Rapport Annuel 2005
Rapport Annuel 2005
Rapport Annuel 2005
RAPPORT ANNUEL
2004 - 2005
Mai 2006
MESSAGE DU VERIFICATEUR GENERAL DU MALI
Au Mali, la corruption touche une part considérable des ressources nationales. Cette
situation hypothèque gravement les chances de développement de notre pays, en
même temps qu’elle constitue une menace pour la paix sociale. La lutte contre la cor-
ruption et la mauvaise gestion est un levier important de la démocratie et de la bonne
gouvernance. Elle permet non seulement de moraliser la gestion des affaires publiques
mais elle contribue également à asseoir la légitimité et la crédibilité des acteurs publics
vis-à-vis des citoyens. Voilà pourquoi j’ai pris l’option, dans les cinq années à venir, de
consacrer une grande partie des ressources du Bureau à ce domaine particulier.
Certes, cette lutte peut aboutir à des sanctions pénales ou disciplinaires eu égard aux
manquements et irrégularités constatés, mais ce n’est pas l’objectif premier du Bureau.
Le législateur ne s’y est pas trompé, car, dans les missions dévolues au Vérificateur
Général, une très large part est consacrée à l’amélioration de la performance, de la qua-
lité des prestations, du rendement, et de l’utilisation des ressources par les services et
organismes publics.
Il est important que mon programme d’activités consacre du temps et des moyens suf-
fisants pour couvrir ces aspects dont la portée est fondamentalement pédagogique, et
non répressive. Le Bureau va donc, à travers les missions d’évaluation des politiques
publiques, s’impliquer très fortement dans la pertinence et la mise en place d’outils de
2
pilotage devant permettre à l’Etat et au Gouvernement de s’acquitter de leurs missions
de façon efficace et efficiente.
Le Bureau du Vérificateur Général est une institution jeune mais pleine d’ambitions pour
le Mali. Les missions confiées au Vérificateur Général sont l’affaire de tous et, en tant
que telles, nécessitent une stratégie impliquant toutes les composantes de la société
malienne. Le succès dans leur accomplissement passera nécessairement par un chan-
gement des mentalités et des comportements.
J’en appelle donc au soutien et à la collaboration de toutes les parties prenantes, et plus
particulièrement des autres structures de contrôle, du pouvoir judiciaire, de la société
civile et des médias, car il y va de la crédibilité de l’Etat, du développement de notre
pays et de l’avenir des générations futures.
3
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
SOMMAIRE
Introduction .................................................................................................. 7
Chapitre 1 :
Institution du Vérificateur Général et choix des missions ........................ 9
1.1. Institution et missions du VG .......................................................... 10
1.2. Difficultés rencontrées par le Bureau ............................................. 10
1.3. Principales réalisations du Bureau ................................................. 11
1.4. Choix des missions ....................................................................... 11
Chapitre 2 :
Collecte et reversement de la TVA et taxes assimilées ........................... 15
2.1. Contexte et objectifs ...................................................................... 16
2.2. Faits constatés .............................................................................. 16
2.2.1. Malitel .......................................................................................... 17
2.2.2. Sotelma ....................................................................................... 18
2.2.3. Ikatel Sa ...................................................................................... 18
2.2.4. Mairie du District de Bamako ...................................................... 21
2.2.3. Recommandations ...................................................................... 23
Chapitre 3 :
Droits de douanes et taxes rattachées sur les hydrocarbures ............... 25
3.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 26
3.2. Faits constatés .............................................................................. 27
3.2.1. Minoration des droits et taxes dus à l’Etat ................................... 27
3.2.2. Dysfonctionnements administratifs ............................................. 31
3.3. Recommandations ......................................................................... 32
Chapitre 4 :
Marchés publics ........................................................................................... 33
4.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 34
4.2. Faits constatés .............................................................................. 34
4.2.1. Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) ......................... 34
4.2.2. Ministère de l’Agriculture ............................................................. 35
4.3. Recommandations ......................................................................... 36
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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Chapitre 5 :
Banque de l’Habitat du Mali ........................................................................ 39
5.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 40
5.2. Faits constatés ............................................................................... 40
5.2.1. Existence de réserves foncières non affectées en garantie ......... 40
5.2.2. Insuffisance de l’organisation administrative,
comptable et financière ................................................................. 40
5.3. Recommandations ......................................................................... 44
Chapitre 6 :
Etude et suivi architectural de l’Hôtel du Plan ........................................... 45
6.1. Contexte et objectifs ....................................................................... 46
6.2. Faits constatés ............................................................................... 46
6.3. Recommandations ......................................................................... 47
Chapitre 7 :
Autres vérifications ...................................................................................... 48
7.1. Analyse synthétique des dossiers .................................................. 50
7.2. Traitement des dossiers ................................................................. 50
Conclusion .................................................................................................... 52
Annexe ......................................................................................................... 55
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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
LISTE DES ABREVIATIONS
VG Vérificateur Général
ACDI Agence Canadienne du Développement International
ADIT Acompte sur Divers Impôts et Taxes
BPP Bureau des Produits Pétroliers
BVG Bureau du Vérificateur Général
CA Chiffre d’Affaires
CGI Code Général des Impôts
CIS Centre Informatique et Statistique
CNPM Conseil National du Patronat Malien
COTECNA Société d’inspection des importations
CSLP Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté
DD Droit de Douane
DGD Direction Générale des Douanes
DGI Direction Générale des Impôts
DGMP Direction Générale des Marchés Publics
DNCC Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence
DNCF Direction Nationale du Contrôle Financier
DNTCP Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique
OD Opérations Diverses
OPI Organisation Patronale des Industriels
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des affaires
PC Prélèvement Communautaire
PCB Plan Comptable Bancaire
PDI Projet de Développement Informatique
PIB Produit Intérieur Brut
PVI Programme de Vérification des Importations
RS Redevance Statistique
SDGE Sous Direction des Grandes Entreprises
SGS Société Générale de Surveillance
SIGTAS Système d’Information pour la Gestion des Taxes et Assimilés
SONATEL Société Nationale de Téléphone du Sénégal
TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée
TIPP Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
INTRODUCTION
Le Mali a une longue expérience en matière de contrôle des ressources et des struc-
tures publiques. Les différents types de contrôle (contrôles parlementaire, juridictionnel
et administratif) sont mis en œuvre en vue de moraliser davantage la vie publique.
