Cours Economie de L'environnement Chap I (Version Finale)

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Cours Economie de

l’environnement
Chapitre I
Chargée du Cours: Mme TEMIMI Souha

Niveau d’études et spécialité: M1 ED

Cours Economie de l'Environnement Mme TEMIMI-MAMI


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Souha
Chapitre I: Les interactions entre l’économie et
l’environnement
Les problèmes environnementaux: Le cadre conceptuel
général
Notre environnement se modifie à une échelle globale et à très grande vitesse.
Les crises écologiques profondes et durables dont nous faisons face s’expliquent
par l’action humaine et plus précisément par la domination humaine sur les
écosystèmes terrestres déclenchée depuis la révolution industrielle.
L’explosion du développement économique depuis la fin du XVIIIe siècle puis son
accélération à partir de 1950 et sa mondialisation à partir du début des années
1990 ont eu deux effets connexes: elles ont projeté l’humanité dans une
prospérité inédite mais elles ont simultanément projeté les écosystèmes de la
planète dans une crise sans précédent.

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Souha
En partant d’une population humaine toujours plus nombreuse (+ de 7,7 milliards
d’individus auj) et consommatrice de ressources naturelles, on constate trois
grandes perturbations écologiques (la transformation des terres, l’altération de la
biochimie globale et des formes de la vie) pour déboucher finalement sur les trois
grandes crises écologiques contemporaines : le changement climatique, la
destruction de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes.

Trois grands chiffres doivent être associés à ces trois grandes crises :
• 2 à 6° C, c’est la fourchette du réchauffement de la Terre à horizon de la fin du
XXIe siècle par rapport à la période préindustrielle du fait du changement
climatique ;
• 30 %, c’est la perte de biodiversité depuis 1970 ;
• 60 %, c’est le pourcentage de services écosystémiques dégradés mesuré en 2005.

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Selon Johan Rockström et ses coauteurs (2000), nous avons franchi les limites de
sûreté écologique et l’humanité n’a plus la liberté de procéder à des choix pour son
développement : elle doit subir la dégradation de son bien-être du fait de la
dégradation de son environnement. Plusieurs limites quantitatives ont été
identifiées:
• le changement climatique,
• la destruction de la biodiversité,
• la perturbation du cycle de l’azote et du phosphore,
• la dégradation de la couche d’ozone,
• l’acidification des océans,
• l’altération des sols,
• la pollution atmosphérique par les aérosols,…

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Un habitat naturel ou
semi naturel est un
milieu qui réunit les
conditions physiques et
biologiques nécessaires à
l'existence d'une espèce
(ou d'un groupe
d'espèces) animale(s) ou
végétale(s).
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Impact environnemental de la pandémie de COVID-19
Réduction de l’activité économique a permis de réduire le réchauffement
planétaire ainsi que la pollution de l’air et la pollution marine, permettant à
l’environnement de lentement récupérer ( voir graphiques suivants)

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L’environnement dans la pensée économique
L’économie de l’environnement, dont les prémisses remontent à l’école libérale
anglaise, est née comme une « science de la gestion de la rareté et de l’allocation
efficace des ressources naturelles » (Hotelling, 1931). Elle a évolué en une «
science de l’externalité » (Pigou, 1920). Ensuite se pose la question de la
soutenabilité pour évoluer vers l’économie écologique.
Mais la théorie économique n’a pas attendu la récente prise de conscience
écologique pour se poser la question des relations complexes entre activité
économique et ressources naturelles. Elle ne découvre donc pas aujourd’hui la
question des contraintes imposées par la nature, puisque le monde physique a fait
office de modèle pour les auteurs classiques, sans parler de leurs proches parents
physiocrates (dont Turgot et Quesnay), aux yeux desquels seule la terre était
capable de donner plus qu’elle ne coûte et, à ce titre, formait la pierre angulaire du
développement.

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• En 1798, Thomas Malthus a publié l’ouvrage « Essai sur le principe de
population » où Il y annonce, en gros, que la population croit à un taux
géométrique alors que les «subsistances» ne pouvaient qu’augmenter en
progression arithmétique. Le monde serait donc condamné à plus ou moins brève
échéance à la misère et à la famine. Selon lui, au lieu de lutter contre les pénuries
avec des innovations, ce mécanisme sera responsable d’une augmentation du
taux de mortalité dû aux contraintes environnementales.

• En 1817, l’œuvre de David Ricardo « des principes de l’économie politique et de


l’impôt » est profondément marquée par le raisonnement de Malthus, que
l’histoire économique a cessé de valider en le raffinant considérablement par la
formulation de sa théorie de la rente agricole. C’est de la moindre productivité
des terres mises progressivement en culture, de l’épuisement de leurs
rendements sans technologie nouvelle alors que la population ne cesse de
croitre, que va découler «l’état stationnaire» de l’économie.

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• Ce « déclinisme » économique, que l’on retrouvera aussi chez John Stuart Mill,
sera transposé aux questions énergétiques par Stanley Jevons, qui dénonce la
dépendance de l’économie britannique à l’égard d’un charbon bon marché mais
épuisable dans The Coal Question (1865).

• C’est pourtant bien l’analyse de l’école marginaliste, à laquelle Jevons appartient


(avec Menger et Walras), qui va libérer l’économie de ses racines terrestres en
apportant la « bonne nouvelle » de la possibilité d’une croissance perpétuelle. La
terre n’apparaît plus à ces auteurs néoclassiques, témoins de l’industrialisation
rapide du XIXe siècle, comme un facteur limitatif de la croissance ; il suffit que le
capital augmente au même rythme que la population pour que la production
continue d’augmenter aussi au même rythme (loi des rendements d’échelle
constants).

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Et aucune fatalité n’empêche le capital de croître, puisqu’en tant qu’artefact, il est
produit par l’homme. Exit donc l’état stationnaire des classiques. Ce qui demeure
cependant stationnaire chez les néoclassiques, c’est le revenu par tête (le niveau
de vie), car si la production augmente au même rythme que la population, la
production par tête reste inchangée.

