23 - Embolie Pulmonaire Polycopié
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Boukerche
EMBOLIE PULMONAIRE
PLAN :
I-PHYSIOPATHOLOGIE DE L'EMBOLIE PULMONAIRE :
A. GÉNÉRALITÉS :
B. CONSÉQUENCES DE L'EMBOLIE PULMONAIRE :
1. Conséquences hémodynamiques :
2. Conséquences respiratoires :
II- DIAGNOSTIC POSITIF DE L'EMBOLIE PULMONAIRE :
A. BILAN INITIAL : DIAGNOSTIC DE PROBABILITÉ :
1. Signes cliniques et examens de débrouillage :
2. Scores de probabilité diagnostique :
B. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES : DIAGNOSTIC DE CERTITUDE :
1. D-dimères :
2. Écho-doppler veineux :
3. Scintigraphie pulmonaire de ventilation – perfusion :
4. Angioscanner pulmonaire :
5. Angiographie pulmonaire :
6. Échographie cardiaque transthoracique :
7. Stratégies diagnostiques
III- SIGNES DE GRAVITÉ DE L'EMBOLIE PULMONAIRE :
A. BASES DE LA CLASSIFICATION :
B. MARQUEURS CLINIQUES :
C. MARQUEURS DE DYSFONCTION VD :
1- Échocardiographie transthoracique :
2- Brain natriuretic peptide :
3- Autres marqueurs indirects de dysfonction VD :
D. MARQUEURS D’ISCHÉMIE MYOCARDIQUE :
E. RÉSULTATS DE LA CLASSIFICATION DU RISQUE :
IV-TRAITEMENT DE L'EMBOLIE PULMONAIRE :
A. MÉTHODES ET STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES EN AIGU :
1. Assistance hémodynamique et respiratoire :
2. Thrombolyse :
3. Embolectomie :
4. Anticoagulation :
B. TRAITEMENT AU LONG COURS :
1. Anticoagulation :
2. Filtres caves :
C. SITUATIONS PARTICULIÈRES :
1. Grossesse :
2. Thrombus intracardiaque :
3. Hypertension pulmonaire chronique post-embolique :
4. EP non thrombotique :
Module de Cardiologie 4 éme année médecine 2018-2019 F.Boukerche
1. Conséquences hémodynamiques :
-La première conséquence d’une EP aigue est hémodynamique. L’EP est
symptomatique si 30–50 % du lit artériel pulmonaire est occlus.
-La mort subite peut être la conséquence de l’augmentation brutale des résistances
artérielles pulmonaires.
-La dilatation du VD et l’inversion de la cinétique du septum interventriculaire
(septum paradoxal) induit secondairement une diminution du débit cardiaque qui
peut entrainer une dysfonction systolique ventriculaire gauche.
-La stimulation du système sympathique permet cependant, en l’absence
d’insuffisance VD, une augmentation des pressions artérielles pulmonaires et la
restauration d’une perfusion pulmonaire. Elle induit par ailleurs une vasoconstriction
systémique qui limite le risque d’hypotension artérielle systémique.
-A l’inverse, la baisse de la PA systémique peut induire un hypodébit coronaire et une
dysfonction VG ischémique qui peut aboutir au décès du patient.
-L’existence d’une cardiopathie pré-existante limite les possibilités de compensation
et aggrave le pronostic.
2. Conséquences respiratoires :
L’hypoxémie est la conséquence des anomalies hémodynamiques. Elle est secondaire a :
- la modification du rapport ventilation – perfusion (hypoperfusion – effet shunt) ;
- la baisse du débit cardiaque systémique ;
- l’ouverture possible d’un foramen ovale perméable (FOP), secondaire a
l’hyperpression dans l’oreillette droite, a l’origine d’un shunt droit – gauche
(l’ouverture d’un FOP favorise la survenue d’embolies paradoxales).
-Les embolies distales de petite taille, sans retentissement hémodynamique, peuvent
être responsables d’hémorragies intra-alvéolaires à l’origine d’hémoptysies, d’un
épanchement pleural souvent douloureux, voire d’un infarctus pulmonaire.
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C. MARQUEURS DE DYSFONCTION VD :
1- Échocardiographie transthoracique :
- La mise en évidence d’un signe de dysfonction VD par ETT est associée à une
augmentation du risque de décès précoce, c’est un critère de pronostic intermédiaire.
- Les critères ETT sont :
la dilatation ou l’hypokinésie VD,
l’augmentation du rapport des diamètres VD/VG et
l’augmentation de vitesse du flux d’insuffisance tricuspide.
