Cours - EL ARAFI - FL - MAster - FPF - S2 - MARS20 - FR
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S2 : Finances Locales
Mars, 2020
________________________________________________________________ Recettes et Dépenses des Collectivités Territoriales
TABLE DE LA MATIERE
1. CADRAGE DE L’ETUDE................................................................................................................ 5
1. Cadrage de l’étude
L’architecture et la logique des finances locales sont influencées, en soi, par des
mutations juridico-institutionnelles touchant la Constitution, la législation et la
réglementation des CT, ainsi que la réforme budgétaire en générale :
Une nouvelle
génération
Un nouveau de réforme
cadre budgétaire
législatif et globale
réglementaire Une réforme
régissant les constitutionnelle
finances renforçant
locales la décentralisation
et les ressources financières affectées par l’État (article 141), et d’autre part, par la
création d’un « fonds de mise à niveau sociale » destiné à la résorption des déficits en
matière de développement humain, d’infrastructures et d’équipements et d’un autre
fonds nommé « fonds de solidarité interrégionale » visant une répartition équitable des
ressources, en vue de réduire les disparités entre les régions (article 142).
Dans le même ordre de logique la Constitution a veillée sur l’exigence de créer une
synergie entre les différents niveaux des CT, à travers la consécration du rôle
prééminent de la Région par rapport aux autres collectivités, dans le respect des
compétences propres de ces dernières (article 143) et la mutualisation des moyens et
des programmes des CT (article 144).
1 Il s’agit de : la Loi organique n° 111-14 relative aux régions promulguée par le dahir n° 1-15-83 du 20
ramadan 1436 (7 juillet 2015) ; la loi organique n°112-14 relative aux préfectures et provinces promulguée
par le dahir n°1-15-84 du 20 ramadan 1436 (7 juillet 2015) ; la Loi organique n°113-14 relative aux
communes promulguée par le dahir n°1-15-85 du 20 ramadan 1436. (7 juillet 2015)
Les objectifs de la gestion efficiente des politiques publiques fixées par la LOLF et le
besoin croissant d’une information financière et budgétaire de qualité nécessitent le
renforcement de nouveaux dispositifs de pilotage et de contrôle, tels que le contrôle
de gestion et le contrôle interne.
Principe de visibilité
stratégique
Principe de
Principe de transparence
subsidiarité financière et
comptable
Principe de
Principe de la libre
solidarité et de
administration axée
mutualisation
sur la performance
financière
Principe de budget
participatif et inclusif
de l’approche genre
2 Article 83 de la LO n°111-14 :
3 Article 80 de la LO n°112-14
4 Article 78 de la LO n°113-14
5 Voir Article 83 de la LO n°111-14 ; Article 80 de la LO n°111-14 ; Article 78 de la LO n°113-14
Cette PBT telle qu’institutionnalisée par les nouvelles LO des CT devrait être glissante
actualisée chaque année. Ainsi, les données de la première année de cette
programmation budgétaire triennale sont celles du projet du budget local et les
données afférentes aux deux années suivantes sont indicatives mais doivent être
réalistes.
Cette PBT doit également faire l’objet d’une actualisation annuelle faisant ressortir les
écarts par rapport aux prévisions initiales.
§ Ponctualité des transferts péréquatés de l’État
Comme il sera développé ci-après, l’État (via la DGCL) transfert aux CT des dotations
péréquationnelles (Ex. 30% du produit de la TVA au profit des communes), souvent
sous forme de deux dotations : (i) une dotation dont l’utilisation n’est soumise à
aucune condition qui est inscrite à la première partie du budget (fonctionnement) au
chapitre 10 article 50 paragraphe 10 et intitulée « Part dans le produit de la TVA » et
(ii) une dotation spéciale d’investissement TVA inscrite à la deuxième partie du budget
(équipement) au chapitre 50 article 20 paragraphe 10 et destinée au financement
des dépenses d’équipement.
Quant au calendrier de prévisibilité et de débogage des transferts6, il y a lieu de
préciser que seule la première dotation non affectée est prévue au budget
initialement approuvé au cours de la session d’octobre de l’assemblée délibérante.
Son montant est communiqué annuellement par le Ministre de l’intérieur
généralement en octobre, ce qui ne laisse pas suffisamment de temps au service
financier pour la finalisation du budget de la CT.
Quant à la dotation destinée au financement des dépenses d’équipement, son
montant n’est pas communiqué à la CT au moment de la préparation du budget, et
elle n’est pas prévue au budget initial. Elle est mobilisée au fur et à mesure de
l’exécution des dépenses d’équipement auxquelles elle est affectée et donne lieu à
une inscription budgétaire concomitante dans la deuxième partie du budget en cours
d’année au moyen de la procédure d’autorisation spéciale.
De surcroit, la DGCL peut également allouer aux CT des subventions exceptionnelles,
sous forme d’autorisations spéciales dont la décision est soumise parfois à des
considérations d’ordre stratégique et extra-financier.
6 Le calendrier de versement des dotations globales de TVA non conditionnelles au profit des collectivités
locales est fixé par la note conjointe n° 16/DCPC/DER du 1er avril 2008 de la Direction générale des
collectivités locales et la Trésorerie générale du Royaume relative à la procédure de versement de la
part de la TVA revenant aux collectivités locales. Suivant cette note, la dotation globale de la TVA doit
être versée en quatre tranches trimestrielles égales le 15 janvier, le 30 mars, le 30 juin et le 30 août.
En outre, la note conjointe n° 16/DCPC/DER fixe également la procédure de décaissement de la part
TVA revenant aux collectivités locales. Suivant les informations obtenues de la TGR, les déblocages
effectifs interviennent généralement avec quelques jours de retard, mais toujours dans le trimestre
concerné.
Ligibilité de
Accessibilité l'information
à l'information financière par
financière des budgets
citoyens
Sincérité de
l’information
budgétaire et
comptable
7 FMI, (KOPITS et CRAIG, Manuel sur la transparence en matière de finances publiques, La cinquantième
réunion à Washington, le 16 avril 1998, p.6
modalités de l’exercice de ce droit par la loi n° loi n° 31-13 relatif au droit d’accès à
l’information8.
Selon les meilleures pratiques internationales de l’IBP sept documents budgétaires sont
considérés : le rapport préalable au budget, le projet de budget de l’exécutif, le
budget des citoyens, les rapports en cours, en milieu et fin d’année et, enfin, le rapport
d’audit (voir figure).
Figure 6 : Utilité des informations budgétaires tout au long du cycle budgétaire
Les LO régissant les trois niveaux des CT en retiennent l’essentiel lorsqu’elles prévoient
que La CT doit, sous la supervision du président de son conseil : adopter l’évaluation
de son action, mettre en place le contrôle interne, recourir à l’audit et présenter le
8 La loi n° 31-13 relatif au droit d’accès à l’information soumet l’exercice de ce droit à certaines formalités
: (i) Il faut désigner une ou plusieurs personnes en charge, en tant qu’interlocuteur(s) officiel(s), de la tâche
de recevoir les demandes d’accès à l’information, de mettre à disposition les informations demandées
et d’aider à la formulation des demandes d’accès à l’information en cas de besoin ; (ii) la personne en
charge doit répondre à la demande d’accès à l’information dans un délai qui ne dépasse pas 15 jours
et qui prend effet à la date de la remise de la demande (art.13) (iii)la personne en charge doit justifier le
refus total ou partiel d’accès à l’information par une réponse écrite remise ou adressée au demandeur ;
(iv) l’accès à l’information s’effectue sur la base d’une demande formulée par l’intéressé directement,
contre un récépissé que lui remet la personne en charge, et dans laquelle sont clairement détaillées les
informations qu’il désir obtenir. La demande peut être adressée par voie postale avec accusé de
réception ou voie électronique contre avis de réception.
bilan de sa gestion. A cet effet, La CT programme, dans l’ordre du jour de son conseil,
l’examen des rapports d’évaluation, d’audit et du contrôle et la présentation du bilan.
Ces rapports sont publiés, par tous moyens convenables, afin que le public puisse les
consulter9.
Seulement, la question n’est pas celle de l’existence ou de la production de
l’information dans l’absolu, mais son accessibilité et sa pertinence. Ce dernier aspect
est souvent non satisfait par l’information générale que peuvent comprendre les
documents budgétaires diffusés.
Le véritable enjeu de l’exercice réside en fait dans la capacité d’apprécier le degré
d’accessibilité des citoyens à une information pertinente et facile à comprendre, mais
également de mesurer le degré de participation, l’implication dans le débat, la
supervision et le contrôle qui accompagnent (ou non) le processus budgétaire.
L’approche pourrait permettre de connaitre concrètement les priorités retenues au
niveau de l’affectation des ressources budgétaires : qui paie (catégories sociales,
entreprises, secteurs) quoique Cette information est indispensable pour l’évaluation
des politiques publiques qui passe par une connaissance précise des prévisions et des
réalisations budgétaires.
§ Lisibilité de l’information financière par des budgets citoyens
Il ne suffit pas que l’information soit accessible, mais il doit être surtout lisible. En effet,
le volume de l’information produite reste sans utilité s’elle n’est intelligible et facile à
comprendre pour les citoyens les moins avertis. Pire encore, l'extrême abondance des
données budgétaire et fiscales, leur brouillage et le manque de pertinence du
classement automatisé ne permettent guère au citoyen de connaître et de maîtriser
ce qui se déroule au cœur du processus de gestion des finances locales.
