3 - L'Asie
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3 - L'Asie
Histoire :
2 juillet 1997 : les autorités thaïlandaises laissent flotter leur monnaie (le baht) qui se met à
plonger littéralement et entraine la quasi totalité des pays d'Asie (les dragons, les tigres). La
dépréciation du change varie selon les monnaies entre 30 et 50% en 2 mois, ce qui montre
l'effet "prophétie auto-réalisatrice" de l'histoire...
Explication post-crise de la part du FMI et de la BM : manque de transparence financière qui
prévalait dans ces économies (même si rien n'avait été signalé dans les années précédentes)
Jusqu'alors, l'entrecroisement des relations entre financiers et industriels était considéré
comme étant une vertu. C'est devenu un défaut, l'opacité serait devenue l'origine du
surinvestissement.
Entrées de capitaux massives jusqu'à juin 1997. Les agences de notation n'ont décelé
(comme d'habitude) aucun signe avant-coureur.
Crise due à un afflux de capitaux qui s'est porté massivement sur la zone asiatique. Cette
entrée massive a dans un 1er temps généré une croissance économique en partie factice. On
voit bien comment des pays émergents dépendent de financements extérieurs. Les retraits
de capitaux sont massifs en Indonésie, en Corée du Sud, en Thaïlande appel quasi
instantané au FMI. Le FMI applique des mesures habituelles = rigueur budgétaire pour
freiner la demande intérieure et le déficit commercial, et hausse des taux d'intérêt pour
défendre la monnaie. En Corée, le taux de croissance dépassait 8% avant la crise, le taux
d'inflation était à 5, et le déficit commercial était très limité (entre 2 et 5% du PIB).
C'est donc avant tout une crise de la finance privée.
Les banques locales avaient massivement emprunté à court terme en $. Quand la
dépréciation du taux de change s'est opérée, elles ont été étranglées par les dettes crise
de liquidité puis de solvabilité bancaire.
Dimension financière de la crise car hétérogénéité des pays : Corée déjà membre de l'OCDE
(pays industrialisé) alors que l'Indonésie est presque un pays en sous-développement.
Malaisie : inflexion, elle rétablit dans les années qui suivent un strict contrôle des capitaux
pour que l'État puisse être capable de guider les investissements économiques.
Effets variables d'un pays à l'autre, certains renouent avec la croissance dès 1999 (Corée).
Les titres émis (qui ont circulé dans la zone asiatique) étaient largement obligataires. Du
coup, les hedge funds ont investi sur le marché boursier + spéculation immobilière assez
forte. Maillon faible du système asiatique = le système bancaire : faible estimation des
risques, risque de change très élevé.
Signe avant coureur : en janvier 1997 en Thaïlande, un des grands conglomérats a fait faillite.
La liberté de circulation des capitaux favorise le comportement de panique attaque
contre la bourse de Hong-Kong en octobre 1997. Véritable choc, car l'invulnérabilité
supposée des pays asiatiques a désormais été remise en cause.
Le won coréen perd 50% de sa valeur entre juillet et octobre, et la roupie indonésienne 80%.
Même le plan d'urgence établi par la Corée ne suffit pas à limiter les sorties de capitaux (qui
continuent encore en décembre). Il faut attendre un déblocage immédiat de 10 milliards de
$ du Trésor américain et l'insistance du FMI auprès des banques internationales pour
qu'elles maintiennent leurs investissements en Corée (presque rôle de "prêteur en dernier
ressors"). Cela produit un effet y compris au Japon (effet domino).
Problème : très fort endettement de la dette des ménages et des entreprises. Dans les 80's,
le crédit a été très bon marché, très abondant et les investissements nombreux.
Le dégonflement des bulles a accru la propension à épargner.
C'est surtout dans les 90's que la baisse de la demande en capitaux des entreprises va
réduire l'endettement privé. On a donc un véritable enchainement : les entreprises
empruntent moins elles achètent moins de titres d'obligation d'État elles ont moins de
résultat elles payent moins d'impôts augmentation du déficit public.
