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FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE
SOCIOLOGIE
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DEPARTEMENT DROIT
REMERCIEMENTS
i
L’abus de biens sociaux
SOMMAIRE
Titre
Remerciements .i
Sommaire .ii
Résumé exécutif .iii
INTRODUCTION 1
Conclusion partielle 34
Conclusion finale 82
Annexe I I
Annexe II VII
Bibliographie et webographie XI
ii
L’abus de biens sociaux
RESUME EXECUTIF
L’abus de biens sociaux est le fait pour les dirigeants sociaux de faire « des
biens et du crédit de la société un usage qu’ils savaient contraire à l’intérêt de
celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou morales, ou pour favoriser une
autre personne morale dans laquelle ils étaient intéressés directement ou
indirectement ». C’est actuellement un délit spécial sur les sociétés car auparavant,
les faits constitutifs étaient réprimés par le droit commun. Il est clair que l’auteur du
délit est le dirigeant social. Les actes répréhensibles doivent être contraires à l’intérêt
de la société, notion purement jurisprudentielle. Les arrêts qui démontrent les cas
d’atteinte ou non à l’intérêt social sont nombreux et diversifiés.
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L’abus de biens sociaux
INTRODUCTION
La société, ainsi que son patrimoine sont protégés par la législation. Bon
nombre de systèmes de répression sont érigés afin de pouvoir optimiser la protection
du patrimoine social contre des agissements qui lui sont préjudiciables. Le droit pénal
commun, véritable arsenal de garde, est là pour renforcer cette protection. Dans la
pratique, les infractions contre les biens revêtent des formes diverses. Il en est ainsi
de l’abus de confiance ou de l’escroquerie qui sont, depuis des décennies, érigés en
infraction.
Avec l’évolution, le droit pénal commun n’est plus venu à bout de certains
actes répréhensibles dans le cadre des sociétés. Un droit pénal spécial a donc été
nécessaire pour combler le vide constaté.
En France, la création de délits spéciaux sur les sociétés s’est faite assez tôt.
Du moins, concernant l’infraction d’abus de biens sociaux qui nous intéresse ici, elle
a été consacrée par un décret-loi du 8 août 1935. Cette infraction a ensuite été
reprise dans la loi 66-537 du 24 juillet 1966 relative aux sociétés commerciales, puis
finalement intégrée au Code de commerce.
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L’abus de biens sociaux
Dans les pays tels que l’Italie ou l’Allemagne, le détournement des fonds
sociaux commis par les dirigeants sociaux est sanctionné par le droit pénal commun.
Autrement dit, il n’y a pas de délit d’affaire spécifique correspondant à l’abus de
biens sociaux comme il est admis en France et à Madagascar.
Le dirigeant social dispose des pouvoirs les plus étendus pour gérer la
société. Dans cette mission, force est de croire qu’il peut succomber à la tentation de
croquer dans la pomme que constitue le patrimoine social, pour assouvir sa faim. La
pratique le démontre car nombreuses sont les jurisprudences en la matière. C’est
dire que le péché est trop alléchant.
Cette appellation d’abus de biens sociaux est générique car en fait, les articles
de loi punissent l’abus des biens, du crédit, du pouvoir ou des voix de la société. Ce
délit prend cette dénomination lorsqu’il est commis dans les sociétés par action. On
parle plutôt d’abus de confiance dans les sociétés de personnes telle que la société
en nom collectif, et de délit de banqueroute lorsque l’utilisation abusive des biens
intervient postérieurement à l’ouverture d’une procédure collective.
En droit français, le délit d’abus de biens sociaux est défini dans le Code de
commerce aux articles L.241-3 4° et 5° pour les Sociétés A Responsabilité Limitée
et L.242-6 3° et 4° pour les Sociétés Anonymes.
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L’abus de biens sociaux
donnée au juge dans la détermination de l’intérêt social est très significative dans la
constitution du délit. En effet, c’est au juge que revient le rôle d’apprécier les
éléments constitutifs du délit. De plus, la sanction des abus est très rigoureuse : une
peine de prison de deux ans ainsi qu’une amende allant jusqu’à quarante millions
d’Ariary.
Ces différents soucis émis par les dirigeants trouvent leurs justifications. En
effet, la loi ne fait qu’énoncer l’infraction de façon générale. La poursuite de l’intérêt
personnel du dirigeant, ainsi que la contradiction de l’acte répréhensible à l’intérêt
social doivent être prouvées pour que le délit puisse être constitué. Pourtant, aucune
définition de l’intérêt social n’a été émise par le législateur. De ce fait, les juges se
sont empressés d’en déterminer le contenu à chaque cas qui leur est présenté.
On peut dire alors que le délit d’abus de biens sociaux est un délit complexe.
Son énoncé n’est pas clair et son interprétation imprévisible. Interprétation qui
augmenterait les chances ou les malchances d’une condamnation pénale et surtout,
difficilement compréhensible des dirigeants sociaux. L’idée d’un manuel de conduite
à l’intention des dirigeants serait incongrue car autant les formes d’abus sont
nombreuses, autant les interprétations jurisprudentielles et les divergences
doctrinales fusent et la liste des conduites à tenir n’en finirait plus.
La bonne gouvernance est une expression que tout le monde connaît et qu’on
entend partout. Bien des fois elle est employée à tort et à travers. Cependant, on
pourrait transposer cette notion dans le cadre des sociétés et donc parler de la
« bonne gouvernance au sein de l’entreprise ». Le fait est que la gestion ou
l’administration de la société est une tâche qui n’est pas évidente mais qui joue un
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L’abus de biens sociaux
Le sujet présenté est donc d’un intérêt pratique, non seulement pour le
profane qui pourrait avoir des idées fausses sur la notion d’abus de biens sociaux,
mais aussi pour le principal intéressé qu’est le dirigeant social. De plus le sujet est
d’actualité car c’est un des délits les plus fréquents en droit des affaires.
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L’abus de biens sociaux
Les apports des associés d’une société sont dévolus à un patrimoine, celui de
la société. La personnalité morale de la société est créée du fait du contrat de
société et est différente des personnes physiques ou morales associées.
Dans la logique des choses, le juge qualifié pour traiter du délit doit d’abord
relever que le prévenu a les pouvoirs de direction de la société. Il faut donc que cette
personne ait la qualité de dirigeant - même de fait - lors de la commission des actes
réprimés.
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L’abus de biens sociaux
Etant donné son statut et sa fonction, le dirigeant social encourt des risques.
De même, en représentant la société, des responsabilités sont à sa charge,
notamment dans la contribution à la bonne marche de son entreprise. D’où la
nécessité de parler en premier lieu de tout ce qui touche au dirigeant social,
notamment ses droits et devoirs dans un premier chapitre intitulé : autour du
dirigeant social, puis dans un deuxième chapitre nous allons déterminer le contrôle
des actes du dirigeant dans le dessein de prévenir o même de divulguer certains
actes jugés suspects.
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
Au sens strict, le dirigeant est celui qui est à la tête de l'entreprise. Il dispose
de pouvoirs formels que la loi et les procédures de nomination lui octroient.
Dans une acception plus large, les missions de direction peuvent toucher tous
ceux qui exercent des responsabilités, dirigent un service et réalisent des tâches de
prévision, de commandement, de coordination ou de contrôle.
On s’accorde à dire que les dirigeants sont des organes de la société qui
occupent les fonctions de direction, d’administration et de gestion. Ces organes
agissent au nom et pour le compte de la société. Ils mettent en œuvre et exécute les
décisions prises en Assemblée.
Une personne morale peut être appelée à diriger une société. En effet, d’après
la loi il peut y avoir une ou plusieurs sociétés à la tête de la société. Cependant, la loi
malgache n’admet pas leur responsabilité pénale. .
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L’abus de biens sociaux
On a énoncé plus haut que seul le dirigeant social peut être appréhendé par
les dispositions sur l’abus de biens sociaux. Mais qui sont-ils ? Quelles sociétés
gèrent-ils ?
Pour pouvoir répondre à tous ces questionnements, nous allons déterminer
dans un premier temps les dirigeants visés par l’abus de biens sociaux, autrement dit
les auteurs principaux du délit (A), puis consacrer un B pour le cas de complicité et
de tentative.
La loi est précise sur le fait de dire que c’est le dirigeant et lui seul qui est
concerné par le délit. Comme évoqué précédemment, l’abus de biens sociaux
n’intervient que dans le cadre des Sociétés A Responsabilité Limitée et les sociétés
par action. Il a été étendu par la suite aux sociétés coopératives et aux sociétés
civiles de placement immobilier.
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
Peu importe donc la qualité du complice. Qu’il soit dirigeant, qu’il ait une autre
qualité ou autre fonction dans l’entreprise. Il faut et il suffit que cette personne ait eu
connaissance des éléments de l’infraction pénale reprochée à l’auteur principal et ait
commis des actes positifs de manière personnelle 1 . Le complice d’abus de biens
sociaux doit donc savoir que les agissements du dirigeant étaient contraires à
l’intérêt de la société. Le droit commun de la complicité est donc de mise ici.