Sinon le citoyen se retrouve dans une situation d’observateur incapable d’en saisir
l’essentiel ; au contraire la surabondance de l’information noie la réflexion et biaise le
bon raisonnement chez les citoyens les moins avertis. Le résultat est que ces derniers
ont souvent mal à interpréter avec lucidité les informations fournies et il leur sera très
difficile de mesurer les informations à leur juste valeur.
Certes, les finances locales ont leur terminologie technique, mais cela ne doit pas être
une raison pour que sa compréhension soit réservée au circuit des initiés et au monde
des experts.
§ Sincérité de l’information budgétaire et comptable
Les trois LO régissant les finances des CT prescrivent que le budget de la CT doit
présenter une image sincère de l’ensemble de ses recettes et charges. L’évaluation
9 Voir Articles 246 et 249 de la LO n°111-14 ; Article 216 et 219 de la LO n°111-14 ; Article 272 et 275 de la
LO n°113-14
de la sincérité des recettes et charges doit ainsi se faire selon les données disponibles
au moment de la préparation du budget et les prévisions qui en résulteraient10 .
La sincérité de l’information budgétaire et comptable est vérifiable d’une part, par les
Juridictions financières (Cours Régionales des Comptes). Ces dernières sont
constitutionnellement chargées d’assurer le contrôle des comptes et de la gestion des
CT et de leurs groupements. Elles sanctionnent, le cas échéant, les manquements aux
règles qui régissent les opérations financières publiques (Article 149).
D’autre part Les opérations financières et comptables de chaque CT11 font l’objet
d’un audit annuel, effectué soit par l’Inspection générale des finances (IGF) ou par
l’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT) ou de manière conjointe
par l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale de l’administration
territoriale ou par une instance d’audit dont l’un des membres est délégué et dont les
attributions sont fixées par arrêté conjoint de l’autorité gouvernementale chargée de
l’intérieur et de celle chargée des finances.
La libre administration est, désormais, un principe constitutionnel (Article 136) sur lequel
devra reposer toute l’organisation territoriale du Royaume. Pour ce faire, les CT
disposent, dans leurs domaines de compétence respectifs et dans leur sort territorial,
d’une part d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs attributions (Article
140) et d’autre part, de ressources financières propres (Article 144).
Fidèlement repris par les LO régissant les différents niveaux des CT12, le principe de libre
administration vise à garantir un espace de liberté dans lequel les CT peuvent agir
dans la logique qui s'articule autour d’un nouveau paradigme « laissons les élus gérer».
Il s’agit, à vrai dire, d’un attribut essentiel pour ancrer la culture de la performance au
sein des CT, qui se sont habitués, au fil du temps, à un paradigme paternaliste des
autorités de tutelle, bien qu’il s’est avéré, par expérience, que ce paradigme est un
mécanisme non systématiquement efficace.
Seulement, aussi vilipendé, ce principe ne doit absolument pas conduire à la léthargie
» ou la « mollesse » des CT. Si ce principe vise à accorder aux CT suffisamment de
flexibilité dans la gestion de leurs moyens budgétaires, il les prend, en contrepartie,
pour responsables sur les résultats réalisés.
C’est la raison pour laquelle l’ancrage de ce principe ne doit se dissocier de
l’exigence de rendre compte sur la gestion des affaires locales, sous l’angle de la
performance, en assumant toute la responsabilité qui en découlerait, comme le
prévoit la Constitution (Article premier). Mais, cela doit absolument observer
10 Voir Article 165 de la LO n°111-14 ; Article 144 de la LO n°111-14 ; Article 155 de la LO n°113-14
11 Voir Article 227 de la LO n°111-14 ; Article 205 de la LO n°111-14 ; Article 214 de la LO n°113-14
12 Voir Article 227 de la LO n°111-14 ; Article 205 de la LO n°111-14 ; Article 269 de la LO n°113-14
Responsabilisation
sur les Résultats
Libre Reddition des
Administration Comptes
Adéquation entre
compétences et
ressources
Mais en réalité, il faut reconnaître que les élus hésitaient souvent à accepter
l'obligation de rendre compte des résultats sur lesquelles il n'exerce guère de contrôle
direct, des circonstances échappant à son influence (problèmes structurels hérités,
délais de visa excessifs, non ponctualité des transferts financiers…). Autrement dit, il
trouverait plus acceptable de rendre compte des résultats physiques et matériels
plutôt que des conséquences finales ou des impacts ultimes liés, notamment, à la mise
en œuvre des politiques publiques locales.
En effet, l’expérience montre que l'on se limite trop souvent aux objectifs
opérationnels, plus facilement mesurables ; on en vient à perdre de vue les objectifs
d’impact. Par conséquent, il y a lieu aussi de préciser que ce terme se réfère à une
mesure précise, tangible et chiffrée du degré d'atteinte d'objectifs, qui peuvent être
soit des objectifs d'impact, soit des objectifs opérationnels.
Au demeurant, l’ancrage de la culture de la responsabilisation sur la base des résultats
implique à considérer le budget de chaque CT une sorte de « contrat implicite » qui
établit un lien entre les crédits autorisés et les résultats attendus. Ce lien peut aller d’un
rapport direct selon lequel une unité marginale de ressources aboutit à une unité
marginale de produit et à un arrangement suivant lequel le budget énumère les
résultats attendus des ressources fournies.
§ Adéquation entre ressources et compétences
Au risque de retomber dans le phénomène de « redélégation » des compétences des
CT au profit de l’État, la Constitution (Article 141) a établi un principe selon lequel tout
transfert de compétences de l’État vers les CT doit s’accompagner d’un transfert des
ressources correspondantes.
Cela veut dire qu’en plus de l’impérative d’observer les limites des compétences
matérielles et territoriales de chaque CT, tout exercice de compétences transférées
par l'État aux CT, il faut absolument veiller à transférer systématiquement les moyens
permettant d’exercer ces compétences.
Ce principe est pourvu d’une importance extrême dans la mesure où si on admet que
les principes de la bonne gouvernance peuvent tolérer l’inscription dans l’espace
territorial des actions partenaires entre l’État et les CT par la mise en commun de leurs
potentialités financières et techniques, cela , ne doit pas induire le risque de réduire le
transfert des compétences en un instrument juridique pour faire endosser à ces CT des
attributions relevant légalement de la compétence de l’État.
L’approche participative dans la gestion budgétaire des CT est à la fois une exigence
constitutionnelle et une revendication publique, notamment pour impliquer
davantage la société civile dans le processus de budgétisation et inclure l’approche
genre dans le processus de budgétisation :
•Instance consultative chargé de l'étude des affaires régionales relatives à la mise en oeuvre des
principes de l'équité, de l'égalité des chances et de l'approche genre
•Instance consultative chargé de l'étude des questions relatives aux centres d'intérêts des jeunes
•Instance consultative chargé de l'étude des affaires à caractère économique
• Instance consultative chargé de l'étude des affaires provinciales relatives à la mise en oeuvre
des principes de l'équité, de l'égalité des chances et de l'approche genre
16 Voir Article 118 à 120 de la LO n°111-14 ; Article 112 à 114 de la LO n°111-14 ; Article 121 à 123 de la LO
n°113-14
En foi de quoi, une BSG doit répondre à certains paramètres tels que retracés dans la
figure ci-dessous :
Figure 11 : paramètres d’une Budgétisation sensible au genre au niveau des CT
Evaluer les implications sur les actifs productifs, l’emploi, les revenus, l’accès au
crédit et les facteurs qui influent sur les obstacles-opportunités
entre les CT, en vue d’atteindre leurs objectifs respectifs, notamment la réalisation de
projets communs.
Les instruments de cette coopération et de cette solidarité peuvent être résumés
comme suit :
18 Voir Articles 148 à 162 de la LO n°111-14 ; Article 125 à 139 de la LO n°111-14 ; Article 133 à 140 de la
LO n°113-14
19 Voir Articles 145 à 147 de la LO n°111-14 ; Article 122 à 124 de la LO n°111-14 ; Article 130 à 132 de la
LO n°113-14
20 Voir Article 162 de la LO n°111-14 ; Article 141 de la LO n°111-14 ; Article 149 de la LO n°113-14
21Décret n° 2.15.996 en date du 30 Décembre 2015 fixant les conditions d’application des dispositions de
l'article 256 de la loi organique n° 14.111 relative aux régions
22 Cette définition aussi expressive est empruntée de Jean-Louis Quermonne (J.-L. QUERMONNE,
L’Europe en quête de légitimité, Paris, Presses de Sciences Po, 2001, p. 96)
démocratie. Mais à vrai dire, c’est cette combinaison aussi délicate qui fait qui en fait
la complexité.
En se référant au Benchmarking international, on distingue entre deux types de
subsidiarité :
§ Subsidiarité verticale
Appelée autrement « subsidiarité territoriale » ou « subsidiarité hiérarchique », la
subsidiarité verticale se réfère à une conception stratifiée des institutions, selon
laquelle il faut reconnaître à chaque échelon hiérarchique dans l’échiquier des
institutions toute l’autonomie dont il a capacité, en tenant compte que le niveau
supérieur n'intervient que si le problème excède les capacités du niveau inférieur.
