/23/CE (Plan de contrôle résidus sur échantillonnage. En plus cette directive
concerne également les produits issus des autres pays membres et des pays tiers qui sont
donc ainsi doublement contrôlés) ;
- Règlement (CE) n° 2377/90 (MRLs) des produits pharmaceutiques vétérinaires en particulier
Annexe IV substances interdites ;
- Règlement (CE) n° 466/2001 MRL des contaminants (métaux lourd et autres) ;
- Règlement (CE) n° 396/2005 MRL pour les pesticides.
De plus, les importations au niveau communautaire sont inspectées par les services vétérinaires
nationaux aux postes d’inspection frontaliers (PIF). L’arrêté du 5 mai 2000 transpose, en droit français,
14
la directive 97/78/CE modifiée du Conseil fixant les principes relatifs à l’organisation des contrôles
vétérinaires pour les produits, en provenance des pays tiers, introduits dans la Communauté. Cet
arrêté prévoit la réalisation de contrôles physiques associés à des examens de laboratoires.
Les produits importés doivent être soumis à un plan de surveillance de la part des états membres
destiné à détecter les résidus, agents pathogènes et autres substances dangereuses pour l’homme,
les animaux et l’environnement. La DGAl établit des exigences de contrôles à effectuer par secteur
(produits de la pêche et de l’aquaculture destinés à la consommation humaine, huiles et farines de
14
Directive 97/78/CE modifiée du Conseil fixant les principes relatifs à l’organisation des contrôles vétérinaires pour les
produits, en provenance des pays tiers
4.6 Alertes sanitaires sur les PMC au cours des dix dernières années
Une alerte peut être définie comme : « Tout événement sanitaire anormal représentant un risque
potentiel pour la santé publique ». Les signaux et alertes sanitaires sont enregistrés par la cellule
d’alerte de l’Afssa depuis le mois de juin 1999. Elles proviennent de la DG SANCO (RASFF : « Rapid
Alert System for Food and Feed ») via la DGCCRF (80% des alertes), des autres agences de sécurité
sanitaire (Afssaps, InVS notamment : 10%) et des administrations de tutelles (DGS, DGAl et
DGCCRF : 10%).
Les signaux et alertes reçues par la cellule peuvent contribuer à la surveillance des pathologies
d’origine alimentaire. Il faut toutefois préciser que ces informations ne sont pas représentatives de
l’ensemble des alertes survenant en France et/ou en Europe sur une période donnée et que le
signalement d’un contaminant, dans un produit donné, n’a pas systématiquement entraîné une
pathologie humaine, le produit ayant pu, par exemple, être retiré du marché avant sa consommation.
Il n’est donc pas possible, à partir des informations recueillies, de mesurer l’importance quantitative
des principaux contaminants des denrées alimentaires et des maladies d’origine alimentaire dans la
population.
Les résultats doivent donc être interprétés comme des indicateurs de surveillance et être
éventuellement croisés avec d’autres outils de surveillance.
Les éléments d’information fournis, concernant les alertes recensées sur les poissons, mollusques et
crustacés sont : la date de réception, le type de produit (poissons, crustacés et mollusques), le
produit, la catégorie de contaminants (bactéries, métaux lourd, etc.), le contaminant, la présentation
du produit (congelé, réfrigéré, etc.), le nombre de cas humains déclarés, le pays où le problème
sanitaire survient et le pays qui lance le signal.
Les signaux et alertes européennes pour lesquels la France est impliquée (qu’il s’agisse d’un produit
français à l’exportation ou d‘un produit fabriqué à l’étranger circulant sur le territoire français et
présentant un danger) ont été recensés sur les PMC entre le 15 juin 1999 et le 31 décembre 2007.
Entre juin 1999 et décembre 2007, 266 signaux et alertes ont concerné les PCM, avec une grande
dispersion en matière de produits ayant fait l’objet d’une alerte, sur un total de 992 informations pour
lesquels la France a été impliquée, soit environ un quart des cas.
er
Entre le 1 janvier 2008 et le 31 décembre 2009, 29 alertes de la DG SANCO (RASFF) ont concerné
les PMC sur un total de 137 alertes pour lesquelles la France a été impliquée, soit environ un
cinquième des cas.
Etant donné le nombre d’alertes et la grande variété des produits, il n’est pas possible d’associer un
type de produit à un type de contaminant donné. Toutefois, 30% des alertes nationales concernent la
crevette. Les grands types de contaminants retrouvés dans ce produit mais qui n’ont pas donné lieu à
une pathologie humaine, sont, pour les pathogènes, les salmonelles et les vibrions et pour les
contaminants chimiques, le chloramphénicol. Il convient également de signaler le nombre croissant
depuis quelques années de signalement liés à des phycotoxines marines (moules, huitre, etc.).
15
www.agriculture.gouv.fr
16
http://ec.europa.eu/food/animal/bips/index
Dans cette étude, les alertes relatives à la présence de chloramphénicol concernent exclusivement
des crevettes d’importation. Le chloramphénicol est interdit d’utilisation en élevage dans tous les pays
membres de la FAO et du Codex Alimentarius, et son utilisation relève de la fraude.
En Europe, le chloramphénicol n’est plus utilisé depuis 1995. Sa présence n’est plus détectée que
dans des produits d’importation, qui font désormais l’objet de contrôles renforcés. La présence de
métaux lourds (mercure et cadmium) est observée dans la base de données pour les poissons
(espadon notamment pour le mercure), les calamars, les seiches et les poulpes.
Lorsque des alertes ont concerné les phycotoxines, ces dernières concernaient préférentiellement des
élevages de moules (50% des alertes).
Entre 2008 et 2009, la majorité des alertes concernant les moules portaient sur le présence de
phycotoxine (essentiellement les toxines amnésiantes).
L’histamine apparaît dans les données comme un contaminant des poissons notamment pour le thon
et l’anchois.
Les principales bactéries recensées dans les alertes sont les salmonelles, Listeria monocytogenes et
Vibrio (cholerae, parahaemolyticus). Listeria monocytogenes se retrouve très majoritairement dans le
saumon fumé. La présence de salmonelles est décelée dans les crevettes, les poissons, les calamars,
les seiches et les poulpes. Certaines alertes concernent également la présence d’entérobactéries
dans les poissons et les poulpes. Les contaminations par des Vibrio concernent très majoritairement
les crevettes. Le parasite anisakis est décelé dans les poissons et constitue la première cause des
alertes pour les poissons entre 2008 et 2009 (maquereaux, queue de baudroie et autres).
Comme indiqué en introduction, les données ne sont pas représentatives des alertes survenant en
France et/ou en Europe et le signalement de la présence d’un contaminant dans un produit donné n’a
pas systématiquement entraîné une pathologie humaine. Les seules conclusions qui peuvent être
tirées de ce recensement sont d’ordre qualitatif, et permettent d’associer préférentiellement un type de
produit à un type de contamination :
Moules-phycotoxines ;
Crevettes-Vibrions ;
Saumon fumé-Listeria monocytogenes ;
Espadon-mercure ;
Thon-histamine ;
Calamar/seiche/poulpe-cadmium.
