Obj 5268 File Victoria FichTek201505
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L'ANANAS VICTORIA
A LA RÉUNION POUR L'EXPORTATION
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LA CULTURE DE L'ANANAS VICTORIA A LA REUNION
Édition mai 2015 - CIRAD – Réunion
Les recommandations de cette fiche technique sont issues des travaux du Cirad en général et du
Cirad - Réunion en particulier pour ce qui concerne l'adaptation des techniques au cas du 'Queen
Victoria'. Elles ont été enrichies et validées par l'Unité Productions Fruitières de la Chambre
d'Agriculture et la FDGDON
Il n'est pas possible dans le cadre d'une fiche technique d'envisager toutes les situations particulières
qui peuvent se rencontrer sur l'île, aussi les producteurs devront-ils se rapprocher de leur technicien
pour adapter l'itinéraire à leur cas spécifique.
On ne traitera ici que de la production de fruits pour l'exportation, c'est-à-dire d'un calibre compris
essentiellement entre 600 et 900 grammes.
Il s'agit d'un rappel des bonnes pratiques qui ont montré leur efficacité sur l'obtention de fruits de
qualité, avec un rendement brut pouvant dépasser 70 t/ha.
Il n'en demeure pas moins que la qualité est sujette à variations saisonnières en fonction des zones
de production et donc que l'optimum ne peut être atteint partout et en tous temps.
L'ananas est une culture très exigeante et l'impasse faite sur une seule étape de l'itinéraire technique
comporte des risques conséquents en termes de qualité, de rendement ou de gestion des
bioagresseurs.
1 AVANT PLANTATION
Cette phase est capitale car l'ananas possède un système racinaire superficiel descendant rarement en
dessous de 35 centimètres et ses racines ne peuvent croître que dans un milieu meuble, homogène,
bien aéré et bien drainé. Tout changement dans la compacité du sol bloque le développement racinaire
: semelle de labour, lit de gravillons, etc.
La richesse du sol dans les différents éléments (N, P, K, Ca, Mg et oligo-éléments) n'est pas un facteur
limitant, à l'inverse de son acidité, mesurée par son pH qui doit être compris dans la fourchette 4.5 – 5.5.
Quel que soit le type de sol choisi, des phénomènes d’érosion peuvent apparaître en fonction des
pentes rencontrées. Ces risques seront d’autant plus élevés que la pente sera forte et que le sol sera
moins argileux. Il est donc souhaitable de rechercher des terrains à pente faible assurant un
ruissellement limité pendant les fortes pluies. Sur des pentes fortes, on peut conseiller
essentiellement de planter en suivant les courbes de niveau, avec une très légère pente. Une autre
solution très efficace consiste à planter 3 à 5 rejets tous les 10 m dans les passe-pieds : ce dispositif
permet de casser le courant éventuel et limite donc l'érosion.
Détruire le précédent cultural (gyrobroyeur ou rotobroyeur). Une destruction aussi fine que
possible des vieux plants dès la fin de récolte et son enfouissement après avoir laissé sécher les
résidus est fortement recommandée pour réduire le risque d’infestation (symphyles,
nématodes, cochenilles). Dans tous les cas, on évitera d’évacuer la totalité des déchets
organiques hors de la parcelle (manuellement ou par bulldozer).
Selon la nature du sol, sous-soler profondément (60 à 80 cm) pour décompacter le sol et favoriser le
drainage vertical.
Labourer le plus profondément possible (25 – 30 cm) pour enfouir la matière organique présente
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Édition mai 2015 - CIRAD – Réunion
après l'avoir laissé sécher 2 à 3 semaines. Selon le type de sol, on pourra utiliser les charrues
conventionnelles (disques ou socs) ou encore la rotobêche.
Ne jamais travailler avec des fraises rotatives à dents en "L" qui ont tendance à créer des semelles de
labour.
Si nécessaire, niveler le sol et casser les mottes à l'aide d'un pulvériseur à disques, herse rotative, etc.
Aménager des billons de 25 cm de haut au minimum (double pic à cannes, billonneuse à disques
ou rotobutte).
Avant plantation, on incorpore au billon l'équivalent de 20% des besoins totaux de la plante, soit 130
kg d'urée et 190 kg de sulfate de potasse ou encore 350 kg à l'hectare d'engrais complet de type 18-
7-30 par exemple. En cas de précédent cultural canne à sucre, cette fumure pourra être adaptée
selon les préconisations du technicien.
