Proposition Article Version HAL1
Proposition Article Version HAL1
Proposition Article Version HAL1
: une nouvelle
façon d’interroger un exercice ?
Christian Silvy(1), Antoine Delcroix(1,2)
(1) CRREF
IUFM de la Guadeloupe
Morne Ferret, BP 517, 97178 Abymes Cedex
(2) Laboratoire AOC
UFR Sciences exactes et naturelles
Campus de Fouillole, Université Antilles-Guyane
97159 Pointe à Pitre Cedex
Résumé :.....................................................................................................................................1
1. Introduction.......................................................................................................................2
2. Premières analyses de la ROC........................................................................................2
2.1 Première lecture........................................................................................................2
2.2 Panorama général.....................................................................................................3
Point de vue historique..........................................................................................................3
Point de vue institutionnel (évolution des programmes)......................................................3
Point de vue des pratiques de l’oral du baccalauréat...........................................................4
Point de vue mathématique....................................................................................................5
3. Méthodes de résolution.....................................................................................................5
4. Ecologie didactique : outils- concepts.............................................................................7
Concept de pré-requis............................................................................................................7
Notion de site mathématique................................................................................................8
Construction du site mathématique de la ROC.....................................................................9
5. Discussion et conclusion.................................................................................................12
Bibliographie.............................................................................................................................15
Résumé :
L’introduction des restitutions organisées de connaissances (ROC) dans les épreuves du
baccalauréat, à partir de 1995, est une réponse de l’institution à la volonté de rendre plus
efficace l’enseignement en cycle terminal. Cet article s’appuie sur l’analyse de la ROC du
sujet Antilles Guyane session 2006 par une approche anthropologique en proposant la
construction de son « site mathématique ». Au travers de cet exemple sont interrogées
certaines caractéristiques du concept ROC comme sa cohérence (notamment institutionnelle)
et sa transparence de cette évaluation.
Pré-requis :
- La fonction logarithme népérien est dérivable sur ]0 ; +∞ [ et sa fonction dérivée est
la fonction inverse
- ln(1)=0
Le premier codage consiste à noter ln(x) à la place du plus habituel lnx. Ce code fait
référence à la valeur de la fonction ln prise au point x, comme il réfèrerait à une fonction f
non précisée prise au point x. L’ostensif (x) est d’un usage commun. Il s’emploie dans la
classe à partir de la seconde. Ainsi, après trois occurrences du mot « fonction » dans les pré-
requis, ce codage situe bien la ROC dans le champ des « fonctions ».
Le deuxième code est le choix des lettres a et x. Traditionnellement les lettres a, b, c
désignent dans un contexte mathématiques des constantes inconnues tandis que x, y et t sont
des variables. L’auteur suggère au résolveur que x sera traité comme une variable et a comme
une constante.
Remarquons également que le concepteur a choisi de donner comme pré-requis non
une définition de la fonction ln mais une propriété de celle-ci. En effet il aurait pu choisir
d’écrire « La fonction logarithme népérien est la primitive définie sur ]0 ; + [ de la
fonction inverse qui s’annule en 1 ». Ce choix dans l’évaluation finale indique, par
son caractère inhabituel, un objet précis : la dérivation. Dans le même ordre d’idées le
concepteur n’introduit pas l’objet du problème en le citant comme étant une propriété ni une
relation fonctionnelle mais simplement une démonstration.
Ainsi dans l’énoncé de cette ROC, l’implicite occupe une place première. Pour
reconnaître les concepts protomathématiques, paramathématiques1 ou mathématiques l’élève
résolveur doit montrer une « habileté de lecture mathématique », habileté au sens du mot latin
« habilis » : "qui ont des habitudes, qui « savent y faire ». C’est la notion anglaise de
« craft », de « clever » (adresse et présence d’esprit et habitude), c’est l’habileté à quelque
chose. Encore une fois nous sommes bien dans le domaine technique. " [M. Mauss, 1950] En
conséquence une lecture attentive du sujet permet à cet « expert » de décoder et donc de
choisir les techniques [Y. Chevallard, 1989], la variable et la stratégie.
1
Dans cet article nous confondons le protomathématique et le paramathématique.
2
Nous invitons le lecteur à se reporter à Histoires de logarithmes, Ellipses, Evelyne Barbin et alii. Collection :
IREM - Histoire des mathématiques. Ellipses, Paris, 2006.
