Transport Cluster Summary Report (FR) - Web
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projets IDEV
Évaluation des projets
routiers et portuaires de la BAD
(2012–2019)
Rapport d'évaluation groupée
Octobre 2021
Les différents produits qui servent
à atteindre les objectifs stratégiques
de l’évaluation indépendante
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Une évaluation groupée de projets IDEV
Évaluation des projets
routiers et portuaires de la BAD
(2012–2019)
Rapport d'évaluation groupée
Octobre 2021
REMERCIEMENTS
Chef de projet : Clément Bansé, Chargé d’évaluation en chef
Membre de l’équipe : Racky Baldé, Consultante, Analyste d’évaluation
Consultants : Laura Delponte (Chef d’équipe), Justin Murara, Abid Hassen, Alain Rakotomavo,
Andreas Helmich, Evans Ntagwabira et Jonathan Tengbe
Pairs évaluateurs internes : Andrew Ajuang Anguko, Conseiller en chef en qualité et méthodes, IDEV.0 ; Girma Kumbi, Chargé
d’évaluation en chef, IDEV.2 ; Joseph Mouanda, Chargé d’évaluation en chef, IDEV.1
Pair évaluateur externe : Claudine Voyadzis, Consultante, Conseillère supérieure en évaluation
Membres du Groupe de référence Hassanatu Mansaray (SNSP), Zerfu Tessema (RDGE), Maïmounatou Ndiaye Diop (RDGN),
au sein de la Banque : Modeste Kinane (SNSC), Bakia Mbianyo (SNSC), Rokhaya Diallo-Diop (PINS), Ali Ouattara (PINS),
Jacques Nyirubutama (RDGS), Dana El Hassan (AHGC-Genre), Augustin Karanga (RDGC) et
Lydie Ehouman (PICU)
Gestion des connaissances et Jayne Musumba, Chargée principale de la gestion des connaissances, IDEV3 ; Kate Stoney,
communication : Chargée supérieure de la communication, IDEV3 ; Aminata Kouma Moulod, Assistante des
connaissances en évaluation, IDEV3
Autres appuis fournis par : Barthelemy Malanda, Coordonnateur principal des opérations (PICU) ; Myrtha Diop, Assistante
supérieure, budget et administration ; Henda Ayari, Assistante d’équipe ; Ruby Adzobu-Agyare,
Secrétaire ; et Venceslas Kouakou Kouame, Consultant junior (tous IDEV)
Chef de division : Rufael Fassil
Évaluateur général : Karen Rot-Münstermann (par intérim) et Roland Michelitsch (ancien)
Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
Évaluation groupée de projets IDEV ; Octobre 2021
Exclusion de responsabilité
Sauf indication contraire expresse, les constatations, interprétations et conclusions exprimées dans cette publication sont celles de ses divers auteurs et ne correspondent pas
nécessairement aux vues de la direction de la Banque africaine de développement (la « Banque ») et du Fonds africain de développement (le « Fonds »), de leurs Conseils d’administration,
Conseils des gouverneurs ou des pays qu’ils représentent.
Le lecteur consulte cette publication à ses seuls risques. Le contenu de cette publication est présenté sans aucune sorte de garantie, ni expresse ni implicite, notamment en ce qui
concerne la qualité marchande de l’information, son utilité à telle ou telle fin et la non-violation de droits de tierce-parties. En particulier, la Banque n’offre aucune garantie et ne fait
aucune déclaration quant à l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « actualisé » des éléments du contenu. La Banque ne peut, en aucun cas, notamment en cas de
négligence, être tenue pour responsable d’un préjudice ou dommage, d’une obligation ou d’une dépense dont on ferait valoir qu’ils sont consécutifs à l’utilisation de cette publication
ou au recours à son contenu.
Cette publication peut contenir des avis, opinions et déclarations provenant de diverses sources d’information et fournisseurs de contenu. La Banque n’affirme ni ne se porte garante
de l’exactitude, l’exhaustivité, la fiabilité ou le caractère « à jour » d’aucun d’entre eux ni d’aucun autre élément d’information provenant d’une source d’information quelconque ou d’un
fournisseur de contenu, ni d’une autre personne ou entité quelle qu’elle soit. Le lecteur s’en sert à ses propres risques.
À propos de la BAD
Le Groupe de la Banque africaine de développement a pour objectif premier de faire reculer la pauvreté dans ses pays membres régionaux en contribuant à leur développement
économique durable et à leur progrès social. À cet effet, il mobilise des ressources pour promouvoir l’investissement dans ces pays et leur fournit une assistance technique
ainsi que des conseils sur les politiques à mettre en œuvre.
Introduction 9
Justification, but et portée de l’évaluation 9
Approche, méthodes et limites 11
Conclusion et enseignements 47
Conclusion 47
Enseignements tirés 50
Annexes 55
Table des matières
Liste des figures
Figure 1 Illustration de la notation sommative du projet par critère d’évaluation 13
Figure 2 Parts du total des approbations pour chaque secteur sur la période 2012–2019 15
Figure 3 Volumes des approbations par sous-secteur (2000–2011 et 2012–2019) 16
Figure 4 Notation sommative des projets pour le critère Pertinence 19
Figure 5 Notation sommative des projets pour le critère Cohérence 25
Figure 6 Notation sommative des projets pour le critère Efficacité 26
Figure 7 Notation sommative des projets pour le critère Efficience 34
Figure 8 Notation sommative des projets pour le critère Durabilité 38
Figure 9 Notation sommative des projets pour le critère Additionnalité 41
AHGC Département Genre Femmes et Société Civile PINS Département des Opérations Non
Souveraines et d’appui au secteur privé
BAD Groupe de la Banque africaine de
Résumé analytique
Le présent rapport de synthèse présente les principaux (564.37 millions UC), et dix ont été récemment
les chaînes de valeur agricoles, autonomiser les de transport et d’atténuer leurs effets pervers sur
femmes et faciliter le commerce. l’environnement et les structures sociales, les projets
achevés (à l’exception des deux projets non souverains
Les questions transversales, à savoir le genre, et du projet urbain en Tunisie) comportaient des
le climat et la fragilité sont prises en compte composantes annexes prévoyant des infrastructures
de façon plus adéquate dans la conception des et des services socioéconomiques pour la population
deux projets analysés, les risques que présentent avec d’autres projets dans le secteur agricole et
de telles opérations restent élevés, car il peut le secteur privé, l’on pourrait accroître l’impact
arriver que les accords de partenariat public-privé des projets de transport sur le développement,
(PPP) soient modifiés unilatéralement. L’évaluation pour les populations locales, et répondre par la
a également montré que les projets générateurs de même occasion, ne serait-ce que partiellement,
recettes sont mieux indiqués pour garantir des fonds aux objectifs des priorités « Nourrir l’Afrique » et
Introduction
amélioration des infrastructures de transport ❙ Évaluer dans quelle mesure les récentes
et renforcement de l’intégration régionale et interventions intègrent des approches innovantes
de la compétitivité des entreprises du fait d’un et les enseignements tirés des précédentes
meilleur accès à des marchés de plus grande évaluations ; et déterminer si elles sont
envergure et de la baisse des coûts de transport stratégiquement alignées sur les High 5.
et de la logistique. Un meilleur accès aux routes
peut améliorer sensiblement les conditions de ❙ Déterminer si les interventions atteignent les
vie des populations africaines en améliorant leur résultats escomptés pour les bénéficiaires directs,
accès aux marchés de produits agricoles, ainsi en termes d’intégration régionale, de connectivité,
qu’aux services de base, notamment les soins d’accessibilité financière, de sécurité et de
de santé et l’éducation, et en multipliant les gouvernance du secteur des transports.
possibilités d’emploi. Les transports publics dans
les grandes villes africaines peuvent contribuer ❙ Évaluer dans quelle mesure les résultats obtenus
à réduire l’engorgement des routes et les effets sont durables ; et
négatifs du trafic urbain sur l’environnement.
