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RECHERCHES

POUR
LE DEVELOPPEMENT

Série Sciences de l’Homme


et de la Société

N°11-2019
Antananarivo - Madagascar

Ministère de l’Enseignement Supérieur


et de la Recherche Scientifique

ISSN 1022 – 8691

1
RECHERCHES
POUR
LE DEVELOPPEMENT
Série
Sciences de l’Homme et de la Société
N° 11
2019

Membres du Comité de lecture :

- Pr ANDRIANARIMANANA Omer
- Pr RATSIRARISON Joelisoa
- Pr RANARIJAONA Herylisy
- Pr RAMIARISON Claudine.
- Pr RASOAMANANJARA Jeanne A
- Pr RANDRIANARIMANARIVO Henri M.

Ce numéro a été édité avec le concours de


Université d’Antananarivo
et
Centre d’Information et de Documentation
Scientifique et Technique

Toute correspondance concernant les publications


RECHERCHES POUR LE DEVELOPPEMENT
doit être adressée au :
Centre d’Information et de Documentation
Scientifique et Technique
BP 6224 – Email : cidst@cidst.mg
Antananarivo - Madagascar
ISSN 1025-3475

2
RECHERCHES
POUR
LE DEVELOPPEMENT
Série Sciences de l’Homme et de la Société
N°11

2019

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SOMMAIRE

Les liens entre les savoirs locaux et les ressources naturelles :


cas de la Région Menabe (Sud-Ouest de Madagascar)
par Ravolatsara Arlette F 7

Impact des actions anthropiques sur la dynamique


hydromorphologique du fleuve Maningory
par Solomanana Estin Pascal, Rakotomavo Andriamparany,
Randriaminahy Mbolamanana Ziva 19

Genomic investigation of the ancestry proportion


of six Malagasy ethnic groups
par Rindra Rakotoarivony, Germain Jules Spiral,
Soanorolalao Ravelonjanahary, Jean Freddy Ranaivoarisoa,
Jason A. Hodgson, Fernando Racimo, George H. Perry 25

Evaluation économique de l’eau


pour le développement durable, cas de Nosy Be
par Malala Onisoa Rakotojaofeno 35

L’écosystème forestier de Vohilahy:


de la perception à une gestion durable
par S.M. Ranaivosoa-Toandro, A. Rakotomavo, R.H. Baohanta,
H. Randriambanona, Z. Avoarimanana, R. Rakotoariseheno,
H. Ramanankierana 41

Dynamique de la culture fruitière face à l’introduction de la monoculture


de canne à sucre dans le paysage agricole de Mahatsara Brickaville
par Randrianandrasana Domoina Judith Pascale, Rakotomavo Andriamparany,
Rasolofoharinoro 47

Les enjeux de l’écotourisme dans le contexte


d’une Aire de Développement Durable
par Herinandrasana Nivoary Mihanta, Rakotomavo Andriamparany,
Rasolofoarinoro et Miasa Eustache 53

Remédiation environnementale : enjeux et mécanisme


des exploitations aurifères artisanales de Vavatenina
par Moma Landry, Rakotomavo Andriamparany,
et Ravoninjatovo Achille Olivier 63

5
6
LES LIENS ENTRE LES SAVOIRS LOCAUX ET LES RESSOURCES
NATURELLES : CAS DE LA REGION MENABE
(SUD-OUEST DE MADAGASCAR)

par

RAVOLATSARA Arlette F(1)

(1) Doctorante en Anthropologie, auprès de l’Ecole Doctorale Sciences Humaines et Sociales, EAD 5
Université d’Antananarivo.

RESUME

La biodiversité est l’un des sujets qui préoccupent le monde entier. C’est le cas
à Madagascar. Des mesures ont été prises face aux menaces sur l’environnement, de
nouvelles politiques ont été mises en place pour un environnement sain. Cette étude
analyse la place que tiennent les savoirs locaux dans la gestion des ressources
naturelles. Le but est de mettre en exergue la relation homme/nature. Plus
précisément, la recherche consiste à analyser les menaces qui affectent les ressources
naturelles, à savoir les réserves naturelles, les patrimoines communautaires.
Pour ce faire, des enquêtes basées sur un guide d’entretien ont été effectuées
auprès de cinq villages sur les savoirs et les ressources naturelles. Puis, nous avons
effectué des visites dans la forêt pouvoir appréhender les lieux symboliques, en
adoptant les méthodes d’analyses et d’interprétations des corpus des rites.
Ainsi, la ressource forestière remplie de multiples fonctions dont écologiques,
économiques, culturelles et sociales. Elle a une valeur très importante pour les
habitants locaux. C’est un abri pour les êtres suprêmes, considérés comme les vrais
propriétaires du lieu, un lieu de culte, un lieu de prédilection pour les devin-
guérisseurs. Elle est donc considérée comme sacrée, et ayant des fady (tabou). Ce
qui explique sa non-exploitation des habitants pour ne pas la désacraliser. C’est ainsi
que pour une durabilité du paysage forestier, la valorisation des savoirs locaux
contribue efficacement à la préservation de la biodiversité.

Mots-clés: Menabe, savoirs locaux, ressource forestière, organisation sociale et


culturelle, conception, représentation.

7
ABSTRACT
The biodiversity is one of the issues that concerns globally. This is the case in
Madagascar. Measures have been adopted to face threats to the environment and new
policies have been put in place to make the environment healthy. This study leads to
an understanding of the role of local knowledge in the management of natural
resources. The aim is to highlight the relationship between man and nature. More
specifically, research consists in analysing threats to natural resources, namely
nature reserves and community heritage.
To do this, surveys based on an interview guide were conducted with five
villages on knowledge and natural resources. Then, we made descents into the forest
to understand the symbolic places, adopting methods of analysis and interpretation
of the corpuses of the rites.
On this basis, the forest resource fulfils multiple functions including ecological,
economic, cultural and social. It has a very important value for the local inhabitants.
It is a shelter for the supreme beings, considered as the true owners of the place, a
place of worship, a place of predilection for the diviner-healer. It is therefore
considered sacred, and has fady (taboo). This explains why it does not exploit the
inhabitants in order not to desecrate it. Thus, for the sustainability of the forest
landscape, the enhancement of local knowledge effectively contributes to the
preservation of biodiversity.

Key-words: Menabe, local knowledge, forest resource, social and cultural


organization, concept, representation.

INTRODUCTION
La biodiversité est l’un des sujets qui préoccupent le monde entier et celle-ci est
due à la dégradation de l’environnement. Des mesures ont été prises, des nouvelles
politiques ont été mises en place pour un environnement sain (PNUE1) face aux
menaces actuelles des réserves et des aires protégées de Madagascar.
Beaucoup de projets de conservation et de protection n’ont pas connu de succès
durable, du fait de la non-considération des intérêts des communautés locales
(Mbayngone E., Thiombiano A., 2010). Ces projets relatifs à l’environnement sont
menés par le gouvernement ainsi que par les organismes et institutions privés. Des
questions se posent depuis l’implantation de divers projets de conservation dans la
zone : Y-a-t-il eu des changements de subjectivité des populations locales ? Que
représentent les zones préservées aux yeux des populations locales ? Quels
changements provoquent ces dispositifs de conservation dans l’utilisation des

1
Programme des Nations unies pour l'environnement
8
ressources naturelles et sur la représentation de ces ressources pour les populations
locales ?
En effet, les populations riveraines ont leur conception des ressources
naturelles. Ces dernières se présentent comme des ressources intarissables léguées
par les ancêtres. Autrement dit, ce sont des patrimoines hérités de leurs ancêtres ainsi
que des biens des êtres suprêmes, qui sont les vrais propriétaires de lieux (Bigira,
2007). De ce fait, les populations ont leur propre définition et leurs propres
répartitions ou de zonages des espaces autour du village, et les définissent par
rapport à leur usage qui dépend bien évidemment de leur représentation. Ce qui nous
permet de comprendre que, malgré les règles et les sanctions en place, les
populations continuent à exercer des activités en relations avec la forêt. Et dans
d’autres territoires, elles ont plus de respect, d’où le non-usage auprès de certains
lieux.
Beaucoup d’études ont été réalisées et révèlent l’endémicité de certaines
espèces, et d’autres sont utilisées dans l’alimentation, sans parler des usages pour la
pharmacopée traditionnelle et dans les rites. Mais très peu d’études se sont
focalisées sur les savoirs locaux et la biodiversité. Pourtant, les savoirs indigènes
tiennent une place dans la protection des couvertures forestières. Notre étude a donc
cherché à saisir la place que tiennent les savoirs locaux dans la gestion des
ressources naturelles. Le but est de mettre en exergue la relation homme/nature. Plus
précisément, la recherche consiste à analyser les menaces qui affectent les ressources
naturelles, à savoirs les réserves naturelles, les patrimoines communautaires

MATERIELS ET METHODES
Zone d’étude
La Région Menabe, située dans la partie Sud-ouest de Madagascar, elle s’étend
sur 46 121 km2. Géographiquement, la région est située entre 20°18’ de latitude sud
et 44°16’ de longitude Est. Elle dispose également d’un littoral qui s’étend sur 350
km de long au large du Canal de Mozambique.
La Région Menabe est subdivisée en 5 districts à savoir : Belo-sur-Tsiribihina,
Mahabo, Manja, Miandrivazo et Morondava, et abrite une aire protégée de Menabe
Antimena, une allée des baobabs, les forêts sèches de Kirindy, une réserve spéciale
d’Andranomena, des lacs qui se situent à Kimanaomby et Bedo et enfin les espaces
de mangroves.
Suivant le tableau synthétique de la Biodiversité de la région Menabe en 2015,
les écosystèmes naturels occupent une superficie de 4 652 058 ha. Sur les 483
espèces floristiques inventoriées, 91,3% sont endémiques, dont 12 endémique de la
Région ; et sur les 278 espèces de vertébrés (marins et terrestres) inventoriées, 54,7%
sont endémiques.
9
Figure 1 : Localisation de la Région Menabe

Plusieurs organismes à savoir, l’ONG Fanamby, la direction régionale de


l’Environnement, de l’Ecologie et des forêts Menabe, le Centre National de
Formation d’Etudes et de Recherche en Environnement et Forestière (CNFEREF), le
Durrell Wildlife Conservation Trust (DWCT), le Madagascar National Parks (MNP),
le World Wide Fund for Nature (WWF), intensifient les actions de sensibilisation et
d’information auprès des aires protégées touchées par la dégradation. Autrement dit,
ces organismes sont en place pour assurer la gestion du patrimoine naturel. A cet
effet, quelques droits d’usages sont accordés aux populations riveraines, à savoirs la
cueillette des feuilles, les racines et les écorces pour la pharmacopée traditionnelle,
la chasse ; mais par contre d’autres usages sont devenus interdits, comme la pratique
de tavy ainsi que les charbons de bois.
Pourtant, la communauté locale a des liens forts avec les ressources naturelles.
Cette communauté traditionnelle et issue de différents groupes ethniques, dont la
majorité est Sakalava. Mais il y a d’autres migrants, qui s’adaptent déjà à la culture
locale, comme les Masikoro, les Mahafaly, les Antandroy et les Betsileo. Dans cette
communauté, il y a une construction culturelle complexe entre la biodiversité et les

10
ressources naturelles, car des conceptions rattachées à des représentations font sens
culturellement et organisent en partie les modes de pensées et d’agir de nombreuses
populations rurales.

Méthodes
Dans cette étude, des enquêtes basées sur un guide d’entretien ont été effectuées
dans les villages et les territoires forestiers, à savoir à Kiboy, Tsitakabasia, Kirindy,
Marofandilia et Lambokely. Ce guide comportait sept (07) points : l’historique du
village, les pratiques agricoles, les règles autour des usages des ressources
forestières, les structures et organisations sociales, l’organisation des organismes de
conservation, la conception des ressources naturelles, les rites et cultes liés aux
ressources naturelles.
Lors de la collecte des données, des observations directes et des enquêtes auprès
des personnes dans les villages, comme les Tangalamena (les détenteurs de pouvoir
traditionnel), les Olombe (les aînés dans le village), les Ombiasa (les devin-
guérisseurs) et les Mpanandro (les astrologues) ainsi que les Fokonolona, c’est-à-dire
les habitants du territoire, ont été réalisées. Durant les descentes, nous avons effectué
des visites dans la forêt pouvoir appréhender les lieux symboliques, en adoptant les
méthodes d’analyses et d’interprétations des corpus des rites. Afin de diversifier les
points de vue, le recours à des informateurs de différentes natures comme les
autorités locales, les membres de la communauté de base ont été privilégiés.

RESULTATS ET DISCUSSIONS
Suite à l’enquête, il été constaté que les populations riveraines entretiennent des
relations avec la ressource forestière. Elle remplit de multiples fonctions comme
écologies, économies, culturelles et sociales (DESCOLA P., 2002).

Les savoirs locaux et les ressources naturelles


Tout d’abord, la notion de « savoirs locaux » est évoquée dans la recherche
scientifique liée à la conservation de l’environnement et de développement depuis
ces derniers temps. C’est principalement au cours des années 1950 que les
anthropologues et les ethnologues américains commence à s’interroger sur les
savoirs locaux (Cormier et Roussel, 2002 ; Lévi-Strauss, 1962). La notion de savoirs
locaux est relative aux savoirs autochtones. Cette notion est liée à la tradition, et est
« ce qui d’un passé persiste dans le présent où elle est transmise et demeure agissante
et acceptée par ceux qui la reçoivent et qui, à leur tour, au fil des générations, la
transmettent » (Bonté, 1992).

11
On peut dire ainsi que les savoirs locaux sont relatifs à trois catégories : tout
d’abord, les savoirs sont culturels puis les savoirs sont liés à la nature et enfin les
savoirs sont liés à une personne du groupe (tangalamena, ombiasa).

Détenteurs des savoirs locaux


Comme dans toutes les communautés traditionnelles, notamment à Madagascar,
les savoirs locaux sont liés à l’accès et au contrôle du pouvoir. Le genre de savoirs
que les gens détiennent dépend de plusieurs facteurs comme l’âge, le sexe, la
fonction sociale, la répartition de travail. Citant :
- Les ombiasa (devin-guérisseur) disposent le savoir lié à la médicine
traditionnelle, au fétiche, ….
- Les tangalamena ou olombe (âgés, doyens) conservent et préservent les
savoirs et sont détenteurs de pouvoirs traditionnels. Ce sont eux en général qui
gèrent les fady (tabous, interdits), ainsi que les terroirs dans des villages.
Bref, les savoirs locaux sont supposés être hérités des ancêtres et valorisés par
les vivants. Ces derniers les transmettent aux générations futures. De ce fait, les
savoirs locaux servent également de références identitaires à une collectivité
(Cormier-Salem et Roussel, 2000). Et dans les sociétés paysannes, le responsable des
terroirs est représenté par les détenteurs de pouvoir traditionnels, c'est-à-dire les
chefs de lignages, fondateur de groupe.

