Monnaies Étrangères
Monnaies Étrangères
I - OBJECTIFS
Fournir des réponses à des questions qui portent essentiellement sur :
- La notion de gain ou de perte sur taux de change.
- La comptabilisation des transactions en devises étrangères.
- La manière de présenter les effets des variations des cours des monnaies étrangères dans les
états financiers
II - INTRODUCTION
1. Constats :
commerciales internationales avec des pays ayant d’autres monnaies est confrontée aux
problèmes suivants :
La comptabilité a donc un rôle à jouer dans la conversion des opérations et des comptes en
devises étrangères afin d’avoir un portrait fidèle des transactions internationales et une
meilleure gestion des groupes internationaux.
2. Référentiel Comptable
- IAS 21 : Effets des variations des cours des monnaies étrangères adoptée en 1983 et révisée
en 2003.
3. Champs d’application
- Elle peut conclure des transactions en monnaies étrangères : achat ou vente de biens dont le
paiement est effectué en monnaies étrangères ; prêt ou emprunt de fonds. Ces opérations
doivent être converties en monnaie nationale afin d’être inclues dans les états financiers de
l’entreprise.
- Elle peut également avoir des établissements à l’étranger. De ce fait, les états financiers de
L’IAS 21 couvre ces deux volets alors que la NCT 15 ne couvre que le premier volet.
1. Monnaie fonctionnelle
C’est la monnaie de l’environnement économique principal dans lequel opère l’entité (IAS
21, §.8). L’environnement économique principal dans lequel une entité fonctionne est
normalement celui dans lequel elle génère et dépense principalement sa trésorerie (IAS 21, §.9).
La monnaie fonctionnelle est généralement celle du pays dans lequel l’entreprise est située.
La plupart des entreprises tiennent leurs comptes dans la monnaie fonctionnelle. Cependant,
l’IAS 21 permet d’établir les états financiers dans une autre devise appelée monnaie de
présentation (IAS 21, §.19).
2. Monnaie de présentation
C’est la monnaie utilisée pour la présentation des états financiers. Elle correspond généralement
à la monnaie fonctionnelle.
Si la monnaie de présentation de l’entité est différente de sa monnaie fonctionnelle, elle convertit
son résultat et sa situation financière dans la monnaie de présentation (IAS.21, §.38).
3. Taux de change :
• C’est le montant d’argent dans une monnaie nécessaire pour obtenir une unité d’une autre
monnaie à une date donnée.
Exemple : 1 $ Américain = 1.33 $ Canadien; 1.33 est le taux de change
• Ce taux est généralement appelé le taux spot.
• Les taux de change sont rarement stables, ils varient régulièrement.
• D’où la notion de valeur de conversion.
• La valeur de conversion d’une monnaie est le montant équivalent dans une autre monnaie,
compte tenu d’un taux de change donné.
Exemple : la valeur de conversion de 10,000 $ Américain au taux de 1.33 est égale à
13,300 $ Canadien
• Comme le taux de change varie, la valeur de conversion d’un montant d’argent en devise
étrangère tend à fluctuer.
4. Ecart de change
C’est l’écart provenant de la conversion d’un nombre donné d’unités d’une monnaie dans une
autre monnaie à des cours de change différents.
1. Comptabilisation initiale
Selon l’IAS 21 :
Toute transaction (achat, vente, prêt, etc.) en monnaie étrangère est enregistrée au cours du jour de
la transaction. La date d’une transaction est la date à laquelle la transaction respecte pour la
première fois les conditions de comptabilisation (selon les normes comptables nationales ou
internationales).
Pour des raisons pratiques, un cours approchant le cours en vigueur à la date de la transaction peut
être utilisé ; par exemple, un cours moyen pour une semaine ou un mois peut être utilisé pour
l’ensemble des transactions dans chaque monnaie étrangère survenant au cours de cette période. Ceci
est possible dans les cas où les cours de change ne connaissent pas des fluctuations importantes.
Exemple 1:
Le 1er mai N, une entreprise dont la monnaie fonctionnelle est le dinar tunisien a acheté des
marchandises pour 200 000 $ US.
A cette date, le taux de change était de 2.265 (1$ US = 2.265 DT). L’équivalent tunisien de
200,000 $ US est de 453 000 DT.