❙ Identifier les leçons à tirer pour éclairer la future
L’objectif principal de cette évaluation groupée est politique et/ou stratégie de la Banque dans le
de tirer des leçons pertinentes pour éclairer les secteur des transports.
futures orientations stratégiques et opérationnelles
des interventions de la Banque dans le secteur des L’évaluation couvre une sélection de projets de
transports en i) faisant le point sur les résultats transport (groupe de projets) qui ont été approuvés
de l’assistance de la Banque ; et ii) en tirant des sur l’ensemble du continent africain au cours de
leçons pour les futurs travaux. Ainsi, l’évaluation la période 2012–2019, notamment huit projets
servira à la fois d’outil de responsabilisation et achevés ou en voie d’achèvement (Tableau 1),
d’apprentissage. Les objectifs spécifiques de et dix projets récemment approuvés (Tableau 2).
l’évaluation se déclinent comme suit : L’évaluation s’est concentrée sur le sous-secteur
des routes/autoroutes en raison de sa forte
❙ Évaluer dans quelle mesure les interventions dans prédominance dans le portefeuille des transports
le secteur des transports sont stratégiquement de la Banque. Ayant gagné en importance ces
alignées sur la Stratégie décennale de la Banque, dernières années, les projets du sous-secteur du
et sur les besoins, politiques et priorités des pays transport fluvial/des ports ont également été inclus
membres régionaux (PMR). dans l’évaluation.
méthodologique suggérée pour cette évaluation d’exécution et les chefs de projet de la BAD, les
se focalise sur le niveau micro et s’articule autour bénéficiaires du projet (population vivant dans
d’une combinaison de méthodes qualitatives et les zones couvertes par le projet, organisations
quantitatives, à savoir : examen documentaire, non gouvernementales (ONG) et associations
entretiens, études de cas, groupes de discussion du secteur privé), des organismes publics et les
avec les bénéficiaires des projets, visites de sites ministères concernés;
et grilles de notation. Cette analyse a été complétée
par une revue du portefeuille et des entretiens ❙ Des visites sur place des travaux d’infrastructure
stratégiques qui ont permis d’aborder certaines principaux et des composantes annexes du
des questions de l’évaluation au niveau macro. projet (écoles, centres de santé, associations de
femmes).
Méthodes de collecte des données
Pour l’analyse documentaire des REP, une grille
La présente évaluation est constituée en gros d’évaluation sur fichier Excel qui spécifie les critères
d’évaluations de la performance de projets. d’évaluation et les paramètres à utiliser pour la
Elles apportent des réponses aux questions notation des projets2 a été conçue.
d’évaluation en expliquant les mécanismes
sous-jacents (le comment et le pourquoi) qui Chaque projet a été évalué en fonction de sa
sous-tendent les performances qu’affichent les performance (pertinence, cohérence, efficacité,
projets. Les évaluations des projets analysent efficience et durabilité), ainsi que de la performance
le raisonnement qui sous-tend la décision de des trois principales parties impliquées dans sa
financer les projets, la qualité de leur conception, conception et son exécution (la Banque, l’emprunteur
le rôle des différentes parties impliquées dans et les autres pourvoyeurs de financements et
leur conception et leur exécution, et évaluent leur prestataires de services). L’évaluation et la notation
pertinence, efficacité, efficience et durabilité. de l’additionnalité n’ont été incluses que pour les
opérations non souveraines. Conformément au
Des consultants locaux étaient chargés manuel d’évaluation d’IDEV, les projets ont été notés
de la collecte des données sur place et de sur une échelle à quatre niveaux, à savoir : très
l’établissement des rapports d’évaluation de la satisfaisant, satisfaisant, partiellement insatisfaisant
performance des projets (REPP). Les évaluations ou insatisfaisant. En vue de l’utilisation de cette
se sont appuyées sur une multitude de sources échelle, une grille de notation a été élaborée pour
d’informations quantitatives et qualitatives et définir la manière dont les projets devaient être notés
les consultants locaux ont été encouragés à par rapport à chaque critère d’évaluation (Voir Annexe
trianguler les éléments probants autant que Technique 5). Les paramètres et les seuils indiqués
possible dans leurs analyses et conclusions. Ces dans la grille ont été définis de manière qu’ils soient
sources comprennent : le plus précis et le plus explicite possible pour limiter
le risque que les notes attribuées par différents
❙ Des documents justificatifs, des rapports de évaluateurs pour le même niveau de réalisation
projet (rapports d’évaluation et d’achèvement ne soient différentes. De plus, les notations ont
de projet, rapports d’activité, rapports de à nouveau été ajustées lorsqu’IDEV a passé les
supervision), des études indépendantes et des évaluations de projets en revue. Pour chaque critère
rapports de suivi, des statistiques nationales, des d’évaluation, la note globale des projets du groupe
documents de stratégie pays et régionale ; a été calculée en utilisant la moyenne arithmétique
des notes individuelles des projets. La figure 1
❙ Des entretiens avec un groupe représentatif illustre les notes attribuées à chaque critère selon
des parties prenantes du projet, les agences l’échelle à quatre niveaux.
Introduction 13
Figure 1 : Illustration de la notation sommative dispositions pour le suivi des résultats en
du projet par critère d’évaluation
matière de développement, des rapports de
suivi n’étaient pas disponibles pour tous les
Très Satisfaisant
projets (Tunisie, Tanzanie, Rwanda). Lorsque
Satisfaisant
ces rapports étaient disponibles, les données
Partiellement Insatisfaisant qu’ils contenaient n’étaient pas ventilées par
Figure 2 : Parts du total des approbations pour chaque secteur sur la période 2012–2019
Agriculture | 11%
Communication | 1%
Transport | 22% Environnement | 0%
Finance | 16%
Eau | 8%
Industrie | 1%
Social | 7%
Multi-secteurs | 18%
Énergie | 16%
Source : Base de données de SAP et du secteur privé
16 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
à 8,4 milliards d’UC (Figure 3), soit une hausse de (442 millions d’USD) et d’autres organismes de
27,8 %. Au cours de la même période, 175 projets financement des pays développés.
ont été approuvés, dont 146 portent sur les
infrastructures et 29 sont des études/activités Les approbations financières de la Banque
d’assistance technique. en faveur des sous-secteurs du transport sur
la période 2012–2019 sont principalement
Le montant total des approbations en faveur du allées au sous‑secteur routier, qui a absorbé
portefeuille du transport a plus que doublé entre 81 % des fonds disponibles. Les sous-
2012 et 2019, passant de 595 millions d’UC en secteurs qui ont le moins bénéficié du soutien
2012 à environ 1,3 milliard d’UC en 2019. Cette de la Banque sont le transport fluvial et le
augmentation témoigne du solide engagement transport aérien, avec respectivement 4 % et
de la Banque pour des infrastructures de bonne 5 % du total des fonds dédiés au secteur des
qualité et pour la promotion de l’intégration transports. Ces chiffres mettent en évidence le
régionale. En outre, une part croissante du solide engagement de la Banque en faveur des
portefeuille Transport est dédiée aux deux sous- projets routiers et autoroutiers, qui constituent
secteurs que sont les routes/autoroutes et le sa principale stratégie d’intégration continentale
transport par voie d’eau et fluvial/ports. et d’amélioration de la mobilité. Ils reflètent
par ailleurs sa profonde aspiration à étendre
Selon le rapport annuel 2018 du Consortium l’environnement des affaires.
pour les infrastructures en Afrique (ICA),
la BAD était, en cette année-là, l’une des La Banque se consacre également à
principales institutions qui finançaient l’amélioration de la mobilité urbaine. Au sein
le secteur des transports en Afrique. Sur du sous-secteur routier, le transport urbain a
le continent, la Banque arrive en deuxième bénéficié de 12 % des allocations sur la période
position (2 122 millions d’USD), après la 2012–2019. Cela comprend des projets de
Chine (3200 millions d’USD). Elle devance construction ou de réfection de routes et de ponts
la Banque mondiale (603 millions d’USD), urbains, d’infrastructures de transport public
la Banque européenne d’investissement urbain et d’achat de flottes d’autobus.