Document 14
Étude des fonctions logarithmes et exponentielles
Fonction logarithme On mentionnera la fonction Le mode d’introduction du logarithme n’est pas imposé. On
népérien; notation ln. logarithme décimal, notée peut, pour l’introduire :
Équation log, pour son utilité dans les - soit partir des propriétés des fonctions exponentielles ;
fonctionnelle autres disciplines et son - soit poser le problème des fonctions dérivables sur IR +*
caractéristique. rapport avec l’écriture telles que f(x y) = f(x) + f(y)
Dérivée; décimale des nombres. et admettre l’existence de primitives pour la fonction : x
comportement Approximation affine, au
asymptotique. voisinage ;
de 0, de h ln(1+h) - soit traiter le logarithme après l’intégration.
3
Mathématiques, classes de second cycle, Ministère de l’Education Nationale, Horaires, Programmes,
Instructions, INRDP, FABREGUE, 4è trimestre 1971.
4
Extrait du Cédérom mathématiques 2002, accompagnement des programmes, Mathématiques,
classes terminales de la série scientifique et de la série économique et sociale, Ministère jeunesse
éducation recherche, imprimerie nationale juillet 2002.
3. Méthodes de résolution
Nous allons rédiger quelques réponses possibles à cette ROC en les appelant méthode dans le
sens ordinaire de ce mot. Nous ne choisissons pas une rédaction la plus économique possible
pour expliciter quelques concepts protomathématiques ou paramathématiques et par voie de
conséquence, pouvoir construire effectivement le site mathématique.
Première méthode
Les pré-requis peuvent faire penser à la définition de ln à partir de l’intégrale : lnx = .
Nous avons donc à démontrer que pour tous réels strictement positifs a et x,
.
En utilisant la relation de Chasles, nous obtenons
.
Or .
Soit f : R R définie par f(t)= . La fonction f est continue sur R, ainsi nous pouvons
appliquer le théorème
..
Deuxième méthode
Nous utilisons la fonction exponentielle, fonction qui dans la programmation de la classe se
situe avant la fonction ln. Nous remarquons qu’un professeur peut choisir d’utiliser cette
méthode en cours pour démontrer la propriété du logarithme présente en suivant les directives
prescrites par l’institution.
En utilisant, la propriété « , exp(lnx)=x » nous obtenons que exp (ln(ax))= ax.
D’autre part : exp(ln(a)+ln(x))= exp(ln(a)) exp(ln(x))=ax.
Ainsi exp (ln(ax))= exp(ln(a)+ln(x))
Or la fonction exp est une bijection de IR dans ]0 ;+∞[ donc ln(ax)=ln(a)+ln(x).
Troisième méthode
Nous utilisons l’indication de l’auteur, qui a mis intentionnellement les parenthèses dans le
sujet ln(ax)=ln(a)+ln(x)) pour les raisons indiquées dans les remarques introductives.
Cette méthode a pour base l’équivalence entre la relation fonctionnelle et la constance (ou la
nullité) d’une certaine fonction. Elle repose ainsi sur le choix d’une fonction constante à partir
de la relation fonctionnelle.
Pour déterminer la fonction nous procédons par équivalence à partir de la relation
fonctionnelle.
Un premier choix consiste à écrire que, pour tous réels strictement positifs a et x, la
proposition ln(ax)=ln(a)+ln(x) est équivalente à ln(ax) - ln(a) - ln(x)= 0. Nous obtenons ainsi
une première fonction f(x)= ln(ax)-ln(a)-ln(x) dont on doit montrer qu’elle est identiquement
nulle. On peut procéder en trois étapes :
f est la somme de fonctions dérivables (d’après le pré-requis). Elle est donc dérivable
sur ]0 ;+∞[ et d’après la propriété de dérivation d’une fonction composée ;
ainsi f est une fonction constante, i.e. il existe un nombre réel c tel que pour tout x de
]0 ;+∞[, f(x)= c ;
on a f(1)=0 (pré-requis) ;
donc la constante c est nulle et f est nulle.