Il faudra attendre les années 1920 et 1930 pour qu’un cadre analytique soit donné
à l’intuition des marginalistes. L’incidence des activités économiques humaines sur
les ressources épuisables et l’environnement trouve alors ses fondements
analytiques dans les travaux de Harold Hotelling, Frank Ramsey et Arthur Cecil
Pigou.

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• Avec Pigou (1920), les externalités sont placées au cœur de l’économie
environnementale. Apparaît alors le problème général de la sous estimation par
le système économique du coût réel de la consommation de ressources
naturelles. Comme le coût social de cette consommation dépasse souvent le coût
privé (ce qui suscite des «défaillances du marché»), le prix doit être modifié pour
égaliser les deux (cf. Chap. III section externalités).

• Au début du XXe siècle, la science économique a intégré aussi bien la question de


la rareté des ressources que les dommages écologiques au mode de
développement capitaliste. Le défi de la soutenabilité, qui apparaît à partir des
années 1970 dans le débat académique et public, notamment les travaux de
l’équipe Meadows au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et le rapport
du Club de Rome, va ensuite conduire au véritable dépassement de l’économie
de l’environnement.

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• L’enjeu de la soutenabilité consiste en effet à déterminer si nous pouvons espérer
voir le niveau actuel de bien-être au moins maintenu pour les périodes futures ou
les générations futures. Le point n’est plus de mesurer les dommages écologiques
de l’activité économique ni d’imaginer des moyens efficaces pour y remédier. La
préoccupation du développement soutenable s’impose alors dans la
communauté internationale avec la publication du rapport Brundtland rédigé par
la commission mondiale sur l’environnement et le développement (ONU) en
1987.

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L'environnement en tant qu'actif
Dans le domaine économique, l'environnement est considéré comme un actif
composite qui fournit tout un ensemble de services. II s'agit d'un actif très spécial,
puisqu'il nous procure les systèmes qui nous permettent de vivre.
• L’environnement offre à notre économie les matières premières, qui sont
transformées en biens de consommation grâce au processus de production, et
aussi l'énergie, qui fournit le carburant nécessaire à cette transformation.
• L'environnement rend aussi des services directement aux consommateurs. L'air
que nous respirons, ce que nous mangeons et ce que nous buvons, les matériaux
utilisés pour construire nos maisons et les textiles avec lesquels nous tissons nos
vêtements nous sont fournis de manière directe ou indirecte par
l'environnement.

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• Au bout de la chaine, ces matières premières et cette énergie sont restituées à
l'environnement sous forme de déchets (voir figure suivante).

L'excès de déchets fait perdre de la valeur à notre environnement. Lorsque la


quantité de déchets est supérieure à la capacité d'absorption de la nature, cela
limite les services apportés par l'actif.
Exemples: la pollution de l'air peut générer des problèmes respiratoires, boire de
l'eau polluée peut provoquer le cancer, les brouillards polluants (Smog) nous
cachent la beauté des paysages…

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L'approche économique
Deux types d'analyse économique peuvent s’appliquer pour essayer de mieux
comprendre la relation entre système économique et environnement. L’économie
positive s'efforce de décrire la situation passée, actuelle ou future. L’économie
normative, au contraire, s'intéresse à ce qui devrait être.
• Dans le domaine de l'économie positive, les désaccords sont en général résolus
grâce à l'observation des faits.
• Dans le domaine de l'économie normative, en revanche, ce sont des jugements
de valeur qui entrent en jeu.
L'analyse normative peut, par exemple, être employée pour évaluer s'il est
souhaitable de mettre en place une nouvelle loi sur le contrôle de la pollution ou la
protection d'une zone retenue pour des projets de développement. L'analyse aide
à établir le bien-fondé d'un programme avant sa mise en place. La question à se
poser est donc la suivante : faut-il le faire ou pas ? Pour répondre à cette question,
nous devons tenir compte de l'ensemble des résultats possibles et choisir le
meilleur ou le plus souhaitable.

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Critères normatifs pour la prise de décision
Ce cadre d'analyse très simple basé sur le rapport bénéfices-coûts représente le
point de départ de l'approche économique. Les économistes précisent que chaque
action recèle à la fois des bénéfices et des couts. Si les bénéfices sont supérieurs
aux coûts, alors l'action est souhaitable.
Cela peut être formulé de la manière suivante. Soit B les bénéfices obtenus grâce à
l'action proposée et C les coûts. La règle à appliquer au moment de prendre la
décision serait alors :
• Si B> C il faut soutenir l'action. Sinon, il faut s'y opposer.
Tant que B et C sont positifs, on peut également utiliser la formule suivante :
• Si B/C> 1, il faut soutenir l'action. Sinon, il faut s'y opposer.

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Jusqu'ici c'est simple, mais comment mesure-t-on les bénéfices et les coûts ?
En économie, le système de mesure est anthropocentrique (centré sur l'homme).
La totalité des bénéfices et des coûts sont évalués en fonction de leurs effets
(définis au sens large) sur l'ensemble de l'humanité. Cela ne signifie pas que les
effets sur l'écosystème sont ignorés quand ils n’affectent pas directement les
populations.
Le fait qu'un grand nombre de personnes rejoigne volontairement des
organisations impliquées dans la protection de l'environnement prouve
amplement que l'on reconnait qu'il est important de protéger la nature sans
s’arrêter à l'usage direct que l'on peut en faire.

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Souha
L’efficience statique
Les bénéfices peuvent être calculés à partir de la courbe de demande relative aux
biens ou aux services apportés par l'action mise en place.

Pour chaque quantité achetée, un point correspondant sur la courbe individuelle


de demande représente le montant qu'une personne est prête à dépenser pour
acquérir le bien disponible et le prix auquel toutes les personnes consentiraient à
payer leurs unités pourrait donc être calculé en additionnant la somme qu'elles
seraient prêtes à débourser pour acheter respectivement la première, la deuxième
et la nième unité.

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Le consentement à payer:
C’est la somme totale que les
clients seraient prêts à payer
pour obtenir Q1 unités du bien
total, représentée par la zone
rose.

la somme totale qu’ils


accepteraient de payer est le
concept que nous allons utiliser
pour définir l’ensemble des
bénéfices.