Sous-secteurs multiples
Transport fluvial/ports
Transport aérien
Transport ferroviaire
Transport routier
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000
2012–2019 2000–2011
Aperçu du portefeuille du secteur des transports de la BAD 17
La présente section résume les conclusions et la La pertinence des projets achevés est
également en évidence trois domaines d’intérêt le trafic motorisé, le groupe de projets a contribué à
particulier : le genre, les États fragiles et l’agriculture/ la dégradation de l’environnement et aux émissions
sécurité alimentaire. Les recherches documentaires de carbone, et dans quelle mesure ces effets négatifs
effectuées dans le cadre de l’évaluation des projets ont été compensés par les mesures d’atténuation
montrent que pour l’ensemble des projets, les n’est pas évidente. Bien qu’en Afrique subsaharienne,
objectifs étaient bien alignés sur les objectifs de la l’augmentation des émissions de carbone dues
Banque en matière d’amélioration des infrastructures au secteur des transports soit limitée, du fait de la
et d’intégration régionale, de développement du faiblesse du trafic le long des principales routes
secteur privé (amélioration de l’accès aux marchés nationales, toujours est-il que l’augmentation du
et réduction des coûts de transport) et d’amélioration nombre de propriétaires de voitures et de motos doit
de la gouvernance (renforcement des capacités au être prise en compte dans la conception des projets.
sein des ministères des transports et des agences
routières). Les objectifs en matière d’agriculture et De plus, les projets de transport récemment
de sécurité alimentaire ont été poursuivis par le biais approuvés sont bien alignés sur le High 5
des composantes annexes des projets (par exemple, de la Banque. En 2015, en s’appuyant sur son
la fourniture d’équipements pour la transformation actuelle Stratégie décennale, la Banque a défini
alimentaire) et par des liaisons renforcées et plus un nouveau programme énoncé en cinq priorités
rapides avec les marchés. Les questions liées de développement (les High 5), à savoir : Éclairer
à l’égalité des genres et aux États fragiles ont l’Afrique et l’alimenter en énergie, Nourrir l’Afrique,
été traitées selon l’approche jugée pertinente au Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer
moment de l’évaluation de ces projets. la qualité de vie des populations africaines.
Les projets de transport récemment approuvés
La stratégie d’intégration régionale de la Banque contribuent chacun à plus d’une des High 5. La moitié
accorde aux transports un rôle central dans des projets contribue à au moins trois priorités parmi
l’amélioration de la connectivité et des services les suivantes : « Nourrir l’Afrique », « Industrialiser
logistiques, mais l’on a peut-être surestimé la l’Afrique », « Intégrer l’Afrique » et « Améliorer la
contribution attendue des projets de transport à qualité de vie des populations africaines ». La moitié
l’intégration régionale. La contribution des projets des projets évalués devrait contribuer à la priorité
de transport à l’intégration régionale a souvent été « Nourrir l’Afrique », ce qui souligne le rôle que joue
soulignée dans les documents d’évaluation des le secteur des transports pour libérer le potentiel
projets, mais elle ne s’est pas traduite par des agricole et faciliter l’accès aux denrées alimentaires.
activités et des réalisations spécifiques. Seules deux
opérations, le projet de route multinationale entre le Cette parfaite concordance repose sur deux facteurs :
Burundi et le Rwanda et le projet de port en Namibie, les projets de transport déclenchent généralement
ont prévu des activités de facilitation du commerce, le développement par l’intensification du commerce
mais aucune d’entre elles n’a été achevée. national et interrégional grâce à l’amélioration des
infrastructures. En outre, la conception des projets de
À travers les composantes annexes, les projets transport au sein de la BAD intègre des composantes
groupés avaient pour objectif de contribuer à annexes qui visent à tirer parti des résultats des
la croissance inclusive, tandis que l’objectif de projets de transport en matière de développement.
croissance verte n’était pas abordé de manière Ces objectifs sont poursuivis à travers des activités
satisfaisante. Au-delà de la fourniture de projets et spécifiques visant à renforcer les productions
des PGES visant à atténuer les effets négatifs des agricoles et les activités de transformation alimentaire
projets de transport sur l’environnement, aucune existantes, à améliorer les liens au sein des chaînes
activité spécifique n’était prévue pour appuyer la de valeur agricoles, à autonomiser les femmes et à
transition vers une croissance verte. En augmentant faciliter le commerce intrarégional et international.
Performance du groupe de projets 21
L'évaluation des dix projets récemment approuvés a dans les stratégies de croissance nationales et
montré que tous ces projets contribuent aux High 5 dans les plans directeurs de transport nationaux et
de la Banque. (Encadré 1). régionaux. Les entretiens avec les pouvoirs publics
aux niveaux national et local ont mis en évidence
Les objectifs des projets évalués étaient tous trois difficultés majeures (longueur, coût élevé et
alignés sur les objectifs et priorités énoncés dans insécurité des voyages) que le non-bitumage des
Encadré 1 : Alignement des projets récemment approuvés sur les politiques de la Banque
Tous les projets récemment approuvés contribuent aux High 5 de la Banque
En 2015, en s’appuyant sur son actuelle Stratégie décennale, la Banque a défini un nouveau programme énoncé en
cinq priorités de développement (les High 5), à savoir : Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Nourrir l’Afrique,
Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations africaines. Les projets de
transport récemment approuvés contribuent chacun à plus d’une des High 5. La moitié des projets contribue à
au moins trois priorités parmi les suivantes : « Nourrir l’Afrique », « Industrialiser l’Afrique », « Intégrer l’Afrique » et
« Améliorer la qualité de vie des populations africaines ». La moitié des projets évalués devrait contribuer à la priorité
« Nourrir l’Afrique », ce qui souligne le rôle que joue le secteur des transports pour libérer le potentiel agricole et
faciliter l’accès aux denrées alimentaires.
Cette parfaite concordance repose sur deux facteurs : les projets de transport déclenchent généralement le
développement par l’intensification du commerce national et interrégional grâce à l’amélioration des infrastructures.
En outre, la conception des projets de transport au sein de la BAD intègre des composantes annexes qui visent à
tirer parti des résultats des projets de transport en matière de développement. Ces objectifs sont poursuivis à travers
des activités spécifiques visant à renforcer les productions agricoles et les activités de transformation alimentaire
existantes, à améliorer les liens au sein des chaînes de valeur agricoles, à autonomiser les femmes et à faciliter le
commerce intrarégional et international.
Source : Examen documentaire de 10 REP
22 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
❙ Chauffeurs routiers (Tanzanie) : « Il fallait du courage pour conduire sur les routes. Certains tronçons étaient
impraticables pendant la saison pluvieuse et même pendant la saison sèche ; il fallait rouler de longues heures.
