BARRO Memoire Depose

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INSTITUT DE FORMATION ET DE RECHERCHE

INTERDICIPLINAIRES EN SCIENCES DE LA
SANTÉ ET DE L’ÉDUCATION (IFRISSE)

Mémoire de master 2 en sciences maïeutiques et santé de la reproduction

LEADERS RELIGIEUX ET PROMOTION DE LA

PRATIQUE CONTRACEPTIVE MODERNE DES FEMMES

DANS LA COMMUNE URBAINE DE DORI

Présenté et soutenu par : BARRO ABIBATA


E-mail : fleurbarro@yahoo.fr

Directeur de mémoire Co-directeur de mémoire


Dr Adama OUATTARA M. Noufou Gustave NANA
DES Gynécologie, MPH Ms Psy. MPH, PhD(c)

ANNÉE ACADÉMIQUE 2017-2018


Institut de Formation et de Recherche Interdisciplinaires en Sciences de la Santé et de
l’Éducation (IFRISSE)
09 BP 311 Ouagadougou 09 - Burkina Faso
Tel: (+226) 70 11 33 02 / (+226) 25 40 75 41
www.ifris-bf.org

Ce mémoire intitulé :

Leaders religieux et promotion de la pratique contraceptive moderne des femmes dans


la commune urbaine de Dori

Présenté par :

BARRO Abibata

En vue de l’obtention du grade de Maître ès Sciences en santé sexuelle et reproductive


Option : sciences maïeutique et santé de la reproduction

A été évalué par un jury composé des personnes suivantes :

Dr Robert KARAMA, MD, MPH, SG Ministère de la santé, président du jury


Dr Adama OUATTARA, DES Gynécologie, MPH, directeur de mémoire
M. Noufou Gustave NANA, Ms Psy, MPH, PhD(c) co-directeur de mémoire
Dr Bouraiman ZONGO, Sociologue, Université Ouaga I Ki-Zerbo, membre lecteur

ii
SOMMAIRE

SOMMAIRE ....................................................................................................................................................... 3
DÉDICACE ....................................................................................................................................................... iv
REMERCIEMENTS ........................................................................................................................................... v
LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................................................... vi
LISTE DES FIGURES....................................................................................................................................... vi
LISTE DES ANNEXES ...................................................................................................................................... vi
LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS ............................................................................................... vii
RÉSUMÉ ........................................................................................................................................................... ix
ABSTRACT......................................................................................................................................................... x
INTRODUCTION .............................................................................................................................................. 1
CHAPITRE I : CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES ................................................................................................. 3
CHAPITRE II : CONCEPTUALISATION DE L’ÉTUDE ........................................................................................ 13
CHAPITRE III : CONTEXTE DE L’ETUDE ............................................................................................................ 23
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE RECHERCHE .......................................................................................... 31
CHAPITRE V : RÉSULTATS DE RECHERCHE .................................................................................................... 46
CHAPITRE VI : DISCUSSION DES RÉSULTATS ................................................................................................. 58
CONCLUSION................................................................................................................................................. 67
RÉFÉRENCES ................................................................................................................................................. 69
ANNEXES ........................................................................................................................................................... I
TABLE DES MATIERES ................................................................................................................................ XIV

iii
DÉDICACE

Á mes parents pour l’éducation, l’amour et le

soutien qu’ils m’ont donnés. Je prie Le Bon DIEU de leur accorder longue vie et

paix !

iv
REMERCIEMENTS
Au terme de la rédaction de notre document, nous saisissons l’opportunité pour traduire
toute notre gratitude et nos remerciements les plus sincères à tous ceux qui, d’une
manière ou d’une autre, ont contribué au couronnement de nos deux années de durs
labeurs par ce présent mémoire. Nous adressons ces remerciements particulièrement :
Au Dr OUATTARA Adama et à Monsieur NANA N. Gustave, respectivement directeur
et co-directeur de notre recherche, pour leur engagement et leur disponibilité à nous
encadrer tout au long de notre travail. Nous apprécions à leur juste valeur leur
professionnalisme, leur humanisme et leur sens du travail bien fait.
À la direction de IFRISSE, Dr SOUBEIGA Dieudonné, au corps professoral, aux
encadreurs de l’institut et au personnel administratif qui n’ont ménagé aucun effort pour
nous supporter pendant ces deux années académiques, nous leur en sommes infiniment
reconnaissants.
Au Professeur BILTERYS Robert, PhD, Doyen Décanat de la formation continue et des
partenariats, Université du Québec en Outaouais/Canada, pour sa contribution
inestimable à la réalisation de ce travail.
Á Monsieur KABORE Herman Guy, notre coordonnateur de promotion et Monsieur
PAFADNAM Yacouba, notre tuteur à l’IFRISSE, un des enseignants passionnés à
l’IFRISSE, dont les conseils précieux nous ont été d'une grande utilité.
Nous remercions les membres du jury de l’honneur qu’ils nous ont fait en acceptant de
juger notre travail malgré leurs multiples occupations. Ce sont : Docteur KARAMA
Robert, Président du jury et Docteur Bouraiman ZONGO, Membre du jury, lecteur.
Nous remercions également les personnes suivantes : l’Abbé OUEDRAOGO
Wendpouire Louis, M. OUEDRAOGO Issaka, M. ZONGO Koulbi Irénée, M. SOME
Ambroise et les Leaders religieux de la Commune urbaine de Dori.
À nos enfants Wendemi Marie Thérèse et Wendso Bakari Alphonse, qui ont sans doute
vécu plus durement que nous les effets de ces deux années de privations.
À tous nos collègues étudiants de la deuxième cohorte de l’IFRISSE avec qui nous avons
partagé nos joies et peines durant ces deux années ainsi que les soubresauts liés à nos
conditions d’apprentissage, qu’ils trouvent en ce mémoire des encouragements pour les
échéances futures.

v
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Comment soutenir le dividende démographique ...................................... 17
Tableau 2 : Grille d’analyse thématique ...................................................................... 40
Tableau 3 : Grille d’anonymat ..................................................................................... 45
Tableau 4 : Profil sociodémographique des participants ............................................. 46

LISTE DES FIGURES


Figure 1 : Déterminants pour la promotion de la santé ................................................ 15
Figure 2 : Structure administrative et technique du Ministère de la Santé du Burkina
Faso ............................................................................................................................... 23
Figure 3 : Tendance de la prévalence contraceptive des femmes en pourcentages (%),
méthodes modernes par région en 2015. ...................................................................... 24
Figure 4 : Carte administrative du district sanitaire de Dori ....................................... 27
Figure 5 : Modèle de participation des leaders religieux dans la promotion de la
pratique contraceptive moderne dans la Commune urbaine de Dori ............................ 56

LISTE DES ANNEXES


Annexe 1 : Formulaire d’information ............................................................................. I
Annexe 2 : Formulaire de consentement ...................................................................... III
Annexe 3 : Fiche sociodémographique ........................................................................ IV
Annexe 4 : Guide d’entretien individuel semi-structuré auprès des leaders religieux IV
Annexe 5 : Carte de la direction régionale de la santé du Sahel ............................... VIII
Annexe 6 : Autorisation du comité d’éthique .............................................................. IX
Annexe 7 : Autorisation d’enquête.............................................................................. XII
Annexe 8 : Profil sociodémographique des participants ............................................ XII

vi
LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS

AG Assemblée générale
ASBC Agent de santé à base communautaire
CHR Centre hospitalier régional
CIPD Conférence internationale sur la population et le développement
CMA Centre médical avec antenne chirurgicale
COGES Comité de gestion
CPCE Commission permanente du Conseil de l’Europe
CSD Conseil de santé du District
CSPS Centre de santé et de promotion sociale
DGESS Direction générale des études et des statistiques sectorielles
DGS Direction générale de la santé
DIU Dispositif intra-utérin
DPES Direction de la promotion et de l’éducation sanitaire
DRS Direction régionale de la santé
DS District sanitaire
DSC Direction de la santé communautaire
DSF Direction de la santé et de la famille
ECD Equipe cadre du District
EDS Enquête démographique et de santé
EMDS Enquête module démographique et de santé
ibid. Ibidem (signifiant au même endroit )
IEC Information, éducation, communication
IFRISSE Institut de formation et de recherche interdisciplinaires en sciences de la santé et de
l’éducation
INPES Institut national de prévention et d’éducation sur la santé
INSD Institut national de la statistique et de la démographie
ISF Indice synthétique de fécondité
MAMA Méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée
MSI Marie stoppes international
OBCE Organisations à base communautaire d’exécution
ODD Objectifs de développement durable
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
ONU Organisation des nations unies
PADS Programme d’Appui au Développement Sanitaire
PCM Pratique de la contraception moderne
PNDS Plan national de développement sanitaire
PNP Politique nationale de la population
PTF Partenaires techniques et financiers
SMI Santé maternelle et infantile
SNIS Système national d’information sanitaire

vii
UFC Union Fraternelle des Croyants
UNFPA United Nations Population Fund (Fonds des nations unies pour la population)
URCB/SD Union des Religieux et Coutumiers du Burkina pour la Promotion de la Santé
et le Développement
VIH Virus de l’immunodéficience humaine
WHO World Health Organisation

viii
RÉSUMÉ
Contexte : La contraception moderne contribue à la promotion d’une vie sexuelle et
reproductive saine et responsable dans les familles. Au Burkina Faso, en dépit des
stratégies mises en œuvre, la prévalence contraceptive reste faible (30,8 % en milieu
urbain contre 10,8 % en milieu rural en 2015). Des hypothèses ont été émises pour
expliquer cette situation parmi lesquels, le rôle potentiellement défavorable des leaders
religieux. D’où, cette étude en vue de contribuer à la promotion de la santé reproductive
des femmes dans la Commune urbaine de Dori.
Méthodologie : Il s’agit d’une étude de cas unique à visée exploratoire dans la
Commune urbaine de Dori. Des entretiens individuels semi-structurés ont été conduits
auprès de vingt et un leaders religieux, identifiés à l’aide d’un échantillonnage à choix
raisonné. Dans cette étude, l’analyse thématique a été faite de façon manuelle selon
l’approche de Braun et Clarke (2006).
Résultats : Il ressort des résultats des analyses que les leaders religieux ont de bonnes
connaissances en matière de contraception moderne, des compréhensions acceptables
sur la capture du dividende démographique et tous sont unanimes sur les bienfaits de
l’espacement des naissances. Néanmoins, les contraceptifs modernes ne sont pas tolérés
par la religion car les leaders religieux rattachent la contraception moderne à
l’avortement, à l’infanticide et à la stérilisation féminine et préfèrent la contraception
naturelle. De surcroit, le cursus religieux n’intègre pas les informations sur la
contraception moderne des femmes. Par conséquent, les leaders religieux n’effectuent
pas leur publicité. Les relations avec les services de santé reproductive sont peu
satisfaisantes, ce qui limite la participation des leaders religieux.
Conclusions : En termes d’implications, ces résultats suggèrent que les programmes de
PF privilégient l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de l’engagement
constructif des leaders religieux à la contraception moderne. Puis, il faut renforcer et
étendre jusqu’au niveau communal, le dialogue avec les confessions religieuses, tout en
initiant des recherches sur les croyances religieuses pouvant constituer des obstacles ou
des opportunités à la promotion de la pratique contraceptive moderne.
Mots clés : Leaders religieux, contraception moderne, participation, promotion.

ix
ABSTRACT
Background: Modern contraception helps to promote a healthy responsible sexual and
reproductive life in families. In Burkina Faso, despite the strategies implemented,
contraceptive prevalence remains low (30.8% in urban areas compared with 10.8% in
rural areas in 2015). Hypotheses have been put forward to explain this situation,
including the potentially unfavorable role of religious leaders. Hence, this study to
contribute to the promotion of women's reproductive health in the Dori Urban
Commune.
Methods: This is a unique exploratory case study in the Dori Urban Commune. Semi-
structured individual interviews were conducted with twenty-one religious leaders,
identified using reasoned sampling. In this study, the thematic analysis was done
manually according to the approach of Braun and Clarke (2006).
Results: The results of the analyzes show that religious leaders have good knowledge
of modern contraception, acceptable understandings about the demographic dividend,
and all agree on the benefits of spacing births. Nevertheless, modern contraceptives are
not tolerated by religion because religious leaders link modern contraception to abortion,
infanticide and female sterilization and prefer natural contraception. In addition, the
religious curriculum does not include information about the modern contraception of
women. So religious leaders do not advertise around it. Relationships with reproduction
health services are unsatisfactory, limiting the involvement of religious leaders in
promoting modern contraceptive methods.
Conclusions: In terms of implications, these findings suggest that FP programs favor
the development and implementation of a strategy of constructive engagement of
religious leaders in modern contraception. Then, it is necessary to reinforce and extend
to the communal level, the dialogue with the religious denominations, while initiating
research on the religious beliefs that can constitute obstacles or opportunities to the
promotion of the modern contraception.
Key words: Religious leaders, modern contraception, participation, promotion.

x
INTRODUCTION
La planification familiale est un moyen pour maintenir la santé et le bien-être des
femmes et de leur famille par la population. C’est pourquoi, la conférence internationale
sur la population et le développement (CIPD) tenue au Caire en 1994 a mis en exergue
le rôle qu'elle joue dans la réduction de la morbidité et de la mortalité des mères et des
enfants de moins d’un an (Nations Unies, 1996).
En effet, elle permet d’éviter les grossesses trop précoces, trop rapprochées et réduit de
ce fait le recours des femmes aux avortements provoqués. Chaque année, 80 millions de
grossesses non désirées occasionnent 45 millions d'interruptions volontaires de
grossesses qui entraînent environ 70 000 décès dont 97% dans les pays en
développement (OMS, 2015). Alors qu’il est bien connu que si tous les besoins de
contraceptifs modernes étaient satisfaits, le nombre de grossesses non désirées
diminuerait de 70%, et le nombre d’avortements de 74%, (Nations Unies, 2014). De
même, la contraception moderne permet de sauver la vie de près de 250.000 femmes
dans le monde chaque année et pourrait en sauver 100.000 de plus si toutes les femmes
utilisaient des moyens contraceptifs modernes (Ahman & Shah, 2011).
Les résultats de l’Enquête du module de démographie et de santé du Burkina Faso (
EMDS, 2015), montrent que le Burkina Faso connait un ratio de mortalité maternelle
encore élevé de l’ordre de 330 pour 100 000 naissances vivantes ; un taux de mortalité
néonatal de 23 pour 1 000 naissances vivantes. Ces mortalités ont lieu dans un contexte
marqué par une faible prévalence contraceptive moderne des femmes en union (22,5%)
avec des besoins non satisfaits encore élevés à 19,4% ( EMDS, 2015). Alors que 30 %
des cas de mortalité maternelle et plus de 10% des décès infantiles si les couples
espaçaient les grossesses à plus de deux ans d’intervalle peuvent être évités grâce à
l’utilisation de la contraception moderne par les femmes (Cleland et al., 2006). De
surcroît, une analyse chronologique montre que l’évolution de la prévalence
contraceptive n’a été que modérée au cours des dernières années, elle est passée de 8,6
% en 2003 à 15 % en 2010 et à 22,5% en 2015 (Ministère de la Santé, 2017).
La Bible dit qu’en matière d’espacement de naissance, le leader devra jouer le rôle de
sentinelles pour une prise de conscience des communautés par rapport à l’espacement

1
de naissance (Ezéchiel 33, 1-6). Dans l’encyclique Humanae-Vitae, l’Église est pour
une paternité et une maternité responsables et les parents ont une obligation vis-à-vis de
leurs progénitures (Mt 19, 3-12 ; Ecclésiastique 7,23). De même, l’islam, religion du
juste milieu, religion de paix, de liberté ne saurait que promouvoir le bien-être,
l’équilibre, l’épanouissement dans toutes les dimensions : physique, morale,
psychologique, sexuelle, sociale de ses adeptes comme le prouvent et le démontrent les
textes coraniques, la pratique et les enseignements du prophète (Sourate 77 Al Qassas
verset 28). L’islam a encouragé la fécondité et béni les enfants mais il a permis au
musulman de contrôler les naissances si des raisons logiques et des cas de nécessité se
présentent (Sourate 22, Al-Hajj Verset 78).
Au regard des textes sacrés (Bible, Coran), les leaders religieux devraient contribuer à
la promotion de la planification familiale en vue d’offrir aux familles la possibilité
d’adopter une méthode contraceptive moderne. Leur engagement serait un atout
important et pourra permettre aux populations de s’approprier le recours aux services de
santé de la reproduction en général et de la contraception moderne en particulier dans
un contexte de décentralisation des actions de développement qui sont de plus en plus
confiées aux populations à la base.
D’où la présente étude portant sur : « Leaders religieux et promotion de la pratique
contraceptive moderne des femmes dans la Commune urbaine de Dori ». Son but est de
contribuer à la promotion de la santé reproductive des femmes dans la Commune urbaine
de Dori. Cette étude est d’un intérêt capital car elle contribue à : i) identifier d’autres
stratégies et types d’incitations pour aider les leaders religieux à plus de participation
dans les activités de PF dans la Commune urbaine de Dori ; ii) aider les décideurs et les
gestionnaires de santé à améliorer la collaboration avec les leaders religieux.
Notre travail va s’articuler autour de cinq chapitres. Le premier chapitre qui correspond
aux considérations théoriques, expose les différents concepts nécessaires à l’élucidation
de nos hypothèses de travail que sont la revue de la littérature et la problématique. Le
deuxième chapitre aborde la conceptualisation de l’étude, le troisième, le contexte de la
recherche. Le quatrième chapitre décrit l’approche méthodologique de notre étude.
Quant aux cinquième et sixième chapitres, ils correspondent respectivement à la
présentation des résultats et la discussion.

2
CHAPITRE I : CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES
Dans ce chapitre, nous présentons l’univers scientifique dans lequel a été entreprise cette
étude. La présentation de cet univers va comprendre la revue de la littérature et la
problématique.

1.1 Revue de littérature


Les pratiques contraceptives naturelles existent dans la plupart des sociétés africaines.
Ces pratiques sont généralement fondées entre autres sur l’abstinence périodique, les
croyances mystiques et des connaissances pharmacologiques traditionnelles (OMS,
2011). La fécondité est généralement qualifiée de naturelle dans la mesure où elle se
manifeste principalement dans le cadre du mariage. L’espacement des naissances est
fondamental et reste une préoccupation dans la vie de la femme (OMS, 2011). À titre
illustratif, chez les Havu de l’Est du Congo-Démocratique, la femme qui n’espace pas
ses naissances est taxée de «kulikisa», la paresseuse, dans la mesure où avec des
grossesses très rapprochées, elle sera dispensée de ses tâches agricoles (Zra, 2008). Dans
son étude, Zra démontre que dans la culture africaine, l’espacement des naissances est
impératif et est une nécessité dont le principal but est de maintenir un certain équilibre
entre les rôles procréatifs et productifs de la femme (ibid. 2008). Chez les Havu de l’Est
du Congo-Démocratique, parmi toutes les méthodes traditionnelles pratiquées,
l’abstinence du post-partum est la plus répandue. Elle est fondée sur le désir d’éviter une
nouvelle grossesse avant que l’enfant n’ait environ deux ans. Ainsi, certaines croyances
sous-tendent parfois l’abstinence périodique. C’est le cas au Mali où l’on pense que la
semence masculine, en se répandant dans le corps de la mère, empoisonne le lait
maternel et provoque chez le nourrisson de fortes diarrhées (Bijlmakers et al., 2012).
Au Burkina Faso, l’enquête démographique et de santé (EDS) IV montre que le recours
aux méthodes traditionnelles pour limiter les naissances s'observe dans une proportion
de 5% des femmes en union (INSD, 2012). Prenant l’exemple de la société moaga, l’on
se rend compte que l’espacement des naissances est promu. Ainsi, le «pondré» ou le
«yandembila» sont des termes utilisés pour désigner un enfant souffreteux et malnutri

3
dont l’état est causé par le non-respect de l’espacement idéal de naissance de 2 à 3 ans
(Idogo & Moné, 2016).
Le Burkina Faso a adopté un Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2011-
2020 qui est en cours de finalisation. Son but est de contribuer au bien-être des
populations (Ministère de la Santé, 2011). Huit orientations stratégiques sont retenues
dont l’une relative à l’amélioration de la qualité des prestations accordant une place de
choix à la santé communautaire à partir du renforcement de la participation
communautaire à l'offre de soins de base de qualité (ibid. 2011).
La participation communautaire devient alors à la fois un outil et une fin en soi. Sa mise
en œuvre repose sur l’idée qu’on ne peut résoudre les problèmes d’une population sans
que cette population ne soit associée à l’analyse, à l’expression et à la résolution de ces
problèmes. En effet, « la prise en compte des leaders religieux comme moyen de
responsabiliser les communautés bénéficiaires à la prise en charge de leurs problèmes
de santé a constitué l’une des pierres angulaires du processus de développement
sanitaire » (Ministère de la Santé, 2014, p. 20). Des stratégies sont développées visant
la réduction de la mortalité maternelle et infantile à travers l’offre, la qualité et
l’utilisation des services de santé en général et surtout de la Santé de la Reproduction en
particulier (ibid. 2014).
Des structures œuvrant dans la création de la demande en matière de planification
familiale ont pu intervenir à plusieurs niveaux afin de soutenir l’adhésion des
populations aux méthodes contraceptives modernes. Ainsi, le niveau central tels que la
Direction de la Santé de la Famille (DSF), la Direction de la Santé Communautaire
(DSC), le Programme d’Appui au Développement Sanitaire (PADS), la Direction de la
Promotion et de l’éducation sanitaire (DPES) apportent un appui en matière de
conception, coordination, suivi et évaluation des programmes, mobilisation et allocation
des ressources aux structures décentralisées dans la création de la demande (Ministère
de la Santé, 2012). Quant au niveau décentralisé, les Directions régionales de la santé
(DRS) et les Districts sanitaires mettent en œuvre des activités de planification familiale
préalablement établies dans leur Plan d’Action annuel. Ce sont entre autres la
mobilisation communautaire, les émissions radio et la collaboration intersectorielle
(plaidoyer, renforcement des capacités des acteurs communautaires, coordination, etc.).