En outre, le recel d’abus de biens sociaux est aussi réprimé. Cela a été le cas
dans un arrêt du 21 mars 2001 2 . En l’espèce l’arrêt de la Cour d’appel attaqué a
condamné un certain Iain X comme auteur d’abus de biens sociaux et un certain Olin
X pour recel desdits biens. Pour la petite histoire, Iain X, Président Directeur Général
de la société Y avait fait des avances en comptes courants à son frère Iain, dans une
totale mauvaise foi et dans son intérêt personnel (celui de sauvegarder « sa
réputation et celle de sa famille ainsi que la crédibilité du groupe… »). Les avances
étaient ruineuses pour sa société car grevaient la trésorerie sociale. Olin X avait
effectivement connaissance de la situation précaire de la société Y et savait que
l’usage des avances étaient constitutifs d’abus. Il ne pouvait donc en aucun cas
échapper à la poursuite pénale. La Cour de cassation a adhéré à la décision de la
Cour d’appel.
Le dirigeant de fait peut, lui aussi, sous certaines conditions être déclaré
responsable du chef d’abus de biens sociaux. D’où l’intérêt, dans un premier temps
de définir le dirigeant de fait (A), puis il faudra ensuite déterminer sa responsabilité
(B).
A- Définition
Le dirigeant de fait est par définition celui qui fait immixtion dans la direction
d’une société. Il se comporte donc comme le véritable dirigeant de droit. Il exerce
effectivement toutes les fonctions du dirigeant de droit en signant les contrats et en
embauchant le personnel. En un sens, il exécute une ou plusieurs actions positives
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L’abus de biens sociaux
Les juges du fond sont les seuls habilités à apprécier, de façon souveraine
cette qualité de fait du dirigeant en examinant les faits qui sont devant eux. La
mauvaise foi est caractéristique dans cette circonstance car le dirigeant de fait
exerce en connaissance de cause.
Le dirigeant de fait peut avoir reçu ses pouvoirs par délégation du dirigeant de
droit. Ceci n’enlève rien à sa responsabilité. L’infraction est donc toujours constituée
nonobstant sa qualité de fait.
La réponse est positive : les dirigeants de fait peuvent aussi être poursuivis
du délit lorsqu’il est prouvé que ceux-ci ont dirigé la société, sans avoir été
régulièrement investis par les organes sociaux du pouvoir de représenter la société,
lors de la commission des actes délictueux. Les mêmes principes que ceux admis
pour le gérant de droit demeurent. Le dirigeant de fait répond de sa responsabilité.
En effet, celui-ci répond du fait des actes liés à sa fonction « de fait ». Il peut alors
être poursuivi pénalement comme civilement. La responsabilité pénale du dirigeant
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L’abus de biens sociaux
de fait a même été consacrée législativement car la loi sanctionne tous ceux qui ont
agi sous le couvert du dirigeant de droit.
Le dirigeant engage envers les tiers toutes les opérations rentrant dans l’objet
social. Il juge de l’opportunité des actes de gestion.
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L’abus de biens sociaux
social, en ne tenant pas compte de leur intérêt personnel. La confiance doit régner
dans l’entreprise pour qu’elle puisse prospérer. Ainsi, le dirigeant doit être un
homme - ou une femme !!! - de confiance car il est le titulaire de la signature sociale.
Cependant, il ne faut pas non plus oublier que le dirigeant est comme toute
personne humaine devant la responsabilité pénale. Celui- ci peut également
bénéficier de la présomption d’innocence avec toutes les conséquences qui en
découlent, même dans le cadre de l’abus de biens sociaux. Il ne faut pas toujours
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L’abus de biens sociaux
avoir l’image d’un dirigeant fourbe qui s’adonne à des malversations quasi
quotidiennes. Il est toujours présumé innocent tant qu’une décision contraire,
devenue définitive ne soit prononcée à son encontre. Il peut, à toutes les étapes de
la procédure utiliser les moyens de preuve prescrites par la loi.
Quoi qu’il en soit, le juge saisi de l’affaire a l’obligation de rendre une décision sous
peine de déni de justice.
Un des droits qui peut être accordé au dirigeant social est sa rétribution. C'est-
à-dire les sommes qu’il perçoit en contrepartie de ses services.
De façon générale, les fonctions du dirigeant sont rémunérées. Notre loi 2003-
036 précise cependant qu’il est possible que le dirigeant ne perçoive aucune
rémunération durant son mandat. Dans la pratique, ils sont rémunérés sous forme de
part dans les bénéfices, de jetons de présence...
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L’abus de biens sociaux
Il est fort possible que les fonctions du dirigeant ne soient pas rémunérées.
Tout dépend du contrat du dirigeant avec la société. Cela ne sous-entendrait-il pas
que le dirigeant ait toutes les latitudes possibles dans la conduite de la société ?
Autrement dit, le dirigeant pourra t-il arguer l’irresponsable, étant donné qu’il travaille
gratuitement ?
La réponse ne saurait être que négative. En effet, malgré le fait qu’il ne reçoit
aucune rétribution, ou qu’il ne reçoit qu’une modique somme d’argent en contrepartie
de la gestion de la société ; sa responsabilité sera toujours engagée. L’absence de
rétribution ne l’empêche donc pas de gérer la société comme toute autre personne à
la tête d’une entreprise.
La Cour de Cassation est même allée plus loin en interdisant au dirigeant qui
ne perçoit aucune rémunération de prétendre à une quelconque prestation de travail,
lorsque la société vient à être liquidée.
Le problème qui se pose est surtout le cas de rémunérations excessives
accordées au dirigeant. Dans la majeure partie des cas, ce fait est constitutif d’abus
de biens sociaux.
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L’abus de biens sociaux
Le dirigeant pourrait aussi détourner les fonds sociaux pour s’octroyer des
commissions excessives. Ces dernières sont excessives dès lors qu’elles sont
injustifiées et dépassent le seuil de la « normalité » étant donné la mauvaise situation
de l’entreprise et sa maigre capacité financière. L’abus est également constitué
lorsque le dirigeant s’octroie des avantages en nature injustifiés, par le biais de
deniers que la société doit bénéficier 4 .
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
Dans la pratique, les droits de l’associé sont de trois ordres. Il en est ainsi du
droit financier, c'est-à-dire le droit au bénéfice et tous autres avantages financiers et
matériels. En deuxième lieu, il s’agit du droit patrimonial qui permet à l’associé de
disposer de ses parts sociales. Mais dans le cadre de notre étude, c’est le droit
politique des associés qui nous intéresse. C’est la raison pour laquelle il est
nécessaire de délimiter les attributs des associés dans une première section. En
réalité, ces attributs permettent d’éviter que soient accomplis des actes qui pourraient
s’avérer être contraires à l’intérêt social. Cependant, ces droits des associés ne
permettraient pas un contrôle accru car les malversations commises peuvent être
masquées, d’où la nécessité pour la société de recourir à un organe de contrôle
indépendant qui est le commissaire aux comptes (Section 2)
La distinction entre la nature des sociétés peut se faire d’après les droits des
associés. Dans cette partie il s’agira de parler des associés et actionnaires des
Sociétés A Responsabilité Limitée et des sociétés par action car on a vu
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L’abus de biens sociaux
précédemment que le délit d’abus de biens sociaux ne prévaut que dans le cadre de
ces sociétés.
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L’abus de biens sociaux
Avant les réunions, la loi dispose que le ou les dirigeants doivent fournir et
porter à la connaissance des associés les renseignements exigés pour la tenue des
assemblées. Les documents nécessaires sont notamment le rapport du Gérant, du
Directoire ou du commissaire aux comptes. Ils doivent en principe être envoyés par
lettre recommandée avec accusé de réception dans les quinze jours précédant les
réunions. Si le dirigeant refuse pertinemment de donner ces informations à ceux qui
en ont droit, il peut être requis du Président du Tribunal la nomination d’un
mandataire chargé de lui transmettre ces informations.
Le droit de poser des questions appartient aussi à l’associé. Il en est ainsi par
exemple lorsque le gérant de la Société A Responsabilité Limitée fait des actes qui
pourraient compromettre la continuité de l’exploitation. Ce droit peut être exercé deux
fois par an. Cette limite dans le temps est utile pour ne pas entraver à l’extrême la
direction de l’entreprise.
Les contrôles internes exercés par les associés sont faits dans le but d’éviter
au mieux la commission d’actes répréhensibles de la part du dirigeant. A proprement
parler c’est le fondement même des droits des associés. En l’absence de ces droits
d’information et de communication, le dirigeant peut être tenté de faire tout ce qui lui
plairait dans l’entreprise. Ce serait la consécration exacte de l’adage: « quand le
chat est parti, les souris dansent ». Cela pour dire que le dirigeant est mandaté
dans l’accomplissement de sa mission, il ne doit donc pas utiliser les biens de la
société comme bon lui semble. Puisque l’information des associés est obligatoire,
une obligation, fut-elle morale pèse sur la tête du dirigeant pour qu’il ne dépasse pas
les termes de son mandat.
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L’abus de biens sociaux
il y a été disposé que pour recevoir application certains actes nécessitent leur
autorisation.
Le dirigeant, dans la direction de son entreprise est, dans certains cas, limité
dans sa marge de manœuvre. Ceci dans le but de prévenir les actes qui seraient
contraires à l’intérêt social afin de protéger la société et ses biens.
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L’abus de biens sociaux
Ces diverses formes de conventions sont érigées dans le but de prévenir les
éventuels actes désavantageux pour la société. Si les conventions entre la société et
ses dirigeants sont, réglementées, voire interdites ; c’est pour freiner la marge de
manœuvre du dirigeant dans la conduite de la société, mais aussi pour faire
participer les associés à la bonne marche de celle-ci.
