Rapport Annuel 2005

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Le Vérificateur Général du Mali

RAPPORT ANNUEL
2004 - 2005

Mai 2006
MESSAGE DU VERIFICATEUR GENERAL DU MALI

Il m‘est particulièrement agréable de présenter


mon tout premier rapport annuel. Celui-ci couvre la
période avril 2004 – décembre 2005, durant
laquelle il a fallu répondre à deux impératifs diffici-
lement compatibles : d’une part, structurer ex nihi-
lo le Bureau du Vérificateur Général et, d’autre part
commencer au plus tôt les missions, compte tenu
de l’attente des citoyens et des pouvoirs publics.

Le Bureau du Vérificateur Général a pour ambition


première de devenir une structure de contrôle
reconnue pour son professionnalisme, ainsi que
pour l’importance et la qualité de ses travaux. La
priorité, durant mon mandat, sera de le doter de
professionnels compétents, honnêtes et intègres,
M. Sidi Sosso DIARRA travaillant avec objectivité dans des conditions leur
Vérificateur Général du Mali garantissant l’indépendance matérielle et morale.

Au Mali, la corruption touche une part considérable des ressources nationales. Cette
situation hypothèque gravement les chances de développement de notre pays, en
même temps qu’elle constitue une menace pour la paix sociale. La lutte contre la cor-
ruption et la mauvaise gestion est un levier important de la démocratie et de la bonne
gouvernance. Elle permet non seulement de moraliser la gestion des affaires publiques
mais elle contribue également à asseoir la légitimité et la crédibilité des acteurs publics
vis-à-vis des citoyens. Voilà pourquoi j’ai pris l’option, dans les cinq années à venir, de
consacrer une grande partie des ressources du Bureau à ce domaine particulier.

Certes, cette lutte peut aboutir à des sanctions pénales ou disciplinaires eu égard aux
manquements et irrégularités constatés, mais ce n’est pas l’objectif premier du Bureau.
Le législateur ne s’y est pas trompé, car, dans les missions dévolues au Vérificateur
Général, une très large part est consacrée à l’amélioration de la performance, de la qua-
lité des prestations, du rendement, et de l’utilisation des ressources par les services et
organismes publics.

Dans un contexte d’évolution progressive de l’aide publique au développement vers un


appui budgétaire global, les structures publiques doivent se doter de référentiels leur
permettant une plus grande transparence budgétaire et une gestion efficiente des res-
sources.

Il est important que mon programme d’activités consacre du temps et des moyens suf-
fisants pour couvrir ces aspects dont la portée est fondamentalement pédagogique, et
non répressive. Le Bureau va donc, à travers les missions d’évaluation des politiques
publiques, s’impliquer très fortement dans la pertinence et la mise en place d’outils de

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pilotage devant permettre à l’Etat et au Gouvernement de s’acquitter de leurs missions
de façon efficace et efficiente.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


Compte tenu de la spécificité du domaine, un effort important sera fourni pour former les
vérificateurs et acquérir la technicité adéquate.

Le Bureau du Vérificateur Général est une institution jeune mais pleine d’ambitions pour
le Mali. Les missions confiées au Vérificateur Général sont l’affaire de tous et, en tant
que telles, nécessitent une stratégie impliquant toutes les composantes de la société
malienne. Le succès dans leur accomplissement passera nécessairement par un chan-
gement des mentalités et des comportements.

Sans minimiser l’ampleur du phénomène, je demeure convaincu qu’en conjuguant nos


efforts, nous pourrons changer les mœurs économiques et administratives, et positiver
les comportements de l’ensemble de la population par rapport à ce défi. Dans tous les
cas ce sera un travail de longue haleine. Mais c’est un combat noble qui mérite d’être
mené sans relâche, avec courage et fermeté.

J’en appelle donc au soutien et à la collaboration de toutes les parties prenantes, et plus
particulièrement des autres structures de contrôle, du pouvoir judiciaire, de la société
civile et des médias, car il y va de la crédibilité de l’Etat, du développement de notre
pays et de l’avenir des générations futures.

Le Vérificateur Général du Mali,

Sidi Sosso DIARRA


Le 12 mai 2006

3
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
SOMMAIRE

Message du Vérificateur Général du Mali .................................................. 2

Introduction .................................................................................................. 7

Chapitre 1 :
Institution du Vérificateur Général et choix des missions ........................ 9
1.1. Institution et missions du VG .......................................................... 10
1.2. Difficultés rencontrées par le Bureau ............................................. 10
1.3. Principales réalisations du Bureau ................................................. 11
1.4. Choix des missions ....................................................................... 11

Chapitre 2 :
Collecte et reversement de la TVA et taxes assimilées ........................... 15
2.1. Contexte et objectifs ...................................................................... 16
2.2. Faits constatés .............................................................................. 16
2.2.1. Malitel .......................................................................................... 17
2.2.2. Sotelma ....................................................................................... 18
2.2.3. Ikatel Sa ...................................................................................... 18
2.2.4. Mairie du District de Bamako ...................................................... 21
2.2.3. Recommandations ...................................................................... 23

Chapitre 3 :
Droits de douanes et taxes rattachées sur les hydrocarbures ............... 25
3.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 26
3.2. Faits constatés .............................................................................. 27
3.2.1. Minoration des droits et taxes dus à l’Etat ................................... 27
3.2.2. Dysfonctionnements administratifs ............................................. 31
3.3. Recommandations ......................................................................... 32

Chapitre 4 :
Marchés publics ........................................................................................... 33
4.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 34
4.2. Faits constatés .............................................................................. 34
4.2.1. Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) ......................... 34
4.2.2. Ministère de l’Agriculture ............................................................. 35
4.3. Recommandations ......................................................................... 36

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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Chapitre 5 :
Banque de l’Habitat du Mali ........................................................................ 39
5.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 40
5.2. Faits constatés ............................................................................... 40
5.2.1. Existence de réserves foncières non affectées en garantie ......... 40
5.2.2. Insuffisance de l’organisation administrative,
comptable et financière ................................................................. 40
5.3. Recommandations ......................................................................... 44

Chapitre 6 :
Etude et suivi architectural de l’Hôtel du Plan ........................................... 45
6.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 46
6.2. Faits constatés ............................................................................... 46
6.3. Recommandations ......................................................................... 47

Chapitre 7 :
Autres vérifications ...................................................................................... 48
7.1. Analyse synthétique des dossiers .................................................. 50
7.2. Traitement des dossiers ................................................................. 50

Conclusion .................................................................................................... 52

Annexe ......................................................................................................... 55

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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
LISTE DES ABREVIATIONS

VG Vérificateur Général
ACDI Agence Canadienne du Développement International
ADIT Acompte sur Divers Impôts et Taxes
BPP Bureau des Produits Pétroliers
BVG Bureau du Vérificateur Général
CA Chiffre d’Affaires
CGI Code Général des Impôts
CIS Centre Informatique et Statistique
CNPM Conseil National du Patronat Malien
COTECNA Société d’inspection des importations
CSLP Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté
DD Droit de Douane
DGD Direction Générale des Douanes
DGI Direction Générale des Impôts
DGMP Direction Générale des Marchés Publics
DNCC Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence
DNCF Direction Nationale du Contrôle Financier
DNTCP Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique
OD Opérations Diverses
OPI Organisation Patronale des Industriels
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des affaires
PC Prélèvement Communautaire
PCB Plan Comptable Bancaire
PDI Projet de Développement Informatique
PIB Produit Intérieur Brut
PVI Programme de Vérification des Importations
RS Redevance Statistique
SDGE Sous Direction des Grandes Entreprises
SGS Société Générale de Surveillance
SIGTAS Système d’Information pour la Gestion des Taxes et Assimilés
SONATEL Société Nationale de Téléphone du Sénégal
TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée
TIPP Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
INTRODUCTION

L’institution du Vérificateur Général s’inscrit dans le cadre de la recherche d’une meilleu-


re efficacité du contrôle en vue de renforcer la transparence et la bonne gouvernance.

Dans un pays où le déficit budgétaire est devenu un phénomène structurel, où l’aide


internationale représente 15 à 20% du PIB depuis au moins deux décennies, et où près
de 64 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, il est heureux que la
transparence et la bonne gouvernance soient devenues des préoccupations majeures
pour les Autorités. En effet, la “corruption est un grave obstacle au développement et
compromet le bon fonctionnement de l’Etat. A terme, ce sont les Etats et leurs adminis-
trés qui en paient le prix, sous forme de revenus moins élevés, d’un moindre volume
d’investissement, et de fluctuations économiques plus marquées”, selon le Président de
la Banque mondiale. Le concept de transparence et de bonne gouvernance est donc
aujourd’hui le fer de lance de la stratégie d’amélioration des conditions de vie des popu-
lations et de lutte contre la corruption au Mali, comme le stipule le document de Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), un document unique de référence des
politiques et stratégies de développement.

Le Mali a une longue expérience en matière de contrôle des ressources et des struc-
tures publiques. Les différents types de contrôle (contrôles parlementaire, juridictionnel
et administratif) sont mis en œuvre en vue de moraliser davantage la vie publique.
Parallèlement, la société civile s’organise progressivement afin d’apporter sa contribu-
tion dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, et diverses associa-
tions ont vu le jour : Transparency Mali, Observatoire National de Lutte contre la
Corruption, Réseau des Journalistes Maliens contre la Corruption, etc. Cependant, mal-
gré tous ces efforts déployés par les Pouvoirs Publics et la société civile, les résultats
ne sont pas à la hauteur des attentes des citoyens et des exigences en matière de
bonne gouvernance. La corruption et la délinquance économique et financière persis-
tent, ainsi qu’il est attesté par de nombreuses récriminations des citoyens.

Dans un tel contexte et aussi dans la recherche d’une meilleure efficacité du contrôle en
vue de promouvoir la bonne gouvernance et combattre la corruption, le Président de la
République Amadou Toumani TOURÉ a, au lendemain de son investiture en 2002,
conclu à la nécessité d’instituer le Vérificateur Général du Mali. En 1992 déjà, le
Président TOURE avait fait faire une étude sur l’opportunité de créer un Bureau du
Vérificateur Général au Mali.

Le présent rapport est élaboré en application de l’article 17 de la loi instituant le


Vérificateur Général, aux termes du quel “le Vérificateur Général élabore un rapport
annuel qu’il adresse au Président de la République, au Premier ministre, au Président
de l’Assemblée Nationale. Le rapport annuel est rendu public et publié au Journal
Officiel”.

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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 1 :
INSTITUTION DU VERIFICATEUR GENERAL
ET CHOIX DES MISSIONS
1.1 INSTITUTION ET MISSIONS DU VERIFICATEUR GENERAL

L’institution du Vérificateur Général répond à un souci d’innovation dans le dispositif ins-


titutionnel de contrôle au Mali, à savoir la mise en place d’une autorité indépendante
chargée de la vérification générale, directement accessible aux citoyens, et dont les
missions doivent contribuer à une meilleure gestion des ressources publiques.

Un projet de loi fut à cet effet transmis le 19 juin 2003 à l’Assemblée Nationale et suite
aux débats parlementaires du 11 août 2003, la loi N°03-030 du 25 août 2003 instituant
le Vérificateur Général fut adoptée par 126 voix pour, 6 voix contre, et 7 abstentions.

La loi instituant le Vérificateur Général définit, en son article 2, les missions qui lui
sont assignées, à savoir :

• l’évaluation des politiques publiques à travers un contrôle de performance et de


qualité des services et organismes publics et en particulier des programmes et
projets de développement,

• le contrôle de la régularité et de la sincérité des opérations de recettes et de


dépenses effectuées par les institutions de la République, les administrations
d’Etat, les collectivités territoriales, les établissements publics ou tout autre orga-
nisme bénéficiant du concours financier de l’Etat,

• la proposition aux autorités publiques de mesures et actions propres à assurer


une meilleure adéquation du coût et du rendement des services publics, à rendre
plus pertinent l’emploi des ressources publiques et d’une façon générale, à garan-
tir le fonctionnement régulier des organismes et structures publics.

Ainsi, dans tous les domaines d’activités où l’Etat engage directement ou indirectement
des fonds, le Vérificateur Général a mission de s’assurer de leur bonne gestion.

1.2 DIFFICULTES RENCONTREES PAR LE BUREAU

De façon générale, la mise en place du Bureau du Vérificateur Général a beaucoup


souffert de la lenteur et de la lourdeur administratives. Entre autres, il est apparu des dif-
ficultés à l’occasion des négociations et de la mise à disposition des budgets affectés
au Bureau. D’abord concernant le budget de l’exercice 2004, le Vérificateur Général et
le Vérificateur Général Adjoint, nommés depuis avril 2004, n’ont pu en disposer qu’en
juillet 2004 ; cette situation a du coup entraîné des retards dans l’installation du Bureau.
Ensuite, le budget de l’exercice 2005, préalablement discuté et arrêté avec le Ministère
de l’Economie et des Finances, a été globalement réduit de 27% et, pour le poste “Frais
de personnel”, de 55% sans que le Bureau n’ait reçu aucune correspondance relative à
cette décision. De longues négociations ont été nécessaires pour le rétablissement par-
tiel de ce budget.

En outre, en l’absence d’une grille de salaires de référence pour le personnel d’appui en


général et les Vérificateurs Assistants en particulier, la négociation des niveaux de
rémunération a duré plusieurs mois. A cela il faut ajouter le temps nécessaire au recru-
tement du personnel qualifié requis dont la sélection, pour une question de transparen-
ce et d’efficacité et conformément aux dispositions de la loi instituant le Vérificateur
Général, a été faite sur la base d’un appel à candidatures avec l’appui d’un cabinet inter-

10
national de recrutement.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


Une des conséquences de ces difficultés d’ordre administratif est le retard dans la mise
en place du personnel technique du Bureau, qui n’a pu démarrer qu’en mars 2005 avec
le recrutement de 9 Vérificateurs. Le lancement des premières missions s’en est res-
senti et n’a été effectif qu’à partir de juin 2005.