4
Enfin, certaines ONG et associations jouent un rôle de leader pour la création de la
demande des contraceptifs modernes notamment l'Union des Religieux et Coutumiers
du Burkina pour la Promotion de la Santé et le Développement (URCB/SD) (Ministère
de la Santé, 2012).
Malgré les actions de sensibilisation, il y a une faible utilisation des services de
planification familiale au Burkina Faso. La participation des hommes leaders et chefs
de ménage dans la promotion de la santé de la reproduction, y compris la planification
familiale est faible (Ministère de la Santé, 2013). Dans le rapport d’une étude du Fonds
des Nations Unies pour la Population (2012) (UNFPA) dans quatre régions du Burkina
Faso, les leaders qui ne participaient pas à la promotion de la santé reproductive
représentaient respectivement 87% au centre, 86% au Centre Est, 76% à l’Est et 87% au
Sahel. Zoungrana (2015) a trouvé que 71,05% des leaders enquêtés ne reconnaissent pas
que la femme a le droit de choisir librement une méthode contraceptive en l’absence du
consentement de son conjoint. Parmi ces leaders, 81,50% ne sont pas au courant que
l’Assemblée Nationale a voté une loi1 qui l’y autorise. En effet, des barrières existent
toujours au sein des communautés religieuses et coutumières, se rapportant aux rumeurs,
croyances et préjugés sur les méthodes contraceptives modernes. L’engagement et
l’implication des communautés deviennent donc une nécessité pour converger les points
de vue et convaincre les populations à utiliser les services de planification familiale.
C’est pourquoi, les autorités sanitaires ont élaboré et mis en œuvre un Plan d’Action
National d’Accélération de la Planification Familiale 2017-2020, et plaident pour la
contribution de tous les acteurs afin d’augmenter de 2,5% la prévalence contraceptive
chaque année. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan, il est prévu que les leaders
communautaires et les collectivités territoriales développent des activités de proximité
à l’endroit de leurs communautés (Ministère de la Santé, 2013).
L’URCB/SD de représentations décentralisées à plusieurs niveaux couvrant l’intégralité
du territoire national par des structures intermédiaires et périphériques dans les 13
régions et les 45 provinces. Elles ont par ailleurs des relais dans chacune des communes
du pays. C’est donc une structure faitière reconnue par le Ministère de l’administration
territoriale et de la Décentralisation sous le Récépissé N°2008-

1
Loi No 049-2005/AN portant santé de la reproduction.

5
065/MATD/SG/DGLPAP/DOASOC du 18 février 2008. Cette structure met en œuvre
des activités de mobilisation et de sensibilisation des communautés sur les méthodes
modernes de contraception existantes tout en s’appuyant sur les versets de la Bible, du
Coran et des messages traditionnels pour attester que la religion et les coutumes
n’interdisent pas la pratique de la contraception moderne. Ainsi, en 2012, elle a pu
former, à l’aide de ces outils de communication, 40 leaders religieux et coutumiers de
chacune des 13 régions du pays, et 520 leaders au total sur toute l’étendue du territoire
(Ministère de la Santé, 2014).
De plus, la collaboration entre les services de santé et les leaders religieux devra
découler de la compétence de l’équipe cadre du District (ECD) à assurer la collaboration
intra et intersectorielle, notamment à travers les différents cadres de concertations que
sont le Conseil de Santé de District (CSD) et les Assemblées Générales des COGES
dans les CSPS.
À l’évidence, les professionnels de la santé ne doivent pas négliger lors du choix des
indicateurs de réussite, les avantages de l’action communautaire (OMS, 2011). Or, sans
le renforcement permanent des capacités des leaders religieux à agir, on ne peut espérer
voir ces derniers agir. Aussi, le contenu des informations est chaque fois renouvelé suite
au progrès de la science, et les stratégies idoines pour une intégration fonctionnelle des
activités communautaires restent le plaidoyer par le dialogue et la négociation en tête à
tête, les visites à domicile, la formation, la supervision, le suivi-évaluation effectué
ensemble.
Au Burkina Faso, plusieurs études ont concerné la recherche des déterminants de la
participation des leaders aux activités de planification familiale selon des méthodes
quantitatives (Ilboudo, 2011; Zoungrana, 2015). En effet, ces études ont identifié les
caractéristiques de chaque catégorie de femmes afin de comprendre les facteurs qui
favorisent ou entravent la pratique contraceptive. Pourtant, comme le reconnait Robert
K. Yin (2009), un phénomène social à l’étude ne saurait être expliqué uniquement par
des chiffres, selon de telles méthodes. Ainsi, dans le cadre de notre travail nous ne
cherchons donc pas seulement à quantifier les différents déterminants, mais nous
cherchons surtout à comprendre les avis qui ressortent du discours des leaders religieux
sur la contraception moderne. Dans cette vision, plusieurs études ont utilisé des

6
méthodes qualitatives. Mais, bien que mettant en évidence le besoin d’acquiescement
des leaders pour faire tomber les obstacles susmentionnés, elles n’ont pas pris ou pas
suffisamment en compte la participation de ces derniers (Bara, 2012; Konditamdé,
2017). Certaines ont tout de même sélectionné des leaders d’opinion dans leur
échantillonnage, mais leur participation reste tributaire des normes et valeurs sociales,
donc de la manière dont ils ont été socialisés (Zoungrana, Yaro, & Traore, 2008). Ainsi,
ces auteurs appellent à rendre les interventions communautaires plus participatives et
inclusives pour permettre aux leaders de mieux percevoir leurs rôles et responsabilités,
mais aussi permettre à l’ensemble des acteurs de mieux connaitre les déterminants de
leur faible participation. Notre étude analyse directement l’avis des leaders religieux par
rapport aux questions essentielles sur l’organisation de l’offre des services de
contraception moderne, l’existence de cadres qui prennent en compte les besoins des
leaders religieux en matière de contraception moderne et leur participation à la
promotion des méthodes contraceptives modernes. Le dernier aspect qui différencie
notre étude de celles examinées dans la revue de littérature, concerne l’objet sur lequel
elle porte. La plupart des études ont abordé la question sous l’angle de la planification
familiale de façon générale qui comprend la contraception moderne (Zoungrana et al.,
2008).

1.2 Problématique
La pratique de la contraception moderne (PCM) est définie comme l’utilisation d’un
ensemble de procédés chimiques ou mécaniques pour la plupart, à caractère permanent
ou non, destinés à prévenir la grossesse ou l’empêcher, de façon réversible, temporaire
ou définitive (OMS, 2012).
De nombreuses stratégies ont été mises en œuvre pour repositionner la planification
familiale et accroître la prévalence contraceptive moderne. Ces stratégies ont concerné
entre autres, l’adoption d’une loi relative à la santé de la reproduction en 2005,
l’élaboration et la mise en œuvre d’un certain nombre de stratégies en faveur de la
planification familiale : distribution à base communautaire de contraceptifs depuis 2009,
Plan stratégique de sécurisation des produits en santé de reproduction 2009-2015,
subvention des produits contraceptifs depuis 2010, surveillance hebdomadaire des

7
produits contraceptifs depuis 2012, Plan national de relance de la planification familiale
2013-2015 (Ministère de la Santé, 2013).
En dépit de ces mesures, la prévalence contraceptive est restée faible et se chiffrait à
22,5% en 2015 chez les femmes en union (Ministère de la Santé, 2016). Elle était de
30,8 % en milieu urbain, contre 10,8 % en milieu rural (ibid. 2016). Dans le contexte
global de promotion des droits en santé de la reproduction, les leaders et décideurs
communautaires devraient rompre avec les barrières à l’utilisation des services de
planification familiale en s’adressant directement aux populations, surtout lors des
cérémonies religieuses.
L’Organisation Mondiale de la Santé estime en effet que les services de planification
familiale pourraient satisfaire les besoins d’environ 222 millions de femmes s’ils avaient
le soutien des leaders religieux et des décideurs pour lever les obstacles fondés sur le
sexe, l’opposition religieuse, et en particulier pour améliorer l’accès des services aux
populations les plus pauvres (OMS, 2012).
En Afrique sub-saharienne, des études indiquent qu’il n’y a pas beaucoup
d’organisations impliquées dans le plaidoyer pour la mobilisation des ressources en
faveur de la contraception moderne. Ainsi, au Mali seuls 1363 élus communaux sur
10592 (soit 12.64%, conseillers et Maires) ont été formés en plaidoyer en 2011 dans
cinq régions sur 8 que compte le pays. Des efforts sont déployés certes dans le pays,
mais le soutien des leaders reste insuffisant pour accroître la prévalence contraceptive,
demeurée faible à 9.9% (Sissoko, 2011). En République Démocratique du Congo,
Kayembe & al., (2014) soulignaient que seulement 2 organisations sur 5 de la ville de
Kinshasa ont été impliquées dans le développement et l’implantation des activités
ciblant les décideurs et les instances supérieures au profit de la planification familiale.
Pour eux, les 5 organisations pour le plaidoyer et les sensibilisations représentaient une
couverture si faible pour une ville de plus de 8 millions d’habitants (ibid. 2014).
Au Burkina Faso, dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Action National
d’Accélération de la Planification Familiale 2017-2020, il est demandé aux leaders
religieux et aux collectivités territoriales de développer des activités de proximité à
l’endroit de leurs communautés. Ainsi, en privilégiant l’approche communautaire, on
sollicite le soutien des leaders religieux pour promouvoir la contraception moderne et

8
réduire les inégalités sociales qui pèsent sur les femmes. Ces inégalités sociales
découlent du faible statut de la femme et le revenu (Nana, 2014) qui lui font subir de
nombreuses maternités, entrainant un taux de fécondité global élevé à 9 pour 1000
femmes de 15-49 ans (Ministère de la Santé, 2016).
Dans le district sanitaire (DS) de Dori, la situation en matière de planification familiale
n’est pas satisfaisante et l’implication des leaders religieux en faveur de la contraception
moderne est faible en 2016. En effet, dans l’analyse des problèmes du plan d’action du
District, il est ressorti que la participation communautaire est insuffisante, « les
obstacles à l’utilisation des services de planification familiale sont dus au poids des
hommes, au refus des religieux et au coût des contraceptifs » (District Sanitaire de Dori,
2017, p. 26). Par exemple, le Plan communal de développement de Dori identifie comme
obstacle de la pratique contraceptive moderne, l’insuffisance des actions d’information
qui est liée principalement à la censure sexuelle exercée par la religion et la culture
(Commune de Dori, 2015). Elle se caractérise par la stigmatisation des jeunes filles
célibataires qui adoptent une méthode contraceptive, le sentiment de culpabilité d’avoir
transgressé les normes sociales qui considèrent que l’adoption d’une méthode
contraceptive par les filles ou les femmes célibataires, les divorcées est synonyme de
comportements sexuels déviants. Toutefois, les religieux et coutumiers formés par
l’URCB/SD et agissant au compte du DS de Dori ont mené quelques activités de
sensibilisation sur la planification familiale, mais uniquement dans la ville de Dori.
Aucune zone rurale n’a bénéficié de leurs interventions. Aussi, dans le bilan physique
des activités de l’année 2016, l’Equipe Cadre du District (ECD) a identifié l’absence
d’un cadre spécifique de concertation avec les Organisations à Base Communautaire
d’exécution (OBCE) et les leaders religieux/coutumiers comme problème à résoudre
pour améliorer la collaboration intersectorielle (District Sanitaire de Dori, 2017). Ces
obstacles ont contribué à la faible utilisation des méthodes contraceptives modernes
enregistrée par le district au cours de la même période qui est de 21.63% contre 31.7%
pour le niveau national (Ministère de la Santé, 2016). Les conséquences d’une telle
situation est l’aggravation de la situation des décès de femmes et d’enfants liés aux
grossesses rapprochées, non prévues, aux interruptions clandestines des grossesses. En
effet, « le ratio de mortalité maternelle est de 31.81/100000, le nombre de décès néo-

9
natals 14%, le ratio de mortalité infantile 10.33/1000, le taux des morts nés 1.43% dans
les formations sanitaires du district » (District Sanitaire de Dori, 2017, p. 62).
Face à cette situation, le District sanitaire de Dori a entrepris des actions en vue
d’améliorer l’implication des leaders religieux. Il s’est agi entre autre de l’organisation
chaque année d’une semaine dédiée à la planification familiale, ce depuis 2012, avec
l’appui technique et financier de l’UNFPA. Au cours de ces semaines, des actions de
plaidoyer sont réalisées auprès de certains leaders locaux ; la rencontre de plaidoyer avec
les leaders politiques, religieux, coutumiers et autres leaders communautaires, tenue en
juin 2013, pour un plaidoyer en faveur de la contraception moderne. Ces actions ont
permis d’impliquer les leaders locaux dans certaines instances décisionnelles comme le
Conseil de Santé du District (CSD). C’est un appui qui a contribué à avoir un impact sur
l’utilisation des services de planification familiale et à relever le taux d’utilisation des
contraceptifs de 22,69% à 27,52 %. Cette hausse reste cependant insuffisante par rapport
au résultat attendu de 35% en fin 2017 (District Sanitaire de Dori, 2017).
1.2.1 Question de recherche
En quoi consiste la participation des leaders religieux dans la promotion de la pratique
contraceptive moderne des femmes dans la Commune urbaine de Dori ?
1.2.2 Objectifs de l’étude
1.2.2.1 Objectif général de l’étude
Appréhender chez les leaders religieux leur mode de participation dans la promotion
des méthodes contraceptives moderne chez les femmes dans la Commune urbaine de
Dori.
1.2.2.2 Objectifs spécifiques de l’étude
1) Déterminer les connaissances des leaders religieux sur la contraception moderne des
femmes ;
2) Apprécier l’utilisation d’informations sur la contraception moderne par les leaders
religieux dans les activités religieuses ;
3) Décrire les relations existantes entre les leaders religieux et les services de santé de
reproduction dans la Commune urbaine de Dori.
1.2.3 Propositions théoriques de l’étude
- les connaissances des leaders religieux sur la contraception moderne déterminent leur
participation dans la promotion de la PCM des femmes ;

10
- l’utilisation d’informations sur la contraception moderne pendant les activités
détermine la participation des leaders religieux ;
- les relations qu’entretiennent les leaders religieux et les services de santé de la
reproduction déterminent leur participation dans la PCM.
1.2.4 Variables en jeu dans notre recherche
La participation des leaders religieux à la promotion des méthodes contraceptives
modernes est la variable à expliquer. Nous avons trois variables explicatives que sont :
les connaissances des leaders religieux, l’utilisation d’informations sur la contraception
moderne lors des activités religieuses et les relations avec les services de santé de la
reproduction.
Dans notre étude, les variables indépendantes sont le sexe, l’âge, le niveau d’instruction,
la résidence et la religion. Le recrutement des répondants est fait en tenant compte du
sexe et des différentes religions reconnues au Burkina Faso. L’étude a également pris
en compte l’âge, la résidence et le niveau d’instruction afin d’obtenir une diversité dans
les réponses. En effet, chaque enquêté est considéré comme un informateur clé et porteur
d’un sous-système de valeurs.
Les connaissances des leaders religieux : la littérature rapporte que les connaissances
qu’ont les leaders religieux de la planification familiale justifient leur adhésion à la
pratique contraceptive moderne (Cosio-Zavala, Brugeilles, Ludec, & Lamy, 2017).
L’éducation étant vectrice des connaissances y compris celles relatives aux bonnes
pratiques en matière de santé reproductive, les leaders religieux non informés seront
donc privés des connaissances sur la planification familiale ainsi que de la nécessité
d’utiliser les contraceptifs modernes. Les indicateurs sont :
 connaissance des méthodes contraceptives modernes effectives ou non ;
 leaders religieux capables de les citer oui ou non et si oui lesquels (au moins trois
incluant une méthode de longue durée) ?
 connaissance du lien entre méthodes contraceptives et régulation des naissances ;
 jugement sur la capture du dividende démographique est bon ou pas.
L’utilisation d’information sur la PCM pendant les activités religieuses : on
retrouve dans la littérature des auteurs qui mettent en avant le rôle joué par les leaders
religieux dans la communauté (Catherine, 2009). En effet, de par sa proximité avec la

11
population et en tant qu’autorité morale et religieuse s’imposant à cette dernière, il peut
jouer un rôle de sensibilisation des femmes sur la contraception moderne. On dira de ce
fait que :
 les leaders religieux font usage ou non d’informations sur la méthode
contraceptive moderne ;
 la formation religieuse de base intègre ou pas les informations sur la
contraception moderne ;
 les leaders font des prêches sur les méthodes modernes oui ou non.
La relation avec les services de santé de la reproduction : par ailleurs, notons que
dans la littérature, la relation avec les services de santé de la reproduction explique
parfois la participation des leaders religieux dans la promotion des méthodes
contraceptives modernes (Hadiza, 2004). Il s’agit ici de :
 l’effectivité ou non de cette relation. Si elle existe, comment se manifeste-t-elle ?
Quelles sont ses formes ? Et quelles sont ses conséquences en matière
d’éducation et d’adoption de la contraception moderne ?

12
CHAPITRE II : CONCEPTUALISATION DE L’ÉTUDE
2.1 Définition des concepts clés
2.1.1 Participation
Godbout définit la participation comme étant « le processus d'échange volontaire entre
une organisation qui accorde un certain degré de pouvoir aux personnes touchées par
elle et ces personnes qui acceptent en retour un certain degré de mobilisation en faveur
de l'organisation. Pour constituer un phénomène stable, la participation suppose un
équilibre entre pouvoir et mobilisation. » (Godbout, 1986, p. 30).
Pour Rifkin, la participation est « un processus social où des groupes définis qui
partagent les mêmes besoins et qui vivent dans une région géographique circonscrite,
poursuivent activement l'identification de leurs besoins, prennent des décisions et
établissent des mécanismes pour répondre à leurs besoins » [Traduction libre] (Rifkin,
Muller, & Bichmann, 1988, p. 932).
La définition revêt plusieurs caractéristiques et finalités selon que l’on se trouve dans
un contexte de développement communautaire, politico-administratif, religieux. Quel
que soit le contexte et l’objectif poursuivi, l’implication physique et visible de la
personne est toujours un des indicateurs clés de sa participation (Ministère de la Santé,
2007).
Rifkin définit alors quatre axes majeurs de la participation communautaire dans le
secteur de la santé (1988) :
- introduction de changements de comportements dans des milieux où la
technologie médicale est peu efficace pour améliorer la santé ;
- amélioration de l'utilisation des services de santé généralement pas ou peu utilisés
par la participation de la population à tous les stades de la planification d'une
intervention ;
- mobilisation des ressources de la communauté ;
- augmentation de la confiance en soi et le développement du sens de l'auto
responsabilité, particulièrement chez les plus pauvres et défavorisés conduisant à
l’élargissement de participation aux activités communautaires.
Dans le cadre de notre étude, la participation est l’engagement volontaire des leaders
religieux aux côtés des agents de santé pour promouvoir la PCM des femmes au sein de
leurs communautés.