Parallèlement, la société civile s’organise progressivement afin d’apporter sa contribu-
tion dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, et diverses associa-
tions ont vu le jour : Transparency Mali, Observatoire National de Lutte contre la
Corruption, Réseau des Journalistes Maliens contre la Corruption, etc. Cependant, mal-
gré tous ces efforts déployés par les Pouvoirs Publics et la société civile, les résultats
ne sont pas à la hauteur des attentes des citoyens et des exigences en matière de
bonne gouvernance. La corruption et la délinquance économique et financière persis-
tent, ainsi qu’il est attesté par de nombreuses récriminations des citoyens.
Dans un tel contexte et aussi dans la recherche d’une meilleure efficacité du contrôle en
vue de promouvoir la bonne gouvernance et combattre la corruption, le Président de la
République Amadou Toumani TOURÉ a, au lendemain de son investiture en 2002,
conclu à la nécessité d’instituer le Vérificateur Général du Mali. En 1992 déjà, le
Président TOURE avait fait faire une étude sur l’opportunité de créer un Bureau du
Vérificateur Général au Mali.
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Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 1 :
INSTITUTION DU VERIFICATEUR GENERAL
ET CHOIX DES MISSIONS
1.1 INSTITUTION ET MISSIONS DU VERIFICATEUR GENERAL
Un projet de loi fut à cet effet transmis le 19 juin 2003 à l’Assemblée Nationale et suite
aux débats parlementaires du 11 août 2003, la loi N°03-030 du 25 août 2003 instituant
le Vérificateur Général fut adoptée par 126 voix pour, 6 voix contre, et 7 abstentions.
La loi instituant le Vérificateur Général définit, en son article 2, les missions qui lui
sont assignées, à savoir :
Ainsi, dans tous les domaines d’activités où l’Etat engage directement ou indirectement
des fonds, le Vérificateur Général a mission de s’assurer de leur bonne gestion.
10
national de recrutement.
Il importe d’insister sur les difficultés liées à la poursuite des investigations au niveau
des structures privées. Le déroulement des travaux de vérification de la collecte et du
reversement de la TVA1 et des droits de douane a en effet souffert des obstructions
organisées par les opérateurs économiques sur instigation du Conseil National du
Patronat Malien (CNPM). Malgré de multiples rencontres du Vérificateur Général avec
le CNPM en vue de leur expliquer les missions du Bureau et dissiper leurs appréhen-
sions, un front a été érigé pour empêcher le Vérificateur Général de faire son travail.
Le Bureau a également, dans le cadre de son organisation interne, élaboré des projets
de manuels de procédures dans les domaines suivants : administration et comptabilité,
règlement financier, règlement intérieur, et accord de siège. Ces projets seront soumis
à des professionnels indépendants pour les rendre conformes aux normes générale-
ment admises.
11 1 En fait, la TVA est une taxe payée par le consommateur final, et les opérateurs économiques, de façon intrinsèque, ne
sont que des intermédiaires dans le processus de recouvrement.
La mission de vérification de la TVA a concerné quatre entités. Bien que certaines diffi-
cultés aient été rencontrées sur le terrain, les travaux effectués ont permis de mettre à
jour des manques à gagner d’environ 13 milliards de FCFA pour l’Etat et ont révélé plu-
sieurs violations du code général des impôts.
La mission sur les droits de Douane s’est, quant à elle, focalisée sur la vérification des
recettes douanières liées aux importations d’hydrocarbures pour l’exercice 2002. Pour
cette seule année, les travaux de vérification ont mis en évidence un manque à gagner
pour l’Etat de plus de deux milliards et demi de FCFA au titre des droits et taxes com-
promis sur les importations d’hydrocarbures, ainsi que de graves dysfonctionnements
administratifs.
En 2004, les dépenses publiques totales et prêts nets, se sont chiffrés à 625,8 milliards
de FCFA, soit 24,8% du PIB3. Les achats publics ayant représenté environ 56% de ces
dépenses, constituent une part importante dans les dépenses de l’Etat.
Par ailleurs, depuis 1995, le Mali a adopté un Code des marchés publics dans l’optique
d’une meilleure maîtrise des achats publics. Toutefois, plusieurs études ont montré l’in-
efficience du processus de passation des marchés publics. Au delà des procédures qui
ne sont pas exemptes de toute critique, la lourdeur administrative constitue un véritable
goulot d’étranglement. De surcroît, les procédures de commandes publiques trouvent
un écho d’autant plus défavorable auprès du public que les abus des agents de l’Etat
sont régulièrement rapportés par les médias.
Des efforts importants sont cependant en cours au niveau national et régional visant à
une amélioration de cette situation qui occasionne des coûts supplémentaires tant au
niveau des administrations que du processus des commandes publiques en termes d’al-
longement de la durée des marchés.
Aussi, et compte tenu de la rareté des ressources publiques, les marchés publics consti-
tuent-ils une autre cible des interventions du Vérificateur Général. Pour la vérification
des marchés publics, un échantillon composé des Ministères de l’Agriculture, de
l’Education Nationale, de la Santé, de l’Equipement, de même que le Ministère de
l’Economie et des Finances (en tant que chargé de la réglementation sur les marchés
publics) a été sélectionné.
Les travaux effectués en 2005 ont concerné le Ministère de l’Economie et des Finances
et celui de l’Agriculture. Ils ont conduit à des révélations importantes en termes de
défaillances dans le processus de passation des marchés publics. Des irrégularités
graves ont été constatées tant au niveau des procédures d’évaluation des offres et d’at-
tribution des marchés, qu’à celui des contrôles effectués par la Direction Générale des
Marchés Publics (DGMP).
