Cours de Geomorphologie PDF
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COURS DE GEOMORPHOLOGIE
Objectif :
Ce cours a pour objectif la description et l’explication des reliefs actuels. Il est comprend
deux aspects de la géomorphologie à savoir :
La géomorphologie climatique qui analyse l’influence du climat sur l’évolution des
formes du relief ;
La géomorphologie structurale qui étudie l’influence de la structure géologique sur la
forme de la terre.
Contenu du cours :
Introduction à la Géomorphologie
Chapitre 1 : L’altération météorique et évolution des sols Chapitre
2 : L’érosion mécanique et la formation des modelés Chapitre 3 :
L’étude des systèmes d’érosion dans la zone tropicale Chapitre 4 :
Les types morphologiques en pays tropicaux
Chapitre 5 : La géomorphologie de la Côte d’Ivoire
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Géomorphologie Support de cours MGP, 2018-2019 GUEHIAGUEHI Hervé Patrick
INTRODUCTION A LA GEOMORPHOLOGIE
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Principe de la géomorphologie
Il existe en tout quatre principes de la géomorphologie : la chronologie inverse, l’érosion
régressive, le principe de pente et le profil d’équilibre.
- Principe de la chronologie inverse : d’après ce principe, les dépôts les plus anciens
correspondent à la couche érodée en premier lieu (figure 2).
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I. Définition
L’altération météorique ou la météorisation désigne l’ensemble des processus (mécaniques ou
physiques, chimiques et biologiques) qui concourent à la modification des propriétés
physiques et chimiques des minéraux, et partant des roches. En d’autres termes c’est
l’ensemble des processus par lequel la roche est désagrégée en surface. Des sols peuvent se
former dans la roche altérée, aussi appelée le régolite. Le régolite peut supporter la végétation
et un sol (pédon) peut se former dedans. La météorisation ameublit les surfaces et prépare le
terrain pour l’érosion.
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En zone de climat froid ou glacial, les formations rocheuses pendant la période de glaciation
du fait de l’augmentation de volume de l’eau congelée qu’elles contiennent sont soumises à
une augmentation de la pression. Au cours de la déglaciation, la pression interne de ces
formation chute. Ceci provoque la fragmentation des formations rocheuses affectées : c’est la
décompression.
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III.2.1. L’Hydrolyse
C’est un phénomène d’échange de bases entre les cations des minéraux et les ions H+ de
l’eau. Un renouvellement rapide et constant des ions H+, et donc une bonne circulation de
l’eau, permettent une réaction rapide.
Exemple: Mg2SiO4 + 4 H2O 2 Mg2+ + 4 OH- + H2SiO4
4NaAlSi3O8 + 22H2O Al4Si4O10(OH)8 + 4Na+ + 4OH- + 8Si(OH)4
Plagioclase acide + eau kaolinite
Quelques fois en zones tropicales où il existe de très fortes précipitations, l’altération des
minéraux tels que les feldspaths ou les autres silicates d’alumine peut donner de la kaolinite.
Ce processus d’altération météorique omniprésent acquiert son maximum sous les climat
tropicaux humides chauds. Dans les zones équatoriales, la décomposition des feldspaths et des
autres silicates alumineux peut être rapide. De même d’autres argiles et shales peuvent aussi
s’altérer rapidement en une mixture de kaolinite et de quartz. Le processus d’altération
s’effectue selon la réaction :
4KAlSi3O8 + 4H2O Al4Si4O10(OH)8 + 8SiO2 + 2K2O
Feldspaths potassiques + eau kaolinite + Silice + potasse
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rose ou jaune en fonction du minéral formé. Si l’altération est poussée, la kaolinite peut
donner de la gibbsite (al(OH)3), par lessivage de la silice.
III.2.2. La Dissolution
Il s’agit de la dissociation d’une molécule en ions sous l’action d’un solvant. L’eau est le
solvant universel capable de dissoudre certaines substances. La dissolution d’un minéral
donne des ions ou des colloïdes dans l’eau. En fait, la solubilité est limitée pour un très grand
nombre de minéraux. La halite est le minéral le plus soluble. L’eau restée longtemps en
contact avec l’atmosphère s’enrichit en dioxydes de carbone (CO2), devient acide (H2CO3) et
s’attaque aux minéraux.
Exemple : CaCO3 + H2CO3 2 HCO3- + Ca2+
Les roches sédimentaires sont plus sensibles que les roches magmatiques et métamorphiques,
celles de la famille des évaporites constituées par des chlorures (sel gemme) ou des sulfates
(anhydrite, gypse) comptent parmi les plus solubles.
III.2.3. L’Oxydation
Elle agit principalement sur les oxydes de fer (FeO). L’oxydation du fer ferreux donne le fer
ferrique qui précipite sous forme d’oxydes (Fe2O3) ou d’hydroxydes [Fe(OH)3].
Exemple: FeO + O2 Fe2O3 (1)
FeO + O2 + H20 Fe(OH)3 + H+ + OH- (2)
III.2.4. L’Hydratation
Elle correspond à un apport d’eau qui a pour conséquence une augmentation de volume.
L’hydratation implique la rupture des liaisons de H+ et OH- des composés.
Exemple: 2 Fe2O3 (hematite) + 3 H2O 2 Fe2O3, 3H2O (limonite)
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III.2.5. La décarbonatation
C’est la dissolution du carbonate du matériau originel. Cette action concerne le matériau ou le
sol (horizon supérieur).
La décarbonatation a lieu grâce à des acides organiques (CO2 dissout) :
CaCO3 + CO3H2 Ca(CO3)H2
Ca(CO3)H2 est soluble, donc entraîné par les eaux, hors du profil de sol.
C’est principalement le calcaire actif (en fines particules de 50 à 100µ m de CaCO3) qui est
susceptible d’être facilement solubilisé.
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Figure 14 : Empruntes de racines dans le calcaire par dissolution dans la zone de production de CO2
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En résumé, les processus mécaniques sont davantage du domaine des régions froides et des
régions arides, car les variations de température jouent un rôle important. Donc dans les
régions froides et les régions désertiques.
