Gammes Et Modes Musicaux III Ton Tempera
Gammes Et Modes Musicaux III Ton Tempera
Gammes Et Modes Musicaux III Ton Tempera
Résumé: Pourquoi les interrogations sur la définition du ton et des intervalles constitutifs des gammes ont-elles
préoccupé tant de compositeurs et de musicologues depuis l'antiquité grecque? Le ton, la tierce, la quinte, l'octave
sont-ils des données absolues? Non, bien au contraire. Au cours du temps, et cela au moins depuis l'antiquité grecque,
les intervalles ont été déterminés sur des bases mathématiques et techniques, en faisant appel à la science des
nombres, tout en cherchant à s'adapter aux instruments existants. La gamme tempérée a succédé à d'autres gammes,
telles que la gamme pythagoricienne, la gamme de Zarlino, et divers systèmes de tempéraments. Elle est une
convention passagère, correspondant à la mentalité d'une époque. L'essentiel réside dans l'effet sonore qui résulte de
la gamme, et dans la façon dont elle résonne et agit sur le corps et sur l'âme. Des recherches récentes tentent de
trouver une intonation qui soit juste pour le corps et pour l'Être. Mais est-ce possible de façon définitive et universelle?
Récapitulation des première et deuxième parties: Nous savons qu'un mode est défini par le placement en
hauteur, le long de l'échelle d'une octave, d'un nombre limité de notes, généralement 7, mais typiquement entre 5 et
8. Imaginons ces notes comme des échelons dans l'échelle de l'octave. Ces échelons sont appelés les degrés.
Ces 7 (ou autre nombre) degrés peuvent être placés au choix parmi 11 positions possibles sur les montants
de l'échelle (positions qu'on peut imaginer comme des encoches sur ces montants). En comptant la position du
bas qui est le point de départ, et celle du haut qui est son octave, elles divisent l'octave en 12 demi-tons.
Le chiffre 12, fréquent dans la musique de l'Occident, n'est d'ailleurs pas impératif, et dans certaines musiques,
l'octave est divisée en parties plus nombreuses et plus petites. Le choix particulier d'un arrangement de positions
définit un mode.
Dans cet article, je me penche de façon plus fine sur la façon dont sont déterminés les emplacements des 12
encoches, autrement dit comment sont définis précisément les tons, les demi-tons et en conséquence
les autres intervalles. Nous constaterons qu'il y a eu des réponses multiples dans l'histoire de la musique. La
façon d'accorder les instruments est le reflet d'une époque, d'un lieu, d'une pensée.
Afin de comprendre cela de façon concrète, je prends pour exemple 3 échelles parmi les plus citées, toutes en
mode majeur, mais accordées de 3 façons différentes. Dans notre terminologie contemporaine, elles sont
nommées gamme tempérée, gamme de Zarlino ou naturelle, et gamme de Pythagore.
L'intention de cet exposé n'est pas une reconstitution historique. Nous nous questionnons sur la démarche qui
conduit à élaborer des gammes déterminées. En découvrant de façon détaillée comment sont définis les
intervalles de ces gammes, nous pourrons constater leur variété, et nous pourrons mesurer combien nous
sommes conditionnés par des idées reçues sur les gammes et le ton. Cela nous ouvrira de nouvelles
perspectives et nous pourrons choisir plus librement, en tant qu'auditeur ou musicien, la musique qui nous fait
le plus de bien par ses résonances.
NOTE: Ne vous arrêtez pas sur les tableaux de chiffres si ça ne vous parle pas. Vous pouvez les sauter sans
inconvénient. Ils sont seulement là pour décrire les intervalles de façon plus précise afin de montrer la preuve de ce
qui est dit.
En rapport de
Intervalles par fréquences 1 22/12 24/12 25/12 27/12 29/12 211/12 2
rapport à la (fractionnaire)
tonique
En rapport de
fréquences 1 1,1225 1,2599 1,4167 1,4983 1,6818 1,8877 2
(décimal)
Harmoniques naturelles de DO
Revenons au tableau II. La valeur 66 hertz pour la fréquence du DO1 est choisie à titre d'exemple, un nombre rond
très proche de la fréquence 65,4 qui est celle du DO1 dans la gamme tempérée examinée plus haut (251,63/4). La
fréquence de l'harmonique 12 est 12 fois plus grande, soit 792 Hz. C'est un SOL4 (4 e ligne).
