Paroles de La Mére 3

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LA MÈRE

Paroles de la Mère
III

Sri Aurobindo Ashram


Pondichéry
Paroles de la Mère
3
Paroles de la Mère
3
Le Divin dans l’univers
La transformation

Sri Aurobindo Ashram


Pondichéry
Première édition : 2002
Deuxième édition : 2009
Troisième édition : 2009 (version PDF)

© Sri Aurobindo Ashram Trust 2002, 2009

Publié par l’Ashram de Sri Aurobindo


Service des Publications, Pondichéry – 605002
Site Internet : http://www.sabda.in
La Mère

Date de naissance
21 février 1878

Arrivée en Inde
29 mars 1914

Mahasamâdhî
17 novembre 1973
Note de l’éditeur

Les textes publiés dans ce volume ont déjà paru en 1980 dans l’édi‑
tion anglaise des œuvres de la Mère (The Mother’s Collected Works,
Volume 15).
La première partie regroupe certains messages de la Mère, ainsi
que des extraits de sa correspondance avec les sâdhaks et de ses notes
personnelles. Nous avons ajouté quelques commentaires enregistrés,
qui figurent en notes de bas de page, et quelques remarques orales
notées de mémoire par les disciples ; la Mère en a approuvé plus tard
la publication. Elles sont identifiées par le signe *.
Par ailleurs, la Mère a donné un nom à un grand nombre de fleurs,
suivi d’un commentaire. Ces courtes définitions sont indiquées par
une étoile blanche ().
La plupart des communications, écrites en français, ont d’abord
paru dans des ouvrages et des journaux publiés par l’Ashram ou par
des organismes associés à l’Ashram. Dans chaque section, les messages
datés ont été classés par ordre chronologique, ceux non datés ont été
insérés là où cela semblait le plus approprié.
Les différentes sections de ce volume ne comprennent pas
nécessairement toutes les déclarations que l’on aurait pu y mettre. À
quelques exceptions près, chaque message a été placé sous un seul titre,
quoique plusieurs d’entre eux auraient pu figurer tout aussi bien sous
deux ou trois titres. La majorité des communications déjà publiées
dans d’autres volumes n’ont pas été reprises ici.
De nombreux billets, datés de 1954 et 1955, sont des phrases
extraites de ses Prières et Méditations.
Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que ces messages
s’adressaient à des individus, dans des circonstances particulières.

Dans la seconde partie, les six premiers entretiens, de 1950


et 1951, furent parmi les tout premiers donnés au Terrain de jeu.
La plupart des conversations qui suivent ont d’abord paru dans le
Bulletin du Centre International d’Éducation Sri Aurobindo. Nous
reprenons ici les titres sous lesquels ils ont été publiés dans cette
revue trimestrielle.

Les entretiens de 1950 et 1951 ont été sténographiés. Celui du


3 avril 1962 a été transcrit de mémoire. Tous les autres ont été enre‑
gistrés sur magnétophone. La Mère s’exprimait le plus souvent en
français. Seuls les entretiens du 12 novembre 1952, de 1958, intitulé
Le souvenir des vies antérieures, de janvier 1960, du 3 avril 1962, du
13 avril 1962 (la première moitié), du 11 mai 1967 et du 25 mai
1970 ont été tenus en anglais.
La Mère
Première partie

Lettres et messages
Le Divin et l’univers

l’univers   :
l’univers manifeste le divin

C’est Lui, l’esprit parfait qui remplit tout.


L’esprit parfait remplit tout.
C’est Lui qui remplit tout.
Qui est‑ce Lui ? L’esprit parfait.
C’est Lui, l’esprit parfait, qui remplit tout.
1952
*

C’est le Seigneur qui met tout en mouvement des profondeurs


de l’être ; c’est Sa volonté qui dirige, Sa force qui agit.
18 septembre 1954

C’est au service du Divin que nous sommes ; c’est le Divin qui


décide et ordonne et met en mouvement, dirige et accomplit
l’action.
25 décembre 1954
*

Qui a fait le Divin ?

Lui-même.
Août 1966
*

Combien de temps a-t-il fallu pour planifier cette créa-


tion et qui était là pour l’exécution ?

3
Paroles de la Mère

Rien d’avance. Tout immédiat   : directement, spontanément sans


aucun intermédiaire. La plupart du temps, l’intervention des
intermédiaires a compliqué les choses au lieu de les simplifier.
Une histoire plutôt longue à raconter.

*

Qu’est‑ce que la Conscience ?

Quand le Seigneur prend conscience de Lui-même, ça crée le


monde.
La conscience est le souffle qui fait vivre tout.

Douce Mère,
S’il te plaît, dis-moi ce que veut dire «   conscience   ».

Sans conscience, tu ne saurais même pas que tu vis.

La conscience est la faculté de percevoir toute chose par identi‑


fication.
La Conscience Divine non seulement perçoit mais connaît
et effectue. Percevoir une vibration, par exemple, ne signifie pas
connaître cette vibration intégralement.

Dans la Conscience Divine l’union se fait entre les plus petites


choses d’en bas et les plus vastes, les plus sublimes d’en haut.
3 juillet 1954
*

4
Le Divin et l’univers

Le Divin existe-t-il dans toutes les choses, même dans


la poubelle ?

L’univers tout entier est la manifestation du Divin — mais une


manifestation commençant par une totale inconscience de son
origine et s’élevant peu à peu vers cette conscience.

N’oublie pas, ne serait-ce qu’un instant, que tout ceci a été créé
par Lui, hors de Lui-même. Non seulement Il est présent en
toute chose, mais Il est toute chose. Les différences n’existent
que dans l’expression et la manifestation.
Si tu oublies cela, tu perds tout.*

Il n’y a pas de fin aux merveilles de l’univers.


Plus nous nous libérons des limites de notre petit ego, plus
ces merveilles se révèlent à nous.

Le Seigneur ne possédera parfaitement son univers que lorsque


l’univers sera devenu consciemment le Seigneur.

le divin est à l’œuvre


dans l’univers

L’univers est un tout défini, mais son contenu est indéfini ; les
changements survenant dans cet indéfini sont la conséquence

5
Paroles de la Mère

de l’action de l’Essence sur la substance, de la pénétration,


de la perméation de la quantité par la qualité produisant une
organisation et réorganisation constante et progressive du
contenu de l’univers.
24 mars 1932

à chaque minute l’univers se recrée dans sa totalité et dans cha‑


cune de ses parties.

Il n’y a pas deux combinaisons, il n’y a pas deux mouvements


semblables dans l’univers ; il n’y a rien qui se reproduise exacte‑
ment. Il y a des analogies, il y a des similitudes, il y a des familles,
des familles de mouvements que l’on pourrait appeler des familles
de vibrations, mais il n’y a pas deux choses qui soient identiques.
Ni dans le temps, ni dans l’espace. Rien ne se répète, autrement
il n’y aurait pas de manifestation, pas de devenir ; il n’y aurait
qu’une seule création, qu’une chose unique.
La manifestation c’est justement la diversité. C’est l’Unique
qui se déploie dans l’Innombrable — indéfiniment.

Sur le plan physique, c’est dans la beauté que le Divin s’ex-


prime. De même sur le plan mental, c’est dans la connaissance,
sur le plan vital dans le pouvoir et sur le plan psychique dans
l’amour.
Quand nous nous élevons suffisamment, nous découvrons
que ces quatre aspects s’unissent l’un à l’autre dans une cons‑
cience unique, pleine d’amour, lumineuse, puissante, belle,
contenant tout, pénétrant tout.

6
Le Divin et l’univers

C’est seulement pour satisfaire au jeu universel que cette


conscience se divise en des lignes ou des aspects de manifestation
multiples.
*

Ce monde est un chaos où l’obscurité et la lumière, le mensonge


et la vérité, la mort et la vie, la laideur et la beauté, la haine et
l’amour sont si étroitement enlacés qu’il est presque impossible de
les discerner l’un de l’autre et encore plus impossible de les dépar‑
tager et de faire cesser une étreinte, qui a l’horreur d’une lutte sans
merci, d’autant plus intense qu’elle est plus voilée, surtout dans
la conscience de l’homme où le conflit se change en angoisse de
savoir, de pouvoir et de vaincre — combat obscur et douloureux,
rendu plus atroce parce qu’il semble sans issue, mais qui peut se
résoudre au-dessus des sensations, des sentiments, des idées, par-
delà les mondes du mental... dans la Conscience Divine.
29 mars 1934
*

La manifestation surmontera toutes les difficultés ; car par la


manifestation nous voulons dire la victoire sur les difficultés.

Une Conscience Divine travaille ici à travers tous les êtres, prépa‑
rant ses voies à travers toutes ces manifestations. Actuellement,
elle est à l’œuvre sur la terre plus puissamment que jamais.
29 janvier 1935
*

Je dirai   : puisse le monde se rendre compte que le Divin est


manifesté.
8 avril 1935
*

7
Paroles de la Mère

Oh ! ne plus voir les apparences qui sans cesse changent ; ne plus
contempler en tout et partout que l’immuable Unité du Divin.
29 septembre 1954
*

Si on regarde les formes extérieures, non plus en elles-mêmes,


pour elles-mêmes, dans leur apparence seulement, mais comme
l’expression d’une réalité plus profonde et plus durable, alors
toutes — comme aussi toutes les circonstances et tous les événe‑
ments — deviennent symboliques de la Force qui est derrière et
qui se sert d’elles pour s’exprimer.
Pour un certain état de conscience, il n’y a pas une circons‑
tance, pas une forme, pas une action, pas un mouvement qui
ne soit expressif d’une réalité plus profonde ou plus haute, plus
durable, plus essentielle, plus vraie.

Derrière les apparences se trouve une réalité subtile bien plus


proche de la Vérité ; c’est celle-là que nous essayons de vous
montrer.
*

À ce monde d’illusion, à ce sombre cauchemar, le Divin a


conféré Sa Réalité divine, et chaque atome de la matière contient
quelque chose de Son absolu.
14 novembre 1954
*

N’est‑ce point, pour le Divin, un suprême sacrifice [que] de


renoncer à la béatitude de Son Unité pour créer la multiplicité
douloureuse du monde ?...

8
Le Divin et l’univers

Pauvre Divin ! De quelle quantité d’horreurs on L’accuse !


Si ces accusations étaient vraies, quel monstre Il serait, Lui
qui est, en vérité, toute compassion !

C’est faux de dire que le monde, tel qu’il est, a été fait selon la
Volonté du Divin. Si c’était le cas,
(a) Toute la méchanceté du monde serait la méchanceté du
Divin,
(b) On n’aurait besoin ni de se changer soi-même ni de
changer le monde.

En dernière analyse, voyant le monde tel qu’il est et qu’il semble


devoir être irrémédiablement, l’intellect humain a décrété que
cet univers doit être une erreur de Dieu et que la manifestation
ou la création est certainement le résultat d’un désir, désir de
se manifester, de se connaître, de jouir de soi-même. Ainsi la
seule chose à faire est de mettre fin à cette erreur aussitôt que
possible, en refusant d’adhérer au désir et à ses conséquences
funestes.
Mais le Seigneur Suprême répond que la comédie n’est pas
entièrement jouée, et Il ajoute   : «   Attendez le dernier acte ; sans
doute changerez-vous d’avis.   »
23 juillet 1958

Quand le monde physique manifestera la splendeur divine,


tout deviendra merveilleux.

9
Paroles de la Mère

Toute la création parle du Divin à celui qui sait entendre dans


son cœur.
8 décembre 1965

Il n’y a pas d’autre conscience


que la Conscience suprême.
Il n’y a pas d’autre volonté
que la Volonté suprême.
Il n’y a pas d’autre vie
que la Vie suprême.
Il n’y a pas d’autre personnalité
que la Personnalité suprême,
l’Un et le Tout.
20 septembre 1967

Il n’est rien dans ce monde qui ne soit soumis à une action directe
de la Nature — mais la plupart des hommes l’ignorent.
18 septembre 1967

La Présence divine   : elle cache à l’œil ignorant sa magnificence


toujours présente. 

Vous parlez de félicité, mais dans le monde matériel il n’y a pas


de félicité. Et pourtant, retirez la félicité et le monde tout entier
s’écroulera.
La Nature et les forces de la Nature

La nature est heureuse d’être belle.

La nature se réjouit de sa beauté.

La beauté est l’offrande joyeuse de la Nature.

La nature a une âme qui joliment s’épanouit.

Tout dans la Nature est spontanément généreux.

Abondance   : la Nature nous donne beaucoup à la fois et nous


avons la joie de l’abondance.

La nature a instinctivement soif de lumière.

La Nature sait qu’un jour elle pourra.

11
Paroles de la Mère

C’est l’homme qui a rendu la nature douloureuse.

Intimité avec la Nature universelle   : cette intimité n’est possible


qu’à ceux qui sont vastes, sans préférence et sans répulsion.

Les soi-disant forces de la nature ne sont rien d’autre que les


activités extérieures d’êtres hors de proportion avec l’homme
par leurs dimensions et les pouvoirs dont ils disposent.

(à propos d’un cyclone qui a frappé Pondichéry


le 1er mai 1966.)

Ce cyclone était simplement une impulsion de la Terre-Nature,


afin d’éveiller certains de ses enfants humains somnolents à la
nécessité de faire un progrès sur la base de ce que Sri Aurobindo
a dit   : «   Matériellement vous n’êtes rien, spirituellement vous
êtes tout.   »
Mai 1966

(à propos d’un autre cyclone qui a frappé Pondichéry


en novembre 1966.)

La Nature collabore à sa manière. Tout est fait pour la crois‑


sance d’une sincérité spontanée.

12
La Nature et les forces de la Nature

Il faut laisser les choses croître comme les plantes poussent dans
la nature. Toute forme ou limitation trop rigide qu’on voudrait
leur imposer avant l’heure, gênerait leur développement naturel
et devrait tôt ou tard être détruite.
Le Divin dans la nature ne fait rien de définitif ; tout est
provisoire et en même temps aussi parfait qu’il était possible de
le faire dans le temps et les circonstances.

Dans notre façon de travailler, nous ne devons pas être des es‑
claves de la Nature ; ces habitudes d’essayer et changer, de faire,
défaire et refaire encore, de gaspiller énergie, labeur, biens ma‑
tériels et argent, sont des conceptions de la Nature, et non du
Divin. La Conscience Divine voit d’abord la vérité d’un travail,
le meilleur moyen de le faire en fonction des circonstances. Alors
quand elle agit, c’est définitif, elle ne revient jamais sur ce qui
a été fait, elle va de l’avant, utilisant échecs et succès pour de
nouveaux progrès, pour un pas de plus vers le but.
Pour progresser, la Nature détruit, tandis que la Conscience
Divine stimule la croissance et finalement transforme.*

Si tu ne sens pas que tu es responsable et si tu n’es pas toujours


vigilant et soigneux, alors la Nature se jouera de toi pour faire
du mal. Si tu veux arrêter le jeu de la Nature, tu dois travailler
avec exactitude et avec le sens des responsabilités. Tu ne dois
rien laisser inachevé. Tu dois toujours être attentif et vigilant et
tu seras en sécurité.*

13
Les dieux, les êtres supérieurs
et les forces adverses

les dieux

Ceux qui croient encore en les dieux peuvent certainement


continuer à leur rendre un culte s’ils le désirent — mais ils
doivent savoir que cette croyance et ce culte n’ont rien à voir
avec l’enseignement de Sri Aurobindo et n’ont pas le moindre
rapport avec la Réalisation Supramentale.
1964

Pour que la création divine puisse être accomplie sur terre, les
dieux eux-mêmes doivent faire leur soumission au Suprême.

Quelle est l’origine, la signification et le but de fêtes


telles que Deepavali, Dassera, Rakhipournima, etc.
— ainsi que de certaines fêtes occidentales ? Les dieux
répondent-ils davantage aux aspirations humaines ces
jours-là ? Troisièmement, quel est le rapport entre la
vérité intérieure et les fonctions extérieures de ces fêtes ?
Enfin, quelle doit être notre attitude envers ces fêtes ?

Les hommes aiment les fêtes.


9 novembre 1969

14
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

En réponse à ma lettre sur la signification des fêtes


vous m’écrivez   : «   Les hommes aiment les fêtes.   » Cela
veut-il dire qu’elles sont des fantaisies et des caprices des
hommes ? N’ont-elles ni signification, ni utilité ?

Ce sont les hommes qui donnent un sens à ces fêtes dans le but
de légitimer leur présence.
21 novembre 1969

krishna et râdhâ

Krishna représente, à la fois, le Dieu universel et le Dieu imma‑


nent ; celui que l’on peut rencontrer à l’intérieur de son être, et
dans tout ce qui constitue le monde manifesté.
Et voulez-vous savoir pourquoi on le représente toujours
comme un enfant ? Parce qu’il est en constante progression. À
mesure que le monde se perfectionne, son jeu aussi se perfec‑
tionne — ce qui était le jeu d’hier ne sera plus le jeu de demain
qui deviendra de plus en plus harmonieux, bienveillant, joyeux
à mesure que le monde sera capable d’y répondre et de le jouer
avec le Divin.
*

Le jeu de Krishna   : une puissance de progrès qui se voile der‑


rière les apparences.

Le jeu de Krishna dans la Matière   : la beauté, l’amour et la joie


sont ses compagnons. Un jeu qui élargit et fait progresser.

15
Paroles de la Mère

Le jeu de Krishna dans le physique   : le règne de l’Avatâr sur


terre, c’est-à-dire la réalisation du nouveau monde divin.

Peux-tu me dire si Râdhâ a jamais existé ? On écrit des


volumes pour prouver le contraire.

Elle a sûrement existé et elle vit toujours.

La conscience de Râdhâ symbolise l’attachement parfait au


Divin.
*

kâlî, mahâkâlî,
mahâlakshmî, mahâsaraswatî

Mère,
Lorsque des gens te dénigrent, je sens une grande
flamme faite de plusieurs langues de feu s’élever en moi
et la personne en face de moi se tient tranquille.

C’est certainement la force de Kâlî, celle que tu invoques.

Je veux te poser une question à propos de ma réaction


à l’impudence et à la vulgarité de la lettre de X. sur
Sri Aurobindo. Je me souviens qu’il y a de nombreuses
années, une de mes amies m’avait parlé de vous deux
en termes inconvenants. Je l’ai immédiatement étouffée
verbalement, mais l’indignation à l’intérieur de moi

16
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

a continué de brûler. C’était comme une épée de feu


jaillissant de ma poitrine, frappant et frappant pendant
des heures. Mon mental ne servait qu’à la diriger avec
précision ; il n’avait lui-même qu’une petite part dans
cette violence même. Le lendemain, cette femme a eu
une terrible crise de diarrhée.
Une flamme semblable a commencé à sortir de
ma poitrine, hier, en lisant la lettre de Y. Je n’ai pas
eu de scrupules à la diriger vers son journal afin de
réduire son avenir en cendres. Mais bien que j’aie aussi
frappé Y. lui-même comme pour le détruire, je n’ai
pas encouragé l’assaut enflammé. J’ai commencé à me
demander si c’était juste d’attaquer ainsi une personne.
Tantôt je le croyais parfaitement justifié, tantôt il me
semblait que je devais offrir mon épée de feu à toi et à
Sri Aurobindo et vous laisser l’utiliser, au lieu de me
concentrer directement sur X. Je serais heureux d’avoir
quelques mots de ta part pour me guider. S’il te plaît,
garde présent à l’esprit que je ne parle pas d’une simple
explosion de colère   : une force apparaît là qui veut
détruire et qui sent qu’elle a le pouvoir de détruire.
Bien sûr, je ne penserais jamais à l’utiliser à des fins
personnelles.

C’est évidemment la force de Kâlî qui est à l’œuvre et qui a


allumé et dirigé ce feu en toi. Il n’y a rien de mal à cela ; ce n’est
pas une colère qui t’est personnelle, mais le courroux d’une puis‑
sance divine et on doit lui permettre d’agir ; en fait, je pense que
tu ne pourrais pas l’empêcher de brûler en toi, même si tu le vou‑
lais. Cet homme l’a attirée sur lui, et il n’y a rien de mal à ce qui
arrive, il est seul responsable. Bien sûr, cela ne doit pas être utilisé
dans un but personnel ou pour des considérations personnelles.
8 octobre 1950
*

17
Paroles de la Mère

De tous les aspects de la Mère, Kâlî exprime le plus puissamment


l’amour vibrant et actif, et elle porte en elle la splendeur dorée
d’un amour tout-puissant, en dépit de son aspect parfois terrible.
24 février 1965

Kâlî n’agit guère dans le mental. Dans les domaines supérieurs


elle est une puissance d’amour qui pousse vers le progrès et la
transformation ; dans le vital elle est une puissance de destruc‑
tion du mensonge, de l’hypocrisie et de la mauvaise volonté.
Tout ce qui est bon, véridique et progressif n’est jamais
détruit par elle. Au contraire, elle le protège et elle le soutient.
5 juin 1965

Derrière toutes les destructions, que ce soit les immenses des‑


tructions de la Nature, tremblements de terre, éruptions volca‑
niques, cyclones, inondations, etc., ou les violentes destructions
humaines, guerres, révolutions, révoltes, je trouve le pouvoir
de Kâlî qui travaille dans l’atmosphère terrestre pour hâter le
progrès de la transformation.
Tout ce qui est non seulement divin dans son essence, mais
aussi divin dans sa réalisation, est de par sa nature même au-
dessus de ces destructions et elles ne peuvent pas le toucher. Ainsi
l’importance du désastre est à la mesure de l’imperfection.
La véritable manière de prévenir la répétition de ces destruc‑
tions est d’en apprendre la leçon et de faire le progrès nécessaire.

Richesse intégrale de Mahâlakshmî   : la richesse dans tous les


domaines et toutes les activités intellectuelles, psychologiques,

18
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

matérielles, de sentiment et d’action.

La mission de Mahâsaraswatî est d’éveiller le monde à un


besoin de perfection ; mais la perfection elle-même appartient
au Seigneur Suprême ; personne d’autre ne peut même savoir
ce qu’elle est.
*

Mâ,
Je Te prie de m’aider à bien me représenter les quatre
aspects de la Mère tels que Sri Aurobindo les décrit dans
son livre La Mère.

Dans leur aspect au-dessus de l’Overmind [Surmental], dans


les régions supérieures ces aspects de la Mère ont des formes
très simples et n’ont pas des membres multiples.
Tous les détails et les complications sont des apparences
ajoutées en grande partie par les hommes pour donner une
expression symbolique à des qualités invisibles.
29 janvier 1968
*

l’avatâr

Avatâr — Le Suprême manifesté dans un corps sur la terre.

L’Avatâr   : le Divin suprême manifesté dans une forme terrestre


— généralement une forme humaine — pour un but défini.

19
Paroles de la Mère

Le Divin, être tout-puissant, peut élever les gens sans prendre


la peine de descendre sur terre. C’est seulement si cela fait
partie de l’organisation du monde — qu’il doit prendre sur lui
le fardeau de l’humanité et ouvrir la Voie —, que l’avatâr a un
sens.
6 mars 1935

Les hommes ne tolèrent la présence du Divin sur la terre que


s’il y souffre.

C’est seulement quand les hommes dépendront exclusivement


du Divin et de rien d’autre, que le dieu incarné n’aura plus
besoin de mourir pour eux.

La principale raison d’être de l’Avatâr est de fournir aux hommes


une preuve concrète que le Divin peut vivre sur la terre.
12 juillet 1954

À moins que ton but ne soit la Réalisation Divine sur terre, à


quelque prix que ce soit, prends bien garde, n’approche pas de
trop près les messagers divins   : car leur action est comme un
ouragan qui balaye toutes les choses établies.
7 mai 1957

20
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

les êtres supérieurs

Le genre humain tolère et accepte l’existence d’êtres supérieurs


seulement s’ils sont à son service.
4 février 1965

Pour les hommes ordinaires, le sage est une sorte de boîte


à musique de sagesse dans laquelle il suffit d’introduire les
deux sous d’une question pour recevoir automatiquement la
réponse.

Ils ont besoin de l’auréole derrière la tête pour reconnaître le


dieu, et du sceptre dans la main pour reconnaître le roi !

Celui qui n’est plus égoïste n’a plus aucune place personnelle
dans ce monde. C’est-à-dire qu’en mesure même de son imper‑
sonnalité ce monde personnel n’a plus de relations personnelles
avec lui. Il n’est plus en relation avec le monde, les êtres et
les choses qu’en tant que forces universelles et individuelles,
comme elles il agit en tout, anime tout, soutient tout, mais
d’une façon générale il est complètement ignoré de tout ce qu’il
anime, soutient et met en mouvement.
Ce n’est pas lui qui ne veut plus du monde, c’est le monde
qui ne veut plus de lui ou plutôt qui ne s’aperçoit même plus
qu’il existe.

21
Paroles de la Mère

les forces adverses

Chaque fois que nous faisons un pas décisif dans le progrès


spirituel, les ennemis invisibles du Divin essayent toujours
d’avoir leur revanche et quand ils ne peuvent pas faire du mal à
l’âme, ils frappent le corps. Mais tous leurs efforts sont en vain
et seront finalement vaincus, car la Grâce Divine est avec nous.

Nous ne devons jamais donner aux forces adverses la moindre


chance d’exercer leur malfaisance. Elles profitent de la plus
légère inconscience.

C’est la jalousie, l’insatisfaction égoïste et la vanité blessée qui


ouvrent les portes de la conscience aux attaques hostiles en
nous tirant hors de la protection du Divin.
C’est seulement en refusant de permettre à ces faux mou‑
vements de se produire en soi-même que l’on peut espérer se
débarrasser de l’influence hostile et de ses conséquences désas‑
treuses.
*

C’est une grande ignorance qui fait qu’un être répond aux sug‑
gestions des forces d’obscurité et de destruction. Un vrai senti‑
ment de gratitude pour la miséricorde infinie du Divin nous
sauverait de semblables dangers.

Quelles sont ces suggestions qui parfois m’envahissent ?


Ne viennent-elles pas de l’extérieur ?

22
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

Elles viennent, en effet, du dehors, de quelque entité vitale qui


s’amuse à vous les envoyer pour voir comment vous allez les
recevoir. Je l’ai vue passer (la suggestion) au moment où je vous
ai donné la fleur. Je n’y ai pas attaché d’importance parce que
c’était une sottise — mais je vois que vous l’avez reçue.
28 avril 1934
*

La colère de Mahâkâlî se manifeste de temps à autre et agit


comme il le faut, mais son effet ne dure pas longtemps parce
que ceux qui répondent à la force adverse ne veulent pas vrai‑
ment être guéris — ils ne sont pas sincères.
1er juillet 1935

Les attaques sont innombrables, Mère, et aujourd’hui je


me sens très faible.

Si tu pensais moins aux attaques, elles seraient moins nom‑


breuses.
7 octobre 1935
*

Penser constamment aux forces hostiles et les craindre est une


très dangereuse faiblesse.

Comme vous dites, c’est la force adverse elle-même qui doit


être conquise et détruite, autrement elle trouvera toujours des
gens pour la manifester.
28 mai 1936
*

23
Paroles de la Mère

Les forces hostiles ne sont tolérées dans le monde que parce


qu’elles mettent à l’épreuve la sincérité de l’homme. Le jour où
l’homme deviendra intégralement sincère, elles disparaîtront,
car elles n’auront plus de raison d’être.

Ce soir encore j’ai subi une sérieuse attaque des forces


hostiles. J’ai complètement perdu le sommeil. Je vous
supplie avec la plus grande sincérité de me libérer des
griffes de ces furies. Elles attaquent mon ventre, mes cuisses
et mes genoux. Par pitié donnez-moi le conseil promis,
afin que je puisse me débarrasser d’elles pour toujours.

Ces forces adverses sont liées au désir sexuel. Elles vivent de


l’énergie gaspillée pendant l’acte sexuel. Et même une pensée,
un désir mental ou vital suffit pour les laisser entrer et s’installer
dans l’atmosphère. C’est donc dans le mental lui-même que la
purification doit se faire.
Avec mes bénédictions.
12 septembre 1950
*

Mère, c’est une chose curieuse que je vois quelquefois.


Je vois un domaine où vont les mouches mortes. Leur
condition me semble très misérable. Elles se plaignent
de ce que je tue tant de mouches.

Ces visions sont des imaginations provenant sans doute de


vieilles formes de pensée. Il n’y a pas lieu de sentimentaliser sur
les mouches. Ce sont des êtres créés par des forces adverses et
qui doivent disparaître de la terre.

24
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

Dans l’organisation terrestre, le monde des insectes est l’œuvre,


pour ainsi dire, directe de créateurs hostiles du monde vital ; ils
sont le résultat de pensées et d’imaginations adverses et souvent
diaboliques, non pas à l’égard de l’homme, mais à l’égard de
l’œuvre divine. Souvent un insecte qui peut avoir l’air très inof‑
fensif, est le messager d’une volonté mauvaise et malfaisante ;
dans ce cas il faut sévir.
L’amour peut tout tolérer — mais dans l’action, le Divin
choisit et décide. Mais même dans son geste destructeur
l’Amour pur, l’Amour sublime rayonne.
14 octobre 1955

Quand on agit sur les forces adverses dans le bon sens, tout ce
qui est laid et faux disparaît pour faire place à ce qui est vrai et
beau.

à la moindre contrariété, ton ego a l’habitude d’ouvrir la porte


de ton être à un esprit malfaisant, d’un arrogant et impudent
scepticisme, qui passe son temps à jeter de la boue et des ordures
sur tout ce qui est sacré et beau, en particulier sur l’aspiration
de ton âme et l’aide de la Grâce Divine.
Si on lui permet de continuer, cela finira inévitablement
par un désastre et une catastrophe. Il faut prendre des mesures
énergiques pour y mettre fin, et pour cela la collaboration de
l’âme est nécessaire. Elle doit se réveiller et participer au com‑
bat contre l’ego en fermant résolument la porte à cet esprit
malfaisant.
9 avril 1958

25
Paroles de la Mère

Après tout, qu’est‑ce que la liberté ? Faire ce que vous voulez ?


Mais savez-vous ce qu’est ce «   vous   » ? Connaissez-vous votre
propre volonté ? Savez-vous ce qui vient de vous et ce qui vient
d’ailleurs ? Bien, si vous aviez une forte volonté j’aurais pu
vous autoriser à travailler. Mais ce n’est pas le cas. Vous êtes
seulement mû par des impulsions, et elles ne sont pas vôtres.
Elles viennent de l’extérieur et vous font faire toutes sortes de
choses. Vous tombez entre les mains de Rakshasas. D’abord
ils vous font faire des choses stupides et puis ils rient. Si vous
avez une forte volonté, si votre volonté, vos impulsions et
tout le reste sont centrés autour du psychique, alors, et alors
seulement, vous pourrez avoir un avant-goût de la liberté et de
l’indépendance. Autrement, vous êtes un esclave.*

Si vous refusez de devenir un serviteur docile et soumis du


Divin et du Maître qui le manifeste, cela signifie que vous
resterez esclave de votre égoïsme, votre vanité, votre présomp‑
tueuse ambition, et un jouet dans les mains des Rakshasas qui
vous attirent avec de brillantes images dans le but — parfois
avec succès — de vous posséder.

Si vous aviez compris et réagi de la bonne manière, vous auriez


passé l’examen et vous seriez débarrassé non seulement de cette
difficulté particulière mais probablement aussi de cette influence
hostile. Mais vous avez échoué et vous avez été possédé. Et il ne
m’est resté qu’une chose à faire, qui était de vous inonder avec
la lumière pure, la flamme blanche de la purification, afin de
chasser l’intrus hors de vous. C’est probablement ce que vous
avez pris pour une coupure dans nos relations, un mur de sépa‑
ration entre nous ; il n’y avait rien de tel ; j’étais à l’intérieur de

26
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

vous, vous pénétrant comme d’habitude, mais sous la forme de


cette suprême pureté qui est si étrangère à ce qui est antidivin
ou même à tous les mouvements humains ordinaires.
Cette entité adverse n’est pas seulement vitale, elle est aussi
mentale, et soutient ses désirs avec des principes apparemment
raisonnables qui deviennent agressivement stupides par leur
rigidité. Quand cela vous saisit, vous semblez perdre tout bon
sens et la plus élémentaire compréhension.
Pas de mur — seulement une lumière pure, la flamme
blanche de purification pénétrant de part en part, du dehors au
dedans et du dedans au dehors.
Maintenant, je peux vous dire ce qui est arrivé avec une
chance d’être comprise.

(À propos de l’accident d’un sâdhak.)

Voilà une triste histoire mais une illustration frappante de ce


que j’ai dit.
Ce cas est clair. Pour quelque raison égoïste, il a tenté de faire
plus qu’il ne pouvait.
Si l’année avait été bonne, il aurait pu réussir.
Avec une année ordinaire ou neutre il n’aurait pas réussi, mais
sans résultat fâcheux pour lui ou pour les autres.
Cette année, parce qu’elle était dangereusement mauvaise,
les conséquences ont été sérieuses. Maintenant, tout ce que je
peux faire est de tirer le meilleur de la situation ; mais c’est
devenu une grosse affaire.
C’est ce que je voulais dire quand j’ai parlé, mais très peu
de gens ont compris ce que j’entendais par «   soyez prudents   ».
Je voulais dire   : «   Faites toujours de votre mieux et autant que
possible ne commettez pas d’erreur spirituelle   ». Au contraire,
la plupart d’entre eux ont commencé à avoir peur, et c’est déjà

27
Paroles de la Mère

en soi une faute spirituelle grave. Au lieu d’être plus vigilants


et plus fidèles, la plupart d’entre eux ont ouvert la porte aux
suggestions hostiles et ont aggravé la situation. Certains ont été
jusqu’à me blâmer d’avoir parlé, ne comprenant pas que si je ne
pouvais pas avertir les gens ici et leur conseiller de rester fermes
dans la bonne attitude, cela signifiait qu’ils n’étaient pas de vrais
sâdhaks et qu’il n’y avait pas de sincérité dans leur attitude.
Afin de mieux me faire comprendre, je répète ce que je vou‑
lais dire   : lors d’une année comme celle-ci où les forces adverses
ont décidé d’attaquer au plus fort de leurs capacités, il faut que
ceux qui ont décidé de se battre pour la Réalisation Divine
évitent soigneusement la peur.
Quand j’ai parlé au début de l’année, j’ai insisté sur la néces‑
sité d’être particulièrement vigilant parce que, quand les temps
sont mauvais, la moindre faute porte toutes ses conséquences,
l’action de la Grâce étant gênée par l’intensité des attaques
adverses ; la foi doit être plus totale, la vigilance plus constante,
la croyance en le Divin plus absolue.
1955

Quant à votre ouverture vers le haut — ne craignez rien ; tout


dépend de votre sincérité. Si c’est le Divin seul que vous voulez
et non quelque avantage personnel, c’est le Divin seul qui ré‑
pondra à votre appel. Les réponses adverses ne sont un danger
que quand le motif est égoïste.
Avec mes bénédictions.
5 septembre 1964

La nuit précédente, à 3 h du matin, somnolent, exaspéré,


je T’ai appelée. Quelques instants après, par trois fois, j’ai

28
Les dieux, les êtres supérieurset les forces adverses

ressenti une grande force qui me paralysait et cherchait


à me plonger dans l’inconscience. J’ai durement lutté
contre elle car je la ressentais comme une force adverse
qui voulait emmener mon corps subtil ; la troisième fois,
j’ai vu avec un œil ouvert, un pan de robe bleu foncé
de quelqu’un de grand qui attendait pour m’emmener ;
il me semblait qu’une émanation de X. était à côté de
lui.
Comment se fait-il que T’ayant appelée, Toi, j’ai eu
cette expérience.

Voilà bien l’inconvénient de se mettre sous l’influence de plu‑


sieurs forces occultes.
Dans le temps on recommandait, non sans raison, de choisir
un maître spirituel et de bien se garder d’en voir d’autres afin
de ne pas mélanger les influences, ce qui a de sérieux inconvé‑
nients. La soi-disant sagesse moderne qui vient de l’ignorance
s’ouvre à toutes sortes d’influences parfois contradictoires, et le
résultat est une grande confusion.
Il n’y a maintenant qu’une solution, c’est de passer par-delà
toutes les représentations humaines et de s’adresser directement
au Suprême avec le maximum de sincérité dont on est capable
et... d’attendre le résultat.
Bénédictions.
25 mars 1970

29
Les religions et l’occultisme

les religions

Dieu se donne à sa création tout entière ; aucune religion n’a le


monopole de sa Grâce.

Au lieu de s’exclure, les religions devraient se compléter l’une


l’autre.

L’esprit spirituel n’est pas contraire à un sentiment religieux


d’adoration, de dévotion et de consécration. Mais ce qui est
faux dans la religion c’est la rigidité de l’esprit qui s’accroche
à une formule comme à une vérité exclusive. On doit toujours
se souvenir que les formules ne sont qu’une expression mentale
de la vérité, et que cette vérité peut toujours s’exprimer de
beaucoup d’autres manières.
6 décembre 1964

Vous exprimez votre foi en Sri Aurobindo avec certains mots


qui sont pour vous la meilleure expression de cette foi ; c’est
bien. Mais si vous êtes convaincu que ces mots sont les seuls à
pouvoir exprimer ce qu’est Sri Aurobindo, alors vous devenez
dogmatique et vous êtes prêt à créer une religion.
5 mars 1965

30
Les religions et l’occultisme

(Note retrouvée dans les manuscrits de la Mère.)

D’un ton sévère   :


«   Mademoiselle, c’est un engagement que vous prenez.   »
Très tranquille   :
«   Je le sais, Monsieur, et quand je prends un engagement, je
le tiens. Mais pour moi ces choses n’ont pas beaucoup d’impor‑
tance. Je n’ai d’attachement pour aucune religion, et quand on
n’a pas d’attachement, on n’a pas non plus d’aversion. Pour
moi, les religions sont des formes trop humaines de la vie spiri‑
tuelle. Chacune exprime un aspect de la Vérité une et éternelle,
mais en l’exprimant à l’exclusion des autres aspects, elle le
déforme et le diminue. Aucune n’a le droit de s’affirmer la seule
vraie, pas plus qu’elle n’a le droit de nier la vérité contenue dans
les autres. Et toutes ensemble ne suffiraient [pas] à exprimer
la Vérité Suprême qui est au-delà de toute expression, tout en
étant présente en chacune.   »
D’un ton sec   :
«   Je regrette, Mademoiselle, mais sur ce terrain je ne puis pas
vous suivre.   »
Souriante et paisible   :
«   Je le sais fort bien, Monsieur, aussi ne vous ai-je dit tout
cela que pour vous expliquer pourquoi je n’ai pas répondu avec
solennité à la promesse que vous me demandiez.   »

Pourquoi les hommes veulent-ils adorer ?


Il vaut beaucoup mieux devenir qu’adorer.
C’est la paresse de changer qui fait que l’on adore.
24 juin 1969

31
Paroles de la Mère

On peut ne pas adorer seulement à condition de changer, parce


que beaucoup veulent ne pas changer et ne pas adorer non
plus !
Juin 1969

Telle est l’attitude à prendre


vis-à-vis des religions

Une bonne volonté bienveillante vis-à-vis de tous les croyants.


Une indifférence éclairée envers toutes les religions.
Toutes les religions sont des approximations partielles d’une
unique Vérité qui est loin au-dessus d’elles.
Avril 1969

Une volonté bienveillante envers les adorateurs. Une indiffé‑


rence éclairée envers les religions. Quant à la relation des êtres
avec le Supramental, si cette relation existe déjà, chaque cas
doit avoir sa propre solution.

Pourquoi les hommes s’accrochent-ils à une religion ? Les reli‑


gions sont basées sur des symboles qui sont des expériences
spirituelles descendues à un niveau où elles sont plus faciles à
saisir, mais au prix de leur pureté et de leur vérité intégrales.
Le temps des religions est passé.
Nous sommes entrés dans l’âge de la spiritualité universelle,
de l’expérience spirituelle dans sa pureté initiale.

32
Les religions et l’occultisme

(À propos d’un article intitulé «   Religions dans le Nouvel Âge   ».)

J’ai lu l’article — c’est bien. Je n’ai fait qu’un changement   : à la


dernière page, quand vous écrivez «   désormais ce sera l’âge de
Dieu   » ([le mot] Dieu est encore trop religieux), j’ai mis «   de
l’UN   » — parce que ce sera véritablement l’âge de l’Unité.

Je suis d’accord pour que vous continuiez ces pratiques dans


l’Arya Home à condition que ceux qui vivent là soient parfaite-
ment libres d’y assister ou de ne pas y assister, selon leurs
convictions. Ce genre de pratique n’a pas de valeur spirituelle
si elle devient une habitude ou une contrainte, même si ce n’est
qu’une contrainte mentale. Je veux dire qu’on ne doit faire
usage d’aucune propagande spirituelle.
Avec mes bénédictions.

La pensée religieuse ne peut être utilisée que si elle est libérée de


l’influence des religions.

La notion de religion est le plus souvent liée à celle de la


recherche de Dieu. Est‑ce seulement dans cette perspec-
tive qu’il faut la comprendre ? N’y a-t-il pas en effet,
aujourd’hui, d’autres formes de religion ?

Nous appelons «   religion   » toute conception du monde ou de


l’univers qui se présente comme la Vérité exclusive en laquelle
on doit avoir une foi absolue, généralement parce que cette
Vérité est censée être le résultat d’une révélation.

33
Paroles de la Mère

La plupart des religions affirment l’existence d’un Dieu et les


règles à suivre pour Lui obéir, mais il y a aussi des religions sans
Dieu, telles les organisations socio-politiques qui, au nom d’un
Idéal ou de l’État, réclament le même droit à l’obéissance.
Le droit de l’homme est de poursuivre librement la Vérité et
de s’en approcher librement par ses propres voies. Mais chacun
doit savoir que sa découverte est bonne pour lui seulement et
qu’elle ne doit pas être imposée aux autres.
13 mai 1970
*

Il ne faut pas confondre un enseignement religieux et un ensei‑


gnement spirituel.
L’enseignement religieux appartient au passé et arrête le
progrès.
L’enseignement spirituel est l’enseignement de l’avenir, il
éclaire la conscience et la prépare pour la réalisation future.
L’enseignement spirituel est au-dessus des religions et s’ef‑
force vers une Vérité totale. Il nous apprend à entrer en rapport
direct avec le Divin.
15 juillet 1972
*

l’occultisme

L’occultisme ne s’épanouit vraiment que lorsqu’il est soumis au


Divin.

Et pourtant il y a une analogie. De même que vous pouvez lire


tous les livres possibles sur l’art de jouer du piano, si vous n’en
jouez pas vous-même vous ne serez jamais un pianiste, de même
vous pouvez lire tout ce qui a été écrit sur l’occultisme, mais si

34
Les religions et l’occultisme

vous ne le pratiquez pas vous-même, vous ne serez jamais un


occultiste.
Novembre 1957
*

Prévision   : le pouvoir de projeter sa conscience dans l’avenir.

Je n’aime pas ces miracles tape-à-l’œil — ils connaissent trop


souvent une fin pitoyable. Les ego se mettent à gonfler dange‑
reusement dès la première pression de la Force.
Face à tout cela, la seule attitude à prendre, c’est   : «   Fais de
ton mieux, et laisse le Seigneur se charger du résultat.   »

Quand on lit la vie des saints de l’Inde, on apprend que


beaucoup d’entre eux, avec une foi complète, refusaient
de manger jusqu’à ce que le Seigneur vienne à eux sous
une forme humaine et partage leur nourriture ; et le
Seigneur finissait vraiment par leur apparaître et se
comportait tout à fait comme les êtres humains, man-
geant et travaillant comme eux.
Y a-t-il une vérité derrière ces histoires ?

Une vérité psychologique, car n’importe qui peut devenir pour


vous le Seigneur si vous l’avez décidé. Le point de vue subjectif
prévaut beaucoup plus souvent qu’on ne l’admet en général.

J’ai parcouru les textes que vous m’avez envoyés. La partie his‑
torique de ces textes semble vraie. L’auteur a certainement eu

35
Paroles de la Mère

connaissance de la Kabbale et de quelques mystiques de l’Asie


Mineure. L’original semble avoir été écrit en latin avec des ad‑
jonctions de mots hébreux (probablement tirés de la Kabbale).
Mais la partie Osiris-Isis me semble avoir été ajoutée plus ré‑
cemment, il y a cinquante ou soixante ans.
Toute la chose est à l’origine une formation mentale très bien
faite, très forte et bien élaborée, puissamment conçue pour
saisir certains éléments vitaux et certaines forces (à la fois au-
dedans et au-dehors des individus) afin de les gouverner et de
les utiliser et, par le biais du vital, pour exercer un pouvoir
partiel au-delà du physique.
Les formations de ce genre sont nombreuses ; elles se tra‑
duisent sur terre par des sociétés secrètes. J’en ai rencontré
beaucoup, plus ou moins anciennes, plus ou moins puissam‑
ment organisées, mais toutes d’un genre semblable. Elles ne
sont pas, dans leur nature, spirituelles. S’il y a la moindre spiri‑
tualité en elles, cela ne vient pas de la formation elle-même, mais
de la présence, dans la société, d’une ou plusieurs personnes
ayant un caractère spirituel et ayant quelque accomplissement.

Dans l’ancien temps, l’enseignement des grandes vérités spiri‑


tuelles était un enseignement secret réservé au petit nombre
des initiés.
Encore maintenant, il y a des choses qui se disent mais qui
ne peuvent pas s’écrire et encore moins s’imprimer.

Dans notre pratique quotidienne, nous nous efforçons d’expri‑


mer le grand mystère de la Divine Incarnation.

36
Les religions et l’occultisme

En dernière analyse, une connaissance formulée n’est qu’un lan‑


gage donnant le pouvoir d’agir sur l’objet de cette connaissance.

(Un sâdhak a écrit que les disciples célébraient, devant


des photographies de Sri Aurobindo et de Mère, des
cérémonies qui ressemblent davantage au culte de
déités. Déclarant que, pour une adoration appropriée,
il devrait y avoir un «   bijamantra   » [son-semence] pour
invoquer la déité, il demande s’il existe un mantra
semblable pour Sri Aurobindo et la Mère. La Mère
répond   :)

J’ai toujours conseillé de laisser le mantra monter de la profon‑


deur du cœur comme une sincère aspiration.

Il me vient l’idée de te prier de me donner un mot-clé


pour le japa.

OM.

OM, c’est la signature du Seigneur.

(à propos du pranâm, geste d’obéissance au Divin.)

Cette expérience-là, quand on la fait en toute sincérité, c’est la


consécration au Divin dans toute la création. Ça, c’est l’origine

37
Paroles de la Mère

de la chose... comme une reconnaissance — recognition en


anglais — une reconnaissance et une soumission au Divin dans
la création.
Ça, c’est le vrai sens. Naturellement, il n’y en a pas un sur un
millier qui le fait... mais c’est le vrai sens de ce geste.
19 mars 1973

l’astrologie

N’aie pas peur pour ta vie — les astrologues ne disent pas


toujours la vérité.
7 novembre 1939

Les étoiles n’ont pas d’influence décisive. C’est seulement si l’on


ne croit pas au Divin que l’on souffre inutilement en croyant
qu’elles décident de nos vies.
J’ai connu beaucoup d’astrologues, à la fois en Europe et en
Inde. Jusqu’ici, personne n’a été capable de lire l’avenir correc‑
tement. Il y a trois raisons à cette lacune. Premièrement, les
astrologues ne savent pas lire l’avenir comme il faut. Deuxiè‑
mement, l’horoscope est toujours mal fait — à moins qu’un
homme ne soit un génie mathématique. Et même pour une
telle personne, il est très difficile de faire un horoscope correct.
Troisièmement, quand les gens disent que les étoiles dans telle
ou telle maison au moment de votre naissance gouvernent
votre vie, ils ont tort. Les étoiles sous lesquelles vous êtes né
ne sont que des magnétophones enregistrant des conditions
physiques. Elles ne décident pas de l’avenir de votre âme. Il y a
quelque chose derrière qui gouverne les étoiles elles-mêmes et
tout le reste. L’âme appartient à cet Être Suprême. Et si elle fait

38
Les religions et l’occultisme

le Yoga, alors, à plus forte raison, elle ne devrait jamais croire au


pouvoir des étoiles ni à aucun autre.
Un astrologue qui vous prédit une catastrophe est comme
un farceur. Beaucoup de farceurs disent des choses du genre   :
«   Aujourd’hui vous allez vous casser la figure !   » Mais en dépit
de la plaisanterie, rien n’arrive.
Seul un grand Yogi peut vous dire votre avenir correctement.
Mais même à ce moment-là, il y a la Volonté Suprême qui seule
contrôle et décide tout.* 
8 septembre 1961

X. qui a étudié l’astrologie a préparé mon horoscope. Je


vous l’envoie afin que vous le voyiez. Pensez-vous que
les indications qu’il me donne sur mon avenir aient la
moindre valeur ?

L’horoscope est suffisamment vague et favorable pour être pris


en considération comme base de conception mentale de votre
avenir.
Le facteur le plus important dans un horoscope est la faculté
d’intuition de l’astrologue.
6 mai 1964

Pourquoi crois-tu ce que disent les astrologues ? C’est la croyance


qui amène des ennuis.
Sri Aurobindo dit qu’un homme devient ce qu’il croit être.
1965

39
Paroles de la Mère

Les horoscopes n’ont pas d’importance pour ceux qui font le


yoga ; car l’influence qui agit dans le yoga est beaucoup plus
puissante que l’influence des étoiles.

la chiromancie

La chiromancie est un art très intéressant, mais elle dépend


presque entièrement pour son exactitude et sa véracité de la
valeur de celui qui la pratique. De plus elle ne met en rapport
qu’avec le destin matériel et ce destin peut être altéré par l’in‑
tervention des forces supérieures.
3 janvier 1951

la signification des nombres

  1 — L’Un
  2 — La décision de créer
  3 — Commencement de la création
  4 — Manifestation
  5 — Pouvoir
  6 — Nouvelle Création
  7 — Réalisation
  8 — Formation occulte
  9 — Pouvoir d’accomplissement statique
10 — Pouvoir d’expression
11 — Progrès
12 — Manifestation parfaite stabilisée.

40
Les religions et l’occultisme

  1 — L’Origine
  2 — Apparition de la Conscience Créatrice
  3 — Satchidânanda
  4 — Manifestation
  5 — Pouvoir
  6 — Nouvelle Création
  7 — Réalisation
  8 — Double Clôture (protection contre les ennemis du
dedans et du dehors)
  9 — Nouvelle naissance
10 — Perfection
11 — Progrès
12 — Double Perfection (spirituelle et matérielle)
14 — Transformation.*

Ce matin après le Pranâm, vous m’avez béni avec quatre


fleurs de Sincérité. Je sens qu’il y avait là une signification
particulière, mais je suis incapable de découvrir laquelle.
Puis-je savoir ?

Quand j’ai pris les fleurs pour vous les donner, j’ai senti que
plusieurs venaient et j’ai voulu   : «   Que cela soit le nombre d’états
de l’être dans lequel la Sincérité (dans la consécration au Divin)
sera définitivement établie.   » Quatre signifie l’intégralité   : les
quatre états de l’être, mental, psychique, vital, physique.
27 décembre 1933

41
Paroles de la Mère

les couleurs

Peut-on savoir quand la couleur jaune indique le


mental et quand elle indique la lumière ?

Le jaune qui va vers le vert est mental.


Le jaune qui va vers l’orange symbolise la lumière.

les symboles

Le renard de l’enveloppe veut dire habileté.


8 janvier 1932

C’est un lièvre — «   prudence   ».


9 février 1932

Mère,
Que signifie le daim ?

Douceur et rapidité de mouvement.

Généralement un serpent signifie un mouvement de mensonge.


Quand quelque chose dans la nature est en affinité avec le
mensonge, cela attire les serpents. La nature du mensonge

42
Les religions et l’occultisme

est indiquée par la nature du serpent et le plan sur lequel il


apparaît.
30 août 1932
*

Voulez-vous me donner la signification du cheval ?

Le cheval signifie les pouvoirs de l’être individuel qui doivent


être maîtrisés (tenus en bride).
1er janvier 1933

Que veut dire le dessin que vous m’avez envoyé sur


l’enveloppe ?

C’est un agneau qui veut dire «   pureté   ».


4 janvier 1933

Quelle est la signification de l’image que Vous m’avez


envoyée ?

Ce sanglier est le symbole du désir.


1933

Quelle est la signification du faucon ?

Vue perçante.
1933
*

43
Paroles de la Mère

Le serpent n’est pas le symbole du pouvoir mais de l’énergie et


de même qu’il y a des énergies obscures et perverties, de même
le serpent peut symboliser des forces non régénérées et anti‑
divines.
29 mai 1934
*

Mère,
La vache possède-t-elle vraiment un caractère sacré
particulier ou bien est‑ce simplement une tradition
basée sur des besoins économiques ?

C’est simplement une tradition fondée sur de vieux symboles.

Mère,
Que signifie la maison du tableau ?

Je ne me souviens plus de l’image que j’ai envoyée. Une maison


est généralement un lieu de repos et de sécurité.

Le Bien Mauvais Le mal


Hitler

44
Les religions et l’occultisme

Ce petit signe distinctif a été choisi tel qu’il est — c’est-à-dire   :


une boule unique suspendue à un cordon fait d’une multitude
de fils de soie — pour les raisons suivantes.
La boule — le globe — est symbole d’universalité, d’intégra‑
lité, d’infini. Unique, il devient le symbole de l’Unité Suprême
manifestée dans tous les domaines de l’être — la multiplicité —
représentée par le cordonnet de soie.

Sur l’image que j’ai reçue de vous aujourd’hui, je vois


quelqu’un offrant des deux mains un lotus rouge épa-
noui, un bourgeon de lotus et une guirlande. Le fond de
l’image est jaune. Qu’est‑ce que tout cela signifie ?

Le lotus rouge est le symbole de l’Avatâr et l’offrande du lotus


rouge veut suggérer la pleine consécration à l’Avatâr. Le fond
jaune représente la manifestation supramentale.
8 novembre 1933

Qu’est‑ce que symbolise la cascade sur l’image que vous


m’avez donnée ? N’est‑ce pas le courant de votre paix
sereine et de votre force divine qui m’inonde constam-
ment ?

Oui, c’est le symbole des forces divines au-dessus du plan


physique.
25 janvier 1934

45
Paroles de la Mère

L’eau signifie beaucoup de choses, telles que la fluidité, la


plasticité, la souplesse, le principe de purification. C’est la force
conductrice qui marque le début d’une vie organisée.*

L’eau correspond au vital, l’air au mental, le feu au psychique,


la terre à la matière ainsi qu’à l’esprit.
20 août 1955

Le diamant est le symbole de la pure lumière spirituelle. Aucune


force hostile ne peut le traverser. Si vous mettez cette lumière
sur une force hostile, elle fond simplement. Mais la lumière du
diamant ne peut être utilisée indistinctement dans tous les cas,
car les êtres humains qui abritent ces forces adverses peuvent en
être dangereusement affectés.
Bien sûr, je ne parle pas de diamants matériels.*

Quelle est la relation entre la Lumière Supramentale et


la Lumière solaire ?

La lumière solaire est le Symbole de la Lumière Supramentale.

Nous invoquons la lumière solaire, symbole du Seigneur


Suprême, pour qu’elle nous donne la Lumière de Vérité.

46
Les religions et l’occultisme

Les symboles sont une convention, et leur valeur est la même


que celle des langues.
10 avril 1966

47
La morale et la guerre

la morale

On n’a le droit de se passer de la moralité que lorsqu’on se


soumet à une loi plus haute et beaucoup plus rigoureuse
qu’aucune loi morale.
28 mai 1947
*

On ne peut se passer des règles morales que lorsqu’on perçoit


la loi divine.
*

Les lois morales n’ont qu’une valeur très relative du point de


vue de la Vérité.
D’ailleurs, elles diffèrent considérablement suivant les pays,
les climats et les âges.
Les discussions sont généralement stériles et sans valeur pro‑
ductrice. Si chacun fait un effort personnel de parfaite sincérité,
de droiture et de bonne volonté, les conditions les meilleures
pour le travail seront réalisées.
Août 1966
*

Ne jugez jamais sur les apparences, encore moins sur les racon‑
tars.
Ce qui est moral dans un pays, est immoral dans un autre.
Le service du Divin exige une sincérité d’abnégation incon‑
nue à toute morale.
26 février 1969

48
La morale et la guerre

la guerre et la violence

Il n’y a pas encore si longtemps, au commencement de ce siècle


pendant la guerre qui fut peut-être la plus meurtrière de toutes,
le sort de millions d’hommes fut bien des fois décidé par les
spéculations financières des chefs des États qui s’affrontaient.

Ô hommes ! Comment prononcez-vous ce mot sublime de paix


quand la paix n’est pas dans vos cœurs ?
La guerre est finie, dites-vous   : et partout l’homme tue
l’homme et Caïn fait couler le sang de son frère !

Dans la Bible, Dieu appelle Caïn et lui demande   : «   Qu’as-tu fait


de ton frère ?   » Aujourd’hui j’appelle l’homme et lui demande   :
«   Qu’as-tu fait de la terre ?   »

Pour tous ceux que la Grâce Divine a gardés loin de l’horrible


conflit qui déchire les hommes, la seule manière d’exprimer
leur reconnaissance est dans une complète consécration de tout
leur être à l’Œuvre divine.
Mai 1940
*

Ne te fais pas de souci au sujet d’Hitler. Aucune force âsourique


ne peut s’opposer éternellement à la force divine, et l’heure de
sa défaite ne peut que venir.
27 mai 1940
*

49
Paroles de la Mère

Voici la Victoire, Ta Victoire, Seigneur, pour laquelle nous Te


rendons grâce infiniment.
Mais maintenant, notre ardente prière monte vers Toi.
C’est avec Ta force, par Ta force que les vainqueurs ont vaincu.
Permets qu’ils ne l’oublient pas dans le succès et qu’ils tiennent
les promesses qu’ils T’ont faites aux heures de danger et
d’angoisse.
16 août 1945

À propos de la bombe atomique

En elle-même, la bombe atomique est un merveilleux accom‑


plissement ; elle est la preuve que le pouvoir de l’homme sur la
matière a considérablement augmenté. Mais il est à regretter
que ce progrès dans le contrôle de la matière ne soit pas le
résultat normal d’un progrès similaire dans la conscience et la
vie spirituelles ; car seule la conscience spirituelle a le pouvoir
de réagir contre les dangers de pareilles découvertes et d’en
annuler les effets. Nous ne pouvons pas et ne devons pas arrêter
le progrès. Mais il faut veiller à ce que, sur les deux chemins,
l’extérieur et l’intérieur, son avance se fasse dans un équilibre
croissant.
30 août 1945

La violence n’est jamais un bon moyen pour faire triompher


une cause. Comment peut-on espérer conquérir la justice par
l’injustice, l’harmonie par la haine ?
9 octobre 1951

50
La morale et la guerre

X. a demandé si Vous aviez dit quoi que ce soit récem-


ment à propos de la situation dans le monde. Il veut
savoir s’il y a la moindre possibilité d’une autre guerre
mondiale ou autres graves perturbations.

Dis-lui que je refuse d’être un prophète.


3 février 1962

Cette vieille idée qu’une catastrophe est nécessaire à l’efficacité


du pouvoir est une limite qu’il faut surmonter.

Il n’est pas question de faire bon accueil à la destruction, mais


d’apprendre la leçon qu’elle donne.

Je désapprouve totalement la violence. Chaque acte de violence


est un pas en arrière sur le chemin qui mène vers le but auquel
nous aspirons.
Le Divin est partout et toujours suprêmement conscient. Il
ne faut jamais rien faire qu’on ne puisse faire devant le Divin.
12 mai 1971

Tant que tu es capable de battre quelqu’un, tu ouvres la porte à


la possibilité d’être battu toi-même.

51
Paroles de la Mère

Les déchaînements populaires   : la cruauté monstrueuse de la


boue qui méprise et hait la lumière.

Il y a une différence entre la violence et la cruauté. On peut,


dans un moment de violence, commettre un acte terrible, mais
après coup on le regrette beaucoup. Tandis qu’une personne
cruelle fait la chose de sang-froid — tout est arrangé d’avance
et fait pour la chose elle-même. *

la sécurité et la protection

(À l’époque des bombardements ; à ceux qui tremblent


pour leur peau et s’enfuient   : )

Pourquoi seriez-vous en sécurité quand le monde entier est en


péril ? Quelle est votre vertu, quel est votre mérite si spécial
pour être si spécialement protégés ?
Dans le Divin seul est la sécurité. Prenez en Lui votre refuge
et rejetez toute peur.
26 mai 1942
*

Ils peuvent venir à Pondichéry mais ceux qui ont peur ont peur
partout et celui qui a la foi est en sécurité en tout lieu.
9 septembre 1965
*

La meilleure protection est une foi inébranlable en la Grâce


Divine.
*

52
La morale et la guerre

La protection est active et ne peut être effective qu’avec la foi de


votre côté, absolue et constante.

Donnons-nous entièrement et sincèrement au Divin et nous


jouirons de sa protection.
*

Protection intégrale   : celle qui ne peut être donnée que par le


Divin.
*

Protection psychique   : la protection résultant de la soumission


au Divin.
*

[La] protection physique n’est possible qu’avec une soumission


totale au Divin et en l’absence de tout désir.

Concentre-toi plus constamment sur la Présence divine et la


protection sera plus spontanée.

Orientation exclusive de tous les mouvements vers le Divin   : le


sûr moyen d’avoir la sécurité.

Rien n’est en sécurité que ce qui est donné au Divin.


La richesse et le gouvernement

la richesse et l’économie

L’argent ne doit pas être utilisé pour gagner de l’argent.


L’argent doit être utilisé à préparer la terre pour la nouvelle
création.
*

C’est au Divin qu’appartiennent toutes les possessions.


C’est le Divin qui les prête aux êtres vivants. C’est à lui
qu’elles doivent retourner naturellement.

Richesse sous l’influence psychique   : les richesses prêtes à


retourner à leur vrai possesseur, le Divin.

Un jour viendra où enfin libérés de la domination des forces


antidivines, toutes les richesses de ce monde se donneront
spontanément et totalement au service de l’Œuvre Divine sur
la terre. 1
6 janvier 1955
*

Donnez tout ce que vous êtes, tout ce que vous avez ; on ne


vous demande rien de plus, mais rien de moins non plus.
6 janvier 1956
*

1.  Message distribué le jour de l’Épiphanie, dont la Mère a dit que c’était
«   la fête de l’offrande du monde matériel au Divin   ».

54
La richesse et le gouvernement

La vraie richesse est celle qu’on offre au Divin.

Vous n’êtes riche que de l’argent que vous donnez à la cause


Divine.

Vous êtes plus riche par les richesses que vous donnez que par
les richesses que vous gardez en votre possession.

(Message à l’intention de la Première Conférence annuelle


de la Société Sri Aurobindo.)

La vraie fortune, c’est de dépenser de la vraie manière. Vous


devenez véritablement riche lorsque vous disposez de votre
richesse de la meilleure façon possible.
Février 1962

[La prospérité] ne persiste que chez celui qui l’offre au Divin.

Prospérité non égoïste   : celui qui la reçoit abondamment donne


tout ce qu’il a à mesure qu’il le reçoit.

55
Paroles de la Mère

La générosité donne et se donne sans marchander.

Que l’argent vienne et parte en abondance pour de bonnes


causes.

Pour moi, toute activité est plus importante que ce


qu’elle me coûte, même si ce coût est déraisonnable.
L’argent ne devrait jamais être un critère pour de telles
décisions. Si nous disons que l’on ne peut avoir quelque
chose à cause de son coût, nous limitons notre réceptivité
à la Grâce et gênons son travail. L’argent n’est qu’un
moyen d’échange, tout est relatif, et les ressources divines
sont inépuisables. Est‑ce une bonne attitude ?

Tu as raison et j’approuve ton attitude.

Ne mélangez jamais dans vos pensées le pouvoir spirituel et


l’argent car cela mène droit à la catastrophe.

Un présent donné par vanité n’est profitable ni à celui qui


donne ni à celui qui reçoit.

Je voulais lui faire comprendre et expérimenter que la pensée, la


sensibilité et la force d’un cadeau sont plus importants et plus

56
La richesse et le gouvernement

précieux que la chose donnée en elle-même.

Un problème pratique se pose de plus en plus fréquem-


ment   : celui qui se prépare pour le Yoga et qui a pris
comme règle générale de Vous offrir tout et de dépendre
entièrement de Vous, peut-il accepter des cadeaux, en
espèce ou en argent, venant des autres ?
Or, si l’on accepte, on est sous des obligations person-
nelles et des devoirs. Est‑ce qu’un sâdhak peut se le
permettre ? Est‑ce que l’on peut se dire   : «   Le Divin a
beaucoup de manières de donner ?   »
Que faire si la personne vient vous quereller parce
qu’on a accepté dans un cas et refusé dans un autre ?
Que faire pour éviter une telle amertume dans son
entourage, provoquée par des refus répétés ?

«   Le Divin a beaucoup de manières de donner.   »


Ceci est une chose correcte. On n’a jamais aucune obligation
vis-à-vis de personne, on n’a d’obligation que pour le Divin et
là totalement. Quand le don est fait sans conditions on peut
toujours le prendre comme venant du Divin et laisser au Divin
le soin de faire le nécessaire en échange ou en réponse.
Quant aux mauvaises volontés, aux jalousies, aux querelles
et aux reproches, il faut être sincèrement au-dessus de tout cela
et répondre par un sourire bienveillant aux paroles les plus
amères ; et à moins qu’on ne soit absolument sûr de soi et
de ses réactions, il vaut mieux, en règle générale, garder le
silence.
6 octobre 1960

57
Paroles de la Mère

Les gens disent, «   Dieu est l’ami du pauvre   », mais cela


semble faux et mensonger. Dieu est l’ami du riche. Nous
ignorons quelle place nous avons.

Au riche Dieu donne l’argent, mais au pauvre Il se donne Lui-


même. Tout dépend du pauvre, s’il attache plus d’importance à
la richesse ou à Dieu.
22 août 1964
*

La possibilité de collaborer à l’avenir a été offerte aux financiers et


aux hommes d’affaires ; la plupart d’entre eux refusent, convaincus
que le pouvoir de l’argent est plus fort que celui de l’avenir.
Mais l’avenir les écrasera de sa puissance irrésistible.

Dans ce monde matériel, pour les hommes, l’argent est plus


sacré que la Volonté Divine.
12 mars 1965

Avidité vis-à-vis de l’argent   : le plus sûr moyen d’amoindrir sa


conscience et de rétrécir sa nature.

Je n’aime pas cette idée de toucher des intérêts sur l’argent.

J’ai boursicoté un peu et j’ai culbuté. La spéculation à


laquelle je me suis livré pendant quelque temps a brûlé

58
La richesse et le gouvernement

un gros trou dans ma poche. Je voudrais vraiment ne pas


l’avoir fait. Êtes-vous absolument contre la spéculation ?

Vous devez savoir que je n’approuve pas du tout la spéculation


— mais ce qui est fait est fait.
17 décembre 1939

La situation financière d’un homme devient-elle stable


avec l’amélioration de sa conscience ?

Si «   amélioration de la conscience   » signifie une conscience


grandie, élargie, une meilleure organisation de celle-ci, alors
le résultat sera naturellement un meilleur contrôle des choses
extérieures (y compris la «   situation financière   »). Mais aussi,
naturellement, quand on a une «   meilleure conscience   », on est
moins préoccupé de choses telles que la situation financière.

Solution du problème économique

Arriver à la synthèse de deux problèmes   :


(1) ajuster la production aux besoins ;
(2) ajuster les besoins à la production.

le gouvernement et la politique

On doit être capable de se contrôler soi-même avant d’espérer


gouverner les autres.
*

59
Paroles de la Mère

1) Avoir un entier contrôle de soi est la condition indispensable


pour contrôler les autres.
2) N’avoir aucune préférence, ne pas aimer l’un et détester
l’autre — être égal avec tous.
3) Être patient et endurant.
Également, ne dire que l’indispensable, et rien de plus.
Mars 1954

On prend au sérieux ce que disent ceux dont la vie est gouvernée


par la raison ; mais comment attacher de l’importance aux
décisions que croient prendre ceux qui sont le jouet du caprice
des impulsions ?

Idée   : essentielle à tout organisateur, de sa qualité dépend la


qualité de l’organisation.

Certes, il est plus facile de supprimer que d’organiser ; mais


l’ordre véritable est une réalisation très supérieure à la
suppression.
30 juin 1954

Organisation et discipline sont la base nécessaire à toute réali‑


sation.
Pour savoir bien commander, il faut d’abord savoir bien obéir.

60
La richesse et le gouvernement

Celui-là seul qui sait obéir est capable de gouverner.

À ceux qui ont pour mission de gouverner


ou de diriger

Quand vous voulez plaire aux gens, vous laissez les choses suivre
leur cours ordinaire, confiant à la Nature le soin d’imposer son
progrès aux hommes. Mais cela n’est pas selon la vérité de la
création. La vraie mission de l’homme est d’imposer son progrès
à la Nature.
2 décembre 1954
*

Dans leur conscience ordinaire, les êtres humains ne peuvent


tolérer aucune autorité, même légitime, si elle est exercée sur
eux par un autre être humain qui leur semble au même niveau
qu’eux.
D’autre part, pour avoir le droit de s’exercer sur les autres,
une autorité humaine doit être éclairée, impartiale, non égoïste,
au point que personne ne puisse raisonnablement contester sa
valeur.

Seul celui qui a un sens parfait de la vraie justice peut revendi‑


quer le droit d’être obéi.

Quand je dis que les «   sages   » doivent gouverner le monde, je


ne me place pas au point de vue politique, mais au point de
vue spirituel.

61
Paroles de la Mère

Les diverses formes de gouvernement peuvent rester ce


qu’elles sont ; cela n’a qu’une importance secondaire. Mais
quel que soit le statut social des hommes qui sont au pouvoir,
ils doivent recevoir leur inspiration de ceux qui ont réalisé la
Vérité et n’ont pas d’autre volonté que celle du Suprême.

Reste en politique, et essaye d’amener la Vérité dans la politique.


C’est le moyen le plus sûr vers une spiritualité effective.

[Il faut] cesser complètement ce procédé ordinaire et vulgaire


de politique qui consiste à vilipender les gens publiquement
soit par écrit, soit en parlant. On doit faire la guerre des idées
pour que la vérité triomphe, mais non la guerre des personnes.