Parfois, les véhicules tombaient en rade au milieu de la forêt et il fallait attendre une éternité avant de trouver
de l’aide ».
❙ Syndicat des motocyclistes (Sierra Leone) : « Avant, il y avait beaucoup de nids de poule et la route était assez
broussailleuse. Maintenant, nous pouvons rouler sans encombre, et les accidents ont diminué. Ainsi, nous
économisons beaucoup de temps et de carburant, et nous faisons plus de bénéfices qu’avant ».
❙ Groupe de femmes (Sierra Leone) : « Avant, il était très compliqué d’acheter et de transporter nos marchandises
d’un endroit à l’autre. Nous passions parfois des journées entières sur la route, mais aujourd’hui, le projet nous a
facilité la vie ».
Sources : Transcription d’entretiens lors de visites sur le terrain, tirés des évaluations de projets
évidence la nécessité de reconstruire les pieux des les deux ports, les prévisions d’augmentation de
murs de quai qui étaient de piètre qualité. Toutes marchandises à traiter semblent trop ambitieuses,
ces modifications n’ont eu aucune incidence sur même lorsque l’on considère la baisse du trafic
les produits et les résultats du projet, et se sont de fret due à la crise de la COVID-19. Pour le port
imposées pour garantir la bonne qualité et la de Walvis Bay en Namibie, les volumes ont chuté
durabilité de l’infrastructure. Cependant, elles ont en 2018 et 2019. En se basant sur la croissance
toutes affecté la performance de l’exécution du enregistrée avant la mise en œuvre du projet, les
projet en occasionnant des retards dans la mise en prévisions semblent s’être concentrées sur les
œuvre. Un examen documentaire des évaluations opportunités potentielles sans tenir compte des
antérieures des projets de transport de la Banque7, risques possibles dus à une concurrence portuaire
réalisé dans le cadre de la présente évaluation, plus féroce et à un ralentissement du rythme
a également montré que la mauvaise qualité des de la croissance du commerce international en
études de faisabilité est un problème récurrent qui provenance et à destination de l’Afrique. Une
retarde souvent la mise en œuvre des projets et qui correction parfaitement justifiée dans la conception
oblige à modifier les affectations budgétaires (Voir du projet a conduit à l’annulation d’une composante
la section sur l’efficacité des projets). Il ressort des qui aurait permis d’accroître le nombre de grues pour
évaluations de projets que les agences d’exécution la manutention des marchandises conteneurisées.
n’ont souvent pas la capacité d’évaluer la qualité Pour le projet portuaire du Gabon, la profondeur
des études de faisabilité qui sont réalisées par actuelle est de -10 m contre -14 m requis dans
des consultants qui sont souvent des sociétés de le contrat. Si cette situation n’est pas corrigée, le
conseil internationales. Les consultants locaux port risque de ne pouvoir accueillir des navires plus
ont souligné que la révision et la mise à jour des grands à l’avenir. Toutefois, cela n’est peut-être pas
études de faisabilité sont un domaine dans lequel nécessaire pour le moment, car les zones draguées
le renforcement des capacités locales s’avère semblent suffisantes pour les petits navires qui font
absolument nécessaire. actuellement escale dans le port.
Les deux projets portuaires ont surestimé la Les projets étaient tous dotés de cadres logiques
croissance du fret à court terme et, pour tenir axés sur les résultats bien définis et complets,
compte de la baisse de la demande et des même si les indicateurs de résultats à long
prévisions de fret actualisées, il a fallu réduire terme choisis auraient pu être plus réalistes
les travaux prévus. Rétrospectivement, pour et en rapport avec les activités du projet.
Performance du groupe de projets 23
Les logiques d’intervention des projets étaient agences d’exécution quant à la mise en œuvre et
généralement claires et bien articulées, et il existait au suivi des composantes auxiliaires.
un lien entre les intrants/activités et les réalisations
et résultats à court terme des projets. Dans un cas, Les composantes socioéconomiques des projets
Madagascar, le projet visait à améliorer le tourisme ont été conçues pour améliorer les conditions
mais n’avait pas défini d’activités qui auraient de vie des populations locales mais elles
Encadré 3 : Prise en compte des leçons apprises dans la conception des projets de transport
récemment approuvés
Les leçons apprises sont mitigées
Les projets de transport récemment approuvés ont tiré parti de l’expérience du passé pour identifier les risques
liés aux projets. Ceux-ci comprennent : la faible capacité des agences d’exécution, la longueur des processus
de passation des marchés, la mobilisation des financements de contrepartie et la faible durabilité des projets à
long terme. Cela étant, les mesures d’atténuation proposées n’apportent rien de nouveau et elles sont basées
sur des approches qui ont déjà été mises en œuvre par le passé sans résultats satisfaisants ni durables. Dans
les rapports d’évaluation de projet, rien n’indique que le dialogue sectoriel avec les gouvernements se déroule de
manière transversale pour assurer une meilleure exécution et la durabilité des projets de transport. Des mesures
d’atténuation sont prévues pour garantir la mise en œuvre d’un projet spécifique, mais elles n’ont aucun lien
avec les études plus vastes menées par la Banque dans le secteur des transports.
Les cas de retards dans l’aboutissement des projets de transport sont courants et sont imputables à une
combinaison d’erreurs de conception et de problèmes qui surviennent pendant l’exécution des projets. À cet
égard, les plans de travail des projets de transport récemment approuvés ne sont pas suffisamment détaillés pour
permettre d’apprécier leur niveau de réalisme, dont l’évaluation doit également s’effectuer en toute connaissance
du contexte spécifique du pays. L’analyse de la maturité des projets et de l’état de préparation à la mise en
œuvre se base sur la satisfaction d’exigences normalisées qui sont systématiquement vérifiées (par exemple, la
dotation en personnel de la cellule d’exécution du projet, l’identification du financement de contrepartie dans le
budget des États, la disponibilité de plans de passation de marchés pour la première année de mise en œuvre,
la disponibilité d’études techniques), mais les conditions qui permettront de traduire ces exigences formelles en
actions concrètes ne sont pas suffisamment prises en compte.
L’intégration des questions transversales, à savoir le genre, la fragilité et la résilience climatique, est l’un des
domaines où les améliorations ont été les plus substantielles (chapitre 4).
Source : Examen documentaire de 10 REP
des partenaires de développement avaient cessé car l’impact des projets de transport sur la
toute coopération avec le pays. Les corridors et réalisation des High 5 résulte de l’identification
les routes nationales sont généralement construits de synergies avec d’autres secteurs. Dans
par tronçons et souvent financés par différents cette vision, le transport est une infrastructure
bailleurs de fonds (Namibie, Sierra Leone, Rwanda/ de facilitation, qui établit les conditions du
Burundi, Tunisie, Tanzanie) ou à partir d’études développement, et il faut donc d’autres mesures
financées par d’autres partenaires (Namibie). Cela pour assurer la concrétisation de résultats plus
a été facilité par le fait qu’il existe, dans la plupart larges, plus inclusifs et plus durables sur le plan
des pays, des plateformes formelles ou informelles du développement. À cet égard, les synergies
de coordination des bailleurs de fonds pour le avec des projets dans le secteur agricole ou
secteur des transports, ce qui permet d’assurer avec le secteur privé pourraient contribuer à
une bonne coordination des investissements dans renforcer davantage l’impact des projets de
les transports. transport sur le développement (voir un exemple
dans l’encadré 4).