Un autre exemple est celui du DO1 fixé à 64 Hz (3 e ligne), qui a eu la faveur de physiciens dès le 18 e siècle (par
exemple Joseph Sauveur) et du compositeur Giuseppe Verdi au 19e siècle, sous prétexte qu'il est une puissance de
2 (2x2x2x2x2x2) et qu'il apparait donc comme plus scientifique (voir l'article La hauteur des notes de musique doit-elle
être normalisée par un diapason?).
Tableau II: Harmoniques naturelles de DO1. Le nombre de la première ligne indique le numéro d'ordre de
l'harmonique, mais il est également le facteur qui donne la fréquence de l'harmonique, en le multipliant par la
fréquence de base.
On peut repérer l'accord parfait majeur (bleu sombre), l'accord parfait mineur (marron) et les 5 notes de la gamme
pentatonique (en gras dans l'octave 4).
Rapport
des 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
fréquences
Valeur de
la
fréquence 66 132 198 264 330 396 462 528 594 660 726 792 858 924 990 1056 1122 1188
(base
DO1=66)
Valeur de
la
fréquence 64 128 192 256 320 384 448 512 576 640 704 768 832 896 960 1024 1088 1152
(base
DO1=64)
Nom de la
DO1 DO2 SOL2 DO3 MI3 SOL3 (sib) DO4 RÉ4 MI4 (fa#) SOL4 (sol#) (sib) SI4 DO5 (do#) RÉ5
note
La suite de ces fréquences inclut des notes constitutives de la gamme majeure, et d'autres qui ne le sont pas. Pour ces
dernières, la note la plus proche est indiquée entre parenthèses.
La gamme élaborée au Moyen-Âge d'après Pythagore est bâtie comme celle de Zarlino sur les résonances physiques
naturelles, les harmoniques. Mais elle ne retient que les deux premières harmoniques, 2 (octave) et 3 (quinte), et non
l'harmonique 5 (tierce) comme Zarlino le fera plus tard. Les deux nombres 2 et 3 ont une importance
fondamentale, ainsi que leurs combinaisons qui vont générer tous les intervalles. En premier lieu
l'intervalle 3/2 qui est la quinte.
Notons en passant combien ces gammes qualifiées de naturelles reposent sur des études réfléchies et élaborées.
Si l'on part de DO3 en position 0, on monte de quinte en quinte en multipliant par 3/2, et on descend en divisant par
3/2, c'est-à-dire en multipliant par 2/3, ce qui donne:
Numéro
-2 -1 0 1 2 3 4 5 6
d'ordre
Note SIb1 FA2 DO3 SOL3 RÉ4 LA4 MI5 SI5 FA#
On obtient la gamme majeure pythagoricienne en rassemblant les 7 notes de -1 à 5 dans la même octave (tableau V).
Calcul des notes de la gamme: FA3 vient de FA2 en multipliant par 2, ce qui élève d'une octave: de 2/3 à
4/3. RÉ3 vient de RÉ4 en divisant par 2, ce qui abaisse d'une octave: de 9/4 à 9/8. MI3 vient de MI5 en divisant
par 4, soit de 81/16 à 81/64. SI3 vient de SI5 en divisant par 4, soit 243/128.
Tableau V: Les intervalles de la gamme majeure pythagoricienne par rapport à la note de base
Note mathématique. Comment passer d'une valeur fractionnaire à une valeur en cents
Si les fréquences de 2 sons sont f1 et f2, leur intervalle a pour mesure le rapport f1/f2, exprimé soit en valeur
fractionnaire, soit en valeur décimale en effectuant le calcul de la fraction.