Entre juin 1999 et décembre 2007, 266 signaux et alertes ont concerné les PMC sur un total de
992 informations pour lesquels la France a été impliquée, soit environ un quart des cas. Entre
janvier 2008 et décembre 2009, 29 alertes ont concerné les PMC sur un total de 137 alertes
pour lesquelles la France a été impliquée, soit environ un cinquième des cas. Ces chiffres ne
signifient par pour autant que les PMC sont plus contaminés que les autres produits
alimentaires mais ils indiquent que cette catégorie d’aliment est probablement la plus
surveillée en Europe, ce qui explique l’importance des contrôles positifs.
Ce système d’alerte est également important pour hiérarchiser les espèces et type de produits
à surveiller en fonction de l’incidence des événements sanitaires observés.
La plupart des poissons de mer, sauf ceux de la pêche côtière, sont pêchés relativement loin des
côtes et des circuits de commercialisation. Il faut donc les préserver avant leur débarquement à terre.
Les contraintes physiques que subissent les poissons de pêche lors de leur capture puis lors des
opérations de tri, de conditionnement, d’entreposage et de transformation éventuelle sont
déterminantes sur leur qualité microbiologique, nutritionnelle et organoleptique. La sélectivité des
chaluts a permis d’améliorer la qualité du poisson débarqué en réduisant le volume de capture dans la
poche du chalut et en évitant certains poissons pouvant abîmer les espèces cibles par écrasement
dans la poche du chalut. Mais, quel que soit l’engin utilisé, les bonnes pratiques de pêches restent
primordiales pour assurer une qualité optimale du poisson débarqué. Pour les crustacés et les
mollusques pêchés différemment (par exemple au casier ou à la drague), ils ne subissent pas de
contraintes supplémentaires analogues lors de la mise à bord. Ils sont triés et conservés vivants en
viviers ou en caisses. La durée de la marée (temps passé en mer pour le bateau) reste déterminante
pour la qualité des poissons, crustacés et mollusques arrivant sur les marchés.
De par la possibilité de maîtriser les conditions d' élevage, de pêche et d' abattage, le poisson
d'aquaculture possède des atouts indéniables en termes de qualité, de fraîcheur et de continuité dans
les approvisionnements. Ces critères apparaissent aux premiers rangs des exigences des industriels
de la transformation du poisson. Un milieu d' élevage indemne (hors toute pollution) est un système
satisfaisant d'
un point de vue qualité microbiologique du milieu. Il n' induit pas de contamination
anormale des produits qui en sont issus, quelle que soit la température d'
élevage.
La qualité du poisson décline très rapidement post mortem. On assiste à une variation du pH
musculaire, une modification de la rétention de l’eau ainsi que des propriétés diélectriques du muscle
de poisson. La rigidité cadavérique et sa résolution interviennent entre 5 et 30 heures, à 0°C.
Les processus biochimiques qui se mettent en place, se déroulent selon un modèle identique à celui
observé dans le muscle des animaux terrestres, à savoir glycogénolyse, lipolyse et oxydation des
lipides et protéolyse, la qualité de la chair des poissons est rapidement altérée par l’action simultanée
du système enzymatique du poisson et de la prolifération bactérienne.
Les opérations de préparation génèrent des pertes en composés présents dans les parties éliminées
et perte en composés hydrosolubles.
L’utilisation de produits aquatiques congelés peut se faire directement congelés ou après
décongélation. Celle-ci peut causer des pertes sensibles de qualité si elle n’est pas réalisée avec soin
et dans des conditions d’hygiène adéquates. En effet, lors de la décongélation, l’eau ne ré-imbibe les
tissus que partiellement, l’excédent s’écoulant sous forme d’exsudat plus ou moins important selon la
pratique de la congélation. La perte en eau augmente la concentration en solutés de la phase liquide
et change son pH. L’exsudat entraîne certains nutriments hydrosolubles tels que des protéines, des
vitamines et des sels minéraux, aussi bien chez les poissons que chez les crustacés et notamment les
crevettes. La décongélation provoque une glycolyse rapide. Un produit décongelé retient davantage
de sel qu’un produit frais par suite de la désorganisation des tissus par la congélation. Le poisson une
fois décongelé s’altère rapidement. Il convient donc de décongeler le plus rapidement possible, de
maintenir la température la plus basse possible et de cuire le produit sans délai afin d’éviter toute
altération ultérieure.
En dehors de l’aspect sanitaire, l’aspect composition minérale de l’eau est également important d’un
point de vue nutritionnel. En effet, il peut se produire des transferts (minéraux principalement) entre le
poisson et l’eau et réciproquement, dans le cas de poisson mort ou pour les filets de poisson
séjournant un temps important dans l’eau, lors de la préparation ou même lors de la conservation (eau
de mer à 0°C), pour rétablir l’équilibre osmotique entre le poisson et le milieu. Ces effets sont
difficilement quantifiables et sont probablement faibles.
L’oxydation des lipides est la cause majeure de la détérioration de la qualité du muscle de poisson. Le
sang contient plusieurs constituants (comme par exemple l’hémoglobine) pouvant favoriser ou
retarder l’oxydation des lipides. Le saignement réduit l’oxydation des lipides qui dépend de nombreux
facteurs tels que la concentration en hémoglobine, le pH, le type d’hémoglobine, le volume
plasmatique ou l’intégrité des érythrocytes (Richards et Hultin, 2002).
La susceptibilité des lipides à être oxydés est due à leur caractère insaturé et au système pro-oxydant
(enzymatique et non enzymatique) naturellement présent chez le poisson. Différents types de lipides
et différents types de pro et anti-oxydants sont présents chez le poisson. C’est ce qui explique que
certains lipides dans certaines parties du poisson sont plus susceptibles d’oxydation que d’autres
(Undeland et al., 1998). De plus, la peau fait écran à l’oxygène de l’air protégeant ainsi les lipides de
l’oxydation directe. Des poissons pelés ou des filets de poisson sont donc particulièrement sensibles,
surtout s’ils sont entreposés sans protection pendant une longue période.
Le muscle du poisson vivant est stérile alors que la peau, les branchies et le tractus digestif
contiennent une flore bactérienne importante dont la nature et la quantité dépendent de l’espèce, de
son alimentation et de la qualité de l’eau environnante (température, salinité, oxygène dissous, etc.).
La flore intestinale du poisson d’eaux tempérées est généralement composée de bactéries à Gram
négatif (appartenant aux genres Pseudomonas, Aeromonas, Photobacterium, ou Vibrio). Dès la mort
du poisson, les tissus musculaires se dégradent rapidement du fait des bactéries.
Chez les crustacés et les mollusques céphalopodes, la flore d’altération est semblable à celle des
poissons. Toutefois, les crustacés s’altèrent plus vite que les poissons, produisant des composés
azotés volatils en plus grande quantité. Les coquillages subissent une altération avec une diminution
progressive du pH. Certains coquillages issus des zones B (peu contaminées) nécessitent
obligatoirement un traitement de purification selon lequel les coquillages doivent pouvoir éliminer les
micro-organismes dans de l’eau de mer non contaminée. En France, cette opération consiste à
immerger des coquillages vivants dans des bassins alimentés en eau de mer propre pendant un
temps minimum de 48 h. La purification semble efficace vis-à-vis du risque bactérien. Par contre son
efficacité semble plus réduite en ce qui concerne les virus.
En milieu industriel, les paramètres temps/température de décongélation sont définis de manière à
éviter les conditions favorisant la croissance microbienne ou la production de toxine staphylococcique
ou la production d’histamine. En effet, après décongélation, la croissance des bactéries repart, parfois
même plus rapidement que pour le poisson frais à température égale compte tenu de l’absence de
concurrence microbienne, due à la destruction de certaines souches lors de la congélation.