13
La Fondation pour le Développement Communautaire (FDC/BF) distingue trois niveaux
de participation communautaire (OMS, 2015). Ces trois niveaux correspondent au taux
d’apparition des personnages d’un roman et sont :
le héros : personnage principal des romans est vu par la FDC comme le principal acteur
de son propre développement. Il apparaît à tous les niveaux du projet.
les personnages secondaires : dans les romans, ces personnes jouent les seconds rôles.
Il est moins actif que le héros ou le principal. Dans le monde du développement, il y a
un niveau de participation qui correspond au rôle de ce type de personnage. A ce niveau,
les communautés jouent bien sûr un rôle, mais pas très important ou primordial ou
encore de premier rang pour leur développement
les figurants : qui apparaissent dans les romans, mais pas pour jouer un rôle. Ils sont là
à titre symbolique. L’auteur les décrit souvent pour gagner de l’espace ou combler un
vide. Il en est de même pour les considérés figurants dans la participation
communautaire vue par la FDC. Les communautés bénéficiaires sont là pour justifier
l’approche. On les utilise à des fins souvent personnelles.
2.1.2 Promotion de la santé
La promotion de la santé est une approche globale, qui vise le changement des
comportements mais aussi des environnements relatifs à la santé, via une gamme de
stratégies individuelles (modes de vie, habitudes de vie) et environnementales
(conditions de vie) (OMS, 1986). Elle utilise pour cela une large gamme de stratégies,
dont l’éducation pour la santé, le marketing social et la communication de masse,
l’action politique, l’organisation communautaire et le développement organisationnel.
Aussi, la promotion de la santé vise au bien-être complet de l'individu et a pour but de
créer, grâce à un effort de sensibilisation, les conditions favorables indispensables à
l'épanouissement de la santé (Nations Unies, 2014). La santé ne relève pas seulement du
secteur de la santé et elle ne se borne pas seulement à préconiser l'adoption de modes de
vie qui favorisent la bonne santé.
Elle désigne alors le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus
grand contrôle sur les déterminants de leur santé et ainsi d’améliorer leur propre santé
comme indiqué sur la figure suivante :

14
Figure 1 : Déterminants pour la promotion de la santé

Source : Charte d’OTTAWA (OMS, 1986)

2.1.3 Leaders
Pour Vinot (2008, p. 221), le leadership « désigne la capacité à mener des personnes ou
des organisations vers l’atteinte d’objectifs ». Aussi, le leadership est la capacité
d’influencer un groupe en vue de réaliser une vision ou un ensemble d’objectifs
(Robbins, 2013). En revanche, le leadership est classiquement attribué à une personne
sous un groupe dans son aptitude à convaincre, motiver, inspirer, influencer son
entourage. Le leader est une personne capable de concilier la théorie et la pratique,
d’avoir des idées originales, efficaces et de les faire valoir (Phaneuf, 2013). Les leaders
inspirent les autres grâce à leur assurance, leur fiabilité, et transmettent une vision si
convaincante qu’elle peut transformer l’opportunité en engagement informationnel. Le

15
véritable leader est une personne qui possède des qualités particulières pour établir des
contacts avec les autres, mais pour être efficace, il doit posséder également de bonnes
capacités pour observer, réfléchir, analyser les situations et en extraire les points
dominants.
Pour nous, le leader est celui qui génère et entretient un climat positif dans un groupe,
orienté vers l’adhésion des femmes aux méthodes contraceptives, et stimule l’utilisation
des contraceptifs modernes (Phaneuf, 2013).
2.1.4 Planification familiale
La planification familiale se définit comme « la possibilité pour les individus et les
couples de choisir librement le nombre de leurs enfants, et le moment de les avoir »
(OMS, 2011, p. 5). Pour le Ministère de la santé (2010), la planification familiale se
réfère à l’ensemble des moyens techniques, psychologiques, éducatifs qui permettent
aux couples et aux individus d’atteindre certains buts en fonction de leurs possibilités et
de leurs désirs, d’éviter les grossesses non désirées, de favoriser les naissances désirées,
d’espacer les naissances et de déterminer le nombre d’enfants qu’ils souhaitent. Les
méthodes contraceptives sont :
(i) les méthodes traditionnelles (séparation du couple, abstinence totale, etc.) ;
(ii) les méthodes naturelles (calendrier, température, glaire cervicale, MAMA
exclusif, collier, etc.) ;
(iii) les méthodes hormonales : pilules (comprimés oraux progestatifs ; comprimés
oraux combinés), les injectables, les implants
(iv) les méthodes de barrières mécaniques et chimiques (condom masculin,
condom féminin, spermicides ; DIU ; vasectomie, ligature des trompes).
Somme toute, cette définition souligne trois aspects qui se prêtent à notre
compréhension, à savoir la liberté de choix du moment d’avoir une grossesse,
l'espacement et la limitation des naissances.
2.1.5 Pratique de la contraception moderne
L’OMS (2017) définit la pratique de la contraception moderne comme étant l’utilisation
d’un ensemble de procédés (chimiques et mécaniques pour la plupart) à caractère
permanent ou non, destinés à prévenir la grossesse ou l’empêcher, de façon réversible,
temporaire ou définitive. Ces méthodes modernes de contraception correspondent aux

16
méthodes hormonales : pilule progestative, pilule combinée, les injectables, les implants
sous cutanés et méthodes de barrières mécaniques et chimiques : condom féminin,
spermicides ; DIU ; ligature des trompes (Ministère de la Santé, 2017). De ce qui
précède, la pratique de la contraception moderne des femmes correspond dans notre
étude à l’utilisation d’une des méthodes modernes de contraception par une femme
pendant la période de la collecte des données.
2.1.6 Dividende Démographique : Concept, enjeux et défis
Le dividende démographique est l’accélération de la croissance économique qui peut
résulter d’une évolution de la structure par âge de la population, accompagnée
d’investissements stratégiques dans la santé, l’éducation, la politique économique et la
gouvernance. Il est un booste que le changement dans la structure d’âge d’une
population peut apporter au développement économique (OMS, 2015).
Tableau 1 : Comment soutenir le dividende démographique (ibid. 2015, p. 14)
Phase Objectifs Politiques
Pré DD Accélérer la baisse de la  Réduire la mortalité maternelle, infantile,
fécondité la morbidité, la malnutrition
 Augmenter l'éducation des femmes et
l'égalité des sexes
 Aborder les normes sociales sur la
fécondité
 Réduire le mariage des enfants
 Développer les programmes de
planification familiale de grande
envergure
DD Réaliser le 1er DD  Améliorer l'éducation et le capital humain
précoce Créer les conditions pour un  Attirer les investissements directs
2nd DD étrangers
 Améliorer l'environnement des affaires
pour construire la demande de travail
 Réduire les barrières commerciales
 Encourager l'emploi des femmes en
dehors du foyer
 Améliorer les politiques et les institutions
pour l'épargne et l'investissement
intérieurs

17
Des pays d’Afrique de l’Ouest comme le Burkina Faso, le Mali, le Ghana, ont renoué
avec la croissance économique depuis le milieu des années 1990, avec des taux de 4 à 6
% par an. Mais avec la forte démographie qui les caractérise, cette progression reste
insuffisante pour satisfaire les besoins en santé et en éducation des populations, réduire
l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et diminuer la pauvreté, qui touche encore entre
un et deux tiers de leurs habitants. Les pays ouest-africains ne pourront émerger
économiquement que s’ils saisissent une « fenêtre d’opportunité démographique » en
réduisant leur fécondité, comme l’ont fait dès les années 1970 les pays qualifiés
aujourd’hui d’émergents (Guengant, 2011).
Avec la forte croissance démographique, l’arrivée sur les marchés du travail ouest
africains de très nombreux jeunes, qui devraient passer de 6 millions par an en 2010 à
près de 10 millions par an en 2030, peut s’avérer désastreuse si la croissance et les
emplois ne sont pas au rendez-vous. Mais elle peut aussi devenir un avantage si, grâce
à la baisse de la fécondité, le nombre de personnes à charge (enfants et personnes âgées)
par actif (15-64 ans) est réduit. Avec la baisse de ce ratio, aussi appelé « taux de
dépendance », les actifs pourront diminuer leurs dépenses en faveur essentiellement des
enfants et consacrer une part plus importante de leurs revenus à l’épargne et aux
investissements productifs. Ce faisant, ils contribueront à stimuler la croissance
économique (ibid. 2011).
Réduire la fécondité pour accélérer la transition démographique, et diminuer ainsi les
taux de dépendance, est donc un processus essentiel pour une croissance économique
durable. Entre 1970 et 2000, la plupart des régions en développement, comme l’Asie de
l’Est et du Sud-Est, où les transitions démographiques ont été rapides, ont bénéficié de
ce « dividende démographique ». Il n'en a pas été de même pour l’Afrique
subsaharienne, justement parce que les taux de natalité y sont restés très élevés, avec
une moyenne de plus de cinq enfants par femme. Ainsi, au Burkina Faso, le ratio est
toujours proche d’un inactif pour un actif, soit un taux de dépendance de près de 100 %.
Or, avec des moyens trois à cinq fois plus importants que ceux octroyés actuellement à
la planification familiale, le pays pourrait diviser par deux ce rapport d’ici 20 ans, pour
atteindre des niveaux de dépendance proches de ceux observés aujourd’hui dans les pays
émergents (Nations Unies, 2014).

18
Parallèlement à ces interventions, l’accès à des services de planification familiale et la
promotion de l’utilisation de la contraception modern n’ont pas été suffisamment
encouragés. Aujourd’hui, seules 10 à 20 % des femmes burkinabés en union ont recours
à une contraception. Pourtant, il existe une forte demande en planification familiale :
entre 30 et 60 % de ces femmes souhaiteraient y avoir accès (Nations Unies, 2014).
Le développement ne se résume donc pas seulement à la maîtrise de la natalité, mais
aussi à l’accélération de la transition démographique grâce à l’augmentation de
l’utilisation de la contraception moderne. À l’instar de ces derniers, les pays ouest-
africains doivent multiplier, au cours des 10 ans à venir, de trois à cinq fois les moyens
affectés à la planification familiale pour stabiliser le nombre des naissances d’ici 2030
et être en mesure de bénéficier du dividende démographique (Guengant, 2011).

2.2 Théorisation de la pratique contraceptive moderne


2.2.1 L’étude de Herbigniaux et Thai
Une étude réalisée par Herbigniaux et Thai (2005), en Wallonie et à Bruxelles en
Belgique, font ressortir les principaux facteurs qui influencent la contraception chez les
jeunes, notamment la prise de pilule et le port de préservatif. Elle révèle deux types de
facteurs :
 les facteurs en rapport avec la motivation pour la planification familiale, liés aux
dangers perçus tels que la peur des maladies, la peur d’une grossesse, une atteinte
à sa sécurité, d’une part, et aux barrières à la prise de pilule telles que, la peur des
parents, la peur de grossir, la peur de l’oubli, l’encouragement aux rapports
sexuels non prévus, le manque de conscience et de volonté d’utiliser le
préservatif, d’autre part ;
 les facteurs en rapport avec la honte qui est relevée comme un déterminant
psychologique qui crée une distance interpersonnelle entre les soignants et les
usagers, et constitue par conséquent un véritable obstacle pour une interaction
entre les jeunes filles désirant adopter une méthode contraceptive et le personnel
de santé masculin (Fernand, 2012).
Par ailleurs, la participation des hommes à l’adoption de méthodes contraceptives
modernes est limitée par « les effets secondaires perçus des méthodes contraceptives
féminines qui perturbent l'activité sexuelle, la peur et les inquiétudes liées à la

19
vasectomie, la perception de la santé comme étant un domaine de la femme en raison
des normes de genre et de la communication traditionnelle en matière de planification
familiale axée sur les femmes, la crainte que l'utilisation de contraceptifs par les femmes
n'entraîne des relations sexuelles hors mariage » [Traduction libre] (Kabagenyi et al.,
2014, p. 71).
2.2.2 Les études sur la religion et les influences sociales
La religion et les influences sociales peuvent déterminer également la contraception
moderne au sein d’une communauté. Nisand et Toulemon identifient en France comme
obstacle de la pratique contraceptive moderne, l’insuffisance des actions d’information
qui est liée principalement à la censure sexuelle exercée par la religion et la culture
(Nisand & Toulemon, 2006). La religion se présente également comme obstacle à la
pratique contraceptive par les femmes au Tchad (Lenan, 2009) et au Mali (Bijlmakers
et al., 2012).
Bien que la religion soit souvent considérée comme un frein à la planification familiale
moderne, Gastineau et Sandron (2004) soulignent qu’elle n’est pas déterminante en
matière de contraception en Tunisie qui à leurs yeux est l’un des précurseurs du
continent africain et des pays arabo-musulmans en matière d’adoption d’une politique
de pratique contraceptive moderne. Selon ces auteurs, pour minimiser le refus les
résistances sociales à l’acceptation de cette politique, les autorités publiques ont pris
progressivement des mesures visant à lever les obstacles idéologiques et législatifs tels
que l’importation, la publicité et la vente de contraceptifs, l’autorisation de l’avortement,
la limitation de l’octroi des allocations familiales aux seuls quatre premiers enfants.
2.2.3 Les études sur la perception sociale
Plusieurs auteurs ont noté le rôle de la société sur la non-utilisation des méthodes
contraceptives modernes par la population. En effet, la taille de la population et celle de
la communauté influencent négativement sur l'utilisation des méthodes contraceptives,
de sorte que les femmes dans les communautés les plus peuplées sont les moins
susceptibles de pratiquer la contraception moderne (Stephenson & Hennink, 2004). Il
s’agit certainement d’une logique populationniste, qui s’inscrit dans la théorie optimiste
de Boserup Esther où elle considère la croissance de la population comme « facteur
autonome pour une intensification constante dans l'agriculture, qui à son tour apporte

20
tout un ensemble de changements économiques et sociologiques dans la société »
[Traduction libre] (Boserup, 2011, p. 2).
De ce fait, la croissance démographique peut servir de stimulant à l’accroissement de la
productivité et ne saurait être un obstacle qui entrave la croissance économique. Aussi,
les membres de la cellule familiale exercent une forte influence sur la capacité des
femmes à utiliser les services de planification familiale (ibid. 2004). De même, les
pressions des partenaires sexuels ou des membres de la famille qui les incitent à avoir
un enfant ou à prouver leur fécondité chez les adolescents participent d’une certaine
manière à la faible utilisation des méthodes contraceptives (Wood & Jewkes, 2006). Par
ailleurs, l’ambition pro-nataliste de la population qui trouve leur fondement dans les
prescriptions religieuses, et l’opposition des aînés sociaux à la contraception moderne
chez les jeunes par crainte d’une incitation à la liberté sexuelle influencent négativement
la planification familiale moderne au sein de la population (Bijlmakers et al., 2012).
De ce qui précède, tout semble indiquer que la quête de la contraception n’est pas un
fait nouveau pour les sociétés africaines. À toutes les époques, les hommes et les femmes
ont essayé de séparer le sexe pour le plaisir du sexe à des fins de reproduction (Zra,
2008). Cependant, malgré une culture favorable à un espacement des naissances et une
répugnance des grossesses rapprochées, la PCM par les femmes ne semble pas
rencontrer l’assentiment de tous. Alors, les leaders religieux en charge de l’ordre social
devront susciter la motivation ou le désir d’utiliser les services de planification familiale.
Dans notre travail, nous avions opté de nous intéresser uniquement à la contraception
moderne, tout en nous disant que le rôle que joue les leaders religieux dans la promotion
de la PCM serait plus important lorsque l’on considère spécifiquement le seul aspect de
la contraception moderne.
2.2.4 La collaboration intersectorielle en matière de mobilisation sociale en faveur
de la PCM
Ilboudo I., (2011), a abordé la collaboration entre la communauté et les agents de santé
en termes de « mécanismes de suivi » et fait ressortir que 3 sur les 9 CSPS recevaient
des rapports d’activités des structures communautaires et seulement 18.48% des
membres étaient supervisés un an après leur formation. La conclusion qui en était tirée
est que le mécanisme de suivi de ces cellules villageoises présentait des insuffisances
dans sa planification et dans sa mise en œuvre. Cela expliquerait, selon l’auteur, le faible

21
niveau de connaissances en santé maternelle et néonatale et l’insuffisance de motivation
des membres de ces structures relais, d’où leur faible fonctionnalité. Les facteurs qui
sous-tendent cette explication étaient la formation, la supervision, la participation aux
cadres de concertation et l’utilisation des données transmises par la communauté.
Des mécanismes de collaboration doivent être mis en place pour faciliter la participation
des leaders religieux dans la promotion de la PCM. À ce niveau, la diffusion et le partage
des informations sur les approches et les méthodes efficaces permettent d’éviter les
conflits d’intérêts avec les acteurs des autres secteurs. Ainsi, ces obstacles à la
mobilisation sont d’ordre social et ne peuvent trouver leurs solutions que par la
collaboration entre les leaders religieux et les services et santé (Zoungrana, 2015). Ici,
il s’agit de la collaboration interhumaine à travers les différentes structures que sont les
religieux et les services de santé.
Les professionnels de la santé ne doivent pas négliger lors du choix des indicateurs de
réussite, les avantages intangibles de l'action communautaire (ibid. 2015). Or, sans le
renforcement permanent des capacités des leaders religieux, on ne peut espérer voir ces
derniers agir. Aussi, le contenu des informations est chaque fois renouvelé suite au
progrès de la science, et les stratégies idoines pour une intégration fonctionnelle des
activités communautaires restent le plaidoyer par le dialogue et la négociation en tête à
tête, les visites à domicile, la formation, la supervision, le suivi-évaluation effectué
ensemble. Après ces contacts utiles et nécessaires, la collaboration doit se poursuivre en
vue de rendre visible la part contributive de ces derniers et les inciter à plus d’ardeur
pour l’atteinte des objectifs visés. À cet effet, les services de santé doivent entretenir un
système d’informations viable avec les leaders religieux, consistant à les impliquer dans
les assemblées générales des CSPS, les impliquer dans les conseils de santé du district
(CSD) et exploiter les données des interventions communautaires.

22
CHAPITRE III : CONTEXTE DE L’ETUDE
3.1 Le système de santé du Burkina Faso
En 2017, les infrastructures sanitaires du Burkina Faso se présentaient comme suit : 6
Centres hospitaliers universitaires, 8 centres hospitaliers régionaux, 45 Centres
médicaux avec antenne chirurgicale (CMA), 57 Centres médicaux, 1 839 Centres de
santé et de promotion sociale (CSPS), 134 dispensaires isolés, 10 maternités isolées et
352 formations sanitaires privées de soins hospitaliers ou non hospitaliers. D’une
manière générale, la répartition des infrastructures sanitaires est disparate selon les
régions (Ministère de la Santé, 2017). La prévalence contraceptive est restée faible et se
chiffre à 31,7% en 2016. Elle est de 30,8 % en milieu urbain, contre 10,8 % en milieu
rural (EMDS-BF, 2016). Le schéma suivant donne l’organisation administrative et
technique du Ministère de la Santé.

Figure 2 : Structure administrative et technique du Ministère de la Santé du Burkina


Faso

Structure administrative et technique du Ministère de la Santé du Burkina Faso


Administration Offre de soins Niveaux

Cabinet du Ministre

Secrétariat général CHU (06) Niveau central

Directions techniques et rattachées

Directions régionales de la santé (13) CHR (08) Niveau intermédiaire

CMA (45)
Districts sanitaires (70) CM (57) Niveau périphérique
CSPS (1839)

Source : Schématisée à partir des données de la direction générale des études et des statistiques sectorielles, 2017

Le Ministère de la santé comprend trois niveaux dans sa structuration administrative


(2017) :

 le niveau central composé des structures centrales et rattachées organisées autour


du cabinet du Ministre et du Secrétariat général ;
 le niveau intermédiaire comprend les 13 directions régionales de la santé ;

23
 le niveau périphérique est constitué des districts sanitaires qui sont les entités
opérationnelles les plus décentralisées du système national de santé. En 2017, on
dénombre 70 districts sanitaires.
Le niveau intermédiaire comprend 13 directions régionales de la santé qui sont : la
Boucle du Mouhoun, les Cascades, le Centre, le Centre-Est, le Centre-Nord, le Centre-
Ouest, le Centre-Sud, l’Est, les Hauts-Bassins, le Nord, le Plateau Central, le Sahel et le
Sud-Ouest. La région sanitaire est la structure déconcentrée chargée de la coordination,
de la supervision et de l’encadrement technique des activités mises en œuvre au niveau
district en conformité avec les orientations stratégiques définies par la politique
nationale de santé. Le niveau périphérique est constitué de 70 districts sanitaires dont 65
fonctionnels jusqu’en fin 2016. Le district sanitaire est l’entité opérationnelle du
système national de santé. Chaque district est dirigé par une équipe cadre de district
(ECD), responsable de la planification, de la gestion et de l’organisation de l’offre de
soins. La situation de la prévalence des méthodes contraceptives modernes par région
se présente comme suit.

Figure 3 : Tendance de la prévalence contraceptive des femmes en pourcentages (%),


méthodes modernes par région en 2015.

P> 35%
P= [25-35[
P= p[20-25[
P< 20%
P= prévalence
contraceptive

Source : EMDS, 2015.

24
Comme le montre la figure 3, les femmes qui vivent dans la région du Centre ont le taux
de PCM le plus élevé, avec 42,7%, suivit par les femmes des régions des Hauts-bassin
et du Plateau Central avec respectivement, 32,8% et 31,1%. Les taux d’utilisation des
produits contraceptifs les moins élevés se trouvent chez les femmes des régions du
Centre-Nord et du Sahel, avec respectivement 14,3% et 11,1% (Ministère de la Santé,
2017). Nous allons donc faire une présentation de la Direction Régionale de la santé du
sahel.
3.2 La Direction régionale de la santé du Sahel
La région sanitaire du Sahel couvre quatre (4) provinces : l’Oudalan, le Séno, le Soum
et le Yagha qui correspondent aux quatre (4) districts sanitaires (Djibo, Dori, Gorom-
Gorom- et Sebba) (Ministère de la Santé, 2016). Elle compte quatre (4) communes
urbaines, vingt-deux (22) communes rurales dirigées par des maires, vingt-six (26)
départements ayant à leur tête des préfets et six-cent quatre-vingt-sept (687) villages.
On dénombre plus de 800 hameaux de culture (ibid. 2016).
La Région du Sahel a été consacrée par la loi n°2001-013/AN du 02 juillet 2001 portant
création des régions. Située à l’extrême nord du pays entre les 13° et 15° parallèles nord
(District Sanitaire de Dori, 2017), elle est limitée au Nord par la République du Mali, au
Nord-est par la République du Niger, au Sud par les Régions de l’Est et du Centre Nord,
et à l’Ouest par la Région du Nord. La Région du Sahel dans ses limites internationales,
partage plus de 1500 Km de frontière avec le Mali et le Niger. Dori, chef-lieu de la
région est situé à 271 Km de la capitale (Ouagadougou) sur la route nationale N°3 qui
est asphaltée. La région couvre une superficie de 36142 Km2 soit 13,2% du territoire
national (ibid. 2017). La moyenne régionale du taux d’utilisation des méthodes
contraceptives modernes est de 32,8 % en 2016 (Ministère de la Santé, 2016).
L’organisation des services de santé de l’espace régional comprend deux niveaux
(Direction Régionale de la Santé du Sahel, 2017) :
Le premier niveau ou niveau périphérique qui est l’entité opérationnelle comprend
quatre districts sanitaires (Djibo, Dori, Gorom-Gorom- et Sebba) avec deux échelons :
- Le premier échelon constitué par quatre (4) Centres Médicaux (CM) et quatre-
vingt-sept (87) CSPS et dispensaires isolés ;

25
- Le deuxième échelon constitué de trois centres médicaux avec Antenne
chirurgicale ou hôpitaux de districts (Djibo, Gorom-Gorom et Sebba) sert de référence
au premier échelon. Le district de Dori est centré sur le CHR.
Le deuxième niveau est le CHR. Il constitue le niveau de référence pour les CMA. Pour
des raisons de distance, le district de Djibo réfère ses patients au CHR de Ouahigouya.

3.3 Le district sanitaire de Dori


Notre cadre d’étude est le district sanitaire de Dori qui est l’un des quatre districts de la
région sanitaire du Sahel et correspond aux limites de la province du Séno. Il abrite le
chef-lieu de la région. Il compte six départements correspondant aux six communes (une
commune urbaine et cinq rurales). Ces communes sont : Dori (commune Urbaine), Bani,
Falagountou, Gorgadji, Sampelga, et Seytenga. Il existe 200 villages administratifs, 08
secteurs et 199 villages de culture (District Sanitaire de Dori, 2017). La figure suivante
donne la carte sanitaire de Dori.