Le même intervalle peut être exprimé en cents (une octave = 1200 cents). Pour cela, il faut utiliser la fonction
logarithme qui permet de transformer des rapports qu'on multiplie et divise, en intervalles qu'on ajoute ou
retranche. L'intervalle entre f1 et f2 se calcule par la formule , où 1200 et log2 sont des
coefficients d'échelle qui permettent de garantir que l'intervalle d'octave, de rapport f 1/f2=2, fait bien 1200 cents
(voir article Sensation sonore: hauteur)
Tableau VI: Tableau récapitulatif des 3 gammes majeures et de leurs intervalles
Gamme tempérée
1 Notes DO3 RÉ3 MI3 FA3 SOL3 LA3 SI3 DO4
En rapport de
5 fréquences 1 22/12 24/12 25/12 27/12 29/12 211/12 2
(fractionnaire)
Intervalles
par rapport En rapport de
6 à la tonique fréquences 1 1,12246 1,25992 1,3348 1,49830 1,68179 1,88775 2
(décimal)
Intervalles En rapport de
9 par rapport fréquences 1 1,1225 1,1225 1,0595 1,1225 1,1225 1,1225 1,0595
à la note (décimal)
Gamme de Helmholtz/Zarlino
11 Notes DO3 RÉ3 MI3 FA3 SOL3 LA3 SI3 DO4
En rapport de
15 fréquences 1 9/8 5/4 4/3 3/2 5/3 15/8 2
(fractionnaire)
Intervalles
par rapport En rapport de
16 à la tonique fréquences 1 1,1250 1,2500 1,3333 1,5000 1,6666 1,8750 2
(décimal)
En rapport de
18 fréquences 1 9/8 10/9 16/15 9/8 10/9 9/8 16/15
Intervalles (fractionnaire)
par rapport
En rapport de
à la note
19 fréquences 1 1,1250 1,1111 1,0666 1,1250 1,1111 1,1250 1,0666
précédente
(décimal)
En rapport de
32/23 34/26 22/3 33/24 35/27
25 fréquences 1 2
9/8 81/64 4/3 3/2 27/16 243/128
(fractionnaire)
Intervalles
par rapport En rapport de
26 à la tonique fréquences 1 1,1250 1,2656 1,3333 1,5000 1,6875 1,8984 2
(décimal)
En rapport de
32/23 28/35
28 fréquences 1
9/8 9/8 256/243 9/8 9/8 9/8 256/243
Intervalles (fractionnaire)
par rapport
En rapport de
à la note
29 fréquences 1 1,1250 1,1250 1,0535 1,1250 1,1250 1,1250 1,0535
précédente
(décimal)
Quintes et quartes
Les différences de tons et demi-tons se répercutent dans les autres intervalles, en particulier dans la quinte, la quarte
et la tierce qui jouent des rôles majeurs dans le rendu sonore des mélodies.
Rappelons qu'il existe une symétrie de la quarte et de la quinte insérées dans l'octave. Un ton central (FA-SOL) y est
encadré de deux quartes.
Dans la gamme tempérée, le ton de 200 cents est encadré de deux quartes de 500 cents, soit le schéma:
500 (quarte) - 200 (ton) - 500 (quarte) = 1200
Cela donne une quinte de 700 cents.
Dans les systèmes de Zarlino et Pythagore, on a exactement le même schéma:
498 + 204 + 498 = 1200
La quinte vaut 702 cents.
Tierces
Gamme tempérée
Qu'avez-vous perçu? Vous me direz peut-être qu'il n'y a pas là de quoi en faire tout un article.
Cependant, pour estimer cette différence à sa juste importance, il faut tenir compte de deux phénomènes. Le premier
est que la sensibilité de l'oreille a été émoussée par l'habitude d'écouter de la musique tempérée, et peut-être encore
plus par une protection contre le monde bruyant dans lequel nous vivons.
Le deuxième est que ces différences sont amplifiées par des battements (variations régulières du volume sonore) qui
surviennent lorsqu'on produit ensemble des notes qui ne sont pas dans un rapport harmonique. Sous ce point de vue,
et selon l'opinion de certains, la gamme tempérée est fausse. Aussi, nous sommes à nouveau dans une période de
recherche de l'intonation juste, c'est-à-dire qui respecte le plus possible les intervalles naturels basés sur
les harmoniques.