L’exsudation favorise, d’une part, la multiplication des psychrotrophes, responsables d’altérations
organoleptiques, et des pathogènes (comme par exemple Clostridium botulinum) et d’autre part,
certains germes pénètrent plus facilement les cellules exsudées des produits animaux dont les
structures ont été désorganisées lors de la congélation. Les produits ainsi décongelés, en attente de
préparation, sont entreposés dans les mêmes conditions que les produits frais, à des températures ne
dépassant pas 2°C.
L’eau utilisée pour la préparation des PMC doit répondre aux exigences du règlement (CE) n°
852/2004 relatif à l’hygiène des denrées alimentaires :
- eau potable : eau satisfaisant aux exigences minimales fixée par la Directive 98/83/CE ;
- eau de mer propre : eau de mer ou saumâtre naturelle, artificielle ou purifiée ne contenant
pas de microorganismes, de substances nocives ou de plancton marin toxique en quantité
susceptible d’avoir une incidence directe ou indirecte sur la qualité sanitaire des denrées
alimentaires, La mise en place de règles hygiéniques d’utilisation de l’eau de mer propre pour
la manipulation des produits de la pêche a fait l’objet d’une saisine Afssa (Afssa, 2007a). La
purification et la désinfection de l’eau de mer ont fait l’objet d’une saisine Afssa (Afssa,
2007c) ;
- eau propre : eau de mer propre et eau douce d’une qualité similaire.
Les opérations utilisées pour préparer les poissons, mollusques et crustacés sont déterminantes
quant à leur durée de conservation. En cas de temps d’attente entre opérations unitaires, les
poissons, mollusques et crustacés sont entreposés au froid positif. Lorsque la température interne du
poisson cru est maintenue durablement au-delà de 5°C, les bactéries pathogènes peuvent se
développer. Il peut y avoir production d’histamine.
La préparation des poissons, mollusques et crustacés est importante, car elle conditionne les
qualités des produits aquatiques : qualité des produits aquatiques, qualité nutritionnelle
(hydrolyse et oxydation des lipides) mais également qualité sanitaire (développement de la
flore d’altération). Lors des opérations de préparation des PMC, la gestion des temps d’attente
et la qualité des eaux sont essentielles. Les produits en attente sont placés dans une zone
réfrigérée spécifique et/ou sous glace. Les eaux utilisées doivent être propres, sans
contamination microbiologique, substances nuisibles ou plancton toxique en quantités
susceptibles d’affecter la salubrité des PMC. Pour obtenir des produits finis de bonne qualité,
la qualité de la matière première doit être irréprochable. Elle passe par la nécessité d’avoir une
traçabilité et un étiquetage rigoureux.
Activité de l’eau
L’eau est le constituant le plus important de la chair de poisson (70 - 80%). Cette eau joue un rôle
important dans la conservation du poisson, car elle rend possible diverses réactions biochimiques
(oxydation, par exemple). C’est l’activité de l’eau (aw) définie par l’abaissement de la pression partielle
de vapeur d’eau selon la relation : aw = Pw/P°w à une température T d’équilibre où Pw est la pression
partielle de vapeur d’eau de l’aliment et P°W la pression partielle de vapeur d’eau de l’eau pure à la
même température. Par définition, l’aw est comprise entre 0 et 1 (activité de l’eau pure). On désigne
aussi l’activité de l’eau par humidité relative d'
équilibre, eau libre ou encore eau disponible. C’est une
mesure spécifique à l’agro-alimentaire très répandue.
L’activité de l’eau, associée à d’autres descripteurs, peut donner une indication sur la qualité des
produits : nutritionnelle (échanges d'eau entre un produit et l'
environnement dans lequel il se trouve :
air, emballage, autres produits), organoleptique et microbiologique (plus aw est élevée, plus les micro-
organismes peuvent se développer et altérer le produit). Les altérations nutritionnelles en relation
avec l’activité de l’eau sont diverses : enzymatiques (enzymes inactivées par abaissement de aw),
brunissement non enzymatique, oxydation des lipides, autres (vitamines) (Labuza et al., 1971). Les
caractéristiques de cohésion ou d' agglomération d' un produit ne dépendent pas uniquement de
l'
activité de l'
eau mais également de la composition des produits.
Pour la conservation des poissons, mollusques et crustacés, on cherchera donc à réduire l’activité de
l’eau, par différents procédés physiques ou chimiques. Ces différents procédés possèdent chacun
leurs avantages en termes de mise en œuvre pratique et de qualité nutritionnelle et sanitaire.
5.2.2 Salage
5.2.3 Dessalage
Avant le fumage, le poisson subit un salage préalable suivi d’un séchage sommaire.
5.2.4.1 Description du procédé
Le fumage est une opération qui consiste à exposer des produits aquatiques à la fumée obtenue par
combustion lente de produits ligneux de façon à abaisser leur teneur en eau et à y introduire divers
composants de la fumée. La nature du bois peut dépendre de la tradition et varie d’un pays à l’autre.
En règle générale, il faut du bois d’arbre à feuilles caduques. L’utilisation de résineux est à proscrire
(risque de production de benzopyrènes). Il y a fumage à chaud (température de fumée 60°C)
lorsque, au cours de l’opération de fumage, les produits se trouvent exposés à une température
provoquant leur cuisson et donc une modification de leur texture. Dans le cas contraire, le produit
restant cru, le fumage est dit à froid (température de la fumée 25°C).
Sont dits « fumés » les produits soumis à un fumage pendant un temps suffisant pour acquérir le goût
de fumée. Les poissons les plus fumés sont les harengs, les sardines, les anchois, les truites et les
saumons. Cependant, tout comme pour le salage, le goût a tendance à s’affadir et le fumage à froid
n’est plus guère utilisé qu’à des fins d’aromatisation et de coloration.
La température d’entreposage est de la plus haute importance quant à la conservation des produits
fumés. Selon le degré de salage et/ou de fumage, les produits se conservent à température ambiante
(hareng saur) ou au froid positif (T 2°C), pour le saumon fumé, pendant quelques semaines.
5.2.4.2 Impact du procédé sur la qualité nutritionnelle
Les interactions qui se produisent entre les constituants de la fumée et les protéines, les matières
grasses et les autres éléments constitutifs du produit ne sont pas connues avec précision.
Les poissons fumés présentent une dénaturation des protéines (jusqu’à 20% de pertes lors du fumage
à froid et jusqu’à 55% lors du fumage à chaud) plus due à la chaleur qu’à la fumée. Une perte en
lysine a aussi été rapportée (Sainclivier, 1985). La fumée a une action anti-oxydante, surtout par les
phénols, qui inhibe la réaction d’oxydation dès la phase d’initiation. Toutefois, une perte en EPA et
DHA pouvant atteindre 35% a été rapportée pour du maquereau fumé (Combe, 2003).
5.2.4.3 Impact du procédé sur la qualité sanitaire
Les constituants de la fumée ont un effet bactériostatique. Les risques potentiels liés à la
consommation de poissons fumés, n’ayant pas subi de traitements assainissants, peuvent être
classés en trois catégories : les risques microbiologiques, les parasites et la présence de
contaminants organiques. Ces risques ont été, récemment, décrits (Bledsoe et al., 2001). Dans ce qui
suit, on fera essentiellement référence à la truite et au saumon fumés, espèces les plus consommées
en France.