On peut également remplacer l’égalité ln(ax)=ln(a)+ln(x) par ln(ax)-ln(x) = ln(a ) et cela
nous indique une deuxième fonction possible : soit g la fonction définie et dérivable sur I=]0 ;
+∞[ par g (x) = ln(ax)−ln(x). On a , comme pour f ci-dessus. Ainsi, g est constante
5
Mathématiques cours et exercices Analyse A. Warusfel, P Attali, M. Collet, C. Gautier, S. Nicolas Vuibert
2002 : « nous aimerions que ce cours puisse rester l’ouvrage de référence du bachelier scientifique.
Quatrième méthode
Soit la fonctions h définie avec h(x) = ln(ax) et h est la composée de fonctions dérivables
(pré-requis) est donc dérivable sur ]0 ;+∞[ et h’(x)= .
La fonction h est une primitive sur l’intervalle ]0 ;+∞[ de la fonction inverse x comme la
fonction ln (pré-requis) . Ces deux fonctions diffèrent d’une constante. Or pour x =1 on a
h(1)=ln(a) donc h(x)=ln(x)+ln(a).
Cette méthode utilise le concept de primitive mais elle est fondée sur le même théorème, la
caractérisation des fonctions constantes par leur dérivée. Nous soulignons que cette méthode
utilise bien les deux composantes du pré-requis, même si elle n’est pas a priori attendue par le
concepteur du sujet.
Mais cette caractéristique est plus qu’une modification c’est une rupture de contrat didactique.
En effet dans le secondaire les élèves ont l’habitude de pouvoir utiliser tous les résultats de
cours pour répondre à un exercice : le « réservoir » de leurs connaissances est leur corpus
personnel de pré-requis. Le résolveur doit être conscient d’une nouvelle règle, d’un jeu un peu
formel, qui modifie le contrat d’évaluation. Probablement, cette rupture demande un
entraînement préalable, mais nous laisserons cet aspect pour des travaux ultérieurs.
Notons que la première méthode utilise la technique du changement de variable affine
qui n’est pas au programme du cycle terminal. Remarquons que la deuxième méthode
proposée ci-dessus fonctionne au niveau de la classe de terminale, mais en exploitant les
propriétés fonctionnelles de l’exponentielle, elle n’utilise pas les pré-requis, elle est donc hors
contrat d’évaluation. Mais cette propriété est plus qu’une modification de contrat c’est une
rupture. Nous rappelons que cette rupture de contrat didactique due à l’introduction du pré-
requis nécessite une modification des « réflexes » acquis lors de l’apprentissage. En effet,
l’élève résolveur ne doit pas nécessairement puiser dans tout son stock de connaissances pour
résoudre une ROC. Le nouveau contrat didactique fonctionne ainsi : « tout pré-requis doit
être utilisé pour répondre à l’exercice ». L’obligation d’utiliser les pré-requis condamne le
résolveur à laisser de côté la deuxième méthode et ainsi referme la ROC.
Face à cette ROC, mais nous avons constaté que cela était assez général, l’élève résolveur se
trouve en fait soit devant un exercice qu’il a déjà rencontré, soit devant une question nouvelle.
Cependant dans ces deux cas, le pré-requis permet au résolveur d’être dans les conditions
d’une pratique cartésienne avec un minimum de pas de raisonnement à effectuer. Cette
organisation rend (en principe) la ROC « comestible », au niveau du temps et de la difficulté,
pour un élève candidat au baccalauréat.
Par ailleurs, sans vouloir être exhaustifs, les pré-requis sont largement utilisés dans les
pratiques d’évaluation en sciences. Pour se limiter aux mathématiques, cette notion de pré-
requis est actuellement utilisée dans les écrits des concours et notamment du CAPES. La
première partie de la première épreuve de CAPES 2006 en est un exemple : « Dans cette
partie, le candidat utilisera uniquement les connaissances faisant partie du programme de
Terminale S. » A l’évidence, ce cadrage s’impose au candidat. A l’inverse, au premier oral du
CAPES externe ou du CAPLP mathématiques-sciences physiques, le candidat est amené à
faire un choix de pré-requis, qui le place dans un contrat analogue à celui de la ROC.
6
14ème Ecole d’été de Didactique des Mathématiques, ARDM, 2006, Sainte Livarde.