Dans un contexte encore marqué par la prééminence de l’État (autorités de tutelle,
département ministériels, agences d’État) ce dernier parce qu’il s’est vu confier les
grandes causes, celles de l’intérêt commun à tous, parce qu’il dispose de moyens
financiers supérieurs, parce que ses lois priment le droit cantonal, tend naturellement
à considérer qu’il est la source première du pouvoir. Avec la proclamation
constitutionnelle de la subsidiarité, le pouvoir central est convié, désormais, à renoncer
à des compétences ou des tâches qu’il exerce, abandonnant ainsi des fragments de
pouvoir.
Mais suivant quels critères il va falloir renoncer à ses pouvoirs et jusqu’à quelle limite ?
C’est le grand dilemme de la subsidiarité.
En réponse à ce dilemme, le principe de subsidiarité est nuancé par l'introduction d’un
autre principe sous-jacent, à savoir celui de la « proportionnalité », selon lequel le
niveau supérieur ne doit pas, dans l'exercice de ces compétences, faire plus que ce
qui est nécessaire pour atteindre ses objectifs. Ainsi, dans la mesure du possible, elle
doit :
- Sur la forme, privilégier les moyens d'actions les moins contraignants pour les CT
(ex : la directive par rapport au règlement).
- sur le fond, éviter de prendre des réglementations excessivement détaillées.
Il en résulterait des désenchevêtrèrent des compétences entre l’État et les CT, une
intercommunalité accrue en remplacement de l'intervention de l’État, une
clarification des rôles des différents niveaux lors de l'exécution commune des tâches,
avec de nouvelles formes de subventionnement, et enfin une péréquation des
ressources financières plus efficace et mieux ciblée.
Au demeurant, avec le principe d'équivalence budgétaire, le principe de subsidiarité
verticale permet d'attribuer les tâches publiques aux différents niveaux d’institutions
publiques23.
23 Cf. MOTTU (E.), Réforme de la Péréquation Financière et Principe de Subsidiarité, in revue Swiss Political
Science Review Volume 3, Issue 3, Autumn 1997, pp.1-19
§ Subsidiarité horizontale
Selon le principe de subsidiarité horizontale, les composantes de la société civile ont
le droit d’entreprendre des activités dirigées vers l’intérêt public, sans demander
d’autorisation ou le permis aux autorités publiques. Cela signifie que les activités de la
société civile ne peuvent pas être interdites ou entravées, tant qu’elles sont exercées
dans un cadre légal ; au contraire, les autorités publiques doivent créer les conditions
favorables au développement et à l’entreprise de ces activités.
La CT est supposée aider les composantes de la société civile à s’entraider. Des
programmes peuvent être mis en place pour aider et soutenir activement l’initiative
des composantes de la société civile à servir l’intérêt général : concourir avec certains
organismes sans but lucratif, en soutenant l'interventionnisme étatique sur des secteurs
et régions en difficultés, ainsi que sur des domaines sociaux ciblés (soutien aux
personnes handicapées, action féminine, lutte contre la pauvreté, anti-sécheresse,
...), etc.
C’est dans cet ordre de logique que la Constitution a reconnu, comme nous l’avons
expliqué ci-avant, la société civile en tant que nouvel acteur et ce, à travers des
dispositions (notamment les articles 12, 13, 15, 139, 156), qui lui accordent le droit à
l'initiative législative par le biais de motions, à l'initiative du contrôle par le biais de
pétitions et à la contribution à l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des
politiques publiques.
En effet, la nécessité de reconnaître la dimension horizontale de la subsidiarité naît
d’une prise de conscience de la double insuffisance (en termes d’efficacité, mais
aussi de démocratie). La reconnaissance de la légitimité de la subsidiarité horizontale
est aujourd’hui fondée sur le dépassement de la conception de la démocratie
représentative par une démocratie participative (v. infra).
La subsidiarité horizontale porte sur la responsabilité et la liberté des groupes sociaux
ainsi que sur les individus. Elle englobe les relations entre la puissance publique, la
société civile et l’environnement socio-économique du territoire. Mais le problème qui
surgit c’est comment garantir l'autonomie de chaque acteur, notamment sur le plan
de financement ? Autrement dit, l'État ne peut pas violer la liberté et la responsabilité
de la société civile, qui doivent être respectées au plus haut niveau possible. Elle
implique également que cette « puissance publique » doit apporter son soutien
financier chaque fois que la liberté et la responsabilité de la société civile ne suffisent
pas à atteindre les objectifs définis.
Le financement public est en fait une reconnaissance de la contribution des initiatives
de la société civile à l’intérêt générale dont la puissance publique est garante. Il est
annonciateur que les actions subsidiaires de la société civile sont essentielles à tous les
niveaux du territoire.
Analyse financière
rétrospective
Comme expliqué plus haut le contexte juridique des finances locales est en pleine
mutation, ce qui requiert une analyse profonde, dans la perspective d’envisager des
points d’entrée susceptibles d’améliorer les mécanismes de redevabilité. Il s’agit des
textes législatifs et réglementaires se rapportant à la gestion budgétaire et fiscale des
CT (lois, dahirs, décrets, arrêtés et circulaires...), qui a connu de nouvelles dispositions
à l’occasion de l’adoption des LO régissant les CT.
Cette analyse portera sur toute l’analyse juridique ayant une relation avec l’objet de
l’étude (voir note bibliographie), notamment :
- La constitution ;
- Les lois organiques : LO n° 111-14 relative aux régions, la LO n° 112-14
concernant les préfectures et les provinces et la LO n° 113-14 sur les
communes24 ;
- Décrets et arrêtés portant application des lois organiques ;
- Circulaires interprétatifs du Ministère de l’intérieur et du Ministère des finances ;
- Autres textes associés.
L’analyse de l’arsenal juridique national est corroborée par une ouverture réflexive sur
les meilleurs pratiques dans le droit comparé, en vue d’en tirer des enseignements
susceptibles d’enrichir l’expérience marocaine en matière de gestion des finances
locales.
24 Il s’agit de : la Loi organique n° 111-14 relative aux régions promulguée par le dahir n° 1-15-83 du 20
ramadan 1436 (7 juillet 2015) ; la loi organique n°112-14 relative aux préfectures et provinces promulguée
par le dahir n°1-15-84 du 20 ramadan 1436 (7 juillet 2015) ; la Loi organique n°113-14 relative aux
communes promulguée par le dahir n°1-15-85 du 20 ramadan 1436. (7 juillet 2015)
La base de données accessible est une base électronique dont l’exploitation à des
fins d’analyse critique s’est avérée difficile, sinon impossible en raison des
caractéristiques de son support. Toutefois, l’essentiel de cette base de données est
compilé dans des documents produits, notamment par la DGCL et la TGR. Ces
documents contiennent une mine d’informations sur les réalisations financières des CT.
Les détails statistiques accessibles renferment des données par CT, extraites de leurs
états financiers (anciens comptes administratifs) à partir de la compartimentation
traditionnelle en quatre sections : recettes de fonctionnement ; dépenses de
fonctionnement ; recettes d’équipement ; et dépenses d’équipement.
Ce faisant, plusieurs catégories de ratios peuvent servir cette analyse rétrospective :
ratios relatif au volume budgétaire ; ratios de la richesse propre (ex. autonomie
financière : recettes propres/dépenses de fonctionnement) ; ratio d’endettement (ex.
taux d’endettement : annuités/recettes propres) ratios de fonctionnement ; ratio
d’équipement (ex. part de l’emprunt dans le financement des dépenses
d’investissement) ; ratio de résultats (ex. excédent brute).
Il faut d’emblée signaler que l’analyse rétrospective sera effectuée à partir d’une
lecture des données financières qui croise une présentation par flux et une
présentation par stock. Cet éclairage croisé permet en effet de jeter un autre regard
sur la gestion financière des CT marocaines.
L’analyse empirique se fait à l’aide des entretiens semi-dirigés (ESD) effectués avec
des acteurs concernés par les finances locales (élus, cadres financiers des CT, cadres
de la TGR, cadres de la DGCL).
Ces ESD sous-tendent un double objectif : d’une part, un objectif direct qui vise à
fournir des éléments de réponses utiles aussi bien sur les contraintes susceptibles de
heurter la redevabilité des finances locales, que les opportunités à saisir. D’autre part,
ils sous-tendent un objectif indirect, en étant une occasion de sensibiliser davantage
les décideurs (les élus surtout) sur la centralité de la question des finances locales dans
la bonne gouvernance des CT, comme étant une question de portée stratégique.
Ce faisant, trois groupes d’interlocuteurs cibles, comme il est repris dans la figure ci-
dessous :
11 élus membres de
commissions chargées
des finances
2.
Analyse rétrospective
des tendances des finances locales
Comme il est repris dans le tableau 1 ci-dessous la structure globale des finances
locales, les recettes ordinaires des CT se sont établies à 39 MMDH constitué de 19%
des ressources gérées par les CT, 16% des ressources gérées pour le compte des CT et
65% Ressources transférées (péréquatées). Par ailleurs, les dépenses ordinaires des CT
ont atteint 23,7 MMDH, en consacrant 50% pour la masse salariale, 46% pour les faires
généraux (biens & services), et 4% pour les intérêts de la dette.
Tableau 1 : grands agrégats des finances locales (en millions de dirhams) au titre de l’année 2017
Ainsi, la situation des charges et ressources des CT, comme il est retracé dans le
tableau 2, a fait dégager un solde ordinaire positif de 15,3 MMDH. Ce solde a permis
le financement de 98,7% des dépenses d’investissement.