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Souha
Le coût d’opportunité marginal:
les services environnementaux ont un
coût, même s’ils ne nécessitent aucun
facteur de production humain.
L’ensemble des coûts doit être calculé en
termes de coûts d'opportunité.
Le coût d'opportunité, associé à
l'utilisation des ressources, représente le
bénéfice net perdu lorsque des services
environnementaux disparaissent en cas
de conversion à un autre usage.
Sur le marché purement concurrentiel, la
courbe du coût d’opportunité marginal
est identique à la courbe d’offre.

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Souha
Bénéfice net
Le bénéfice net se définit par
l’excédent des bénéfices par
rapport aux coûts, cela signifie que
le bénéfice net est égal à la zone
située sous la courbe de demande
et au-dessus de la courbe d’offre.

En économie normative, on
considère que l'allocation des
ressources respecte le critère
d'efficience si elle permet de
maximiser le bénéfice net que l'on
retire de l'utilisation de ces
ressources.
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Souha
Application au cas des biens environnementaux
L’analyse qui précède constitue un cadre théorique de portée assez générale. Elle
peut s’appliquer à des biens marchands et à des biens non marchands comme le
sont généralement les actifs environnementaux. Les dommages de types
environnementaux ainsi que les avantages (aménités) peuvent en effet être
analysés comme des pertes ou des gains de surplus.

A titre d’exemple, considérons un lac dans lequel un certain nombre de personnes


se baignent chaque été. Chacune d’entre elles a un consentement à payer
supérieur ou égal à ce que lui coûte la possibilité de se baigner (même si le bain est
gratuit, il y a généralement des coûts de transport ou des coûts correspondant au
temps passé sur place). Chaque baigneur retire donc un certain surplus de sa
baignade et l’on peut calculer le surplus total. On peut considérer que celui-ci
mesure l’avantage que les baigneurs retirent de leur fréquentation du lac.

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L’exemple précédent montre l’intérêt d’un raisonnement en terme de
consentement à payer, de façon à pouvoir tracer une courbe de demande.

Une détérioration de la qualité des eaux réduit le consentement à payer des


baigneurs potentiels. En modifiant la courbe de demande des baignades, cette
pollution diminuera à la fois le surplus de chaque baigneur et leur nombre. La
perte de surplus correspondante peut être considérée comme une valorisation
(ou monétarisation) des dommages causés aux baigneurs par la pollution des
eaux.

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Souha
L’estimation des bénéfices biologiques et/ou récréatifs d’un actif environnemental
n’est pas chose aisée:
• Ces biens constituent des biens publics ou des biens communs du fait que leur
production bénéficie de façon générale, de manière non exclusive à la société.
• Les agents individuels ne sont, généralement, pas incité à payer, ni à révéler la
valeur qu’ils attribuent aux biens environnementaux, pourtant, ces valorisations
apparaissent de plus en plus indispensables.
Pourquoi alors est-il nécessaire d’évaluer les services environnementaux?
• Au niveau macro-économique, ces évaluations constituent une aide à la décision
pour les politiques afin de déterminer, par exemple, le niveau maximal de
dommages à l’environnement acceptable (degré de pollution).
• Au niveau micro-économique, elles offrent une estimation des bénéfices face à
des coûts connus, et permettent d’établir des bilans coûts-avantages
indispensables pour effectuer des choix d’investissements et de projets de façon
rationnelle.
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La valorisation économique et le calcul Coûts-Bénéfices
Les écosystèmes et la biodiversité fournissent des services inestimables aux
humains et dont il est très difficile et coûteux de reproduire en cas de dégradation.

Correctement estimée, la « valeur économique » va au-delà de l’utilité immédiate,


elle est le produit complexe de plusieurs valeurs.
• une valeur d’usage (directe, indirecte)
• Une valeur d’option (la possibilité d’utiliser la ressource à l’avenir) ou de quasi-
option (une valeur encore inconnue peut se révéler à l’avenir)
• une valeur de non-usage (d’existence) ou de de legs (le fait de transmettre la
ressource à autrui)

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Valeur d’usage ( use value): Cette valeur désigne l’usage direct d’une
ressource environnementale. Par exemple: le poisson pêché en mer, le bois coupé
en forêt, l’eau puisée d’une rivière pour l’irrigation, et même la beauté d’un
paysage naturel.
La pollution peut provoquer une perte de la valeur d’usage. (par ex: lorsqu’elle
accroît le risque de problèmes de santé, qu’une marée noire dégrade une zone de
pêche ou que les brouillards polluants masquent un paysage,…).
Valeur d’usage indirect: est liée la modification induite dans la valeur de la
production ou de la consommation de l’activité ou du bien qu’elle favorise ou
protège
Valeur d’option (option value): La valeur d’option désigne la disposition à
payer afin de protéger un aspect de l’environnement pour plus tard. Cette valeur
reflète le désir de protéger un certain potentiel en vue d’une utilisation future.

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Valeur de non-usage (non-use- value):
Elle fait référence à l’observation générale selon laquelle les gens sont prêts à
payer pour améliorer ou protéger des ressources qu’ils n’utiliseront jamais. Ces
valeurs dérivent de motivations autres que l’usage personnel, elles dont bien
entendu moins tangibles que les valeurs d’usage.

On y distingue deux types:


• La valeur de non-usage pur est également appelée valeur d’existance (existence
value). C’est une valeur attachée à l’existence d’un bien en soi.
• La valeur patrimoniale (bequest value) qui désigne le consentement à payer
(willingness to pay) afin de préserver les ressources pour les générations futures.

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Toutes ces catégories de valeur peuvent être associées pour calculer consentement
total à payer (CTP) :

CTP= Valeur d'usage + Valeur d'option + Valeur de non-usage

En effet, le passage à des valeurs économiques ne peut se réduire à un chiffrage de


dépenses. Il doit s’efforcer de respecter la profondeur des conséquences des
changements prévisibles sur le bien-être des populations concernées, en sachant
que ces populations peuvent ne pas résider à proximité, ou ne pas être en
interaction physique avec les actifs considérés (en leur attribuant des valeurs de
non-usage).