Les processus chimiques sont favorisés par les températures élevées et l’abondance d’eau
dans le milieu. Donc plus importants dans les régions intertropicales.
Tous ces processus évoqués ci-dessus aboutissent à la formation des sols et à leur évolution.
IV.1. Définition
La première conséquence des phénomènes d’altération et des roches est la formation des sols.
Le sol fait partie intégrante des écosystèmes terrestres et constitue l’interface entre la surface
de la terre et le socle rocheux. Il se subdivise en couches horizontales successives aux
caractéristiques physiques, chimiques et biologiques spécifiques. Le mot sol a une
signification différente selon la spécialité.
Du point de vue agronomique, le sol est le support des plantes, cultivées ou non. C’est la zone
exploitée par les racines. Principal objet d’étude des agronomes, le sol en tant que zone
travaillée par les instruments aratoires, est le support des cultures.
Du point de vue pédologique, le sol est une zone mince formant la partie superficielle de
l’écorce terrestre affectée par les différents processus de l’altération physique ou mécanique
(désagrégation) ou ceux de l’altération chimique (décomposition), susceptibles de transformer
le substrat et de le différencier en horizons.
Du point de vue écologique, le sol est un milieu triphasique avec une phase solide, minérale et
organique. Ce milieu, poreux, hautement réactif est un lieu d’échanges fonctionnant comme
un réacteur chimique. C’est le lieu privilégié des fonctions biotransformatrices des
écosystèmes grâce à l’activité des microorganismes.
Pour le géotechnicien un sol est matériel terrestre organique ou non qui va se dégrader par
remaniement mécanique de faible intensité ou qui va se débiter dans l’eau. On peut l’excaver
sans dynamitage. On comprend donc qu’une roche friable pour un géologue devient sol chez
le géotechnicien.
Pour le géologue, un sol est une simple accumulation in situ des produits d’altération des
roches. Ce type de sol peut s’être développé à partir d’une roche ou à partir de matériaux
transportés comme par exemple les dépôts glaciaires, le sable ; les lits argileux. Le sol
constitue la partie superficielle du manteau d’altération avec lequel il peut se confondre.
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Au stade ultime, on peut voir apparaître les quatre couches bien différenciés ( A, E, B et C).
Figure 17 : Stade ultime de formation des sols avec les quatre horizons différenciés
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Topographie Temps
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Introduction
En géomorphologie, l’érosion est le processus de dégradation et de transformation du relief, et
donc des roches, qui est causé par tout agent externe (donc autre que la tectonique). L’érosion
désigne donc l’ensemble des phénomènes de dégradation, d’ablation, de destruction et d’usure
des roches. L’érosion implique une désagrégation superficielle de la roche ou du sol appelée
météorisation. Elle se produit sur place, et produit des débris. C’est un phénomène
essentiellement physique qui sous-tend la dynamique et le transport. La formation de
nouveaux paysages par l’érosion va dépendre de la nature de la roche, de sa structure ou
texture, de sa disposition (inclinaison) et de son état de fracturation.
Cependant, il existe un phénomène antagoniste à l’érosion, l’isostasie. En effet, à l’échelle
continentale, l’érosion par les eaux de ruissellement, la glace et le vent tend à aplanir les
reliefs vers un profil de base qui est le niveau des mers.
Selon le principe d’isostasie, (rappelons que la lithosphère "flotte" sur l'asthénosphère),
l'ablation d'une tranche de matériaux à la surface d'un continent entraîne un rééquilibrage des
masses. Il y a remontée de l’ensemble de la lithosphère continentale. De cette manière, la
croûte continentale s'amincit progressivement; on tend vers la pénéplaine et vers une
épaisseur de croûte continentale qui soit compatible avec l'épaisseur de la croûte océanique,
en conformité avec les densités respectives des deux croûtes (figure 19 a, b c).
c. Réajustement
Figure 19 : Phénomène d’isostasie
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Un relief dont le modelé s’explique principalement par l’érosion est dit « relief d’érosion ».
Les facteurs d’érosion sont :
- Le climat ;
- La pente ;
- La physique (dureté) et la chimie (solubilité par exemple) de la roche ;
- L’absence ou non de couverture végétale et la nature des végétaux ;
- L’histoire tectonique (fracturation par exemple) ;
- L’action de l’homme (pratiques agricoles, urbanisation).
L’érosion agit à différents rythmes et peut, sur plusieurs dizaines de millions d’années, araser
des montagnes, creuser des vallées, faire reculer des falaises. Des phénomènes naturels tels
qu’une avalanche ou un orage peuvent modifier considérablement la paysage de manière
presque instantanée.
Dans le processus d’érosion on distingue généralement trois phases distinctes :
- Destruction du matériel rocheux (ablation du matériel) ;
- Transport ;
- Accumulation des débris (dépôts du sédiment).
I. L’érosion mécanique
La désagrégation mécanique se produit sous l’action d’une force physique qui arrache des
morceaux de roches plus ou moins volumineux :
- Eclatement dû au gel ou à la chaleur ;
- Usure par frottement : glacier, écoulement d’eau (cavitation) ou vent ; ce sont les
débris charriés par ces facteurs (roches, graviers, quartz ou sable) qui sont
efficaces dans le processus d’érosion. L’érosion mécanique est particulièrement
active dans les milieux froids (gels et dégels) et/ou arides.
L’érosion est causée par les eaux de ruissellement, le vent et les différences de température.
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Arche naturelle, creusée par l'érosion, Phénomène d'érosion éolienne et hydrique sur
Capitol Reef National Park, États-Unis. sol dévégétalisé, Ile Maurice
L’érosion causée par le vent ou érosion éolienne : elle est particulièrement plus active sur les
sols nus. Le vent érode par déflation et corrasion.