26
Figure 4 : Carte administrative du district sanitaire de Dori

Source : Institut géographique du Burkina (IGB)/extrait du plan d’action 2017 du district sanitaire de Dori

27
Le district sanitaire de Dori compte 12 formations sanitaires publiques et privés (District
Sanitaire de Dori, 2017). Il est l’un des quatre districts de la région du Sahel et son taux
d’utilisation des méthodes contraceptives chez les femmes s’établit en 2016 à 15,3%
(Ministère de la Santé, 2016).
3.4 La Commune urbaine de Dori
3.4.1 Données géographiques
La Commune de Dori est située dans la Province du Séno et est comprise entre les
parallèles 14° et 15° de latitude Nord et les méridiens 0° et 3° de longitude Ouest et
couvre une superficie d'environ 2 532 Km2 (Commune de Dori, 2015).
Elle compte 78 villages et 8 secteurs. La ville de Dori, chef-lieu de région et de province
est distante de 265 Km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Dori est reliée à
la capitale par la route nationale N°3 (ibid. 2015).
La Commune est limitée :
 au Nord par les Communes de Gorom-Gorom (Province de l’Oudalan) et de
Falagountou (Province du Séno);
 au Sud par la Commune de Bani (Province du Séno);
 au Sud-est par la Commune de Sampelga (Province du Séno);
 à l’Est par la Commune de Seytenga (Province du Séno) ;
 à l’Ouest par la commune de Gorgadji (Province du Séno).
La Commune de Dori est accessible par les routes nationales (RN3, RN23 et RN24) et
la route départementale D17. Le réseau routier interne de la commune est dominé par
les pistes rurales praticables surtout en saison sèche. Le réseau inter villages est dégradé
et ne facilite pas la mobilité des populations pour rejoindre les services sociaux de base
(ibid. 2015).
3.4.2 Données socioéconomiques et culturelles
Les résultats du dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitation
(RGPH) de 2006 indiquent que la Commune de Dori comptait 23 267 ménages repartis
dans les 78 villages et 8 secteurs, avec une population totale estimée à 106 808 habitants.
Il ressort donc une moyenne de 4,6 personnes par ménage. La partie rurale de la
commune avait un effectif de 85 730 habitants, soit 80,27% de la population totale de la
commune, tandis que la partie urbaine abritait les 19,73% (Commune de Dori, 2015).

28
Selon les données du Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) de
Dori, une dizaine de groupes sociolinguistiques cohabitent dans la ville de Dori. Le
groupe majoritaire reste les Peuhls qui représentent 70,1% de la population totale. Ils
sont suivis de loin par les Mossi (8%), les Sonrhaï (5,5%), les Gourmantché (3,6%), les
Djerma (3%) et les Bella (2,5%) (ibid. 2015).
La grande majorité de la population de la ville de Dori est musulmane. En effet, les
musulmans représentent environ 90,7% de la population totale. Ils sont suivis par les
catholiques et les protestants avec respectivement 5,5% et 3,8% (surtout pratiqué par les
communautés étrangères) et l’animisme (SDAU Dori, novembre 2012).
Dans la Commune de Dori, l’organisation politique traditionnelle repose sur les Peulhs.
Le pouvoir politique traditionnel repose sur l’Emir du Liptako qui réside dans la ville
de Dori. Il n’existe pas de chef de terre chez les peulhs. Dans la tradition peulh, le chef
est intronisé par les sages de Wendou d’où est venu le fondateur de Dori. La succession
au trône est patriarcale, c’est-à-dire que c’est l’enfant du chef défunt ou son frère qui le
succède au trône (ibid. 2015).
L’activité commerciale se rapporte aux produits agricoles, artisanaux et surtout de
l’élevage. L’agriculture est de type traditionnel et se mène dans des conditions difficiles.
Ce système traditionnel de culture est surtout extensif avec des rendements très faibles.
Le système de production animal est de type extensif, occupe une place prépondérante
dans l’économie. Il est pratiqué en plein temps. Les principaux sites touristiques sont
constitués par les dunes de sable de Djomga. La maroquinerie constitue le secteur
artisanal le plus développé du fait de la disponibilité des matières premières (ibid. 2015).
Le taux brut de scolarisation est de 46,08% dans la commune en 2015 (à raison de
47,60% pour les garçons, et 45,90% pour les filles) comparable au taux de scolarisation
de la Région du Sahel qui est de 49,80% (District Sanitaire de Dori, 2017). Le taux
d’alphabétisation est d’environ 27,58% pour la commune (ibid. 2015).
3.4.3 Données sanitaires
La Commune de Dori compte 43 infrastructures sanitaires composées d’un Centre
Hospitalier Régional (CHR), d’un Centre Médical (CM), de neuf Centres de Santé et de
Promotion Sociale (CSPS), d’un dispensaire, d’une officine, de huit pharmacies/dépôts,

29
d’une maternité, de treize formations sanitaires parapublics et de huit dépôts de
médicaments génériques (District Sanitaire de Dori, 2017).
Le rayon moyen d’action est de 11,06 km, le ratio formation sanitaire/population en
2010 était d’une Formation Sanitaire pour 15 976 habitants et seulement 34,11% de la
population vivaient à moins de 5 km d’une FS, 63,65% à moins de 10 km et plus d’un
tiers, soit 36,35% à plus de 10 km (ibid. 2017).
La population de la Commune de Dori est estimée à 106 808 habitants en 2006, avec
une densité de 50,48 habitants au Km2. Le taux d’accroissement naturel est de 2,8%. La
grande majorité de la population est jeune en témoigne la tranche d’âge de 0 à 15 ans
qui représente environ 48,33% (District Sanitaire de Dori, 2017).
Les principaux indicateurs de la santé maternelle et infantile dans la commune sont :
l’indice synthétique de fécondité (6,9), le taux brut de natalité (49‰), le taux brut de
mortalité (11,9‰), le quotient de mortalité infantile (97,5‰), le quotient de mortalité
infanto-juvénile (153‰), l’espérance de vie à la naissance (55,1 ans). L’indice de
mortalité maternel était de 295 pour 100 000 naissances vivantes (ibid. 2017).
Dans le District, il est offert des prestations en rapport avec la contraception moderne.
Les méthodes contraceptives offertes sont : les pilules, les injectables (dépo-provera et
Sayana Press), les méthodes de barrières (préservatifs féminins et masculins), les
implants (Jadel) et le dispositif intra-utérin. Les prestataires des méthodes contraceptives
sont les Infirmiers, Sages-femmes d’état, les ASOG, les Médecins et les accoucheuses
auxiliaires qui ont été formés avec l’appui de Médicus Delmondo à l’administration des
méthodes contraceptives suivantes : DIU, Jadel et Sayana Press (ibid. 2017).
Le taux d’utilisation de la contraception moderne est l’un des plus faibles de la région
sanitaire du Sahel. Il s’établit à 22,69% en 2014, 27,52% en 2015, 32,8% en 2016
(District Sanitaire de Dori, 2017). Il faut noter que la faible adoption de la contraception
moderne par les femmes est liée aux pesanteurs sociologiques et religieuses. Face à ce
faible taux, des OSC au rang desquelles Family Care International (FCI) et Action pour
la Culture du Développement (ACD/Naangue) conduisent des plaidoyers en faveur de
la PF dans la Commune de Dori. Il conviendrait de contribuer au plan de relance de la
PF par des activités de sensibilisation des leaders religieux et l’acquisition de produits
contraceptifs pour un service gratuit aux femmes indigentes (ibid. 2017).

30
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Cette partie est consacrée à l’approche méthodologique utilisée. Elle s’articule autour
du devis, de l’échantillonnage, de la stratégie de recrutement de la population cible, des
méthodes et outils de collecte des données, des procédures d’analyse des données, des
critères de scientificité et des considérations éthiques.

4.1 Devis de recherche


La présente étude est une étude qualitative de cas unique à visée exploratoire avec
plusieurs unités d’analyse. L’option d’une méthode qualitative est convenable pour
comprendre et approfondir les facteurs explicatifs de la participation des leaders dans la
promotion des méthodes contraceptives modernes des femmes. En conséquence, il faut
souligner la nécessité d’entreprendre des études qualitatives dans le domaine de la santé
communautaire, dans le but de répondre à certaines interrogations des décideurs
concernant l’adoption de nouvelles interventions. Ainsi, les données qualitatives
permettront d’examiner la participation des leaders religieux à la promotion des
méthodes contraceptives modernes dans la Commune urbaine de Dori.
L’utilisation d’une étude de cas est utile pour répondre aux questions de type comment
et pourquoi. Le cas à l’étude est représenté ici par les leaders religieux de la Commune
urbaine de Dori dans la promotion de l’offre de services de contraception moderne.
L’étude de cas unique se justifie par l’existence d’une organisation commune aux
différents leaders religieux composant la Commune urbaine de Dori. En effet, étant
donné cette structuration, nos résultats pourront être diffusés à un grand nombre de
leaders religieux et profiter à leur formation, ainsi qu’encourager la recherche dans le
domaine des leaders communautaires.
Notre cas a été étudié à travers plusieurs unités d’analyse imbriquées que sont la
connaissance des leaders religieux sur la PCM, l’utilisation d’informations en faveur de
la contraception moderne pendant les activités religieuses et la relation qu’entretiennent
les leaders religieux avec les services de santé de SR. Le choix de ces unités d’analyse
est justifié par la nécessité de comprendre la participation des leaders religieux sur la
PCM des femmes dans la Commune urbaine de Dori et d’examiner l'état des lieux.

31
4.2 Échantillonnage
4.2.1 Population d’étude
La population d’étude se constitue des leaders religieux de la Commune urbaine de Dori
qui répondent aux critères de l’étude. Ce sont les leaders membres de l’Union Fraternel
des Croyants qui participent dans les activités de promotion de la santé, qui sont habilités
à nous fournir des informations sur les activités, la stratégie de communication et les
obstacles rencontrés dans la mise en œuvre de la promotion de la santé dans la Commune
urbaine de Dori et éventuellement ils pourront faire des recommandations.
4.2.2 Stratégie d’échantillonnage
Dans le cadre de l’étude, nous avons recouru à l’échantillonnage à choix raisonné. Nous
avons sélectionné les participants selon la problématique, le but et les objectifs de
l’étude. La population échantillonnée se constitue des leaders religieux œuvrant dans la
Commune urbaine de Dori. Nous avons procédé par la diversification, qui est un critère
majeur de sélection. En ce qui concerne la diversification externe, elle s'applique lorsque
la finalité théorique est de donner un portrait global d'une question ou de contraster un
large éventail de cas variés. Les normes et valeurs sociales sont souvent régies par la
culture ou la religion. En effet, chaque communauté religieuse a ses normes et ses
valeurs spécifiques véhiculées aux membres de la communauté et qui permet de la
caractériser. Dans notre étude, cette diversification est faite à travers le recrutement des
répondants issus de sexes différents et religions différentes. La diversification interne
de l’étude a été également prise en compte à travers l’âge, la résidence et le niveau
d’instruction afin d’obtenir une diversité dans les réponses. En effet, chaque enquêté est
considéré comme un informateur clé et porteur d’un sous-système de valeurs. Ainsi, nos
enquêtés ont des niveaux d’instruction différents, des personnes âgées, des adultes et
jeunes. Ils sont également issus de secteurs différents.
4.2.3 Critères d’inclusion des répondants dans l’échantillon
Notre étude a retenu les critères d’inclusion suivant :
- être leader religieux officiant dans les lieux de culte dans la Commune urbaine de Dori
- avoir de l’intérêt pour l’étude
- résider dans la Commune urbaine de Dori
- être âgé d’au moins 18 ans.

32
4.2.4 Taille de l’échantillon
Dans la Commune urbaine de Dori, il y a vingt et un (21) leaders religieux répondant
aux critères de l’étude. Creswell (2007), identifie jusqu’à un maximum d’entretiens avec
10 personnes pour une recherche phénoménologique ou 20 à 30 entretiens pour une
théorie ancrée. Mais la taille de l’échantillon a été obtenue après saturation des données.
Ce qui revient à dire qu’il n’y a plus de nouvelles données qui viennent s’ajouter aux
catégories déjà développées.
4.2.5 Procédure de recrutement
Pour avoir toutes les catégories de personnes de notre population cible, nous avons eu
recours à l’Union Fraternelle des Croyants (UFC) de Dori qui est une structure
fonctionnelle depuis des années. Nous sommes entrée en contact avec le Secrétaire
exécutif de l’UFC. Nous avons fait le repérage des différents leaders religieux repartis
dans les cinq secteurs de la Commune urbaine de Dori avec l’aide du Secrétaire exécutif
de l’UFC. Puis, nous avons adressé des lettres d’invitations (note d’information du
participant en Annexe 1) à tous les leaders religieux de la Commune urbaine de Dori.
Nous les avons ensuite rencontrés au siège de l’UFC. Lors de cette première rencontre,
nous avons expliqué à nouveau le projet d’étude et nous avons été disponibles et
ouvertes à toutes les interrogations des leaders religieux relatives à la recherche. Cette
rencontre avait également pour but d’initier un certain lien de confiance avec les
participants. Nous avons pris quelques instants pour nous présenter et expliquer notre
cheminement et notre intérêt pour ce sujet d’étude. Nous avons invité les participants à
faire de même s’ils le désiraient. En général, nous pouvons dire qu’il y a eu une très
bonne acceptation de notre demande, car il y avait non seulement un certain intérêt pour
le sujet, mais aussi une certaine émotion de participer activement à un travail de cette
nature dont ils se sentaient directement concernés. De même, le fait que nous nous
intéressons à eux et à ce qu’ils ont à dire ou penser les a également motivés à accepter
la demande. Alors, nous leur avons expliqué un peu plus en détail comment nous allons
procéder : d’abord prendre les coordonnées de ceux qui étaient intéressés pour participer
puis remplir la fiche sociodémographique (Annexe 3), et ensuite, les contacter par
téléphone pour fixer le lieu, le jour et l’heure du rendez-vous pour l’entretien individuel.
Nous avons beaucoup insisté sur le fait que nous pourrons nous déplacer chez eux et que
la durée de chaque entretien pouvait être de 20 à 30 minutes selon les informations qu’ils

33
nous fourniront. Nous avons également insisté sur la nature de l’enquête et surtout sur
la confidentialité des données. Le formulaire de consentement (Annexe 2) à la recherche
a été expliqué par la suite aux participants et un temps de réflexion leur était offert. Ce
formulaire devait être signé avant le début de l’entretien. Lorsque le participant
confirmait son désir de participation et souhaitait poursuivre, un rendez-vous était alors
prévu selon les disponibilités et préférences du participant. Nous avons recruté de ce fait
deux leaders musulmans, deux leaders protestants, deux leaders de la chefferie
traditionnelle et quatre leaders catholiques. Par appel téléphonique dès le lendemain le
premier rendez-vous a été pris pour débuter l’enquête.
4.3 Techniques et outils de collecte des données
Les données de notre étude proviennent des entretiens individuels auprès des leaders
religieux de la Commune urbaine de Dori, de la revue documentaire (rapports
d’activités, plan d’action, rapports des évaluations, programme d’activités) et de
l’observation.
4.3.1 Techniques
4.3.1.1 Revue documentaire
Nous avons commencé notre collecte de données par la consultation et l’exploitation
des documents du DS de Dori et ceux de la Commune urbaine, champ de notre étude.
Nous avons pu consulter en effet le Plan d’Action 2017 du DS de Dori, les registres de
prestation, les rapports d’analyse de la mise en œuvre des activités, les rapports de
sensibilisation en rapport avec la contraception moderne et le plan communal de
développement de la Commune urbaine de Dori. Aussi, les documents tels que les
cahiers de sensibilisation et les fiches de rapport que possèdent les enquêtés ont été
exploité. Cette revue nous a permis de recenser, de consulter et d’exploiter des
documents administratifs et professionnels relatifs aux rôles et aux attributions assignés
aux leaders religieux dans l’exercice de leur fonction. Cela constitue non seulement une
aide à la préparation des entretiens mais aussi un apport pertinent permettant la
corroboration des informations recueillies auprès des leaders.
4.3.1.2 Entretiens semi-structurés
L’entretien constitue l’un des modes de collecte de données en recherche qualitative. La
présente recherche porte sur les discours des leaders religieux concernant la
contraception moderne ; discours étant fondés par les représentations que ces leaders se

34
font de la contraception. La nature de ces informations recherchées implique de recourir
à une enquête qualitative. De ce fait, la souplesse de l’entretien semi-structuré offre au
participant les moyens de s’exprimer librement. Ainsi, le répondant n’a pas l’impression
de répondre à un interrogatoire. Ce type d’entretien permettrait subséquemment aux
leaders religieux d’approfondir leurs points de vue en s’exprimant en toute liberté et de
creuser en profondeur leurs connaissances, les informations utilisées lors des offices
religieux, leur relation avec les services de santé de la reproduction en mettant en
évidence leur participation à la promotion des contraceptifs modernes.
Tous les entretiens se sont déroulés dans le lieu de travail ou d’habitation des leaders
religieux. Le jour des rendez-vous, nous arrivions quelques minutes avant l’heure exacte
des rendez-vous et essayions autant que possible de soigner notre apparence par rapport
aux contextes des participants. Nous avons fait des essais avec notre matériel
d’enregistrement pour vérifier la qualité de ce dernier. Au début de chaque entretien,
nous avons pris le temps de réexpliquer au participant le but et la nature de l’étude. Nous
lui avons remis le formulaire de consentement et lui avons donné le temps de le lire et
avons répondu à ses questions. Dans un souci de respect envers les leaders religieux,
nous avons veillé à créer une ambiance détendue et à démontrer aux participants une
ouverture d’esprit et de la disponibilité ; nous avons manifesté également notre
compréhension face aux problèmes et aux difficultés que tous les participants ont
évoqué.
4.3.1.3 Observation non participante
Nous avons complété les données de l’entretien semi-structuré par une observation non
participante. Il s’est agi d’observations non structurées guidées par différents thèmes.
Nous nous sommes intéressée dans l’observation à différents éléments tels que les
comportements verbaux et non verbaux des participants ainsi que les autres réalités de
vie du leader religieux. Nous nous sommes également intéressée aux mimiques,
gestuelles, postures, soupirs et dispositions des enquêtés faits au moment des entretiens
individuels. En pratique, il s’agissait pour nous d’utiliser des stratégies en fonction du
leader religieux. Pour chaque type de religion, nous avons prétexté une visite de
courtoisie et de remerciements pour le soutien apporté lors de l’enquête. À travers cette
stratégie, nous avons profité observé le leader dans ses prêches et constaté ses réalités

35
de vie. Nous avons également profité vérifier les informations utilisées pendant l’activité
religieuse. Au cours des entretiens individuels, nous avons saisi l’occasion de bien
observer tous les gestes et mimiques du participant. Nous avons consigné nos
observations dans un journal de bord.
L’importance de cette phase d’observation in situ des pratiques religieuses et de
l’enregistrement de données réside dans le fait qu’elle permet de confronter non
seulement les discours des enquêtés à leurs pratiques, mais aussi à leur univers de
référence.
4.3.2 Outils de collecte des données
La collecte des données a été faite sur la base d’une grille d’analyse des documents, d’un
guide d’entretien comportant une fiche sociodémographique et d’un journal de bord par
l’étudiante-chercheure.
4.3.2.1 Grille d’analyse des documents
Tous les documents ayant trait à la PCM des femmes et concernant les leaders religieux
en lien avec leur rôle dans la promotion des contraceptifs modernes ont été consultés et
les données ont été collectées à l’aide de la grille d’analyse documentaire. Ils constituent
une source de triangulation des données car ayant été exploité de façon identique. Ces
documents nous ont permis donc d’étayer davantage le rôle que jouent les leaders
religieux dans la promotion des contraceptifs modernes.
4.3.2.2 Guide d’entretien
La présente étude a privilégié l’entretien individuel semi-structuré à l’aide d’un guide
d’entretien. Ce guide d’entretien est construit autour des thèmes et des sous thèmes
centraux de la recherche (Annexe 4). Nous avons utilisé des questions ouvertes qui
donnent aux interviewés plus de latitude de s’exprimer sur la question posée permettant
de ce fait d’enrichir les informations recueillies sur la participation des leaders religieux
à la promotion des méthodes contraceptives modernes. Notre guide d’entretien
comprend de ce fait des questions principales ouvertes abordant les thèmes suggérés par
nos propositions théoriques notamment les connaissances des leaders religieux sur la
contraception moderne, l’inclusion d’informations sur la contraception moderne lors des
activités religieuses, les relations qu’entretiennent les leaders religieux et les services de
santé de SR. Les questions principales sont soutenues par des questions de relance
correspondant aux sous thèmes pour permettre aux enquêtés de soutenir leurs propos,

36
d’étayer ou fortifier leurs réponses. La question principale se termine toujours par une
question complémentaire ouverte, pour savoir si l'interviewé souhaitait ajouter quelque
chose par rapport aux différents axes thématiques abordés. Après, l’occasion a été
donnée à chaque enquêté d’évaluer l’entretien qui a toujours été clos par les
remerciements de l’intervieweur.
4.3.2.3 Journal de bord
Nous avons tenu un journal de bord dès le début de l’enquête. Des notes d’observations
ont été consignées dans ce journal de bord, à la suite des entretiens avec les participants.
Ainsi, le journal de bord a été utilisé comme un support permettant de me rappeler des
participants et des contextes de l’entretien par l’usage et la combinaison de procédés
abréviatifs pour amasser le plus possible d’informations fidèles et complètes. Nous y
avons consigné non seulement les observations, les non-dits, les sentiments ressentis, le
climat de l’entretien, la gestuelle, la voix, l’expression faciale, l’heure de l’entretien, le
lieu de l’entretien mais aussi il a été un outil de réflexion personnelle. En effet, après
avoir écouté l’enregistrement de l’entretien le jour même, nous avons noté par écrit notre
évaluation de la conduite de l’entretien. S’il y avait des notions que nous aurions dû
approfondir pour enrichir les données ; ces notes nous ont permis d’améliorer les
entretiens ultérieurs. Enfin, lors des étapes de l’analyse nous avons fait un retour à ces
notes afin de mieux situer les expressions des participants permettant de mieux les
comprendre et de recontextualiser les données analysées.
4.3.3 Pré-test et validation des outils de collecte
La rédaction de notre guide d’entretien a été inspirée par des guides existants utilisés
lors de précédentes enquêtes sur la planification familiale au Burkina Faso et en Afrique
dont les questions ont été empiriquement vérifiées. Grâce à ces enquêtes ainsi qu’à l’état
des lieux sur le sujet, il nous a été possible de découvrir des thèmes et d'introduire dans
le guide des sujets peu étudiés comme la participation des religieux à la promotion des
contraceptifs modernes. Après l’adaptation du guide, nous l’avons soumis pour
amendements à nos encadreurs et à des personnes ressources du bureau de PF de la DSF
et du secrétariat technique de la transition démographique (cabinet du Ministre). Une
fois la préparation de notre guide d’entretien finalisée, nous l’avons expérimenté par un
pré-test en l’appliquant à un mini-échantillon de quatre leaders religieux dans la

37
Commune urbaine de Gorom-Gorom (région du Sahel). Ce qui nous a permis de détecter
et de résoudre certains aspects susceptibles de se présenter comme des problèmes de
confusion notamment l’utilisation de termes vagues et ambigus. On peut citer par
exemple « Quels sont les facteurs qui pourraient encourager les leaders religieux à
accepter l’utilisation des méthodes contraceptives modernes dans les activités ? » a été
reformulé en : « Pendant vos activités religieuses, quels sont les informations sur les
contraceptifs modernes que vous utilisez ? ». Aussi, en posant des questions sur la
pratique religieuse en faveur de la contraception moderne, les réponses nous ont servi
d’indicateurs empiriques, afin de nous rapprocher non seulement de la notion de
religiosité, mais aussi de l’effet que celle-ci pouvait avoir sur la pratique contraceptive
moderne. Enfin, les amendements ont été entre autres, le regroupement de toutes les
questions portant sur les caractéristiques sociodémographiques, les reformulations de
certaines questions sous forme neutre et la prise en compte des questions
complémentaires. Nous avons revu entre autre, la formulation de la question suivante :
« Est-ce que vous aviez été déjà sensibilisé sur la contraception moderne ? », en « Si on
vous demande de parler des relations que vous avez avec les services de santé de
reproduction, que diriez-vous ? ».