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L’abus de biens sociaux
Quoi qu’il en soit, par référence au délit d’abus de biens sociaux, si des actes
ou faits délictueux sont reprochés au dirigeant dans le cadre de ces conventions
énumérées ou autres, l’autorisation ou l’approbation des associés, même
majoritaires ne sauraient effacer le délit. Dans la pratique c’est l’Assemblée
Générale Ordinaire qui donne quitus aux dirigeants. Cependant, ce quitus n’effacera
nullement le délit d’abus de biens sociaux et n’éteindra en aucune façon les actions
tendant à la poursuite du délit.
Parallèlement à tout cela, la loi sur les sociétés a édicté bon nombre de règles
ayant pour but la protection du patrimoine social, notamment contre les abus dont
seraient coupables les dirigeants. Les associés sont peu aptes à exercer le contrôle
de la société à travers l’Assemblée Générale. Ceci s’explique par le fait qu’il n’est
pas rare de constater que les associés ne sont pas doués de compétences
techniques de haut niveau pour détecter les éventuels actes délictuels du dirigeant.
La plupart du temps, les malversations frauduleuses sont inscrites au bilan mais ne
sont pas nécessairement détectables par les associés. Le rôle du commissaire aux
comptes doit donc être ici mis en exergue car il est tout aussi un personnage
important que ce soit dans la prévention ou la connaissance du délit.
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L’abus de biens sociaux
Limitée car dans ce type de société, la nomination d’un commissaire aux comptes
n’est obligatoire que dans les cas limitativement énumérés par la loi. Ainsi, l’article 24
du décret 2004- 453 du 06 juin 2004 dispose que : « en application de l’article 398
de la loi sur les sociétés commerciales, les Sociétés A Responsabilité Limitée
dont le capital social est supérieur à vingt millions ( 20.000.000 Ar) d’Ariary ou
qui remplissent l’une des deux conditions suivantes :
1° chiffre d’affaires annuel supérieur à cinquante millions d’Ariary
(50.000.000 Ar),
2° effectif permanent supérieur à 50 personnes ;
sont tenues de désigner un commissaire aux comptes ».
Dans les sociétés faisant appel public à l’épargne par contre, la nomination de
commissaires aux comptes est obligatoire. La loi est très stricte sur ce point.
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L’abus de biens sociaux
Les missions du commissaire aux comptes qui nous intéressent, dans le cadre
de la prévention et de la divulgation du délit étudié sont de deux ordres :
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L’abus de biens sociaux
Dans la pratique, il confronte le contenu des rapports des dirigeants ainsi que
les états financiers de synthèse. Il peut, soit certifier avec ou sans réserve, soit
refuser de certifier. Dans cette latitude, le commissaire aux comptes peut être tenté
de certifier des faits dommageables pour la société. Mais cet état de chose ne
pourrait en aucune manière faire obstacle à une éventuelle poursuite pour abus de
biens sociaux.
Le commissaire aux comptes est également doté d’une mission très spéciale.
Celle-ci consiste à contrôler certains postes spécifiques qui sont les plus enclins à
des cas d’abus de biens sociaux. Il s’agit par exemple des prêts accordés par la
société à ses dirigeants ou à ses associés. Le commissaire aux comptes doit alors
vérifier si ces conventions sont valables et si elles ont été faites dans des conditions
normales. En effet, celles-ci sont des sujets potentiels pour la constitution d’abus. Il
en est de même des comptes courants d’associés.
Cette fonction du commissaire aux comptes est très importante car elle est un
moyen de contrôle efficace des actes d’un dirigeant malveillant. Le commissaire aux
comptes doit donc avoir toutes les qualités et compétences requises dans la conduite
de sa mission. Ainsi la loi malgache 2003-036 sur les sociétés commerciales énonce
en son article 123 que « seuls les experts comptables inscrits au tableau ‘A’ de
l’Ordre peuvent exercer les fonctions de commissaire aux comptes ».
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L’abus de biens sociaux
Après avoir effectué toutes les vérifications possibles, la loi réserve également
un rôle très important au commissaire aux comptes. En effet, celui-ci est tenu de
révéler des faits qu’il présume délictueux au Parquet. Etant un organe indépendant
de la société, le commissaire aux comptes est souvent le premier, après le
délinquant, à connaitre des agissements qui peuvent porter atteinte aux intérêts de la
société. Avec ses capacités et compétences, il est dans la possibilité de les déceler,
pour le bien de l’entreprise.
La révélation des actes délictueux est une véritable obligation qui pèse sur la
tête du commissaire aux comptes car en cas d’omission, il risquerait des sanctions
pénales (en droit français). Dans cette optique, il pourrait s’aventurer à fournir des
informations mensongères concernant la société en cause. Seules sa bonne foi et la
preuve d’une diligence effective, dans le respect des règles professionnelles,
pourraient être invoquées par lui pour sa défense. En effet, il est disposé qu’il doit
effectuer son travail dans le respect des lois, de l’éthique, de la déontologie et des
normes professionnelles. C’est cette obligation de révélation qui permet au Procureur
de la République de déclencher l’action publique dans la plupart des cas.
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
Conclusion partielle
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L’abus de biens sociaux
L’abus de biens sociaux est un délit. C’est une notion parfois employée à tort
dès lors qu’on suppose qu’un dirigeant de société a fait un usage, jugé abusif de ses
pouvoirs de dirigeant. Or, tout usage n’est qualifié d’abusif que s’il répond à certaines
conditions.
Comme toute infraction, pour être constituée, l’abus de biens sociaux doit
nécessairement avoir des éléments constitutifs : éléments matériel, moral et légal.
Cependant, c’est une infraction complexe qui fait apparaître des éléments matériels
très particuliers. En effet, l’usage abusif est de rigueur. Le terme même d’ « usage »
est ici pris dans un sens très particulier. De plus, la reconnaissance de la mauvaise
foi de l’auteur est exigée. Mauvaise foi qui se fonde dans la recherche d’un but
d’intérêt personnel et qui lèse l’intérêt social. En d’autres termes, on peut dire que
l’auteur du délit confond, par mauvaise foi son patrimoine et celui de la société qu’il
gère.
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L’abus de biens sociaux
La société - personne morale - est propriétaire des biens constitués par les
apports des associés ou des biens par elle acquis durant le cours de sa vie. La
dévolution de ces biens à la société opère donc changement de titulaire. Désormais,
ces biens appartiennent à la société. Ni les associés, ni les dirigeants n’ont de droit
sur ces biens. Le dirigeant, représentant de la personne morale, est en charge de
gérer les biens de celle-ci et dans son intérêt. Une conception contraire ne saurait
être concevable pour la personne morale. Dans ce cas, on serait en présence de
deux intérêts en conflit : celui du dirigeant et celui de la société qu’il dirige.
Comme toute infraction, le délit d’abus de biens sociaux doit être caractérisé
par un élément moral. Spécialement dans le cas de cette infraction cet élément est
double. En effet, celui-ci est caractérisé par un dol général et un dol spécial.
L’abus de biens sociaux est donc une infraction intentionnelle. Le juge doit
obligatoirement rechercher cette intention pour pouvoir réprimer le coupable. Ce
n’est pas le cas par exemple pour un dirigeant de filiale qui n’a pas pu faire
autrement que d’exécuter des actes ordonnés par la société mère.
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L’abus de biens sociaux
Quant au dol spécial, il s’entend comme la preuve d’un acte commis dans la
recherche d’un intérêt personnel. Il s’ensuit alors que l’intérêt du dirigeant est
primordial devant l’intérêt même de la société qu’il dirige. Cet intérêt sera direct si le
dirigeant en question profite des biens de la société au détriment des autres
associés.
En outre, comme le dit le texte de la loi 5 , les actes auraient pour but de
« favoriser une autre personne morale dans laquelle les dirigeants étaient
intéressés». L’intérêt personnel est indirect si le dirigeant tire profit des actes
délictueux par le biais de la deuxième société dans laquelle il est intéressé de
manière directe ou indirecte. Le profit indirect est de ce fait également réprimé par la
loi. Dès lors que les biens sortent de manière délictuelle, du patrimoine de la société,
ou sont utilisés de façon illégale, l’infraction d’abus est constituée. Il est vrai que le
délinquant en profite toujours par ricochet vu que l’entreprise dans lequel il a une
place importante en tire profit.
Le délit consiste donc en un usage abusif des biens, du crédit, des pouvoirs,
des voix de la société victime, par un dirigeant fourbe. Cependant, ce délit est très
« délicat » à déterminer. D’où la nécessité d’aller en profondeur dans l’analyse de cet
élément moral double. L’intérêt personnel est exigé mais la preuve de la
contradiction à l’intérêt social l’est d’autant plus car en l’absence de cette dernière,
un jugement pour abus de biens sociaux est susceptible d’être cassé. En outre, si le
détournement était établi alors que ni l’intérêt personnel ni la contradiction à l’intérêt
social ne sont démontrés, une autre qualification peut être retenue.
La loi a précisé que les actes d’abus de biens sociaux doivent être faits à des
fins personnelles. Avec l’évolution, la jurisprudence française a affirmé que même si
les fins poursuivies étaient de nature morale, le dirigeant risquait toujours les
sanctions pénales. D’ailleurs, notre droit positif l’évoque expressément lorsqu’il édicte
que 6 « …le gérant …qui, de mauvaise foi, font des biens et du crédit de la
société un usage qu’ils savaient contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins
personnelles, matérielles ou morales…» réalise un abus de biens sociaux.