Les évaluations des projets n’ont pas réussi
à documenter la façon dont les projets de
transport complétaient les interventions dans Efficacité
d’autres secteurs, tels que l’agriculture et
le secteur privé, qui étaient soutenues par L’évaluation de l’efficacité vise à déterminer dans
la Banque ou par d’autres partenaires de quelle mesure le projet a atteint les résultats
développement. Ces aspects sont très importants énoncés, c’est-à-dire l’ensemble des produits
Performance du groupe de projets 25
Encadré 4 : Illustration de l’approche de la Banque pour une cohérence des projets de transport
Aperçu du Projet portuaire de Walvis Bay - Namibie
Les effets du projet ont été renforcés par la réalisation d’infrastructures de transport complémentaires par la BAD et
d’autres organisations donatrices. Pour soutenir l’ensemble du concept de corridor, la BAD finance actuellement la
réhabilitation et la modernisation d’environ 212 km de lignes ferroviaires entre Walvis Bay et Kranzberg. Ce tronçon
ferroviaire fait partie de la grande voie Walvis Bay-Tsumeb, qui est une priorité du Cinquième plan de développement
national et qui devrait la relier à la Zambie. L’Office des ports a confirmé que si le port est la cheville ouvrière de
la plateforme logistique, il reste que les corridors aller et retour du port sont importants et qu’il y a lieu de les
réhabiliter et de les moderniser de toute urgence, notamment la ligne ferroviaire.
Source : Évaluation de projet concernant le Projet de nouveau terminal à conteneurs au port de Walvis Bay
et effets attendus. L’analyse s’est basée sur une satisfaisant, car il a été réalisé exactement comme
comparaison entre les objectifs prévisionnels prévu. Pour tous les autres projets, des modifications
du projet et les objectifs atteints, tels qu’ils ont de conception ont été effectuées, lesquelles ont
été définis dans les cadres logiques axés sur les conduit à l’annulation de composantes et d’activités,
résultats du projet. Les notes récapitulatives du notamment d’activités annexes. Les notes positives
projet (Figure 6) correspondent à la moyenne des enregistrées en matière de résultats des projets
notes du projet pour les effets et les produits. ont été stimulées par la réalisation des objectifs en
matière d’efficacité des transports (augmentation
Il a été constaté que les projets avaient produit du trafic, économies de temps et de coûts), alors
la plupart des résultats escomptés, réalisé que les performances pour d’autres dimensions
des gains élevés d'efficacité des transports et (renforcement des capacités, intégration régionale)
contribué à l'amélioration des conditions de vie étaient plus mitigées. La note insatisfaisante
des personnes. Mais leur performance a été attribuée au projet portuaire du Gabon tient à une
moins satisfaisante au regard d’autres résultats multitude de facteurs, notamment la non-réalisation
liés au développement. En conséquence, la notation d’un produit important du projet, la faiblesse du trafic,
de l’efficacité des projets devait combiner à la fois les piètres performances concernant l’exécution et
la performance des projets en termes de réalisation la communication d’informations sur les mesures
des produits et des résultats attendus en matière de environnementales et sécuritaires convenues, ainsi
développement. S’agissant de produits, seul le projet que l’insuffisance de preuves sur les résultats en
de pont à péage en Côte d’Ivoire a été jugée très matière de développement.
26 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
Réalisation des produits des projets nécessaires si les projets avaient été précédés par
des études de faisabilité de meilleure qualité.
Une évaluation de la réalisation des produits
des projets a été effectuée en comparant, pour Il a été difficile de disposer de renseignements
chaque composante de projet, le niveau effectif de sur les produits concernant les composantes
réalisation des produits aux objectifs fixés lors de annexes et celles-ci ont généralement été
l’évaluation des projets. réalisées partiellement. Les infrastructures
auxiliaires fournies par les projets de transport
L’évaluation a trouvé que les travaux liés à évalués comprenaient un éventail d’interventions
l’infrastructure principale ont été menés à bien qui pourraient être classées en trois catégories :
(Tableau 3). Dans l’ensemble, l’exécution et la
supervision des principaux travaux de construction ❙ Appui institutionnel et technique (études de
ont été satisfaisantes, et les infrastructures faisabilité pour de nouvelles routes, études portant
livrées étaient conformes aux normes de qualité sur la gestion du patrimoine routier, facilitation
et de sécurité requises. Certains ajustements se du commerce, formation du personnel local
sont avérés nécessaires à la suite des revues de des ministères des transports et des agences
conception et à l’évolution du contexte des projets routières/portuaires).
(par exemple, deux événements climatiques
extrêmes à Madagascar, un scénario économique ❙ Soutien à la population locale (fourniture
en Namibie), mais ces changements n’ont pas d’équipements pour les travaux agricoles ou
affecté les principales réalisations des projets et la transformation des aliments, réhabilitation
leurs résultats. Dans certains cas, les économies d’écoles et de centres de santé, réhabilitation de
réalisées au cours de la procédure de passation routes rurales, réhabilitation de marchés locaux).
des marchés et les fonds non utilisés ont permis
d’amplifier les principaux travaux par la construction ❙ Mise en œuvre du PGES (réinstallation et
de tronçons routiers supplémentaires ou l’ajout indemnisation, activités de sensibilisation,
d’ouvrages de génie civil, tels que des ponts, des mesures d’atténuation environnementale)9.
ronds-points ou des dispositifs de ralentissement
de vitesse (Madagascar, Tunisie). À cet égard, Il ressort de données tirées des évaluations de
la Banque a fait preuve d’assez de souplesse, projet, que la plupart des travaux et services
même si certains changements n’auraient pas été annexes attendus ont été fournis (tableau 4).
Il est ressorti des entretiens avec la population
Performance du groupe de projets 27
Tableau 3 : Tableau récapitulatif des réalisations des produits des projets (travaux d’infrastructure principaux)
Intitulé du projet État de mise en œuvre Observations
(novembre 2020)
Projet de construction d’infrastructures routières 98 % (1,4 km restant à Des travaux supplémentaires ont été ajoutés (pont
(Madagascar) construire à Toliara) de Ranozaza) et seront financés sur les économies
réalisées par le projet.
Projet du port de Gsez (Gabon) 93 % Les travaux de dragage n’ont pas atteint la profondeur
initiale visée de 14 mètres. La profondeur actuelle de
10 mètres est suffisante pour amarrer les navires et
les cargaisons, mais ne permet pas d’accueillir des
navires plus gros.
Projet du nouveau terminal à conteneurs du port de 100 % Les grues à portiques sur pneus n’ont pas été
Walvis Bay (Namibie) fournies comme prévu car elles n’étaient plus
nécessaires. Les économies réalisées ont été
utilisées pour des travaux de génie civil.
Source : Évaluations de projet (Données tirées des rapports d’achèvement de projet et des visites sur le terrain)
locale, notamment les groupes de femmes, que d’exécution accordaient moins d’intérêt à ces
les résultats obtenus leur étaient utiles. Toutefois, types de produits comparativement à l’importance
certains projets manquaient cruellement des travaux de construction principaux.