A-Les risques microbiologiques.
La flore de la truite et du saumon fumé est très complexe (plus de 15 espèces très différentes en
2 6
genre et en nombre). En sortie d’usine, la contamination du saumon fumé peut aller de 10 à 10
germes/g, voire plus, suivant les usines (Leroi, 2002). Le cas particulier de Listeria monocytogenes a
été développé précédemment au chapitre 4.3.2.2.
B-Les parasites.
Le développement de la consommation de poissons crus ou de poissons fumés à froid risque de
provoquer un développement de maladies parasitaires (cf chapitre 4.3.1 Zoonoses parasitaires).
C-Les contaminants organiques
La fumée contient de nombreux composés volatils tels que des phénols et des polyphénols à fort
pouvoir antiseptique, mais également des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des
goudrons dont les effets peuvent être néfastes sur la santé humaine (cf chapitre 4.1.2.2). Toutefois les
taux de HAP retrouvés sur les produits fumés sont très bas. Pour éviter la production de ces
composés, une technique consiste à utiliser des condensats de fumée sous forme d’extrait aqueux ou
lipidique, qui ne contiennent pas d’HAP.
Les poissons fumés peuvent contenir des dérivés N-nitroso, le plus commun étant le N-
nitrosodiméthylamine. Ces nitrosamines se forment par réaction entre les oxydes d’azote présents
dans la fumée et les amines ou amides présents dans le poisson (Sainclivier, 1985).
5.3.1 Froid
Le froid est une technique de conservation des poissons, mollusques et crustacés qui ralentit ou
mieux bloque les réactions enzymatiques et le développement des micro-organismes. Il prolonge ainsi
la durée de conservation des produits aquatiques frais. Cependant, le froid ne détruit pas les micro-
organismes qui peuvent donc reprendre leur activité dès que la température redevient favorable.
L’application du froid doit être faite le plus tôt possible après collecte, et ne doit être appliquée qu’à
des produits aquatiques initialement sains. De plus, le froid doit être continu tout au long de la filière
de distribution (continuité de la chaîne du froid). On distingue deux procédés utilisant le froid : la
réfrigération et la congélation/surgélation.
5.3.1.1 Réfrigération
A-Description du procédé
A bord des bateaux, les poissons mis en caisses sont entreposés sous glace (en écaille, en particule
ou en neige) à basse température. A quantité de glace égale, la vitesse de refroidissement dépend de
la taille et de la forme du poisson et de la répartition de la glace. Une autre technique consiste à
placer directement le poisson dans une cuve remplie de « glace sorbet », mélange d’eau de mer et de
glace d’eau de mer, à une température comprise entre -2 et -3°C. Cette technique du « super-
chilling » permet de conserver le poisson pendant trois à quatre semaines.
Après débarquement, la réfrigération consiste à entreposer les poissons, mollusques et crustacés à
une température basse, proche de la température de congélation commençante du produit (dans le
cas du poisson, celle-ci est de l’ordre de -1°C). Pour les animaux homéothermes (animaux de
boucherie, volaille), la température de réfrigération (0°C à +4°C) limite l’altération par voie
bactérienne, l’amplitude de température étant de l’ordre de 30°C. Pour les PMC, animaux
pœcilothermes, vivants à la température de l’eau, la température de réfrigération peut être voisine de
celle de leur milieu naturel. A ces températures, la vitesse de développement des micro-organismes
est peu ralentie. La réfrigération ne permet donc que la conservation des produits aquatiques à court
terme.
La température des poissons, mollusques et crustacés doit rester aussi proche que possible de 0°C
pendant leur traitement. La rapidité du traitement et le maintien des animaux à basse température
conditionnent la qualité finale du produit. On a essayé de prédire la durée de conservation d’un produit
entreposé à une température T par rapport à sa durée de conservation à 0°C. La vitesse relative
d’altération R a été définie comme le ratio (Leroi, 2002) :
(1) R= durée de conservation à 0°C
durée de conservation à T°C
Si les durées de conservation à 0°C sont très différentes selon les espèces de poissons et leur mode
de conservation, il a été montré que l’effet de la température sur la vitesse relative d’altération était
constant. La relation suivante a été établie :
2
(2) R = (1+0,1 × T)
dans laquelle T est exprimé en °C. Des équations (1) et (2), il ressort que le poisson se conserve
environ deux fois plus longtemps à 0°C qu’à 4°C, et trois fois plus longtemps à 0°C qu’à 8°C.
B-Impact du procédé sur la qualité nutritionnelle
Pendant l’entreposage au froid positif, l’évolution des constituants nutritionnels des poissons varie
avec les espèces, leur contamination initiale et leur état physiologique lié à la saison de pêche. La
protéolyse est peu importante s’il n’y a pas de contamination initiale. On note cependant une
diminution de l’activité de certaines enzymes telle que la cathepsine. Il en est de même pour les
crevettes. Parmi les amines non volatiles, seule l’histamine augmente, surtout chez les espèces de
poisson riches en histidine (thon, anchois, cf chapitre 4.2.3 ; limite acceptable 100 mg pour 100 g de
chair). La teneur en acides aminés libres diminue tout d’abord, puis augmente du fait de la protéolyse.
Des variations s’observent selon les acides aminés et les espèces de poissons et de crustacés.
Au froid positif, une diminution de l’activité glycolytique est observée dans le muscle de poisson. Elle
reste cependant variable, compte tenu de la teneur en glycogène du muscle des poissons (variable
selon l’espèce, l’état physiologique et la saison de pêche).
L’utilisation de la chaleur a pour but, d’une part, de détruire ou d’inhiber totalement les enzymes et les
micro-organismes thermosensibles afin de conserver les produits aquatiques et, d’autre part, de
préparer les poissons, mollusques et crustacés à leur consommation, ces produits étant le plus
souvent mangés cuits. Pour la conservation des PMC, des traitements thermiques, pasteurisation ou
Le froid est une technique de conservation des produits aquatiques qui ralentit ou bloque les
réactions enzymatiques et le développement des micro-organismes. Il prolonge ainsi la durée
de conservation des produits aquatiques frais. Le froid doit être continu tout au long de la
filière de distribution (continuité de la chaîne du froid).
La congélation bien conduite n’altère pas la valeur nutritive des poissons, mollusques et
crustacés, mais l’entreposage puis la décongélation ainsi que le délai avant consommation
peuvent la réduire de façon significative.
L’utilisation de la chaleur a pour but, d’une part, de détruire ou d’inhiber totalement les
enzymes et les micro-organismes thermosensibles afin de conserver les produits aquatiques,
d’autre part, de préparer les poissons, mollusques et crustacés à leur consommation, ces
produits étant le plus souvent consommés cuits. Le mode et la température de cuisson
peuvent avoir une influence sur la qualité nutritionnelle et sanitaire des produits aquatiques.
5.4.1 Préemballage
5.4.3 Ionisation
Il existe un grand nombre de transformations des poissons, mollusques et crustacés. Sont présentés
ci-dessous trois types de transformations à base de poissons (les deux plus anciens, la conserve et le
poisson pané pré-frit surgelé, l’autre plus récent, le surimi) pour donner un aperçu général de leur
fabrication.