L’usage abusif est celui qui est fait dans l’intérêt personnel du dirigeant et
contraire à l’intérêt social. C’est à dire l’usage des biens, du crédit, des pouvoirs et
des voix portant atteinte aux intérêts de la société. Contrairement à l’abus de
majorité, le délit d’abus de biens sociaux est constitué même si l’acte contraire à
l’intérêt social n’a pas été accompli au détriment de la minorité. En effet, Ce n’est pas
ce qui est exigé par la loi. En tout état de cause, l’abus de majorité peut être
sanctionné civilement de manière autonome.
personnel. C’est une différence très marquante avec le délit d’abus de confiance.
Disposer : dans le cas où des sommes qui doivent revenir à l’entreprise vont dans le
compte du dirigeant. Cela pour dire qu’il dispose des biens de la société comme bon
lui semble. L’infraction est toujours constituée même si l’appropriation n’est pas
définitive. Abuser c’est aussi utiliser la voiture de l’entreprise pour les besoins
personnels du dirigeant, dès lors que cela n’a pas été convenu et que cela lèse les
intérêts de l’entreprise.
Quant au terme « usage », celui-ci est compris dans un sens très large. La
jurisprudence a ainsi déterminé que cette infraction vise généralement les actes de
disposition mais aussi les simples actes d’administration. Il en est ainsi des prêts ou
des locations abusifs. Les actes d’interversion de possession entrent aussi dans
cette catégorie. Mais même, l’utilisation, malgré une restitution, constituerait un
usage abusif.
La jurisprudence est très partagée sur la notion d’usage. Les actes négatifs
ne font pas tomber le dirigeant sous le coup de la condamnation pénale pour abus
de biens sociaux. Il en est ainsi par exemple du fait pour un dirigeant de couvrir des
agissements délictueux d’un autre dirigeant, dès lors que sa participation n’est pas
caractérisée. Dans une autre conception, une omission d’agir est réprimée. L’abus
de pouvoirs est ici l’expression de l’abus biens sociaux. Il en est ainsi du fait pour un
dirigeant social d’avoir omis de réclamer à une société dans laquelle il était intéressé,
le paiement de livraisons faites à cette seconde société. Le dirigeant s’est abstenu
d’utiliser ses pouvoirs alors qu’il en a eu l’occasion. Tout dépend donc du cas
d’espèce. De façon spectaculaire, la jurisprudence est très souple. Quoi qu’il en soit,
39
L’abus de biens sociaux
Les exemples les plus fréquents de cas d’abus de biens sociaux sont les
prélèvements sur la trésorerie sociale, notamment pour le dirigeant de se faire
octroyer des rémunérations excessives.
L’abus de biens sociaux est caractérisé dès lors que le dirigeant social a fait,
de mauvaise foi, un usage abusif des biens de la société. L’usage abusif est l’usage
contraire à l’intérêt social. L’intérêt à prendre en considération dans le cadre de
l’abus de biens sociaux est donc celui de la société et non celui des actionnaires,
lequel peut être distinct de celui de la société.
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L’abus de biens sociaux
L’intérêt personnel est assez subtil. Le dirigeant, comme le juge peut être
confus dans sa détermination. Un exemple peut être évoqué ici. C’est le cas où un
dirigeant qui a fait payer par la société une amende personnelle due au fait de s’être
arrêté sur une mauvaise place de parking. Dans cet exemple, ce dirigeant, s’est
déplacé pour conclure un important contrat pour la société. Dans le retard et
l’empressement, il s’est garé sur une place non autorisée et s’est vu octroyer une
amende. Dans quelle limite se situe l’intérêt personnel ? Sera-t-il condamné au titre
d’abus de biens sociaux ? C’est la raison pour laquelle la loi a précisé que l’acte doit
nécessairement être contraire à l’intérêt de la société. Seul le juge a le pouvoir
d’interpréter cet intérêt.
7 Cass. Crim. 3 février 1992/ JURISDATA n°1992- 001258 ; bull crimn°49 ; rev sociétés
1992, 535, note Bouloc JCP G 1992, IV, n°1900
41
L’abus de biens sociaux
L’intérêt personnel n’est donc pas toujours très évident à prouver. Il a été
traduit extensivement par la jurisprudence. Elle y intègre l'intérêt matériel qui se
traduit souvent par l’octroi de rémunérations excessives ou d’avantages injustifiés et
l'intérêt moral, familial ou amical. Il en est ainsi de la recherche de prestige ou de la
sauvegarde de la réputation familiale (Arrêt n° 2220 de Chambre criminelle la Cour
de cassation du 21 mars 2001 déjà précité, page 14 du document). La dilapidation
du patrimoine social au profit de la famille étant une tentation très grande pour le
dirigeant social, c’est la raison pour laquelle le juge y fait référence. C’est toujours à
travers des jurisprudences qu’on a pu déterminer, de façon expresse quels sont les
cas de poursuite d’intérêt personnel et quels cas ne le sont pas. Cependant, avec
cette difficulté de détermination, il a été accepté que tout mobile puisse être
considéré par le juge pénal pour conclure au délit puisque l’intérêt personnel peut
être quelconque. C’est une avancée très déterminante qui pourrait, à terme réduire à
néant l’exigence de la poursuite d’un intérêt personnel.
Tels sont les cas d’abus, d’usage abusif de biens, d’usage de biens à des fins
personnelles. Cependant, la caractéristique de l’infraction se situe surtout dans la
détermination du propriétaire du bien. En effet, le bien objet de l’infraction ne doit
appartenir en aucun cas au dirigeant. Qui dit bien social dit patrimoine social.
L’abus de biens sociaux est textuellement décrit comme l’abus des biens, du
crédit, des pouvoirs et des voix dans la loi française. La loi malgache par contre ne
vise que l’abus de biens et du crédit de la société.
Le terme « abus de biens sociaux » s’est forgé par commodité de langage
pour ne pas s’attarder sur une longue appellation. Une mise en contexte des biens
sociaux s’impose car nombreux sont les personnes, même les dirigeants qui incluent
dans le terme « bien » seulement les ressources financières de la société et sans
plus.
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L’abus de biens sociaux
A- Les biens
Les biens visés par le délit sont l’intégralité du patrimoine de la société, d’où la
légitimité d’englober en un seul terme l’objet du délit : « les biens sociaux ». En tant
que gestionnaire du patrimoine social, dans le but de faire fructifier celui-ci pour
l’intérêt de la société, les dirigeants sont éternellement en état de succomber à la
tentation de le détourner. Le patrimoine comprend donc tous les biens meubles et
immeubles. Ces premiers peuvent être corporels et ou incorporels. La seule
exigence est que le bien en question soit la propriété de la société victime d’abus ou
du moins être loué par elle. La notion de bien est généralement définie par les
auteurs à partir du principe d'appropriation :
• les biens corporels sont des biens ayant une existence matérielle
• les biens immobiliers sont les biens qui ne peuvent être déplacés
(terrain, maison...) ou les objets qui font partie intégrante d'un
immeuble, appelés biens immobiliers par destination (les cheminées…)
• les biens incorporels, qui sont des biens, valeurs économiques n'ayant
pas d'existence matérielle. Exemple : droits d'auteur, marques…
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L’abus de biens sociaux
B- Le crédit
C- Les pouvoirs
Les termes de la loi précisent encore l’abus des pouvoirs et des voix de la
société. Comme il a été abordé précédemment, tous ces éléments sont compris dans
l’objet même du délit d’abus de biens sociaux. Les pouvoirs et les voix font donc,
partie intégrante des biens sociaux.
Les pouvoirs sont par définition les droits et facultés du dirigeant. Les pouvoirs
sont en principe conférés au mandataire social par la loi et le statut de la société. Ils
peuvent être plus ou moins étendus selon la forme de la société. Une fois admis à la
tête de l’entreprise, le dirigeant peut jouir pleinement des pouvoirs qui lui ont été
conférés. Les pouvoirs sont donc la matérialisation du mandat.
L’abus de pouvoir peut dans certains cas être vu de manière autonome. Par
exemple le cas où il y a eu la conclusion par un administrateur d’un contrat avec la
société. Cet acte n’a eu aucun profit ni perte pour la société, mais dans le dessein
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L’abus de biens sociaux
D- Les voix
L’abus de voix puni par la loi, permet de réprimer une autre forme d’abus.
Les voix désignent « les procurations remises par les actionnaires aux
dirigeants afin de pouvoir les représenter aux assemblées générales ». Cette
représentation se traduit dans la pratique par la remise de procuration en blanc au
dirigeant qui en abusera par la suite. Il est à préciser que ce pouvoir en blanc vaut
acceptation ou refus des résolutions proposées lors des assemblées. D’où possibilité
d’en abuser.
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L’abus de biens sociaux
Bien entendu, le délit n’existe ici encore que si le dirigeant a usé des voix dont
il disposait, de manière contraire à l’intérêt social, pour obtenir, de mauvaise foi, un
avantage personnel. Cependant, même en cas d’échec, dans le cas où le dirigeant
serait mis en minorité, l’infraction n’en serait pas moins constituée et punissable.
D’où le véritable but répressif de la loi.
De plus, l’utilisation de ce procédé de procuration en blanc a été pendant
longtemps très fréquente. La plupart du temps, nombreux sont les associés qui ne
peuvent assister aux Assemblées. Faute de temps ou manque d’intérêt ? Difficile à
dire !!! C’est la raison pour laquelle la loi a protégé l’abus des voix dans la société.