La conception et les usages de savoirs liés à la nature


Les savoirs liés à la représentation et l’utilisation de la nature ont acquis le statut
de composants immatériels de la biodiversité. Par ailleurs, de nombreuses
représentations du monde ont en commun à attribuer le savoir aux hommes, mais
également aux autres êtres de la nature, que ce soient les ancêtres, les esprits, les
plantes ou les animaux.
Les savoirs locaux sont relatifs aux secteurs et stratégies suivantes :
l’agriculture, l’élevage, le médicine traditionnelle, le développement de la
communauté. Ils concernent des domaines extrêmement variés comme l’histoire, la
littérature orale, l’agriculture, l’élevage, la médecine, la botanique, l’utilisation et
gestion des ressources naturelles, etc. (Sophie Lewandowsk, 2006).
Dans le Menabe, les populations locales utilisent la forêt comme un espace de
culture. Les gens pratiquent le hatsaka (culture sur brûlis). De plus, la totalité des
personnes enquêtées dans les cinq villages sont des agriculteurs. Ces derniers
cultivent des riz, des maniocs, des maïs, des patates douces, des arachides et des
lentilles.

12
Photo1 : Lehatsaka à Kiboy.

La cueillette, la chasse, la collecte liée à la pharmacopée


Dans le Menabe, les ressources naturelles se présentent comme des espaces
ouverts, donc de libre accès pour tous. Ainsi, il est possible pour la population
riveraine de s’y livrer aux activités de chasse, de cueillette et de pêche. Ces pratiques
sont réalisées dans les endroits ou les fady et/ou interdits ne se présentent pas.
La pharmacopée est un héritage d’un savoir ancien. Elle donne à la forêt une
importance primordiale dans la mesure où les plantes qui y poussent sont utilisées
pour traiter les maladies de toutes sortes. L’utilisation des plantes 2 nécessite une
connaissance particulière et seules les ombiasa (devins guérisseurs) peuvent les
recommander. La plupart des plantes dans la zone ont des propriétés médicinales
identifiées et interviennent pour prévenir et/ou éliminer un déséquilibre sanitaire.
Cette attitude est matérialisée par l’accomplissement de divers rites et/ou
d’observation de diverses règles de conduite. En fait, les populations locales
disposent d’une bonne connaissance des espaces forestiers. Une connaissance qu’ils
ont héritée de leurs ancêtres.
Les pratiques liées au rituel
Plusieurs sortes de rites ou joro se tiennent dans la forêt, qui est un lieu très
respecté par les populations locales. Ces lieux sont considérés comme des lieux de
culte et/ou de rituel. Ce rite se fait au cœur de la forêt ou à côté des sanctuaires
(doany ou zomba). Les paysans pratiquent les joro pour se réconcilier avec les

2
Les ramy (canarium madagascariensis), ou vintanina (calophyllum paruiflorum) (espèce de Tacamaca),
Rambiazina (helichrysum gymnocephalum), leslanona (weinmanniasp), cunoniacés, valanirana (nuxiasp),…
13
esprits, pour avoir la bénédiction des ancêtres ou encore une bonne récolte. En fait,
la population locale effectue le joro pour tout ce qui est relatif aux esprits, aux
ancêtres, et même à Zanahary. Les paysans pratiquent le joro avant d’entreprendre
des activités, comme le tavy, la chasse et ou la cueillette et la pêche. Les objectifs
des rituels sont les mêmes : assurer une bonne récolte de riz et/ou de la chasse et de
la cueillette, et aussi protéger le paysan et sa famille des maladies (Douglas William
Hume, 2006). Ce rituel est aussi lié à la conception du terroir, car les paysans les
effectuent également dans le but de demander le pardon aux êtres supérieurs (esprits,
ancêtres, vazimba, Zanahary), qui sont les vrais propriétaires des lieux.

Photo 2 : une rituel effectuée dans le zomba dans la forêt de Kirindy.

La forêt, abri des entrées suprêmes


La forêt est un des lieux très respectés. Les populations locales croient
également que les ressources naturelles sont habitées par des génies, des esprits,
qu’ils appellent angadra ou kalanoro ou encore kokolampo et qui sont considérés
comme les véritables propriétaires des lieux (tompontany). Dans le Menabe, ces
esprits ou génies sont des êtres invisibles qui sont matérialisés par la présence de
grands arbres comme les rénalà (grands baobabs) ou les kily (grands tamariniers).
Ces arbres sont ensuite transformés en zomba (sanctuaire). À travers, les cultes ou
les rites se tissent le lien entre le naturel et le surnaturel, entre les hommes et les
ancêtres, et entre la terre et le zanahary (dieu, créateur). Ainsi, la présence des esprits
et/ou génies dans la nature incite les populations locales à avoir des comportements
respectueux envers elle.

14
Ces ressources naturelles tiennent donc une place importante pour les sociétés
qui y sont attachées. Un attachement qui est matérialisé par des échanges, de la
prédation, des dons, de la production, de la transmission (Descola, 2005). De cette
manière, ce patrimoine « naturel » sert de référence à la génération future, et ce dans
leurs activités sociales et culturelles.

Espace social et économique


Dans la société traditionnelle/paysanne, dans la Région du Menabe, la forêt ou
les ressources naturelles sont définies comme un espace de vie, un espace
économique dans lequel les populations locales s’approvisionnent pour leur
subsistance. Les ressources naturelles sont comme un patrimoine que les populations
locales ont hérité de leurs ancêtres et qu’elles pensaient transmettre à leurs
descendants (Condominas, 1977). De plus, elles sont considérées comme un espace
associé aux divinités. Elles sont l’origine d’une institution et/ou d’une coutume.
C’est pour cela que la conception et/ou les représentations relèvent aussi des réalités
anciennes. Elles sont rattachées à des histoires liant la société à son environnement.
Elles constituent en effet une sorte d’institutionnalisation du sacré dans la société, en
liant l’homme à la nature et les hommes entre eux-mêmes.

Espace cultuelle
Le terroir de chaque village étant un espace gagné sur la forêt, les villageois
rendent une culture aux esprits qui y habitent et qui sont considérés comme les vrais
propriétaires de la terre. Cette remarque est importante pour comprendre les enjeux,
que nous développerons dans cette recherche, liée à la conception des ressources
naturelles dans une double dimension profane et sacrée.
La ressource forestière a une valeur très importante pour les locaux. C’est un
endroit des êtres suprêmes, vrais propriétaires du lieu, un lieu de culte, un lieu de
prédilection pour les devin-guérisseurs. Elle est donc considérée comme sacrée, et
ayant des fady (tabou).
La non-exploitation par les habitants est faite pour ne pas désacraliser ces lieux,
étant donné que les membres ou les groupes lignagers ont des liens forts et surtout du
respect envers les esprits du territoire et des ressources forestières. Plus précisément,
les habitants ont l’obligation de se conformer aux spécifiques du territoire, de
respecter les fady. Ainsi, les migrants sont contraints de respecter les conditions
d’usage.
La biodiversité dans la Menabe a une valeur symbolique. Une valeur due à la
présence des esprits et des endroits sacrés. Cette représentation symbolique amène
les populations locales à avoir des respects envers cette ressource. Ainsi, des
15
pratiques religieuses découlent de cette conception. Les esprits ont un pouvoir envers
les populations locales. Ces pratiques cérémonielles traditionnelles renforcent la
sacralité des lieux et aussi les croyances. Cette conception de la nature pour les
paysans dans la zone place la nature dans le « sacré ».
Le respect de certains espaces particuliers pour leur valeur sacrée apparaît par
contre éminemment relatif. Il n’empêche pas les défrichements et les exploitations
des ressources naturelles et, derrière le sacré, d’autres facteurs permettent
d’expliquer la conservation de la forêt pour certains lieux.
Les savoirs autochtones-locaux sont en train de devenir un enjeu majeur dans
les programmes liés à la conservation de la biodiversité (Agrawal, 2002). Sur ce,
chaque société définit des règles concernant son milieu naturel et les rapports qu’elle
entretient avec lui. La maîtrise de l’espace et de l’environnement renvoie à des
conceptions autochtones liées à des représentations symboliques et les actes de la vie
individuelle ou communautaire y font implicitement référence. Dans ces zones, la
société et la biodiversité sont en relation étroite tant du point de vue économique de
subsistance que du point de vue religieux.

CONCLUSION
Notre étude sur les savoirs locaux et la conservation de la biodiversité a révélé,
que les ressources naturelles sont une ressource incontournable et inestimable pour
les populations locales. Le Menabe représente un grand-espace ouvert, riche en
ressource naturelle et socio-culturelle, à travers les rapports que ses habitants ont
tissés avec cet environnement. Malgré l’évolution enregistrée dans tous les
domaines, la société paysanne conserve son identité traditionnelle, laquelle est
rattachée à la forêt. Elle représente un espace social, un espace économique et socio-
culturel pour la communauté villageoise.
Le territoire naturel est déterminé selon les usages que ce soit économique ou
rituel de la communauté villageoise. Ainsi, les populations locales définissent leur
territoire à travers leurs activités économiques et culturelles. Leur terroir est
composé des rizières, des espaces de tavy, des espaces forestiers dits naturels, des
espaces dédiés à l’habitat ainsi que des espaces dits sacrés.
Notons que les ressources naturelles sont perçues par les populations locales
comme un bien commun à usages multiples. Tous les membres de la communauté
villageoise ou la population locale est responsable de la gestion, de l’utilisation, de la
protection et de la surveillance des ressources naturelles et de leurs produits sur le
terroir villageois. Aussi, la population peut participer à la protection et/ou à la
gestion des ressources naturelles.

16
La communauté est également structurée du point de vue social et aussi
politique. La maîtrise de cette organisation est due à l’existence du pouvoir
administratif (chef Fokontany) et du pouvoir villageois/traditionnel (le tangalamena).
Malgré ses limites, cette étude a permis de mieux saisir la réalité et le
fonctionnement de la société malgache à travers l’exemple de Menabe. Elle a surtout
permis d’apprécier les relations, les représentations et les pratiques qui permettent de
mettre en évidence la portée de la ressource naturelle dans sa dimension profane et
sacrée. En outre, pour une durabilité du paysage forestier, la valorisation des savoirs
locaux contribue efficacement à la préservation de la biodiversité. Ces savoirs
endogènes constituent un dispositif de conservation répondant à l’attente de la
population locale. Ainsi, l’implication des savoirs locaux dans les stratégies et
programmes est très intéressante, et d’ailleurs à moindre coût.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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l’environnement au Kumâon, Inde », in Revue Anthropologie et Sociétés, Vol 29,
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agraires à Madagascar. Les dynamiques des tavy sur la côte orientale. Repères.
Cirad, cite, Fofifa, Montpellier, Antananarivo, 210p
4) BIGIRA S. (2007). Les forêts du bassin du Congo entre une patrimonialisation
commune souhaitée et les nécessités locales de développement, mémoire de DEA
d’Anthropologie juridique, en Théorie du droit à l’Académie Européenne de
Théorie du droit BLANC-PAMARD C.(1986).« Dialoguer avec le paysage ou
comment l’espace écologique est vu et pratiqué par les communautés rurales des
Hautes Terres malgaches » in Chatelin Y et Riou G (eds.), Milieux et Paysages,
Paris, Masson, pp. 17-35.
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et MondeInsulindien, vol. 8, n° 2, Paris ed
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la direction de) la Culture, De l’Universel au Particulier, pp 151-159, Auxerre, ed
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7) DESCOLA P. (2005). Par-delà nature et culture, Gallimard, Paris

17
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Menabe. In Milieux et sociétés dans le sud-ouest de Madagascar, coll. Iles des
Archipels n°23, pp.7-26
9) GOEDEFROIT Sophie. (1997). La société Sakalava du Menabe : approche
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Sorbonne Panthéon Paris 1, 522 p. multigr. Thèse de Doctorat, Université de Paris
1- Panthéon Sorbonne 1988/11/23.
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et la « science des citoyens » en Afrique de l'Ouest et dans les Caraïbes », Revue
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12) LEWANDOWSKI S.(2007). Le savoir pluriel, École, formation et savoirs locaux
dans la société gourmantché au Burkina Faso, Centre d’études africaines
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par l’exploitation des ressources végétales : cas de la réserve partielle de faune de
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14) OTTINO P. (1963). Les économies paysannes malgaches du Bas de Mangoky,
Paris, edberger-levrault
15) Profil Environnemental. PNUE. 2006.

18
IMPACT DES ACTIONS ANTHROPIQUES SUR LA DYNAMIQUE
HYDROMORPHOLOGIQUE DU FLEUVE MANINGORY

par

SOLOMANANAEstin Pascal(1), RAKOTOMAVO Andriamparany(1),


RANDRIAMINAHY Mbolamanana Ziva(2)

(1) Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable (ISEDD – Université de Toamasina)
(2) Chercheur-Enseignant au sein du Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza (PBZT)

RESUME

D’une longueur de 220 km, le fleuve Maningory, un des cours d’eau du versant
Est Malgache, qui draine le District de Vavatenina où se concentrent un certain
nombre d’actions anthropiques telles qu’aménagement hydroagricole et
défrichement de la végétation au niveau des bassins versants. L’objectif de cette
étude est de mettre en évidence l’impact des actions anthropiques sur la dynamique
hydromorphologique du Maningory. 75% des agriculteurs et forestiers opérant dans
les bassins versants d’Anjahambe ont été enquêtés dans le but de disposer des
informations sur les activités humaines pesant sur le fleuve. Ces enquêtes ont été
complétées avec des traitements d’images publiques Google Earth de différentes
dates (2010 et 2017), permettant de cartographier l’évolution spatio-temporelle de
l’état d’occupation spatiale des bassins versants et du cours d’eau. Des analyses
physico-chimiques de l’eau ont été faites au laboratoire pour connaître la contenance
en matière en suspension de l’eau du fleuve ainsi que de sa qualité physico-
chimique. Les lits mineurs du fleuve varient de 70 à 96 m de largeurs. De l’amont
vers l’aval, le taux des matières en suspension observées ainsi que les paramètres
physico-chimiques indicateurs de pollution tels que le nitrate et le phosphate
augmentent progressivement et de manière significative, allant du simple au triple.
Les actions anthropiques en amont et aux alentours du Maningory constituent un
facteur de dégradation de cet écosystème aquatique. Les efforts doivent ainsi être
concentrés sur la restauration écologique des bassins qui le surplombent. Des
zonages spatiaux, incluant des périmètres de protection et des techniques de
restauration agro-écologique durable sont préconisés pour une meilleure
conservation du Maningory. D’où l’intérêt de l’étude dont les résultats constituent un
outil de prise de décision en matière d’aménagement et de gestion durable du fleuve
Maningory et ses bassins périphériques.
19
Mots-clés: Actions anthropiques, Hydromorphologie, fleuve Maningory,
Vavatenina, analyse physico-chimique.