La déflation est l’action de balayage par le vent des débris meubles et fins du sol. Elle opère
un tri des matériaux. Le vent emporte les matériaux les plus fins et laisse sur place les plus
grossiers. On obtient comme résultat, un véritable paysage de cailloux appelé Reg. Le Reg est
une vaste plaine sur laquelle il ne reste que des cailloux, le vent ayant emporté les sables. Les
sables emportés s’accumulent pour former des dunes.
La corrasion est l’action mécanique d’attaque de la roche par le vent chargé de matériaux
qu’il transporte. C'est un phénomène d'abrasion par l'eau et le vent. La corrasion donne un
I.6. Le Transport
Parmi les roches détritiques on trouve l'argile, le grès, les brèches, les poudingues, la molasse,
le sable, le limon, le lœss.
II.3. Le littoral
Calanque de Sormiou
supérieure à la capacité d'infiltration du sol (figure 2.a). Cependant, les hydrologues ont
montré qu'il était rare d'obtenir une bonne corrélation entre le volume ruisselé sur un bassin
versant et l'intensité des pluies. On a donc cherché une autre explication.
Selon la théorie de la saturation du milieu, le ruissellement naît lorsque l'espace poreux du
sol est saturé (figure 2.b). Lorsqu'un milieu est totalement saturé, toute goutte d'eau tombant
dans ce milieu ruisselle, quelle que soit l'intensité de la pluie.
Théorie de la contribution partielle de la surface du bassin au ruissellement
A la figure 2.c, on constate que le ruissellement observé au niveau de la rivière est fonction de
la surface du sol saturé au fond de la vallée. l'ensemble du bassin versant va contribuer
au volume écoulé par la rivière par extension de la surface saturée, la nappe étant
alimentée directement par le drainage de l'ensemble du bassin.
volume ruisselé car sur forte pente, on observe un meilleur drainage interne et une
formation plus lente des pellicules de battance, lesquelles sont détruites au fur et à
mesure par l'énergie du ruissellement. Le facteur longueur de pente intervient
également sur le volume ruisselé, mais si théoriquement, ce volume en
pourcentage reste constant le long de la pente, il apparaît dans de nombreux cas,
lorsque les sols sont dénudés, que le coefficient de ruissellement diminue lorsque
la pente augmente ;
- Les techniques culturales peuvent augmenter de façon considérable l'infiltration.
I.4.2. Quels sont les facteurs qui vont jouer sur la vitesse du fluide ?
Le deuxième facteur, qui peut jouer pour réduire ou augmenter l'énergie cinétique du
ruissellement, est la vitesse de celui-ci.
- cette vitesse dépend d'une part de l'épaisseur de la lame ruisselante et de la pente du
canal et d'autre part, de sa rugosité. La pente augmente la vitesse de l'écoulement et
donc la vitesse d'avancement de la ravine mais le ravinement peut très bien
commencer sur des pentes inférieures à 1 % ;
- la position de la parcelle dans la topographie peut aussi avoir un rôle majeur. En
effet les eaux peuvent drainer dans le sol jusqu'à atteindre le fond de la vallée mais au
niveau d'affleurement des nappes, il peut se développer du ravinement qui entraîne par
la suite une érosion régressive ;
- enfin, il faut noter la différence d'altitude qui va régler la profondeur des ravines; en
effet, la hauteur de chute des eaux dans la ravine, entraîne une énergie de tourbillon
considérable, laquelle va accélérer la vitesse d'érosion ou la vitesse d'avancement des
têtes de ravines ;
- l'influence du couvert végétal sur l'érosion linéaire est complexe car il protège
contre la battance des pluies, donc prolonge la perméabilité du sol et réduit le volume
ruisselé ;
- le sol, enfin, intervient à différents niveaux.
II. L'érosion en masse
Alors que l'érosion en nappe s'attaque à la surface du sol, le ravinement aux lignes de drainage
du versant, les mouvements de masse concernent un volume à l'intérieur de la couverture
pédologique.
II.1. Les formes d'érosion en masse
Les phénomènes de mouvement de masse sont très nombreux mais on peut les regrouper en
six groupes principaux (figure 3):
2. Mouvements lents
La cause des mouvements de masse (lents ou rapides) est à rechercher dans le déséquilibre
entre d'une part, la masse de la couverture pédologique, de l'eau qui s'y trouve stockée et des
végétaux qui la couvrent et d'autre part, les forces de frottement de ces matériaux sur le socle
de roche altérée en pente sur lequel ils reposent (pente limites de 30 à 40 degrés = 65 %). Ce
déséquilibre peut se manifester progressivement sur un ou plusieurs plans de glissement suite
à l'humectation de ce(s) plan(s) ou par dépassement dans la couverture pédologique du point
d'élasticité (creeping avec déformations sans rupture) ou de liquidité (coulées boueuses).
Le déséquilibre est le plus souvent brutal et associé à deux types d'évènements isolés ou
combinés:
- les secousses sismiques et les averses orageuses abondantes et intenses (plus de 75
mm en 2-3 heures).
- La circulation rapide de l'eau dans les fissures ou des mégapores (tunnelling) jusqu'à la
roche pourrie provoquerait, à une certaine distance de la ligne de crête (5 à 95 m) ou
aux points de rencontre des filets d'eau dans le sol, une pression hydrostatique capable
de repousser la masse réorganisée des sols, de décoller celui-ci par rapport à un niveau
de fragilité de la roche pourrie: d'où la fréquence élevée des glissements en planche
sur les schistes, les gneiss et les matériaux volcaniques poreux déposés sur les roches
imperméables (ex. les cendres volcaniques sur dômes granitiques).
Les facteurs qui favorisent ce déséquilibre sont les secousses sismiques, les fissurations suite
à l'alternance gel/dégel ou à la dessiccation des argiles gonflantes, l'altération de la roche,
l'humectation jusqu'à saturation de la couverture pédologique, l'humectation du plan de
glissement qui devient savonneux (présence de limons issus de l'altération des micas), des
roches présentant des plans de clivage ou de fracture préférentiels (argilites, marnes, schistes,
roches micassées, gneiss).