C’est ce qui va être analysé dans une deuxième section intitulée : l’impossible
définition de la notion d’intérêt social
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L’abus de biens sociaux
La législation exige que les actes constitutifs d’abus de biens sociaux doivent
nécessairement être. Cependant, depuis son apparition, cette notion est sujette à
plusieurs interprétations. En effet, seul le juge a la latitude de préciser la
contradiction à l’intérêt social selon le cas d’espèce. Ce qui est sûr, c’est que dès lors
que le dirigeant social abuse des biens de la société, ce dirigeant confond son
patrimoine personnel avec celui de la société : cet acte est contraire à l’intérêt social.
De façon très simpliste, l’intérêt social pouvait être défini par l’objet social. On
s’accordait à dire alors que tous les actes n’entrant pas dans l’objet social seraient
contraires à l’intérêt social. Mais cela serait une définition trop élémentaire et rigide.
Le délit d’abus de biens sociaux est un délit très contraignant pour celui qui le
commet. Dès lors qu’un dirigeant a commis un acte contraire à l’intérêt social, celui-ci
a peu de chances d’y échapper. Cependant, le délit d’abus de biens sociaux n’est
pas un délit figé. Il s’adapte à l’évolution. Plus tard alors, avec l’apparition du groupe
47
L’abus de biens sociaux
de société, un autre problème s’est posé quant à l’application du délit. En effet, peut-
on prendre en compte des agissements d’une société membre d’un groupe, à priori
nuisible pour elle-même mais qui, dans un avenir lui profitera dans le sens de
l’amélioration de la situation du groupe ? Autrement dit, si une société aide une
autre société du groupe et que l'acte est désavantageux pour elle-même, est-ce un
abus de biens sociaux ? L’intérêt du groupe peut-il être invoqué pour échapper à
l’abus de biens sociaux ? Dans cet esprit, analysons dans un premier paragraphe la
problématique de l’intérêt de groupe avant d’aborder dans un deuxième paragraphe
la particularité du délit d’abus de biens sociaux.
9 Crim cass 4 février 1985 Bull crim n°54 ; JCP G 1986, II, 20585, note Jeandidier. (Cf.
Arrêt integral en annexe I)
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L’abus de biens sociaux
Mais une question se pose avant d’aller plus loin : quel est le fondement de la
justification de l’intérêt du groupe ? Cette question a suscité de nombreuses
interprétations doctrinales.
- Il a été avancé tout d’abord que la justification était en premier lieu les causes
objectives générales d’irresponsabilité. Il a été argué l’état de nécessité qui
contraindrait la société dominée à effectuer l’acte, en raison des liens de
dépendance économique (et juridique), dans l’intérêt du groupe. La
permission de la loi a aussi été évoquée, dans le sens que si le groupe de
49
L’abus de biens sociaux
Le fait est que la loi est indulgente devant des faits qui constitueraient
normalement des actes d’abus de biens sociaux, si des conditions tenant au groupe
et à l’acte même sont remplies. Il faudra alors s’attarder sur la notion de groupe de
sociétés qui est un élément intrinsèque de la justification (A), avant d’aborder l’abus
de biens sociaux dans le groupe de sociétés (B).
Le groupe n'est pas un sujet de droit, cela se conforte par l’absence d'une
réglementation spéciale quelconque. Corrélativement, chacune des sociétés qui le
50
L’abus de biens sociaux
Dans un premier abord, pour qualifier le groupe, il faut que les liens entre les
sociétés membres soient assez forts et que l’ensemble soit fortement structuré. Dès
lors il est exigé une forte structure et non un artifice.
A contrario, il n’y aura pas de groupe dès lors que le lien qui subsiste au sein
de plusieurs sociétés n’est qu’un lien personnel entre les associés. La structure
suppose qu’il y ait une société à la tête de toutes les autres sans que celles-ci ne
perdent leur personnalité juridique. Cette société tête de groupe sera appelée la
société mère et les autres des filiales. Etant la mère de toutes les sociétés, elle
exerce un contrôle sur les autres, puisqu’elle détient soit « directement ou
indirectement ou par personne interposée, plus de la moitié des droits de vote
d’une société ;
51
L’abus de biens sociaux
soit lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote d’une société
dont elle dispose, les décisions dans les Assemblées Générales de cette
société.
Elle est présumée exercer ce contrôle lorsqu’elle dispose, directement
ou indirectement, d’une fraction des droits de vote supérieure à 40% et
qu’aucun autre associé ou actionnaire ne détient, directement ou
indirectement, une fraction supérieure à la sienne » (article 191 de la loi 2003-
036 sur les sociétés commerciales).
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
Le délit d’abus de biens sociaux concerne, comme on l’a vu, les actes
contraires à l’intérêt social. Apparemment, l’intérêt social n’est plus de rigueur avec
l’arrivée du groupe de sociétés car on y évoque plutôt l’intérêt du groupe. Or, comme
l’intérêt social, l’intérêt du groupe est lui aussi une notion abstraite car n’est pas
défini. Quoi qu’il en soit, on s’accorde à dire que l’intérêt du groupe est distinct de
celui de la société mère, de celui des majoritaires et de celui des filiales prises
isolément.
Les dirigeants sociaux vont conduire une politique tournée vers l’intérêt du
groupe et non au regard de chaque membre du groupe.
L'opération effectuée doit donc être justifiée par l'intérêt économique, social ou
financier commun aux sociétés du groupe. La référence à la notion d'intérêt du
groupe implique la prise en compte de toutes les relations à l'intérieur du groupe,
sans exclure les relations horizontales entre sociétés sœurs. Ainsi, un dirigeant ne
peut invoquer la justification tenant à l’intérêt du groupe pour échapper à sa
responsabilité lorsqu'il a imposé unilatéralement des sacrifices financiers à une
société au bénéfice d'une seconde, sous son entière maîtrise, dans le seul but de
récupérer sur les actifs sociaux les sommes investies pour prendre le contrôle de
54
L’abus de biens sociaux
l'entreprise. Il doit alors exister une véritable structure, un véritable intérêt commun
dans le groupe, une stratégie de groupe.
2-L’exigence de contrepartie
Les sacrifices, comme son nom l’indique engendre des pertes pour celui qui
les a consentis. Les pertes en question peuvent être actuelles, c'est-à-dire
rencontrées au moment de l’acte ; mais peuvent aussi être futures. De ce fait, les
aides consenties doivent être compensées. Un gain différé par exemple, peut
constituer une contrepartie suffisante. La contrepartie est analysée au moment des
faits. Elle doit être réelle et sincère pour être acceptée. Une mascarade n’est pas
constitutive de contrepartie, notamment lorsque les parties n’avaient aucune
intention de s’engager ou bien si le dirigeant a abusé de ses pouvoirs pour ne pas
donner la contrepartie.
La contrepartie exigée par la jurisprudence peut revêtir deux formes : elle peut
être soit financière ou matérielle, soit immatérielle.
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L’abus de biens sociaux
a- La contrepartie matérielle
b- La contrepartie immatérielle
3- La rupture d’équilibre
Il est très judicieux de penser qu’une société ne peut être amenée à en aider
une autre que si sa situation financière ne lui permet pas de le faire. En effet, il faut
que la contrepartie ne soit pas minime ni l’engagement trop pesant, dépassant les
possibilités de celui qui consent l’avance. La plupart du temps les avances ou les
services consentis reçoivent des couts privilégiés ou préférentiels entre groupe. Mais
en tout état de cause, cette situation ne doit pas rompre l’équilibre entre les deux
sociétés. Les sacrifices excessifs pourraient donc ouvrir la voie à un abus de biens
sociaux. Il en est ainsi des avances consenties à l’aide d’emprunt.
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L’abus de biens sociaux
Les arrêts en la matière sont nombreux et épars. Il est clair que l’acceptation
du fait justificatif tiré de l’intérêt du groupe est le fruit d’une analyse très poussée de
la part du juge saisi. Ceci étant, les conditions tirées de la jurisprudence Rozenblum
doivent obligatoirement être présentes.
Le délit d’abus de bien social est un délit très particulier. Sa particularité tient
au fait de la généralité dans les dispositions de la loi. De ce fait donc, le délit est sujet
à différentes interprétations et happe plusieurs agissements.
On avance que l’abus doit être contraire à l’intérêt social. Par contre, est-ce
acceptable que dans l’intérêt de la société, le dirigeant soit admis à commettre des
infractions ?
De plus, le principe étant que l’on ne peut se faire justice soi-même. La
jurisprudence a donc refusé que même si les associés, par le biais de l’Assemblée
Générale ne peuvent autoriser le délit.
Les actes d’usage définis plus haut, doivent nécessairement être accomplis
dans un but personnel contraire à l’intérêt social selon les dispositions de la loi.
Pourtant, elle n’avait pas déterminé de façon précise cette contradiction à l’intérêt
57
L’abus de biens sociaux
La jurisprudence considère que le délit est constitué dès lors que l’acte a fait
courir un risque « anormal » au patrimoine social. Il n’est pas alors exigé que le
préjudice soit toujours actuel. Donc, le délit est déjà constitué, même si aucun
dommage matériel n’a résulté de l’acte perpétré par le dirigeant. Ici encore intervient
la faculté du juge à interpréter les dispositions de la loi. En effet, cette dernière n’a
pas mentionné qu’il fallait apporter la preuve d’un préjudice matériel, actuel. Ainsi, la
notion d’intérêt social est encore soumise à une nouvelle interprétation dans ce sens.
Replacé dans son contexte, les actes du dirigeant ne devaient pas faire subir
à la société des risques disproportionnés, notamment si on envisage qu’aucun profit
n’aurait pu être tiré des actes en question.