Dans la pratique vocale et instrumentale, ces différences ont des implications que je vais tenter d'examiner. Toutefois,
dans le souci d'être complet et d'expliquer certaines notions sur les demi-tons, je fais un passage par la gamme
chromatique.
Les demi-tons de la gamme chromatique
et le comma pythagoricien
Nous avons défini les 7 notes de la gamme majeure. Il reste à définir les 5 autres notes sur les 12 que comporte
l'échelle chromatique. Les mélodies ne restent pas figées sur les 7 notes de base et passent par des modulations où
elles s'aventurent dans les chromatismes. Ces autres notes sont DO#, RÉ #, FA#, SOL# et LA# ou leurs équivalents
avec les bémols.
Pour cela, il suffit d'étendre le procédé employé pour définir les 7 notes de base, ce qui va donner des réponses
différentes pour chacune des gammes.
Gamme tempérée
Notes Do Réb=Do# Ré Mib=Ré# Mi Fa Solb=Fa# Sol
En rapport de
Intervalle fréquences 1 1,0595 1,12246 1,18921 1,25992 1,3348 1,41421 1,49830
par rapport (décimal)
à la tonique
En cents 0 100 200 300 400 500 600 700
Intervalles En rapport de
par rapport fréquences 1 1,0595 1,0595 1,0595 1,0595 1,0595 1,0595 1,0595
à la note (décimal)
précédente En cents 0 100 100 100 100 100 100 100
L'intervalle FA-FA# est le plus grand. Il vaut 114 cents. C'est le demi-ton chromatique. Situé entre 2 notes de
même nom (FA et FA#), il est appelé chromatique comme si le dièse ajoute une couleur à la note.
La valeur de FA#-SOL est plus petite et vaut 90 cents. C'est le demi-ton diatonique, qui se trouve déjà dans la
même gamme entre MI et FA, ou SI et DO. Dans le mot diatonique il y a dia- qui signifie 2, donc "distinct", car il est
situé entre deux notes de noms différents (FA# et SOL). Toutefois, l'origine du mot remonte à la distinction entre le
système de Pythagore appelé diatonique et celui de Zarlino appelé syntonique.
Ainsi le ton pythagoricien de 204 cents est la somme d'un demi-ton chromatique de 114 cents et d'un
demi-ton diatonique de 90 cents.
Gamme d'après Pythagore
Notes Do Réb Do# Ré Mib Ré# Mi Fa Solb Fa# Sol
En rapport de 28/35 37/211 32/23 25/33 39/214 34/26 22/3 210/36 36/29 3/2
Intervalle fréquences 1 256/243 2187/ 9/8 32/27 19683/ 81/64 4/3 1024/729 729/512
par rapport (fractionnaire) 2048 16384
à la tonique
En cents 0 90 114 204 294 318 408 498 588 612 702
À propos de battements
Le son est physiquement une onde qui se propage dans l'air. Aussi lorsque nous émettons simultanément deux sons
de fréquences définies différentes, les ondes vont se combiner, se renforcer en certains points, s'atténuer à d'autres
(voir mon article Physique et perception du son). Lorsque les fréquences des ondes ont des valeurs proches,
elles interfèrent et il se crée des battements. Le volume du son passe périodiquement par des forts et des faibles
qui sont bien perceptibles à l'oreille. On calcule que si les fréquences des 2 ondes diffèrent de 1 Hz (1 vibration/s), le
battement créé se répète toutes les secondes. En effet, le nombre de battements par seconde est égal à la différence
des fréquences des deux ondes. Donc plus les deux fréquences se distancient et plus les battements deviennent
rapides.
Or une note émise par un instrument n'est pas composée seulement d'une seule fréquence (par exemple un Do2 de
130 Hz). Elle est la superposition de la fréquence fondamentale et de ses harmoniques, double, triple, quadruple,
quintuple, etc (harmonique 2 à 260 Hz - DO3, harmonique 3 à 390 - SOL3, harmonique 4 à 520 - DO4, harmonique 5
à 650 Hz - MI4...). (Voir l'article Timbre et harmoniques; sur la numérotation des octaves DO2, DO3 etc., voir l'article
https://www.spirit-science.fr/doc_musique/Sensation-sonore.html)
Par conséquent, lorsque deux notes sont émises simultanément par un instrument qui le permet (claviers, guitare,
luths), les interférences se produisent non seulement entre leurs fréquences fondamentales, mais
également entre les harmoniques de l'une et le fondamental et les harmoniques de l'autre.