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Les méthodes d’évaluation monétaires
• On peut utiliser le marché, quand il existe, pour évaluer la valeur d’un bien ou
service environnemental.
• On peut également évaluer directement les coûts de l’usage d’une ressource à
partir de sa distribution (Par exemple pour l’eau, les coûts de
l’approvisionnement comprennent l’ensemble des coûts liés au capital, à
l’extraction, à la collecte, au traitement et à la distribution de l’eau, mais aussi à la
collecte, au traitement et au rejet des eaux usées. Le prix final de l’eau
correspond finalement aux charges prélevées auprès des consommateurs).
Mais comment faire lorsque les marchés sont manquants et ne peuvent servir de
guide pour la valeur économique d’une ressource naturelle ou que des marchés,
en présence d’externalités négatives, sous estiment la valeur économique totale
parce qu’ils ne prennent pas en compte certains aspects de celle-ci ?
=> Il existe deux types de méthodes principales qui sont des ramifications de la
méthode coûts-bénéfices.
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Les méthodes des préférences révélées (revealed preferences):
• Elles reposent sur l’observation des choix et prennent appui sur les
comportements pour estimer la fonction de demande des agents pour un bien
environnemental.

• On y distingue Les méthodes des préférences révélées qui sont «directes» car
elles s'intéressent aux comportements réels, et «indirectes» car elles déduisent la
valeur du bénéfice au lieu de l'estimer directement.
• La méthode des « coûts de transport » et celle des « prix hédoniques » en sont
les composantes principales. Par exemple, la demande de loisirs naturels peut
être estimée sur la base des coûts de déplacement liés à cette activité, les
évolutions récentes consistant à associer cette procédure aux systèmes
d’information géographique afin d’en accroître la précision en inventoriant les
caractéristiques naturelles des sites récréatifs ou leur éloignement. La technique
des prix hédoniste, quant à elle, évalue les biens et services environnementaux
en les considérant comme des attributs ou des caractéristiques des achats
correspondants (de logements en particuliers).
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La Méthode des coûts de transport ou « coûts de déplacement »
• C’est la plus ancienne des méthodes d’évaluation de l’environnement.
L’idée en revient à Hotelling (1947) au sujet des parcs nationaux des Etats-
Unis. Elle repose sur l’idée que les dépenses de transport engagés par les
individus pour se rendre dans un site constituent leur consentement à
payer pour visiter ce site. Le coût de déplacement est une mesure de
l’unité de visite. La méthode a ensuite été reprise et approfondie par
Clawson et Knetsch (1966). Par la suite, de nombreuses études ont retenu
cette méthode pour procéder à des évaluations (Parsons (2003),…).

• L’objectif est de construire une courbe de demande qui exprime le


consentement à payer maximal d’un individu, en supplément des
dépenses qu’il engage déjà. L’objectif est de tenter d’anticiper la
modification de consommation du bien lorsque le prix (ou coût d’accès)
augmente. On en déduira le surplus correspondant ( voir exemple suivant)

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Critique de la méthode et problèmes économétriques de mise en
œuvre :
Ils sont essentiellement de deux ordres : le choix de la forme fonctionnelle retenue
pour la fonction de demande et les problèmes liés au fait que les enquêtes sur site
interrogent seulement les individus qui visitent le site.
• Le choix de la forme fonctionnelle pour la demande de fréquentation n’est pas
sans incidence sur les résultats obtenus. Les formes les plus couramment utilisées
sont les formes linéaires, semi-log, log-log ou quadratiques. La fonction semi-log,
qui a l’avantage de fournir un calcul direct du surplus marshallien du
consommateur, est certainement la plus usitée.
• Par définition, les enquêtes sur site interrogent uniquement les personnes qui
visitent effectivement le site. Du fait que l’on ne dispose d’aucune information sur
les non-visites, les données sont tronquées, ce qui nécessite un traitement
économétrique visant à corriger le biais initial.

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La Méthode des prix hédoniques
• La méthode des prix hédoniques est une technique statistique utilisée pour
estimer la valeur monétaire des caractéristiques d'un bien ou d'un service en
analysant les données de vente sur un marché. Elle est couramment utilisée
pour estimer la valeur des biens immobiliers, mais elle peut également être
appliquée à d'autres types de produits.

• L'idée derrière la méthode des prix hédoniques est que le prix d'un bien ou d'un
service dépend de ses caractéristiques, telles que la taille, l'emplacement, l'âge,
le niveau d'équipement, la qualité des matériaux, etc.

• Les économistes ont développé des modèles statistiques pour déterminer


comment ces caractéristiques influencent le prix d'un bien. Ces modèles sont
ensuite utilisés pour estimer la valeur monétaire de chaque caractéristique, en
comparant les prix de différents biens qui ont des caractéristiques similaires mais
qui diffèrent par un seul aspect.
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• La méthode des prix hédoniques peut également être appliquée à
l'environnement pour estimer la valeur économique des caractéristiques
environnementales telles que la qualité de l'air, la qualité de l'eau, la biodiversité,
les paysages, etc. Cette méthode est souvent utilisée dans le cadre de l'évaluation
économique des impacts environnementaux de projets d'aménagement du
territoire ou d'infrastructures.