Il importe d’insister sur les difficultés liées à la poursuite des investigations au niveau
des structures privées. Le déroulement des travaux de vérification de la collecte et du
reversement de la TVA1 et des droits de douane a en effet souffert des obstructions
organisées par les opérateurs économiques sur instigation du Conseil National du
Patronat Malien (CNPM). Malgré de multiples rencontres du Vérificateur Général avec
le CNPM en vue de leur expliquer les missions du Bureau et dissiper leurs appréhen-
sions, un front a été érigé pour empêcher le Vérificateur Général de faire son travail.

1.3 PRINCIPALES REALISATIONS DU BUREAU


Au titre des réalisations du Bureau du Vérificateur Général, il faut d’abord noter la mise
en place effective de la quasi-totalité du personnel technique. A la date du 31 mars
2006, l’effectif du Bureau était de 74 agents dont 9 Vérificateurs, et 33 Vérificateurs
Assistants en plus du Vérificateur Général et du Vérificateur Général Adjoint. Des efforts
particuliers ont été faits pour prendre en compte l’aspect “genre” dans les recrutements.
C’est ainsi que l’effectif du Bureau comprend 19% d’agents de sexe féminin.
Ensuite, il faut mentionner l’organisation du séminaire d’intégration des Vérificateurs qui
a abouti en janvier 2006 sur une formation intensive d’un mois en vérification financiè-
re, vérification de performance, et management d’équipes. Il convient de saluer ici le
soutien inestimable de l’Ambassade du Canada au Mali et de l’Agence Canadienne de
Développement International (ACDI) aussi bien dans le financement conjoint que dans
la mise à disposition d’experts pour l’animation du séminaire.

Le Bureau a également, dans le cadre de son organisation interne, élaboré des projets
de manuels de procédures dans les domaines suivants : administration et comptabilité,
règlement financier, règlement intérieur, et accord de siège. Ces projets seront soumis
à des professionnels indépendants pour les rendre conformes aux normes générale-
ment admises.

Enfin, soucieux d’établir des liens de coopération avec d’autres institutions, le


Vérificateur Général a entrepris des actions auprès de diverses institutions nationales et
internationales. A ce titre, le Vérificateur Général et le Vérificateur Général Adjoint ont
effectué une visite au Canada et en Tunisie afin de s’imprégner de l’expérience de ces
pays dans le domaine de la vérification. Ils ont également organisé des rencontres avec
chacune des structures de contrôle du pays et avec les partenaires techniques et finan-
ciers du Mali pour une large diffusion des missions du Bureau.

1.4 CHOIX DES PREMIERES MISSIONS


Les premières missions exécutées par le Bureau du Vérificateur Général ont été lan-
cées en juin 2005. Elles ont essentiellement porté sur le deuxième volet des missions
assignées au Vérificateur Général par la loi N° 03-030 du 25 août 2003, à savoir, le
contrôle de la régularité et de la sincérité des recettes et dépenses publiques. En consé-
quence, trois catégories de missions de vérification ont été mises en chantier dont une
sur la collecte et le reversement de la TVA et taxes assimilées, une autre sur les droits
de douane et taxes rattachées, et une troisième sur les marchés publics.

11 1 En fait, la TVA est une taxe payée par le consommateur final, et les opérateurs économiques, de façon intrinsèque, ne
sont que des intermédiaires dans le processus de recouvrement.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


De façon générale, le choix des missions a procédé d’une analyse approfondie des sta-
tistiques nationales sur les recettes et les dépenses publiques.
En effet, selon les statistiques de 20032 du Fonds Monétaire International sur le Mali,
les droits de douane ont représenté en moyenne 52,7% des recettes budgétaires de
l’Etat, contre 17,3% pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Les revenus des droits de
douane conjugués à ceux de la TVA constituent donc près de 70% des recettes budgé-
taires au Mali. Par ailleurs, les statistiques nationales font ressortir que seulement 10%
des entreprises paient près de 80% des recettes fiscales de l’Etat.

De plus, la fraude et la concurrence déloyale porteraient sur 50% de l’économie natio-


nale selon l’Organisation Patronale des Industriels (OPI). De son côté, la Banque
Mondiale a estimé, pour l’année 2000, à environ 200 milliards de FCFA le manque à
gagner pour l’Etat occasionné par la fraude fiscale sur les importations de marchan-
dises. Cet état de fait entraîne une situation de grande précarité des entreprises opé-
rant dans le secteur formel et a incité le Vérificateur Général à initier des missions par
rapport aux droits de douane et à la TVA. Ce choix se justifie d’autant plus que, de façon
générale, tous les acteurs de l’activité économique, aussi bien du secteur privé que du
secteur public, s’accordent sur la nécessité de combattre les importations frauduleuses.

La mission de vérification de la TVA a concerné quatre entités. Bien que certaines diffi-
cultés aient été rencontrées sur le terrain, les travaux effectués ont permis de mettre à
jour des manques à gagner d’environ 13 milliards de FCFA pour l’Etat et ont révélé plu-
sieurs violations du code général des impôts.

La mission sur les droits de Douane s’est, quant à elle, focalisée sur la vérification des
recettes douanières liées aux importations d’hydrocarbures pour l’exercice 2002. Pour
cette seule année, les travaux de vérification ont mis en évidence un manque à gagner
pour l’Etat de plus de deux milliards et demi de FCFA au titre des droits et taxes com-
promis sur les importations d’hydrocarbures, ainsi que de graves dysfonctionnements
administratifs.

En 2004, les dépenses publiques totales et prêts nets, se sont chiffrés à 625,8 milliards
de FCFA, soit 24,8% du PIB3. Les achats publics ayant représenté environ 56% de ces
dépenses, constituent une part importante dans les dépenses de l’Etat.

Par ailleurs, depuis 1995, le Mali a adopté un Code des marchés publics dans l’optique
d’une meilleure maîtrise des achats publics. Toutefois, plusieurs études ont montré l’in-
efficience du processus de passation des marchés publics. Au delà des procédures qui
ne sont pas exemptes de toute critique, la lourdeur administrative constitue un véritable
goulot d’étranglement. De surcroît, les procédures de commandes publiques trouvent
un écho d’autant plus défavorable auprès du public que les abus des agents de l’Etat
sont régulièrement rapportés par les médias.

Des efforts importants sont cependant en cours au niveau national et régional visant à
une amélioration de cette situation qui occasionne des coûts supplémentaires tant au
niveau des administrations que du processus des commandes publiques en termes d’al-
longement de la durée des marchés.

2 Mali – Annexes statistiques, FMI, novembre 2003.


3 Rapport de mise en œuvre du CSLP, août 2005.
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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Au plan national, le Ministère de l’Economie et des Finances, sous l’impulsion de cer-
tains partenaires au développement, a entrepris une relecture du Code des Marchés
Publics. Pour sa part, la Commission de l’UEMOA, en partenariat avec la Banque
Mondiale et la Banque Africaine de Développement, a entrepris depuis l’an 2000, un
programme régional de réforme des marchés publics dans les huit Etats membres.

Aussi, et compte tenu de la rareté des ressources publiques, les marchés publics consti-
tuent-ils une autre cible des interventions du Vérificateur Général. Pour la vérification
des marchés publics, un échantillon composé des Ministères de l’Agriculture, de
l’Education Nationale, de la Santé, de l’Equipement, de même que le Ministère de
l’Economie et des Finances (en tant que chargé de la réglementation sur les marchés
publics) a été sélectionné.

Les travaux effectués en 2005 ont concerné le Ministère de l’Economie et des Finances
et celui de l’Agriculture. Ils ont conduit à des révélations importantes en termes de
défaillances dans le processus de passation des marchés publics. Des irrégularités
graves ont été constatées tant au niveau des procédures d’évaluation des offres et d’at-
tribution des marchés, qu’à celui des contrôles effectués par la Direction Générale des
Marchés Publics (DGMP).

Outre ces trois grands axes de contrôle que sont la TVA, les droits de douane et les mar-
chés publics, d’autres missions de vérification ont également été initiées suite à des
demandes d’assistance formulées par des responsables de structures (cas de la
Banque de l’Habitat du Mali) ou des plaintes émanant de citoyens (cas de PYRAMI-
DION).

Entre avril et décembre 2005, le Bureau du Vérificateur Général a reçu au total 60


plaintes. Dans ce domaine, le Bureau s’est assigné comme obligation de donner une
suite écrite à chaque correspondance reçue. Le graphique ci-dessous donne un aper-
çu du traitement effectué.

Les plaintes se répartissent en celles directement prises en charge par le Bureau du


Vérificateur Général (22%), celles traitées et orientées vers des structures plus indi-
quées (Médiateur de la République, Procureur de la République, autres administrations)
compte tenu de la nature spécifique de la plainte (48%), et celles classées sans suite
correspondant notamment à des lettres d’information ou à des demandes insuffisam-
ment motivées (30%).

13
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
La mission de vérification à la BHM a mis en évidence des dysfonctionnements très
nombreux et très préjudiciables qui, s’ils ne sont pas résolus dans les meilleurs délais,
entraîneraient une cessation de paiement pour cette banque, pourtant si capitale dans
la politique de logements du pays.

La mission de vérification des conditions d’attribution du marché relatif aux études et au


suivi architectural de l’Hôtel du Plan (bâtiment devant abriter les structures du Ministère
du Plan et de l’Aménagement du Territoire) a, quant à elle, révélé des irrégularités dans
l’attribution dudit marché à la société FAUR et le rôle joué par la Direction Générale des
Marchés Publics (DGMP), en violation du code des marchés publics.

Enfin, il convient de souligner que dans le cadre des missions générales assignées au
Bureau, le volet évaluation des politiques publiques à travers un contrôle de performan-
ce, n’a pas été abordé en 2005. Compte tenu de l’importance de ce type de contrôle
dans l’amélioration de la gestion des affaires publiques en termes d’économie, d’effica-
cité et d’efficience, le Vérificateur Général a requis un renforcement de l’expertise du
Bureau en la matière avant sa mise en oeuvre. L’organisation du séminaire d’intégra-
tion4 des vérificateurs s’inscrivait en partie dans cet objectif.

Au terme des missions, des dossiers concernant les irrégularités constatées ont été
transmis au Procureur de la République, conformément aux dispositions de l’article 16
de la loi instituant le Vérificateur Général.

Le présent rapport fait la synthèse des observations et recommandations issues des tra-
vaux réalisées, relatives aux domaines suivants :

- Collecte et reversement de la TVA,


- Droits de douane et taxes rattachées sur les hydrocarbures en 2002,
- Marchés publics,
- Banque de l’Habitat du Mali,
- Etude et suivi architectural de l’hôtel du plan,
- Traitement des plaintes.

14
4 Un séminaire intensif d’intégration des Vérificateurs a en effet été organisé en 2005 par le Bureau du Vérificateur
Général avec l’appui de l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI) et de l’Ambassade du Canada au
Mali et s’est déroulé du 16 janvier au 12 février 2006. Le séminaire a essentiellement porté sur les domaines de la véri-
fication financière et de la vérification de performance.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


CHAPITRE 2 :
COLLECTE ET REVERSEMENT
DE LA TVA ET TAXES ASSIMILEES
2.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS

La mission TVA a porté sur la vérification de la collecte et du reversement de la TVA et


taxes assimilées par un échantillon de sociétés, entreprises et autres structures opé-
rant aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. En effet, conformément
à l’article 2 de la loi No 03-030 du 25 août 2003 instituant le Vérificateur Général, une
des missions de ce dernier consiste à “contrôler la régularité et la sincérité des opéra-
tions de recettes et de dépenses …”.

De façon générale, la mission TVA vise à contribuer au renforcement de la transparen-


ce et de l’efficacité de la collecte et du reversement de la TVA et taxes assimilées.
Comme objectifs spécifiques, elle vise à évaluer le manque à gagner pour l’Etat et à pro-
poser, au besoin, des mesures d’amélioration du rendement des structures impliquées
dans la collecte et le reversement de la TVA.

Les entités vérifiées, pour les exercices 2002, 2003 et 2004, comprennent MALITEL,
SOTELMA, IKATEL SA, et la Mairie du District de Bamako. Les missions se poursuivent
pour d’autres structures.

Suite à la mise en œuvre de la procédure contradictoire avec les entités, les faits
constatés et les recommandations découlant des travaux effectués sont présentés ci-
après.

2.2 FAITS CONSTATES

La mission TVA a décelé un certain nombre d’irrégularités mettant en cause la sincérité


et la régularité du processus de collecte et de reversement de la TVA au niveau des
structures vérifiées. Les travaux effectués ont permis de mettre à jour des minorations
importantes de recettes de l’Etat à concurrence de 12 959 404 363 FCFA.
Au nombre des irrégularités constatées, il a été notamment retenu :

1. l’existence de Protocoles d’Accord non conformes aux prescriptions du Code


Général des Impôts qui ont eu pour effet de minorer les montants dus par le contri-
buable,

2. la non application de la Directive n° 02-98-CM de l’UEMOA avec pour conséquen-


ce la diminution du montant du chiffre d’affaires et par corollaire celui de la TVA,

3. l’application irrégulière et abusive de la procédure d’exonération,

4. l’absence d’un mécanisme de suivi des exonérations à la Direction Générale


des Douanes,

5. l’application irrégulière et abusive du principe des déductions ayant entraîné un


gonflement du niveau de celles-ci,

5. la faiblesse de la coordination entre les différentes structures impliquées dans


la collecte et le reversement de la TVA (DNCC, DGI, DGD, DNTCP, etc.).

Le détail des irrégularités observées et des montants en cause par entité vérifiée est
présenté dans les paragraphes suivants.

16
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
2.2.1 MALITEL

MALITEL est la structure qui gère le département mobile de la SOTELMA.