Cette opération a donc été comptabilisée ainsi :
1/05/N
Achat de marchandises 453 000
- les éléments monétaires en monnaie étrangère doivent être convertis en utilisant le cours de
clôture ;
- les éléments non monétaires qui sont comptabilisés au coût historique doivent être convertis en
utilisant le cours de change à la date de la transaction ;
- les éléments non monétaires qui sont comptabilisés à la juste valeur doivent être convertis en
utilisant les cours de change qui existaient à la date où ces justes valeurs ont été déterminées.
Dans le cas général (prévu par l’IAS 21 et la NCT 15), deux situations se présentent :
1- L’opération effectuée en monnaie étrangère est conclue et dénouée au cours du même exercice.
Dans ce cas, la différence de change est considérée, selon son signe, un produit ou une charge de
l’exercice.
Exemple 2 :
Une entreprise tunisienne a vendu le 30/09/N des marchandises à un client étranger pour
40 000 $US. Le taux de change à cette date était de 2.8 (1$US = 2.8 DT). Le payement
des marchandises a eu lieu le 5/11/N et le taux de change était de 2.85.
Ces opérations ont donc été comptabilisées ainsi :
30/09/N
2- Le règlement de l’opération effectuée en monnaie étrangère n’a pas encore eu lieu à la date de
clôture de l’exercice. De ce fait, l’évaluation de la créance ou de la dette à un taux différent de
celui utilisé lors de l’enregistrement initial de l’opération entraîne une différence de change qui
doit être comptabilisée en produits ou en charges de l’exercice.
Exemple 3 :
Reprenons l’exemple précédent de l’entreprise tunisienne ayant vendu le 30/09/N
des marchandises à un fournisseur étranger pour 40 000 $US. Supposons que le règlement a eu
lieu le 1/02/N+1.
Le taux de change au 30/09/N = 2.80
au 31/12/N = 2.88
au 1/02/N+1= 2.84
Ces opérations ont donc été comptabilisées ainsi :
30/09/N
Client 3 200
1/02/N+1
Banque 113 600
L’opération s’est finalement traduite par un gain de 1 600. Mais, comptablement, deux
différences de change ont été enregistrées :
- un gain de 3 200 en N
- une perte de 1 600 en N+1
Exception : Une exception est prévue par l’IAS 21 et concerne les éléments monétaires (créance
à recevoir ou dette payable à long terme) faisant partie de l’investissement net de l’entreprise
dans une activité à l’étranger (IAS 21, § 32). L’investissement net dans une activité à l’étranger
est le montant de la participation de l’entité présentant les états financiers dans l’actif net de cette
activité. Une activité à l’étranger est une entité qui est une filiale, une entreprise associée, une
coentreprise ou une succursale de l’entité présentant les états financiers. Dans ce cas, les écarts
de change doivent être comptabilisés initialement dans une composante distincte des capitaux
propres (écart de conversion) et comptabilisés dans le résultat lors de la sortie de
l’investissement net. L’IAS 21 argumente sa position par le fait que les mouvements de fonds
(autres que créances clients et dettes fournisseurs) dont le règlement n’est ni planifié ni probable
dans un avenir prévisible constitue en substance une variation (augmentation ou diminution) de
l’investissement net de l’entité dans cette activité à l’étranger (Zarrouk, 2007).
Exemple 4
Une entreprise tunisienne possède une créance de 100.000 € sur sa filiale française.
Cette créance qui n’a pas de date de remboursement fixée, a, de fait, le caractère de financement
permanent. L’Euro valait 2,4 DT au 31 /12/N-1 et il est passé à 2,46 DT au 31 /12/N. La
différence de change relative à l’exercice N est égale à : 100.000 x (2,46 – 2,40) = 6.000 DT.
Cette différence sera comptabilisée ainsi :
31/12/N
Selon la NCT 15 :
Une distinction doit être faite entre les éléments courants et les éléments non courants.
Les éléments monétaires courants doivent faire l’objet d’une conversion au cours de clôture.
Les gains et les pertes de change sont constatés en résultat (NCT 15, § 15).
Les éléments monétaires non courants (NCT 15, § 16, 17, 18 et 19) doivent, eux aussi, faire
l’objet d’une conversion au cours de clôture. Les gains et les pertes de change qui en
résultent doivent être reportés [comptabilisés au bilan « écart de conversion non courant actif
(s’il s’agit d’une perte) ou passif (s’il s’agit d’un gain)»] et amortis, sur une base
systématique et logique, sur la durée de vie restante de l’élément monétaire s’y rapportant (y
compris l’année en cours).