Ainsi si nous jouons un DO3 et un SOL3, l'harmonique 3 du DO3 (SOL4) interfère avec l'harmonique 2 du SOL3 (le
même SOL4). Si l'harmonique 2 du SOL3 a exactement la valeur de l'harmonique 3 du DO3, on dit que l'intervalle
est pur. On ne perçoit (en principe) pas de battements. Pur signifie que l'intervalle a exactement la proportion
mathématique harmonique. Si les deux SOL4 sont ajustés plus haut ou plus bas, alors des battements se produisent.
Pour un musicien, ces battements peuvent être gênants s'ils sont trop marqués. Mais s'ils sont lents, ils
peuvent au contraire donner du relief au son. Par exemple, une octave telle que DO3 de 130 Hz à DO4 de 262
est agrandie de 2 Hz par rapport à l'octave pure. Mais elle peut sembler tout à fait juste à l'oreille et plus agréable que
l'octave pure.
Inharmonicité et partiels
Or, dans le cas des instruments à cordes (piano, violon, guitare), les harmoniques émises par une corde vibrante
ne sont pas exactement harmoniques, car leurs fréquences sont un peu plus que le double, le triple ou autre
multiple de la fréquence fondamentale. Cela est dû au fait qu'une corde matérielle a une épaisseur et une
rigidité. C'est le phénomène d'inharmonicité, mis en évidence il y a quelques dizaines d'années, après l'invention
d'appareils qui permettent des mesures précises des fréquences (voir à ce sujet l'article Histoire de la notion de
fréquence sonore). Les harmoniques qui n'en sont plus vraiment reçoivent le nom de partiels. L'inharmonicité du
piano est surtout sensible dans les aigus, faible dans le médium, et perceptible dans les basses.
En conséquence, dans le cas du piano par exemple, l'explication précédente sur le phénomène de battements doit être
corrigée en remplaçant les harmoniques par les partiels, légèrement plus hauts que les harmoniques. Un accordeur de
piano accorde les cordes en écoutant les battements entre les partiels réels et non entre des harmoniques théoriques.
De ce fait, lorsque l'octave sonne sans battement, elle est un peu dilatée par rapport à l'octave pure, tout en sonnant
parfaitement juste.
L'intonation juste -
Recherche de la meilleure harmonie
Finalement, l'enjeu de tout cela n'est-il qu'un problème pratique de lutherie? Non. La question bien plus cruciale est
que l'utilisation de la gamme tempérée a habitué notre oreille à cette intonation, au point que des musiques exécutées
dans d'autres systèmes peuvent nous sembler fausses.
Le problème est donc plus profond que la mise au point de dispositions pratiques concernant la fabrication des
instruments. Il est relié à notre sensibilité auditive vis-à-vis des subtilités des intervalles. Il est dans le choix d'un
univers sonore. Il est dans la question de l'incidence de cet univers sur notre bien-être.
• Sensations sonores. Par l'expérience sensorielle, à travers des exemples familiers et grâce à des fichiers
sonores inclus, nous découvrons les qualités physiques et musicales des sons: leur force; leur hauteur et
comment elle se traduit en notes pour le musicien: le timbre. Par des illustrations visuelles et sonores,
j'explique en détails les notions d'harmoniques, ce qui nous permet de comprendre comment fonctionne le
chant diphonique. L'expression vocale peut profiter de ces prises de conscience et je propose quelques
exercices vocaux d'applications.
1. Hauteur et fréquence
2. Intensité
3. Timbre et harmoniques
• Le phénomène sonore: Nature et perception: Qu'est-ce que le son? Est-ce un phénomène physique?
Non, c'est un phénomène de perception par le cerveau provoqué par une source physique. Dans cet article,
nous découvrons cet enchainement de phénomènes: nature vibratoire du son, comment il est émis, comment il
se propage; par quel mécanisme il est capté, entendu et perçu par le cerveau.