Douce Mère,
À propos du Camp des Jeunes 1, Tu nous as dit que
nous ne devions pas discuter politique.
J’ai besoin que tu me guides à ce sujet. Douce Mère,
non seulement pour nous au Camp des Jeunes, mais en
général, pour ceux d’entre nous qui voyageons à tra-
vers le pays et faisons des causeries sur l’action de Sri
Aurobindo.
Jusqu’à maintenant, nous avons considéré que la
«   Politique   » c’est tous les mouvements, y compris les
intrigues et la malhonnêteté, qui cherchent à dominer

1. Séminaires de plusieurs jours, organisés dans le but d’étudier les œuvres de


Sri Aurobindo et de la Mère.

62
La richesse et le gouvernement

soit [les politiciens] eux-mêmes, soit leur propre parti au


détriment d’un autre. Dans ce cas, on doit affirmer que
notre propre point de vue, ou notre idéologie, est vrai et
que celui des autres est faux.
Nous devons complètement éviter cette politique,
n’est‑ce pas ?

Oui.

Mais Sri Aurobindo a traité de tels sujets d’un point de


vue très élevé, dans lequel Il a vu ce qui était vrai dans
chaque approche et chaque idéologie et a montré le che-
min d’une véritable intégration de toutes ces vérités par-
tielles en une réelle synthèse. Si nous pouvons apprendre
de Lui et suivre Sa voie, alors nous pouvons aborder de
tels sujets et n’avons pas besoin de les éviter. Notre com-
préhension et notre approche sont-elles correctes ?

Oui.

Lorsque nous avons dû répondre à des questions précises


sur des sujets tels que la nationalisation des banques,
les privilèges concédés aux maharajahs, le Décret sur
la Presse etc., alors, à moins que nous n’ayons déjà
une réponse directe de Sri Aurobindo ou de Toi, notre
réponse a été que toutes ces actions ne sont que des
arrangements de surface et que, par conséquent, en
elles-mêmes elles ne peuvent résoudre ces problèmes
de base qu’elles s’efforcent de résoudre. C’est seulement
par un changement de conscience ou, du moins, par
l’aspiration à la vérité et le changement de conscience
qui en résulte, que des problèmes spécifiques peuvent
être vraiment résolus. Parce que quelle que soit la forme
de tout arrangement ou de toute combinaison, cela doit

63
Paroles de la Mère

être mis en œuvre par des gens. Si les gens persistent à


demeurer dans l’obscurité et le mensonge, alors aucun
arrangement, ou aucune combinaison, si purs qu’ils
puissent paraître, ne peuvent réussir.
Il n’y a donc qu’une solution à tous les problèmes ;
celle que Tu nous as donnée   : obéir à la seule Vérité
Éternelle et vivre selon la Vérité.
Cette réponse est-elle correcte et suffisante ?

Oui. C’est vrai.

à propos de certaines questions, auxquelles Toi, ou Sri


Aurobindo, avez répondu directement, nous sommes
aussi clairs ; comme par exemple l’Unité de l’Inde et
du Pakistan est une Vérité sans laquelle des problèmes
semblables à ceux du Bangladesh ne peuvent être
résolus ; ou encore la question de la langue au sujet
de laquelle Tu as dit que pour le pays   : (1) la langue
régionale devrait être la langue d’instruction, (2) le
sanscrit devrait être la langue nationale, (3) l’anglais
devrait être la langue internationale. Avons-nous raison
de donner ces réponses à de telles questions ?

Oui.
Avec mes bénédictions.
Parle peu, sois vrai, agis sincèrement.
4 octobre 1971
*

Penser que le communisme est la vérité est une erreur semblable


à tous les fanatismes religieux et classe le communisme sur
le même plan que toutes les autres religions... très loin de la
Vérité.
*

64
La richesse et le gouvernement

l’unité humaine

Message à l’Amérique

Cessez de penser que vous êtes de l’Occident et les autres de


l’Orient. Tous les êtres humains ont la même origine divine et
sont destinés à manifester sur la terre l’unité de cette origine.
4 août 1949
*

La terre ne pourra pas jouir d’une paix vivante et durable tant


que les hommes n’auront pas appris à être parfaitement véri‑
diques même dans leurs relations internationales.
Ainsi pour les gouvernements, l’honnêteté consiste non seu‑
lement à dire ce qu’ils font mais aussi à faire ce qu’ils disent.

Si la diplomatie pouvait devenir l’instrument de la Vérité et de


la Grâce Divine au lieu de se baser sur la duplicité et le men‑
songe, un grand pas pourrait être fait vers l’unité et l’harmonie
humaines.
15 avril 1955

À propos de la Paix

C’est seulement par la croissance et l’établissement de la cons‑


cience de l’unité humaine, qu’une paix véritable et durable peut
être réalisée sur terre. Tous les moyens menant vers ce but sont
bienvenus, bien que les moyens extérieurs aient un effet très
limité ; quoi qu’il en soit, le plus important, le plus urgent et
le plus indispensable de tout, est la transformation de la cons‑
cience humaine elle-même, une illumination et une conversion
de son fonctionnement.

65
Paroles de la Mère

En attendant, on peut faire quelques pas utiles à l’extérieur,


et l’acceptation du principe de la double nationalité en est un.
La principale objection en a toujours été la position malaisée
dans laquelle seraient ceux qui auraient adopté la double natio‑
nalité, en cas de guerre entre les deux pays.
Mais ceux qui veulent sincèrement la paix doivent com‑
prendre que penser à la guerre, parler de la guerre, prévoir la
guerre, c’est lui ouvrir la porte.
Au contraire, plus il y aura de gens qui ont un intérêt vital
à abolir la guerre, plus efficaces seront les chances d’une paix
stable, jusqu’à ce que l’avènement d’une nouvelle conscience en
l’homme rende la guerre impossible.
24 avril 1955
*

Secouez toute étroitesse, tout égoïsme, toute limitation et


réveillez la conscience de l’Unité Humaine. C’est le seul moyen
de réaliser la paix et l’harmonie.
Mai 1955
*

Parlez-nous au niveau des nations.

Hélas ! Si je le faisais ce ne serait pas d’un niveau très élevé.


Jusqu’à maintenant, les nations ne semblent pas être prêtes à
entendre le moindre message spirituel vrai.
11 mai 1957
*

(À propos de l’ingratitude des peuples.)

Il faut de la noblesse dans le caractère pour ne pas en vouloir à


celui qui vous fait du bien.
*

66
La richesse et le gouvernement

L’Avenir de la terre dépend d’un changement de conscience.


Le seul espoir pour l’avenir est dans un changement de la
conscience de l’homme, et il est inévitable que ce changement
se produise.
Mais il appartient aux hommes de décider s’ils veulent colla‑
borer à ce changement ou s’il devra leur être imposé par la force
de circonstances catastrophiques.

(La Mère avait soumis les questions suivantes sur l’unité


humaine aux discussions des participants de la Confé-
rence [de World Union], auxquelles elle avait donné
ses réponses.)

Q.  Comment l’humanité peut-elle devenir une ?

R. En devenant consciente de son origine.

Q.  Comment faire croître chez les hommes la cons-


cience de l’unité humaine ?

R.  Par l’éducation spirituelle, une éducation qui accorde plus


d’importance à la prise de conscience de l’Esprit qu’à un ensei‑
gnement religieux ou moral quelconque, ou à ce qu’on appelle
la connaissance matérielle.

Q.  Qu’est‑ce qu’un changement de conscience ?

R.  Un changement de conscience est comme une nouvelle nais‑


sance, une naissance à une sphère supérieure de l’existence.

Q.  Comment un changement de conscience peut-il


changer la vie sur la terre ?

67
Paroles de la Mère

R.  Un changement de conscience rendra possible la manifes‑


tation sur terre d’une Force plus haute, d’une Lumière plus
pure, d’une Vérité plus totale.
Août 1964
*

Seul un changement radical de conscience peut sauver l’huma‑


nité de la terrible situation dans laquelle elle est plongée.

Tous les moyens soi-disant «   pratiques   » sont des enfantillages


avec lesquels les hommes s’aveuglent pour ne pas voir la vraie
nécessité et le seul remède.

Quelle est la bonne manière de réaliser une unité


mondiale durable ?

Réaliser la conscience de l’UN.


13 octobre 1965

(Message pour le dossier de photographies et de messages


réalisé par la Société Sri Aurobindo pour le centenaire
de Sri Aurobindo et envoyé aux ambassades de nom-
breux pays.)

Un monde nouveau

Un nouveau monde veut naître, basé sur la Vérité, et refusant le


vieil asservissement au mensonge.

68
La richesse et le gouvernement

Dans tous les pays il y a des personnes qui le savent, ou tout


au moins qui le sentent.
C’est à ces personnes que nous faisons appel. «   Voulez-vous
collaborer ?   » 1
1972
*

messages destinés à
world union 2

Le monde est une unité — il l’a toujours été et il l’est encore,


même aujourd’hui — ce n’est pas qu’il n’ait pas d’unité et que
l’unité doive être amenée de l’extérieur et lui être imposée.
Seulement, le monde n’est pas conscient de son unité. On
doit le rendre conscient.
Nous pensons que c’est maintenant le moment le plus pro‑
pice pour l’entreprendre.
Car une Force ou Conscience ou Lumière nouvelle — quel
que soit le nom que vous donniez à ce nouvel élément — s’est
manifestée dans le monde et le monde est maintenant capable
de devenir conscient de sa propre unité.
25 mars 1960

Tu as tout à fait raison. Les vieilles méthodes ne peuvent rien


pour cette nouvelle œuvre. Non seulement une nouvelle cons‑
cience doit être fermement établie, mais un nouveau procédé

1. La Mère a signé l’original français en ces termes   : «   La Mère, Sri Auro‑
bindo Ashram, Pondichéry.   »
2.  Fondée en novembre 1958, World Union [Union Mondiale], est une
société à but non lucratif. Elle travaille surtout pour l’unité humaine et la paix
mondiale sur des bases spirituelles, en s’inspirant de l’ouvrage de Sri Aurobindo
intitulé L’Idéal de l’Unité Humaine.

69
Paroles de la Mère

doit être trouvé avant que quoi que ce soit d’efficace puisse être
fait.
15 janvier 1961
*

À ceux qui s’occupent de World Union

Toutes vos différences sont purement mentales, et en dépit de


la grande importance que vous semblez leur donner, elles ont,
en fait, très peu d’importance ; et elles pourraient être facile‑
ment surmontées si chacun faisait un effort d’élargissement, en
comprenant que ce qu’il pense n’est qu’un point de vue sur la
question, que toute tentative d’efficacité doit aussi admettre les
autres points de vue, en acceptant la nécessité d’une synthèse
de tous.
Sinon, quelle que soit la qualité de votre intellect, vous êtes
irrémédiablement étroit et limité. Ceci s’applique à tous ceux
qui n’ont pas réalisé la conscience supramentale et ne sont pas
passés dans l’hémisphère supérieur.
Vous allez travailler ensemble harmonieusement et dans la
joie, en oubliant vos différences, chacun ne pensant qu’à faire
son propre travail aussi bien qu’il le peut d’après sa propre
conception, mais en reconnaissant implicitement la validité
des conceptions des autres et en acceptant la nécessité d’une
synthèse.
6 avril 1961
*

Ne divise pas ce qui est un. La science et la spiritualité ont


toutes deux le même but — la Divinité Suprême. La seule
différence entre elles est que cette dernière le sait tandis que
l’autre ne le sait pas.
Décembre 1962
*

70
La richesse et le gouvernement

Comme je vous l’ai déjà dit, World Union est un mouvement


extérieur pour ceux qui ont besoin d’une activité et d’une orga‑
nisation extérieures pour donner une réalité plus concrète à
leur foi.
C’est une activité idéale pour harmoniser l’humanité telle
qu’elle est, dans le but de la préparer pour un futur progrès
international.
D’autres — quelques-uns — mettent davantage l’accent
sur une préparation et sur un progrès individuel intérieurs   : ce
sont les précurseurs qui montrent la voie au monde. Ceux-là
ne doivent pas être tirés de leur concentration et doivent rester
témoins sympathiques de World
������������������������������������
Union�������������������������
, sans en être des parti‑
cipants actifs.
1er juillet 1963

Gracieuse Mère, nous avons besoin de votre direction,


qui nous permettra de rester fidèles à nos aspirations
pendant que nous travaillons avec des gens dont la
façon de travailler n’est pas nécessairement compatible
avec notre aspiration, et parfois même peut en diverger.
Veuillez nous donner le principe directeur.

Voici ma définition qui peut aussi servir de devise et de pro‑


gramme   :
Une union mondiale basée sur le fait que l’unité humaine
réalise la vérité de l’Esprit.
Avec mes bénédictions.
Avril 1964
*

Je veux vous dire, d’une vision plus élevée, que le monde entier
avance rapidement vers un changement radical, et que, si elle

71
Paroles de la Mère

est menée comme il faut, World Union pourrait jouer un rôle


spécial pour ce changement.
24 juillet 1964

L’unité ne vient pas d’un arrangement extérieur, mais d’une


prise de conscience de l’unité éternelle.

Il y a une vérité derrière toutes ces théories, mais aucune n’est


parfaite en elle-même.
Une vaste synthèse souple et progressive doit être élaborée
non d’une manière mentale arbitraire, mais par une expérience
vivante et un progrès intérieur.
Nous partons de ce qui existe à présent avec la volonté
d’avancer vers une réalisation parfaite.
Octobre 1964

(Les étudiants du Centre International d’Éducation Sri


Aurobindo sont invités à participer à un symposium
local sur   : «   1965 — Année de la Coopération Inter-
nationale.   »)

Je n’ai pas d’objection à ce que World Union, vous-même et


X. participiez à la démonstration. Je refuse la participation
de nos étudiants simplement parce que je ne crois pas à l’uti‑
lité des mots parlés ou écrits, quand il s’agit de problèmes
mondiaux.
J’insiste sur le fait qu’un effort intérieur, pour acquérir soi-
même la conscience de l’Unité et la transformation de ses actes

72
La richesse et le gouvernement

qui en découle, est infiniment plus efficace que des discours et


des articles.
Janvier 1965
*

Le message écrit pour Noël a été gravé justement dans ce but.


Vous devez l’utiliser.
Si vous voulez la paix sur la terre,
établissez d’abord la paix dans vos cœurs.
Si vous voulez l’union dans le monde,
unifiez d’abord les différentes parties de votre être.
Février 1965

N’attache pas trop d’importance à ce qui est dit. Les mots ne


sont que des mots et dans chaque mental ils prennent une
coloration différente.
Février 1966

Prouvez au monde la possibilité de l’Union en étant unis entre


vous.
19 février 1966

L’unité de l’humanité est un fait sous-jacent et existant.


Mais l’unité extérieure du genre humain dépend de la bonne
volonté et de la sincérité des hommes.
12 août 1967

73
Paroles de la Mère

Le pouvoir de division est instable et impermanent.


L’Union travaille pour un pouvoir ferme et un avenir har‑
monieux.
25 avril 1969

Quand les hommes seront dégoûtés du mensonge dans lequel


ils vivent, alors le monde sera prêt pour le règne de la Vérité.
14 août 1971

Si vous voulez l’union dans le monde, unifiez d’abord les diffé‑


rentes parties de votre propre être.
17 décembre 1971

Si vous abolissez en vous-même les choses qui sont mauvaises


dans ce monde, le monde ne sera plus mauvais.
23 avril 1972

le monde actuel

Nous sommes à une de ces «   Heures de Dieu   » comme le dit


Sri Aurobindo — et le rythme de l’évolution transformatrice du
monde s’accélère et s’intensifie.

74
La richesse et le gouvernement

Il est vrai que «   nous   » passons par une période difficile («   nous   »
c’est-à-dire le monde), mais ceux qui tiendront en sortiront
beaucoup plus forts qu’avant.

Nous ne sommes justement pas à une époque où les hommes


sont abandonnés à leurs propres moyens.
Le Divin a envoyé Sa conscience pour les éclairer.
Ceux qui en sont capables, doivent en profiter.

La Vérité vaincra en dépit du désordre.

Même dans la confusion, il y a la semence de l’Ordre Divin.

Intérieurement, il semble y avoir une amélioration ;


extérieurement, une sorte de désintégration paraît être à
nos portes. Où en sommes-nous ?

Aux portes d’une magnifique réalisation.

Chaque jour, les choses semblent empirer. En vérité, nous


nous sentons de plus en plus dégoûtés par ce vieux monde qui
pourrit, et sommes de plus en plus convaincus de la nécessité
de fonder, quelque part hors des sentiers battus, un nouveau
centre de vie dans lequel une lumière nouvelle et plus vraie

75
Paroles de la Mère

puisse être manifestée, un nouveau monde non plus basé sur


des compétitions intéressées et des luttes égoïstes mais sur
un effort général et intense pour promouvoir le bien-être, le
savoir et le progrès de tous — une société basée sur l’aspi‑
ration spirituelle au lieu de la soif de l’argent et du pouvoir
matériel.

Ce que je vois, c’est le monde de demain, mais le monde d’hier


est toujours vivant et le restera encore pendant quelque temps.
Que les anciens arrangements soient maintenus tant qu’ils sont
encore en vie.
Sur la terre, les changements se font lentement.
Ne t’inquiète pas — et garde espoir en l’avenir.

Attendre et voir venir. Le résultat est certain, mais le moyen et


l’époque sont incertains.

l’obscurité et la lumière

En dépit de la nuit, la Lumière spirituelle est là.

La Lumière doit illuminer la conscience et les ombres de l’Igno‑


rance doivent se dissoudre en elle.
30 décembre 1936

76
La richesse et le gouvernement

Ouvre ton cœur et la Lumière y entrera et y demeurera.


12 janvier 1948

La vie est un voyage dans l’obscurité de la nuit. Éveille-toi à la


lumière intérieure.
14 avril 1954

Mais il faut que tous les voiles se dissipent et que la lumière se


fasse complète dans tous les cœurs.
24 juin 1934

Tout obstacle, dans chaque partie de l’être, doit disparaître, les


ténèbres et l’ignorance doivent être remplacées par le Divin
Savoir.
12 octobre 1954
*

La lumière est partout, la force est partout. Et le monde est si


petit.
1958

Une lumière nouvelle se lève sur le monde. Réveillez-vous et


unissez-vous pour la recevoir et l’accueillir.
1959

77
Paroles de la Mère

Certains hommes dans leur aveuglement, quand ils cherchent


la connaissance, quittent la Lumière où ils se trouvent pour
entrer dans une obscurité nouvelle pour eux.
12 octobre 1964

Dans leur aveuglement, les hommes quittent la Lumière et


vont à l’obscurité pour obtenir la connaissance !

78
Le passé, le présent et l’avenir

le passé

Sers-toi du passé comme d’un tremplin pour t’élancer vers


l’avenir.
25 décembre 1953
*

Souvent on se cramponne à ce qui fut, craignant de perdre le


résultat d’une précieuse expérience, d’abandonner une vaste
et haute conscience, de retomber dans un état inférieur. Mais
nous devons toujours regarder en avant et avancer.
13 octobre 1954

Le souvenir même des expériences passées doit être parfois


balayé de la pensée afin de ne pas entraver le travail de perpé‑
tuelle reconstruction, qui seul, dans le monde relatif, permet Sa
parfaite manifestation.
21 novembre 1954

Il faut se méfier du charme des souvenirs. Ce qui reste


des expériences passées c’est l’effet qu’elles ont eu dans le
développement de la conscience. Mais quand on tente de revivre
un souvenir en se remettant dans des circonstances analogues, on
s’aperçoit bien vite qu’elles sont vides de leur puissance et de leur
charme parce qu’elles ont perdu leur utilité pour le progrès.

79
Paroles de la Mère

Souvenir durable   : le souvenir de ce qui a aidé l’être à


progresser.
*

Souvenir sentimental   : seules les circonstances qui nous ont


aidés dans notre recherche du Divin devraient être l’objet de
ce souvenir.

C’est ainsi qu’à certaines époques, la vie terrestre intégrale


semble franchir miraculeusement des étapes, qui, en d’autres
temps, demanderaient des millénaires pour être parcourues.
11 décembre 1954

Il faut à chaque instant savoir tout perdre pour tout gagner ;


se dépouiller du passé comme d’un corps mort pour renaître à
une plénitude plus grande.
12 décembre 1954

Pour chacun, tout dépend de savoir si on appartient au passé


qui se perpétue, au présent qui s’épuise ou à l’avenir qui veut
naître.
16 février 1963
*

Pour faire le Yoga, une des choses les plus importantes à accom‑
plir est de se débarrasser de tout attachement au passé. Laisse le
passé être le passé et concentre-toi seulement sur le progrès que
tu veux faire et la soumission au Divin que tu dois réaliser.

80
Le passé, le présent et l’avenir

Mes bénédictions et mon aide sont toujours avec toi.


Avec amour.
10 janvier 1967
*

À moins de rompre avec les habitudes et les croyances du passé,


il y a peu d’espoir d’avancer rapidement vers l’avenir.
23 décembre 1967

Oublier le passé et perdre ses habitudes de pensée est en effet


une chose difficile et exige généralement une forte «   tapasyâ   ».
Mais si tu as foi en la Grâce Divine et que tu l’implores sincère‑
ment, tu y arriveras plus facilement.
Bénédictions.
22 novembre 1968

Laisse les vagues du passé s’écouler loin de toi, emportant avec


elles tous les attachements et toutes les faiblesses.
La joie lumineuse de la conscience divine attend, prête à
prendre leur place.

L’action passée ne se mettra-t-elle pas en travers du


chemin de la sâdhanâ ?

La consécration complète au Divin efface ce que l’on a été dans


le passé.

81
Paroles de la Mère

Mon cher enfant,


Ta prière a été entendue, ton passé a disparu. Prépare-toi à
croître en conscience, en lumière, en paix.
Nos bénédictions sont toujours avec toi.

Laisse le passé être le passé.


Concentre-toi seulement sur l’Éternel.
Bénédictions.
10 décembre 1971
*

Quand on vit en contact avec l’harmonie universelle, le temps


passe sans laisser de trace.

le présent

Les mêmes minutes ne sonnent jamais deux fois au cadran de


la Destinée.

Il y a dans la vie des instants uniques qui passent comme un


songe. Il faut les saisir au vol parce qu’ils ne reviennent jamais.

Le présent est le moment le plus important de la vie.


12 février 1952

82
Le passé, le présent et l’avenir

Quel est le moment le plus important de la vie ? Le moment


présent. Parce que le passé n’est plus et l’avenir n’est pas encore.
1952
*

Élance-toi toujours plus haut, toujours plus loin, sans crainte


et sans hésitation !
Les espoirs d’aujourd’hui sont les réalisations de demain.

l’avenir

L’avenir est nécessairement meilleur que le passé. Nous n’avons


qu’à aller de l’avant.

En avant   : vers l’avenir meilleur, la réalisation de demain.

De pas en pas, de vérité en vérité, nous devons grimper sans


cesse jusqu’à ce que nous arrivions à la réalisation parfaite de
demain.
*

L’avenir   : une promesse qui n’est pas encore réalisée.

L’avenir est plein de promesses.

83
Paroles de la Mère

L’avenir est plein de possibilités pour ceux qui savent comment


s’y préparer.

Dans chaque nouvelle aurore se trouve la possibilité d’un pro‑


grès nouveau.

Je suggère que nous fassions simplement ce qui est juste et


raisonnable, sans trop penser à l’avenir, laissant la Grâce divine
s’en charger (de l’avenir).

84
Le progrès et la perfection

le progrès

Le progrès est le signe de l’influence divine dans la création.

Progrès   : c’est pourquoi nous sommes sur la terre.

La raison d’être de la vie terrestre est le progrès. Si tu cesses de


progresser, tu périras. Chaque moment que tu passes sans pro‑
gresser est un pas de plus vers ta tombe.

Dès l’instant que vous êtes satisfaits et n’aspirez plus, vous com‑
mencez à mourir. La vie est mouvement, la vie est effort ; la vie
c’est aller de l’avant, grimper vers des révélations et réalisations
futures. Rien n’est plus dangereux que de vouloir se reposer.

On a toujours quelque chose à apprendre et un progrès à faire,


et dans chaque circonstance nous pouvons trouver une occa‑
sion d’apprendre la leçon et de faire le progrès.
11 septembre 1934

85
Paroles de la Mère

Le progrès   : être prêt, à chaque minute, à abandonner tout ce


que l’on est et tout ce que l’on a, pour avancer sur le chemin.
29 juin 1950

Le progrès est sans fin et chaque jour on peut apprendre à


mieux faire ce que l’on fait.
26 avril 1954

Ne pense pas à ce que tu as été, pense seulement à ce que tu


veux être, et tu es assuré de progresser.
1er juin 1954

Ne regarde pas en arrière, regarde toujours en avant, ce que tu


veux faire — et tu es sûr de progresser.
2 juin 1954

Gardons brûlante la flamme du progrès dans notre cœur.


21 juin 1954

Ce qui ne peut être fait aujourd’hui le sera sûrement par la


suite. Aucun effort pour progresser n’a été fait en vain.
25 juin 1954

86
Le progrès et la perfection

Progressons nous-mêmes, c’est la meilleure manière de faire


progresser les autres.
23 juillet 1954
*

Stagnation signifie décomposition.


Aucune entreprise n’est viable à moins qu’elle ne soit pro‑
gressive.
Va toujours de l’avant vers une perfection croissante.
21 février 1957

Aucune institution ne peut vivre à moins d’être progressive.


Le vrai progrès consiste à se rapprocher toujours davantage
du Divin.
Chaque année qui passe doit être marquée par un nouveau
progrès vers la perfection.
21 février 1957

Tout ce qui est nouveau rencontre toujours une opposition


des conservateurs. Si nous cédons à cette opposition, le monde
n’avancera jamais d’un pas.
7 novembre 1961

Le monde progresse si rapidement que nous devons, à tout


instant, être prêts à dépasser ce que nous savons dans le but de
savoir mieux.
3 mars 1963
*

87
Paroles de la Mère

Dans la constante marche en avant de l’univers, quelle que soit


la chose à accomplir, ce n’est jamais qu’un premier pas vers une
plus grande réalisation.
*

Chaque année qui passe devrait être — et l’est nécessaire‑


ment — une nouvelle conquête.

Chacun et chaque chose peuvent toujours progresser et je tra‑


vaille toujours en vue d’une amélioration possible, sachant que
la plus grande difficulté amène toujours la plus grande victoire
et je crois que tu es avec moi pour cela.

la perfection
Le mélange ne vous rendra pas parfait — la perfection doit
venir du dedans.
1er mars 1936
*

La perfection n’est pas un maximum ou un extrême. La perfec‑


tion est un équilibre et une harmonisation.

La perfection n’est pas un sommet ni un extrême. Il n’y a pas


d’extrême. Quoi que vous fassiez, il y a toujours la possibilité
de faire quelque chose de mieux, et c’est précisément cette
possibilité du mieux qui est le véritable sens du progrès.

88
Le progrès et la perfection

La perfection est éternelle ; c’est seulement la résistance du


monde qui la rend progressive.

On peut dire que la perfection est atteinte, quoiqu’elle reste


progressive, quand la réceptivité d’en bas est égale à la force
d’en haut qui veut se manifester.
3 janvier 1951
*

Tu ne peux t’attendre à ce qu’un autre soit parfait à moins que


tu ne sois toi-même parfait. Or être parfait, c’est être exacte‑
ment ce que le Seigneur Suprême veut que tu sois.
3 juin 1958

La perfection est tout ce que nous voulons devenir dans notre


aspiration la plus haute.
9 octobre 1966
*

Soif de perfection   : aspiration constante et multiple.

le succès

N’oublie jamais le but. Ne cesse jamais d’aspirer. Ne t’arrête


jamais de progresser, et tu es assuré de réussir.

89
Paroles de la Mère

Pouvoir du succès   : le pouvoir de ceux qui savent continuer leur


effort.
*

Il ne suffit pas d’essayer, il faut réussir.

Il ne faut jamais essayer dans le but de réussir.


7 avril 1952

(Quelqu’un a suggéré que la popularité d’un journal


de l’Ashram augmenterait si l’on sollicitait des lecteurs
leurs réactions et ce qu’ils en attendent. Quand on en fit
part à la Mère, elle écrivit   :)

Devenons aussi vulgaires que nous pouvons et le succès est sûr


de venir.
16 janvier 1955
*

Tout ce qui est fait dans le but de plaire au public et d’obtenir


du succès est vulgaire et mène au mensonge. Ci-joint, une vue
plus profonde sur le sujet. 1

1.  À ceux qui ont soif de se débarrasser du mensonge, en voici la manière   :


N’essayez pas de vous plaire à vous-mêmes, n’essayez pas non plus de plaire aux
autres. Essayez de plaire seulement au Divin.
Parce que Lui seul est la Vérité. Tous et chacun d’entre nous, êtres humains dans
un corps physique, nous sommes un revêtement de mensonge sur le Seigneur, et
qui Le cache.
Comme Il est seul à être conforme à Lui-même, c’est sur Lui que nous
devons nous concentrer et non sur les revêtements de mensonge.

90
Le progrès et la perfection

Avec mes bénédictions.


18 janvier 1965
*

Quelles que soient les circonstances qui vous sont données,


utilisez-les au mieux selon la Vérité. En tirer avantage est très
différent.
Toute réussite est à la mesure de votre vérité.

La réussite dépend entièrement de la sincérité.


27 juin 1972
*

Succès dans le travail supramental   : le résultat d’un patient


labeur et d’une parfaite consécration.

Le succès spirituel c’est l’union consciente avec le Divin.

Le succès est une épreuve plus difficile à traverser que l’infor‑


tune.
C’est à l’heure du succès qu’il faut veiller tout spécialement à
se surmonter soi-même.
*

Dès que vous pensez avoir réussi dans une certaine chose, les
forces adverses se font un plaisir de l’attaquer et de la gâter.
Plus encore, quand vous pensez à la réussite vous relâchez votre
aspiration et le plus léger relâchement suffit à fausser les cartes.
Le mieux est de ne pas y penser et de faire votre devoir. Mais

91
Paroles de la Mère

parfois, quand vous vous mettez à penser à vos défauts et à vos


lacunes, et que vous devenez déprimé, alors vous devez vous
mettre la réussite sous le nez et dire   : «   Regarde ça.   » *

la victoire

Nous sommes venus non pour la Paix mais pour la Victoire,


parce que dans un monde gouverné par les forces hostiles, la
Victoire doit venir avant la Paix.
Février 1930
*

Deux choses que tu ne dois jamais oublier   : la compassion de


Sri Aurobindo et l’amour de la Mère, et c’est avec ces deux
choses que tu te battras fermement, patiemment, jusqu’à ce
que les ennemis soient définitivement en déroute, et que la
Victoire soit remportée pour toujours.
Courage au-dehors, paix au-dedans et une calme et imper‑
turbable confiance en la Grâce Divine.
19 mai 1933
*

Face aux attaques répétées des ennemis, tu dois conserver intacte


ta foi et endurer jusqu’à ce que la Victoire soit remportée.
2 février 1942

La victoire ultime du Divin est certaine au-delà de tous les


doutes.
6 avril 1942
*

92
Le progrès et la perfection

La Victoire est certaine, et avec cette certitude nous pouvons


affronter patiemment toutes les suggestions mauvaises et les
attaques hostiles.

La certitude de la victoire donne une patience infinie avec le


maximum d’énergie.

Ayons une sincère aspiration unie à une constante bonne


volonté et la victoire est certaine.
19 mai 1954

La victoire d’hier ne doit être que le marchepied de la victoire


de demain.
7 septembre 1954

Dans la sincérité de notre confiance demeure la certitude de


notre victoire.
3 octobre 1954

Il n’est rien qui ne soit, en dernière analyse, un instrument


menant à la victoire intégrale du Divin.
Juillet 1956

93
Paroles de la Mère

Douce Mère,
Tu as écrit   :
«   L’enfant idéal est courageux. Il continue toujours
à lutter pour la victoire finale, quel que puisse être le
nombre des défaites qu’il subit.   »
Que veut dire «   la victoire finale   » ? Qu’est‑ce que
la victoire et la défaite ? Qu’est‑ce qu’elles représentent
dans nos sports ?

Je ne parlais pas de victoire dans les jeux, mais de la victoire de


la conscience sur l’ignorance et la stupidité.
19 mars 1970

La victoire triomphera de tous les obstacles.

94
La transformation et le Supramental

la transformation

Il y a une Conscience Divine Suprême. Nous voulons manifester


cette Conscience Divine dans la vie physique.
Bénédictions.
*

Le but n’est pas de s’anéantir dans la Conscience Divine. Le


but est de laisser cette Conscience pénétrer la matière et la
transformer.

La Conscience divine est à l’œuvre pour te transformer   : ouvre-


toi à elle afin qu’elle puisse travailler librement en toi.
17 octobre 1937
*

De toutes choses, la plus difficile est d’amener la conscience


divine dans le monde matériel. Faut-il donc abandonner l’en‑
treprise à cause de cela ? Sûrement non.
2 juillet 1955

Vous appartenez à ce stade de la spiritualité qui a besoin de re‑


jeter la matière et veut s’en échapper. La spiritualité de demain
prendra la matière et la transformera.
30 juillet 1965

95
Paroles de la Mère

La vraie spiritualité transforme la vie.

Après une année d’expérience de la superficialité et de l’ineffica‑


cité des voies humaines, il est temps de commencer à grimper
sur la voie escarpée qui conduit au véritable but, celui de la
transformation.

Transformation   : le but de la création.

Le monde nouveau   : le résultat de la transformation.

les trois conditions

Une œuvre ayant pour but le progrès terrestre ne peut être


commencée qu’avec le consentement et l’aide du Divin.
Elle ne peut durer que par une croissance matérielle conti‑
nue donnant satisfaction à la volonté de la Nature.
Elle ne peut être prématurément détruite que par l’effet de la
mauvaise volonté humaine qui, dans ce cas, sert d’instrument
aux forces hostiles au Divin s’efforçant de retarder autant qu’il
se peut Sa manifestation et la transformation terrestre.

Il vous faut savoir une chose et ne jamais l’oublier, c’est que, dans
l’œuvre de transformation, tout ce qui est vrai et sincère sera

96
La transformation et le Supramental

toujours préservé ; c’est seulement ce qui est faux et insincère


qui disparaîtra.

L’obscurité disparaîtra de plus en plus à la mesure du progrès


de la transformation.

Chacun de vous représente une des difficultés qui doivent être


surmontées pour la transformation.

à moins qu’on ne soit armé d’une patience sans fin et d’une


persévérance inépuisable, il est plus sage de ne pas s’engager sur
le chemin de la Transformation.

Que chaque souffrance ajoute sa pierre sur la voie de la trans‑


formation.
3 juillet 1954
*

Sois calme et rassemble énergie et force non seulement pour


travailler, mais aussi pour réaliser la transformation.
28 juillet 1955
*

Équilibre intégral parfait   : on est prêt pour la transformation.

97
Paroles de la Mère

Le constant souvenir du Divin est indispensable à la


transformation.
*

Sois simplement sincère dans ton obéissance au Divin — cela


te mènera loin sur le chemin de la transformation.

Fais taire tous les bruits du dehors, aspire à l’Aide Divine,


ouvre-toi intégralement quand elle vient et soumets-toi à son
action, et cela amènera effectivement ta transformation.

Avec l’Amour Divin se trouve le pouvoir suprême de la Trans‑


formation.

Avec l’Amour divin, se trouve le suprême pouvoir de Transfor‑


mation. Il a ce pouvoir, car c’est pour la Transformation qu’Il
s’est donné au monde et manifesté partout. Il s’est non seule‑
ment infusé dans l’homme, mais dans chacun des atomes de
la matière la plus obscure afin de ramener le monde à la Vérité
originelle.
C’est cette descente que l’on désigne comme le suprême
sacrifice dans les Écritures indiennes. Mais ce n’est un sacrifice
que du point de vue humain, car les hommes pensent que s’ils
étaient obligés de faire la même chose, ce serait un immense
sacrifice ! Mais le Divin ne peut pas vraiment être diminué, Son
essence infinie ne peut jamais devenir moindre, quels que soient
les «   sacrifices   » faits... Dès que vous vous ouvrez à l’Amour
divin, vous recevez son pouvoir de transformation, mais ce

98
La transformation et le Supramental

n’est pas en termes de quantité que vous pouvez mesurer cela.


Ce qui est essentiel, c’est le contact vrai, car vous découvrirez
alors que le contact vrai avec cet amour suffit à remplir aussitôt
la totalité de votre être.

Et quand viendra le jour de la manifestation de l’Amour


suprême, de la descente cristallisée, concentrée de l’Amour
suprême, ce sera vraiment le moment de la Transformation.
Parce que rien ne pourra résister à ça.

la transformation
et les parties de l’être

La transformation n’exige-t-elle pas un très haut degré


d’aspiration, de soumission et de réceptivité ?

La Transformation exige une consécration totale et intégrale.


Mais n’est‑ce point l’aspiration de tout sâdhak sincère ?
Totale veut dire verticalement dans tous les états d’être,
depuis le plus matériel jusqu’au plus subtil.
Intégrale veut dire horizontalement dans toutes les parties
différentes et souvent contradictoires qui constituent l’être
extérieur physique, vital et mental.

Organisation de l’être autour du psychique   : la première étape


de la transformation.

99
Paroles de la Mère

Ouverture du mental   : le premier pas du mental vers la


transformation.

Prière mentale   : spontanée chez un mental qui aspire à la


transformation.

La soif de comprendre   : très utile pour la transformation.

Honnêteté dans le mental physique   : condition préliminaire


indispensable à la transformation.

Offrande intégrale du vital   : une étape importante vers la


transformation.

Renoncement aux désirs émotifs   : indispensable à la transfor‑


mation.

Non seulement le mental et le vital, mais aussi le corps par


toutes ses cellules doit aspirer à la transformation divine.

100
La transformation et le Supramental

Plasticité physique   : une des importantes conditions de la


transformation.

Que le physique s’offre sincèrement au Divin et il sera trans‑


formé. C’est la preuve de la résolution de se libérer de l’ego.

Humilité devant le Divin dans la nature physique   : première


attitude requise pour la transformation.

Lumière psychique dans les mouvements physiques   : le premier


pas vers la transformation du physique.

Lumière psychique dans les mouvements de la matière   : condi‑


tion essentielle de la transformation.

Éveil psychique dans la Matière   : la Matière s’ouvre à la vie


spirituelle.

La matière sous la direction supramentale   : la condition requise


pour sa transformation.

101
Paroles de la Mère

Lumière Supramentale dans le Subconscient   : condition essen‑


tielle pour la transformation.

Influence supramentale dans le Subconscient   : sous son appa‑


rence modeste, c’est une grande force de transformation.

La transformation est le changement grâce auquel tous les


éléments et tous les mouvements de l’être deviennent prêts à
manifester la Vérité supramentale.

le supramental

La réalisation est l’établissement de la Vérité supramentale sur


la terre.
*

Dans la vérité supramentale tous les mensonges seront dissous.


26 juillet 1957

Le supramental n’est pas seulement la Vérité elle-même, mais


aussi la négation même du mensonge. Le supramental ne des‑
cendra jamais, ni ne s’établira ni ne se manifestera dans une
conscience qui abrite le mensonge.
Naturellement la première condition pour vaincre le men‑
songe est de cesser de mentir, quoique ce ne soit qu’un pas
préliminaire. Une sincérité absolue et intégrale doit finalement

102
La transformation et le Supramental

s’établir dans l’être et dans tous ses mouvements pour avoir une
chance d’atteindre le but.
18 avril 1932
*

Pas de querelle   : très importante condition à remplir pour faci‑


liter l’avènement du Supramental.

Une conscience lumineuse sans obscurité, tournée vers la


lumière supramentale et pleine d’une plasticité supramentalisée
sont les conditions de la manifestation de la lumière supra‑
mentale sur la terre.

Nous ne devons jamais oublier que notre but est la manifesta‑


tion de la Réalité Supramentale.
25 mai 1954

La Force est là, attendant de pouvoir se manifester   : nous devons


découvrir ces nouvelles formes permettant Sa manifestation.
12 juin 1954

Il faut découvrir de nouvelles formes nécessaires à la manifesta‑


tion d’une Force nouvelle.
26 juin 1954

103
Paroles de la Mère

La Force Supramentale est prête à se manifester, soyons prêts


nous aussi et elle se manifestera.
7 juillet 1954
*

Quand le Supramental se manifeste, une joie sans égale se


répand sur la terre.
8 juillet 1954

Abandonnez toute peur, tout conflit, toute dispute — ouvrez


vos yeux et vos cœurs — la Force supramentale est là.
9 juillet 1954

Avec patience, force, courage, une calme et indomptable éner‑


gie, nous nous préparerons à recevoir la Force Supramentale.
10 juillet 1954
*

Des mots nouveaux sont nécessaires pour exprimer des idées


nouvelles, des formes nouvelles sont nécessaires pour manifes‑
ter des forces nouvelles.
1er août 1954
*

Nous ne devons jamais oublier que nous sommes ici pour ser‑
vir la Vérité et la Lumière Supramentales et pour préparer sa
manifestation en nous-mêmes et sur la terre.
13 août 1954

104
La transformation et le Supramental

Chaque progrès nouveau dans l’expression universelle signifie


la possibilité d’une nouvelle manifestation.
21 août 1954
*

Une telle obscurité est tombée sur la terre que seule la manifes‑
tation supramentale peut la dissoudre.
26 août 1954

Marchons toujours, sans arrêt, vers une manifestation toujours


plus complète, vers une conscience toujours plus complète et
plus haute.
31 août 1954
*

La force supramentale a le pouvoir de transformer même la


plus sombre haine en paix lumineuse.
11 octobre 1954

Nous aspirons à être libérés de toute ignorance, libérés de notre


ego afin que nous ouvrions toutes grandes les portes de la glo‑
rieuse manifestation supramentale.
23 octobre 1954

Toute notre vie, tout notre travail doivent être une constante
aspiration vers la perfection supramentale.

105
Paroles de la Mère

La Conscience sereine et immobile veille aux confins du monde


comme un sphinx d’éternité. Et pourtant à certains elle livre
son secret.
Ainsi nous avons la certitude que ce qui doit être fait se fera
et que notre individualité présente est en réalité appelée à colla‑
borer à cette glorieuse victoire, à cette manifestation nouvelle.
11-12 novembre 1954

Toutes les barrières doivent tomber l’une après l’autre pour que
l’être prenne l’amplitude intégrale de toutes ses possibilités de
manifestation.
14 décembre 1954

Une Lumière nouvelle poindra sur la terre, une Lumière de


Vérité et d’Harmonie.
24 décembre 1954

Manifestation supramentale   : elle sera la bienvenue.

Comment répondre à ces questions avant que le supramental se


manifeste sur terre ? C’est seulement après cette manifestation
que nous pourrons savoir comment c’est venu et comment il
s’est manifesté.

106
La Mère
La transformation et le Supramental

la manifestation supramentale
sur la terre

29 février 1956

(Pendant la méditation en commun du mercredi.)

Ce soir, la Présence Divine était là, présente parmi vous, concrète


et matérielle. J’avais une forme d’or vivant, aussi grande que
l’univers, et je me trouvais devant une immense porte d’or
massif — la porte qui séparait le monde du Divin.
Regardant la porte, j’ai su et voulu, dans un unique mouve‑
ment de conscience, que le temps est venu (the time has come) ;
et soulevant un énorme marteau d’or que je tenais à deux mains,
j’en assénais un coup, un seul, sur la porte, et la porte a été mise
en miettes.
Alors la lumière, la force et la conscience supramentales se
répandirent en flots ininterrompus sur la terre. 1
*

1956

29 février — 29 mars

Seigneur, Tu as voulu et je réalise


Une lumière nouvelle point sur la terre,
Un monde nouveau est né,
Et les choses promises sont accomplies.
*

1.  Écrite en l’année bissextile 1956, cette déclaration a été distribuée au


public pour la première fois comme message du 29 février 1960, le premier
«   anniversaire   » de la Manifestation Supramentale sur la terre.

107
Paroles de la Mère

La manifestation du Supramental sur la terre n’est plus seule‑


ment une promesse, mais un fait vivant, une réalité.
Il est à l’œuvre maintenant, ici-bas, et un jour viendra où le
plus aveugle, le plus inconscient, même le plus volontairement
ignorant sera obligé de le reconnaître.
24 avril 1956
*

Je parle d’une manifestation supramentale évidente pour tous,


même pour les plus ignorants — comme la manifestation
humaine a été évidente pour tous quand elle s’est produite.

À tous ceux qui aspirent

Ouvrez-vous à la Force nouvelle. Laissez-la faire en vous son


œuvre de Transformation.
Avril 1956

Ouvrez-vous à la Lumière nouvelle qui est apparue sur la terre


et un chemin lumineux se déploiera devant vous.
28 mai 1956

Sans souci du temps, sans crainte de l’espace, surgissant purifiés


des flammes de l’épreuve, nous volerons sans trêve pour réaliser
le but que nous nous proposons   : la victoire supramentale.
24 novembre 1956

108
La transformation et le Supramental

Que la Lumière nouvelle se répande sur la terre et change la


condition de la vie humaine.
6 janvier 1957
*

Incontestablement, c’est la lumière supramentale. Ne te raidis


pas, ouvre-toi, passivement, laisse-la pénétrer ton corps. Elle a
le pouvoir de te redonner force et santé.

Un monde nouveau est né — tous ceux qui veulent y avoir une


place doivent sincèrement s’y préparer.
15 août 1957

Annonçant la naissance d’un monde nouveau, nous invitons


tous ceux qui veulent y avoir une place à s’y préparer sincère‑
ment.
15 août 1957
*

J’ai eu la nuit dernière la vision de ce que pourrait devenir


ce monde supramental si les gens n’étaient pas suffisamment
préparés. La confusion qui existe à présent sur la terre n’est
rien en comparaison de ce qui pourrait arriver. Imaginez que
toute volonté puissante ait le pouvoir de transformer la matière
selon son goût ! Si le sens de l’unité collective ne croissait pas
en proportion du développement de la puissance, le conflit qui
en résulterait serait encore plus aigu et plus chaotique que nos
conflits matériels.
15 février 1958
*

109
Paroles de la Mère

Fêter la naissance d’un corps transitoire peut satisfaire certains


sentiments fidèles.
Fêter la manifestation de la Conscience éternelle peut se faire
à chaque minute de l’histoire universelle.
Mais fêter l’apparition d’un monde nouveau, du monde
supramental, est un privilège exceptionnel et merveilleux.

Quel que soit le nom qu’on lui donne, le Supramental est une
vérité et un fait, et son règne est certain.
27 mars 1959

L’apparition d’un monde nouveau est un fait inéluctable, et


quel que soit le nom qu’on lui donne sa victoire est certaine.

L’influence supramentale libère l’homme de tout ce qui le rat‑


tache à l’animal.

Action supramentale   : une action qui n’est pas exclusive mais


totale.

Connaissance supramentale   : une vision infaillible des


problèmes.

110
La transformation et le Supramental

Conscience Supramentale   : glorieusement éveillée et puissante.


Lumineuse, certaine d’elle-même, infaillible dans ses mouve‑
ments. 

Devenir les bâtisseurs d’un avenir meilleur dans la lumière de la


conscience supramentale.

(Message pour le premier anniversaire de la


Manifestation Supramentale sur la terre 1.)

«   The Golden Day   »

Dorénavant, le 29 février sera le jour du Seigneur.


1960

Il y a un changement dans le symbole de Sri Aurobindo


sur les médailles que vous avez distribuées le 29 février
1960. Les deux triangles, au milieu desquels le carré
contenant le lotus est mis d’habitude, manquent et à
leur place, des rayons de soleil émanent du carré. Vous
avez certainement fait ce changement significatif pour
quelque importante raison ? Pourriez-vous me dire la
raison de ce changement ?

1. L’autre message pour le premier anniversaire se trouve à la page 107 de ce


volume. Le message pour le second anniversaire est une citation tirée des œuvres
de Sri Aurobindo. C’est pourquoi il ne figure pas dans ce volume.

111
Paroles de la Mère

Je n’ai jamais eu l’intention de donner le symbole de Sri


Aurobindo.
Le dessin sur la médaille signifie   :
Les douze rayons de la nouvelle création issue de la manifes‑
tation de l’Avatâr   :
le lotus — l’Avatâr
le carré — la manifestation
les douze rayons — la création nouvelle

Dans votre entretien intitulé «   La Véritable Aventure   »


publié dans le Bulletin de novembre 1957 (page 94)
vous avez dit   :
«   L’année dernière, lorsque je vous ai annoncé la
manifestation de la conscience, de la lumière et de la
force supramentales, j’aurais pu ajouter que c’était un
événement précurseur d’un monde nouveau.   »
Cela signifie que le monde nouveau est né après la
manifestation de la conscience supramentale. Vous
avez fixé le 29 février 1956 comme étant la date de la
manifestation supramentale. Quelle date après celle-ci
doit être considérée comme étant la date anniversaire
du monde nouveau ?

Une demi-heure après.

Dans le Bulletin de novembre 1958 (page 97), dans


Votre réponse intitulée «   Le Nouvel Anniversaire   » vous
avez dit ce qui suit   :
«   Pour vous consoler, je puis vous dire que, par le
simple fait que vous vivez sur terre en ce moment...,
vous absorbez avec l’air que vous respirez cette nouvelle
substance supramentale qui est en train de se répandre

112
La transformation et le Supramental

dans l’atmosphère terrestre, et elle prépare en vous des


choses qui se manifesteront très soudainement, dès que
vous aurez fait le pas décisif.
«   Que cela vous aide ou non à faire ce pas décisif,
est une autre question qui reste à étudier, parce que
les expériences qui se produisent et qui se produiront
de plus en plus maintenant, sont d’un caractère tout
à fait nouveau, on ne peut pas savoir d’avance ce qui
va se passer ; il faut étudier et après une étude appro-
fondie, on pourra avec certitude dire si cette substance
supramentale facilite le travail de la nouvelle nais-
sance ou non. Je vous dirai cela un peu plus tard. Pour
le moment, il vaut mieux ne pas compter sur ces choses
et très simplement se mettre en route pour naître à la
vie spirituelle.   »
Pouvez-vous maintenant dire avec certitude si cette
substance supramentale va aider à réaliser cette nou-
velle naissance d’une manière décisive ?

Évidemment.
26 mars 1960

Tu as dit que nous devons développer «   une union


intime, constante, absolue, inévitable avec la vibration
des forces supramentales   ». Comment acquérir la faculté
de sentir ces vibrations ? Le processus de la sâdhanâ
a‑t‑il subi un changement avec la création d’un monde
nouveau et de nouvelles conditions dans le monde par la
Manifestation Supramentale ? Qu’est‑ce qu’un sâdhak
peut faire pour progresser plus rapidement dans ces nou-
velles conditions ?

113
Paroles de la Mère

Oui, la sâdhanâ a subi un grand changement, parce que c’est


maintenant dans le physique même que vous devez la faire.
Concentre-toi sur la transformation physique ; par physique
j’entends le mental, le vital et le physique de la conscience
corporelle.
Tu essayes de faire l’expérience dans ton mental, mais ce
n’est pas le mental qui peut l’avoir. Sors de ton mental, et tu
comprendras ce que je veux dire.

L’homme doit comprendre qu’en dépit de tous ses accom‑


plissements intellectuels, il est aussi incapable de percevoir les
vibrations supramentales que l’animal était incapable de per‑
cevoir les vibrations mentales quand elles se sont répandues sur
la terre avant l’apparition de l’espèce humaine.

Un cerf passe dans la forêt pour aller boire, mais


qu’est‑ce qui prouve qu’il est passé ? La plupart des gens
n’y verront aucun signe ; peut-être même ne savent-
ils pas qu’il est passé par là. Mais celui qui a fait des
études spéciales de vénerie, un traqueur, trouvera des
signes évidents et il saura non seulement dire quel
genre de cerf est passé, mais sa taille, son âge, son sexe,
etc. De même, il doit y avoir des gens qui ont une
connaissance spirituelle analogue à celle des veneurs
et qui peuvent déceler qu’une personne est en rapport
avec le supramental, alors que les gens ordinaires, qui
n’ont pas entraîné leur mental, ne s’en apercevront pas.
Le supramental est descendu sur terre, dit-on, il s’est
manifesté. J’ai lu tout ce que l’on a écrit à ce propos,
mais je suis parmi les ignorants qui ne voient rien et ne

114
La transformation et le Supramental

sentent rien. Celui qui a une perception plus entraînée


pourrait-il donc me dire à quels signes je pourrais
reconnaître qu’une personne est en relation avec le
supramental ?

Deux signes irréfutables prouvent que l’on est en relation avec


le supramental   :
1. une égalité parfaite et constante,
2. une certitude absolue dans la connaissance.
Pour être parfaite, l’égalité doit être invariable et spontanée,
sans effort, à l’égard de toutes les circonstances, tous les événe‑
ments, tous les contacts, matériels ou psychologiques, quels
que soient leur caractère et le choc qu’ils donnent.
La certitude absolue et indiscutable d’une connaissance in‑
faillible par identité.
Février 1961

Une égalité parfaite face à toutes les circonstances matérielles


ou psychologiques, et un absolu dans la connaissance — une
connaissance qui ne vient pas du mental, mais par identité. La
personne qui est en contact avec le supramental possède ces
deux qualités.
Tu ne peux pas comprendre à moins d’avoir l’expérience.
23 février 1962

N’est‑ce pas la première fois que le Supramental est


descendu sur la terre ?

C’est certainement la première fois que le Supramental est des‑


cendu comme une force de transformation générale pour la

115
Paroles de la Mère

terre tout entière. C’est un nouveau point de départ dans la


création terrestre.
Mais il se peut qu’auparavant la force supramentale se soit
manifestée dans un individu comme une promesse et un
exemple.
26 octobre 1964
*

En 1956 Tu as dit   : «   La Lumière, la Conscience et


la Force supramentales se sont manifestées. L’Ânanda
supramental n’est pas encore venu.   »
4.5.67 est considérée comme une date très importante,
on s’attend à ce que quelque chose d’exceptionnel se passe.
Pourrais-Tu, s’il Te plaît, dire si c’est l’Ânanda
supramental qui se manifestera à cette date ?

L’anniversaire de la première descente du Supramental vient


tous les quatre ans (les années bissextiles). Je ne vois pas ce que
le nombre 7 vient faire là-dedans. En cette année 1964 (année
bissextile) a eu lieu le deuxième anniversaire de la première
descente. Le prochain aura lieu le 29 février 1968, et ce sera
exactement douze ans après la première descente et nous ver‑
rons ce qui arrivera.
14 novembre 1964

Message pour le 4.5.67

«   La vie terrestre est l’habitation qu’une grande Divinité


s’est choisie, et de toute éternité Sa volonté est de chan-
ger cette prison aveugle en Sa demeure splendide et en
un haut temple qui touche au ciel.   »
Sri Aurobindo

116
La transformation et le Supramental

La Divinité dont parle Sri Aurobindo n’est pas une personne,


mais un état auquel participeront tous ceux qui se sont préparés
à le recevoir.
4 mai 1967

Puis-je savoir si l’élévation miraculeuse de Jésus-Christ


au ciel célébrée par les Catholiques Romains le jeudi 4
mai a un rapport quelconque avec notre grande jour-
née d’hier ? Ou bien serait-ce simplement une pure
coïncidence ?

Pour Sri Aurobindo «   les coïncidences   » n’existent pas. Tout ce


qui arrive est le résultat de l’action de la Conscience divine. La
Force qui est à l’œuvre en ce moment est une Force d’harmonie
qui travaille pour l’unité — Unification de tous les symboles
qui expriment la Vérité divine.
5 mai 1967

«   En 1967 le Supramental entrera dans la phase du


pouvoir réalisateur.   » Que signifie exactement «   pouvoir
réalisateur   » ?

Agir d’une manière décisive sur le mental de l’homme et le


cours des événements.

Quel est l’effet du pouvoir réalisateur sur l’être physique


même de la Mère, et ensuite l’effet sur les autres et le
monde en général (y compris les problèmes marquants
du monde aujourd’hui) ?

117
Paroles de la Mère

Nous pouvons attendre avec un peu de patience et nous verrons.

Est‑ce que cette date (4.5.67) marque le début de ce que


la Mère et Sri Aurobindo ont appelé la race nouvelle
— la race du surhomme ?

Depuis quelques mois les enfants nés, surtout parmi nos gens,
sont d’un type très spécial.

(Message pour le troisième anniversaire


de la Manifestation Supramentale sur la terre.)

Seule la Vérité peut donner au monde le pouvoir de recevoir et


de manifester l’Amour Divin.
29 février 1968

la nouvelle conscience 1

Pour être capable de recevoir la nouvelle conscience sans la


déformer   :
Il faut pouvoir se tenir dans la lumière de la Conscience Su‑
prême sans faire d’ombre.
16 avril 1969

1. La Nouvelle conscience s’est manifestée sur la terre le 1er janvier 1969.
Ses caractéristiques sont décrites dans plusieurs entretiens de janvier 1969,
dans lesquels la Mère l’appelle la conscience du surhomme. Ces entretiens sont
publiés dans les Notes sur le chemin.

118
La transformation et le Supramental

Il y a seulement un fait nouveau   : depuis le début de cette année,


une nouvelle conscience s’est manifestée et travaille énergique‑
ment à préparer la terre pour une création nouvelle.
17 avril 1969
*

Dernièrement, je sens constamment, s’écouler dans mon


organisme, une Force venue d’en haut que je ressens
concrètement comme un doux fluide. Elle coule conti-
nuellement dans tout mon organisme et, de temps en
temps, je me sens complètement trempé et saturé. Cela
procure une sensation très plaisante et apaisante. C’est
comme une sorte d’Ânanda d’en haut qui s’écoulerait en
moi. Cela donne un goût bien doux dans la bouche.
Je ne sais pas ce que signifie exactement cette expé-
rience. Est‑ce la Nouvelle Conscience dont Vous avez dit
qu’elle était venue le 1er janvier de cette année ? Ou est‑ce
quelque nouvelle descente qui s’est produite récemment ?
Ou est‑ce seulement quelque chose qui m’est personnel ?

C’est la Conscience qui est à l’œuvre depuis janvier. Mais son


action est devenue beaucoup plus intense.
26 novembre 1969

En 1919 Sri Aurobindo a écrit que le chaos et les


calamités étaient peut-être les douleurs de la naissance
d’une nouvelle création. Combien de temps cela va-t-il
durer ? à l’Ashram, dans l’Inde et, finalement, dans le
monde ?

Cela continuera jusqu’à ce que le monde soit prêt et consente


à recevoir la nouvelle création ; la conscience de cette nouvelle

119
Paroles de la Mère

création est déjà à l’œuvre sur la terre depuis le début de l’année.


Si au lieu de résister, les gens collaboraient, cela irait plus vite.
Mais la stupidité et l’ignorance sont très obstinées !
29 novembre 1969
*

Mère, «   Le monde se prépare à un grand changement.


Voulez-vous aider ?   »  1 Quel est ce grand changement
dont tu parles ? Et comment pouvons-nous l’aider ?

Ce grand changement est l’apparition sur terre d’une race nou‑


velle qui sera pour l’homme ce que l’homme est pour l’animal.
La conscience de cette nouvelle race est déjà à l’œuvre sur terre
pour éclairer tous ceux qui sont capables de la recevoir et de
l’écouter.
1970
*

Tu nous as demandé de T’aider. Comment puis-je


T’aider ? Que dois-je faire ?

Se concentrer et s’ouvrir pour recevoir la nouvelle conscience


progressive, pour recevoir les nouvelles choses qui descendent.
3 mars 1970

Pour venir, le changement n’a pas besoin de notre aide, mais


nous avons besoin de nous ouvrir à la conscience afin qu’elle ne
soit pas venue en vain pour nous.

1.  Message du Nouvel An 1970.

120
La transformation et le Supramental

Pour permettre à la Nouvelle Conscience descendue


l’année dernière d’œuvrer librement, que doit faire un
sâdhak ?

1) Soyez réceptif
et
2) soyez plastique.
1970
*

La première condition indispensable pour se préparer à recevoir


la conscience nouvelle, c’est une humilité véritable et spontanée
qui nous fait sentir profondément que nous ne savons rien et ne
sommes rien en face des merveilles que nous avons à acquérir.

le supramental et l’être nouveau

Préparons de notre mieux la venue de l’Être Nouveau.


Le mental doit se taire et être remplacé par la Conscience
de Vérité — la conscience des détails et la conscience du tout,
harmonisées.
*

Le mental doit se taire pour laisser la conscience supramentale


prendre sa place.
*

La Conscience de Vérité doit pénétrer tout l’être, dominer tous


les mouvements et calmer le mental physique agité. Ce sont les
conditions préliminaires de la manifestation.

121
Paroles de la Mère

Sagesse dans le mental physique   : un premier pas vers la mani‑


festation supramentale sur la terre.

(Message pour le quatrième anniversaire


de la Manifestation Supramentale sur la terre.)

C’est seulement quand le Supramental se manifeste dans le


mental corporel que sa présence est permanente.
29 février 1972
*

Il est indispensable que chacun trouve son psychique et s’unisse


à lui définitivement. C’est à travers le psychique que le supra‑
mental se manifestera.
24 juin 1972
*

La Conscience de Vérité ne peut se manifester qu’en ceux qui se


sont débarrassés de l’ego.

L’homme et le mental ne sont pas le dernier terme de la créa‑


tion ; un être supramental est en préparation.
25 décembre 1972

Le mental ne sait pas vraiment ; aspire sincèrement au supra‑


mental.
Janvier 1973
*

122
La transformation et le Supramental

La surhumanité   : le but de nos aspirations.

L’homme est l’être intermédiaire entre Ce qui doit être et ce


qui est.
30 août 1954
*

L’homme est, sur la terre, un être de transition et par consé‑


quent, au cours de son évolution, il a plusieurs natures succes‑
sives qui ont suivi une courbe ascendante et continueront à
la suivre jusqu’au moment où il touchera le seuil de la nature
supramentale et se transformera en surhomme. Cette courbe
est la spirale du développement mental. Nous avons tendance
à appeler naturelle toute manifestation spontanée qui n’est
pas le résultat d’un choix et d’une décision préconçue, c’est-à-
dire sans intrusion de l’action mentale. C’est pourquoi quand
l’homme a une spontanéité vitale très peu mentalisée il nous
paraît plus «   naturel   » dans sa simplicité. Mais c’est un naturel
qui ressemble beaucoup à celui de l’animal et qui est tout en
bas de l’échelle évolutive humaine.

Il ne faut jamais oublier que la personne extérieure n’est que la


forme et le symbole d’une Réalité éternelle, et, à travers l’appa‑
rence physique, c’est à cette Réalité supérieure qu’il faut s’adres‑
ser. L’être physique ne pourra devenir vraiment expressif de la
Réalité Éternelle que lorsqu’il sera complètement transformé
par la manifestation supramentale. Et jusque-là, c’est à travers
lui qu’il faut trouver la Vérité.

123
Paroles de la Mère

Douce Mère,
Que sont les «   facultés suprêmes   » ?

Il est difficile de répondre sans avoir le contexte. De quelles


«   facultés suprêmes   » est-il question ici ? Sont-ce celles de
l’homme en voie de devenir surhomme, ou sont-ce celles que
possédera l’être supramental quand il apparaîtra sur la terre ?
Dans le premier cas, ce sont les facultés qui se développent
dans l’homme au fur et à mesure qu’il s’ouvre au mental su‑
périeur et au surmental, et qu’à travers ces régions, il reçoit la
lumière de la Vérité. Ces facultés sont alors non pas une ex‑
pression directe de la suprême Vérité, mais sa traduction, sa
réflexion indirecte. Parmi ces facultés on peut signaler l’intui‑
tion, la prévision, la connaissance par identification et certains
pouvoirs comme celui de guérir et, dans une certaine mesure,
d’agir sur les circonstances.
S’il s’agit des «   facultés suprêmes   » de l’être supramental, nous
ne pouvons guère en parler, car tout ce que nous pourrions en
dire pour le moment appartiendrait plus au domaine de l’ima‑
gination qu’à celui de la connaissance, puisque cet être supra‑
mental n’est pas encore manifesté sur terre.
23 avril 1960
*

Mère bien-aimée,
Voici une question intéressante qui se pose   : «   Avec la
descente du Supramental dans la matière, et en présup-
posant que de nouvelles lois et de nouveaux processus
vont en résulter, pouvons-nous envisager des êtres dont
le contrôle de leur corps pourrait les rendre capables de
neutraliser ou d’absorber la radioactivité ou une surex-
position aux rayons cosmiques ?   »
Un homme instruit de l’Ashram dit que l’immuni-
sation à la radioactivité est «   impossible   » car la matière

124
La transformation et le Supramental

physique est régie par la nature inférieure. J’attends de


vous que vous me disiez que, pour nous, rien n’est «   im-
possible   ».

Les deux énoncés sont vrais.


(1) Tant que la matière restera ce qu’elle est, elle ne peut être
immunisée. Mais (2) on s’attend à ce que la force supramentale
transforme aussi le matériel corporel, à la longue, et lorsque
cela sera fait, alors tout deviendra possible ou plutôt rien ne
sera impossible.
Avec mes bénédictions.
26 août 1961
*

Si une guerre mondiale éclatait, cela pourrait non seu-


lement détruire la majeure partie de l’humanité, mais
aussi créer des conditions de vie impossibles pour les
survivants en raison des retombées nucléaires. Dans le
cas où une telle guerre serait encore possible, cela n’affec-
tera-t-il pas la venue de la Vérité Supramentale et de la
Race nouvelle sur la terre ?

Tout cela, c’est de la spéculation mentale et une fois que vous


entrez dans le domaine de l’imagination mentale, il n’y a pas de
fin aux problèmes et à leurs solutions. Mais tout cela ne vous
fait pas avancer d’un pas vers la Vérité.
L’attitude de l’esprit la plus saine et la plus sûre est celle-ci   :
on nous a dit de manière précise et positive que la création
supramentale fera suite à la création actuelle, donc, quoi que
nous réserve l’avenir, ce doit être les circonstances requises pour
cet événement. Et comme nous sommes incapables de prévoir
correctement ce que ces circonstances seront, mieux vaut gar‑
der le silence.
*

125
Paroles de la Mère

Prévoir des difficultés, c’est les aider à se produire.


Toujours prévoir le meilleur dans une totale confiance en la
Grâce divine, c’est collaborer effectivement à l’Œuvre supra‑
mentale sur la terre.
*

Douce Mère,
Ce matin, pendant ma méditation j’ai vu tant de
choses sans aucun rapport logique entre elles, mais dont
l’impression définitive est que quelque chose d’extra-
ordinaire va se produire. C’est la première fois peut-être
que j’ai un tel présage pendant presque une heure.
Je veux savoir s’il y a une vérité [dans tout cela] et
comment doit-on [s’y] préparer. Peut-on le dire aussi à
la classe ?

La nuit dernière, nous (toi et moi et quelques autres) avons


été ensemble pendant assez longtemps dans la demeure perma‑
nente de Sri Aurobindo qui se trouve dans le physique subtil (ce
que Sri Aurobindo appelait «   the true physical   »). Tout ce qui
s’est passé là-bas (beaucoup trop long et compliqué pour être
raconté) était, pour ainsi dire, organisé pour exprimer concrè‑
tement la rapidité du mouvement de transformation actuel. Et
Sri Aurobindo, avec un sourire, t’a dit à peu près cela   : «   Do
you believe now ?   » C’était comme s’il évoquait trois lignes de
Savitri   :
“God shall grow while the wise men talk and sleep,
For man shall not know the coming till its hour
And belief shall not be till the work is done.” 1

1. «   Dieu grandira tandis que les hommes sages parleront et dormiront ;


Car l’homme ne connaîtra la venue qu’à son heure
Et la foi ne viendra que lorsque le travail sera fait.   »
(Traduction de la Mère.)

126
La transformation et le Supramental

Je pense que c’est une explication suffisante de la méditation


dont tu parles.
Mes bénédictions.
1er février 1963
*

Quelqu’un m’a demandé   :


«   Dans l’œuvre de transformation, qui est le plus lent à faire
son travail, l’homme ou Dieu ?   »
J’ai répondu   :
«   Pour l’homme, Dieu est trop lent à répondre à sa prière.
«   Pour Dieu, l’homme est trop lent à s’ouvrir à Son influence.
«   Mais pour la Conscience de Vérité, tout va comme cela
doit aller.   »

Le Seigneur est Éternel et Infini.


Même lorsque le supramental sera pleinement réalisé sur
terre, le Seigneur dépassera infiniment cette réalisation qui sera
suivie par d’autres manifestations du Seigneur ad infinitum.

Ceux qui sont prêts pour la transformation peuvent l’accom‑


plir n’importe où.
Et ceux qui ne sont pas prêts ne peuvent l’accomplir où qu’ils
se trouvent.
12 novembre 1971

La transformation supramentale est un labeur ardu, et exige un


corps fort. Pendant quelque temps encore, probablement plus de

127
Paroles de la Mère

cent ans, le corps physique aura besoin de manger afin de conser‑


ver ses forces ; et nous devrons nous conformer à cette nécessité.
Décembre 1972

l’immortalité
Jeunesse éternelle   : c’est le don que nous fait le Divin quand
nous nous unissons à Lui.

Les formes sont en perpétuelle transformation. Identifie-toi à la


Conscience immortelle et tu la deviendras.

L’immortalité n’est pas un but, ce n’est même pas un moyen.


Elle découlera naturellement du fait de vivre la Vérité.

Immortalité intégrale   : c’est une promesse ; quand sera-t-elle un


fait matériel ? 

Immortalité supramentale   : c’est un fait avéré, mais peu d’êtres


humains en ont l’expérience.

Immortalité supramentale sur la terre   : ceci reste encore à


réaliser.
*

128
La transformation et le Supramental

Immortalité vitale   : dans son domaine propre elle existe, mais


la condition en est la soumission au Divin.

Aspiration à l’immortalité   : pure, élancée, confiante.

Aspiration physique à l’immortalité   : aspiration intense mais


ignorante des moyens.

Aspiration à l’immortalité intégrale   : développement organisé,


tenace et méthodique de la connaissance.

Effort vers l’immortalité   : persistant et coordonné.

la nouvelle création

L’action est un rétrécissement de la conscience afin d’atteindre


un but particulier. La création d’un monde nouveau n’échappe
pas à cette règle.
*

Réalisation de la nouvelle création   : c’est à cela qu’il faut nous


préparer.

129
Paroles de la Mère

Tout comme rien peut être un instrument pour la Sagesse Su‑


prême afin de préparer la terre en vue de la nouvelle création !

La matière s’efforce de se libérer des vieilles habitudes pour se


préparer à la nouvelle réalisation.

L’idéal de la nouvelle création   : l’idéal doit être progressif pour


pouvoir se réaliser dans l’avenir.

Pouvoir multiple de la nouvelle création   : la nouvelle création


sera riche en possibilités.

Charme de la nouvelle création   : la nouvelle création est atti‑


rante pour tous ceux qui veulent progresser.

La beauté de la nouvelle création   : la nouvelle création s’efforce


de mieux manifester le Divin.