La sardine fraîche, non congelée, arrive en usine sous glace. Après déglaçage, elle est triée, étêtée,
éviscérée, puis elle est salée dans une saumure concentrée. La durée d’immersion dans la saumure
dépend de sa taille, de l’époque de l’année et de sa provenance. Dans le cas où la sardine arrive
congelée, on diminue le temps d’immersion.
La sardine est placée dans la boîte, cuite à la vapeur et séchée. Pour évacuer l’eau et les graisses, la
boîe est retournée. Les boîtes sont ensuite jutées à chaud, au naturel ou à l’huile d’olive, puis fermées
par sertissage et rapidement stérilisées.
Le procédé pour les conserves de maquereaux est similaire à celui de la sardine. Le poisson est
généralement fileté, grâce à des machines qui assurent plusieurs fonctions (étêtage, éviscération,
désarétage, et filetage).
Les filets de poissons panés pré-frits surgelés ont été parmi les premiers produits mis sur le marché
lorsque la congélation s’est vulgarisée. La fabrication de portions panées pré-frites surgelées se
compose de plusieurs étapes : sciages successifs de bloc de filets de poisson surgelé, passage des
portions obtenues dans un liant puis dans la chapelure. Les portions panées sont alors frites dans un
bain d’huile, puis surgelées et conditionnées. Une étude récente montre que, comparés aux filets
simplement congelés, les bâtonnets panés pré-frits renfermeraient moins d’AGPI n-3 et davantage
d’acides gras saturés et trans (Garrioch et Holub, 2007). L’utilisation en continu de liant peut être une
source de contamination bactérienne.
5.5.3 Surimi
Le surimi constitue un très ancien procédé de conservation du poisson largement répandu dans toute
l’Asie du sud-est. Avant l’apparition de la congélation, sa conservation se faisait par déshydratation.
e
Le surimi n’a conquis le monde que depuis la fin du XX siècle, d’abord les Etats-Unis, au début des
années 70, puis l’Europe à partir de 1980. La France est le seul fabricant de surimi-base en Europe et
le premier pour la production de bâtonnets aromatisés. Cette production, qui couvre la consommation
nationale, a été multipliée par 4 en 10 ans (10 000 t en 1994, 43 000 t en 2004). La France est le
premier consommateur européen de surimi.
Ce produit alimentaire, à mi-chemin entre un aliment de longue conservation et un produit traiteur, est
fabriqué à partir de poissons principalement importés. En effet, il est traditionnellement réalisé à partir
de la chair de poissons blancs tels que le colin d’Alaska et le merlan bleu. Actuellement, des essais
sont réalisés avec d’autres espèces, de plus faible valeur marchande, comme les poissons issus de la
pêche minotière, jusqu’à présent réservés à l’alimentation animale.
La fabrication du surimi se déroule en deux étapes principales :
- La première est la fabrication du surimi-base. Les poissons pêchés sont étêtés, vidés,
découpés, lavés à l’eau, raffinés, mixés et pétris de façon à produire une pâte blanche, riche en
protéines myofibrillaires insolubles et pauvre en lipides, n’ayant quasiment pas de saveur. Le surimi-
base est congelé ;
Les poissons, mollusques et crustacés sont des produits fragiles. Les problèmes de
conservation/transformation se posent dès qu’ils sont sortis de leur élément, l’eau. Leur
conservation/transformation nécessite qu’ils soient très frais et que toutes les opérations
s’effectuent à basse température. La conservation des produits aquatiques vise à préserver
leurs qualités nutritionnelles et leurs propriétés gustatives et a pour but d'allonger leur durée
de commercialisation. L’industrie alimentaire transforme les poissons, mollusques ou
crustacés « matière première », de composition variable, en un produit de consommation
alimentaire en prenant en compte les exigences des consommateurs en matière de santé, de
qualité et de sécurité. Les traitements, efficacement maîtrisés par le respect de strictes règles
d'hygiène de fabrication, ne peuvent, en aucun cas, améliorer la qualité intrinsèque du produit
initial. La tendance actuelle en ce qui concerne la conservation/transformation, est à
l’utilisation de techniques mixtes associant plusieurs procédés ayant un impact réduit sur la
qualité des produits aquatiques. Une bonne conservation/transformation implique que la
charge microbienne initiale soit la plus faible possible. Elle nécessite donc des conditions de
fabrication, de préparation et d’entreposage hautement hygiéniques afin d'éviter les
contaminations des produits élaborés.
Réception/Entrepo- Protéolyse peu importante Hydrolyse et début de Altération des poissons Lorsque les conditions sont Inspection, lors de la réception des
sage au froid positif lors de l’entreposage au froid l’oxydation des lipides, avec ralentie au froid positif réunies, la production PMC
ou négatif si pas de contamination perte en AGPI (DHA et EPA) d’histamine peut être très rapide Stockage le plus bref possible à une
initiale Perte en vitamine E chez les poissons riches en température voisine de 0°C
Hydrolyse des protéines lors histidine tels que les Seul un produit frais permet d’obtenir
d’un stockage prolongé Scombridés (thon, maquereau, un produit congelé de premier choix
Perte des arômes de bonite), Clupéidés (hareng,
crustacés à la congélation sardine) et Engraulidés Une réfrigération rapide est
Perte d’eau lors de la (anchois). nécessaire et le respect de la chaîne
congélation L’histamine est thermostable du froid est essentiel pour éviter le
risque histaminique
Préparation
Décongélation Glycolyse rapide Développement de bactéries Maîtrise des paramètres de
Formation d’exsudats avec psychrotrophes responsables décongélation
pertes de nutriments d’altérations organoleptiques temps/température
Etêtage Réduction de l’activité Pertes en composés présents Elimination des bactéries Contamination et prolifération Nécessité d’éviscération rapide et
Eviscération enzymatique des viscères dans les parties éliminées pathogènes et des parasites microbiennes soignée et respect des bonnes
Pelage par l’opération éviscération Risques d’oxydation des éventuellement présents dans . Contamination biochimique pratiques hygiéniques
Filetage lipides par les constituants du l’intestin Amorçage de l’oxydation
sang
Transformation
Salage Action déshydratante du Augmentation du taux de sel Le salage minimise les En cas de salage insuffisant, Respect des conditions de salage
sel préservant les nutriments dans la chair risques de prolifération, de risque de toxine (hygiène, mélange, température)
Lipolyse et oxydation des toxinogénèse ou de staphylococcique et de Nécessité d’un dessalage soigné
matières grasses (AGPI) contamination, par développement de Clostridium pour éviter un excès de sel
Précipitation des protéines abaissement de l’aw. botulinum E,B,F
Fumage Action anti oxydante de la Fumage à chaud : Le fumage a un effet Augmentation des Respect des temps entre les étapes
fumée, surtout par les dénaturation des protéines bactériostatique concentrations en nitrites et du process ( risque de développement
phénols qui inhibent la Perte d’EPA et de DHA lors HAP microbien et de Listeria
réaction d’oxydation du fumage monocytogenes lors du fumage à
froid)
Choix des bois et temps de fumage
Conditionnement
Jutage
Migration des DHA et EPA Optimiser le rapport poisson/liquide
dans l’huile de couverture de couverture
Sous vide/Sous
atmosphère
Protection contre La présence du CO2 se Blocage de la prolifération de Les risques de Clostridium ne Prévoir une chaîne du froid fiable
l’oxydation traduit par une baisse de pH et la flore aérobie avec sont pas écartés.