ABSTRACT
220 km long, the Maningory River, one of the East malagasy slope waterways,
drains the Vavatenina District where a certain number of anthropogenic actions are
concentrated such as hydro-agricultural development and clearing of the vegetation
at the watershed level. The objective of this communication is to highlight the
impact of anthropogenic actions on the hydro morphological dynamics of
Maningory. 75% of farmers and foresters operating in Anjahambe watersheds were
surveyed in order to obtain information on human activities affecting the river. These
surveys were supplemented with Google Earth public image processing of different
dates (2010 and 2017), making it possible to map the spatio-temporal evolution of
the state of spatial occupation of the watersheds and the watercourse.Physico-
chemical analyzes of the water were made in the laboratory to determine the
suspended matter content of the river water as well as its physicochemical quality.
The minor beds of the river vary from 70 to 96 m wide. From upstream to
downstream, the rate of suspended solids observed and the physicochemical
indicators of pollution such as nitrate and phosphate increase gradually and
significantly, ranging from one to threefold. In other words, anthropogenic actions
upstream and around the Maningory are a factor of degradation of this aquatic
ecosystem. Efforts must be focused on the ecological restoration of the basins
overlooking it. Spatial zonings, including perimeters of protection and sustainable
agro-ecological restoration techniques are recommended for a better conservation of
Maningory. Hence the interest of the study, the results of which constitute a
decision-making tool for the sustainable development and management of the
Maningory River and its peripheral basins.

Key-words: Anthropogenic actions, Hydro morphology, Maningory River,


Vavatenina, physico-chemical analysis.

20
INTRODUCTION

D’une longueur de 220 km, le fleuve Maningory, un des cours d’eau du versant
Est malgache qui draine le District de Vavatenina où se concentrent un certain
nombre d’actions anthropiques telles qu’aménagement hydro-agricole et
défrichement de la végétation au niveau des bassins versants. On ignore jusqu’ici
quels sont les impacts de cette présence humaine sur le fleuve, vu que la raison
d’être et la survie des riverains en dépendent. La présente communication consiste en
la mise en relation entre les activités humaines entreprises au niveau et aux alentours
de ce cours d’eau, d’une part, et sa dynamique fluviale en termes morphologique,
physico-chimique et de régime, d’autre part. Son objectif est de mettre en évidence
l’impact des actions anthropiques sur la dynamique hydro-morphologique du
Maningory. Elle part d’une hypothèse selon laquelle les activités anthropiques en
amont et aux alentours du fleuve Maningory sont les facteurs de dégradation du
fleuve. L’article aborde ainsi les principales caractéristiques physico-chimiques du
Maningory avant de faire les liens entre quelques indicateurs de dégradation des
bassins versants environnants et l’eau du fleuve. Les discussions y afférentes
débouchent sur quelques pistes de préservation de la ressource en eau de la zone.

MATERIELS ET METHODES

Zone d’étude
La zone d’étude se trouve à cheval entre les deux Districts de Vavatenina et de
Fénérive-Est. Le fleuve Maningory et ses bassins versants périphériques objet de
l’étude sont rattachés aux communes rurales d’Anjahambe (17°22’43.3’’ S et
049°08’28.9’’E) et d’Ampasina Maningory (17°13’09’’ S et 49°24’28’’E) (figure 1).

Figure 1 : Localisation de la zone d’étude

21
Méthodes

Outre l’utilisation d’images publiques Google Earth de 2010 et 2017, des


enquêtes semi-structurées sur l’utilisation paysanne des bassins périphériques ont été
menées auprès de 120 villageois riverains du fleuve Maningory. Les résultats de ces
enquêtes ont été couplés avec ceux des travaux cartographiques ; cet exercice
consiste en une analyse diachronique de l’évolution spatio-temporelle de
l’occupation du sol des bassins. Les mensurations directes réalisées au niveau du
fleuve ont permis d’avoir des données physiques de base de celui-ci, à savoir son
dimensionnement en termes de profondeur, largeur des lits mineur et majeur.
L’utilisation d’appareil de mesure hydrologique portatif a permis de faire des
mesures in situ du taux de matières en suspension, de la température, du pH et de la
turbidité de l’eau. Des prélèvements d’eau ont également été effectués au laboratoire
en vue d’analyse des substances chimiques dissoutes telles que le nitrate, le
phosphore, le chlore, le sodium et le calcium (Fischeninch, 2003).

RESULTATS

Un fleuve assez profond évoluant dans des vallées étroites facilement inondables
Avec une dizaine à une quinzaine de mètres de profondeur, le fleuve Maningory
est un cours d’eau assez profond dont le lit majeur s’étend sur 27-28 m. Les débits
du fleuve tournent autour de 328 à 480 m3/s en période normale, contre 670 à 1060
m3/s durant les fortes pluies cycloniques de janvier à février. (Tableau 1).
Tableau 1 : Caractéristiques dendrométriques du fleuve Maningory

ANJAHAMBE AMPASINA
(Amont) (Aval)

Lit mineur 82 m 96 m

Lit majeur 27 m 28 m

Profondeur 11 m 15,5 m

Débit m3/s 328-670 480-1060

22
La figure 2 montre deux types morphologiques du Maningory : méandriforme
au niveau du village Tsontsona, avec un indice de sinuosité de 12,1 km / 5,51 km =
2,16 ; et anastomose au niveau d’Ampasina où il forme un îlot de 1 km de long et
216 m de large environ.
Le rapport spatial entre les bas-fonds alluviaux et l’ensemble des bassins
versants environnants du Maningory est faible, avec un ratio inférieur à 1/10,
montrant l’étroitesse des vallons et la vulnérabilité de ces derniers en termes
d’inondation en période cyclonique.

Figure 2 : Les deux principales formes du fleuve Maningory au niveau de Tsontsona


et d’Ampasina(à gauche : méandre ; à droite : anastomose) (Source des
images : Google Earth, 2017)

Une eau assez chargée en matières en suspension et en substances indicatrices


de dégradation des bassins environnants
Les tableaux 2 et 3 montrent que de l’Amont vers l’Aval du fleuve, tous les
paramètres chimiques tels que calcium, chlorure, nitrate phosphate et sodium
augmentent significativement, avec des coefficients allant de 1,2 à 3,6. Il en est de
même pour les paramètres physiques tels que la contenance en matières en
suspension, laquelle a presque doublé en Aval du cours d’eau, alors que sa turbidité
diminue de 3,8 points.
Tableau 2 : Quelques matières et substances contenues dans l’eau du Maningory

ANJAHAMBE AMPASINA
(Amont) (Aval)
Calcium (mg/l) 0,47 1,03
Chlorure (mg/l) 10,43 37,1
Nitrate (mg/l) 54,9 79,21
Phosphate (mg/l) 38,6 53,7

23
Sodium (mg/l) 34,6 41,3
Matière En Suspension (g/l) 31,8 67,2

Tableau 3 : Caractéristiques physiques de l’eau du Maningory

ANJAHAMBE AMPASINA
(Amont) (Aval)
Température (°C) 27 27,6
pH 7,6 7,3
Turbidité (NTU) 27,3 23,1
Conductivité (µS/cm) 59,7 124,2

DISCUSSIONS

De l’amont vers l’aval du fleuve Maningory, la concentration en substances


dissoutes et en matières en suspension augmente. Ce phénomène est lié aux effets
cumulés des actions anthropiques qui se font au niveau des bassins versants
environnants (ONE, 2008). Les matières en suspension observées en Aval (67,2 g/l)
sont entre autres liées à l’érosion des flancs des collines transformés en champs
agricoles. Les feux de végétation pratiqués en amont (figure 3) ne font qu’accélérer
le processus de sédimentation en aval ; ils contribuent à la dénudation des collines
périphériques et à la montée rapide des eaux du fleuve en cas de forte pluie
(Bravardet al., 2000).

Figure 3 : Feu de végétation et phénomène d’érosion en amont du Maningory

24
Les nitrates et phosphates qui augmentent significativement de l'amont vers
l’aval, sont liés à la décomposition des matières organiques terrestres et aquatiques,
sous l’effet de l’homme et des conditions climatiques. Cela a une influence sur la
montée de la turbidité et de la conductivité en Aval (Forst, 2000). Par effet de
contamination, l’eau du Maningory devient salée au fur et à mesure que le fleuve
s’approche de la mer.

CONCLUSION

Les actions anthropiques en amont et aux alentours du Maningory constituent


un facteur de dégradation de cet écosystème aquatique. Les efforts doivent ainsi être
concentrés sur la restauration écologique des bassins qui le surplombent. Des
zonages spatiaux, incluant des périmètres de protection et des techniques de
restauration agro-écologique durables sont préconisés pour une meilleure
conservation du Maningory. Les résultats obtenus constituent un outil de prise de
décision en matière d’aménagement et de gestion durables du fleuve et ses bassins
périphériques.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Bravard J.P. et Petit F.. (2000). Les cours d'eau, Dynamique du système fluvial.
Armand Colin, Paris, 222 p.
2) Fischeninch J.C. (2003). Technical Consideration for Evaluating
Riverine/Riparian Restoration Projects, Env. Laboratory. US Army Engineer
Research Center. 32p.
3) ForstC. (2010). La restauration des cours d’eau, Recueil d’experiences sur
l’hydromorphologie.
4) ONE (2008). Rapport de synthèse sur l’état de l’environnement de la Région
Analanjirofo. ONE/MO/DOC/38/RSEE/JFO. 39 p.

25
26
GENOMIC INVESTIGATION OF THE ANCESTRY PROPORTION
OF SIX MALAGASY ETHNIC GROUPS

par

RAKOTOARIVONYRindra(1), SPIRALGermain Jules(1),


RAVELONJANAHARYSoanorolalao(1), RANAIVOARISOAJean Freddy(1),
HODGSONJason A.(2), RACIMOFernando(3), PERRYGeorge H.(4)

(1) Mention Anthropobiology and Sustainable Development, Doctoral school Life and Environmental Sciences,
Faculty of Sciences, University of Antananarivo, Antananarivo 101, Madagascar
(2) The Old Schools, University of Cambridge, Trinity Ln, Cambridge CB2 1TN, United Kingdom
(3) Centre for GeoGenetics, University of Copenhagen, øster Voldgade 5-7, DK-1350 Copenhagen, Denmark
(4) Departments of Anthropology and Biology, The Pennsylvania State University, University Park, PA 16802,
United States of America

ABSTRACT
The Malagasy population has a complex history with the African, the
Austronesians, the Arabs, the Jews, the Chinese and Europeans. However, their
contribution as ancestors in the admixture needs more understanding. In this study,
we will give an overview of the Malagasy genetic data and we will use population
genomic analyses to estimate the proportions of Malagasy ancestry. Thus, we
collected saliva samples from the Antakarana, the Betsileo, the Betsimisaraka, the
Merina, the Sakalava and the Tsimihety. Then we analyzed the data with King 1.9,
PLINK 1.9, ADMIXTURE 1.3 and R 3.4.2. The PCA demonstrated that the
Malagasy is an intermediate group between the sub-Saharan African and the
Southeast Asian groups. In addition, the Merina showed two sub-groups: the
Merina_A much Asian and the Merina_B much African. About the admixture level,
the African proportion is about 33.7% to 68.7%, the Austronesian is 31.2% to
66.2%, the East Asian has a maximum of 6.9% in the Merina_A and the rest of the
refence populations gives the 4.2% to 9.3%. Though, the African and Southeast
Asian ancestry are already known, the East asian one need more investigation.

Key-words : Malagasy, genetic, proportion, ancestry

27
RESUME
La population malgache a une histoire complexe avec les Africains, les
Austronésiens, les Arabes, les Juifs, les Chinois et les Européens. Cependant, leur
contribution en tant qu'ancêtres dans le mélange génétique nécessite davantage de
compréhension. Dans cette étude, nous donnerons un aperçu des données génétiques
malgaches et nous utiliserons des analyses génomiques de population pour estimer
les proportions d’ascendance malgache. Ainsi, nous avons recueilli des échantillons
de salive des Antakarana, Betsileo, Betsimisaraka, Merina, Sakalava et Tsimihety.
Nous avons ensuite analysé les données avec King 1.9, PLINK 1.9, ADMIXTURE
1.3 et R 3.4.2. L’ACP a démontré que les Malgaches constituent un groupe
intermédiaire entre les groupes de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie du Sud-Est.
De plus, les Merina ont montré deux sous-groupes: les Merina_A beaucoup plus
asiatiques et les Merina_B beaucoup plus africains. Pour ce qui est du mélange
génétique, la proportion africaine est d’environ 33,7% à 68,7%, la proportion
d’Austronésien de 31,2% à 66,2%, celle de l’Asie de l’Est avec un maximum de
6,9% dans la population de Merina_A et le reste des populations de référence de
4,2% à 9,3%. %. Bien que l’ascendance africaine et de l’Asie du Sud-Est soit déjà
connue, l’Asie de l’Est a besoin de plus d’investigation.

Mots-clés : Malgache, génétique, proportion, ancêtre

INTRODUCTION
The people of Madagascar derive from several populations across the Indian
Ocean world. There were the Africans who crossed the Mozambique Channel, also
the Austronesians who have moved from southeastern China (Allibert, 2008), the
Arabs who left North Africa and the Middle East to arrive at North-West and
Southeast, the Chinese and some Europeans bypassed Africa and arrive in
Madagascar. However, (Pierron, et al., 2014), (Pierron, et al., 2017) and (Hodgson,
2016) gave various ancestry proportions so that we do not know exactly the
proportions of ancestry that each of these progenitor populations left in Malagasy
DNA, and how these proportions vary among Malagasy ethnic groups. In this study,
we fill several major gaps in our understanding of Malagasy population history.
Hence, we will give a short overview of the Malagasy genetic data and use
population genomic analyses to estimate the proportions of Malagasy ancestry.