d’informations sur l’avancement des composantes
annexes (Tanzanie, Sierra Leone, Rwanda), les Les composantes annexes (travaux et services)
projets n’ayant pas fait l’objet de suivi. Dans relevaient souvent de la responsabilité de différents
l’échantillon de projets, l’on dénombre des cas ministères ou agences, de sorte que l’organe
où certaines activités relatives à ces composantes d’exécution, qui est généralement une unité au sein
ont été réduites ou annulées (Sierra Leone, du ministère des Transports, avait des difficultés
Madagascar, Tanzanie, Rwanda). La plupart à en assurer le suivi. Dans certaines modalités
des projets ont indiqué que l’exécution des relatives à l’exécution des projets, la réalisation
composantes auxiliaires connaissait généralement des infrastructures annexes (routes de desserte,
des retards. Les études et autres activités écoles et centres de santé locaux) a été confiée
institutionnelles ont souvent été livrées lorsque à des ONG locales qui ont été confrontées à des
l’exécution du projet était quasiment achevée difficultés financières lorsqu’il s’est agi, pour elles,
(Tunisie, Rwanda, Namibie) ou ont été purement et de se conformer aux procédures de la Banque (par
simplement annulées (Tanzanie). Ces retards ont ex, Madagascar, Sierra Leone). Des problèmes liés à
été attribués à des problèmes de passation des la passation des marchés et des retards importants
marchés, mais il semble plutôt que les agences ont également été signalés lorsqu’il a fallu confier
28 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
Tableau 4 : Tableau récapitulatif des réalisations des produits des projets (composantes annexes)
Intitulé du projet Point sur la mise en œuvre (novembre 2020)
Projet de construction d’infrastructures routières ❙ Routes de desserte (50 %)
(Madagascar) ❙ Campagnes de sensibilisation, fourniture d’équipements, réhabilitation
d’écoles, étude sur l’entretien des routes, activités de formation (100 %)
❙ Participation aux coûts et à l’audit technique (0 %)
Projet d’appui au secteur routier (Tanzanie) - Phase II Non disponible
Projet du nouveau terminal à conteneurs du port de ❙ Plan d’action de sécurité routière pour le corridor Trans-Cunene, renforcement
Walvis Bay (Namibie) des capacités du Groupe du corridor de Walvis Bay (100 %)
❙ Mise en place d’un secrétariat permanent pour le Comité de gestion du
corridor de développement Walvis Bay-Ndola-Lubumbashi (60 %)
❙ Formation pour les transitaires (73 %)
Projet d’aménagement de routes (Burundi/Rwanda) ❙ Campagnes de sensibilisation, fourniture d’équipements, réhabilitation de
et de facilitation du transport sur le corridor Nord- centres de soins et de marchés (100 %)
Sud - Phase III ❙ Étude d’évaluation d’impact (50 %)
❙ Études (Rwanda 40 %, Burundi 100 %)
❙ Équipement du poste de contrôle frontalier (0 %)
Projet de réhabilitation de la route Matotoka-Sefadu, ❙ Campagnes de sensibilisation, réhabilitation des marchés, routes de desserte
Tronçon I : Matotoka-Yiye (Sierra Leone) (100 %)
❙ Réhabilitation des écoles (70 %)
Projet de modernisation de l’infrastructure routière ❙ Deux études portant sur le secteur routier (80 % et 50 %)
(Tunisie) ❙ Une étude d’évaluation d’impact (50 %)
Source : Évaluations de projet (Données tirées des rapports d’achèvement de projet)
certaines activités à des consultants ou à des qui devaient être versées à la population locale. Il
sociétés de conseil. Il a également été constaté que s’agit d’un autre manquement grave car les plans
les missions et rapports de supervision n’accordaient de réinstallation et d’indemnisation doivent être
pas suffisamment d’attention aux composantes présentés avant le début des travaux de construction
annexes. La mise en œuvre de ces activités constitue et la bonne exécution de ces plans est généralement
manifestement un défi pour la Banque, car elles sont une condition requise pour le décaissement du prêt
souvent de faible envergure et dispersées, ce qui en de la Banque. Pour l’opération non souveraine au
complique la supervision. Gabon, l’opérateur privé a présenté le rapport sur
le PGES avec plus d’un an de retard. Cela constitue
La mise en œuvre du PGES par les projets une autre sérieuse violation des procédures de la
évalués s’est bien déroulée dans l’ensemble, Banque, car pour la bonne exécution d’un PGES, il
mais deux projets au moins ont fait état de faut que celui-ci fasse l’objet de suivi tout au long de
problèmes importants. Les projets de transport la période de mise en œuvre du projet.
évalués comprenaient tous un PGES en raison de
l’importance de leur impact sur l’environnement et les Atteinte des résultats des projets en
populations vivant dans les zones de projet. Malgré matière de développement
quelques ratés, ces plans ont été correctement mis
en œuvre, même si certaines difficultés ont été Le groupe de projets a été évalué au regard de
rencontrées, concernant notamment la gestion des l’atteinte des résultats de développement identifiés
plans de réinstallation et d’indemnisation, dont les dans le rapport initial d’évaluation du projet. Les
processus ont été très longs. Toutefois, pour le projet résultats attendus des projets étaient généralement
routier en Tunisie, l’organe d’exécution n’a pas fourni axés sur l’amélioration de la connectivité, de
de preuves suffisantes au sujet des indemnisations l’efficacité et de la sécurité des transports,
Performance du groupe de projets 29
l’amélioration des conditions de vie des populations par types de véhicules. Jusqu’à présent, le pont à
locales, le renforcement des capacités de gestion péage Riviera-Marcory n’a pas atteint les prévisions
des projets routiers et de transport et le renforcement de trafic attendues, qui étaient probablement trop
de l’intégration régionale. ambitieuses étant donné la nouveauté du concept
de pont à péage. Le contexte de la COVID-19 a
Amélioration de la connectivité et des gains également empêché d’atteindre le niveau de trafic
Les volumes de trafic ont accru, mais la Pour les projets portuaires, le niveau actuel
présente évaluation a été limitée par le manque des volumes de fret est largement inférieur
de données détaillées et actualisées sur le aux prévisions, même lorsqu’on tient compte
trafic (tableau 5). Trois projets ont enregistré de l’impact de la crise économique engendrée
d’importantes augmentations du trafic, à savoir : par la pandémie de COVID-19. En 2019, avant
Madagascar, le Burundi/Rwanda, la Tanzanie. Il est que les volumes de fret n’aient été affectés
ressorti des visites sur le terrain et des entretiens par la pandémie, les volumes de trafic étaient
avec les populations locales que le trafic motorisé, largement en-deçà des prévisions initiales ; le
notamment des motos, taxis et minibus s’est accru. trafic était inférieur de quasiment 70 % en Namibie
Les nouveaux tronçons routiers ou ceux réhabilités et 72 % au Gabon par rapport aux prévisions
ont amélioré l’accès aux corridors existants, et le initiales. Les évaluations de projet mentionnent
trafic devrait continuer à s’intensifier au fur et à quelques facteurs qui ont pu contribuer à cette
mesure que d’autres tronçons seront construits. performance insatisfaisante, notamment une
Ceci étant, les données sur le trafic ne sont pas concurrence plus féroce de la part d’autres ports
collectées régulièrement, ce qui a entravé la africains, la lente augmentation du trafic de fret
présente évaluation. Et, plus important encore, maritime, l’insuffisance d’infrastructures routières
l’inexistence de données ne permet pas aux agences et ferroviaires pour relier les ports aux corridors
routières d’établir des calendriers d’entretien basés intérieurs, et le niveau élevé des tarifs portuaires.
sur des données de trafic constamment actualisées Ceci étant, des écarts si importants entre les
Tableau 5 : Les volumes de trafic étaient dans l’ensemble plus élevés que prévus
Intitulé du projet Prévisions d’augmentation Réalisations en termes Dernière année
du trafic* (absolue et en %) d’augmentation du trafic de mesure
(absolue et en %)
Projet de construction d’infrastructures routières 490 (115 %) 559 (146 %) 2017
(Madagascar)
Projet d’appui au secteur routier (Tanzanie) – 137 (5 %) 436 (38 %) 2018
Phase II 445 (5 %) 663 (70 %)
Projet d’aménagement de routes (Burundi/ N/D Burundi 1557 (35,7 %) 2018
Rwanda) et de facilitation du transport sur le
corridor Nord-Sud – Phase III
Projet de réhabilitation de la route Matotoka-Sefadu, N/D 1,31 % 2017
Tronçon I : Matotoka-Yiye (Sierra Leone)
Projet de modernisation de l’infrastructure N/D Données disponibles 2017
routière (Tunisie) uniquement pour le scénario
de référence
Pont à péage Riviera-Marcory (Côte d’Ivoire) 100 000 81 152 ** 2020
(100 % en 2020) -18 %
*Trafic journalier moyen. **Tel que mesuré en septembre 2020 pour atténuer l’impact du confinement à Abidjan (le trafic en avril était de 46 060).