la formation d’exsudat prolongement de la DLC (sauf Sur produits sous vide, risque
poissons gras) de développement de la flore
lactique
Traitements de
stabilisation
Traitement thermique : Même impact que la Destruction de formes Persistance de formes Optimisation des barèmes de
pasteurisation cuisson végétatives bactériennes, de sporulées bactériennes pasteurisation (temps, température,
Préservation des qualités virus et de parasites pH) et validation des DLC
organoleptiques (couleur,
odeur et goût) et
nutritionnelles des PMC
Congélation/ Maintien des teneurs Baisse au cours de Arrêt de la multiplication Persistance des allergènes, Respect des bonnes pratiques
Lyophilisation Nutriments peu altérés Sensibilité accrue des AGPI à Arrêt de la multiplication Persistance des allergènes, Bonne maîtrise de la congélation
une oxydation ultérieure microbienne des toxines algales, de préalable
Destruction des vers l’histamine et des spores Nécessité d’un conditionnement
parasites bactériennes étanche
Séchage/ Sensibilité accrue des AGPI à Arrêt de la multiplication Persistance des allergènes, Nécessité d’un conditionnement
Déshydratation une oxydation ultérieure microbienne des toxines algales, de étanche
l’histamine et des spores
bactériennes
Dans le présent rapport, l’Anses présente un état des lieux des pratiques d’alimentation des poissons,
mollusques et crustacés, évalue l’impact des pratiques d’élevage sur la qualité nutritionnelle des
poissons, mollusques et crustacés et dresse un bilan des aspects nutritionnels et sanitaires pour le
consommateur, liés à la consommation des poissons, mollusques et crustacés.
En élevage intensif, les poissons et les crevettes sont nourris avec des aliments composés, fabriqués
à partir d’un mélange de plusieurs matières premières. L’aquaculture est très dépendante de la pêche
minotière car ces aliments contiennent des farines, sources de protéines, et de l’huile de poissons,
source d’énergie et d’acides gras. Cependant, le développement des productions aquacoles et le
plafonnement des captures minotières, nécessitent le recours à d’autres sources susceptibles de
remplacer ces farines et ces huiles. Ainsi, actuellement, 50% des protéines des aliments destinés aux
Salmonidés sont apportés par des matières premières d’origine végétale ; de même, les huiles de
poissons peuvent être remplacées par des huiles d’origine végétale, sans altérer la croissance et le
métabolisme des animaux. Cependant, pour ne pas diminuer la concentration en AGPI n-3 de la chair
des poissons, il convient de recourir, en fin de cycle d’élevage, à une alimentation à base d’huiles de
poissons, afin de restaurer la richesse en acides gras omega 3 qui confère au poisson l’un de ses
intérêts nutritionnels en représentant un apport significatif en AGPI n-3 dans l’alimentation humaine.
L’alimentation des poissons et des crevettes a un fort impact sur la composition de leur chair et donc
sur la qualité nutritionnelle des produits destinés à la consommation. La conchyliculture est réalisée
très majoritairement en milieu ouvert et concerne principalement des animaux capables d’accumuler
les substances dissoutes et de se nourrir des algues présentes dans l’eau environnante ; ils ne
reçoivent donc aucune alimentation artificielle et leur qualité nutritionnelle est le reflet de la qualité de
l’environnement dans lequel ils sont élevés.
Sur le plan nutritionnel, la majorité des travaux permettant d’analyser l’impact de la consommation de
poissons sur la santé humaine a porté essentiellement sur les AGPI-LC n-3 (EPA et DHA) considérés
comme les composés d’intérêt majeur de la chair de poisson. Les effets bénéfiques de ces composés
concernent à la fois le développement et le fonctionnement cérébral mais également la réduction du
risque de certaines pathologies. Si certains de ces effets bénéfiques sont aujourd’hui clairement
démontrés (cardiovasculaires), d’autres sont sous-tendus par de nombreux arguments
épidémiologiques d’observation ou issus d’études animales (maladies neurodégénératives, cancers,
dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)) et nécessitent une confirmation par des études
prospectives ou d’intervention chez l’homme.
Les produits de la mer sont considérés, depuis de nombreuses années, comme des contributeurs
potentiels de substances toxiques. Ainsi, les poissons, mollusques et crustacés constituent entre
autres des vecteurs d’apport non négligeables de contaminants de l’environnement, tels que l’arsenic
(As), le méthylmercure (MeHg), les PCB, dioxines/furanes (PCDD/F) et les poly-bromo-diphényle
éthers (PBDE). Les expositions à ces contaminants et les risques pour la population française sont
l’objet d’évaluation régulière de l’agence sur la base des habitudes alimentaires de la population
française, des données de contamination des produits de la mer, disponibles au niveau français et
européen, et des données toxicologiques disponibles.
Les produits de la mer sont des produits fragiles qui doivent être préservés à toutes les étapes, de la
collecte à la consommation. Leur conservation vise à préserver leurs qualités nutritionnelles et leurs
propriétés gustatives. Les traitements de conservation et de transformation, maîtrisés par le respect
de règles strict d'
hygiène de fabrication, ne peuvent, en aucun cas, améliorer la qualité intrinsèque du
produit initial. La tendance actuelle est à l’utilisation de techniques mixtes associant plusieurs
procédés ayant un impact réduit sur la qualité des produits aquatiques. Une bonne
conservation/transformation implique que la charge microbienne initiale soit la plus faible possible.
Elle nécessite donc des conditions de fabrication, de préparation et d’entreposage hautement
hygiéniques afin d' éviter les contaminations des produits élaborés.
Sur la base de l’ensemble des données nutritionnelles et sanitaires concernant les poissons, une
analyse bénéfices/risques en lien avec la consommation de poisson, a été réalisée et publiée dans un
avis de l’agence du 14 juin 2010 (Afssa, 2010), dont les principaux éléments sont présentés en
annexe 10.
Le directeur général
Marc MORTUREUX
Le Pangasius
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Le tilapia
(% AG totaux)
Poisson sauvage
Poisson d’élevage
Vitamine A
Poissons d’eau douce (ou anadromes) Vitamine D (UI) Vitamine E (mg)
(UI)
Carpe 262 260 0,56
Poissons marins
Anchois 635 - -
Cabillaud 25 - 0,19
Turbot 39 - 0.80
Mollusques
Crustacés
Crabes 5115 - -
Carpe 40 195 37 60
Anguilles 65 295 22 80
Poissons marins
Cabillaud 16 210 23 80
Flétan 23 215 23 65
Maquereau 60 305 30 90
Thon 30 350 50 70
Turbot 49 203 48 68
Mollusques
Crustacés
Poissons d’eau douce (ou Fer Zinc Manganèse Cuivre Sélénium Iode
anadromes)
Poissons marins
Mollusques
Crustacés
acénaphtène 0,001
acénaphtylène 0,001
anthracène 3 0,01
Benz(a)anthracène 2A 0.1
Benzo(b)fluoranthène 2B 0,1
Benzo(j)fluoranthène 2B 0,1
Benzo(k)fluoranthène 2B 0,1
Benzo(g,h,i)pérylène 3 0,01
Benzo(a)pyrène 2A 1
chrysène 3 0,01
Dibenz(a,h)anthracène 2A 1(1)
fluoranthène 3 0,01
fluorène 3 0,001
Indéno(1,2,3,c-d)pyrène 2B 0,1
naphtalène 2B 0,001
phénanthrène 3 0,001
pyrène 3 0,001
(1)Echelle de Nisbet et Lagoy (1992) sauf pour le diB(a,h)A TEF=1 au lieu de 5
Pêcheur
Faune benthique
Illustration des niveaux (invertébrés)
trophiques où pourront
circuler certains toxiques
persistants, en se
Macrophytes Oiseaux aquatiques
bioaccumulant et se
bioconcentrant, des
producteurs primaires aux
(algues et plantes)
prédateurs,.