Par rapport aux autres pays d'occidentaux, le Japon possède une épargne privée plus
importante. Culture de l'aversion au risque très forte notamment chez les ménages, qui
préfèrent détenir des obligations d'État (méfiance à l'égard du système boursier). Les
ménages sont à la recherche de placements surs. Les innovations financières conduisent à
une sorte de captation de l'épargne privée par l'État japonais pour financer ses propres
besoins. Les taux de prêt pour 10 ans étaient de 1% : on prêtait de l'argent pour 10 ans et on
ne touchait que 1%...
Néanmoins les marges du Japon ne sont pas sans limites : effet potentiel du vieillissement de
la population, et de la diminution de la population active. Cela conduit déjà à une
dégradation de l'épargne des ménages.
Ce qui risque de se produire = augmentation des taux des obligations. Pour récolter de
l'épargne, il va falloir augmenter son rendement. Risque de poser problème au déficit
japonais (le Japon ne risque pas de défaut de paiement car ce sont les ménages japonais qui
détiennent la dette mais si les taux de croissance nominaux ne sont pas positifs, problème).
Depuis les années 2000, la situation des entreprises s'est caractérisée par une épargne nette
positive. Elles dégagent plus d'épargne que de capacité de financement, ie elles
n'investissent pas.
Structurellement, le Japon est un pays qui enregistrait des excédents commerciaux très
importants (liés à la compétitivité externe du Japon).
Les exportations japonaises se sont déplacées géographiquement, notamment vers d'autres
pays de la zone même si à la fin de la période, la dépréciation du yen a restauré la
compétitivité prix externe des exportations japonaises.
Longtemps, le commerce extérieur japonais soutenait la demande, cela a été un peu moins
le cas durant la période. Le véritable défi auquel va être confronté l'État japonais dans la
gestion de sa dette va être de la stabiliser (elle ne pourra jamais la réduire). La marge de
manœuvre serait évidement le prélèvement fiscal (= un des prélèvements les plus faibles des
pays développés). Le poids des impôts dans le PIB au Japon au début 2010 est de 17% contre
25% en France, 30% au RU (plus d'impôts qu'en France mais moins de prélèvements
sociaux). Le taux de TVA est structurellement faible (entre 3 et 5%, 18% de moyenne
européenne). Ces mesures de pression fiscale sont très impopulaires au sein de la
population.
Paradoxe japonais : la fiscalité sur les ménages est très faible, mais conséquente sur les
entreprises (40%, plus que la plupart des pays occidentaux). Il faudrait prélever plus sur les
retraites.
III- Abenomics
Abenomics = désigne la politique mis en œuvre sous Shinzo Abe, 1er ministre du Japon depuis
décembre 2012.
Objectif : rétablir une dynamique de croissance, et stopper la déflation japonaise (qui existe
depuis le début des 90's).
Pigou : ce qui compte, c'est la valeur effective de la monnaie.
Déflation s'est accompagnée d'une baisse des exportations (car la déflation augmente la
valeur de la monnaie).
BOJ = Banque Centrale du Japon.
Abe a imposé une politique monétaire accommodante (l'économie japonaise a été
littéralement inondée de liquidités).
La taille de la BOJ double, en 2 ans (2012-2014), elle passe de 12% à 60% du PIB japonais (car
elle rachète les obligations du gouvernement japonais) politique monétaire offensive.
Dès 2013, le taux d'inflation redevient positif (1.5) dynamise la bourse japonaise et en
même temps le Yen a été déprécié (il a perdu entre ¼ et 1/3 de sa valeur par rapport au $ en
1 an). Cela a donc favorisé la reprise des exportations.
2011 : tsunami le bilan a mis en place un grand projet d'infrastructures pour que les
investissements publics prennent le relais des investissements privés et que cela favorise
une sorte de croissance auto-entretenue.
En même temps, des mesures structurelles sont adoptées par les Abenomics (conseillers de
Abe) :
politique de dérégulation des services, de l'agriculture
plus grande ouverture aux investissements étrangers : c'est le TPP
mise en place de zones économiques spéciales à fiscalité réduite (comme en Chine).