4.4 Déroulement de la collecte des données


L’enquête s’est déroulée du 03 au 09 septembre 2018 et s’est faite par l’étudiante elle-
même qui s’est rendue dans les domiciles ou les lieux de travail des leaders religieux
pour les y interviewer. La collecte des informations a été faite par enregistrement des
entretiens au dictaphone, des observations avec prise de notes dans un journal de bord
et une revue documentaire. L’objectif de l’enregistrement des entretiens est de ne perdre
aucune information et de pouvoir se centrer sur le participant. Notre démarche a consisté
à négocier des entretiens auprès des leaders religieux en leur adressant une note
d’information du participant (Annexe 1). Lors du déroulement de l’enquête, nous nous
sommes présentés aux participants. Après avoir décliné notre identité, nous avons fait
un bref exposé introductif sur le thème, le but, l’objectif général de la recherche et les
modalités de l’entretien. Sur une base volontaire, chaque participant a rempli et signé
un formulaire de consentement libre et éclairé (Annexe 2) avant de commencer
l’entretien et a gardé une copie. Chaque entretien a duré environ 20 à 35 minutes. Quant

38
à l’observation, elle est faite au moment des entretiens individuels. Nous avons
mentionné des observations non structurées des comportements verbaux et non verbaux
des participants ainsi que les autres réalités du terrain au fur et à mesure de l’avancée de
l’enquête dans le journal de bord. Cela nous a aidé à prendre conscience des biais, à
objectiver nos interprétations, et à accroître à la fois la validité de nos observations et la
profondeur de nos interprétations. Enfin à travers la revue documentaire, nous avons
consulté les rapports du service et les documents administratifs qui traitent de la
participation des leaders religieux à la promotion des méthodes contraceptives modernes
et aussi ceux des participants. Les participants étaient tous satisfaits du déroulement de
l’entretien et n’ont pas exprimé de remarques notables. Tous ont également donné leur
accord pour des éventuels contacts ou rencontres ultérieures.

4.5 Analyse des données


3.5.1 La transcription des données
L’analyse des données a consisté d’abord à transcrire le verbatim des entretiens en vue
de créer une base de données exploitable. Chaque verbatim a été transféré sur support
informatique sous le format d’un fichier audio MP3 classé par ordre de réalisation. Tous
les verbatim ont été transcrits mot à mot sur l’application Word, de la manière la plus
exhaustive possible, sans chercher à reformuler les propos des enquêtés après une lecture
minutieuse et les enregistrements ont été soigneusement gardés. Pour respecter leur
authenticité nous avons tenu à marquer les pauses, les hésitations, les rires, qui
entrecoupaient le discours.
4.5.2 Le processus de codification des données
Après la transcription, nous avons ensuite procédé au codage des donnés. Nous avons
utilisé le modèle d’analyse thématique de Braun et Clarke (2006). Pour l’auteur, cette
méthode d’analyse thématique est adaptée pour analyser les types de données
qualitatives en s’appuyant sur une approche inductive qui est la démarche privilégiée du
devis d’étude de cas à visée exploratoire que nous avons choisie. La codification des
données a été faite manuellement de même que le dépouillement des données. En plus,
la lecture et les relectures se sont accompagnées d’une mise en relation des entretiens
avec les notes du journal. Cette étape a permis l’élaboration d’une grille de codification
qui nous a servi de base pour l’encodage des données. Elle a été élaborée en considérant

39
non seulement les thèmes et sous thèmes qui ont été suggérés par la revue de littérature,
mais aussi des thèmes et sous thèmes qui ont émergé des verbatim.
Dans la phase d’exploitation des verbatim, les données ont été classées par unité de sens
constituant des thèmes. Le travail a consisté à repérer des noyaux de sens contenus dans
le texte et dont la présence et la fréquence sont significatives. Les entretiens ont été
découpés en un certain nombre de thèmes principaux et de sous-thèmes permettant une
description précise de leur contenu. Ce découpage a privilégié le sens et non la forme,
en relation avec le niveau d’analyse. Les phrases témoins ou unités de discours ont été
classées dans des catégories en fonction de leurs caractéristiques communes et de leurs
analogies (grille d’analyse). La référence aux unités de contexte, qui sont des segments
du texte, a été d’une grande utilité afin de comprendre la signification de celle-ci.
Tableau 2 : Grille d’analyse thématique

Thème Sous thème Idée clé


Thème 1 : Sous thème 1 : Connaissances sur la Idée clé 1 : Paternité et
Connaissances des régulation des naissances maternité responsable
leaders religieux de la Idée clé 2 : Méthodes
PCM contraceptives modernes
Sous thème 2 : Connaissance des Idée clé 1 : Pilule, Injectable,
méthodes contraceptives modernes DIU, Norplant, Condom, les
ligatures
Sous thème 3 : Connaissance sur la Idée clé 1 : Contrôle des
capture du dividende démographique naissances
Sous thème 4 : Religion et tradition Idée clé 1 : Utilisation des
face à la PCM contraceptifs modernes
Idée clé 2 : Discours sur la
PCM
Thème 2 : Utilisation Sous thème 1 : Cursus religieux Idée clé 1 : Informations sur
d’informations sur les la PCM
méthodes Sous thème 2 : Messages lors des Idée clé 1 : Sensibilisation
contraceptives activités religieuses sur les méthodes modernes
modernes lors des Idée clé 2 : Association
activités religieuses religieuse des agents de santé
Thème 3 : Relation Sous thème 1 : Effectivité Idée clé 1 : Collaboration
avec les services de avec les services techniques
santé de SR Idée clé 2 : Participation aux
rencontres de prise de
décision
Sous thème 2 : Appréciation des Idée clé 1 : Plateau technique
services de SR Idée clé 2 : Accueil
Sous thème 3 : Adoption de la Idée clé 1 : Passive
contraception moderne Idée clé 2 : Appropriation

40
4.5.3 Interprétation des données
Le plan d’analyse des informations a comporté des codes et des sous codes qui
correspondent respectivement aux thèmes et aux sous-thèmes du guide d’entretien. Dans
cette démarche, nous avons privilégié la cohérence thématique d’un entretien à l’autre.
En outre, une triangulation a été faite avec des documents appartenant aux enquêtés afin
de dégager la véracité des données. Afin d’illustrer les interprétations et d’appuyer les
résultats, nous avons ensuite fait appel à des extraits pertinents provenant des discours
relatifs à notre centre d’intérêt qui portent sur la participation des leaders religieux à la
promotion de la contraception moderne des femmes. En outre ces nouvelles
connaissances ont été mises en relation avec des savoirs empiriques et théoriques
pendant la phase de la discussion. En définitive, lorsque nous sommes en présence des
thèmes 1, 2 et 3 ; la participation des leaders religieux à la promotion des méthodes
contraceptives modernes est vérifiée. On peut conclure que les leaders religieux
participent à la promotion des méthodes contraceptives dans la Commune urbaine de
Dori.

4.6 Critères de scientificité de l’étude


Parmi les critères pouvant garantir la scientificité de l’étude, nous retenons ceux
développés par Miles et Huberman (2007) relatifs à la recherche qualitative. Ces critères
sont : la crédibilité, l’imputabilité procédurale, la transférabilité et la confirmabilité.
 Crédibilité
La crédibilité vise à assurer que les interprétations ainsi que les représentations émanant
de la recherche correspondent au monde vécu des participants et renvoient à des
significations qui s’avèrent pertinentes et vraisemblables pour eux. Alors, la logique
selon laquelle, les études de cas utilisant plusieurs triangulations ont une crédibilité
solide et permettent une compréhension en profondeur du phénomène ont été appliqué.
Ainsi, dans le cadre de cette étude, un recoupement de différentes méthodes de collecte
des données à savoir les entretiens, la revue documentaire et l’observation a été
privilégié. De même, les données sont collectées jusqu’à saturation sur un échantillon à
représentativité diversifiée. Pendant l’analyse, nous avions eu recours à la triangulation
théorique c’est-à-dire que les données ont été interprétées et discutés avec les études

41
existantes sur le même sujet. Enfin, la tenue de discussions et de réflexions de façons
régulières avec le directeur de recherche a également renforcé ce critère.
 Imputabilité procédurale
L’imputabilité procédurale se réfère à la cohérence et à l’uniformité des résultats au fil
du temps issus d’un travail rigoureux d’analyse. Ce critère réfère au fait que le processus
de la recherche doit être suffisamment explicité pour permettre à des vérificateurs non
impliqués de comprendre ce qui a été réalisé dans le cadre de l’étude et d’évaluer la
pertinence des décisions méthodologiques. Pour ce faire, les données qualitatives
recueillies ont été vérifiées à plusieurs reprises par le directeur afin d’en assurer la
pertinence et la rigueur. De plus, un travail étroit de collaboration entre l’étudiante, le
directeur de recherche ainsi que le co-directeur de recherche dans l’analyse des données
a permis une double vérification. Finalement, une vérification des codages par
l’étudiante chercheure dans un intervalle de temps d’une semaine a permis d’assurer la
fidélité interne de l’analyse effectuée. Par ailleurs, le journal de bord peut également
témoigner d’une certaine chronologie des événements ayant jalonné l’étude et pourrait
s’avérer utile à la reconstitution de 1’ étude.
 Transférabilité
Le concept de transférabilité renvoie à la capacité du lecteur à évaluer si les résultats
sont applicables à d’autres contextes compte tenu des données descriptives fournies par
le chercheur. Il incombe donc au chercheur de fournir une description étoffée à travers
une description riche et approfondie du contexte de l’étude. Ainsi, dans cette étude, la
fiche sociodémographique et les entretiens semi-structurés ont permis de fournir
suffisamment d’information sur les caractéristiques des participants de l’étude pour que
les lecteurs puissent juger de la similarité contextuelle. En effet, l’étude pourrait se faire
dans les autres communes de la Région du Sahel du fait que ces zones présentent
généralement des réalités géographiques, socio sanitaires, culturelles, religieux et
socioéconomiques plus ou moins comparables (Ministère de la Santé, 2013). Nous
avons pris soin de présenter les données sociodémographiques des participants. Nous
avons veillé, tout en respectant l’anonymat des participants, à ce que le rapport de
recherche comporte une description détaillée et riche du processus de la recherche ainsi
que de son contexte afin de fournir aux lecteurs toutes les informations leur permettant

42
de s’approprier les résultats et de les transférer éventuellement à leurs contextes. Notre
étude a permis la découverte des logiques de la participation des leaders religieux à la
promotion de la contraception moderne dans la Commune urbaine de Dori. Ces preuves
tangibles pourront être la base pour l’élaboration d’une théorie sur l’engagement total
des leaders religieux à la promotion de la PCM des femmes.
 Confirmabilité
Ce critère vise à la fois à s’assurer que les interprétations et conclusions de l’étude se
basent sur les données recueillies et que ces mêmes données proviennent assurément du
site de la recherche. Dans l’étude, les données et interprétations générées peuvent être
retracées à leur source à l’aide des enregistrements audio, des transcriptions et du journal
de bord. Subséquemment, les données brutes de l’étude ainsi que nos interprétations ont
été examinées par le directeur de recherche en vue de les confirmer. Ce travail nous a
permis de mettre à l’épreuve notre raisonnement et de valider la correspondance des
codes et des thèmes avec les verbatim des participants. En outre, les participants se sont
retrouvés dans les données présentées et ont constamment noté que la synthèse présentée
reflétait fidèlement leurs propos.

4.7 Considérations éthiques


4.7.1 Approbation du comité d’éthique
Le protocole de la présente recherche a été soumis à l’approbation du comité d’éthique
pour la recherche en santé. L’avis favorable du comité d’éthique pour la recherche en
santé a été obtenu : délibération N°2018-7-095 du 19 Juillet 2018 (Annexe 7).
Par ailleurs, une attention constante a été portée, tout au long du déroulement de l’étude,
sur la protection de la dignité et de l’intégrité des sujets humains. L’écoute, le respect
chaleureux, l’authenticité et le respect du rythme du participant ont tous été des éléments
constamment mis à l’avant-scène.
4.7.2 Autorisation de collecte des données
Avant de réaliser l’enquête de terrain, la direction de l’IFRISSE a adressée au Directeur
régional de la santé du sahel une demande d’autorisation de collecte de données en notre
nom, datée du 05 Juin 2018. En réponse, une autorisation d’enquête N°2018-
084/MS/RSHL/DRS du 12 Juin 2018 nous a été délivrée (Annexe 8). Toutefois, nous
avons observé une attention constante tout au long du déroulement de l’étude, sur le
respect des questions éthiques.

43
4.7.3 Consentement libre et éclairé
Avant de réaliser les enquêtes de terrain, tous les participants à l’étude ont pris
connaissance de la note d’information du participant (Annexe 1) et du formulaire de
consentement (Annexe 2) afin qu’ils puissent faire un choix libre et éclairé et savoir à
quoi ils s’engageaient en consentant à participer à l’étude. Une de nos responsabilités
était de nous assurer que les participants comprennent le libellé du formulaire. Pour ce
faire, l’information contenue dans le formulaire était vulgarisée afin que le lecteur y
comprenne bien le sens et les implications reliées. Aussi, nous avons communiqué une
interprétation honnête des renseignements fournis dans le formulaire de consentement
aux participants en décrivant les procédures, les risques, les inconvénients, les inconforts
et les bénéfices de la recherche. Lorsque le formulaire de consentement était soumis au
participant, un temps de réflexion lui était fourni. Les participants étaient avisés que leur
signature était nécessaire pour valider leur entrée dans le projet de recherche, mais qu’ils
pouvaient se retirer à tout moment en le mentionnant verbalement et sans préjudices.
4.7.4 Anonymat
Les informations collectées ont fait l’objet d’un traitement et d’une analyse de façon
anonyme en attribuant un code à chaque participant. Par conséquent, dans le but de
dissimuler leur identité, un code d’identification unique a été attribué à chacun. Les
codes utilisés pour les leaders sélectionnés sont ‟ Leader_ numéro anonyme ˮ comme
par exemple « LEAD_01 ». Dans un souci d’assurer la confidentialité des propos, les
extraits de verbatim ont été utilisés tout en assurant l’anonymat, de telle sorte qu’aucun
extrait de verbatim ne pourrait permettre d’identifier un participant.

44
Tableau 3 : Grille d’anonymat
Participant Code attribué
Participant 1 LEAD_01
Participant 2 LEAD_02
Participant 3 LEAD_03
Participant 4 LEAD_04
Participant 5 LEAD_05
Participant 6 LEAD_06
Participant 7 LEAD_07
Participant 8 LEAD_08
Participant 9 LEAD_09
Participant 10 LEAD_10
Participant 11 LEAD_11
Participant 12 LEAD_12
Participant 13 LEAD_13
Participant 14 LEAD_14
Participant 15 LEAD_15
Participant 16 LEAD_16
Participant 17 LEAD_17
Participant 18 LEAD_18
Participant 19 LEAD_19
Participant 20 LEAD_20
Participant 21 LEAD_21

4.7.5 Confidentialité des données


Dans le cadre de cette étude, des précautions ont été prises afin de protéger les
informations recueillies auprès de tous les participants. Il était mentionné que la seule
personne pouvant faire le lien entre les transcriptions et les participants y correspondant
était le chercheur principal. Dans le souci de faciliter la participation à l’étude et
préserver la confidentialité et la discrétion, les entretiens ont eu lieu dans un milieu
approprié de travail des participants ou à domicile. De même, dans l’optique d’instaurer
un climat de confiance, les entretiens ont été menés individuellement, en garantissant
aux participants une confidentialité totale, avec la possibilité d’accès et de rectification
des propos tenus. Enfin, pour garantir la confidentialité, toutes les données sont
conservées sous clé dans un disque dur externe et leur destruction interviendra une année
après l’étude.

45
CHAPITRE V : RÉSULTATS DE RECHERCHE
Ce chapitre présente les résultats de la collecte des données réalisée auprès de vingt et
un leaders religieux exerçant dans la Commune urbaine de Dori. La première partie
décrit le profil sociodémographique des participants. La seconde partie présente les
catégories de données ayant émergé de l’analyse des verbatim. Ces résultats sont issus
de l’analyse des propos des leaders religieux de la Commune urbaine de Dori, de
l’observation et de la revue documentaire.
5.1 Description des participants
L’échantillon de cette étude est composé de vingt et un leaders religieux exerçant dans
la Commune urbaine de Dori et nous les avons tous interrogé. Par rapport à leur profil
sociodémographique, l’échantillon est formé de neuf femmes et douze hommes. Leurs
âges sont compris entre 37 et 78 ans avec une moyenne d’âge se situant autour de 45
ans. Trois participants ont un niveau primaire, dix des participants ont un niveau
d’instruction secondaire et huit ont le niveau supérieur. Huit participants sont
musulmans, sept sont catholiques romains et six sont protestants. Les participants sont
repartis dans les cinq secteurs de la Commune urbaine de Dori.
Tableau 4 : Profil sociodémographique des participants

Niveau Secteur/quartier
Age Sexe Religion
Numéro Code d’instruction d’origine
1 LEAD_01 53 M Supérieur Catholique Sect. 05
2 LEAD_02 78 M Secondaire Musulman Sect. 03
3 LEAD_03 42 F Supérieure Catholique Sect. 05
4 LEAD_04 38 F Secondaire Catholique Sect. 04
5 LEAD_05 51 M Supérieur Musulman Sect. 02
6 LEAD_06 37 F Secondaire Musulmane Sect. 02
7 LEAD_07 47 M Supérieur Catholique Sect. 01
8 LEAD_08 49 F Secondaire Musulmane Sect. 02
9 LEAD_09 50 F Secondaire Protestante Sect. 05
10 LEAD_10 56 M Secondaire Protestant Sect. 01
11 LEAD_11 62 M Supérieur Catholique Sect. 05
12 LEAD_12 51 F Secondaire Catholique Sect. 03
13 LEAD_13 45 F Secondaire Protestante Sect. 01
14 LEAD_14 45 M Secondaire Musulman Sect. 04
15 LEAD_15 40 F Secondaire Musulmane Sect. 03
16 LEAD_16 41 M Supérieur Protestant Sect. 01
17 LEAD_17 71 M Primaire Protestant Sect.01
18 LEAD_18 52 M Supérieur Catholique Sect.02
19 LEAD_19 62 M Primaire Musulman Set.05
20 LEAD_20 44 F Supérieur Protestante Set.01
21 LEAD_21 58 M Primaire Musulman Set.04

46
5.2. Connaissances des leaders religieux et promotion de la contraception
moderne des femmes
Les leaders religieux de la Commune urbaine de Dori interviewés ont une connaissance
effective de la PCM. Ils considèrent que c’est une pratique qui est de plus en plus utilisée
par les femmes sans une connaissance réelle de ces méthodes par les femmes elles-
mêmes. Cependant les leaders interrogés n’approuvent pas l’utilisation de ces méthodes
modernes.
 Connaissances sur la régulation des naissances
De l’avis des enquêtés, la régulation des naissances s’impose comme une nécessité.
Tous soutiennent qu’il n’y a aucune contre-indication à réguler les naissances, comme
l’atteste le propos de LEAD_01 : « Absolument ! il est utile de réguler les naissances parce
que la régulation des naissances ne date pas seulement de maintenant ».
Les données de l’enquête montrent que les leaders religieux accordent de l'importance
à l'espacement des naissances et savent les conséquences négatives que peut avoir une
grossesse rapprochée sur la femme : « Puisqu’une femme chaque année tu vas accoucher,
ce n’est pas bon. Mais, si une femme fait 2 ans 3 ans avant d’accoucher, elle-même elle va se
sentir, elle est en bonne santé. Elle va pouvoir faire ses commerces, ses activités, sans soucis
pour dire que mon enfant est renté ici c’est sorti. Tu seras en bonne santé tu vas économiser »
(LEAD_06).
 Connaissance des méthodes contraceptives modernes
Nous avons pu noter à travers les entretiens, une connaissance des méthodes
contraceptives par une partie non moins importante des participants. Les notifications
relevées par la plupart des leaders religieux justifient que ces derniers connaissent les
moyens de contraception les plus courants. Les participants citent surtout la pilule, le
DIU et l’implant, en l’occurrence LEAD_02 qui dans son discours déclare que : « je sais
qu’on parle de la pilule (…), ce n’est pas nouveau. On parle également … de la piqure c’est
plus récent (…). On parle également de … stérilet ! Le Norplant, ça j’ai vu des gens déjà le
faire ». Malgré cela, il ressort de l’analyse des verbatim, des propos qui ne militent pas
en faveur de l'utilisation des contraceptifs modernes par les femmes. Les leaders
religieux n’approuvent pas la PCM des femmes car l’assimilant à une limitation de
naissance qui n’est pas tolérée. Selon les enquêtés, les contraceptifs modernes des
femmes se révèlent comme un frein à la procréation qui pourtant relèverait de la

47
générosité et de la providence du Créateur. Par exemple, LEAD_08 pour qui la
procréation est une bénédiction divine nous a laissé entendre que : « personnellement je
n’approuve pas les méthodes contraceptives-là. Celles qui consistent vraiment à mettre fin à la
vie des enfants. Le prophète Mohamed a dit qu’il aimerait que toute sa communauté soit la plus
nombreuse des communautés qui nous ont précédées (…) Un enfant est un don de Dieu qu’il
ne faut jamais refuser ». Néanmoins, pour la raison du maintien de la santé de la femme,
certains leaders religieux sont favorables à la pratique de la contraception moderne des
femmes. À cet effet, LEAD_06 nous a confié ceci : « Vraiment la meilleure solution, la
femme doit prendre les contraceptifs pour faire au moins 3 ans. Tu es en forme tu es contente
le mari est content, Il n’y a pas kaka ici y a rien c’est comme une vrai go encore. »
C’est également ce que confirme LEAD_10 en ces termes : « Oui c’est très utile, pour le
bien-être et surtout la santé de la famille, de la dame et des enfants. (…) Il faut savoir se
multiplier de façon responsable. Quelqu’un qui se met à produire à produire, tu t’en fou du
reste moi j’appelle ça la production ».
 Connaissances sur la capture du dividende démographique
De façon générale, l’information obtenue des participants, montre une assez bonne
connaissance du bien-fondé de la capture du dividende démographique. À ce sujet,
LEAD_05 relate son avis : « (…) le dividende démographique consiste tout simplement à
promouvoir des politiques des maitrises de natalité qui permettent d’assurer une bonne gestion
cohérente des ressources disponibles avec les populations du pays à gérer. Comme ça, ça
s’inscrit dans la même lignée que les politiques qui encourage la planification familiale au
regard des contextes des pays de la sous-région comme celui du Burkina ». Dans le même
ordre d’idée LEAD_02 déclare : « Oui c’est une bonne chose si ça peut aider la personne
dans le domaine de sa santé de son avenir. Je pense que si l’Etat a jugé bon de le mettre en
pratique, ça doit être au profit de la population pour aussi (…) le progrès de toute la société ».
Cependant, certains participants ne semblent pas être consentants quant à l’importance
de cette capture du dividende démographique. « Encore il faut le prouver, il faut arriver à
prouver qu’en diminuant les naissances on a une croissance économique. Je n’y crois pas !
Parce que la chine et le Japon sont des pays fortement peuplés mais en même temps bien
développés. » (LEAD_03). Pour sa part, LEAD_07 avance divers motifs pouvant justifier
son choix : « Le Burkina Faso a actuellement entre 17 et 18 million. Or le territoire actuel du
BF est presque le même avec l’Italie, voilà... sans ses iles a actuellement 58 million d’habitants.