L'emploi de matières organiques s'avère souvent bénéfique à la culture ; mais des doses trop
élevées ou des apports mal maitrisés peuvent devenir toxiques ou favoriser les attaques de
bioagresseurs. Compte-tenu de la grande diversité des matières organiques, des sols et des
climats, il convient donc de se rapprocher de son technicien avant toute incorporation
inconsidérée.
Arroser abondamment ;
Poser le film polyéthylène noir (ou biodégradable norme NF EN 13432) qui a pour effet positifs :
o de maintenir l'humidité du sol en saison sèche,
o de diminuer la compaction du sol,
o de réduire le développement des mauvaises herbes,
o de limiter le lessivage des engrais incorporés au billon,
o d'accroître la température du sol et donc d'accélérer la croissance,
o d'améliorer l'homogénéité des parcelles.
Mais qui a aussi des effets négatifs :
o L'érosion par ruissellement est aggravée
o L'enlèvement du film non dégradable est difficile et coûteux.
o Le développement de parasites du sol lorsque l’assainissement a été insuffisant
Pour être bien posé, le film ne doit pas être trop tendu au risque de se déchirer à la première baisse
de température. Les bords doivent être soigneusement recouverts pour conserver au film toute son
efficacité.
Dans les zones à très forte pluviométrie où les risques d'asphyxie racinaire existent, il est parfois
préférable de réaliser un billon élevé (plus de 25 cm) sans utiliser le paillage.
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La qualité des rejets est essentielle. Ils doivent être prélevés sur des plants vigoureux et sains, indemnes
de cochenilles farineuses. Pour se placer dans de bonnes conditions, il faut absolument assurer, pendant
toute la période de production des rejets, un bon entretien des parcelles (fertilisation et gestion de
l’enherbement notamment). Éviter les rejets effilés, parasités ou stockés trop longtemps.
Afin d’éviter le transfert de maladie ou parasite, il est conseillé au producteur dans la mesure du possible,
de se fournir en rejets sur sa propre exploitation.
Les rejets doivent être calibrés de manière rigoureuse, chaque classe de rejets étant plantée sur une
parcelle différente (ou sur un billon différent en cas de plantation sur surface réduite).
L'expérience a montré qu'il n'était pas souhaitable de planter du matériel trop petit (moins de 150 g), de
même que les gros rejets (plus de 400 g) présentaient un risque de floraison naturelle s'ils étaient
plantés en hiver.
Pour favoriser des plantations saines, les rejets doivent être parés : on arrache les vieilles feuilles les plus
courtes (2 à 4) à la base du plant, ce qui favorise la croissance des racines ainsi mises à nu et permet de
limiter la présence des cochenilles. Une fois parés, il est également conseillé de laisser les rejets
retournés 2 à 3 jours au soleil (système racinaire en haut) pour que les cochenilles quittent les rejets
Contre les risques de Phytophthora, on trempe les rejets pendant quelques secondes dans un
bain fongicide à base de phosétyl-Aluminium 80% : Aliette (EV, Express ou Flash) à raison de 250
g dans 100 L d'eau. Le bain doit être utilisé le jour même et les rejets sont ensuite stockés debout
pendant 24 heures avant la plantation.
ATTENTION : les spécialités citées dans la présente fiche sont homologuées à la date de rédaction. Il est
de la responsabilité des producteurs de se tenir informés de l'évolution de la législation.
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1.3 Plantation
Les rejets sont répartis sur les billons par classe de calibre. Ils sont mis en place à la main sans les
enfoncer trop profondément (si le sol a été convenablement préparé, l'utilisation du plantoir n'est pas
nécessaire). La profondeur de plantation ne doit pas dépasser 8 à 10 cm, de façon à éviter
l'introduction de terre dans le coeur (risques de pourriture). Un rejet bien planté doit résister à
l'arrachement lorsque l'on tire légèrement sur une feuille.
Plusieurs bioagresseurs ont été recensés sur les cultures d’ananas à la Réunion. A ce jour, il n'existe plus
de produit phytosanitaire homologué en cours de culture sur ananas dans la gamme insecticide. Il est
VITAL pour la filière de préserver des conditions favorables en respectant les bonnes pratiques décrites
dans le tableau ci-contre:
Attention, il peut y avoir confusion entre différents symptômes. En effet, il est difficile, à l’œil, de
définir les causes d’un dépérissement (altération du système racinaire par les symphyles, nématodes,
asphyxie racinaire, carence en éléments nutritifs, maladie du Wilt).