1. MALITEL déclare et paie la TVA selon le principe des encaissements, applicable aux
activités de prestation de services, contrairement aux dispositions de la directive n° 02-
98-CM de l’UEMOA en date du 02 décembre 1998. Cette directive stipule que les pres-
tations de télécommunications sont assimilées à des livraisons de biens. Du fait de l’ap-
plication de ce principe, la société minore son chiffre d’affaires au 31décembre de
chaque année du montant des cartes vendues mais non consommées.

Pour les exercices 2002, 2003 et 2004, le point de la situation de la TVA due par la
société MALITEL fait apparaître un montant global de TVA éludée de 952 382 170
FCFA.

2. La gestion des stocks de marchandises comporte d’importantes faiblesses : Des dis-


cordances importantes sont apparues entre les stocks comptabilisés et les stocks d’in-
ventaire mettant en cause la fiabilité et la sincérité des états financiers. La reconstitu-
tion des stocks finaux par rapport aux stocks d’inventaire a fait apparaître, dans certains
cas, des écarts inexpliqués. Les droits compromis en terme de TVA qui en ont résulté
se chiffrent à 36 801 609 FCFA.

3. De nombreux clients sont irrégulièrement exonérés de TVA. En effet, aussi bien des
clients particuliers Maliens qu’étrangers ont été exonérés du paiement de la TVA sim-
plement sur la base de leur appartenance à un organisme international ou étranger sans
attestations justificatives. Le chiffre d’affaires soustrait de la taxation à ce titre s’élève à
500 736 585 FCFA pour les trois exercices concernés, soit une TVA occultée de
90 132 585 FCFA.

4. Un accord transactionnel (protocole d’accord) a sanctionné le contrôle fiscal relatif à


l’exercice 2003, par lequel un redressement notifié par la Direction Générale des Impôts
pour 2 329 935 670 FCFA, a été réduit irrégulièrement (cf. article 555 du CGI) à 465
987 134 FCFA, soit un manque à gagner pour l’Etat de 1 863 948 536 FCFA. Le
détail de la situation est présenté dans le tableau qui suit.

Notification de Confirmation de Protocole d’ac- Pourcentage de


Droits Simples
redressement redressement cord réduction
et Pénalités
(1) (2) (3) de (1) à (3)

Total des
2 329 935 670 - 465 987 134 80,0
Droits Dus

dont TVA
967 247 822 - 201 822 039 79,1
(uniquement)

Il faut noter qu’il n’y a pas eu dans ce cas confirmation de redressement par la DGI

17
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
5. Malitel n’applique pas l’article 487 du C.G.I imposant une obligation de retenue de la
TVA sur les prestations de services facturées par des prestataires étrangers. Cette rete-
nue, déductible pour MALITEL, doit être calculée et déduite du montant payé au pres-
tataire puis reversée pour son compte par MALITEL. A l’analyse, il s’avère que la socié-
té ne procède pas correctement à la retenue. La TVA due sur les prestataires étrangers
se chiffre à 793 306 648 FCFA en 2002, 81 515 934 FCFA en 2003 et 74 242 927
FCFA en 2004, soit au total 949 065 509 FCFA pour l’ensemble des trois exercices.

2.2.2 SOTELMA

1. Le chiffre d’affaires déclaré ne concorde pas avec les créances : un cadrage de l’im-
primé de déclaration est effectué pour aboutir à un taux de taxation global de 18% alors
qu’une partie du chiffre d’affaires encaissé est taxée à 10%. Cette partie provient du
solde client antérieur à la loi 99-012 portant modification du Code Général des Impôts
et introduisant la TVA avec un taux unique de 18%. Il faut noter qu’au 31 décembre
2004, le total des créances à 10% se chiffrait à 6 300 000 000 FCFA. Ces créances
datent de 7 ans ou plus.

2. La méthode utilisée dans le calcul de la TVA par la SOTELMA reste le principe des
encaissements car le CGI assimile la téléphonie aux prestations des services : la tech-
nique de reconstitution des encaissements utilisée par la société est en déphasage avec
la comptabilité. En conséquence, la technique des soldes clients a été utilisée pour
reconstituer les encaissements effectifs. Il en résulte des droits compromis de 5 548
685 139 FCFA (dont 1 740 772 976 FCFA en 2002, 2 387 274 752 FCFA en 2003, et
1 420 637 411 FCFA en 2004).

3. La directive 02-98/CM-UEMOA du 22 décembre 1998 n’est pas appliquée par la


Sotelma : ladite Directive portant harmonisation des législations nationales des Etats
membres en matière de TVA, même si elle n’est pas introduite dans la législation natio-
nale, a été pourtant appliquée par la Direction Générale des Impôts à MALITEL qui n’est
qu’un département de la Sotelma. Pour ce qui concerne la SOTELMA, nous avons cal-
culé la TVA selon le principe de la facturation, car la Directive ci-dessus assimile la four-
niture des services de télécommunications à des livraisons de biens meubles corporels.
L’application de cette Directive à la SOTELMA aboutirait à un manque à gagner total de
6 785 805 555 FCFA (dont 2 596 428 596 FCFA en 2002, 1 967 739 885 FCFA en
2003, et 2 221 637 074 FCFA en 2004).

La procédure contradictoire a été respectée. Par ailleurs, il a été tenu compte de l’hy-
pothèse la plus favorable à la SOTELMA et il a été finalement retenu comme droits com-
promis le montant de 5 548 685 139 FCFA (TVA sur les encaissements).

2.2.3 IKATEL SA

1. A la Direction Générale des Douanes, il n’existe pas de mécanisme de suivi des exo-
nérations dont bénéficie la société IKATEL SA. Pour faciliter la mise en œuvre d’inves-
tissements d’installation (pour environ 100 milliards de FCFA), la société IKATEL SA a
bénéficié, suivant décision n° 0756/MEF-SG du 27 décembre 2002, d’exonérations
exceptionnelles et sans limitation de délais de droits de douanes et de TVA sur ses
importations. Ces exonérations portent sur les matériels d’équipement, les pièces de
rechange, l’acquisition d’infrastructures, et les services. Suite à leur examen, la mission
a relevé l’inexistence à la Direction Générale des Douanes d’un mécanisme adéquat de
suivi de l’état de leur exécution. Ainsi, sur la base d’une analyse comparative entre le
fichier des importations exonérées et la liste des exonérations autorisées, la mission a
détecté un dépassement de quotas pour plus de 50% des 38 produits sélectionnés par

18
l’équipe. Le résultat de ce travail de vérification est présenté dans le tableau ci-après.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


19
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Les dépassements de quotas d’importations exonérées qui en découlent totalisent 7
622 540 478 FCFA en valeur pour les produits qu’il a été possible de comparer, ce qui
représente au minimum un manque à gagner pour l’Etat de 1 372 057 286 FCFA (sur
la base de 18% de TVA, sans compter les droits de douane et en ne tenant pas comp-
te de l’ensemble des produits importés). Par ailleurs, la mission a décelé que plusieurs
produits étaient importés à tort sous le régime de l’exonération.

2. Une discordance importante existe entre le fichier SIGTAS de la DGI et le fichier des
déclarations en Douane : la comparaison du fichier des déclarations des importations
en Douane et du fichier des recoupements de la DGI (SIGTAS) a révélé des écarts
considérables dans un sens comme dans l’autre. En particulier en 2003, des importa-
tions d’un montant de 661 074 000 FCFA ont été enregistrées dans le fichier de la DGI
contrairement à celui de la DGD, ce qui est tout à fait paradoxal, la source étant la DGD.
A l’inverse pour la même période, des importations totalisant 1 230 572 518 FCFA ont été
enregistrées dans le fichier de la DGD mais pas dans celui de la DGI. Les montants concer-
nant 2004, ont été respectivement de 3 369 763 605 FCFA et 1 292 259 900 FCFA.

3. Le protocole d’accord intervenu entre la DGI et la société IKATEL SA le 15 décembre


2004 ne répond pas aux critères prescrits par le Code Général des Impôts : ledit pro-
tocole a été signé entre la DGI et la société IKATEL SA suite à une confirmation de
redressement intervenue le 6 octobre 2004 dans le cadre d’une mission de vérification
de la société IKATEL SA effectuée par la DGI le 25 août 2004 et portant sur les exer-
cices 2002 et 2003. Le tableau suivant fait le point des différentes étapes (notification,
confirmation, protocole d’accord), ainsi que des montants concernés (droits simples et
pénalités).

Confirmation
Droits Notification de Protocole d’ac- Pourcentage Pourcentage
de redresse-
Simples et redressement cord de réduction de réduction
ment
Pénalités (1) (3) de (2) à (3) de (1) à (3)
(2)
Total des
5 235 518 595 2 909 644 111 944 056 343 67,6 82,0
Droits Dus
dont TVA
1 229 157 224 1 152 965 299 467 596 846 59,4 62,0
(uniquement)

L’examen du protocole d’accord a révélé un abandon à tort de droits dus à l’Etat d’un
montant de 1.965.587.768 FCFA. En effet, il s’est avéré que ce protocole d’accord n’a
respecté ni la forme (absence de preuve d’autorisation du Ministre en charge des
Finances le justifiant) ni le fond car le paiement des droits dus ne mettait en aucune
façon la société en péril (IKATEL ayant réalisé en 2004 un bénéfice net de 20 416 707
118 FCFA et en 2003 de 2 321 952 059 FCFA), contrairement aux dispositions de l’ar-
ticle 555 du Code Général des Impôts. En revanche, il a été observé un abattement de
67,6% par rapport au montant confirmé des droits dus, et de 82,0% par rapport au mon-
tant notifié. Quant à la TVA, les taux d’abattement correspondants sont respectivement
de 59,4% et de 62,0%.

4. Le déroulement des travaux a souffert des manœuvres hostiles des opérateurs éco-
nomiques et du Conseil National du Patronat Malien (CNPM) : sur instigation du CNPM,
certains opérateurs du secteur privé ont tenté à tort de remettre en question la mission
du Bureau du Vérificateur Général dans ce secteur.

20
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Pour cette raison, la mission n’a pu effectuer la totalité des rapprochements5 nécessaires
avec les données comptables de la société IKATEL SA. En outre, elle n’a pu procéder aux
contrôles sur pièces en raison d’une collaboration imparfaite du contribuable.

2.2.4 MAIRIE DU DISTRICT DE BAMAKO

1. Un montant global de TVA de 180 743 761 FCFA dû par la Mairie du District sur les
exercices 2003 et 2004 a été dégagé. Ce montant se décompose en TVA retenue à la
source pour un montant total de 63 954 369 FCFA, en TVA collectée pour un montant
de 69 564 637 FCFA et en TVA relative à l’éclairage public pour un montant de 47 224
754 FCFA. Ces écarts résultent du non respect par la Mairie du District des dispositions
du Code Général des Impôts en matière de retenue de la TVA sur les opérations d’achat
de biens et de prestations de services, et de collecte de TVA sur les loyers d’équipe-
ments marchands.

2. Il a été constaté au niveau de la Régie des problèmes majeurs qui gagnent de l’am-
pleur d’année en année en ce qui concerne les montants incriminés :
- le non reversement par le Régisseur de montants cumulés de TVA retenus sur
les deux exercices pour 7 671 950 FCFA (soit 2 945 570 FCFA en 2003 et 4 726
380 FCFA en 2004) ;
- la non production par le Régisseur de pièces justificatives pour des mandats totali-
sant 31 785 918 FCFA (soit 10 088 485 FCFA en 2003 et 21 697 433 FCFA en 2004).
Aucune incidence fiscale n’a été estimée pour ces montants par la mission ;
- le non respect de la décision instituant la Régie d’avances de caisse à la Mairie,
qui fixe le montant total des dépenses (de petites factures unitaires) à un maxi-
mum de 10 000 000 FCFA par trimestre soit un montant annuel de 40 000 000
FCFA. Toutefois, il apparaît que des dépenses hors plafond sont régulièrement
effectuées pour des montants importants (plus de 300 000 000 FCFA en 2003 et
plus de 100 000 000 FCFA en 2004) ;
- l’absence de contrôle effectif de la Régie depuis une quinzaine d’années selon
les déclarations du Régisseur ; les inspections du Ministère de tutelle en fin d’an-
née ont porté essentiellement sur des arrêtés de caisse.

3. Il a été constaté certains dysfonctionnements au niveau de la Direction Financière :


- d’une part la Mairie ne respecte pas les termes de la convention signée avec EDM,
aucun agent n’ayant été désigné pour suivre les comptes de l’éclairage public. Par
conséquent, la Mairie n’est pas en mesure de donner une situation fiable et exhaus-
tive des comptes de l’éclairage public et les données issues des comptes administra-
tifs présentent des différences avec celles recueillies auprès de EDM ;
- d’autre part, les déclarations de TVA relatives aux loyers ne sont pas régulière-
ment effectuées auprès des services des Impôts : au niveau du Centre II des
Impôts, les déclarations de janvier, février, mars et avril 2003 n’ont pas été dépo-
sées. Au niveau du Centre III des Impôts, les déclarations de juillet, août, sep-
tembre, octobre et novembre 2003 ainsi que celles de février, mars, avril 2004
n’ont également pas été effectuées.

4. La TVA prélevée sur certaines dépenses bancaires et remise au Receveur pour un


montant de 3 131 550 FCFA en 2003 et 1 868 490 FCFA en 2004, n’a pas été rever-
sée par ce dernier au Trésor Public.

5 Cela a particulièrement concerné les faits suivants : 1) l’existence d’une différence notoire entre la TVA payée au cor-

21
don douanier et les déductions de TVA, la TVA payée au cordon douanier ayant représenté seulement 23% de la TVA
déductible ; 2) l’existence d’un montant restant à payer de 459 319 067 FCFA au titre de la TVA facturée et des rete-
nues sur fournisseurs au 31 décembre 2004 ; 3) la situation ambiguë des évolutions des Exportations et des Services
Extérieurs du contribuable.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


2.3 RECOMMANDATIONS

A l’issue des travaux effectués la mission formule les recommandations suivantes


valables pour l’ensemble des entités vérifiées.