Pour expliciter ces trois derniers champs d’analyse, et dans un contexte voisin de cette ROC,
la technique justifiant l'étude du sens de variation d'une fonction par le signe de la dérivée
pourrait être le théorème des accroissements finis (TAF), bien que ce ne soit pas la seule
approche possible. Alors, une des technologies associées (ou concepts 1) pourrait être le
théorème de Rolle, pourtant équivalent au TAF, mais que la chronogenèse place avant. Nous
pourrions aussi considérer qu'une des propriétés des fonctions continues sur les segments,
atteindre leurs extrema, est une technologie associée, tant le théorème de Rolle en découle
immédiatement. Les concepts 2 seraient ceux plus généraux, englobant les champs
mathématiques questionnés, comme la notion de continuité ou de compacité.
Remarque : au niveau d’analyse considéré, nous avons choisi de ne pas reprendre dans les
concepts, certaines des « substrats», par souci de lisibilité. Mais, nous restons conscients que,
par exemple, le vocabulaire de la logique présenté ici comme « substrat» pourrait devenir
concept dans une analyse plus fine qui viserait les méthodes de démonstration en la situant
dans la théorie formelle des propositions.
Les deux dernières méthodes font appel à la même technique principale, de manière directe
pour la troisième méthode et indirecte pour la quatrième. Nous pouvons l’énoncer ainsi :
« soit I un intervalle et f une fonction définie sur I. La fonction f est constante sur I si, et
seulement si, f est dérivable et f’ est la fonction nulle sur I ». C’est une caractérisation des
fonctions constantes par leur dérivée.
Pour atteindre cette technique, la troisième méthode passe par la mise en relation de plusieurs
des objets : dérivabilité, dérivation de somme et de composée de fonctions. Les propriétés
algébriques des fonctions dérivables (dérivabilité de la somme de fonctions dérivables,
dérivabilité d’une fonction composée et calcul de ses dérivées) sont ainsi les principales
justifications des hypothèses de la technique principale.
Remarquons que la justification principale de cette technique est un théorème admis. En effet,
le fait que « toute fonction dérivable à dérivée nulle sur un intervalle non réduit à un point est
constante », n’est pas justifiable en 1ère S depuis le changement de programme 2002. En
terminale elle n’est pas, à notre connaissance, enseignée depuis la disparition du théorème des
accroissements finis (programme 1991). Nous avons cherché une démonstration possible en
terminale S, en contournant les propriétés d’accroissements finis. (Voir annexe 1 et [C. Silvy,
A. Delcroix, 2008] pour une analyse plus complète.) Une des démonstrations possibles est
issue d’un exercice dans le cours d’un professeur de classe préparatoire de première année. À
ce niveau, le cours du professeur est un « texte du savoir » bien réglé. La ROC étudiée ici se
situe donc à la frontière entre deux types de cours : un premier type, construit à partir de
problèmes ou d’activités pas toujours justifiés, l’autre type plus « naturel » plus proche d’un
cours « ouvrage fini » bien justifié. Les sites Internet ou des entretiens avec des professeurs
de terminale permettent de dire que pour eux, le texte de leur cours reste un élément important
mais il n’est pas aussi « travaillé » que celui du professeur de classe préparatoire.
Derrière ces technologies, on trouve les propriétés algébriques des espaces vectoriels ou des
algèbres de fonctions, bien sûr hors programme du secondaire. La relation fonctionnelle de la
fonction ln est la définition d’un homomorphisme du groupe (IR*+, ) vers le groupe (IR, +)
appelé « isomorphisme fondamental du groupe multiplicatif IR*+ dans le groupe additif de
IR7 ». Comme la fonction ln est dérivable sur I, de dérivée une fraction rationnelle ne
s’annulant pas sur I comme l’indique ces pré-requis, un raisonnement par récurrence permet
aisément de montrer qu’elle est de classe C . Nous sommes donc en présence d’un
difféomorphisme de classe C qui est donc un des concepts (2) de cette ROC.
Remarque : Nous mettons en doute « la transparence du savoir enseigné » par la difficulté à
obtenir une preuve de ce théorème de caractérisation. En effet les mathématiques au
7
Eléments d’algèbre moderne A. Lentin et J Rivaud Vuibert 3 trimestre 1958
5. Discussion et conclusion
La construction d’un site mathématique d’un exercice passe nécessairement par une phase
d’interrogation. Dans ce cas particulier, nous évoquions dans l’introduction la question de
« la transparence » de l’évaluation par les ROC et plus particulièrement par celle objet de
notre étude. Nous avons montré que le terme « organisée » de cette restitution possède deux
niveaux, l’un mathématique, l’autre constituant « une mise en scène » du texte de l’énoncé.