28
MATERIAL AND METHODS

Participants
We collected saliva samples from
individuals older than 18, who were
healthy, capable of taking decision,
sober, without tobacco in the mouth
and who were unrelated to other
participants.
They were :
29 Antakarana,
40 Betsileo,
40 Betsimisaraka,
40 Merina,
29 Sakalava,
22 Tsimihety.
Sampling
In 2015, we used an explained
consent form approved by the Human
Subjects’Ethics Committees of the
Health Ministry of Madagascar
number 38-MSANP/CE. We collected
the saliva samples using Oragene-
Discover OGR-500 kit.

Figure 1 :Sampling site (BNGRC 2011, FTM)

Data processing
We combined our Malagasy data and the hunter-gatherer (Perry, et al., 2014)
Uganda datasets. Then we merged this combined data to a panel from Austronesian
with individuals in Borneo (Pierron, et al., 2014), the Human Genome Diversity
Panel (Li, et al., 2008) with various groups of African, Arabic, European and
Chinese.
We removed individuals that could be present in more than one dataset (pi_hat
> 0.95), as well as relatives up to 3rd degree using King v1.9 (Manichaikul, et al.,
2010). We performed LD pruning in PLINK v1.9 (Chang, et al., 2015). These left us
with a total of 129,339 autosomal SNPs and 1,840 individuals, 140 of which were
from Madagascar. To investigate Malagasy ancestry, we performed a principal
component analysis (PCA) of the merged dataset using PLINK 1.9 and
29
ADMIXTURE 1.23 (Alexander, Novembre, & Lange, 2013) analysis, which is a
model- based non-hierarchical clustering method that infers K ancestral clusters by
attempting to maximise Hardy Weinberg and linkage equilibrium. This method
assigns a proportion of each genome to each of the K clusters, and therefore provides
an estimate of individual ancestry. For all analyses, the reference populations are the
Mbuti_Pygmy, the Batwa, the Biaka_Pygmy, the Bantu, the Yoruba, the Bakiga, the
Druze, the Bedouin, the Palestinian, the French, the Adygei, the Brahui, the Balochi,
the Kalash, the Han, the Austronesian of Borneo and the Papuan.
We ran analyses for K=2 and K=12. For each K, we calculated the mean
proportions of each component. Then we ploted with R 3.4.2 (R-Development-Core-
Team, 2011) with ggplot2 (Wickham, 2009) package.

RESULTS
Principal components analysis
Figure 2 shows the PCA for all individuals in the merged dataset. The PC1 axis
separates the African and the non-African populations and the PC2 shows
populations that are much similar and not to the Malagasy groups. There is high
variation in the Malagasy, some subpopulations are particularly close to Africans,
while others are closer to non-Africans. Also, we can see that the Merina can be
roughly grouped into two highly differentiated clusters: one that is closest to Non-
Africans (Merina_A) and one that is closest to Africans (Merina_B).

Figure 2 : Genetic map of Malagasy and non-Malagasy group

30
Admixture analysis
When we ran the admixture analyses, at K=2, two clusters are showed in
diagonal pattern and black color. These clusters seem to be the african and the non-
african side. For all malagasy groups, the african side represents 68.7% in the
Antakarana, 50.3 % in the Betsileo, 62.6% in the Betsimisaraka, 33.7% in the
Merina_A, 58% in the Merina_B, 64.3% in the Sakalava and 62.1% in the
Tsimihety. At K=12, the irregular lines pattern part has the second highest
proportion in the population of Borneo. Its proportion is 29% in the Antakarana,
54.3% in the Betsileo, 39.8% in the Betsimisaraka, 69.9% in the Merina_A, 44.5%
in the Merina_B, 35.7% in the Sakalava and 38.8% in the Tsimihety. This
component shows an important proportion among the Malagasy groups. A circle
lines pattern component is also remarkable. Indeed, the proportion is 2.1% in the
Betsileo, 6.9% in the Merina_A and 1.4% in the Merina_B. This frequency is lower
in the other groups and almost absent in the Antakarana and the Betsimisaraka. This
supposes that it may belong to the East-Asian populations. The Figure3 B confirmed
that the dot pattern component belongs to the Bantu and the Yoruba. Its percentage is
60.9% for the Antakarana, 40.1% for the Betsileo, 54.3% for the Betsimisaraka,
20.4% for the Merina_A, 49.9% for the Merina_B, 56.7% for the Sakalava and 54%
for the Tsimihety. The lightest gray scale color that is found mostly in the Middle
Eastern groups is barely present in the Malagasy groups as like as the dark gray color
that is dominant in the Kalash.

Figure 3 : Genetic structure of six Malagasy populations. (A) Admixture involving


African vs non-african ancestry. (B) Admixture involving twelve putative ancestors

31
DISCUSSION
In PCA analysis, the Malagasy is located between the African and the East
Asian groups. (Brucato, et al., 2018) found the same where the Africans and
Austronesians are in both side of their Malagasy groups. The hypothesis that
Malagasy have African and Austronesian ancestors seems to be verified. In the
variability of the Merina ethnic group, if this work speaks about two distinct
subgroups, the work of (Spiral, 1983) speaks rather of caste. Indeed, the present case
coincides with the existence of two different social classes during the time of the
kingdoms.
For the admixture analysis, at K=2, the African proportion of highland
populations is relatively lower than that of populations living on the coast of
Madagascar as intended by (Hodgson, 2016). However, this study showed a higher
percentage of African ancestors among coastal groups (62.1% to 68.7% vs 62% to
65%). While in the highland groups, it is 33.7% to 58% vs 47%. Also, if (Hurles,
Sykes, Jobling, & Forster, 2005) (Tofanelli, et al., 2009) found almost equal
proportions of African and Austronesian ancestors among the highland ethnic
groups, our study presents that the difference exists. This variability made it possible
to distinguish the Merina_A and the Merina_B. At K=12, the Malagasy genome is
composed mainly of African and Austronesian genes. Even if there are variations
according to the considered geographical area, this result is similar to the result of
(Pierron, et al., 2017) when they used the IBD methods that ended at the same
conclusion. And also confirm those evoked by (Spiral, 1983) when studying the
erythrocyte groups of Antaisaka and Antaimoro. The Merina_A have in their DNA,
a remarkable East Asian component. The presence of the Chinese in the older times
in the highlands would be possible unless a genetic link exists between the
Austronesians and the Chinese. Indeed, (Beaujard, 2003) adds that because it has
been suggested that different sources of populations participate in the colonization of
different regions of Madagascar. If by that, Chinese travelers or merchants could
have stopped in the highlands to settle and may be the ancestors of Asian population
who are currently in the East coast of Madagascar. Or, if that genetic mixture
existed before the Austronesian migration to Madagascar. This last hypothesis is
supported by (Sagart, 1993) by affirming the existence of the link through the
language study.

32
CONCLUSION
The Malagasy populations show an internal genetic variation by the presence of
coastal and highland groups and also by having the two subgroups of Merina. That
variation depends generaly on the genetic similarity with the african and the asian
populations. The Malagasy demonstrates two major origins such as one side African
and one side Austronesian. The African proportion ranges from 33.7% to 68.7% and
the Austronesian proportion is between 31.2% to 66.2%. Most of these extreme
values are found in the Antakarana and the Merina_A, with the former having
predominantly African, and the latter having predominantly Asian ancestry. The
biggest African part of the Malagasy genome seems to come from the Yoruba and
the Bantu and the asian part comes from the Austronesian around Borneo. Also,
there remains no evidence to support any Middle Eastern ancestry in the Malagasy,
though this will remain a question that can only be resolved with wider sampling of
Malagasy ethnic groups. An East asian component from China (Han) is barely
present in all the Malagasy but is very important in the determination of the history
of the history of the Malagasy.
In fact, we need to add more Malagasy ethnic samples and go further in the data
analysis. That is to increase the number of reference populations and the number of
the genetic sites to get more precised proportions.

ACKNOWLEDGMENTS : We thank all the people involved in the project:


Ministries, Universities, assistants and participants.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Manual.
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Cultural Anthropology. Diogenes, 218(55), 7-16. Doi : 10.1177/0392192108090
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34
EVALUATION ECONOMIQUE DE L’EAU
POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE, CAS DE NOSY BE

par

RAKOTOJAOFENOMalala Onisoa(1)

(1) Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le Développement Madagascar (C3EDM),


Domaine Sciences de la Société, Mention Economie, Université d’Antananarivo - Madagascar

RESUME

Le développement durable consiste à maintenir les capacités de l’écosystème à


fournir des biens et services environnementaux. De ce fait, le capital naturel doit être
maintenu intact. Pour atteindre cet objectif, il faut considérer le fait que la richesse
d’une nation ne s’arrête pas à son produit intérieur brut mais aussi que
l’environnement en fait partie. D’où, il est nécessaire d’effectuer une évaluation
économique pour scruter la richesse environnementale d’un territoire. A
Madagascar, il existe une lacune dans l’évaluation économique du capital naturel tel
que l’eau alors qu’elle regorge d’une importante ressource en eau. Cet article se
donne donc pour objectif de réaliser une évaluation économique des ressources en
eau avec le cas de Nosy Be. La méthodologie adoptée est partie de la notion de la
Valeur Economique Totale ou VET. La VET comprend la valeur d’usage, à savoir
tout ce qui est relatif à la consommation directe ou indirecte du bien ou service
environnemental issu de l’infrastructure écologique concernée ; et la valeur de non-
usage, valeur que les individus dérivent des ressources naturelles, sans avoir à les
consommer ou utiliser, directement ou indirectement. Puisque dans notre cas,
seulement les valeurs d’usage ont été considérées, nous avons opté pour la méthode
de préférence révélée. En somme selon les résultats obtenus, les évaluations
monétaires permettent de faire état de la richesse du pays en capital naturel tel que
l’eau. Nous savons donc quelles stratégies on doit adopter pour mettre en place des
mesures de gestion durable.

Mots-clés: Evaluation économique, eau, capital naturel, développement durable,


Nosy Be, Valeur Economique Totale.

35
ABSTRACT
Sustainable development is about maintaining the ecosystem's ability to provide
environmental goods and services. As a result, natural capital must be kept intact. To
achieve this goal, we must consider the fact that the wealth of a nation does not stay
at its gross domestic product but also consider the environment in part. Hence, it is
necessary to carry out an economic evaluation to inspect the environmental wealth of
a territory. In Madagascar, there is a gap in the economic valuation of natural capital
such as water while an imperative water resource exists. This article therefore aims
to carry out an economic evaluation of water resources with the case of Nosy Be.
The methodology adopted is part of the concept of Total Economic Value or TEV.
TEV includes use value, related to the direct or indirect consumption of the
environmental good or service resulting from the ecological infrastructure
concerned; and non-use value, a value that individuals derive from natural resources.
In our case, only the use values were considered, we opted for the revealed
preference method of environmental evaluation. In sum, according to the results
obtained, the monetary evaluations make it possible to state the wealth of the country
in natural capital such as water. We therefore know what strategies need to be
adopted to put in place sustainable management measures.

Key-words: Economic valuation, water, natural capital, sustainable development,


Nosy Be, Total Economic Value.

INTRODUCTION
Le principal objectif du développement consiste à satisfaire les besoins de l’être
humain. Cependant, les besoins de l’homme sont illimités et pourtant les ressources
pour pouvoir satisfaire ces besoins sont rares. L’économie consiste à répartir avec
justice ces biens rares dans le but de maximiser la satisfaction de chaque individu.
Depuis quelques décennies, l’humanité commençait à se rendre compte que l’eau
figure parmi ces ressources rares. En outre, il semble que la pauvreté ou la richesse
d’un pays est en corrélation avec les ressources en eau (Baechler L., 2012). Pour
Madagascar, l’économie nationale est fortement tributaire du capital naturel. A part
un taux d’endémicité élevé de la biodiversité, Madagascar possède d’abondantes
ressources en eau mais ce dernier n’a pas été mis en valeur. La problématique réside
donc sur la prise en compte et la valorisation de cette ressource. Sur ce, il faut
prendre en compte le fait que la richesse d’une nation ne s’arrête pas à son produit
intérieur brut mais considérer aussi que l’environnement fait partie de cette richesse.
D’où l’objectif de la présente étude repose sur l’attribution de valeur monétaire à ce
capital naturel. Il s’avère essentiel de faire une évaluation économique pour

36
considérer la richesse environnementale d’un territoire. Dans cette étude, le cas des
services eaux de Nosy Be a été considéré.

MATERIEL ET METHODES

Le Millenium Ecosystems Assessment a démontré que la nature procure à la


société divers services essentiels à notre survie, tels que la préservation de la
biodiversité, l’approvisionnement en eau, la stabilisation du climat (MEA3, 2005).
On considère que l’économie et l’environnement sont indissociables (SEEA 4, 2012).
Pour pouvoir parler du capital environnemental au même titre que les autres types de
capital, l’outil très fréquemment utilisé ces dernières années est l’évaluation
monétaire des services écosystémiques.
À la fin des années 1990, plusieurs écologistes et économistes ont uni leurs
efforts afin de déterminer la valeur des services rendus par la nature (Pagiola et al.,
2005 ; Platais et al., 2007). Il existe, d’après l’OCDE (2002), trois méthodes
principales d’évaluation :
- celle basée sur la valeur marchande : méthode de la valeur marchande
observée et des biens connexes, évaluations monétaire des effets physiques ;
- celle basée sur la préférence révélée: méthodes des coûts de déplacement,
méthode des prix hédonistes, méthode basée sur les comportements d’évitement et
des dépenses de protection ;
- celle basée sur les préférences exprimées ou déclarées.
Pour le cas de Nosy Be, la méthodologie adoptée est partie de la notion de
valeur économique totale ou VET. La VET comprend la valeur d’usage, et la valeur
de non-usage. La valeur d’usage correspond la valeur relative à la consommation
directe ou indirecte du bien ou service environnemental tandis que la valeur de non
usage sera obtenue par la mise en place d’un marché fictif. La détermination de ces
valeurs s’exécute par différentes techniques. Dans notre cas, on a opté pour la valeur
marchande. Cette méthode est utilisée si le bien et service environnemental qu’on
cherche à évaluer peut être associé à un bien qui se trouve sur le marché. Elle
consiste à faire une observation des comportements des individus qui consomment
ce bien. Pour avoir cette valeur, il faut cependant qu’il y ait un contexte de marché.
Puisque dans notre cas, seulement les valeurs d’usage ont été considérées, nous
avons opté pour la méthode de préférence révélée. Cette méthode est utilisée si le
bien et service environnemental qu’on cherche à évaluer peut être associé à un bien

3
Millennium Ecosystem Assessment
4
System of Environmental-Economic Accounting
37
qui se trouve sur le marché. On a observé alors les comportements des individus qui
consomment ce bien. Nous sommes toutefois partis des comptes biophysiques
précédemment construits, et pour le calcul de VET, une soixantaine d’individus ont
été enquêtés sur le terrain.