Compte tenu des dépenses d’investissement de 15,5 MMDH et d’un solde positif des
comptes spéciaux et des budgets annexes de 4,6 MMDH, les budgets des CT
dégagent un excèdent global de 4,4 MMDH.
Tableau 2 : Situation des charges et des ressources des CT au titre de l’année 2017 (réalisations)
Le solde positif dégagé (épargne brute) par les budgets des CT à fin décembre 2017,
auquel s’ajoutent les recettes d’emprunt de 3.867 MDH, a permis le remboursement
du principal de la dette pour 1.170 MDH et la reconstitution de la trésorerie disponible
pour 2,7 MMDH. Cette trésorerie s’est élevée à 34,4 MMDH, dont 27,3 MMDH sont
des excédents des exercices antérieurs. Les communes interviennent pour
61,1%, comme il est illustré dans le graphe ci-dessous :
Les dettes de CT ont dépassé les 160 milliards de dirhams en 2017, soit la moitié du
budget annuel de l’Etat.
Les engagements de prêts ont atteint 3 057 MDH à fin 2016, soit une hausse de 41%
par rapport à l’année 2015. Ils ont porté sur le financement de 61 projets, pour un
volume global d’investissement de 12,942 milliards de dirhams. Quant aux
décaissements de prêts, ils ont atteint 2 013 MDH au 31 décembre 2016, enregistrant
ainsi une hausse de plus de 10% par rapport à l’année 2015 et permettant de
participer au financement de 219 projets.
D’après les statistiques fournies auprès du FEC une montée en charge des Régions au
niveau de l’activité de prêts et dont les engagements de prêts ont atteint 2 590 MDH
à fin 2016, soit une forte augmentation de 110% par rapport à l’exercice 2015.
Les Communes ont représenté 13% du volume total des prêts engagés au 31
décembre 2016, pour le financement de 46 projets couvrant 5 secteurs d’intervention
et ce, pour un montant de 404 MDH.
Le montant des prêts engagés au profit des Préfectures et Provinces s’est élevé à 62
MDH au titre de l’année 2016, et a porté sur la réalisation de 6 projets qui ont
principalement concerné les aménagements urbains à hauteur de 64%, l’acquisition
d’engins et de matériel roulant à hauteur de 15%, ainsi que l’aménagement de routes
à hauteur de 12%.
Les engagements de prêts en 2016 ont concerné le financement de 9 projets par le
biais de 10 prêts s’inscrivant pour la plupart dans le cadre de programmes de
développement régionaux et bénéficiant à 4 Régions (Lâayoune - Sakia El Hamra,
Dakhla - Oued Ed-dahab, l’Oriental et Béni Mellal - Khénifra ) ;
u Décaissements des CT
Le volume des décaissements de prêts s’est établi à 2 013 MDH au 31 décembre 2016,
en hausse de 10% par rapport à 2015.
Ces prêts décaissés ont permis le financement de 219 projets couvrant plusieurs
secteurs d’intervention.
Graphe 3 : Décaissement des prêts des CT
Il est bien remarqué une prédominance des prêts décaissés au profit des Communes
qui ont représentées 49% du volume global des décaissements effectués en 2016, pour
un montant de 992 MDH. Ces décaissements ont concerné la réalisation de 182 projets
au profit de 149 Communes couvrant plusieurs secteurs d’intervention ;
Le volume des prêts décaissés par les Régions au titre de l’année 2016, a atteint un
volume de 807 MDH au profit de 8 Régions, dont un montant de 603 MDH pour le
financement d’infrastructures routières.
Le volume des prêts décaissés au profit des Préfectures et Provinces a plus que doublé
en 2016 par rapport à 2015, pour atteindre un montant de 214 MDH.
L’analyse de la répartition des prêts décaissés par Région montre que les
décaissements au titre de l’année 2016 ont concerné la totalité des Régions du
Royaume, avec une forte concentration sur 6 Régions qui totalisent 81% du volume
global des prêts décaissés, soit 1 634 MDH : Casablanca-Settat, Dakhla-Oued
Eddahab, l’Oriental, Rabat-Salé-Kénitra, Beni Mellal-Khénifra et Fès-Meknès.
La structure des ressources des CT peut être schématisée comme, il est retracé dans
le tableau ci-dessous :
Tableau 3 : Structure des ressources des CT en fin décembre 201725
25 La loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités locales promulguée par le dahir n° 1-07-195 du
30/11/2007 (B.O n° 5584 du 6 décembre 2007) telle qu’elle a été modifiée et complétée par la loi n° 05-
La fiscalité locale a connu une nouvelle architecture, qui peut être résumée comme
suit :
• Les « taxes » sont prévues par la loi 47/06 qui confère un caractère fiscal à 17
impositions sur 40 ;
• 9 impositions sur 40 sont assimilées à des « droits et redevances » dont les
modalités d’application sont régies par la loi transitoire 39/07 et qui revoit, à
son tour, à certains chapitres de la loi 30/89 toujours en vigueur ;
• Lorsque le projet de loi ne détermine pas de taux ou de tarifs d’imposition fixes
pour les taxes, ces tarifs et taux sont fixés par arrêté « fiscal » pris par
l’ordonnateur de la CL concernée après délibération du conseil.
D’une manière nécessairement synthétique, la loi fiscale locale a été délestée de
57,5% des impositions (40) qu’elle prévoyait en 1989, et n’a retenu que 17 impositions
au titre de taxes fiscales. Il ne reste plus que 9 impositions au titre de droits et
redevances qui seront régis par des mesures législatives « transitoires ». Les 14
impositions restantes ont été évacuées du projet de texte de loi pour qu’elles
continuent à être régies par la loi transitoire 39/07 et la loi partiellement abrogée 30/85.
En résumé :
• Loi fiscale 47/06 : 17 taxes ;
• Loi fiscale 39/07 droits et redevances ;
• Arrêté fiscal : nombre indéterminé.
Les changements introduits, en ce qui concerne les communes, peuvent être résumés
comme suit :
• Réduction du nombre des taxes à 17 contre 42 auparavant, au profit des
catégories de CL suivantes, tandis que 8 taxes dont le rendement était inférieur
à 30 millions de dirhams ont été supprimées :
– Communes : 11
– Préfectures et provinces : 3
– Régions : 3
10, promulguée par le dahir n° 1-10-22 du 11/2010 (B.O n° 5822 du 18 mars 2010) a remplacé la taxe
d’édilité par la taxe de services communaux, la patente par la taxe professionnelle et la taxe urbaine par
la taxe d’habitation.
Les recettes encore recouvrées au titre de la taxe d’édilité, de la patente et de la taxe urbaine figurent
parmi les recettes de la taxe de services communaux, de la taxe professionnelle et de la taxe d’habitation
respectivement.
En fin de décembre 2017 les recettes fiscales ont atteint 31,4 MMDH, en constituant
80,4% des recettes globales des CT. L’évolution de la structure des ressources des CT
entre fin décembre 2016 et fin décembre 2017, fait ressortir une augmentation de la
part des ressources gérées par les collectivités territoriales, conjuguée à une
diminution de la part des ressources gérées par l’État et une stagnation de la part des
ressources transférées.
Graphe 6 : structures des ressources fiscales des CT
§ Ressources transférées
Jusqu’à 2015, les ressources affectées par l’État aux CT, représentent plus de la moitié
de leurs ressources ordinaires. Elles comprennent une part de 30% dans le produit de
la (TVA), de 1% dans le produit de (IS), de 1% pour (IR) et de 13% pour la (TCA).
S’établissant à 25,3 MMDH à fin décembre 2017 contre 24,1 MMDH un an auparavant,
les ressources transférées sont en hausse de 5%. Cette hausse résulte de
l’augmentation de la part des régions dans le produit de l’IS et de l’IR (+60%), des
fonds de concours (+17,7%) et de la part des collectivités territoriales dans le produit
de la TVA (+0,7%), conjuguée à la diminution des subventions (-1,9%) et de la part des
collectivités territoriales dans le produit de la taxe sur les contrats d'assurance (-4,6%).
Les recettes des collectivités territoriales sont constituées pour 48,3% de leur part dans
le produit de la TVA.
Graphe 8: Structure des recettes des collectivités en 2017
Les recettes non fiscales ont atteint 7.631 MDH, en augmentation de 5,6% par rapport
à leur niveau à fin décembre 2016, en raison essentiellement de l’augmentation des
fonds de concours (+17,7%), des redevances d'occupation temporaire du domaine
public communal (+11,4%) et des recettes domaniales (+3,2%), conjuguée à la baisse
des subventions (-1,9%).
La baisse enregistrée au niveau des subventions provient essentiellement de la
diminution des subventions de l'Etat (2.043 MDH contre 2.075 MDH). La part des régions
dans ces subventions est de 2 MMDH, soit 95,2%, celle des communes représente 4,7%
et celle des préfectures et provinces 0,1%.
Les fonds de concours sont constitués pour une partie des versements effectués par
certains départements ministériels (939 MDH contre 918 MDH) et des établissements et
entreprises publics (197 MDH contre 177 MDH).
A fin décembre 2017, les dépenses globales réalisées par les CT (dépenses ordinaires,
dépenses d’investissement et remboursements du principal de la dette) se sont
établies à 40,4 MMDH, en augmentation de 13% par rapport à leur niveau de fin
décembre 2016. Elles se composent à hauteur de 58,6% de dépenses ordinaires.