Outre ces trois grands axes de contrôle que sont la TVA, les droits de douane et les mar-
chés publics, d’autres missions de vérification ont également été initiées suite à des
demandes d’assistance formulées par des responsables de structures (cas de la
Banque de l’Habitat du Mali) ou des plaintes émanant de citoyens (cas de PYRAMI-
DION).
13
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
La mission de vérification à la BHM a mis en évidence des dysfonctionnements très
nombreux et très préjudiciables qui, s’ils ne sont pas résolus dans les meilleurs délais,
entraîneraient une cessation de paiement pour cette banque, pourtant si capitale dans
la politique de logements du pays.
Enfin, il convient de souligner que dans le cadre des missions générales assignées au
Bureau, le volet évaluation des politiques publiques à travers un contrôle de performan-
ce, n’a pas été abordé en 2005. Compte tenu de l’importance de ce type de contrôle
dans l’amélioration de la gestion des affaires publiques en termes d’économie, d’effica-
cité et d’efficience, le Vérificateur Général a requis un renforcement de l’expertise du
Bureau en la matière avant sa mise en oeuvre. L’organisation du séminaire d’intégra-
tion4 des vérificateurs s’inscrivait en partie dans cet objectif.
Au terme des missions, des dossiers concernant les irrégularités constatées ont été
transmis au Procureur de la République, conformément aux dispositions de l’article 16
de la loi instituant le Vérificateur Général.
Le présent rapport fait la synthèse des observations et recommandations issues des tra-
vaux réalisées, relatives aux domaines suivants :
14
4 Un séminaire intensif d’intégration des Vérificateurs a en effet été organisé en 2005 par le Bureau du Vérificateur
Général avec l’appui de l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI) et de l’Ambassade du Canada au
Mali et s’est déroulé du 16 janvier au 12 février 2006. Le séminaire a essentiellement porté sur les domaines de la véri-
fication financière et de la vérification de performance.
Les entités vérifiées, pour les exercices 2002, 2003 et 2004, comprennent MALITEL,
SOTELMA, IKATEL SA, et la Mairie du District de Bamako. Les missions se poursuivent
pour d’autres structures.
Suite à la mise en œuvre de la procédure contradictoire avec les entités, les faits
constatés et les recommandations découlant des travaux effectués sont présentés ci-
après.
Le détail des irrégularités observées et des montants en cause par entité vérifiée est
présenté dans les paragraphes suivants.
16
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
2.2.1 MALITEL
1. MALITEL déclare et paie la TVA selon le principe des encaissements, applicable aux
activités de prestation de services, contrairement aux dispositions de la directive n° 02-
98-CM de l’UEMOA en date du 02 décembre 1998. Cette directive stipule que les pres-
tations de télécommunications sont assimilées à des livraisons de biens. Du fait de l’ap-
plication de ce principe, la société minore son chiffre d’affaires au 31décembre de
chaque année du montant des cartes vendues mais non consommées.
Pour les exercices 2002, 2003 et 2004, le point de la situation de la TVA due par la
société MALITEL fait apparaître un montant global de TVA éludée de 952 382 170
FCFA.
3. De nombreux clients sont irrégulièrement exonérés de TVA. En effet, aussi bien des
clients particuliers Maliens qu’étrangers ont été exonérés du paiement de la TVA sim-
plement sur la base de leur appartenance à un organisme international ou étranger sans
attestations justificatives. Le chiffre d’affaires soustrait de la taxation à ce titre s’élève à
500 736 585 FCFA pour les trois exercices concernés, soit une TVA occultée de
90 132 585 FCFA.
Total des
2 329 935 670 - 465 987 134 80,0
Droits Dus
dont TVA
967 247 822 - 201 822 039 79,1
(uniquement)
Il faut noter qu’il n’y a pas eu dans ce cas confirmation de redressement par la DGI
17
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
5. Malitel n’applique pas l’article 487 du C.G.I imposant une obligation de retenue de la
TVA sur les prestations de services facturées par des prestataires étrangers. Cette rete-
nue, déductible pour MALITEL, doit être calculée et déduite du montant payé au pres-
tataire puis reversée pour son compte par MALITEL. A l’analyse, il s’avère que la socié-
té ne procède pas correctement à la retenue. La TVA due sur les prestataires étrangers
se chiffre à 793 306 648 FCFA en 2002, 81 515 934 FCFA en 2003 et 74 242 927
FCFA en 2004, soit au total 949 065 509 FCFA pour l’ensemble des trois exercices.
2.2.2 SOTELMA
1. Le chiffre d’affaires déclaré ne concorde pas avec les créances : un cadrage de l’im-
primé de déclaration est effectué pour aboutir à un taux de taxation global de 18% alors
qu’une partie du chiffre d’affaires encaissé est taxée à 10%. Cette partie provient du
solde client antérieur à la loi 99-012 portant modification du Code Général des Impôts
et introduisant la TVA avec un taux unique de 18%. Il faut noter qu’au 31 décembre
2004, le total des créances à 10% se chiffrait à 6 300 000 000 FCFA. Ces créances
datent de 7 ans ou plus.
2. La méthode utilisée dans le calcul de la TVA par la SOTELMA reste le principe des
encaissements car le CGI assimile la téléphonie aux prestations des services : la tech-
nique de reconstitution des encaissements utilisée par la société est en déphasage avec
la comptabilité. En conséquence, la technique des soldes clients a été utilisée pour
reconstituer les encaissements effectifs. Il en résulte des droits compromis de 5 548
685 139 FCFA (dont 1 740 772 976 FCFA en 2002, 2 387 274 752 FCFA en 2003, et
1 420 637 411 FCFA en 2004).
