Depression Raskin
Depression Raskin
Depression Raskin
Hétéro-évaluation
Échelle d’intensité
Résumé
L'échelle de Raskin est une échelle d'évaluation globale de la sévérité des états
dépressifs. Elle comporte trois items centrés sur les plaintes, le comportement observé et
les symptômes secondaires de dépression présentés par le malade. Son score est bien
corrélé à celui des échelles classiques. La fidélité interjuges est bonne ainsi que la
sensibilité au changement. Elle est à juste titre largement employée au niveau
international.
Introduction
Les échelles d'évaluation globale de la pathologie présentent l'avantage de mesurer
certains troubles (anxiété, dépression) avec une grande pertinence, lorsque l'évaluation
est réalisée par un clinicien expérimenté.
Ce jugement synthétique peut en effet tenir compte de la gravité d'une anxiété
paucisymptomatique ou, à l'inverse, ne pas considérer comme "dépression sévère" un
état anxiodépressif dans lequel l'anxiété augmente le score de nombreux items d'échelles
comme l'échelle de dépression de Hamilton (HDRS). Par contre on peut reprocher aux
échelles d'évaluation globale leur manque de sensibilité et une absence totale de
renseignement qualitatif. Les valeurs absolues présentées et la fidélité interjuges
dépendent d'un avis à propos duquel on ne peut être certain que différents cotateurs se
basent sur les mêmes éléments.
Ces échelles ont de plus l'avantage de réduire au minimum les pertes de temps pour le
cotateur.
Historique et présentation
L'échelle de Raskin et al. (1969) avec seulement trois items se veut intermédiaire entre
ces deux positions. Le discours, le comportement et les plaintes du sujet sont explorés. Le
jugement du cotateur est, pour ces niveaux d'observation, très global. Le choix de ces
trois domaines et le contenu de chacun ont été faits à partir de travaux antérieurs du
même groupe où chaque domaine était exploré grâce à des instruments indépendants.
Mode de construction
Celui-ci est original ; en effet, les auteurs ont, à partir de travaux antérieurs, considéré qu'il
était utile de définir des domaines et non des items définis par un concept unique. En ce
sens il s'agit bien d'une évaluation globale. Cependant pour chaque domaine, des
exemples précis, nombreux, sont cités avec des consignes précises pour la cotation.
L'item "Symptômes" peut ainsi être évalué à partir de l'insomnie autant que la perte de la
concentration ou de l'appétit.
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Etudes de validation
La gamme de scores possibles est donc de 0 à 12. Les scores supérieurs ou égaux à 6
sont en général considérés comme suffisants pour nécessiter un traitement
antidépresseur. Les dépressions dont les scores sont supérieurs ou égaux à 9 sont
considérées comme sévères.
Les corrélations avec les scores mesurés avant traitement décrites dans la littérature sont
élevées (r = 0,84 pour l'HDRS, 0,71 pour le facteur dépression de la Symptom Check List
SCL 90, 0,76 pour le Beck Depression Inventory BDI de Beck (Rounsaville et al., 1979).
Nous avons trouvé des corrélations de 0,65 à 0,80 avec les scores de l'échelle de
dépression de Montgomery et Asberg (MADRS) selon les populations étudiées.
La fidélité inter-juges a été bien étudiée par Cicchetti et Prusoff (1983) ; elle est excellente
dès l'évaluation avant traitement pour le score global et le reste après traitement. A titre
indicatif, dans les mêmes conditions la fidélité inter-juges pour le score global de l'HDRS
est seulement moyenne à l'entrée pour devenir excellente à la sortie. Le domaine évalué
qui donne lieu aux moins bons coefficients intraclasse concerne les plaintes du malade ;
l'entraînement peut donc porter particulièrement sur ce point lors des séances
d'entraînement aux cotations.
Mode de passation
L'échelle de dépression de Raskin est cotée par le clinicien après un entretien
concernant :
- les plaintes rapportées par le malade,
- le comportement observé,
- les symptômes dits "secondaires" des états dépressifs.