58
L’abus de biens sociaux
L’intérêt social étant devenu une notion jurisprudentielle, seul le juge est
compétent pour le connaître. Cependant, on serait tenté de penser que dans le cas
précité, l’intérêt personnel du dirigeant ne se révèle pas immédiatement. Pourtant de
façon extensive, le fait que la société soit dispensée de coûts fiscaux conséquents
pourrait par ricochet profiter au délinquant.
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L’abus de biens sociaux
12 Cass. crim., 22 avril 1992, Rev. Sociétés 1993, p. 124, note Bouloc ; Dr. pénal
1993, comm. 115, Robert
13 Crim 24 avril 1992, Bull.crim, n°169, Rev.soc 1993, p.124, note B. Bouloc)
60
L’abus de biens sociaux
Puis dans un arrêt du 27 octobre 1997 14 il a été disposé que « quel que
soit l'avantage à court terme qu'elle peut procurer, l'utilisation des fonds
sociaux ayant pour seul objet de commettre un délit tel que la corruption
est contraire à l'intérêt social en ce qu'elle expose la personne morale au
risque anormal de sanctions pénales ou fiscales contre elle-même et ses
dirigeants et porte atteinte à son crédit et à sa réputation ». La jurisprudence
n’a donc pas retenu la seule infraction comme constitutive d’abus. Elle a
seulement déduit que de tels actes faisaient courir à la société un risque anormal
qu’elle ne devrait normalement pas supporter. C’est cette conséquence qui
importe. Le risque étant apprécié au moment de l’acte.
14 (Cass. crim. 27 octobre 1997, Bull. crim., n° 352 ; JCP 1998, II, 10017, note
Pralus ; Rev. sociétés 1997, p. 869, note Bouloc.)
61
L’abus de biens sociaux
n’est pas rare que le dirigeant fautif domine ladite Assemblée par la part de
capital qu’il détient. Or, c’est l’intérêt de la société qui est protégé par le régime
juridique du délit et non celui des associés : deux intérêts distincts.
Cette disposition jurisprudentielle est très sévère. Pour dire qu’il est très
difficile pour le délinquant de trouver des contournements au délit.
Par la même, ni le remboursement, ni la restitution, ni la compensation, ni
même l’immunité familiale ne peuvent avoir pour effet d’effacer le délit.
La prescription est définie dans le code civil en son article 2219 comme «un
moyen d’acquérir ou de se libérer par un certain laps de temps, et sous les
conditions déterminées par la loi ». Lorsqu’une action est prescrite, la personne
soupçonnée ne peut plus être poursuivie car les demandeurs ne peuvent plus
exercer l’action.
62
L’abus de biens sociaux
63
L’abus de biens sociaux
Or, la Société peut n’avoir jamais eu connaissance du délit, conforté par la possibilité
de l’acte à être occulté. La société ne peut donc commencer à poursuivre le dirigeant
indélicat que du jour où elle a vu émerger cet acte occulte. De ce fait, un régime
spécial de prescription a été instauré dans le cadre du délit d’abus de biens sociaux
afin de s’accommoder à la caractéristique du délit et d’échapper aux règles du droit
commun. Presque les mêmes problèmes ont été rencontrés au niveau du délit
d’abus de confiance, dont le régime d’abus de biens sociaux s’est inspiré.
Ceci étant, une jurisprudence relativement récente 16 affirme que les juges du
fond doivent indiquer de façon précise les faits constitutifs de la dissimulation pour
pouvoir faire reculer le début de la prescription à la date permettant la connaissance
du délit. En l’espèce, « la Cour d'Appel ne pouvait faire courir le délai de
prescription à une date postérieure à celle de la présentation des comptes
annuels dans lesquels les dépenses reprochées aux prévenus figuraient". Pour
la petite histoire, il s'agissait de la prise en charge des vols Sinair entre novembre
1989 et novembre 1993 par la SEM Compagnie de chauffage ou la SA Armand Inter
chauffage, de la prise en charge du paiement des salaires de l'employée de maison
de Richard Cazenave, du footballeur professionnel Gilles Constantinian et du cadre
commercial Dominique Mule par la SEML ou par la SA Sinergie. Selon l’arrêt de la
Cour d’Appel : « ces opérations figurent bien dans les comptes annuels des
2001.com.129
64
L’abus de biens sociaux
entreprises considérées dans les rubriques où elles doivent trouver leur place ;
que, cependant, il convient de noter que les prises en charge litigieuses étant
noyées dans la masse, soit des frais divers, soit des charges salariales, rien ne
permettait aux actionnaires qui n'étaient pas en possession des comptes
détaillés, de connaître les affectations des frais et des salaires litigieux et de
vérifier si ces dépenses avaient été effectuées dans le seul intérêt de la
société ». Par cet état des choses, les actionnaires et le commissaire aux comptes
n'avaient pas pu déclencher l'action publique tendant à l’incrimination pour abus de
biens sociaux, à la date de présentation des comptes annuels. Plus tard en octobre
1994, un rapport d’audit, communiqué a pu déceler les faits délictueux.
Les prévenus ont soutenu fermement que l'action publique doit être déclarée
prescrite dans la mesure où le délai de prescription courrait à compter du jour de la
présentation des comptes annuels, étant donné qu’il n’y a pas eu dissimulation. Ceci
étant vrai car les trois années sont déjà passées. La Cour de Cassation a rendu sa
décision dans ce sens. La révélation entraine donc prescription.
65
L’abus de biens sociaux
C- La répression du délit
1- L’action
a- L’action publique
b- L’action civile
• L’action sociale
66
L’abus de biens sociaux
67
L’abus de biens sociaux
• L’action individuelle
2- Les sanctions
18Cass. crim 13 décembre 2000, deux arrêts, Dr. pénal 2001, p. 16, note Robert
et Rev. sociétés 2001, p. 394 et 399, notes Bouloc
19 Bull. crim. 1971, n° 117, p. 303 (Cf. Arrêt integral en annexe II)
68
L’abus de biens sociaux
Les sanctions pour les personnes convaincues d’abus de biens sociaux sont
sévères.
En droit français, la peine encourue est de cinq (5) ans d'emprisonnement et
trois cent soixante quinze mille Euro (375.000 €) d'amende.
Dans la loi malgache sur les sociétés, article 931, il est prévu une peine
d’emprisonnement de deux (2) mois à deux (2) ans, ainsi qu’une amende de cinq
millions d’Ariary (5.000.000 Ar) à quarante millions d’Ariary (40.000.000 Ar). L’article
944 édicte que, les coupables d’abus de biens sociaux « pourront en outre faire
l’objet d’une interdiction de diriger, gérer, administrer ou contrôler, soit toute
entreprise commerciale et toute personne morale ou une société, soit une ou
plusieurs de celles-ci pendant cinq ans au moins et dix ans au plus ».
Les immunités familiales ne peuvent pas être invoquées, de même il n'y a pas
d'immunité si les autres membres, même de façon unanime - par le biais de
l’Assemblée Générale - donnent leurs accords.
Tout cela pour dire que le régime de sanction du délit est très rigoureux.
Cependant, en droit pénal, les preuves des faits allégués doivent être
rapportées par le parquet. Si la victime se constitue partie civile, cette même charge
incombe à elle. Et c'est ce qui se passe dans la majeure partie des cas, sauf en
présence de prélèvements occultes faits par le dirigeant. Dans cette hypothèse, la
69
L’abus de biens sociaux
70
L’abus de biens sociaux
Selon le Code Pénal malgache, article 408, le délit d’abus de confiance est
défini comme « le fait pour une personne de détourner ou dissiper, au préjudice
d’autrui, des effets, deniers, marchandises ou tous autres écrits contenant ou
opérant obligation de décharge, qui ne lui auraient été remis qu’à titre de
louage, dépôt, mandat ou nantissement, prêt à usage ou pour un travail salarié
ou non, à charge de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage
déterminé».
71
L’abus de biens sociaux
A- L’objet du délit
Le meuble en question doit donc appartenir à une autre personne autre que
celui qui a détourné. Il peut s’agir de véhicules, de sommes d’argent, de mobilier, …
La liste est longue.
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L’abus de biens sociaux
L’abus de biens sociaux et l’abus de confiance sont les délits les plus proches du
monde. Ils concernent tous deux un délit d’appropriation illégitime. Mais comme on l’a vu,
les faits d’abus de biens sociaux ne se résument pas seulement à des actes de
détournement ou de dissipation. La simple utilisation ou l’administration des biens
est réprimée. En outre, il est à souligner l’exigence du dol général et du dol spécial :
actes faits dans l’intérêt personnel du délinquant et contraire à l’intérêt social.
L’article 406 du code pénal édicte des sanctions pour quiconque aura
détourné une chose qu’elle a reçue légitimement entre les mains. Au final, cette
personne aura abusé de la confiance que le propriétaire avait en elle. La qualité de
cette personne importe peu. Dans une société de personne, il pourrait être question
du gérant qui aura à sa disposition les biens de la société. Le champ d’application du
délit d’abus de biens sociaux, qui ne prend en compte que les faits du dirigeant
social, est donc plus restreint que celui du délit d’abus de confiance.
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L’abus de biens sociaux
Quoi qu’il en soit, si la qualification d’abus de biens sociaux n’est pas retenue
contre le prévenu, l’appel à l’abus de confiance est toujours possible vu l’étendue de
son champ d’application. Autrement dit, lorsque les éléments constitutifs du délit
spécial d’abus de biens sociaux est difficile à réunir, le juge a souvent recours à
l’abus de confiance comme alternative.