Il est précisé que l’esprit de l’amortissement réside dans l’étalement de l’effet de la variation
des cours de change sur les exercices profitant de l’existence de l’élément monétaire en
question (Gabsi 2012/2013).
Plusieurs traitements comptables de ces gains et pertes non réalisés ou non subis peuvent
être envisagés. La logique serait de procéder à un amortissement qui tient compte de la
durée pondérée par le montant restant à courir de l’élément en question. Ce traitement
revient à considérer l’élément monétaire non courant en plusieurs portions et chaque
portion correspond à une échéance de remboursement. Il sera ainsi calculé un écart de
conversion par échéance. Cet écart fera l’objet d’un amortissement linéaire sur la durée
restant à courir jusqu’à l’échéance, en tenant compte de l’année en cours. Ce traitement
revient à ajuster annuellement l’écart de conversion en fonction du cours de clôture et par
rapport au cours historique de la date de l’opération. L’écart de conversion porté au bilan
sera basé uniquement sur le gain ou la perte non matérialisé à la fin de l’année concernée.
Le résultat comprendra la portion d’amortissement applicable à l’année concernée ainsi
que l’effet d’annulation des affectations antérieures (Gabsi 2012/2013).
perte de change est inclus dans le calcul du résultat net de l’exercice (NCT 15, § 21)
Nationale de Paris « BNP » remboursable en 5 annuités (principal constant) à compter de fin mars
N+1, rémunéré au taux de 10%. Le cours de change a évolué ainsi : fin N (1€=1,520), fin mars N+1
(1€=1,525) et fin N+1 (1€=1,510). Comptabiliser cet emprunt du début avril N à fin décembre N+1
Solution:
Début avril N
Trésorerie (100.000€*1,5) (B) 150.000
Emprunts Bancaires (NC) (B) 150.000
Fin N
Perte de change ((100.000€*(1,52-1,5) (R) 2.000
Emprunts Bancaires (NC) (B) 2.000
%)
Selon l’IAS 21 : Les éléments non monétaires en monnaie étrangère qui sont évalués au coût
historique sont évalués au taux du jour d’acquisition ou de fabrication. Ces éléments ne
dégagent pas de différences de change. Par contre, ceux qui sont évalués à la juste valeur
(réevaluation ou dépréciation) sont évalués en utilisant le taux de la date à laquelle cette juste
valeur a été déterminée (IAS 21, §23). La différence de change est comptabilisée de la même
manière que l’opération qui lui a donné naissance (IAS 21, §30).
Ainsi, tant que les éléments non monétaires sont évalués au cours historique, ils ne dégagent pas
de différences de change. Si ces éléments font l’objet d’ajustement (évaluation à la juste valeur),
une différence de change latente apparaît et serait comptabilisée de la même manière que
l’opération qui lui a donnée naissance : (a) Si l’ajustement est comptabilisé en résultat, la
différence de change sera comptabilisée également en résultat, (b) Si l’ajustement est
comptabilisé en capitaux propres, la différence de change sera comptabilisée également en
capitaux propres (écart de conversion) (Zarrouk, 2007).
Selon la NCT 15 (adapté du cours de R.C ; Gabsi, A 2012/2013) : Les éléments non monétaires
qui sont comptabilisés au coût historique exprimé en monnaie étrangère restent évalués au taux
de change en vigueur à la date de l’opération (NCT 15, § 11). Par ailleurs, les éléments non
monétaires comptabilisés à la juste valeur exprimée en monnaie étrangère sont évalués au taux de
change en vigueur à la date où cette juste valeur a été déterminée (NCT 15, §. 11).
La variation de la valeur de ces actifs par rapport à leur coût historique pourrait résulter de deux
facteurs de même sens ou de sens opposés : Variation de la juste valeur ou de la valeur d’utilité et
variation du cours de change.
31/12/N
31/12/N
Terrain 187 500
change DT
juste valeur :
Actions SF 3 600
Gain de change :
Gain de change :
- 49 380
Dans le cadre de ses activités d’exportation vers l’Amérique du nord, Sadira exploite en Espagne
une unité de stockage et de distribution de fruits dans laquelle elle dispose au 31-12-2011 des
éléments d’actifs suivants :
a- Un local de stockage acquis le 01-07-2011 à 320 000 € et réévalué au 31-12-2011 à
343 200 €. Il est amortissable sur 20 ans sans valeur résiduelle.
b- Un matériel de tri et de conditionnement des fruits acquis le 01-09-2011 pour 72 000 €. Il
est amortissable sur 10 ans sans valeur résiduelle.
c- Un stock de 50 tonnes de fruits acheté le 31-10-2011 à 100 000 € pour satisfaire
la première livraison (prévue en janvier 2012) d’un contrat de vente ferme et non révisable
conclu avec un client américain et portant sur 200 tonnes de fruits aux prix de 2 200 € la
tonne ; Les frais de transport maritime à la charge de Sadira sont estimés à 400 € la tonne.