1. Le recouvrement par la Direction Générale des Impôts d’un montant global de droits
compromis de 12 959 404 363 FCFA auprès des entités vérifiées.

2. Le strict respect des prescriptions du Code Général des Impôts en matière de conclu-
sion et de signature des protocoles d’accord ou transactions fiscales par la Direction
Générale des Impôts.

3. La transposition sans délai dans la législation nationale de la Directive n° 02-98-CM


de l’UEMOA.

4. La mise en oeuvre d’un mécanisme rigoureux de suivi des exonérations à la Direction


Générale des Douanes.

5. La publication annuelle des paiements de TVA et des chiffres d’affaires réalisés par
les sociétés et entreprises du Mali.

6. Le renforcement de la coordination et l’accélération de la mise en réseau des struc-


tures impliquées dans la collecte et le reversement de la TVA (DNCC, DGD, DGI et
DNTCP).

7. L’initiation d’une étude permettant un assouplissement de la TVA en faveur des entre-


prises opérant dans les secteurs industriel et manufacturier (tout en restant dans la four-
chette définie par les instances de l’UEMOA) en vue d’accélérer le développement
industriel et de favoriser la création d’emplois et de richesses dans le pays.

8. Le renforcement de la lutte contre les importations frauduleuses.

9. L’approfondissement, à travers une étude, des procédures d’application de la TVA au


secteur informel en vue d’une plus grande équité et de l’élargissement de l’assiette fis-
cale.

10. La non acceptation par la Direction Générale des Impôts de déclarations compor-
tant des blancs ou des altérations.

11. L’application de sanctions administratives et/ou disciplinaires aux agents respon-


sables de fautes professionnelles graves.

Ces recommandations d’ordre général sont assorties des recommandations spéci-


fiques suivantes par entité vérifiée.

a) MALITEL

1. Le recouvrement par la DGI d’un montant global de droits compromis de


3 892 330 409 FCFA.

22
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
2. Le respect des dispositions contenues dans son manuel de procédures relatives à la
gestion des stocks, et la mise en place effective du module de gestion de stocks du logi-
ciel SUN.

3. Le suivi rigoureux des exonérations.

4. Le respect des termes de la décision fixant les quotas de consommation de télépho-


ne du personnel et le règlement des dépassements par les bénéficiaires.

5. L’observation des dispositions des articles 487 et suivants du C.G.I. relatifs à l’obliga-
tion de retenue à la source de TVA pour les prestations payées à des personnes ne rési-
dant pas au Mali.

b) SOTELMA

1. Le recouvrement par la DGI d’un montant global de droits compromis de


5 548 685 139 FCFA.

2. Le changement de la méthode de renseignement de l’imprimé et la non utilisation du


correcteur.

3. Le pointage des reçus de la Direction Générale des Impôts avec les déclarations.

4. L’application de la réglementation en matière de droit à déduction et des principes


communautaires.

c) IKATEL SA

1. Le recouvrement par la DGI d’un montant global de droits compromis de


3 337 645 054 FCFA.

2. Le renforcement de la coordination entre la DGD et la DGI pour une meilleure cohé-


rence entre les données d’importations des fichiers de déclarations en douane et SIG-
TAS.

3. La mise en oeuvre d’un mécanisme rigoureux de suivi des exonérations de la socié-


té IKATEL SA à la Direction Générale des Douanes.

d) MAIRIE DU DISTRICT DE BAMAKO

1. Le recouvrement par la DGI d’un montant global de droits compromis de


180 743 761 FCFA.

2. L’adaptation et la vulgarisation au niveau de l’ensemble du personnel du manuel


de procédures de gestion des communes.

3. L’informatisation de l’ensemble des structures de la Mairie.

4. La mise en place d’un système de contrôle des activités des services propres de la
Mairie (RAM, BRCTU).

23
5 La création d’une base de données des fournisseurs ayant un Numéro d’Identification
Fiscal avec lesquels la Mairie peut opérer.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


6. L’arrêt total des dépenses hors plafond effectuées par le Régisseur.

7. La systématisation du contrôle périodique des dépenses de la Régie.

8. La mise en œuvre d’une vérification approfondie de la gestion de la Mairie.

9. Le reversement par le Régisseur de montants cumulés de TVA retenus sur les deux
exercices pour 7 671 950 FCFA (soit 2 945 570 FCFA en 2003 et 4 726 380 FCFA en
2004).

10. La production par le Régisseur de pièces justificatives pour des mandats totalisant
31 785 918 FCFA (soit 10 088 485 FCFA en 2003 et 21 697 433 FCFA en 2004).

11. Le reversement de la TVA prélevée sur certaines dépenses bancaires et remise au


Receveur pour un montant de 3 131 550 FCFA en 2003 et 1 868 490 FCFA en 2004.

24
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 3 :
DROITS DE DOUANE ET TAXES RATTACHEES
SUR LES HYDROCARBURES EN 2002
3.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS
La vérification des droits de douane et taxes rattachées a été ordonnée dans un contex-
te où l’amélioration des recettes douanières sur les hydrocarbures, les produits alimen-
taires, l’habillement, les matériaux de construction, les machines et véhicules importés,
est une préoccupation majeure pour l’Etat en raison des présomptions suivantes :

• fausses déclarations d’espèces tarifaires,

• levée de faux documents pour couvrir les changements de nature et de quanti-


tés de différents produits,

• falsification de documents pour bénéficier de positions tarifaires favorables.

Les procédures de transit et de dédouanement des marchandises élaborées par les


autorités ne devaient souffrir d’aucune confusion possible si tous les agents de l’Etat les
respectaient et les appliquaient à la lettre.

Malheureusement, diverses connivences entre certains opérateurs économiques et des


agents de l’Etat ont affaibli le système. Cette situation, résultant plus de la défaillance
de certains hauts fonctionnaires que de l’inadaptation des textes, a occasionné un
manque à gagner considérable pour le Budget d’Etat. Les droits ainsi compromis sont
des goulots d’étranglement à la réalisation des recettes au niveau du cordon douanier,
avec pour conséquences, entre autres, l’incapacité de l’Etat à assurer le financement de
certains projets de développement.

La mission a exclu du champ de ses investigations les taxes parafiscales diverses, qui
ne sont pas comptabilisées au budget d’Etat.

La situation des hydrocarbures ainsi que celle d’autres produits d’importation tels que
les produits alimentaires, l’habillement, les matériaux de construction, les machines et
véhicules, entre autres, pour les exercices 2003 et 2004, feront l’objet de vérifications
en 2006.

En définitive, le présent rapport ne porte que sur les résultats des vérifications de l’an-
née 2002, et ne concerne que les droits et taxes sur les hydrocarbures notamment :
- La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) perçue par la Douane sur la base de l’article
527 in fine du Code Général des Impôts qui en fixe le taux à 18% ;
- Le Droit de Douane (DD) inscrit au Tarif Extérieur Commun et dont le taux oscil-
le entre 0 et 20% suivant les catégories ;
- La Redevance Statistique (RS) prévue par le même texte. Son Taux est fixé à
1%, applicable à tous les produits exonérés ou non ;
- Le Prélèvement Communautaire (PC) prélevé sur les produits pétroliers. Son
taux est fixé à 1% ;
- La Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP), taxe flottante instituée par
la loi N°01-64 du 09 juillet 2001, portant modification du CGI,
- L’Acompte sur Divers Impôts et Taxes (ADIT), institué par la loi N°97-013 du 07
Mars 1997 au taux de 5%

L’objectif recherché était de s’assurer de :

• l’existence et de l’application des textes législatifs et réglementaires sur la per-

26
ception des droits et taxes,

• l’exactitude du calcul et l’effectivité de la liquidation des droits et taxes.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


3.2 FAITS CONSTATES

Les travaux effectués ont abouti aux deux groupes de constats suivants :
- Minorations des droits et taxes dus à l’Etat,
- Dysfonctionnements administratifs,

3.2.1 MINORATIONS DES DROITS ET TAXES DUS A L’ETAT

Ces minorations revêtent les aspects suivants :

• minorations de quantité ou simulations de perte de quantité

• autres minorations de quantité,

• minorations de la valeur CAF,

• changements de nature de produit,

• changements d’axe.

1. Minorations de quantité ou simulations de perte de quantité


Ce procédé consiste à réduire la quantité du produit de sorte que les droits et taxes sont
assis sur une quantité inférieure à celle qui est réellement importée. Il en résulte une
diminution notable de la part revenant à l’Etat.

La réduction du poids peut survenir en cas d’accident de circulation ou d’avarie sur le


véhicule transportant le produit. La perte de quantité est alors fondée et prise en comp-
te dans l’évaluation des droits et des taxes à percevoir. C’est une situation normale pour
peu que toute la documentation soit réunie pour attester l’accident ou l’avarie.

La situation devient anormale dès qu’il n’y a aucun document pour soutenir l’accident ou
l’avarie, ou lorsque les documents de soutien manquent de fiabilité soit pour des motifs
intrinsèques de conception soit pour des motifs externes. Il s’agira alors de fraude.

La mission de vérification a identifié deux cent cinquante six (256) déclarations de


mise à la consommation de produits pétroliers avec simulation de perte de quantité. Les
dossiers physiques ont été retrouvés pour cent soixante-trois (163) déclarations. En
dépit des efforts entrepris auprès du Bureau des Produits Pétroliers, du Bureau de
Contrôle des Acquits et de la Sous Direction des Recettes et des Etudes, les dossiers
physiques de quatre-vingt-treize (93) déclarations sont demeurés introuvables.

Les droits et taxes éludés par ce procédé s’élèvent à la somme de 2.479.849.201 FCFA.

L’analyse des simulations de perte de quantité, soutenues par des dossiers physiques
(les documents de recevabilité), a abouti à des droits et taxes compromis pour un mon-
tant de 1 574 153 090 FCFA.

Le traitement des simulations de perte de quantité dont les dossiers physiques n’ont pas
été retrouvés a conduit à des droits et taxes compromis pour un montant de
905 696 111 FCFA,

27
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Il ressort de l’analyse de ces pratiques les constatations suivantes :

a) Circulation des camions


Le procès-verbal de constat proclame invariablement que la “citerne versait son
contenu par des fissures sur les différents compartiments” et les quantités décla-
rées perdues atteignent au moins 90% du volume transporté signalé aux frontières du
Mali. L’importance des pertes (entre 90 et 99%) induit de graves avaries sur les véhi-
cules.
Or, il apparaît que les avaries déclarées n’ont aucune incidence sur la fréquence de cir-
culation des camions. En effet, les camions dits avariés continuent leur rotation normale.

b) Absence de signalisation
L’instruction n° 01 DGD/DRRE du 10 novembre 1989, qui régit l’escorte douanière,
énonce que les accidents et incidents survenus sur le trajet sont consignés dans une
Fiche de signalisation remise sans délai par les Agents d’escorte au prochain Bureau
des Douanes aux fins de constat. Or, dans aucun des cas visés, il n’a été constaté la
présence de fiche de signalisation des Agents d’escorte. Pourtant, les camions sont
déclarés à Bamako, par le Bureau des Produits Pétroliers (BPP) comme ayant perdu 90
à 99% du volume transporté par des fissures à leurs différents compartiments.

A la lecture des procès-verbaux de constat, tout se passe comme si les fissures survien-
nent dans l’enceinte du BPP et non pendant le voyage. Dans le cas contraire, les agents
d’escorte s’en seraient rendu compte et par ailleurs, des nuisances environnementales
auraient été constatées, car les quantités déclarées déversées dans la nature, sont esti-
mées à 14 035 500 litres d’hydrocarbure, comme le montrent les tableaux ci-dessous :

QTES PERDUES EN LITRES


PRODUIT KOURY ZEGOUA DIBOLI TOTAL
Super 273 500 509 500 783 000
Essence Auto 6702500 5 162 000 11 864 500
Gasoil 675500 455 000 41 000 1 171 500
Pétrole 55 000 161 500 216 500
TOTAL 7 706 500 6 288 000 41 000 14 035 500

Par mois l’analyse des quantités perdues se présente comme suit :


QTES PERDUES EN LITRES
MOIS KOURY ZEGOUA DIBOLI TOTAL
Janvier 475 000 425 500 900 500
Février 97 000 605 000 702 000
Mars 459 000 1 354 000 1 813 000
Avril 238 000 882 000 1 120 000
Mai 531 500 837 000 1 368 500
Juin 348 500 720 000 1 068 500
Juillet 334 000 483 000 817 000
Août 291 000 326 500 617 500
Septembre 746 000 540 000 1 286 000
Octobre 1 447 500 115 000 1 562 500
Novembre 1 393 500 41 000 1 434 500
Décembre
TOTAL
1 345 500
7 706 500 6 288 000 41 000
1 345
14 035
500
500 28
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Par ailleurs, un autre constat est que la plupart des déclarations faites sur des pertes de
quantité concernent les opérateurs nationaux. Les Compagnies multinationales n’ont
connu aucun cas de perte de quantité. Pourtant, les opérateurs nationaux comme les
multinationales évoluent dans le même environnement et recourent assez souvent aux
mêmes véhicules pour le transport de leurs importations.

c) Défaut d’assurance des marchandises


Aux termes de la loi n° 81-78 du 15 août 1981, les marchandises à l’importation doivent
être couvertes par une police d’assurance dont le défaut est puni d’une amende égale
à 25% de la valeur des marchandises transportées. Il apparaît que les produits pétro-
liers déclarés perdus dans les déclarations mises en cause ne sont pas assurés.

2. Les autres minorations de quantité


Ces autres minorations de quantité sont de même nature que les simulations de perte
de quantité. La seule différence dans ce cas réside dans le fait qu’il n’y a pas de permis
d’examiner ni de procès-verbal de constat. Ces autres minorations de quantité ont été
mises en évidence à la suite des confrontations entre les informations issues des appli-
cations TRIE et le fichier de déclarations de mise à la consommation du CIS.