La procédure contradictoire a été respectée. Par ailleurs, il a été tenu compte de l’hy-
pothèse la plus favorable à la SOTELMA et il a été finalement retenu comme droits com-
promis le montant de 5 548 685 139 FCFA (TVA sur les encaissements).
2.2.3 IKATEL SA
1. A la Direction Générale des Douanes, il n’existe pas de mécanisme de suivi des exo-
nérations dont bénéficie la société IKATEL SA. Pour faciliter la mise en œuvre d’inves-
tissements d’installation (pour environ 100 milliards de FCFA), la société IKATEL SA a
bénéficié, suivant décision n° 0756/MEF-SG du 27 décembre 2002, d’exonérations
exceptionnelles et sans limitation de délais de droits de douanes et de TVA sur ses
importations. Ces exonérations portent sur les matériels d’équipement, les pièces de
rechange, l’acquisition d’infrastructures, et les services. Suite à leur examen, la mission
a relevé l’inexistence à la Direction Générale des Douanes d’un mécanisme adéquat de
suivi de l’état de leur exécution. Ainsi, sur la base d’une analyse comparative entre le
fichier des importations exonérées et la liste des exonérations autorisées, la mission a
détecté un dépassement de quotas pour plus de 50% des 38 produits sélectionnés par
18
l’équipe. Le résultat de ce travail de vérification est présenté dans le tableau ci-après.
2. Une discordance importante existe entre le fichier SIGTAS de la DGI et le fichier des
déclarations en Douane : la comparaison du fichier des déclarations des importations
en Douane et du fichier des recoupements de la DGI (SIGTAS) a révélé des écarts
considérables dans un sens comme dans l’autre. En particulier en 2003, des importa-
tions d’un montant de 661 074 000 FCFA ont été enregistrées dans le fichier de la DGI
contrairement à celui de la DGD, ce qui est tout à fait paradoxal, la source étant la DGD.
A l’inverse pour la même période, des importations totalisant 1 230 572 518 FCFA ont été
enregistrées dans le fichier de la DGD mais pas dans celui de la DGI. Les montants concer-
nant 2004, ont été respectivement de 3 369 763 605 FCFA et 1 292 259 900 FCFA.
Confirmation
Droits Notification de Protocole d’ac- Pourcentage Pourcentage
de redresse-
Simples et redressement cord de réduction de réduction
ment
Pénalités (1) (3) de (2) à (3) de (1) à (3)
(2)
Total des
5 235 518 595 2 909 644 111 944 056 343 67,6 82,0
Droits Dus
dont TVA
1 229 157 224 1 152 965 299 467 596 846 59,4 62,0
(uniquement)
L’examen du protocole d’accord a révélé un abandon à tort de droits dus à l’Etat d’un
montant de 1.965.587.768 FCFA. En effet, il s’est avéré que ce protocole d’accord n’a
respecté ni la forme (absence de preuve d’autorisation du Ministre en charge des
Finances le justifiant) ni le fond car le paiement des droits dus ne mettait en aucune
façon la société en péril (IKATEL ayant réalisé en 2004 un bénéfice net de 20 416 707
118 FCFA et en 2003 de 2 321 952 059 FCFA), contrairement aux dispositions de l’ar-
ticle 555 du Code Général des Impôts. En revanche, il a été observé un abattement de
67,6% par rapport au montant confirmé des droits dus, et de 82,0% par rapport au mon-
tant notifié. Quant à la TVA, les taux d’abattement correspondants sont respectivement
de 59,4% et de 62,0%.
4. Le déroulement des travaux a souffert des manœuvres hostiles des opérateurs éco-
nomiques et du Conseil National du Patronat Malien (CNPM) : sur instigation du CNPM,
certains opérateurs du secteur privé ont tenté à tort de remettre en question la mission
du Bureau du Vérificateur Général dans ce secteur.
20
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Pour cette raison, la mission n’a pu effectuer la totalité des rapprochements5 nécessaires
avec les données comptables de la société IKATEL SA. En outre, elle n’a pu procéder aux
contrôles sur pièces en raison d’une collaboration imparfaite du contribuable.
1. Un montant global de TVA de 180 743 761 FCFA dû par la Mairie du District sur les
exercices 2003 et 2004 a été dégagé. Ce montant se décompose en TVA retenue à la
source pour un montant total de 63 954 369 FCFA, en TVA collectée pour un montant
de 69 564 637 FCFA et en TVA relative à l’éclairage public pour un montant de 47 224
754 FCFA. Ces écarts résultent du non respect par la Mairie du District des dispositions
du Code Général des Impôts en matière de retenue de la TVA sur les opérations d’achat
de biens et de prestations de services, et de collecte de TVA sur les loyers d’équipe-
ments marchands.
2. Il a été constaté au niveau de la Régie des problèmes majeurs qui gagnent de l’am-
pleur d’année en année en ce qui concerne les montants incriminés :
- le non reversement par le Régisseur de montants cumulés de TVA retenus sur
les deux exercices pour 7 671 950 FCFA (soit 2 945 570 FCFA en 2003 et 4 726
380 FCFA en 2004) ;
- la non production par le Régisseur de pièces justificatives pour des mandats totali-
sant 31 785 918 FCFA (soit 10 088 485 FCFA en 2003 et 21 697 433 FCFA en 2004).
Aucune incidence fiscale n’a été estimée pour ces montants par la mission ;
- le non respect de la décision instituant la Régie d’avances de caisse à la Mairie,
qui fixe le montant total des dépenses (de petites factures unitaires) à un maxi-
mum de 10 000 000 FCFA par trimestre soit un montant annuel de 40 000 000
FCFA. Toutefois, il apparaît que des dépenses hors plafond sont régulièrement
effectuées pour des montants importants (plus de 300 000 000 FCFA en 2003 et
plus de 100 000 000 FCFA en 2004) ;
- l’absence de contrôle effectif de la Régie depuis une quinzaine d’années selon
les déclarations du Régisseur ; les inspections du Ministère de tutelle en fin d’an-
née ont porté essentiellement sur des arrêtés de caisse.