RESULTATS

Le tableau ci-après montre les principaux résultats une fois que nous avons
obtenu des valeurs identifiées sur le marché:
Tableau I : Compte monétaire des ressources en eau de Nosy Be

Coûts m3 Valeur 2016


Stock de clôture (m3)
(Ariary) (millions d’Ariary)

450,7415 16 654 852 527 7 507 033, 210 298

Le coût du mètre cube a été obtenu par le calcul de la valeur moyenne pondérée
des différents usages selon les classes des consommateurs d’eau à Nosy Be. Pour
aboutir à ces résultats, des enquêtes auprès de la population locale, des consom-
mateurs et des producteurs ont été effectuées. Selon les enquêtes réalisées auprès des
acteurs de l’eau à Nosy Be et une vérification sur terrain, on a constaté une variation
positive du volume total en eau disponible dans la région depuis les dix dernières
années (2007-2017), entrainant une augmentation de sa valeur comptable.

DISCUSSION
Chaque service environnemental fourni par un actif écosystémique doit avoir
une valeur. Cette valeur doit, quant à elle, être issue de l’application d’une technique
bien précise et déterminée de la manière la plus robuste possible. Lorsqu’il est
possible dépasser par une fonction de production, il faut essayer d’obtenir les
données nécessaires pour décrire cette fonction.
L’évaluation monétaire des actifs environnementaux joue un rôle fondamental
dans la prise de décision. Si elle est correctement exécutée, elle devrait servir d’outil
d’aide à la décision puisqu’elle donnerait des informations sur :
- l’état des ressources,
- l’utilisation par les individus de la zone étudiée,
- l’évolution compte tenu de cette utilisation.

38
Par conséquent, le choix de la conservation ou d’un changement de
comportement des consommateurs pourrait être déterminé par l’établissement des
comptes monétaires relatifs aux actifs environnementaux, ou plus précisément des
évaluations monétaires des ressources ou capital naturel considéré. Pour pouvoir
effectuer une évaluation fiable, Remme et al.5 (2014) rappellent la procédure
suivante :
1) Effectuer la classification des services écosystémiques ;
2) Quantifier d’un point de vue physique l’objectif du service écosystémique (en
d’autres termes, il s’agit de la construction des comptes biophysiques) ;
3) Traduire l’évaluation quantitative en termes monétaires en déterminant une
technique d’évaluation économique la plus robuste possible ;
4) Faire les tableaux des comptes.
Au seuil de ce travail, on peut dire que ces dernières années, l’humanité attribue
de plus en plus de la valeur aux ressources en eau. Si Adam Smith le prenait pour un
exemple spécifique de biens sans valeur d’échange dans son paradoxe de l’eau et du
diamant, actuellement, certains courants économiques comme celui de la nouvelle
économie des ressources est parvenu à l’idée de traiter l’eau comme tout autre bien
économique, soumis à la loi du marché.

CONCLUSION

Les évaluations monétaires sont les meilleurs outils pour prendre les décisions
optimales en matière de gestion des ressources naturelles. On cherche ainsi à
mesurer ce que nous ‘sacrifions’ pour améliorer, restaurer ou préserver l’écosystème.
Madagascar regorge d’importantes ressources en eau avec ses 337 km3 d’eau
renouvelable par an. Malgré son abondance, elle est largement sous-exploitée si on
ne va dire que plus de la moitié de la population malgache ne bénéficie pas d’un
service d’approvisionnement en eau potable. Pourtant, l’exploitation rationnelle de
cette ressource peut constituer un moyen pour éradiquer la pauvreté dans laquelle vit
la majorité des Malgaches. Une amélioration effectuée au niveau du secteur de l’eau
pourrait améliorer la santé et l’éducation nationale et mener au développement
durable. En outre, l’eau est le moteur de la croissance économique. L’agriculture, la
pêche, l’industrie, le tourisme et toutes les activités économiques d’une nation en
dépendent pour contribuer à un développement durable effectif.

5
Remme, R.P., Schröter, M., Hein, L., 2014, Developing spatial biophysical accounting for
multiple ecosystem services, in Ecosystem services, vol 10, pp 6–18
39
REMERCIEMENTS
Cet article a été conçu suite aux manifestations scientifiques « Les Doctoriales
2018 ». D’où, j’adresse mes sincères remerciements à l’Université d’Antananarivo et
le Centre de Recherche, le C3EDM (Centre d’Ethique et d’Economie pour
l’Environnement et le Développement-Madagascar)

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Baechler, L. (2012). La bonne gestion de l'eau : un enjeu majeur du


développement durable. L'Europe en Formation, 365,(3), 3-21.
doi:10.3917/eufor.365.0003.
2) Millennium Ecosystem Assessment (MEA), 2005, Ecosystems and Human Well-
being: Current State and Trends 1, Island Press, Washington DC.
3) OCDE, 2002, Manuel d'évaluation de la biodiversité, Guide à l'intention des
décideurs, Éditions OCDE, disponible sur
http://www.agropolis.fr/formation/dd/nov04/ocde_evaluation_biodiversite.pdf
4) Pagiola S., Platais G., 2007. Payments for Environmental Services: From Theory
to Practice. World Bank, Washington, 92p.
5) Platais G., Pagiola S., Arcenas A., 2005. Can Payments for Environmental
Services Help Reduce Poverty? An Exploration of the Issues and the Evidence to
Date from Latin America, World Development, Vol. 33, No. 2, pp. 237 – 253.
6) Remme, R.P., Schröter, M., Hein, L., 2014, Developing spatial biophysical
accounting for multiple ecosystem services, in Ecosystem services, Vol. 10, pp 6–
18.
7) System of Environmental-Economic Accounting (SEEA), 2012, Central
Framework. Studies in Methods, Series F, No. 109, European Commission, Food
and Agriculture Organization of the United Nations, International Monetary
Fund, Organisation for Economic Co-operation and Development, United
Nations and World Bank.

40
L’ECOSYSTEME FORESTIER DE VOHILAHY:
DE LA PERCEPTION A UNE GESTION DURABLE

par

RANAIVOSOA-TOANDROS.M. (1) (2), RAKOTOMAVOA.(1), R.H. BAOHANTA(1)


(2)
, RANDRIAMBANONAH.(1) (2), AVOARIMANANA Z.(3),
RAKOTOARISEHENOR.(2), RAMANANKIERANAH.(1) (2)

(1) Institut Supérieur des Sciences, Environnement et Développement Durable, ED-SEEDS,


Université de Toamasina
(2) Centre National de Recherches sur l’Environnement (CNRE), Antananarivo
(3) Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), Université d’Antananarivo

RESUME

Située dans la Commune Rurale de Ranomafanana Est, la forêt de Vohilahy de


75 ha constitue une source de produits alimentaires, générant des emplois et des
revenus pour la population locale. En dépit des suivis et gestion faits par la
communauté de base, qui sembleraient être inefficaces, cette forêt est de plus en plus
soumise à de fortes menaces et pressions anthropiques. La présente recherche a pour
objectif d’étudier les différentes formes d’utilisation et de valorisation des ressources
forestières de Vohilahy en vue de leur gestion rationnelle et durable. Des enquêtes
auprès de 40% de la population du village d’Ankorabe, soit 150 ménages ont été
effectuées dans le but de disposer des informations sur les types, la quantité des
ressources forestières prélevées et les usages de ces prélèvements.
Cinquante-cinq pour cent (55%) des enquêtés pensent que la forêt constitue une
réserve foncière en matière d’agriculture. Selon 15% des villageois, la forêt a un rôle
écologique tel que la protection des ressources hydrologiques et le maintien de la
diversité biologique. 30% des répondants avancent que la forêt constitue un capital
naturel en matière de bois d’œuvre, bois d’énergie, nourriture et produits forestiers
non ligneux. D’après ces résultats obtenus, on peut dire que malgré sa dégradation,
la forêt de Vohilahy tient une place importante en termes de service socio-
économique et écologique.

Mots-clés : Perception locale, Gestion forestière, Forêt de Vohilahy, Ankorabe,


Ressources forestières, Dégradation, Stratégie de conservation.

41
ABSTRACT

Located in the Rural Commune of Ranomafanana East, the forest of Vohilahy,


75ha, is a source of food products, generating jobs and income for the local
population. Despite monitoring and management by the community, which would
appear to be ineffective, this forest is increasingly subject to strong anthropogenic
threats and pressures. The objective of this research is to study the different forms of
use and development of Vohilahy's forest resources with a view to their rational and
sustainable management. Surveys were carried out among the 40% of the population
of Ankorabe village, or 150 households, in order to obtain information on the types,
quantity and use of forest resources harvested
Fifty-five (55%) of respondents believe that the forest is a land reserve for
agriculture. According to 15% of the villagers, the forest has an ecological role such
as protecting water resources and maintaining biological diversity. 30% of
respondents suggest that the forest is a natural capital for timber, fuel wood, food
and non-timber forest products. According to these results, we can say that despite
its degradation, the Vohilahy’s forest holds an important place in terms of socio-
economic and ecological services

Key-words: Local perception, Forest management, Vohilahy Forest, Ankorabe,


Forest resources, Degradation, Conservation strategy.

INTRODUCTION

Les malgaches se procurent bon nombre de produits à travers la forêt pour


subvenir aux besoins vitaux tels que les bois de construction ; les bois d’énergie ; les
plantes médicinales (FAO, 2010). Dans les forêts humides, comme celle de
Vohilahy, les écosystèmes forestiers supportent diverses pratiques humaines et
procurent en même temps beaucoup de services (Azur, 2014). En effet, l’écosystème
forestier de Vohilahy a de nombreuses fonctions socio-économiques
particulièrement importantes au niveau local. Toutefois, cet écosystème
exceptionnellement riche est fortement menacé et subit des pressions anthropiques.
Compte tenu de cela, l’écosystème forestier de Vohilahy mérite d’être préservé.
C’est dans ce sens que cette étude cherche à analyser les différentes formes
d’utilisation et de valorisation des ressources forestières de Vohilahy en vue d’une
conservation à long terme des composantes de l’écosystème forestier.

42
Lors de cette étude nous nous sommes intéressés spécifiquement à la perception
paysanne de la forêt et l’utilisation des ressources forestières et la description des services
écosystémiques produits par la forêt d’Ankorabe.

MATERIELS ET METHODES

L’étude a été conduite aux environs de l’écosystème forestier du village


d’Ankorabe (S18°56’37, E48°46’30’’) à 160 km à l’Ouest de Toamasina (sur la
RN2) dans la Commune rurale de Ranomafana Est, District de Brickaville, Région
Atsinanana. En effet, il a été observé que chaque utilisateur de l’écosystème à sa
manière de le valoriser et d’agir sur les ressources pour des motivations différentes.

Afin de décrire la perception de la population locale sur la valorisation des


ressources présentes dans l’écosystème forestier de Vohilahy, au total 150 ménages
près et aux alentours de la forêt ont été enquêtés. Leurs perceptions de l’écosystème
et l’usage des produits forestiers ont été évaluées. Le logiciel Sphinx Plus V-5 a été
utilisé pour l’analyse des données des enquêtes.

RESULTATS

Les données nous montrent que 55% des enquêtés perçoit l’écosystème forestier
de Vohilahy comme une réserve de terre agricole. La population locale défriche une
partie de la forêt pour la pratique du « Tavy» ou la culture sur brûlis. Cette pratique
est l’une des habitudes les plus anciennes adoptées sur des terrains forestiers (Fleury
et al, 2016) et étant la principale source de dégradation des ressources forestières et
des sols. La figure suivante nous montre que 100% de la population locale utilise
l’écosystème pour la culture du riz pluvial et plus de 80% pour la banane. Ensuite,
25 à 40% sont impliqués dans la culture du café, du maïs et de manioc. Les restes
des produits sont cultivés sur des petites surfaces (Figure 1). On constate donc que
pour leur subsistance, 80% la population locale a souvent recours au « Tavy»
(Rajoelison et al.2007). Concernant l’usage des ressources, 30% des répondants
énoncent que cet écosystème constitue un capital naturel en matière de bois d’œuvre,
bois d’énergie, nourriture et produits forestiers non ligneux. Indiqué dans la Figure 2,
les ressources ligneuses peuvent être utilisées par la population locale à travers
l’exploitation des bois d’œuvre et/ou construction (50%), pour sources de
combustible (30%). En outre, l’écosystème offre aussi des plantes médicinales
(12%) qui sont très valorisées notamment par les populations riveraines en cas de
maladie ou de soins et 8% des ressources sont valorisées pour l’artisanat.

43
Figure 1 : Les services éco systémiques offerts par l’écosystème de Vohilahy

Figure 2 : Usage locale des ressources dans l’écosystème forestier de Vohilahy

DISCUSSION

Les résultats d’enquête nous ont montré que la population dans la zone et/ou
aux alentours de l’écosystème forestier est très liée aux ressources forestières. Cela
est aisément perçu à travers la manière dont elle les valorise. D’après la description
des formes d’utilisation des ressources dans l’écosystème, il a été constaté que la
fonction de production agricole est plus favorisée par la population locale, ce qui est
aussi remarqué dans les forêts secondaires du Menabe central (Razafintsalama,
2014). De plus, il ressort de ces résultats que l’utilisation des ressources forestières à
des fins socio-économiques comme le bois de construction et bois de chauffe domine
le plus, tout comme l’utilité des ressources dans la forêt de Tsinjoarivo,
Ambatolampy (Andrianarivelo,2008).

44
CONCLUSION

Cette étude nous a permis de savoir que l’écosystème forestier de Vohilahy a


une grande valeur pour la population locale. De plus, cet écosystème est très riche en
termes de diversités des produits ligneux et non ligneux. Pourtant, les menaces et
pressions considérées comme sources de dégradation forestière ont été identifiées
dans cette zone. Si cette déforestation continue à ce rythme, le bien-être de
population locale sera fortement entravé. Ainsi, face à tous ces problèmes et afin
d’aboutir à une valorisation et une conservation à long terme des ressources
forestières d’Ankorabe, il est impératif d’associer les efforts de la population locale à
travers leurs engagements et implications dans la gestion des ressources pour leurs
utilisations durable en tant que sources socio-économiques avec les
recommandations dans cette recherche, comme la sensibilisation et l’appui des
villageois au reboisement (plantes autochtones) et à la nouvelle pratique culturale
(agriculture de rente).