Utilité de la nouvelle création   : une création qui a pour but


d’apprendre aux hommes à se surmonter eux-mêmes.

130
La mort et la renaissance

la vieillesse et la mort

Seules les années passées inutilement vous font vieillir.


Une année passée inutilement est une année pendant laquelle
on n’a fait aucun progrès, la conscience ne s’est pas développée,
on n’a pas avancé sur le chemin de la perfection.
Consacrez votre vie à la réalisation de quelque chose de plus
haut et de plus vaste que vous-même et vous ne sentirez jamais
le poids des années qui passent.
21 février 1958
*

Depuis la naissance jusqu’à la mort, la vie est une chose dange‑


reuse.
Les courageux la traversent sans se soucier des risques.
Les prudents prennent des précautions.
Les poltrons ont peur de tout.
Mais en fin de compte, il n’arrive à chacun que ce que la
Volonté Suprême a décidé.
19 juin 1966
*

Il y a des vivants qui sont déjà à moitié morts, il y a beaucoup


de morts qui sont très vivants.

Chère Madame amie,


Votre lettre est venue m’apporter des nouvelles déjà connues,
parce que votre pensée vient souvent m’apporter votre souvenir
et me tient au courant de vos tribulations. Chacun en vérité a

131
Paroles de la Mère

les siennes et vous savez, aussi bien que moi, que c’est seulement
dans l’attitude intérieure que se trouve la paix.
Tant que nous sommes dans un corps, quel que soit son âge
et ses difficultés, c’est certainement que nous avons quelque
chose à y faire ou à y apprendre, et cette conviction donne la
force nécessaire pour faire face à toutes les vicissitudes.
J’avais espéré, en vous mettant en rapport avec les réfugiés
tibétains que parmi eux il s’en trouverait un ou une qui serait
heureux de vous consacrer sa vie pour avoir l’occasion de se
développer intellectuellement et d’apprendre tout ce que vous
pourriez lui enseigner en échange de ses services.
Ne serait-ce plus possible ?
Pour moi la Grâce est une réalité agissante qui dirige notre
destinée à travers les âges.
Il ne faut pas être pressé et hâter le départ, même si c’est pour
le repos éternel ou la béatitude ou [le] néant. Tant que nous
sommes dans un corps, c’est sans doute que nous avons encore
quelque chose à y faire ou à y apprendre.

Cette suggestion de mort vient de l’«   ego   » quand il sent qu’il


va bientôt devoir abdiquer. Reste calme et courageux. Tout ira
bien.

Vous parlez de renoncement absolu, mais renoncer au corps


n’est pas le renoncement absolu. Le renoncement véritable et
total c’est de renoncer à l’ego, ce qui est un effort bien plus
ardu. Si vous n’avez pas renoncé à votre ego, renoncer à votre
corps ne vous apporte pas la liberté.

132
La mort et la renaissance

(À propos des régions de nuit et de douleur décrites


dans le poème de Sri Aurobindo «   Amour et Mort   ».)

Le monde vital est surtout comme cela et ceux qui vivent ex‑
clusivement dans le physique et le vital vont là après la mort.
Mais il y a la Grâce !...
*

La mort n’est pas du tout ce que vous croyez. Vous attendez de


la mort la tranquillité calme d’un repos inconscient. Mais pour
obtenir ce repos, il faut vous y préparer.
Quand vous mourez vous ne perdez que votre corps ainsi
que les possibilités de relation avec le monde matériel et d’ac‑
tion sur lui. Mais tout ce qui appartient au monde vital ne
disparaît pas avec la substance matérielle ; vos désirs, vos atta‑
chements, vos passions persistent avec le sens d’un désappoin‑
tement, d’une frustration, et tout cela vous empêche de trouver
la paix attendue. Pour jouir d’une mort paisible et sans trouble,
il faut vous y préparer. Et la seule préparation efficace est l’abo‑
lition des désirs.
Tant que nous avons un corps, il nous faut agir, travailler,
faire quelque chose ; mais si nous le faisons simplement parce
que cela doit être fait, sans en désirer le résultat et sans vouloir
qu’il soit ceci ou cela, nous nous détachons progressivement et
nous nous préparons ainsi à une mort paisible.

Si vous désirez échapper à la mort, vous ne devez vous attacher


à rien de périssable.
On ne peut vaincre que ce qu’on ne craint point. Ainsi celui
qui craint la mort est déjà vaincu par elle.

133
Paroles de la Mère

Afin d’être capable de vaincre la mort et de conquérir l’immor‑


talité, on ne doit ni craindre ni désirer la mort.

La cible à laquelle nous visons est l’immortalité.


De toutes les habitudes, la mort est certainement la plus
invétérée.

Au point de vue de la connaissance spirituelle, la décrépitude et


la dissolution, la désintégration, sont très évidemment, incon‑
testablement, le résultat d’une mauvaise attitude.

1. Pourquoi les hommes sont-ils obligés de quitter le


corps ?

Parce qu’ils ne savent pas aller aussi vite que la Nature dans son
progrès vers le Divin.

2. Faut-il respecter le corps d’une personne morte ? Si


oui, comment ?

Il faut tout respecter, les vivants et les morts et savoir que tout
vit dans la Conscience Divine.
Le respect doit être senti dans le cœur et l’attitude inté‑
rieure.

3. Est‑ce qu’il y a le Divin dans le corps d’une personne


morte ?

134
La mort et la renaissance

Le Divin est partout ; et je répète que pour le Divin il n’y a pas


des vivants et des morts — tout vit éternellement.

4. Que devons-nous faire pour rendre l’âme heureuse et


pour qu’elle se réincarne dans de bonnes conditions, par
exemple dans un milieu spirituel ?

Ne pas avoir de chagrin et demeurer très paisible et tranquille,


en gardant le souvenir affectueux de celui qui est parti.

5. Est‑ce que les âmes pleurent ?

Oui, quand quelque chose les éloigne du Divin.

6. Comment faire pour empêcher quelqu’un de pleurer ?

L’aimer sincèrement et profondément sans chercher à arrêter


ses larmes.
*

Normalement, la conscience du mort ne doit ressentir aucune


souffrance pour ce qui arrive au corps après son départ. Mais
il y a dans le corps matériel lui-même une conscience appelée
«   l’esprit de la forme   » qui prend du temps pour sortir complè‑
tement de l’agrégat des cellules ; son départ est le point de dé‑
part d’une décomposition générale ; et avant son départ, il peut
avoir une sorte de sensation de ce qui arrive au corps. C’est
pourquoi il vaut toujours mieux ne pas se presser pour les funé‑
railles.
13 novembre 1966
*

Vous dites que c’est par les journaux que vous avez appris la mort
de votre neveu. Donc l’enfant est mort il y a quelques jours. X.

135
Paroles de la Mère

et Y. ont-ils trouvé quelque chose de différent dans leur atmo‑


sphère, leurs sentiments, leurs pensées, leurs sensations — une
différence, une gêne ou un sentiment de perte qui aurait donné
une raison véritable à leur chagrin ? Je suis à peu près sûre que
non. Donc leur chagrin, s’ils en ont, n’est pas vrai mais le résul‑
tat de pensées et de sentiments conventionnels ; tout cela est une
illusion venue des idées de la famille, qui est une des conven‑
tions les plus artificielles et les plus mensongères de toutes.
En vérité, l’enfant n’était pas dans leur atmosphère, sinon ils
auraient étés avertis de cette mort sans avoir besoin d’en rece‑
voir la nouvelle. Il n’était pas plus dans leur atmosphère que
n’importe lequel des deux cent mille humains qui meurent tous
les jours — pour autant que la moyenne des morts humaines
soit de deux cent mille par jour. Le savent-ils ? La mort n’est-
elle pas l’un des événements les plus communs et quotidiens
et peuvent-ils raisonnablement s’attendre à ce que quelqu’un
parmi ceux qu’ils connaissent échappe à cette loi générale ?

Votre père est mort parce que c’était son heure de mourir. Les
circonstances peuvent être une occasion, mais certainement pas
une cause. La cause se trouve dans la Volonté divine et nul ne
peut la modifier.
Donc, ne vous attristez pas et abandonnez votre chagrin aux
pieds du Divin. Il vous donnera la paix et la liberté.

(À la secrétaire de Wanda Landowska.)

Maintenant, vous ne pouvez plus vous pencher sur ce corps


et prendre soin de lui, lui exprimer par vos gestes tout votre
attachement, et c’est cela qui est douloureux. Mais il faut

136
La mort et la renaissance

surmonter cette douleur et regarder au-dedans, en haut, car


seul le corps matériel va se dissoudre. Tout ce que vous aimiez
en elle — tout cela n’est d’aucune manière affecté par la dis‑
solution de l’enveloppe matérielle ; et si dans le calme d’un
amour profond, vous concentrez votre pensée et votre énergie
sur elle, vous verrez qu’elle restera près de vous et que vous
pourrez avoir un rapport conscient et de plus en plus concret
avec elle.

La vie est immortelle. C’est seulement le corps qui se dissout.


10 mars 1969

Pourquoi appelons-nous la Mort un dieu ? N’est-il pas


un Asura comme le Seigneur du Mensonge ?

C’est dans la conscience de l’homme qu’il est devenu un dieu et


c’est pourquoi il est si difficile de le transformer.
29 octobre 1972

la renaissance

Sri Aurobindo dit que, parfois après la mort, l’enveloppe


vitale et mentale se dissout, laissant l’âme libre de se
retirer dans le monde psychique avant de revêtir de
nouvelles enveloppes. Qu’advient-il du Karma et des
impressions — Samskaras — des vieilles enveloppes ?
Se dissolvent-ils aussi sans laisser de résidus, bons ou
mauvais, comme ils le devraient selon la théorie du

137
Paroles de la Mère

Karma ? Aussi, qu’advient-il de l’être vital et mental


après la dissolution de l’enveloppe vitale et mentale ?

Seule la forme extérieure est dissoute, à moins qu’elle ne soit


rendue consciente elle aussi et organisée autour du centre divin.
Mais le vrai mental, le vrai vital et même le véritable physique
subtil demeurent   : c’est ce qui conserve toutes les impressions
reçues lors des premières vies et façonne la chaîne du Karma.

Si nous allons un peu au-dedans de nous-mêmes, nous décou‑


vrirons qu’il y a en chacun de nous une conscience qui a vécu à
travers les âges et s’est manifestée sous une multitude de formes.
24 janvier 1935
*

Dans les réincarnations, ce n’est pas l’être extérieur, celui qui est
formé par les parents, le milieu et les circonstances — le men‑
tal, le vital et le physique — qui se réincarne, c’est seulement
l’être psychique qui passe de corps en corps. Donc logiquement,
ni l’être mental, ni l’être vital ne peut se rappeler de vies passées
ou se reconnaître dans le caractère ou la manière de vivre de
telle ou telle personne. Seul l’être psychique peut se souvenir et
c’est quand on devient conscient de son être psychique que l’on
peut en même temps avoir des impressions exactes au sujet de
ses vies passées.
D’ailleurs il est beaucoup plus important pour nous de fixer
notre attention sur ce que nous voulons devenir plutôt que sur
ce que nous avons été.
2 avril 1935

138
La mort et la renaissance

Le soudain départ de X. est une perte douloureuse pour tous


ici. Il était parfait de consécration et d’honnêteté dans son tra‑
vail, l’homme sur lequel on peut compter, une vertu vraiment
exceptionnelle. Il est parti dans une lumière solaire et jouit du
repos conscient auquel il avait vraiment droit.
5 juillet 1965

Dans mes rêves, je vois X. très heureux. Un jour, je l’ai


vu penché sur ma table et il me disait   : «   Je n’ai pas eu
l’occasion de te dire [quoi que ce soit] pendant mon
départ, parce que c’est l’appel de Sri Aurobindo qui m’a
obligé à courir tout de suite.   » Est‑ce [vrai], Mère ?

Ce rêve est sûrement vrai, parce que X. est allé tout droit re‑
joindre Sri Aurobindo.

Mère douce,
Je voudrais [connaître] les réponses à ces questions
qui me [viennent] souvent depuis son départ.
Est‑ce qu’une âme qui est consciente de Toi reprend
naissance immédiatement après son départ ? Ou faut-il
qu’elle attende longtemps ?

Chaque être psychique pleinement conscient et développé est


libre de choisir quelle sera sa prochaine existence et quand cette
existence prendra place.

Est‑ce que cette âme vient dans l’Ashram après sa nais-


sance pour [accomplir] Ta Mission Divine ?

C’est généralement son choix quand elle se réincarne tout de


suite.

139
Paroles de la Mère

Est‑ce que cette âme est capable de choisir sa naissance


et de jouir du bonheur de la vie de l’Ashram ?

Si elle est pleinement développée, elle en est capable.

Quelle est la relation entre la Lumière Supramentale et


la lumière solaire ?

La lumière solaire est le symbole de la lumière supramentale.


Bénédictions.
2 juillet 1966
*

Douce Mère,
Dans le Bulletin Vous avez dit   : «   Les souvenirs
psychiques ont un caractère très spécial, et sont d’une
intensité merveilleuse... Ce sont des moments inou-
bliables de la vie où la conscience est intense, lumineuse,
forte, active, puissante et quelquefois des tournants de
l’existence qui ont changé l’orientation de votre vie.
Mais vous ne serez jamais capable de dire quelle robe
vous portiez, ou avec quel homme vous parliez et les
voisins ou le genre de champ où vous étiez.   » 1 Et à propos
du souvenir de ces petits détails, Vous disiez   : «   Ce sont
absolument des enfantillages.   » 2
Mais alors comment se fait-il qu’on lise souvent
dans les journaux des histoires de jeunes enfants qui
se souviennent de leurs vies passées et que les détails
ont été vérifiés ? Et c’est l’étude de tels événements qui
fait que les parapsychologues affirment l’existence de la
réincarnation. Ils ne font donc pas complètement fausse

1.  Bulletin, Novembre 1967, p. 40.


2.  Ibid., p. 36.

140
La mort et la renaissance

route ? Et comment la réincarnation peut-elle être


démontrée scientifiquement d’une autre manière ?

Les souvenirs dont tu parles et qui sont mentionnés dans les


journaux, sont des souvenirs de l’être vital qui, exceptionnel-
lement, est sorti d’un corps pour entrer dans un autre. C’est
une chose qui se produit mais qui n’est pas fréquente.
Le souvenir dont je parle est celui de l’être psychique et on
en est conscient seulement quand on est en relation consciente
avec son être psychique.
Il n’y a aucune contradiction entre les deux choses.
29 novembre 1967

Douce Mère,
Est‑ce nécessaire de savoir ce que j’étais dans ma vie
précédente ?

Si c’est nécessaire, tu le sauras.


14 février 1973

À de rares exceptions près, les animaux ne sont pas individua‑


lisés et quand ils meurent, ils retournent à l’esprit de l’espèce.

le suicide
Mère Divine,
Quelque chose ne va pas dans mon cerveau. Je pense
souvent au suicide. S’il te plaît, pardonne-moi et donne-
moi Ta protection et Tes bénédictions.

141
Paroles de la Mère

Si tu es sincère dans ton aspiration à me voir, tu dois rejeter loin


de toi ces idées morbides de suicide qui sont contraires à toute
vie divine. Sois patient, ferme et solide, affronte tranquillement
les difficultés de la vie et patiemment aussi les difficultés de la
«   sâdhanâ   » — alors tu seras assuré du succès final.
Avec mes bénédictions.
21 août 1964
*

Je sens que je suis ton enfant nu né avec une destinée


vide ; un tel enfant n’a pas de mission à remplir dans la
vie. N’est-il pas mieux de quitter le monde ?

C’est dans ce monde que tu dois changer et que le changement


est possible. Si tu t’échappes de ce monde, tu devras revenir à
nouveau dans des conditions probablement pires et tu devras
tout recommencer.
Il vaut beaucoup mieux ne pas être lâche, faire face à la
situation maintenant et faire l’effort nécessaire pour vaincre.
L’aide est toujours avec toi ; tu dois apprendre à t’en servir.
Tendresses et bénédictions.
13 novembre 1967

Sois sûr que se suicider est l’action la plus stupide qu’un


homme puisse commettre ; parce que la fin du corps ne veut
pas dire la fin de la conscience et ce qui te troublait quand tu
étais vivant continue à te troubler quand tu es mort, sans pos‑
sibilité de divertir ton mental, ce qui était à ta portée quand tu
étais vivant.
16 juillet 1969

142
La mort et la renaissance

J’ai reçu une lettre assez pathétique d’un lecteur de


Mother India. Il écrit   :
«   Bien que j’essaye sincèrement de suivre l’enseigne-
ment de Mère dans ma vie, j’ai été harcelé de difficultés
— à un tel point que le suicide est la seule solution.
Je vous demande donc d’être assez bon pour faire en
sorte que ma prière arrive à l’attention personnelle de
la Mère.   »
Mère, que dois-je répondre ?

Le suicide, loin d’être une solution, est une aggravation stupide


de la situation, qui rendra peut-être la vie intolérable pendant
des siècles.
12 juin 1972
*

Dans le Râmâyana, il est dit que lorsque Râma vit


que son travail sur terre était achevé, il entra dans le
fleuve Sarayu avec ses compagnons. On n’a pas à juger
les actions d’un Avatâr, mais cela ressemble à un suicide
collectif, et le suicide est tenu pour le plus grand des
péchés. Comment expliquer cela ?

1) Pour le Suprême le péché n’existe pas.


2) Pour le dévot, être loin du Seigneur est le plus grand des
péchés.
3) À l’époque où le Râmâyana a été conçu et écrit, la con‑
naissance révélée par Sri Aurobindo, à savoir que la terre sera
transformée en un monde divin et en la demeure du Suprême,
n’était encore ni connue ni admise.

143
Le sommeil et les rêves

le sommeil et le repos

Je dormais et me suis réveillé exactement à l’heure de


ma classe. N’est‑ce pas le Divin qui m’a réveillé ?

Pas nécessairement. Il y a toujours une partie du subconscient


qui veille et il suffit d’avoir la volonté de se réveiller à une cer‑
taine heure pour que cette partie vous éveille.
3 mars 1933

Je voudrais savoir pourquoi j’ai eu une nuit aussi agitée.

De toute évidence, vous n’avez pas calmé vos pensées avant


de vous endormir. Au moment de s’allonger on doit toujours
commencer par calmer ses pensées.
28 janvier 1935
*

La nuit précédant le Darshan je ne peux pas dormir.


On dit que c’est un manque d’équilibre. Mais, au con-
traire, il me semble que c’est dû à Ta présence qui tient
éveillé. Je ne sens aucun malaise. Je pense que cela va
bien. N’est‑ce pas vrai ?

Rester une nuit sans dormir une fois par hasard, tous les trois
ou quatre mois, cela n’a pas beaucoup d’importance à condition
que le reste du temps on dorme bien.

144
Le sommeil et les rêves

Je te recommande de bien dormir et de prendre suffisamment


de repos ; c’est indispensable pour pouvoir continuer régulière‑
ment à bien faire le travail.
Mes bénédictions sont toujours avec toi.

Le sommeil, c’est l’école par laquelle on doit passer, si on sait


apprendre sa leçon, pour que l’être intérieur soit indépendant
de la forme physique, conscient par lui-même et qu’il soit
maître de sa propre vie. Il y a des parties entières de l’être qui
ont besoin de cette immobilité et semi-conscience de l’être
extérieur — du corps —, pour pouvoir vivre de leur vie propre
indépendante.
C’est une autre école pour un autre résultat, mais c’est une
école. Si on veut avoir le maximum de progrès possible, il faut
savoir utiliser ses nuits comme on utilise ses jours ; seulement,
généralement les gens ne savent pas du tout comment faire, et
ils essaient de rester éveillés et tout ce qu’ils produisent c’est un
déséquilibre physique et vital — et mental aussi quelquefois —
comme résultat.

Le sommeil est indispensable dans l’état actuel du corps. C’est


par un contrôle progressif du subconscient que le sommeil peut
devenir de plus en plus conscient.
25 janvier 1938

Je sais par expérience que ce n’est pas en diminuant la nourriture


que le sommeil devient conscient ; le corps s’agite, mais cela
n’augmente en rien la conscience. C’est dans un bon sommeil

145
Paroles de la Mère

profond et tranquille que l’on peut entrer en contact avec une


partie plus intime de son être.
4 août 1937

J’espère que bientôt tu seras tout à fait remis et que tu ne te


sentiras plus fatigué. Mais manges-tu assez ? C’est quelquefois
la faim qui empêche de dormir.
Mes bénédictions sont toujours avec toi.

Un repos convenable est une chose très importante pour la


sâdhanâ.
2 mars 1942
*

Tu dois te reposer — mais d’un repos de concentration de force


et non d’une dilution qui ne résiste pas aux forces adverses. Un
repos qui est puissance et non faiblesse.

Se reposer avant de s’endormir

Il n’y a pas de fin aux découvertes que l’on peut faire dans les
rêves. Mais une chose est très importante   : il ne faut pas s’en‑
dormir quand on est très fatigué, car si on le fait, on tombe
dans une sorte d’inconscience et les rêves font de vous ce qu’ils
veulent sans que l’on soit capable d’exercer le moindre contrôle.
De même qu’il faut se reposer avant de manger, je conseillerais
à tout le monde de se reposer avant de s’endormir. Mais encore
faut-il savoir comment se reposer.

146
Le sommeil et les rêves

Il y a beaucoup de façons de le faire, en voici une   : d’abord


mettez votre corps au repos, confortablement allongé sur un
lit ou une chaise longue. Efforcez-vous alors de détendre vos
nerfs, soit tous ensemble, soit l’un après l’autre, jusqu’à ce que
vous ayez obtenu une détente complète. Ceci fait, et tandis
que votre corps reste comme un chiffon sur le lit, rendez votre
cerveau silencieux et immobile, au point qu’il n’ait plus cons‑
cience de lui-même. Alors doucement, imperceptiblement,
passez de cet état dans le sommeil. Quand vous vous réveillerez
le lendemain matin, vous serez plein d’énergie. Au contraire,
si vous vous couchez très fatigué et sans vous détendre, vous
tomberez dans un sommeil lourd, épais et inconscient où le
vital perdra toutes ses énergies.
Il est possible que vous n’obteniez pas un résultat immédiat ;
alors persévérez.

Depuis quelque temps j’ai du mal à dormir à cause du


bruit intérieur et extérieur. Je Te prie de m’aider.

Avant d’essayer de dormir, quand tu te couches pour dormir,


commence par te détendre physiquement (j’appelle cela faire le
chiffon sur le lit).
Puis avec toute la sincérité dont tu disposes, offre-toi au
Divin dans une détente complète et... c’est tout.
Essaye jusqu’à ce que tu réussisses et tu verras.
Bénédictions.
Mars 1969

147
Paroles de la Mère

les rêves

En général, je ne donne pas de «   sens   » aux rêves, parce que


chacun possède son propre symbolisme qui n’a de sens que
pour lui.

Je parlerai de certains détails à ce propos, la prochaine fois que


nous nous rencontrerons. D’ici là je garderai les papiers avec
moi. (Seuls Sri Aurobindo et moi-même les verront.)
Dans le premier rêve nous pouvons prendre le théâtre comme
le symbole de ce monde où tout est jeu — les apparences de
quelque chose et non la chose elle-même. Ici, les rois et les
reines ne le sont pas à cause d’un droit inné et divin, mais
sont la conséquence d’une confusion des circonstances et de la
naissance.
Je suppose que les obstacles qui étaient sur votre chemin vers
moi représentent les difficultés (intérieures et extérieures) qui
doivent être surmontées pour réaliser l’union avec la véritable
conscience.
Le second rêve semble une personnification de vieilles
impressions, restées dans le subconscient, de l’entourage social
et de vos réactions à celui-ci.
Dans le troisième, le train est, comme toujours, une image
du chemin et du voyage vers le but. Les groupes de gens sont les
groupes variés (sociétés secrètes, etc.) qui ont été formés pour
ce but. Celui que vous deviez rejoindre était la société à laquelle
vous vous êtes attaché — composée de garçons qui étaient avec
vous dans votre «   première école   » ; l’image est claire, mais c’est
une association que vous n’avez pas ressentie comme définitive.

148
Le sommeil et les rêves

Ces deux rêves (sont-ce vraiment des rêves ?) sont d’une qualité
bien supérieure aux précédents.
Le premier semble être une de ces transcriptions symboliques
de l’état intérieur et de l’action que l’on a souvent pendant le
sommeil. Ce qui m’apparaît le plus clairement est combien ce
rêve montre nettement le manque de toute cause véritable à
l’appréhension que vous ressentiez en nageant (la peur de n’être
pas capable d’atteindre le but). Parce que l’averse de protection
venant du rivage à atteindre vous mène là-bas, même si les condi‑
tions apparentes ou les circonstances semblent vous en éloigner.
Dire exactement ce que les chaloupes à moteur représentent
est difficile en l’absence de détails.
Le second n’est certainement pas un rêve mais une réalité,
une très charmante expression de la réalité de la constante pré‑
sence de Sri Aurobindo et de son aide donnée par le biais d’une
relation intime et véritable, même si elle est voilée pour la
conscience extérieure. C’est une expérience précieuse qui mé‑
rite d’être conservée dans le coin le plus sacré de la mémoire.

Les six divans   : les sièges, bases des pouvoirs de création (6). Un
[siège] toujours occupé par les forces titaniques (le dernier, le
plus matériel).
La servante   : qui nous a montré le chemin à travers le «   laby‑
rinthe   », qui nous a donné à manger et même une lumière
fumeuse (une lampe de poche très faible) pour trouver notre
chemin dans le noir, est la nature inférieure ; elle a demandé
à être payée pour ses services, disant que «   l’autre gentleman   »
(titan) la payait toujours.
La place   : quelque couche du vital dans la conscience
physique.
20 février 1932
*

149
Paroles de la Mère

C’était un jour de Darshan. Tu étais là avec Sri


Aurobindo. J’ai couru dans les bras de Sri Aurobindo. Il
me caressait avec beaucoup de plaisir, disant qu’il était
venu pour élever [mon être]. J’étais sur ses genoux. Toi
aussi tu me caressais suavement, disant une des prières
que je t’ai envoyées.

Ce rêve-ci est le résultat d’une impression psychique qui est


remontée à la surface pendant le sommeil.
19 mars 1936

Généralement j’essaye de me souvenir de vous au moins


une fois avant de m’endormir. Je me demande pour-
quoi, ensuite, des rêves si répugnants me rendent visite,
alors que je devrais rêver de vous. Toute direction de
votre part pour éviter le démon sera bienvenue si vous
m’accordiez gracieusement une volonté suffisante et le
pouvoir de la suivre.

Gardez constamment et sincèrement en vous le désir de


vaincre.
Bénédictions.
20 juillet 1947
*

On peut beaucoup apprendre en observant ses rêves.

150
La maladie et la santé

La maladie et la santé

Vous me demandez si votre maladie vient du yoga. D’aucune


façon — loin de détériorer la santé, le yoga aide à en bâtir une,
solide et inaltérable.
29 juin 1942

N’oublie pas que pour réussir dans notre yoga il faut avoir un
corps fort et en bonne santé.
Pour cela le corps doit faire de l’exercice, avoir une vie active et
régulière, bien manger, travailler physiquement et bien dormir.
C’est dans la bonne santé que se trouve le chemin vers la
transformation.
18 avril 1971
*

C’est bon de faire des exercices et de mener une vie simple et


hygiénique, mais pour qu’un corps soit vraiment parfait il doit
être ouvert aux forces divines, il doit être soumis seulement à
l’influence divine, il doit constamment aspirer à réaliser le Divin.

Une bonne santé est l’expression extérieure d’une harmonie


intérieure. Nous devons être fiers d’être en bonne santé (...) et
ne pas la mépriser.

Le bonheur et la bonne santé ne sont pas encore dans ce monde


un état normal.

151
Nous devons les protéger très soigneusement contre l’intru‑
sion de leurs opposés.
*
les causes intérieures de la maladie
J’ai eu plusieurs sortes de petits accidents et de blessures,
et cela me tourmente car tous mes efforts pour les éviter
semblent vains. Que faire ?
Vous n’avez pas besoin de vous torturer avec ces petites choses
— elles n’ont pas d’importance en elles-mêmes et leur utilité
est de nous montrer où l’inconscient peut encore se trouver
dans notre nature afin que nous puissions y mettre la lumière.
13 juillet 1937

*
Tu dois prendre cette maladie comme un signe que malgré
toutes tes convictions, peut-être même tes résolutions, tu dois
faire la sâdhanâ et ajouter à ta consécration extérieure au travail
une consécration intérieure pour arriver à une compréhension
profonde et à une transformation psychologique, et faire usage
de ta retraite dans ce but.
Mon amour et mon aide sont avec toi.
6 avril 1952

*
Les maux physiques sont toujours le signe d’une résistance dans
l’être physique ; mais avec la soumission à la Volonté Divine
et une complète confiance dans le travail de la Grâce, ils ne
peuvent que disparaître rapidement.
22 mai 1957
*

152
La maladie et la santé

Sri Aurobindo dit   : «   Les maladies se prolongent inutilement


et se terminent par la mort plus souvent qu’il n’est inévitable,
parce que le mental du malade soutient la maladie de son corps
et s’y appesantit   » 1. Et j’ajoute   :
«   Une maladie du corps est toujours l’expression extérieure
et la traduction d’un désordre, d’un manque d’harmonie de
l’être intérieur ; à moins que ce désordre intérieur ne soit guéri,
la guérison extérieure ne peut être totale et permanente.   »
1er octobre 1959

Les désordres physiques sont autant de leçons qui viennent


nous apprendre l’égalité et nous révéler ce qui, en nous, est assez
pur et lumineux pour ne pas être atteint. C’est dans l’égalité
que se trouve le remède.
Un point important   : égalité ne veut pas dire indifférence.
11 décembre 1965

La maladie est venue à la manière d’un test et elle est repartie


telle une purification emportant avec elle tout ce qui faisait
obstacle à la joie d’une consécration intégrale.
2 février 1967

Cette maladie vous a été imposée par les forces hostiles comme
un examen exigeant.
Vous ne l’avez pas affrontée avec l’attitude qui convenait.
C’est pourquoi elle s’attarde.

1.  Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo, Sri Aurobindo Ashram, 1994,


p. 363.

153
Paroles de la Mère

Votre retour à Madras n’a pas amélioré l’attitude, au contraire.


Vous cédez à un mouvement de peur et à un manque de
confiance à l’égard du Divin.
Je ne vois pas comment cela pourrait aboutir à quelque chose
de bon pour vous.
*

Votre maladie n’était pas un simple accident. Vous n’avez pas


accordé suffisamment d’attention au changement intérieur, à
un changement psychologique accompagné d’un élargissement
de votre conscience. Vous étiez satisfait de vous-même. Vous
étiez enfermé dans votre coquille et n’avez pas essayé de pro‑
gresser. Vous avez dit que la sâdhanâ ne vous intéressait pas et
vous pensiez que le peu de travail que vous faisiez était bien
suffisant pour vous et que rien de plus n’était nécessaire. C’est
cette attitude qui vous a sorti de ma protection. Je vous ai averti,
mais vous avez défié la Nature en disant que rien ne pouvait
vous toucher. L’ensemble de toutes ces choses vous a attiré vos
difficultés mentales, votre faiblesse et votre maladie.
Vous devez changer. Vous devez essayer de souscrire aux
conditions de Mahâsaraswatî, de rendre votre travail de plus en
plus parfait, de progresser et de faire un essai de transformation
psychologique. C’est un minimum et si vous essayez sincère‑
ment, mon aide sera toujours là.
En ce moment, mon travail va à une telle vitesse qu’à moins
que vous ne fassiez un sérieux effort, vous resterez loin derrière
et incapable de demeurer avec moi. Mais si vous faites ce que
vous dites, tout ira bien. *

Votre maladie vous a donné l’occasion d’ouvrir les yeux sur


la nécessité d’un changement intérieur. Vous devez en profiter
pour progresser. *  

154
La maladie et la santé

Les choses qui ne veulent pas changer dans votre nature se


rassemblent et se manifestent sous forme de maladie. La seule
chose à faire est d’avoir une forte aspiration et un changement
total. Alors tout ira bien. *

la peur et la maladie

Sois sur tes gardes. Il y avait sur X. une formation de peur


—  peur du froid, peur d’une mauvaise santé, etc. — prends
soin que cette formation ne te saute pas dessus ; tu dois la rejeter
résolument.
1937
*

Vous ne devez pas avoir peur. La plupart de vos ennuis pro‑


viennent de la peur. En fait 90% des maladies sont le résultat de
la peur subconsciente du corps. Dans la conscience ordinaire du
corps il existe une angoisse plus ou moins cachée qui redoute les
conséquences de la moindre perturbation physique. Elle peut
se traduire par ces mots de doute sur l’avenir   : «   Et que va-t-il
arriver ?   » C’est cette anxiété qui doit cesser. Cette anxiété est
vraiment un manque de confiance en la Grâce divine, le signe
évident d’une consécration qui n’est ni parfaite ni complète.
Dans la pratique, pour venir à bout de cette peur subcons‑
ciente, à chaque fois qu’il en vient à la surface, la partie la plus
éclairée de l’être doit convaincre le corps de la nécessité d’une
entière confiance en la Grâce divine, lui donner la certitude que
la Grâce œuvre toujours pour le mieux, en notre être aussi bien
qu’en tous, et la détermination de se soumettre complètement
et sans réserve à la Volonté divine.
Le corps doit savoir, et être convaincu, qu’il est d’essence
divine et que si rien ne fait obstacle à l’œuvre du Divin, rien

155
Paroles de la Mère

ne peut nous faire de mal ; ce processus doit être répété avec


constance, jusqu’à ce que toute récurrence de peur s’arrête. Et
ensuite, même si la maladie réussit à se manifester, sa force et
sa durée seront considérablement réduites jusqu’à ce qu’elle soit
définitivement conquise.

Quand un désordre physique survient, on ne doit pas avoir


peur, on ne doit pas s’enfuir, on doit y faire face avec courage,
calme, confiance, avec la certitude que cette maladie est un
mensonge et que si l’on se tourne entièrement, avec une entière
confiance, avec une complète tranquillité vers la Grâce divine,
elle s’établira dans ces cellules comme elle s’établit elle-même
dans les profondeurs de l’être, et les cellules elles-mêmes auront
part à la Vérité éternelle et à la Félicité.

Depuis quelque temps des problèmes de peau sur mes


jambes m’inquiètent vraiment. S’il vous plaît, Mère,
chassez cette maladie de mon corps et la peur de mon
mental.

La véritable maladie est la peur. Rejetez la peur et la maladie


s’en ira.
Mon aide est avec vous.
Bénédictions.
1965
*

Quant au cancer, la première chose c’est de chasser toute peur.

156
La maladie et la santé

Si vous voulez guérir, il y a deux conditions. Premièrement


vous devez être sans peur, absolument sans peur, vous compre‑
nez, et deuxièmement, vous devez avoir une foi entière en la
Protection Divine. Ces deux choses sont essentielles. *  

l’inquiétude
et la préoccupation de la maladie

Le docteur a examiné mon sang. Il m’a donné ce petit


papier pour montrer la faiblesse du sang et vous le
communiquer. La fatigue semble plutôt augmenter que
diminuer, Mère.

Il ne faut pas vous inquiéter ; vous serez bientôt remis sur pied,
surtout que la vitalité est restée très bonne. N’ayez pas peur et
gardez votre pleine confiance en la Grâce Divine.
18 février 1938

X. m’a dit   : «   C’était une erreur de ta part de ne pas


informer la Mère de la maigreur et de la faiblesse de
ton corps.   » Pourriez-vous me dire ce qu’il faut faire
pour l’améliorer ?

Ne vous en inquiétez pas et augmentez votre foi en la Grâce


Divine.
Bénédictions.
4 juillet 1939
*

Les gens disent qu’on a cette attaque [de maladie] quand

157
Paroles de la Mère

on travaille trop dur et qu’on s’expose par là même au


soleil et aux vents froids. Cette suggestion m’inquiète.

Cette attaque n’est pas due au travail ou à une exposition [aux


éléments], mais à la suggestion d’une vieille habitude venant
du subconscient. N’écoute pas ce que les gens disent et garde
ta foi en la Grâce Divine. Tout redeviendra tout à fait normal
avec le temps.
Avec mes bénédictions.
8 janvier 1940
*

Ne te tourmente pas et donne du repos à ta main. C’est la


meilleure manière de guérir vite.

Mon conseil   : ne pas s’inquiéter. Plus vous y pensez, plus vous


vous concentrez là-dessus et, par-dessus tout, plus vous avez
peur, plus vous donnez à cette chose l’occasion de croître.
Au contraire, si vous tournez votre attention et votre intérêt
ailleurs, vous augmentez les possibilités de guérison.

Pourquoi donner tant d’importance à ces fonctionnements maté‑


riels du corps ? Il vaut mieux se sentir tout à fait indépendant
d’eux et les laisser aller selon leur loi propre, sans se tracasser à
leur sujet, jusqu’à ce que nous ayons la connaissance et la force
nécessaires pour intervenir dans leur obscurité et les contraindre
à changer et à devenir la vraie expression de la lumière et de la
conscience suprême.

158
La maladie et la santé

Santé   : ne pas s’en préoccuper, mais s’en remettre au Divin.

Pense moins à toi-même et à ta santé.


Sûrement, tu deviendras plus fort.
Mais si tu es convaincu que tu as une maladie, va à l’hôpital,
et là ils t’en trouveront sûrement une.

Si les parents pouvaient laisser leurs enfants tranquilles, ils ne


tomberaient pas si souvent malades, peut-être même pas une
fois sur dix. Oui, vous n’avez rien dit à l’enfant, mais vous étiez
tellement inquiets pour sa santé. Il semblerait qu’une catastrophe
soit arrivée ou que l’enfant ait soudainement développé un
cancer. C’est votre inquiétude qui gâte toute l’atmosphère et
augmente les ennuis. *  

Si vous êtes malade, on s’occupe de votre maladie avec tant


d’anxiété et de peur, on vous donne tant de soins que vous en
oubliez de prendre l’aide de l’Unique qui peut vous aider, et
vous tombez dans un cercle vicieux et prenez un intérêt mor‑
bide à votre maladie. * 

Quand j’avais vingt ans, un docteur m’a dit qu’en cas de maux
d’estomac ou d’intestins le mieux était de continuer à manger
comme d’habitude et de ne pas faire attention au désordre. Il
disait   : «   Si vous faites de l’acidité cela viendra quoi que vous
mangiez, et plus vous y prêterez attention, plus cela augmentera.
Si vous continuez à changer d’alimentation, à la fin vous

159
Paroles de la Mère

trouverez que vous ne pouvez même pas avaler un verre d’eau


sans avoir d’ennui. Mais, si vous vous comportez normalement,
si vous ne vous inquiétez pas, tout rentrera dans l’ordre.   »
Et j’ai trouvé ce conseil tout à fait juste. *

la pensée négative et la maladie

En fait, je peux t’assurer que les douleurs à l’estomac ainsi que de


nombreux autres malaises sont dus à 90% à de fausses pensées
et à une forte imagination — je veux dire que la base matérielle
en est pratiquement négligeable.
Avec ma tendresse et mes bénédictions.
1943
*

Ne vous tourmentez pas, ne vous inquiétez pas ; surtout essayez


de bannir toute peur ; la peur est une chose dangereuse qui peut
donner de l’importance à quelque chose qui n’en avait pas du
tout. Rien que la crainte de voir certains symptômes se répéter,
suffit à amener cette répétition.
24 juillet 1945
*

J’ai dans l’idée que trop de protéines et de féculents dans


la nourriture aggravent l’eczéma.

En ce qui concerne les effets de la nourriture sur le corps, 90%


tiennent au pouvoir de la pensée. Si tu suis avec confiance le
traitement du Dr X., il te guérira.
Bénédictions.
6 octobre 1962
*

160
La maladie et la santé

On a dû vous dire que certaines maladies du corps vous feront


beaucoup souffrir. On dit souvent des choses comme cela. Alors,
vous faites une formation de peur et vous continuez à vous at‑
tendre à souffrir. Et la douleur vient même sans nécessité. Mais
au cas où elle serait tout de même là, je peux vous dire une
chose   : si la conscience est tournée vers le haut, la douleur dis‑
paraît. Si elle est tournée vers le bas, la douleur est ressentie et
même augmente. Quand on fait des expériences avec ces deux
attitudes en se tournant vers le haut ou vers le bas, on s’aperçoit
que l’affection physique en tant que telle n’a rien à voir avec la
douleur. Le corps peut souffrir beaucoup ou pas du tout, bien
que son état soit exactement le même dans les deux cas. C’est
l’orientation de la conscience qui fait toute la différence.
Je dis «   tournée vers le haut   » parce que se tourner vers le Divin
est la meilleure méthode, mais d’une façon générale on peut
dire que, lorsqu’on détourne sa conscience de la douleur vers un
travail ou quoi que ce soit d’intéressant, la douleur cesse.
Et non seulement la douleur cesse mais n’importe quel dégât
causé à un organe peut se réparer plus facilement lorsque l’at‑
tention de la conscience est détournée du désordre et que l’on
est ouvert au Divin. Il y a l’aspect Sat du Divin — la pure
Existence suprême au-dessus, au-delà ou derrière le cosmos.
Si vous pouvez rester en contact avec cela, toutes les maladies
peuvent être supprimées.
25 novembre 1962

Mère bien-aimée,
Je souffre d’une sérieuse rechute d’enflure des chevilles
due à la dengue.
Le Dr X. me traite, mais je supplie ta Force guéris-
seuse et fais de mon mieux pour m’ouvrir afin que notre
travail puisse progresser à ce moment crucial.

161
Paroles de la Mère

Cesse d’imaginer des choses fausses et tes misères cesseront du


même coup.
Bénédictions.
10 décembre 1964

*
(À propos d’un sâdhak qui s’est plaint d’être surmené.)
La force vitale est très faible et les suggestions du mental plutôt
fortes. Fais ce qu’il demande pendant quelque temps. Il décou‑
vrira peut-être que tout cela est de l’imagination, car c’est son
imagination qui le rend malade ou plutôt qui lui donne l’im-
pression d’être malade. *

*
la volonté de vaincre la maladie
Éveillez en vous la volonté de vaincre. Non pas une simple
volonté dans le mental, mais une volonté dans les cellules mêmes
de votre corps. Sans cela vous ne pouvez rien faire. Vous pouvez
prendre des centaines de médicaments, ils ne vous guériront
que si vous avez la volonté de vaincre la maladie physique.
Je peux détruire la force adverse qui vous a possédé. Je peux
le refaire des centaines de fois. Mais chaque fois que ce vide
se crée, il sera rempli par une de ces nombreuses forces qui
essaient de s’y précipiter. C’est pourquoi je vous dis, éveillez [en
vous] la volonté de vaincre.
20 octobre 1957

*
N’aimez pas votre mauvaise santé et votre mauvaise santé vous
quittera.
28 août 1966
*

162
La maladie et la santé

Les deux sont corrects. Vous devez vous servir d’une forte
volonté pour vous débarrasser de votre maladie et vous devez
rester calme et ne pas vous inquiéter du résultat. Les deux ne
sont pas contradictoires. L’une devrait accompagner l’autre.
Quand vous serez complètement guéri, ce sera l’indication
d’un progrès intérieur.
La compassion de Sri Aurobindo est toujours là pour vous
aider, mais l’effort est nécessaire de votre côté aussi. *

Elle doit prendre la résolution d’aller bien, sinon elle n’ira


jamais bien. *

Le corps est guéri s’il a décidé d’être guéri.

Le corps doit repousser la maladie avec autant de force que


nous repoussons le mensonge de notre mental.

le contrôle du désir

Pour guérir, mon enfant, il faut non seulement mettre complè‑


tement fin à ces pratiques inconvenantes, mais aussi débarrasser
ta pensée et tes sens de tous les désirs malsains, car ce sont les
désirs qui irritent les organes et les rendent malades. Tu dois
tout nettoyer impitoyablement et ta volonté n’est pas assez
forte pour cela ; invoque ma volonté, appelle-la sincèrement et
elle sera là pour t’aider. Tu as raison lorsque tu dis qu’avec mon
aide tu seras sûrement capable de vaincre. C’est vrai, mais tu

163
Paroles de la Mère

dois vouloir sincèrement cette aide et la laisser travailler en toi


et en toutes circonstances.

(Un sâdhak demande à la Mère d’utiliser son pouvoir


spirituel pour le guérir d’une maladie sérieuse.)

Le pouvoir ne peut pas fonctionner si vous n’avez aucun contrôle


sur vos désirs.
6 septembre 1959
*

Votre interprétation est correcte.


Dans ma dernière note, je faisais référence au désir de nour‑
riture. À moins que vous ne contrôliez la nourriture que vous
prenez, vous serez toujours malade.
14 septembre 1959
*

Maîtrise de l’avidité pour la nourriture   : une promesse de bonne


santé.
*

la paix et la tranquillité,
la foi et la soumission

Rester tranquille et se concentrer est le plus sûr moyen de guérir


de n’importe quoi et de toute chose, en laissant la Force au-
dessus faire son travail. Il n’est pas de maladie qui puisse y résister
si cela est fait comme il faut, à temps et suffisamment longtemps,
avec une foi ferme et une forte volonté.

164
La maladie et la santé

J’ai de la fièvre. Quel est le meilleur moyen de s’en


débarrasser ?

Reste calme et confiant et ce sera bien vite fini.

J’ai une forte douleur à la gorge, au cou et derrière la


tête. Les attaques sont intolérables.

Il ne faut pas perdre patience, cela ne hâte pas la guérison.


Il faut, au contraire, garder une foi paisible que l’on va guérir.
5 octobre 1935

Établis dans ton corps une paix et une tranquillité plus grandes ;
cela te donnera la force de résister aux attaques de la maladie.
22 octobre 1935

La seule chose que je puisse suggérer à propos des maladies est


d’appeler la paix. Tenez votre mental détaché du corps par n’im‑
porte quel moyen — soit en lisant les livres de Sri Aurobindo,
soit en méditant. C’est dans cet état que la Grâce agit. Et c’est
la Grâce seule qui guérit. Les médicaments ne font que donner
la foi au corps. C’est tout.

Mon cher enfant, il est maintenant temps que la foi devienne


vraiment active et que tu résistes inébranlablement à toutes les

165
Paroles de la Mère

contradictions. Aie la foi, la véritable foi, que tu seras guéri et


la guérison ne peut que venir.
Avec mon amour et mes bénédictions.
2 février 1949

Au lieu d’être bouleversé et de lutter, la meilleure chose à faire


est d’offrir son corps au Divin avec la prière sincère   : «   Que ta
Volonté soit faite.   » S’il y a une possibilité de guérison, cela en
établira les meilleures conditions ; et si la guérison est impossible,
ce sera la meilleure préparation pour sortir du corps et de la vie
sans lui.
En tout cas, la première condition indispensable est une
calme soumission à la Volonté Divine.
Avec mon amour et mes bénédictions.

Détournez complètement votre esprit de vos difficultés, concen‑


trez-vous exclusivement sur la Lumière et la Force venant d’en
haut ; laissez le Seigneur faire de votre corps ce qui Lui plaît.
Remettez totalement entre Ses mains la responsabilité entière
de votre être physique.
C’est cela la guérison.
Avec mes bénédictions.
5 mars 1959
*

La condition impérative pour guérir se trouve dans le calme


et la tranquillité. Toute agitation, toute nervosité prolonge la
maladie.

166
La maladie et la santé

(À quelqu’un qui souffrait de l’estomac et des intestins.)

C’est dû à l’inquiétude et à l’agitation. Que se passe-t-il ?


Fais descendre la paix, la Paix Divine dans ton estomac et
tout ira bien.

Saisissez une paix profonde au-dedans et poussez-la dans les


cellules du corps. Avec la paix la santé reviendra.

La paix et le silence sont les grands remèdes à toute maladie.


Quand nous pouvons faire descendre la paix dans nos cellules,
nous sommes guéris.

Paix dans les nerfs   : indispensable à une bonne santé.

la guérison par la grâce divine

(Quelqu’un atteint de rhumatismes écrivait   :) Suis-je


destiné à être un invalide ? J’ai donné la meilleure part
de ma vie au Divin. Est‑ce là mon destin ? N’y a-t-il
pas d’échappatoire ?

Ayez la foi. Il n’est pas de maladie qui ne puisse être guérie par
la Grâce Divine.

167
Paroles de la Mère

Ne pensez pas que vous êtes invalide pour toujours, parce que
la Grâce du Seigneur est infinie.

Je vous mets le portrait de deux oiseaux à [la] vue perçante pour


vous encourager à avoir la foi dans la guérison de vos yeux.
Je vais voir ce qui peut être fait.
28 janvier 1932
*

Que faire à propos des maladies ?

Être passivement confiant   : laissez-moi faire et c’est fait.

Quand on attrape une maladie, comment doit-on prier


la Mère ?

Guéris-moi, oh Mère !

Sa maladie mentale était congénitale, c’est-à-dire causée par sa


constitution physique, et cela lui serait arrivé, où qu’elle soit et
quelle que soit la vie qu’elle aurait vécue. En fait, je l’ai tenue
en vie ici un an et demi de plus qu’elle n’aurait tenu n’importe
où ailleurs.
Ces maladies congénitales ne peuvent être guéries que par
une transformation intégrale du corps lui-même, et nous n’en
sommes pas encore arrivés là dans la sâdhanâ ; autrement il ne
s’agit que d’une soi-disant «   guérison miraculeuse   » et ce genre
de miracle n’arrive que comme le résultat d’une absolue sincérité

168
La maladie et la santé

dans la consécration au Divin et d’une foi inébranlable en la


Grâce Divine. Ce n’était pas le cas, elle était pleine de peurs,
de désirs et d’exigences et terriblement concentrée sur son être
extérieur et sur ce qu’elle appelait ses besoins. Cela est tout à
fait à l’opposé d’une sincère consécration.
25 mars 1935
*

Mon cher enfant,


Que ta réceptivité augmente cette année, jusqu’au point de
te donner le pouvoir d’utiliser pleinement la force qui est à
l’œuvre pour rétablir en toi une parfaite bonne santé.
Avec mon amour et mes bénédictions.
2 février 1948

X. a de nouveau écrit. Deux lettres qui vous étaient


adressées de son amie Mademoiselle Y. (qui vous a ren-
contrée lors de sa dernière visite il y a quelques mois)
sont passées inaperçues — apparemment du moins. Elle
avait demandé un paquet de bénédictions pour des pro-
blèmes qu’elle avait. Elle n’a rien reçu. Mais dans sa
seconde lettre, elle donnait de bonnes nouvelles.

Comment «   inaperçues   » ? Elle a été guérie ! Homme de peu de


foi !
31 mai 1967
*

Avant de m’endormir je t’ai dit   : «   Ça ne va pas. [Si ce


furoncle] reste je serai obligé de rester au lit la semaine
du Darshan.   » Je ne suis pas sûr que ce soit possible,
mais le matin le furoncle s’était déplacé d’environ dix

169
Paroles de la Mère

centimètres de l’endroit inconfortable, me donnant


toute liberté de mouvement   : un ou deux jours après, il
a crevé et maintenant il est sec. Je me demande encore si
le furoncle pouvait vraiment se déplacer comme cela.

Tout peut arriver. Seule la logique de notre mental impose des


limites. Je dois féliciter ton corps de sa réceptivité.

Cela donne la mesure exacte de la réceptivité de ton corps. Con‑


centre la force sur les parties malades et elles iront mieux. *  

Je me demande pourquoi ces maux ne guérissent que si


je t’en fais part dans le physique. Quand c’est pour les
autres, je t’en informe en silence et cela marche. Peux-tu
me dire pourquoi ?

Cela dépend de la réceptivité physique de chacun et cette récep‑


tivité dépend elle-même de la mesure dans laquelle le mental
domine. *

C’est une question de réceptivité. Je fais tout ce que je peux


pour lui, mais il continue de penser qu’il est malade. Cette idée
le préoccupe tout le temps et il a fait une forte formation de
maladie autour de lui. Il ne peut recevoir mon aide à cause de
cette formation. Qu’il écarte l’idée de maladie et plus de la moi‑
tié de ses ennuis finiront et il sera facile de le guérir. *

170
La maladie et la santé

les médecins et la médecine

Maladies

La vérité est harmonie suprême, suprême félicité.


Toute confusion, toute souffrance est mensonge.
Ainsi peut-on dire que les maladies sont les mensonges du
corps et, en conséquence, que les médecins sont des soldats
appartenant à la grande et noble armée de ceux qui, dans le
monde, luttent pour la Vérité.
*

Si nous prenons le corps humain comme tabernacle du Seigneur,


la science médicale devient le rituel du culte, et les médecins,
les prêtres qui officient dans le temple.
Ainsi envisagée, la carrière médicale est un sacerdoce et doit
être traitée comme telle.

Un esprit ouvert, un cœur généreux, une volonté sans


défaillance, une détermination ferme et tranquille, une énergie
inépuisable, et une confiance totale en sa mission — voilà ce
qui fait un parfait médecin.

Une maladie, après tout, n’est qu’une mauvaise attitude prise


par quelque partie du corps.
Le rôle principal des docteurs est de convaincre le corps, par
des moyens divers, de retrouver sa confiance en la Grâce su‑
prême.
*

171
Paroles de la Mère

Aux connaissances et à l’expérience médicales, ajoutez une foi


entière en la Grâce Divine et votre capacité de guérison n’aura
pas de limite.
*

Pouvoir spirituel de guérison   : ouverture et réceptivité à l’in‑


fluence divine.
*

[Le] pouvoir matériel de guérir exige une grande sincérité dans


la bonne volonté.

Je n’en ai pas fini avec cette deuxième crise cardiaque.


La première était en juin 1938, et due à une trop forte
dose d’un tonique stimulant en poudre. Cette fois-ci,
c’est un surmenage du muscle cardiaque. Les médecins
me conseillent un repos complet allongé. Même la tête
ne doit pas être soulevée. Ils m’ont aussi averti que si je
ne fais pas extrêmement attention, je pourrai avoir des
problèmes plus sérieux. Mais je me sens plein de votre
présence et fais ce que mon inspiration poétique soudai-
nement et abondamment libérée me fait faire. Je m’as-
sois fréquemment, excité par le passage des poèmes en
moi — surtout lorsque les vers semblent venir de loin,
de vastes espaces — et mon cœur commence à battre vite
à ce moment-là, et si les médecins pouvaient mettre leur
stéthoscope sur ma poitrine, ils commenceraient à secouer
la tête à la perspective d’une guérison rapide. Mais cela
ne me concerne pas. Je fais implicitement confiance à
votre pouvoir et j’ai envie d’envoyer paître en riant le
sombre avenir dont ils me menacent, bien sûr avec les
meilleures intentions et pour mon propre bien, au cas où

172
La maladie et la santé

je négligerais mon cœur. Je suis certain, Mère chérie, que


le Pouvoir Divin peut aider, n’est‑ce pas ?

Mon cher enfant, je suis tout à fait d’accord avec toi qu’il y a
un autre pouvoir et bien plus puissant que celui des médecins
et des médicaments et je suis heureuse de voir que tu lui fais
confiance. Cela te conduira certainement à travers toutes les
difficultés et en dépit des avertissements de catastrophe. Garde
ta foi intacte et tout ira bien.
28 mai 1948
*

(À propos de médicaments.)

Je ne suis pas particulièrement intéressée par ces choses qui ne


sont qu’une aide extérieure pour la conscience extérieure et non
essentielles au yoga.

Toute la valeur d’un médicament se trouve dans l’Esprit qu’il


contient.
22 février 1961
*

Aller d’un médecin à un autre, c’est la même erreur que d’aller


d’un Guru à un autre. L’un est sur le plan matériel ce que l’autre
est sur le plan spirituel. Vous devez choisir votre médecin et
vous y tenir si vous ne voulez pas créer de confusion physique.
C’est seulement si le médecin lui-même décide d’en consulter
un autre ou plusieurs autres que la chose peut être faite en
toute sécurité.
14 mars 1961
*

173
Paroles de la Mère

Je vous envoie un médecin et j’attends de vous que vous fassiez


ce qu’il vous dira.
1er avril 1961
*

Croyez-vous que je doive suivre le traitement que m’a


prescrit le Dr X. — après tout ce n’est pas un système
médical qui guérit mais Votre Grâce.

C’est vrai que la foi guérit mieux que les médicaments. Vous
pourriez suivre le traitement du Dr X. et appeler l’Aide divine.
5 août 1962

Demanderez-vous à Kâlî de me brûler avec le feu de


la fièvre ? Je suis plutôt désespéré. Devrais-je prendre de
simples médicaments ayourvédiques ?

Avant d’être si désespéré, essayez le traitement ayourvédique et


prenez-le en vous concentrant sur la Force de Kâlî.
Bénédictions.
6 mai 1965
*

Dans tous les cas, c’est la Force qui guérit.


Les médicaments ont peu d’effet ; c’est la foi dans les médi‑
caments qui guérit.
Faites-vous soigner par un docteur en qui vous avez
confiance et ne prenez que les médicaments qui vous inspirent
confiance.
Le corps n’a confiance que dans les moyens matériels, c’est
pourquoi il faut lui donner des médicaments — mais les médi‑
caments n’ont de l’effet que si la Force agit à travers eux.

174
La maladie et la santé

Les allopathes généralement guérissent une chose mais au


détriment d’une autre.
Les médecins ayourvédiques, en général, n’ont pas cet in‑
convénient. C’est pourquoi je les recommande.
20 décembre 1965

Quelles que soient les épreuves de la purification de ma


nature, je dois les traverser avec ou sans aide médicale.

Tu as tout à fait raison. Accroche-toi à ta foi et tu seras guéri.


Avec mes bénédictions.
5 juillet 1967

messages à l’intention
des services médicaux de l’ashram

(Message pour l’inauguration de la Section Ayourvédique.)

Dans cette nouvelle activité, les connaissances du passé doivent


être illuminées par la révélation d’aujourd’hui.
Avec mes bénédictions.
22 février 1957
*

(Message pour l’inauguration d’un Dispensaire pour enfants.)

Dispensaire pour enfants

Autant de maladies
Autant de traitements

175
Paroles de la Mère

La chose la plus importante, en thérapeutique, est d’apprendre


au corps à réagir convenablement et à rejeter la maladie.
Bénédictions.
2 juillet 1963
*

(Message pour l’inauguration de l’École


pour une Vision Parfaite.)

Plus le mental est tranquille, meilleure est la vision.


5 mai 1968

(Message pour la Section de Cure naturiste.)

La Nature est le Guérisseur universel.


24 avril 1968

(Message pour la Nouvelle Clinique.)

En fin de compte, c’est la Foi qui guérit.


Bénédictions.
9 août 1969
*

(Message à l’intention du Jawaharlal Institute of


Postgraduate Medical Education and Research
(JIPMER), Pondichéry.)

Veritas Curat. [La Vérité guérit.]


1957

176
La maladie et la santé

sujets d’ordre général

Mère, depuis quelques jours je prends régulièrement


un bain de soleil. La toux s’en va lentement. Je tousse
encore un peu, mais ça ne me gêne plus. Serait-il bien
de continuer le bain ?

Oui, il faut le prendre tous les jours, cela donne des forces et
préserve l’énergie.
*

Il faut éviter de tousser autant qu’on le peut. La toux peut être


contrôlée par la volonté et il faut toujours s’efforcer d’obtenir ce
contrôle, parce que tousser fatigue inutilement.

Mère, la toux me fait souffrir beaucoup. Il devient dif-


ficile de la contrôler. Elle diminue quand je T’écris.
Mais elle revient de nouveau après quelques jours.
Mère, quelle en est la cause ?

Sans doute des suggestions mauvaises qu’il faut apprendre à


chasser.
*

(à propos d’un léger accès de fièvre   :)


Mère, il me semble que la chaleur de mon corps est
due au feu de la purification. Est‑ce vrai ?

Le feu de la purification devrait purifier sans donner la fièvre et


il est très possible de se purifier sans attraper aucune maladie.
28 mars 1935
*

177
Paroles de la Mère

Il est fort probable que la fin approche. Tout dépend de sa


nature et de sa volonté. S’il préfère s’en aller tranquillement et
sans lutter, qu’il reste tranquille et qu’il tienne aussi longtemps
qu’il peut. S’il aime se battre, qu’il soit opéré et voie ce qui se
passe. En tout cas, mes bénédictions sont avec lui.

J’étais assez déprimé d’apprendre la mort de X. après


une opération. Il était l’un de vos travailleurs d’une
habileté exceptionnelle. Comment se fait-il qu’il soit
parti malgré votre influence et votre direction ?

L’opération était tout à fait réussie, pratiquée par un très habile


chirurgien, mais le cœur de X. était malade au-delà de toute
attente et il est mort d’un arrêt du cœur cinq jours après l’opé‑
ration. Cela a été un triste événement et une grande perte pour
le travail. Mais depuis quelque temps il souffrait beaucoup et il
en avait assez. À plusieurs reprises, il avait exprimé le désir de
changer de corps pour en prendre un meilleur. C’est sûrement
ce désir qui est responsable de ce qui est arrivé.
22 novembre 1945

Il est difficile de dire exactement laquelle des deux possibilités


vous aiderait le mieux à retrouver la santé. Mais en règle
générale, un changement est plus utile au corps au début qu’à
la longue ; de même ce qui nuit le plus au corps est de perdre
intérêt à la vie et à ce qui l’entoure. N’importe quoi de nouveau
peut réveiller son intérêt sur le moment — mais l’effet n’est
jamais très durable.
21 février 1946
*

178
La maladie et la santé

Ces contradictions dans les impressions sont assez naturelles.


La conscience matérielle se réjouit naturellement des cir‑
constances qui s’arrangent pour satisfaire ce qu’elle considère
être son besoin et, en tout cas, qui l’aideront à retrouver son
équilibre et sa confiance dans la vie.
L’âme constate une fois de plus une victoire de la matière sur
l’esprit (car toute maladie qui résiste au traitement intérieur est
pour l’esprit une défaite qui peut n’être que passagère, mais qui
n’en est pas moins une défaite). L’âme ne peut être ni troublée
ni malheureuse, car elle a confiance dans son éternité dont elle
est consciente ; mais elle peut éprouver parfois une certaine
mélancolie...
19 juin 1960

S’il te plaît, dis à Mère que j’ai tout le temps l’impres-


sion que la vie et l’énergie s’écoulent hors de moi par les
mains et par les pieds et je ne peux pas l’arrêter.

Pourquoi se plaint-il ? Pour que l’énergie se renouvelle, il faut


la dépenser. Le corps humain n’est pas un vase clos qui devient
vide à l’usage. C’est un canal qui reçoit seulement lorsqu’il
dépense.
Qu’il mange bien, dorme bien, qu’il évite les pensées fausses
et se dépense normalement. Il ira bientôt tout à fait bien.
20 avril 1968

C’est seulement en corrigeant votre façon de vivre que vous


pouvez espérer vous assurer une bonne santé.

179
Paroles de la Mère

C’est à cause de toutes vos querelles, de vos cris, de votre in‑


quiétude, nervosité, agitation, de vos discordes et disputes que
X. n’est pas bien. J’ai dit depuis le début qu’elle avait besoin
de repos et de calme. C’était particulièrement indispensable,
mais elle a été entourée de l’atmosphère inverse — ce n’est pas
surprenant qu’elle soit malade. Elle pleure et elle tremble parce
que ses nerfs sont surmenés et ils sont surmenés parce qu’aucun
de vous ne se maîtrise ni ne contrôle ses paroles.
Lui faire la cuisine est très gentil, mais ce n’est pas suffisant ;
vous devez lui permettre d’avoir assez de paix et de tranquillité
pour pouvoir manger.

Quelquefois, quand j’ai pitié d’une personne malade,


mon corps commence à manifester les symptômes de sa
maladie.

Le meilleur moyen, c’est d’appeler la Divine Présence de Vérité


et d’Harmonie pour qu’elle remplace les vibrations de désordre
et de confusion.
*

Ce n’est pas très difficile de se débarrasser des maux de tête et


des étourdissements. Quel que soit votre mauvais état, appelez
la lumière d’en haut. Essayez de sentir la lumière entrer en vous
depuis le sommet de la tête, vous apportant avec elle calme
et paix. Si vous le faites sérieusement, vos maux de tête et vos
étourdissements disparaîtront en un rien de temps. *  

Les tumeurs indiquent toujours quelque difficulté dans la


nature ; certaines cellules décident d’être indépendantes de la

180
La maladie et la santé

discipline du corps. Elles ne restent pas en harmonie avec les


autres parties et commencent à proliférer hors de toute propor‑
tion. C’est, en général, le résultat d’une très forte avidité dans
la nature. Cela peut être l’avidité pour des choses matérielles ou
pour le pouvoir ou n’importe quel autre objet subtil.
Par une opération vous pouvez enlever la tumeur, mais la
nature intérieure reste inchangée, elle ressortira ailleurs et tous
les désagréments que le malade doit subir à l’opération, et par
la suite, seront vains. *

Les cellules du corps ont pris l’habitude de s’accroître sans raison.


C’est le cancer. Si vous changez la conscience dans les cellules et
les débarrassez de leurs habitudes, le cancer peut être guéri. * 

181
Les messages

messages de nouvel an

1933

Que la naissance de la nouvelle année soit une nouvelle nais‑


sance pour notre conscience.
Laissant le passé loin derrière nous, courons vers un avenir
lumineux.
*

1934

Seigneur, l’année se meurt et notre gratitude s’incline devant


Toi.
Seigneur, l’année renaît et notre prière s’élève vers Toi.
Que cela soit, pour nous aussi, l’aurore d’une vie nouvelle.

1935

Nous Te faisons l’offrande, ce soir, de tout ce qui est artificiel


et faux, de tout ce qui prétend et imite. Que seul ce qui est
parfaitement vrai, sincère, droit et pur subsiste dans cette année
qui commence.

1936

Seigneur, permets que cette année soit l’année de Ta victoire.

182
Les messages

Nous aspirons à une fidélité parfaite, qui nous rende digne


d’Elle.
*

1937

Gloire à Toi, Seigneur, Triomphateur de tous les obstacles. Per‑


mets que rien en nous ne fasse obstacle à Ton œuvre.

1938

Seigneur, permets que tout en nous soit prêt pour Ta réalisa‑


tion. Au seuil de cette nouvelle année nous Te saluons, Sei‑
gneur, Réalisateur suprême.

1939

Sera l’année de la purification.


Seigneur, tous les ouvriers de l’œuvre divine T’implorent
pour que, dans une purification suprême, Tu les délivres de la
domination de l’ego.

1940

Une année de silence et de recueillement...


... Seule la Grâce divine sera notre soutien.

183
Paroles de la Mère

1941

Le monde lutte pour sa vie spirituelle menacée par la ruée des


forces antidivines.
Seigneur, nous aspirons à être Tes vaillants guerriers afin que
Ta gloire soit manifestée sur la terre.

1942

Gloire à Toi, Seigneur, triomphateur de tous Tes ennemis.


Donne-nous l’endurance nécessaire pour participer à Ta
victoire.

1943

C’est l’heure où le choix s’impose d’une façon radicale.


Seigneur, donne-nous la force de rejeter le mensonge et de
surgir dans Ta vérité, purs et dignes de Ta victoire.

1944

Seigneur, le monde T’implore pour que Tu l’empêches de


retomber toujours dans les mêmes stupidités.
Permets que l’erreur reconnue ne soit jamais renouvelée.
Permets enfin que les actions soient l’expression sincère et
exacte de l’Idéal proclamé.

184
Les messages

1945

La terre ne pourra pas jouir d’une paix vivante et durable


tant que les hommes n’auront pas appris à être parfaitement
véridiques même dans leurs relations internationales.
Seigneur, c’est à cette parfaite véracité que nous aspirons.

1946

Seigneur, c’est Ta Paix que nous voulons, pas un simulacre de


paix ; c’est Ta Liberté que nous voulons, pas un simulacre de
liberté ; c’est Ton Unité que nous voulons, pas un simulacre
d’unité. Car seules Ta Paix, Ta Liberté, Ton Unité peuvent
triompher de la violence aveugle et du mensonge hypocrite qui
règnent encore sur la terre.
Permets que ceux qui ont si vaillamment lutté et souffert
pour Ta victoire voient se réaliser dans le monde les résultats
véritables de cette victoire.
*

1947

C’est au moment même où tout semble aller de mal en pis qu’il


nous faut faire un suprême acte de foi et savoir que la Grâce ne
faillira point.
*

1948

En avant, toujours en avant !


Au bout du tunnel il y a la lumière...
Au bout du combat il y a la victoire !

185
Paroles de la Mère

1949

Seigneur, au seuil de la nouvelle année je T’ai demandé ce qu’il


fallait que je dise. Tu m’as fait voir deux possibilités extrêmes et
opposées et Tu m’as ordonné de me taire.

1950

Pas de paroles   : des actes.


Pas de proclamations   : des faits.

1951

Seigneur, nous sommes sur terre pour accomplir Ton œuvre de


transformation. C’est notre seule volonté, notre seule préoc‑
cupation. Permets que cela soit aussi notre seule occupation et
que toutes nos actions ne tendent que vers ce seul but.

1952

Seigneur, Tu as voulu juger de la qualité de notre foi et passer


notre sincérité sur ta pierre de touche. Permets que nous sor‑
tions de l’épreuve grandis et purifiés.

186
Les messages

1953

Seigneur, tu nous as dit   : ne fléchissez pas, tenez bon ; c’est au


moment où tout semble perdu que tout est sauvé.

1954

Seigneur, voici le conseil que Tu donnes à tous pour la nouvelle


année   :
«   Ne vous vantez jamais de rien, laissez vos actes parler pour
vous.   »
*

1955

Aucune volonté humaine ne peut prévaloir contre la Volonté


Divine. Rangeons-nous délibérément et exclusivement du côté
du Divin et la victoire finale est certaine.

1956

Les plus grandes victoires sont celles qui font le moins de bruit.
La manifestation d’un monde nouveau ne s’annonce pas à
coups de tambour.

1957

Seule une puissance plus grande que celle du mal peut remporter

187
Paroles de la Mère

la victoire. Ce n’est pas un corps crucifié mais un corps glorifié


qui sauvera le monde.

1958

Ô Nature, mère matérielle, tu as dit que tu collaboreras, et il


n’y a pas de limite à la splendeur de cette collaboration.

1959

Tout au fond de l’inconscience la plus dure, la plus rigide, la plus


étroite, la plus suffocante, j’ai touché un ressort tout-puissant
qui m’a projetée d’un seul coup dans une immensité sans forme
et sans limite où vibrent les semences d’un monde nouveau.

1960

Connaître est bien,


vivre est mieux,
être, voilà la perfection.
*

1961

Ce monde merveilleux de félicité, à nos portes, qui attend notre


appel pour descendre sur la terre.