- Par ailleurs, l’ETT permet de dépister deux anomalies qui doublent le risque de
décès :
un shunt droit-gauche au travers d’un foramen ovale perméable (FOP) et
la présence de thrombus dans les cavités droites.
2- Brain natriuretic peptide :
- Des taux élevés de BNP et du NT-proBNP traduisent dans l’EP aigue la dysfonction
VD et/ou l’hypodébit systémique.
- Un taux de BNP normal est en faveur d’un bon pronostic.
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3. Embolectomie :
- Embolectomie chirurgicale après sternotomie et mise en place d’une
dérivation cardiopulmonaire : le tronc de l’artère pulmonaire et sa branche
droite sont incisées permettant l’extraction du thrombus. Elle est envisagée
chez des patients à haut risque en cas de contre-indication ou d’échec de la
thrombolyse.
- Embolectomie percutanée : l’expérience de cette technique est limitée.
4. Anticoagulation :
-Le traitement anticoagulant est fondamental dans l’EP aigue. Il a pour objectif
de prévenir la récidive au prix d’un risque acceptable de survenue d’un
accident hémorragique (+++).
-Une anticoagulation par HNF, HBPM ou fondaparinux doit être initiée sans
retard des que le diagnostic de l’EP est confirmé et chez les patients
présentant une probabilité forte ou intermédiaire dans l’attente d’une
confirmation. L’anticoagulation parentérale est relayée par un traitement per
os par un antagoniste de la vitamine K (AVK).
-Les anticoagulants utilisés en pratique sont :
- l’HNF est indiquée en cas d’insuffisance rénale sévére (clairance < 30 mL/min),
de risque hémorragique (réversibilité d’effet rapide après arrêt) et dans l’EP à
haut risque associée au rTPA ;
- les HBPM et le fondaparinux sont préférés à l’HNF dans les autres cas +++ ;
- les posologies recommandées sont les suivantes :
● HNF 60 UI/kg en bolus IV, puis 18 UI/kg/h en perfusion adaptée au TCA (2 à
3 fois la valeur du témoin),
● ou HBPM, par exemple : enoxaparine 100 UI/kg toutes les 12 heures en sous-
cutané ou fondaparinux 5 mg (poids < 50 kg), 7,5 mg (50–70 kg), 10 mg (poids
> 100 kg) en sous-cutané une fois par 24 heures.
-Le risque de thrombopénie induite justifie l’évaluation bi-hebdomadaire de la
numération des plaquettes chez les patients traités par HNF et HBPM (pas sous
fondaparinux).
-L’anticoagulation parentérale doit être poursuivie au moins 5 jours (+++).
Le traitement par AVK doit être débuté dès le premier jour et son efficacité est
évaluée par la mesure de l’INR. Le traitement parentéral peut alors être
interrompu dès que l’INR se situe entre 2 et 3 sur deux mesures réalisées à 48
heures d’intervalle (+++).
L’immobilisation au lit n’est pas justifiée (+++) mais le lever doit être assorti
de la pose de bas de contention.
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2. Filtres caves :
- L’interruption de la veine cave a pour objectif de prévenir la récidive
embolique mais expose au risque d’extension du thrombus veineux.
- Le filtre est placé par voie percutanée en aval des veines rénales.
-L’indication est limitée aux patients présentant une contre-indication à
l’anticoagulation. Si la contre-indication est temporaire (post-opératoire,
neurochirurgie et chirurgie lourde), un filtre temporaire est placé, puis retiré
dès la reprise d’une anticoagulation efficace.
C. SITUATIONS PARTICULIÈRES :
1. Grossesse :
- Les examens paracliniques invasifs (irradiation, injection d’iode) doivent être
réservés aux situations à haut risque après réalisation d’un écho-doppler
veineux des membres inférieurs et d’un ETT.
2. Thrombus intracardiaque :
-La présence de thrombus dans les cavités cardiaques droites est un critère de
haut risque de mortalité précoce. Le traitement fait appel à la thrombolyse ou
à la chirurgie en fonction des circonstances.
3. Hypertension pulmonaire chronique post-embolique :
-Il s’agit d’une complication rare mais grave de l’EP. L’endartériectomie
pulmonaire est de réalisation beaucoup plus complexe que l’embolectomie.
4. EP non thrombotique
-L’embolie peut être septique, gazeuse, graisseuse, amniotique ou tumorale.
-Le diagnostic est évoqué dans certaines situations favorisantes. Il faut savoir
l’évoquer car le traitement est étiologique.