L’évolution de la structure des dépenses des collectivités territoriales entre fin
décembre 2016 et fin décembre 2017 fait ressortir la hausse de la part des dépenses
d’investissement, conjuguée à la baisse des parts des dépenses de personnel, des
dépenses de matériel et des charges en intérêts de la dette.
Graphe 11 : Structure des dépenses émises
u Dépenses ordinaires
A fin décembre 2017, les dépenses ordinaires des collectivités territoriales ont atteint
23,7 MMDH, soit une augmentation de 5,9%. Cette hausse est le résultat de
l’augmentation de 5,7% des dépenses de personnel et de 7,4% des dépenses des
autres biens et services, conjuguée à une diminution de 6,1% des charges en intérêts
de la dette.
Tableau 4 : Dépenses ordinaires des CT
§ Dépenses de personnel
Les salaires et indemnités servis à fin décembre 2017 ont atteint 11.803 MDH contre
11.162 MDH à fin décembre 2016, soit une augmentation de 5,7%. Les salaires
représentent 49,9% des dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales et
absorbent l’équivalent de 62,7% de leur part dans le produit de la TVA.
La hausse des dépenses de personnel est due principalement à la revalorisation des
indemnités allouées aux présidents des collectivités territoriales et aux conseillers et
ayant droits et ce à compter de la date de leur élection (573 MDH contre 248 MDH)
et à la hausse des cotisations à la part patronale de la caisse marocaine de retraite
(1.004 MDH contre 852 MDH).
§ Autres biens et services
Les dépenses au titre des autres biens et services se sont établies à 10.842 MDH à fin
décembre 2017, en augmentation de 7,4% par rapport à leur niveau à fin décembre
2016. Elles sont constituées pour 53,2% d’octroi de subventions.
§ Intérêts de la dette
Les charges en intérêts de la dette des collectivités territoriales se sont établies à 1.027
MDH à fin décembre 2017 contre 1.094 MDH un an auparavant, en baisse de 6,1%.
u Dépenses d’investissement
La répartition des dépenses des collectivités territoriales par région montre une forte
concentration au niveau de 6 régions avec 75% de ces dépenses.
Le premier manque à gagner en matière de ressources fiscale d’une CT est que cette
dernière demande plus au contribuable et moins à l’impôt lui-même. Autrement-dit,
on ne diligente guère l’effort nécessaire pour mieux aménager la matière imposable
accessible tout essayant de combiner entre l’exigence de la rentabilité fiscale et
l’impérative de l’équité devant l’impôt.
En effet, l’analyse de l’état des lieux a fait ressortir que ni l’Administration fiscale de
l’État (en ce qui concerne les taxes locales gérées par la DGI : TP, TH et TSC) ni les
services fiscaux de la CT ne disposent de la visibilité suffisante sur la grandeur de la
matière imposable.
Aujourd’hui, une part estimé à plus de 10% des émissions à prendre en charge par le
comptable assignataire pour en assurer le recouvrement sont, à vrai dire,
irrécouvrables, ce qui donne un caractère déguisé au stock des « reste à recouvrer ».
A ce niveau d’analyse quelques problèmes peuvent être évoqués :
- erreurs dans l’adressage des redevables ;
- non conformités de certains certificats de références ;
- réémission des créances non recouvrables.
D’autant plus que les émissions ne peuvent être perçues comme indicateurs de
performance de la taxe que s’elles sont comparées avec le reste à recouvrer, dans la
mesure où une grande partie des RAR est imputable aux problèmes des émissions (voir
infra), tels que :
- réédition des anciennes adresses des redevables ;
- non prise en compte des éléments nouveaux susceptibles de modifier la base
imposables (local, activités, immobilisation), faute de déclaration, de
recensement ou de contrôle sur place ;
- manque d’un système de gestion intégré pour recouper l’information avec
d’autres données fiscales pour s’assurer de l’exactitude des émissions
(déclaration IS, IR, …)
26 Cour des comptes, Rapport sur la Fiscalité des Collectivités Territoriales, 2015 p. 36
A titre d’illustration, il est présenté ci-après deux types de ces suspensions pour la ville
de Marrakech, en vue d’apprécier, en partie, leur poids sur le Restes à Recouvrer
Nets27.
- Admissions en non Valeurs (ANV) : durant la période considérée 22% en
moyenne des prises en charge sont proposées en non valeurs, soit une moins-
value potentielle évaluée 16,5MDH. Toutefois, l’expérience a montré que seul
47% des PNV sont admis, entrainant un manque à gagner réel (en moyenne)
évaluée à 7,2MDH ;
- Dégrèvements/annulations : Selon les données ci-dessus la proportion des
annulations et/ou dégrèvement ne dépasse guère 5% des prises en charge ;
entraînant en moyenne un manque à gagner évaluée à 4MDH.
§ Prescriptions quatriennales des créances
Parmi les causes de manque à gagner au niveau de la phase de recouvrement est la
déchéance ou la prescription des créances prises en charge par le comptable
assignataire (article 125 du Dahir 1-00-175 portant promulgation de la Loi 15-97
formants code de recouvrement des créances publiques)28.
§ Recettes à Classer
Il s’agit de recettes non identifiées a priori, que le comptable impute, pour écriture
comptable, dans un compte provisoire ou de transition, en attendant de recevoir le
titre de recettes de son émetteur (DGI) pour pouvoir lui attribuer son imputation
définitive29.
Il s’agit principalement des recettes recouvrées par anticipation pour lesquelles les
titres de recettes ne sont pas encore émis. Or, la non imputation définitive de ces
recettes dans des délais opportuns est susceptible d’entrainer un manque à gagner
pour les bénéficiaires30.
De ce qui précède, il paraît nettement que l’atteinte d’une performance fiscale ne
se réduit pas uniquement au cycle de mise en recouvrement et de recouvrement
pour pouvoir l’évaluer quantitativement, mais il n’en demeure pas moins que
l’évaluation du potentiel fiscal dépend est également de la qualité d’aménagement
de la matière imposable et de l’exactitude du calcul de liquidation de l’impôt.
27 El ARAFI (H.), évaluation du potentiel fiscal de la commune de Marrakech et el Jadida, USAID, 2009
28 Indisponibilité de données précises sur le volume des prescriptions.
29 Ce compte sera crédité lors du versement des justifications de recettes par le débit "recettes versées".
30 Indisponibilité de données précises sur le volume des Classer.
Chaque CT devait disposer, en principe, d’un patrimoine lui permettant d’assurer son
fonctionnement et d’accomplir les missions qui lui sont fixées. Ce patrimoine s’entend
par l’ensemble des biens appartenant aux personnes publiques locales ou étant mis
à leur disposition.
Selon les dispositions de l’article 209 de la LO n°113-14, le patrimoine immobilier de la
commune est composé de biens relevant de son domaine public et de son domaine
privé. Et conformément aux dispositions de l’article 71 de la Constitution, le régime du
patrimoine immobilier de la commune et les règles qui lui sont appliquées, sont fixés
par voie législative. Or, en attendant l’entrée en vigueur du projet de loi n°02-09 sur le
patrimoine foncier communal, ce domaine est régi par une panoplie de textes31
L’absence de statistiques précises sur le recensement national du patrimoine
immobilier des CT est déjà un indice annonciateur que pour la plupart des CT, aucune
vision globale et actualisée de leurs biens immobiliers et en ignorent la valeur ainsi que
les coûts liés.
Pourtant, le législateur précise, depuis toujours32, dans L'article premier que les biens
faisant partie du domaine public et du domaine privé municipal font l'objet d'une prise
en charge à un sommier spécial dit sommier de consistance du domaine municipal...
Ce sommier doit, selon ce texte, mentionner pour chaque bien la nature, l'origine, le
titre de propriété, la date d'entrée au domaine municipal, ainsi que la contenance et
la situation. Il doit également porter mention des ventes, échanges ou lotissement, et,
il doit être divisé en deux parties, l'une réservée au domaine public, l'autre au domaine
31 Textes régissant le patrimoine foncier des communes : Dahir du 19 rejeb 1333 (2 juin 1915) fixant la
législation applicable aux immeubles immatriculés, tel que modifié et complété ; Dahir du 26 chaoual
1373 (28 juin 1954) relatif aux domaines des groupements dotés de jemaas administratives tel que modifié
et complété ; Dahir du 17 safar 1340 (19 Octobre 1921) sur le domaine municipal, tel que modifié et
complété, notamment par le Dahir du 12 Mai 1937 ; Dahir n° 1-59-197 du 15 moharrem 1379 (21 juillet
1959) exonérant des droits d'enregistrement et de timbre les ventes de lots domaniaux équipés par l'Etat
ou les collectivités locales et destinés au recasement des habitants des bidonvilles ; Dahir du 7 joumada
I 1383 (26 septembre 1963) autorisant la cession à titre gratuit aux communes rurales de parcelles de
terrain nécessaire à l’édification des « maisons communales » ; Loi n° 7-81 relative à l'expropriation pour
cause d'utilité publique et à l'occupation temporaire, promulguée le dahir n° 1-81-254 du 11 rejeb 1402
(6 mai 1982) ; Décret n°2-82-382 du 2 rejeb 1403 (16 avril 1983) pris pour l’application de la loi n°7-81
relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique et l’occupation temporaire. ; Décret n° 2-02-138
du 20 hija 1422 (5 mars 2002) modifiant et complétant l'arrêté du 1er joumada I 1340 (31 décembre 1921)
déterminant le mode de gestion du domaine municipal.