188
Les messages

1962

Notre être a soif de perfection. Non pas cette perfection


humaine qui est une perfection de l’ego et barre le chemin à
la perfection divine. Mais une perfection qui puisse manifester
sur terre la Vérité Éternelle.

1963

L’Heure de Dieu est proche ; il faut nous y préparer.

1964

Êtes-vous prêts ?

1965

Salut à l’Avènement de la Vérité.

1966

Au service de la Vérité.

189
Paroles de la Mère

1967

Hommes, nations, continents !


Le choix est impératif   : c’est la Vérité ou l’abîme.

1968

Reste jeune, ne cesse pas de tendre vers la perfection.

1969

Pas de paroles   : des actes.

1970

Le monde se prépare à un grand changement.


Voulez-vous aider ?

1971

Bénis sont ceux qui font un bond vers l’Avenir.

190
Les messages

1972

Il nous faut être tous dignes du centenaire de Sri Aurobindo.

1973

Quand vous devenez conscient du monde tout entier en même


temps, alors vous êtes capable d’être conscient du Divin.

commentaires sur les messages


de nouvel an

1943

C’est l’heure où le choix s’impose d’une façon radicale.


Seigneur, donne-nous la force de rejeter le mensonge et de
surgir dans Ta vérité, purs et dignes de Ta victoire.

Il n’est pas question de théorie générale. C’est un fait d’actua‑


lité. L’Asura (la force de mensonge antidivine) règne souverain
sur le monde physique ; son influence se fait sentir partout et
en tout dans la matière. Mais le moment est venu où la sépara‑
tion (la purification) peut se faire, où le mensonge (l’influence
de l’Asura) peut être rejeté et où l’on peut vivre exclusivement
dans la Vérité divine.

191
Paroles de la Mère

1947

Cette année, ce n’est pas une prière, c’est un encouragement.


Voici l’encouragement suivi d’un commentaire   :
«   C’est au moment même où tout semble aller de mal en
pis qu’il nous faut faire un suprême acte de foi et savoir que la
Grâce ne faillira point.   »
Les heures qui précèdent l’aurore sont toujours les plus
sombres.
L’esclavage qui précède la liberté est de tous le plus doulou‑
reux.
Mais dans le cœur doué de foi brille la lumière éternelle de
l’espérance qui ne laisse aucune place au découragement.

1961

Ce monde merveilleux de félicité, à nos portes, qui attend notre


appel pour descendre sur la terre...

«   Ce monde merveilleux de félicité   » est-il le même que le


Nouveau Monde Supramental qui est né le 29 février
1956, ou est‑ce différent ? Puisque Vous en avez parlé
comme d’un «   monde de félicité   » cela ne peut être
simplement la Félicité ou Ânanda du Monde Supra-
mental qui est déjà né. Cela signifie-t-il qu’après la
manifestation du Monde Supramental, il y a maintenant
un second monde nouveau qui «   attend notre appel à nos
portes   » pour se manifester sur la terre ?

Il a toujours attendu, depuis le début de la création.

Est‑ce ce monde d’Ânanda qui, dans la gradation


hiérarchique des plans de l’existence, se situe au-dessus

192
Les messages

du monde du Supramental ? Si oui, cela veut-il dire


que, six ans après sa naissance, le Monde Supramental
est maintenant suffisamment bien établi sur terre pour
rendre possible la manifestation d’un monde encore
supérieur ?

Pas nécessairement.

La question ci-dessus se pose parce que, d’après Sri


Aurobindo, le plan de l’Ânanda ne peut se manifester
dans l’évolution terrestre tant que le Supramental n’est
pas bien établi.

C’est absolument évident.

Que signifie «   attend à nos portes   » ? Cela veut-il dire


que c’est descendu jusqu’au plan du physique subtil ?

Je n’ai pas précisé de quelles portes il s’agit.

«   Attend notre appel à nos portes, pour descendre sur la


terre...   » — cela veut-il dire qu’il ne descendra pas sur
terre tant qu’on ne l’appellera pas ?

Certainement pas.

Quel est le meilleur moyen d’appeler ce monde de félicité ?

Comprends et sois sincère.

Les exemplaires de Vos cinq photographies, portant une


signification donnée à chacune d’elles, que Vous avez
distribuées le 21 février 1961, ont-elles quoi que ce soit
à voir avec la descente du monde de félicité ? Si elles

193
Paroles de la Mère

sont données comme une aide pour appeler, comment


en faire le meilleur usage dans ce but ?

Chacun doit trouver par lui-même.

Serait-ce utile d’appeler ce monde si Votre Message lui-


même est converti en invocation et répété dans une
concentration silencieuse comme suit   : «   Ô monde mer-
veilleux de félicité attendant notre appel à nos portes,
descends sur terre...   »

Pour ceux qui, spontanément, désirent le faire, ce sera utile.

À la différence de toutes les années précédentes, cette


fois-ci Vous avez lu le Message d’abord en anglais, puis
en français. Pourquoi ce changement de procédure ?

Parce que je l’ai reçu en anglais d’abord.

Les points à la fin du Message donnent l’impression que


quelque chose n’a pas été dit. Est‑ce le cas ?

Il y a toujours quelque chose — beaucoup de choses — qui ne


sont pas dites.
5 mars 1961
*

1964

Êtes-vous prêts ?

La question veut dire   :


Êtes-vous prêts pour l’Heure de Dieu ?

194
Les messages

1966

Au service de la Vérité

Qu’est‑ce que la Vérité ?

Mettez-vous au service de la Vérité, et vous connaîtrez la Vérité.

1967

Hommes, nations, continents !


Le choix est impératif   :
c’est la Vérité ou l’abîme.

Dans ton message de Nouvel An de 1967, tu dis que le


choix se trouve entre la vérité et l’abîme. L’abîme semble
ouvert, béant, juste devant nous, et pourtant il y a la
confiance qu’il sera retiré du chemin.

La confiance est tout à fait justifiée. Le message est destiné


seulement à ceux qui dorment encore et qui sont tout à fait
satisfaits de dormir.
*

Qu’est‑ce que vous entendez par «   abîme   » ?

En ce moment, il y a une très grande tension. Ils ont tous pris


position comme pour commencer une guerre. Les hommes
mettent une passion aveugle dans leurs relations internationales.
À la base de tout il y a la peur, la méfiance générale et ce
qu’ils croient être leur «   intérêt   » (l’argent, les affaires). Une
combinaison de ces trois choses. Quand ces trois passions les

195
Paroles de la Mère

plus basses se mettent en mouvement dans l’humanité, c’est ce


que j’appelle l’«   abîme   ».
Mais quand quelqu’un a décidé de consacrer sa vie à la
recherche du Divin, s’il est sincère, c’est-à-dire si sa résolution
est sincère et sincèrement mise en actes, il n’y a absolument
rien à craindre, parce que tout ce qui lui arrive ou lui arrivera le
conduira à cette réalisation par le plus court chemin.
Ça, c’est la réponse de la Grâce. Les gens croient que la Grâce
signifie que tout sera facile dans leur vie. Ce n’est pas vrai !
La Grâce travaille à la réalisation de votre aspiration, et
tout est arrangé pour que vous arriviez le plus vite, le plus
promptement à la réalisation — par conséquent, il n’y a rien à
craindre.
La peur vient de l’insincérité. Si vous voulez une vie confor‑
table, des circonstances agréables etc., vous posez des condi‑
tions et des limites — alors vous pouvez avoir peur.
Mais ça n’a rien à voir avec la sâdhanâ.
26 mai 1967

1970

Le monde se prépare à un grand changement.


Voulez-vous aider ?

Comment devons-nous aider au grand changement dans


le monde, dont parle votre Message du Nouvel An ?

Le meilleur moyen d’aider est de laisser la Conscience qui est


descendue sur la terre travailler en vous pour la transformation.
9 janvier 1970

196
Les messages

Qu’est‑ce que «   travailler pour l’avenir   » ?

Tout d’abord, ne pas se cramponner aux vieilles habitudes indivi‑


duelles et nationales.

Que l’aube de la Nouvelle Année soit pour nous aussi l’aube


d’une vie nouvelle et meilleure.

Que cette année soit une année de paix lumineuse dans la joie
que donne la bonté véritable, cette fille humaine de la Compas‑
sion Divine.
Nous souhaitons aussi que cette année ne passe pas sans que
nous soyons de nouveau réunis.

Mère, dissipe mon ignorance et mon égoïsme avec le


premier rayon de l’année nouvelle.
Fais jaillir en moi Ta Lumière qui me fera naître à
une conscience pleine de Ta joie suprême.

Oui, il faut que la nouvelle année dissipe les fumées de l’igno‑


rance et fasse jaillir la Lumière.
Mes bénédictions sont avec toi.

197
Paroles de la Mère

messages de darshan 1

24 avril 1950

Le disciple juge les formes d’après le Maître.


Celui qui est au-dehors juge le Maître d’après les formes.

15 août 1950

Notre sâdhanâ est arrivée à un point où nous avons surtout


affaire au subconscient et même à l’inconscient. Par conséquent,
le déterminisme physique a pris une place prédominante,
apportant un accroissement des difficultés sur le chemin qui
doivent être affrontées avec un courage et une détermination
accrus.
En tout cas, quoi qu’il arrive et quoi que vous fassiez, ne
permettez pas à la peur de vous envahir. Au plus léger contact,
réagissez et appelez à l’aide.
Vous devez apprendre à ne pas vous identifier à votre corps et
à le traiter comme un jeune enfant qui a besoin d’être convaincu
qu’il ne doit pas avoir peur.
La peur est le plus grand de tous les ennemis et ici nous
devons la vaincre, une fois pour toutes.

1.  Il y a quatre Darshans dans l’année   : le 21 février, l’anniversaire de la


Mère (1878) ; le 24 avril, le retour définitif de la Mère à Pondichéry (1920) ;
le 15 août, l’anniversaire de Sri Aurobindo (1872) ; le 24 novembre, le Jour de
la «   Siddhi   », de la Réalisation (le Jour de la Victoire), la descente de Krishna,
Déité du Surmental, dans le physique (1926). Dans cette section, comme dans
les suivantes, seuls les messages écrits par la Mère sont publiés. Ceux de Sri
Aurobindo ont été omis.

198
Les messages

21 février 1952

Fais de nous les guerriers héroïques que nous aspirons à devenir


pour livrer avec succès la grande bataille de l’avenir qui doit
naître, contre le passé qui veut durer ; afin que les choses nou‑
velles puissent se manifester et que nous soyons prêts à les
recevoir.

24 novembre 1952

Pour suivre Sri Aurobindo dans la grande aventure de son Yoga


intégral, il fallait toujours être un guerrier, maintenant qu’Il
nous a quittés physiquement, il faut être un héros.

21 février 1954

Si tu crains la mort, elle t’a déjà vaincu.

24 avril 1956

La manifestation du Supramental sur la terre n’est plus seule‑


ment une promesse, mais un fait vivant, une réalité.
Il est à l’œuvre maintenant, ici-bas, et un jour viendra où le
plus aveugle, le plus inconscient, même le plus volontairement
ignorant sera obligé de le reconnaître.

199
Paroles de la Mère

24 novembre 1956

Sans souci du temps, sans crainte de l’espace, surgissant purifiés


des flammes de l’épreuve, nous volerons sans trêve pour réaliser
le but que nous nous proposons, la victoire supramentale.

24 avril 1957

Dans l’éternité du devenir chaque Réalisateur n’est jamais que


l’annonciateur, le précurseur d’une réalisation future plus par‑
faite.
*

21 février 1958

Fêter la naissance d’un corps transitoire peut satisfaire certains


sentiments fidèles.
Fêter la manifestation de la Conscience éternelle peut se faire
à chaque minute de l’histoire universelle.
Mais fêter l’apparition d’un monde nouveau, du monde
supramental, est un privilège exceptionnel et merveilleux.

24 avril 1958

Il y a deux aspects complémentaires de l’action libératrice de


la Grâce divine sur terre, parmi les hommes ; ces deux aspects
sont également indispensables, mais ne sont pas également
appréciés.
La paix souveraine, immuable, qui libère de l’anxiété, de la
tension, de la souffrance.

200
Les messages

Le progrès dynamique, tout-puissant, qui libère des entraves,


des attaches, des inerties.
La paix est universellement appréciée et reconnue comme
divine ; tandis que le progrès n’est bien accueilli que de ceux
dont l’aspiration est intense et courageuse.

15 août 1961

Dans les profondeurs de l’Inconscient brille aussi la Conscience


Divine, resplendissante et éternelle.

21 février 1965

Au-dessus de toutes les complications de la soi-disant sagesse


humaine se tient la lumineuse simplicité de la Grâce Divine,
prête à agir si nous la laissons faire.

21 février 1968

Le plus sûr moyen de hâter la manifestation de l’Amour Divin,


c’est de collaborer au triomphe de la Vérité.

21 février 1969

Ce n’est que la paix immuable qui peut donner l’éternité d’exis‑


tence.

201
Paroles de la Mère

21 février 1970

La vérité est une conquête difficile et ardue. Il faut être un


véritable guerrier pour faire cette conquête, un guerrier qui n’a
peur de rien, ni des ennemis, ni de la mort, car envers et contre
tous, avec ou sans corps, la lutte continue et se terminera par
la Victoire.
*

21 février 1971

Une vie consacrée à l’union avec le Divin est la seule vie qui
vaille d’être vécue.
*

24 avril 1971

Est-il nécessaire de dire que lorsqu’on est un aspirant à la Vérité,


il est indispensable de ne pas dire de mensonges.

21 février 1972

L’unification complète de tout l’être autour du centre psychique


est la condition essentielle pour réaliser une sincérité parfaite.

15 août 1972

Le message de Sri Aurobindo est la lumière d’un soleil immortel


qui rayonne sur l’avenir.
*

202
Les messages

24 novembre 1972

Au-dessus de toutes les préférences et de toutes les limitations il


y a un terrain d’entente où tous peuvent se rencontrer et s’har‑
moniser   : c’est l’aspiration vers une conscience divine.

21 février 1973

Plus on avance, plus le besoin d’une Présence Divine devient


impérieux et indispensable.
*

24 avril 1973

Au-dessus de la conscience
Au-delà de la parole,
Ô Toi, Suprême Conscience
Unique Réalité
Vérité divine.

messages au sujet
de la manifestation supramentale sur la terre

29 février 1956

The Golden Day

Dorénavant, le 29 février sera le jour du Seigneur.

203
Paroles de la Mère

1960

29 février 1956

(Pendant la méditation collective du mercredi.)

Ce soir, la Puissance Divine était là, présente parmi vous,


concrète et matérielle. J’avais une forme d’or vivant, aussi
grande que l’univers, et je me trouvais devant une immense
porte d’or massif — la porte qui séparait le monde du Divin.
Regardant la porte, j’ai su et voulu, dans un unique mouve‑
ment de conscience, que le temps était venu (the time has come) ;
et soulevant un énorme marteau d’or que je tenais à deux
mains, j’en assénais un coup, un seul, sur la porte et la porte a
été mise en miettes.
Alors la lumière, la force et la conscience supramentales se
répandirent en flots ininterrompus sur la terre.
Écrit en 1956

1968

Seule la Vérité peut donner au monde le pouvoir de recevoir et


de manifester l’Amour Divin.

1972

C’est seulement quand le Supramental se manifeste dans le


mental corporel que sa présence est permanente.

204
Les messages

messages à l’occasion
de l’arrivée de la mère
à pondichéry 1
29 mars 1914

1950

Nous n’avons pas besoin de paraître bons si notre sincérité est


parfaite.
Il vaut mieux être que paraître.

1952

N’oublie jamais que tu n’es pas seul. Le Divin est avec toi pour
t’aider et te guider. Il est le compagnon qui ne faillit point,
l’ami dont l’amour réconforte et fortifie. Si tu as confiance, il
fera tout pour toi.
*

1956

29 février - 29 mars

Seigneur, Tu as voulu et je réalise   :


Une lumière nouvelle point sur la terre,
Un monde nouveau est né,
Et les choses promises sont accomplies.

1. Les messages au sujet du retour définitif de la Mère à Pondichéry (24 avril


1920) sont publiés dans cette section sous le titre «   Messages de Darshan   ».

205
Paroles de la Mère

1958

Quand on a besoin de changements extérieurs, c’est qu’on ne


progresse pas intérieurement ; car celui qui progresse intérieu‑
rement peut vivre toujours dans les mêmes conditions exté‑
rieures ; elles lui révèlent constamment des vérités nouvelles.

1961

Notre Voie

Pour marcher sur le chemin, vous devez être d’une audace in‑
trépide, vous ne devez jamais vous replier sur vous-même dans
ce mouvement misérable, mesquin, faible et laid qu’est la peur.
Un courage indomptable, une parfaite sincérité, un total
don de soi dans la mesure où vous ne calculez pas ni ne mar‑
chandez, où vous ne vous donnez pas avec l’idée de recevoir, ni
ne vous offrez avec l’intention d’être protégé, ni n’avez une foi
qui exige des preuves, sont indispensables pour avancer sur le
chemin ; cela seul pourra vous protéger de tous les dangers.

messages à l’occasion de l’arrivée


de sri aurobindo à pondichéry
4 avril 1910

1950

Sois sincère, toujours sincère, de plus en plus sincère.


La sincérité exige de chacun que dans toutes ses pensées,
tous ses sentiments, toutes ses sensations et toutes ses actions il

206
Les messages

n’exprime rien que la vérité centrale de son être.

1951

Une lumière nouvelle poindra sur la terre ; un monde nouveau


naîtra ; et les choses promises seront accomplies.

1958

Symbole de Sri Aurobindo

Le triangle descendant représente Sat-Chit-Ânanda.


Le triangle ascendant représente l’aspiration et la réponse de
la matière sous forme de vie, de lumière et d’amour.
La jonction des deux, le carré central, est la manifestation
parfaite, dont le centre est l’Avatâr du Suprême — le lotus.
L’eau, à l’intérieur du carré, représente la multiplicité, la
création.
*

1962

Physiquement, matériellement sur la terre, c’est dans la grati‑


tude que se trouve la joie la plus pure.

207
Paroles de la Mère

messages de pûjâ

Pûjâ de Lakshmî 1955

Ô Divine Mère, Tu es avec nous ; tous les jours Tu m’en donnes


l’assurance, et étroitement unies dans une identification qui se
fait de plus en plus intégrale et constante, «   nous   » nous tournons
vers le Seigneur de l’univers et ce qui est au-delà, dans une grande
aspiration vers les lumières nouvelles.

Pûjâ de Kâlî 1955

Ancienne légende chaldéenne

Il y a longtemps, fort longtemps, au pays aride qui est mainte‑


nant l’Arabie, un être divin s’était incarné sur terre pour y
éveiller l’amour suprême. Comme de juste il fut persécuté par
les hommes, incompris, soupçonné, pourchassé. Blessé mortel‑
lement par ses agresseurs, il voulut mourir solitaire et tranquille
pour pouvoir accomplir son œuvre, et poursuivi, il courut ;
soudain, dans la grande plaine dénudée, un petit buisson de
grenadier se présenta. Le Sauveur se faufila sous les branches
basses, pour quitter son corps en paix ; et aussitôt le buisson se
développa miraculeusement, grandit, s’élargit, devint profond
et touffu, de sorte que lorsque les poursuivants passèrent, ils
ne se doutèrent même pas que Celui qu’ils poursuivaient était
caché là, et ils continuèrent leur route.
Tandis que goutte à goutte le sang sacré tombait, fertilisant
le sol, le buisson se couvrit de fleurs merveilleuses, écarlates,
énormes, fouillis de pétales, innombrables gouttes de sang...

208
Les messages

Ce sont ces fleurs qui, pour nous, expriment et contiennent


l’Amour Divin.
14 novembre 1955

Pûjâ de Durgâ 1957


Mahashtami

Pour exprimer notre gratitude à Sri Aurobindo, nous ne pou‑


vons rien faire de mieux que d’être la démonstration vivante de
son enseignement.
30 septembre 1957

Pûjâ de Durgâ 1957


Vijaya Dashami   : Jour de Victoire

Pour ceux qui ne se servent que de leurs yeux physiques, la


victoire ne peut être apparente que lorsqu’elle sera totale, c’est-
à-dire physique.
2 octobre 1957

commentaires sur les jours de pûjâ

(Pûjâ de Durgâ 1953, Jour de Victoire.)

Aujourd’hui était vraiment un jour de victoire, victoire sur tout


ce qui reste encore d’humain dans la conscience physique.
Ô Nature, je t’apporte force et lumière, vérité et pouvoir ;
c’est pour que tu les reçoives et que tu les utilises. C’est toi qui

209
Paroles de la Mère

seras réceptive dans l’homme, le fruit de ta création, et c’est


toi qui ouvres les portes de sa compréhension ; c’est toi qui lui
donneras l’énergie de progresser et la volonté de se transformer ;
et, par-dessus tout, c’est toi qui lui feras accepter la Présence et
aspirer à la Réalisation.
18 octobre 1953

(Pûjâ de Durgâ 1954, Jour de Victoire.)

C’est un jour de victoire ; que ce soit une vraie victoire de


l’Esprit sur l’ignorance et le mensonge.
6 octobre 1954

(Pûjâ de Durgâ 1955, Jour de Victoire.)

Notation verbale de ce que j’ai transmis comme expérience


durant la méditation   :
La bataille et la victoire annuelles de Durgâ symbolisent
l’intervention rythmique de la Conscience Divine Suprême pour
donner périodiquement un nouvel élan au progrès universel.

(À propos de la «   victoire   » à laquelle se réfère le message


pour la Pûjâ de Durgâ 1957, Jour de Victoire.)

Pour ceux qui ne se servent que de leurs yeux physiques, la


victoire ne sera visible que lorsqu’elle sera totale, c’est-à-dire
physique.

210
Les messages

Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’est pas déjà remportée en


principe.
2 octobre 1957
*

(Pûjâ de Kâlî 1959.)

Nous tous qui avons pour idéal commun de nous surpasser,


unissons-nous. Par cette union et dans cette union, nous affron‑
terons toutes les attaques des forces adverses d’obscurité et de
dévastation et les surmonterons. Dans l’union est la force, dans
l’union est le pouvoir, dans l’union la certitude de la victoire.
Mère Kâlî sera avec vous ce jour-là.
31 octobre 1959

messages de noël 1

1959

Noël.
Bénédictions.

1960

Bon Noël.
Bénédictions.

1.  Mère appelait Noël «   la Fête du Retour de la Lumière   ».

211
Paroles de la Mère

1961

Bon Noël
à tous.

Avec les Bénédictions


de la Grâce pour tous.

1962

Que la Lumière Nouvelle illumine vos pensées et vos vies, gou‑


verne vos cœurs et guide votre action.

1963

Joyeux Noël !
Fêtons la Lumière en la laissant entrer en nous.

1964

Si vous voulez la paix sur la terre, établissez-la d’abord dans


votre cœur.
Si vous voulez l’union du monde, unifiez d’abord les diffé‑
rentes parties de votre propre être.

212
Les messages

1965

Bon Noël à tous.


*

1966

Bon Noël
à tous,
dans la Paix et la Joie.
Que ce nouveau Noël soit pour vous l’avènement d’une nou‑
velle lumière plus haute et plus pure.

1967

Union et bonne volonté sur la terre.


Derrière la rigidité des célébrations extérieures, il y a un
symbole vivant ; c’est cela dont il faut se souvenir.
Paix et bonne volonté pour tous.
À moins de rompre avec les habitudes du passé et les
croyances du passé, il y a peu d’espoir d’avancer rapidement
vers l’avenir.
*

1968

Aimez la Vérité.
Laissez la lumière se lever comme une aurore dans votre
conscience.
Bénédictions à tous.

213
Paroles de la Mère

1969

Salut à la Lumière nouvelle.


Qu’elle croisse dans tous les cœurs.
Bénédictions.

1970

Bon Noël.

1971

Il est temps que le règne du mensonge prenne fin.


Dans la vérité seule est le salut.

1972

Nous voulons montrer au monde que l’homme peut être un


vrai serviteur du Divin.
Qui veut collaborer en toute sincérité ?

Père Noël
Je t’invoque aujourd’hui !
Réponds à notre appel. Viens, chargé de tous tes présents
merveilleux. Tu es le grand dispensateur des biens de ce
monde ; tu es l’ami qui entends toutes les requêtes et y réponds

214
Les messages

généreusement. Donne à chacun la chose matérielle qu’il désire,


et quant à moi, donne-moi assez, donne-moi beaucoup pour
que je puisse donner à tous largement.

(Signification des présents offerts par les trois Rois Mages


à Jésus à sa naissance.)

L’or   : la richesse du monde et la connaissance supramentale.


L’encens   : la purification du vital.
La myrrhe   : l’immortalisation du corps.

messages d’anniversaire 1

Mon cher enfant, mon amour et mes bénédictions sont et


seront avec toi tout au long de cette année. Qu’ils t’aident à
faire un progrès de plus vers le but divin.

Que cette année soit une année de progrès et de transforma‑


tion — un pas de plus sur le chemin qui mène à la Réalisation
Divine.
2 février 1930

Que cette année soit pour toi l’année d’une entière ouverture et

1.  Voici quelques exemples des nombreux courts messages que la Mère écri‑
vait aux gens à l’occasion de leur anniversaire, qu’elle appelait «   Bonne Fête   ».

215
Paroles de la Mère

de la rupture de toute limitation.


2 février 1943

Que cette année t’apporte la vraie foi, une foi qu’aucune ténèbre
ne peut obscurcir.
2 février 1944

Que cet anniversaire de ta naissance soit pour toi l’occasion de


te donner au Divin un peu plus, un peu mieux. Que ta consé‑
cration soit plus totale, ta dévotion plus ardente, ton aspiration
plus intense.
Ouvre-toi à la Lumière nouvelle et marche d’un pas plus
allègre sur le chemin.
Prends en ce jour la résolution qu’il en soit ainsi et le jour
n’aura pas passé en vain.

Un grain de pratique vaut mieux qu’une montagne de


théories.
«   Seigneur, en ce jour anniversaire de ma naissance, permets
que le pouvoir de savoir se change en moi en un pouvoir de me
transformer intégralement.   »

À G., une bonne fête !


Une nouvelle naissance aussi, la naissance à une nouvelle
conscience où tu seras au-dessus de toutes les petites réactions
personnelles, parce que tu sentiras constamment dans ton

216
Les messages

cœur la présence du Divin et qu’elle te donnera la force de


surmonter tous les obstacles, toutes les mesquineries et toutes
les difficultés.
Avec ma tendresse et mes bénédictions.
8 janvier 1963
*

En ce jour, nous prenons la décision de faire un pas décisif vers


la victoire de la vérité.
Chaque année qui passe, doit être — et elle l’est nécessaire‑
ment — une conquête nouvelle.
Faisons un pas décisif cette année vers Sa Victoire.

Avec cette nouvelle année qui commence pour toi, il faut com‑
mencer une nouvelle vie, dans une résolution renouvelée de
chasser de ta conscience et de ton action tout ce qui déforme,
amoindrit, obscurcit et finalement enraye ton progrès et dété‑
riore ta santé.
Dans ton effort de croissance intérieure et de purification,
tu peux être sûre d’être soutenue et aidée par ma force et mes
bénédictions.
27 janvier 1963
*

Bonne Fête !
Que cette nouvelle année soit pour toi une année de progrès
dans la perfection du travail et de la consécration, dans la sin‑
cérité, l’énergie et la paix.
Avec mes bénédictions.
16 janvier 1964

217
Paroles de la Mère

Bonne Fête !
Avec mes bénédictions pour une année de consécration par‑
faite et de progrès intégral dans l’amour et la paix.
16 janvier 1965
*

Bonne Fête !
Dans une endurance silencieuse, un pas en avant vers la
victoire, avec l’aide de l’amour éternel.
13 janvier 1966

Bonne Fête !
Pour marquer un pas de plus sur la route de lumière qui
mène à la Réalisation Divine dans la Paix, l’Amour et la Joie.
13 janvier 1967

Bonne Fête !
Avec mon amour pour une vie de collaboration et mes béné‑
dictions pour que continue et se prolonge cette heureuse colla‑
boration dans la paix et l’amour.
13 janvier 1971

Bonne Fête !
Avec mon amour, ma confiance et mes bénédictions pour la
transformation. En avant vers la Réalisation.
13 janvier 1973

218
Les messages

messages à l’intention des centres


et des organisations

(Programme pour une classe dirigée par un disciple.)

1. Prière,
(Sri Aurobindo, Mère — accordez-nous votre aide dans
notre effort pour comprendre votre enseignement),
2. Lecture d’un livre de Sri Aurobindo,
3. Un moment de silence,
4. Une question peut être posée par qui voudra sur ce qui
vient d’être lu,
5. Réponse à cette question,
6. Pas de discussion générale.
Ce n’est pas un groupe qui se réunit, mais simplement une
classe dont le but est d’étudier les livres de Sri Aurobindo.
31 octobre 1942

J’ai lu la lettre de X. et je voudrais que vous lui disiez ceci   :


1) Je crois qu’il serait préférable de commencer le «   cercle   »
sur une base modeste au départ, afin que la question d’argent
ne soit pas au premier plan ni une source d’ennuis. Plus tard,
lorsque le cercle aura fait ses preuves, on pourra déménager
dans un local plus cher.
2) La cotisation annuelle des membres peut être fixée à dix
roupies, mais je propose que tous ceux qui souhaitent venir
lire et étudier les ouvrages de Sri Aurobindo puissent le faire
sans être membres du cercle avec une petite contribution de, par
exemple, deux roupies.
3) Il vaut mieux ne pas prêter les livres ni les laisser sortir de
la salle du cercle.
4) Je souhaite, qu’à part la cotisation annuelle, rien ne soit

219
Paroles de la Mère

demandé à ceux qui envoient régulièrement de l’argent ici, car


cela serait autant de pris sur cette contribution.
5) X. ne doit former de comité qu’avec des gens avec lesquels
il est en complet accord, et aussi qui sont acceptés par Sri
Aurobindo et moi-même ici.
6) Il ne doit rien faire sans notre consentement écrit, et pour
gagner du temps il vaut mieux qu’il m’écrive directement en
anglais, avec précision et brièveté, les décisions qu’il a l’inten‑
tion de prendre.
Enfin, vous pouvez lui envoyer mes bénédictions et ma re‑
commandation, à savoir d’éviter toute querelle, tous mauvais
sentiments et malentendus.
Un mot pour terminer   :
Seul l’égoïsme est choqué de rencontrer l’égoïsme chez les autres.
5 octobre 1943

(Message à l’occasion de l’inauguration du Cercle


de Philosophie Sri Aurobindo de Hong Kong.)

Que la Lumière éternelle se lève sur l’horizon de l’Orient.


26 juin 1954

(Message à l’occasion de l’inauguration de l’Annexe


de l’Ashram Sri Aurobindo à Delhi.)

Que ce lieu soit digne de son nom et manifeste le véritable


esprit de l’enseignement et du message de Sri Aurobindo au
monde.
Avec mes bénédictions.
12 février 1956

220
Les messages

À l’Ashram Sri Aurobindo de Delhi, ils ont grand besoin d’une


personne qualifiée qui pourrait donner des cours sur l’ensei‑
gnement de Sri Aurobindo et organiser le cours supérieur à
l’École de l’Ashram.
Je suis tout à fait convaincue que vous êtes la meilleure per‑
sonne pour faire ce travail. Vous possédez une compréhension
claire et approfondie des écrits de Sri Aurobindo et vos explica‑
tions sont en même temps très belles et compréhensibles.
Veuillez me faire savoir si vous donnez votre accord à
cette proposition, afin qu’on puisse prendre les dispositions
nécessaires.
Je suis tout à fait sûre, qu’à l’heure qu’il est, vous avez pleine‑
ment profité du repos dans votre famille et que vous êtes en
pleine forme.
Mes bénédictions à tous et à vous avec mon amour.
13 juin 1958

À tous ceux qui travaillent et qui étudient à l’Annexe de


l’Ashram Sri Aurobindo de Delhi, j’envoie mes bénédictions.
Que chacun fasse de son mieux et laisse, paisiblement, le
Suprême prendre soin du résultat.
21 août 1960
*

(Message à l’occasion de l’inauguration


de la Nilaya Sri Aurobindo à Shantiniketan.)

Ouvrir un centre n’est pas suffisant en soi. Il faut que ce soit le


pur foyer d’une parfaite sincérité dans une totale consécration
au Divin.
Que la flamme de cette sincérité s’élève bien haut au-dessus
du mensonge et de la duperie du monde.

221
Paroles de la Mère

La «   Sri Aurobindo’s Action   »


et
la Société Sri Aurobindo

travaillent toutes deux à la manifestation de la vérité dans un


avenir immédiat ; aider l’une et l’autre également, c’est travailler
à cette réalisation.
Mes bénédictions sont avec toute aide et toute bonne
volonté.
2 mai 1971
*

messages à l’intention des départements


et des entreprises

(Message à l’intention de l’Atelier de l’Ashram Sri Aurobindo.)

Obligeance, rectitude, régularité.


[Être] obligeant, correct, régulier.

(Message à l’intention de l’Atelier Harpagon.)

Que la paix et la bonne volonté règnent toujours ici.


Avec mes bénédictions.
17 septembre 1952

(Message à l’intention de la Raffinerie


de Sucre New Horizon.)

Un heureux début

222
Les messages

Une bonne continuation


pas de fin   :
un progrès sans fin.
14 mai 1957

(Message gravé sur la pierre de fondation


de la Raffinerie de Sucre New Horizon.)

La fidélité est la base sûre du succès.


12 avril 1959

messages divers

(Message à l’occasion de l’installation des reliques


de Sri Aurobindo à Jeypore, Orissa, le 8 décembre 1970.)

Chez chacun et chez tous, la conscience supérieure doit gou‑


verner la vie.
Bénédictions.
*

(Message à l’occasion de l’ouverture d’un stage de


jeunes organisé par la Sri Aurobindo’s Action.)

Notre vie devrait être gouvernée par l’amour de la vérité et la


soif de lumière.
Bénédictions.
26 septembre 1971

223
Paroles de la Mère

(Message à l’occasion de l’ouverture d’une maison.)

Que cette nouvelle maison soit remplie d’une ardente aspira‑


tion vers la Réalisation Divine et, en réponse à l’appel, la Pré‑
sence Divine sera là.
7 octobre 1951

224
Les prières

prier le divin et l’appeler

Notre vie entière doit être une prière offerte au Divin.

Prière intégrale   : tout l’être se concentre dans une même prière


au Divin.
*

En te réveillant, tu dois rester tranquille pendant un petit


moment et consacrer au Divin la journée qui vient, Le priant
de faire en sorte que tu te souviennes de Lui toujours et en
toute circonstance.
Avant de t’endormir, tu dois te concentrer pendant quelques
minutes, regarder la journée qui s’est écoulée, te rappeler quand
et où tu as oublié le Divin, et prier pour que de tels oublis ne
se reproduisent pas.
31 août 1953
*

En nous réveillant chaque matin, prions pour une journée de


complète consécration.
19 juin 1954

Prions de tout notre cœur pour que l’œuvre divine s’accom‑


plisse.

225
Paroles de la Mère

Toute prière sincère est exaucée, mais cela peut prendre un peu
de temps à se réaliser matériellement.
28 juin 1954

Toutes les prières sincères sont exaucées, il est répondu à tout


appel.
21 juillet 1954
*

Tout appel sincère est sûrement entendu et reçoit une réponse.

Nous devons être dans un état d’aspiration constant, mais


lorsque nous ne pouvons pas aspirer, prions avec la simplicité
d’un enfant.
25 juillet 1954

Nous prions pour que le Divin nous instruise toujours plus,


pour qu’il nous éclaire davantage, qu’il dissipe notre ignorance,
qu’il illumine notre esprit.
2 novembre 1954

Une prière ardente et sincère ne monte jamais en vain vers la


Grâce divine.
19 décembre 1954

226
Les prières

Le Suprême est divine connaissance et Unité parfaite ; à chaque


instant de la journée, appelons-Le afin de ne plus être que Lui.
20 décembre 1954

Lorsque, dans notre désespoir, nous crions vers le Divin, Il


répond toujours à notre appel.
21 décembre 1954
*

Nous prions le Divin d’accepter la flamme ardente de notre


gratitude et de notre joyeuse et pleinement confiante adhésion.
27 décembre 1954

Sri Aurobindo dit dans une lettre   :


«   Toute prière offerte dans un esprit juste nous rap-
proche du Divin et établit une juste relation avec lui.   »
Que veut dire «   un esprit juste   » dans cette lettre ?
Voudriez-vous bien le clarifier ?

Avec humilité et sincérité.


Il va sans dire que tout esprit de marchandage est une insin‑
cérité qui enlève toute valeur à la prière.
8 mai 1968

Rien n’est difficile pour ceux qui appellent sincèrement le


Divin.
28 janvier 1973
*

227
Paroles de la Mère

les prières

Pour compléter ce que je vous ai dit hier, à propos de la danse


de Râdhâ, j’ai noté ceci, à titre d’indication, sur la pensée et
le sentiment que Râdhâ doit posséder au-dedans d’elle-même
lorsqu’elle se tient à la fin [de la danse] devant Krishna   :
«   À Toi toutes les pensées de mon esprit, toutes les émotions
de mon cœur, tous les mouvements de mon être, tous les senti‑
ments et toutes les sensations, chaque cellule de mon corps,
chaque goutte de mon sang, tout, tout est à Toi, absolument,
sans réserve. Tu peux décider de ma vie ou de ma mort, de mon
bonheur ou de ma peine, de mon plaisir ou de ma souffrance ;
ce que Tu feras de moi, tout ce qui me viendra de Toi me
conduira à l’extase divine.   »
12 janvier 1932

Prière de Râdhâ

Ô Toi que j’ai à première vue reconnu comme le Seigneur de


mon être, comme mon Dieu, accepte mon offrande.
À Toi toutes mes pensées, toutes mes émotions, tous les senti‑
ments de mon cœur, toutes les sensations, tous les mouvements
de ma vie, chaque cellule de mon corps, chaque goutte de mon
sang. Je suis Tienne, absolument, intégralement Tienne, Tienne
sans réserve. Ce que Tu voudras de moi, je le serai. Que Tu
décides ma vie ou ma mort, mon bonheur ou ma peine, mon
plaisir ou ma souffrance, tout ce qui me viendra de Toi sera le
bienvenu. Chacun de Tes dons sera toujours pour moi un don
divin apportant avec lui la félicité suprême.

228
Les prières

Ô mon Seigneur, fais que je sois complètement à Toi.

Ô mon Seigneur, que je sois complètement et sincèrement à


Toi.
*

Ô Seigneur, donne-moi une sincérité parfaite.


Ô Seigneur, que je sois parfaitement à Toi pour toujours.

Comment entrer en communication avec l’être psychique


et l’amener en avant ?

Aspiration adressée au Suprême   :


Que tout en moi soit toujours à Ton service.

Seigneur, fais naître en moi l’ardent désir de Te connaître.


J’aspire à ce que ma vie soit consacrée à Ton service.

Que je suive toujours Ta Direction divine. Que je sois cons‑


cient de ma véritable destinée.
1er janvier 1934
*

Ô Seigneur, Ta douceur est entrée dans mon âme et Tu as


rempli de joie tout mon être.
14 avril 1935

229
Paroles de la Mère

Mon cœur est en paix, ma pensée sans impatience, et pour


toute chose, je m’en remets à ta volonté avec la confiance sou‑
riante d’un enfant.

Mon Seigneur,
Que chaque jour, en toute circonstance, je répète avec la
pleine sincérité de mon cœur   : «   Que Ta Volonté soit faite et
non la mienne.   »
5 novembre 1941
*

Seigneur, de toute mon âme je veux accomplir ce que tu m’or‑


donnes de faire.
5 novembre 1943
*

Ô Seigneur, délivre-moi de toute vanité et rends-moi humble


et sincère.
5 novembre 1944
*

Seigneur, très humblement, je prie pour être à la hauteur de


ma tâche, que rien en moi, conscient ou non, ne Te trahisse en
négligeant de servir Ta mission sacrée.
Dans une solennelle dévotion je Te salue.

Ô Seigneur, que je sois libre de toute peur et de toute inquié‑


tude, afin que je puisse toujours te servir le mieux possible.
Décembre 1948
*

230
Les prières

Seigneur,
Donne-moi la force de la sincérité totale et parfaite afin que
je sois digne de Ta Réalisation.
15 août 1950

Ô mon cœur, sois assez grand pour la Victoire.

Mon cœur aspire à être suffisamment vaste pour ta Victoire.

J’aspire à être délivré de toute égoïste faiblesse et de toute


inconsciente insincérité.
31 décembre 1950

Seigneur, permets que ma vision des choses soit directe et ob‑


jective et que mes actes en soient transformés.

Seigneur, permets qu’une bêtise faite et reconnue ne soit jamais


recommencée.
*

Accorde-moi cette confiance tranquille en Toi qui a raison de


toutes les difficultés.

231
Paroles de la Mère

Accorde-moi une confiance tranquille, une force paisible, une


foi et une dévotion ardentes.

Seigneur, accorde-moi de t’être entièrement et éternellement


fidèle.

Seigneur, donne-moi cette Grâce de ne jamais T’oublier.


17 décembre 1958

Ô mon Seigneur, rends la conscience claire et précise, la parole


absolument vraie, la soumission complète, le calme absolu et
transforme tout l’être en un océan de lumière et d’amour.

Rends-moi tout à fait transparente afin que ma conscience


s’unisse à la tienne.
J’aspire à déposer à tes pieds toutes les richesses de ce
monde.

Seigneur, je Te prie, guide mes pas, éclaire mon esprit, pour


que, à chaque moment et en toutes choses, je fasse exactement
ce que Tu veux de moi.
16 janvier 1962
*

232
Les prières

Seigneur, donne-moi la sincérité parfaite, cette sincérité qui me


mènera tout droit vers Toi.
Août 1962
*

Seigneur   :
Donne-moi Tes bénédictions afin que je devienne de plus en
plus sincère.
18 juillet 1967
*

Ô Seigneur, accorde-moi le véritable bonheur, celui qui ne


dépend que de Toi.

Prière pour 1971

Ô Seigneur, Je T’implore   : que je sois ce que Tu veux que je


sois.
5 mars 1971
*

Je T’appartiens. Et je veux Te connaître pour que tout ce que je


fais ne soit que ce que Tu veux que je fasse.
24 juin 1972

Seigneur de bonté, rends-moi digne de Ta Grâce.


27 octobre 1972

233
Paroles de la Mère

Prières du matin et du soir

Seigneur, je veux être à Toi et digne de Toi, fais de moi Ton


enfant idéal.

Le Matin

Ô mon Seigneur, ma Douce Mère,


Que je sois à Toi, absolument à Toi, parfaitement à Toi.
Ta force, Ta lumière et Ton amour me protégeront de tout
mal.

À Midi

Ô mon Seigneur, Douce Mère,


Je suis à Toi et je prie pour être à Toi de plus en plus parfaite‑
ment.

Le Soir

ô mon Seigneur, Douce Mère,


Ta force, Ta lumière et Ton amour sont avec moi et tu me
sauveras de toute difficulté.

Mon doux Seigneur, ma petite Mère,


Donnez-moi l’amour véritable, celui qui s’oublie lui-même.

234
Les prières

Mon Seigneur, ma Mère,


Tu es toujours avec moi ainsi que tes bénédictions et ta grâce.
Ta Présence est la suprême protection.

Souviens-toi que la Mère est toujours avec toi.


Adresse-toi à elle en ces termes et elle te tirera de toutes tes
difficultés   :
«   Ô Mère, Tu es la lumière de mon intelligence, la pureté de
mon âme, la force tranquille de mon vital, l’endurance de mon
corps. Je me repose sur Toi seule et veux être entièrement à Toi.
Fais-moi surmonter tous les obstacles.   »

J’ai une douce petite Mère


Qui habite mon cœur ;
Nous sommes si heureux ensemble
Que, jamais, nous ne nous séparerons.

Seigneur, Tu m’as donné ce soir cette connaissance suprême   :


Nous ne vivons que parce que Tu le veux. Nous ne mourrons
que si Tu le veux.
2 mars 1934
*

Vouloir ce que Tu veux toujours et en toute circonstance, est le


seul moyen de jouir d’une paix inébranlable.

235
Paroles de la Mère

Seigneur, donne-nous le bonheur véritable, celui qui ne dépend


que de toi.
1940

Donne-nous le courage indomptable qui vient d’une confiance


parfaite en Toi.
4 avril 1942

Seigneur, donne-nous la force de vivre intégralement l’idéal


que nous proclamons.

Donne-nous la foi en un glorieux avenir et la capacité de le


réaliser.

Permets, Seigneur, que la conscience et la paix aillent croissant


en nous afin que, de plus en plus, nous soyons les fidèles inter‑
médiaires de Ta divine et unique loi.
31 décembre 1951

Seigneur, permets que rien en nous ne fasse obstacle à ton


œuvre.
Février 1952

236
Les prières

Seigneur, libère-nous du mensonge ; fais-nous surgir dans Ta


Vérité, purs et dignes de Ta Victoire !

Ô Grâce Merveilleuse, que notre aspiration soit toujours plus


intense, notre foi toujours plus vibrante, notre confiance tou‑
jours plus absolue.
Tu es la Toute-Victorieuse !
15 octobre 1956

Seigneur Suprême, apprends-nous à être silencieux, afin que


dans le silence nous puissions recevoir Ta force et comprendre
Ta volonté.
11 février 1972

Apprends-nous à être vraiment sincères dans notre effort vers


la Vérité.
*

Seigneur, Suprême Vérité,


Nous aspirons à Te connaître et à Te servir.
Aide-nous à devenir des enfants dignes de Toi.
Et pour cela rends-nous conscients de Tes constants bienfaits
afin que la gratitude remplisse nos cœurs et gouverne nos vies.

Seigneur, Ton Amour est si grand, si noble et si pur que nous ne


pouvons le comprendre. Il est immense, infini ; c’est à genoux

237
Paroles de la Mère

qu’il faut le recevoir, et pourtant Tu le fais si doux que même le


plus faible, même un enfant peut s’approcher de Toi.

Avec une calme et une pure dévotion, nous Te saluons et Te


reconnaissons comme la seule réalité de notre être.

Seigneur, Dieu de Beauté et d’Harmonie,


Fais de nous des instruments dignes de manifester
ta suprême beauté dans le monde.
Telle est notre prière et notre aspiration.

Ô Suprême Réalité, permets que nous puissions vivre inté‑


gralement le secret merveilleux qui vient de nous être révélé.

Douce Mère, permets que nous soyons, dès maintenant et pour


toujours, simplement Tes petits enfants.

Chacun représente ici une impossibilité à résoudre, mais


comme pour Ta Divine Grâce tout est possible, Ton Œuvre
ne sera-t-elle point, dans le détail comme dans l’ensemble,
l’accomplissement de toutes les impossibilités transformées en
divines réalisations.
*

238
Les prières

Ô mon doux Maître, Tu es le triomphateur et le triomphe, le


victorieux et la victoire !
27 novembre 1951
*

Ton cœur est l’abri suprême, celui où tout souci s’apaise.


Ô laisse-le tout grand ouvert, ce cœur, afin que tous ceux qui
sont tourmentés puissent y trouver le souverain refuge.
4 décembre 1951

Apaise toute violence, que règne Ton amour.


13 avril 1954

Ô Seigneur, que Ta volonté soit faite. Tu es la protection


suprême et parfaite.

Ô mon Seigneur, avec ton aide et ta grâce que peut-on


craindre !
Tu es la protection suprême qui inflige la défaite à tous les
ennemis.

Ô mon Seigneur, Ta protection est toute-puissante et conquiert


tous les ennemis.

239
Paroles de la Mère

Voir Ta Victoire en toute circonstance est certainement le


meilleur moyen de L’aider à venir.

Adressé au Seigneur Suprême Un

Il n’y a pas d’autre vice, pas d’autre péché que d’être loin de Toi.

Seigneur, sans Toi, la vie est une monstruosité. Sans Ta Lumière,


Ta Conscience, Ta Beauté et Ta Force, toute existence est une
sinistre et grotesque comédie.

Seigneur, dans les profondeurs de tout ce qui est, de tout ce qui


sera, se trouve Ton invariable sourire.

Prière pour la pluie

Pluie Pluie Pluie, nous voulons de la Pluie.


Pluie Pluie Pluie, nous demandons de la Pluie.
Pluie Pluie Pluie, nous avons besoin de la Pluie.
Pluie Pluie Pluie, nous prions pour la Pluie.

Prière au soleil

Ô Soleil ! Notre ami

240
Les prières

Dissous les nuages


Absorbe la pluie
Nous voulons tes rayons
Nous voulons ta lumière
Ô Soleil ! Notre ami

Au nom de mon Seigneur,


pour mon Seigneur,
avec la volonté de mon Seigneur,
par le pouvoir de mon Seigneur,
arrêtez-vous immédiatement de nous harceler.

(À propos de la prière de la Mère du 8 avril 1914. 1 )

Recueillie — recueillant de tous les côtés et se concentrant reli‑


gieusement. Dans cette prière, la première fois la pensée est
pleine de paix et le cœur est recueilli et concentré en adoration,
la seconde fois c’est la tête qui est pleine d’adoration et le cœur
qui est silencieux et rempli de paix.

(À propos de la prière de la Mère du 3 septembre 1919. 2)

C’est la Mère Universelle sous la forme de la Nature matérielle


terrestre qui parle dans cette prière. Le repas, c’est le monde
qu’elle a tiré de l’inconscience par le procédé de l’évolution.

1.  Prières et Méditations, p. 132.


2.  Ibid., p. 412.

241
Paroles de la Mère

Elle a voulu faire de l’homme le sommet de cette évolution,


le roi de ce monde. Pendant des âges elle a attendu, espérant
que l’homme deviendrait apte à remplir son rôle et à donner
au monde la réalisation divine. Mais l’homme était si incapa‑
ble qu’il n’a même pas voulu se soumettre aux conditions né‑
cessaires pour se préparer à la tâche, et la Nature matérielle,
enfin convaincue qu’elle faisait fausse route, s’est tournée vers
le Divin directement et Lui a demandé de prendre possession
de ce monde préparé pour la réalisation divine.
Avec cette clef, le reste s’explique de lui-même.

(À propos de la prière de la Mère du 23 octobre 1937. 1)

Pour résumer, je pourrais dire que la Réalisation Suprême, c’est,


pour l’individu, l’identification au Divin, et pour la collectivité
sur terre, l’avènement du Supramental, la Nouvelle Création.
Ne prends pas cela pour un dogme, mais seulement pour une
explication.
Et Réalisateur est le Pouvoir Suprême de réalisation, l’auteur
et l’acte.

1.  Ibid., p. 417.

242
La sâdhanâ et la vie

votre vie

Je demande seulement le sacrifice de l’ignorance, de l’incons‑


cience et des limites de l’ego ; mais pour quel gain merveilleux
et incomparable !
7 mai 1937
*

Que votre vie soit utile.

Que votre vie soit une recherche constante de la Vérité et elle


vaudra la peine d’être vécue.

Que votre vie soit entièrement et exclusivement gouvernée par


le Suprême.

Que ton aspiration la plus haute organise ta vie.

Que ton aspiration demeure ardente et sincère. N’oublie ja‑


mais que tu es un enfant du Divin ; cela t’empêchera de faire
quoi que ce soit qui ne soit pas digne des enfants du Divin.

243
Paroles de la Mère

Tout dépend de l’attitude de chacun et de la sincérité de l’aspi‑


ration.
*

Tout dépend de l’attitude intérieure.


17 avril 1947

changer

Réparer et effacer — les deux sont possibles, mais dans les deux
cas, quoique à des degrés différents, une transformation de la
nature, du caractère est nécessaire. Ce qui est mal fait doit être
changé en soi, d’abord, avant de pouvoir changer la consé‑
quence de son acte.
11 janvier 1951

C’est seulement quand les gens veulent vraiment changer leur


conscience que leurs actions aussi peuvent être changées.

Un changement de conscience — et lorsque notre conscience


changera nous saurons ce qu’est le changement.

Change...
1. La haine en harmonie
2. La jalousie en générosité
3. L’ignorance en connaissance

244
La sâdhanâ et la vie

4. L’obscurité en lumière
5. Le mensonge en vérité
6. La méchanceté en bonté
7. La guerre en paix
8. La peur en intrépidité
9. L’incertitude en résolution
  10. Le doute en foi
  11. La confusion en ordre
  12. La défaite en victoire
9 octobre 1951

Liberté et ordre
Fraternité et indépendance
Égalité et hiérarchie
Unité et diversité
Abondance et pénurie
Effort et repos
Puissance et compassion
Discernement et bienveillance
Générosité et économie
Gaspillage et avarice

Conversion   : le point de départ de la réalisation.

La conversion consiste à diriger tous les mouvements de l’être


vers le Divin.

245
Paroles de la Mère

Résurrection   : la chute de la vieille conscience d’où résulte


l’éveil de l’être vrai.

Nouvelle naissance   : naissance à la Conscience véritable, celle


de la Présence divine en nous.

Réalisation   : le but de nos efforts.

Réalisation   : ce à quoi nous aspirons et ce à quoi nous nous


efforcerons aussi longtemps que cela prendra.

Puissance de la réalisation   : avec la réalisation tous les obstacles


seront surmontés.

faire la vraie chose

Si vous voulez être respecté, soyez toujours respectable.

Souhaitez-vous la bonté ? Soyez bon.


Demandez-vous la Vérité ? Soyez vrai.

246
La sâdhanâ et la vie

Essayez de faire le bien et n’oubliez jamais que Dieu vous voit


partout.

Une bonne action est plus douce au cœur qu’un bonbon n’est
sucré dans la bouche.
Une journée passée sans accomplir une bonne action est une
journée sans âme.
16 octobre 1951

Fais le bien pour l’amour du bien et non dans l’espoir d’une


récompense. Sois bon pour la joie d’être bon et non pour qu’on
t’en sache gré (qu’on t’en soit reconnaissant).
1952

Dans la gentillesse il y a quelque chose de plaisant, mais le bien


c’est le bien et cela peut ne pas être plaisant.

Il n’y a qu’une façon d’avoir raison mais il y en a plusieurs


d’avoir tort.

Tout ira bien quand vous irez bien.


17 novembre 1952

247
Paroles de la Mère

Laissez la conscience travailler en vous et à travers vous et tout


sera bien.
10 avril 1954

Priez la Grâce divine de toujours vous faire faire la vraie chose


de la vraie manière.

Faites toujours ce que vous croyez être la meilleure chose, même


si c’est la plus difficile.
2 mai 1954

Quelle est la façon la plus aisée de s’oublier soi-même ? Toujours


faire la vraie chose au vrai moment et de la vraie manière.

Chaque jour, à tout moment, nous aspirerons à toujours faire


la vraie chose de la vraie manière.
22 juin 1954

C’est seulement quand nous ne sommes pas troublés que nous


pouvons toujours faire la vraie chose, au vrai moment et de la
vraie manière.

248
La sâdhanâ et la vie

C’est toujours la vraie chose lorsqu’elle est faite dans l’esprit


véritable.
24 août 1957

Si vous le prenez dans un esprit juste, quoi qu’il vous arrive ce


sera le meilleur.

Mouvements corrects   : tous les mouvements proviennent d’une


inspiration correcte.

Changement des mouvements faux en mouvements vrais   : une


bonne volonté superlative toujours prête à se transformer.

Il y a un moment où la vraie attitude vient spontanément et


sans effort.

Aspiration à la vraie attitude   : énergique, volontaire,


déterminée.

Attitude vraie   : simple et ouverte, sans complication.

249
Paroles de la Mère

s’élever haut

Notre conscience est comme un jeune oiseau, elle doit apprendre


à se servir de ses ailes.

Prends ton élan vers les hauteurs.

Élance-toi vers les hauteurs et tu découvriras de grandes pro‑


fondeurs.
9 juin 1954

Vient un jour où toutes les barrières tombent, au-dedans et


autour de nous, et nous nous sentons comme l’oiseau ouvrant
ses ailes pour un essor incontesté.
6 décembre 1954

Un être libre de tout esclavage, volant de hauteurs en hauteurs


dans une joyeuse recherche de la transformation divine.

Un soleil resplendissant monte au-dessus de l’horizon. C’est


votre Seigneur qui vient à vous.
Le monde entier s’éveille et s’étire avec délice au contact de
Sa gloire.

250
La sâdhanâ et la vie

Tout comme la terre qui soupire et qui s’ouvre, comme


l’arbre qui pousse, comme la fleur qui s’épanouit, comme
l’oiseau qui chante, comme l’homme qui aime, que Sa Lumière
vous pénètre et rayonne d’un bonheur qui sans cesse augmente
et s’élargit, un bonheur qui va régulièrement de l’avant comme
les étoiles qui se meuvent dans le ciel.

Atmosphère spirituelle   : légère, fluide, claire et transparente, et


si propre !

comment le divin vient en aide à l’homme

Nos pensées sont encore ignorantes, elles doivent être éclairées.


Notre aspiration est encore imparfaite, elle doit être purifiée.
Notre action est encore impuissante, elle doit devenir efficace.
25 août 1954
*

Écoute silencieusement l’ordre qui vient du Seigneur Suprême


et tu auras la capacité de l’exécuter.

Sachez ce que le Divin veut et vous aurez la maîtrise.

Le commandement intérieur est plus sûr que la conception


mentale.
*

251
Paroles de la Mère

Le règne de la raison ne doit pas finir avant l’avènement de la


loi psychique qui manifeste la Volonté Divine.

Pouvoir de rejeter les suggestions adverses   : le pouvoir qui


résulte de l’union consciente avec le Divin.

La sagesse ne peut s’acquérir que par l’union avec la Conscience


Divine.

Sagesse intégrale   : celle qu’on obtient par l’union avec le


Divin.

Comme tout ce qui appartient à la création la sagesse est


progressive.

Une parcelle de sagesse est la bienvenue.

Dans les profondeurs de l’Inconscient brille aussi la Conscience


Divine, resplendissante et éternelle.

252
La sâdhanâ et la vie

La Volonté Divine agissant dans l’Inconscient est toute-puis‑


sante même quand nous ne le savons pas.

En vérité, je suis convaincue que lorsque l’inconscient est


conquis, aucune condition n’est plus requise ; tout est une libre
décision de la Grâce divine.

Les Grecs avaient un sens aigu et exceptionnel de la beauté,


l’eurythmie, l’harmonie des formes et des choses. Mais ils avaient
en même temps un sens également aigu de l’impuissance des
hommes en face d’un Destin implacable auquel nul ne pouvait
échapper. Ils étaient hantés par l’inflexibilité de ce Destin, et
leurs dieux eux-mêmes semblaient lui être soumis. Dans leur
mythologie et dans leurs légendes on trouve peu de traces de
la Compassion divine et de la Grâce.
Cette notion de compassion et de grâce a fait son apparition
en Europe plus tard avec la religion chrétienne — tandis qu’en
Asie et spécialement dans l’Inde, elle avait été, longtemps aupa‑
ravant, l’essence même de l’enseignement du Bouddha.
Ainsi dans toutes les histoires, les légendes et les tragédies
grecques nous trouvons cette cruauté inexorable des décrets
d’un Destin que rien ne peut fléchir.

Le seul espoir réside dans la capacité du Pouvoir invisible !

253
Paroles de la Mère

C’est seulement la conscience suprême qui peut avoir une


action sur le Karma et cette conscience est indépendante au-
dessus de toute conscience humaine.

Le Pouvoir Suprême se charge de tous les mouvements. Il les


transformera en Vérité. Aucun effort n’est nécessaire, aucune
aide du mental ou de l’un des instruments, même le consente‑
ment individuel n’est plus nécessaire.

Ceux qui sont prédestinés reçoivent l’aide d’un Guide Intérieur.

[La] sollicitude divine [est] toujours active, même lorsque nous


ne la percevons pas.

Comprendre et recevoir avec gratitude cette sollicitude divine


si souvent incomprise.
*

Réconfort intégral   : celui que l’on peut recevoir seulement du


Divin.

Réconfort   : les bénédictions que le Divin nous octroie.

254
La sâdhanâ et la vie

la beauté

Le goût artistique   : [cette fleur] se plaît aux belles choses et est


belle elle-même.

Sensibilité artistique   : une aide puissante pour lutter contre la


laideur.

Travail artistique   : tout travail au service de la beauté.

Mère,
Pouvons-nous demander à X. [un artiste] de partici-
per à des activités qui ne sont pas artistiques ?

Tout, et toute chose, peut être artistique si c’est fait dans un


esprit artistique.
27 avril 1966

La beauté est un grand pouvoir.

La beauté spirituelle a un pouvoir contagieux.

255
Paroles de la Mère

La beauté n’obtient son pouvoir que lorsqu’elle est soumise au


Divin.
*

La beauté de demain   : la beauté qui exprimera le Pouvoir


Divin.

La beauté de demain manifestant le Divin   : une beauté qui


n’existe que par et pour le Divin.

La beauté ne se suffit plus à elle-même, elle veut devenir


divine.

[Le sens pur] de la beauté ne peut être acquis que par une
grande purification.

L’idéal de beauté 1 vogue vers son but infini.

Les choses les plus précieuses dans la vie sont parmi celles que
vous ne voyez pas avec vos yeux physiques.
10 novembre 1969
*

1. La Beauté pure. (Note de la Mère)

256
La sâdhanâ et la vie

sujets d’ordre général

Optimisme   : plus utile que son contraire.

Curiosité   : si nous essayons d’être exceptionnels, que cela soit


par nos qualités.

[La curiosité mentale] doit être sérieusement contrôlée pour ne


pas être dangereuse.

[La valeur de] la curiosité physique dépend de son objet.

Chasteté   : un peu austère et fière, elle est très réservée.

Une tentative est peu de chose, mais elle peut être une pro‑
messe pour l’avenir.

[Les inventions] n’ont d’utilité que lorsqu’elles sont contrôlées


par le Divin.

257
Paroles de la Mère

[L’or] ne devrait être utilisé qu’au service du Divin.

Charité   : simple et douce, attentive aux besoins de tous.

Absence d’égoïsme   : profondément ouverte pour ne rien


refuser.

258
Conseils personnels

Mon mental est tellement obscurci par les doutes et


d’autres influences inférieures qu’il me semble que si
mon corps partait à l’instant ce serait pour le mieux !
Malgré tout cela, en tant que Purusha je suis indifférent
à des mouvements si absurdes.

Oui, ils sont absurdes — secouez ça.


Avec mes bénédictions.
1933
*

Je ne sais pas pourquoi depuis peu je ne me porte pas


bien. J’ai l’esprit inquiet, le vital triste, le corps malade,
je passe mal mon temps.

Ne te tourmente pas, reste tranquille, garde ta foi intacte. Cela


passera.

Je ne sais pas comment des pensées nuisibles à ma consé-


cration se glissent dans mon esprit et me bouleversent.
J’essaie de mon mieux de les chasser et de rester absorbé
dans Ta contemplation, mais elles reviennent très sou-
vent. Pourquoi se répètent-elles et d’où viennent-elles ?
Est‑ce qu’elles appartiennent à la Nature universelle
qui n’est pas encore purifiée et reviendront-elles jusqu’à
ce que toute ma nature humaine soit transformée ?

Oui, elles appartiennent à la Nature universelle non régénérée.


Mais dans la mesure de notre propre transformation nous

259
Paroles de la Mère

pouvons les tenir éloignées de nous, et elles ne nous tourmentent


plus.
*

C’est un mouvement du vital de toujours préférer ce qui appar‑


tient aux autres. Il ne faut pas y prêter attention.
2 juin 1934

Veux-tu dire que c’est seulement ton mental qui est ouvert à
mon action ? Ce ne serait pas exact ; parce que j’agis sur toi
beaucoup plus par le cœur que par le mental.
4 juin 1934

Nous sommes toujours inconscients de la cause réelle et


intérieure de nos actions et de nos mouvements.

Oui, les mouvements de l’être sont toujours très complexes.


5 juin 1934
*

Mon être physique a soif de Ton amour ; ne tarde pas,


ma Mère. Tu sais que l’enfant n’entend pas raison, il
veut seulement rester sur le sein de sa Mère.

Tu sais bien que je suis toujours avec toi et en toi, dans la


conscience physique comme dans les autres.
10 juillet 1934

260
Conseils personnels

Oui, il faut que la nature extérieure s’apaise, se tranquillise et se


tourne vers le Divin.
21 décembre 1936

Nous sommes, mentalement au moins, convaincus de


notre malentendu et de notre erreur et nous sommes
décidés à donner un coup de collier vital pour les recti-
fier, et nous croyons que par votre Pouvoir plein de
Grâce cela se matérialisera rapidement. Bien entendu,
cela ne peut se faire en peu de temps, mais cela viendra
sûrement.

Pourquoi pas immédiatement ? Avec de la bonne volonté et la


foi rien n’est impossible.
6 juillet 1939

Mère, quand on me demande ce que j’ai fait pendant


les années de mon séjour ici, je dis que j’ai servi avec
dévotion, que c’est ma sâdhanâ. Je ne comprends pas
autre chose. Il est vrai que j’ai mis beaucoup de temps à
comprendre cela et que quelquefois j’ai été inquiet. Par
la grâce de Mère, je comprends un peu son service dans
lequel je sens Sa Force et Son amour et je trouve que c’est
tout à fait suffisant pour moi. N’est‑ce pas, ma Mère ?

Sûrement tu comprends et tu agis de mieux en mieux avec une


conscience qui progresse vers une lumière totale.

261
Paroles de la Mère

Il m’est un peu difficile de refuser quand on me


demande quelque chose. Je crois que c’est un défaut de
ma nature.

Tout dépend du côté par lequel on regarde la chose et de l’esprit


dans lequel elle est faite.

Mère, aujourd’hui j’ai préparé un éventail avec ces


copeaux. Je l’offre à Tes pieds, mais je ne sais pas si
Tu l’accepteras pour son mérite artistique car il n’en
a aucun, de ce point de vue je l’admets sincèrement.
Mère, je crois que Tu l’accepteras comme un symbole
concret de mon offrande physique, quant à moi je le
considère plus important que les autres qualités d’une
œuvre que nous faisons ; bien entendu, je ne veux pas
dire que la beauté artistique doit être négligée. Mère,
est‑ce que j’ai raison ?

Oui, tu as raison et d’ailleurs l’éventail n’est pas du tout vilain,


il a son charme.

Je suis vraiment désolé d’avoir donné l’impression de


tirer de l’argent et de le détourner de là où il devrait
aller   : à la Mère. Toute richesse appartient à la Mère,
c’est là mon effort, et nous devons l’utiliser de la manière
dont Elle nous le commande. Partout où j’ai un mot à
dire, je le fais et je suis désolé d’avoir donné l’impression
inverse. J’écris cela afin de décharger mon esprit d’un
certain fardeau.

262
Conseils personnels

Je ne sais pas qui a fait courir ce bruit, mais je peux t’assurer que
je sais que ce n’est pas vrai. Aussi, ne t’inquiète pas et laisse la
paix s’établir dans ton cœur avec mes bénédictions.

Ce que vous cherchez est toujours là, prêt pour vous. Que le
mouvement psychique arrive à sa croissance complète et de lui-
même, il vous apportera ce à quoi vous aspirez.
Avec ma tendresse et mes bénédictions.
15 février 1939

Par moments, je pense sérieusement à ce que veut mon


être, mais je ne le comprends pas. Comment se fait-il
que je n’aie pas le sentiment d’un être réel qui est et
qui a la joie d’être et de devenir ? Pourquoi est‑ce que
je ne ressens aucun intérêt réel dans la moindre activité
créatrice ? Mon mental est actif, il veut comprendre et
devenir lumineux, voir et connaître la vérité des choses,
et je sens que mon mental grandit dans cette direction.
Par moments, je sens une impulsion du cœur qui veut
saisir quelque chose qui pourrait véritablement me
satisfaire, mais cette impulsion ne dure pas longtemps.
Elle disparaît dans quelque sécheresse d’existence. Que
croyez-vous que veut mon être vrai ?

LE DIVIN.

Il me semble aussi que vous n’êtes pas satisfaite de moi.

Rien de la sorte. Chacun a ses difficultés et je suis là pour l’en


tirer.

263
Paroles de la Mère

Avec ma tendresse et mes bénédictions.


10 avril 1942
*

Il m’est venu à l’esprit que même si je ne reçois aucune


suggestion ou directive directement de vous, je devrais,
dans l’intérêt de votre travail, faire tout ce que je peux
moi-même pour vous servir, à ma manière  1 et de mon
mieux. Veuillez avoir la bonté de m’éclairer et de me
corriger si je me trompe.

C’est toujours dangereux. On doit apprendre à servir le Divin


non à sa manière  2, mais à la manière du Divin.
Bénédictions.
10 avril 1947
*

Lorsqu’un problème se pose (...) j’ai trouvé un truc   : je


retarde la décision et au-dedans je laisse le problème
entre tes mains. Automatiquement une solution vient.

C’est en effet le vrai moyen qui devrait être employé dans tous
les cas.
*

Que je devienne capable de faire ce que vous voulez que


je fasse, sciemment ou non.

C’est la chose juste et la meilleure.

1.  Mots soulignés par la Mère.


2.  Ibid.

264
Conseils personnels

«   Je connais le chemin, mais que puis-je faire si les


voleurs me volent en route ?   » — Maulana Azad

Appeler le Seigneur pour qu’Il attrape les voleurs.


26 octobre 1963

Je souhaite la lumière de la Mère sur la question sui-


vante   : le monde étant ce qu’il est, nous devons tra-
vailler dans les conditions existantes. Pourquoi ne pas
utiliser les conditions disponibles, accumuler de la force
et ensuite nous efforcer de manifester la Volonté Divine
dans sa pureté ?

Mais le fait même que nous vivions sur terre veut dire que nous
«   utilisons les conditions disponibles   », autrement ce serait
impossible de vivre.
18 mars 1965

Mère Divine,
Si à l’avenir j’avais une crise quelconque, pourrais-je
vous envoyer un mot immédiatement, au lieu de laisser
les gens m’envoyer simplement à l’hôpital ?

Sûrement, faites-le-moi savoir immédiatement pour que je


puisse aider.
Tendresses.
30 septembre 1966

265
Paroles de la Mère

Mère Divine,
J’éprouve des difficultés avec mon vital. S’il vous
plaît, aidez-moi.

Et si vous faisiez quelque travail ?...


Bénédictions.
25 mai 1967

Mère Divine,
Ce que je veux, c’est propulser tout mon être dans
l’avenir. M’aiderez-vous pour les parties de mon être
qui ont besoin d’impulsion ?

Voilà une bonne résolution. L’impulsion est et sera donnée.


Maintenant, ne résistez pas.
Tendresses et bénédictions.
20 mai 1968

Mère Divine,
Je suis prêt.