L'homme peut accélérer la fréquence de ces mouvements de masse en modifiant la géométrie
externe du versant (par terrassement, creusement d'un talus pour installer une route ou des
habitations, surcharge d'un versant par des remblais, modification des écoulements naturels,
érosion au pied d'un versant par une rivière dont le cours est modifié, etc.).
La végétation intervient également. Même les arbres isolés semblent avoir un effet puisque
seules les pistes non plantées d'arbres montrent des traces de glissement de terrain: une rangée
d'arbres suffirait pour éviter ces processus. Cependant, quelques gros glissements ont eu lieu
dans les zones forestières les plus humides (P> 2000 mm). La reforestation n'est donc pas une
arme absolue contre les glissements de terrain et le type d'arbres (de forêt) n'est probablement
pas indifférent.
Les formes convexes des versants (altération en demi-orange) et les vallées profondément
entaillées sont aussi des facteurs favorables aux glissements de terrain.
II.3. Les facteurs de risque de glissement de terrain
Les facteurs de résistance au glissement d'une couverture pédologique, apparaissent dans
l'équation de Coulomb:
S C (P U ). tan(F ) où S représente la résistance au cisaillement, C la cohésion du sol, P
la pression normale à la surface du mouvement due à la gravité, U la pression d'eau
interstitielle dans le sol, F l'angle de frottement interne et tangente de F. le coefficient de
frottement.
Les glissements se produisent lorsque la contrainte de cisaillement dépasse la résistance du sol
ou lorsque la limite de plasticité ou de liquidité est atteinte. Le creep est souvent observé
lorsque la couverture pédologique est épaisse, la pente forte et le climat très humide.
Les glissements de terrain en planche sont favorisés par la présence de gneiss, de schistes ou
de cendres volcaniques projetées sur les pentes convexes de schiste ou de granit en cas de
pendage dans le sens de la pente, lorsque la couverture pédologique n'est pas très profonde,
sur des fortes pentes (> 60 %) ou encore lorsqu'il existe un niveau imperméable ou un plan de
contact en forte pente excessivement lubrifié.
Les versants en bourrelets ou moutonnés sont généralement liés à des milieux humides et
marneux, de même que les glissements de terrain rotationnels. Les sapements de berges et
ceux de têtes ou de flancs de ravines, sont généralement liés à la présence d'écoulements qui
creusent sous la couverture pédologique jusqu'à l'éboulement du matériau. On peut observer
également des effondrements de tunnels provenant de la dissolution de gypse ou de sel ou
creusés par des rongeurs à l'intérieur de la couverture pédologique dans lesquels les eaux vont
s'engouffrer. Les sapements de berges sont fréquents dans les courbures des rivières et lors de
la formation de méandres.
III. L'érosion éolienne
L'érosion éolienne prend de l'importance en Afrique de l'Ouest dans les zones tropicales
sèches, là où la pluviosité annuelle est inférieure à 600 mm, où la saison sèche s'étend sur plus
de six mois et où la végétation de type steppique laisse de larges plaques de sol dénudé.
Ailleurs elle peut aussi se développer dans des conditions de préparation du sol qui amènent
une pulvérisation importante des matériaux superficiels secs.
III.1. Les processus de l’érosion éolienne
Le vent exerce sur les particules solides au repos une pression sur la surface exposée au flux
d'air, appliquée au-dessus du centre de gravité, auquel s'oppose un frottement centré sur la
base des particules. Ces deux forces constituent un couple tendant à faire basculer et rouler les
particules lourdes (0,5 à 2 mm).
De plus, la différence de vitesse entre la base et le sommet des particules provoque leur
aspiration vers le haut. Les particules les plus légères s'élèvent à la verticale jusqu'à ce que le
gradient de vitesse ne les porte plus. Elles retombent alors, poussées par le vent, suivant une
trajectoire subhorizontale. En retombant, ces grains de sable transmettent leur énergie à
d'autres grains de sable (comme dans un jeu de boules) ou dégradent les agrégats limono-
argileux en dégageant de la poussière.
Sur le terrain, on peut observer les trois processus suivants lorsque la vitesse du vent dépasse
15 à 25 km/heure (ou 4 à 7 m/sec.) selon la turbulence de l'air (figure 5).
La saltation de sables fins (0,1 à 0,5 mm): ce sont les nappes de sable soulevées par vent
violent qui circulent sur plusieurs dizaines de mètres sur des surfaces lisses et laissent au sol
des nappes de sables ridées (ripplemarks) ou des petites buttes de sable piégées dans les
touffes de végétation. Ce sont ces nappes de sable qui flagellent les rochers dans les zones
désertiques et leur donnent une forme caractéristique de champignon (corrasion).
La déflation entraîne le départ en suspension des particules légères du sol (argiles, limons et
matières organiques). Ces poussières sont aspirées par les tourbillons jusqu'à plusieurs
milliers de mètres d'altitude pour être ensuite dispersées sous forme de brume sèche ou pour
circuler sous forme de nuage sur plusieurs milliers de kilomètres..
La reptation (roulement ou traction ou glissement)
Les grains de sable (0,5 à 2 mm), trop lourds pour être aspirés en altitude, sont déséquilibrés
par les bourrasques du vent, roulés et traînés à la surface du sol jusqu'en haut des dunes qui
progressent ainsi de quelques mètres par heure de vent violent.
Le premier effet est le vannage des particules légères. L'érosion éolienne est très sélective.
Elle exporte à grande distance les particules les plus fines, en particulier les matières
organiques, les argiles et les limons qu'elle peut déposer à des kilomètres de distance.
L'accumulation de ces limons arrachés par le vent dans les steppes périglaciaires donne
naissance aux loess, terres fertiles qui couvrent de larges espaces.
Les formes les plus spectaculaires sont les dunes (figure 6), accumulation de sables plus ou
moins stériles qui migrent au gré des vents au point d'ensevelir les oasis et les cités anciennes.
La dégradation des croûtes de sédimentation à la surface des sols dénudés ou encore la
désagrégation des roches, à leur base, au niveau de leur contact avec le sol (abrasion).