32 Arrêté viziriel du 31décembre 1921 déterminant le mode de gestion du domaine municipal, tel que
modifié et complété.
privé. Cette pratique qui ne concernait au début que le domaine municipal, a été
étendue en 195933 au domaine des communes rurales.
Ce sommier doit, selon ce texte, mentionner pour chaque bien la nature, l'origine, le
titre de propriété, la date d'entrée au domaine municipal, ainsi que la contenance et
la situation. Il doit également porter mention des ventes, échanges ou lotissement, et,
il doit être divisé en deux parties, l'une réservée au domaine public, l'autre au domaine
privé.
Or, la réalité atteste que les sommiers de consistances sont dans beaucoup de cas
absents des services communaux chargés des domaines et quand ces documents
existent, ils sont en général très mal tenus et pratiquement inutilisables. En fait, la
mauvaise tenue des sommiers de consistance, pour ne pas dire leur absence, est
donc quasi générale et se traduit par une difficulté toujours croissante à connaître
avec précision la consistance matérielle du domaine communal.
Dans ce sillage, les entrevues conduites avec les acteurs locaux sur de ce point nous
enseigne l'existence d'un véritable problème de gestion plutôt qu'une insuffisance des
biens. Si la plupart des collectivités locales disposent, en effet, de nombreux biens
propres, leur gestion dévoile par ailleurs une véritable crise de conception. Outre la
question déjà évoquée liée à la désuétude de la législation en vigueur, persiste le
délicat problème de l'administration des biens locaux.
La mise en œuvre d’une gestion dynamique du patrimoine immobilier a été souvent
considérée comme simple vecteur de dépenses improductives de revenus, sans
pouvoir constituer substantiellement une source d’économie et des recettes
potentielles. En fait, la valorisation et la gestion du patrimoine immobilier des CT
(notamment les villes) sont trop souvent méconnues, malgré la prise en conscience
collective que le patrimoine immobilier constitue un des leviers existant pour mener
une politique active de gestion des finances locales, au même titre que la gestion de
dette ou de trésorerie.
C’est la raison pour laquelle l’exacte connaissance du patrimoine des CT, qu'il soit
partie intégrante du domaine privé ou public, apparaît de plus en plus comme une
nécessité pour optimiser l’ensemble des politiques locales.
Il s’agit soit de développer des financements qui existent déjà mais sont pour l’instant
insuffisamment exploités, soit au contraire de s’interroger sur de nouvelles perspectives
de ressources. Il s’agit notamment des possibilités suivantes :
33 Décret du 4 février 1959 déterminant le mode de gestion du domaine des communes rurales, BO
n°2417 du 20fevrier 1959, p.327
Comme il est expliqué plus haut la coopération et la solidarité sont désormais des
piliers constitutionnels sur lesquels l’organisation territoriale du Royaume devra reposer
(art.136).
Mais ce faisant le Gouvernement doit, en vertu de l’article 231 de la LO n° 111-14
mettre sur pied les deux fonds de développement pour les régions, qui seront dotés
d'un capital global de 5,2 milliards de dirhams. Il s'agit d'un Fonds de solidarité entre
régions et d'un Fonds de mise en valeur des régions, deux organismes, prévus par la
Constitution de 2011. Ces deux derniers fonds seront alimentés par des recettes
provenant de la TVA, de l'impôt sur les sociétés (IS) et l'impôt sur le revenu (IR).
Pour ce faire, le décret 2-17-598 fixe «les critères pour bénéficier des programmes
annuels et sectoriels en matière de requalification sociale, ainsi que des plans d’action
annuels et des mécanismes pour réaliser des diagnostics et assurer le suivi et
l’évaluation des projets et leur audit», indique la version finale du décret, qui insiste sur
«l’audit des projets et leur actualisation périodique».
Cinq critères ont été établis par le fonds qui sera placé sous la tutelle du ministère de
l’Intérieur et dont les dotations annuelles devront être fixées par le Parlement, dans le
cadre du vote de la loi de Finances. Il s’agit du «produit intérieur brut, du nombre
d'habitants dans le rural, du volume des investissements publics dans la région et du
taux de précarité» et, enfin, de «la nature des projets éligibles au financement selon
les priorités des politiques publiques». Le caractère vague de ce dernier critère a
poussé le gouvernement à ajourner l’établissement du barème de répartition des
aides du fonds, avec «un arrêté du ministre de l’Intérieur qui devra fixer les barèmes
selon les indicateurs établis». Entre les régions et l’État, un organe écran a été mis en
place. «Un comité technique devra établir les programmes annuels et pluriannuels
sectoriels, selon les ressources accordées à la région», soulignent les nouvelles
dispositions. La phase d’identification des besoins semble être la plus délicate.
Le guide de financement du FEC exige parmi les pièces constituant les dossiers de
demande de prêts, le justificatif de la mobilisation d’un taux d’autofinancement de
20% du coût du projet. Cet autofinancement peut être sous forme d’apports propres,
de subventions ou de dons.
Or, il a été constaté que la plupart des dossiers de demandes de prêts ne
comprennent aucune pièce de ce genre. Ainsi, le FEC ne pourrait pas s’assurer que
la collectivité ait réellement mobilisé l’apport avancé dans la demande de prêt.
Par ailleurs, sur le plan pratique, le FEC accepte les contributions des partenaires, dans
le cadre de conventions, comme apport de la collectivité.
Pour ce qui est des prêts contractés dans le cadre d’une ligne de crédit, le FEC
considère l’autofinancement de 20% pour toute la ligne de crédit, et non pas pour
chaque prêt de cette dernière. Cela induit le financement de certains projets à
hauteur de 100%, alors que l’autofinancement de 20% n’a pas encore été atteint sur
l’ensemble de la ligne de crédit.
En principe, le FEC a été créé pour apporter son concours financier et technique à
l’ensemble des entités du secteur public local composé des collectivités territoriales,
Bien que le législateur marocain a réaffirmé dans les trois LO relatives aux CT, la
synchronisation entre le cycle de la planification stratégique de chaque niveau (PDR,
PPR OU PAC) et le cycle budgétaire à travers une programmation budgétaire
triennale (PBT), cette exigence n’est pas dûment assurée par les CT, en continuant à
suivre les pratiques de la reconduction des crédits d’années en années, sans faire
ressortir les écarts par rapport aux prévisions initiales.
Plusieurs CT ont continué à programmer leurs budgets annuels sans les soumettre à la
PBT, sachant que plusieurs d’entre elles (les communs surtouts) n’ont pas pris la peine
d’élaborer ni leur PAC ou leur PBT.
Dans le même ordre d’idées, l’élaboration du PBT n’est pas toujours soumise à une
technique qui consiste à déterminer les objectifs précis et à mettre les moyens ou
ressources nécessaires et suffisantes pour atteindre ces objectifs fixés dans un délai
donné. Souvent, les CT privilégient de facto une budgétisation de reconduction ou
de réaffectation d’année en année, en réduisant même le PBT à un simple document
théorique.
Le législateur a fixé pour la commune, une liste des dépenses à caractère obligatoire
à budgétiser35, sous peine de refus de visa du projet de budget36
- les traitements et indemnités des ressources humaines de la CT ainsi que les
primes d’assurances ;
- la contribution de la commune aux organismes de prévoyance et au fonds de
retraite des ressources humaines de la CT et la contribution aux dépenses de
mutualité ;
- les frais de consommation d’eau, d’électricité et des télécommunications ;
- les dettes exigibles ;
- les contributions qui doivent être transférées au profit des groupements des CT
et aux établissements de coopération intercommunale ;
- les engagements financiers résultants des conventions et contrats conclus par
la CT ;
- les dépenses relatives à l’exécution des arrêts et jugements prononcés en
justice contre la commune ;
- la dotation globale affectée au fonctionnement des arrondissements (pour les
communes).
Le hic est que ces dépenses pèsent lourdement sur les budgets des CT, du fait qu’une
grande partie est rubriquée dans les budgets de fonctionnement. De surcroît, les CT
enregistrent un stock écrasant des décisions de justice en instance d’exécution,
surtout si l’on sait que ces CT ont mis souvent longtemps à tirer les conséquences de
la chose jugée, soit par simple négligence, soit par méconnaissance de ses
obligations.
3.5. Mollesse dans l’arbitrage entre modes de gestion des services publics
locaux
35 Voir Article 196 de la LO n°111-14 ; Article 174 de la LO n°111-14 ; Article 181 de la LO n°113-14
36 Voir Article 202 de la LO n°111-14 ; Article 180 de la LO n°111-14 ; Article 189 de la LO n°113-14
et savoir faire des entreprises délégataires ; gestion des services publics plus rationnelle
et à moindre coût.
Toutefois, d’après le Rapport de la Cour des comptes le bilan de la GD n’est pas
dépourvu de critiques :
u Risques de contractualisation
u Risques d’exécution
n° 113-114 du 7 juillet 2015 régit par le chapitre II (articles 130 à 132) l’institution de ces
SDL 37.