Les droits compromis par ce procédé s’élèvent à 6 220 424 FCFA.

3. Minorations de la valeur CAF :


La minoration de la valeur CAF est une réduction de la valeur administrative déterminée
par Arrêté du Ministre de l’Economie et des Finances par l’application d’une valeur ficti-
ve pour bénéficier d’une diminution du montant des droits et taxes dus à l’Etat.

La détermination des valeurs en douane ou valeurs CAF des produits pétroliers est faite
en fonction des axes et de manière périodique suivant un arrêté du Ministre de
l’Economie et des Finances. Cette valeur CAF sert de base de taxation aux droits et
taxes suivants : le Droit de Douane, la Redevance Statistique, le Prélèvement
Communautaire, la Taxe sur la Valeur Ajoutée et l’Acompte sur Divers Impôts et Taxes.
Il a été mis en évidence des droits non perçus, qui proviennent de la confrontation entre
les droits calculés sur la valeur CAF utilisée par la Douane et les droits afférents à l’ap-
plication de la valeur CAF prévue par l’Arrêté ministériel de la période. Le montant total
de ces droits s’élève à 101.085. 907 FCFA.

Il est à noter qu’environ 99% des montants en cause proviennent des cas de minoration
sur des importations de pétrole au mois d’octobre 2002. En effet, pour un certain
nombre d’importations de pétrole, il a été utilisé 150 FCFA (cent cinquante francs CFA)
comme valeur en douane pour cette période, ce qui ne correspond pas du tout avec les
données de l’Arrêté ministériel N°02-2210/MEF-SG du 10 octobre 2002 déterminant les
valeurs en douane des produits pétroliers. Les écarts par unité sur valeur sont présen-
tés par axe comme suit :

AXES VALEUR de l’Arrêté VALEUR utilisée Minoration de VALEUR


DAKAR 236,52 150,00 86,52
ABIDJAN 237,55 150,00 87,55
LOME 261,68 150,00 111,68
COTONOU 279,38 150,00 129,38

29
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
4. Changements de nature de produit :
Le changement de la nature d’un produit conduit à un changement d’espèce tarifaire. Il
revient à donner la position tarifaire plus favorable d’un produit à un autre pour bénéfi-
cier d’une diminution de la valeur en douane.
Ainsi, la mission a décelé 25 cas de changement de nature du produit pour un total de
droits et taxes compromis de 38 226 032 FCFA.

5. Changements d’axe
Ce procédé consiste à changer l’axe de provenance d’un produit en vue de bénéficier
d’une diminution des droits et taxes dus. Il influe surtout sur la valeur CAF et la TIPP qui
sont fixées suivant l’axe de provenance du produit.

Il a été constaté sept (07) cas de changement d’axe pour un total de droits et taxes com-
promis de 3 110 908 FCFA.

En résumé, le total des droits compromis par opérateur, toutes origines confondues est
donné dans le tableau suivant :

Changement Autres Minoration


OPERA- Minoration Changement
Nature minorations valeur TOTAL
TEURS Quantité d’axe
Produit quantité CAF
SODIES 520 973 170 244 541 7 996 259 529 213 970
DIONKE 438 491 211 1 863 460 17 039 250 457 393 921
Z.TRAORE 30 372 610 372 553 005 38 924 42 544 365 1 565 439 447 074 343
S. YATTASSAYE 358 295 869 148 213 358 444 082
SOLEIL SERVICES 890 085 300 497 457 100 254 301 487 796
SOTRAKA 212 634 133 5 803 235 218 437 368
SOGEPE 192 375 190 192 375 190
SOMAPP 1 364 187 14 695 630 1 829 891 9 590 017 780 729 28 260 454
SNF 5 599 150 21 195 997 26 795 147
SOMAYAFF 19 566 159 6 362 375 83 600 26 012 134
COULIB.&FRERES 15 438 376 87 201 5 381 620 20 907 197
GOLFA SERVICE 13 133 005 6 220 573 19 353 578
SAD OIL 2 056 153 2 056 153
MOBIL OIL 681 140 681 140
TOTAL 38 226 032 2 479 849 203 6 220 424 101 085 907 3 110 908 2 628 492 474

La vérification des droits de douanes et taxes rattachées a permis de déceler des


manœuvres frauduleuses conséquentes. La somme totale des droits compromis mis
en lumière par l’équipe de vérification est de 2 628 492 474 FCFA.

Une telle hémorragie compromet les actions de développement du pays qui connaît un
taux de pauvreté parmi les plus élevés au monde et qui aurait pu engager avec succès
des actions utiles de développement.

30
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
3.2.2 DYSFONCTIONNEMENT ADMINISTRATIFS

Ces dysfonctionnements concernent les domaines suivants :

• non production des documents étrangers et des volets de déclaration,

• non fourniture des données informatiques,

• absence de fiabilité des données informatiques,

• mauvais archivage et mauvaise tenue des documents,

• non respect des conditions de recevabilité des déclarations.

1. Non production des documents étrangers et des volets de déclaration


Le fichier des hydrocarbures, qui a été fourni par le Centre Informatique et Statistique
(CIS), est constitué de 14 251 lignes de déclarations de mise à la consommation. Après
apurement, en tenant compte uniquement des produits ciblés par la mission, ce fichier
se réduit à 13 157 lignes. La mission a pu, après examen de ces données, créer un
fichier récapitulatif de 5 636 lignes sur la base des dossiers physiques de déclarations
de mise à la consommation des produits pétroliers. Il résulte donc du rapprochement de
ce fichier avec celui du CIS que 7 521 dossiers physiques de déclarations enregistrés
n’ont pas été fournis à la mission par la Sous Direction des Recettes et des Etudes
(SDRE), sous le prétexte d’un mauvais archivage.

2. Non fourniture des données informatiques


La confrontation des dossiers physiques de déclarations fournis par la SDRE avec le
fichier des hydrocarbures du CIS, et le calcul des droits effectué par la mission ont per-
mis d’identifier 17 dossiers physiques non enregistrés dans le fichier des hydrocarbures
du CIS.
En outre, l’enregistrement des déclarations dans la base de données du CIS, fait de
façon séquentielle, a permis à la mission d’identifier les autres lignes de déclarations
manquantes au nombre de 38.

3. Absence de fiabilité des données informatiques


Concernant les fichiers de déclaration des hydrocarbures examinés, il a été constaté
que des numéros de TRIE, des Intentions d’Importation et des Avis de Vérification
n’étaient pas mentionnés, toutes choses faisant obstacle au recoupement entre ces
sources d’informations.
De plus, depuis l’entrée en application de Sydonia ++ en juin 2004, la Direction
Générale des Douanes n’a pas pu reporter les informations figurant sur Sydonia 2.7
(l’ancien système) pour les rendre plus exploitables.
En ce qui concerne la gestion du Projet de Développement Informatique (PDI), les don-
nées informatiques, envoyées mensuellement sur disquette, ne sont pas, au préalable,
validées par les chefs des bureaux frontières.

4. Mauvais archivage et mauvaise tenue des documents


Lors de la reconstitution des fichiers TRIE à partir des registres de mouvements tenus
au niveau des bureaux frontières, et du recoupement de ces informations avec les don-
nées informatiques fournies par le Bureau de Contrôle des Acquits et le Projet de
Développement Informatique, la mission a rencontré de nombreux obstacles qui ont
pour origine :

31
- la mauvaise tenue des registres de mouvements au niveau de tous les bureaux
frontières ;

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


- le non paraphe des registres ;
- l’existence de ratures sur les registres ;
- le mauvais classement et le mauvais archivage dans tous les bureaux.

5. Non respect des conditions de recevabilité des déclarations


L’arrêté N° 244-MF-SD du 1er avril 1968 fixe les conditions de recevabilité des déclara-
tions de mise à la consommation. Les dossiers doivent comporter notamment : l’origi-
nal du volet de la déclaration, le TRIE malien, la facture, l’acquit-à-caution du pays de
provenance (document étranger), l’attestation de vérification de la SGS/COTECNA fai-
sant mention de la valeur en douane, le numéro de l’Intention d’Importation, la nomen-
clature tarifaire, la densité, le certificat d’assurance.
L’exploitation des dossiers physiques fournis par la Sous-Direction des Recettes et des
Etudes a permis de constater un non respect généralisé des conditions de recevabilité
de la part des agents des douanes. Aucun dossier parmi les 5.636 déclarations reçues
ne remplit lesdites conditions.
En outre, tous les efforts déployés pour obtenir les documents étrangers (facture,
acquit-à-caution) sont restés vains.

3.3 RECOMMANDATIONS
Suite aux travaux effectués, la mission formule les recommandations suivantes :

1. l’élaboration de manuels de procédures pour chaque étape du processus de


dédouanement pour uniformiser et préciser les actes posés par les fonctionnaires
des douanes ;

2. la formation continue des agents de douane et la formation en informatique du


personnel intervenant sur le processus de dédouanement pour rendre systéma-
tique l’utilisation de l’outil informatique ;

3. l’optimisation des effectifs ;

4. l’informatisation de l’enregistrement des TRIE, au niveau du bureau secondai-


re de Diboli ;

5. la connexion de tous les bureaux au Centre Informatique et Statistique pour une


gestion et un suivi en temps réel des opérations en douane ;

6. l’audit du Projet de Développement Informatique et l’évaluation à mi-parcours


de l’exécution du programme d’informatisation ;

7. l’application des dispositions législatives et réglementaires, notamment le res-


pect des conditions de recevabilité ;

8. la révision des missions du BCA ;

9. l’exigence de l‘accompagnement des déclarations de sortie (C400) par la


déclaration (S400) établie à l’entrée qui apure le TRIE, afin de faciliter les recou-
pements entre la déclaration C400 et le TRIE ;

10. l’application stricte des procédures de dédouanement, en ce qui concerne les


dépôts ;

11. le recouvrement intégral des droits compromis ;

12.l’interpellation du personnel impliqué dans la minoration des droits et/ou dans


la dissimulation ou la destruction des informations administratives.
32
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 4 :
MARCHES PUBLICS
4.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS

L’objectif de la vérification des marchés publics est de contribuer à améliorer l’ensemble


du circuit de passation et d’exécution des marchés publics ainsi que des achats cou-
rants à travers d’une part un examen approfondi des opérations d’acquisition des biens
et services, et, d’autre part, la formulation de recommandations sur la base des dysfonc-
tionnements relevés.

Pour 2005, la vérification a porté sur des marchés publics passés par le Ministère de
l’Agriculture et celui de l’Economie et des Finances au cours des exercices 2003, 2004
et 2005 (au 1er semestre).

Dans le cadre du strict respect de la procédure contradictoire, les rapports provisoires


de contrôle ont été soumis aux deux départements. Les précisions apportées par le
Ministère de l’Economie et des Finances ont été prises en compte. Pour ce qui concer-
ne le Ministère de l’Agriculture, les informations fournies n’ont apporté aucun élément
pertinent nouveau. Pour sa part, la DGMP s’est figée dans une attitude de négation sys-
tématique de l’évidence.

4.2 FAITS CONSTATES

Au terme des travaux de vérification, les constats par structure vérifiée se présentent
comme suit :

4.2.1. Ministère de l’Economie et des Finances (MEF)


Le système de contrôle interne présente des faiblesses importantes :

1. La mauvaise tenue ou l’absence des documents de la comptabilité des matières


notamment le mouvement de matière en approvisionnement fait peser des doutes
sur la réalité de certains achats. Lorsque les documents existent le contrôle révè-
le dans certains cas l’altération de la réalité.

2. Dans la quasi-totalité des acquisitions aucune mise en concurrence des four-


nisseurs n’a été constatée. En tout état de cause, les pièces permettant de
démontrer la réalité des consultations ne sont pas conservées, ce qui crée une
présomption d’irrégularités.

3. L’évaluation des applications informatiques acquises pour améliorer la gestion


montre que celles-ci sont généralement mal ou pas utilisées par un personnel non
formé.

4. Certaines dépenses fractionnées n’ont pas fait l’objet de marchés de régulari-


sation, contrairement aux dispositions de l’article 4.3 du code des marchés
publics.

5. Le manque de programmation adéquate des marchés a pour conséquence


notamment un taux significatif de marchés initiés en fin d’année (22% sur les
exercices 2003 et 2004).

6. Les conditions présidant à la passation de certains marchés par entente direc-


te n’ont pas été respectées.

34
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
La vérification des chiffres d’affaires réalisés par certains fournisseurs révèle des ano-
malies :

1. Les coûts d’entretien des installations électriques et de climatisation dépassent


leurs coûts d’acquisition. En effet, en 2004, la fourniture des pièces de rechange
des climatiseurs à l’Hôtel des Finances s’est s’élevée à 116 474 260 FCFA pour
une valeur d’acquisition de ces mêmes climatiseurs de 93 215 895 FCFA.
Toujours en 2004, les réparations électriques se sont chiffrées à 138 296 590
FCFA. Pour la même année, le coût des pièces de rechange électriques et de cli-
matisation de la Résidence du Ministre s’est chiffré à 22 290 200 FCFA. Ces
coûts de réparation annuels pourraient manifestement permettre un renouvelle-
ment complet des installations électriques et de climatisation de l’Hôtel et de la
Résidence ci-dessus.

2. Les prix pratiqués en 2005 pour les fournitures courantes de bureau sont sur-
évalués en moyenne de 96% par rapport aux prix minima relevés chez les
mêmes fournisseurs, et de 53% par rapport aux prix du marché.

3. Des droits non mobilisés ou non perçus au titre des cautions de bonne exécu-
tion, des pénalités de retard et des minorations de droits d’enregistrement ont été
identifiés par la mission pour un montant de 166 787 735 FCFA.