• La hauteur des notes de musique doit-elle être normalisée par un diapason LA 440, LA 432 ou
autre? Les aléas historiques de la fréquence du LA. 1. Depuis 1953, une norme internationale recommande
d'accorder les instruments de musique à la fréquence de 440 hertz pour le LA. C'est une volonté récente, car
dans le passé, on ne s'intéressait qu'aux intervalles entre les notes et on ne savait pas mesurer leur fréquence.
2. Fixer un diapason à 1 Hz près a un sens purement technique car musicalement, les notes émises par les
instruments sont fluctuantes et varient avec la température et le souffle. Lorsque vous entonnez une chanson,
vous ne vous souciez pas du diapason. La nécessité d'un diapason commun est apparue pour des motifs
pratiques et commerciaux, afin de faciliter la musique professionnelle d'ensemble et la fabrication des
instruments.
3. Au moins jusqu'au 18e siècle, le diapason des instruments variait d'un endroit à l'autre, d'une époque à
l'autre et d'un instrument à l'autre. Puis des tentatives de normalisation ont été effectuées, mais le choix des
valeurs retenues a suscité des controverses, qui ne se sont pas éteintes avec la normalisation internationale de
1953.
4. Le choix d'un diapason plus haut ou plus bas peut affecter le rendu sonore et la performance vocale des
chanteurs lorsqu'il s'agit d'interpréter des œuvres écrites dans le passé. L'essentiel est l'impact émotionnel et
physique de la musique sur l'auditeur. Il résulte de paramètres complexes qui dépassent de loin la question du
diapason.
• Histoire de la notion de fréquence sonore. Apparition du concept et développement des procédés
de mesure. Ce n'est qu'au 17e siècle qu'on a compris le lien direct entre la hauteur d'un son et la vitesse de
sa vibration (sa fréquence). Mais on était alors dans l'incapacité d'évaluer cette fréquence. Il a fallu le
développement progressif, à partir du 19 e siècle, de moyens techniques de mesure issus de recherches
scientifiques - gravure et visualisation des vibrations - pour aboutir à la situation actuelle où la l'expression de
la hauteur d'un son par sa fréquence en hertz nous est devenue familière et banale.
• Résonances sonores corporelles: Les sons de notre environnement ne stimulent pas seulement les
tympans de nos oreilles, ils mettent en vibration certaines parties de notre corps. Toutes les parties de notre
corps sont susceptibles d'être mobilisées en fonction de la hauteur et du timbre de ces sons. Apprendre à
ressentir et prendre conscience de ces résonances, et plus particulièrement celles provoquées par notre propre
voix chantée, est une porte essentielle pour développer d'autres dimensions subtiles de notre être.
• Les sons créateurs de formes. Les sons ont-ils participé à la formation de l'univers? Lorsqu'une
plaque sur laquelle on a déposé du sable ou un liquide est soumise à une vibration ou à un son, le sable ou le
liquide s'arrangent en d'extraordinaires figures géométriques. Ces figures sont segmentées en cellules
symétriques d'autant plus fines et complexes que la fréquence vibratoire est élevée. Des gouttes d'eau isolées
pulsent et s'organisent en polyèdres. Par ce procédé, le son est transcrit en formes. La voix humaine produit
de merveilleuses figures et l'on peut suivre les formes d'une musique. Beaucoup de ces figures acoustiques
sont analogues à des formes que l'on trouve dans les végétaux et et les animaux, et aussi dans les planètes et
les crop-circles. Se pourrait-il que le monde et la nature aient été créés par des sons, comme le rapportent les
mythes de nombreuses traditions?
• L'éducation musicale selon Willems: L'éducation musicale doit collaborer au plein épanouissement des
facultés humaines. Il ne s'agit pas de faire l'éducation musicale d'un enfant ou d'un adulte dans le but de lui
fournir une occupation, un divertissement, mais pour développer en lui des éléments de vie qui sont prêts à
être utilisés: la musique est l'expression de la vie.
17 janvier 2006 - dernière révision et ajout (tempéraments Cordier, Stopper, Capurso, Calvet) 31 aout 2017