Chaque SD doit être constituée sous forme de société anonyme très contrôlée et
nécessitant un suivi minutieux en ce qui concerne ses actes sociaux et ses transactions
avec les tiers. Les écarts à la loi n° 17-95 relative à la société anonyme, telle qu'elle a
été modifiée par la loi n°20-05.
Ainsi, plusieurs CT ont procédé à la création de SD ayant pour objet la réalisation de
plusieurs activités relevant des compétences des CT. Néanmoins, la création de ces
SD n’est pas dépourvu de risques réels et potentiels, qu’il possible de synthétiser
comme ainsi :
Il est L'objet de la SDL se limite aux activités à caractère industriel et commercial qui
relèvent des compétences de la CT, des établissements de coopération
intercommunale et des groupements des CT, à l’exception de la gestion du domaine
privé de la CT.
Mais, la réalité démontre que les CT créent des SD sans observer le prérequis du
caractère industriel ou/et commercial, en faisant de son objet des activités de
prestations de services publics (nettoiement, services administratifs, …) qui ne
génèrent aucune activité rémunérée pour la CT. Au contraire, ses activités se limitent
à l’engagement de dépenses pour le compte de la CT.
u Risques de non-contrôle
Sous prétexte de son statut de SA, il y a risque de croire que la SD n’est pas soumise
aux contrôles spécifiques applicables aux personnes morales dont le capital est
détenu par les organismes publics, en oubliant que le statut de personne morale de
droit privé fait soumettre également la SD au contrôle applicable aux entreprises, tel
que le commissariat aux comptes prévu par le code de commerce. Seulement, La
question du contrôle financier par les autorités publiques de ces nouvelles entités est
à définir en tenant compte de la spécificité de leur actionnariat et de leur
gouvernance.
D’autant plus, la SD ne peut s'affranchir des règles de la comptabilité publique des
CT, du statut de la fonction publique, voire de la réglementation des marchés publics,
considérés comme des freins à la souplesse de gestion. Mais d’après les expériences
déjà existantes, aucun contrôle d’accompagnement n’est exercé sur ces entités de
façon à assurer la maîtrise de leurs risques financiers pour le secteur public.
essentielles du système des ressources humaines à l’échelon territorial : les élus locaux,
le personnel des collectivités territoriales et le personnel des services déconcentrés.
Néanmoins, l’Administration locale souffre encore de plusieurs dysfonctionnements :
Les processus de gestion du personnel au niveau territorial sont aussi marqués par le
chevauchement fréquent entre acteur politique et acteur administratif. L’intervention
de facteurs politiques fait échec aux règles rationnelles, objectives et d’intérêt général
qui devraient normalement guider la gestion du personnel dans les services publics
territoriaux. Certes, les effets dévastateurs de ce chevauchement sont atténués par la
centralisation des processus de gestion, notamment du recrutement.
Mais, les soubresauts de la vie politique locale affectent nécessairement
l’administration locale. De même, la multiplication au quotidien des donneurs d’ordre
(membres du bureau et simples conseillers) accroit l’instabilité de l’organisation des
services.
Certes, les régimes juridiques en vigueur sur le plan territorial s’inspirent des règles et
principes prévus par le Statut général de la fonction publique. Mais, il n’en demeure
pas moins que l’éclatement de ce dispositif constitue un obstacle sérieux pour le
développement d’une politique pertinente de gestion des ressources humaines à
l’échelon régional. Il entrave également la mise en œuvre d’actions efficaces de
développement des compétences dans la perspective de la régionalisation
avancée.
La juxtaposition de régimes juridiques distincts pour les ressources humaines opérant
sur le plan territorial est source d’incohérence dans le processus de gestion : des
catégories de fonctionnaires travaillant sur le même territoire, faisant face à des
problèmes similaires, se voient appliquer des règles juridiques opposées, doivent suivre
des plans de carrières différents et se soumettre à des mesures individuelles ou
collectives contradictoires.
Les enjeux que pose la question de la transparence des finances locales sont
grandioses. D’une part, sur le plan interne, les CT ne peuvent rester insoucieux à
l’évolution de la culture du contribuable qui exige des prestations plus adaptées à ses
véritables besoins et revendique à ces CT ainsi qu’à ses responsables de rendre
compte de la gestion des fonds publics, en ce sens que les résultats satisfaisants sont
devenus difficilement tolérables.
Le budget ouvert peut en outre être un outil utile pour rendre la CT davantage
responsable devant les citoyens, les assemblées et les organes de contrôle.
Modelée en grande partie sur les standards internationaux (PEFA, RONC, OBI,), la
logique du budget ouvert signifie : une information financière diffuse et non confuse,
une discipline budgétaire délibérément empreinte d'initiative de participation du
grand public, un système de responsabilisation prévoyant une démarche par objectifs
et indicateurs, de nouveaux dispositifs de contrôle, politique surtout, tournés
davantage vers la performance, etc... Dans le même ordre d’idées, un des enjeux
essentiels de la logique du budget ouvert est de parvenir à réguler un jeu complexe
de CT qui pèsent sur la prise de décision.
C’est la raison pour laquelle, le budget ouvert dans la gestion budgétaire, devait être,
d’abord, appréhendée dans la perspective d'une gouvernance systémique des CT,
dont le budget constitue incontestablement la pierre angulaire.
Or, il paraît que les CT sont encore loin d’être proches des standards du budget ouvert
en soulignant les carences suivantes :
- Absence de rapports préalables à l’approbation du budget communiqué au
public au moins un mois avant la présentation du Projet de budget du Conseil
devant l'Assemblée délibérante ;
- Non-participation de la société civile aux débats sur le projet de budget ;
- Non publication du budget après son approbation aux portails des CT ;
- Inexistence d’un Budget citoyen publié en même temps que le document
connexe. Par exemple, un Budget des citoyens relatif au Projet de budget de
Conseil doit être publié pendant que l’assemblée examine le Projet de budget
du conseil et avant son approbation ;
- Absence d’une revue de milieu d'année, qui doit être publiée dans les trois mois
suivant la fin de l'exercice fiscal auquel elle se rapporte (la période financière) ;
- Absence de publication de règlement du budget dès son vote par l’assemblée
délibérante ;
- Non publication des rapports d’audit.
40 Les trois décrets sont : Décret n° 2.17.449 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité
publique des régions et de leurs groupements ; Décret n° 2.17.450 en date du 23 Novembre 2017 relatif
à la comptabilité publique des préfectures et provinces et de leurs groupements ; Décret n° 2.17.451 en
date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des communes et des établissements de
coopération entre les communes.
41 Les International Public Sector Accounting Standards (IPSAS) sont des normes comptables
internationales pour le secteur public (gouvernements, collectivités locales, établissements publics et
parapublics, institutions internationales, etc.). Les IPSAS sont édictées par l'IPSASB (International Public
Sector Accounting Standards Board), un organe indépendant de l'IFAC (International Federation of
Accountants). L'IPSASB développe les IPSAS en donnant l'opportunité de commenter aux parties
intéressées, c'est-à-dire les auditeurs externes, les préparateurs de comptes (ce qui inclut les ministères
des finances), les organismes charges de créer des standards comptables nationaux et internationaux,
et les citoyens. Les réunions de l'IPSASB où sont discutés les développements et où sont approuvés la
publication des IPSAS et autres documents sont ouvertes au public. Les agenda, incluant les minutes des
réunions de l'IPSASB, sont publiées sur le website de IPSASB: www.ipsasb.org. Les observateurs aux réunions
de l'IPSASB sont notamment la BAD, l'Union Européenne, l'IASB, le FMI, l'INTOSAI, l'OCDE, la Banque
Mondiale, les Nations unies et le PNUD.
La présente étude était tentée d’appréhender les questions liées aux finances locales.
Ce faisant, une analyse rétrospective sur les caractéristiques les plus saillantes des
agrégats financiers a été effectuée suivant une approche plurielle : juridique,
institutionnelle, statistiques et empirique. Elle a permis ainsi de faire ressortir des lectures
croisées à la fois quantitative et qualitative sur les grands problèmes liés à la gestion
des ressources et des dépenses des CT.
Certes, la gestion des finances locales a connu récemment «une évolution soutenue»,
avec l’adoption de la Constitution de 2011 et l’entrée en vigueur de la nouvelle
génération des textes régissant les CT. D’autant plus que la volonté affichée des
pouvoirs publics pour mettre sur pied le concept de la « régionalisation avancée »
marque un pas important dans le renforcement de la décentralisation.
En revanche, d’après l’analyse effectuée il s’avère que la situation n’est pas sans
accros et le niveau de gouvernance atteint, jusqu’à l’heure actuelle, reste en deçà
des attentes, ce qui reflète d’emblée le creusement de l'écart entre les faits et les
principes de gestion...
Ainsi, les constats relevés permettraient d’arrimer notre réflexion à identifier cinq défis
qui conditionneraient le renforcement des mécanismes de redevabilité des finances
locales à l’usage des citoyens :
1. La bonne gouvernance des finances locales est étroitement tributaire d’un
visioning stratégique et opérationnel, dûment réfléchi et davantage tourné
vers la logique de la performance au lieu de s’en tenir à la logique de gestion
des moyens ;
2. Les clichés vétustes de la gestion des finances locales, notamment les
dépenses, ayant longuement marqué la vie des CT interpellent ces derniers à
les effacer par des processus budgétaires plus transparents, plus ouverts, plus
participatif et plus inclusifs, notamment de la dimension genre ;
3. L’autonomie des CT et leur prédisposition pour faire face aux besoins collectifs
dépendent de leur capacité de mobiliser davantage des ressources et d’une
manière plus intelligente ;
4. Quel que soit la qualité du visioning du politique, son efficacité restera mitigée
en présence d’un appareil administratif léthargique et houleuse ; d’où la
nécessité d’accélérer la mise à niveau de l’Administration financière et fiscale
de tous les niveaux des CT ;
5. Une redevabilité n’est effectivement atteinte que si les pratiques redditionnelles
des CT sont plus sincères et retrace réellement la corrélation entre la
responsabilité et la reddition de comptes.