48
Et je pense que par rapport à cela le BF est sous peuplé. Or le nombre compte pour le
développement. Quand on est assez nombreux, voilà le développement est possible. Et ça
permet aussi la maitrise et la spécialisation des secteurs. Pour le moment je pense que les
naissances ne posent pas problème ».
 Influence des religions et de la tradition sur la PCM
Il y a une unanimité de tous les participants sur le fait que la religion n’admet pas
l’utilisation des méthodes contraceptives modernes. Aussi ils prônent l’utilisation des
méthodes naturelles ou traditionnelles pour espacer les naissances. À ce sujet la quasi-
totalité des participants semble être convaincus de cela. Les verbatims suivants dressent
les points de vue : « (…) on peut dire oui, que la religion est un obstacle heee une barrière à
l’utilisation de ces méthodes du moment que l’on ne l’accepte pas. (…) on peut dire que la
tradition dans son fort dans sa tendance ne connait même pas ces méthodes et les rejette »
(LEAD_01). LEAD_10 adjoigne en disant : « Le chrétien même prône surtout l’espacement
des naissances. Chaque mari doit s’abstenir pour que son enfant grandisse, comme ce n’est
pas la nourriture là. Voilà tu dois t’abstenir pour que l’enfant grandisse et puis son petit frère
va venir ».
À part l’utilisation des méthodes modernes pour espacer, certains participants donnent
leur choix de planification. « (…) ça, je peux vous le garantir, la ceinture est garantie à 100
pour 100. La ceinture que nos parents appliquaient, la femme était garantie contre la maladie
contre la grossesse » (LEAD_02). De plus, LEAD_03 donne des exemples de méthodes
bien adaptées aux jeunes : « (…) ça nous donne vraiment l’opportunité de former les filles
sur comment connaitre son cycle et être responsable. Voilà, et moi j’arrive même à leur dire
comment naturellement on peut choisir le sexe de son enfant. Et donc, nous avons créé un club
nommé club abstinence. Et donc ça nous permet de diffuser vraiment de parler plus de la
méthode naturelle et de parler en défaveur des méthodes modernes de contraception. »
En somme, il ressort de ces extraits une connaissance correcte de la contraception
moderne par les leaders enquêtés et une acceptation de la pertinence de la capture du
dividende démographique dans notre pays. Par ailleurs, il est possible de conclure que
l’espacement des naissances est accepté par tous, vue les bénéfices sanitaires pour la
famille, la femme et les enfants. Somme toute, les propos des participants traduisent le
rejet des méthodes contraceptives modernes par la religion et la tradition au bénéfice
des méthodes naturelles ou traditionnelles et l’abstinence.

49
5.3 Utilisation d’informations et promotion de la pratique contraceptive moderne
des femmes par les leaders religieux lors des activités religieuses
Selon les leaders religieux de la Commune urbaine de Dori, introduire les informations
sur les méthodes contraceptives modernes lors des activités n’est pas chose courante
dans la religion. Tous ont soulevé le fait que le cursus de formation religieuse ne les
intègre pas ; selon eux, les informations se résument à avoir une progéniture nombreuse
en ne limitant pas les naissances.
 Utilisation de messages sur la PCM lors des activités religieuses
L’introduction effective de messages sur la PCM passe par une définition claire des rôles
et des taches de différents leaders religieux. Selon leur niveau d’instruction et la religion,
chaque leader fait passer son message. Pour le niveau supérieur, des messages sur
l’espacement des naissances sont diffusés lors des activités religieuses mais pas pour
encourager les contraceptifs modernes. Les propos de deux des participants sont
révélateurs à ce sujet : « On n’a pas un programme spécial orienté vers les questions de la
planification familiale. Mais au-delà de ça j’ai présidé une organisation un réseau des
associations islamiques sur la population et le développement. On avait un programme de
sensibilisation orienté vers les questions de la PF de la santé reproductive. Mais les conseils
de sensibilisation ne portaient pas exclusivement sur les questions de méthodes contraceptives
modernes » (LEAD_05). Voici le témoignage de LEAD_07 en ces termes : « On n’a pas
encore sensibilisé mais il y a une organisation (…) Pas pour parler de toutes ces méthodes-là
mais de la vision de l’église. Parce que ça, c’est différent ! Si on vient parler de l’utilisation
des pilules, des préservatifs, ce n’est pas ce que l’église enseigne. Et l’homme a une conscience,
et l’homme n’est pas propriétaire de sa vie, l’homme reçoit tout de Dieu (…) ».
Quant aux participants du niveau secondaire, les uns sont catégoriques et ne diffusent
rien du tout comme message sur la santé reproductive lors des activités. C’est ainsi que
LEAD_02 s’exprime de la sorte : « Je ne parle pas de ça ! Non, je ne parle pas, je ne sais
rien. Je ne veux pas faire des réunions encore pour parler de ça. Non, je ne vais pas faire
encore un programme de sensibilisation pour ça, non ! Parce que je ne suis pas le bon modèle.
[Rires] je ne suis pas le bon modèle, parce que moi j’ai beaucoup d’enfants. Et puis j’ai eu
beaucoup de femmes ! » Par contre, les autres du niveau secondaire de religion protestante
ne font pas la promotion des méthodes modernes mais ne sont pas contre leur utilisation
par les femmes. Le témoignage suivant de LEAD_09 en est une illustration : « Nous leur

50
donnons des conseils. La jeunesse qui n’a pas encore l’âge qui n’est pas préparé pour le
mariage et on les conseils de prendre ces trucs-là. En tout cas c’est un peu abusif. Dans le culte
on parle de l’espacement. La bible dit ‟ enseigne à l’enfant la voie qu’il doit suivre ! Lorsqu’il
deviendra grand il ne s’en détournera pas ˮ. Mais les contraceptifs peuvent nous aider à bien
travailler. La bible dit qu’il faut bien s’occuper de sa famille en tant que femme. Si tu n’es pas
en parfaite santé et celui-là pleur de gauche à droite et toi-même tu ne sais pas quoi faire c’est
difficile ».
Du point de vue de la plupart des femmes interrogées, les contraceptifs modernes aident
les femmes à espacer les naissances sans crainte. LEAD_20 affirme que « avec le
Norplant, je ne crains pas d’avoir un enfant tout de suite (…) je me repose au moins 3 ans avant
d’avoir un autre ». Et LEAD_15 déclare que ce sont des méthodes incontournables pour
la femme qui veut mener des activités rémunératrices, elle dit en ces termes : « La femme
qui ne prend pas les médicaments ne va pas se développer. Puisque y a un que tu tires, un au
dos et un autre dans le ventre…humm, tu ne pourras rien faire ».
 Information sur la PCM dans le cursus des leaders religieux
Les méthodes modernes de contraception des femmes sont perçues par une partie des
leaders religieux interrogés comme une source de stérilisation des femmes, d’autres
comme une limitation des naissances. Par contre, les méthodes contraceptives naturelles
comme l'abstinence sexuelle, les calculs du cycle menstruel et l’utilisation de la ceinture
sont bien appréciés par la religion.
À la question de savoir quelle est l’influence des études religieuses sur le choix des
méthodes modernes de contraception, un leader de la Commune, rapporte : « La
formation religieuse m’aide beaucoup et c’est surtout le fait que j’ai des outils pour aider les
femmes les filles qui s’approchent de moi » (LEAD_03). Il est conforté dans sa position par
LEAD_05 qui soutient qu’elle dicte l’attitude à adopter vis-à-vis de ces méthodes
modernes. Ainsi ces impressions sont exprimées ainsi qu’il suit : « Justement cette étude
religieuse permet de savoir ce qui est permis et ce qui n’est pas permis. C’est à partir de là
qu’on adopte un comportement une attitude par rapport à ce qui est proposé ».
Cette partie a mis en exergue que les informations en faveur de la PCM des femmes ne
figurent pas dans les activités religieuses. Les leaders religieux rattachent la
contraception moderne à l’avortement et à la stérilisation féminine et préfèrent la

51
contraception naturelle. En somme, une multitude de déterminants concourt à la non
promotion de la PCM des femmes par ces derniers.

5.4 Relations existantes entre les leaders religieux et les services de santé de
reproduction dans la Commune urbaine de Dori et la promotion de la PCM
Dans l’exercice de sa fonction de protection sociale, le leader religieux entre en relation
avec différents services de la santé, principalement celui de la santé de la reproduction.
En fonction des données recueillies, la qualité de la relation des participants avec les
services de santé de la reproduction n’est pas idéale. En effet, la quasi-totalité des
participants déplorent le comportement de certains agents de santé à l’égard des
populations et évoquent diverses situations traduisant une attitude marquée par la non
implication des leaders religieux et de l’incompréhension de la part des services de santé
de la reproduction.
 Responsabilisation des leaders religieux aux activités de PCM par les
responsables sanitaires
Les leaders religieux interrogés ont insisté sur le fait qu’ils ne sont pas suffisamment
impliqués dans les activités de santé de la reproduction. Quand on considère les dires
des participants, nous pouvons comprendre que les méthodes que les leaders religieux
défendent ne sont pas appréciées par les services de santé de la reproduction, de plus ils
ont rarement des occasions de rencontre tant au niveau national que régional mais
seulement local. LEAD_02 déclare que : « Non, je ne suis pas en relation avec les services
de santé de reproduction ! Je n’ai pas encore participé à une rencontre au niveau national ou
à Dori. Sur la planification familiale ? non !!!C’est-à-dire généralement ils envoient une lettre
; qui dit bon quelque chose va avoir lieu. C’est la lettre d’information seulement ». LEAD_04
témoigne en ce sens : « Je n’en ai pas encore eu l’occasion. Il faut dire qu’on se comprends
jusqu’à un certain niveau ou il faut aider la personne à se connaitre il faut aider la fille à être
responsable. Je me dis, peut-être qu’ils ont d’autres moyens pour sensibiliser sans pour autant
passer par nous ! Personnellement non, on ne m’a pas encore convié ». Puis, LEAD_05
rétorque en ces termes. « Non, comme on est au niveau local les relations s’apprécie aussi au
niveau de notre rayon d’intervention au niveau local en ce qui concerne la PF. Dans l’ensemble
des administrations régionale provinciale communale, la communauté a de bons rapports avec
ces différents niveaux-là. »

52
 Appréciations de la qualité des services de santé reproductive par les leaders
religieux
La plupart des participants a exprimé une certaine satisfaction dans l’appréciation de la
qualité du service de santé de la reproduction malgré le problème d’accueil et de
communication qui reviennent dans tous les propos. C’est le cas de LEAD_06 qui
affirme que : « Les infirmiers-là aussi, même si c’est gratuit, c’est mieux de les conseiller,
quand tu arrives avec tes propres moyens pour la planification, ils vont dire à cet heure-là moi,
je ne travaille pas. Il faut partir et revenir demain ! Et si moi je pars et que je tombe enceinte.
Et puis ils n’ont qu’à bien expliquer à la femme comment ça se fait ». C’est également dans
ce sens qu’abonde LEAD_10 lorsqu’il affirme : « Il peut arriver que des agents ne soient
pas souvent à la hauteur sur les questions d’accueil et de sociabilité. Souvent, il y a certaines
qui arrivent, ils ne prennent pas du temps pour vraiment faire leur travail. D’autres sont là
pour de l’argent ! Ceux qui ont l’appel le font mais y a certaines personnes, on sent qu’ils sont
là seulement pour le nom. Sinon ce n’est pas la peine ! »
Certains participants ont incriminé le fonctionnement même de ces services de santé de
la reproduction. Selon LEAD_01 : « je sais que nos services font de gros efforts mais je sais
aussi que le plateau n’est pas très fourni mais bon il s’améliore petit à petit. (Il gratte sa tête
traduisant sa déception) ». C’est ce qui ressort également des propos de LEAD_05 :
« C’est des gens qui essaient de faire ce qu’ils peuvent pour remplir leur mission. Le problème
se trouve en termes d’insuffisance de ressources humaines, matérielles d’insuffisances et
financières. Et bien entendu quand on a pas tout ce qu’il faut on ne peut pas atteindre les
résultats escomptés ».
En résumé, la planification familiale à travers les méthodes contraceptives modernes est
pleinement assurée par les services de santé de la reproduction, ce qui ne favorise pas
l’implication des leaders religieux. Les relations qui se font au niveau local ne
permettent pas de contribuer significativement à l’amélioration de la qualité des services
de santé de la reproduction. Il faut dire aussi que ces services ont un sérieux problème
d’accueil des utilisateurs.
 Adoption de la contraception moderne par les leaders religieux
Nombre de leaders religieux ne participent pas la promotion des méthodes
contraceptives modernes et la méthode du DIU est rejetée par l’ensemble des
participants à l’étude. En témoignent les propos du LEAD_03 : « [Silence] bien sûr que

53
non je ne participe pas à la promotion de ces méthodes ! [Rires], moi je fais la promotion de
la méthode naturelle. (…) le DIU-là consiste à interrompre les grossesses… ». Et elle poursuit
en ces termes : « (…) y en a qui sont devenues stériles à cause de l’utilisation de ces méthodes-
là. Y en a aussi n’ont plus une santé à cause de ça, elles vont finir par attraper des cancers »
(LEAD_03). Les propos de LEAD_07 rejoignent ceux des autres en ces mots : « Je n’ai
pas participé à la promotion de ces méthodes. On m’a approché pour que je puisse faire la
promotion, J’ai lu avec grand intérêt, mais je tiens à défendre la position de l’Eglise aux yeux
des autres. Je ne peux pas sortir de cette position ». Il ajoute : « C’est là que moi j’ai vraiment
saisi le danger de certaines méthodes que les femmes ne savent pas mais qui sont des abortifs.
Surtout qu’on sait que ces méthodes-là ne sont pas à 100 pour 100 sûr. Et le Norplant qui les
fait grossir au hasard » (LEAD_07). Certains participants ne sont pas totalement contre la
promotion mais émettent des réserves, c’est le cas de LEAD_06 et LEAD_10. Voici
l’extrait des verbatim : « Non, il n’est pas de notre nature d’insérer ces trucs-là dans le
prêche. Mais ici, il y a eu des moments, où des gens nous ont sensibilisés par rapport à ces
méthodes-là. On parle de ça aux autres femmes dans les différentes formations. Maintenant
quand tu n’es pas mariée, tu vas prendre ces trucs-là pour pouvoir sortir avec des gens pour
aller vagabonder. Vraiment, là ce n’est pas bon. Parce que ce n’est pas une nécessité, tu peux
t’abstenir pour ton propre respect » (LEAD_06). Et ensuite « Je trouve que c’est une bonne
chose pour la société. À mon niveau je trouve que participer à ça, c’est une bonne œuvre
puisque ça fait du bien à la société » (LEAD_10). Cependant il affirme que : « (…) Surtout
le Norplant, après avoir enlevé ils ne peuvent plus avoir d’enfant donc ça amène des problèmes
dans le foyer. (…) Pourvu que quelqu’un n’avorte pas en disant qu’il est entrain de planifier »
(LEAD_10).
En somme, les leaders religieux interrogés de la commune urbaine de Dori n’approuvent
pas l’utilisation des méthodes modernes et ne font pas leur promotion. Les quelques
leaders qui l’acceptent émettent des doutes sur certaines méthodes qu’ils trouvent
abortifs ou infanticides.

5.5 Synthèse des résultats


Les participants ont une connaissance effective des méthodes contraceptives modernes.
Aussi, ils ont des notions sur le dividende démographique dont la capture est acceptée
par la plupart des participants. Par ailleurs, tous les leaders religieux ont jugé que
l’espacement des naissances est très bénéfique pour la santé de la famille, de la femme

54
et des enfants. Cependant, les leaders religieux rejettent en bloc l’utilisation des
contraceptifs modernes au bénéfice des méthodes contraceptives naturelles et
l’abstinence. Pareillement, le cursus de formation religieuse n’intègre pas les
informations sur les méthodes modernes, les informations se résument à avoir une
progéniture nombreuse en ne limitant pas les naissances. Les informations en faveur de
la PCM des femmes ne figurent donc pas dans les activités religieuses même si certains
les acceptent. De plus, la responsabilisation des leaders religieux de la Commune
urbaine de Dori au niveau national et régional dans les activités de santé de la
reproduction est très faible. Les relations avec les services de santé reproductive se font
au niveau local et ne permettent pas de contribuer à l’amélioration de la qualité des
services. Il faut reconnaitre que ces services de santé de la reproduction ont un sérieux
problème d’accueil des utilisateurs. Somme toute, les leaders religieux de la Commune
urbaine de Dori n’approuvent pas l’utilisation des méthodes modernes et ne font pas leur
promotion.
5.6 Modèle inductif de l’étude
À l’issue de la synthèse des résultats, nous proposons un modèle inductif élaboré à partir
des connaissances des leaders religieux sur la PCM, de l’utilisation d’information sur
les méthodes contraceptives modernes lors des activités religieuses et des relations des
leaders religieux avec les services de santé de reproduction. La participation des Leaders
religieux de la Commune urbaine de Dori à la promotion des méthodes contraceptives
modernes constitue la variable à expliquer, celle dont nous essayons d’expliquer les
variations. Elle est influencée par les connaissances, l’utilisation d’information sur les
méthodes contraceptives modernes et les relations avec les services de santé de la
reproduction. Ceux-ci constituent les variables explicatives qui sont celles dont nous
pressentons l’influence sur la variable centrale.