4. La réception de matériels de qualités inférieures à celles prévues aux spécifi-


cations techniques des marchés a engendré une surfacturation estimée à 21 426
608 FCFA au minimum.

4.2.2 Ministère de l’Agriculture


Le contrôle interne est insuffisant :

1. Les documents de la comptabilité des matières, tels que le livre journal, les
Ordres d’Entrée du Matériel (OEM) et les Bordereaux d’Affectation du Matériel
(BAM), sont mal tenus.

2. Des achats sont effectués auprès de certains fournisseurs qui ne figurent pas
sur le fichier fournisseurs ou dont l’objet social est sans rapport avec les presta-
tions demandées. Par ailleurs, il apparaît des cas où les trois factures pro forma
demandées pour l’achat d’un même produit émanent du même fournisseur.

3. Les prix pratiqués sont surévalués par rapport à ceux relevés sur le marché.

4. Au niveau de la Régie d’Avances, il a été constaté le non-respect du délai de


10 jours pour justifier les frais de mission à compter de la date de retour.

5. Les procédures d’évaluation et d’attribution des offres par la DAF ne sont pas
respectées. L’étude des dossiers par la commission d’analyse et de dépouillement
des offres n’est pas faite avec toute la rigueur exigée par le Code des Marchés
Publics. On note la présence de pièces falsifiées, de fausses attestations, et de
faux en écriture non relevés par la DAF et la DGMP. Lors des consultations res-
treintes, la preuve de la mise en concurrence est rarement établie.

6. La Direction Générale des Marchés Publics ne joue pas correctement son rôle :
des autorisations sont fréquemment accordées pour passer des marchés par
entente directe en dehors du cadre fixé par le Code des Marchés Publics. Il est

35
même arrivé que par ses avis la DGMP fausse le principe de l’égalité des soumis-
sionnaires.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


Le suivi de l’exécution des marchés est défaillant :

La vérification de l’exécution financière et physique des marchés fait apparaître


l’absence de suivi par l’autorité contractante. Parmi les différents cas relevés on
peut noter :
- Le détournement d’objet du marché. Ainsi dans le Marché
n°0856/DGMP/2004 relatif à la réalisation de trois abris moulins et l’exten-
sion du périmètre maraîcher de Manantali, les abris moulins ont été rempla-
cés par huit vannes.
- Le détournement des biens livrés. Ainsi dans le marché n° 0676 / DGMP
2003 relatif à la fourniture de 8 motos Yamaha 100 au Projet mouches tsé-
tsé pour 14 960 000 FCFA, seules 4 motos ont été retrouvées, les autres
ayant été vendues ou troquées.

4.3 RECOMMANDATIONS

Au regard des faits constatés, les recommandations suivantes ont été formulées :

a) Aux directions administratives et financières des deux ministères


1. Mise en place d’un bon système d’archivage
La création et le maintien d’un bon système de classement rentrent dans les obligations
fiduciaires de l’administration. Au regard de la lenteur et de l’absence de communication
de certaines informations à la mission, la DAF devrait mettre en place un système d’ar-
chivage adéquat des dossiers pour un suivi efficace de ses marchés. A cet égard, le sys-
tème d’archivage des documents de marchés proposé par la DGMP pourrait constituer
un bon modèle.

2. Mise en place d’un système de contrôle interne efficace


L’application et la surveillance des mesures de contrôle administratif, comptable et phy-
sique relèvent de la DAF. Il s’agit d’assurer la traçabilité des opérations d’achats par la
tenue correcte des documents de la comptabilité des matières, la séparation des taches
et la mise en concurrence effective des fournisseurs. A cet égard, la prise d’actes régle-
mentaires formalisant l’application du manuel de procédures d’exécution des achats
courants pourrait donner des assurances raisonnables quand à la réalité des acquisi-
tions et des prix pratiqués.

3. Amélioration du suivi de l’exécution des marchés publics


Le suivi de l’exécution technique et financière des marchés doit être amélioré par la
mise en place pour tout marché d’une commission de réception compétente et l’appli-
cation rigoureuse des clauses contractuelles portant sur le cautionnement, les pénalités
et les retenues de garantie.

Ces recommandations d’ordre général sont assorties des recommandations spécifiques


suivantes par structure vérifiée :

b) Au Ministère de l’Economie et des Finances


1. En priorité, la prise de mesures en vue de maîtriser et réduire les coûts d’entretien
électrique et de climatisation de l’Hôtel des Finances et de la Résidence du Ministre des
Finances manifestement abusifs.

36
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
2. Une meilleure exploitation des technologies informatiques
Le gouvernement avec l’appui des partenaires techniques et financiers a fait de la ges-
tion comptable et financière publique un domaine de prédilection pour les technologies
informatiques. Le Ministère de l’Economie et des Finances devrait rentabiliser les inves-
tissements informatiques réalisés par une formation adéquate du personnel et une uti-
lisation effective des applications informatiques acquises dans le cadre de la gestion du
courrier, des ordres de missions et de la comptabilité des matières.

c) Au ministère de l’Agriculture
1. La consultation exclusive des entreprises spécialisées pour les marchés à consulta-
tion restreinte. La DAF doit être en mesure de faire la preuve de l’envoi des lettres d’in-
vitation en cas de procédures restreintes.

2. L’envoi du rapport d’analyse et de jugement des offres accompagné des exemplaires


des offres des soumissionnaires à la DGMP pour évaluation.

d) A la Direction Générale des Marchés Publics (DGMP)


1. La mise à la disposition des DAF d’outils de programmation pertinents des marchés
et la formation du personnel à ces outils.

2. La rigueur dans l’analyse des dossiers et dans les avis juridiques, notamment en ce
qui concerne les passations de marché par entente directe et de marché à consultation
restreinte.

3. La présence effective du représentant de la DGMP à l’ouverture des plis.

e) Aux pouvoirs publics


1. L’élaboration de plans de passation des marchés et leur transmission à la DGMP
méritent d’être érigées au rang des exigences du Code des marchés publics.

2. L’amélioration de la mercuriale des prix pour les biens de consommation courantes


et la reconnaissance à ladite mercuriale d’une valeur obligatoire pour les achats de
l’Etat.

3. La dotation de la Direction Nationale du Contrôle Financier (DNCF) de traitements


informatiques appropriés en vue de pallier les fractionnements et d’assurer une meilleu-
re maîtrise de certains prix.

4. L’instauration d’une collaboration étroite entre la DGMP, la DGI, l’INPS, l’OMH et


l’Ordre des Comptables Agréés et des Experts Comptables Agréés, afin de s’assurer de
la régularité et de la sincérité des documents administratifs et des états financiers.

37
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 5 :
BANQUE DE L’HABITAT DU MALI
5.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS

Créée le 3 juillet 1996 par transformation de la Société des Chèques Postaux et de la


Caisse d’Epargne (SCPCE), la Banque de l’Habitat du Mali S.A. (BHM) a comme acti-
vité principale la promotion de l’habitat social, et par corollaire, le financement des
sociétés immobilières et des particuliers voulant construire ou acquérir une maison
grâce au prêt immobilier à moyen et long termes.

Toutefois, des procédures d’octroi de crédits n’ayant pas été respectées, la Banque se
trouve de plus en plus confrontée à d’énormes difficultés de trésorerie qui, si elles ne
sont pas résolues, l’entraîneraient vers une cessation de paiement. En conséquence,
les autorités ont nommé un nouveau Président Directeur Général en septembre 2004.

Ce dernier, dès sa prise de fonction, a adressé en Octobre 2004 une requête au


Vérificateur Général lui demandant une assistance en vue du recensement et de l’éva-
luation des réserves foncières des promoteurs immobiliers dans le but d’améliorer les
garanties relatives aux engagements. Le Vérificateur Général a accepté cette mission
par lettre N° 40/2004/BVG du 3 novembre 2004.

Parallèlement au recensement des réserves foncières, eu égard à l’importance consta-


tée des montants engagés, le Bureau du Vérificateur Général a procédé à la vérification
des comptes des promoteurs et à l’analyse des prêts au personnel de la Banque.

5.2 FAITS CONSTATES

Des travaux effectués, il ressort les principales observations ci – après :

5.2.1 Existence de réserves foncières non affectées en garantie des


concours octroyés
En effet, aussi bien les promoteurs immobiliers que les membres du personnel dispo-
sent de biens fonciers qui ne sont pas affectés en garantie des crédits dont ils ont béné-
ficié. Ces réserves totalisent pour l’ensemble des promoteurs immobiliers débiteurs une
superficie cumulée de 100ha06a67ca pour un montant global d’hypothèques inscrites
au profit de la Banque à hauteur de 4.486.904.920 FCFA.

Pendant la mission de recensement, des mesures conservatoires ont été prises auprès
de la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre pour éviter les cessions desdites
réserves et permettre à la Banque de procéder à la prise de garantie sur les biens fon-
ciers répertoriés. Toutefois, la Banque n’a donné, à la date du présent rapport, aucune
suite au Vérificateur Général sur l’exploitation des résultats du recensement des
réserves foncières.

5.2.2 Insuffisance de l’organisation administrative, comptable et financière


1. L’organigramme actuel de la Banque n’a pas été approuvé par le Conseil
d’Administration. En outre, l’organisation de la Banque ne s’appuie pas sur des fiches
descriptives de fonctions.

2. L’inadéquation et la vétusté du système informatique ont aggravé les difficultés de


fonctionnement de la Banque. La Banque souffre énormément du caractère obsolète de
son système informatique. Les difficultés liées à l’utilisation dudit système résident prin-
cipalement dans son incapacité à traiter les opérations conformément aux prescriptions

40
du Plan Comptable Bancaire.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


Le système génère notamment des états réglementaires de la BCEAO (DEC, Etats des
engagements et balance générale) incohérents et ne permet guère de retracer la piste
d’audit (outil de contrôle interne) permettant de faire un cheminement continu entre une
pièce d’opération, les comptes d’enregistrement et les états de synthèse.
En outre, les capacités de mémoire du système central sont très limitées, provoquant
une lenteur significative dans le traitement des opérations.

3. Les ressources humaines sont peu qualifiées au regard des exigences liées à la pro-
fession. Une bonne partie de l’effectif a été héritée, en effet, de l’ancienne structure de
la Poste (dont est issue la Banque). Par ailleurs, l’absence de procédures rigoureuses
de recrutement, notamment par voie de mise en compétition des candidats, ne donne
pas les garanties d’un recrutement qualitatif.

4. En dépit des recommandations de la Commission Bancaire, de graves carences per-


sistent dans le fonctionnement du Conseil d’Administration et dans le contrôle interne.
La Banque est caractérisée par un dysfonctionnement notoire du Conseil
d’Administration en matière de définition, de mise en œuvre et de contrôle d’exécution
des politiques de l’institution (politique de crédit, réseau, ressources humaines, etc.). En
effet, l’évolution incontrôlée des engagements qui, en octobre 2004, ont atteint plus de
92 641 000 000 FCFA, l’accroissement vertigineux de 243,55 % des charges du per-
sonnel entre fins 2001 et 2003, passant de 597 698 325 FCFA à 1 455 693 852
FCFA, et l’implantation sans études préalables de rentabilité des réseaux d’agences et
de représentations attestent du dysfonctionnement du Conseil d’ Administration.

5. L’existence d’écritures abusives de régularisation sur les comptes de clientèle résulte


de l’absence de manuels complets de procédures. Cette situation a engendré souvent
des erreurs d‘imputation comptable et des écritures abusives de régularisation sur les
comptes de la clientèle. Ces régularisations passées en opérations diverses (OD) ne
sont souvent étayées d’aucune pièce justificative.

6. La non conformité au Plan Comptable Bancaire de l’UMOA (PCB) des schémas


comptables utilisés et l’existence de nombreux suspens dans les états de rapproche-
ment des comptes de correspondants altèrent la qualité de l’information comptable de
la Banque. En effet, une illustration de cette non conformité est l’utilisation d’un compte
de bilan comme contrepartie créditrice d’un compte hors bilan (pour la comptabilisation
des engagements de financement). En outre, les suspens des états de rapprochement
des comptes correspondants qui résultent soit d’imputations erronées, soit du non enre-
gistrement comptable par la Banque d’ordres donnés aux correspondants ou reçus de
ceux-ci peuvent exposer la Banque à des risques réels de perte.

7. La Banque viole très souvent le principe de la non compensation. En effet, dans le


PCB, les cas de compensation sont cités limitativement et ne peuvent se faire que sur
la base de l’existence d’une convention de fusion.

8. La Gestion des crédits est peu orthodoxe. Dans ce domaine essentiel de l’activité
bancaire, le Conseil d’Administration a totalement failli à son rôle. La fonction crédit à
la BHM souffre de nombreux problèmes dans chacune des phases de traitement du cré-
dit (étude des dossiers, administration et contrôle des crédits).

41
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
9. L’évolution non maîtrisée des engagements dépassant, au 31 octobre 2004, la somme
de 92 642 000 000 de FCFA a provoqué une dégradation importante de la situation
financière de la Banque. En effet, ces engagements ont pratiquement doublé, entre fin
2001 et octobre 2004, en passant de 48 000 000 000 FCFA à 92 000 000 000 FCFA.
En outre, ils comprennent une part significative de crédits délinquants ayant amené la
Commission Bancaire de l’UMOA à demander à la Banque la constitution de provisions
complémentaires de plus de 25 000 000 000 de FCFA.

10. De nombreux crédits totalisant plusieurs milliards de FCFA ont été distribués en l’ab-
sence d’études préalables, d’autorisations de crédit et de garanties. Ces concours ont
été essentiellement octroyés sur base de visas de chèques notamment par le PDG et
le Secrétaire Général. Ainsi, la mise en place de nombre de découverts pour le finance-
ment de programmes immobiliers a été faite sans prise de garantie ni signature de
convention de compte courant entre les parties. De même, pour l’octroi de ces
concours, l’inexistence de décisions du Comité Exécutif, instance d’autorisation, a été
constatée. En effet, 91 % des 42 846 000 000 FCFA de crédits accordés aux promo-
teurs immobiliers ne sont pas issus des décisions du Comité Exécutif.