• L'idée est de déterminer comment les caractéristiques environnementales


influencent la valeur des biens et services, en analysant les données de marché.
Par exemple, si une maison est située près d'un lac avec une bonne qualité de
l'eau, on peut supposer que cela augmente sa valeur. Il est aussi possible de
montrer que, toutes choses étant égales par ailleurs, la valeur de biens
immobiliers (logement par exemple), sera inférieure dans les zones polluées par
rapport à celles où l’environnement est plus propre (Freeman,2003).
• En utilisant cette méthode, on peut estimer la valeur économique des
caractéristiques environnementales et les intégrer dans l'analyse coût-bénéfice
des projets d'aménagement ou d'infrastructures.
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Dans ce type de méthode, on effectue une analyse de régression multiple pour
isoler et identifier la composante environnementale de la valeur sur le marché
concerné.
L’objectif de la méthode est double:
• Estimer le prix implicite de caractéristiques des biens
• Estimer la disposition à payer des consommateurs ( ce qui permet de connaitre,
par exemple, la valeur attribuée à des biens environnementaux).
Chacun de ces objectifs correspond à une étape économétrique différente:
• Première étape: estimation de prix hédonique
• Seconde étape: estimation des paramètres des fonctions de demande pour
évaluer les dispositions à payer

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L’intérêt majeur de la méthode des prix hédonistes réside dans la possibilité théorique de
reconstituer à partir de la fonction de prix hédoniste la structure des préférences et des
coûts, en particulier la fonction de demande d’attribut environnemental, en faisant
l’hypothèse que les consommateurs et les offreurs sont en équilibre. Rosen (1974) a été le
premier à proposer une méthode d’estimation simultanée de l’enchère marginale et du
prix marginal pour une caractéristique de bien différencié. Le modèle à estimer est le
suivant (sans termes d’erreur):

La procédure d’estimation comporte 2 étapes. Il faut d’abord estimer la fonction prix


𝜕𝑝
hédoniste p(z) et calculer les prix implicites marginaux = 𝑝Ƹ𝑖 𝑧 au niveau de la
𝜕𝑧𝑖
caractéristique i. 𝒑ෝ𝒊 𝒛 est alors utilisé comme variable endogène dans le modèle à
équations simultanées et joue le même rôle que les prix observés sur un marché en
théorie économique standard (𝑦1 et 𝑦2 représentent respect. les facteurs de variation
observables de la demande (revenu, âge, niveau d’études, etc,…) et de l’offre (prix des
facteurs, technologie, etc…)).
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• Exemple: l’estimation du prix hédonique selon l’attribut « niveau de vue
panoramique ». Le prix augmente mais un taux décroissant selon l’amélioration
de la « vue ». Les niveaux rvi sont les prix implicites qui représentent les CMP des
ménages

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• La méthode hédonique est également utilisée pour estimer la relation entre les prix des
biens immobiliers et d’autres caractéristiques environnementales, telles que les niveaux
de pollution. Cette équation peut également être utilisée pour estimer le CMP en
fonction de la pollution.
• L'équation économétrique suivante est un exemple d'une telle équation pour estimer le
CMP en fonction de la concentration de SO2:
Prix de la maison = β0 + β1 * Taille de la maison + β2 * Nombre de chambres + β3 * Âge de la
maison + β4 * Proximité aux transports en commun + β5 * Concentration de SO2 + ε
Dans cette équation, le CMP pour une unité de réduction de SO2 peut être estimé en
prenant le coefficient β5 associé à la concentration de SO2 et en multipliant ce coefficient
par la variation d'une unité de la concentration de SO2. Le CMP serait alors donné par la
valeur absolue de β5.
Par exemple, supposons que l'équation économétrique ci-dessus ait été estimée à partir
des données immobilières d'une région donnée et que le coefficient β5 associé à la
concentration de SO2 soit égal à -1000 $. Cela signifie que les ménages sont disposés à
payer 1000 $ de plus pour une réduction d'une unité de SO2 dans leur région.

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50
Souha
Il est important de noter que les coefficients de l'équation économétrique peuvent
varier selon les caractéristiques de la population étudiée, les niveaux de pollution,
les coûts de réduction de la pollution, etc. Il est donc essentiel de mener des
analyses et des estimations appropriées pour chaque région concernée.

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Souha
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Souha
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Souha
La valeur hédonique des salaires
La méthode hédonique est aussi utilisée pour estimer la relation entre les salaires
et les caractéristiques des emplois, telles que les niveaux de stress, les conditions
de travail, les compétences requises, etc.

Elle est approchée de la même manière que celle des biens immobiliers, si ce n'est
qu'on tente d'isoler, dans les salaires, le composant qui justifie le versement d'une
compensation aux personnes exerçant un métier dangereux. On sait que ces
personnes demandent un salaire plus élevé en contrepartie du risque
supplémentaire auquel elles sont exposées.

Lorsque ces travailleurs connaissent le risque environnemental encouru (exposition


à une substance toxique par exemple), les résultats de l'analyse de régression
multiple peuvent être utilisés pour établir quelle est la propension à payer afin de
limiter ce type de risque (Taylor, 2003).

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Souha
Supposons que l'équation ci-dessous ait été estimée à partir des données sur les
salaires et les caractéristiques des emplois dans le secteur manufacturier d'une
région donnée:
Salaire = β0 + β1 * Niveau d'éducation + β2 * Expérience professionnelle + β3 *
Niveau de stress + β4 * Niveau de bruit + β5 * Niveau de risque + ε
Les résultats indiquent que le coefficient β1 associé au niveau d'éducation est égal
à 2000 $, ce qui signifie que pour chaque niveau supplémentaire d'éducation, les
travailleurs gagnent en moyenne 2000 $ de plus par an. Le coefficient β3 associé au
niveau de stress est égal à -1000 $, ce qui signifie que pour chaque unité
supplémentaire de stress perçu, les travailleurs gagnent en moyenne 1000 $ de
moins par an ( ou pour chaque unité de stress en moins il faut 1000$ de plus)
Ces estimations peuvent être utilisées pour déterminer la valeur hédonique de
chaque caractéristique de l'emploi et aider les employeurs et les travailleurs à
prendre des décisions en matière de recrutement, de formation, de rémunération,
etc.

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55
Souha
Les dépenses préventives ou coût d’évitement:
Le modèle de coût d'évitement est utilisé pour évaluer le coût que les personnes
sont prêtes à payer pour éviter un danger ou un risque. Il est souvent utilisé pour
estimer les coûts de réglementation et de politique publique qui visent à réduire
les risques pour la santé et l'environnement.
Supposons que nous voulions estimer le coût d'évitement de l'exposition de l'eau
potable aux produits chimiques.
Coût d'évitement = α0 + α1 * Probabilité de maladie + α2 * Gravité de la maladie
+ α3 * Niveau d'exposition à la pollution de l'eau + α4 * Revenu + ε
Dans cette équation, les coefficients α1 et α2 représentent les coûts de prévention
de la maladie, α3 représente le coût de réduction de l'exposition à la pollution de
l'eau, et α4 représente l'effet du revenu sur le coût d'évitement.