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Tableau présentant les principaux bioagresseurs présents sur ananas et les mesures prophylactiques à
appliquer pour lutter contre ceux-ci:
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L'azote détermine la vitesse de croissance et donc le volume du plant et le poids du fruit. Les
apports d’azote en fin de cycle végétatif doivent être réalisés régulièrement pour éviter des à-
coups de croissance et les floraisons naturelles à l'approche de l'hiver austral. Mais un apport trop
tardif risque de diminuer la réponse de la plante aux traitements d’induction florale. Un excès
d’azote en fin de cycle peut avoir des effets défavorables : élongation excessive du pédoncule,
diminution de la teneur en sucres et de l’acidité des fruits.
Le potassium détermine la qualité du fruit : teneur en sucres, acidité et saveur. Il agit sur la texture,
la coloration et le remplissage du fruit. C’est le niveau de la nutrition potassique à l’approche de
l’induction florale qui a le plus d’incidence sur la qualité du fruit.
Un excès d'azote, allié à un rapport K2O/N faible (inférieur à 1) entraîne une coloration des fruits plus
difficile, favorise l'expression des taches noires et diminue l'aptitude à la conservation.
Le programme de fertilisation proposé dans cette fiche est issu de plusieurs décennies d'expérimentation, tant en
Afrique qu'à la Réunion ; il a régulièrement prouvé son efficacité. Aussi toute déviation importante par rapport à
cette norme est-elle de la seule responsabilité du producteur, sans garantie d'une meilleure efficacité technique
ou économique.
Les apports d'engrais doivent être fractionnés en fonction de la longueur de cycle prévue, en respectant
trois règles fondamentales :
1. L'azote et le potassium doivent être apportés simultanément avec un rapport K2O/N ≥ 1.5.
3. Les besoins de la plante croissent avec son développement. Le plus pratique consiste à amener une
dose d'engrais constante en diminuant l'intervalle entre les apports.
Fertilisation liquide
Pour éviter les brûlures, le mélange d'engrais en solution (urée + sulfate de postasse) ne doit pas être
appliqué à une concentration supérieure à 8 %.
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Classiquement, on considère que les besoins de la plante (pour des rendements théoriques supérieurs à
70 t/ha) sont couverts avec 300 unités d'azote et 450 unités de potasse, ce qui correspond à 7 apports
avec les doses suivantes:
75 kg d'urée
125 kg de sulfate de potasse
Dans 2500 L d'eau
Dans le cas de l‘utilisation d’un engrais binaire type 19-00-29, les doses préconisées pour chaque apport
sont :
180kg
Dans 2500l d’eau
Fertilisation solide
Compte tenu de la difficulté à apporter des engrais solides sur des plantations à haute densité en lignes
multiples et malgré l'intérêt agronomique que cela peut représenter en période pluvieuse, nous ne
détaillerons pas cette pratique.
2.3 Irrigation
Les besoins théoriques en eau de l'ananas sont d'environ 80 mm par mois sur sol nu. En période sèche et
dans certaines zones de l'île, on ne peut envisager la culture intensive de l'ananas qu'avec irrigation.
La pratique de l'irrigation n'est pas sans risques, et les conditions pédoclimatiques de l'île sont tellement
variées qu'il n'est pas raisonnable de proposer un schéma type d'irrigation. L'expérience a montré qu'on
pouvait apporter 10 à 15 mm par semaine sur paillage selon le stade végétatif à Bassin Plat (Saint Pierre, 150
m d'altitude) et 20 à 25 mm sur sol nu.
L'idéal pour parfaitement maîtriser la pratique de l'irrigation, c'est-à-dire permettre un développement idéal
de la plante tout en économisant l'eau est d'installer des tensiomètres sur la parcelle. Il existe actuellement
des sondes tensiométriques très simples d'emploi et d'un coût raisonnable compte tenu des économies
qu'elles permettent de réaliser.
La gestion de l’enherbement dans l’inter-rang doit être réalisée régulièrement. Le nombre de passage est
fonction de la saison (pluviométrie et températures de la zone). A ce jour, seul les herbicides de pré-levée à
base de S-metolachlore sont homologués sur ananas. La gestion des adventices peut également être
réalisée manuellement durant le cycle de culture.
Il est également possible de maintenir un enherbement spontané dans l’inter-rang afin de limiter l’érosion
(attention aux adventices qui pourraient être des plantes-hôtes pour les symphyles ou les nématodes). Dans
ce cas précis, la gestion se fera mécaniquement (débrousailleuse, etc).
La chlorose ferrique est fréquente à la Réunion. Elle est due à une carence induite en fer, par excès de
manganèse dans le sol. Elle est caractérisée par un jaunissement des feuilles et la présence de grillage vert.
La largeur des feuilles reste normale. Le rendement est diminué. Les fruits ont une couleur rougeâtre avec
des couronnes jaunes.