Partez.
Bénédictions.
1er juillet 1969

Depuis le darshan d’hier, je sens en moi quelque chose


qui se révolte contre une vie spirituelle. J’ai peur de cette
révolte. Que faire ?

266
Conseils personnels

Ce qui s’est révolté lorsque vous étiez en face de moi est


exactement ce qui vous empêche de mener une vie spirituelle.
Maintenant que vous avez pris conscience de l’ennemi, vous
pouvez le jeter dehors si vous décidez de le faire.
21 novembre 1969

J’avais touché une certaine somme qui me venait de mes


écrits. Je t’ai fait parvenir cet argent et immédiatement
après quelqu’un m’a envoyé, en cadeau personnel, ces
livres et d’autres encore.

Ce genre de chose est arrivé des centaines de fois et arrive de


plus en plus. Mais à moi cela semble «   tout à fait naturel   » bien
que je ne souhaite pas en donner une explication.

X. est très content d’avoir des photos de Vous et de Sri


Aurobindo. Il m’a dit qu’il a senti un changement per-
ceptible dans l’atmosphère de sa chambre après les avoir
ouvertes. Mère, quand j’ai gardé dans ma chambre cette
photo de Sri Aurobindo que j’ai reçue de Vos mains, j’ai
moi aussi senti qu’elle vibrait de vie. Est‑ce parce que
vous l’avez touchée ?

Sri Aurobindo et moi mettons une force dans les photos que
nous signons. Dans le cas présent, Sri Aurobindo avait égale‑
ment regardé l’encadrement et l’avait admiré.

267
Paroles de la Mère

(à propos d’une difficulté d’écriture.)

Sois réceptif et tout ira bien.


*

Continue à écrire. Qui sait si l’inspiration n’est pas prête, atten‑


dant de venir à toi ?
*

[L’]inspiration apporte ses dons multiples à celui qui sait les


recevoir.
*

Douce Mère,
Un jeune homme qui a terminé le Cours Supérieur
est venu me voir il y a quelques jours et m’a dit qu’il
voulait étudier La Vie Divine avec moi. Comme je n’ai
pas lu le livre à part quelques passages, je lui ai dit que
je ne pouvais pas l’aider. Mais il a beaucoup insisté et
finalement j’ai dû accéder à sa requête.
Il m’a posé des questions, à propos du livre, dont
certaines étaient vraiment difficiles. Et comme je n’en
connais pas les réponses, je les lui donne comme elles
me viennent. Nous avons trouvé tous les deux que les
réponses étaient correctes, et que très souvent les mots qui
me viennent sont très proches de ceux de Sri Aurobindo
lui-même dans le livre.
Je voudrais savoir   : (1) Est‑ce de l’intuition ? (2) Y a-t-
il un plan où existe toute connaissance et si l’on peut
s’ouvrir à ce plan, peut-on avoir toute la connaissance
dont on a besoin ? (3) Si c’est ma vocation d’enseigner,
que devrais-je faire pour développer ma réceptivité ?

Tu es en rapport conscient avec l’enseignement de Sri Aurobindo,

268
Conseils personnels

qui est universel et immortel, dans le monde mental supérieur.


Plus tu seras silencieusement attentif, plus tu le recevras clai‑
rement.
Bénédictions.
13 juin 1968
*

(L’Académie de Recherche Sri Aurobindo fut créée le


24 avril 1970 dans le but de guider les chercheurs qui
avaient l’intention d’étudier les œuvres de Sri Aurobindo
et de la Mère à un haut niveau. Lorsque ce projet [lui]
fut soumis, la Mère écrivit au fondateur   :)

Toute entreprise peut contribuer au progrès de l’humanité,


mais tout dépend de la manière de la faire.
Mes bénédictions sont avec vous et votre projet.
Mars 1970
*

Votre lettre m’a été communiquée et les questions que vous y


posez furent pour moi, à une certaine époque de mon développe‑
ment, d’un intérêt trop intense pour que je ne prenne pas grand
plaisir à y répondre. Pourtant, une réponse exprimée menta‑
lement, quelque complète qu’elle puisse être, ne peut jamais
être la réponse, celle qui fait taire les doutes et calme l’esprit. La
certitude ne peut venir qu’avec l’expérience spirituelle, et les
plus beaux ouvrages philosophiques ne pourront jamais valoir
ni remplacer quelques minutes de Connaissance vécue.
Vous dites   : «   Un homme de développement moyen, qui
n’est plus tourmenté de désirs terrestres, qui n’est uni au monde
que par ses affections, doit-il renoncer à l’espoir de ne pas se
réincarner ? N’y a-t-il pas, après l’état humain, un état moins
matériel où l’on passe quand on n’est plus rappelé par le désir
dans l’état humain ? Cela me semble rigoureusement logique.

269
Paroles de la Mère

L’homme ne peut être au sommet de l’échelle. Les animaux


sont tout près de lui, n’est-il pas tout près de l’état suivant ?   »
Tout d’abord, ce qui maintient le rapport avec la terre, ce ne
sont pas seulement les désirs du vital, mais tout mouvement
spécifiquement humain, et certes les affections en font partie.
On est aussi lié à la nécessité de la réincarnation par ses affec‑
tions, comme en toute chose, chaque cas a sa solution propre,
et il est certain qu’une aspiration constante vers la libération
des renaissances, unie à un effort soutenu d’élévation, de subli‑
mation de la conscience, doit avoir pour résultat de couper
la chaîne des existences terrestres, sans pour cela mettre fin à
l’existence individuelle qui se prolonge dans un autre monde.
Mais pourquoi penser que cette existence dans un monde plus
éthéré, soit l’«   état suivant   » qui serait par rapport à l’homme
ce que l’homme est à l’animal ? Il me paraît plus logique de
penser (et la connaissance profonde confirme cette certitude)
que l’état suivant sera un état physique lui aussi, quoique d’un
physique qu’on puisse concevoir comme magnifié, transfiguré
par la descente, l’infusion de la Lumière et de la Vérité. Tous
les âges et les millénaires de vie humaine qui se sont écoulés
sur terre jusqu’à présent, ont préparé l’avènement de cet état
nouveau, et maintenant le temps est venu de sa réalisation
concrète et tangible. C’est l’essence même de l’enseignement de
Sri Aurobindo, le but du groupe qu’il a laissé se former autour
de lui, la raison d’être de son Ashram.
Pour votre seconde question 1, j’avais l’intention de vous

1.  «   L’esprit divin, en s’incarnant dans les formes, a donc tout prévu et tout
voulu. Mais alors, comment a-t-il l’air de poursuivre un but, la conscience,
puisqu’il pouvait le réaliser du premier coup ? Pourquoi a-t-il permis la douleur
et le mal qui sont dans son essence même ? Si le mal humain peut être attribué
aux hommes, l’injustice qui frappe les animaux et les plantes ne peut être attri‑
buée qu’à l’ordre divin. Pourquoi l’ordre divin n’a-t-il pas tout organisé dans la
joie ? La douleur ne perfectionne pas toujours et plus souvent elle jette dans un
irrémédiable désespoir.   »

270
Conseils personnels

envoyer la traduction de quelques extraits des œuvres de Sri


Aurobindo. Mais lorsque je lui ai dit que je voulais traduire des
passages de La Vie Divine pour vous les envoyer, il m’a répondu
que je n’aurais pas moins de deux chapitres à traduire si je voulais
vous transmettre une réponse à peu près complète. Devant ma
perplexité, il a, de lui-même, décidé d’écrire quelques nouvelles
pages sur le sujet 1 ; il me les a remises tout dernièrement et j’ai
commencé tout de suite la traduction.
Je ne voudrais pas déflorer les belles pages que je vais avoir
le privilège de traduire, mais en attendant de pouvoir vous les
envoyer, je vous donnerai, si vous le permettez, ma vue très
simpliste et succincte du problème.
Il me paraît incontestable que l’univers dans lequel nous
nous trouvons n’est pas parmi les plus réussis, surtout dans son
expression la plus extérieure ; mais il est incontestable aussi que
nous en faisons partie, et par suite, la seule chose qui pour nous
soit logique et sage, est de nous mettre à l’œuvre pour le perfec‑
tionner, pour tirer le meilleur du pire et faire de lui le plus
merveilleux univers qui soit. Car, ajouterai-je, non seulement
cette transfiguration est possible, mais elle est certaine.
Que la paix et la joie de la Connaissance soient avec vous.
14 juin 1933
*

Amie, sœur d’autrefois et de toujours,


Dans votre lettre du 9 juin qui vient d’arriver, vous écrivez
que le Bouddha «   sourit avec une douce ironie   », mais le sourire
du Bouddha ne peut être que le sourire d’un Amour qui com‑
prend et qui répond à une fidèle et lumineuse existence.
Et dans cet état où déjà pour vous la vie physique a perdu
tant de sa réalité concrète, que l’on soit dans les solitudes de
l’Himalaya ou dans la solitude d’une maison sur la route de

1.  Publié sous le titre L’Énigme de ce monde (Première édition 1947).

271
Paroles de la Mère

Nice, il doit être également aisé de se trouver dans la paix


profonde de l’immense compassion bouddhiste.

Eh bien, je suppose que je serai la première personne à vous


dire que je ne vous trouve pas différent des autres ; bien sûr, je
veux dire d’une manière particulière, car chacun est différent
des autres d’une certaine façon, mais cela n’est sûrement pas de
cette différence-là dont vous parlez.
Je suppose aussi que cette impression d’être «   différent   » que
vous donnez à votre famille et, en général, à ceux avec lesquels
vous avez vécu, vient du fait que vous n’êtes pas conformiste.
C’est considéré en général comme le signe d’une grande «   diffé‑
rence   » de nature et de tempérament. Mais c’est seulement le
signe que l’on est arrivé à une certaine liberté intérieure qui
libère — en partie du moins —, des suggestions collectives et
des règles sociales, et cette liberté intérieure est l’un des signes
d’un être psychique adulte. Mais posséder un psychique adulte
n’est pas, après tout, quelque chose de tellement exceptionnel
parmi les gens qui sont sur terre maintenant.
Il me semble que vous avez reçu votre part d’encouragements
comme les autres, mais cela vous a échappé dans la mesure où
ce n’était pas exactement ce que vous attendiez ou ce que vous
souhaitiez. Il y avait certainement un orgueil égocentrique qui
devait être brisé avant qu’aucun progrès spirituel ne puisse se
faire. Mais maintenant c’est presque chose faite, il n’y a donc
pas lieu d’être angoissé dans l’avenir.
C’est tout ce que j’ai à dire pour le moment.
Mon aide, mon amour et mes bénédictions sont toujours
avec vous.
23 octobre 1939

272
Conseils personnels

Chère Madame,
Votre lettre vient de me parvenir et je m’empresse d’y
répondre. Voici les réponses à vos questions.
La période aiguë de la maladie fut brève et votre sœur n’a pas
beaucoup souffert. En effet, les derniers jours elle disait qu’elle
sentait tout le temps une grande lumière et une grande force
sur elle et la fin fut très paisible. Elle ne savait pas qu’elle allait
mourir, nous avons lutté nous-mêmes jusqu’au bout pour la
garder, et on ne lui avait rien dit de la gravité de son état. Une
fois seulement, elle a eu l’impression qu’elle allait partir, et alors
elle a voulu vous écrire pour vous exprimer ses volontés au sujet
de ses affaires matérielles, l’argent, les propriétés, etc. Elle m’a
mise au courant de ce qu’elle voulait écrire, mais au moment
d’écrire elle s’est sentie trop faible et elle en a abandonné l’idée.
À ce moment-là, elle s’est fait beaucoup de souci pour vous en
se demandant ce que vous feriez sans elle ; elle a plusieurs fois
exprimé le désir que vous veniez vivre avec elle ici ; plus d’une
fois elle a demandé que ma force et ma protection soient avec
vous et je lui ai promis que chaque fois que vous le souhaiteriez,
elles seraient là.
Nous aurions été très heureux d’ériger le monument funé‑
raire à nos frais, mais je comprends votre sentiment et il en sera
fait comme vous le souhaitez. En ce qui concerne le plan, je
comptais sur notre architecte ; lui et votre sœur ont été proches
amis et elle aimait beaucoup son travail. Mais il a reçu une
commande de l’armée indienne et il est maintenant trop loin
et trop occupé pour faire le plan. Pour gagner du temps, j’ai
pensé que vous pourriez vous occuper vous-même du dessin et,
pour l’exécution, me l’envoyer ici ; seulement, il doit être très
simple, autrement ce sera difficile de le faire faire ici. Je peux
dire qu’elle n’aurait pas aimé une croix sur la pierre tombale. Je
propose de mettre cette inscription (en français, puisque c’est
un cimetière français)   :

273
Paroles de la Mère

Ci-gît la dépouille mortelle de X.


Date de naissance — date du décès

Nous avons l’intention d’ériger le monument commémo‑


ratif aussi proche que possible de l’anniversaire de son décès,
aussi j’ai besoin du dessin le plus rapidement possible. Vous
trouverez ci-joint une note avec les dimensions du terrain — le
monument doit être plus petit que le terrain.
Sincèrement vôtre.
27 août 1944

(À propos de lettres écrites à deux membres importants


du gouvernement.)

J’ai lu votre lettre à X. et je regrette de n’avoir pas eu l’occasion


de lire celle que vous avez écrite à Y.
Le simple fait que vous vouliez envoyer ces lettres sans me
les montrer aurait dû vous mettre en garde contre l’origine de
l’impulsion à laquelle vous obéissiez, car de toute évidence elle
ne pouvait pas être d’origine divine.
Ceci dit, je dois ajouter qu’il n’y a rien d’essentiellement
faux dans la lettre elle-même. Ce que vous dites est correct,
mais cela ne l’est sûrement pas dans le cas de la personne à qui
vous vouliez l’envoyer, ni dans le cas d’une personne semblable,
c’est-à-dire, quelqu’un qui occupe un poste politique éminent.
Les hommes d’État ne croient qu’à leur propre connaissance et
à leur propre pouvoir et, de surcroît, ils reçoivent des centaines
de lettres de gens qui pensent qu’ils ont trouvé une solution à
la situation mondiale et, en général, ces dirigeants politiques
n’ont aucune capacité de discernement, ils ne peuvent pas faire
la différence entre ce qui est vrai et ce qui est faux — et ils
croient que de telles lettres sont le produit du cerveau échauffé

274
Conseils personnels

de fanatiques religieux. Nous ne pouvons pas nous permettre


d’être confondus avec eux et pour cela il vaut mieux garder un
silence digne.
En tout cas, il y a plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de
chances que votre lettre n’arrive jamais à destination et qu’elle
tombe entre des mains indésirables.
11 juin 1954

Sans aucun doute, faire la chose juste n’est ni cruel ni égoïste.


Ce qui est cruel et égoïste, c’est de suivre aveuglément sa propre
faiblesse et d’entraîner ainsi un autre en même temps que soi,
au fond d’un trou dont il est toujours difficile de se sortir et
non sans y perdre beaucoup de temps et d’énergie, si ce n’est
davantage et pire encore. Aussi, ne vous inquiétez pas. Essayez
maintenant de trouver sérieusement le sens et le but de votre
vie et préparez-vous à le réaliser complètement et sincèrement.

Ne t’inquiète pas, ça passera.


C’est l’amour-propre du vital qui a reçu un bon coup sur le
nez, il est vexé et fait grève. Quand il comprendra que c’est une
sottise et que cela ne mène à rien, il redeviendra raisonnable et
écoutera de nouveau les sages conseils du psychique qui lui dit
d’être tranquille et de bien faire son travail, que rien de ce qui
avait de la valeur n’est perdu, que l’amour véritable est toujours
là, immuable et que seuls ont été détruits les mouvements qui
étaient en contradiction avec l’Œuvre Divine.
Car c’est à l’œuvre divine exclusivement que l’on doit appar‑
tenir, car c’est elle seule qui peut nous donner le bonheur
véritable.
*

275
Paroles de la Mère

On pouvait s’attendre plus ou moins à ce qui est arrivé. Chacun


agit dans la vie selon sa nature, et ceux qui ne sont pas stables
dans leur foi ne peuvent pas l’être en amour non plus.
Je ne suis sûrement pas fâchée contre toi et mon aide est
toujours là quand tu le veux. Quant à faire quelque chose de
mal, tous les êtres humains font des choses mauvaises, tant
qu’ils vivent dans ce monde d’ignorance, parce que même s’ils
veulent faire bien, ils ne savent pas ce qu’est la chose juste avant
que leur conscience ne soit transformée ; et pour la transfor‑
mation, la première chose nécessaire est une complète sincérité ;
non seulement de dire la vérité (cela, il va sans dire, est une
condition élémentaire, indispensable), mais d’être toujours
fidèle à soi-même et au Divin.

Tout cela est tellement symbolique et montre si bien combien


il est dangereux d’être sous la direction d’un esprit humain
arrogant et ignorant, qui compte seulement sur son propre
pouvoir et refuse l’aide de la Grâce du Divin.
Je n’ai pas besoin d’entrer dans des explications détaillées ;
car avec cette indication vous pouvez comprendre toute l’af‑
faire. Vous souvenez-vous que je vous ai demandé avec insis‑
tance qui conduisait la voiture et, lorsque vous m’avez dit que
c’était votre chauffeur, j’ai été soulagée. Mais ce n’était pas votre
chauffeur qui était au volant et le pauvre homme a souffert de
ce changement.
Ce qui rend la chose encore plus frappante, c’est simplement
la conversation que j’ai eue avec X. Je lui ai demandé s’il était
intéressé par le yoga. Il m’a dit que cela l’intéressait en tant que
spéculation philosophique, mais pas comme quelque chose qui
doit être vécu. Comme je lui faisais la remarque que cela pour‑
rait lui venir plus tard, il a dit   : «   Oh non ! je suis athée, vous
voyez, je ne crois pas en Dieu.   » Je lui ai dit en souriant, «   Alors

276
Conseils personnels

comment concevez-vous votre univers ?   » Il a senti l’ironie et il a


répondu   : «   J’ai adopté une attitude scientifique ; je ne nie rien,
mais je ne crois en rien.   » J’ai senti le danger pour Y. et j’ai dit
avec une certaine force   : «   Mais, je suppose que vous n’interve‑
nez pas dans les croyances des autres et que vous laisserez Y. libre
de penser et de sentir comme elle le veut.   » «   Certainement   » fut
sa réplique, mais je ne l’ai pas cru.
Dites à Y. de garder sa foi intacte, quelle que soit la pression
mise sur elle pour qu’elle change d’avis et d’attitude. Il se peut
qu’elle rencontre certaines difficultés, mais elle ne doit jamais
oublier d’appeler la Grâce Divine avec confiance, et la protec‑
tion et l’aide seront sûrement avec elle.
Quant à vous, ne vous inquiétez pas et n’appréhendez pas de
danger pour Y. Ses difficultés — la vie n’en est jamais dépour‑
vue — ne seront vraisemblablement pas d’un genre extérieur,
et les autres, elle est capable, en gardant sa foi, de leur faire face
et de les surmonter.

Dites à votre mère d’aller profondément au-dedans de son cœur


et elle sentira que la Grâce Divine est avec elle. Je lui envoie une
carte avec mes bénédictions. Vous pouvez lui traduire ce qui
est sur la carte. Vous pouvez lui dire aussi que la conscience de
votre père avait quitté son corps au moment de l’accident. C’est
pourquoi il ne bougeait ni ne parlait, il n’y a rien de surprenant
à cela et aucune raison d’en être particulièrement affecté.

Je ne lui ai pas répondu en raison de la confusion qui régnait


dans son esprit à cause de ses désirs   : elle n’aurait pas été capable
de comprendre ce que j’aurais écrit. Depuis, j’ai essayé de tra‑
vailler sur son être mental et vital pour le rendre un peu plus

277
Paroles de la Mère

ouvert et réceptif, afin qu’elle puisse comprendre que l’amour


pour les enfants, et l’espoir grandissant qu’ils représentent dans
la création, ne veut pas dire que chacun et tout le monde doive
avoir des enfants. À chacun, je révèle ce qui est le meilleur pour
lui, ou elle, selon sa nature et son besoin spirituel. Mais ce n’est
sûrement pas toujours selon les désirs.
Octobre 1960

X. est une fille très raffinée, elle est extrêmement sensible et


facilement blessée. Ne la grondez jamais, ne lui parlez jamais
durement ou ne la forcez jamais à faire quoi que ce soit. Je la
trouve très gentille. Mais elle a l’air tellement effrayée — je ne
sais pas ce qu’on a pu lui dire à mon sujet pour qu’elle ait si
peur. Dites-lui que je la trouve très gentille. Elle est très raffinée,
mais d’une certaine manière elle a vécu complètement étouffée.
Qu’elle se sente complètement libre, n’essayez pas de mettre un
cercle autour d’elle. Qu’elle se sente complètement détendue
et libre ici, et dites-lui qu’elle doit se détendre et se sentir
simplement comme si elle était tout le temps au soleil.
16 septembre 1968

278
Recommandations

C’est toujours la même histoire de «   vendre son droit d’aînesse


pour un plat de lentilles   » (j’entends «   droit d’aînesse   » dans le
sens de la possibilité d’être le premier à arriver à la Réalisation
Divine).
4 mai 1932

Un mal que le Divin a oublié devrait être oublié par tout le


monde.
18 décembre 1933

De quel droit voulez-vous que votre volonté agisse sur les


autres ? Chacun doit être libre. C’est seulement le guru qui a le
droit d’imposer sa volonté sur celle du disciple qui l’a choisi.
21 mars 1934

C’est avec un besoin réel que vient la véritable solution.


2 juillet 1936

Prenons toujours grand soin d’éviter tout ce qui pourrait en‑


courager en nous le besoin de paraître.

279
Paroles de la Mère

Plus les gens sont sans importance, plus ils se prennent au


sérieux.
15 décembre 1944

Les titres ne donnent aucune valeur à l’homme, à moins qu’il


ne les ait acquis au service du Divin.

Un dire doit être jugé sur sa valeur propre, non sur celle de sa
signature.

Un dicton est bon seulement s’il est bon sans signature.

On ne devient pas sage en parlant trop ; on passe pour un sage


lorsqu’on est indulgent, sans peur et sans ennemi.

Rien n’est plus facile que de dire de saintes paroles à ceux qui
les attendent de vous. Mais il est plus difficile de trouver des
gens qui veulent entendre de saintes paroles.

Je n’ai pas cru nécessaire d’informer les disciples de Sri


Aurobindo que l’Ashram n’est pas un endroit où suivre l’habi‑
tude stupide de mystifier les gens le 1er avril.

280
Recommandations

Mais je vois maintenant que certains membres ont profité


de mon silence pour se livrer à de telles stupidités, et je le
regrette.

N’essayez pas de dissimuler les choses ; tout ce que vous cherchez


à dissimuler devient encore plus visible.
19 avril 1952

Seuls ceux qui sont capables de transmettre, en même temps


que le mot écrit, la Force et la Conscience Divines, devraient
donner leur autographe.
10 avril 1954

Espérons que la réalisation intérieure sera à la hauteur de la


réalisation extérieure.
26 avril 1954

Mieux vaut ne pas compter sur l’homme.


Juillet 1959

Ce n’est pas dans la nature de l’homme que d’être fidèle.

281
Paroles de la Mère

Pourquoi Dieu a-t-Il créé tant d’êtres humains ?

Dans l’espoir d’en avoir un de bon.

Et pourtant le Divin est partout, dans l’ignorant comme dans


le sage.
*

Avec l’apparition de l’homme sur la terre est né le pouvoir de


maîtriser le feu. C’est, parmi les êtres terrestres, l’homme qui le
premier a allumé, dans l’âtre, la flamme qui réchauffe, et a fait
briller, dans la nuit, la lumière qui éclaire. La maîtrise du feu est
le signe évident de la supériorité de l’homme sur l’animal.

Une seule chose, le privilège de l’homme s’il est vraiment un


homme   : la propreté morale et physique.

Comment pouvez-vous espérer faire le moindre progrès spiri‑


tuel tant que vous demeurez enfermé dans un esprit tellement
mercantile et calculateur ?
17 décembre 1959
*

Je ne peux accepter qu’une seule excuse, celle-ci   : «   Je ne le ferai


plus jamais   », et tenir votre promesse. Tout le reste est faux-
semblant.
7 avril 1963
*

282
Recommandations

C’est très facile de ne pas faire une chose. Il ne faut plus aller au
cinéma en ville, plus jamais, et la faute sera effacée.
Le cœur appartient au monde humain terrestre ; l’âme ap‑
partient au monde spirituel universel.
Bénédictions.
7 mars 1965
*

C’est déjà maladroit et malséant d’embrasser une fille quand


elle le désire, mais l’embrasser quand elle ne le veut pas, c’est un
geste grossier et imbécile.

Au moins un million d’Américains ont fait l’expérience


du LSD et de la mescaline, expériences dites «   psyché-
déliques   », ce qui veut dire «   élargissement de la cons-
cience   ». Ces drogues pourraient bien devenir légales
en Amérique et une campagne est sur pied. Voici un
exemplaire de la «   Psychedelic Review   » (1966, No. 7)
avec un article qui prétend qu’un état yoguique supérieur
est atteint par la mescaline.

J’ai lu le passage marqué dans le magazine. Une chose est cer‑


taine   : ces expériences ne sont pas spirituelles et leur donner ce
nom c’est faire preuve d’une ignorance complète de ce qu’est
vraiment une expérience spirituelle.
L’effet de la drogue peut être soit un vagabondage désor‑
donné dans le vital soit le réveil de quelque note subconsciente
qui s’était endormie dans la partie subconsciente de l’être.
Pas le temps d’en dire davantage sur ce sujet futile.
1968

283
Paroles de la Mère

Rechercher le plaisir, c’est inviter la souffrance parce qu’ils sont


l’envers et le revers de la même chose.

Tout ce qui est favorable au maintien de la conscience dans les


plans les plus matériels de l’être serait criminel.

Les prix [à l’école] appartiennent à un niveau de vie plutôt


bas... mais si nous en sommes encore là...

(à propos du choix d’une voiture   :)

Voulez-vous vous déplacer d’un endroit à l’autre sans vous fati‑


guer et sans passer trop de temps en route, ou voulez-vous être
chic et avoir l’air d’un homme important ?

La répulsion est aussi mauvaise que le désir — accepte donc le


ventilateur et que la Volonté divine soit faite ; car, après tout,
c’est toujours Sa volonté qui prévaut !

On doit être sans préférence et sans désir pour connaître la


Volonté du Divin.

284
Recommandations

Les réactions superficielles ne sont pas désirables.

Une entreprise qui n’a pas de nom, qui ne fait pas d’affaires et
qui n’a pas d’argent n’est pas une entreprise, c’est une duperie.

Faire du commerce honnêtement devient de plus en plus aléa‑


toire.

La volonté de ne pas tricher mais aussi celle de ne pas être


dupe.

(À propos d’une femme du nord de l’Inde qui prétendait


représenter l’œuvre de Sri Aurobindo et de la Mère.)

Tout cela doit cesser immédiatement une fois pour toutes. C’est
pure falsification et les gens qui se livrent à une telle falsification
devraient aller en prison 1, ou tout au moins on ne devrait pas
leur permettre d’aller à droite et à gauche en répandant leurs
mensonges et en trompant des gens crédules. Ses premières
prédictions se sont toutes révélées fausses. Celles-ci le seront
tout autant et ceux qui les croient sont des dupes.

1.  À côté des mots «   aller en prison   », Mère a écrit «   plaisanterie   », indiquant
par là qu’elle n’avait pas l’intention de plaider.

285
Paroles de la Mère

(À propos d’un sâdhak qui était sannyâsî avant de s’ins-


taller à l’Ashram. Au cours de plusieurs méditations, il
a vu des serpents.)

Il devait avoir peur (peut-être dans son subconscient) des


conséquences de son rejet de la robe de sannyâs, et cette peur
a pris la forme d’attaques de serpents, etc. Tu peux lui dire de
ne pas avoir peur, que je suis au courant et que personne ne lui
fera de mal.
Qu’il essaie à nouveau de méditer avec l’assurance d’être
protégé. Mais il ne doit pas essayer d’abord de le faire en public.
Si ses méditations deviennent calmes, alors il pourra de nouveau
méditer avec les autres.

(Note retrouvée dans les manuscrits de la Mère.)

Il poussa, sur la table devant moi, un morceau de papier qui


semblait avoir été déchiré d’un cahier, sans aucun en-tête ou
quoi que ce soit d’officiel, sur lequel il avait écrit d’une main
malhabile que je promettais de payer pour les timbres supplé‑
mentaires s’il le fallait.
Je me suis sentie comme un pauvre voyageur accosté au coin
d’un bois par une bande de brigands, pistolets en main, me
demandant de vider mes poches avant de me laisser passer. J’ai
hésité un moment, mais je suis bon joueur et j’ai signé, pen‑
sant   : «   On verra bien jusqu’où ils oseront aller !   »
En ce monde on paie cher pour vouloir être désintéressé !

(Un monsieur très riche est venu à l’Ashram. Au


moment de partir, il a donné une somme symbolique [de

286
Recommandations

40 roupies], en s’excusant de n’avoir pas plus d’argent


disponible. En repartant chez lui, il se trouva pris dans
la foule des étudiants en Andhra. Il a été obligé de
supplier et de crier grâce et de par la grâce divine il a
pu aussitôt leur offrir cinq cents roupies pour s’en sortir.
Lorsque la Mère apprit l’incident, elle écrivit   :)

La même histoire, dans des contextes légèrement différents.


Mais qu’en est-il des anecdotes sur l’efficacité de la Grâce Di‑
vine ? Elles sont moins nombreuses peut-être, mais tellement
plus réconfortantes !...

Lorsque vous parlez de tout sacrifier pour le Divin, cela veut


dire que vous êtes grandement attaché à toutes ces choses, que
vous leur attribuez beaucoup de valeur et que, pourtant, vous
êtes prêt à les laisser partir pour le Divin.
À vrai dire, vous ne devriez pas être attaché à quoi que ce
soit ni à qui que ce soit, excepté au Divin, et en dehors de Lui,
rien ne devrait avoir de valeur pour vous. Et dans ce cas vous ne
pouvez pas parler de vous sacrifier pour le Divin. *

Tout est contagieux. Toutes les bonnes choses et toutes les mau‑
vaises choses ont des vibrations. Si vous attrapez ces vibrations,
vous attrapez la chose. Le vrai Yogi connaît ces vibrations et
peut les manier ; c’est comme cela qu’il peut vous donner la
paix, etc. Même les soi-disant accidents sont dangereux. Vous
attrapez le chagrin d’un autre et vous avez du chagrin de la
même façon. *

287
Paroles de la Mère

D’un point de vue esthétique, je peux dire que la couleur brune


est plus belle que la couleur blanche, mais c’est tout à fait ab‑
surde de penser que quelqu’un est meilleur ou pire à cause de sa
couleur. Le Noir africain croit que sa couleur est la plus belle de
toutes. Le Japonais croit que sa couleur est supérieure à toute
autre. Le préjugé de couleur est une chose très inférieure. Il in‑
dique un niveau de conscience très bas   : un niveau de conscience
qui émerge à peine de l’inconscient. Ce n’est pas une idée, ce
n’est pas un sentiment, c’est quelque chose d’encore plus bas
que cela. Lorsque vous pensez en termes de couleur, votre propre
psychique rit de votre sottise   : il sait qu’il a vécu dans un corps
blanc, brun, jaune, rouge, noir, dans toutes sortes de corps.
Lorsque vous sortirez de ce préjugé, que vous le mettrez devant
votre conscience, il disparaîtra. *

Il y a des gens qui peuvent se tenir sur leurs deux jambes. Ils
font une chose parce qu’ils trouvent que c’est bien de la faire.
Ils s’offrent librement à leur guru et se mettent sous sa direc‑
tion. Mais c’est toujours un mouvement libre. Il y en a d’autres
qui sont esclaves. Ils veulent toujours l’approbation ou une
reconnaissance officielle de ce qu’ils font. Ils ne peuvent avoir
confiance en eux-mêmes que si quelque autorité les reconnaît.
Cela, c’est la mentalité de l’esclave. *

288
Sollicitude dans les détails

sujets d’ordre général

Sous aucun prétexte les bicyclettes ne doivent être laissées


dehors au soleil.

Ne te tourmente pas pour le français, tu l’apprendras petit à


petit.

L’eau oxygénée est chère. Je voudrais savoir si je peux la


prescrire.

Vous pouvez la prescrire pour le moment et, plus tard, lorsque


X. ira mieux, la remplacer par du chlorure de potassium.
31 mars 1935

Les arbres plantés dans la maison Subhu ne nous appartiennent


pas. Ils appartiennent au propriétaire de la maison et on ne peut
pas les couper sans la permission du propriétaire.
Tout acte contraire pourrait nous attirer de graves ennuis.
1937

Puisque vous commandez les pinces, il vaudrait mieux com‑


mander en même temps les quelques objets dont vous pourriez

289
Paroles de la Mère

avoir besoin. Le besoin peut en venir tout d’un coup et alors on


n’aura pas le temps de les commander. En achetant ainsi, peu à
peu, nous serons un jour convenablement équipés.
Bénédictions.
6 juillet 1938
*

Si les douleurs ne disparaissent pas ce soir, il vaudra mieux


prendre du repos demain.
Avec ma tendresse et mes bénédictions.
27 juillet 1939

Mère,
La maison que j’ai achetée pour ma famille apparte-
nait à un malade atteint de tuberculose. J’ai appris cela
après avoir payé la maison. Alors, nous avons fait laver
toute la maison et avons brûlé du soufre dans quelques
pièces. La pensée qu’un tuberculeux a vécu ici ne me
dérange pas parce qu’il est parti il y a presque six mois.
Cependant, la suggestion d’un danger d’infection a
été projetée dans l’atmosphère. Aussi, je vous prie de
protéger ceux qui vont y vivre.

Puisque la maison a été nettoyée et désinfectée à fond, il n’y a


pas du tout de danger. Les gens n’ont pas besoin d’avoir peur.
Bénédictions.
19 février 1940

Que sont les anges ? Quel est leur rôle dans le cosmos ?
Comment entre-t-on en contact avec eux ? Y a-t-il des

290
Sollicitude dans les détails

livres qui peuvent servir de point de départ ? S’il vous


plaît, dites-moi quelque chose à ce sujet.

Il est impossible de répondre brièvement à vos questions.


Je ne connais aucun livre qui dise quoi que ce soit de valable
sur ce sujet.
Avec ma tendresse et mes bénédictions.
2 juin 1940
*

(À propos de la légende de la réincarnation


et de la découverte du Dalaï Lama.)

Il fut un temps où je connaissais cette légende, mais je l’ai oubliée.


Je ne peux donc rien dire, sinon, d’une façon générale, que les
hommes ne peuvent rien imaginer qui n’ait existé au moins
une fois ; aussi y a-t-il toujours une vérité derrière ces histoires.
L’erreur consiste à vouloir généraliser et à en faire une règle.

Mère,
Mes parents me demandent souvent de garder
quelques roupies d’argent de poche, mais j’ai toujours
refusé parce que je ne voulais pas qu’ils aient l’impression
que je souffrais de quoi que ce soit ici. Pensez-vous que
ce soit souhaitable que je garde quelques roupies pour de
petites dépenses ?

Vous pouvez garder quelques roupies d’argent de poche.


Avec ma tendresse et mes bénédictions.
25 septembre 1940

291
Paroles de la Mère

Quand on dit «   bonjour   » à quelqu’un, on lui souhaite une


bonne journée. Si on le fait consciemment, en pensant à ce que
l’on dit, le mot «   bonjour   » prend beaucoup de force et aide à
ce que la journée soit bonne.
7 octobre 1951

(Quelqu’un a écrit à la Mère au sujet d’une connaissance.


La lettre se termine ainsi   :)

Lorsque je suis arrivée en Inde en 1957, j’ai fait un rêve


très vivant que cet homme me donnerait $50,000 — le
prix de la maison de X. (que je connais maintenant).
Y voyez-vous quelque chose d’intéressant ? J’ai essayé de
vous présenter une image mentale claire pour que vous
établissiez le contact.

Vous pouvez toujours lui écrire à ce sujet, et attendre avec une


foi tranquille le résultat qui est, «   bien entendu   », entre les
mains du Seigneur.
Avec ma tendresse et mes bénédictions.
14 avril 1963

Mère,
On me dit que sur les murs nord et sud du studio
on va mettre seulement du verre ordinaire. Ce serait
dommage. Ces deux côtés sont complètement couverts
et comme le soleil vire au nord, une forte lumière vient
du nord-est. La même chose se produit lorsque le soleil
tourne au sud. Les vitres sont si hautes qu’on ne peut
même pas mettre des rideaux à cette hauteur-là.

292
Sollicitude dans les détails

Ce n’est pas un problème de convertir ce verre en verre


pilé. C’est une question d’un ou deux mois seulement.
Cela a pris dix-huit mois pour se procurer le verre, deux
mois de plus n’ont pas d’importance.

Je suis sûre que si vous avez du verre dépoli partout, cette pièce
sera si sombre qu’il sera impossible d’y travailler.
C’est pourquoi je n’ai pas répondu à X. à ce sujet.
Mais maintenant, je dois vous dire franchement ce que je
vois. En tout cas, il serait plus sage de faire teindre le verre
légèrement, comme cela si on le trouve trop sombre, la pein‑
ture peut être enlevée.
Bénédictions.
7 août 1963
*

Mère bien-aimée,
Les nouveaux locataires à la maison X. ont verrouillé
toutes les portes du rez-de-chaussée, si bien que je ne
peux pas me servir de la salle de bain. Comme il n’y en
a pas pour ma chambre, que dois-je faire ?

Depuis le début, j’ai dit qu’on mette un W. C. et une baignoire


en zinc dans votre seconde pièce pour votre usage personnel,
de manière à ce que vous puissiez être indépendante de tout le
monde. Je sais que l’arrivée d’eau a été installée. Comment se
fait-il que les W.C. et la baignoire ne soient pas là ?
L’installation d’en bas appartient au logement d’en bas, et les
gens qui habitent là ont tout à fait le droit de la garder fermée.
Bénédictions.
23 août 1963

293
Paroles de la Mère

Je vous demande de déménager immédiatement, pour peu


de temps seulement, dans l’un des logements mis à votre
disposition.
Votre refus me mettrait dans une situation embarrassante car
j’ai donné ma parole.
Bénédictions.
*

Voici quelques épreuves de l’imprimeur de Calcutta.


Elles ne sont pas très bonnes. Je demande que l’on fasse
quelques corrections.

Ces épreuves ne sont pas bonnes. Pourquoi voulez-vous qu’ils


en fassent quelques-unes de plus. Ils gâchent le travail tout
simplement et c’est une grande perte de temps et d’argent.
Presque toutes ces photos sont inutilisables telles qu’elles sont
et devront être refaites.
Je ne peux pas donner mon accord pour que vous leur don‑
niez davantage de travail.
Bénédictions.
12 janvier 1966
*

Mère,
Devrions-nous refaire notre projet à Rassendren
Gardens, ou plutôt le transférer à Ehny House, ou en
troisième lieu tenter de réaliser les deux ?

Si tu te sens capable de bien faire les deux, fais les deux. Si


un suffit à absorber toute ton énergie, concentre-toi sur Ehny
House.
Bénédictions.
4 mai 1966
*

294
Sollicitude dans les détails

Douce Mère,
Nous voudrions avoir — comme l’expression de ce
que Tu veux qui soit — un message de Toi relatif à la
vie nouvelle du sanscrit comme Tu nous l’avais laissé
entrevoir dans Ton entretien du 11 novembre 1967,
avec K., A., et T. Nous désirons traduire et publier ce
message dans les journaux de l’Ashram, car il y a des
disciples qui voudraient savoir ce que Tu as dit à ce
propos.

Je ne vois pas la nécessité d’un message. Les messages ne


convainquent que ceux qui sont déjà convaincus.
Il vaut mieux apprendre le sanscrit et tâcher d’en faire une
langue bien vivante.
Bénédictions.
16 août 1969
*

Maman, je veux faire des expériences avec des fusées à


poudre mais A. m’a dit de te demander avant de faire
quoi que ce soit avec ces engins explosifs et dangereux.
Tu permets ?

Ce sont les natures primitives et peu développées qui aiment le


bruit. Quant aux explosifs, c’est toujours dangereux ; tout cela
ne peut être un objet de curiosité.
2 septembre 1971

Il ne faut pas employer le papier et les enveloppes à en-tête


imprimé pour m’écrire. — C’est du gaspillage.
Prévenir à l’école.
*

295
Paroles de la Mère

Il y a beaucoup de fourmis dans les murs de la boulan-


gerie. Elles descendent sur la table et entrent dans les
moules.

Il faut trouver l’endroit d’où elles viennent, par quel trou elles
sortent, et mettre près du trou un petit tas de sucre. Elles s’oc‑
cuperont à l’emporter et ne vous ennuieront plus.

Mère, aujourd’hui j’ai trouvé un rayon de miel sur


l’arbre de patience. Nous travaillons à l’ombre de cet
arbre. Le rayon de miel va grandir et l’arbre n’est pas
grand. Qu’est‑ce qu’on pourrait faire ?

Je ne pense pas que les abeilles vous piquent si vous ne les


dérangez pas. Mais si vous avez peur...

cuisiner et manger

Lorsque vous voulez ajouter de la farine aux légumes, il vaut


mieux la mélanger d’abord dans une autre casserole avec un
peu d’eau, ou mieux encore, avec de la soupe de légumes. Vous
la faites bouillir une fois dans cette casserole, en remuant tout
le temps, très soigneusement, avec un mouvement circulaire.
Après l’avoir fait bouillir, vous pouvez en toute sécurité l’ajou‑
ter aux légumes, elle ne collera plus au fond de la poêle.
8 février 1932

296
Sollicitude dans les détails

Un feu trop vif brûle la nourriture, abîme le récipient et gaspille


du combustible. Un feu plus doux veut dire un peu plus de
temps de cuisson, mais aussi un plus joli résultat de cuisine.
Un travail fait à la hâte est toujours un mauvais travail ; on doit
prendre le temps [qu’il faut] quand on veut un bon résultat.

Dire que votre cuisine est mauvaise serait injuste. Je peux dire
tout au plus qu’elle n’est pas toujours également bonne, mais
mauvaise non, et certains plats sont tout à fait réussis. Il se peut
que vous passiez à travers une période de difficulté intérieure,
mais vous êtes sûre d’en sortir plus forte qu’avant. Lorsque la
difficulté intérieure sera éliminée, la cuisine sera aussi régulière‑
ment bonne qu’avant.
24 décembre 1937

J’ai entendu dire tant de choses contradictoires sur les effets de


la nourriture, des épices, etc., que j’en suis arrivée à la conclu‑
sion logique que ce doit être — comme pour tout le reste —
une question personnelle et que, par conséquent, on ne peut
établir, et moins encore imposer, une règle générale.
C’est la raison de mon indulgence.

On ne m’a rien dit au sujet des marmites en aluminium que


je désapprouve, parce que l’aluminium n’est pas bon pour la
cuisine. Je parle d’expérience.

297
Paroles de la Mère

Tu sais que c’est sans enthousiasme que je vois les domestiques


manipuler la nourriture — mais beaucoup de gens semblent
aimer cela, par paresse, je suppose !

Dans la cuisine, la propreté est la chose la plus indispensable.


Pour éviter que les cheveux ne tombent dans les aliments, il
vaut mieux se couvrir la tête pendant qu’on cuisine.
On doit prendre particulièrement soin de ne pas laisser tom‑
ber des insectes dans les casseroles.

Si vous n’aimez pas l’atmosphère qui se crée en prenant votre


repas avec les autres, je ne vois pas pourquoi vous devriez le
faire.
13 septembre 1940
*

Du point de vue du physique, de toute évidence il vaut mieux


manger tranquillement et sans se presser, et je suis sûre que la
plupart du temps on peut s’arranger pour en trouver le temps.
C’est seulement une question d’organisation.
27 septembre 1943

Les querelles dans l’endroit où l’on prépare les repas les rendent
indigestes. La cuisine doit se faire dans l’harmonie et en
silence.
Mars 1969
*

298
Sollicitude dans les détails

Une question puérile   : les animaux et les oiseaux sont-


ils sensibles comme nous au goût de la nourriture ?

Oui, mais ils n’y pensent pas comme nous.

emprunter des livres


à la bibliothèque de l’ashram

Chère Mère,
On me dit que j’ai besoin de ta permission pour   : (1)
emprunter des livres à la bibliothèque, (2) acheter du
pain à la boulangerie. Puis-je avoir ton accord ?

Du pain, tu peux en avoir gratuitement à moins que tu n’en


veuilles une grande quantité.
Quant aux livres, nous avons été obligés d’en arrêter le prêt,
parce qu’ils ont disparu en trop grand nombre ; mais si tu ne les
gardes que peu de temps et si tu promets d’être particulièrement
soigneux, je peux donner la permission.
Bénédictions.
11 janvier 1963
*

Douce Mère,
Puis-je emprunter, de temps en temps, des livres de
notre bibliothèque, pour mes études ? Tu [m’en avais
déjà donné l’autorisation] il y a quelques années.

Tu peux emprunter les livres si tu en prends grand soin et que


tu suis les règles de la bibliothèque.
Bénédictions.
12 mars 1964

299
Paroles de la Mère

Chère Mère,
Puis-je avoir ta permission de prendre le livre «   Le
théâtre de marionnettes   » de Jan Bussell et le montrer à
X. pour faire des marionnettes en cadeaux aux enfants
pour Noël ?

Oui, en prêt et avec soin.


26 novembre 1964

Douce Mère,
Pourrais-je prendre les livres de la bibliothèque pour
lire chez moi ? J’en ai besoin pour mes études d’anglais
et autres.

Si Y. [le bibliothécaire] est d’accord et que tu en prennes un


soin scrupuleux.
23 décembre 1964

Mère, permets-tu que les élèves de ma classe empruntent


des livres de la bibliothèque pendant les vacances de
1965 et l’année scolaire 1966. Ces livres, [dont je joins la
liste] leur seraient utiles pour leurs classes de français.

Bien.
P. S. — Il est bien entendu qu’ils prendront grand soin de
ces livres et les rendront propres et en bon état avant la rentrée
des classes.
11 octobre 1965

300
Sollicitude dans les détails

(Au bibliothécaire.)

Z. voudrait emprunter des livres à la bibliothèque. Il dit qu’il


en prendra grand soin. Voulez-vous les lui prêter ?
13 février 1966

peindre

Il me semble que quelques croquis d’après nature seraient utiles,


surtout au point de vue de la proportion des jambes et des bras
et de l’harmonie de la forme.
25 janvier 1934

(à propos d’un dessin pour une couronne destinée à la Mère.)

Le dessin est vraiment très joli et servira sûrement à faire une


très belle couronne.
7 septembre 1934

Cette idée de fresque semble très bonne et le mur de la chambre


d’Anilbaran, sur la terrasse de Champaklal, serait un emplace‑
ment tout à fait idéal. Il y a un seul problème   : la chaux tiendra-
t-elle sur ce mur qui, pour l’instant, est peint ? Il faut poser la
question à Chandulal.
Ce serait très joli d’avoir là une vue de la mer.
7 septembre 1934

301
Paroles de la Mère

(À propos de certaines cartes dessinées pour des personnes


associées au travail de l’artiste, dont les noms avaient été
envoyés avec les cartes.)

Les cartes sont toutes très bien, certaines extrêmement jolies. Je


te les renvoie pour que tu puisses les distribuer, sauf une que D.
a choisie et qu’elle garde avec grand plaisir.
Tous les noms sont très bien.
27 octobre 1935

(À propos d’esquisses pour des peintures sur plaques


d’amiante destinées à être fixées sur les murs de la
Mairie.)

Oui, c’est bien. Quand les esquisses seront prêtes, il faudra les
montrer au maire et au gouverneur, et cela prendra du temps.
Cela veut dire qu’entre le stade des esquisses et le moment où la
peinture commencera effectivement, il y aura largement assez
de temps pour l’exposition et le darshan.

Comme je te l’ai dit, il serait bon de montrer ces esquisses


au gouverneur le 10 de ce mois, ou aux alentours de cette
date — car le Conseil Général est en train de siéger en ce
moment et la décision définitive doit être prise par ce Conseil.
Quatre esquisses, étant donnée la hauteur de la pièce, seront
suffisantes.
1er novembre 1935

302
Sollicitude dans les détails

(À propos des esquisses pour la peinture de la Mairie.)

Elles sont vraiment très jolies. Je ne vois aucun changement à


suggérer.
3 novembre 1935

(À propos d’une exposition de peinture par les artistes de


l’Ashram, qui s’est tenue à la fin du mois de décembre
1935. Certaines toiles ont été offertes au gouverneur
français.)

J’ai oublié de te dire que les deux tableaux pour le gouverneur


doivent être signés avant d’être encadrés. Pourrais-tu le dire à
Nishikanto ?
Il semble que l’exposition ait été un grand succès.
Avec nos bénédictions.
6 janvier 1936

Je vous envoie des livres d’art pour avoir votre opinion.


Je voudrais connaître votre opinion sur Cézanne et Van
Gogh, car ils sont hautement appréciés par les critiques
modernes.

Dans les livres que vous avez envoyés, les peintures de Cézanne
et de Van Gogh sont très belles (surtout celles de Cézanne). Je
vous renverrai les livres dans un ou deux jours — je veux les
regarder attentivement.
12 mars 1936

303
Paroles de la Mère

Si vous ne ressentez aucune envie de peindre, je ne vois pas


pourquoi vous devriez peindre.
Bénédictions.
Avril 1939

Votre approche de l’art est la bonne, et si vous continuez, en


conservant une sincérité absolue dans votre attitude et dans
votre tentative, vous êtes sûr de réussir.
Il y a quelque chose de juste dans votre appréciation de
l’art oriental, mais elle est incomplète. Toutefois, nous allons
laisser ce sujet pour l’instant, car je n’ai pas le temps d’expli‑
quer tout cela en ce moment. En ce qui concerne Léonard de
Vinci, Michel-Ange et Raphaël, je ne peux les mettre sur le
même plan. Les deux premiers sont beaucoup plus grands que
le dernier. Ils appartiennent tous deux au monde de la force
créatrice. Léonard avec plus de subtilité et de calme, une vision
plus profonde et plus de pureté, Michel-Ange avec plus de force
et de puissance, surtout dans les sculptures, incomparables de
magnificence. Raphaël est plus mental et plus superficiel.
30 juin 1939

X. m’a dit que vous aviez donné la permission de décorer


la chambre de méditation. J’avais l’intention de déco-
rer seulement la pièce où vous aviez l’habitude de vous
asseoir pour le Pranâm. Il paraît que vous voudriez que
tout le hall et l’espace jusqu’en haut de l’escalier soient
décorés aussi. C’est un très grand plan. Mais Y. a lui
aussi l’intention de faire le travail et, si on le lui de-
mande, X. pourrait aussi y participer.

304
Sollicitude dans les détails

Ce que je voudrais vous dire, c’est que pour que le


travail soit harmonieux et tranquille, une seule per-
sonne devrait étudier toute la chose, et tous devraient
travailler dans ce sens-là. Je voudrais savoir si vous avez
un sujet. Je voudrais que vous me fassiez savoir com-
ment tout cela devrait être fait. S’il vous plaît, donnez-
moi vos idées.

Je suis d’accord pour qu’une seule personne fasse tout le dessin


et que les autres participent seulement à l’exécution.
Je n’ai pas de sujet ni de plan. Je souhaite seulement que
la décoration soit calme du point de vue des couleurs et de la
composition.
Faites quelques esquisses et projets et envoyez-les-moi.
Bénédictions.
31 juillet 1939

305
Les expériences de la Mère

La compassion et la gratitude sont des vertus essentiellement


psychiques. Elles n’apparaissent dans la conscience qu’avec la
participation de l’être psychique à la vie active.
Le vital et le physique les sentent comme des faiblesses parce
qu’elles mettent un frein à la libre expression de leurs impul‑
sions basées sur le pouvoir de la force.
Comme toujours, le mental, lorsqu’il n’est pas suffisamment
éduqué, est complice de l’être vital et l’esclave de la nature phy‑
sique dont il ne connaît pas bien les lois, écrasantes par leur
mécanisme semi-conscient. Quand le mental s’éveille à la cons‑
cience des premiers mouvements psychiques, il les déforme dans
son ignorance et change la compassion en pitié ou au mieux en
charité, et la gratitude en volonté de récompenser, suivie peu à
peu par la capacité de reconnaître et d’admirer.
Ce n’est que lorsque la conscience psychique est toute-puis‑
sante dans l’être, que la compassion pour tout ce qui a besoin
d’être aidé, dans quelque domaine que ce soit, et la gratitude
pour tout ce qui se manifeste, sous quelque forme que ce soit,
la présence et la grâce divines s’expriment dans leur pureté ini‑
tiale et lumineuse, sans mélanger à la compassion aucun vestige
de condescendance, et à la gratitude aucun sens d’infériorité.
15 juin 1952

quelques expériences
de la conscience du corps

On peut dire, avec la même exactitude, que tout est divin et


que rien n’est divin. Tout dépend de l’angle sous lequel on
regarde le problème.

306
Les expériences de la Mère

On peut dire, de même, que le Divin est en perpétuel deve‑


nir et, aussi, qu’il est immuable de toute éternité.
Nier et affirmer l’existence de Dieu sont également vrais,
mais chacun ne l’est que partiellement, et c’est en montant à la
fois au-dessus de l’affirmation et de la négation que l’on peut
s’approcher de la vérité.
On peut dire encore que tout ce qui arrive dans le monde est
le résultat de la volonté divine, et aussi que cette volonté doit
être exprimée et manifestée dans un monde qui la contredit
ou la déforme ; ce sont deux attitudes ayant respectivement la
conséquence pratique de se soumettre avec paix et joie à tout ce
qui arrive, ou au contraire de lutter sans répit pour faire triom‑
pher ce qui doit être. Il faut savoir s’élever au-dessus des deux
attitudes et les combiner pour vivre la vérité.
Avril 1954
*

Gardez votre conviction, si elle vous aide à construire votre vie ;


mais sachez que ce n’est qu’une conviction et que les autres sont
aussi bonnes et vraies que la vôtre.
Avril 1954
*

La tolérance est pleine d’un sens de supériorité ; elle doit être


remplacée par une compréhension totale.
Avril 1954
*

Parce que la vérité n’est pas linéaire, mais globale, et qu’elle


n’est pas successive, mais simultanée, elle ne peut pas s’exprimer
en mots   : elle doit se vivre.
Avril 1954

307
Paroles de la Mère

Pour avoir la conscience parfaite et totale du monde tel qu’il


est dans tous les détails, il faut d’abord n’avoir plus aucune
réaction personnelle à l’égard d’aucun de ces détails, ni même
aucune préférence spirituelle concernant ce qu’ils devraient être.
En d’autres mots, une acceptation totale dans une neutralité,
une indifférence parfaite, est la condition indispensable à une
connaissance par identité intégrale. S’il y a un détail, si petit
soit-il, qui échappe à la neutralité, ce détail échappe aussi à
l’identification. L’absence de réactions personnelles, dans
quelque but qu’elles soient, même le plus élevé, est donc une
nécessité primordiale pour une connaissance totale.
On pourrait donc dire, de façon paradoxale, que nous ne
pouvons savoir que ce qui ne nous intéresse pas, ou plutôt, plus
exactement, ce qui ne nous concerne pas personnellement.
Avril 1954

Chaque fois qu’un dieu s’est revêtu d’un corps, cela a toujours
été avec l’intention de transformer la terre et de créer un monde
nouveau. Mais jusqu’à ce jour, il a dû abandonner son corps
avant d’avoir pu terminer son œuvre ; et toujours il a été dit que
la terre n’était pas prête, que les hommes ne remplissaient pas
les conditions requises pour que l’œuvre puisse être achevée.
Mais c’est l’imperfection même du dieu incarné qui rend
indispensable la perfection de ceux qui l’entourent. Si le dieu
incarné réalisait la perfection nécessaire pour le progrès à faire,
ce progrès serait inconditionné par l’état de la matière envi‑
ronnante. Cependant, dans ce monde d’objectivation extrême,
l’interdépendance est sans doute absolue, et un certain degré
de perfection dans l’ensemble de la manifestation est indis‑
pensable pour qu’un degré supérieur de perfection puisse être
réalisé dans l’être divin incarné. C’est la nécessité d’une certaine
perfection dans l’ambiance, qui force les êtres humains à

308
Les expériences de la Mère

progresser ; c’est l’insuffisance de ce progrès, quel qu’il soit, qui


incite l’être divin à intensifier son effort de progrès dans son
corps. Ainsi les deux mouvements de progrès sont simultanés
et se complètent.
Avril 1954

les nouvelles expériences


de la conscience du corps

Lorsqu’on regarde en arrière dans sa vie, on a presque toujours


l’impression que, dans telle ou telle circonstance, on aurait pu
mieux faire, même quand à chaque minute l’action était dictée
par la vérité intérieure ; c’est parce que l’univers est en perpétuel
mouvement et ce qui était parfaitement vrai autrefois, ne l’est
plus que partiellement aujourd’hui. Ou, pour dire la chose plus
exactement, l’action qui était nécessaire au moment où elle fut
accomplie, ne le serait plus au moment présent, et une autre
action pourrait prendre sa place plus utilement.
Août 1954

Quand nous parlons de transformation, le mot a encore pour


nous un sens vague. Il nous donne l’impression de quelque
chose qui doit se passer et qui fera que tout sera bien. La notion
se réduit à peu près à ceci   : si nous avons des difficultés, les dif‑
ficultés disparaîtront ; pour ceux qui sont malades, la maladie
sera guérie ; si le corps a des infirmités ou des incapacités, les
infirmités et les incapacités s’effaceront ; et ainsi de suite... Mais,
comme je l’ai dit, c’est très vague, ce n’est qu’une impression. Il
est très remarquable que la conscience corporelle ne peut savoir
une chose avec précision et dans tous les détails que lorsque

309
Paroles de la Mère

cette chose est sur le point de se réaliser. Ainsi, quand le pro‑


cessus de la transformation deviendra clair, quand on pourra
savoir par quelle suite de mouvements et de changements la
transformation totale prendra place, dans quel ordre, par quel
chemin, pour ainsi dire, quelles seront les choses qui arriveront
d’abord, celles qui arriveront ensuite, quand tout, dans tous les
détails, sera connu, ce sera une indication sûre que le moment
de la réalisation est proche ; car chaque fois que vous percevez
avec exactitude un détail, cela veut dire que vous êtes prêt pour
son exécution.
Pour le moment, on peut avoir la vision d’ensemble. Il est,
par exemple, tout à fait certain que, sous l’influence de la lu‑
mière supramentale la transformation de la conscience corpo‑
relle prendra place d’abord ; qu’un progrès, dans la maîtrise et
le contrôle de tous les mouvements et du fonctionnement de
tous les organes du corps, viendra ensuite ; que cette maîtrise
se changera petit à petit en une espèce de modification radicale
du mouvement, puis de la constitution de l’organe lui-même.
Tout cela est certain, quoique assez imprécis dans la percep‑
tion. Mais ce qui prendra place à la fin — quand les différents
organes seront remplacés par des centres de concentration de
forces, de qualités et de natures différentes, qui agiront chacun
selon son mode spécial —, cela n’est encore qu’une conception,
et le corps ne comprend pas bien, parce que c’est encore très
loin de la réalisation et que le corps ne peut vraiment com‑
prendre que ce qu’il est sur le point de pouvoir faire.
Août 1954

Le corps supramentalisé sera insexué, puisque les besoins de la


procréation animale n’existeront plus.
La forme humaine gardera donc seulement sa beauté sym‑
bolique, et d’ores et déjà on peut prévoir la disparition de

310
Les expériences de la Mère

certaines protubérances disgracieuses, telles que les organes


génitaux de l’homme et les glandes mammaires de la femme.
Août 1954
*

C’est seulement dans sa forme extérieure, dans son apparence la


plus superficielle, aussi illusoire pour les dernières découvertes
de la Science d’aujourd’hui que pour l’expérience de la spiri‑
tualité d’autrefois, que le corps n’est pas divin.
Août 1954

Suprême Réalité, Vérité Supramentale, ce corps est tout vibrant


d’une intense gratitude. L’une après l’autre, Tu lui as donné
toutes les expériences qui peuvent le plus sûrement le mener
vers Toi. Il en est au point où l’identification avec Toi n’est pas
seulement l’unique chose désirable, mais aussi l’unique chose
possible et naturelle.
Comment décrire ces expériences qui se trouvent aux deux
extrêmes opposés. À un bout, je puis dire   :
«   N’est‑ce point, Seigneur, que pour être vraiment proche,
vraiment digne de Toi, il faut boire jusqu’à la lie la coupe de
l’humiliation, et ne pas se sentir humilié. Le mépris des hommes
rend vraiment libre et prêt pour n’appartenir qu’à Toi.   »
À l’autre bout, je dirai   :
«   N’est‑ce pas, Seigneur, que pour être vraiment proche,
vraiment digne de Toi, il faut être porté au sommet de
l’appréciation humaine, et ne pas se sentir glorifié. C’est lorsque
les hommes vous appellent Divin, qu’on sent le mieux son
insuffisance et le besoin d’être vraiment et totalement identifié
à Toi.   »
Les deux expériences sont simultanées, l’une n’efface
pas l’autre, au contraire, elles semblent se compléter et en

311
Paroles de la Mère

devenir plus intenses. Dans cette intensité, l’aspiration croît,


formidable ; et, en réponse, Ta présence devient évidente dans
les cellules, donnant au corps l’apparence d’un kaléidoscope
multicolore dont les innombrables particules lumineuses, en
constant mouvement, sont magistralement réorganisées par
une main invisible et toute-puissante.
Août 1954

312
Deuxième partie

entretiens
Le 30 décembre 1950

la destinée et le déterminisme

Cet entretien est basé sur le texte de la Mère


intitulé «   Prévision   » (Éducation, p. 85-87)

«   Prévoir le destin ! Combien s’y sont essayés, que de


systèmes ont été élaborés, que de sciences divinatoires
ont été créées, se sont développées, puis ont péri sous
l’accusation de charlatanisme ou de superstition. Et
pourquoi le destin est-il toujours si imprévisible, pour-
quoi lorsqu’il est démontré que tout est inéluctablement
déterminé, on ne peut réussir à connaître de façon
certaine ce déterminisme ?   »

La prévision veut dire voir d’avance, mais est‑ce que vous pouvez
me dire ce qui va arriver demain ? Je ne le pense pas. Naturelle‑
ment, vous pouvez dire   : «   Nous allons dormir, manger, etc.   »,
c’est-à-dire des choses générales ; mais si une chose inattendue
va arriver, vous ne pouvez pas dire pourquoi. Quelqu’un a dit   :
«   Il faut un œil spécial pour cela.   » On peut prévoir sans avoir
des images   : il existe une connaissance mentale sans images.
Ceux qui ont la vision ont généralement la capacité de prévoir,
pas toujours, mais fréquemment. Je suppose que vous n’envi‑
sagiez pas un œil supplémentaire au milieu du front comme
les Cyclopes ! Non, vous voulez dire, n’est‑ce pas, un œil inté‑
rieur qui appartient à un autre monde. Avec cet œil-là, ce n’est
généralement pas les choses matérielles que l’on voit, ou si on
les voit, c’est sous un angle très spécial. Il y a des personnes qui
voient à distance ce qui se passe dans un autre pays ou dans un
autre endroit loin de celui où elles se trouvent.

315
Paroles de la Mère

Est‑ce par la vision psychique que l’on voit ces choses ?

Non, la vision psychique ne s’occupe pas généralement des


choses matérielles.

Est‑ce que ce n’est pas par la vision mentale ?

Peut-être, mais alors ce sont les pensées des gens, qui sont à
l’endroit que vous voyez, que vous recevez, parce que ces gens
pensent fortement à ce qui s’y passe.
Généralement, on dit que «   déterminisme   » veut dire une
suite logique de cause à effet, que si vous faites une certaine
chose un certain résultat suivra, comme, par exemple, si vous
mangez une certaine nourriture vous tomberez malade, si vous
avalez du poison vous mourrez, et ainsi de suite. Mais il arrive
souvent que les effets de certains déterminismes annulent les
effets d’autres déterminismes.

«   Ici encore la solution se trouve dans le yoga. Et par la


discipline yoguique on peut non seulement prévoir le
destin, mais le modifier, le changer presque totalement.
Tout d’abord le yoga nous enseigne que nous ne sommes
pas un être unique, une entité simple, qui nécessaire-
ment n’aurait qu’un unique destin, simple et logique.
Mais on est obligé de constater que le destin de la plu-
part des hommes est complexe, d’une complexité qui va
parfois jusqu’à l’incohérence. N’est‑ce point cette com-
plexité même qui crée l’impression d’inattendu, d’indé-
terminé et par suite d’imprévisible ?   »

Il y a des gens qui ont un destin très complexe, qui donne


l’impression que les choses qui leur arrivent sont tout à fait
inattendues et imprévisibles, à moins que l’on puisse «   voir   »
par d’autres moyens que les moyens ordinaires.

316
Le 30 décembre 1950

«   Pour résoudre le problème, il faut d’abord savoir que


tout être vivant, et plus spécialement l’être humain,
est fait de la combinaison de plusieurs entités qui se
groupent, s’interpénètrent, parfois s’organisent et se
complètent, parfois s’opposent et se contredisent.   »

Une «   entité   » est une personnalité ou une individualité. Il y


a ainsi beaucoup de «   personnalités   » en chacun de nous. Si
ces personnalités s’accordent et se complètent, cela constitue
un être humain, une «   personnalité   » riche et complexe. Mais
ce n’est pas cela qui arrive généralement. Les personnalités en
nous ne sont pas d’accord entre elles. Par exemple, l’une peut
désirer le progrès, désirer devenir de plus en plus parfaite, avoir
une connaissance des choses de plus en plus profonde, réaliser
de mieux en mieux, marcher vers la perfection de l’être, tandis
qu’une autre veut simplement s’amuser, avoir autant de plaisir
que possible ; un jour elle fait ceci, le lendemain quelque chose
d’autre, etc. Si les personnalités ne s’accordent pas, la personne
aura une vie incohérente et cela n’est pas rare — à vrai dire ces
cas sont très fréquents.

«   Chacun de ces êtres appartient à son monde propre et


porte en lui-même son propre destin, son propre déter-
minisme. Et c’est la combinaison, parfois très hétéro-
clite, de tous ces déterminismes qui produit le destin de
l’individu.   »

Une personne peut avoir un grand nombre de personnalités en


elle, dix ou vingt par exemple, et chacune a son destin propre.
Dans le monde physique, une individualité veut dire un corps
humain ; donc, dans un corps humain il y a beaucoup d’indivi‑
dualités, chacune avec son destin propre. Qu’est‑ce qui arrive ?
Des conflits, de la friction, du désordre intérieur créé par ces
individualités qui n’arrivent pas à s’entendre. C’est la plus forte

317
Paroles de la Mère

qui prend le dessus ; non seulement elle domine les autres mais
elle les bride pour les empêcher de se révolter. Donc, celles qui
n’ont pas de chance, qui sont refoulées, finissent par s’endormir,
elles attendent leur moment et quand ce moment arrive, tout
d’un coup elles sautent en l’air et bouleversent tout. Si cela
arrive très souvent, la personne aura une vie tout à fait désor‑
donnée. Elle commencera une chose aujourd’hui et continuera
une autre demain et ainsi de suite.
Je ne crois pas qu’il soit vrai de dire qu’il est «   harmonieux   »,
celui qui n’a pas de complexité intérieure. Les gens qui ont cette
espèce d’harmonie illusoire vivent généralement plongés dans
la vie matérielle, de sorte que la moindre chose désagréable les
bouleverse complètement parce qu’ils n’ont pas autre chose que
ça. Non, une personnalité vraiment harmonieuse suppose un
groupement d’individualités intérieures fait consciemment.
Ce groupement peut se faire spontanément avant la naissance,
mais c’est là un cas rare. Ce groupement se fait plus tard, à l’aide
d’une discipline quelconque, une éducation convenable, mais
pour y arriver il faut prendre consciemment l’être psychique
comme centre, et grouper, harmoniser les différentes indivi‑
dualités autour de lui. L’harmonie véritable, l’organisation inté‑
rieure est le résultat d’un effort continu de ce genre.

«   Mais comme l’organisation et la relation de toutes


ces entités peuvent être changées par une discipline
personnelle et par l’effort de la volonté, comme ces
déterminismes agissent l’un sur l’autre de façon dif-
férente suivant la concentration de la conscience, leur
combinaison est presque toujours variable et par suite
imprévisible.   »

En mathématiques, il arrive qu’on prenne un très grand nombre


de chiffres pour tâcher de trouver toutes les combinaisons
possibles. On voit tout de suite que cela devient impossible, car il

318
Le 30 décembre 1950

y a beaucoup de chiffres qui sont au-delà de toute expression. De


même, si vous avez un grand nombre de combinaisons différentes
suivant la partie de l’être qui est à ce moment-là prédominante,
et que l’on essaie de prévoir ce qui va arriver, c’est extrêmement
difficile. C’est la même chose pour les états de conscience. Un
destin représente un individu et ils réagissent l’un sur l’autre et
c’est effrayant ce qui peut arriver ! Alors comment prévoir ça ?
Les lois de l’univers agissent toujours indépendamment et c’est
là le «   secret   » de la construction de l’univers.

«   L’art de vivre consisterait donc à se maintenir dans son


état de conscience le meilleur et à permettre ainsi à son
destin le meilleur de dominer les autres dans la vie et
dans l’action. On peut dire sans crainte de se tromper   :
“Soyez toujours au sommet de votre conscience et tou-
jours c’est le meilleur qui vous adviendra.” Mais cela est
un maximum qui n’est pas facile à atteindre. Au cas où
cette condition idéale ne peut être réalisée, l’individu
peut, tout au moins lorsqu’il est confronté à un danger
ou à une situation critique, faire appel à son destin le
meilleur par l’aspiration, la prière, l’abandon confiant
à la volonté divine. Alors, dans la mesure de la sincérité
de l’appel, ce destin supérieur intervient de façon favo-
rable dans le destin ordinaire de l’être et change le cours
des événements en ce qui le concerne personnellement.
Ce sont les événements de ce genre qui apparaissent à la
conscience extérieure comme des miracles, des interven-
tions divines.   »

Je vous donne un exemple d’une intervention de la conscience,


d’une conscience supérieure.
Un homme sort de chez lui pour aller à son bureau. Il suit
un certain chemin. Tout d’un coup, il se souvient d’avoir
oublié quelque chose à la maison. Il fait un pas en arrière pour

319
Paroles de la Mère

retourner le chercher et juste à ce moment-là, à l’endroit où


il aurait été s’il avait fait un pas en avant, un tuyau de plomb
est tombé. Quelque chose dans la conscience de cet homme,
en lui disant de retourner en arrière, lui a sauvé la vie. C’est
cela que l’on veut dire quand on dit qu’une intervention de
la conscience peut changer un destin. Dans cet homme, il y
avait deux destins (parmi d’autres sans doute), un qui voulait
sa mort et un qui voulait sa vie.