Les nappes de sable qui circulent à faible altitude (30 à 50 m) peuvent dégrader les végétaux
(en particulier les jeunes semis de mil ou de coton dans les zones semi-arides). Finalement, les
effets de l'érosion éolienne entraînent un dessèchement du milieu par perte de capacité de
stockage des nutriments et de l'eau des terres.
III.3. Les facteurs modifiant l'importance de l'érosion éolienne
III.3.1. L'aridité du climat
Bien que l'érosion éolienne puisse avoir lieu également dans des climats humides lorsque
certains mois de l'année sont particulièrement secs (à condition que le sol soit préparé par des
techniques culturales qui pulvérisent la surface du sol), on constate en Afrique que l'érosion
éolienne ne se manifeste avec une certaine importance que là où les pluies sont inférieures à
600 mm, où l'on observe plus de six mois secs, où l'évapotranspiration potentielle dépasse
2.000 mm et où les sols sont dénudés et la végétation passe d'une savane à une steppe à plages
de sol dénudé.
Il faut aussi que la vitesse du vent dépasse un seuil de l'ordre de 20 km/h ou de 6 m/s sur sols
secs.
Les phénomènes d'érosion éolienne seront d'autant plus importants qu'il existe des vents forts
et réguliers ou des bourrasques prenant des directions dominantes.
Moins les sols comportent en surface de matières qui améliorent la structure (matières
organiques, fer et alumine libre, calcaire), et plus ces sols sont fragiles. Par contre, la présence
de sodium ou de sel entraîne souvent la formation d'une couche pulvérulente en surface, ce
qui favorise l'érosion éolienne.
III.3.5. La végétation
Les chaumes et les résidus de culture fichés dans le sol réduisent la vitesse du vent au ras du
sol.
b. Evolution de détail
Le détail des modelés dépend de l’évolution de trois zones, à savoir la surface des cuirasses,
leur rebord et les glacis.
b.1. Surfaces cuirassées
En dehors d’une évolution sur place marquée par un durcissement progressif de certaines
zones, un léger abaissement sur place, ou l’acquisition d’une topographie légèrement ondulée,
les surfaces cuirassées peuvent se démanteler à la suite d’un abaissement du niveau de base et
d’une phase climatique plus humide. Le modelé à profil convexe ou concave qui en résulte est
directement lié à cette évolution (fig. 3).
b.2. Rebord des cuirasses et des bowé.
L’évolution maintes fois décrite est résumée dans la figure 4. Ce détail du modelé a une
grande importance dans la répartition des formations végétales, puisque la zone de cuirasse
éboulée, plus humide et aussi plus argileuse permet à la forêt de s’installer.
Fig. 3 : Evolution d’une surface cuirassée par altération (a. Glacis cuirassé ; b. Démantèlement de la
surface, dissection par un réseau hydrographique ; c. Intense altération ; d. Transformation en collines gravillonnaires et
Ces vallons prennent une forme différente sur la périphérie et plus particulièrement en
bordure des lagunes : fortement incisés, ils sont à fonds plats et proviennent d’une reprise
d’érosion récente.
L’origine du modelé particulier réside dans la nature même de ce matériel essentiellement
quartzeux que dans l’action des agents d’érosion mécanique. Cependant, cette altération existe
néanmoins et fractionne en particulier les sables en éléments plus petits, de la taille des sables
très fins et des limons. Les sables surtout lorsqu’ils sont ferrugineux à l’origine, donnent des
formations superficielles relativement compactes durcissant à la sécheresse et assez
imperméables pour permettre le ruissellement. Le processus est lent et ne se développe que
sur des pentes faibles, mais il peut expliquer d’une part les différences entre les plateaux et les
incisions de la bordure dues à une reprise d’érosion rapide, d’autre part le ruissellement
important qui passe au ravinement.
III.4. Les modelés sur roches vertes
Les formes qui sont liées aux roches vertes dominent souvent franchement les plateaux ou les
plaines par de hautes buttes dont le commandement est souvent de 300 à 400 m et sont
repérables dans le paysage. Ces buttes à sommets souvent tabulaires, cuirassés, et à flancs
rigides et irréguliers dans le détail sont en fait de forme complexe et correspondent aux reliefs
décrits dans en région de savane. Même sous forêt les séquelles du passé dominent encore
l’évolution morphogénétique et celle-ci n’apporte en fait qu’une modification de détail:
- les cuirasses du sommet sont attaquées par une déferruginisation exercée par les
matières organiques forestières, disloquées par les racines et la chute des arbres ;
elles s’éboulent sur leurs fronts par suite d’un sapement de la base par les eaux
souterraines, etc. Elles forment des corniches qui dominent les versants.
- les versants évoluent par ruissellement avec parfois une solifluxion par
décollements.
- les parties basses de ces versants sont par contre mieux adaptées à la morphologie
tropicale humide, mais l’influence de la raideur des pentes perturbe encore son
action. La teneur en argile du matériau d’altération favorise la solifluxion et le
ruissellement diffus en surface. Mais les pentes fortes et longues permettent aussi
un ruissellement concentré qui se manifeste sur les versants par des sillons
d’érosion au profil en V, sans élargissement des fonds.
La Côte d’ivoire, comme une grande partie de l’Afrique et l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest
représente le «triomphe de l’horizontalité». Peu de choses distinguent ses paysages des autres
paysages de la plateforme ouest africaine. L’unité, la planité d’ensemble qui s’en dégagent,
sont associées à l’allure générale du socle qui s’incline du Nord vers le Sud en direction de
l’Atlantique avec une pente régulière. La Côte d’ivoire semble recouvrir trois modelés plus ou
moins affaissés : le plus élevé est le plus occidental, autour de Man, le plus affaissé étant celui
qui est actuellement occupé par les pays des lagunes. Mais la majeure partie du modelé est
ondulée, caractérisée par une succession de collines subaplanies et en définitive très
monotones, bien que parfois entrecoupées de reliefs résiduels plus élevés, comme posés sur la
pénéplaine.