Avant d'envisager tout traitement correctif, il conviendra de se rapprocher des autorités compétentes.
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3 DE LA FLEUR AU FRUIT
On induit la floraison en vue d'obtenir des fruits du calibre souhaité à une époque déterminée :
Il existe un modèle permettant d'estimer la date de récolte en fonction de la date de TIF et des
températures de la zone (AnaGmax®)
Le poids du fruit à la récolte dépend du poids du plant au TIF, lequel est étroitement lié au poids de la
feuille adulte qui vient de terminer sa croissance (dite feuille "D").
Il est donc essentiel de suivre le développement de la parcelle en effectuant des prélèvements réguliers de
feuilles D, à partir de 5 à 7 mois après la plantation (selon la zone et longueur du cycle ; dans la pratique, 2
mois avant la date de TIF prévue). Pour des raisons de simplicité, on prélève la plus âgée parmi les 4 feuilles
les plus longues ; l'échantillonnage porte sur une feuille D tous les 200 plants environ en prenant soin de
prélever sur les plants de toutes les lignes du billon. On pèse l'ensemble et on divise par le nombre de feuilles.
Le poids moyen pour obtenir des fruits de calibre export se situe dans la fourchette de 45 à 50 g.
La floraison est naturellement induite par des basses températures, des jours courts, une nébulosité
importante. Les plants réagiront d'autant plus facilement à ces facteurs que leur croissance sera faible (sol
mal préparé, plants parasités, malnutrition, sécheresse).
On induit artificiellement la floraison à l'aide d’éthéphon.
Dans le cas de l’utilisation d'Ethrel Concentré spécial ananas (à ce jour, le fabricant Bayer Crop Science a
arrêté sa fabrication et sa distribution), celui-ci est appliqué de jour en pulvérisation sur le feuillage à raison
de 30 mL de solution par plant.
plants traités Eau Urée Ethrel
80 à 100 000 (1 ha) 3000 L 75 kg 2L
500 15 L 375 g 10 mL
Dans le cas de l’utilisation de la spécialité commerciale PRM12 RP, les doses recommandées sont les
suivantes :
plants traités Eau Urée PRM12 RP
80 à 100 000 (1 ha) 3000 L 75 kg 8L
500 15 L 375 g 40 mL
Selon l'altitude de plantation et la saison, les inflorescences apparaissent 4 à 8 semaines après le TIF.
Il est important de connaître dès que possible la réussite au TIF : si le résultat observé après l'émergence des
inflorescences est inférieur à 90%, il conviendra de renouveler le traitement sur les plants non fleuris.
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Étant donné l’effet des températures sur l’intervalle TIF - Floraison vraie et son impact sur la date de
récolte et donc sur la programmation des exportations, il est essentiel pour une bonne gestion d’observer
régulièrement et de noter la date de floraison vraie.
La date de floraison vraie d’une parcelle est déterminée par le jour où 50 % des inflorescences de la
parcelle portent au moins une fleur ouverte. Il est possible de déterminer cette date à partir d’un
comptage, 2 à 3 fois par semaine, du nombre d’inflorescences au stade décrit sur une placette
représentative comptant 50 à 100 plants. On peut estimer la date de floraison comme étant le jour où l'on
compte plus de la moitié des plants fleuris (par exemple, plus de 50 sur une placette de 100).
Trois mois avant la date prévue pour la récolte, on procède à un nouveau comptage des fruits. Ce comptage,
très important, permet de préciser les quantités à récolter.
4 DE LA RÉCOLTE À L'EXPÉDITION
4.1 Récolte
La prévision de l’époque de récolte est très importante. Pour cela, il faut connaître les variations locales de
l’intervalle traitement de floraison - récolte selon les saisons.
Un modèle de prévision des dates de coupe basé sur l'enregistrement des températures au niveau de la
parcelle est déjà mis à la disposition des groupements (Oumpapa). A titre d'exemple, nous indiquerons ci-
dessous 4 types de cycles à 150 et 700 m d'altitude pour des récoltes d'hiver et d'été :
La récolte doit être faite à un stade de maturité suffisamment avancé pour que la qualité gustative soit
satisfaisante avec une aptitude optimale à la conservation.
Sous le climat de la Réunion, il existe une très bonne corrélation entre la coloration externe naturelle du
Victoria et sa maturité effective. Pour l'exportation, la règle est désormais de ne récolter que les fruits ayant
dépassé la coloration C3 :
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4.1.3 Déverdissage
Pour qu'il soit efficace techniquement et économiquement, le traitement doit être réalisé sur l'ensemble des
fruits du billon, à condition que la floraison ait été bien groupée.