(Niveaux utilisés pour le
descriptif de l’« état Phytoplancton
écologique des eaux »,
annexe V de la DCE)
N Hg T° Cd Conditions physico-chimiques
Nutriments et contaminants
C P PCB O2
HYDROLOGIE
MORPHOLOGIE
CONTINUITE
CLIMAT
Jean Duchemin
1-Estimation des niveaux d’apports en acides gras polyinsaturés à longue chaîne n-3 et
des niveaux d’exposition en méthylmercure, dioxines et PCB de la population française
selon le nombre de poissons consommés.
- Méthodologie
Les apports moyens en EPA et DHA, ainsi que l’exposition au méthylmercure, aux dioxines et aux
PCB ont été estimés pour la population générale (Annexe 5) à partir des données de consommation
françaises de l’enquête INCA2 (2005-2007). Cette enquête, représentative de la population française,
a relevé les consommations alimentaires de 4079 individus (2624 adultes âgés de 18 à 79 ans, et
1455 enfants de 3 à 17 ans).
Les niveaux présentés correspondent aux apports et expositions liés à la consommation de
l’ensemble des poissons et produits aquatiques, y compris lorsqu’ils sont utilisés en tant qu’ingrédient.
Les autres aliments n’ont pas été considérés pour le calcul des apports en EPA et DHA ni pour
l’exposition au méthylmercure, car ils représentent des sources d’apport minoritaires. En revanche,
pour l’exposition aux dioxines et PCB, il a été tenu compte de la consommation des viandes, œ ufs et
produits laitiers, qui constituent d’autres sources d’apport non négligeables.
Pour le calcul des apports en EPA et DHA, les données de consommation ont été croisées avec les
données de composition issues de la table de composition nutritionnelle du Ciqual (Afssa 2008). Les
produits transformés à base de poissons (mousse ou terrine de poissons, tarama, etc.) n’ont pas été
pris en compte dans cette évaluation, du fait de la composition très variable des mélanges de
poissons utilisés.
Pour les calculs d’exposition aux contaminants, les données de consommation ont été croisées i) pour
les produits de la mer, avec les données de contamination de l’étude Calipso (Afssa 2006a) et ii) pour
les autres produits animaux, avec les données des plans de surveillance de la DGAl (2004-2006).
Plusieurs fréquences de consommation hebdomadaire de poissons (parts de poissons consommés)
17
tels qu’observés dans l’enquête INCA2 ont été étudiées :
o 1 poisson ;
o 2 poissons dont 1 gras ;
17
Le saumon consommé en tant qu’ingrédient dans une tarte n’est pas comptabilisé comme part de poisson
- Conclusions
Ces données d’exposition montrent que la consommation de deux poissons ou plus par semaine, dont
un ou deux gras, peut contribuer, pour certaines catégories de la population, au dépassement des
VTR définies pour les PCB et les dioxines.
Le nombre de poissons consommés ainsi que la seule teneur en matière grasse des poissons
(poissons « gras » vs « maigres ») ne constituent donc pas des indicateurs suffisants pour établir des
recommandations de consommation de poissons nécessaires pour couvrir les besoins en EPA et
DHA tout en limitant l’exposition aux contaminants.
Compte tenu de l’intérêt nutritionnel du poisson dans l’alimentation, il est apparu nécessaire de
considérer au delà des seules teneurs en matière grasse, la nature des acides gras du poisson. En
effet, pour une même teneur lipidique les poissons peuvent présenter des teneurs en EPA et DHA très
différentes. A titre d’exemple, avec une teneur en lipides totaux équivalente et de l’ordre de 4 g/100 g,
Le tableau 2 ci-dessous présente la catégorisation des poissons en fonction de leurs teneurs en EPA
et DHA.
Teneur en oméga 3
Teneurs en lipides totaux Espèces de poissons
EPA et DHA ***
Saumon*, Sardine*,
Forte teneur (3 g/100 g) Maquereau*, Hareng*, Truite
fumée**
Poissons gras (>2 %) Rouget, Anchois, Pilchard
Bar ou Loup, Truite, Dorade,
Teneur moyenne (1,4 g/100 g)
Turbot, Eperlan, Brochet,
Flétan,
Thon (conserve), Colin ou lieu
noir, Cabillaud, Merlan, Sole,
Poissons maigres (<2 %) Faible teneur (0,3 g/100g) Julienne, Raie, Merlu,
Baudroie ou Lotte, Carrelet ou
Plie, Limande
* tout type de conservation (frais, surgelé, fumé, conserve…)
** la truite fumée est une espèce différente de la truite de rivière « classique »
*** Les teneurs présentées sont des estimations établies sur la base des données recueillies par le CIQUAL,
incluant des données issues de l’étude CALIPSO et du projet NUTRAQUA, mais également des données de la
littérature internationale. Une variabilité naturelle est attendue autour de ces estimations. En effet, la taille des
poissons, la période du cycle de reproduction, le lieu de prélèvement, l’emplacement du prélèvement sur le filet
(ventral ou dorsal, antérieur ou postérieur) ou encore les conditions d’élevage pour les produits d’aquaculture,
peuvent influencer à des degrés variables la composition nutritionnelle des produits aquatiques.
o les poissons riches en AGPI-LC n-3 (à moyenne et forte teneur en EPA et DHA)
appartiennent à la catégorie des poissons dits gras ;
o la consommation de 1 à 2 portions/semaine de certaines de ces espèces, permet à la
fois de couvrir les besoins en EPA et DHA tout en limitant le risque de dépassement
des VTR ;
Catégories de la population
Scénarios de consommation
Adultes et enfants de
de poissons
plus de 10 ans, femmes
Enfants de 3 à 10 ans
en âge de procréer,
enceintes ou allaitantes
Saumon*, Sardine*,
Saumon*, Sardine*,
Maquereau*, Hareng*, Truite
Option 1 1 portion/sem Maquereau*, Hareng*,
fumée**, Rouget, Anchois,
Truite fumée**
Pilchard
Bar ou Loup, Truite, Dorade,
Option 2 2 portions/sem Rouget, Anchois, Pilchard Turbot, Eperlan, Brochet,
Flétan
Saumon*, Sardine*,
Saumon*, Sardine*,
Maquereau*, Hareng*, Truite
1 portion/sem Maquereau*, Hareng*,
fumée**, Rouget, Anchois,
Truite fumée**
Pilchard
Bar ou Loup, Truite,
Dorade, Turbot, Eperlan, Bar ou Loup, Truite, Dorade,
Option 3 Brochet, Flétan, Rouget, Turbot, Eperlan, Brochet,
Anchois, Pilchard, Thon Flétan, Thon (conserve),
Et 1 portion/sem (conserve), Colin ou lieu Colin ou lieu noir, Cabillaud,
noir, Cabillaud, Merlan, Merlan, Sole, Julienne, Raie,
Sole, Julienne, Raie, Merlu, Merlu, Baudroie ou Lotte,
Baudroie ou Lotte, Carrelet Carrelet ou Plie, Limande
ou Plie, Limande
*tout type de conservation (frais, surgelé, fumé, conserve…)
**la truite fumée est une espèce différente de la truite de rivière « classique »
Par ailleurs, l’analyse des différents scénarios de consommation de poissons montre que les options 1
et 2 (tableau 3), même si elles assurent une couverture suffisante des besoins nutritionnels en EPA et
DHA sont difficilement conciliables avec une diversification alimentaire suffisante et les préférences
individuelles (certaines espèces telles que anchois, rouget et pilchard, sont peu consommées par la
population française).