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Souha
Supposons que l'équation économétrique ci-dessus ait été estimée à partir des
données sur les comportements d'achat de l'eau potable dans une région donnée.
Les résultats montrent que le coefficient α1 associé à la probabilité de maladie est
de 100 $, ce qui signifie que les consommateurs sont prêts à payer 100 $ de plus
pour éviter une maladie liée à l'eau potable. Le coefficient α2 associé à la gravité de
la maladie est de 500 $, ce qui signifie que les consommateurs sont prêts à payer
500 $ de plus pour éviter une maladie grave liée à l'eau potable. Le coefficient α3
associé au niveau d'exposition à la pollution de l'eau est de 50 $, ce qui signifie que
les consommateurs sont prêts à payer 50 $ de plus pour réduire leur exposition à la
pollution de l’eau etc..

Ces résultats peuvent être utilisés pour aider les décideurs politiques à évaluer les
coûts de différentes politiques pour réduire les risques liés à l'eau potable, tels que
les coûts de traitement de l'eau, les coûts de mise en place de réglementations et
de normes plus strictes, etc.
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Souha
Les méthodes des préférences déclarées
Lorsque les méthodes d’observation ne sont pas possibles, il reste la possibilité
d’interroger directement un échantillon d’individus sur leur consentement à
payer pour bénéficier d’une amélioration de la qualité de l’environnement ou avoir
accès à un actif naturel (ou sur leur consentement à recevoir dans le cas
symétrique).

Cette méthode suppose, évidemment, que les usagers soient raisonnablement


informés sur les bénéfices et les coûts d’un projet à évaluer. Dès lors qu’une
information idoine est fournie aux personnes interrogées, elle peut être appliquée
pour évaluer des changements globaux (tels que le changement climatique).

Sa mise en œuvre pose toutefois un certain nombre de problèmes importants et les


résultats obtenus peuvent s’avérer fragiles car très dépendants de la démarche
adoptée.
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58
Souha
La Méthode d’évaluation contingente MEC (contingent valuation)
C’est une technique économique utilisée pour évaluer la valeur monétaire que les
personnes accordent à un bien ou service. Elle consiste à interroger un échantillon
représentatif de la population sur leur volonté à payer pour un bien ou à accepter
une compensation pour renoncer à ce bien
• Son principe est le suivant : pour connaître la valeur qu’un individu accorde à un
bien environnemental ou à son amélioration, on l’interroge directement à l’aide
d’un questionnaire d’évaluation sur la somme qu’il est prêt à payer pour la
conservation ou l’amélioration de ce bien. Plus précisément, on demande
directement aux individus la somme qu’ils consentiraient à payer pour bénéficier
d’un avantage, ou inversement ce qu’ils consentiraient à recevoir pour être
dédommagés de la nuisance subie.
• Le CAP (ou le CAR) moyen calculé sur l’échantillon représentatif enquêté
permettra ensuite de calculer le CAP total sur l’ensemble de la population.
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59
Souha
Cette méthode prévoit les étapes suivantes:
- Définir l’objet d’étude: préciser ce que l’on souhaite évaluer (ex préservation
d’une forêt )
- Concevoir un questionnaire: pour mesurer la valeur que les personnes attachent
au bien ou service. Il doit contenir des questions sur ses caractéristiques ainsi que
les prix proposés.
- Sélectionner un échantillon représentatif
- Poser les questions: pour obtenir des réponses sur la volonté à payer ou à
accepter une compensation
- Analyser les données collectées: pour déterminer la valeur monétaire que les
personnes accordent à l’objet d’étude. Il est possible d’utiliser les modèles
économiques pour estimer sa valeur monétaire.

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60
Souha
• L’analyse statistique est réalisée à partir de modèles économétriques (probit,
logit, etc.).

• La MEC pose cependant un problème particulier : les réponses données par les
personnes interrogées peuvent éventuellement être biaisées. Par exemple,
lorsqu’il y a un décalage observé entre le consentement à payer et le
consentement à recevoir. Les personnes ont tendance à donner des valeurs
beaucoup plus élevées quand on leur demande la somme qu’elles seraient prêtes
à recevoir à titre de compensation pour une perte spécifique par rapport à la
somme qu’elles seraient prêtes à payer pour améliorer la quantité ou la qualité
de leur environnement.

La discussion suivante (encadré en jaune) revient sur certaines des raisons qui
pourraient expliquer différence constatée:

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61
Souha
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Souha
L’analyse conjointe:
• Tout comme l'évaluation contingente, l'analyse conjointe est une technique qui
repose sur des enquêtes, si ce n'est qu'au lieu de mesurer le consentement à
payer on demande aux personnes interrogées de choisir entre différentes
options.
• Chaque option est elle-même composée d’attributs et associée à une valeur
monétaire qui correspond à ce que devrait payer l’individu pour la mise en place
d’infrastructures ou de politiques publiques permettant d’arriver à la situation
décrite dans l’option.
• À la fin de l'étude, il convient en fin de compte de déterminer laquelle des
combinaisons de caractéristiques individuelles bénéficie de la plus grande
affinité parmi les personnes testées et pour quelle combinaison le plus grand
gain possible peut être supposé.
L’analyse conjointe indique selon les options, le niveau de qualité des attributs
(plus ou moins élevé). La modification d’un seul attribut entre deux options permet
d’évaluer la valeur associée à chaque attribut.