Du Nord au Sud, on passe d’un paysage de plateaux développés en glacis à celui d’une plaine
au réseau hydrographique peu organisé, avec une zone intermédiaire plus ou moins bien
développée, et dont le caractère de marche est visible dans le paysage.
Bien plus, dans le détail apparaît souvent une impression de microcloisonnement, d’évolution
en ordre dispersé et en définitive de discontinuité et de morcellement.
Les variations climatiques, au moins celles du quaternaire, ont profondément marqué ces
paysages et des différences se font jour selon que l’on se trouve dans une province schisteuse
ou granitique. Aussi les paysages sont marqués par une certaine opposition selon que l’on se
trouve en zone de forêt ou de savane.
Les reliefs sont organisés en de grands domaines : les plateaux du nord et les plaines qui leur
font suite vers le sud avec une zone intermédiaire qualifiée de marche centrale. Deux unités
sont facilement décelables, à savoir la frange littorale donnant des formes particulières
quoique variées, et l’Ouest qui correspond à la retombée de la dorsale guinéenne.
B. La répartition des reliefs
I. La retombée orientale de la dorsale guinéenne
L’extrémité du bourrelet des hautes terres qui prolonge vers l’Est le Fouta-Djalon et marque
la ligne de séparation entre les eaux se dirigeant vers le bassin du Niger au Nord et le drainage
atlantique au Sud, atteint la CI dans sa partie nord et ouest. Cette dorsale guinéenne se
présente comme une succession de hauts et moyens plateaux, avec quelques uns des reliefs les
plus spectaculaires de l’Afrique occidentale (montagne et plateau). Mais alors que le socle
essentiellement granitique se maintient aux alentours de 500 à 600 m d’altitude en Guinée, il
se trouve à son entrée en CI vers 400 m pour s’abaisser lentement tant au Nord qu’au Sud très
exactement selon une ligne NE-SW. La partie sud de cet ensemble comporte encore quelques
reliefs plus importants qui semblent jaillir de ces plateaux et être sans liens apparents avec
eux ; vraie montagne aux formes hardies comme le Nimba ou lourdes croupes plus molles
comme le massif de Man. Dans cette région, trois grands compartiments peuvent être définis :
I.1. Le compartiment montagneux
Ce compartiment correspond à ce que les géographes humains appellent «l’Ouest» de la CI, et
comporte les reliefs les plus vigoureux de ce pays :
- d’une part le massif du Nimba et sa bordure, qui marque la frontière entre le Libéria, la
Guinée et la CI, et culmine à 1 750 m.
- d’autre part le grand ensemble du massif de Man dont certains sommets s’élèvent au-
dessus de 1 000 m et qui forme un arc de cercle de près de 120 km.
Des cours d’eau importants délimitent cette région sur la plus grande partie de son périmètre :
Férédougouba au Nord, Sassandra à l’Est, Nuon et Cavally à l’Ouest et au Sud-ouest. A partir
du pied du massif du Nimba, une surface de plateaux ou de glacis s’étend et s’abaisse
progressivement vers le Sud depuis l’altitude de 500 m jusque vers 200 m, et se raccorde
insensiblement au domaine des glacis méridionaux. Le réseau hydrographique principal, est
tourné vers le drainage atlantique et est contenu entre des vallées étroites et encaissées
descendant de toute cette zone montagneuse.
I.1.1. Le massif du Nimba et sa bordure
A la convergence des trois frontières, la silhouette rectiligne du Nimba s’aperçoit de loin avec
sa terminaison vers le Nord. Elle domine la zone forestière de près de 1 300 m, s’élevant d’un
seul jet à plus de 1700 m. Il s’agit d’une haute chaîne appalachienne, présentant une
remarquable adaptation à la structure : ce massif est étroitement lié à une série sédimentaire
plus ou moins métamorphique redressée à la verticale et qui affleure au milieu de régions
cristallines ; la zone axiale est moulée sur la tranche d’une puissante barre de quartzites à
magnétites qui constitue le terme principal de la série. Muraille dressée au-dessus du
piedmont, ce massif est caractérisé par des flancs rigides, des cimes rabotées par une surface
d’érosion en ruban, ou crêtes en dents de scie, des vallées intérieures longitudinales selon
l’axe de l’ensemble, des balcons cuirassés perchés vers 1300 m, hautes ‘‘mesas’’ cuirassées
formant le socle vers 800 m, au dessus de 500 m, de basses terres meubles parfois
marécageuses. Modelés évocateurs de formes tempérées en haut, de style tropical soudanien
au dessous et modelés tropicaux humides tout en bas. Le piedmont sud-est de la chaîne se
raccorde insensiblement au reste de la CI des glacis.
l’Ouest), tout comme les plateaux du Nord et façonnées par les mêmes processus
d’ablation, mais ces buttes perdent de leur ampleur, et les reliefs individuels
disparaissent.
Tous ces caractères font de cette région une zone de bas-plateaux et un secteur de transition
et le caractère de gradin ou de longues «marches» paraît mieux s’appliquer à elle.
III.1. Les glacis méridionaux
III.1.1. Les glacis de l’Ouest
La forme en glacis semble la mieux conservée dans l’Ouest, et occupe deux zones de part et
d’autre du Sassandra :
a. le Nord de l’interfluve entre Sassandra et Cavally, jusqu’à la latitude de Taï, où
prédominent des surfaces granitiques aplanies, gravillonnaires, souvent même arénacées,
indiquant des retouches dans le système des glacis.
b. le grand interfluve entre Sassandra et Bandama, jusqu’à la latitude d’une ligne passant à
peu près par Soubré et Divo. Des glacis aplanis indifféremment établis sur schistes ou sur
granites s’abaissent de 300 vers 200 m d’altitude, et couvrent la majeure partie de cette unité ;
plusieurs nuances peuvent cependant être dégagées :
b.1. dans la partie Nord-est, entre Zuenoula et Bouaflé des bandes schisteuses
orientées NE-SW ont permis l’étalement de la Marahoué (Bandama rouge) en une large
dépression occupée par une longue série de méandres ;
b.2. dans la partie Nord-ouest, une zone plus aplanie et relativement déprimée, avec un
ennoyage généralisé, correspond au bassin de la Lobo entre Vavoua et Daloa.