En revanche l’option 3, permet à la fois : i) de couvrir les besoins en EPA+DHA, ii) de limiter le risque
de surexposition aux contaminants et iii) d’assurer une diversité de consommation suffisante des
différentes espèces de poissons. Elle apparaît donc comme la plus pertinente pour formuler des
recommandations de consommation de poissons pour la population française.
Par ailleurs, le respect de ces recommandations de consommation de poissons conduirait à une
amélioration des apports alimentaires moyens en vitamine D (c' est-à-dire du statut vitaminique D)
puisqu’il permettrait d’assurer un apport moyen de l’ordre de 2,3 µg/jour pour les enfants et
3,30 µg/jour pour les adultes soit une augmentation de respectivement 36 et 27 % des apports
alimentaires actuellement estimés pour ces deux catégories de la population française.
Pour rappel, environ les 2/3 des apports en vitamine D sont assurés par l’exposition solaire cutanée,
et les poissons gras constituent la première source alimentaire (soit 30 % des apports alimentaires
avec une teneur environ 10 fois supérieure à celle des autres aliments, y compris les aliments enrichis
pour des fins de santé publique).
4- Conclusions
Considérant d’une part :
o que les poissons constituent une source privilégiée d’acides gras à longue chaîne n-3 (AGPI-
LC n-3), de vitamines liposolubles (A, D, E) et hydrosolubles (B6, B12) et de minéraux et oligo-
éléments (potassium, phosphore, sélénium, iode, fer et zinc) ;
o que l’effet des AGPI-LC n-3, notamment EPA et DHA, et plus généralement de la
consommation de poissons, sur la santé humaine est aujourd’hui bien établi pour ce qui
concerne la réduction du risque cardiovasculaire, le développement et le fonctionnement
cérébral ;
o qu'il existe des différences importantes de teneurs en lipides et AGPI-LC n-3 entre les
espèces de poissons et selon la saison, la période de reproduction ou l’alimentation des
poissons.
Considérant d’autre part :
o que les poissons sont considérés comme des contributeurs majeurs à l’exposition alimentaire
aux dioxines, aux PCB et au MeHg ;
o que de forts niveaux de contamination en PCB ont été observés dans certaines espèces de
poissons dites bioaccumulatrices ;
o que le système nerveux central est particulièrement vulnérable à l’action toxique des
contaminants chimiques et notamment du MeHg et des PCB pendant la période périnatale ;
o qu’il existe un risque de surexposition aux dioxines, aux PCB et au MeHg élevé chez les
enfants ;
o qu'
il existe des différences importantes de niveaux de contamination entre les différentes
espèces de poissons et selon leur origine ;
L’Afssa recommande donc à l’ensemble de la population dans le cadre d’une alimentation diversifiée,
la consommation de 2 portions de poissons par semaine, dont une à forte teneur en EPA et DHA, en
Arrêté du 24 août 2001 modifiant l'arrêté du 24 juillet 1990 portant interdiction de l'
emploi de certaines
protéines et graisses d'origine animale dans l'alimentation et la fabrication d' aliments des animaux et
fixant des conditions supplémentaires à la commercialisation, aux échanges, aux importations et aux
exportations de certains produits d'origine animale destinés à l'alimentation animale et à la fabrication
d'aliments des animaux. JORF, du 29 aôut 2001
Arrêté du 18 juillet 2006 portant interdiction de l'
emploi de certaines protéines, phosphates et graisses
d'
origine animale dans l' alimentation et la fabrication d'aliments des animaux d' élevage et fixant des
conditions supplémentaires aux échanges, aux importations et aux exportations de certains produits
d'
origine animale destinés à l' alimentation et à la fabrication d'
aliments des animaux d' élevage (JORF
du 27/07/2006)
Directive 89/108/CE du Conseil, du 21 décembre 1988, relative au rapprochement des législations des
états membres concernant les aliments surgelés destinés à l’alimentation humaine. JO L40 du
11.2.1989 : 34-37
Directive 90/667/CEE du Conseil, du 27 novembre 1990, arrêtant les règles sanitaires relatives à
l’élimination et à la transformation de déchets animaux à leur mise sur le marché et à la protection
contre les agents pathogènes des aliments pour animaux d’origine animale ou à base de poisson, et
modifiant la directive 90/425/CEE. JO L 363 du 27 décembre.1990, p 51-60
Directive 91/493/CEE du Conseil, du 22 juillet 1991, fixant les règles sanitaires régissant la production
et la mise sur le marché des produits de la pêche. JO L 268 du 24 septemnre 1991
Directive 93/43/CE du Conseil, du 14 juin 1993, relative à l’hygiène des denrées alimentaires. JO L
175 du 19 juillet 1993 : 1-11
Directive 96/23/CEE du 29 avril 1996, relative aux mesures de contrôles à mettre en œ uvre à l’égard
de certaines substances et de leurs résidus dans les animaux vivants et leurs produits. JOUE du 23
mai 1996
Directive 96/23/CE du Conseil, du 29 avril 1996, relative aux mesures de contrôle à mettre en oeuvre
à l'
égard de certaines substances et de leurs résidus dans les animaux vivants et leurs produits et
abrogeant les directives 85/358/CEE et 86/469/CEE et les décisions 89/187/CEE et 91/664/CEE. JO L
125 du 23/05/1996 p. 0010 - 0032
Directive 97/78/CE modifiée du 18 décembre 1997, fixant les principes relatifs à l’organisation des
contrôles vétérinaires pour les produits en provenance des pays tiers introduits dans la Communauté.
JOCE, 30 janvier 1998
Directive 98/83/CE du Conseil du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la
consommation humaine. JO L 330 du 5.12.1998 : 32–54
Directive 98/8/CE de la Commission, du 16 février 1998 concernant la mise sur le marché des produits
biocides. JO L n° 123 du 24 avril 1998
Sites internet
US FDA/CFSAN - Bad Bug Book - Anisakis simplex and related worms (USA)
http://www.cfsan.fda.gov/mow/chap25.htm
Center for Disease Control, Division of Parasitic Diseases - Anisakis Infection (USA)
http://www.cdc.gov/ncidod/dpd/parasites/anisakis/default.htm
FAO - Assessment and Management of Seafood Safety and Quality
ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/006/y4743e/y4743e00.pdf
R Development Core Team, 2006 : A language and environment for statistical computing. R
Foundation for Statistical Computing, Vienna, Austria. ISBN 3-900051-07-0, URL http://www.R-
project.org
Références bibliographiques