5 Cela a particulièrement concerné les faits suivants : 1) l’existence d’une différence notoire entre la TVA payée au cor-
21
don douanier et les déductions de TVA, la TVA payée au cordon douanier ayant représenté seulement 23% de la TVA
déductible ; 2) l’existence d’un montant restant à payer de 459 319 067 FCFA au titre de la TVA facturée et des rete-
nues sur fournisseurs au 31 décembre 2004 ; 3) la situation ambiguë des évolutions des Exportations et des Services
Extérieurs du contribuable.
1. Le recouvrement par la Direction Générale des Impôts d’un montant global de droits
compromis de 12 959 404 363 FCFA auprès des entités vérifiées.
2. Le strict respect des prescriptions du Code Général des Impôts en matière de conclu-
sion et de signature des protocoles d’accord ou transactions fiscales par la Direction
Générale des Impôts.
5. La publication annuelle des paiements de TVA et des chiffres d’affaires réalisés par
les sociétés et entreprises du Mali.
10. La non acceptation par la Direction Générale des Impôts de déclarations compor-
tant des blancs ou des altérations.
a) MALITEL
22
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
2. Le respect des dispositions contenues dans son manuel de procédures relatives à la
gestion des stocks, et la mise en place effective du module de gestion de stocks du logi-
ciel SUN.
5. L’observation des dispositions des articles 487 et suivants du C.G.I. relatifs à l’obliga-
tion de retenue à la source de TVA pour les prestations payées à des personnes ne rési-
dant pas au Mali.
b) SOTELMA
3. Le pointage des reçus de la Direction Générale des Impôts avec les déclarations.
c) IKATEL SA
4. La mise en place d’un système de contrôle des activités des services propres de la
Mairie (RAM, BRCTU).
23
5 La création d’une base de données des fournisseurs ayant un Numéro d’Identification
Fiscal avec lesquels la Mairie peut opérer.
9. Le reversement par le Régisseur de montants cumulés de TVA retenus sur les deux
exercices pour 7 671 950 FCFA (soit 2 945 570 FCFA en 2003 et 4 726 380 FCFA en
2004).
10. La production par le Régisseur de pièces justificatives pour des mandats totalisant
31 785 918 FCFA (soit 10 088 485 FCFA en 2003 et 21 697 433 FCFA en 2004).
24
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 3 :
DROITS DE DOUANE ET TAXES RATTACHEES
SUR LES HYDROCARBURES EN 2002
3.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS
La vérification des droits de douane et taxes rattachées a été ordonnée dans un contex-
te où l’amélioration des recettes douanières sur les hydrocarbures, les produits alimen-
taires, l’habillement, les matériaux de construction, les machines et véhicules importés,
est une préoccupation majeure pour l’Etat en raison des présomptions suivantes :
La mission a exclu du champ de ses investigations les taxes parafiscales diverses, qui
ne sont pas comptabilisées au budget d’Etat.
La situation des hydrocarbures ainsi que celle d’autres produits d’importation tels que
les produits alimentaires, l’habillement, les matériaux de construction, les machines et
véhicules, entre autres, pour les exercices 2003 et 2004, feront l’objet de vérifications
en 2006.
En définitive, le présent rapport ne porte que sur les résultats des vérifications de l’an-
née 2002, et ne concerne que les droits et taxes sur les hydrocarbures notamment :
- La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) perçue par la Douane sur la base de l’article
527 in fine du Code Général des Impôts qui en fixe le taux à 18% ;
- Le Droit de Douane (DD) inscrit au Tarif Extérieur Commun et dont le taux oscil-
le entre 0 et 20% suivant les catégories ;
- La Redevance Statistique (RS) prévue par le même texte. Son Taux est fixé à
1%, applicable à tous les produits exonérés ou non ;
- Le Prélèvement Communautaire (PC) prélevé sur les produits pétroliers. Son
taux est fixé à 1% ;
- La Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP), taxe flottante instituée par
la loi N°01-64 du 09 juillet 2001, portant modification du CGI,
- L’Acompte sur Divers Impôts et Taxes (ADIT), institué par la loi N°97-013 du 07
Mars 1997 au taux de 5%
26
ception des droits et taxes,
Les travaux effectués ont abouti aux deux groupes de constats suivants :
- Minorations des droits et taxes dus à l’Etat,
- Dysfonctionnements administratifs,
• changements d’axe.
La situation devient anormale dès qu’il n’y a aucun document pour soutenir l’accident ou
l’avarie, ou lorsque les documents de soutien manquent de fiabilité soit pour des motifs
intrinsèques de conception soit pour des motifs externes. Il s’agira alors de fraude.
Les droits et taxes éludés par ce procédé s’élèvent à la somme de 2.479.849.201 FCFA.
L’analyse des simulations de perte de quantité, soutenues par des dossiers physiques
(les documents de recevabilité), a abouti à des droits et taxes compromis pour un mon-
tant de 1 574 153 090 FCFA.
Le traitement des simulations de perte de quantité dont les dossiers physiques n’ont pas
été retrouvés a conduit à des droits et taxes compromis pour un montant de
905 696 111 FCFA,
27
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Il ressort de l’analyse de ces pratiques les constatations suivantes :
b) Absence de signalisation
L’instruction n° 01 DGD/DRRE du 10 novembre 1989, qui régit l’escorte douanière,
énonce que les accidents et incidents survenus sur le trajet sont consignés dans une
Fiche de signalisation remise sans délai par les Agents d’escorte au prochain Bureau
des Douanes aux fins de constat. Or, dans aucun des cas visés, il n’a été constaté la
présence de fiche de signalisation des Agents d’escorte. Pourtant, les camions sont
déclarés à Bamako, par le Bureau des Produits Pétroliers (BPP) comme ayant perdu 90
à 99% du volume transporté par des fissures à leurs différents compartiments.