Le coût d’achat d’une tonne de fruit est de 2 100 € au 31-12-2011.
d- Le 30-11-2011, un lot de fruits a été vendu à un client canadien pour un prix de 80 000 €
qui sera encaissé le 28-02-2012.
Les cours de change de l’euro se présentent comme suit en 2011:
- Le 01-03 : 1€= 1.5 DT
- Le 01-07 : 1€= 1.6 DT
- Le 01-09 : 1€= 1.7 DT
- Le 31-10 : 1€= 1.8 DT
- Le 30-11 : 1€= 1.85 DT
- Le 31-12 : 1€= 1.9 DT
Solution
31/12/2011
(B) Constructions 152 880
(C) Ecart de réévaluation 152 880
En outre, le contrat de vente ferme et non révisable conclu avec le client américain est un
contrat déficitaire, d’où l’obligation pour SADIRA de constituer une provision pour le
montant de la perte inévitable attendue.
Val. d’acquisition par tonne: 2.100*1,9
Val. de réalisation nette : (2.200-400)*1,9
D’où une provision = (2.100 – 1.800) € * 1,9 * 150 = 85.500 DT
31/12/2011
(R) Dotations aux provisions 85.500
(B) Provisions pour risques et charges 85.500
3. Traitements particuliers
a. Traitement de la différence de change résultant d’une grave dévaluation
Selon la NCT 15, § 22 : La différence de change qui résulte d’une grave dévaluation ou
dépréciation de la monnaie, contre laquelle il est pratiquement impossible de se couvrir et qui
affecte les dettes ayant trait à des biens récemment acquis, facturés en monnaies étrangères, peut
être incorporée à la valeur comptable de ces biens, pourvu que la valeur comptable ainsi redressée
ne soit pas supérieure au moins élevé des deux montants suivants :
- Le coût de remplacement du bien en cause, et
- Le montant récupérable par le biais de l’utilisation ou de la vente de ce bien.
Selon le référentiel international : L’incorporation des pertes consécutives à une forte dévaluation
monétaire dans le coût des actifs n’est plus permise par la norme IAS 21 après son amendement
dans le cadre de la version 2005 (IAS 21, IN10).
- Opérations à court terme : Les taux de change à terme figurant dans les contrats de change
Selon l’IAS 21 : Cette norme ne traite pas des opérations de couverture et renvoie à l’IAS 39
différente du traitement préconisé par IAS21. Ainsi, les différences de change sur éléments
couverture de flux de trésorerie) sont comptabilisées initialement dans les capitaux propres.
(Zarrouk 2007, P 206).
Début novembre N, « 3A, SA » détient une créance sur un client étranger de 100.000 €
(1€=1,450) à échoir dans 90 jours. Pour se couvrir contre la variation de l’euro, elle a vendu à
terme cette créance au taux de change de 1,460 pour 1€. Fin N, 1€=1,440. A l’échéance, la
référentiels tunisien et international sachant que « 3A, SA » a préparé une documentation liée à
cette opération et a démontré l’efficacité de la couverture.
Solution :
Début nov N
Clients étrangers (B) (100.000€*1,45) 145.000
Vente (R) 145.000
Fin N
Instruments de couverture (B) (a) 1.000
Capitaux propres (B) 650
Passif d’impôt différé (B) (1000*0,35) 350
(a) 1000 = (100.000*(1,46-1,44))-1000
A l’échéance
Banque (B) (100.000*1,46) 146.000
Perte de change (R) 1.000
Clients étrangers (B) 145.000
Instruments de couverture (B) 2.000
V - Conclusion
- L’importance de l’effet de la variation du taux de change sur le résultat de l’entreprise
- L’existence de certains choix possible en matière de traitement des écarts de change
pourrait amener à une gestion du résultat comptable des entreprises
- Il y a eu une révision de l’IAS 21 qui n’a pas été suivie par la NCT 15. Ceci explique en
général les différences qui existent entre le référentiel national et celui international.