Est‑ce qu’on ne peut pas appeler ça le «   hasard   » ?

Non, car le hasard est quelque chose de tout à fait incohérent,


quelque chose qui arrive sans raison, et si vous pensez que la
vie est une chose incohérente, vous avez toujours beaucoup à
apprendre. Elle est au contraire tout à fait cohérente ; chaque
petite chose est exactement déterminée et si quelque chose vous
donne l’impression d’un «   hasard   » c’est parce que vous n’avez
aucune connaissance des déterminismes, cela vous échappe
complètement, car il y a d’innombrables lois qui s’enchevêtrent
et vous ne les connaissez pas ; donc, si quelque chose arrive selon
ces lois, vous dites que c’est un «   miracle   » ou le «   hasard   » !
Pavitra a dit   : «   En mathématiques, on démontre que si le
nombre des facteurs qui interviennent est très grand et s’ils
agissent indépendamment les uns des autres, le résultat a l’ap‑
parence de ce que l’on appelle le hasard.   »
Je viens d’expliquer que c’est là une «   apparence   » seulement.
Ceux qui font un effort de progrès, une croissance de la
conscience, s’aperçoivent bien que ce qui leur paraissait désas‑
treux ou une calamité à un moment donné dans leur vie, peut
leur paraître quinze ans après comme une bénédiction, un effet
de la Grâce, un maximum de bien. Si on se place à un point
de vue supérieur, c’est tout à fait évident que si vous faites des‑
cendre votre conscience la plus haute dans votre vie ordinaire,
cela amènera toujours le plus grand bien dans votre vie.

320
Le 30 décembre 1950

Ceux qui ont fait un progrès ont toujours cette expérience.


Ils voient clairement qu’un soi-disant «   désastre   » a été en réalité
le point de départ de leur ascension, ascension qui n’aurait pas
pu avoir lieu sans cela. Celui qui a la vision intérieure et qui
peut à volonté entrer dans sa conscience supérieure, verra que
c’est le maximum de bien qui lui arrive quand il est en rapport
avec sa conscience la plus haute.
Mais pour comprendre ça il y a deux conditions   : il faut faire
un effort de progrès et être tout à fait sincère, car si vous n’êtes
pas sincère, vous ne verrez jamais clair dans votre vie. Il faut
pouvoir se regarder et se dire   : «   Comme je suis tout petit !   »

Si une chose est inéluctablement déterminée, comment


peut-on la changer ?

Je vais vous donner un exemple simple, mais qui peut se repro‑


duire dans tous les états de conscience.
Une pierre tombe — si elle complète son destin, elle tom‑
bera par terre, n’est‑ce pas ? Mais si vous êtes là et que vous avez
une volonté vitale ou mentale, selon le cas, et vous attrapez
cette pierre dans votre main, vous avez changé le destin de la
pierre. Une feuille tombe... par terre si elle suit son destin nor‑
mal — vous avez une volonté vitale, vous prenez la feuille dans
votre main. Vous avez changé le destin de la feuille. Cela arrive
des millions de fois dans l’univers et personne ne le remarque
parce que c’est si fréquent.
Mais imaginez que vous avez une très haute échelle de la
conscience. Si dans le déterminisme ici en bas vous pouvez
amener, par l’aspiration, un élan, une prière, une conscience
supérieure, si vous arrivez pour ainsi dire à attraper votre cons‑
cience supérieure et à la faire entrer dans le destin matériel, tout
serait changé immédiatement. Mais parce qu’on ne voit pas ou
ne comprend pas ce qui se passe, on dit que c’est le hasard ou
un miracle.

321
Paroles de la Mère

Tous les destins ne sont pas en action dans le destin matériel


et si vous voulez changer ce destin matériel, il faut savoir y ame‑
ner un autre destin d’en haut. De cette façon, quelque chose de
nouveau y entrera — ces «   descentes   » de conscience supérieure
arrivent constamment, mais parce que nous ne les comprenons
pas, le «   quelque chose de nouveau   » qui arrive devient pour les
gens ordinaires un «   miracle   ».
C’est justement cela que l’on veut faire en faisant descendre
dans le monde physique et matériel la Force et la Conscience
supramentales. Elle agit tout d’abord par diffusion, pas directe‑
ment. Son action est plus ou moins voilée, plus voilée et plus
déformée au fur et à mesure qu’elle descend vers le monde
physique, jusqu’à ce qu’elle devienne presque imperceptible. Si
elle pouvait agir ici directement, sans cette déformation et sans
être ainsi voilée, elle changerait tout d’une façon absolument
inattendue.
J’espère que vous aurez cet exemple concret un jour !

322
Le 6 janvier 1951

une transformation intégrale

Cet entretien est basé sur les textes de la Mère intitulés


«   Transformation   » et «   Ce qu’un enfant doit toujours se
rappeler   ». (Éducation, p. 88-89, 143-44)

«   Nous voulons une transformation intégrale, la trans-


formation du corps et de toutes ses activités. Mais il est
un premier pas, tout à fait indispensable, qui doit être
accompli avant que rien d’autre ne puisse être entrepris ;
c’est la transformation de la conscience. (...) Cependant
ceci n’est qu’un commencement, car la conscience ex-
térieure, les différents plans et parties de l’être extérieur
et actif ne se transforment que lentement et graduel-
lement comme une conséquence de la transformation
intérieure.   »

Pourquoi est‑ce que je fais une distinction entre la transfor‑


mation intégrale et la transformation de conscience dont j’ai
déjà parlé ? Quel est le rapport entre la conscience et les autres
parties de l’être ? Quelles sont ces autres parties ?
Cette transformation de la conscience est une chose qui
arrive à tous ceux qui ont fait une discipline yoguique et qui
sont devenus conscients de la Présence divine ou de la vérité
de leur être. Je ne dis pas que beaucoup de gens ont réalisé cela,
mais en tout cas assez de gens. Quelle est la différence entre
cette expérience et la transformation intégrale ?

Dans la transformation intégrale la nature extérieure


est transformée en même temps que la conscience
intérieure, c’est-à-dire le caractère, les habitudes, etc.,

323
Paroles de la Mère

changent complètement, ainsi que les pensées et la façon


mentale d’envisager les choses.

Oui, mais il y a quelque chose qui reste le même, à moins que


l’on ne prenne des précautions et que l’on ne continue son
effort. Qu’est‑ce que c’est ? La conscience du corps. Quelle est
la conscience du corps ?... La conscience vitale, c’est entendu
— la conscience physique dans son ensemble. Mais alors, dans
cette conscience physique dans son ensemble, il y a le mental
physique qui s’occupe de toutes les choses ordinaires, qui réagit
à tout ce qui vous entoure. Il y a aussi la conscience vitale, en
effet, qui est la conscience des sensations, des impulsions, des
enthousiasmes et des désirs. Il y a enfin la conscience physique
elle-même, la conscience matérielle, la conscience du corps, et
c’est ça qui, jusqu’à présent, n’a jamais été totalement transformé.
La conscience globale, la conscience d’ensemble du corps a été
transformée, c’est-à-dire qu’on peut se passer de l’esclavage de la
pensée, des habitudes et que l’on ne les considère plus comme
étant inévitables — ça peut changer, ça a été changé ; mais ce
qui reste à changer est la conscience cellulaire.
Il y a une conscience dans les cellules ; c’est cela que l’on
appelle «   la conscience du corps   » et qui est tout à fait attaché
au corps. Cette conscience-là a beaucoup de difficulté à changer
parce qu’elle est sous l’influence de la suggestion collective qui
s’oppose absolument à cette transformation. Alors il faut lutter
avec cette suggestion collective, et pas seulement avec une
suggestion collective du temps présent, mais une suggestion
collective qui appartient à la conscience terrestre dans son
ensemble, la conscience humaine terrestre depuis la première
formation humaine ; il faut que cela soit vaincu avant que les
cellules puissent avoir spontanément conscience de la Vérité, de
l’éternité de la matière.
Jusqu’à présent, il est entendu que ceux qui ont eu cette
transformation consciente, qui sont conscients de la vie

324
Le 6 janvier 1951

éternelle et infinie au-dedans d’eux, dans les profondeurs de


leur être, doivent, pour garder cette conscience, se référer
constamment à leur expérience intérieure, retourner à leur
contemplation intérieure, vivre dans une sorte de méditation
plus ou moins constante ; et quand ils en sortent, leur nature
extérieure est à peu près ce qu’elle était auparavant et leur façon
de penser et de réagir n’est pas très différente, à moins qu’ils
ne renoncent totalement à toute action, mais dans ce cas la
réalisation intérieure, cette transformation de la conscience est
utile seulement pour l’individu qui l’a faite, mais elle ne change
en rien l’état de la matière ou de l’existence terrestre.
Il faut, pour que cette transformation soit effectuée, que tous
les êtres humains, même tous les êtres vivants et l’ensemble
de la matière autour d’eux soient transformés, autrement les
choses resteront ce qu’elles sont — l’expérience individuelle ne
peut changer la vie terrestre, c’est la différence essentielle entre
l’ancienne conception de la transformation, c’est-à-dire la prise
de conscience avec l’être psychique et la vie intérieure, et la
transformation telle que nous la concevons, telle que nous en
parlons. Non seulement l’individu, un ensemble d’individus,
même la totalité des individus, mais la vie, la conscience d’en‑
semble de la vie matérielle plus ou moins développée doivent
être transformés. Sans cette transformation, nous aurons la
même misère, les mêmes malheurs et les mêmes horreurs dans
le monde dont certains individus échapperont par leur déve‑
loppement psychique, mais l’ensemble restera dans les mêmes
conditions de misère.

Si l’on ne change que la conscience intérieure, on peut


avoir toujours des impuretés dans l’être extérieur, n’est‑ce
pas ?

Oui, évidemment. C’est là la différence essentielle entre notre


yoga et les disciplines yoguiques anciennes qui ne s’occupaient

325
Paroles de la Mère

que de la conscience intérieure. Les croyances anciennes


disaient (et quelques-uns interprètent la Bhagavad Gîtâ comme
ça), qu’il n’y a pas de feu sans fumée, pas de vie sans l’ignorance
de la vie. C’est l’expérience générale, mais ce n’est pas ce que
nous concevons, n’est‑ce pas ?
Nous savons par expérience que si l’on descend dans le sub‑
conscient, plus bas que la conscience physique, dans le subcons‑
cient et plus bas encore dans l’inconscient, on peut trouver en
soi l’origine de l’atavisme, ce qui vient de la première éducation
et du milieu dans lequel on a vécu et cela donne une sorte de
caractéristique particulière à l’individu, à sa nature extérieure, et
généralement il est entendu qu’on est né comme ça et que l’on
reste comme ça. Mais en descendant dans le subconscient, dans
l’inconscient, on peut remonter à la source de cette formation
et défaire ce qui a été fait, changer par une action volontaire
consciente les mouvements et les réactions de la nature ordi‑
naire et ainsi transformer véritablement son caractère. C’est
une chose qui n’est pas faite d’une façon courante, mais qui
a été faite, alors on peut affirmer que c’est une chose plus que
faisable, qui a été faite ; c’est le premier pas de la transformation
intégrale, mais après ça il y a cette transformation cellulaire
dont je parlais.
Il y a un article de Sri Aurobindo dans un des Bulletins qui
décrit par quelles étapes l’être physique dans sa totalité peut
être changé. Et c’est ça qui n’a jamais été fait jusqu’à présent.

Est‑ce que l’inconscient en soi-même appartient à l’être


individuel ou à la terre ?

L’inconscience n’est pas individualisée et quand vous descendez


dans l’inconscient en vous-même, vous descendez dans l’incons‑
cient de la matière — on ne peut pas dire que chaque individu a
son inconscient, car ce serait déjà un commencement d’indivi‑
dualisation, et quand vous descendez dans l’inconscient, vous

326
Le 6 janvier 1951

descendez dans l’inconscient, peut-être pas universel, mais en


tout cas terrestre.
La lumière, la conscience qui descend dans cet inconscient
pour le transformer doit être forcément une conscience qui est
suffisamment proche pour pouvoir le toucher. On ne peut pas
concevoir une lumière, par exemple la lumière supramentale,
qui aurait le pouvoir d’individualiser l’inconscient. Mais, à
travers un être conscient individualisé, cette lumière peut être
amenée dans l’inconscient et petit à petit le rendre conscient.
D’abord c’est le subconscient qui doit devenir conscient, et
la principale difficulté de la transformation intégrale est juste‑
ment que les choses surgissent constamment du subconscient.
On pense avoir maîtrisé un certain mouvement, la colère, par
exemple. Vous faites beaucoup d’efforts pour contrôler votre
colère ; vous réussissez dans une certaine mesure et, tout d’un
coup, elle resurgit, on ne sait pourquoi, comme si vous n’aviez
rien fait et il faut tout recommencer. Si c’était la partie trans‑
formée de l’être qui recommençait à être comme ça, ce serait
très décourageant, mais ce n’est pas ça ; c’est la partie, la vie
matérielle qui est pour ainsi dire appuyée, supportée par une
vie subconsciente, et ce subconscient commence justement à
s’individualiser autour des individus, est en affinité avec un
genre de subconscient comme le nôtre, et c’est là que les choses
que vous avez refoulées, chassées de votre nature, descendent,
et puis un jour elles remontent. Mais si vous arrivez à amener
la lumière dans le subconscient et à le rendre conscient, la chose
n’arrivera plus.

On a souvent l’expérience suivante   : on se bat contre un


défaut, un mauvais mouvement, avec plus ou moins de
succès, mais juste au moment où l’on renonce peut-être
à une victoire complète, la chose vous est enlevée comme
de l’extérieur. Pourquoi ?

327
Paroles de la Mère

Il y a deux raisons principales. Dans un cas pareil, on peut


devenir tout d’un coup réceptif et, dans un état de réceptivité,
vous recevez l’aide nécessaire pour éliminer le défaut, et cette
aide devient effective. L’autre raison est que, en continuant
votre effort avec patience et persévérance, vous avez, peut-être à
votre insu, touché la source de la difficulté dans le subconscient
et, une fois que vous avez touché cette source-là, il est facile de
transformer ce que vous avez voulu transformer en vous, mais
cette transformation peut vous donner l’impression de venir
«   de l’extérieur   », parce que vous ne vous rendiez pas compte
de ce qui s’est passé ; ça ne vient pas du dehors, c’est hors de
votre conscience active et vous vous rendez compte seulement
du «   résultat   » de votre action. Cela peut être une de ces deux
choses ou toutes les deux à la fois.

*

une sincérité absolue


ce qu’un enfant doit toujours se rappeler

«   La nécessité d’une sincérité absolue.


La certitude que finalement la vérité triomphera.
La possibilité du progrès constant avec la volonté de
l’accomplir.   »

Pourquoi est‑ce que j’insiste sur une sincérité absolue ? Les petits
enfants ne comprennent peut-être pas ce que c’est la sincérité,
mais les grands enfants doivent le savoir ! Vous avez passé tous
par l’enfance et vous devez vous souvenir de ce qu’on vous a
enseigné, de ce qu’on vous a dit quand vous étiez petits. Les
parents disent presque toujours à leurs enfants   : «   Il ne faut pas
mentir, il est très vilain de mentir   », mais le malheur est qu’ils
mentent devant vous, et vous vous demandez alors pourquoi ils
désirent de vous quelque chose qu’ils ne font pas eux-mêmes.

328
Le 6 janvier 1951

Mais à part cela, pourquoi est‑ce que j’insiste sur ce fait


qu’il faut dire aux enfants depuis le plus petit âge que c’est une
nécessité absolue d’être sincère ? Je ne parle pas de ceux qui ont
été élevés dans une famille ordinaire, avec les idées ordinaires.
Il est très fréquent que l’on enseigne aux enfants à être plus
malins que les autres, à dissimuler pour bien paraître devant les
autres, etc. Il y a des parents qui essayent de mener les enfants
par la peur, et de toutes les méthodes d’éducation, c’est la plus
détestable, car c’est justement un encouragement au mensonge,
à la dissimulation, à l’hypocrisie et tout le reste. Tandis que si
vous êtes constamment à expliquer aux enfants quelque chose
comme ceci   : si vous n’êtes pas absolument sincères non seule‑
ment vis-à-vis des autres, mais aussi vis-à-vis de vous-mêmes, si
vous essayez à aucun moment de dissimuler vos imperfections
et vos défauts, eh bien, vous ne ferez jamais de progrès, vous
resterez toujours à travers la vie tout entière ce que vous êtes,
sans jamais faire un progrès. Par conséquent, si vous voulez
simplement sortir de l’état inconscient primaire pour rentrer
dans une conscience progressive, la chose la plus importante,
la chose qui est absolument importante, c’est la sincérité. C’est
quand vous avez fait quelque chose que vous ne devez pas faire
qu’il faut le reconnaître vis-à-vis de vous-mêmes ; quand vous
avez fait un mouvement qui n’était pas admirable, vous devez
le regarder bien en face en vous disant «   ce n’était pas bien   » ou
bien «   c’était dégoûtant   » ou encore «   c’était méchant   ».
Et ne vous imaginez pas qu’il y ait des gens qui échappent à
cette règle, parce que vous ne pouvez pas vivre dans le monde
physique sans participer à la nature physique, et la nature phy‑
sique est essentiellement mélangée. Vous verrez, quand vous
deviendrez absolument sincères, que vous n’avez rien en vous
qui soit absolument sans mélange ; mais c’est seulement quand
vous vous regardez bien en face, à la lumière de votre cons‑
cience la plus haute, que ce que vous voulez faire disparaître de
votre nature disparaîtra. Sans cet effort vers la sincérité absolue,

329
Paroles de la Mère

le défaut, la petite ombre restera dans un coin en attendant le


moment de sortir.
Je ne parle pas du vital, qui est hypocrite, je ne parle que du
mental. Si vous avez une petite sensation désagréable, un petit
malaise, comme ce mental vous donne vite des explications
favorables ! Il dit que c’est la faute de celui-ci, la faute des
circonstances, que vous avez bien fait, que vous n’êtes pas
responsables, et ainsi de suite. Si vous regardez bien en vous-
mêmes, vous verrez que c’est comme ça et vous trouverez ça
très amusant aussi ! Si un enfant commence de très bonne heure
à se regarder bien en face, à s’observer avec droiture pour ne
pas se tromper lui-même et pour ne pas tromper les autres,
cela deviendra une habitude qui lui évitera bien des luttes plus
tard.
Je parle ici aux parents et aux professeurs, car il est très im‑
portant d’apprendre aux enfants que ça ne sert absolument à
rien d’«   avoir l’air   » d’être sage, d’avoir l’air d’être obéissant,
d’avoir l’air de bien apprendre, etc. Très souvent, la façon d’agir
des parents et des professeurs vis-à-vis des enfants est de les
encourager à «   avoir l’air   ». Il arrive souvent que si un enfant
confesse spontanément sa faute, il reçoit une gronderie. Ça,
c’est une des plus grandes fautes des parents. Il faut être suf‑
fisamment maître de soi pour ne jamais gronder un enfant,
même s’il vous a cassé un objet très précieux et que vous aimez
beaucoup. On doit simplement lui demander   : «   Comment
as-tu fait cela ?   », «   Qu’est‑ce qui s’est passé ?   » Car il faut que
l’enfant voie pourquoi la chose est arrivée, afin qu’il puisse être
plus attentif la prochaine fois, mais c’est tout. Par ce moyen-là,
vous arriverez à ce que l’enfant soit sincère avec vous au lieu
d’essayer de vous tromper.
Le plus grand obstacle à la transformation du caractère
individuel est l’hypocrisie. Si vous vous rappelez toujours cela
quand vous vous trouvez en face d’un enfant, vous pouvez lui
faire beaucoup de bien. Naturellement, il faut simplement lui

330
Le 6 janvier 1951

faire comprendre qu’il y a une noblesse dans l’être, une grande


pureté, un grand amour de la beauté, qui est tellement fort que
même les êtres les plus méchants et les plus criminels, quand ils
se trouvent en face d’un acte vraiment beau, vraiment héroïque,
vraiment désintéressé, ils sont obligés de s’incliner. Car il y a
dans les êtres humains une Présence, la Présence la plus mer‑
veilleuse du monde et, à l’exception de quelques très rares cas
dont je n’ai pas besoin de parler ici, cette Présence est endormie
dans le cœur (pas le cœur matériel, mais le centre psychique)
de tous les êtres, et quand cette Splendeur se manifestera avec
une suffisante pureté, elle éveillera en tout être l’écho de cette
Présence.

Pourquoi l’insincérité reçoit-elle une telle sanction de


la société ?

Parce que la société ne pense qu’à réussir.

Y a-t-il une distinction entre sincérité et loyauté ?

Il y a toujours une distinction entre deux choses différentes.


Naturellement il est très difficile, je suppose, d’être loyal sans
être sincère et vice versa, mais j’ai connu des êtres qui étaient
loyaux mais qui manquaient d’une certaine sincérité. Le con‑
traire aussi n’est pas rare. Les deux choses ne se suivent pas
automatiquement, mais il est évident que l’honnêteté, la droi‑
ture, la loyauté et la sincérité sont des proches parents. Je pense
que c’est très difficile pour un être d’être parfaitement sincère
sans être loyal et honnête, mais cela demande un maximum
naturellement.

La loyauté n’est-elle pas limitée par un sentiment


envers quelque chose ou quelqu’un ? La sincérité est plus
vaste ?

331
Paroles de la Mère

Oui, en effet. La loyauté implique un certain rapport hiérar‑


chique, pour ainsi dire, avec quelqu’un ou quelque chose ; il y
a une sorte d’interdépendance. Selon l’idée courante, la loyauté
veut dire tenir la parole donnée, remplir son devoir scrupuleu‑
sement, etc.
L’individu qui se trouve tout seul dans une forêt peut prati‑
quer la sincérité dans sa totalité, mais on ne peut pratiquer la
loyauté que dans la vie sociale, en rapport avec d’autres êtres.
Celui qui se consacre entièrement à un acte de dévotion inté‑
rieure vis-à-vis de la Présence divine peut être loyal à cette
Présence. Cela implique un rapport avec quelque chose en face
de vous, ou un rapport avec l’universel.

Les généraux allemands étaient loyaux envers Hitler,


mais ils n’étaient pas sincères envers eux-mêmes.

Là, vous touchez à un problème très compliqué. Peut-être qu’ils


étaient sincères vis-à-vis de leur idéal propre. Vous ne savez pas.
J’ai connu des êtres qui étaient les instruments les plus actifs
contre la vie divine, contre la réalisation divine ; eh bien, dans
une certaine mesure, ils étaient très loyaux vis-à-vis de leur idéal
et très sincères dans leur [...] 1 On appelle ces êtres des asuras,
mais comme je viens de dire, ils étaient sincères vis-à-vis de leur
idéal propre.

Alors la sincérité ne suffit pas ?

Je n’ai pas dit qu’ils avaient une sincérité absolue. J’ai simple‑
ment dit qu’ils étaient très sincères. Il y avait peut-être dans un
coin de l’être quelque chose qui n’essayait pas de savoir plus
qu’il ne savait. C’est fort probable.

1.  Mots manquant dans la transcription.

332
Le 6 janvier 1951

Il y a des êtres qui croient avoir atteint la sincérité


absolue.

Quand on est sûr d’avoir atteint la sincérité absolue, on peut


être sûr que l’on est plongé dans le mensonge !

333
Le 18 janvier 1951

l’être psychique et la vérité

Cet entretien est basé sur le texte de la Mère intitulé «   La


science de vivre   ». (Éducation, p. 5) Dans la transcription,
il était précédé par les remarques suivantes.

L’être psychique est formé par la Vérité intérieure, il s’organise


autour d’elle.

Le vital est le dynamisme de l’action. Il est le siège de la volonté,


des impulsions, des désirs, des révoltes, etc.

Le physique est le domaine concret qui cristallise et définit les


pensées, les mouvements du vital, etc. C’est une assise solide à
l’action.

Découvrir son être psychique implique une sorte de convic‑


tion, de foi dans l’existence de cet être psychique. Il faut en
devenir conscient et ensuite le laisser prendre la direction de la
vie et de l’action ; il faut se référer à lui et en faire le guide. On
devient conscient des mouvements de son être en se référant de
plus en plus à l’être psychique.

334
Le 18 janvier 1951

Avoir un but n’est pas suffisant. Il faut avoir la volonté de


l’atteindre en essayant toujours de remonter à l’origine de tous
ses mouvements.
*

Se maîtriser veut dire être conscient de soi et de ses mouve‑


ments, faire ce que l’on a décidé de faire et non pas ce que les
autres veulent.
*

les méthodes de la pratique spirituelle

«   À travers le temps et l’espace, beaucoup de méthodes


ont été préconisées pour obtenir cette perception [de l’être
psychique] et finalement pour accomplir cette identifica-
tion. Certaines méthodes sont psychologiques, certaines
religieuses, certaines, même, mécaniques. À vrai dire,
chacun doit trouver celle qui lui convient le mieux ; et
si son aspiration est ardente et tenace, si sa volonté est
persistante et dynamique, il est sûr de rencontrer d’une
façon ou d’une autre, extérieurement par la lecture ou
l’enseignement, intérieurement par la concentration, la
méditation, la révélation et l’expérience, l’aide dont il a
besoin pour atteindre son but.   »

Quelle est la différence entre les méthodes mécaniques, reli‑


gieuses et psychologiques ? Les méthodes religieuses sont les
méthodes adoptées par les différentes religions. Il n’y a pas
beaucoup de religions qui parlent de la Vérité intérieure, c’est
plutôt pour elles une question de se mettre en rapport avec leur
Dieu. Paradis et Enfer, c’est une façon détournée de dire [...] 1

1.  Mots manquant dans la transcription.

335
Paroles de la Mère

Les méthodes psychologiques sont celles qui s’occupent des


états de conscience, qui essayent de réaliser le moi intérieur
en se retirant de toutes les activités et en tâchant de créer les
conditions intérieures conscientes de détachement, d’abstrac‑
tion, de concentration, de réalité supérieure, d’abandon de tous
les mouvements extérieurs, etc. Ça, c’est une méthode psycho‑
logique, n’est‑ce pas, qui agit sur les pensées, les sentiments et
les actions.
Les méthodes mécaniques sont celles qui consistent à se
baser sur les moyens purement matériels — on peut en tirer
profit si on les utilise d’une certaine façon. Prenez, par exemple,
la méthode respiratoire   : elle agit plus ou moins mécani‑
quement, mais il a été préconisé d’y ajouter une concentration
de la pensée, de répéter un mot, comme dans l’enseignement
de Vivékânanda. Ça va jusqu’à un certain point, mais alors ça
s’éteint ; ce sont des tentatives humaines à travers le temps et
l’espace qui ont plus ou moins abouti d’une façon individuelle,
mais qui n’ont jamais donné de résultats d’ensemble.
La méthode psychologique est beaucoup plus difficile, mais
beaucoup plus efficace   : à travers l’action que vous faites, être
dans cet état de volonté intérieure de n’exprimer en vous que
la vérité de votre être et de tout faire dépendre de cette vérité.
Naturellement, si on ne fait rien, c’est plus facile, mais c’est
aussi plus facile de se tromper. Quand on s’assoit dans un
coin, dans un grand silence et très loin de tout le monde, à se
regarder soi-même avec des yeux plus ou moins indulgents, on
s’imagine être en train de réaliser quelque chose de merveilleux.
Mais quand on est mis à l’épreuve à chaque minute de son
existence, quand on a cent fois par jour l’occasion de se rendre
compte de ses imperfections, de ses infirmités, de ses petites
mauvaises volontés, on perd vite cette illusion d’être [...] 1 et les
efforts sont pour cela plus sincères.

1.  Mots manquant dans la transcription.

336
Le 18 janvier 1951

C’est pour cela que nous avons décidé qu’au lieu d’avoir un
Ashram dans une forêt solitaire où tout est très joli, très reposant,
au lieu d’être très loin du monde à ne s’occuper de rien que de
sa petite personne, au contraire, nous essayons d’adopter toutes
les activités de la vie et de les rendre aussi conscientes que nous
pouvons et, dans les frottements avec les autres, nous rendre
compte plus clairement de tous les mouvements intérieurs.
Se sauver des difficultés n’est jamais un moyen de les sur‑
monter ou de les vaincre. Si vous fuyez devant l’ennemi, vous
ne pourrez pas le vaincre et il y a toutes les chances qu’il vous
vaincra. Voilà pourquoi nous sommes à Pondichéry et pas sur
un sommet de l’Himalaya — quoique j’avoue qu’un sommet de
l’Himalaya serait charmant, mais peut-être pas aussi efficace.
La prochaine fois, je vais parler de la discipline mentale, car à
ce sujet j’ai pas mal de choses à dire. C’est une pierre d’achop‑
pement terrible   : les gens qui croient qu’ils ont une intelligence
supérieure et qui, de cette intelligence, jugent les choses qu’ils
ne savent pas. Car c’est ça qui est, sinon le plus grand, en tout
cas un des plus grands obstacles de l’humanité. Car il se trouve
que l’homme est, de tous les animaux (excusez-moi, mais nous
sommes encore des animaux !), le seul qui puisse se servir d’un
langage articulé et produire des pages et des pages de... Il pense
qu’il est tellement supérieur parce qu’il peut écrire ce qu’il pense
et sent, et le faire lire aux autres. Et de cette grandeur, de cette
noblesse mentale, il traite d’enfantillages des choses qui lui sont
infiniment supérieures.

Est‑ce que l’être psychique s’identifie avec la Vérité


intérieure ?

Il s’organise autour d’elle et se met en contact avec elle. Le psy‑


chique est mis en mouvement par la Vérité. La Vérité est une
chose éternelle existante en soi et ne dépendant de rien ni dans
le temps ni dans l’espace, tandis que l’être psychique est un être

337
Paroles de la Mère

qui croît, qui se forme, qui progresse, qui s’individualise de


plus en plus et, de cette façon, devient de plus en plus capable
de manifester cette vérité, cette vérité éternelle qui est une et
permanente. L’être psychique est un être progressif, ce qui fait
que le rapport de l’être psychique avec la Vérité est un rapport
progressif. Il est impossible de devenir conscient de son être
psychique sans devenir en même temps conscient de la Vérité
intérieure. Tous ceux qui ont eu l’expérience — pas une expé‑
rience mentale, entendez bien, mais une expérience intégrale du
contact avec l’être psychique, pas un contact avec une «   idée   »
qu’ils se sont faite de lui, mais un contact vraiment concret —,
disent tous la même chose   : qu’à la minute même où ce contact
a lieu, on est absolument conscient de cette Vérité éternelle qui
est au-dedans de soi et on voit que c’est elle qui est la raison
d’être de la vie et qui guide le monde. On ne peut avoir l’un
sans l’autre ; c’est même ça qui vous fait comprendre que vous
êtes en rapport conscient avec votre être psychique. Il se peut
que ce ne soit pas un rapport, mais quelque chose qui gouverne
votre vie...
Il y a des gens qui disent qu’il y a quelque chose en dehors
de leur propre volonté qui organise toute leur existence, qui les
met dans les conditions nécessaires, qui amène les circonstances
ou les gens favorables, qui arrange tout pour ainsi dire en dehors
d’eux-mêmes. Dans la conscience extérieure ils ont peut-être
désiré une chose, ils ont travaillé pour elle, mais quelque chose
d’autre est arrivé. Eh bien, au bout d’un certain nombre d’années,
ils comprennent que c’était cela qui devait arriver. On peut ne
pas savoir du tout qu’il y a un être psychique en soi, mais être
quand même guidé par lui. Car pour devenir conscient d’une
chose, il faut d’abord admettre que cette chose existe. Il y a des
gens qui ne l’admettent pas. J’ai connu des gens qui avaient un
véritable contact avec leur être psychique, mais qui ne savaient
pas du tout que c’était cela, parce qu’il n’y avait en eux aucune
chose qui correspondait à la connaissance de ce contact.

338
Le 18 janvier 1951

Est‑ce que l’on peut avoir un contact avec la Vérité


éternelle sans avoir un contact avec son être psychique ?

Certains êtres dans l’univers peuvent avoir ce contact direct


avec la Vérité éternelle sans contact avec l’être psychique, car
ces êtres n’ont pas d’être psychique. Mais dans l’homme il y a
toujours un être psychique, et c’est toujours à travers lui qu’il a
le contact avec la Vérité éternelle ; et ce contact avec l’être psy‑
chique se fait connaître généralement de la même manière, car
il porte en lui sa grâce, sa splendeur et sa béatitude. L’être psy‑
chique est le propre de l’homme, et si on va au fond des choses,
peut-être est‑ce cela qui donne à l’homme sa supériorité.
Il y a beaucoup de ces philosophies anciennes qui n’avaient
pas une connaissance complète de la classification de l’être
— l’être psychique, la vérité intérieure ne leur étaient pas
connus. Ces systèmes avaient des notions tout à fait simplistes,
comme la conscience du dehors et la conscience du dedans, la
conscience de veille et la conscience de sommeil. Ils n’avaient pas
une connaissance détaillée de la psychologie humaine. Ou, s’ils
l’avaient, ils ne jugeaient pas bon de la donner à tout le monde.
Dans le temps, on ne donnait pas la connaissance à n’importe
qui. Il fallait avoir prouvé tout d’abord sa bonne volonté, et
d’une façon très nette ; il fallait donner la preuve d’une capacité
suffisante, d’un degré de développement suffisant, avant que
l’on vous enseigne certaines connaissances. Mais maintenant,
avec la vie moderne, ces connaissances sont imprimées et
n’importe qui peut acheter les livres et les lire, et naturellement
on rencontre par centaines des gens qui ont appris «   un tas de
mots   » sans savoir du tout ce qu’ils veulent dire. Nous avions
ici, à un moment donné, des gens qui déclaraient avoir réalisé le
Supramental mais qui ne savaient même pas ce que c’était.
Avec l’organisation démocratique des choses, cette vulgarisation
de la connaissance est inévitable. Il y a peut-être d’autres moyens
de sélection, plus cachés, moins évidents, mais plus efficaces.
Le 22 janvier 1951

la fonction du mental
la compréhension du point de vue de l’autre

Cet entretien est basé sur le texte de la Mère intitulé


«   La science de vivre   ». (Éducation, p. 5-8)

«   Le mental n’est pas un instrument de connaissance ;


il lui est impossible de trouver la connaissance, mais il
doit être mis en mouvement par elle. La connaissance
appartient à un domaine beaucoup plus élevé que
celui de la mentalité humaine, bien au-dessus de la
région des idées pures. Le mental doit être silencieux et
attentif pour recevoir la connaissance d’en haut et pour
la manifester ; car il est un instrument de formation,
d’organisation et d’action ; et c’est dans ces fonctions
qu’il prend sa pleine valeur et sa réelle utilité.   »

Le mental est «   un instrument de formation, d’organisation et


d’action   ». Pourquoi ? Le mental donne une forme aux pensées.
Ce pouvoir de formation forme des entités mentales avec une
vie indépendante du mental qui les a formées — elles agissent
comme des êtres au moins semi-indépendants. On peut former
une pensée et elle peut se déplacer, aller trouver quelqu’un,
répandre l’idée qui est en elle. Il y a une substance mentale
comme il y a une substance physique et, dans ce domaine-là, le
mental peut émettre d’innombrables formes et on peut objec‑
tiver ces formes et les voir, et c’est là une des explications les
plus courantes des rêves. Car, quand on est actif et que les yeux
physiques voient physiquement, il y a des gens qui peuvent en
même temps voir mentalement. Mais quand on dort, les yeux
sont fermés, le physique est endormi et le vital et le mental

340
Le 22 janvier 1951

deviennent actifs. Dans le domaine mental, toutes les formations


que le mental a faites, de véritables «   formes   » qu’il a données
aux pensées, reviennent et se présentent à vous comme venant
de l’extérieur et vous donnent des rêves. La majorité des rêves,
c’est ça. Il y a des gens qui ont une vie mentale très consciente
et qui peuvent aller dans le domaine mental et s’y mouvoir avec
la même indépendance qu’on a dans la vie physique, c’est-à-
dire avoir des nuits objectives mentalement. Mais la plupart des
gens ne sont pas capables de ça — c’est leur activité mentale qui
continue durant leur sommeil et qui prend des formes, et ces
formes produisent pour eux ce qu’ils appellent des rêves.
Il y a un exemple très fréquent — il est amusant parce qu’il
est un peu vif, n’est‑ce pas ! Si pendant la journée vous vous
êtes querellé avec quelqu’un, vous avez envie, peut-être, de lui
donner des coups, de lui dire des choses très désagréables...
Vous vous contrôlez, vous ne le faites pas, mais votre pensée,
votre mental a travaillé et quand vous dormez vous avez tout
d’un coup un rêve terrible   : quelqu’un vient vers vous avec un
bâton, et vous vous donnez des coups et vous avez une véri‑
table bataille. Et quand vous vous réveillez, si vous ne savez
pas, si vous ne comprenez pas ce qui est arrivé, vous vous dites   :
«   Quel rêve désagréable j’ai eu !   » Mais en réalité, c’est votre
propre pensée qui est revenue vers vous comme ça... Alors
méfiez-vous quand vous rêvez que quelqu’un est méchant avec
vous ! D’abord, il faut se dire   : «   Mais est‑ce que je n’ai pas eu
une mauvaise pensée contre lui ?   »
Les pensées sont de véritables entités qui, généralement,
persistent jusqu’à ce qu’elles soient réalisées. Il y a des gens qui
sont obsédés par leurs propres pensées. Ils pensent quelque
chose et la pensée revient et tourne dans la tête comme si c’était
quelque chose du dehors. Mais ce sont leurs propres forma‑
tions qui reviennent ainsi constamment et se cognent contre
leur formateur, c’est-à-dire le mental. Ça, c’est un aspect. Vous
n’avez jamais eu l’expérience d’une pensée qui prend la forme

341
Paroles de la Mère

de mots, d’une phrase dans votre tête, et ça vient et ça revient ?


Mais si vous êtes assez habile pour prendre un papier et un
crayon et l’écrire, c’est fini — ça ne revient plus, vous l’avez
mise en dehors de vous. La chose a eu la petite satisfaction
d’une manifestation suffisante et elle ne revient plus.
Et une chose beaucoup plus intéressante   : si votre pensée est
mauvaise, si elle ne vous plaît pas et qu’elle vous dérange, vous
l’écrivez avec beaucoup d’attention, très soigneusement, en y
mettant autant de conscience et de volonté que vous pouvez ;
vous prenez ensuite le papier et, en vous concentrant, vous le
déchirez avec la volonté que la pensée soit déchirée de la même
façon. Comme ça vous pouvez vous en débarrasser.
Le mental est un instrument d’organisation. Dans le domaine
extérieur, il y a des gens qui ont un mental lui-même organisé,
qui ont organisé leurs propres idées (et notez que ce n’est pas
une chose très fréquente !), leurs propres pensées ; mais si vous
regardez au-dedans de vous, vous verrez que vous avez des
pensées très contradictoires et si vous n’avez pas pris soin de les
organiser, elles cohabitent pour ainsi dire dans votre tête et elles
y font un désordre complet.
Par exemple, j’ai connu quelqu’un qui pouvait en même
temps avoir dans sa tête les idées les plus mystiques et les idées
les plus positivistes, c’est-à-dire les idées les plus matérialistes,
les négations de tout ce qui n’est pas purement la matière ; tout
ça n’était pas organisé et cette personne était constamment
ballottée d’un côté à l’autre dans une confusion constante.
Notez que je ne désapprouve pas que l’on ait toutes ces idées   :
c’est bon de pouvoir regarder les choses de tous les côtés à la
fois, et comme nous avons dit l’autre jour, il y a un moyen de
concilier les idées les plus contraires, mais il faut en prendre la
peine   : il faut les organiser dans sa tête, autrement on vit dans
un chaos. J’ai remarqué une autre chose   : les gens qui ont du
désordre dans leur tête gardent leur chambre et leurs affaires
dans un désordre analogue. J’ai vu des gens qui n’avaient

342
Le 22 janvier 1951

aucun ordre dans leur esprit et si vous ouvrez un tiroir de leur


commode ou de leur armoire, c’est une confusion effroyable
— tout est pêle-mêle. Il y a des gens qui sont intelligents et qui
ont des papiers sur lesquels ils écrivent des notes — des auteurs
par exemple —, mais si par hasard ils ont besoin d’un de ces
papiers, ils doivent passer une heure à le chercher en tournant
tout sens dessus dessous ! Ou ils trouvent le papier dans la
corbeille à papier ou dans le tiroir où on met les mouchoirs.
Enfin, c’est comme ça, n’est‑ce pas !
Il y a des gens qui ne sont peut-être pas très intelligents, mais
qui ont pris la peine de mettre en ordre les quelques idées qu’ils
ont ; si vous ouvrez une armoire, vous verrez qu’ils ont très peu
de choses, mais ces choses sont bien rangées, bien en ordre,
parce qu’ils ont organisé les choses matérielles de la même
façon qu’ils ont organisé leurs pensées. Le mental est donc un
instrument d’organisation.
Ceux qui ont le pouvoir d’organisation peuvent d’abord
organiser leurs petites affaires personnelles, ensuite leur vie et les
événements de leur vie ; ils ont peut-être la responsabilité d’un
certain nombre de gens   : ils peuvent organiser une entreprise,
une école, n’importe quoi, n’est‑ce pas ; ou s’ils ont le pouvoir
gouvernemental, ils peuvent organiser un pays. Il y a des gens
qui ont ce pouvoir d’organisation et d’autres qui ne l’ont pas.
Je vais vous donner un exemple de quelqu’un qui avait ce
don d’organisation. C’est une histoire ancienne et on peut
toujours raconter les histoires anciennes, n’est‑ce pas ! J’ai
connu Sir Akbar Hydari qui était d’abord ministre des finances
de Hyderabad et, après, son premier ministre. Avant lui, les
finances de Hyderabad étaient dans ce chaos dont j’ai parlé et
le gouvernement était toujours en déficit. C’était un pays riche
qui n’aurait pas dû être dans cette condition. Alors, Sir Akbar
est arrivé ; il est devenu ministre des finances et, dès la pre‑
mière année, ils ont eu quelques lakhs de bénéfice et tout était
si merveilleusement organisé que c’était peut-être un des seuls

343
Paroles de la Mère

pays au monde où les gens n’avaient pas à payer de taxes... Ils ne


payaient ni taxes ni impôts et jamais l’État n’était en déficit et
cela a duré tout le temps qu’il était ministre. Mais il est tombé
malade, il a été obligé de s’en aller ; finalement il est mort. Il
a été remplacé par quelqu’un qui n’avait pas son don d’orga‑
nisation et immédiatement, dès la première année, ils avaient
de nouveau 17.000 lakhs de déficit ! 1 C’était le même pays,
n’est‑ce pas, avec le même rendement, les mêmes gens, mais le
merveilleux don d’organisation de Sir Akbar n’y était plus. Ça,
c’est une histoire vraie. Il y a très peu de gens qui ont ce don.
C’est comme si vous aviez un très grand nombre de choses
disparates en face de vous   : en faire toutes les combinaisons pos‑
sibles prendrait un siècle. Il y a des gens qui n’ont pas besoin de
faire cela — ils ont la vision, ils savent immédiatement où placer
les choses et établir un rapport d’organisation entre elles, afin de
créer quelque chose d’ordonné et d’organisé. Il est indispensable
dans la vie d’avoir cette capacité d’organisation ; et si vous voulez
apprendre à organiser, commencez par organiser votre tiroir et
vous finirez par organiser votre tête ! Ce sont les deux choses que
certains doivent faire. Il faut d’abord voir les idées dans votre
tête avant de pouvoir les organiser — en tout cas vous pouvez
voir vos mouchoirs et vos costumes ! Mais vous verrez qu’il faut
y appliquer un soin pour arriver à un arrangement intelligent
— ne pas mettre les choses dont vous vous servez tous les jours
sous les choses que vous utilisez une fois par mois !
Le mental est aussi un instrument d’action. Les pensées
forment les plans. La pensée forme le plan d’action et, avec
cette formation dont je vous parlais d’entités indépendantes et
agissantes, elle met en mouvement les autres parties de l’être
(le vital et le physique) et les pousse vers une action. Il arrive
souvent, n’est‑ce pas, que vous ayez une pensée vers une action

1.  Cette somme semble trop élevée. Il se peut qu’une erreur se soit glissée
dans le chiffre communiqué à Mère, ou que ses paroles aient été mal transcrites.

344
Le 22 janvier 1951

quelconque ; vous ne la faites pas immédiatement, mais la pensée


qui veut se manifester dans cette action revient sans cesse. Vous
entendez peut-être dans votre tête les mots   : «   Il faut que je fasse
ça, il faut que je fasse ça   », jusqu’à ce que vous lâchiez tout et
que vous fassiez ce que vous avez «   pensé   ». Eh bien, ça c’est le
pouvoir d’action du mental. Avant de l’avoir, il faut apprendre à
organiser, à harmoniser et à maîtriser votre mental. Mais quand
on a ce pouvoir, on peut commencer à agir volontairement,
tandis que la plupart des gens sont ballottés par des pensées
dont ils n’ont même pas suivi la formation.
Il y a beaucoup de gens dont les pensées viennent de dehors,
qui n’ont pas pris le soin d’organiser leur mentalité qui est une
sorte de place publique. Alors toutes les pensées qui viennent
du dehors s’y rencontrent ; il y a parfois des batailles, on ne peut
plus bouger, on n’y voit pas clair, etc. Il y a aussi des gens qui
sont dans un état mental plus ou moins atone. Tout d’un coup,
ils se trouvent en face de quelqu’un dont le mental est bien
organisé et ils commencent à penser clairement, et des choses
qu’ils ne savaient pas une minute avant. Il y en a d’autres, au
contraire, qui normalement pensent très clairement, ils savent
exactement ce qui se passe dans leur tête. Mais ils arrivent en
face de certaines gens et tout devient confus, vague, embrouillé,
ils n’arrivent pas à attraper le fil de leurs pensées et ne savent
plus ce qu’ils veulent dire. Ce sont les effets de la contagion et
cette contagion mentale est constante. Il y a très peu de gens
qui ne reçoivent pas des pensées de dehors. J’ai connu des gens
— beaucoup — qui, par exemple, avaient une foi très forte,
voyaient très clair en eux-mêmes, savaient très bien ce qu’ils
voulaient faire, etc. Mais ils se trouvaient au milieu d’autres
gens, ils essayaient d’attraper tout ça, ils voulaient l’exprimer,
mais ils ne le trouvaient plus ; cela avait été remplacé par quelque
chose qui bougeait dans une sorte de confusion semi-obscure
et ils se sentaient incapables de formuler leur pensée qui était
auparavant très claire.

345
Paroles de la Mère

Il y a un autre phénomène qui est considéré comme un phé‑


nomène spirituel, mais qui est spirituel seulement d’une façon
indirecte   : c’est quand vous vous trouvez à côté de quelqu’un qui
a maîtrisé la pensée en lui et qui a le silence mental, vous sentez
tout d’un coup ce silence descendre en vous, et une chose qui
vous était impossible une demi-heure avant devient tout d’un
coup une réalité. Ça, c’est un phénomène assez rare.

«   Une autre habitude qui peut être profitable au progrès


de la conscience, consiste, lorsqu’on est en désaccord
avec quelqu’un sur un sujet quelconque, une décision
à prendre, une action à accomplir, à ne jamais rester
enfermé dans sa propre conception, son propre point de
vue. Au contraire, il faut s’efforcer de comprendre le point
de vue de l’autre, de se mettre à sa place, et au lieu de se
disputer ou même de se battre, il faut trouver la solution
qui puisse raisonnablement satisfaire les deux parties   : il
y en a toujours une pour les gens de bonne volonté.   »

Je dis ça surtout pour les gens d’action qui ont une pensée
directe et formatrice, très active, dynamique. Ils voient les
choses d’une façon linéaire et c’est nécessaire pour agir ; ils
voient qu’une chose doit être faite «   comme ça   ». Une autre
personne peut avoir une pensée aussi dynamique et dire   :
«   Non, ça doit être fait comme ça.   » Donc on se dispute, on
n’arrive pas à se mettre d’accord. Mais on peut se taire une
minute et regarder la chose calmement. L’autre personne
n’est pas nécessairement de mauvaise volonté — son point de
vue peut être vrai ou partiellement vrai —, il s’agit de savoir
pourquoi elle pense comme ça. Alors, on s’arrête, on réfléchit
et on essaye de s’identifier avec le point de vue de l’autre, de
se mettre à sa place, de se dire   : «   Il a peut-être une raison
pour penser comme ça, et elle est peut-être meilleure que la
mienne.   » Et, de cette façon, il faut tâcher de trouver la solution

346
Le 22 janvier 1951

qui peut raisonnablement satisfaire les deux partis. Ça, c’est


très important quand il s’agit d’affaires matérielles. Chacun,
naturellement, ne voit que son point de vue personnel et son
point de vue personnel est toujours intéressé. On a beaucoup
de peine à admettre un autre point de vue, car ce point de
vue peut vous être «   detrimental   » [préjudiciable]. Ceci est
une vérité absolue quand il s’agit de nations. Si les nations,
au lieu de se disputer continuellement pour des choses qui
sont évidentes et de soutenir leur propre intérêt et de ne voir
que leur angle personnel, c’est-à-dire l’angle de la personnalité
nationale, si au lieu de faire tout ça, elles tâchaient de com‑
prendre que chaque nation a son droit de vivre sur terre et qu’il
ne s’agit pas d’enlever ce droit, mais de trouver un compromis
qui peut satisfaire tout le monde... Il y a toujours une solution,
mais à une condition (pas pour trouver la solution, mais pour
la mettre en pratique), c’est que les individus et les nations
soient de bonne volonté.
S’ils n’ont pas de bonne volonté, s’ils savent parfaitement
bien qu’ils ont tort mais cela leur est absolument égal, s’ils
veulent leur intérêt même s’ils ont tout à fait tort, alors il n’y a
rien à faire — il n’y a qu’à laisser les gens se battre et se détruire
réciproquement. Mais si, au contraire, il y a bonne volonté
réciproque, il y a toujours une bonne solution.

Pouvez-vous définir «   compromis   » ?

C’est une solution intermédiaire. Ce n’est pas toujours le juste


milieu. Il faut trouver une sorte d’harmonisation.
Je vais vous raconter une autre histoire, celle d’un marchand
qui partait en voyage et qui dit à son voisin   : «   Je pars, je ne sais
quand je reviendrai... Gardez-moi ce grand pot, je le reprendrai
quand je reviendrai.   » Après quelque temps, le voisin a été tenté
d’ouvrir le pot — il l’a fait et il a trouvé sous une épaisse couche
de poussière... des pièces d’or ! Cela représentait pour lui une

347
Paroles de la Mère

grosse tentation ; il commença à se dire   : «   Peut-être que mon


ami est mort, peut-être qu’il ne reviendra plus... à quoi ça sert de
garder tout cet argent là-dedans ? Et justement, j’ai tant besoin
d’argent !   » Alors il en prend, un peu, encore un peu, beaucoup
jusqu’à ce que tout l’or qui était dans le pot soit parti. Les olives
qui cachaient l’or étaient pourries, n’est‑ce pas, et il les a jetées.
Alors, voilà le marchand qui revient et qui dit à son voisin   :
«   Rends-moi mon pot.   » Quelques jours plus tard, le voisin rend
le pot tout couvert de poussière, comme il était avant. Le mar‑
chand ouvre le pot et trouve seulement des olives fraîches, tout
l’or est parti. Il va chez le juge et explique ce qui est arrivé. Mais
le juge dit   : «   Comment est‑ce que je puis être sûr que tu dis la
vérité ? Peut-être le voisin est sincère.   » Ils se disputaient et ne
pouvaient trouver une solution. Le marchand, qui avait mal à la
tête, se disait   : «   Je vais me promener en ville ce soir.   » Il est donc
allé à travers la ville et, tout d’un coup, il voit des enfants qui
étaient en train de jouer et ils avaient un pot   : il y avait aussi le
marchand, le voisin et le juge ! Le juge disait au voisin   : «   Ouvre-
moi ce pot. Mais je ne vois que des olives fraîches ! Depuis com‑
bien de temps le marchand était-il parti ?   » — «   Depuis deux
ans et demi.   » — «   Vraiment ? Alors vous n’avez pas pu garder
les olives fraîches pendant si longtemps ? Vous n’avez pas par
hasard enlevé ce qui était dans le pot pour le remplacer par les
olives fraîches ?   » Le voisin s’enfuit. Le marchand se disait   : «   Eh
bien, ces enfants sont beaucoup plus intelligents que moi, ils
ont trouvé la solution immédiatement.   » Il est donc retourné
chez son voisin pour lui poser les mêmes questions et, naturel‑
lement, celui-ci n’avait plus rien à dire et a été obligé d’admettre
la vérité.

348
Le 30 janvier 1951

la foi, la sincérité et la soumission


les mondes invisibles
le vital et l’émotion psychique

Cet Entretien est basé sur le Chapitre III de La Mère de


Sri Aurobindo.

«   Plus votre foi, votre sincérité et votre soumission sont


complètes, plus la Grâce et la protection seront avec vous.
Et quand la Grâce et la protection de la Mère divine
sont avec vous, qu’est‑ce qui peut vous toucher, ou qui
avez-vous à craindre ? Un peu même de sa Grâce vous
portera à travers toutes les difficultés, tous les obstacles
et tous les dangers. Entouré de sa pleine Présence, vous
pouvez aller sans crainte sur votre chemin, car c’est le
sien, peu soucieux de toutes les menaces, sans être affecté
par aucune hostilité, si puissante soit-elle, qu’elle vienne
de ce monde ou des mondes invisibles. Son contact peut
tourner les difficultés en occasions, l’insuccès en succès et
la faiblesse en force qui ne défaille point. Car la Grâce
de la Mère divine est l’assentiment du Suprême et, tôt
ou tard, son effet est sûr ; c’est une chose décrétée, inévi-
table et irrésistible.   »
Que veut dire «   décrétée   » ?

Ça vient du mot «   décret   ». C’est une loi, c’est quelque chose


qui est... On décrète que telle chose sera faite de telle manière,
par exemple. Les gouvernements produisent des décrets sur ce
qui doit et ne doit pas être fait. Ce sont des ordres donnés
d’une façon officielle. Alors, dans ce cas-ci, c’est un ordre du
Suprême, c’est un ordre donné qui est inévitable.

349
Paroles de la Mère

«   Entouré de sa pleine Présence, vous pouvez aller sans


crainte sur votre chemin, car c’est le sien...   »

C’est le même chemin. De la minute où vous êtes entouré de


la Grâce divine et que vous vous êtes mis dans les conditions
pour avoir la Grâce divine, votre chemin et le sien sont devenus
les mêmes.

Quels sont les «   mondes invisibles   » ?

Ça, c’est une question formidable !


Vous avez entendu et vous avez lu qu’on est fait de différents
états d’être, n’est‑ce pas   : le physique, le vital, le mental, le
psychique, le spirituel, etc. Eh bien, tous ces états d’être inté‑
rieurs correspondent à des mondes invisibles. Il y a un monde
physique, un monde vital, un monde mental, un monde psy‑
chique et beaucoup de mondes spirituels, toute une échelle
de mondes de plus en plus subtils, de plus en plus proches du
Suprême. Alors, comme vous portez une correspondance de
cela en vous, par une étude de votre être intérieur, par une prise
de conscience de votre être intérieur, vous vous rendez capable,
petit à petit, de prendre conscience aussi de ces mondes in‑
visibles. Par exemple, le mental   : si le mental est conscient,
coordonné, bien gouverné, il peut se promener dans le monde
mental, s’y promener comme le corps se promène dans le
monde physique et voir comment est ce monde mental, ce
qui s’y passe, quels en sont les caractéristiques et ainsi de suite.
Ce ne sont pas des choses qui sont en elles-mêmes invisibles
— elles sont invisibles pour la conscience physique et pour
les sens physiques, mais pas pour les consciences correspon‑
dantes intérieures et les sens correspondants intérieurs. Parce
que, par développement systématique, on peut obtenir des
sens dans ces mondes et alors on peut vivre d’une vie analogue
— avec des caractéristiques différentes, mais je veux dire d’une

350
Le 30 janvier 1951

vie objective — dans ces mondes, si on est soi-même suffi‑


samment développé. Autrement, ce serait pour nous comme
s’ils n’existaient pas. Si nous ne portions pas en nous-mêmes
la correspondance de tout ce qui est dans l’univers, cet univers
serait pour nous comme s’il n’existait pas. Et c’est seulement
une question de développement systématique et méthodique.
Il y a des gens qui ont ça spontanément pour des raisons di‑
verses, généralement par suite de longues préparations dans
des vies antérieures, quelquefois par des circonstances spécia‑
lement favorables — ils sont nés dans un milieu, de parents
qui avaient ces facultés-là développées, et dès leur enfance on
les a aidés à les développer. Il y en a d’autres qui doivent les
acquérir systématiquement par une discipline intérieure ; ça
prend du temps, c’est long, mais enfin ce n’est pas beaucoup
plus long que pour un cerveau d’enfant d’arriver à comprendre
les mathématiques abstraites. Il faut des années pour ça.

Ces mondes invisibles sont-ils dans l’univers dans un


endroit fixe ?

Ils font partie de l’univers, naturellement... oui, on peut dire dans


un endroit défini. Mais pour comprendre ça, pour comprendre
ces choses-là, il faut avoir un esprit capable de comprendre qu’il
y a d’autres dimensions que les dimensions purement maté‑
rielles, n’est‑ce pas. Parce que si on vous dit que vous avez votre
être psychique au-dedans de votre corps, cela ne veut pas dire
que, si vous ouvrez votre corps, vous trouverez votre être psy‑
chique là-dedans. Vous trouverez votre cœur, votre estomac et
le reste, mais pas votre être psychique. Et pourtant c’est correct,
il est au-dedans de vous ; il vous dépasse aussi, mais il est dans
une autre dimension. Et on peut dire qu’il y a autant de dimen‑
sions qu’il y a de mondes différents. Certainement, tous ces
mondes invisibles — soi-disant invisibles — sont contenus
pour ainsi dire dans l’univers matériel. Mais ils ne prennent

351
Paroles de la Mère

pas la place d’autres choses. Enfin, par une comparaison qui


n’est pas parfaite — ça ne vaut qu’en tant que comparaison —,
tu peux contenir dans ton cerveau une quantité innombrable
d’idées et tu n’as certainement pas la sensation que, pour qu’il
en vienne une, il faut en chasser une autre, n’est‑ce pas ? Ça
n’occupe pas un espace de ce genre-là.

«   ... et les conditions nécessaires pour sa création...   » 1

Elles sont innombrables et différentes suivant les gens et les


circonstances. Mais elles se réduisent, après tout, à ce qu’il a
dit au commencement, ou un peu plus loin, je ne sais pas...
Voilà   : «   ... la foi, la sincérité et la soumission.   » Ça, ce sont
les conditions nécessaires. Et après, il décrit quel genre de foi,
quel genre de sincérité et quel genre de soumission. Ça, ce
sont les conditions nécessaires pour que sa victoire soit rem‑
portée sur les forces adverses. Les conditions de votre côté,
n’est‑ce pas. Ses conditions à elle — je suppose qu’elle les rem‑
plit spontanément —, c’est de répondre à l’aspiration, d’avoir
la puissance, la clairvoyance, la connaissance et la volonté. Ça,
c’est évident. Alors, il faut lui donner un terrain sur lequel
elle peut travailler, et des conditions dans lesquelles elle peut
travailler, et ces conditions sont celles-là   : la foi, la sincérité
et la soumission — une foi pure, sans mélange, une sincérité
parfaite, intégrale et une soumission sans conditions. C’est ça
qu’il vous a décrit.

Est‑ce qu’il y a un nombre limité de dimensions ?

Limité ? ou illimité ? qu’est‑ce que tu demandes ? Combien de


1.  «   Ne demandez rien d’autre que la Vérité divine, spirituelle et supramen‑
tale, sa réalisation sur terre, en vous et dans tous ceux qui sont appelés et choisis,
et les conditions nécessaires pour sa création et sa victoire sur toutes les forces
adverses.   »

352
Le 30 janvier 1951

dimensions ? Ah, faut-il demander ça aux mathématiciens ou


aux occultistes ? à l’occultiste !
Voilà   : il y a un nombre limité d’une certaine façon ; mais
comme dans chacune de ces dimensions il y a un autre nombre
limité de subdivisions, et comme dans ces subdivisions il y a
encore un nombre considérable de subdivisions, nous pouvons
dire que c’est illimité, et pourtant c’est limité. Alors, si tu com‑
prends quelque chose, tu as de la chance !

Si le nombre est limité, il y en a combien ?

Douze.

Comment se fait-il qu’il y ait «   une foi égoïste dans l’être


mental   » 1 ?

Il l’a très bien décrit   : «   colorée par l’ambition   », etc. Moi, je


trouve que si on met ça d’une autre façon, c’est beaucoup plus
vrai. Quelle est la foi qui n’a pas en elle un peu de tout ça ?
Parce qu’il est dit, il a été répété que la foi, si la foi est pure, elle
est capable de... rien ne peut lui résister. C’est-à-dire, si on avait
une foi tout à fait pure, pure de toutes ces choses, une vraie
foi, disons la vraie foi, eh bien, il n’y aurait rien d’impossible ;
on pourrait être transformé du jour au lendemain, on pourrait
faire descendre le Supramental en un moment, on pourrait...
N’importe, faire n’importe quoi, si on avait la foi. Mais il faut
que ce soit une foi pure, qu’elle ne soit mélangée avec aucune
réaction personnelle ni volonté personnelle.
Une foi pure est une chose toute-puissante et irrésistible.
On ne rencontre pas souvent de foi qui soit toute-puissante et
1.  «   Une foi égoïste de l’être mental et vital, colorée par l’ambition, l’orgueil,
la vanité, l’arrogance mentale, l’obstination vitale, les exigences personnelles, le
désir pour les mesquines satisfactions de la nature inférieure, est une flamme
basse et fumeuse qui ne peut s’élever droit vers le ciel.   »

353
Paroles de la Mère

irrésistible, cela prouve qu’elle n’est pas tout à fait pure. Il faut
tourner le problème comme ça   : par exemple, chacun de nous a
une foi, une foi en quelque chose, mettons la foi en la Présence
divine au-dedans de nous. Si notre foi était pure, immédiatement
nous serions conscients de cette Présence divine au-dedans de
nous ; c’est un exemple très simple à comprendre. On a la foi,
elle est là, mais on n’en a pas l’expérience. Pourquoi ? Parce que la
foi n’est pas pure. Si la foi était tout à fait pure, immédiatement
ce serait fait. C’est très réel. Alors, quand on s’aperçoit que ce
n’est pas tout de suite réalisé, on peut commencer à regarder   :
«   Mais pourquoi est‑ce que ce n’est pas réalisé ? Qu’est‑ce qu’il y
a dans ma foi ?   » Et si on regarde toujours avec la même sincérité,
si on regarde, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de petites choses
là-dedans, tant de petites choses, pas grosses — grosses comme
ça —, qui sont repoussantes... non, de petites choses. Combien
de fois il s’y mélange un petit amour-propre, quelque chose
comme... et puis, un désir — pas très violent, qui ne se montre
pas beaucoup — de l’importance que ça vous donne, du pouvoir
que ça vous donnera et des satisfactions que cela vous donnera...

Dans les mondes invisibles, est‑ce que l’on voit des


choses comme dans le monde physique ou comme dans
les rêves ?

Il faut s’entendre sur les rêves ! Il y a des rêves où l’on voit des
choses d’une façon tellement précise, tellement concrète que le
monde matériel vous paraît un peu irréel à côté. Il y a des rêves
comme ça, où les choses sont tellement intenses, tellement
précises, tellement concrètes, tellement objectives, et qui vous
laissent une impression tellement forte que le monde matériel
a l’air un peu, n’est‑ce pas, comme un brouillard, pas très clair,
pas très précis. Alors, si c’est un rêve comme ça, oui. Mais si
c’est un rêve où les choses s’entrechoquent d’une façon incohé‑
rente, inconsistante, non.

354
Le 30 janvier 1951

Le premier pas, il faut savoir discerner entre les différents


états d’être intérieurs, c’est-à-dire pouvoir savoir avec certitude   :
ça, ça appartient au vital ; ça, ça appartient au mental ; ça, ça
appartient au psychique ; ça, ça appartient au matériel. Et
comme j’ai dit tout à l’heure, il y a des sous-degrés dans tout ça.
Il y a un vital matériel, un vital vital, un vital mental, un vital
sous l’influence psychique. Il faut pouvoir classer les choses
d’une façon très claire, ne pas faire des mélanges, comme ça,
de vagues confusions au-dedans de soi   : «   Tiens, d’où vient
ce mouvement-là, qu’est‑ce que c’est ?   » N’est‑ce pas, des
impressions sans précision... Premier pas.
Second pas, vous apprenez à vous concentrer dans un de
ces états intérieurs, vous choisissez celui que vous sentez le
plus vivant, le plus développé en vous et vous apprenez à vous
concentrer là, et puis vous faites les mêmes exercices — je ne
sais si vous vous souvenez des exercices que vous faisiez quand
vous étiez tout petit pour marcher, pour boire, pour parler, pour
entendre, pour sentir, mais vous avez fait beaucoup d’exercices.
Tous les enfants font des exercices sans savoir qu’ils en font,
mais ils en font. Alors, il faut faire une chose analogue. Il faut
construire des sens, les développer, les rendre conscients, indé‑
pendants et précis dans leurs perceptions. Ça, c’est la deuxième
étape. Ça peut prendre du temps, ça peut venir vite ; cela dé‑
pend du degré de développement de votre être intérieur.
Après ça — ce n’est qu’un début —, après ça, il faut apprendre
à s’isoler de toutes les autres parties de l’être, se concentrer en
celle où on veut avoir l’expérience, et se concentrer de telle
façon qu’on entre en contact avec le monde extérieur corres‑
pondant — je ne veux pas dire que c’est une extériorisation
qui laisse votre corps dans un état de coma, non ; il suffit d’une
concentration très intense, un pouvoir de s’isoler de tout le reste
excepté de l’endroit dans lequel on se concentre. Et puis vous
entrez en rapport avec le monde correspondant. Il faut vouloir
et vous apprenez petit à petit à le faire. Et alors là, vous avez

355
Paroles de la Mère

justement l’exercice nécessaire pour perfectionner les sens que


vous avez développés petit à petit, pour leur donner un champ
d’action. D’abord vous serez peut-être un peu perdu dans ce
monde extérieur, vous ne serez pas tout à fait à l’aise. Mais petit
à petit vous vous habituerez et commencerez à vous y déplacer,
en suivant le mode de déplacement de chacun de ces mondes.
Alors, si on sait d’avance comment ce sera (le mental est un
instrument formateur tellement magnifique qu’il peut vous
construire toute une expérience et qu’elle ne sera jamais une
vraie expérience, malheureusement), ce sera seulement une
construction mentale. Alors, généralement, quand on veut ins‑
truire quelqu’un dans ces choses occultes, on ne lui dit jamais
ce qui va arriver pour commencer. La seule chose qui se passe,
s’il lui arrive quelque chose, s’il dit   : «   Cela m’est arrivé   », on lui
dit   : «   Oui, c’est correct   » ou   : «   Non, ce n’est pas correct.   » On
peut l’aider. Mais d’avance on ne lui dit pas   : «   Vous irez dans tel
endroit   », «   Ça sera de telle manière   », «   Vous aurez telle expé‑
rience   », etc., etc., etc., parce que tout ça, alors, peut se produire
seulement par le fait d’une construction mentale bien faite et
dans laquelle vous vous promenez avec aisance. Alors ça, c’est
vraiment un rêve !

Si on n’est pas conscient de la Présence divine, est‑ce


qu’on peut jouir de la protection divine ?

Là aussi, ça dépend des cas. Cela peut être ; ce n’est pas toujours
comme ça, mais cela peut être. Il peut arriver que la Grâce di‑
vine soit sur quelqu’un qui n’en sache rien. Cela arrive même
plus souvent que l’on ne pense.

Une émotion est-elle toujours un mouvement vital ?