b.3. plus au Sud, les surfaces subhorizontales autour de Gagnoa s’abaissent aux
environs de 200 m d’altitude, tandis que la région de Divo présente un modelé plus
différencié, du fait que l’on arrive à l’extrémité sud de ces glacis, avec début de l’action des
fleuves côtiers. Un substratum de roches vertes, prolongeant la guirlande des collines
traversant la CI en écharpe, est souligné par des reliefs tabulaires, cuirassés, assez vigoureux,
formant massif près de Hiré-Oumé et au Nord-ouest de Divo (Kazo). Ils ne sont en fait que les
prolongements de l’Alebouma-Boka et du Kokoumbo-Boka de la zone centrale.
III.1.2. Les glacis de l’Est
a. L’interfluve N’zi-Comoé
Cet interfluve correspond à la plus grande partie de la « boucle du cacao » et est presque
entièrement schisteux. Il se présente comme une succession monotone de bas-plateaux
(auxquels feront suite plus au Sud des plaines vallonnées), dont l’altitude décroît de 350 m au
Nord à 200 m au Sud ; là, les derniers lambeaux disséqués du glacis se terminent en lanières
aplanies avec des ressauts cuirassés dominant de larges vallées à profil concave.
Un seul accident notable interrompt ces glacis : il s’agit d’un alignement de collines de
schistes, d’orientation structurale NE-SW, s’allongeant sur près de 80 km entre Bongouanou
et Daoukro et dont certains pointements dépassent 600 m.
Le long de la limite ouest se place le contact schistes-granites qui sépare la CI en deux
provinces et souligné par la limite forêt-savane (branche orientale de V baoulé).
b. L’Est de la Comoé
Les glacis méridionaux sont moins bien développés dans l’Est. Moins amples, ces lambeaux
laissent une plus grande impression de glacis : ils sont plus rouges, plus cuirassés, plus
proches de la surface originelle.
Dans la partie septentrionale, le modelé aplani sur granite s’incline lentement à partir de 400
m d’altitude au sommet de l’interfluve entre la Volta et la Comoé. Entre Tanda et Bondoukou
s’élève une série de reliefs importants, pointements isolés ou alignements rocheux cuirassés.
Ces hauteurs correspondent à un ensemble complexe de granites intrusifs, et culminent à plus
de 700 m dans le massif à l’Ouest de Bondoukou. La partie méridionale, aux environs
d’Abengourou, repose entièrement sur un substratum de schistes birimiens, si l’on excepte
une amande granitique qui borde le cours du Manzon à l’Est. Les lambeaux subhorizontaux
des glacis passent progressivement de 300 à 200 m d’altitude et occupent les interfluves en
s’amenuisant vers le Sud.
III.2. La «marche» centrale
Cette zone de savane boisée (généralement à rôniers) ouverte dans la forêt dense occupe
l’interfluve Bandama-N’zi, qui est communément appelé le «V baoulé».
Les glacis du Nord s’abaissent progressivement de 400 m jusque vers moins de 100 m au
confluent N’zi-Bandama. Des ressauts existent, qui donnent à cet ensemble une allure en
longues marches inclinées : c’est l’impression que l’on ressent en prenant la route de Bouaké
vers Yamoussoukro.
L’importance relative des reliefs permet de dégager plusieurs unités en relation d’ailleurs avec
les formations géologiques :
- le horst granitique de Bouaké,
- la longue bande granitique, déprimée, qui s’étend de Toumodi vers M’Bahiakro ;
- Les bas pays schisteux de l’Ouest entre Tiébissou et le Bandama d’une part, ceux de
l’Est qui bordent le N’zi d’autre part ;
- l’ensemble des collines birimiennes du Yaouré et de Marabadiassa ;
- enfin la chaîne qui s’étire du Kokumbo-Boka à Fétékro.
pays mi-schisteux, mi-granitique qui s’étend jusqu’à la chaîne de Fétékro. Il est strié par le
réseau divergent des affluents du Bandama et du N’zi.
Vers le Sud, cette zone se prolonge par une série de hautes surfaces qui sépare elle aussi les
eaux du Bandama et du N’zi, et qui s’incline en larges panneaux vers le Sud.
b. La bande Toumodi-M’Bahiakro
Longue bande granitique déprimée, cette unité semble jouer le rôle d’un glacis
perpendiculaire à la direction générale. Elle est striée par une série d’affluents du N’zi qui
évacuent les eaux de la chaîne centrale.
III.2.2. Les pays schisteux
Le massif granitique central est entouré par des formations birimiennes schisteuses,
intrusives, qui donnent des paysages sensiblement différents.
a. L’Ouest
I1 est possible de distinguer deux sous-unités :
- Entre le massif de Yaouré proprement dit et Béoumi, s’étend un pays schisteux où les
plateaux cuirassés, les pentes fortes, les versants rectilignes, les bas-fonds plus étroits
donnent un modelé beaucoup plus contrasté.
- Au Nord-ouest, près de Marabadiassa, le paysage est très voisin du précédent, mais les
plateaux cuirassés sont mieux dégagés.
b. L’Est
Ce pays est constitué par la bande Singrobo-M’Bahiakro. Autre grand ensemble schisteux,
son modelé ne diffère guère de ceux de l’Ouest, et on y retrouve les mêmes systèmes de
pente, et quelquefois les mêmes plateaux cuirassés, mais il présente une certaine originalité
dès que l’on rencontre la zone forestière : les pentes y sont plus fortes, la cuirasse disparaît
pour laisser la place à des sols gravillonnaires.
III.2.3. Les collines
a. La «chaîne baoulé»
La série de reliefs correspond à un système peu élevé de rides et de collines dues à un matériel
essentiellement schisteux, avec de nombreuses passées de roches vertes et de quartzites.