Source : Évaluations de projet (Données tirées des rapports de suivi et d’achèvement de projet)
30 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
prévisions de volume de trafic et les réalisations et des villes. Ceci étant, les gains de temps sont
donnent à penser que les projections, en termes demeurés très élevés.
de prévisions de trafic, étaient trop optimistes pour
être réalisées dans un court délai, même dans des De façon générale, les coûts de déplacement
conditions de marché normales. ont baissé et les services de transport se
sont améliorés (Encadré 5). Les services de
Les projets routiers ont tous permis de réaliser transport en commun (minibus) ont été introduits
des économies substantielles en termes de temps ou ont augmenté leurs fréquences une fois les
et de coûts. Les projets routiers consistaient soit à routes bitumées. Les entretiens avec les usagers
construire de nouvelles routes, soit à réhabiliter des montrent que les tarifs des bus ont été réduits
routes bitumées existantes dont l’état s’était dégradé (Tanzanie, Rwanda/Burundi, Madagascar), et que
au fil du temps en raison d’un manque d’entretien. des économies considérables ont été réalisées
Avant les projets, ces routes étaient généralement car grâce aux projets, l’on pouvait voyager de
en très mauvais état : elles n’étaient pas praticables jour. Au moins un projet a indiqué que les coûts
toute l’année, n’étaient pas sûres, endommageaient des services de transport de marchandises ont
souvent les véhicules. Quant aux services aux également été réduits (Madagascar). Pour le projet
passagers, ils étaient très limités et coûteux. de pont à péage, les coûts de déplacement ont
été atténués par la faiblesse du tarif et par les
Selon les données contenues dans les rapports de économies réalisées sur les coûts d’exploitation
suivi des projets et les entretiens avec les usagers des véhicules.
et les associations de transport, les projets routiers
ont permis de disposer d’infrastructures de transport Les projets portuaires ont également enregistré
sûres et de bonne qualité qui ont induit une baisse des gains d’efficacité, bien que ceux-ci aient
de la durée des trajets et des coûts d’exploitation des été réduits par la lourdeur des opérations
véhicules (tableau 6)10. Il était désormais plus facile douanières11. Au port de Namibie, le temps
de prévoir la durée des trajets, ce qui a permis aux d’attente des navires a diminué, passant de plus de
usagers de mieux planifier leurs déplacements. Dans 8 heures à moins de 8 heures. En outre, la baisse
certains cas, les gains de temps escomptés n’ont envisagée en ce qui concerne le temps de séjour
pas été totalement obtenus car il a fallu ajouter des des conteneurs, s’est pleinement matérialisée. Il est
mesures de ralentissement du trafic (Madagascar) passé de 14,5 jours à 9,5 jours, contre un objectif
et mettre en place des dispositifs de limitation de était de 8 à 10 jours. L’augmentation globale de
vitesse (Tanzanie) pour améliorer la sécurité le long la capacité, la rapidité et la fiabilité accrues des
de la route, notamment à proximité des villages opérations de manutention des marchandises,
La mise en circulation de minibus et de grands bus passagers pour les trajets courts et longs a créé une
concurrence entre les opérateurs, ce qui a fait considérablement baisser les tarifs de transport. Les entretiens
sur le terrain ont confirmé qu’après l’achèvement du projet, les passagers paient moins de 50% des tarifs et qu’il
combinées à l’automatisation des procédures révélées insuffisantes pour éviter le nombre élevé de
administratives à l’entrée et à la sortie du port, victimes sur les routes. Une amélioration générale de
ont permis d’améliorer les délais de rotation des la gestion routière s’impose.
conteneurs tout en réduisant les coûts. Ainsi, le port
a également amélioré son classement pour l’indice Renforcement institutionnel et des capacités
de performance logistique. Toutefois, la lenteur et
la lourdeur des opérations douanières continuent Les activités de formation et de renforcement
d’entraver la réalisation complète des économies des capacités proposées par les projets ont été
de temps et de coûts. appréciées et jugées utiles par les bénéficiaires
directs, mais les avantages à long terme n’ont
Sécurité du transport pas pu être mesurés. L’analyse des résultats
des activités de renforcement des capacités a
Tous les projets routiers ont signalé des été fortement entravée par l’absence de cadres
problèmes de sécurité routière engendrés d’évaluation appropriés et de données de référence
par l’augmentation de la vitesse et la non- qui auraient dû être intégrés dans la conception des
application de limites de vitesse. L’ évaluation n’a projets. Les objectifs en matière de renforcement
pas pu disposer de statistiques fiables sur le nombre des capacités ont été poursuivis à travers la
d’accidents de voiture le long des routes évaluées formation du personnel existant ou le recrutement
(à l’exception du pont à péage Riviera-Marcory d’experts spécialisés. Ces activités visent à accroître
en Côte d’Ivoire qui a fait état de 323 accidents les capacités au sein des ministères des Transports
en 2019) étant donné que les accidents ne sont publics ou des agences routières en améliorant les
souvent pas signalés à la police du fait que les compétences en matière de passation de marchés,
usagers ne possèdent pas de polices d’assurance de gestion financière et de suivi environnemental.
appropriées. Les entretiens avec les populations Ces activités ont manifestement permis au personnel
locales ont montré que la non-application de limites des Unités d’Exécution de Projet (UEP) d’être plus
de vitesse et la conduite imprudente sont un sujet au fait des procédures de la Banque. Il est toutefois
de préoccupation majeur et la principale cause de difficile de dire dans quelle mesure cette expertise
la majorité des accidents. Tous les projets routiers restera disponible après l’achèvement des projets,
comportaient des dispositifs de ralentissement étant donné la forte rotation du personnel.
du trafic et une signalisation appropriée, mais ces
mesures n’étaient pas suffisantes. L’amélioration Toutes les opérations souveraines qui ont été
de la conception des projets et la sensibilisation incluses dans l’évaluation groupée prévoyaient
des populations locales au code de la route se sont la réalisation d’études spéciales (par exemple,
32 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
sur les recettes du fonds routier en Tanzanie, les leurs produits agricoles, leurs aliments transformés et
normes routières et les réformes du sous-secteur leurs boissons. Les femmes ont également bénéficié
routier en Tunisie), mais les évaluations de projet de nouvelles opportunités d’emploi, mais en nombre
n’ont pas pu déterminer dans quelle mesure les moins élevé. L’amélioration de la mobilité a favorisé le
recommandations des études ont été pleinement commerce local et l’accès aux marchés, ainsi que le
prises en considération, car cela ne faisait pas tourisme local (Burundi/Rwanda). Toutefois, pour deux
partie du suivi des projets. En outre, les projets projets (Madagascar et Sierra Leone), les personnes
qui ont prévu des volets sur le renforcement des interrogées ont souligné le fait que les avantages
capacités ont eu beaucoup de difficultés à obtenir des routes pour les populations locales auraient été
les résultats escomptés. Parmi ces difficultés, l’on bien plus importants si ces routes étaient reliées à un
peut citer les insuffisances dans l’identification des réseau plus vaste de routes rurales bien aménagées.