Du point de vue politique, ces mesures sont vues comme des mesures de redressement
national.
Salaires en régression de 12% entre 1996 et 2015 les ménages ont été obligé de puiser
dans leur épargne pour maintenir la consommation (cela ralentit l'économie du pays).
Selon le FMI : l'inflation demeure insuffisante au Japon. Les salaires demeurent très
largement à l'arrêt, et la dette publique trop lourde problèmes du Japon non réglés.
Croissance prévisionnelle de 1.3 en 2017 et de 0.6 en 2018 Japon en retrait des pays
développés.
Crise japonaise due à une double bulle boursière et immobilière = largement entretenue par
la politique monétaire expansive. La BOJ a favorisé de manière massive le développement du
crédit pour faire face au problème. Lorsque la crise éclate, fin des 80's, l'indice de la bourse
japonaise perd 60% en 2 ans de sa valeur. Les banques perdent une grande partie de leurs
capitaux propres. Elles sont en plus frappées de plein fouet par le krach immobilier et
obligées de vendre à perte une partie de leur actif (ce qui favorise en plus la baisse des
prix...). Crédit crunch = elles arrêtent de prêter.
1994 : 7 organismes de crédit immobilier font faillite.
1997 : 3 célèbres banques d'affaire japonaises font faillite.
1998 : le gouvernement doit nationaliser 2 banques d'affaire en faillite (dont la
fameuse LTCM)
Système bancaire paralysé.
En 1998, l'État investit l'équivalence de 12% du PIB japonais. Avec cette crise, avènement de
la déflation. Politique monétaire extrêmement accommodante pour doper l'économie
réelle.
Mais la baisse des prix crée un cercle vicieux : cela accroit la valeur de la dette. Le prix des
terrains a perdu en 2003 80% de sa valeur.
La banque du Japon tente d'inonder le marché financier en passant d'un achat de 40
milliards à 300 milliards de titres politique de quantitative easing (que les USA et l'Europe
reprendront).
Le capitalisme asiatique serait caractérisé historiquement par une présence plus grande des
institutions que des marchés.
o Capitalisme autoritaire (Chine, Indonésie, Thaïlande)
o Modèles émergents et fragiles (Malaise, Philippines)
o Cités-États (HK, Singapour)
o Économies caractérisées par des progrès technologiques élevés et un encadrement
du travail (Japon, Corée, Taïwan).
Déjà au sein du capitalisme asiatique, il existe des différences.
Au Japon, à partir des 90's, réformes néolibérales mises en œuvre (le capitalisme financier a
progressé). La firme japonaise s'est transformée, le marché du travail a été en partie
dérégulé. Autrement dit, si on ne peut pas dire que le Japon soit un capitalisme anglo-saxon,
il en est moins loin qu'il ne l'était il y a 20 ou 25 ans, même s'il y a des résistances.
Corée du Sud : avant 1987, le modèle coréen est un modèle de pays autoritaire, tiré par les
exportations. Productivité élevée, bas salaires.
Mais le système coréen a évolué entre 1987 et 1997 (protestations en Corée pour les
augmentations de salaire, demande de répartition des gains de productivité).
Point commun des pays asiatiques : faible développement des marchés domestiques
(nécessaire pour réduire les inégalités internes par exemple).
Occidentalisation du capitalisme d'Asie mais pas trop.
V- L'Inde
1) Les castes
Les castes n'existent pas qu'en Inde mais c'est dans la société indienne que cette forme
sociale a été le plus discutée car elle a une place majeure dans l'organisation de la société.
Un des 1ers auteurs français à avoir défini le système des castes = Célestin Bouglé (proche de
Durkheim) en 1935 : "une société est soumise au régime de castes si elle est divisée en un
grand nombre de groupes héréditairement spécialisés, hiérarchiquement superposés et
mutuellement opposés". Elle s'oppose au mélange de sang, aux conquêtes de rang et aux
changements de métier. Les classes sont aussi structurées par type de métier.