S’étendant du mont Kokumbo au Sud-ouest, jusqu’à Fétékro au Nord-est, elle épouse
parfaitement la direction birimienne et offre une gamme de hauteurs plus ou moins
importantes, isolées ou groupées en alignements, parfois assez bien raccordées à la
pénéplaine, parfois aussi entourées de glacis cuirassés.
b. Les reliefs tabulaires
Ce sont les témoins des surfaces d’érosion plus anciennes, tels que I’Orumbo-Boka, le mont
Dido, le Kokumbo, le Blaffo-Gueto, les principaux sommets du Yaouré. Ils constituent les
points culminants du pays baoulé (450-500 m) et dominent puissamment les pays alentours.
Une cuirasse massive, épaisse, parfois bauxitique constitue la table supérieure, tantôt
horizontale, tantôt inclinée.
IV. Les Bas pays intérieurs
Au sud du 6’ parallèle, et plus précisément en dessous de la ligne marquant les 200 m
d’altitude, on entre dans un monde différent, qui échappe à la vieille plateforme africaine :
pays de collines, de vallonnements, de mamelonnements où les interfluves sont caractérisés
par des plateaux mal élaborés s’élevant entre 150 et 120 m et par des plaines dont le caractère
de grande monotonie est encore accentué par le couvert forestier.
Cette zone correspond au front d’attaque de l’érosion atlantique et est beaucoup moins
régulière que les plateaux. Deux caractères généraux s’en dégagent cependant : la faible
importance des volumes et la présence des eaux stagnantes.
- Les bossellements n’engendrent pas de dénivellations importantes puisque les zones en
reliefs ne dominent que rarement de plus de 20 m les zones déprimées. Partout une
épaisse couverture d’altérites et de sols empâte un modelé largement ondulé, exceptés
quelques accidents : rares dômes cristallins comme le Mont Nienokoué dans l’arrière
pays de Tabou, les Monts Haglé ou les collines de Céchi, de Binao, de Brafouédi,
buttes cuirassées comme 1’Angbanou au Nord d’Agboville ou le Boka Kpri près
d’Aboisso.
- Partout l’eau est présente, sous des aspects divers et souvent de façon temporaire. Mais
ces eaux semblent avoir des difficultés à se frayer un chemin, se rassemblant dans des
zones marécageuses et déprimées à certaines saisons de l’année, ou empruntant une
grande densité de talwegs à sec la plupart du temps.
Ici, le substratum géologique paraît déterminant : le façonnement différentiel joue à fond, en
fonction des variétés de schistes et de granites, et la topographie enregistre ces moindres
variations. Ces différences dans le détail se retrouvent à plus grande échelle :
- l’Ouest plus granitique présente un paysage où les caractères de confusion sont à leur
comble avec des mamelonnements informes et une quasi-absence de réseau hiérarchisé.
- l’Est plus schisteux s’ordonne mieux autour d’un chevelu hydrographique plus dense
mais aussi plus structuré, ce qui provoque des vallonnements.
IV.1. L'Ouest
Au Sud d’une ligne Taï-Soubré-Lakota-Divo, la plaine essentiellement granitique s’étend sur
250 km de long et 150 km de profondeur en moyenne. Mamelonnée, elle est assez uniforme,
confuse, sillonnée de nombreux cours d’eau très ramifiés ; elle s’incline, d’altitudes variant
entre 175 et 150 m vers Taï à une altitude de 80 m vers Grabo (le long de la frontière
libérienne). Quelques passées schisteuses aux vallonnements plus accentués apportent des
nuances dans le détail, comme par exemple les dépressions drainées par deux tributaires du
Cavally : le Hana et la Méno. Enfin, une lanière de roches vertes relaie les Monts granitiques
du Nienokoué (600 m) et se prolonge jusqu’aux abords du Cavally pour séparer cette plaine
des petits bassins côtiers.
IV.2. Le Centre et l'Est
La partie orientale de ces plaines intérieures est plus profonde puisqu’elle atteint parfois près
de 200 km. Domaine essentiellement schisteux, elle englobe les pays de la moyenne et basse
Comoé, de la moyenne Bia, ainsi que ceux qui se développent depuis une ligne passant un peu
au Nord du confluent N’zi-Bandama jusqu’à l’arrière pays d’Abidjan.
Le socle schisteux est parsemé de taches granitiques sur lesquelles s’étendent des plateaux
aux formes plus adoucies. Par ailleurs, quelques matériaux de type éruptif et d’âge birimien
sont responsables de reliefs accusés (souvent cuirassés) dans les régions d’Ayamé et
d’Aboisso, s’ordonnant suivant quatre barres rocheuses parallèles orientées NE-SW, et
séparant de larges couloirs à fond occupés par les schistes.
V. La frange littorale
Les grandes plaines intérieures deviennent rarement plaines littorales :
- à l’Ouest, les seules basses terres qui parviennent à la mer sont d’étroites langues
insinuées entre des collines cristallines le long des cours d’eau. Lorsque des plaines de
très faible altitude existent dans l’arrière pays, elles y forment des expansions
continentales que barrent le long du littoral des lignes de hauteurs. La côte y est
essentiellement rocheuse.
- au Centre et à l’Est, un nouvel élément vient interrompre les pays schisteux : il s’agit
de la couverture argilo-sableuse tertiaire du Continental Terminal, tandis que les
lagunes doublent une côte sableuse.
V.1. L'Ouest (de Tabou à Fresco)
Le socle en majeure partie granitique parvient jusqu’à la côte en une série de bas plateaux
finement disséqués par l’érosion : les fleuves côtiers se fraient des passages difficiles entre
des seuils soulignés par des rapides et quelques plaines intérieures remblayées. Ils forment des
élargissements en arrière des sables littoraux qui barrent plus ou moins leurs embouchures :
c’est typiquement une côte à limons. Le reste de la côte est rocheux à l’Ouest du Sassandra
avec des falaises importantes, plus varié à l’Est où alternent des zones rocheuses et des zones