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Souha
Le classement contingent
Le classement contingent est une méthode d'enquête qui permet d'évaluer les
préférences des consommateurs pour différents attributs d'un produit ou d'un
service. Cette méthode permet d'évaluer la valeur qu'un consommateur accorde à
chaque attribut en lui demandant de choisir entre différents choix de produits avec
des caractéristiques différentes.
On présente aux personnes interrogées un ensemble de situations hypothétiques
dans lesquelles les services environnementaux disponibles varient (il ne s'agit plus
d'un ensemble d'attributs), puis on leur demande de hiérarchiser ces services.
Ces classements peuvent ensuite être comparés afin de percevoir les compromis
implicites qui se font entre l'apport de services environnementaux et la perte
d’autres caractéristiques. Quand au moins une de ces caractéristiques, peut être
exprimée en valeur monétaire il est possible d'utiliser ces informations ainsi que les
classements obtenus pour imputer une valeur aux services environnementaux.
Cette méthode peut être utilisée pour aider les décideurs à concevoir des
politiques environnementales qui répondent aux préférences et aux besoins des
individus, tout en prenant en compte les coûts et les avantages économiques
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Souha
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Souha
La principale différence entre l'analyse conjointe et le classement contingent est
que l'analyse conjointe cherche à déterminer l'importance relative des différentes
caractéristiques d’un bien ou d'un service, tandis que le classement contingent
cherche à mesurer la préférence relative des consommateurs pour différents choix
de biens ou de services en fonction de différents scénarios hypothétiques

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Souha
Méta-analyse
Il arrive que l'on soit amené à utiliser simultanément plusieurs de ces techniques
lors d’un exercice d'évaluation. L’association de plusieurs techniques est parfois
nécessaire pour obtenir la valeur économique totale ; dans d'autres cas, cela
permet de recueillir des estimations indépendantes de la valeur recherchée.
Parfois appelée « analyse des analyses », la Meta analyse consiste à récupérer les
données empiriques recueillies lors d'enquêtes antérieures pour les associer
statistiquement aux caractéristiques d'autres études.
On peut ensuite étudier si les écarts constatés peuvent s’expliquer de manière
quantifiable par les différences de lieu, de thème ou de méthodologie entre
chaque étude.

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Souha
L'efficience dynamique
Le critère d'efficience statique est très utile pour comparer différentes
allocations des ressources lorsque le temps n'est pas un facteur important.
Mais comment prendre des décisions lorsque les bénéfices et les coûts ne
surviennent pas au même moment ?
L'efficience dynamique est le critère qui est le plus souvent retenu pour
déterminer quelle serait l'allocation optimale lorsque le temps est pris en
compte. Il s'agit d'une généralisation du concept d'efficience statique
développé plus haut. Dans ce cas, le critère de valeur actualisée permet de
comparer les bénéfices nets obtenus au cours d'une certaine période avec
ceux obtenus au cours d'une autre période.
L'allocation des ressources au cours de n périodes de temps sera conforme
au critère d'efficience dynamique si elle permet de maximiser la valeur
actualisée des bénéfices nets pouvant être obtenus en allouant les
ressources de toutes les manières possibles au cours de ces périodes.
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Souha
Evaluation des bénéfices et des coûts dans le temps : critère de la
valeur actualisée
L’analyse que nous avons effectuée est très utile pour réfléchir aux mesures à
prendre lorsque le temps n'est pas un facteur important. Pourtant, de nombreuses
décisions peuvent avoir des conséquences durables sur l'avenir. Le temps est un
facteur à prendre en compte. Une fois les sources d'énergie non renouvelables
sont épuisées, il sera impossible de s’en procurer d’autres.
La surexploitation des ressources biologiques renouvelables (zones de pêche ou
forêts par exemple) risque de réduire la quantité et qualité des ressources dont
disposeront les générations futures. Les pollutions persistantes peuvent
s'accumuler avec le temps.
Comment prendre des décisions lorsque les bénéfices et les coûts ne sont pas
simultanés ?

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Souha
Pour pouvoir introduire un facteur temps dans l'analyse, il faut d'abord étoffer les
concepts développés auparavant.
La règle de décision doit permettre de comparer le bénéfice net obtenu au cours
d’une période à celui obtenu au cours d'une autre période. C'est le concept de
valeur actualisée qui permet d'effectuer cette comparaison.
• La valeur actualisée introduit de manière explicite la valeur temporelle de
l'argent. 1u.m investie aujourd'hui dans un placement offrant un taux d'intérêt de
10% rapportera 1,10 u.m dans un an (remboursement du capital de 1 u.m plus
0,10 u.m d'intérêts).
• Dans deux ans, le montant s'élèverait à 1u.m x 1 + 𝑟 1 + 𝑟 = 1u.m x 1 + 𝑟 2
=> La valeur actualisée de la somme X reçue il y a deux ans est à présent de
𝑋/ 1 + 𝑟 2
On peut alors calculer la valeur actualisée de n’importe quelle somme d'argent
reçue au cours de n années. La méthode de calcul de la valeur actualisée est
appelée actualisation (r étant le taux d'actualisation).

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Souha
La valeur actualisée nette d'un bénéfice net non récurrent reçu il y a n années est
de :

𝐵𝑛
𝑉𝐴𝑁 𝐵𝑛 =
(1 + 𝑟)𝑛

et la valeur actuelisée nette d'une série de bénéfices nets 𝐵0 , … , 𝐵𝑛 reçus au


cours d'une période de n années se calcule comme suit :

𝐵𝑖
𝑉𝐴𝑁 𝐵0 , … , 𝐵𝑛 = σ𝑛𝑖=0
(1+𝑟)𝑛

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Souha
Le décideur public qui doit opter pour une politique environnementale sur la base
d’une analyse coûts-bénéfices va, en vertu du critère dit de Kaldor-Hicks (du nom
de deux économistes Nicholas Kaldor et John R. Hicks), comparer son coût social et
son bénéfice social.
Mais cette comparaison couvre plusieurs périodes différentes. Le décideur en
question doit donc procéder à une actualisation des coûts et des bénéfices pour
déterminer la valeur actualisée des bénéfices nets de la politique (VAN), c’est-à-
dire la valeur présente de tous ses bénéfices et coûts présents et à venir, dont il
doit évaluer la nécessité
Comme l’illustre le tableau (suivant), plus l’horizon est éloigné, plus les coûts
apparaissent faibles ; et plus le taux d’actualisation retenu est élevé, plus cet effet
de myopie est important.