Force du système = accorder un rang. Comme le disait Max Weber "l'hindouisme consacre
des conduites de vie fondées exclusivement sur la piété" tout découle de l'appartenance
de caste, notamment le métier. L'hindouisme incite à l'acceptation du monde (de l'ordre
social) car la voix du salut est possible par la réincarnation.
Au sommet se trouvent les intérêts religieux consacrés : les brahman (prêtres)
milieux politiques, d'administration
Guerriers = kshatriya,
Les agriculteurs, les marchands = vaiscya milieux d'affaire
Les serviteurs et les mendiants = shudras
Endogamie stricte (mariage dans le même groupe), hypogamie = mariage avec quelqu'un
d'en dessous.
Opposition entre la pureté et l'impureté. Religion polythéiste met l'accent sur la
réincarnation. La caste des brahman assure sa supériorité y compris matérielle car les autres
castes doivent se laver de leurs impuretés en leur faisant des dons.
Gandhi : conservateur en terme de castes il n'a pas fait bouger franchement les choses.
Pratiques qui demeurent clientélistes et conservatrices jusque dans les 90's. Les britanniques
avaient instauré des écoles pour les basses castes et une politique de bourse avec des
quotas dans la fonction publique.
Après 1947, Nehru lance un programme de promotion des basses castes (Other Background
Classes).
1963 : arrêt de la cour suprême indienne qui casse les mesures en terme de quotas car
jugées contraire à la constitution.
On assiste à une montée des partis nationalistes (comme le Bihar) qui estiment que le
socialisme est incompatible avec les classes.
Blocages surtout au Nord de l'Inde.
1978 : 2ème commission présidée par Mandal (issu des basses castes) : il propose de réserver
27% des postes de la fonction publique pour les basses castes (plutôt que 12.5%). Les
intouchables se sont alliés aux OBC (Other Background Classes).
Représentants de OBC = 11% en 1984 et 25% actuellement.
Empowerment au sein de la population indienne en politisant les basses castes. C'est par
l'accès au pouvoir politique que les basses castes ont pu avoir une meilleure représentation.
2) Démocratie indienne et castes
Jaffrelot (spécialiste de l'Inde) parle de "révolution silencieuse en marche depuis les 90's".
Yadavs = communauté du Nord. Un des groupes de caste les plus nombreux, qui a bénéficié
des réformes agraires. Deviennent des concurrents du Parti du Congrès, jusqu'alors
dominant.
L'idée est de montrer comment la démocratie va perturber le fonctionnement du système
de castes. Cela va affecter le domaine de la parenté les petites divisions internes qui
existaient tendent à perdre de l'importance, prise de conscience du nombre (ils prennent
conscience qu'ils sont majoritaires).
Transformation religieuse, sorte de néo-hindouisme qui privilégie l'unité du groupe et la
figure divine de Krishna. Processus de substantialisation de la caste signe d'appartenance
commune plus qu'une contrainte. La caste se transforme en un groupe ethnique susceptible
de défendre ses intérêts.
3) Le capitalisme indien
4) L'Inde actuelle
Victoire du Parti nationaliste hindou (le BJP) aux élections législatives de 2014 avec comme
leader Modi (crédo = l'accroissement de l'investissement).
Fin des larges coalitions gouvernementales qui s'étaient imposées depuis la fin des 90's
(rendait difficile les réformes).
Multiplication des scandales de corruption dans ces dernières années lutte contre la
corruption devenue une priorité du nouveau gouvernement.
Inde + Chine = 2 seuls BRICS qui se distinguent (et sont moins touchés par la récession).
Chine = problèmes macroéconomiques et financiers internes. L'Inde semble être l'économie
qui a réussi à s'adapter le plus rapidement au nouveau contexte international.
Chute des prix du pétrole : bonne nouvelle, pays qui importe des hydrocarbures.
Inde = nouvelle frontière de la croissance asiatique ? (1 milliard 250 millions d'habitants)