55
Connaissances des leaders religieux Utilisation d’informations sur les
 Sur la régulation des méthodes contraceptives
naissances modernes lors des activités
 Des méthodes contraceptives  Message lors des activités
modernes religieuses
 Sur la capture du dividende  Cursus religieux
démographique
 Religion et PCM

Participation des leaders


religieux à la promotion de la
PCM des femmes de la
Commune urbaine de Dori

Relation avec les services de santé de SR


 Effectivité
 Appréciation des services de SR
 Adoption de la contraception moderne

Figure 5 : Modèle de participation des leaders religieux dans la promotion de la


pratique contraceptive moderne dans la Commune urbaine de Dori
Selon ce modèle, trois grands groupes de facteurs déterminent la participation des
leaders religieux de la Commune urbaine de Dori à la promotion de la PCM :
- les connaissances des leaders religieux : elles désignent leur connaissance des
méthodes contraceptives modernes, sur la régulation des naissances, du dividende
démographique et de la relation entre la religion et la PCM. Plus les leaders religieux
ont des connaissances, mieux ils seront à mesure d’éduquer leurs communautés sur les
problèmes liés aux besoins non satisfaits en contraception moderne. De ce fait, leur
participation sera sans doute plus visible. Par ailleurs, les leaders religieux ayant de
bonnes connaissances et en pleine possession de leurs potentialités, développent des
appréciations favorables aux pratiques contraceptives modernes, ils initient des actions
et cherchent à multiplier les messages en faveur de la PCM lors des activités religieuses.
À un autre niveau, la collaboration entre les services de santé de reproduction et les
leaders religieux facilite l’acquisition de nouvelles connaissances à travers le

56
renouvèlement constant des informations produites par les services de santé. Aussi, un
partenariat efficace permet d’assurer un suivi régulier des leaders religieux, ce qui
améliore certainement leurs pratiques et fait varier positivement leurs caractéristiques
individuelles et conceptions vis-à-vis de la PCM, améliorant ainsi leur participation. En
définitive, les leaders religieux seront enclins à collaborer avec les services de santé de
santé de la reproduction en s’impliquant volontairement dans les activités de promotion
de la PCM des femmes.
- l’utilisation d’information sur les méthodes contraceptives modernes lors des activités
religieuses : elle désigne un ensemble de facteurs liés au cursus religieux et aux
messages que portent les leaders religieux. Ces facteurs déterminent également leur
capacité à participer à la promotion de la PCM des femmes. Ce sont en effet, leur
engagement à intégrer dans l’exercice de leurs activités religieuses des messages de
sensibilisation de leurs communautés sur la PCM. Aussi, le leader religieux est
performant s’il livre un message conforme aux connaissances bien acquises grâce aux
relations avec les services de SR. Ainsi, partant du fait que chaque leader religieux est
une ressource et une compétence, seule la collaboration entre les services de santé de
SR et les leaders religieux permet de fédérer dans un cadre organisé les actions qui
concourent à la réalisation des objectifs. À ce niveau, les leaders religieux auront une
vision claire sur la promotion de la PCM et les besoins des communautés, et dans ce
cadre organisé, ils participeront davantage à promouvoir la PCM des femmes.
- la relation avec les services de santé de reproduction : elle comprend tout ce qui est
mis en œuvre dans ces services en vue de responsabiliser les leaders religieux et de les
inciter à participer à la promotion de la PCM. Il s’agit des opportunités de renforcement
des connaissances que sont les formations/recyclages, les supervisions et les rencontres
de concertations. Une relation effective témoigne que les services de santé de
reproduction planifient des activités de promotion de la PCM et impliquent les leaders
religieux dans la mise en œuvre. Spécifiquement, une collaboration satisfaisante montre
que les services de santé de la reproduction tiennent régulièrement des cadres de
concertation en incluant les leaders religieux. Les leaders religieux en profitent pour
acquérir des connaissances qu’ils utilisent lors des activités religieuses et participer à la
promotion de la PCM.

57
CHAPITRE VI : DISCUSSION DES RÉSULTATS

L’objectif général de notre étude a été d’appréhender chez les leaders religieux leur
participation dans la promotion des méthodes contraceptives moderne chez les femmes
dans la Commune urbaine de Dori. Pour ce faire, nous avons identifié des thèmes de
départ à travers une revue de littérature et complétés par les discours des enquêtés,
organisés en trois représentations thématiques. La première représentation thématique
s’intéresse aux connaissances des leaders religieux sur la contraception moderne ; la
deuxième se rapporte à l’utilisation d’informations sur la contraception moderne lors des
activités et la dernière est relative aux relations qu’entretiennent les leaders religieux et
les services de santé.

Les leaders religieux n’adhèrent pas à la promotion des méthodes modernes de


planification malgré le fait que tous les leaders religieux soient pour l’espacement des
naissances et conçoivent que la capture du dividende démographique par le pays peut
aider au développement. Toutefois, les leaders religieux n’ayant pas reçu une formation
sur les méthodes modernes de contraception pendant leur cursus, ne les intègrent pas
non plus lors des activités religieuses. Les relations avec les services de santé de la
reproduction se font au niveau local seulement et ne sont pas de nature à impliquer les
leaders religieux dans la promotion des méthodes contraceptives modernes. En
conséquence, les leaders religieux de la Commune urbaine de Dori ne font pas la
promotion de la PCM à contrarie d’une frange de femmes Leaders religieux qui les
approuve.

Après ce bref résumé des résultats de notre recherche, nous abordons la discussion des
principaux résultats de recherche, puis nous livrons les forces de l’étude suivies d’une
autocritique de l'étude à travers une mise en exergue des limites et biais possibles.
6.1 Connaissances des leaders religieux et promotion de la contraception moderne
des femmes
Les résultats de notre recherche montrent que les leaders religieux interrogés ont une
assez bonne connaissance des méthodes contraceptives modernes. Les notifications
relevées par la plupart des leaders religieux justifient que ces derniers connaissent les
moyens de contraception les plus courants. Ils ont pu citer jusqu’à quatre méthodes

58
contraceptives ou plus. Les participants citent en majorité le condom, la pilule, le DIU
et l’implant. Ces résultats sont concordants avec les résultats de l’étude menée au
Burkina Faso sur les Connaissances Attitudes et Pratiques des populations du Burkina
en matière de Santé Sexuelle et Reproductive qui a trouvé que les 4 méthodes les plus
connues sont le condom, la pilule, le DIU et le Norplant (Nations Unies, 2014). Aussi,
l’étude réalisée par Konditamdé (2017), a trouvé des résultats similaires. Considérant
que ces leaders doivent éclairer leurs communautés, ces connaissances ne peuvent
qu’être un atout pour leur participation dans la promotion des contraceptifs modernes.
En outre, les résultats de la présente recherche montrent que la plupart des participants
a des notions sur le dividende démographique. La preuve est que les uns ont pu donner
une définition juste et les autres avaient des notions sur le phénomène car, ils en ont
entendu parler sur les médias. En effet, les leaders religieux interrogés de la Commune
urbaine de Dori ont foi à la capture du dividende démographique dans notre pays.
Subséquemment, la relation entre la baisse de la taille de la famille et les inégalités
éducatives dépendraient aussi du niveau de développement institutionnel. Pour sa part,
Malika Danican (2017) a trouvé dans son étude que le Burkina Faso peine réellement à
rentrer dans la phase clef de sa transition démographique puisque l’atteinte du dividende
démographique reste encore une idée utopique pour la grande majorité des Burkinabè.
De ce fait, pour atteindre le dividende démographique, il faut la réduction des naissances
par une grande part de femme à travers la pratique de la contraception moderne.
Par ailleurs, l’Organisation des Nations Unies (ONU) reconnaît que le dividende n'est
pas automatique et que ses gains ne sont pas garantis. Il se veut une opportunité à saisir,
au cœur de la transition démographique, processus qui influence sur la structure par âge
de la population. Il existe donc un ensemble de mécanismes permettant sa réalisation
puis son bénéfice. Le dividende se manifeste essentiellement par trois investissements :
le capital humain, le marché du travail, et l’épargne ; mais avant, il importe de
comprendre l’impact du phénomène de la baisse de la fécondité dans l’avènement du
dividende démographique (Nations Unies, 2014). Notamment, tout individu
supplémentaire constitue une charge nette pour la société ; un programme de
planification familiale pour espacer les naissances est légitime puisque l'enfant est
consommateur avant d'être producteur. De même, avec l'amélioration de leur condition

59
de vie, les personnes actives qui, à leur tour font moins d'enfants investissent davantage
de ressources dans le capital humain de chacune de leur progéniture. Alors, les leaders
religieux de la Commune urbaine de Dori qui sont favorables au dividende
démographique auront tendance à promouvoir les méthodes de contraceptions modernes
afin d’atteindre la capture du dividende démographique.
Il ressort aussi de l’analyse du discours des enquêtés que l’espacement des naissances
est bénéfique pour la santé de la famille, de la femme et des enfants. En effet,
l’espacement des naissances est fondamental et reste une préoccupation dans la vie de
la femme (OMS, 2011). Plusieurs auteurs évoquent l’importance de l’espacement des
naissances dans la littérature. Selon Touré et al. (2006), la période d’espacement de deux
ans prend son originaire dans le coran et est approuvée dans la culture Africaine. Quant
à Zra (2008), l’espacement des naissances est impératif et est une nécessité dont le
principal but est de maintenir un certain équilibre entre les rôles procréatifs et productifs
de la femme. Idogo (2016), affirme que l’espacement idéal de naissance dans la société
Moaga au Burkina Faso est de 2 à 3 ans. En effet, les leaders religieux prêchent que les
enfants doivent être espacés de deux à trois ans et que cet espacement est réalisé à travers
l’abstinence et l’allaitement combinés. Ici encore, tout porte à croire que les leaders
religieux rencontrés, en conseillant l’espacement des naissances vont dans le sens de la
participation à la promotion de la PCM chez les femmes. Toutefois, ils sont pour
l’espacement des naissances sans pour autant approuver leur limitation. James Lachaud
(2016), n’est pas du même avis. Il explique que la sécularisation ou le déclin des valeurs
religieuses a grandement diminué l’influence de la religion sur la famille dans les
sociétés dites modernes et laïques.
En réalité, la connaissance des leaders religieux ne sert pas à la promotion de la PCM.
Malgré le fait de connaitre plusieurs méthodes, d’avoir des notions sur le dividende
démographique et prioritairement la nécessité d’espacer les naissances, les leaders
religieux rencontrés rejettent en bloc l’utilisation des méthodes modernes. Gueye est
parvenu également aux résultats selon lesquels, l’usage des contraceptifs hormonaux
reste problématique en milieu rural. Il trouve que la préférence en matière de fécondité
est sous-jacente à la valeur sociale de la procréation qui constitue un obstacle au recours
des méthodes modernes de contraception (Gueye, Speizer, Corroon, & Okigbo, 2016).

60
En conséquence, une vision pro-natale est mise en avant (Désalliers, 2009). Cette
réflexion est partagée par les leaders religieux rencontrés. Ceux-ci pensent donc que les
méthodes contraceptives modernes sont inacceptables sur le plan moral et considèrent
que les services de planification familiale ne respectent souvent pas la liberté des époux,
la dignité de l'être humain et ses droits fondamentaux, comme le droit d'enfanter. Ce
résultat s’apparente à celui trouvé par Léon (2012), où la pression exercée par les
religieux sur les femmes est très forte et l’utilisation de la contraception moderne
demeure faible. La résistance des leaders religieux rencontrés, au changement en faveur
des contraceptifs modernes s’apparente à un problème culturel de fond qui nécessite une
approche plus pédagogique. Ce qui pourrait traduire en vérité, les raisons profondes qui
expliquent le grand écart entre les niveaux de connaissance des leaders religieux sur la
contraception moderne et l’utilisation des méthodes contraceptives par les femmes.

6.2 Utilisation d’informations et promotion de la pratique contraceptive moderne


des femmes par les leaders religieux lors des activités religieuses
Il se dégage de l’analyse des données que le cursus de formation religieuse n’intègre pas
les informations sur les méthodes modernes de contraception. Ces résultats sont
similaires à ceux retrouvés dans l’étude de Léon et al., (2012) qui montre que le saint
Coran ne parle pas directement de la contraception, de la planification familiale.
Toutefois, à plusieurs endroits, notamment dans quatre différentes sourates, le Coran
fait référence à des thèmes liés à la protection de la famille2 (Sourate 2, Al Baqara Verset
30 ; Sourate 16, An-Nahl Verset 89 ; Sourate 17, AL-Isra Verset 9 ; Sourate 22, Al-Hajj
Verset 78). À la différence, Yaméogo W. et al (2011) trouvent que le Coran n’a pas cité
l’infanticide, il laisse la possibilité aux leaders religieux et autres croyants de multiples
interprétations du statut du planning familial, et notamment celui des méthodes de
contraception modernes. Dans le Coran il est dit : « Allah veut pour vous la facilité, Il
ne veut pas la difficulté pour vous » (Sourate 2, Al-Baqara Verset 185). Pour dire que
l’islam est une religion simple, d’aisance où il ne doit y avoir ni de rigidité ni d’excès
qui ne feraient que desservir les humains. Il a été exposé aussi que, les leaders religieux
sont fermes dans l’interdiction de la plupart des méthodes contraceptives et de tout

2
« Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles
et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent ».

61
recours à l’avortement comme le souligne la Bible dans le livre de la Genèse (Sainte
Bible, Gn 4, 10). La fonction de la famille est de reproduire de nouvelles âmes tout en
restant ainsi dans une fécondité naturelle, ce qui corrobore avec notre résultat (Cosio-
Zavala et al., 2017). Par ailleurs, un des principaux apports du Nouveau Testament fut
la valorisation positive de la chasteté comme une condition nécessaire pour accéder à la
sainteté, soit grâce au libre renoncement du mariage en suivant le célibat exemplaire de
Jésus et la virginité de Marie, soit par le choix volontaire du mariage (Sainte Bible, Luc :
27-30). De surcroît, l’analyse des entretiens montre que les contraceptifs sont accusés
d’occasionner une débauche sexuelle et une infidélité chez les femmes et les jeunes
filles. Julie Désalliers (2009) va dans le même sens en justifiant qu’outre la peur de
perdre le contrôle sur la fécondité des femmes, c'est la peur de perdre le contrôle sur leur
sexualité qui inquiète énormément les hommes. Ces interprétations diverses des
contraceptifs modernes, qui finalement imposent un point de vue et une direction en
matière d’action, se fondent en partie sur l’ignorance des programmes. En effet, les
programmes en faveur de la planification familiale ne connaissent le contenu des livres
Saints qu’à travers ce que disent les chefs religieux.
Des raisonnements de ces auteurs (Léon, 2012 ; Gonzalez, 2016), il ressort que les
informations en faveur de la PCM des femmes ne peuvent pas figurer dans les activités
religieuses. Le principal motif évoqué par les participants est que certaines méthodes
contraceptives sont causes de cancer, d’avortement, de stérilité ou de maladies. Dans ce
même ordre d’idées, Natalie Bajos et al. (2013) font remarquer que la peur des effets
secondaires est l’argument majeur identifié comme un frein important au recours à la
contraception moderne. Pourtant les contraceptifs à eux seuls ne sauraient être source
de maladies ou de stérilité. Ils ont juste des effets secondaires qui peuvent être traités si
les femmes reviennent à la formation sanitaire pour une prise en charge. Parallèlement,
il est ressorti des résultats que les conceptions que nourrissent les leaders religieux
interrogés sur la valeur divine de l’enfant, les amènent à ne pas participer à la promotion
des contraceptifs modernes taxés de stérilisants. Hadiza Moussa (2004) mentionne des
résultats semblables lorsqu’elle affirmait que ce sont des limiteurs de naissances
orchestrés par les Occidentaux pour freiner le développement démographique et social
des noirs. Ou bien Julie Désalliers (2009), pour qui les Occidentaux nous voient comme

62
des pauvres irresponsables dont il faut contrôler la reproduction. Les données suggèrent
donc que dans la Commune urbaine de Dori, ces affirmations demeurent un élément
central qui justifie les réticences des leaders religieux à l’utilisation des contraceptifs
modernes par les femmes et surtout par les filles. Nonobstant ces résultats, d’autres
leaders religieux comme les anglicans ou les protestants ne s’y opposent aucunement en
laissant la libre appréciation du choix aux couples bien qu’originellement, ils
partageaient la même posture que le Vatican (Cosio-Zavala et al., 2017). Le Réseau
Islam Population et Développent (RIPOD) rassure à son tour que la conception et la
dissémination des modèles de plaidoyers ont permis à beaucoup de fidèles de
comprendre que la religion en général ne constitue pas une barrière à la contraception
moderne (Castle, Paqué-Margolis, Muntifering, Toure, & Traore, 2011). Ainsi, la
planification familiale n’est pas en contradiction avec l’islam car aucun texte évident ne
l’interdit. Il est écrit dans le Coran : « ne dites pas, conformément aux mensonges
proférées par vos langues, ceci est licite, et cela est illicite pour forger le mensonge
contre Allah » (Sourate 27, An-Naml Verset 116). Mais cette non interdiction par le
Coran n’est pas diffusée lors des prêches par les leaders religieux.

6.3 Relations existantes entre les leaders religieux et les services de santé de
reproduction dans la Commune urbaine de Dori et la promotion de la PCM
Les résultats de notre étude montrent que les relations qu’entretiennent les leaders
religieux avec les services de santé reproductive ne leur permettent pas de contribuer à
l’amélioration de la qualité de ces services. En effet, les relations se font au niveau local
seulement. Une étude a montré que malgré les structures et les moyens mis en place par
le gouvernement avec l'aide internationale, le déficit de communication avec les
bénéficiaires constitue un handicap à leur utilisation (Cosio, 2001). Un participant à
l’étude a souligné que les relations avec les services de santé de la reproduction se
traduisant par un fossé qui existe entre les structures de santé et les populations avec qui
elles sont censées travailler. La mobilisation sociale autour de la pratique contraceptive
ne semble pas à la hauteur des ambitions des autorités sanitaires en faveur des leaders
religieux. Abordant dans ce sens, Hadiza (2004) avance que les leaders religieux ne sont
pas tout à fait impliqués dans les actions du secteur de la contraception moderne. En
effet, l’information doit passer aussi par les leaders religieux afin de les préparer

63
psychologiquement et matériellement et cela à tous les niveaux du système de santé.
Peut-être sommes-nous pressés ! Car le système de santé ne prévoyait de place que pour
les services et acteurs autres que purement technique ; donc pas de place et rôle pour
d’autres acteurs comme les leaders communautaires. On est dans un processus
enclenché et il faut être quelque peu patient et suggérer qu’on renforce la dynamique.
Ainsi, pour parvenir à la promotion de la PCM chez les femmes, la contribution des
leaders religieux devient fondamentale. Ils doivent avoir accès à une information fiable
et complète qu’ils puissent transmettre afin de combattre la réticence de certains milieux
religieux. Ce point de vue est également partagé par Catherine (2009), qui souligne que
les communautés doivent être impliquées ainsi que leurs leaders, chefs spirituels ou
autres personnages influents pour assurer la qualité et la continuité des services ainsi
que le suivi des résultats obtenus.
Au-delà de toutes ces considérations, les discours dénonciateurs relayés par certains
leaders religieux interrogés sur le mauvais accueil dans les services d’offre de
contraception moderne suggèrent la création d’un environnement accueillant pour les
femmes. Cette analyse présente une similitude avec celle de Hadiza (2004), pour qui les
agents de santé doivent être accueillants lors des consultations afin de mettre les
patientes à l’aise. Critiquant également cette tendance des services de santé à ne pas bien
accueillir, Ibrahima Traoré (2010) rapporte l’accueil des agents de santé comme facteurs
expliquant la faible fréquentation du service de planification familiale. Si cette condition
est remplie, celles-ci seraient plus disposées à aborder des questions liées à l’espacement
des naissances et même celles se rapportant à la sexualité.
Des résultats de notre recherche, il s’est avéré que les leaders religieux interrogés
n’approuvent pas l’utilisation des méthodes modernes et ne font pas leur promotion.
Cette désapprobation des contraceptifs modernes par les leaders religieux de la
Commune urbaine de Dori fait que leur participation à la PCM est très infime. Bien que
tous soient unanimes sur les avantages de l’espacement des naissances, les leaders
religieux interrogés ont négativement considéré les méthodes contraceptives modernes,
en citant son inefficacité et les effets secondaires y compris l’infertilité.

64
6.4 Forces de l’étude
Notre étude qui porte sur « Leaders religieux et promotion de la pratique contraceptive
moderne des femmes dans la Commune urbaine de Dori » comporte des forces qui sont
à souligner. Cette étude est importante car, elle contribue à la production de
connaissances sur la participation des leaders religieux à la promotion de la PCM. Il
existe certes des études sur l’implication des leaders en faveur de la planification
familiale, les déterminants de l’utilisation des méthodes modernes de contraception et
les déterminants de l’attitude des hommes. Mais à notre connaissance, notre étude est
l’une des premières études exploratoires qui s’est focalisée sur la participation des
leaders religieux dans la promotion des méthodes modernes de contraception. Sans
doute, ces résultats pourraient intéresser les structures techniques de promotion des
méthodes contraceptives modernes, les décideurs et les gestionnaires d’Organisation
non gouvernementale des pays qui encouragent l’utilisation des contraceptifs modernes
et surtout le Burkina Faso dans la perspective où le pays projette la capture du dividende
démographique en incitant la participation communautaire. Par conséquent, elle pourrait
se révéler utile à des projets d’études similaires qui éventuellement s’en serviraient, soit
pour approfondir certains aspects de la problématique abordée, soit pour explorer la
même thématique dans d’autres communes du Burkina Faso où d’autres pays d’Afrique.
L’approche qualitative utilisée a permis d’explorer les points de vue des leaders
religieux sur la PCM des femmes afin de mieux appréhender leur niveau de
participation. Notre choix de l’utilisation d’un entretien semi-structuré a été un point
positif pour nous, en ce sens que les enquêtés avaient la liberté d’expression.

6.5 Limites de l’étude


Cette étude, à l’image de toute recherche qualitative, a des limites : (i) la subjectivité de
l’étudiante chercheure a pu jouer sur les résultats lors de l’analyse des données.
Toutefois, l’étudiante chercheure a adopté une perspective la plus neutre possible lors
de cette analyse ; (ii) le fait que l’enquêteur, l’étudiante elle-même ait servi comme agent
de santé dans la Commune urbaine de Dori a pu influencer la réponse des enquêtés d’une
manière ou d’une autre. Le recours à la triangulation a permis de renforcer la
confirmabilité (objectivité) et la fiabilité des résultats. Les résultats de cette étude,
comme toute recherche qualitative, ne sont transférables que dans des contextes

65
similaires. La région du Sahel, comportant quatre communes urbaines, l’étude aurait pu
les inclure toutes (étude de cas multiples) afin d’améliorer sa transférabilité. En dépit de
ces limites, nos résultats apportent un éclairage sur les déterminants à considérer pour
encourager les leaders religieux à participer à la promotion de la PCM des femmes dans
la Commune urbaine de Dori.