Le Code pénal français réprime l’abus de confiance dans les sociétés en nom
collectif en son article l’article 314-1. Quant à la loi malgache c’est l’article 406 du
code pénal qui l’incrimine. L’auteur du délit «…sera puni d’un emprisonnement de
six mois au moins et cinq ans au plus et pourra même l’être d’une amende de
trente six mille Ariary (36.000 Ar) au moins et trois cent soixante mille Ariary
(360.000 Ar) au plus ».
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L’abus de biens sociaux
La société naît, vit et meurt. Il se peut qu’au cours de sa vie, elle rencontre
des difficultés, surtout financières. Des infractions diverses peuvent être perpétrées
durant ces différentes phases de la vie de la société. La période qui nous intéresse
ici est celle où l’entreprise est dans une assez mauvaise posture. Autrement dit, elle
est en difficulté. Le droit pénal est venu réprimer certains agissements qui
menaceraient gravement plusieurs intérêts en cause. Ainsi la loi 2003-042 du 03
septembre 2004 punit les auteurs de faits constitutifs de banqueroute ou d’autres
infractions liées à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens.
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L’abus de biens sociaux
Nous allons voir dans un premier paragraphe dans quelle mesure les deux
infractions - banqueroute et abus de biens sociaux - diffèrent, puis dans un deuxième
paragraphe nous évoquerons le régime de la banqueroute.
Le mot « banqueroute » vient de l’Italien « banco rotta » qui veut dire « bris
de banc » car auparavant, celui qui en était frappé voyait son banc brisé à
l’Assemblée des marchands. En résumé, c’est un des évènements qui marque la fin
« pathologique » de l’entreprise.
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L’abus de biens sociaux
acte de disposition et d’utilisation des biens est sanctionné. Il en est de même de tout
acte de cession des biens. En principe, il y a similitude des faits avec le délit d’abus
de biens sociaux, notamment, le fait d’utiliser les biens sociaux, de grever le
patrimoine social dans l’intérêt personnel du prévenu, de dissimuler une partie de
l’actif en omettant de déclarer certaines créances…
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
notion d’intérêt social est vide de sens dans le cadre de cette infraction. D’ailleurs,
les dispositions sur la banqueroute n’y fait aucunement référence. Or c’est l’élément
clé sans lequel l’abus de biens sociaux ne serait admis. La seule preuve à apporter
est le caractère personnel de la commission des actes de détournement. Peu
importe le bénéficiaire de l’acte, que se soit le prévenu ou une autre personne
physique ou morale.
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L’abus de biens sociaux
A- Les sanctions
B- La tentative et la complicité
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L’abus de biens sociaux
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L’abus de biens sociaux
CONCLUSION FINALE
Pour conclure, le délit d’abus de biens sociaux est un délit très particulier. Il
est énoncé par la loi de façon générale et est sujet à plusieurs applications
jurisprudentielles très nuancées. Le mot clé est « l’intérêt social ». Les actes
litigieux reprochés au dirigeant social sont, dit-on, contraires à l’intérêt social.
Puisqu’aucune définition législative ne le détermine, les juges s’empressent d’en
apprécier le contenu qui est toujours variable selon le cas d’espèce. C’est sans doute
cette difficulté qui retiendrait le législateur de faire le sacre législatif de la notion.
Dans l’état actuel de la jurisprudence, les décisions sont parfois imprévisibles, voire
incompréhensibles. Certaines fois, lorsqu’on ne s’y attend pas, l’abus est constitué,
certaines fois, non. Parfois, les limites sont très subtiles. « Dans quels cas l’intérêt
social sera-t-il lésé et dans quels cas ne le sera-t-il pas ? » Le juge pénal est le
maître en la matière. Il juge celui qui va en enfer et celui qui, par contre rencontrera
Saint Pierre.
82
L’abus de biens sociaux
Ceci étant, une nouvelle notion, à ne pas négliger nous vient des Etats Unis
d’Amérique : le gouvernement d’entreprise ou le « corporate governance ». Elle est
une perspective dans le délit d’abus de biens sociaux. Ce système ébranlerait toutes
les théories sur l’intérêt social qui étaient admises jusqu’ici. Dans cette optique, à
l’intérêt social se substituerait l’intérêt des actionnaires de la société. Au lieu de
chercher dans quelle mesure il y aurait atteinte à l’intérêt social, il faut mettre sur un
« piédestal » l’intérêt des actionnaires. Ainsi la liberté des juges serait réduite, ainsi
nos préoccupations seraient vaines. Mais cette notion nous semble encore
incompatible à notre droit.
83
ANNEXE I
I
Cour de Cassation
Chambre Criminelle
Audience publique du lundi 4 février 1985
N° de pourvoi: 84-91581
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Sur le moyen unique de Cassation, présenté par X..., pris de la violation des articles
425-4 et 437-3 de la loi du 24 juillet 1966, 593 du code de procédure pénale, défaut
de motifs et de réponse a conclusions, manque de base légale,
" En ce que l'arrêt attaqué a déclaré X... coupable d'abus de biens sociaux pour avoir
fait consentir par certaines sociétés des concours financiers à d'autres sociétés dans
lesquelles il était intéressé ;
Aux motifs qu'il n'existait pas de lien logique minimal entre les sociétés ayant fait les
avances ou apporter leur caution et celles en ayant bénéficie, les unes ayant pour
objet la construction ou la promotion immobilière, les autres l'exploitation de fonds de
commerce divers ;
II
Alors que, d'une part, un groupe de sociétés existe dès lors que les sociétés
composantes sont unies par un lien de dépendance les mettant, en fait, sous le co-
contrôle d'une direction unique ;
Que, en refusant d'admettre en l'espèce l'existence d'un groupe dirigé par le prévenu
pouvant justifier les concours financiers reprochés au motif qu'il n'existait pas de lien
logique minimal entre les activités des sociétés groupées, la Cour d’Appel, qui ne
constate par ailleurs que toutes les sociétés concernées dépendaient d'une même
société contrôlée par le prévenu, n'a pas tiré les conséquences légales de ses
propres constatations ;
" alors que, d'autre part, ne s'expliquant pas autrement que par une affirmation
gratuite sur l'intérêt qu'avait personnellement le prévenu dans la survie des sociétés
bénéficiaires des avances, la Cour d’Appel n'a pas mis la Cour de Cassation en
mesure d'exercer son contrôle sur la légalité de sa décision ;
" et sur le premier moyen de cassation présenté par Y..., pris de la violation des
articles 59 et 60 du code pénal, 437-3 de la loi du 24 juillet 1966, 593 du code de
procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale,
" en ce que l'arrêt attaqué a, pour entrer en condamnation, considéré que l'ensemble
des sociétés du " groupe X... « ne constituait pas un groupe de sociétés » ;
" aux motifs qu'à défaut d'une complémentarité directe ou étroite entre les objets des
diverses sociétés réputées constituer le groupe, il est toutefois indispensable que soit
constaté dans les activités de ses composantes un lien logique minimal, en vue de la
réalisation selon une stratégie bien définie au préalable, d'un objectif économique
commun, profitable a l'ensemble et, par la même, à chacun de ses éléments mis
dans une structure juridique, financière et économique suffisamment précise et
apparente pour faire ressortir une véritable entité ;
" Alors qu'en matière pénale le groupe de sociétés suppose la mise en œuvre d'un
certain nombre de moyens, sous une direction financière unique ;
Qu’il n'est pas nécessaire, au surplus, que soit constatée l'identité d'objet, laquelle
est étrangère à la notion de groupe qui implique le simple effacement de la
personnalité morale des sociétés dans un but financier unique ;
Qu’il s'ensuit qu'en faisant état de l'absence d'identité d'objet pour admettre
l'existence d'un groupe, la Cour d'Appel a méconnu le critère de la notion de groupe
en droit répressif ;
III
" Les moyens réunis ;
attendu qu'il appert de l'arrêt attaqué que marc x..., en sa qualité de dirigeant de fait
de la sa SERIMO et des SARL AFICO, SIVIM, DISCALP, MAFICO, POULIQUEN &
ROUSSEL, et SOGETH et celle d'Administrateur de sa compagnie de participation et
de gestion financière CPGFA, a été poursuivi du chef d'abus des biens et du crédit
de ces sociétés, William Y... l'étant, pour sa part, du même chef, à raison de sa
qualité de gérant des SARL AFICO et SIVIM, de dirigeant de fait des SARL
DISCALP, MAFICO, POULIQUEN & ROUSSEL, et SOGETH, et de président du
conseil d'administration de sa CPGF ;
qu'il leur est reproché, essentiellement, d'avoir utilisé des fonds provenant de ces
diverses sociétés, dont l'activité était limitée à la promotion ou à la construction
immobilière, afin d'assurer, souvent par l'intermédiaire de la CPGF, la trésorerie
d'entreprises purement commerciales dans lesquelles ils possédaient une
participation personnelle importante ou dont ils assuraient la direction de fait, telles
les SARL meubles ALFA, chaussures SAFARI, Gloria voyages, coiffure Promotion
ou Pro-service Imprimerie Minute, et ce, pour un montant total de plus de 11 500 000
francs entre 1977 et 1980 ;
Attendu que les prévenus, qui ne contestent pas la matérialité de ces transferts de