11. Au plan de l’administration des crédits accordés aux promoteurs immobiliers, la


Banque n’ouvre pas de comptes d’engagements et ne tient pas de dossiers individuels
de prêts. Dans ces conditions, étant donné l’absence de tombée d’échéance, le suivi
du dénouement et le recouvrement des crédits sont rendus plus difficiles. L’absence du
dossier individuel enlève à la Banque un outil clé de gestion et de contrôle des prêts.

12. L’absence de mécanismes rigoureux de suivi des prêts a produit un déphasage


entre le niveau des crédits accordés et les sommes réellement investies dans les pro-
jets immobiliers. En effet, malgré l’existence d’un service technique, la Banque n’a pas
de mécanismes rigoureux de suivi des prêts visant à rapprocher les niveaux de décais-
sements opérés avec l’avancement physique des travaux. Cette absence a permis à
certains promoteurs de détourner des crédits octroyés de leur objet, la valeur des pro-
jets immobiliers réalisés se révélant inférieure au niveau effectif des engagements. Il en
est ainsi du cas des Halles de Bamako dont une partie du financement d’environ 2 000
000 000 FCFA a été détournée.

13. La définition incomplète des conditions de fonctionnement des comptes courants


dans les conventions altère la qualité desdites conventions. L’on déplore souvent dans
des conventions de compte courant, relatives à des engagements atteignant plusieurs
dizaines de milliards de FCFA, l’absence de clauses importantes concernant, entre
autres, les plafonds de découverts autorisés, les échéances, les termes et conditions
de clôture desdits comptes. Cette situation a naturellement ouvert la voie à des récla-
mations de la part de la clientèle concernée et met aux risques tant les montants prin-
cipaux que les intérêts des concours respectifs.

14. La Banque n’hésite pas à recourir au maquillage des comptes de prêts (window
dressing) pour se conformer aux normes de la BCEAO. Au plan réglementaire, le main-
tien, par la Banque, de certains comptes ordinaires débiteurs sans mouvements crédi-
teurs réels parmi les comptes de créances saines, par le biais d’écritures passées en
“Opérations Diverses” sur ces comptes, constitue une manœuvre frauduleuse. Cette
pratique minore les créances en souffrance, augmente le niveau des créances saines
et génère des produits d’intérêts et résultats fictifs.

42
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
15. Les prêts au personnel et aux dirigeants s’élevant à 3 123 776 160 FCFA en août
2005, sont incompatibles avec le niveau des fonds propres effectifs de la banque. La
situation des prêts du personnel actualisée au 04/08/2005 se présentait comme suit :

Encours (1)..................................... .... 3 123 776 160 FCFA

Echéance mensuelle (totale) (2).................19 379 462 FCFA

Durée moyenne simple (1/2) 162 mois soit 13 ans et 6 mois

Taux d’intérêt annuel ......................................................1 %

Cette situation révèle les infractions et anomalies ci-après :

a) En tenant compte des provisions complémentaires demandées par la


Commission Bancaire de l’UMOA, les fonds propres effectifs de la Banque sont
négatifs et ne donnent à la BHM aucune possibilité de crédit en faveur de son per-
sonnel et de ses dirigeants, car il lui aurait fallu avoir un niveau de fonds propres
effectifs d’au moins 15 618 000 000 FCFA.

b) 28 cas de dépassement de la quotité cessible du salaire dont les titulaires à la


date du 04/08/05 ont des encours de 685 476 011 FCFA aux remboursements
échelonnés pour la plupart sur 20 ans ont été relevés. Il convient de noter que
certains prélèvements atteignent 90 % du salaire. Il y a dès lors des risques réels
que ces remboursements ne soient pas soutenables à terme et qu’ils finissent en
créances en souffrance.

c) Le taux d’intérêt appliqué de 1 % est largement inférieur à celui payé par la


Banque pour l’acquisition des ressources.

d) Les prêts dits d’équipement sont anormalement étalés sur 60 mois d’échéance
au lieu de 24 mois. Par ailleurs, ils ne sont assortis d’aucune garantie.

16. Les irrégularités constatées dans les transactions sur le compte SICG atteignent la
somme de 2 029 381 631 FCFA et se décomposent comme suit :

a) irrégularités relatives aux prélèvements de fonds non autorisés sur le compte


du client qui portent sur la somme de 337 893 071 FCFA ;

b) irrégularités relatives aux retraits de somme du compte SICG mais non prévus
dans le cadre du projet des Halles qui s’élèvent à 319 924 000 FCFA ;

c) irrégularités, relatives à la violation systématique de la réglementation des


changes, portant sur les transferts non causés des fonds de la Banque à l’étran-
ger prélevés, au profit du promoteur immobilier, sur le compte de prêt dans le
cadre de la réalisation des Halles et dont le montant total s’élevé à 1 196 880 650
FCFA ;

d) irrégularités relatives aux retraits de fonds dans le cadre des Halles dont l’utili-
sation est inconnue à concurrence de 174 683 910 FCFA.

43
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
17. La principale difficulté rencontrée au cours de la mission a porté sur le blocage du
processus contradictoire de validation des soldes des comptes des promoteurs pour les
raisons suivantes :

a) en raison de litiges pendants devant les tribunaux, des débiteurs ont décliné
l’invitation adressée par le Vérificateur Général à procéder à l’analyse des opéra-
tions contestées par eux en vue de la validation contradictoire du solde de leurs
comptes avec les représentants de la Banque, sous l’arbitrage du Bureau du
Vérificateur Général ;

b) d’autres opérateurs favorables à l’organisation de la reddition de comptes ont


été incapables d’indiquer les opérations qu’ils contestent, arguant dans certains
cas ne plus détenir de documentation comptable susceptible de justifier la contes-
tation ;

c) la Banque s’est opposée à l’organisation de reddition de comptes avec les débi-


teurs ayant auparavant signé une convention reconnaissant le montant de leurs
engagements ;

d) enfin, des promoteurs ayant sollicité la reddition de comptes ont par requête
conjointe obtenu du Tribunal de Commerce l’homologation de protocoles d’accord
signés avec la BHM dont les termes ont arrêté le niveau des engagements.

5.3 RECOMMANDATIONS

Sur la base des faits constatés, le redressement de la situation actuelle de la Banque


exige une restructuration en profondeur. Cette restructuration passe notamment par :

1. l’assainissement financier de la Banque nécessitant la reddition complète des


comptes de l’ensemble des promoteurs immobiliers et la prise d’hypothèques complé-
mentaires sur les réserves foncières ;

2. l’amélioration du fonctionnement du Conseil d’Administration à travers la tenue régu-


lière des réunions, l‘assignation d’objectifs précis à la Direction Générale et le suivi
rigoureux de leur réalisation ;

3. l’adéquation du réseau d’agences et de représentations ;

4. le dimensionnement qualitatif et quantitatif des ressources humaines ;

5. l’adoption de manuels complets de procédures.

44
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 6 :
ETUDE ET SUIVI ARCHITECTURAL
DE L’HÔTEL DU PLAN
6.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS

La mission relative à la vérification des procédures d’attribution du marché de l’Hôtel du


Plan, fait suite à une plainte formulée par le bureau d’architecture PYRAMIDION dont
les services avaient été sollicités par la Direction Administrative et Financière de la
Primature (gestionnaire des crédits de l’ex Ministère délégué chargé du Plan) aux fins
d’élaboration des études préliminaires afférentes au suivi architectural dudit Hôtel.
Celles-ci ayant aboutit à l’élaboration d’un dossier de consultation restreinte conformé-
ment aux dispositions des articles 16 et 37 nouveaux du code des marchés publics, le
dossier d’appel d’offres restreint fut lancé.

Trois bureaux (PYRAMIDION, CETCAU, ARDI) ont été consultés et la DGMP a donné
un avis de non-objection quant à la poursuite de la procédure (lettre n°1426/MEF-
DGMP du 30 avril 2004).

A la faveur du remaniement ministériel intervenu le 2 mai 2004, le Ministère délégué


chargé du Plan fut érigé en Ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire. Le nou-
veau Ministre décida d’ajouter trois bureaux supplémentaires (QUARC, Atelier
d’Architecture et de Design et FAUR, l’adjudicataire du marché) sans requérir de nou-
veau l’avis de la DGMP.

Face à cette situation, le Directeur du bureau PYRAMIDION saisit le Vérificateur


Général d’une plainte, conformément aux dispositions de la loi n° 03-030 du 25 août
2003 en estimant que le score attribué à l’adjudicataire du marché (FAUR) à l’issue de
l’ouverture des offres techniques ne saurait refléter la réalité eu égard au nombre d’an-
nées d’expérience requises.

6.2 FAITS CONSTATES

De l’analyse du dossier, les constats suivants ont été faits :

1. Le nombre de consultants a été élargi de 3 à 6 sans l’aval de la D.G.M.P.


Conformément aux procédures de passation des marchés publics, les trois bureaux
soumis à l’avis juridique de la DGMP à savoir PYRAMIDION, ARDI et CETCAU
devaient être les seuls habilités à soumissionner à la consultation restreinte. Or, en vio-
lation de l’article 29 alinéa 2 du code des marchés publics, le nombre des postulants est
passé de trois à six (3 à 6) sans au préalable l’avis de non objection de la DGMP, qui
n’a du reste pas relevé cette irrégularité à l’ouverture des plis le 6 décembre 2004.
Pourtant, dans sa lettre N° 0268 MEF-DGMP du 26 janvier 2005, la DGMP qui avait
reconnu que le dossier final n’a pas été soumis à son avis juridique, rappelait à la DAF
du Plan que “tous les soumissionnaires qui ne sont pas sur la liste restreinte approu-
vée par la Direction Générale des Marchés Publics doivent être purement et simplement
éliminés” Le 26 juillet 2005, la DGMP donna tout de même un avis de non objection défi-
nitif.

2. Les notes attribuées par la commission de dépouillement sont injustifiées


La commission de dépouillement et de jugement des offres a attribué les notes 15 à
PYRAMIDION et 9 à FAUR pour l’expérience et la qualification du chef de mission qui
est responsable du bureau. Or, les données particulières stipulaient qu’un architecte
chef de mission qui n’a pas 10 années d’expérience devait se voir attribuer la note zéro
( 0) pour ce critère (cas des soumissionnaires FAUR et ARDI). Par lettre n° 268/MEF-
DGMP, du 26 janvier 2005, la DGMP notifiait au Président de la Commission de
dépouillement et de jugement des offres qu’aucune “justification ne sous-tend les nota-
tions inscrites dans le tableau relatif à l’évaluation des offres techniques”. 46
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
En outre, le candidat FAUR a obtenu la note maximale de “30” et PYRAMIDION la note
“12” pour la conformité au plan de travail et la méthode proposée. Aucune note inter-
médiaire n’était prévue pour l’approche méthodologique.
La commission ne s’est pas conformée aux dispositions du dossier de consultation res-
treinte pour l’évaluation des offres techniques. Aussi, dans sa lettre du 25 novembre
2005, la DGMP a-t-elle reconnu que la plainte de Monsieur Boubacar Mady DIALLO est
bien fondée.

3. Les irrégularités relevées s’analysent en faute administrative et en présomption


de favoritisme
La DGMP intervient tant en amont qu’en aval du processus de passation des marchés
publics. Elle a manqué de rigueur dans l’observation des principes régissant le contrô-
le de la passation des marchés publics (articles 81 et 82 du Code des marchés
publics) en ce qu’elle :

• n’a pas relevé que l’élargissement, bien qu’autorisé par les dispositions de l’ar-
ticle 37 (alinéa 2), n’a pas été soumis à son avis préalable lors de l’ouverture des
plis,
• a reconnu que la plainte de PYRAMIDION est fondée.

Son comportement s’analyse dès lors comme une faute administrative. Celle-ci est du
reste aggravée par de fortes présomptions de favoritisme.

En effet, les faits suivants sont assimilables au délit de favoritisme :

• le choix d’un candidat qui n’était pas sur la liste soumise à l’avis de non objec-
tion de la DGMP ;
• l’attribution de notes n’ayant pas tenu compte des critères des données particu-
lières du dossier d’appel d’offres restreint ;
• l’attribution inopportune de notes intermédiaires.

De tout ce qui précède, le comportement de la D.G.M.P a permis de procurer un avan-


tage injustifié au cabinet FAUR en violation du code des marchés publics.

6.3 RECOMMANDATIONS

Les constats ci-dessus ont révélé, des irrégularités qui entachent l’attribution du marché
relatif aux études et suivi architectural de l’Hôtel du Plan au bureau d’études FAUR.
La mission formule les recommandations suivantes :

1. l’ouverture de procédures administratives et/ou judiciaires à l’encontre des cadres de


l’Administration dont le comportement a permis la violation des dispositions du code des
marchés publics ;

2. l’amélioration du suivi des procédures de passation des marchés publics ;

3. le renforcement de la sensibilisation des structures étatiques au processus des mar-


chés publics ;

4. la résiliation du marché octroyé irrégulièrement.

L’on relèvera que le marché incriminé, qui avait été suspendu en Conseil des Ministres
le 21 décembre 2005, a redémarré sur des bases que le Bureau du Vérificateur Général

47
se doit d’analyser de manière approfondie.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


CHAPITRE 7 :
TRAITEMENT DES PLAINTES
L’article 11 de la loi instituant le Vérificateur Général stipule que : “toute personne phy-
sique ou morale qui souhaite qu’une structure publique et toute autres structures béné-
ficiant du concours financier de l’Etat fassent l’objet d’une vérification, en saisit le
Vérificateur Général par écrit, en lui donnant les informations nécessaires lui permettant
d’effectuer son enquête.
Il appartient au Vérificateur Général d’apprécier le caractère sérieux de l’information et
de décider de la suite à réserver”.
Dans ce cadre le bureau du Vérificateur Général a reçu dès sa mise en place de nom-
breuses plaintes ou dénonciations.