66
CONCLUSION
La mise en œuvre des actions visant l’amélioration de la santé sexuelle et reproductive
de la population constitue l’une des priorités des autorités politiques et sanitaires du
Burkina Faso. Ainsi, les responsables sanitaires appuyés par les partenaires techniques
et financiers, ont intégré dans leur système de soins de santé primaires un programme
de planification familiale afin de répondre à l’accès universel aux méthodes
contraceptives modernes par les femmes. Cette égalité d’accès doit se traduire
concrètement par un accès et une utilisation des méthodes contraceptives modernes par
la femme, sans préjugés de croyances, de représentations sociales, de situation socio-
économique, d’appartenance socio-culturelle, du milieu de vie, etc. Cet idéal tant
souhaité, loin d’être une réalité dans la Région du Sahel, constitue pour nous une
véritable préoccupation, ce qui nous a conduit à mener une réflexion sur la question en
vue de contribuer à la promotion de la santé reproductive des femmes dans la Commune
urbaine de Dori. Cette réflexion s’est menée autour de la question de recherche suivante
: en quoi consiste la participation des leaders religieux dans la promotion de la pratique
contraceptive moderne des femmes dans la Commune urbaine de Dori ?
Il ressort des résultats des analyses que les leaders religieux de la Commune urbaine de
Dori ont une connaissance effective de la PCM chez les femmes et pensent que la
capture du dividende démographique est une nécessité pour le pays. De même, ils sont
favorables à l’espacement des naissances, qu’ils trouvent bonne pour la santé de la mère
et de l’enfant. Cependant, ils sont catégoriquement contre l’utilisation des méthodes
contraceptives modernes par les femmes. Pour eux, ces méthodes vont à l’encontre de
leur foi religieuse. Ainsi, les leaders religieux rattachent la contraception moderne à
l’avortement, l’infanticide et la stérilisation féminine et préfèrent la contraception
naturelle. Encore, il faut dire que, depuis la formation religieuse de base, la propagande
des méthodes contraceptives modernes est interdite d’autant plus qu’eux-mêmes ne font
pas leur promotion dans les lieux de culte. Sans oublier que les relations avec les services
de santé de la reproduction sont insatisfaisantes avec des problèmes récurrents d’accueil.
Ce qui ne favorise pas la PCM des femmes.
Toutefois, il pourrait être intéressant dans le cadre d’autres études futures, d’associer les
autres leaders associatifs et administratifs de la commune pour avoir leur point de vue

67
afin d’explorer toutes les raisons possibles pour encourager la PCM des femmes. Par
ailleurs, notre étude n’a pas pris en compte la pratique de la contraception naturelle,
alors que ce volet aurait permis de mieux apprécier le contrôle des naissances dans le
couple d’une façon générale et d’encourager l’adhésion des leaders religieux.
Au regard des résultats de l’étude auxquels nous sommes parvenus, le leader religieux
joue aussi un rôle dans l’utilisation des méthodes contraceptives modernes par les
femmes dans la Commune urbaine de Dori. De ce fait, il appartient aux professionnels
de santé, aux partenaires techniques et financiers et aux décideurs de prendre en compte
les actions de collaboration avec les religieux tout en intégrant les informations sur les
contraceptifs modernes dans le cursus. Ainsi, nous avons formulé des recommandations
à l’endroit des principaux acteurs :
Au plan politique, il est nécessaire d’élaborer et mettre en œuvre la stratégie de
l’engagement constructif des leaders religieux à la contraception moderne. Pour cela il
faut renforcer et étendre jusqu’au niveau communal, le dialogue avec les confessions
religieuses, et initier des recherches sur les croyances religieuses pouvant constituer des
obstacles et surtout des opportunités à la promotion de la PCM.
Au plan des pratiques professionnelles, il convient d’assurer les sensibilisations sur la
contraception moderne dans les contextes informels, comme les mosquées, les lieux de
culte, et autres milieux de regroupement où se créent et se renforcent les fausses
informations à travers les interactions sociales. Accorder une attention particulière à
l’implication des leaders religieux à tous les niveaux de décision sur la PCM est un défi
et une nécessité.
Au dénouement de ce travail, nous espérons avoir inspiré de nouvelles pistes de
réflexions chez les intervenants des centres de planification familiale, mais aussi chez
les chercheurs qui s’intéressent au sujet de la contraception. Comme perspectives,
l’accent sera mis sur la communication interculturelle à travers des théories et pratiques
dans un contexte de diversité culturelle en des processus permettant à des acteurs
différents de dépasser les difficultés de communication qui les séparent. À ce titre, nous
envisageons produire un article sur « Pratique contraceptive moderne entre la modernité
et le religieux » à partir des résultats de notre étude à l’intention de la communauté
scientifique.

68
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72
ANNEXES
Annexe 1 : Formulaire d’information
1. Thème de recherche

Leaders religieux et promotion de la pratique contraceptive moderne des femmes de la


Commune urbaine de Dori.

2. Responsable du projet de recherche et encadreurs

Nom de l’étudiant : BARRO Abibata, à l’Institut de formation et de recherche


interdisciplinaire en sciences de la santé et de l’éducation (IFRISSE) Email:
fleurbarro@yahoo.fr; Mobile : +226 70144336

Nom du Codirecteur de mémoire : M. NANA Gustave Ms Psy. MPH, Consultant en


santé publique; Mobile: 60 44 39 49 Email: noufougustavenana@gmail.com

Nom du Directeur de mémoire : Dr OUATTARA Adama; DES


Gynécologie/Obstétrique/Ouaga; Master santé publique/Paris Descartes; Mobile : +226
70112819 : ouattzangaadama@yahoo.fr

3. Préambule

Nous sollicitons votre participation à cette recherche. Cependant, avant d’accepter de


participer et de signer le formulaire de consentement, veuillez prendre le temps de lire,
de comprendre et de considérer attentivement les renseignements qui suivent. Ce
formulaire peut contenir des mots que vous ne comprenez pas. Nous vous invitons à
poser toutes les questions que vous jugerez utiles, demander de vous expliquer tout mot
ou renseignement qui n’est pas clair.

4. But de l’étude

Contribuer à la promotion de la santé reproductive des femmes dans la Commune


urbaine de Dori.

5. Objectifs de l’étude

I
L’objectif général est d’appréhender chez les leaders religieux leur participation dans la
promotion des méthodes contraceptives moderne chez les femmes dans la Commune
urbaine de Dori.

Les objectifs spécifiques sont : i) Déterminer les connaissances des leaders religieux sur
la contraception moderne des femmes ; ii) Apprécier l’utilisation d’informations sur la
contraception moderne par les leaders religieux dans les activités religieuses ; iii)
Décrire les relations existantes entre les leaders religieux et les services de santé de
reproduction dans la Commune urbaine de Dori.

6. Modalité de participation

Nous sollicitons votre participation à notre recherche. Cependant, avant d’accepter de


participer à cette recherche et de signer ce formulaire de consentement, veuillez prendre
le temps de lire, de comprendre et de considérer attentivement les renseignements qui y
sont contenus. Nous vous invitons à nous poser toutes les questions que vous jugerez
utiles. Votre participation à cette recherche consiste à m'accorder une entrevue d'environ
30 à 45 mn où vous pourrez discuter de votre expérience concernant l’utilisation de la
contraception moderne des femmes. Je vous poserai certaines questions à propos de cette
expérience sur le sujet et du rôle des religieux dans les décisions. Vous pourrez choisir
de ne pas répondre à l'une ou l'autre des questions. L’entretien sera enregistré sur support
audio numérique pour nous aider dans notre travail de recherche.

7. Confidentialité

Les renseignements que vous nous donnerez demeureront confidentiels. Chaque


participant à la recherche se verra attribuer un code et seul le chercheur principal, c'est-
à-dire moi-même, aura la liste des participants et des codes qui leur auront été attribués.
Aucune information permettant de vous identifier d'une façon ou d'une autre ne sera
publiée. Les données pourront être publiées dans des revues spécialisées ou faire l’objet
de discussions scientifiques, mais il ne sera pas possible de vous identifier.

8. Avantages

En participant à cette recherche, vous pourrez contribuer à l'avancement des


connaissances sur l’utilisation de la contraception dans votre contexte. Par contre, il est

II
possible que les questions puissent concerner des détails intimes de votre vie dont vous
ne désirez pas parler. Si cela se produit, n'hésitez pas à me le mentionner et je passerai
à une question suivante. La participation à cette recherche ne donne pas droit à une
compensation de quelque nature que ce soit.

9. Inconvénients associés au projet de recherche

Aucun inconvénient ou risque pour la santé des participants ou l’organisation que vous
représentez ne peut être envisagé.

10. Droit de retrait

Votre participation est entièrement volontaire. Vous êtes libre de vous retirer en tout
temps par avis verbal, sans préjudice et sans devoir justifier votre décision.

11. Financement du projet de recherche

L’étudiante responsable du projet n’a pas reçu de financement pour mener ce projet de
recherche. Il est financé par son propre budget.

Annexe 2 : Formulaire de consentement


Consentement écrit

Moi, Mr/Mme………………………………………………………………, reconnais


avoir été informé de l'étude « leaders religieux et promotion de la pratique contraceptive
moderne des femmes dans la Commune urbaine de Dori ». Je reconnais que la
chercheure Abibata BARRO m'a donné toutes les informations sur les objectifs de
l'étude, sa méthodologie et les avantages prévus pour les services de planification
familiale de la région.

Je reconnais avoir été informé que je suis libre de faire partir ou de ne pas faire partir de
l'étude et que je ne bénéficierai d'aucune compensation de quelque nature que ce soit.
J'ai été informé que je peux me retirer à tout moment de l'étude sans que cela n'entraîne
aucune conséquence négative.

Par conséquent, je donne mon accord pour l'utilisation des informations que je vais
fournir et ceci dans le strict respect de la confidentialité. J'ai été assuré que la

III
dissémination des données concernant cette étude sera faite de façon anonyme. Aucune
personne en dehors de l'étudiante ne pourra avoir accès aux informations individuelles.

Je reste conscient que ma participation à cette étude ne répond qu'à des buts purement
scientifiques.

Je confirme donc avoir reçu et compris le sens de cette étude, et je m'engage à participer
volontairement comme personne ressource.

Nom du répondant:…………………………………………..Signature:……………….

Nom de l’enquêteur………………………………………….Signature:………….……

Lieu et date : …..…………………………………………………………………………

Annexe 3 : Fiche sociodémographique


Numéro de l’enquêté…………………………………………….

Secteur/quartier d’origine de l’interviewé……………………

Sexe Masculin /____/ Féminin /____/

Quel âge avez-vous ? Age (en années) /_//_/

Quel est votre niveau d’instruction ? Non alphabétisé/scolarisé /____/ alphabétisé


/____/ niveau primaire /___/ niveau secondaire /____/ niveau supérieur /____/

Pratiquez-vous quelle religion ? (Cocher)

Musulmane/__/ ; Catholique/__/ ; Protestante /__/ ; Animiste /__/ ; Autre _________

Annexe 4 : Guide d’entretien individuel semi-structuré auprès des leaders religieux


GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES LEADERS RELIGIEUX

Section 1 : Présentation de l’intervieweur, de l’enquête et acquisition du consentement


Bonjour. Je m'appelle BARRO Abibata, je suis étudiante en fin de cycle en Master II à
l’Institut de Formation et de Recherche Interdisciplinaires en Sciences de la Santé et de
l’Education (IFRISSE) sis à l’Université Saint Thomas d’Aquin (USTA), option

IV
Sciences Maïeutiques et Santé de la Reproduction. Dans le cadre de mon étude sur «
leaders religieux et promotion de la pratique contraceptive moderne des femmes dans la
Commune urbaine de Dori », nous devons effectuer un entretien individuel avec vous.
Les informations que nous collecterons nous permettront de comprendre votre
implication sur la pratique contraceptive moderne des femmes. Nous menons cette étude
dans le but de contribuer à l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Nous
tenons à vous dire qu’il n’existe pas de bonne ou mauvaise réponse. L’entretien va durer
30 à 45 minutes. Les informations que vous nous donnerez sont strictement
confidentielles et elles ne seront transmises à personne d'autre. Vous n'êtes pas obligés
de participer à cet entretien, mais nous espérons que vous accepterez d'y participer car
votre opinion est très importante. S'il arrivait que je vous pose une question à laquelle
vous ne voulez pas répondre, dites-le-moi et je passerai à la question suivante ; vous
pouvez également interrompre l'interview à n'importe quel moment.

Avez-vous des questions à me poser ? …. Oui ………….Non …………

Si Oui, la quelle (lesquelles)………………………………………………………..

Puis-je commencer l'interview maintenant ?..................... Oui  ……Non 

-Si non, nous vous remercions pour le temps accordé, l’entretien est terminé

-Si oui, nous vous remercions d’avance pour le temps que vous nous accorderez pour
l’entretien

Date de l’entretien……………………………………………….

Lieu de l’interview……………………………………………….

Horaire de l’interview : début/_//_/ fin /_//_/

Si vous ne trouvez pas d’inconvénient, l’entretien sera enregistré afin de nous permettre
de gagner du temps et de recueillir les informations exactes que vous nous aurez
données.

V
Section 2 : Connaissances des leaders religieux sur la contraception moderne

1. Pouvez-vous me parler de vos connaissances sur les méthodes contraceptives


modernes ?

- Selon vous, est-il utile de réguler les naissances ? Pourquoi ?

- Que pensez-vous des méthodes modernes de planification qui existent ?

2. Quelle est votre idée sur les méthodes modernes ?

- Selon vous, la religion est-elle un obstacle à la contraception moderne des femmes ?

- Les traditions sont-elles un obstacle à la contraception moderne des femmes ?

- Pensez-vous que les contraceptifs ont des conséquences sur les femmes ?

3. Quel est votre point de vue sur la capture du dividende démographique ?

Section 3 : l’utilisation d’informations sur la contraception moderne lors des activités


religieuses

1. Pendant vos activités religieuses, quels sont les informations sur les contraceptifs
modernes que vous utilisez ?

- Parlez-nous des valeurs et des versets ou sourates qui guident les actions de votre
religion dans le planning familial ?

- Avez-vous un programme de sensibilisation sur la planification familiale lors de vos


activités religieuses ?

2. Pouvez-vous me parler de vos études religieuses ?

- Votre cursus de formation intègre-t-il des messages sur la PCM ?

- Que pensez-vous de l’effet de telles études sur le choix des méthodes contraceptives ?

Section 4 : Les relations des leaders religieux avec les services de santé de reproduction

1. Si on vous demande de parler des relations que vous avez avec les services de santé
de reproduction, que diriez-vous ?

- Le centre de santé possède-t-il un système pour rendre publiques vos données ?

VI
- Pouvez-vous donner votre appréciation de la qualité des services de contraception en
termes d’accueil, d'équipement, effectifs etc. ?

2. La participation des leaders religieux à la promotion de la PCM

- Pour vous, en quoi a consisté votre participation à la promotion de la PCM chez les
femmes ?

 Participation aux ateliers du niveau national au sujet de la promotion de la


planification familiale
 Relation avec la Direction régionale de la Santé du sahel en matière de PCM
 Participez-vous aux Conseils de Santé du District concernant les services de santé
sexuelle et reproductive ?
 Convention de partenariat avec les autorités des différentes communes
- Pour vous, qu’est-ce que la promotion de la PCM ?

Section 5 : Evaluation de l’entretien

- Sur quels aspects de la contraception moderne avez-vous besoin d’informations


supplémentaires pour encourager les femmes à utiliser les méthodes modernes ?

- Quels sont les points de notre entretien que vous pensez qu’on puisse améliorer lors
des prochains entretiens ?

Merci pour votre participation !

VII
Annexe 5 : Carte de la direction régionale de la santé du Sahel
CARTE SANITAIRE DE LA REGION DU SAHEL

VIII
Annexe 6 : Autorisation du comité d’éthique

IX
X
XI
Annexe 7 : Autorisation d’enquête

Annexe 8 : Profil sociodémographique des participants

XII
Tableau : Profil sociodémographique des participants

attribué aux
attribué aux
participants

participants
Numéro

Niveau Secteur/quartier Lieu et date de


Code

Age Sexe Religion


d’instruction d’origine l’interview

1 LEAD_01
2 LEAD _02
3 LEAD_03
4 LEAD _04
5 LEAD _05
6 LEAD _06
7 LEAD _07
8 LEAD _08
9 LEAD _09
10 LEAD _10
11 LEAD _11
12 LEAD _12
13 LEAD _13
14 LEAD _14
15 LEAD _15
16 LEAD _16
17 LEAD _17
18 LEAD _18
19 LEAD _19
20 LEAD _20
21 LEAD _21

XIII
TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE ................................................................................................................................ 3
DÉDICACE ............................................................................................................................... iv
REMERCIEMENTS .................................................................................................................... v
LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................ vi
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... vi
LISTE DES ANNEXES .............................................................................................................. vi
LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS ....................................................................... vii
RÉSUMÉ ................................................................................................................................... ix
ABSTRACT ................................................................................................................................. x
INTRODUCTION ....................................................................................................................... 1
CHAPITRE I : CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES ....................................................................... 3
1.1 Revue de littérature .................................................................................................................................. 3
1.2 Problématique ........................................................................................................................................... 7
1.2.1 Question de recherche ..................................................................................................................... 10
1.2.2 Objectifs de l’étude ......................................................................................................................... 10
1.2.3 Propositions théoriques de l’étude .................................................................................................. 10
1.2.4 Variables en jeu dans notre recherche ............................................................................................. 11
CHAPITRE II : CONCEPTUALISATION DE L’ÉTUDE .............................................................. 13
2.1 Définition des concepts clés ................................................................................................................... 13
2.1.1 Participation .................................................................................................................................... 13
2.1.2 Promotion de la santé ...................................................................................................................... 14
2.1.3 Leaders ............................................................................................................................................ 15
2.1.4 Planification familiale ..................................................................................................................... 16
2.1.5 Pratique de la contraception moderne ............................................................................................. 16
2.1.6 Dividende Démographique : Concept, enjeux et défis .................................................................... 17
2.2 Théorisation de la pratique contraceptive moderne ................................................................................ 19
2.2.1 L’étude de Herbigniaux et Thai ...................................................................................................... 19
2.2.2 Les études sur la religion et les influences sociales ........................................................................ 20
2.2.3 Les études sur la perception sociale ................................................................................................ 20
2.2.4 La collaboration intersectorielle en matière de mobilisation sociale en faveur de la PCM ............. 21
CHAPITRE III : CONTEXTE DE L’ETUDE .................................................................................. 23
3.1 Le système de santé du Burkina Faso ..................................................................................................... 23
3.2 La Direction régionale de la santé du Sahel ........................................................................................... 25
3.3 Le district sanitaire de Dori .................................................................................................................... 26
3.4 La Commune urbaine de Dori ................................................................................................................ 28
3.4.1 Données géographiques .................................................................................................................. 28
3.4.2 Données socioéconomiques et culturelles ....................................................................................... 28
3.4.3 Données sanitaires .......................................................................................................................... 29
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE RECHERCHE ................................................................ 31
4.1 Devis de recherche ................................................................................................................................. 31
4.2 Échantillonnage ...................................................................................................................................... 32
4.2.1 Population d’étude .......................................................................................................................... 32
4.2.2 Stratégie d’échantillonnage ............................................................................................................. 32
4.2.3 Critères d’inclusion des répondants dans l’échantillon ................................................................... 32
4.2.4 Taille de l’échantillon ..................................................................................................................... 33

XIV
4.2.5 Procédure de recrutement ................................................................................................................ 33
4.3 Techniques et outils de collecte des données ......................................................................................... 34
4.3.1 Techniques ...................................................................................................................................... 34
4.3.1.1 Revue documentaire ..................................................................................................................... 34
4.3.1.2 Entretiens semi-structurés ............................................................................................................ 34
4.3.1.3 Observation non participante ....................................................................................................... 35
4.3.2 Outils de collecte des données ........................................................................................................ 36
4.3.2.1 Grille d’analyse des documents ................................................................................................... 36
4.3.2.2 Guide d’entretien.......................................................................................................................... 36
4.3.2.3 Journal de bord ............................................................................................................................. 37
4.3.3 Pré-test et validation des outils de collecte ..................................................................................... 37
4.4 Déroulement de la collecte des données ................................................................................................. 38
4.5 Analyse des données .............................................................................................................................. 39
3.5.1 La transcription des données ........................................................................................................... 39
4.5.2 Le processus de codification des données ....................................................................................... 39
4.5.3 Interprétation des données............................................................................................................... 41
4.6 Critères de scientificité de l’étude .......................................................................................................... 41
Crédibilité ........................................................................................................................................ 41
Imputabilité procédurale ................................................................................................................. 42
Transférabilité ................................................................................................................................. 42
Confirmabilité ................................................................................................................................. 43
4.7 Considérations éthiques .......................................................................................................................... 43
4.7.1 Approbation du comité d’éthique .................................................................................................... 43
4.7.2 Autorisation de collecte des données .............................................................................................. 43
4.7.3 Consentement libre et éclairé .......................................................................................................... 44
4.7.4 Anonymat ........................................................................................................................................ 44
4.7.5 Confidentialité des données ............................................................................................................ 45
CHAPITRE V : RÉSULTATS DE RECHERCHE ........................................................................... 46
5.1 Description des participants ................................................................................................................... 46
5.2. Connaissances des leaders religieux et promotion de la contraception moderne des femmes .............. 47
5.3 Utilisation d’informations et promotion de la pratique contraceptive moderne des femmes par les
leaders religieux lors des activités religieuses .............................................................................................. 50
5.4 Relations existantes entre les leaders religieux et les services de santé de reproduction dans la
Commune urbaine de Dori et la promotion de la PCM ................................................................................ 52
5.5 Synthèse des résultats ............................................................................................................................. 54
5.6 Modèle inductif de l’étude...................................................................................................................... 55
CHAPITRE VI : DISCUSSION DES RÉSULTATS ....................................................................... 58
6.1 Connaissances des leaders religieux et promotion de la contraception moderne des femmes................ 58
6.2 Utilisation d’informations et promotion de la pratique contraceptive moderne des femmes par les
leaders religieux lors des activités religieuses .............................................................................................. 61
6.3 Relations existantes entre les leaders religieux et les services de santé de reproduction dans la
Commune urbaine de Dori et la promotion de la PCM ................................................................................ 63
6.4 Forces de l’étude .................................................................................................................................... 65
6.5 Limites de l’étude ................................................................................................................................... 65

CONCLUSION ......................................................................................................................... 67
RÉFÉRENCES ......................................................................................................................... 69
ANNEXES .................................................................................................................................... I
TABLE DES MATIERES ........................................................................................................ XIV

XV

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