REMERCIEMENTS

Cette étude a pu être réalisée avec l’appui financier de différents projets (JEAI-
Explore et CCVal). Aussi, nous remercions le MESUPRES, le CNRE et l’ISSEDD.
Nous tenons également à remercier l’ARES et l’Université d’Antananarivo pour leur
initiative de faire connaitre les résultats et avancements de nos activités de recherche
à travers l’évènement du « Doctoriales 2018 ».

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Andrianarivelo, 2008, Analyse des formes d’utilisation des ressources forestières


naturelles par la population locale, cas de la commune rurale de Tsinjoarivo
Ambatolampy. Eaux et Forêt, ESS Agronomique -Madagascar
2) Azur, C. 2014, Valorisation des services rendus par les zones humides et paiement
des services environnementaux. Droit, Economie et Gestion -Paris
3) FAO, 2010. Evaluation des ressources forestières mondiales, Rapport National
Madagascar. Rome FAO : 5
4) Fleury, M. et al.,2016, Agriculture itinérante sur brûlis (AIB) et plantes cultivées
sur le haut Maroni : étude comparée chez les Aluku et les Wayanaen Guyane
française. Boletim do Museu Paraense Emílio Goeldi. Ciências Humanas, v. 11,
n. 2, p. 432
5) Rajoelison, G. et al. 2008, Suivi écologique et analyse socio-économique d’un
aménagement participatif de bassin versant dans la zone de Mandraka. Eaux et
Forêt, ESS Agronomique –Madagascar

45
6) Razafintsalama, V. et al., 2014, Utilisations villageoises et potentialités
technologiques des bois de forêts secondaires dans le Menabe Central,
Madagascar. Bois et Forêt des Tropiques, 320 (2) :66-68.

46
DYNAMIQUE DE LA CULTURE FRUITIERE FACE A
L’INTRODUCTION DE LA MONOCULTURE DE CANNE A SUCRE
DANS LE PAYSAGE AGRICOLE DE MAHATSARA BRICKAVILLE

par

RANDRIANANDRASANA Domoina Judith Pascale(1),


RAKOTOMAVO Andriamparany(2), RASOLOFOHARINORO(3)

(1) Doctorante à l’Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable (ISSEDD)


Université de Toamasina
(2) Maître de Conférences à l’Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable (ISSEDD)
Université de Toamasina
(3) Professeur à l’Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable (ISSEDD
Université de Toamasina

RESUME
Une zone agricole typique de l’Est malgache, la Commune rurale de Mahatsara
a connu en deux siècles un changement de son paysage, impactant la mise en valeur
et le mode de faire valoir de ses terres. Favorable à la monoculture industrielle de
canne à sucre, le paysage agricole a connu une transformation liée à la sucrerie de
Brickaville. Partant d’une hypothèse selon laquelle la canne à sucre y aurait façonné
la dynamique du paysage agricole au détriment de la culture fruitière, l’objectif de
cet article est d’identifier l’impact de son introduction sur cette dernière. Une analyse
diachronique d’images satellitaires, des enquêtes, des observations directes ainsi
qu’un inventaire ont été menés afin de disposer des informations recoupées sur
l’évolution dynamique de l’utilisation du sol et pour y vérifier l’importance socio-
économique de la culture fruitière. Comme résultats, environ 400 ha de la superficie
de la Commune se sont transformés en monoculture de canne à sucre. 90% des
planteurs de banane, ayant vendu 50% de leurs champs agricoles à la Société
sucrière de Brickaville, ont changé radicalement leurs modes de production en
travaillant dans les grandes exploitations de canne à sucre, délaissant l’ancienne
pratique qu’est la culture fruitière. Ils y consacrent désormais deux tiers de leurs
temps de travail. Peu rémunérateurs, les vergers sont mal entretenus, impactant
négativement les rendements et la qualité des produits vendus sur le marché.
Néanmoins, les rôles sociaux, économiques et écologiques de cette spéculation font
encore que les agriculteurs s’y attachent timidement car elle constitue une stratégie
paysanne de gestion durable des éventuels impacts et risques économiques liés aux
grandes exploitations comme la monoculture de canne à sucre
47
Mots-clés : Culture industrielle, monoculture, canne à sucre, paysage agricole,
culture fruitière, Mahatsara Brickaville.

ABSTRACT
A typical agricultural area of eastern Madagascar, the Rural Municipality of
Mahatsara has experienced in two centuries a change in its landscape, impacting the
development and mode of advancing its land. Favorable to the industrial
monoculture of sugar cane, the agricultural landscape has undergone a
transformation related to the sugar factory of Brickaville. Based on the hypothesis
that sugarcane has shaped the dynamics of the agricultural landscape at the expense
of fruit growing, the aim of this article is to identify the impact of its introduction on
the latter. A diachronic analysis of satellite images, surveys, direct observations and
an inventory were conducted in order to obtain information on the dynamic
evolution of land use and to verify the socio-economic importance of land use. As a
result, about 400 ha of the area of the Commune has been transformed into
monoculture of sugar cane. 90% of banana farmers, having sold 50% of their
agricultural fields to the Brickaville Sugar Company, have radically changed their
production methods by working in large sugar cane farms, abandoning the old
practice of cultivation fruit. They now devote two thirds of their working time. Low
returns, orchards are poorly maintained, negatively impacting the yields and quality
of products sold on the market. Nevertheless, the social, economic and ecological
roles of this speculation still make the farmers shyly attach themselves to it because
it constitutes a peasant strategy of sustainable management of the potential impacts
and economic risks related to large farms such as sugarcane monoculture.

Key-words: Industrial culture, monoculture, sugar cane, agricultural landscape, fruit


growing, Mahatsara Brickaville.

48
INTRODUCTION

Madagascar est un pays à vocation agricole. Elle est subdivisée en plusieurs


écorégions à caractères agroclimatiques différentes. Pour la partie Est de
Madagascar, ce sont la culture de rente et la culture fruitière qui prédominent.
Pratiquées d’une manière traditionnelle et en grande partie dans un système
agroforestier, elles tiennent une place importante dans la vie socio- économique,
écologique et territoriale de cette Région. Comme la Commune rurale de Mahatsara
qui produit en particulier les litchis et les agrumes. C’est une Commune Rurale qui
est localisée à 17 km de Brickaville et à 8 km de la Route Nationale 2.
C’est l’une des Communes du District de Brickaville qui produit le plus de
fruits. D’après MOUREAUX (C.) et coll (1959), elle est caractérisée par un sol
alluvionnaire très fertile appelé localement “tany mainty” propice à tout type de
culture comme les fruits mais aussi la canne à sucre où elle est intensivement
cultivée de part et d’autre du fleuve Rianila et de son affluent d’Iaroka.
Dans quelle mesure la culture fruitière subit-elle la présence de la pratique de la
culture de canne à sucre dans la Commune Rurale de Mahatsara? Partant de
l’hypothèse que l’introduction de la canne à sucre aurait façonné la dynamique du
paysage agricole au détriment de la culture fruitière de la zone au cours des cinq
dernières décennies.
Cet article a pour objet d’identifier les impacts de l’introduction de cette
pratique industrielle sur la culture fruitière dans la Commune Rurale de Mahatsara.

MATERIELS ET METHODES

Nous avons focalisé notre étude dans 3 Fokontany de la Commune : Fokontany


d’Isokatra, Fokontany de Maromby et Fokontany de Valavahatra où le relief est peu
accidenté. En effet, il est constitué par une vaste plaine destinée essentiellement à
l’agriculture telle que la riziculture, la culture industrielle (canne à sucre et maïs) et
une association de jardin de case à base d’arbres fruitiers associés à des cultures
vivrières réunies dans un système agroforestier.
Des enquêtes formelles ont été menées dans ces 3 localités auprès de 15% de sa
population totale, soit environ 250 agriculteurs. Dans le but d’analyser le rôle socio-
économique et écologique que tienne la pratique de la culture fruitière dans la zone,
un inventaire des arbres fruitiers a été aussi effectué dans 10 placeaux de 0,5 ha.

49
RESULTATS ET DISCUSSIONS

Dans la Commune rurale de Mahatsara, 99% de la population active sont des


agriculteurs qui exploitent environ le tiers de la superficie de la zone. Il s’agit d’un
système agroforestier traditionnel où les arbres fruitiers et les cultures vivrières
composent le système agricole. En effet, ce dernier occupe environ 40% de la
superficie totale de cette zone. Cependant, depuis l’implantation de la sucrerie de
Brickaville dans ce District dans les années 40, la culture de canne à sucre a
commencé à s’étendre. De ce fait, une diminution de la superficie de la culture
fruitière a été remarquée. En effet, de 2000 à 2016 la superficie de l’agroécosystème
fruitier a diminué de 380,63 ha et la culture de canne à sucre a gagné 790,7 ha en 16
ans.

Carte 1 : Occupation du sol de la Commune rurale de Mahatsara en 2000

Carte 2 : Occupation du sol de la Commune rurale de Mahatsara en 2016

50
Aussi, 77% des enquêtés ont affirmé que parmi les divers faits qui se sont
passés dans la Commune ayant eu un lien étroit avec les activités agricoles, l’arrivée
de la sucrerie dans la zone est le premier facteur du changement de leur paysage
agricole et dont l’impact a été le plus conséquent.

Figure 1 : Les faits marquants le changement du paysage


dans la Commune rurale de Mahatsara

Environ 90% des planteurs de bananes se sont reconvertis dans la plantation de


canne à sucre. Un salaire quotidien et à long terme, une location de parcelle
abordable, les agriculteurs ont opté pour la sécurité. Ce sont en effet, les besoins
financiers du ménage qui sont les principales causes de cette conversion d’activité
quotidienne.
Selon la FAO (2015), « la plus vaste superficie de forêt convertie à d’autres
affectations entre 1990 et 2015 se trouve dans les tropiques dans les pays à faible
revenu.» Et cette conversion des forêts en terres agricoles va vraisemblablement se
maintenir au fur et à mesure que la démographie va accroître.
Etant de moins en moins rentable pour les agriculteurs, le temps consacré à
l’entretien des vergers et des parcelles de production fruitière a alors diminué. Cela
impactant négativement sur la qualité et la quantité des produits fruitiers. La culture
fruitière se trouve par conséquent enfermé dans un cycle de détérioration de la
pratique.
L’inventaire effectué dans les 3 localités a montré néanmoins le rôle joué par les
arbres fruitiers par une incidence sur la sécurisation foncière car ces derniers servent
par ailleurs à la délimitation timide d’une propriété d’un ménage.

51
Tableau 1 : Occupation du sol dans les zones d’études

Sup2009 Sup 2016 Evolution


Occupation
(ha) (ha) (%)
Agroforesterie fruitière 813.99 459.36 -4.06
Savane arborée 2832.91 1780.8 -12.04
Culture de canne à sucre 1969.48 2760.18 +9.05
Mosaïque de culture 2806.83 2945.15 +1.58
Rizière 101.57 619.99 +5.93
Plan d'eau 211.23 169.17 -0.48
Total 8,736.01 8734.65

CONCLUSION

En guise de conclusion, pour les ménages agriculteurs de la Commune rurale de


Mahatsara, la pratique de la culture fruitière est devenue une activité secondaire au
profit de la culture de canne à sucre qui a spatialement augmenté considérablement.
Cette dernière offre des avantages socio-économiques conséquents à la population,
c’est une source de revenus rapide et durable et un moyen de gérer durablement les
«risques et aléas» liés aux faits économiques (chute des prix), sociaux (conflits) et
naturels (cyclone et inondation) que rencontrent souvent la pratique de la culture
fruitière. Cependant, pour que les arbres fruitiers puissent maintenir leurs fonctions
socio-économiques et écologiques et ainsi, être un pilier de développement pour la
communauté rurale, il faut que les parcelles agroforestières fruitières soient rentables
et cela d’une manière durable et soutenable. D’où la nécessité de renforcer la
capacité des agriculteurs.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) FAO (2015) « Evaluation des ressources forestières mondiales» Rome. Répertoire


des données de FRA 2015, 2e édition.
2) LEROY (J.F.), 1946, « La canne à sucre et sa culture par les Malgaches et par les
colons » Journal d’agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, p 422-
425.
3) MOUREAUX (C.), RIQUIER (J.), ROCHE (P.), 1959, « Les sols à canne à sucre
à Madagascar » Mémoire de l’Institut scientifique de Madagascar, Série D -
Tome IX, 18 pages.

52
LES ENJEUX DE L’ECOTOURISME DANS LE CONTEXTE
D’UNE AIRE DE DEVELOPPEMENT DURABLE

par

HERINANDRASANA Nivoary Mihanta(1), RAKOTOMAVO Andriamparany(2),


RASOLOFOHARINORO(3) et MIASA Eustache(4)

(1) Doctorante à l’ISSEDD (Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable)


Université de Toamasina - Madagascar
(2) Enseignant à l’ISSEDD (Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable)
Université Toamasina - Madagascar
(3) Professeur à l’ l’ISSEDD (Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable)
Université Toamasina - Madagascar).
(4) Enseignant à l’ISSEDD (Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable)
Université Toamasina - Madagascar).miasaeustache@gmail.com

RESUME
Intégrant en son sein l’harmonie entre l’écologie, le socio - culturel et
l’économie, une Aire de Développement Durable (ADD) est un modèle de
développement inspiré du Parc Naturel de Contentin-Bessin (France). Le présent
article consiste en l’analyse des enjeux de l’écotourisme dans le contexte d’une
future ADD de la Commune Rurale d’Andovoranto, District de Brickaville, Région
Atsinanana. Son objectif est de montrer dans quelle mesure l’écotourisme rime-t-il
avec les autres piliers de l’ADD pour en faire une composante essentielle et
prometteuse pour le développement de la zone. Pour ce faire, l’article part d’une
hypothèse selon laquelle l’écotourisme constituerait une composante
multifonctionnelle et incontournable de l’ADD d’Andovoranto, en raison de son
caractère transversal vis-à-vis de l’économie, du socio - culturel et de l’écologie.
L’inventaire de la richesse écologique du territoire d’Andovoranto a été réalisé au
moyen du Système d’Information Géographique, puis par le biais de parcours
touristiques à pieds, sillonnant les principales unités de végétation et paysages
typiques de la Commune. Les espèces animales et végétales typiques de chaque unité
ont été recensées durant les visites sur terrain. Les vestiges culturels et historiques,
tout comme l’historique des terres et des hommes, ont été cernés à partir des
interviews et observations directes avec et auprès des sages (Tangalamena). De
même, 90 % (par rapport à quoi ce taux ?) de touristes ont été interviewés pour
connaître leur avis sur les activités et services touristiques qui se font dans la zone.
Les tests de comparaison et de signification statistiques effectués ont permis de
corréler et inter-relier les informations ainsi collectées.