Le premier niveau montre l’importance de cette ROC au niveau mathématique, au centre des
propriétés des fonctions de la variable réelle, dont elle exige une bonne maîtrise. Le deuxième
8
Nous présentons le tableau de synthèse du site mathématique de cette ROC. Seuls les éléments principaux ont
été représentés dans un souci de clarté.
Les flèches indiquent les liens d’ « inclusion » dans la justification (« à interpréter à peu près comme « pertinent
pour » » [P. Duchet, K. Erdogan, 2005]). Les éventuelles flèches joignant des concepts d’une même colonne
n’ont pas été marquées.
Les mots en gras sont substrat, objets, technique, concepts attendus par l’institution. Nous invitons le lecteur, qui
désire « fouiller » davantage le site, à lire C. Silvy A. Delcroix « fonction constante et dérivée nulle : résultat si
trivial… ».
Par ailleurs, les caractéristiques de la ROC évoquée dans cet article sont au nombre de trois.
En premier lieu, la ROC se situe à la fin de l’apprentissage, au moment où l’élève peut
réécrire partiellement un texte du savoir : la « restitution des connaissances ».
Traditionnellement, le cours écrit du professeur constitue le texte du savoir de la classe. Au
XIXe siècle ou au début du XXe, le cours est typographié en écriture manuelle, composé d’une
suite de théorèmes et comporte de nombreux commentaires : c’est un discours. Dans les
années 2000, le cours n’est pas toujours transmis en totalité. Sa construction, se faisant en
partie au travers d’activités, devient partiellement du domaine privé, appartenant à l’élève.
Ainsi, une ROC peut tendre à faire ressurgir ce souffle du discours, le « logos ».
Le nouveau contrat d’évaluation engendré par le pré-requis est la deuxième caractéristique de
cette ROC. Ce contrat en induit la dernière, en permettant au résolveur d’être dans les
conditions d’une certaine « pratique cartésienne ». Celle-ci est obtenue par reconstruction, soit
par "oubli des souvenirs", soit par réorganisation " des savoirs connus de l‘élève autour de ce
problème ". C’est une méthode qu’on peut rapprocher de celle de Descartes, comme le
montre A. Mercier (2001) : « Le rapprochement entre les deux textes de Descartes montre que la
réorganisation des connaissances qu’il mène selon la méthode, lui permet de produire des réponses
- inconnues jusqu’alors - aux problèmes mathématiques qu’il se pose : la méthode cartésienne décrit
la manière de s’enseigner soi-même ce que l’on ignore, dès lors que l’on peut comprendre son
ignorance dans le cadre de pensée des savoirs existants, réorganisé à cet effet. »
Enfin, au travers de la construction du « site mathématique », nous voyons que l’objet ROC
peut répondre, au moins partiellement, aux attentes de l’institution. D’une part, il peut induire
une modification des pratiques en introduisant obligatoirement davantage de démonstrations
dans le cours du professeur. D’autre part, il peut permettre un certain dépaysement du
programme par une autre entrée. Du point de vue des élèves, un enseignement qui lèverait
une partie du voile implicite de certaines habiletés leur permettrait de ne plus prendre
l’acronyme ROC au sens de « dur comme du rocher » mais au sens de « ROC, cœur du
raisonnement ». La cohérence institutionnelle de l’objet ROC nous semble donc réelle.
Cependant, le caractère étranger au programme de la technologie justificative de la ROC
étudiée ici montre qu’elle vise à faire exister au niveau n des théorèmes de l’année n+1, ce
que certains pourraient voir comme une limitation de cette cohérence. En effet nous avons
montré que deux démonstrations cohabitent, l’une absente, et l’autre faible dans « l’écotone »
secondaire-universitaire avec des conditions d’existences fragiles.
Nous espérons, au travers de l’exemple étudié ici, avoir montré que la construction effective
d’un site mathématique permet (en particulier pour les étudiants préparant le CAPES ou le
CAPLP dans le cadre des épreuves d’oral 2) de réinterroger un exercice ou une activité, en
9
Rapport-n°2007-090 Novembre 2007, inspection générale de l’administration, l’Éducation nationale et de la
Recherche. La série scientifique au cycle terminal du lycée : articulation avec le cycle de détermination et
orientation vers les études supérieures.