fonds, ont fait développer, devant le Tribunal et la Cour d'Appel, des conclusions,
reprises aux moyens, selon lesquelles les opérations réputées frauduleuses par la
poursuite auraient été justifiées par l'existence, entre les diverses sociétés du "
groupe X... ", d'une unité économique et financière fortement structurée, reposant sur
des bases non artificielles, et exclusive du délit d'abus des biens ou du crédit d'une
société ;
attendu que la Cour d'Appel, pour rejeter ces conclusions et déclarer établies les
infractions poursuivies-en requalifiant toutefois, à l'égard de William Y..., la
prévention initiale en celle de complicité des faits commis par Marc X...- constate,
comme les premiers juges, qu'il n'existait aucun lien véritable entre les sociétés ayant
pour objet la construction ou la promotion immobilière, créées de 1964 a 1978, et
celles dont les prévenus prirent le contrôle à partir de 1977, ayant pour objet
l'exploitation de fonds de commerce divers, " ces dernières ayant bénéficié, sans
aucune convention et selon les impératifs du moment, de concours financiers ou
d'engagements de caution de la part des précédentes " ;
Que, selon l'arrêt, les avances de trésorerie des premières sociétés n'ont pu être
consenties que par le recours à des emprunts à court terme ou à des découverts
bancaires, aucune d'elles ne disposant de fonds propres suffisants, certaines d'entre
elles omettant de manière délibérée de satisfaire a leurs obligations fiscales ou
envers l'URSSAF et quelques-unes, telles les sociétés MAFICO et SERIMO, ayant
perdu les trois quarts, sinon la totalité, de leur capital social ;
Qu'en outre, en dehors de la seule circonstance que Marc X... était, de droit ou de
fait, à la tête des sociétés concernées, il n'existait aucune structure juridique de
nature à caractériser l'existence d'un groupe, celui-ci ne pouvant résulter de la tenue,
par les mêmes préposés du prévenu, des documents comptables afférents a
chacune des sociétés ;
IV
qu'enfin, énoncent les juges, les prélèvements opérés par les prévenus dans les
trésoreries sociales, à des fins personnelles, contraires a l'intérêt des sociétés dont
les deniers ont été frauduleusement appréhendés, sont dépourvus de toute
justification et " loin de traduire la mise en œuvre d'une politique financière et
économique murement délibérée en vue de la réalisation d'un objectif commun
précis ", de tels agissements ne sont, en fait, que " l'expression du seul souci des
dirigeants d'assurer, coute que coute, dans leur seul intérêt, la survie des sociétés
bénéficiaires des transferts de fonds ou des engagements de caution imposés à des
sociétés exsangues " ;
Attendu qu'en l'état de ces motifs, les juges, qui ont répondu comme ils le devaient
aux conclusions dont ils étaient saisis, ont donné, sans insuffisance ni contradiction,
une base légale a leur décision ;
qu'en effet, pour échapper aux prévisions des articles 425 (4°) et 437 (3°) de la loi du
24 juillet 1966, le concours financier apporté, par les dirigeants de fait ou de
droit d'une société, à une autre entreprise d'un même groupe dans laquelle ils
sont intéressés directement ou indirectement, doit être dicté par un intérêt
économique, social ou financier commun, apprécié au regard d'une politique
élaborée pour l'ensemble de ce groupe, et ne doit ni être démuni de
contrepartie ou rompre l'équilibre entre les engagements respectifs des
diverses sociétés concernées, ni excéder les possibilités financières de celle
qui en supporte la charge ;
Que tel n'étant pas le cas en l'espèce, les moyens réunis doivent être écartés ;
sur les deuxième et troisième moyens de cassation propres a William Y... et pris, le
deuxième de la violation des articles 59, 60 du code pénal, 425-4, 437-3, 463 de la
loi du 24 juillet 1966, 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de
base légale,
" Alors que les tribunaux correctionnels ne peuvent statuer légalement que sur les
faits relevés par l'ordonnance ou par la citation qui les a saisis ;
que le demandeur a été reconnu coupable du délit d'abus de biens sociaux, que sur
Appel du prévenu et du Ministère Public, la Cour d'Appel qui a requalifié les faits
V
relevés par la prévention en déclarant le demandeur coupable de complicité par aide
et assistance dans les agissements délictueux retenus à la charge du demandeur
sans constater que le prévenu ait accepté d'être jugé sur cette nouvelle infraction
distincte de celle visée par la prévention, la Cour ajoute aux faits de la poursuite et
ainsi excède ses pouvoirs ;
" En ce que l'arrêt attaqué a déclaré le demandeur coupable de complicité par aide et
assistance dans les agissements délictueux retenus à la charge de X... ;
" aux motifs qu'il apparait à l'évidence que Y... était conseiller juridique, qu'il est
nécessairement intervenu dans la construction des mécanismes juridiques qui ont
été le support indispensable des décisions de transfert ou de prélèvement de fonds
et d'engagement de caution, arrêtées par X... ;
que ceci est corroboré par les diverses déclarations de Y... devant le magistrat
instructeur, notamment celle du 31 mars 1981, par laquelle, tout en cherchant a
minimiser sa responsabilité pénale, il a précisé " finalement, mon rôle consistait à
mettre en forme les décisions que X... prenait seul ", que par là, il a par aide et
assistance, concouru à la réalisation des abus de biens ou de crédit que la Cour a
retenus à la charge de X... ;
Que la connaissance qu'avait Y... des infractions commises par X... résulte du
caractère du lien noué entre ces deux prévenus ;
" Alors que, d'une part, la complicité suppose et l'aide et l'assistance effective à des
actes délictueux ;
" alors, d'autre part, que la Cour d'Appel qui laisse incertain le point de savoir si l'aide
ou l'assistance prêtée à l'auteur principal, a été antérieure, concomitante ou
postérieure a l'infraction, n'a pas donné de base légale à sa décision ;
" Alors, enfin, que l'élément fondamental de la complicité est l'intention coupable ;
Que la Cour qui se borne à faire état de la prétendue connaissance que pouvait avoir
l'intéressé du comportement délictueux de l'auteur principal n'a pas davantage donné
de base légale à sa décision ;
attendu que, pour requalifier en complicité des abus de biens et de crédit commis par
X... les faits dont Y... avait été déclaré co-auteur par les premiers juges, dans les
termes de la prévention, l'arrêt attaqué constate que la fonction de " conseiller
VI
juridique et non financier ", telle que la revendique le prévenu, " implique qu'il est
nécessairement intervenu dans la construction des mécanismes juridiques qui ont
été le support indispensable des décisions de transferts ou de prélèvement de fonds
et d'engagement de caution arrêtes par X... " ;
que la Cour d'Appel, qui relève en outre la déclaration de Y... selon laquelle son rôle
" consistait à mettre en forme les décisions que X... prenait seul ", ainsi que le
caractère frauduleux des relations entre les deux prévenus, d'où résulte la
connaissance, par le premier, des infractions commises par le second, énonce que
Y... a ainsi, par aide et assistance, concouru à la réalisation des abus de biens ou de
crédit retenus a la charge de X... ;
Attendu qu'en prononçant comme ils l'ont fait, alors que la peine encourue par le
complice d'un délit est identique à celle prévue pour l'auteur principal, les juges n'ont
méconnu aucun des textes visés aux moyens ;
VII
ANNEXE II
VIII
Cour de cassation
Chambre Criminelle
Audience publique du samedi 24 avril 1971
N° de pourvoi: 69-93249
Publié au bulletin Irrecevabilité
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Irrecevabilité du pourvoi de :
Attendu que le délit d'abus des biens ou du crédit d'une société ne cause de
préjudice direct qu'à la société elle-même et à ses actionnaires ;
IX
Que la Cour d’Appel, constatant que l'action de la société MALESSET et des
établissements SERVE, parties civiles, était uniquement fondée sur le délit d'abus de
biens sociaux, a, en raison de la relaxe intervenue, déboute les parties civiles de
leurs demandes ;
attendu qu'il ressort des conclusions régulièrement déposées par ces parties civiles
devant la Cour d’Appel qu'elles n'agissaient qu'en tant que créancières de la société
LAMEX, à raison du préjudice que leur aurait causé l'abus de biens sociaux qu'elles
prétendaient avoir été commis par les prévenus ;
Attendu que ce préjudice étant indirect, il s'ensuit que les constitutions de partie civile
des demandeurs qui ne répondaient pas aux exigences conjuguées des articles 2 et
3 du code de procédure pénale étaient irrecevables et auraient du être déclarées
telles ;
X
Bibliographie
1) Ouvrages
2) Traités
XI
Codes
4) Textes de lois
Webographie
• www.legifrance.gouv.fr
• www.courdecassation.fr
• www.juris-classeur.com
• www.creda.ccip.fr
XII
TABLE DES MATIERES
Pages
Titre
Remerciements .i
Sommaire .ii
INTRODUCTION 1
A- Définition 15
XIII
B- Le problème des rémunérations excessives 20
Conclusion partielle 34
A- Les biens 43
XIV
B- Le crédit 44
C- Le pouvoir 44
D- Les voix 45
C- La répression du délit 66
1- L’action 66
a- L’action publique 66
b- L’action civile 66
2- Les sanctions 68
XV
Paragraphe 2- La particularité de l’abus de confiance au regard de 72
l’abus de biens sociaux
A- L’objet du délit 72
A- Les sanctions 80
B- La tentative et la complicité 80
CONCLUSION FINALE 82
Annexe I I
Annexe II VII
Bibliographie et webographie XI
XVI