A cet effet, plusieurs recommandations peuvent être suggérées et qui peuvent être
agrées dans le cadre d’un « plan de progrès » à mettre en œuvre, selon un
échelonnement temporel à court et à moyen terme :
Graphe 15 : Trame des recommandations pour améliorer les mécanismes de redevabilité
DEFI 2 :
Défi 1 :
BUDGETS PLUS DEFI 3 : DEFI 4 :
VISIONING DÉFI 5 : COMPTES
TRANSPARENTS, MOBILISATION ADMINISTRATION
BUDGETAIRE PUBLICS SINCÈRES
PLUS INTELLIGENTE FINANCIERE ET
TOURNE VERS ET
PARTICIPATIFS DES FISCALE
LA RESPONSABILISANT
ET PLUS RESSOURCES COMPETENTE
PERFORMANCE
INCLUSIFS
Programmation Ressources
Consultation Administration Auditabilité des
Budgétaire fiscales gérées
publique Fiscale Locale comptes
Triennale par l’État
Budgétisation
Budgétisation Péréquation Commissions
sensible au
Annuelle financière d’enquêtes
genre
Rendre public les actes des débats sur les projets de budgets
animés au niveau des structures et instances de la CT
Auditabilité des Mettre en place une fonction d’audit interne au sein des
comptes structure des CT
Note Bibliographique
§ Textes de référence
• Constitution 2011
• Lois
- Loi organique n° 111-14 relative aux régions promulguée par le dahir n° 1-15-83 du 20
ramadan 1436 (7 juillet 2015) ;
- Loi organique n°112-14 relative aux préfectures et provinces promulguée par le dahir n°1-
15-84 du 20 ramadan 1436 (7 juillet 2015) ;
- Loi organique n°113-14 relative aux communes promulguée par le dahir n°1-15-85 du 20
ramadan 1436 (7 juillet 2015)
- Dahir n° 1-07-195 du 19 Kaada 1428 (30 Novembre 2007) portant promulgation de la loi n°
47-06 relative à la Fiscalité des Collectivités territoriales
- Dahir n° 1-15-62 du 14 chaabane 1436 (2 juin 2015) portant promulgation de la loi
organique n° 130- 13 relative à la loi de finances
- Projet de loi N° 31-13 relatif au droit d'accès, tel que voté par le Parlement
• Décrets
- Décret n° 2.17.449 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des
régions et de leurs groupements;
- Décret n° 2.17.450 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des
préfectures et provinces et de leurs groupements;
- Décret n° 2.17.451 en date du 23 Novembre 2017 relatif à la comptabilité publique des
communes et des établissements de coopération entre les communes.
- Décret n° 2.17.279 du 9 juin 2017 fixant les modalités d'octroi et de remboursement des
avances financières consenties par l'Etat à la région.
- Décret n° 2.17.280 du 9 juin 2017 fixant les modalités d'octroi et de remboursement des
avances financières consenties par l'Etat à la préfecture ou à la province.
- Décret n° 2.17.281 du 9 juin 2017 fixant les modalités d'octroi et de remboursement des
avances financières consenties par l'Etat à la commune.
- Décret n° 2.17.282 du 9 juin 2017 fixant les modalités de dépôts des fonds de la région
auprès de la trésorerie générale du Royaume.
- Décret n° 2.17.283 du 9 juin 2017 fixant les modalités de dépôts des fonds de la préfecture
ou à la province auprès de la trésorerie générale du Royaume.
- Décret n° 2.17.284 du 9 juin 2017 fixant les modalités de dépôts des fonds de la commune
auprès de la trésorerie générale du Royaume.
- Décret n° 2.17.285 du 9 juin 2017 fixant les modalités et les conditions selon lesquelles le
résultat général du budget de la région est arrêté.
- Décret n° 2.17.286 du 9 juin 2017 fixant les modalités et les conditions selon lesquelles le
résultat général du budget de la préfecture ou de la province est arrêté.
- Nom : Décret n° 2.17.286 du 9 juin 2017 fixant les modalités et les conditions selon lesquelles
le résultat général du budget de.pdf
- Décret n° 2.17.287 du 9 juin 2017 fixant les modalités et les conditions selon lesquelles le
résultat général du budget de la commune est arrêté.
- Décret n° 2.17.288 du 9 juin 2017 fixant la nature et les modalités d’établissement et de
publication des informations et des données contenues dans les états comptables et
financiers prévues à l’article 249 de la loi organique n° 111-14
- Décret n° 2.17.289 du 9 juin 2017 fixant la nature et les modalités d’établissement et de
publication des informations et des données contenues dans les états comptables et
financiers prévues à l’article 219 de la loi organique n° 112-14
- Décret n° 2.17.290 du 9 juin 2017 fixant la nature et les modalités d’établissement et de
publication des informations et des données contenues dans les états comptables et
financiers prévues à l’article 275 de la loi organique n° 113-14
- Décret n° 2.17.291 du 9 juin 2017 fixant les modalités d’inscription des équilibres du budget,
des budgets annexes et des comptes spéciaux de la région dans un état consolidé.
- Décret n° 2.17.292 du 9 juin 2017 fixant les modalités d’inscription des équilibres du budget,
des budgets annexes et des comptes spéciaux de la préfecture ou de la province dans
un état consolidé
- Décret n° 2.17.293 du 9 juin 2017 fixant les modalités d’inscription des équilibres du budget,
des budgets annexes et des comptes spéciaux de la commune dans un état consolidé.
- Décret n° 2.17.294 du 9 juin 2017 fixant les règles régissant les opérations d’emprunts
contractés par la région.
- Décret n° 2.17.295 du 9 juin 2017 fixant les règles régissant les opérations d’emprunts
contractés par la préfecture ou la province.
- Décret n° 2.17.296 du 9 juin 2017 fixant les règles régissant les opérations d’emprunts
contractés par la commune.
- Décret n° 2.17.307 du 3 juillet 2017 fixant le contenu du système d’adressage de la
commune et les modalités de son élaboration et de son actualisation.
- Décret n° 2.17.308 du 3 juillet 2017 fixant le seuil minimum de la part relative à l’animation
locale des arrondissements
- Décret n 2.17.308 du 3 juillet 2017 fixant le seuil minimum de la part relative à l’animation
locale des arrondissements
- Décret n° 2.17.352 du 3 juillet 2017 fixant la nomenclature budgétaire de la préfecture ou
de la province
- Décret n° 2.17.353 du 3 juillet 2017 fixant la nomenclature budgétaire de la commune
- Décret n°2.16.305 du 29 juin 2016 fixant la procédure et les délais de préparation de la
programmation triennal du budget de la région
- Décret n° 2.16.306 du 29 juin 2016 fixant le contenu de la programmation triennale du
budget de la préfecture ou de la province et les modalités de son élaboration
- Décret n°2.16.307 du 29 juin 2016 fixant le contenu de la programmation triennale du
budget de la commune et les modalités de son élaboration
- Décret n° 2.16.308 du 29 juin 2016 fixant les conditions et les modalités de virement des
crédits ouverts au budget de la région
- Décret n° 2.16.309 du 29 juin 2016 fixant les conditions et les modalités de virement des
crédits ouverts au budget de la préfecture et province
- Décret n° 2.16.310 du 29 juin 2016 fixant les conditions et les modalités de virement des
crédits ouverts au budget de la commune
- Décret n° 2.16.311 du 29 juin 2016 fixant les modalités de report des crédits ouverts au
budget de la région
- Décret n° 2.16.312 du 29 juin 2016 fixant les modalités de report des crédits ouverts au
budget de la préfecture et province
- Décret n° 2.16.313 du 29 juin 2016 fixant les modalités de report des crédits ouverts au
budget de la commune
- Décret n° 2.16.314 du 29 juin 2016 fixant la liste des documents devant être joints au budget
de la région soumis à la commission du budget des affaires financières et de la
programmation
- Décret n° 2.16.315 du 29 juin 2016 fixant la liste des documents devant être joints au budget
de la préfecture et province soumis à la commission du budget, des affaires financières et
de la programmation
- Décret n° 2.16.316 du 29 juin 2016 fixant la liste des documents devant être joints au budget
de la commune soumis à la commission du budget des affaires financières et de la
programmation
- Décret n° 2.16.317 du 29 juin 2016 fixant les modalités d'élaboration des états financiers et
comptables accompagnant le budget de la région
- Décret n° 2.16.318 du 29 juin 2016 fixant les modalités d'élaboration des états financiers et
comptables accompagnant le budget de la préfecture et province
- Décret n° 2.16.319 du 29 juin 2016 fixant les modalités d'élaboration des états financiers et
comptables accompagnant le budget de la commune
• Circulaires
- Note conjointe n° 16/DCPC/DER fixe également la procédure de décaissement de la part
TVA revenant aux collectivités locales