53
Des liens significatifs peuvent être établis entre la richesse touristique
d’Andovoranto et l’historique de sa population, la diversité de son paysage, de sa
flore et de sa faune, ses pratiques agroécologiques et les vestiges culturels
caractéristiques de la zone. Cet aspect multifacial et multifonctionnel de
l’écotourisme constitue à la fois une richesse et un des piliers pour le développement
de la zone sur les plans social, culturel et économique, ainsi que pour une meilleure
valorisation et préservation durable de ses ressources naturelles. Quand on parle de
tourisme à Madagascar, d’importants pôles de développement touristique viennent
directement à l’esprit, à l’exemple de l’île de Nosy Be, au Nord-ouest de la Grande
Ile, ou encore certains parcs très renommés, tel qu’Andasibe situé non loin des
centres villes. Parmi ces localités, l’exemple le plus frappant en est Andovoranto,
qui, par le truchement de ses forêts littorales, aussi enclavée soit-elle, regorge tout de
même d’une multitude de richesses avec sa biodiversité d’une beauté inégalée et sa
richesse aussi bien en faune, telle que le Aye-aye, le vari roux, qu’en flore avec des
variétés d’orchidées. L’enclavement lié à l’impractibilité, la faiblesse de la
promotion de ses richesses patrimoniales, la faiblesse de la capacité d’accueil de ses
établissements touristiques, le manque grandissant en personnel qualifié pour ce
secteur, l’insuffisance manifeste des activités valorisant les spécificités culturelles
locales sont autant de facteurs d’achoppement qui perturbent le bon développement
des activités touristiques dans cette zone. Des perspectives d’avenir claires sont
envisageables à l’égard de la population locale, en matière de développement. Ces
outils permettent non seulement pour promouvoir le développement de la zone mais
il s’agit également d’un moyen d’adaptation au changement climatique.

Mots-clés : Aire de Développement Durable, Ecotourisme, Andovoranto, Région


Atsinanana, Madagasikara

ABSTRACT
Integrating the harmony between ecology, socio-culture and economy, a
Sustainable Development Area (SDA) is a model of development inspired by the
Nature Park of Contentin - Bessin (France). This article consists of the analysis of
the ecotourism issues in the context of a future SDA of the Rural Commune of
Andovoranto, District of Brickaville, Atsinanana Region. Its purpose is to show how
ecotourism rhymes with other pillars of the DDA to make it an essential and
promising component for the development of the area. To do this, it starts from the
assumption that ecotourism is a multi functional and unavoidable component of
Andovoranto ' s SDA because of its cross-cutting nature vis-à-vis the economy, socio
cultural and ecology. The inventory of the ecological wealth of the territory of
Andovoranto was made by means of the Geographical Information System, then

54
through footpaths, furrowing the main vegetation units and landscapes typical of the
Commune. Typical animal and plant species from each unit were identified during
field visits. The cultural and historical relics, as well as the history of land and
people, were identified from the interviews and direct observations with and from
the wise traditional leaders (Tangalamena). Similarly, 200 tourists were interviewed
to find out what they think about tourism activities and services in the area. The tests
of comparison and statistical significance made it possible to correlate and
interconnect the information thus collected. Significant links can be established
between the touristic wealth of Andovoranto and the history of its population, the
diversity of its landscape, its flora and fauna, its agro-ecological practices and the
characteristic cultural vestiges of the area. 75% of the tourists interviewed are
interested in the landscape of the area. 37% are mostly attracted to Lemurs. 100%
are fascinated by the history of the port of Andovoranto. The Commune’s revenues
related to the use of bins are in the amount of 10 000 000 Ar / year, which represents
55% of its operating budget. This multifaceted and multifunctional aspect of
ecotourism is both an asset and a pillar for the social, cultural and economic
development of the area, as well as for the enhancement and sustainable preservation
of its natural resources. Compared with other typical Malagasy sites, the future SDA
of Andovoranto is distinguished by the fact that its tourism potential is articulated
around three main interrelated components: a natural landscape dominated by
abundant continental and maritime water resources, a rich socio-cultural history
revolving around a very old river port and railway network, as well as a rich and
typical natural ecosystem. The systemic valuation of these three components makes
the ecotourism of the area an essential component to the promising issues for the
future SDD. However, the rehabilitation of the area's communication infrastructure
remains a major challenge, as the massive influx of tourists depends on it.

Key-words : Sustainable Development Area, Ecotourism, Andovoranto, Atsinanana


Région, Madagasikara.

INTRODUCTION

L’écotourisme peut être considéré comme un instrument de développement


économique et territorial (DGESCO – IGEN, 2010) durable, répondant et satisfaisant
aux besoins de la population présente ainsi qu’à ceux de la génération future. Les
problèmes associés à la population et son territoire présentent des limites pour son
développement, notamment la méconnaissance de la population quant, d’une part,
55
aux opportunités que les richesses naturelles peuvent fournir et d’autre part, aux
menaces sur les ressources naturelles et patrimoniales, l’insuffisance d’organismes
ou de projets de développement. Pour promouvoir le développement durable de la
Région Atsinanana, une localité riche en biodiversité mais fragilisée par les activités
anthropiques. Cette Région, en collaboration avec celle de la Basse– Normandie,
projette de mettre en place une zone pilote Aire de Développement Durable (ADD).
Intégrant en son sein l’harmonie entre l’écologie, le socio-culturel et
l’économie, une ADD est un modèle de développement inspiré de celui du Parc
National de Cotentins – France (HERINANDRASANA et al., 2016). Ce Parc
National Régional (PNR) est un territoire rural habité, reconnu au niveau national
non seulement pour sa forte valeur patrimoniale et paysagère, mais aussi pour sa
fragilité. Il s'organise autour d’un projet concerté de développement durable, fondé
sur la protection et la valorisation de son patrimoine. Un PNR a pour vocation de
protéger et valoriser le patrimoine naturel, culturel et humain de son territoire en
mettant en œuvre une politique innovante d’aménagement et de développement
économique, social et culturel, respectueuse de l’environnement. Il s’attache à gérer
de façon harmonieuse ses espaces ruraux, à maintenir la diversité biologique de ses
milieux, à préserver et valoriser ses ressources naturelles, ses paysages, ses sites
remarquables, à mettre en valeur et dynamiser son patrimoine culturel. Selon le
concept ADD, il anime et coordonne les actions économiques et sociales pour
assurer une qualité de vie et un développement respectueux de l’environnement de
son territoire, en valorisant ses ressources naturelles et humaines. Le présent article
consiste en l’analyse des enjeux de l’écotourisme dans le contexte d’une future ADD
dans la Commune Rurale d’Andovoranto, District de Brickaville, Région Atsinanana
- Madagascar. Son objectif est de montrer l’importance de la biodiversité dans le
développement territorial de la zone. Pour ce faire, il part d’une hypothèse selon
laquelle les diversités floristiques, faunistiques et paysagères d’Andovoranto
constituent un des piliers du développement socio-économique et culturel de l’ADD
à mettre en place.

MATERIELS ET METHODES
La présente étude concerne la Commune Rurale d’Andovoranto, une future
ADD à mettre en place dans la Région Atsinanana. Elle se trouve à 28 km à l’Est du
Chef-lieu de District Brickaville. La Commune est desservie par des voies fluviales
passant par les fleuves Rianila, Vohitra et Iaroka. Avant, elle était aussi accessible
par train via le réseau ferroviaire TCE (Tananarive-Côte Est), mais actuellement, elle
ne l’est plus en raison du caractère aléatoire de ce moyen de transport. Sinon, des
voitures tout terrain peuvent y accéder en empruntant une piste dégradée qui passe
par les villages d’Andavakimena et Menagisa.

56
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude

Outre les investigations bibliographiques sur le concept ADD et les principales


caractéristiques de la zone d’études, des interviews semi-structurées (focus group et
ateliers villageois), couplées avec un inventaire des ressources naturelles via transect
et Système d’Information Géographique, ont été effectuées pour rassembler les
données de base indispensables à la compréhension du système territorial et agro-
socio-économique de la Commune. Les tests statistiques effectués ont permis de
corréler et inter-relier les données ainsi collectées.

RESULTATS ET DISCUSSIONS

Etant un territoire vivant, de par les flux d’échanges commerciaux et de


personnes entre Andovoranto et ses espaces périphériques (Brickaville, Route
Nationale n°2, Toamasina, Antsampanana), la Commune dispose d’un paysage
diversifié où l’endémisme élevé de sa biodiversité faunistique et floristique ne lui
prive pas de potentiels de développement socio-culturel et économique. Le site
constitue un site écotouristique potentiel, non seulement à cause de ses richesses en
biodiversité, mais surtout en raison de la possibilité de les associer avec l’histoire
socio-culturelle, l’abondance des produits agroforestiers et la richesse en ressources
fruitières d’Andovoranto.
Pour le territoire de ce dernier, les enjeux de la biodiversité résident dans le
potentiel écotouristique de la zone, grâce :

57
• à la diversité et à l’endémisme de sa flore et faune (plus de 80% ; BOSSER,
2011) ;
• au caractère attractif et unique de son paysage ;
• à l’existence de formations végétales typiques, littorales / et ou
continentales, telles que la Forêt Classée d’Andavakimena (1416 ha – photo
1) et les formations marécageuses, arboricoles et/ou herbacées.

Photo 1 : Aperçu de la Forêt Classée d’Andavakimena

Avec 355 espèces de plantes supérieures, la Forêt d’Andavakimena renferme


d’innombrables plantes médicinales (tableau 1 où est-il ?). Ces espèces se
répartissent en 88 familles dont 4 sont endémiques : ASTEROPEIACEAE (une
espèce), SPHAEROSEPALACEAE (une espèce), SARCOLAENACEAE (sept
espèces), et DIDYMELACEAE (une espèce). APOCYNACEAE, ARECACEAE,
RUBIACEAE, SARCOLAENACEAE et SAPOTACEAE en sont les familles les
plus diversifiées en espèces.
La valorisation des plantes par la pharmacopée constitue un enjeu patrimonial
et socio-culturel important d’Andovoranto, au même titre que l’usage de Trema
orientalis (andrarezina) dans les rites funéraires. En effet, Andovoranto dispose d’un
statut conservateur des cultures ancestrales où fête des morts et tsaboraha sont
encore pratiquées. L’Association des Autorités Traditionnelles (Fikambanan'ny
Tangalamena Andovoranto) prône et marque de plus en plus son empreinte dans le
développement de la Commune, et ce, à travers l’organisation annuelle de
cérémonies cultuelles typiques du pays betsimisaraka.
La présence de divers acteurs aux niveaux local, communal et régional constitue
à la fois un point fort et une faiblesse du territoire d’Andovoranto, en raison des liens
de soutien ou de tension entre eux sur les plans social, culturel et économique

58
(Figure 2). D’une manière globale, le dynamisme des acteurs et leur degré
d’implication dans le processus de développement de la zone dépendent directement
ou indirectement des 4 préalables ci-après :

Figure 2 : Les acteurs de développement et leurs interactions


dans le territoire d’Andovoranto

• l’abondance des ressources naturelles dont la biodiversité, l’eau, le sol et le


sous-sol ;
• la disponibilité de ces ressources ;
• la modalité de gestion de la biodiversité ;
• l’accès aux ressources naturelles.

Les stratégies et outils de prise de décisions suivants sont proposés afin de


contribuer à la valorisation harmonieuse des potentiels en diversité existants :
• diagnostic et analyse détaillés des ressources naturelles et paysagères de la
zone en vue d’identification des patrimoines écologiques et anthropiques de
l’ensemble du territoire. Des cartes thématiques sur la zone, tout comme des
documents techniques (fiche technique descriptive, plan de développement
territorial, etc.) sont indispensables pour une bonne compréhension des forces et
faiblesses du territoire ;
• élaboration d’une stratégie de gestion durable de la biodiversité de la zone à
partir d’une approche territoriale privilégiant la participation de tous les acteurs, et
non seulement le Service Etatique ou les Associations / Communautés de Base
gestionnaires habituelles des forêts. Se démarquant de l’approche Aire Protégée
habituelle, cette stratégie doit émaner de l’ensemble des populations et acteurs

59
habitant le territoire ; ce sont ces derniers qui définissent les modalités de gestion et
d’accès aux ressources naturelles de leur « Aire » de développement et
d’intervention ;

CONCLUSION

La biodiversité joue un rôle prépondérant en matière d’Aire de Développement


Durable. Ses enjeux résident dans ses diverses formes de valorisation durable en
termes d’écotourisme, patrimoine écologique et socio-culturel, ainsi qu’en matière
agricole (agriculture et pêche). Pour plus d’efficacité, la gestion de la diversité
naturelle doit être vue sous un angle « territorial », en privilégiant la dynamique des
acteurs, les flux et échanges de biens et de personnes à différents niveaux spatiaux
(local, communal, régional, territorial, ville secondaire, grande ville). Cette forte
implication des acteurs territoriaux dans la gestion des ressources naturelles
nécessite toutefois une certaine coordination pour éviter toute bavure. Les Structures
Territoriales Décentralisées, telles que la Commune et la Région, devraient ainsi
jouer le rôle de « facilitatrices des activités de valorisation durable des ressources »,
« garantes de la durabilité desdites activités » et « gardiennes des ressources-
patrimoines du territoire ». Dans le contexte d’une ADD, les enjeux de la
biodiversité ne sont pas seulement d’ordre économique, ils concernent également les
questions stratégiques et politiques.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) ANDRIAMBOLATIANA, S. et RANDRIAMAMPIANINA, M.. 2013.


Changement climatique : politique et perspectives à Madagascar. Rapport
d’études. FES. 30p.

2) ASCONIT & PARETO, 2011. Etude de vulnérabilité aux changements


climatiques, évaluation qualitative, mars 2011, Madagascar. Rapport d’études.
ACCLIMATE, COI, FFEM, Ambassade de France à Madagascar, Région
Réunion. 83p.

