Cours de Sémiotique Narrative1
Cours de Sémiotique Narrative1
Cours de Sémiotique Narrative1
Semestre 6
Année universitaire 2020 / 2021
Filière : Etudes françaises
Professeure Zahra CHELLAT
Faculté Polydisciplinaire Errachidia
1. sémiotique et Sémiologie
Le terme « sémiologie » désigne la science des signes, il a été créé par Émile Littré. Pour
lui la sémiologie se rapportait à la médecine. Il a ensuite été repris et élargi par F.Saussure pour
qui la sémiologie est : « la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale. » Cours
de linguistique générale, p33.
Cette définition sera progressivement étendue pour devenir une science générale de la
communication.
Le terme « sémiotique » a été inventé par Charles Sanders Peirce, quelques années auparavant
recouvrant la même idée.
La nuance qui existe entre sémiotique et sémiologie est la même que celle qui est entre
phonétique et phonologie. Une nuance entre la science de la substance est celle de la forme.
Pour Benveniste, la sémiotique désigne le mode signifiance qui est propre au signe linguistique
et qui le constitue comme unité. (Problèmes de linguistique générale, p64-65).
Exemple :
- Je mange du pain.
- Je suis fatigué.
- J’ai soif.
Les exemples cités supra sont considérés comme états de conjonction, c'est-à-dire la relation
(sujet / objet) est conjonctive. Elle est décrite narrativement par la formule suivante : S ∩ O
Exemples :
- elle n’a pas peur.
- Elle n’a pas de voiture
- Ils ne partent pas
Ces exemples sont des états disjonctifs et la relation (sujet / objet) est disjonctive. Elle est
décrite narrativement par la formule suivante : S U O
L’énoncé : elle n’a plus de voiture : présuppose qu’elle avait une voiture mais qu’une
action a été entreprise et qui l’en a privé. Ce n’est plus un état mais deux :
L’état 1 : état initial de conjonction avec la voiture.
L’état 2 : état final de disjonction avec la voiture.
L’énoncé : il est mort : l’état 1 n’est pas manifesté dans l’énoncé (il était vivant) mais
il doit avoir existé pour que l’énoncé soit possible.
On dira que l’état 1 est présupposé par l’état 2 et qu’inversement, l’état 2 présuppose
l’état1.
Autre cas : il été emporté par une longue maladie. : narrativement, on a toujours le
même schéma :
Etat 1 : le Sujet (il) est conjoint à l’Objet (la vie).
Etat 2 : le Sujet est disjoint de l’Objet.
On peut considérer alors que la maladie est la cause de la mort, c’est à dire que l’action de la
maladie a causé la mort.
Narrativement, on pourra représenter cela à l’aide d’une nouvelle formule qui fait intervenir
une nouvelle fonction c’est la relation factitive, le faire. Et un nouvel actant qui est le sujet
de faire.
On représentera donc la formule suivante :
F S1 (S2 U O) où :
S1 : la maladie
S2: il
O: la mort
La transformation est considérée comme la fonction narrative de base, d’où le “F“ indiquant
qu’il s’agit d’une fonction. En sémiotique, un énoncé de faire régit un énoncé d’état.
On distingue deux types de sujets. Celui qui réalise l’action est le sujet de faire appelé : sujet
opérateur (qui opère la transformation) et celui qui bénéficie de l’action ou qui la subit est le
sujet d’état.)
L’analyse narrative va consister pour une part à repérer dans le texte les énoncés de faire qui
régissent les énoncés d’état.