Ça dépend de quelle émotion et ça dépend aussi de ce qu’on


appelle «   émotion   ». Par exemple, il y a une condition dans

356
Le 30 janvier 1951

laquelle, si on est mis en présence d’un mouvement psychique


très précis, très clair, c’est-à-dire très distinctement psychique
— cela arrive assez fréquemment —, l’émotion est tellement
forte que les larmes viennent aux yeux. On n’est pas triste, on
n’est pas heureux, ni l’un ni l’autre ; ça ne correspond pas à un
sentiment quelconque, mais c’est une intensité d’émotion qui
provient d’un contact avec quelque chose qui est clairement,
d’une façon précise, psychique ; cela peut être en soi-même,
mais c’est encore plus souvent en quelqu’un d’autre. Quand
on est en contact avec une action, un mouvement, une mani‑
festation d’ordre psychique, alors, tout d’un coup, les yeux se
remplissent de larmes. Si on appelle cela une émotion, évi‑
demment, c’est une émotion, n’est‑ce pas. Mais, généralement,
ça provient d’une chose   : l’être physique a un besoin très peu
conscient mais très intense du contact avec la vie psychique. Il
se sent pauvre, dénué, isolé et abandonné quand il n’est pas en
contact avec l’être psychique. Il n’y a pas un être physique sur
un million qui le sache. Mais ces espèces d’impressions, n’est‑ce
pas, d’être comme perdu, suspendu, sans protection, sans
soutien, manquant de quelque chose, on ne sait pas de quoi,
quelque chose qu’on ne comprend pas mais qui vous manque,
un vide quelque part, eh bien, cela arrive plus souvent qu’on
ne le croit — les gens ne savent pas du tout ce que c’est. Mais
alors, quand pour une raison quelconque, tout d’un coup, cette
conscience se trouve en rapport avec un phénomène clairement
psychique, se trouve en rapport avec les forces psychiques, les
vibrations psychiques, l’impression est tellement forte, telle‑
ment forte que, certainement, le plus souvent, le corps peut à
peine le contenir — c’est comme une joie trop grande, n’est‑ce
pas, qui déborde de tous les côtés —, qu’on ne peut pas le
contenir, on ne peut pas le maintenir au-dedans de soi. Alors,
ça, c’est comme ça... Il y a tout d’un coup une sorte de révéla‑
tion, pas très consciente, pas clairement exprimée, mais la révé‑
lation de   : c’est ça, c’est ça qu’il me faut. Et c’est tellement fort,

357
Paroles de la Mère

tellement fort que ça donne une émotion, n’est‑ce pas, qui est
faite de tant de choses qu’on peut à peine exprimer ce que c’est.
Ça, ce sont des émotions qui ne sont pas vitales.
Les émotions vitales sont tout à fait d’une autre nature
— elles sont très claires, très précises, vous pouvez les exprimer
d’une façon très nette ; elles sont violentes, elles vous remplissent
d’une... généralement d’intensité, d’agitation, quelquefois
d’une grande satisfaction. Et puis alors, il y a l’opposé qui vient
avec la même force. Et alors les gens... Il y a beaucoup de gens
qui croient (c’est une chose dont nous avons parlé déjà plu‑
sieurs fois), il y a des gens qui s’imaginent qu’ils ne connaissent
l’amour que quand l’amour est comme ça, quand l’amour est
dans le vital, quand ça s’accompagne de tous les mouvements
du vital, toute cette intensité, cette violence, cette précision, cet
éclat, cette brillance. Et alors, quand ce n’est pas là, ils disent   :
«   Oh, ce n’est pas de l’amour.   »
Et pourtant, c’est justement comme ça que l’amour se
déforme   : ce n’est déjà plus de l’amour, ça commence à être de
la passion. Et, n’est‑ce pas, c’est une erreur presque universelle
parmi les êtres humains.
Il y a des gens qui sont pleins d’un amour psychique très pur,
très haut, très désintéressé, qui n’en savent rien et croient qu’ils
sont froids, secs et sans amour parce qu’il n’y a pas ce mélange
de la vibration vitale. Pour eux, l’amour commence avec cette
vibration et finit avec elle aussi.
Alors, comme c’est une chose extrêmement instable, qui a
des actions et des réactions et des violences de toutes sortes
dans la dépression comme dans la satisfaction, pour les gens,
l’amour est une chose extrêmement fugitive — ils ont des
minutes d’amour dans leur vie. Ça peut durer, n’est‑ce pas,
quelques heures, et après on redevient terne et plat et on
s’imagine que l’amour vous a quitté.
Comme je l’ai dit, il y a des gens qui sont tout à fait en
dehors de ça, qui sont arrivés à maîtriser ça de telle façon que

358
Le 30 janvier 1951

cela ne se mélange plus à rien, qui ont au-dedans d’eux cet


amour psychique qui est tout fait d’oubli de soi, de don de
soi, de compassion, de générosité, de grandeur de vie et qui est
un grand pouvoir d’identification. Alors, la plupart des gens
croient qu’ils sont froids ou indifférents... très gentils, ce sont
des gens très gentils, n’est‑ce pas, mais ils n’aiment pas ; et eux-
mêmes quelquefois ils ne savent pas. J’en ai connu, n’est‑ce pas,
qui pensaient qu’ils n’avaient pas d’amour parce qu’ils n’avaient
pas cette vibration vitale. Généralement, quand les gens parlent
d’émotion, ce sont des émotions vitales dont ils parlent. Mais
il y a un autre genre d’émotions, qui est d’un ordre infiniment
supérieur et qui ne se manifeste pas de la même manière, qui a
autant d’intensité, mais c’est une intensité sous contrôle, conte‑
nue, condensée, concentrée, qui est un pouvoir dynamique
extraordinaire.
De vrais amours peuvent faire des choses extraordinaires,
mais c’est rare. N’est‑ce pas, toutes sortes de miracles peuvent
se faire par amour pour celui qu’on aime, non pas pour tous,
mais pour ceux ou celui qu’on aime. Mais alors, ça il faut que
ce soit un amour libre de tous les mélanges du vital — c’est-à-
dire un amour absolument pur et désintéressé qui ne demande
aucune chose en échange, qui ne s’attend à aucune chose en
échange.

359
Le 1er février 1951

les rêves et le sommeil

Cet Entretien est basé sur le texte de la Mère intitulé


«   Les Rêves   ». (Paroles d’Autrefois, p. 36-37)

Pour se souvenir de quelque chose, il faut tout d’abord en être


conscient.

J’ai rêvé d’un océan qui coulait, coulait silencieusement


et qui donnait beaucoup de joie — on pouvait la sentir
comme une chose physique.

C’est presque une expérience, plus qu’un rêve.


Il y a des endroits où l’on va périodiquement en rêve — on
peut continuer le même rêve, parfois, à une distance de plu‑
sieurs mois. Il y a aussi des rêves d’avertissement, qui souvent
répètent la même chose dans le but de vous obliger à y concen‑
trer votre attention.

J’ai vu X. récemment. Est‑ce que c’était la vraie


personne ?

Qu’est‑ce que c’est que la personne ? Quand vous êtes dans un


corps, vous voyez toujours le corps et on pense que c’est la
personne. Mais dans ce corps il y a tantôt l’être complet, tan‑
tôt une partie de l’être, et le reste est ailleurs ; quelquefois c’est
une activité de l’être qui se manifeste, quelquefois c’est une
autre. Comme vous avez un corps que vous continuez à voir,
vous croyez que l’être que vous voyez est toujours le même,
mais ce n’est pas le cas. Le centre de l’être, c’est-à-dire l’être
psychique, a rarement l’apparence de l’être qui se manifeste ;

360
Le 1er février 1951

l’être psychique a passé dans d’innombrables corps, et même


s’il gardait une empreinte de tous ces corps, le résultat serait
méconnaissable, n’est‑ce pas ? Le plus souvent c’est une pensée
de la personne qui est partie et elle se revêt d’une forme, soit
dans votre atmosphère, soit dans votre propre pensée. Alors,
il y a une chose comme une émanation qui vient, qui est là
— suivant la condition dans laquelle vous vous trouvez, vous
la voyez plus ou moins clairement. Mais la forme que vous lui
donnez, c’est vous qui la lui donnez, c’est conforme à la forme
physique que vous connaissez d’elle — je ne dis pas d’une façon
absolue, mais [dans] neuf cas sur dix c’est comme ça.
Et je peux vous en donner un exemple très clair. Quand vous
voyez quelqu’un que vous n’avez pas vu au moment de sa mort,
vous ne voyez pas la forme qu’il avait au moment de sa mort,
mais la forme qu’il avait quand vous l’avez vu au moins pour la
dernière fois. Par conséquent, c’est vous qui donnez la forme. Je
ne dis pas que c’est une chose absolue ; les choses peuvent arriver
autrement mais c’est tellement rare qu’il vaut mieux ne pas en
parler. Quelqu’un qui est assez objectif pour ne rien ajouter à la
vision qu’il a, c’est un sur un million. Alors il est préférable de ne
pas en parler, sauf comme [d’]un idéal auquel on peut aspirer.
Donc, dans tout ce que vous voyez, dans le sommeil aussi
bien que dans les visions à l’état de veille, il y a toujours une
quantité considérable de choses subjectives. Si vous ne voyez
pas la personne telle que vous l’avez vue la dernière fois, la
différence vient toujours de votre pensée. Si vous pensez que
la personne a vieilli, alors vous la voyez vieille ; si vous pensez
qu’elle doit avoir un air malade, alors vous la voyez avec un air
malade, et ainsi de suite. La vision absolument objective, c’est-
à-dire complètement conforme à la réalité, est très rare. Le rêve
dont vous parlez veut dire simplement que vous avez gardé des
relations de tendresse, d’affection avec elle et qu’une partie de
son être est restée, de ce fait, près de vous et, pour une raison
quelconque, vous en êtes devenue consciente dans le rêve.

361
Paroles de la Mère

Depuis que j’ai quitté ma famille, j’en rêve au moins


une fois par semaine régulièrement.

Cela vient du subconscient.


Je vous ai dit, n’est‑ce pas, que j’ai fait des études tout à fait
approfondies sur le sujet des rêves   : à moins que l’on se concentre
d’une façon tout à fait spéciale, on rêve toujours de choses que
l’on a vécues, senties ou dont on a été conscient quelque temps
auparavant ; mais les choses de votre existence présente, vous
n’en rêvez pas. Vous pouvez y penser, vous pouvez vous en
souvenir, mais vous n’en rêvez pas. À part quelques cas très
rares, le rêve est un réveil de quelque chose qui a été enregistré
dans le subconscient. Cet enregistrement se fait peu à peu, et
il faut un certain phénomène d’assimilation avant que la chose
puisse se manifester de soi-même, et cette assimilation peut
prendre un certain temps. On rêve des choses que l’on a vécues
et des personnes que l’on a vues il y a très longtemps ; quand il
y a très longtemps, c’est généralement pour une raison spéciale.
Il y a des choses qui reviennent à intervalles réguliers et on a
comme un cycle de mouvements dans le rêve. Si vous pouvez
trouver un point où les choses présentes vous ont frappé à un
moment antérieur de votre existence, alors, dans ce cas, vous
pouvez voir les deux en même temps. Il y a très peu de rêves
qui ont un sens, une valeur instructive, mais tous peuvent vous
apprendre dans quel état de conscience vous vous trouvez et
comment les choses se combinent dans le subconscient, quelles
sont les influences terrestres et les empreintes et comment elles
se combinent ; c’est là une étude très intéressante.

Dans les rêves on est généralement passif, on ne réagit


pas comme on fait dans la vie ordinaire. Pourquoi ?

Pas toujours. J’ai connu beaucoup de gens qui étaient beaucoup


plus actifs dans leurs rêves que dans la vie éveillée, qui faisaient

362
Le 1er février 1951

des choses qu’ils auraient été incapables de faire dans la vie


éveillée. Par exemple, j’ai connu des gens qui étaient parfois
pétrifiés de peur dans la vie éveillée, mais qui, dans leurs rêves,
manifestaient un courage indomptable et faisaient des actions
vraiment héroïques. Parfois, aussi, si l’on rêve de quelque chose
de désagréable, au lieu de réagir, on dit   : «   Tout ça n’est qu’un
rêve, ce n’est pas vrai, c’est impossible   », etc., et de cette façon
le rêve change de forme. Naturellement, pour que cela arrive,
il faut s’apercevoir que l’on rêve. C’est un champ d’observation
inouï — il n’y a pas de fin aux découvertes que l’on peut faire
dans les rêves.
Mais il y a une chose importante   : il ne faut pas s’endormir
quand on est très fatigué, car si vous vous endormez très fati‑
gué, vous tombez dans une sorte d’inconscience où les rêves
font tout ce qu’ils veulent et vous ne réagissez pas. De même
que j’ai dit qu’il ne faut pas manger sans avoir pris du repos, je
conseillerais à tout le monde de se reposer avant de s’endormir,
et pour cela il faut savoir comment se reposer.
Je vais vous raconter un de mes rêves très récents, d’il y a
quelques jours seulement ; ce n’était pas précisément un rêve,
c’était très conscient. (Je n’appartiens pas à cette catégorie de gens
qui rêvent de choses qui se sont passées il y a très longtemps, j’ai
su ce qu’il fallait faire pour éviter ça.) Donc, je suis allée quelque
part dans le monde vital où je savais qu’un grand nombre de nos
garçons se reposaient — c’est-à-dire, dans leur sommeil physique
ils avaient l’air de se reposer. Mais comme ils ne savent comment
se reposer véritablement, au lieu d’accumuler des forces, ils les
perdent — il y en a qui en perdent formidablement —, c’est-à-
dire, au lieu de récupérer leurs énergies, ils les gaspillent. Alors,
je suis allée là et j’ai vu beaucoup de rangs où il y avait des choses
qui ressemblaient à des lits, mais qui n’étaient pas des lits. Je me
suis promenée dans la chambre et je les ai vus en train de se
reposer, d’essayer de se reposer, mais comme ils ne savaient pas le
faire, ils n’y arrivaient pas. Ils étaient tous là plus ou moins affalés,

363
Paroles de la Mère

ils avaient les yeux ouverts, ils ne dormaient pas ; ce n’était pas le
sommeil, c’était un repos, c’était le vital qui n’était pas en acti‑
vité, mais en état de semi-conscience. Je leur ai fait comprendre
que je pouvais leur montrer comment se reposer pour récupé‑
rer leurs énergies au lieu de les gaspiller. Figurez-vous qu’il y en
avait un seul qui était d’accord d’apprendre ! Les autres disaient   :
«   Non, nous sommes très bien comme ça, nous ne voulons pas
apprendre autre chose !   »

Quand on vous voit dans les rêves, quel est l’endroit où


on vous voit ? Est‑ce toujours le même endroit ?

Il y a beaucoup d’endroits différents, beaucoup. Ça peut être


dans le physique subtil, car vous vivez tous dans mon atmo‑
sphère physique et c’est par conséquent dans le physique subtil
que vous me voyez le plus souvent, et là, vous avez une impres‑
sion que ce que vous voyez est presque matériel, mais avec une
petite déformation. Parce que c’est le physique subtil, vous vous
souvenez assez facilement de ce que vous avez vu. Très souvent,
en pleine nuit, je m’occupe de vous (je ne veux pas m’en vanter !)
et je me souviens de beaucoup de choses qui ont une impor‑
tance — je ne me souviens pas de tout, car ça ne vaut pas la
peine d’encombrer le souvenir d’un tas de choses inutiles. Et
j’ai remarqué que, parmi vous, il y en a qui peuvent se souvenir,
mais la chose se produit dans votre conscience avec une petite
déformation... Ce n’était pas tout à fait ça, n’est‑ce pas ?
Il y a des gens qui peuvent me voir vitalement ; il y a des gens
qui peuvent me voir psychiquement (ce qui est assez rare) ; il y
a des gens qui peuvent me voir mentalement et il y a des gens
qui peuvent me voir dans le subconscient et, dans certaines
conditions, dans l’inconscient, mais c’est rare.
Il y en a d’autres qui peuvent avoir une révélation sur moi,
qui peuvent me voir telle que je suis, mais il n’y en a pas beau‑
coup.

364
Le 1er février 1951

Quelle est la méthode pour se reposer avant de dormir ?

Il y en a beaucoup, je vais vous en donner une   : d’abord, il


faut que votre corps soit confortable, sur un lit, une chaise
longue, n’importe, mais confortable, n’est‑ce pas. Et puis, vous
apprenez à détendre vos nerfs l’un après l’autre, jusqu’à ce que
vous ayez atteint une relaxation complète. Il faut détendre tous
les nerfs ; on peut les détendre tous ensemble, mais il est plus
facile, peut-être, de les détendre l’un après l’autre, et ça de‑
vient très intéressant. Et quand c’est fait, il faut rendre votre
cerveau tranquille et silencieux, et en même temps garder votre
corps comme un chiffon sur le lit — il faut rendre le cerveau
si immobile et absolument tranquille qu’il n’est pas conscient
de lui-même. Mais alors, n’essayez pas de dormir, mais passez
tout doucement de cet état dans le sommeil sans vous en rendre
compte. Quand vous vous réveillerez le lendemain matin, vous
serez plein d’énergie. Mais si vous vous couchez très fatigué
et sans même essayer de vous détendre, de vous relâcher, vous
tomberez dans un sommeil lourd, épais et inconscient et le
vital perdra toutes ses énergies. Vous n’aurez peut-être pas un
résultat immédiat, mais il vaut mieux essayer de faire ça que de
vous précipiter dans le sommeil très fatigué.
Si vous vous détendez tout doucement avant de dormir,
vous aurez un plaisir énorme à vous endormir ; si vous arrivez à
détendre les nerfs même d’un bras ou d’une jambe, vous verrez
comme c’est plaisant. Si vous vous endormez les nerfs tendus,
vous aurez un sommeil très agité et vous changerez de position
très souvent pendant la nuit. Ce repos-là ne vaut rien.

J’ai remarqué que si l’on s’endort sur un côté, on se


réveille sur l’autre. Est‑ce toujours comme ça ?

Non, pas nécessairement. Il n’y a aucune règle. Si on pense que


c’est comme ça, ce sera comme ça !

365
Paroles de la Mère

J’ai remarqué que si un rêve intéressant me réveille, je


peux me rendormir et continuer le même rêve.

Oui, ça peut se faire et cela veut dire que vous êtes partiel-
lement conscient de votre activité de nuit.

J’ai connu quelqu’un qui avait toujours et continuel-


lement le même rêve, jusqu’au point où il n’arrivait plus
à distinguer entre le rêve et la réalité.

Il arrive que, quand on sort de son corps, quand on s’exté‑


riorise pendant le sommeil et que l’on est conscient dans le
monde vital, on peut vivre une vie vitale aussi consciente que
la vie physique. J’ai connu des gens — il n’y en a pas beaucoup
qui ont cette capacité de sortir de leur corps —, mais enfin
j’ai connu des gens qui étaient si puissamment intéressés par
leurs expériences dans le monde vital qu’à la fin ils refusaient
de revenir dans leur corps ; ils continuaient à dormir presque
indéfiniment.
Si vous êtes conscient et maître de vous-même dans le monde
vital et y possédez un certain pouvoir, les circonstances sont
merveilleuses, infiniment plus variées et magnifiques que dans
le monde physique. Il y a des régions dans le monde vital — et
c’est vrai, ça — qui sont merveilleuses.
Voilà, je vais vous dire comment ça se passe. Justement,
quand vous êtes très fatigué, et que vous avez besoin de repos,
et que vous savez vous extérioriser, si vous sortez de votre corps
et si vous entrez consciemment dans le monde vital, il y a des
régions, là, dans le monde vital, qui sont comme une forêt
vierge miraculeuse où toute la splendeur d’une végétation riche
et harmonieuse est réunie, et avec des miroirs d’eau qui sont
si beaux, et l’atmosphère est si pleine de cette vitalité vivante
des plantes et il y a tous les tons de vert, n’est‑ce pas, et ça se
reflète dans l’eau... Et là, vous sentez une telle vie, une telle

366
Le 1er février 1951

beauté, tant de richesse et de plénitude, que vous vous réveillez


plein de force. Et tout cela, c’est tellement objectif, n’est‑ce pas !
J’ai pu conduire des gens là, sans leur dire du tout de quoi
il s’agissait, et ils ont pu décrire l’endroit exactement comme
je peux le faire moi-même et ils avaient exactement la même
expérience. C’étaient des gens qui étaient absolument épuisés
avant de s’endormir, et ils se sont réveillés avec une sensation de
plénitude, de force, d’énergie absolument merveilleuse. Ils sont
restés là seulement quelques minutes.
Donc, il y a des régions comme ça — il n’y en a pas beau‑
coup, mais il y en a. Par contre, il y a dans le monde vital
beaucoup d’endroits désagréables où il vaut mieux ne pas aller.
À part ceux qui sont si attachés, si accrochés à leur corps qu’ils
ne désirent même pas en sortir, ceux qui peuvent facilement ap‑
prendre à sortir de leur corps doivent le faire avec beaucoup de
précautions. Je n’ai pas pu enseigner cela à beaucoup de gens,
car c’est les livrer parfois sans protection — quand ils le font
sans vous, sans votre présence — à des expériences qui peuvent
leur être extrêmement nuisibles.
Le monde vital est un monde d’extrêmes. Si, par exemple,
vous mangez dans le monde vital une grappe de raisins, vous
pouvez rester trente-six heures sans avoir faim, absolument
nourri. Et vous pouvez rencontrer des choses, entrer dans des
endroits qui vous arrachent en une minute toute votre énergie,
qui vous laissent parfois avec des maladies et des contrecoups
du monde vital.
J’ai connu une femme qui était absolument merveilleuse
d’un point de vue occulte   : elle était absolument consciente
d’elle-même, de toutes les régions de son être, elle pouvait
passer d’un domaine à l’autre ; bref, elle était merveilleuse. Eh
bien, il lui est arrivé un accident dans le monde vital. Elle se
battait avec certains êtres du monde vital pour leur arracher
quelqu’un à qui elle tenait et elle a reçu un coup sur l’œil ; et
quand je l’ai connue, elle avait perdu un œil. Il y a beaucoup

367
Paroles de la Mère

de gens qui ont ces accidents dans le monde vital, et en se


réveillant ils gardent les traces de ces accidents pendant des
heures. C’est pour cela qu’on ne peut pas dire à n’importe
qui   : «   Apprenez à sortir de votre corps   », car pour le faire sans
danger il faut beaucoup de choses. Si on a des affinités avec les
forces du mensonge et de la violence, il vaut mieux rester dans
le corps physique.

368
Le 5 février 1956

deux sortes de souffrance

Comment surmonter la souffrance ?

Le problème n’est pas aussi simple que cela. Les causes de la


souffrance sont innombrables et sa qualité aussi diffère gran‑
dement, quoique l’origine de la souffrance soit unique et
provienne de l’action initiale d’une volonté antidivine. Pour
la facilité de la compréhension, on peut classer les souffrances
en deux catégories distinctes, quoique dans la pratique elles se
trouvent très souvent mélangées.
La première est purement égoïste et provient du fait de se
sentir lésé dans ses droits, privé de ce dont on a besoin, offensé,
démuni, trahi, blessé, etc., — toute cette catégorie de souffrance
est clairement le résultat de l’action adverse et non seulement
elle ouvre la porte de la conscience à l’influence de l’adversaire,
mais elle est un de ses plus puissants moyens d’action dans le
monde, le plus puissant de tous si on y ajoute sa conséquence
naturelle et spontanée   : la haine et le désir de vengeance chez les
forts, le désespoir et le désir de mourir chez les faibles.
L’autre catégorie de souffrance dont la cause initiale est la
douleur de la Séparation, qui est l’œuvre de l’adversaire, est
totalement opposée dans sa nature   : c’est la souffrance née de la
compassion divine, la souffrance de l’amour compatissant à la
misère du monde quels qu’en soient l’origine, la cause et l’effet.
Mais cette souffrance-là, d’un caractère purement psychique,
ne contient aucun égoïsme, aucun retour sur soi, elle est pleine
de paix, de force, de puissance d’action, de foi en l’avenir, de
volonté de la victoire ; elle ne s’apitoie pas, elle console ; elle ne
s’identifie pas au mouvement ignorant des autres, elle le guérit
et l’illumine.

369
Paroles de la Mère

Il va de soi que dans la pureté de son essence, seul ce qui


est parfaitement divin peut éprouver cette souffrance-là ; mais
partiellement, momentanément, comme des éclairs derrière les
sombres nuages de l’égoïsme, elle apparaît chez tous ceux qui
ont un cœur vaste et généreux. Cependant, le plus souvent,
dans la conscience personnelle, elle se mélange à ce triste et
mesquin retour sur soi qui est la cause des dépressions et des
défaillances. Mais lorsqu’on est assez vigilant pour refuser le
mélange, ou tout au moins pour le réduire au minimum, on a
vite fait de s’apercevoir que cette compassion divine est basée
sur une joie sublime et éternelle qui seule a la force et le pouvoir
de libérer le monde de son ignorance et de sa misère.
Et cette souffrance-là aussi, ne disparaîtra de l’univers qu’avec
la disparition totale de l’adversaire et de toutes les conséquences
de son action.

370
1958 (1)

le souvenir des vies antérieures

Si l’on voulait vraiment dire les choses, il faudrait tout dire,


avec tous les détails, parce que, parmi les innombrables expé‑
riences que j’ai eues depuis quelque quatre-vingts ans, il y en a
de si diverses, de si contradictoires en apparence, que l’on peut
dire au fond   : tout est possible. Alors, dire une chose sur les vies
antérieures sans reprendre le fil de toutes les choses, c’est ouvrir
la porte au dogmatisme. Ils diront un jour   : «   Mère a dit ceci,
Mère a dit cela...   » et c’est comme cela que se font les dogmes,
hélas.
Donc, étant donné la multitude des expériences et qu’il est
impossible que je passe ma vie à parler et à écrire, dites-vous
bien que tout est possible et ne soyez pas dogmatiques. Je peux
cependant vous donner quelques indications générales.
C’est seulement quand on s’est identifié consciemment à son
Origine divine que l’on peut en toute vérité parler de mémoire
de ses vies antérieures. Sri Aurobindo parle d’une manifestation
progressive de l’Esprit dans les formes qu’il habite. Quand on
est arrivé au sommet de cette manifestation, on a une vue plon‑
geante sur le chemin déjà parcouru et on se souvient.
Mais il ne s’agit pas d’un souvenir à la manière mentale.
Ceux qui prétendent avoir été tel seigneur du Moyen Âge, ou
tel personnage vivant à tel endroit, à telle époque, sont des
fantaisistes ; ils sont simplement victimes de leur imagination
mentale. Ce qui reste des vies antérieures, en effet, ce ne sont
pas de belles images d’Épinal où vous vous voyez en grand sei‑
gneur dans un château, ou en général victorieux à la tête d’une
armée — ça, c’est du roman. Ce qui reste, c’est le souvenir des
instants où l’être psychique a émergé des profondeurs de votre
être et s’est révélé à vous, c’est-à-dire le souvenir des instants

371
Paroles de la Mère

où vous avez été pleinement conscient. Ce développement de


la conscience se fait progressivement à travers l’évolution, et la
mémoire des vies passées se limite généralement aux instants
critiques de cette évolution, aux grands tournants décisifs qui
ont marqué un progrès de votre conscience.
Au moment où l’on vit de telles minutes dans une vie, on
ne se préoccupe pas du tout de se souvenir qu’on est Monsieur
Untel, vivant à tel endroit et à telle époque — ce n’est pas le
souvenir de votre état civil qui reste. Au contraire, on perd cons‑
cience de ces petites choses extérieures, accessoires, périssables,
pour être tout entier dans le flamboiement de cette révélation de
l’âme ou de ce contact divin. Quand on se souvient de ces mi‑
nutes de nos vies passées, ce souvenir a une telle intensité qu’il
semble encore tout proche, encore vivant, et bien plus vivant
que la plupart des souvenirs ordinaires de notre vie présente.
Parfois, dans les rêves, quand on entre en contact avec certains
plans de conscience, on peut avoir des souvenirs qui ont cette
intensité, cette couleur vibrante si je puis dire, tellement plus
intense que les couleurs et les choses du monde physique. Car
ce sont des moments de vraie conscience, et alors tout se revêt
d’un éclat extraordinaire, tout est vibrant, tout est chargé d’une
qualité qui échappe à notre regard ordinaire.
Ces minutes de contact avec l’âme sont souvent celles qui
marquent un tournant décisif dans une vie, un pas en avant,
un progrès de conscience, et cela correspond fréquemment à
une crise, à une situation d’une extrême intensité, quand il se
produit un appel dans l’être tout entier, un appel si fort que la
conscience intérieure perce les couches inconscientes qui l’en‑
veloppent et se révèle toute lumineuse à la surface. Cet appel
très fort de l’être peut aussi provoquer la descente d’une émana‑
tion divine, d’une individualité, d’un aspect divin, qui se joint
à votre individualité à un moment donné pour faire un travail
donné, gagner telle bataille, exprimer telle ou telle chose. Puis
le travail fini, cette émanation le plus souvent se retire. Alors

372
1958 (1)

il se peut que l’on garde le souvenir des circonstances qui ont


entouré ces minutes de révélation ou d’inspiration, que l’on
revoie un paysage, la couleur d’un vêtement que l’on portait,
la couleur de sa propre peau, les choses qui vous entouraient à
cette minute — tout cela est fixé d’une façon indélébile avec
une intensité extraordinaire, parce que, alors, les choses de la
vie ordinaire se révèlent aussi dans leur vraie intensité, leur
vraie couleur. La conscience qui se révèle en vous, révèle en
même temps la conscience qui est dans les choses. À l’aide de
ces détails, on peut parfois reconstituer l’époque à laquelle on
vivait ou l’action accomplie, deviner le pays où l’on se trouvait,
mais il est très facile aussi de faire du roman et de prendre son
imagination pour la réalité.
Il ne faudrait pas croire, cependant, que tous les souvenirs
de vies antérieures soient ceux de moments de grande crise,
de mission importante ou de révélation. Ce sont parfois des
minutes très simples, transparentes, où une harmonie intégrale
de l’être s’est exprimée, une harmonie parfaite. Et cela peut cor‑
respondre à des situations extérieures tout à fait insignifiantes.
En dehors des choses immédiates qui vous entourent à cette
minute, en dehors de cette minute de contact avec votre être
psychique, il ne reste rien. Une fois passé l’instant privilégié,
l’être psychique se renfonce dans sa somnolence intérieure et
toute la vie extérieure se fond dans une grisaille monotone dont
il ne reste pas trace. D’ailleurs, il se produit un peu le même
phénomène au cours de la vie que vous vivez actuellement   : en
dehors des instants d’exception où vous êtes à un sommet de
votre être, mental, vital ou même physique, le reste de votre
existence semble se fondre dans une couleur neutre sans grand
intérêt où il importe très peu d’avoir été à tel endroit plutôt
qu’à tel autre et d’avoir fait telle chose plutôt que telle autre. Si
vous essayez, tout d’un coup, de regarder votre vie comme pour
rassembler son essence, vingt ans ou trente ou quarante ans
derrière vous, vous verrez jaillir spontanément deux ou trois

373
Paroles de la Mère

images qui auront été les minutes vraies de votre vie, et tout le
reste s’efface. Un choix spontané s’opère dans votre conscience
et une élimination formidable. Ceci vous donnera un peu
l’idée de ce qui se produit avec les vies antérieures   : un choix de
quelques instants particuliers, et une élimination immense.
Bien sûr, les premières vies sont très rudimentaires et il n’en
reste que peu de chose, des souvenirs très espacés, mais plus
on progresse en conscience, plus l’être psychique est consciem‑
ment associé aux activités extérieures, et plus les souvenirs se
font nombreux, cohérents, précis ; mais encore une fois, le
souvenir qui reste, c’est celui du contact avec l’âme, et parfois
celui des choses qui se sont trouvées associées à la révélation
psychique — pas l’état civil ni les décors changeants. Et ceci
explique pourquoi les prétendus souvenirs de vies animales
relèvent de la plus haute fantaisie   : l’étincelle divine est chez eux
trop enfouie pour venir consciemment à la surface et s’associer
à la vie extérieure. Il faut devenir un être totalement conscient,
dans toutes les parties de son être, totalement uni à son origine
divine, pour pouvoir dire vraiment que l’on se souvient de ses
vies antérieures.

374
1958 (2)

la réalisation intérieure est la clef


de la réalisation extérieure

Quand les forces adverses veulent attaquer ceux qui m’entourent


et qu’elles ne réussissent pas à les rendre ouvertement hostiles
à l’œuvre de Sri Aurobindo ou à les retourner personnellement
contre moi, elles s’y prennent toujours de la même manière,
avec les mêmes arguments   : «   Vous pouvez avoir toutes les réa‑
lisations intérieures que vous voulez, disent-elles, les plus belles
expériences possibles entre les quatre murs de votre Ashram,
mais sur le plan extérieur votre vie est gâchée, perdue. Il y a un
abîme que vous ne comblerez jamais entre l’expérience inté‑
rieure et la réalisation concrète dans le monde.   »
C’est l’argument numéro un des forces adverses. Je le sais,
voilà des millions d’années que je les entends redire la même
chose, et chaque fois je les démasque. C’est un mensonge, c’est
le Mensonge. Tout ce qui tend à établir un divorce entre la Terre
et l’Esprit leur est bon, tout ce qui sépare l’expérience intérieure
de la réalisation divine dans le monde. Mais c’est le contraire
qui est vrai, c’est la réalisation intérieure qui est la clef de la réa‑
lisation extérieure. Comment voulez-vous savoir la chose vraie
que vous avez à réaliser dans le monde aussi longtemps que
vous n’êtes pas en possession de la vérité de votre être ?

375
Le 30 mai 1958

l’antidivin

Je me suis aperçue d’une chose, c’est que quatre-vingt-dix-


neuf fois sur cent, au moins, c’est une excuse que les gens se
donnent à eux-mêmes. J’ai vu que pratiquement, presque tous
les gens qui m’écrivent   : «   Je suis violemment attaqué par des
forces adverses   », c’est une excuse qu’ils donnent. C’est qu’il y
a des choses dans leur nature qui ne veulent pas céder, alors ils
mettent tout le blâme sur les forces adverses.
Au fond, je m’oriente de plus en plus vers quelque chose où
le rôle de ces forces sera réduit à un rôle d’examinateur — c’est-
à-dire qu’elles sont là pour mettre à l’épreuve votre sincérité
dans la recherche spirituelle. Ce sont des choses qui ont leur
réalité dans l’action et pour le travail — c’est leur grande réa‑
lité —, mais quand on dépasse une certaine région, tout ça
s’atténue au point de ne plus être si net et si tranché. Dans le
monde occulte, ou plutôt si l’on regarde le monde du point
de vue occulte, ces forces adverses sont très réelles, leur action
est très réelle, tout à fait concrète, et leur attitude vis-à-vis de
la réalisation divine est positivement hostile, mais dès qu’on
dépasse ce domaine et qu’on entre dans le monde spirituel où
il n’y a plus que le Divin, qui est toute chose, et où il n’y a
rien qui ne soit divin, alors ces «   forces adverses   » deviennent
une partie du jeu total et on ne peut plus les appeler des forces
adverses   : c’est seulement une attitude qu’elles ont prise ; pour
dire plus exactement, c’est seulement une attitude que le Divin
a prise dans son jeu.
Cela fait encore partie de ces dualités dont Sri Aurobindo
parle dans La Synthèse des Yogas, ces dualités qui se résorbent.
Je ne sais pas s’il a parlé de celle-là, je ne crois pas, mais c’est
la même chose. C’est encore une façon de voir. Il nous a parlé

376
Le 30 mai 1958

de la dualité Personnel-Impersonnel, Ishwara-Shakti, Purusha-


Prakriti,... il y en a encore une   : le Divin et l’antidivin.

377
Le 19 juillet 1958

la spirale de la conscience

Une pêche doit mûrir sur l’arbre, c’est un fruit que l’on doit
cueillir quand il y a du soleil dessus. Au moment où le soleil
tombe, on arrive, on la prend et on mord dedans. Alors c’est
absolument paradisiaque !
Il y a deux fruits comme cela   : la pêche et les reines-claudes
vertes dorées. C’est la même chose, il faut aussi les prendre
chaudes sur l’arbre, mordre dedans et cela vous remplit d’une
saveur édénique.
Chaque fruit devrait être mangé d’une façon spéciale.
Au fond, c’est cela, le symbole du Paradis terrestre et de
l’arbre de la Connaissance   : en mordant au fruit de la Connais‑
sance, on perd la spontanéité du mouvement et on commence
à objectiver, à apprendre, à discuter. Alors dès qu’ils en eurent
mangé, ils furent pleins de péchés.
Je dis, chaque fruit devrait être mangé à sa manière. L’être qui
vit selon sa vérité propre, doit trouver spontanément la manière
de se servir des choses. Quand on vit selon la vérité de son être,
on n’a pas besoin d’apprendre les choses   : on les fait sponta‑
nément, selon la loi intérieure. Quand on suit sincèrement sa
nature, spontanément et sincèrement, on est divin. Dès que
l’on pense et que l’on se voit faire et que l’on commence à dis‑
cuter, on est plein de péchés.
C’est la conscience mentale de l’homme qui a rempli toute la
Nature de l’idée de péché. Et toute la misère que cela apporte.
Les animaux ne sont pas du tout malheureux à notre manière,
pas du tout, du tout, excepté — comme le dit Sri Aurobindo —
ceux qui sont corrompus. Ceux qui sont corrompus sont ceux
qui vivent avec l’homme. Les chiens ont le sens du péché et de
la faute. C’est parce que toute leur aspiration est de ressembler

378
Le 19 juillet 1958

à l’homme, l’homme c’est le dieu ; et alors, la dissimulation, le


mensonge   : les chiens mentent. Les hommes admirent cela, ils
disent   : «   Oh ! comme ils sont intelligents !   »
Ils ont perdu leur divinité.
L’espèce humaine est vraiment, dans la spirale, à un point
qui n’est pas joli.

Mais est‑ce qu’un chien n’est pas plus conscient qu’un


tigre, plus évolué, plus haut dans la spirale, c’est-à-dire
plus près du Divin ?

Il ne s’agit pas d’être conscient. L’homme est plus évolué que le


tigre, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, mais le tigre est plus
divin que l’homme. Il ne faut pas confondre les choses, ce sont
deux choses tout à fait différentes.
N’est‑ce pas, le Divin est partout, en tout, il ne faut jamais
l’oublier — à aucune seconde, il ne faut oublier cela   : il est
partout, en tout ; et, d’une façon inconsciente mais spon‑
tanée et par conséquent sincère, tout ce qui est au-dessous
de la manifestation mentale est divin sans mélange, c’est-
à-dire spontanément, selon sa nature ; c’est l’homme avec
son mental qui a introduit l’idée de faute. Naturellement,
il est beaucoup plus conscient ! Cela ne se discute pas, c’est
bien entendu, puisque ce que nous appelons conscience (ce
que «   nous   » appelons, c’est-à-dire ce que l’homme appelle
conscience), c’est de pouvoir objectiver et mentaliser les
choses. Ce n’est pas la vraie conscience, mais c’est ce que les
hommes appellent conscience. Alors, selon le mode humain,
il est bien entendu que l’homme est beaucoup plus cons‑
cient que l’animal, mais avec l’humain vient le péché et la
perversion, qui n’existent pas en dehors de cet état que nous
appelons «   conscience   », et qui n’est pas vraiment conscient,
qui consiste simplement à mentaliser les choses, à avoir la
capacité de les objectiver.

379
Paroles de la Mère

C’est une courbe de l’ascension, eh bien, cette courbe


s’éloigne du Divin, et il faut monter beaucoup plus haut pour
retrouver, alors naturellement, un Divin supérieur, puisque
c’est un Divin conscient, tandis que les autres sont divins sans
en être conscients, spontanément et instinctivement. Et toute
notre notion morale de bien, de mal, tout cela c’est ce que nous
avons jeté sur la création avec notre conscience déformée, per‑
vertie. C’est nous qui l’avons inventé.
Nous sommes l’intermédiaire déformant entre la pureté de
l’animal et la pureté divine des dieux.

380
Le 21 juillet 1958

ne pas gaspiller l’énergie

Les êtres humains ne savent pas garder l’énergie. Quand il


arrive quelque chose, un accident ou une maladie, on demande
de l’aide ; on met double, triple dose d’énergie. Il se trouve
qu’ils sont réceptifs, ils la reçoivent. Cette énergie est donnée
pour deux raisons   : rétablir le désordre causé par l’accident ou
la maladie, et donner une puissance de transformation pour
réparer, pour changer ce qui a été la cause véritable de la mala‑
die ou de l’accident.
Au lieu d’utiliser l’énergie comme cela, immédiatement,
immédiatement, ils jettent cela au-dehors. Ils se mettent à
bouger, ils se mettent à agir, ils se mettent à travailler, ils se
mettent à parler, ils se mettent... ils se sentent pleins d’éner‑
gie et ils jettent tout dehors ! Ils ne peuvent rien garder. Alors
naturellement, comme l’énergie n’est pas faite pour être gas‑
pillée comme cela, mais pour un usage intérieur, ils tombent
tout à fait à plat. Et cela, c’est universel. Ils ne savent pas, ils ne
savent pas faire ce mouvement-là   : rentrer à l’intérieur, utiliser
l’énergie — non la garder, cela ne se garde pas —, l’utiliser
pour réparer le dommage fait au corps et pour aller profon‑
dément trouver la raison de cet accident ou de cette maladie,
et là, changer cela en une aspiration, une transformation inté‑
rieure. Au lieu de cela, tout de suite   : bavarder, bouger, agir,
faire ceci, faire cela !
Au fond, l’immense majorité des êtres humains ne se sent
vivre que quand elle gaspille l’énergie, autrement cela ne lui
paraît pas être la vie.
Ne pas gaspiller l’énergie, c’est l’utiliser pour les fins pour
lesquelles elle a été donnée. Si l’énergie est donnée pour la
transformation, la sublimation de l’être, il faut l’utiliser pour

381
Paroles de la Mère

cela ; si l’énergie est donnée pour rétablir quelque chose qui est
désorganisé dans le corps, il faut l’utiliser pour cela.
Naturellement, si un travail spécial est donné à quelqu’un et
si l’on donne l’énergie pour faire ce travail, c’est très bien, elle
est utilisée à ces fins, mais c’est donné pour cela.
Tout de suite, dès que l’homme se sent énergique, il se pré‑
cipite dans l’action. Ou alors, ceux qui n’ont pas le sens de
quelque chose d’utile, ils bavardent. Et pire encore, ceux qui
n’ont aucun contrôle sur eux-mêmes deviennent intolérants et
se mettent à se disputer ! Si quelqu’un contredit leur volonté, ils
se sentent pleins d’énergie et ils prennent cela pour de la sainte
colère !

382
Juillet (?) 1958

la formulation mentale de l’expérience

Pourquoi, par quel mécanisme, la formulation mentale


dissipe-t-elle une expérience, lui fait-elle perdre la majeure
partie de son pouvoir d’action sur la conscience ?

Si, par exemple, vous voulez vous défaire d’un mauvais mouve‑
ment et que, par l’effet d’une grâce, la Force soit envoyée dans
ce but, elle commence à agir sur la conscience. Alors si vous la
tirez à vous, pourrait-on dire, pour la formuler, naturellement
vous la déconcentrez, vous la dispersez, vous la dissipez.
Mais ce n’est pas tout   : le seul fait de parler à une autre per‑
sonne vous ouvre automatiquement à tout ce qui peut venir
d’elle ; il se produit toujours un échange. De sorte que sa curio‑
sité, son obscurité, sa bonne et quelquefois sa mauvaise volonté
interviennent, modifient, déforment.
Au contraire, si vous voulez parler de votre expérience à
votre guru et qu’il accepte de vous entendre, cela veut dire qu’il
ajoute sa force, sa connaissance, son expérience au travail de la
Force et qu’il l’aide à produire son effet.

Mais le dommage causé par la formulation n’en existe


pas moins ?

Oui, mais lui, le répare.

383
Juillet (?) 1958

le sens de la beauté

Pour faire ce yoga, il faut avoir au moins un peu le sens de la


beauté. Si on ne l’a pas, on manque l’un des aspects les plus
importants du monde physique.
Il y a cette beauté, cette dignité d’âme — c’est une chose à
laquelle je suis très sensible. C’est une chose qui m’émeut et qui
suscite en moi un grand respect, toujours.
Oui, cette beauté d’âme qui transparaît dans le visage ; cette
espèce de dignité, d’harmonie de la réalisation intégrale. Quand
l’âme transparaît dans le physique, elle donne cette dignité, cette
beauté, cette majesté   : la majesté qui vient d’être le Tabernacle.
Alors, même les choses qui n’ont pas de beauté particulière, se
revêtent d’un sens de beauté éternelle, de la beauté éternelle.
J’ai vu comme cela des visages passer d’un extrême à l’autre,
en un éclair. Quelqu’un qui avait cette espèce de beauté, d’har‑
monie, de sens de la dignité divine dans le corps, puis tout d’un
coup, la perception de l’obstacle, de la difficulté, et ce sens de
la faute, de l’indignité — alors la soudaine déformation dans
l’apparence, une sorte de décomposition des traits ! Et pourtant
la même figure. Cela a été comme un éclair, c’était effroyable.
Cette sorte de hideur du tourment, de la dégradation — ce qui
a été traduit dans les religions par le «   tourment du péché   » —
cela vous donne une figure ! Même des traits qui sont beaux
en eux-mêmes deviennent effroyables. Et c’étaient les mêmes
traits, la même personne.
Alors j’ai vu comme le sens du péché est horrible, à quel
point il appartient au monde du mensonge.

384
Le 10 octobre 1958

le culte du suprême dans la matière

Dans toutes les initiations religieuses et surtout occultes, le rituel


des différentes cérémonies est prescrit dans tous les détails ; tous
les mots prononcés, tous les gestes faits, ont leur importance
et la moindre infraction à la règle, la moindre faute commise,
peut avoir de funestes conséquences. Il en est de même dans la
vie matérielle et si l’on avait l’initiation de la véritable manière
de vivre, on pourrait transformer l’existence physique.
Si l’on considère le corps comme le tabernacle du Seigneur,
la science médicale, par exemple, devient le rituel initiatique du
service du temple, et les médecins de tous genres sont les prêtres
officiants des différents rituels du culte. Ainsi, la médecine est
vraiment un sacerdoce et doit être traitée comme telle.
La même chose peut être dite de la culture physique et de
toutes les sciences qui s’occupent du corps et de son fonction‑
nement. Et si l’on considère l’univers matériel comme le revête‑
ment extérieur et la manifestation du Suprême, alors on peut
dire, d’une façon générale, que toutes les sciences physiques
sont les rituels du culte.
On en revient toujours à la même chose   : la nécessité absolue
d’une sincérité parfaite, d’une honnêteté parfaite, et du sens de
la dignité de ce que l’on fait, pour le faire comme il faut.
Si l’on pouvait connaître tous les détails vraiment, parfaite‑
ment, tous les détails de la cérémonie de la vie, du culte du
Seigneur dans la vie physique, ce serait admirable — savoir, et
ne plus faire de fautes, ne plus jamais faire de fautes. On fait la
cérémonie   : avec la perfection d’une initiation.

385
Le 4 novembre 1958

les dieux et leurs mondes

Les dieux des Purânas, et ceux de la mythologie grecque


et égyptienne, ont-ils une existence réelle ?

On trouve toutes sortes de similitudes entre les dieux des


Purânas et ceux de la mythologie grecque ou égyptienne ;
ce pourrait être un intéressant sujet d’étude. Pour le monde
occidental moderne, toutes ces divinités — dieux grecs et autres
dieux «   païens   » comme ils les appellent — sont simplement un
produit de l’imagination humaine et ne correspondent à rien
de réel dans l’univers, mais c’est une erreur grossière.
Pour comprendre le mécanisme de la vie universelle, et
même celui de la vie terrestre, il faut savoir en effet que ce sont
tous des êtres véritables et vivants, chacun dans leur domaine
propre, et qui ont une réalité indépendante. Ils existeraient
même si les hommes n’existaient pas. La plupart de ces dieux
existaient avant que l’homme n’existât.
Dans une très vieille tradition, antérieure probablement aux
traditions chaldéenne et védique qui en sont les deux branches,
l’histoire de la création est racontée, non du point de vue méta‑
physique ou psychologique, mais d’un point de vue objectif, et
cette histoire est aussi réelle que l’est notre histoire des époques
historiques. Bien sûr, ce n’est pas la seule façon de voir, mais
c’est une façon tout aussi légitime que les autres, et, en tout cas,
elle reconnaît la réalité concrète de tous ces êtres divins.
Ce sont des êtres qui appartiennent à la création progressive
de l’univers et qui ont eux-mêmes présidé à sa formation, depuis
les régions les plus éthérées ou subtiles jusqu’aux régions les plus
matérielles ; c’est une descente de l’Esprit créateur divin. Et ils
sont descendus progressivement, à travers des réalités de plus en

386
Le 4 novembre 1958

plus — on ne peut pas dire denses, parce que ce n’est pas dense ;
on ne peut pas même dire matérielles, puisque la matière telle
que nous la connaissons n’existe pas sur ces plans —, à travers
des réalités de plus en plus concrètes.
Suivant les écoles occultes et les traditions, toutes ces zones
de réalité, ces plans de réalité ont reçu des noms différents, ils
ont été classifiés de façon différente, mais il y a une analogie
essentielle, et si l’on remonte assez haut dans les traditions, il
n’y a plus guère que les mots qui changent suivant les pays
et les langages. Maintenant encore, les expériences des occul‑
tistes d’Occident et celles des occultistes d’Orient présentent de
grandes similitudes. Tous ceux qui vont à la découverte de ces
mondes invisibles et rapportent ce qu’ils ont vu, font une des‑
cription tout à fait analogue, qu’ils soient d’ici ou de là ; ils ont
mis des mots différents, mais l’expérience est très semblable, et
le maniement des forces est le même.
Cette connaissance des mondes occultes est basée sur l’exis‑
tence de corps subtils et de mondes subtils qui correspondent
à ces corps ; c’est ce que la méthode psychologique appelle des
«   états de conscience   », mais ces états de conscience corres‑
pondent réellement à ces mondes. Le procédé occulte consiste
donc à prendre conscience de ces divers états d’être intérieurs ou
corps subtils et à en devenir suffisamment maître pour pouvoir
les faire sortir l’un de l’autre successivement. En effet, il y a toute
une échelle de subtilités croissantes, ou décroissantes suivant le
sens, et le procédé occulte consiste à faire sortir d’un corps plus
dense un corps plus subtil et ainsi de suite jusqu’aux régions les
plus éthérées. On s’en va, par extériorisations successives, dans
des corps ou des mondes de plus en plus subtils. C’est un peu
comme si, chaque fois, on passait dans une autre dimension.
La quatrième dimension des physiciens n’est d’ailleurs que la
transcription scientifique d’une connaissance occulte. Pour
donner une autre image, on peut dire que le corps physique est
au centre — c’est le plus matériel et le plus condensé, et aussi

387
Paroles de la Mère

le plus petit — et les corps intérieurs plus subtils débordent de


plus en plus ce corps physique central, ils passent au travers en
s’étendant de plus en plus loin, comme une eau s’évapore d’un
vase poreux et forme une sorte de buée tout autour ; et plus la
subtilité est grande, plus l’extension tend à rejoindre celle de
l’univers   : on finit par s’universaliser. Et c’est un procédé tout
à fait concret, qui donne une expérience objective des mondes
invisibles, et qui permet même d’agir dans ces mondes.
Il n’y a donc qu’un petit nombre de gens en Occident qui
savent que ces dieux ne sont pas simplement subjectifs et de
l’imagination — une imagination plus ou moins déréglée — et
qu’ils correspondent à une vérité universelle.
Toutes ces régions, tous ces domaines, sont remplis d’êtres
qui existent chacun dans son domaine, et si l’on est éveillé et
conscient dans un plan donné — par exemple, si en sortant
d’un corps plus matériel on s’éveille sur un plan supérieur quel‑
conque —, on a le même rapport avec les choses et les gens de
ce plan-là qu’avec les choses et les gens du monde matériel ;
c’est-à-dire qu’il existe un rapport tout à fait objectif, qui n’a
rien à voir avec l’idée que vous vous faites des choses. Natu‑
rellement, la ressemblance est de plus en plus grande à mesure
que l’on s’approche du monde physique, du monde matériel ;
et même il y a un moment où une région a une action directe
sur l’autre. En tout cas, dans ce que Sri Aurobindo appelle les
domaines du surmental, vous trouvez une réalité concrète, tout
à fait indépendante de votre expérience personnelle ; vous y
retournez et vous retrouvez les mêmes choses, avec des diffé‑
rences qui se sont produites pendant votre absence. Et vous
avez des rapports avec ces êtres-là, identiques aux rapports que
vous avez avec des êtres physiques, avec cette différence que
c’est plus plastique, plus souple, plus direct — par exemple,
il y a cette capacité de changer de forme extérieure, la forme
visible, suivant l’état intérieur dans lequel vous vous trouvez —,
mais vous pouvez donner un rendez-vous à quelqu’un et vous

388
Le 4 novembre 1958

trouver présent au rendez-vous et retrouver le même être avec


certaines différences qui se sont produites pendant le temps de
votre absence ; c’est tout à fait concret, avec des effets tout à fait
concrets.
Il faut, au moins, un peu de cette expérience pour comprendre
ces choses. Autrement, si l’on est convaincu que tout cela n’est
que de l’imagination humaine et des formations mentales, si
l’on croit que ces dieux ont telle ou telle forme parce que les
hommes les ont pensées comme cela et qu’ils ont tels défauts et
telles qualités parce que les hommes les ont pensés comme cela
— tous ceux qui disent que Dieu est fait à l’image de l’homme
et qu’il n’existe que dans la pensée humaine — tous ceux-là ne
comprendront pas, cela leur paraîtra tout à fait ridicule, de la
folie. Il faut avoir vécu un peu, touché un peu au sujet, pour
savoir à quel point c’est une chose concrète.
Naturellement les enfants savent beaucoup, si on ne les gâtait
pas. Il y a tant d’enfants qui retournent au même endroit toutes
les nuits et continuent à vivre une vie qu’ils ont commencée là-
bas. Quand ces facultés ne sont pas gâtées avec l’âge, on peut
les conserver avec soi. Du temps où je m’intéressais spéciale‑
ment aux rêves, je pouvais retourner exactement à un endroit
et continuer un travail que j’avais commencé, visiter quelque
chose, par exemple, un travail d’organisation ou de découverte,
d’exploration   : on va jusqu’à un certain endroit, comme quand
on va dans la vie, ensuite on se repose, puis on retourne et
on recommence — on recommence l’action à l’endroit où on
l’a laissée et on continue. Et vous vous apercevez qu’il y a des
choses qui sont tout à fait indépendantes de vous, en ce sens
que des variations dont vous n’êtes pas du tout l’auteur, se sont
produites automatiquement pendant votre absence.
Mais pour cela, il faut vivre ces expériences soi-même, il faut
voir soi-même, les vivre avec assez de sincérité et de spontanéité
pour voir qu’elles sont indépendantes de la formation mentale.
Parce que l’on peut faire la contrepartie, et l’étude approfondie

389
Paroles de la Mère

de l’action de la formation mentale sur les événements — cela,


c’est très intéressant, mais c’est un autre domaine. Et cette étude
vous rend très soigneux, très prudent, parce que l’on s’aperçoit
à quel point on peut s’illusionner soi-même. Il faut donc étu‑
dier l’un et l’autre, le rêve et la réalité occulte, pour voir quelle
est la différence essentielle entre les deux. L’un qui dépend de
nous, l’autre qui existe en soi, tout à fait indépendamment de
la pensée que l’on en a.
Quand on a travaillé dans ce domaine-là, on se rend compte
en effet, que si l’on a étudié un sujet, si l’on a appris men‑
talement quelque chose, cela donne une coloration spéciale
à l’expérience ; l’expérience peut être tout à fait spontanée et
sincère, mais le simple fait d’avoir connu le sujet et de l’avoir
étudié, donne une qualité particulière, tandis que si l’on n’a rien
appris sur la question, si l’on ne sait rien du tout, la notation est
tout à fait spontanée et sincère quand vient l’expérience ; elle
peut être plus ou moins adéquate, mais elle n’est pas le résultat
d’une formation mentale antérieure.
Naturellement, cette connaissance occulte ou cette expérience
n’est pas très fréquente dans le monde, parce que, chez ceux
qui n’ont pas de vie intérieure développée, il y a véritablement
des trous entre la conscience extérieure et la conscience la plus
profonde ; ce sont des joints d’états d’être qui manquent et qu’il
faut construire. Alors, quand les gens entrent là-dedans pour la
première fois, ils sont affolés, ils ont l’impression qu’ils tombent
dans la nuit, dans le néant, dans le non-être !
J’avais un ami danois, un peintre, qui était comme cela. Il
voulait que je lui apprenne à sortir de son corps ; il avait des
rêves intéressants et pensait que cela vaudrait la peine d’aller
là consciemment. Je l’ai donc fait «   sortir   » — mais cela a été
une épouvante !... Quand il rêvait, il y avait bien une partie de
son mental qui restait consciente, active, et il existait une sorte
de jonction entre cette partie active et son être extérieur, alors
il se souvenait de certains de ses rêves, mais ce n’était qu’un

390
Le 4 novembre 1958

phénomène très partiel. Et sortir de son corps, cela veut dire


qu’il faut passer graduellement par tous les états d’être, si on le
fait systématiquement. Eh bien, déjà au physique subtil c’était
presque inindividualisé, et dès que l’on s’en allait plus loin, il
n’y avait plus rien, ce n’était pas formé, pas individualisé.
Ainsi, quand on offre aux gens de méditer et qu’on leur dit
de s’intérioriser, de rentrer au-dedans d’eux-mêmes, ils ont une
angoisse — naturellement ! ils ont l’impression qu’ils dispa‑
raissent, et pour cause   : il n’y a rien, il n’y a pas de conscience !
Ces choses qui nous paraissent tout à fait naturelles, évidentes,
pour des gens qui ne savent rien, c’est de l’imagination déver‑
gondée. Si vous transplantez ces expériences ou cette connais‑
sance en Occident par exemple, eh bien, à moins que vous ne
fréquentiez des milieux occultistes, on vous regarde avec des
yeux... et quand vous avez le dos tourné, on s’empresse de dire   :
«   Ces gens-là sont timbrés !   »
Pour revenir aux dieux et conclure, il faut dire que tous
les êtres qui n’ont jamais eu d’existence terrestre — dieux ou
démons, êtres et puissances invisibles — ne possèdent pas
ce que le Divin a mis dans l’homme   : l’être psychique. Et
cet être psychique donne à l’homme l’amour vrai, la charité,
la compassion, la bonté profonde, qui compensent tous les
défauts extérieurs.
Chez les dieux, la faute n’existe pas, parce qu’ils vivent selon
leur nature propre, spontanément et sans contrainte   : c’est leur
manière de dieux. Mais si on se place à un point de vue supérieur,
si l’on a une vision supérieure, une vision d’ensemble, il leur
manque certaines qualités qui sont exclusivement humaines.
Par sa capacité d’amour et de don de soi, l’homme peut avoir
autant de puissance que les dieux, et même plus, quand il n’est
pas égoïste, quand il peut surmonter son égoïsme.
S’il remplit la condition voulue, l’homme est plus près du
Suprême que les dieux, il peut être plus près. Il ne l’est pas
automatiquement, il a le pouvoir de l’être, la potentialité. Si

391
Paroles de la Mère

l’amour humain se manifestait sans mélange, il serait tout-


puissant. Malheureusement, dans l’amour humain il y a autant
d’amour de soi que d’amour de celui qu’on aime ; ce n’est pas
un amour qui vous fait vous oublier.

392
Le 8 novembre 1958

l’expérience du 5 novembre 1958

Le Message de l’Année 1959

Tout au fond de l’inconscience la plus dure, la plus


rigide, la plus étroite, la plus suffocante, j’ai touché un
ressort tout-puissant qui m’a projetée d’un seul coup
dans une immensité sans forme et sans limite où vibrent
les semences d’un monde nouveau.

Voici l’origine de ce message.


Hier soir à la classe 1, je me suis aperçue que ces enfants qui
avaient eu toute une semaine pour préparer des questions sur
le texte que nous lisons, n’en avaient pas trouvé une seule. Une
somnolence terrible ! Un manque total d’intérêt ! Quand j’ai
eu fini la lecture, je me suis dit   : «   Mais qu’est‑ce qu’il y a donc
dans ces cerveaux qui ne s’intéressent à rien qu’à leurs petites
affaires personnelles ? Enfin qu’est‑ce qui se passe là-dedans,
derrière ces formes ?   »
Alors pendant la méditation, j’ai commencé à descendre dans
l’atmosphère mentale de ceux qui m’entouraient, à la recherche
de la petite lumière, de ce qui répond. Et j’ai été littéralement
tirée en bas comme dans un trou.
Dans ce trou, je vois encore ce que j’ai vu   : je descendais
comme dans une faille entre deux rochers, abrupte, des rochers
qui étaient faits de quelque chose de plus dur que le basalte,
noirs, métalliques en même temps, avec des arêtes si aiguës
— on avait l’impression que si on les touchait seulement, on

1. La «   classe du mercredi   », classe hebdomadaire de Mère qui avait lieu au


Terrain de jeux.

393
Paroles de la Mère

serait écorché. C’était comme sans fin et sans fond, et cela


devenait de plus en plus étroit, de plus en plus étroit, comme
un entonnoir, si étroit qu’il n’y avait presque plus la place,
même pour la conscience, de passer. Le fond était invisible,
un trou noir, et ça descendait, descendait, descendait, sans air,
sans lumière, juste une sorte de lueur, comme une réflexion
sur le sommet des roches, d’une lueur qui venait d’au-delà, de
quelque chose qui pouvait être le ciel, mais qui était invisible.
Je continuais à glisser le long de cette faille, et je voyais les
arêtes, les roches noires, coupées au ciseau, luisantes comme
une coupure fraîche, le bord si tranchant que c’était comme
un couteau. Il y en avait une là, une là, une là, partout, tout
autour. Et j’étais tirée, tirée, tirée, je descendais, descendais,
descendais, cela n’en finissait plus et devenait de plus en plus
comprimant, étouffant, suffocant.
Physiquement le corps suivait, il participait à l’expérience.
La main qui était sur le bras du fauteuil avait glissé, puis l’autre,
puis la tête se penchait d’un mouvement irrésistible. Alors je
me suis dit   : «   Il faut tout de même que cela cesse, parce que si
cela continue, je vais avoir ma tête par terre !   » (la conscience
était ailleurs, mais je voyais mon corps du dehors.) Et je me
suis demandée   : «   Mais qu’est‑ce qu’il y a donc au fond de ce
trou ?   »
À peine avais-je formulé cette question, ce fut comme si
j’avais touché un ressort qui se trouvait au fond du trou, un
ressort que je n’avais pas vu mais qui a agi instantanément,
avec une puissance formidable, et d’un seul coup m’a fait jaillir
tout droit en l’air ; j’ai été projetée hors de cette faille dans une
immensité sans limite, sans forme, qui était infiniment confor‑
table — pas exactement chaude, mais qui donnait une impres‑
sion confortable de chaleur intime. Après cette descente assez
pénible, c’était une sorte de superconfort, une aide, une aise au
maximum. Et mon corps tout de suite a suivi le mouvement,
ma tête s’est redressée d’un seul coup toute droite. Et je vivais

394
Le 8 novembre 1958

tout cela sans objectiver le moins du monde ; je ne me rendais


pas compte de ce que c’était, je ne cherchais aucune explication
de ce qui se passait, c’était comme c’était, je le vivais et c’était
tout. L’expérience était absolument spontanée.
C’était tout-puissant, d’une richesse infinie ; cela n’avait
aucune espèce de forme, aucune limite — naturellement j’étais
identifiée, c’est pour cela que je savais qu’il n’y avait ni limite ni
forme. C’était comme si — je dis «   comme si   » parce que ça ne
se voyait pas —, comme si cette immensité était faite d’innom‑
brables imperceptibles points, des points qui n’occupent pas de
place dans l’espace (il n’y avait pas d’espace, n’est‑ce pas) et qui
était d’un or chaud foncé — mais ce n’était qu’une impression,
une traduction. Et tout ça, absolument vivant, vivant d’une
puissance qui paraissait infinie. Et pourtant immobile, d’une
immobilité parfaite qui donnait un sentiment d’éternité, mais
avec une intensité de mouvement et de vie incroyable, intérieure
— c’était intérieur, contenu en soi, et immobile (immobile par
rapport à l’extérieur, s’il y avait un extérieur). Et c’était dans
une vie innombrable, on ne peut pas dire autrement qu’infi‑
nie d’une façon imagée, et d’une intensité et d’une puissance,
d’une force, d’une paix — la paix d’une éternité —, un silence,
un calme, un pouvoir capable de tout.
Et je ne le pensais pas, je ne l’objectivais pas, je le vivais
confortablement, très confortablement. Et cela a duré très
longtemps, pendant tout le reste de la méditation.
C’était comme si cela contenait toutes les richesses de possi‑
bilités ; et tout cela qui n’avait pas de forme avait le pouvoir de
devenir des formes.
Sur le moment je me suis demandée   : «   Qu’est‑ce que c’est
que ça, à quoi cela correspond ?   » Après, naturellement, j’ai
trouvé, et finalement, ce matin je me suis dit   : «   Tiens, mais
c’est pour me donner mon message de l’année prochaine.   »
Alors j’ai transcrit — on ne peut pas faire de description natu‑
rellement, d’ailleurs c’est indescriptible   : c’était un phénomène

395
Paroles de la Mère

psychologique, et les formes étaient seulement une façon de se


décrire à soi-même l’état psychologique. Voici ce que j’ai noté,
d’une façon mentale évidemment ; je n’ai rien décrit, j’ai seule‑
ment établi un fait   :

«   Tout au fond de l’inconscience la plus dure, la plus


rigide, la plus étroite, la plus suffocante, j’ai touché un
ressort tout-puissant qui m’a projetée d’un seul coup dans
une immensité sans forme et sans limite où vibraient les
semences d’un monde nouveau.   »

Généralement, l’inconscience donne l’impression de quelque


chose d’amorphe, d’inerte, de sans forme, de neutre et gris
— quand je suis entrée dans les zones de l’inconscience,
autrefois, c’était la première chose que j’ai rencontrée —, mais
dans l’expérience d’hier, c’était une inconscience dure, rigide,
coagulée, comme si elle était coagulée pour une résistance   :
c’était une inconscience mentale, tout effort glisse dessus, rien
ne peut pénétrer. Et cette inconscience-là est bien pire qu’une
inconscience purement matérielle. Ce n’était pas l’inconscient
originel, c’était un inconscient mentalisé si l’on peut dire   :
toute cette rigidité, cette dureté, cette étroitesse, cette fixité,
cette opposition, cela provient de la présence mentale dans la
création, c’est ce que le mental a apporté dans l’inconscient.
Quand le mental n’était pas manifesté, l’inconscient n’était pas
comme cela   : il était sans forme et il avait la plasticité des choses
sans formes — cette plasticité a disparu.
Le début de l’expérience est une image très expressive de
l’action mentale dans l’inconscient, elle a rendu l’inconscient
agressif — il ne l’était pas avant —, agressif, résistant, obstiné.
C’est bien, en effet, le point de départ de mon expérience, je
cherchais justement à regarder dans l’inconscience mentale des
gens ; et cette inconscience mentale refuse de changer, ce que
l’autre ne faisait pas. L’inconscience purement matérielle n’a

396
Le 8 novembre 1958

pas de manière d’être, elle n’existe pas, n’est organisée d’aucune


façon, tandis que celle-là c’était une inconscience organisée,
organisée par un commencement d’influence mentale — et
c’est cent fois pire ! c’est devenu un obstacle beaucoup plus
grand qu’avant. Avant, cela n’avait même pas le pouvoir de
résister, cela n’avait rien, c’était vraiment inconscient ; mainte‑
nant c’est une inconscience qui est organisée dans son refus de
changer ! Alors j’ai écrit   : «   la plus dure, la plus rigide, la plus
étroite — c’était l’idée de quelque chose qui vous resserre, res‑
serre — la plus suffocante.   »
Puis j’ai écrit   : «   J’ai touché un ressort tout-puissant.   » Ça
veut dire exactement ceci   : dans les profondeurs les plus pro‑
fondes de l’inconscient, il y a le ressort suprême qui nous fait
toucher le Suprême. Parce que, tout au fond de l’inconscience,
il y a le Suprême. C’est le Suprême qui nous fait toucher le
Suprême ; c’est cela le ressort tout-puissant.
C’est toujours la même idée que la hauteur la plus haute
touche la profondeur la plus profonde. L’univers est comme
un cercle ; on le représente par le serpent qui se mord la queue,
cela veut dire que la hauteur suprême touche la matière la plus
matérielle, sans intermédiaire. Je l’ai dit déjà plusieurs fois, mais
cela, c’en était l’expérience telle que je l’ai eue.
Enfin j’ai dit   : «   une immensité sans forme et sans limite où
vibraient les semences d’un monde nouveau.   » Il ne s’agissait
pas de la création primordiale, mais de la création supramen‑
tale. Cette expérience ne correspondait pas à un retour dans
le Suprême, origine de tout ; j’ai eu tout à fait l’impression
que j’étais projetée dans l’origine de la création supramentale   :
quelque chose du Suprême qui est déjà objectivé avec un but
précis de création supramentale.
Il y avait en effet toute cette impression de puissance, de
chaleur, d’or   : ce n’était pas fluide, c’était comme un poudroie‑
ment. Et chacune de ces choses (on ne peut pas appeler cela
des parcelles ni des fragments, ni même des points, à moins

397
Paroles de la Mère

qu’on ne prenne le point au sens mathématique, un point qui


n’occupe pas de place dans l’espace), c’était comme de l’or
vivant, un poudroiement d’or chaud — on ne peut pas dire
brillant, on ne peut pas dire sombre ; ce n’était pas non plus de
la lumière   : une multitude de petits points d’or, rien que cela
— on aurait dit qu’ils me touchaient les yeux, le visage... avec
une puissance formidable ! En même temps, le sentiment d’une
plénitude, de la paix d’une toute-puissance ; c’était riche, c’était
plein. C’était le mouvement à son maximum, infiniment plus
rapide que tout ce que l’on peut imaginer, et en même temps
c’était la paix absolue, la tranquillité parfaite.
Et ce ressort tout-puissant, c’est l’image parfaite de ce qui
se passe, ce qui doit se passer, ce qui se passera, pour tout le
monde   : tout d’un coup on jaillit dans l’immensité.
L’expérience que je viens de décrire a été suivie d’une autre
qui a été notée à l’époque. 1

1.  Voir l’entretien suivant du 15 novembre 1958.

398
Le 15 novembre 1958

l’expérience du 13 novembre 1958

À dire vrai, on n’est peut-être jamais débarrassé des forces hos‑


tiles tant que l’on n’a pas émergé dans la Lumière, définitive‑
ment, au-dessus de l’hémisphère inférieur. Et là, le mot «   forces
hostiles   » perd tout son sens   : ce ne sont plus que des forces de
progrès, pour vous obliger à progresser. Mais il faut être sorti
de l’hémisphère inférieur pour voir les choses de cette manière ;
car en bas elles sont très réelles dans leur opposition au plan
divin.
Il était dit dans les anciennes traditions qu’on ne pouvait pas
vivre plus de vingt jours dans cet état supérieur sans quitter son
corps et retourner à l’Origine suprême. Maintenant cela n’est
plus vrai.
C’est justement cet état de parfaite harmonie, au-dessus de
toutes les attaques, qui deviendra possible avec la réalisation
supramentale. C’est ce qui se réalisera pour tous ceux qui sont
destinés à la transformation supramentale. Les forces adverses
le savent bien, que dans le monde supramental, automatique‑
ment, elles disparaîtront ; n’ayant plus d’utilité, elles seront
dissoutes sans qu’il y ait besoin de rien faire, simplement par
la présence de la force supramentale. Alors elles se déchaînent
avec une rage, une négation de tout, de tout.
Mais c’est le lien entre les deux mondes qui n’est pas encore
construit, ce qui est en train de se construire ; c’était cela le
sens de l’expérience du 3 février 58   : établir un lien entre les
deux mondes. Car les deux mondes sont bien là — pas l’un
au‑dessus de l’autre —, intérieurs l’un à l’autre, dans deux
dimensions différentes, mais il n’y a pas de communication
entre les deux ; ils se recouvrent pour ainsi dire sans être joints.
Dans l’expérience du 3 février, j’ai vu certaines personnes d’ici

399
Paroles de la Mère

et d’ailleurs, qui appartiennent déjà au monde supramental,


dans une partie de leur être, mais il n’y a pas de connexion,
pas de jonction. Le moment est venu justement dans l’histoire
universelle où ce lien doit s’établir.
L’expérience du 5 novembre était une nouvelle étape dans
la construction du lien entre les deux mondes. C’était bien
dans l’origine de la création supramentale que j’ai été projetée   :
tout cet or chaud, cette puissance vivante, formidable, cette
paix souveraine. Et j’ai vu encore une fois que les valeurs qui
commandent ce monde supramental n’ont rien à voir avec nos
valeurs ici, même les valeurs de la plus haute sagesse, même
celles que nous considérons comme les plus divines quand
nous vivons constamment dans la Présence divine ; c’était tout
à fait différent.
Non seulement dans notre état d’adoration et de soumis‑
sion au Seigneur, mais même dans notre état d’identification,
la qualité de l’identification est différente suivant qu’on est de
ce côté-ci, progressant dans cet hémisphère-ci, ou que l’on est
passé de l’autre côté, qu’on a émergé dans l’autre monde, l’autre
hémisphère, l’hémisphère supérieur.
La qualité de la sorte de relation que j’avais avec le Suprême
à ce moment-là, était tout à fait différente de celle que nous
avons ici, et même l’identification avait une qualité différente.
Tous les mouvements inférieurs, on comprend très bien qu’ils
soient différents, mais ça, c’était le sommet de notre expérience
ici, cette identification qui fait que c’est le Suprême qui
gouverne et qui vit — eh bien, il gouverne et il vit d’une façon
différente quand nous sommes dans cette hémisphère-ci ou
quand nous sommes dans la vie supramentale. Et à ce moment-
là [expérience du 13 novembre] ce qui donnait l’intensité de
l’expérience, c’est que j’arrivais à percevoir, vaguement, ces deux
états de conscience en même temps. C’est presque comme si le
Suprême lui-même est différent, c’est-à-dire l’expérience que
nous avons de Lui. Eh bien, probablement, c’est ce que nous

400
Le 15 novembre 1958

en percevons ou la façon dont nous le traduisons, qui diffère,


mais la qualité de l’expérience est différente.
Il y a dans l’autre hémisphère une intensité et une plénitude
qui se traduisent par un pouvoir différent de celui d’ici. Com‑
ment exprimer ? — on ne peut pas. Il semblerait que la qualité
de la conscience elle-même change. Ce n’est pas quelque chose
qui est plus haut que le sommet que nous pouvons atteindre
ici, ce n’est pas un échelon de plus   : nous sommes au bout ici,
au sommet... c’est la qualité qui est différente, la qualité, en ce
sens qu’il y a une plénitude, une richesse, une puissance — ceci
est une traduction n’est‑ce pas, à notre manière — mais il y a
quelque chose qui nous échappe... c’est vraiment un nouveau
renversement de conscience.
Quand nous commençons à vivre la vie spirituelle, il se pro‑
duit un renversement de conscience qui est pour nous la preuve
que nous sommes entrés dans la vie spirituelle ; eh bien, il se
produit un autre renversement de conscience quand on entre
dans le monde supramental.
D’ailleurs, peut-être que chaque fois qu’un monde nouveau
s’ouvrira, il y aura encore un renversement de ce genre. Ainsi,
même notre vie spirituelle qui est un renversement si total par
rapport à la vie ordinaire, elle est, elle paraît, par rapport à cette
conscience supramentale, à cette réalisation supramentale,
quelque chose qui est encore si totalement différent, que les
valeurs sont presque opposées.
On peut le traduire (mais c’est très imprécis, plus que dimi‑
nué, déformé)   : c’est comme si toute notre vie spirituelle était
faite d’argent, tandis que la supramentale est faite d’or, comme
si toute la vie spirituelle ici était une vibration d’argent, pas
froide mais simplement une lumière, une lumière qui va jus‑
qu’au sommet, une lumière tout à fait pure, pure et intense,
mais il y a dans l’autre, la supramentale, une richesse et une
puissance qui font toute la différence. Toute cette vie spiri‑
tuelle de l’être psychique et de toute notre conscience actuelle,

401
Paroles de la Mère

qui paraît si chaude, si pleine, si merveilleuse, si étincelante à


la conscience ordinaire, eh bien, toute cette splendeur paraît
pauvre par rapport à la splendeur du monde nouveau.
On peut très bien expliquer le phénomène de cette façon   :
des renversements successifs qui feront qu’une richesse de créa‑
tion toujours nouvelle se produira d’étape en étape et que tout
ce qui précède paraîtra une pauvreté en comparaison. Ce qui
pour nous, par rapport à notre vie ordinaire, est une suprême
richesse, paraît une pauvreté par rapport à ce nouveau renver‑
sement de conscience. Telle était mon expérience.
La nuit dernière, quand j’ai essayé de comprendre ce qui
manquait pour que je puisse complètement, vraiment vous faire
sortir de vos difficultés, cet effort-là m’a fait me ressouvenir de
ce que je disais l’autre jour au sujet du Pouvoir, le pouvoir de
transformation, le vrai pouvoir de réalisation, le pouvoir supra‑
mental   : quand on entre là-dedans, qu’on surgit dans cet état, à
ce moment-là on voit que c’est vraiment la toute-puissance par
rapport à ce que nous sommes ici. Alors de nouveau j’ai perçu,
éprouvé les deux états en même temps.
Mais tant que cette réalisation n’est pas un fait accompli, ce
sera encore une progression — une progression, une ascension,
on gagne, on gagne du terrain, on monte de plus en plus ; tant
que ce n’est pas le nouveau renversement, c’est comme si tout
était encore à faire. C’est la répétition de l’expérience d’en bas
— elle se reproduit là-haut.
Et chaque fois on a l’impression qu’on a vécu dans la surface
des choses. C’est une impression qui se répète, se répète, se
répète ; à chaque nouvelle conquête on a l’impression   : jusqu’à
présent je n’ai vécu que dans la surface des choses — dans la
surface de la réalisation, dans la surface du «   surrender   » [sou‑
mission], dans la surface du pouvoir — ce n’était que la surface
des choses, la surface de l’expérience. Derrière la surface il y a
une profondeur, et c’est seulement quand on entre dans la pro‑
fondeur que l’on touche à la vraie chose. Et c’est chaque fois la

402
Le 15 novembre 1958

même expérience   : ce qui paraissait une profondeur devient une


surface, une surface avec tout ce que cela comporte d’inexact,
d’artificiel, une transcription artificielle, quelque chose qui
donne l’impression de n’être pas vraiment vivant, d’être une
copie, une imitation — c’est une image, c’est une réflexion,
ce n’est pas la chose elle-même. On passe dans une autre zone
et on a l’impression qu’on découvre la Source et le Pouvoir, la
Vérité des choses ; et ainsi de suite, cette source, ce pouvoir et
cette vérité deviennent à leur tour une apparence, une imita‑
tion, une transcription par rapport à la réalisation nouvelle.
En attendant, il faut bien reconnaître que nous n’avons pas
encore la clef, elle n’est pas entre nos mains. Ou plutôt nous
savons bien où elle est et il n’y a qu’une chose à faire   : le parfait
«   surrender   » dont parle Sri Aurobindo, la soumission totale à la
Volonté divine, quoi qu’il arrive, même dans la nuit.
Il y a la nuit et le soleil, la nuit et le soleil, encore la nuit,
beaucoup de nuits, mais il faut s’accrocher à cette volonté
de «   surrender   », s’accrocher comme dans la tempête, et tout
remettre entre les mains du Seigneur Suprême, jusqu’au jour
où ce sera le Soleil pour toujours, la Victoire totale.