A la lecture des procès-verbaux de constat, tout se passe comme si les fissures survien-
nent dans l’enceinte du BPP et non pendant le voyage. Dans le cas contraire, les agents
d’escorte s’en seraient rendu compte et par ailleurs, des nuisances environnementales
auraient été constatées, car les quantités déclarées déversées dans la nature, sont esti-
mées à 14 035 500 litres d’hydrocarbure, comme le montrent les tableaux ci-dessous :
La détermination des valeurs en douane ou valeurs CAF des produits pétroliers est faite
en fonction des axes et de manière périodique suivant un arrêté du Ministre de
l’Economie et des Finances. Cette valeur CAF sert de base de taxation aux droits et
taxes suivants : le Droit de Douane, la Redevance Statistique, le Prélèvement
Communautaire, la Taxe sur la Valeur Ajoutée et l’Acompte sur Divers Impôts et Taxes.
Il a été mis en évidence des droits non perçus, qui proviennent de la confrontation entre
les droits calculés sur la valeur CAF utilisée par la Douane et les droits afférents à l’ap-
plication de la valeur CAF prévue par l’Arrêté ministériel de la période. Le montant total
de ces droits s’élève à 101.085. 907 FCFA.
Il est à noter qu’environ 99% des montants en cause proviennent des cas de minoration
sur des importations de pétrole au mois d’octobre 2002. En effet, pour un certain
nombre d’importations de pétrole, il a été utilisé 150 FCFA (cent cinquante francs CFA)
comme valeur en douane pour cette période, ce qui ne correspond pas du tout avec les
données de l’Arrêté ministériel N°02-2210/MEF-SG du 10 octobre 2002 déterminant les
valeurs en douane des produits pétroliers. Les écarts par unité sur valeur sont présen-
tés par axe comme suit :
29
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
4. Changements de nature de produit :
Le changement de la nature d’un produit conduit à un changement d’espèce tarifaire. Il
revient à donner la position tarifaire plus favorable d’un produit à un autre pour bénéfi-
cier d’une diminution de la valeur en douane.
Ainsi, la mission a décelé 25 cas de changement de nature du produit pour un total de
droits et taxes compromis de 38 226 032 FCFA.
5. Changements d’axe
Ce procédé consiste à changer l’axe de provenance d’un produit en vue de bénéficier
d’une diminution des droits et taxes dus. Il influe surtout sur la valeur CAF et la TIPP qui
sont fixées suivant l’axe de provenance du produit.
Il a été constaté sept (07) cas de changement d’axe pour un total de droits et taxes com-
promis de 3 110 908 FCFA.
En résumé, le total des droits compromis par opérateur, toutes origines confondues est
donné dans le tableau suivant :
Une telle hémorragie compromet les actions de développement du pays qui connaît un
taux de pauvreté parmi les plus élevés au monde et qui aurait pu engager avec succès
des actions utiles de développement.
30
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
3.2.2 DYSFONCTIONNEMENT ADMINISTRATIFS
31
- la mauvaise tenue des registres de mouvements au niveau de tous les bureaux
frontières ;
3.3 RECOMMANDATIONS
Suite aux travaux effectués, la mission formule les recommandations suivantes :
Pour 2005, la vérification a porté sur des marchés publics passés par le Ministère de
l’Agriculture et celui de l’Economie et des Finances au cours des exercices 2003, 2004
et 2005 (au 1er semestre).
Au terme des travaux de vérification, les constats par structure vérifiée se présentent
comme suit :
34
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
La vérification des chiffres d’affaires réalisés par certains fournisseurs révèle des ano-
malies :
2. Les prix pratiqués en 2005 pour les fournitures courantes de bureau sont sur-
évalués en moyenne de 96% par rapport aux prix minima relevés chez les
mêmes fournisseurs, et de 53% par rapport aux prix du marché.
3. Des droits non mobilisés ou non perçus au titre des cautions de bonne exécu-
tion, des pénalités de retard et des minorations de droits d’enregistrement ont été
identifiés par la mission pour un montant de 166 787 735 FCFA.
1. Les documents de la comptabilité des matières, tels que le livre journal, les
Ordres d’Entrée du Matériel (OEM) et les Bordereaux d’Affectation du Matériel
(BAM), sont mal tenus.
2. Des achats sont effectués auprès de certains fournisseurs qui ne figurent pas
sur le fichier fournisseurs ou dont l’objet social est sans rapport avec les presta-
tions demandées. Par ailleurs, il apparaît des cas où les trois factures pro forma
demandées pour l’achat d’un même produit émanent du même fournisseur.
3. Les prix pratiqués sont surévalués par rapport à ceux relevés sur le marché.
5. Les procédures d’évaluation et d’attribution des offres par la DAF ne sont pas
respectées. L’étude des dossiers par la commission d’analyse et de dépouillement
des offres n’est pas faite avec toute la rigueur exigée par le Code des Marchés
Publics. On note la présence de pièces falsifiées, de fausses attestations, et de
faux en écriture non relevés par la DAF et la DGMP. Lors des consultations res-
treintes, la preuve de la mise en concurrence est rarement établie.
6. La Direction Générale des Marchés Publics ne joue pas correctement son rôle :
des autorisations sont fréquemment accordées pour passer des marchés par
entente directe en dehors du cadre fixé par le Code des Marchés Publics. Il est
35
même arrivé que par ses avis la DGMP fausse le principe de l’égalité des soumis-
sionnaires.