Différents symptômes sont cités dans chacun des trois domaines. Les passations peuvent
être fréquentes puisqu'il s'agit d'une évaluation "instantanée". Cependant, certains
symptômes cités ne peuvent être correctement évalués qu'en faisant référence à des
temps supérieurs à une journée.
Cotation
La présence d'un seul des symptômes cités entraîne une cotation positive, le symptôme le
plus sévère définit l'intensité attribuée qui, dans chacun des trois domaines, est de 0
(absent) à 4 (énormément).
Applications
Le but de l'E.R. n'est en aucun cas diagnostique ; cependant sa sensibilité à identifier les
cas positifs est bonne (94 % si HDRS 78 %) ; le nombre de faux négatifs est peu élevé
tandis que les faux positifs sont nombreux. Ceci peut être en faveur de l'utilisation du
score de 6 et plus comme critère d'exclusion lorsque l'on ne veut pas introduire de
déprimés dans une étude.
Si au contraire on veut s'assurer qu'un score minimal garantit une sévérité suffisante, nous
conseillons d'utiliser, selon l'objectif, le score de 7 ou de 8. En aucun cas ces scores ne
peuvent être considérés comme diagnostiques.
En terme de prédictivité thérapeutique, les scores de patients présentant une dépression
unipolaire majeure, selon les Research Diagnostic Criteria (RDC), sont identiques qu'ils
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soient placebo-répondeurs ou pas ; il en va de même pour les autres échelles
habituellement employées.
La sensibilité au changement est bonne. Même lorsque l'on évalue des changements
modestes chez des sujets présentant un trouble dépressif majeur (de l'ordre de 30 %) par
rapport à la ligne de base la sensibilité de l'ER est aussi bonne que celle de l'HDRS
(Pollock et al., 1989). Chez des sujets dysthymiques présentant des pathologies initiales
faibles nous avons trouvé une sensibilité égale à celle de la MADRS.
Intérêts-limites
Il s'agit donc d'une "évaluation globale" précise et sensible particulièrement adaptée aux
protocoles de caractère thérapeutique. Au total, les populations cibles sont les états
dépressifs et les syndromes anxio-dépressifs. L'emploi pour exclure des déprimés, par
exemple d'une population d'anxieux, a aussi été proposé. Il s'agit d'une échelle facile
d'emploi, de passation rapide, sensible et fiable y compris pour évaluer le changement.
Elle est largement utilisée au niveau international et l'utilisation de la version française,
bien que n'ayant pas donné lieu à une validation spécifique, montre des résultats
identiques à ceux de la littérature internationale.
Bibliographie
CICCHETTI D.V., PRUSOFF B.A. Reliability of Depression and Associated Clinical
Symptoms. Arch Gen. Psychiatry, 1983, 40, 987-990.
LECRUBIER Y., STERU M.L., LANCRENON S., LAVOISY J. et coll. Les déprimés
ambulatoires en pratique de ville; une enquête épidémiologique. Actualités Psychiatriques,
1983, 2A, 19-26.
POLLOCK B.C., PEREL J.M., NATHAN R.S., KUPFER DJ. Acute Antidepressant Effect
Following Pulse Loading with Intravenous and Oral Clomipramine. Arch Gen. Psychiatry,
1989, 46, 29-35.
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ECHELLE DE GRAVITÉ DE LA DÉPRESSION DE RASKIN
Outil d’évaluation
NOM :
PRENOM :
SEXE : AGE : DATE :
DISR Discours du sujet Se sent triste, sentiment d'être sans espoir, perte d'intérêt,
idées de mort, pleure facilement. ☐
COMR Comportement Semble abattu, pleure, parle à voix basse, triste, ralenti, perte
d'énergie. ☐
SYMR Symptômes Insomnie ou hypersomnie, bouche sèche, histoire suicidaire
récente, perte d'appétit, difficultés à se concentrer, perte de
mémoire.
☐
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Éval. Clin. Stand. J.D. Guelfi et al., P.F. 92