3) BOSSER, J. & LECOUFLE, M., 2011. Les orchidées de Madagascar. Orchids of


Madagascar. Éditions Biotope, Mèze. 496p.

4) DGESCO – IGEN, 2010. Dynamiques des territoires dans la mondialisation :


Notions générales et principes de mise en œuvre. Ministère de l’éducation
nationale, de la jeunesse et de la vie associative - Bureau des programmes
d’enseignement / Ressources pour la classe de première des séries générales – BO
spécial n°9 du 30 septembre 2010.

60
5) HERIMAMPIANINA, L.M.J.D., 2014. Analyse des pourquoi de la non-adoption
du système de riziculture intensif dans la partie Nord de Toamasina. Mémoire de
Licence. Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement
Durable – Université de Toamasina. 61p.

6) HERINANDRASANA, N.M., RAKOTOMAVO, A. et


RASOLOFOHARINORO, 2016. La sécurité alimentaire dans le contexte d’une
Aire de Développement Durable in Actes du Symposium International sur
l’Agrobiodiversité et Sécurité Alimentaire dans les pays de l’Océan Indien,
Madagascar et Comores. Ed. ISSEDD-Université de Toamasina. Projet EGALE.
pp. 145-149. ISSBN 978-88-99108-09-0.

7) INSTAT-ENSMOND, 2013. Caractéristiques socio-démographiques de la


population, Enquête Nationale sur le Suivi des Indicateurs des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (ENSMOND), Madagascar 2012-2013.

8) USAID, 2016. Profil du risque de changement climatique, Madagascar, Fiche


documentaire. USAID. 5p.

61
62
REMEDIATION ENVIRONNEMENTALE : ENJEUX ET MECANISME
DES EXPLOITATIONS AURIFERES ARTISANALES
DE VAVATENINA

par

MOMA Landry(1), RAKOTOMAVO Andriamparany(1),


et RAVONINJATOVO Achille Olivier(2)

(1) Université de Toamasina - Institut Supérieur de Sciences, Environnement et Développement Durable


(ISSEDD)
(2) Centre National de Recherches Industrielles et Technologiques(CNRIT)-Antananarivo-Madagascar

RESUME
L'exploitation aurifère artisanale à petite échelle existe presque partout à
Madagascar, là où l’or est censé être présent dans le sous-sol ou en surface. Le
présent article a pour objectif de mettre en évidence, d’une part, les enjeux
environnementaux de l’exploitation aurifère artisanale en termes d’impact négatif, et
d’autre part, l’importance d’un mécanisme de remédiation des sites dévastés pour
une gestion durable de l’agro-écosystème. Des enquêtes auprès de 120 petits
exploitants du site aurifère de Vavatenina, suivies d’analyse au laboratoire de
quelques échantillons d’eau et de sol, ont été menées pour appréhender les impacts
directs des exploitations sur l’agro-écosystème. Offrant une importante stratégie de
subsistance aux orpailleurs et riverains, les petites exploitations aurifères est
toutefois source de dégâts au niveau des galeries forestières, terrains agricoles et
cours d’eau. A Vavatenina, 5 ha de terrain sont devenus impropres aux activités
agricoles suite aux érosions (55 t / ha). Ensablés, avec 50 g/l de matières en
suspension, les cours d’eau sont déviés, rendant difficiles les conditions de vie de la
faune aquatique, et faisant chuter jusqu’à -75% le rendement en ressources
halieutiques. D’où l’importance de la remédiation environnementale des sites
miniers artisanaux, laquelle repose sur un certain nombre de principes : prise en
compte des impacts cumulatifs de l’ensemble des petites exploitations par le biais
d’une évaluation environnementale stratégique, l’implication effective des
exploitants dans la mise en œuvre d’un plan de gestion environnementale
participative, ainsi que l’élaboration d’un guide pratique en matière de remédiation
environnementale pour les petits exploitants.

Mots-clés : impacts environnementaux, exploitation aurifère, remédiation, gestion


durable, réhabilitation, Vavatenina, Région Añalanjirôfo, Madagasikara

63
ABSTRACT
The small-scale artisanal gold mining operation exists almost everywhere in
Madagascar, in a rudimentary and informal way where gold is supposed to be
present in the country. The purpose of this article is to highlight the environmental
challenges of artisanal gold mining in terms of negative impact, and the importance
of a remediation mechanism for devastated sites for the sustainable management of
agro-ecosystems. Surveys of 120 smallholders, followed analysis of some water and
soil samples taken from fields and agricultural fields, were conducted to understand
the direct impacts of exploitation on the agro-ecosystem. The small gold mining is,
however, a source of damage to gallery forests, agricultural fields and rivers. In
Vavatenina, 5 ha of land became unsuitable for agricultural activities following
erosion (55 t / ha). Sanded, with 50 g / l of suspended solids, the rivers are diverted,
making the living conditions of aquatic fauna difficult, and reducing the yield of
fishery resources by up to -75%. The challenge facing mining companies lies in the
rapid degradation of the surrounding agro-ecosystem, without this being a major
concern for farmers and local residents, both for the short and the long term. This
approach should allow for the gradual formalization of mining activities, if only by
identifying the small mines that are the object of capacity building for remediation.

Key-words : Environmental impacts, gold mining, remediation, sustainable


management, rehabilitation, Vavatenina, Añalanjirôfo Région,
Madagasikara

INTRODUCTION
L'exploitation aurifère artisanale à petite échelle existe presque partout à
Madagascar, de façon rudimentaire et informelle, là où l’or est censé être présent
dans le sous-sol ou en surface (Lacroix A., 1901. Pour la plupart des petits
exploitants, la recherche de profit maximal primerait sur le devenir de l’écosystème
dans lequel s’exerce l’activité, sans que les dégâts environnementaux qui en
découlent soient pris en considération (Ipenza Peralta, 2012). D’où l’importance
d’une stratégie de remédiation environnementale. Quels en sont les enjeux ?
Le présent article a pour objectif de mettre en évidence, d’une part, les enjeux
environnementaux de l’exploitation aurifère artisanale en termes d’impact négatif, et
d’autre part, l’importance d’un mécanisme de remédiation des sites dévastés pour
une gestion durable de l’agro-écosystème. Le gisement aurifère de Vavatenina,
Région Añalanjirôfo-Est de Madagascar, a été retenu pour vérifier l’hypothèse selon
laquelle l’absence de stratégie de remédiation environnementale handicaperait les
conditions de vie socio-économiques des populations vivant dans et aux alentours
des sites d’exploitation aurifère artisanale.

64
MATERIELS ET METHODES
La zone d’étude
La zone d’étude appartient administrativement au District de Vavatenina
(Région d’Añalanjirôfo, Province Autonome de Toamasina). Elle est située au Nord-
Est de la Grande Île et est localisée à la latitude 17°36′43″S et à la longitude
49°09′23″E (Figure 1). Avec au moins 350 orpailleurs traditionnels, le District reste
agricole de par sa population qui est constituée de plus de 80% d’agriculteurs et
d’éleveurs. Ses reliques de lambeaux forestiers bénéficient d’une pluviométrie
annuelle de 2559 mm. Des réseaux de cours d’eau sillonnent les vallons encaissés de
la zone, érodant les berges des collines ferralitiques bordées de forêts galeries,
inondant et ensablant ainsi certaines rizières, sous l’effet des feux de végétation et de
l’exploitation aurifère effectués en amont su système.

Figure 1 : Localisation du District de Vavatenina objet d’étude


Méthodes
Une enquête formelle auprès de 120 orpailleurs traditionnels a été effectuée
dans le but de connaître leurs préoccupations écologiques et socio-économiques face
aux activités d’exploitation minière menées dans la zone. Cette investigation a été
suivie de prélèvement d’échantillons d’eau au niveau des sites impactés par les
exploitations, et ce, en vue d’estimer la quantité de matières en suspension contenues
dans l’eau, et apprécier l’importance de l’érosion qui en découle.
Des observations visuelles suivies d’inventaire rapide et de mensuration des
biovolumes ont également été menées au niveau de la biomasse végétale. Cet
exercice consiste en un recensement des individus d’arbre touchés par les
exploitations, puis en la mensuration de leur diamètre et hauteur en vue de calculer

65
leur surface terrière G et leur biovolume V, selon les formules de Dawkins (1959)
suivantes :
π
Gi = di2 Avec Gi : surface terrière en m2 de chaque individu i
di : diamètre à hauteur de poitrine de chaque individu i
4

La surface terrière G représentant la surface occupée par tous les


individus dans un peuplement peut être exprimée par la formule G = ∑ Gi.
Le biovolume est le volume estimatif de bois, fourni par une végétation
dans une surface donnée et permettant la productivité de la formation
forestière. Le volume du bois de chaque individu est :

n
Vi = 0,53 ∑ Gi hi
i=1 Avec Vi : biovolume de tous les individus en m3
Gi : surface terrière de chaque individu i
hi : hauteur du fût de l’arbre de chaque individus en m
0,53 : coefficient de forme

Le biovolume « V », représentant la somme des volumes en bois de tous


les individus dans un peuplement, est donné par la formule :

n
V = ∑ Vi
i=1

RESULTATS ET DISCUSSIONS
Une exploitation source d’érosion

Figure 2 : Tonnage de sol érodé à l’hectare dans 3 localités


du District de Vavatenina

66
Selon la Figure 2, 30 à 57 t de terres à l’hectare sont érodées à la suite des
travaux d’exploitation entrepris par les miniers. A Ambolofotsy, une localité du
District de Vavatenina, l’érosion atteint son point culminant (57±10 t/ha) et ce
phénomène est significatif si on se réfère au tonnage enregistré à Mahanoro et
Betsakotsako (30±10 t/ha ; p = 0,003).
Les eaux de lavage et d’essuyage issus du process d’exploitation sont souvent
chargées de matières en suspension (André, 1999). Le phénomène d’érosion
s’accompagne ainsi d’un transport fluvial de sédiments, se manifestant avec une
quantité de matière en suspension allant de 50 à 140 g/l. Aubertin et al. (2013)
confirment l’importance des apports sédimentaires via transport hydraulique après
excavation des collines et plaines objet d’exploitation minière.
Une perte de biomasse végétale
Gros et petits arbres, forêts primaires et secondaires, ainsi que broussailles sont
touchés par les impacts des exploitations aurifères (tableau 1). Leur surface terrière
varie de 52 à 141 m²/ha, correspondant respectivement à un biovolume de 259,8 et
702 m3/ha. Les forêts galeries en sont particulièrement concernées en raison de leur
proximité par rapport aux sites d’exploitation. Les bois issus de ces formations sont
exploités par les miniers pour des fins énergétiques et/ou de petites constructions
(confection de maisonnettes, petits hangars, ombrage, lieu de refuge temporaire). Les
arbres sont ainsi abattus sans permis de coupe officiels ni plan d’aménagement
préalable. D’où l’effondrement des berges des cours d’eau, ensablant les rivières et
déviant les cours des ruisseaux (photo 1). Le même phénomène a été observé en
Centrafrique, selon le rapport de la Banque Mondiale (2010).
Tableau 1 : Caractéristiques dendrométriques des arbres détruits hors des
exploitations minières

ARBRES DETRUITS AYANT…. Forêt primaire Forêt secondaire


Surface terrière G (m²/ha) G = 141 G = 52
Biovolume V (m3/ha) V = 702 V = 259,8

Photo 1 : Destruction des forêts galeries et effondrement des berges des cours d’eau

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Une perte de rendement agricole
Les enquêtes menées auprès des agriculteurs font état d’une perte en rendement
rizicole allant jusqu’a -75%. Ce phénomène est lié à l’ensablement et/ou à la
destruction des structures des rizières, entrainant la désorganisation des réseaux
d’irrigation et rendant difficile la maîtrise des eaux agricoles. A cela s’ajoute
l’envahissement des eaux chargées de sédiments ferreux de couleur rouge, ainsi que
de minéraux pierreux, impactant négativement le développement des cultures
(Bamba et al., 2013 ; Griffon, 2014).

Photo 2 : Ensablement et destruction des rizières suite à l’exploitation aurifère

CONCLUSION
L’enjeu de l’exploitation aurifère traditionnelle réside ainsi dans la dégradation
rapide de l’agro-écosystème environnant sans que cela ne constitue une
préoccupation majeure des exploitants et des riverains. 40 % des miniers et 60 % des
riverains ne se préoccupent ni du devenir des parcelles exploitées ni des portées
agro-écologiques des dégâts écologiques générés. La remédiation environnementale
des sites miniers artisanaux s’avère ainsi d’une grande importance. Ce mécanisme
repose sur un certain nombre de principes tels que la prise en compte des impacts
cumulatifs par le biais d’une évaluation environnementale stratégique, l’implication
effective des exploitants dans la mise en œuvre d’un plan de gestion
environnementale participative, ainsi que l’élaboration d’un guide pratique en
matière de remédiation environnementale pour tous les acteurs. Cette démarche
devrait permettre la formalisation des activités d’exploitation objet de renforcement
de capacités en matière de remédiation.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) André, P., Delisle, C., Revéret, J.P., et Sene, A.. 1999. L'évaluation des impacts
sur l'environnement : Processus, acteurs et pratique, Presse Internationales
Polytechnique. 416p.
2) Aubertin M, Bussière B, Chapuis RP. 1996. Hydraulic conductivity of
homogenized tailings from hard rock mines. Canadian Geotechnical Journal 33
(3): 470-482
3) Bamba, O., Pelede, S., Sako, A., Kagambega, N., et Miningou, M.Y.W. 2013.
Impact de l’artisanat minier sur les sols d’un environnement agricole aménagé au
Burkina Faso. Édité par J.SC. Vol. 13. 2013.
4) Banque Mondiale. 2010. République Centrafricaine : Analyse Environnementale
de Pays : Gestion environnementale pour une croissance durable. Rapport
principal, Nov. 2010, Washington, D.C, USA.
5) Dawkins, H.C., 1959.The management of natural tropical high forest, with special
reference to Uganda. Commonwealth forestry, Institute University of Oxford,
England, 155p.
6) Griffon, M., 2014. L’agro-écologie, un nouvel horizon pour l’agriculture, in
Revue Etudes, décembre 2014, p.31-39
7) Ipenza Peralta, C.L. 2012. L'exploitation minière à petite échelle et l'exploitation
minière artisanale, et les décrets législatifs liés à l'exploitation minière illégale.
SPDA. www.alterinfos.org/spip.php?article6663
8) Lacroix, A. 1901, Sur l’origine de l’or de Madagascar, extrait des comptes rendus
des séances de l’Académie des Sciences 145 p.

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