Or à ce stade, il n'existe pas de signe visible de l'approche de la maturité, d'où la nécessité d'utiliser le modèle
de prévision Oumpapa.
Les essais réalisés en 2007 indiquent qu'un traitement à l'Ethrel réalisé à 0.5 L/ha dans les conditions décrites
ci-dessus permet de récolter 90% des fruits de la parcelle en 3 passages étalés sur une semaine, sans effet
négatif sur la qualité du fruit.
La spécialité commerciale à base d’étéphon PRM12 RP homologuée pour l’induction florale de
l’ananas n’est pas homologuée pour cet usage.
Il est impératif de réduire le plus possible l'intervalle de temps récolte - embarquement (24 heures
maximum).
Il faut aussi éviter au maximum toute meurtrissure pendant les opérations de récolte, transport et
conditionnement.
Les fruits ne doivent jamais être entassés, ni véhiculés en vrac. Utiliser des caisses en plastique. Les caisses
seront manipulées avec précaution. Le moindre choc, aussi léger soit-il peut se traduire après quelques jours
par une tache brune externe (TBE) ou, pire par le développement de Thielaviopsis.
4.2 Conditionnement
Le conditionnement doit être effectué le jour même de la coupe, dans un local propre et aéré, à l'abri des
intempéries. Les tables destinées à recevoir les fruits doivent être matelassées.
le parage : consiste à enlever les bractées de la base du fruit, et à éliminer parasites et poussière par
un léger brossage (on peut également utiliser l'air comprimé).
la rectification du pédoncule : si le pédoncule a été coupé trop long ou en biais, il convient de le
raccourcir proprement de telle manière que sa longueur n'excède pas 1.5 cm.
le tri : il consiste à éliminer les fruits présentant des défauts ou anomalies : chocs, blessures, coups
de soleil, couronnes abîmées (ou tordues, trop longues, trop courtes), pédoncules arrachés ; fruits en
surmaturité, et ceux présentant des taches noires visibles (décoloration verte de l'œil). Pour ces deux
derniers défauts, observer des fruits prélevés dans chaque classe de poids et maturité, et éliminer les
classes comptant plus de 10 % de fruits présentant des défauts.
REMARQUE : Les risques d'apparition de taches noires sont beaucoup plus importants lors des récoltes
effectuées de mai à septembre et ce d'autant que la zone de production est élevée.
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Calibrage : il est théoriquement basé sur le poids des fruits, pratiquement sur leur diamètre ;
l'essentiel est d'obtenir des cartons visuellement homogènes. Les calibres pour le Victoria
s'expriment en nombre de fruits par carton de 30 x 50 cm.
o Calibre 7 : 900 à 1 000 g
o Calibre 8 : 650 à 900 g
o Calibre 9 : 500 à 650 g
Tri par coloration : les fruits calibrés sont ensuite classés par coloration : (C3 ou C4)
REMARQUE : L'homogénéité d'un lot (calibrage et coloration) conditionne en grande partie sa valeur
commerciale.
Immédiatement après la récolte des derniers fruits, les travaux suivants sont conseillés.
Désherbage manuel
Rabattage des feuilles du plant–mère. En l'absence de matériel spécifique, cette opération est
réalisée manuellement (machette, sabre à cannes) et consiste à réduire la longueur des feuilles
d'environ 1/3. Cette opération est fortement conseillée car elle présente plusieurs avantages :
o constitution entre les billons d’un paillage de feuilles coupées qui limite le dessèchement
du sol et la levée des mauvaises herbes ;
o facilité accrue pour les passages des hommes et des engins ;
o émission de rejets accélérée ;
o meilleure qualité des rejets qui ont tendance à être plus trapus, moins effilés ;
o récolte et choix des rejets plus aisés.
Application régulière d’engrais : 60 kg d'urée + 60 kg de Chlorure de potasse (ou sulfate) tous les
mois.
Irrigation si nécessaire.
En cas d’observations de symptômes de dépérissement sur les parcelles à rejets, il est
fortement déconseillé de prélever les rejets sur la parcelle. Les plants seront détruits dès la fin
de la récolte pour ne pas favoriser la multiplication et la dispersion des bioagresseurs.
La mise en place de rotations sur la parcelle précédemment cultivée en ananas (cultures
assainissantes ou plantes non hôtes) aura pour avantage de rompre le cycle de certains
bioagresseurs.
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Fiche réalisée par Patrick Fournier, Alain Soler, Marie Darnaudery et l'Unité Productions Fruitières de la Chambre
d'Agriculture de la Réunion. Le logo ananas est une création de Dorian Fournier et ne peut donc être utilisé sans son
autorisation.
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