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Souha
En utilisant la formule, la valeur actualisée d'un million d'euros à un taux de
2% sur une période de 30 ans, par exemple, serait calculée comme suit :
Valeur actualisée = 1 000 000 / (1 + 0,02) ^ 30
En résolvant cette équation, on trouve que la valeur actualisée d'un million
d'euros à un taux de 2% sur une période de 30 ans est d'environ 552 070,88
euros.
Cela signifie que si vous investissez un million d'euros aujourd'hui à un taux
de 2%, la valeur actuelle de cet investissement dans 30 ans sera d'environ
552 070 euros
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73
Souha
Le calcul d’actualisation est couramment utilisé pour évaluer la viabilité d’un projet
financier mais aussi pour évaluer la rentabilité des investissements publics. Il est de
grande importance dans l’analyse et le chiffrage des conséquences économiques
du changement écologique planétaire et plus généralement de tous les processus
d’altération ou de dégradation de l’environnement.

Ce n’est pas seulement le coût net de la politique environnementale qu’il s’agit


d’évaluer, mais aussi le coût de la non-politique, celle qui aboutirait par exemple à
laisser aller à son terme biophysique le changement climatique, qui pourrait
conduire à une augmentation de 6 °C de la température la surface de la planète par
rapport à l’ère préindustrielle.

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Souha
Ce taux social d’actualisation, qui se présente théoriquement comme l’agrégation
actualisée de toutes les préférences individuelles à chaque période considérée, aboutit
donc à une comparaison entre le bien-être des différentes générations dont on déduit des
choix pour la génération présente : accroître par exemple l’effort de préservation de la
biodiversité pour freiner sa destruction, ce qui a un coût économique, ou au contraire
transmettre aux générations futures le coût de cette non-politique (sous la forme par
exemple d’une dégradation des services écosystémiques).
Frank Ramsey (1928) a le premier posé l’équation qui permet de comprendre ce que sont
les composantes essentielles du taux d’actualisation social:
r=ρ+e×g
où : r est le taux d’actualisation social
ρ est le taux de préférence pour le présent ;
e est la valeur absolue de l’élasticité de l’utilité marginale de la consommation ;
g est le taux de croissance par tête du revenu annuel en moyenne pour la période
future considérée.
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Souha
Détaillons ces différentes variables:
• Le taux de préférence pour le présent: selon Ramsey, la plupart des individus ont des taux de
préférence pour le présent relativement élevés, ce qui signifie qu'ils préfèrent la consommation
immédiate à la consommation future. Cependant, lorsque les préférences individuelles sont
agrégées, les effets de l'impatience sont réduits et le taux d'impatience sociale devient proche de
zéro. En d'autres termes, la société dans son ensemble est souvent plus patiente que les
individus qui la composent. Cela est dû en partie au fait que les politiques publiques peuvent
encourager les comportements à long terme et dissuader les comportements à court terme. Par
exemple, les politiques de lutte contre le changement climatique peuvent inciter les individus et
les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à long terme, même si cela
implique des coûts à court terme.
• Le paramètre de l’élasticité de l’utilité marginale de la consommation (c’est-à-dire la variation en
pourcentage de l’utilité marginale résultant de la variation en pourcentage de la consommation),
peut être interprété comme une mesure d’aversion aux inégalités (l’aversion aux inégalités
spatiales, aux inégalités temporelles et au risque). En effet, une unité supplémentaire de
consommation procurera plus d’utilité à un pauvre qu’à un riche, car l’utilité marginale de la
consommation (l’accroissement de l’utilité lié à une unité supplémentaire de consommation)
décroît avec le niveau de la consommation : plus on est riche, moins une unité en plus de
consommation apportera de satisfaction).
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Souha
• Enfin, le taux de croissance futur du revenu par tête est généralement considéré comme
positif car nous pensons que comme nous sommes plus riches que les générations
passées, les générations futures seront vraisemblablement plus riches que nous (selon
l’INSEE, le niveau de vie monétaire moyen en France est passé, de 1970 à 2006, de 8 909
euros à 17 597 euros, soit une augmentation de 100 % (à prix constants)).

• Mais si on affine la définition de la richesse pour y inclure le « capital naturel» (forêts,


eau, minerais, etc.), l’aisance des générations futures n’a plus rien d’évident.
L’économiste Partha Dasgupta (2007) suggère à cet égard d’utiliser des taux
d’actualisation négatifs pour prendre véritablement en compte l’appauvrissement des
générations à venir en capital naturel : si les ressources en eau que nous léguerons aux
générations futures sont à la fois raréfiées et polluées, ces générations ne seront pas plus
riches, mais plus pauvres que nous.

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• Le taux d’actualisation social repose donc fondamentalement sur des choix
éthiques (parfois qualifiés de « préférences ») et non sur des paramètres objectifs
ou techniques.

• Ce taux d’actualisation est en particulier une variable centrale dans les modèles
de changement climatique. Le rapport Stern, publié en 2006, fut commandé par
le gouvernement Blair à Nick Stern (ancien économiste en chef de la Banque
mondiale) pour répondre à deux questions : combien coûterait d’agir contre le
changement climatique (par exemple en réduisant fortement notre
consommation d’essence) et combien coûterait de ne pas agir contre le
changement climatique pour les sociétés humaines) ? La réponse de Nick Stern
et son équipe est sans équivoque : le coût de l’inaction, selon diverses
estimations, est de quatre à cinq fois plus important que le coût de l’action.

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Références Bibliographiques principales:
Bonnieux F. (1998), « Principes, mise en oeuvre et limites de l’évaluation
contingente » in Economie Publique 1998/1 Méthodes d’évaluation économiques
des biens environnementaux.
Desaigues B. et Point P. « Economie du patrimoine naturel ». Economica, 1993
Point P. « La place de l’évaluation des biens environnementaux dans la décision
publique » in Economie Publique 1998/1 Méthodes d’évaluation économiques des
biens environnementaux.
Scherrer S. « Méthodologie de valorisation des aménités environnementales »
Série Méthodes N° 01-M01/ Ministère de l’aménagement du territoire et de
l’environnement.
Tietenberg, Tom et al. (2013). Économie de l’environnement et du développement
durable. 6e éd. Pearson.

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