4.3 RECOMMANDATIONS
Au regard des faits constatés, les recommandations suivantes ont été formulées :
36
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
2. Une meilleure exploitation des technologies informatiques
Le gouvernement avec l’appui des partenaires techniques et financiers a fait de la ges-
tion comptable et financière publique un domaine de prédilection pour les technologies
informatiques. Le Ministère de l’Economie et des Finances devrait rentabiliser les inves-
tissements informatiques réalisés par une formation adéquate du personnel et une uti-
lisation effective des applications informatiques acquises dans le cadre de la gestion du
courrier, des ordres de missions et de la comptabilité des matières.
c) Au ministère de l’Agriculture
1. La consultation exclusive des entreprises spécialisées pour les marchés à consulta-
tion restreinte. La DAF doit être en mesure de faire la preuve de l’envoi des lettres d’in-
vitation en cas de procédures restreintes.
2. La rigueur dans l’analyse des dossiers et dans les avis juridiques, notamment en ce
qui concerne les passations de marché par entente directe et de marché à consultation
restreinte.
37
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 5 :
BANQUE DE L’HABITAT DU MALI
5.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS
Toutefois, des procédures d’octroi de crédits n’ayant pas été respectées, la Banque se
trouve de plus en plus confrontée à d’énormes difficultés de trésorerie qui, si elles ne
sont pas résolues, l’entraîneraient vers une cessation de paiement. En conséquence,
les autorités ont nommé un nouveau Président Directeur Général en septembre 2004.
Pendant la mission de recensement, des mesures conservatoires ont été prises auprès
de la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre pour éviter les cessions desdites
réserves et permettre à la Banque de procéder à la prise de garantie sur les biens fon-
ciers répertoriés. Toutefois, la Banque n’a donné, à la date du présent rapport, aucune
suite au Vérificateur Général sur l’exploitation des résultats du recensement des
réserves foncières.
40
du Plan Comptable Bancaire.
3. Les ressources humaines sont peu qualifiées au regard des exigences liées à la pro-
fession. Une bonne partie de l’effectif a été héritée, en effet, de l’ancienne structure de
la Poste (dont est issue la Banque). Par ailleurs, l’absence de procédures rigoureuses
de recrutement, notamment par voie de mise en compétition des candidats, ne donne
pas les garanties d’un recrutement qualitatif.
8. La Gestion des crédits est peu orthodoxe. Dans ce domaine essentiel de l’activité
bancaire, le Conseil d’Administration a totalement failli à son rôle. La fonction crédit à
la BHM souffre de nombreux problèmes dans chacune des phases de traitement du cré-
dit (étude des dossiers, administration et contrôle des crédits).
41
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
9. L’évolution non maîtrisée des engagements dépassant, au 31 octobre 2004, la somme
de 92 642 000 000 de FCFA a provoqué une dégradation importante de la situation
financière de la Banque. En effet, ces engagements ont pratiquement doublé, entre fin
2001 et octobre 2004, en passant de 48 000 000 000 FCFA à 92 000 000 000 FCFA.
En outre, ils comprennent une part significative de crédits délinquants ayant amené la
Commission Bancaire de l’UMOA à demander à la Banque la constitution de provisions
complémentaires de plus de 25 000 000 000 de FCFA.
10. De nombreux crédits totalisant plusieurs milliards de FCFA ont été distribués en l’ab-
sence d’études préalables, d’autorisations de crédit et de garanties. Ces concours ont
été essentiellement octroyés sur base de visas de chèques notamment par le PDG et
le Secrétaire Général. Ainsi, la mise en place de nombre de découverts pour le finance-
ment de programmes immobiliers a été faite sans prise de garantie ni signature de
convention de compte courant entre les parties. De même, pour l’octroi de ces
concours, l’inexistence de décisions du Comité Exécutif, instance d’autorisation, a été
constatée. En effet, 91 % des 42 846 000 000 FCFA de crédits accordés aux promo-
teurs immobiliers ne sont pas issus des décisions du Comité Exécutif.
14. La Banque n’hésite pas à recourir au maquillage des comptes de prêts (window
dressing) pour se conformer aux normes de la BCEAO. Au plan réglementaire, le main-
tien, par la Banque, de certains comptes ordinaires débiteurs sans mouvements crédi-
teurs réels parmi les comptes de créances saines, par le biais d’écritures passées en
“Opérations Diverses” sur ces comptes, constitue une manœuvre frauduleuse. Cette
pratique minore les créances en souffrance, augmente le niveau des créances saines
et génère des produits d’intérêts et résultats fictifs.
42
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
15. Les prêts au personnel et aux dirigeants s’élevant à 3 123 776 160 FCFA en août
2005, sont incompatibles avec le niveau des fonds propres effectifs de la banque. La
situation des prêts du personnel actualisée au 04/08/2005 se présentait comme suit :
d) Les prêts dits d’équipement sont anormalement étalés sur 60 mois d’échéance
au lieu de 24 mois. Par ailleurs, ils ne sont assortis d’aucune garantie.
16. Les irrégularités constatées dans les transactions sur le compte SICG atteignent la
somme de 2 029 381 631 FCFA et se décomposent comme suit :
b) irrégularités relatives aux retraits de somme du compte SICG mais non prévus
dans le cadre du projet des Halles qui s’élèvent à 319 924 000 FCFA ;
d) irrégularités relatives aux retraits de fonds dans le cadre des Halles dont l’utili-
sation est inconnue à concurrence de 174 683 910 FCFA.
43
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
17. La principale difficulté rencontrée au cours de la mission a porté sur le blocage du
processus contradictoire de validation des soldes des comptes des promoteurs pour les
raisons suivantes :
a) en raison de litiges pendants devant les tribunaux, des débiteurs ont décliné
l’invitation adressée par le Vérificateur Général à procéder à l’analyse des opéra-
tions contestées par eux en vue de la validation contradictoire du solde de leurs
comptes avec les représentants de la Banque, sous l’arbitrage du Bureau du
Vérificateur Général ;
d) enfin, des promoteurs ayant sollicité la reddition de comptes ont par requête
conjointe obtenu du Tribunal de Commerce l’homologation de protocoles d’accord
signés avec la BHM dont les termes ont arrêté le niveau des engagements.