403
Le 22 novembre 1958

karma

Cette sorte de Fatalité que l’on sent peser parfois sur sa vie, ce
que dans l’Inde on appelle Karma, c’est la conséquence de vies
antérieures ; oui, quelque chose qui est à épuiser, qui pèse sur
la conscience.
Les choses se passent ainsi   : c’est l’être psychique qui passe
d’une vie à l’autre, chaque vie sur terre étant l’occasion et le
moyen d’un progrès nouveau, d’une croissance nouvelle ; mais
il peut arriver que le psychique s’incarne avec l’intention de
faire une certaine expérience, d’apprendre une certaine chose,
de développer une certaine faculté à travers une expérience
définie. Et alors, dans cette vie-là, dans la vie où cette expé‑
rience devrait être faite, pour une raison ou une autre, elles
peuvent être multiples, l’âme n’est pas tombée juste à l’endroit
où il fallait ; un déplacement quelconque peut se produire, un
ensemble de circonstances contraires — cela peut arriver —
et alors l’incarnation avorte tout à fait et l’âme s’en va pour
attendre une occasion meilleure. Mais dans d’autres cas, l’âme
est seulement mise dans l’impossibilité de faire exactement ce
qu’elle voulait et elle se trouve entraînée dans des circonstances
fâcheuses. Non seulement fâcheuses à un point de vue objectif,
mais fâcheuses pour son propre développement ; et cela la met
dans la nécessité de recommencer l’expérience, souvent dans
des conditions beaucoup plus difficiles.
Et si — tout arrive, n’est‑ce pas —, si à la seconde tenta‑
tive il y a aussi un insuccès, si les conditions rendent impossible
une fois de plus ce qu’elle veut faire — par exemple si elle se
trouve dans un corps ayant une volonté insuffisante, ou une
déformation dans la pensée, ou un égoïsme trop coriace, et que
l’épreuve se termine par un suicide, alors c’est effroyable. J’ai vu

404
Le 22 novembre 1958

cela bien des fois, cela crée un Karma épouvantable, qui peut
se répéter pendant des vies et des vies avant que l’âme puisse
vaincre et faire ce qu’elle veut faire. Et chaque fois les conditions
deviennent plus difficiles, chaque fois cela exige un effort encore
plus considérable. Il a été dit parfois qu’on ne peut pas s’en sor‑
tir. En effet, le souvenir subconscient du passé crée une sorte de
désir irrésistible d’échapper à la difficulté, et on recommence la
même bêtise ou une bêtise plus grande encore, et à la difficulté
déjà si grande s’en ajoute encore une autre. Et aussi il y a des
moments — des moments ou des circonstances — où il n’y a
personne là pour vous aider, pour vous instruire, pour vous gui‑
der, on est tout seul, sans savoir à quoi s’accrocher ; alors la situa‑
tion devient si affreuse, les circonstances sont si abominables.
Mais si l’âme a fait ne serait-ce qu’un appel, si elle a eu ne
serait-ce qu’un contact avec la Grâce, dans la vie suivante, une
fois, on se trouve dans les conditions où tout peut être balayé
d’un coup. À ce moment-là il faut un grand courage, une
grande endurance, mais parfois il suffit d’un amour véritable ;
et s’il y a la foi, une chose, une toute petite chose suffit et...
tout est balayé. Mais dans la plupart des cas il faut un grand
courage stoïque, une capacité d’endurer et de durer ; la résis‑
tance, surtout dans les cas de suicide antérieur — la résistance
à la tentation de recommencer cette ineptie ; car elle fait une
formation terrible. Il y a aussi cette habitude de ne pas regarder
en face la difficulté qui se traduit par une fuite ; quand la souf‑
france vient   : fuir, fuir, au lieu d’absorber la difficulté, de tenir
bon, c’est-à-dire de ne pas bouger au-dedans, de ne pas céder,
oui, surtout ne pas céder quand on sent en soi «   je ne peux plus
le supporter   ». Tenir la tête aussi tranquille que possible, ne pas
suivre le mouvement, ne pas obéir à la vibration.
C’est cela qu’il faut, juste cela   : la foi dans la Grâce, la per‑
ception de la Grâce, ou bien l’intensité de l’appel, ou encore
mieux, la réponse, la réponse, le nœud qui s’ouvre, qui se brise,
la réponse à cet amour merveilleux de la Grâce.

405
Paroles de la Mère

C’est difficile sans une forte volonté, et surtout, et surtout la


capacité de résister à la tentation qui a été la tentation funeste
à travers toutes les vies, parce que son pouvoir s’accumule.
Chaque défaite lui donne de la force. Une toute petite victoire
peut la dissoudre.
Le plus terrible, c’est quand on n’a pas la force, le courage,
quelque chose d’indomptable. Combien de fois ils viennent
dire   : «   Je veux mourir, je veux m’enfuir, je veux mourir   » — on
leur répond   : «   Mais mourez donc à vous-mêmes ! On ne vous
demande pas de laisser survivre votre ego ! Mourez à vous-
mêmes puisque vous voulez mourir ! Ayez ce courage-là, le vrai
courage, de mourir à votre égoïsme.   »
Mais parce que c’est un Karma, il faut faire quelque chose
soi-même. Le Karma c’est la construction de l’ego ; il faut que
l’ego fasse quelque chose, on ne peut pas tout faire pour lui.
C’est cela la vraie chose ; le Karma est le résultat des actions de
l’ego, et c’est quand l’ego abdique que le Karma se dissout. On
peut l’aider, on peut le secourir, on peut lui donner la force, on
peut lui passer le courage, mais il faut qu’il les utilise.
Il y a un tel abîme entre ce que l’on est vraiment et ce que
nous sommes, que cela donne parfois le vertige. Il ne faut pas
se laisser aller au vertige. Ne pas bouger. Rester comme une
pierre, jusqu’à ce que cela passe.
Généralement, quand l’heure est venue pour un Karma d’être
conquis et absorbé par la Grâce, l’image ou la connaissance ou
l’expérience des faits exacts qui sont la cause du Karma, vient,
et alors, à ce moment-là, on peut faire le geste qui nettoie.
Mais c’est justement sur le point le plus pénible, là où
les suggestions sont les plus fortes, c’est là qu’il faut tenir le
coup, autrement c’est toujours à recommencer, toujours à re‑
commencer.
Un jour, un moment vient où il faut que ce soit fait ; on
doit faire le vrai geste intérieur qui libère. À vrai dire, il y a
maintenant sur la terre une occasion qui ne se présente qu’après

406
Le 22 novembre 1958

des millénaires, une aide consciente avec le pouvoir nécessaire.


Il était entendu que rien n’avait le pouvoir de supprimer les
conséquences d’un Karma, que c’était seulement en l’épui‑
sant par une série d’actions purificatrices que ses conséquences
pouvaient être transformées, épuisées, supprimées. Mais avec
le pouvoir supramental cela peut se faire sans avoir besoin de
suivre tous les degrés du processus de libération.

407
Janvier 1960

les histoires de saints

J’ai lu que les corps de certains saints ont disparu après


leur mort et sont devenus des fleurs, ou se sont simple-
ment évanouis dans le ciel. Comment pareille chose
peut-elle se produire ?

Tout est possible, il se peut que cela se soit produit, mais je ne le


crois pas. Nous ne pouvons pas toujours croire ce que disent les
livres. Il n’y a pas davantage un rapport nécessaire entre de tels
faits et la sainteté. Certains «   médiums   » comme on les appelle,
possèdent des dons inhabituels. On les assoit sur une chaise, on
les y attache, ils sont gardés par des gens et la chambre est soli‑
dement verrouillée de l’extérieur. Ensuite on fait le noir dans la
pièce. Après un certain temps — plus ou moins long selon le
pouvoir du médium — on trouve les nœuds dénoués, la chaise
vide   : l’occupant a disparu. Puis, dans la pièce adjacente, on
trouve la personne allongée, en transe profonde. Le médium
a passé à travers des portes fermées et des murs épais. C’est
par un pouvoir de déconcentration et de reconcentration de la
substance physique.
Des phénomènes de ce genre ont eu lieu sous le plus rigou‑
reux contrôle scientifique. Ils se produisent donc en de rares
occasions, mais ils ne sont pas un signe de sainteté. Il n’y a là
rien de spirituel. Ce qui est à l’œuvre est purement une apti‑
tude de l’être vital. Et souvent les médiums sont des gens de
réputation inférieure, sans aucune marque de sainteté.
Mais pour revenir au sujet   : en ce qui concerne de grands
hommes ou de saints hommes, on répand toutes sortes d’his‑
toires. À l’époque où Sri Aurobindo n’avait pas encore quitté
son corps, une histoire a circulé comme quoi il avait l’habitude

408
Janvier 1960

de sortir par le toit de sa chambre, oui, physiquement, et de se


déplacer dans toutes sortes d’endroits. C’est même écrit dans
un livre. Il me l’a dit lui-même.

Certains livres disent que Mirabaï disparut physique-


ment dans une idole de Krishna et qu’on ne l’a jamais
revue.

D’autres livres ne racontent-ils pas d’autres histoires ?

On rapporte aussi que vous n’écrivez jamais avec une


plume, que c’est simplement la plume qui écrit pour
vous.

Voilà, vous y êtes !

409
Le 4 juin 1960

améliorer le sommeil

Pourquoi se réveille-t-on fatigué le matin, et comment


faire pour améliorer son sommeil ?

Si on se réveille fatigué le matin, c’est à cause du tamas, pas


autre chose   : une masse formidable de tamas ; je m’en suis aper‑
çue quand j’ai commencé à faire le yoga du corps. Et c’est inévi‑
table tant que le corps n’est pas transformé.
Il faut s’étendre à plat sur le dos et relâcher tous les muscles,
tous les nerfs — c’est une chose que l’on peut apprendre facile‑
ment —, faire ce que j’appelle le chiffon sur le lit   : qu’il ne reste
plus rien. Et si on peut faire cela avec le mental aussi, on se débar‑
rasse de tous les rêves imbéciles qui font que l’on est plus fatigué
au réveil que quand on s’est couché   : c’est l’activité cellulaire du
cerveau qui continue sans contrôle, et cela fatigue beaucoup.
Donc, une détente totale, une sorte de calme complet, sans ten‑
sion, où tout est arrêté. Mais ce n’est que le commencement.
Après, on fait un don de soi aussi total que possible, de tout,
du haut jusqu’en bas, du dehors jusqu’au dedans, et une sup‑
pression aussi totale que possible de toute résistance de l’ego,
et on commence à répéter son mantra — son mantra si l’on en
a un, ou n’importe quel mot qui a un pouvoir sur vous, une
parole qui jaillit du cœur, spontanément, comme une prière, et
qui résume votre aspiration. Au bout d’un certain nombre de
répétitions, si vous en avez l’habitude, vous entrez en transe. Et
de cette transe on passe dans le sommeil. La transe dure aussi
longtemps qu’elle doit durer, et, tout naturellement, sponta‑
nément, on passe dans le sommeil. Mais quand on revient de
ce sommeil, on se rappelle tout. Le sommeil a été comme une
continuation de la transe.

410
Le 4 juin 1960

Au fond, le seul but du sommeil, c’est que le corps puisse


assimiler l’effet de la transe, que cet effet soit accepté partout et
que le corps fasse son travail naturel de la nuit en éliminant les
toxines. Et quand on se réveille, il n’y a pas cette trace d’alour‑
dissement qui vient du sommeil   : l’effet de la transe continue.
Même pour ceux qui n’ont jamais été en transe, il est bon de
répéter un mantra, une parole, une prière avant de s’endormir.
Mais il faut que les mots aient une vie en soi ; je ne veux pas
dire une signification intellectuelle, rien de ce genre, mais une
vibration. Et sur le corps, l’effet est extraordinaire   : ça se met à
vibrer, vibrer, vibrer... et tranquille, on se laisse aller, comme si
on voulait s’endormir. Et le corps vibre de plus en plus, de plus
en plus, et on s’en va. Cela, c’est la guérison du tamas.
Et c’est le tamas qui fait le mauvais sommeil. Il y a deux
sortes de mauvais sommeil   : le sommeil qui vous alourdit, vous
abrutit, comme si l’on perdait tout effet de l’effort que l’on
a fait la journée précédente ; et le sommeil qui vous éreinte,
comme si l’on avait passé son temps à se battre. Et j’ai remarqué
que si l’on coupait son sommeil en tranches (c’est une habitude
à prendre), les nuits s’améliorent. C’est-à-dire qu’il faut pou‑
voir revenir à sa conscience normale, à intervalles déterminés
— revenir à l’appel de la conscience... Mais il ne faut pas se
servir d’un réveil ! quand on est en transe ce n’est pas bon d’être
secoué.
Au moment de s’en aller, on peut faire une formation, dire   :
«   Je me réveillerai à telle heure   » (on fait cela très bien quand on
est enfant). Pour la première couche de sommeil, il faut comp‑
ter au moins trois heures ; pour la dernière, une heure suffit.
Mais la première doit avoir trois heures minimum. Au fond, il
faudrait rester couché au moins sept heures ; en six heures on n’a
pas le temps de faire grand-chose (naturellement, je me place
au point de vue de la sâdhanâ pour rendre les nuits utiles).
L’utilisation des nuits est une chose excellente, qui a un
double effet   : un effet négatif, cela vous empêche de retomber

411
Paroles de la Mère

en arrière, de perdre ce que vous avez gagné — et ça, c’est


pénible —, et un effet positif   : vous faites un progrès, vous
continuez votre progrès. On utilise la nuit, alors il n’y a plus
trace de fatigue.
Deux choses à supprimer   : tomber dans l’abrutissement de
l’inconscience, avec toutes ces choses du subconscient et de
l’inconscient qui remontent, vous envahissent, vous pénètrent ;
et une suractivité vitale et mentale où l’on passe son temps à
se battre, littéralement — des batailles terribles. Les gens en
sortent moulus, comme s’ils avaient reçu des coups — et ils les
ont reçus, ce n’est pas «   comme si   » ! Et je ne vois qu’un moyen,
c’est de changer la nature du sommeil.

412
Le 18 juillet 1960

les anciens entretiens et aujourd’hui

Naturellement, on met des dates sur ces vieux Entretiens,


mais tout le monde ne fait pas attention aux dates. Comment
mélanger cela avec les choses de maintenant, qui sont sur un
tout autre plan.
Il y a une expérience où l’on est tout à fait en dehors du
temps, c’est-à-dire qu’en avant, en arrière, en haut, en bas, tout
cela, c’est la même chose. Dans cette identification, au moment
de l’identification, il n’y a plus ni passé ni présent ni avenir. Et
vraiment, c’est la seule façon de savoir.
À mesure que les expériences se développent, ces vieux Entre-
tiens me font l’effet de quelqu’un qui se promène autour d’un
jardin en disant ce qu’il y a dedans. Mais il y a un moment où
l’on entre dans le jardin, alors on sait un peu mieux ce qu’il y a
dedans. Et je commence à entrer. Je commence.

413
Le 18 juillet 1961 1

la création supramentale

La question qui introduit cet entretien est


basée sur l’Aphorisme 66 de Sri Aurobindo   :
«   Le péché est ce qui, en un temps, fut à sa
place mais qui, parce qu’il persiste maintenant,
ne l’est plus. Il n’y a pas d’autre péché.   »

Quelles sont les toutes premières choses que la Force


Supramentale va vouloir déloger, ou qu’elle essaie de
déloger, afin que tout soit à sa place, individuellement
et cosmiquement ?

Déloger ? Est‑ce qu’elle «   délogera   » quelque chose ? Si nous


acceptons l’idée de Sri Aurobindo, elle mettra chaque chose à
sa place, c’est tout.
Il y a une chose qui, nécessairement, devra cesser, c’est la
déformation, c’est-à-dire le voile de mensonge sur la Vérité,
parce que c’est cela qui est responsable de tout ce que nous
voyons ici. Si on enlève cela, les choses seront tout à fait dif‑
férentes, tout à fait ; elles seront comme nous les sentons, nous,
quand nous sortons de cette conscience-là. Quand on sort de
cette conscience et qu’on entre dans la Conscience de Vérité,
c’est au point que l’on est étonné qu’il puisse y avoir quelque
chose comme la souffrance et la misère, et la mort, et tout cela ;
il y a une sorte d’étonnement, en ce sens qu’on ne comprend
pas comment cela peut se produire — quand on a vraiment

1. La question et les deux premiers paragraphes de cet entretien sont égale‑
ment publiés dans La Mère, Pensées et Aphorismes de Sri Aurobindo (Traduction
et commentaires). Sri Aurobindo Ashram, 1994, p. 136-37.

414
Le 18 juillet 1961

basculé de l’autre côté. Mais cette expérience-là est d’habitude


associée à l’expérience de l’irréalité du monde tel que nous le
connaissons, tandis que Sri Aurobindo dit que cette perception
de l’irréalité du monde n’est pas nécessaire pour vivre dans la
conscience supramentale — c’est seulement l’irréalité du Men‑
songe, pas l’irréalité du monde. C’est-à-dire que le monde a
une réalité en soi, indépendante du Mensonge. Je suppose que
c’est cela le premier effet du Supramental ; premier effet dans
l’individu, parce que cela commencera d’abord par l’individu.
Cet état de conscience nouveau, il est probable qu’il doit
devenir un état constant, mais alors un problème se pose   : com‑
ment est‑ce que l’on peut rester en contact avec le monde tel
qu’il est dans sa déformation ? Parce que je me suis aperçue
d’une chose   : quand cet état est très fort en moi, très fort, telle‑
ment fort qu’il peut résister à tout ce qui vient le bombarder du
dehors, si je dis quelque chose, les gens ne comprennent rien
— rien. Par conséquent, cela doit supprimer un contact utile.
Comment serait une petite création supramentale, un
noyau d’action et de rayonnement supramental sur la terre,
par exemple, pour ne prendre que la terre ? Est‑ce que c’est
possible ?... On conçoit très bien un noyau de création surhu‑
maine et des surhommes, c’est-à-dire des hommes qui ont été
des hommes et qui, par l’évolution et la transformation (au vrai
sens du mot) sont arrivés à manifester les forces supramentales ;
mais leur origine est humaine et tant que leur origine est hu‑
maine, forcément il y a contact ; même si tout est transformé,
même si les organes sont transformés en centres de forces, il
y a tout de même quelque chose d’humain qui reste, comme
une coloration. Ce sont ces êtres-là qui, suivant les traditions,
découvriront le secret de la création supramentale directe, sans
passer par le processus de la Nature ordinaire, et c’est à travers
eux que prendraient naissance les êtres supramentaux pro‑
prement dits qui, eux, nécessairement, doivent vivre dans un
monde supramental. Mais alors, comment se ferait le contact

415
Paroles de la Mère

entre ces êtres et le monde ordinaire ? Comment concevoir la


transformation de la Nature, une transformation suffisante
pour que cette création supramentale puisse se produire sur la
terre ? — je ne sais pas.
Naturellement, pour qu’une chose pareille se fasse, il faudra
un temps assez considérable, nous le savons, et il y aura pro‑
bablement des étapes, des degrés, des choses qui apparaîtront
(que, pour le moment, nous ne connaissons pas ou nous ne
concevons pas) et qui changeront les conditions de la terre —
c’est voir quelques milliers d’années en avant.
Reste le problème   : est-il possible de se servir de cette notion
d’espace, je veux dire l’espace sur le globe terrestre ? 1
Est-il possible de trouver un endroit où l’on pourrait créer
l’embryon ou le germe du monde futur supramental ? Le plan
était venu dans tous ses détails, mais c’est un plan qui, dans
son esprit et sa conscience, n’est pas du tout conforme à ce
qui est possible terrestrement, maintenant ; cependant, dans sa
manifestation la plus matérielle, il était basé sur les conditions
terrestres. C’est l’idée d’une ville idéale qui serait le noyau d’un
pays idéal et qui n’aurait de contacts que purement superfi‑
ciels et extrêmement limités dans leurs effets, avec l’extérieur.
Il faudrait donc déjà — mais cela, c’est possible — concevoir
un pouvoir suffisant pour que, à la fois, il soit une protection
contre l’agression ou la mauvaise volonté (ce ne serait pas la
protection la plus difficile à avoir) et contre l’infiltration, le
mélange. Mais cela, on peut à la rigueur le concevoir. Au point
de vue social, au point de vue organisation, au point de vue
vie intérieure, ce ne sont pas des problèmes ; le problème, c’est
la relation avec ce qui n’est pas supramentalisé, pour empê‑
cher l’infiltration, le mélange, c’est-à-dire pour empêcher que

1.  Interrogée plus tard sur le sens de cette phrase, Mère s’est mise à rire   :
«   Je l’ai dit de l’autre côté ! C’est dit du côté où la notion d’espace n’est plus si
concrète !   »

416
Le 18 juillet 1961

ce noyau ne retombe dans une création inférieure — il s’agit


d’une période de transition.
Tous ceux qui ont pensé au problème ont toujours ima‑
giné quelque chose qui était inconnu du reste de l’humanité,
comme dans une gorge de l’Himalaya, par exemple, un endroit
inconnu du reste du monde. Mais ce n’est pas une solution ; ce
n’est pas une solution du tout.
Non, la seule solution c’est le pouvoir occulte, mais cela
implique déjà qu’un certain nombre d’individus soient arrivés à
une grande perfection de réalisation avant que quoi que ce soit
puisse se faire. Mais on peut concevoir que si cela peut se faire,
on puisse avoir, isolé au milieu du monde extérieur (il n’y a pas
de contacts, n’est‑ce pas) un endroit où tout serait exactement à
sa place, comme un exemple. Chaque chose est exactement à sa
place, chaque personne exactement à sa place, chaque mouve‑
ment exactement à sa place — et à sa place dans un mouvement
ascendant, progressif, sans rechute (c’est-à-dire tout le contraire
de ce qui se passe dans la vie ordinaire). Naturellement, cela
supposerait une sorte de perfection, cela supposerait une sorte
d’unité, cela supposerait que les différents aspects du Suprême
puissent être manifestés ; et nécessairement une beauté excep‑
tionnelle, une harmonie totale et un pouvoir suffisant pour
tenir en état d’obéissance les forces de la Nature ; par exemple,
même si cet endroit était entouré de forces de destruction, elles
n’auraient pas le pouvoir d’agir ; la protection serait suffisante.
Tout cela demande une extrême perfection chez les individus
qui seraient les organisateurs d’une chose pareille.

(silence)

Au fond, on n’a jamais su comment ont été formés les pre‑


miers hommes, la première réalisation mentale. On ne sait pas
si c’étaient des individus isolés ou des groupes, si cela s’est
produit au milieu des autres ou dans l’isolement ? — je ne sais

417
Paroles de la Mère

pas. Mais il peut y avoir une analogie avec le cas futur de la


création supramentale. Il n’est pas difficile de concevoir, dans
la solitude de l’Himalaya ou dans la solitude de la forêt vierge,
un individu qui commence à créer son petit monde supramen‑
tal autour de lui ; c’est facile à concevoir. Mais la même chose
serait nécessaire, il faudrait qu’il soit arrivé à une perfection
telle que son pouvoir agisse automatiquement pour empêcher
l’intrusion, qu’automatiquement son monde soit protégé,
c’est-à-dire que tout élément étranger ou contraire soit empê‑
ché d’approcher.
On a raconté des histoires comme cela, de gens qui vivaient
dans une solitude idéale. Ce n’est pas impossible à concevoir,
du tout. Quand on est en rapport avec ce Pouvoir, au moment
où il est en vous, on voit bien que c’est un jeu d’enfant ; au
point même qu’il est possible de changer certaines choses,
d’exercer une contagion sur les vibrations environnantes et les
formes environnantes qui, automatiquement, commencent à se
supramentaliser. Tout cela est possible, mais c’est à l’échelle de
l’individu. Tandis que, prenons l’exemple de ce qui se passe ici,
l’individu qui reste au centre même de tout ce chaos, c’est là la
difficulté ! Est‑ce que, de ce fait même, ce n’est pas une impos‑
sibilité d’arriver à une sorte de perfection dans la réalisation ?
Mais l’autre aussi, l’isolé dans la forêt, c’est l’exemple qui ne
prouve pas du tout que le reste va pouvoir suivre ; tandis que ce
qui se passe ici est déjà une action beaucoup plus rayonnante.
C’est ce qui doit se produire, à un moment donné cela doit se
produire nécessairement ; mais le problème reste   : est‑ce que cela
peut se produire en même temps ou avant que l’autre chose soit
réalisée   : l’individu, l’unique individu supramentalisé ?
Il est évident que la réalisation, dans ces conditions de com‑
munauté, ou de groupe, est beaucoup plus complète, intégrale,
totale et, probablement plus parfaite qu’aucune réalisation indi‑
viduelle, qui est toujours, nécessairement, sur le plan extérieur,
matériel, absolument limitée, parce que c’est seulement un

418
Le 18 juillet 1961

mode d’être, un mode de manifestation, un ensemble micros‑


copique de vibrations qui est touché.
Mais au point de vue de la facilité du travail, je crois qu’il n’y
a pas de comparaison.

(silence)

Reste le problème. Tous les gens, comme Bouddha et les


autres, ont d’abord réalisé, puis ils sont rentrés en contact avec
le monde, alors c’est très simple. Mais pour ce que j’envisage,
est‑ce que, de rester dans le monde, n’est pas une condition
indispensable pour que la réalisation puisse être totale ?

419
Le 3 avril 1962
Après quelques semaines d’une maladie
grave, qui mit en péril la vie de la Mère.

Entre onze heures et minuit exactement, j’ai eu une expérience


qui m’a fait découvrir l’existence d’un groupe de gens (exprès,
leur identité ne m’a pas été révélée) qui veulent créer une sorte
de religion fondée sur la révélation de Sri Aurobindo. Mais ils
n’ont pris que le côté du pouvoir et de la force et un certain
genre de connaissance, c’est-à-dire tout ce qui pouvait être uti‑
lisé par les forces âsouriques. Il y a un grand être âsourique qui a
réussi à prendre l’apparence de Sri Aurobindo. C’est seulement
une apparence. Cette apparence de Sri Aurobindo m’a déclaré
que le travail que je fais n’est pas son travail. Elle a déclaré que
je l’avais trahi, lui et son œuvre, et a refusé d’avoir le moindre
rapport avec moi.
Dans ce groupe, il y a un homme que j’ai dû voir une ou deux
fois, qui n’est pas avec eux en esprit mais seulement en appa‑
rence, mais qui ne comprend pas. Il ne sait pas quel genre d’être
est là et il espère toujours le convaincre de m’accepter, croyant
que c’est vraiment Sri Aurobindo. Cet être, je l’ai vu la nuit
dernière. Je ne donnerai pas tous les détails de la vision, ce n’est
pas nécessaire. Mais je dois dire que j’étais pleinement cons‑
ciente, au courant de tout, et que je savais que c’était une Force
âsourique, mais je ne la rejetais pas, sachant l’immensité de Sri
Aurobindo. Je savais que tout fait partie de lui et je ne veux
rien rejeter. Trois fois, j’ai rencontré cet être la nuit dernière, j’ai
même demandé pardon pour des fautes que je n’avais pas com‑
mises, tout cela dans une soumission et un amour complets.
Je me suis réveillée à minuit avec le souvenir de tout.
Entre minuit et quart et deux heures, j’étais avec le vrai Sri
Aurobindo dans la relation la plus douce et la plus pleine — là
aussi, avec une conscience parfaite et une perception parfaite,

420
Le 3 avril 1962

dans le calme et l’égalité. À deux heures, je me suis réveillée et


juste avant, j’ai noté que Sri Aurobindo lui-même me mon‑
trait qu’il n’était pas encore complètement le maître du monde
physique.
Je me suis réveillée à deux heures et je me suis aperçue que le
cœur avait été affecté par l’attaque de ce groupe qui veut m’ôter
la vie de ce corps, parce qu’ils savent que tant que je suis dans
un corps, sur terre, leurs desseins ne peuvent pas réussir. Leur
première attaque a eu lieu il y a de nombreuses années, en vision
et en actes. C’était arrivé dans la nuit et je n’avais rien dit à per‑
sonne. J’ai noté la date et si je sors de cette crise, je la retrouverai
et la donnerai. Voilà des années qu’ils voudraient que je sois
morte. Ce sont eux qui sont responsables de ces attaques sur ma
vie. J’ai survécu jusqu’à maintenant parce que le Seigneur vou‑
lait que je vive, sinon je serais partie depuis longtemps.
Je ne suis plus dans mon corps. J’en ai laissé le soin au Sei‑
gneur, s’il doit réaliser le Supramental ou pas. Je sais et j’ai dit
aussi que c’est la dernière bataille maintenant. Si le but pour
lequel ce corps est en vie doit être accompli, c’est-à-dire le pre‑
mier pas vers la transformation supramentale, il continuera
aujourd’hui. C’est au Seigneur de décider. Je ne demande
même pas ce qu’Il a décidé. Si le corps est incapable de soutenir
la bataille, s’il doit se dissoudre, alors l’humanité traversera une
période critique. La Force âsourique qui a réussi à prendre l’ap‑
parence de Sri Aurobindo créera une religion nouvelle ou une
pensée nouvelle, probablement cruelle et sans pitié, au nom
de la Réalisation supramentale. Mais il faut que tout le monde
sache que ce n’est pas vrai, que ce n’est pas l’enseignement de
Sri Aurobindo, que ce n’est pas la vérité qu’il a enseignée. La
vérité de Sri Aurobindo est une vérité d’amour et de lumière et
de miséricorde. Il est bon et grand et compatissant et divin... Et
c’est Lui qui aura la vérité finale  1.

1.  Mère a dit ces mots en français.

421
Paroles de la Mère

Maintenant, individuellement, si vous voulez aider, vous


n’avez qu’à prier. Ce que le Seigneur veut sera fait. Tout ce qu’Il
voudra de ce pauvre corps, Il le fera.

(Plus tard, cette notation a été lue à Mère et Elle a ajouté   :)

C’est dans le corps qu’est la bataille.


Ça ne peut pas continuer, il faut qu’ils soient vaincus ou
alors ce corps est vaincu... Tout dépend de ce que le Seigneur
décidera.
C’est le champ de bataille. Jusqu’où il pourra résister, je ne
sais pas. Après tout, cela dépend de Lui. Il sait si le temps est
venu ou non — le temps du commencement de la Victoire —,
alors le corps survivra, sinon, dans tous les cas, mon amour et
ma conscience seront là.

422
Le 13 avril 1962

Nuit du 12 au 13 avril.
Soudain, dans la nuit, je me suis réveillée avec la pleine
conscience de ce que l’on pourrait appeler le «   Yoga du Monde   ».
L’Amour Suprême se manifestait par de grandes pulsations,
et chaque pulsation portait le monde plus loin dans sa
manifestation. C’étaient les formidables pulsations de l’Amour
éternel, prodigieux, seulement l’Amour. Chaque pulsation de
l’Amour emportait le monde plus loin dans sa manifestation.
Et la certitude que ce qui doit être fait est fait et la Manifes‑
tation supramentale est accomplie.
Tout était Personnel, rien n’était individuel.
Et cela continuait, continuait, continuait... La certitude que
ce qui doit être fait est FAIT. Toutes les conséquences du Men‑
songe avaient disparu   : la Mort était une illusion, la Maladie
était une illusion, l’Ignorance était une illusion — quelque
chose qui n’avait pas de réalité, pas d’existence. Seulement
l’Amour et l’Amour et l’Amour et l’Amour — immense, for‑
midable, prodigieux, emportant tout.
Et comment, comment exprimer cela au monde. C’était
comme une impossibilité à cause de la contradiction. Mais
alors c’est venu   : «   Tu as accepté que ce monde connaisse la
Vérité supramentale... et elle sera exprimée totalement, intégra‑
lement.   » Oui, oui...
Et la chose est FAITE.

(long silence)

La conscience individuelle est revenue   : juste le sens d’une


limite — la limitation de la douleur. Sans cela, pas d’individu. 1

1.  Tout ce qui suit a été dit en français par Mère.

423
Paroles de la Mère

Et nous repartons sur la route, sûrs de la Victoire.


Les cieux sont pleins de chants de Victoire !
Seule la Vérité existe ; elle seule sera manifestée. En avant !...
en avant !
Gloire à Toi, Seigneur, Triomphateur suprême !

(silence)

Maintenant au travail.
Patience, endurance, égalité parfaite, et une foi absolue.

(silence)

Ce que je dis n’est rien, rien, rien, rien que des mots, si je
compare à l’expérience.
Et notre conscience est la même, absolument la même que
celle du Seigneur. Il n’y avait aucune différence, aucune diffé‑
rence...
Nous sommes Cela, nous sommes Cela, nous sommes Cela.

(silence)

Plus tard, j’expliquerai mieux. L’outil n’est pas encore prêt.


C’est seulement le début.
Plus tard, Mère a ajouté   :
L’expérience a duré au moins quatre heures.
Il y a beaucoup de choses que je dirai plus tard.

424
Le 7 septembre 1963

dialogue avec un matérialiste

Ô Mort, tu dis la vérité, mais une vérité qui tue,


Je te réponds par la vérité qui sauve.
Savitri, X, 3.

L’autre jour, pour une question de travail, j’ai été amenée à


expliquer ma position du point de vue de la conviction maté‑
rialiste (je ne sais pas où ils en sont maintenant, parce que je ne
m’occupe pas de cela généralement).
Pour eux, toutes les expériences qu’ont les hommes sont le
résultat d’un phénomène mental — c’est cela, on est arrivé à
un développement mental progressif (ils seraient bien inca‑
pables de dire pourquoi ni comment !) — enfin c’est la Matière
qui a développé la Vie, et la Vie qui a développé le Mental ;
et toutes les expériences soi-disant spirituelles de l’homme sont
des constructions mentales (ils emploient d’autres mots, mais je
crois que c’est leur idée). En tout cas, c’est une négation de toute
existence spirituelle en elle-même et d’un Être ou d’une Force,
ou de Quelque chose, qui soit supérieur et qui dirige tout.
Je le répète, je ne sais pas où ils en sont maintenant, mais
j’étais en présence d’une conviction de ce genre.
Et alors j’ai dit   : «   Mais c’est très simple ! J’accepte votre
point de vue, il n’y a pas autre chose que ce que nous voyons,
l’humanité telle qu’elle est ; et tous ces soi-disant phénomènes
intérieurs sont dus à une action mentale, cérébrale ; et quand
on meurt, on meurt — n’est‑ce pas, quand le phénomène d’ag‑
glomération est arrivé au bout de son existence et qu’elle se
dissout, tout se dissout. C’est très bien.   »
Il est probable que si les choses avaient été comme cela, la
vie m’aurait paru tellement dégoûtante que j’en serais partie.

425
Paroles de la Mère

Mais je dois dire tout de suite que ce n’est pas pour une raison
morale, ni même spirituelle que je désapprouve le suicide, c’est
que, pour moi, c’est une lâcheté, et il y a quelque chose en moi
qui n’aime pas la lâcheté, et par conséquent je ne me suis pas...
Je ne me serais jamais enfuie du problème.
C’est un point.
«   Et alors, une fois que vous êtes ici et que vous devez aller
jusqu’au bout, même si le bout est un néant — vous allez jus‑
qu’au bout et il vaut mieux y aller le mieux du monde, c’est-
à-dire à votre plus grande satisfaction. Il se trouve que j’avais
des curiosités philosophiques et que j’ai étudié un peu tous
les problèmes, et je me suis trouvée en présence de l’ensei‑
gnement de Sri Aurobindo, et ce qu’il dit est de toutes choses
ce qui a été, pour moi, le plus satisfaisant ; ce qu’il a enseigné
(je dirais révélé, mais pas à un matérialiste), ce qu’il a ensei‑
gné est de beaucoup, parmi les systèmes humains formulés, le
plus satisfaisant pour moi, le plus complet, qui répond de la
façon la plus satisfaisante à toutes les questions qui peuvent
se poser, et celui qui m’aide le plus dans la vie à avoir le senti‑
ment que ça sert à quelque chose. Par conséquent, j’essaie de
me conformer entièrement à ce qu’il enseigne et de le vivre
intégralement de façon à vivre le mieux du monde — pour
moi. Cela m’est tout à fait égal que les autres n’y croient pas
— qu’ils y croient ou n’y croient pas ne fait pas de différence
pour moi ; je n’ai pas besoin d’être soutenue par la conviction
des autres, il suffit que ce soit ma propre satisfaction.   » Eh
bien, plus rien à dire.
L’expérience a duré longtemps — dans tous les détails, à
tous les problèmes, j’ai répondu comme cela. Et quand j’ai
été au bout, je me suis dit   : «   Mais c’est merveilleux comme
argument !   » parce que tous les éléments de doute, d’ignorance,
d’incompréhension, de mauvaise volonté, de négation, toutes
ces choses qui viennent, immédiatement, avec cet argument,
cela, c’est parti — c’est annulé, cela n’a pas d’effet.

426
Le 7 septembre 1963

Et après tout, tout était tenu en main, solide — qu’est‑ce


que vous avez à dire ?

(silence)

Il est beaucoup plus facile de répondre à des matérialistes à


tout crin, convaincus, sincères (c’est-à-dire «   sincères   » dans la
limite de leur conscience) qu’à des gens qui ont une religion !
beaucoup plus facile.
Mais naturellement, au point de vue intellectuel, toutes les
convictions humaines s’expliquent et ont leur place — il n’est
rien de ce que les hommes ont pensé, qui ne soit la déformation
d’une vérité. Ce n’est pas cela la difficulté, mais c’est justement
le fait que, pour les gens religieux, il y a des choses qu’ils ont
le devoir de croire, et c’est un «   péché   » de permettre à l’esprit
de discuter — alors ils se ferment, naturellement, et jamais
ils ne pourront faire un progrès. Tandis que les matérialistes,
eux, sont censés, au contraire, tout connaître, tout expliquer
— rationnellement, ils expliquent tout. Et alors (Mère rit) par
le fait qu’ils expliquent tout, on peut justement les mener là où
l’on veut aller.
Voilà.

Il n’y a rien à faire avec les gens religieux.

Oui.
Mais d’ailleurs ce n’est pas bon aussi. S’ils se sont accrochés
à une religion, c’est que cette religion les a aidés, d’une façon
ou d’une autre ; a aidé en eux, justement, quelque chose qui
voulait avoir une certitude et ne pas avoir à chercher — pou‑
voir s’appuyer sur une chose solide sans être responsable de la
solidité, quelqu’un d’autre est responsable ! (Mère rit)... et s’en
aller comme cela. Et c’est un manque de compassion de vouloir
les tirer de là — il n’y a qu’à les laisser là où ils sont. Jamais je

427
Paroles de la Mère

ne discute avec quelqu’un qui a une foi — qu’il garde sa foi ! Et


je me garde bien de lui dire quelque chose qui pourrait ébranler
sa foi, parce que ce n’est pas bon — ils ne sont pas capables d’en
avoir une autre.
Mais un matérialiste...   : «   Je ne discute pas, j’accepte votre
point de vue ; seulement vous n’avez rien à dire — j’ai pris ma
position, prenez la vôtre. Si vous êtes satisfait de ce que vous
avez, gardez-le. Si cela vous aide à vivre, c’est très bien.
«   Mais vous n’avez aucun droit de me blâmer ou de me criti‑
quer, parce que c’est sur votre propre base. Même si tout ce que
j’imagine est une simple imagination, je préfère cette imagina‑
tion à la vôtre.   » Voilà.

428
Le 24 décembre 1966

choisir la vérité

Qu’est‑ce que la Vérité ? Que voulez-vous dire quand


vous parlez de «   la Vérité   » ?

Vous voulez une définition mentale de la Vérité... La Vérité ne


peut pas s’exprimer en termes du mental. C’est cela. Et toutes
les questions posées sont des questions mentales.
La Vérité ne se formule pas, elle ne se définit pas, mais elle
se vit.
Et celui qui est entièrement consacré à la Vérité, qui veut
vivre la Vérité, servir la Vérité, saura à chaque minute ce qu’il
faut qu’il fasse ; ce serait une espèce d’intuition ou de révélation
(le plus souvent sans mots, mais quelquefois aussi exprimée en
mots) qui ferait savoir à chaque minute quelle est la vérité de
cette minute. Et c’est cela qui est si intéressant... Vous voulez
savoir «   la Vérité   » comme une chose bien définie, bien classée,
bien établie, et puis là, on est bien tranquille, il n’y a plus besoin
de chercher ! On adopte ça, on dit   : «   Ça, c’est la Vérité   » et puis
c’est fixé — c’est ce qu’ont fait toutes les religions. Elles ont éta‑
bli leur vérité comme un dogme. Mais ce n’est plus la Vérité.
La Vérité est une chose vivante, mouvante, qui s’exprime à
chaque seconde et qui est une façon d’approcher le Suprême.
Il y a peut-être ceux qui peuvent l’approcher de tous les côtés
à la fois, mais il y a ceux qui approchent par l’Amour, ceux qui
approchent par le Pouvoir, ceux qui approchent par la Cons‑
cience, et ceux qui approchent par la Vérité. Mais chacun de ces
aspects est aussi absolu, impératif et indéfinissable que le Sei‑
gneur Suprême l’est lui-même. Le Seigneur Suprême est absolu,
impératif et indéfinissable, insaisissable dans son action, et ses
attributs ont cette même qualité.

429
Paroles de la Mère

Une fois que l’on sait cela, celui qui se met au service de l’un
de ces aspects saura (ça se traduit dans la vie, dans le Temps,
dans le mouvement du temps), il saura à chaque moment ce
qu’est la Vérité, et il saura à chaque minute ce qu’est la Cons‑
cience, et il saura à chaque minute ce qu’est le Pouvoir, ou il
saura à chaque minute ce qu’est l’Amour. Et c’est un Pouvoir,
un Amour, une Conscience, une Vérité multiformes qui s’ex‑
priment innombrablement dans la manifestation, de même que
le Seigneur s’exprime innombrablement dans la manifestation.

430
Le 11 mai 1967

la soumission inconditionnelle

Tu vois, dans l’état actuel du monde, les circonstances sont tou‑


jours difficiles. Le monde tout entier est dans un état de lutte,
de conflit entre les forces de vérité et de lumière et tout ce qui
s’y oppose, tout ce qui ne veut pas changer, ce qui représente
cette partie du passé qui est fixe, rigide et qui refuse de s’en
aller. Naturellement, chaque individu éprouve ses propres diffi‑
cultés et fait face aux mêmes obstacles.
Pour toi, il n’y a qu’une solution. C’est une soumission
totale, complète et sans réserve. Ce que je veux dire, c’est que
tu dois faire le don non seulement de tes actions, de ton tra‑
vail, de tes ambitions, mais aussi de tous tes sentiments, en ce
sens que tout ce que tu fais, tout ce que tu es, c’est exclusive‑
ment pour le Divin. Alors tu te sens au-dessus des réactions
humaines autour de toi — non seulement au-dessus mais pro‑
tégé par le mur de la Grâce divine. Une fois que tu n’as plus
de désirs, plus d’attachements, une fois que tu as renoncé à la
nécessité de recevoir une récompense des êtres humains quels
qu’ils soient — sachant que la seule récompense qui soit digne
d’être reçue est celle qui vient du Suprême, et qu’elle ne te fera
jamais défaut —, une fois que tu as renoncé à l’attachement à
tous les êtres et toutes les choses extérieurs, immédiatement tu
sens dans ton cœur cette Présence, cette Force, cette Grâce qui
ne te quitte jamais.
Et il n’y a pas d’autre remède. C’est le seul remède, pour tout
le monde sans exception. À tous ceux qui souffrent, il faut dire
la même chose   : toute souffrance est le signe que la soumission
n’est pas totale. Alors, lorsque tu sens en toi un «   bang   », comme
ça, au lieu de dire   : «   Oh, ça va mal   » ou «   les circonstances sont
difficiles   », tu dis   : «   Ma soumission n’est pas parfaite.   » Alors ça

431
Paroles de la Mère

va. Alors tu sens la Grâce qui t’aide et te conduit, et tu vas de


l’avant. Et un jour tu émerges dans cette paix que rien ne peut
troubler. À toutes les forces contraires, à tous les mouvements
contraires, à toutes les attaques, à toutes les incompréhensions,
toutes les mauvaises volontés, tu réponds par le même sourire
qui vient d’une confiance absolue en la Grâce divine. Et c’est la
seule solution, il n’y en a pas d’autre.
Ce monde est un monde de conflit, de souffrance, de diffi‑
culté, de tension ; il en est pétri. Il n’a pas encore changé, cela
prendra encore un peu de temps pour changer. Et pour chacun
il y a la possibilité d’en sortir. Si tu t’appuies sur la présence de
la Grâce suprême, c’est la seule issue. Je te le répète depuis deux
ou trois jours, comme ça, constamment.
Alors ?

Que faire ?

Quoi ? Pour ton travail, il n’y a rien à dire. Tu le fais parfaite‑


ment bien, exactement comme il faut le faire ; c’est bien. Ton
travail est tout à fait bien.

C’est ce que je voulais demander   : est‑ce que ce travail est


vraiment nécessaire ? Pourquoi continuer de le faire ?

C’est excellent, continue à le faire. Tu le fais parfaitement bien.


Ne t’attends pas à l’appréciation humaine — parce que les êtres
humains ne savent pas sur quoi se baser pour apprécier quelque
chose et, de plus, quand quelque chose leur est supérieur, ils ne
l’aiment pas.

Mais où trouver une telle force ?

En toi. La Présence divine est en toi. Elle est en toi. Tu la


cherches à l’extérieur ; regarde au-dedans de toi. Elle est en toi.

432
Le 11 mai 1967

La Présence est là. Tu veux l’appréciation des autres pour trou‑


ver la force — tu ne la trouveras jamais. La force est en toi. Si tu
veux, tu peux aspirer vers ce qui te paraît être le but suprême, la
lumière suprême, la connaissance suprême, l’amour suprême.
Mais c’est en toi — autrement tu ne pourrais jamais entrer en
contact avec cela. Si tu vas suffisamment profond au-dedans de
toi, tu la trouveras là, comme une flamme qui brûle toujours
tout droit, sans vaciller.
Et ne crois pas que ce soit si difficile à faire. C’est parce que
ton regard est toujours tourné vers l’extérieur que tu ne sens pas
la Présence. Mais, au lieu de chercher le support à l’extérieur, si
tu te concentres et si tu pries — au-dedans de toi, vers la con‑
naissance suprême — afin de savoir à chaque instant ce qu’il
faut faire et la façon de le faire, et si tu offres tout ce que tu es,
tout ce que tu fais pour arriver à la perfection, tu sentiras que le
support est là, te guidant toujours, te montrant toujours le che‑
min. Et s’il y a une difficulté, au lieu de vouloir te battre, tu en
fais don, tu en fais don à la sagesse suprême, pour qu’elle s’en
occupe — qu’elle s’occupe de toutes les mauvaises volontés, de
toutes les incompréhensions, de toutes les mauvaises réactions.
Si tu te soumets entièrement, ce n’est plus ton affaire   : c’est
l’affaire du Suprême, qui en prend charge et qui sait mieux que
personne ce qu’il faut faire. C’est la seule issue, la seule issue.
Voilà, mon enfant.

Mais par exemple, quoi que je fasse, même les miens ne


l’apprécient pas.

Les tiens sont dans la confusion, comme tout le monde.

Mais mon sentiment est si fort — pas seulement fort,


il est aussi clair que le jour, comme quand je suis assis
près de toi —, que moi-même je ne fais rien. C’est pour
moi une expérience si merveilleuse, si claire depuis tant

433
Paroles de la Mère

d’années. Quoi que je fasse, c’est une Force qui le fait,


ce n’est pas moi du tout. Et les choses se font, mais alors
les...

Quoi ! Tu espères que le monde va comprendre ça ?

Non, peut-être qu’ils ne comprendront pas, je ne tiens


pas à leur reconnaissance. Mais, tu vois, les obstacles et
les...

Dis-toi une chose, c’est que moi je peux comprendre et que je


sais, et alors tu as toute mon aide. Je ne t’ai jamais dit que tu
faisais mal ton travail, si ? Alors, une fois pour toutes, tu dois
bien comprendre qu’à moins que les gens ne soient de vrais
yogis, libérés de l’ego, complètement soumis au Suprême, ils
ne peuvent pas comprendre. Comment le pourraient-ils ? Ils ne
voient qu’avec les yeux et la connaissance extérieurs ; ils voient
les choses et les apparences extérieures. Ils ne voient pas ce qui
est au-dedans. Lorsqu’on a fini d’espérer l’appréciation exté‑
rieure, celle qui vient des êtres humains, on n’a plus de raison
de se plaindre. S’ils apprécient, tant mieux pour eux. S’ils n’ap‑
précient pas, cela ne fait rien. C’est leur point de vue. Nous ne
faisons pas les choses pour leur plaire, nous faisons les choses
parce que nous sentons qu’elles doivent être faites.

Je n’ai jamais attendu aucune appréciation, Mère.

Ces choses viennent peut-être pour t’obliger à prendre cette


attitude — parce que ça, c’est la libération, c’est la vraie libéra‑
tion.

Ce n’est pas une question d’ego, mais je suis un sâdhu de


nature. Je n’ai besoin de rien.

434
Le 11 mai 1967

C’est bien, mais tu ne dois pas avoir besoin non plus de l’ap‑
préciation de ta famille.

Malgré tous mes défauts et toutes mes faiblesses, je


n’ai besoin de rien. Je n’ai pas du tout besoin qu’on
m’apprécie.

Alors tu ne peux pas souffrir. Parce que la seule chose dont tu


aies besoin, c’est du soutien du Divin, et tu l’as. Ainsi, tu ne
peux pas souffrir.

Mais je souffre beaucoup.

Oui, il y a un conflit dans ton être. Une partie de ta conscience


sait, mais il y en a une autre qui est encore esclave des circons‑
tances.
(silence)

Peut-être tout cela est-il venu pour te conduire à la suprême


et totale libération. Et si tu le prends comme l’expression de
la Grâce, tu verras le résultat. La paix, une paix que rien ne
peut troubler, une parfaite équanimité et une force qui ne faillit
jamais.

(long silence)

Aujourd’hui, que ce soit pour toi une nouvelle naissance. Le


commencement d’une vie nouvelle.

435
Le 15 août 1967

l’expérience du 15 août 1967

Je me suis assise, ça allait être l’heure [de la méditation collec‑


tive], peut-être une demi-minute avant, et instantanément,
sans préparation, comme cela, comme un coup de massue   : une
descente tellement puissante — immobilisée tout à fait — de
quelque chose... C’était comme si Sri Aurobindo me disait en
même temps (parce que la définition est venue en même temps
que l’expérience ; c’était une vision qui n’était pas une vision,
c’était tout à fait concret) et le mot était   : golden peace [une
paix dorée]. Mais si fort ! et puis cela n’a plus bougé. Pendant
une demi-heure, cela n’a pas bougé. C’est quelque chose de
nouveau, que je n’avais jamais senti avant. Je ne peux pas dire...
c’était perçu, mais pas comme une vision objective. Et sponta‑
nément d’autres personnes m’ont dit que dès qu’elles se sont
assises pour la méditation (geste de descente massive), quelque
chose est venu avec une puissance formidable... et tout à fait
immobilisée, et une impression de paix qu’ils n’ont jamais
sentie dans leur vie.
Golden peace... Et c’est vrai, cela donnait l’impression de la
lumière d’or supramentale, mais c’était une paix ! concrète, tu
sais, pas la négation du désordre et de l’activité, non   : concret,
la paix concrète. Je ne voulais plus m’arrêter ; on avait sonné,
je suis restée encore deux minutes, trois minutes. Quand je me
suis arrêtée, c’est parti. Et cela a fait une telle différence pour le
corps — le corps lui-même —, une telle différence que quand
c’est parti, je me suis sentie tout mal à l’aise, il m’a fallu une
demi-heure pour retrouver l’équilibre.
C’est venu et c’est parti. C’est venu pour la méditation et c’est
parti. Pendant plus d’une demi-heure, trente-cinq minutes.

436
Le 15 août 1967

Et le soir [au balcon] 1, il y avait une foule — je crois que


c’est la plus grande foule que nous ayons jamais eue, ça allait
dans toutes les rues ; aussi loin que je pouvais voir c’était plein
de gens ; alors je suis sortie, et quand je suis sortie, de toute
cette foule est montée comme une... quelque chose entre une
imploration, une prière et une protestation pour l’état dans
lequel se trouve le monde, et particulièrement le pays. Et cela
montait en vagues... je regardais cela, et puis (c’est extrêmement
insistant) je me suis dit   : «   Ce n’est pas mon jour, c’est le jour
de Sri Aurobindo   », j’ai fait comme cela (geste en retrait) et j’ai
mis Sri Aurobindo en avant. Et alors il s’est mis en avant ; en se
mettant en avant, il a simplement dit, simplement   : «   The Lord
knows better what he is doing   » 2... (Mère rit) Immédiatement
je me suis mise à sourire (je n’ai pas ri, mais je me suis mise à
sourire) et il est venu la même paix que le matin.
Voilà.
«   The Lord knows better what he is doing   », avec son sens de
l’humour le plus parfait. Et immédiatement tout s’est calmé.

1. Le 15 août, anniversaire de Sri Aurobindo, Mère donna le Darshan en se


tenant debout quelques minutes au balcon de sa chambre à l’étage et en regar‑
dant ceux qui s’étaient rassemblés dans les rues en bas.
2.  «   Le Seigneur sait ce qu’il fait.   »

437
Le 25 mai 1970

aller au-delà de la politique

Que faut-il faire pour sortir le pays de ses difficultés ? Sri


Aurobindo a prévu toutes les difficultés et il en a donné la
solution. En ce moment son centenaire approche, cela paraît
arrangé, vous savez, arrangé divinement, parce que ce serait une
occasion merveilleuse de répandre l’enseignement dans le pays
entier   : un enseignement pratique, ce qu’il a dit pour l’Inde,
comment organiser l’Inde, la mission de l’Inde. Ainsi, il me
semble qu’à l’occasion du centenaire cela pourrait se répandre
dans tout le pays, avec un peu d’organisation pour que ses idées
se propagent. Ceux que la chose intéresse peuvent s’en charger,
faire des réunions, apporter aux gens la lumière et la connais‑
sance. C’est une occasion merveilleuse. Et c’est cela, seulement
cela, qui donne la clef de toutes les difficultés.
à propos de tout ce qui s’est passé et de tout ce qui se passe
en ce moment, il a dit clairement qu’il est inutile de revenir
en arrière. Il faut donner au pays la vraie attitude, qui est de
mettre sa confiance dans le Divin. Naturellement, c’est à l’op‑
posé de ce que les gens pensent à présent. Mais Sri Aurobindo
explique cela de telle manière que même ceux qui sont contre
peuvent l’accepter. Vous comprenez ? Il a trouvé une façon de
dire cela qui peut être comprise par tout le monde. C’est la
seule solution, à ce que je vois ; c’est la seule solution. Tout le
reste implique complications, contradictions et batailles.
Pour le moment, nous avons deux ans devant nous pour
organiser une sorte de démonstration de ce qu’il enseignait.
Et cela dépasse la politique, vous savez. Ce n’est pas une
question de parti, ce n’est pas cela, parce que si les uns sont
pour, les autres sont contre naturellement. C’est au-dessus de
la politique. Cela veut dire organiser le pays au-dessus de la

438
Le 25 mai 1970

politique. Et c’est la seule manière. La politique, c’est toujours


la lutte, une lutte vilaine. Et c’est devenu tellement mauvais.
Il me disait que les choses iraient de mal en pis, parce que
c’est la fin d’une époque. Nous entrons dans un âge nouveau
où les choses doivent s’organiser autrement. C’est une période
difficile à cause de cela.
Comme nous savons ce qui va se passer, nous pouvons aider
pour que cela vienne plus vite et avec moins de bouleverse‑
ments. Retourner en arrière ne donnerait rien ; cela ne ferait
qu’éterniser les choses. Il faut absolument avancer, dépasser
les partis. Et cela, personne ne peut l’expliquer mieux que lui,
parce qu’il avait tellement, tellement dépassé les partis ; il voyait
les avantages et les inconvénients de chaque parti et il les a
montrés nettement.
Si vous lisez attentivement ce qu’il a écrit — il y a tant de
choses — vous trouverez la réponse à toutes les questions. Et
en même temps vous saurez que vous avez le soutien total de la
Force divine. Le Pouvoir qui était derrière lui est derrière cette
transformation. C’est le moment de se transformer. On ne peut
pas rester accroché au passé.
Le meilleur moyen d’aller au-delà de la politique est de
répandre le message de Sri Aurobindo ; parce qu’il n’est pas
un élément politique qui veut prendre le pouvoir. Il n’y a que
ses idées et ses idéaux. Et naturellement si les gens pouvaient
comprendre son programme et le mettre en pratique, le pays
pourrait devenir très fort.
Ceux qui comprennent l’enseignement peuvent se charger
d’organiser et de répandre.

Mais, Mère, à moins que les enfants de la Mère n’entrent


au Gouvernement...

(Riant) Ils ne tiendront pas le coup. Et ils se sentiront


terriblement limités. Si quelqu’un veut faire de la politique,

439
Paroles de la Mère

c’est différent ; mais je pense que les autres seront plus forts s’ils
restent en dehors.

Mais de toute façon il y a le Gouvernement. Si les


enfants de Mère entrent au Gouvernement, alors il sera
plus facile de changer les choses.

Mais il faut que ce soit des gens qui ont un tempérament poli‑
tique. La politique est toujours limitée par le parti, par les idées,
par les obligations aussi. À moins de mettre sur pied un gou‑
vernement sans partis, un gouvernement qui admet toutes les
idées parce qu’il est au-dessus des partis. Le parti est une limita‑
tion. C’est comme une boîte   : vous vous mettez dans une boîte
(Mère rit). Naturellement, si des gens avaient le courage d’être
dans un gouvernement sans appartenir à un parti   : «   Nous ne
représentons aucun parti, nous représentons l’Inde, ce serait
magnifique.   »
Faire monter la conscience là-haut, là-haut, au-dessus des
partis.
Et alors, naturellement, certaines personnes ne pourraient
pas entrer dans des partis politiques — et ça, c’est vraiment
travailler pour l’avenir. L’avenir sera ainsi. Toute cette agitation
est là parce que le pays doit montrer le chemin, doit s’élever au-
dessus de ces vieilles habitudes politiques. Un gouvernement
sans partis. Oh ! Ce serait magnifique !

440
Table des matières

Première Partie
Lettres et messages
Le Divin et l’Univers 3
L’univers manifeste le Divin 3
Le Divin est à l’œuvre dans l’univers 5

La Nature et les forces de la Nature 11

Les dieux, les êtres supérieurs et les forces adverses 14


Les dieux 14
Krishna et Râdhâ 15
Kâlî, Mahâkâlî, Mahâlakshmî, Mahâsaraswatî 16
L’Avatâr 19
Les êtres supérieurs 21
Les forces adverses 22

Les religions et l’occultisme 30


Les religions 30
L’occultisme 34
L’astrologie 38
La chiromancie 40
La signification des nombres 40
Les couleurs 42
Les symboles 42

La morale et la guerre 48
La morale 48
La guerre et la violence 49
La sécurité et la protection 52

La richesse et le gouvernement 54
La richesse et l’économie 54
Le gouvernement et la politique 59
L’unité humaine 65

441
Paroles de la Mère

Le monde actuel 74
L’obscurité et la lumière 76

Le passé, le présent et l’avenir 79


Le passé 79
Le présent 82
L’avenir 83

Le progrès et la perfection 85
Le progrès 85
La perfection 88
Le succès 89
La victoire 92

La transformation et le Supramental 95
La transformation 95
Les trois conditions 96
La transformation et les parties de l’être 99
Le Supramental 102
La manifestation supramentale sur la terre 107
La Nouvelle Conscience 118
Le Supramental et l’être nouveau 121
L’immortalité 128
La Nouvelle Création 129

La mort et la renaissance 131


La vieillesse et la mort 131
La renaissance 137
Le suicide 141

Le sommeil et les rêves 144


Le sommeil et le repos 144
Les rêves 148

La maladie et la santé 151


Les causes intérieures de la maladie 152
La peur et la maladie 155
L’inquiétude et la préoccupation de la maladie 157

442
Table des matières

La pensée négative et la maladie 160


La volonté de vaincre la maladie 162
Le contrôle du désir 163
La paix et la tranquillité, la foi et la soumission 164
La guérison par la Grâce divine 167
Les médecins et la médecine 171
Messages à l’intention des services médicaux de l’Ashram 175
Sujets d’ordre général 177

Messages 182
Messages de Nouvel An 182
Commentaires sur les messages de Nouvel An 191
Messages de Darshan 198
Messages au sujet de la Manifestation Supramentale
sur la terre 203
Messages à l’occasion de l’arrivée de la Mère
à Pondichéry 205
Messages à l’occasion de l’arrivée de Sri Aurobindo
à Pondichéry 206
Messages de Pûjâ 208
Commentaires sur les jours de Pûjâ 209
Messages de Noël 211
Messages d’anniversaire 215
Messages à l’intention des Centres et des Organisations 219
Messages à l’intention des Départements et des Entreprises 222
Messages divers 223

Prières 225
Prier le Divin et L’appeler 225
Les prières 228

La sâdhanâ et la vie 243


Votre vie 243
Changer 244
Faire la vraie chose 246
S’élever haut 250
Comment le Divin vient en aide à l’homme 251

443
Paroles de la Mère

La Beauté 255
Sujets d’ordre général 257

Conseils personnels 259

Recommandations 279

Sollicitude dans les détails 289


Sujets d’ordre général 289
Cuisiner et manger 296
Emprunter des livres à la bibliothèque de l’Ashram 299
Peindre 301

Les expériences de la Mère 306


Quelques expériences de la Conscience du corps 306
Les nouvelles expériences de la Conscience du corps 309

Deuxième Partie
Entretiens
30 décembre 1950
La destinée et le déterminisme 315

6 janvier 1951
Une transformation intégrale 323
Une sincérité absolue 328

18 janvier 1951
L’être psychique et la Vérité 334
Les méthodes de la pratique spirituelle 335

22 janvier 1951
La fonction du mental — La compréhension du
point de vue de l’autre 340

30 janvier 1951
La foi, la sincérité et la soumission — Les mondes
invisibles — Le vital et l’émotion psychique 349

444
Table des matières

1er février 1951


Les rêves et le sommeil 360

5 février 1956
Deux sortes de souffrance 369

1958 (1)
Le souvenir des vies antérieures 371

1958 (2)
La réalisation intérieure est la clef de la
réalisation extérieure 375

30 mai 1958
L’antidivin 376

19 juillet 1958
La spirale de la Conscience 378

21 juillet 1958
Ne pas gaspiller l’énergie 381

(Juillet ?) 1958
La formulation mentale de l’expérience 383

(Juillet ?) 1958
Le sens de la Beauté 384

10 octobre 1958
Le culte du Suprême dans la Matière 385

4 novembre 1958
Les dieux et leurs mondes 386

8 novembre 1958
L’expérience du 5 novembre 1958 393

15 novembre 1958
L’expérience du 13 novembre 1958 399

445
Paroles de la Mère

22 novembre 1958
Le Karma 404

Janvier 1960
Les histoires de saints 408

4 juin 1960
Améliorer le sommeil 410

18 juillet 1960
Les anciens entretiens et aujourd’hui 413

18 juillet 1961
La Création supramentale 414

3 avril 1962
L’expérience de la nuit du 2 avril 1962 420

13 avril 1962
L’expérience de la nuit du 12 avril 1962 423

7 septembre 1963
Dialogue avec un matérialiste 425

24 décembre 1966
Choisir la Vérité 429

11 mai 1967
La soumission inconditionnelle 431

15 août 1967
L’expérience du 15 août 1967 436

25 mai 1970
Aller au-delà de la politique 438

446
Table des matières

447

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