7.1 ANALYSE SYNTHETIQUE DES DOSSIERS

D’avril 2004 à décembre 2005, le Bureau du Vérificateur Général a enregistré (60) dos-
siers de plaintes et dénonciations : 20 dossiers en 2004 contre 40 en 2005. L’analyse
de ces dossiers a conduit à les classer en deux catégories :

1. Les dossiers entrant dans le champ de compétence du Bureau, donc jugés


conformes au mandat du Vérificateur Général: (13).

2. Les dossiers ne rentrant pas dans son champ de compétence pour diverses raisons :
litiges entre administrés et administrations ou entre des individus et leurs associations, faits
prescrits ou insuffisamment caractérisés, faits relatifs à des cas dont la justice est saisie,
demandes d’intervention du Vérificateur Général ou simples lettres d’information (47).

Qu’il s’agisse des plaintes et dénonciations ou des demandes de vérification formulées


par des tiers, elles proviennent de différentes régions du Mali et émanent de toutes les
couches socio-économiques : citoyens ordinaires, personnels de représentations diplo-
matiques résidant à l’étranger, autorités responsables de structures administratives etc.
Il est cependant à noter que rares sont les femmes qui ont saisi le Bureau.

Les structures visées par les dénonciations sont entre autres : des Départements
Ministériels, des structures administratives, judiciaires ou communales, des
Ambassades, des Sociétés.

A l’examen, lesdites dénonciations visent essentiellement des pratiques attentatoires


aux deniers publics, même si dans la plupart des cas les plaignants n’apportent pas de
preuves suffisantes pour étayer leurs déclarations.

7.2 TRAITEMENT DES DOSSIERS

D’une manière générale, le Bureau s’est efforcé de donner une suite écrite à toutes les
correspondances y compris celles dont l’objet n’entre pas dans son champ de compé-
tence, à l’exception des lettres anonymes. Les dossiers se répartissent comme suit (voir
le graphique ci-dessous) :

• Malversations et détournements de deniers publics : 18

• Régularisations de situations administratives : 5

• Dénonciations de faits divers : 27

• Violations des règles des marchés publics : 5

• Problèmes fonciers : 5 50
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Par ailleurs, comme la loi l’y autorise, le Vérificateur Général a confié le traitement de
certains dossiers à des structures plus indiquées selon la nature des plaintes.

1. Dossiers transmis au Procureur de la République : 3


Ils concernent des faits que le bureau a jugé avérés ou suffisamment graves pour moti-
ver l’ouverture d’une enquête judiciaire.
- Fait de détournement dénoncé dans le cercle de Bafoulabé ;
- Fait de corruption signalée par un chef de département ;
- Dénonciation de la pratique de sociétés écrans.

2. Saisine du Médiateur de la République : 2


Deux dossiers de l’année 2004, relatifs à des régularisations de situation administrati-
ve, ont été envoyés à Mme le Médiateur de la République. Ils ont été traités par ses ser-
vices et une suite a été donnée à leurs auteurs.

3. Demande d’envoi de missions conjointes de contrôle : 2


Le Vérificateur Général a sollicité du Premier Ministre, l’envoi de deux missions
conjointes avec le Contrôle Général des Services Publics, suite à des dénonciations de
détournement de deniers publics dans des Ambassades du Mali à l’étranger.

4. Dossier transmis à une Structure d’enquête : 1


A la demande du Vérificateur Général une structure d’enquête policière a diligenté un
dossier de fraude puis lui a transmis ses conclusions.

5. Dossiers classés : 26
Ils comprennent les dossiers n’entrant pas dans le champ de compétence du
Vérificateur Général pour diverses raisons.

6. Dossiers en instance de traitement : 11


Le bureau a par ailleurs transmis au Procureur de la République de la CIII près le
Tribunal de première instance de Bamako de son propre chef, une plainte contre la DAF
d’un Département Ministériel.

Le Bureau se propose de poursuivre la campagne d’information sur ses missions afin


que les plaintes des citoyens soient mieux ciblées.

51
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CONCLUSION

Des difficultés sont apparues dès le démarrage des premières missions.


L’incompréhension du milieu des affaires, en ce qui concerne l’accès aux informations
financières de certaines entités, a beaucoup limité l’étendue des travaux de vérification.
A cela s’ajoute l’obstruction voire l’hostilité de certaines administrations d’Etat, quelque-
fois au niveau même de la superstructure étatique.

En dépit de ces pesanteurs, le Vérificateur Général a pu mener ses missions. Ainsi,


parmi les structures contrôlées, les vérifications ont mis en évidence un manque à
gagner pour l’Etat de 15 587 896 837 F CFA (dont 12 959 404 363 F CFA au titre de
la TVA et des protocoles non valides signés avec le fisc, et 2 628 492 474 F CFA de
droits de douane) concernant six entités dont trois sociétés, deux administrations
(Directions Générales des Douanes et des Impôts), et la Mairie du District de Bamako.
En prenant le coût moyen des infrastructures et des prestations, ce montant aurait per-
mis à l’Etat de financer l’une des réalisations ou actions suivantes :

- 130 kms de routes bitumées ou 445 kms de routes en terre modernes,


- 26 lycées classiques ou 445 blocs de 3 salles de classe équipées avec bureaux,
magasins et commodités,
- 6836 pompes à motricité humaine, ou 693 puits citernes, ou 842 puits modernes,
- 1559 dispensaires, ou 1075 maternités, ou 693 Centres de Santé
Communautaires (CSCOM), ou 78 Centres de Santé de Référence,
- 15 journées nationales de vaccination contre la poliomyélite ou 26 journées
contre la rougeole.

Ces chiffres suscitent un certain nombre d’interrogations.


Tout d’abord, comme il a été expliqué dans le présent rapport, la vérification de la TVA
a souffert des manœuvres dilatoires organisées par le CNPM notamment. Il est donc
important pour l’Etat de savoir à combien s’élèverait la fraude sur la TVA et les droits de
douane si la mission avait pu couvrir un nombre significatif d’entités.

Ensuite, depuis l’indépendance, à combien peut-on chiffrer le volume des ressources


publiques dilapidées dans les circuits de la corruption ?

L’on peut se demander également combien, pendant cette période, a coûté la mauvai-
se gestion des deniers publics. En effet, dans un contexte comme celui du Mali, l’absen-
ce de recherche d’efficacité et d’efficience dans la gestion des structures publiques, pro-
grammes et projets est aussi létale que la corruption elle-même. Bien que l’avènement
des budgets-programmes aille dans le sens de cette recherche, les résultats sont loin
de ceux escomptés.

Par ailleurs, des dysfonctionnements administratifs se sont révélés au niveau de


dépenses publiques, entraînant notamment des déperditions de ressources et une mau-
vaise exécution des marchés publics.

Dans un monde qui a amorcé des mutations si importantes et si rapides, il serait salu-
taire que notre pays se dote des moyens d’opérer à temps les changements salutaires.
Dans cette optique, le Bureau du Vérificateur Général a un rôle éminent à jouer. Encore
faudrait-il qu’il ait les moyens d’exercer pleinement sa partition d’observatoire privilégié
des dysfonctionnements dans la gestion des affaires publiques au Mali, et de promou-

52
voir efficacement l’avènement de la bonne gouvernance dans notre pays.

Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005


C’est pourquoi il est capital que les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire apportent tout
leur concours à notre jeune institution pour assurer son succès, qui sera celui du pays
tout entier.

Notamment, il serait opportun que des signaux très forts soient envoyés par les pouvoirs
publics aux adeptes de l’impunité, pour marquer très clairement le fait que le Mali est en
train de tourner la page par rapport à la corruption et la mauvaise gestion des deniers
publics.

En outre, les autorités se doivent d’endiguer très rapidement les blocages, par rapport
aux missions de vérification, orchestrés par des personnes peu soucieuses des intérêts
et du devenir du Mali, dont l’unique dessein semble être de continuer en toute quiétude
leur action de prédation.

Par ces différentes actions, la volonté politique des dirigeants d’asseoir une bonne gou-
vernance au Mali sera nettement perçue. Ceci est nécessaire afin que le travail du
Bureau du Vérificateur Général soit efficace. Cependant, il est tout aussi important que
la société civile s’approprie les missions du Vérificateur Général.

Pour sa part, le Bureau du Vérificateur Général mettra en place un système de suivi des
recommandations formulées à l’issue des missions de vérification, ainsi que des dos-
siers transmis au Procureur de la République.

De plus, dans la loi instituant le Vérificateur Général, les dispositions pouvant présenter
des difficultés d’interprétation ou d’exécution devront être modifiées ou précisées. Des
propositions seront faites dans ce sens aux autorités par le Bureau.

Dans un contexte national et international de promotion d’une administration publique


performante et transparente, et de responsabilisation des acteurs de la gestion
publique, le Bureau entend accompagner et encourager les processus de réforme sous
un angle critique.

Pour la suite de sa mission, le Bureau du Vérificateur Général continuera à privilégier


l’approche pédagogique. Dans ce sens, il entend participer aux côtés des autres struc-
tures de contrôle à l’amélioration de l’information financière, la transparence et l’imputa-
bilité des dirigeants, convaincu, qu’aucune nation ne peut assurer son indépendance en
ne comptant que sur l’apport extérieur.

Quoi qu’il en soit, le défi est de taille. Pour le relever, la volonté politique des dirigeants,
et le soutien de toutes les parties prenantes sont nécessaires.

La crédibilité et le développement de notre pays sont à ce prix.

53
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
ANNEXE
Répartition des dossiers suivant leur objet en 2004 :

OBJET INDICATION NBRE Suite réservée


Dénonciations de UMPP 8 Classé
malversations,
Mauvaise ges- SUKALA Classé (CASCA)
tion,
Détournement de Commission Franco Mali PR CIII (suite judiciaire)
deniers publics,
Corruption Ambassade du Mali à 1er Ministre (Mission de
Malabo contrôle conjointe)

Ministre Agriculture PR CIII (enquête de


Police)

Ambassade du Mali à Addis Voir supra (Mission de


Abeba contrôle conjointe)

Représentant 46 villages de Prescrit (Avis de classe-


la Commune de Sadiola ment sans suite Parquet
de Kayes)

BHM Traité
Réclamations Makan Kouyaté 2 Médiateur
administratives
Boukari Morba Médiateur

Note d’info Moussa Diallo 6 Classé

C /Prefet de Kolokani Classé

Conflit individuel de travail Classé

Comptable DR Santé Segou Classé

SADI Classé

Inspecteur du Trésor Classé


Ambassade du Mali à Berlin

Faits signalés PMU Mali 1 Enquête de Police (DGSE)


relatifs à la frau-
de
Violation des Afrique Auto Abdoul Wahab 3 Instance 2006
règles des (Ministère Education)
Marchés Publics
Projet Cité Adm Cabinet Instance 2006
Konaté Gaussou Abdoul

Mali Plus Boubou Bathily Instance 2006


(Ministère Education)

Total 20

56
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Répartition des dossiers suivant leur objet en 2005:

OBJET INDICATION NBRE Suite réservée


Dénonciations de Pratiques attentatoires aux 9 Classé
malversations, deniers publics (c/ Maire
Mauvaise ges- Koury)
tion,
Détournement de Mairie CII Instance
deniers publics,
Corruption Malversations DAF Santé Classé

Demande d’audit des mis- Instance


sions et crédits de fonction-
nement du Ministère des
Finances

Collectif exploitants de Instance


Niono

Audit de gestion financière Instance


Commune de Baya

ADITS DR-Sotelma Kayes Traité

Ministère Culture (demande Instance


de vérification)

AGETIPE (demande d’audit Instance


financier)

Réclamations Litige Client / BDM à propos 3 Classé (PR Kayes)


administratives de relevés de comptes

Droit d’avancement opéra- Classé (Affaire instruite par


teur à Sadiola le Parquet)

Droit de travail (Daoud Répondu


Maslouh à Ourzazate
Maroc)

Problèmes fon- Mécanicien Bakaribougou c 5 Répondu


ciers / CII au sujet de l’occupation
d’un espace

Occupation illégale de par- Répondu


celle d’habitation

Régularisation de site villa- Répondu


geois

Concession rurale à Répondu


Kassela

El Hadj Banzoumana Répondu


Fofana opérateur écono- (En instance devant les
mique Tribunaux)

57
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Répartition des dossiers suivant leur objet en 2005 : (suite)

OBJET INDICATION NBRE Suite réservée


Note d’info AMAM-SA 5 Répondu

Demandes d’in- Association des malades de Répondu


tervention la lèpre

Différends au Intervention en vue de l’ins- Classé


sein d’associa- cription d’un étudiant
tion
Collectif des médecins IOTA Classé (mission CGSP)

Déclaration solennelle grou- classé


pement associations CIV
Faits signalés Vol de biens saisis 15 Classé

Vol de bétail impuni Classé

Dysfonctionnement adm et Traité (cf missions 2005)


technique à Malitel

Contestation factures EDM Répondu

Fraude à PMU Classé

Fraude sur les recettes


(infrastructures aéropor- Instance
tuaires)

Douanes / Total Mali classé

Pratiques peu orthodoxes à


SNF Répondu

Malversation au LNS Cl (I InspSanté)

Dénonciation d’un commer- PR CIII (enquête)


çant import –export

Commission de distribution Classé


de céréales Douentza

Plainte contre un réseau de


corruption (héritiers feu B Répondu
Niang

Malversations à la Direction Classé


Nationale de la Géologie

Dénonciation Trésorier Classé


payeur de Sikasso

DAF Ministère Santé classé

Violation des DAO AMADER (Unit Export 3 Répondu


règles des Limited Sarah K)
Marchés Publics
DAO n° 6 (CFAO Motor) Instance

PYRAMIDION Traité

Total 40 58
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