5.3 RECOMMANDATIONS
44
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CHAPITRE 6 :
ETUDE ET SUIVI ARCHITECTURAL
DE L’HÔTEL DU PLAN
6.1 CONTEXTE ET OBJECTIFS
Trois bureaux (PYRAMIDION, CETCAU, ARDI) ont été consultés et la DGMP a donné
un avis de non-objection quant à la poursuite de la procédure (lettre n°1426/MEF-
DGMP du 30 avril 2004).
• n’a pas relevé que l’élargissement, bien qu’autorisé par les dispositions de l’ar-
ticle 37 (alinéa 2), n’a pas été soumis à son avis préalable lors de l’ouverture des
plis,
• a reconnu que la plainte de PYRAMIDION est fondée.
Son comportement s’analyse dès lors comme une faute administrative. Celle-ci est du
reste aggravée par de fortes présomptions de favoritisme.
• le choix d’un candidat qui n’était pas sur la liste soumise à l’avis de non objec-
tion de la DGMP ;
• l’attribution de notes n’ayant pas tenu compte des critères des données particu-
lières du dossier d’appel d’offres restreint ;
• l’attribution inopportune de notes intermédiaires.
6.3 RECOMMANDATIONS
Les constats ci-dessus ont révélé, des irrégularités qui entachent l’attribution du marché
relatif aux études et suivi architectural de l’Hôtel du Plan au bureau d’études FAUR.
La mission formule les recommandations suivantes :
L’on relèvera que le marché incriminé, qui avait été suspendu en Conseil des Ministres
le 21 décembre 2005, a redémarré sur des bases que le Bureau du Vérificateur Général
47
se doit d’analyser de manière approfondie.
D’avril 2004 à décembre 2005, le Bureau du Vérificateur Général a enregistré (60) dos-
siers de plaintes et dénonciations : 20 dossiers en 2004 contre 40 en 2005. L’analyse
de ces dossiers a conduit à les classer en deux catégories :
2. Les dossiers ne rentrant pas dans son champ de compétence pour diverses raisons :
litiges entre administrés et administrations ou entre des individus et leurs associations, faits
prescrits ou insuffisamment caractérisés, faits relatifs à des cas dont la justice est saisie,
demandes d’intervention du Vérificateur Général ou simples lettres d’information (47).
Les structures visées par les dénonciations sont entre autres : des Départements
Ministériels, des structures administratives, judiciaires ou communales, des
Ambassades, des Sociétés.
D’une manière générale, le Bureau s’est efforcé de donner une suite écrite à toutes les
correspondances y compris celles dont l’objet n’entre pas dans son champ de compé-
tence, à l’exception des lettres anonymes. Les dossiers se répartissent comme suit (voir
le graphique ci-dessous) :
• Problèmes fonciers : 5 50
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Par ailleurs, comme la loi l’y autorise, le Vérificateur Général a confié le traitement de
certains dossiers à des structures plus indiquées selon la nature des plaintes.
5. Dossiers classés : 26
Ils comprennent les dossiers n’entrant pas dans le champ de compétence du
Vérificateur Général pour diverses raisons.
51
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
CONCLUSION
L’on peut se demander également combien, pendant cette période, a coûté la mauvai-
se gestion des deniers publics. En effet, dans un contexte comme celui du Mali, l’absen-
ce de recherche d’efficacité et d’efficience dans la gestion des structures publiques, pro-
grammes et projets est aussi létale que la corruption elle-même. Bien que l’avènement
des budgets-programmes aille dans le sens de cette recherche, les résultats sont loin
de ceux escomptés.
Dans un monde qui a amorcé des mutations si importantes et si rapides, il serait salu-
taire que notre pays se dote des moyens d’opérer à temps les changements salutaires.
Dans cette optique, le Bureau du Vérificateur Général a un rôle éminent à jouer. Encore
faudrait-il qu’il ait les moyens d’exercer pleinement sa partition d’observatoire privilégié
des dysfonctionnements dans la gestion des affaires publiques au Mali, et de promou-
52
voir efficacement l’avènement de la bonne gouvernance dans notre pays.
Notamment, il serait opportun que des signaux très forts soient envoyés par les pouvoirs
publics aux adeptes de l’impunité, pour marquer très clairement le fait que le Mali est en
train de tourner la page par rapport à la corruption et la mauvaise gestion des deniers
publics.
En outre, les autorités se doivent d’endiguer très rapidement les blocages, par rapport
aux missions de vérification, orchestrés par des personnes peu soucieuses des intérêts
et du devenir du Mali, dont l’unique dessein semble être de continuer en toute quiétude
leur action de prédation.
Par ces différentes actions, la volonté politique des dirigeants d’asseoir une bonne gou-
vernance au Mali sera nettement perçue. Ceci est nécessaire afin que le travail du
Bureau du Vérificateur Général soit efficace. Cependant, il est tout aussi important que
la société civile s’approprie les missions du Vérificateur Général.
Pour sa part, le Bureau du Vérificateur Général mettra en place un système de suivi des
recommandations formulées à l’issue des missions de vérification, ainsi que des dos-
siers transmis au Procureur de la République.
De plus, dans la loi instituant le Vérificateur Général, les dispositions pouvant présenter
des difficultés d’interprétation ou d’exécution devront être modifiées ou précisées. Des
propositions seront faites dans ce sens aux autorités par le Bureau.
Quoi qu’il en soit, le défi est de taille. Pour le relever, la volonté politique des dirigeants,
et le soutien de toutes les parties prenantes sont nécessaires.
53
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
ANNEXE
Répartition des dossiers suivant leur objet en 2004 :
BHM Traité
Réclamations Makan Kouyaté 2 Médiateur
administratives
Boukari Morba Médiateur
SADI Classé
Total 20
56
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Répartition des dossiers suivant leur objet en 2005:
57
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005
Répartition des dossiers suivant leur objet en 2005 : (suite)
PYRAMIDION Traité
Total 40 58
Rapport annuel du Vérificateur Général 2004 - 2005