besoins en la matière, la sous-estimation des coûts,
etc. Pour ces raisons, la contribution des projets au La crise de la COVID-19 a réduit temporairement
renforcement des institutions n’a probablement été les impacts sur le secteur privé et les petites
que modérée. entreprises. Cela était particulièrement manifeste
pour les projets portuaires, avec une baisse du
En ce qui concerne les opérations non trafic qui n’a pas permis de créer de nouveaux
souveraines, les activités de renforcement emplois et opportunités commerciales. Les
des capacités étaient axées sur l’amélioration infrastructures socioéconomiques (réhabilitation
de la gestion ESS en faveur des opérateurs d’écoles et de centres de santé) et la campagne
privés. Cet aspect était important car il était lié à de sensibilisation ont également amélioré les
l’additionnalité non financière de l’intervention de conditions de vie minimum. Il est toutefois
la Banque. L’amélioration de la gestion ESS a été important de souligner que la plupart de ces
considérée comme un résultat de développement avantages n’ont pu être quantifiés pour l’ensemble
et a contribué à justifier l’intervention de la Banque. des projets car des études d’évaluation d’impact
Ainsi, des formations ont été dispensées et des comportant des scénarios de référence et des
experts en ESS ont été mobilisés. Toutefois, pour le travaux d’enquête n’étaient pas disponibles
projet du Gabon, la documentation de l’entreprise ou n’étaient pas achevées. Une autre entrave
n’est pas complète, ce qui suscite quelques importante à la réalisation d’une analyse
inquiétudes quant aux progrès réalisés à ce jour. transversale des avantages socioéconomiques
des projets de transport est le manque de
Conditions de vie des populations locales cohérence dans la définition d’un certain nombre
d’indicateurs de base qui pourraient être suivis
Les rapports de suivi des projets et les visites sur pour tous les projets.
le terrain montrent que les projets de transport
ont amélioré les conditions de vie des populations Integration régionale
locales à maints égards (Tableau 7). Tout d’abord,
les projets ont offert des possibilités d’emplois La contribution des projets à l’intégration
directs sur les chantiers, bien que l’utilisation par régionale, telle qu’envisagée dans les rapports
les entrepreneurs d’ouvriers étrangers (Namibie) ou d’évaluation, n’est pas perceptible à ce stade.
de travailleurs venant d’autres régions (Tunisie) ait L’échantillon ne comprend qu’une seule opération
modéré ces impacts. Le besoin de fournir des services multinationale (Burundi/Rwanda) pour laquelle les
de base aux travailleurs des chantiers a également produits liés à l’intégration régionale (livraison
induit la création de sources de revenus temporaires. d’équipements pour les postes frontières, étude
Après l’achèvement des projets, le trafic s’est intensifié sur la facilitation du commerce) n’avaient pas
le long des routes, permettant aux villages d’écouler été entièrement livrés au moment de l’évaluation.
Performance du groupe de projets 33
Concernant les autres projets, il n’est pas possible termes de développement. L’impact fiscal du projet
de tirer de conclusion sur l’impact que les résultats portuaire au Gabon ne peut être pleinement apprécié
en matière d’intégration régionale ont eu sur les en raison d’un manque de données. Bien que le port
activités de renforcement du commerce, du fait ait été peu performant depuis son inauguration et
de l’inexistence de données et de problèmes que la crise de la COVID-19 ait davantage affecté
d’attribution. En outre, le plein potentiel de ces ses opérations, les paiements nets du Port de GSEZ
projets d’infrastructure de transport ne pourra au gouvernement gabonais ont augmenté, passant
être atteint qu’après l’achèvement des corridors de 2,62 millions de dollars en 2019 à 5,9 millions
de transport, la simplification des procédures de dollars en 2020. Quoi qu’il en soit, les deux
douanières et une baisse substantielle des projets représentent des vitrines importantes de la
tracasseries administratives. manière dont on peut financer des infrastructures
de transport à travers des PPP lorsqu’il existe un
Revenus de l’État cadre réglementaire approprié et un opérateur privé
financièrement solide et compétent.
Les opérations de transport non souveraines
étaient censées générer des revenus pour l’État, Effets imprévus des projets
mais les résultats sont mitigés. Les revenus
générés par le pont à péage en Côte d’Ivoire sont Les effets négatifs des projets ont été anticipés
en-deçà des prévisions parce que le trafic n’a pas et atténués par les PGES et aucun effet inattendu
atteint les niveaux initialement envisagés et que majeur n’a été signalé dans les évaluations
le gouvernement ivoirien a décidé de réduire le de projet. Un seul projet (Rwanda/Burundi) a fait
prix du passage aux usagers. Pour cette raison, le état de problèmes dus à une augmentation de la
gouvernement a accepté d’indemniser l’opérateur population locale attirée par la nouvelle route.
privé pour cette perte inattendue par des subventions L’augmentation de la population est associée à
qui ont compensé les revenus générés par le pont. l’intensification de la déforestation, à une évolution
Il s’agissait d’un choix souverain du gouvernement des normes culturelles locales et à la hausse du coût
national basé sur des considérations politiques, de la vie. La flambée des prix des terrains situés le
qui n’a certes pas remis en question l’accord de long des lacs Kivu et Tanganyika a également été
PPP, mais qui a diminué les avantages attendus en mentionnée comme une source d’appréhension.
34 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
Ce sont des changements qui ne pourraient être affectées par les retards enregistrés par les
que partiellement atténués par le projet et qui ne projets. Du fait de cette combinaison de notes
pourraient être compensés que par une utilisation satisfaisantes et insatisfaisantes, le tableau est
accrue des composantes socioéconomiques (par contrasté (Figure 7). Pour les deux opérations non
exemple, l’autonomisation économique de la souveraines, l’efficience n’a pu être notée sur la
population locale, la formation à l’entrepreneuriat). base des mêmes critères d’appréciation, car les
données sur les coûts d’investissement n’avaient
pas été publiées.
Efficience
Respect des délais
L’efficience mesure la qualité de l’exécution d’un
projet (respect des délais, dépassements des L’évaluation a montré que tous les projets ont
coûts, utilisation judicieuse des ressources, progrès eu des difficultés à respecter le calendrier
dans l’exécution) et de la solidité de la justification d’activités prévisionnel et la plupart des
économique du projet (analyse coûts-avantages). retards se sont accumulés au cours de la
première année du projet (Tableau 8). Cette
Bien que les projets aient eu des dépassements de constatation est confirmée par l’analyse du
coûts limités et aient été performantes en termes portefeuille de projets du secteur des transports
d'efficience économique ; les notes relatives (Encadré 6). Pour la majorité des projets, les
à l’efficience des projets ont été négativement travaux de construction ont progressé comme
Encadré 6 : Retards dans l’exécution des projets de transport mis en évidence dans l’analyse du portefeuille
L’exécution des projets connaît généralement des retards d’à peu près deux ans
Comme le montre le tableau ci-dessous, les projets de transport s’achèvent généralement avec près de 32 mois de
retard en moyenne, avec quelques petites différences d’un sous-secteur à un autre.
Général Aéroport Port Lignes ferroviaires Route Multi-secteur
Retard moyen en mois 22,85 22,28 18 38 22,45 21,75
% de projets achevés à temps 12 % 0 0 0 15 % 0
Nombre de projets 74 5 3 3 59 4
Les données relatives au portefeuille montrent également qu’il faut en moyenne 26 mois pour remplir les conditions
requises pour le premier décaissement.
Performance du groupe de projets 35
Encadré 7 : Procédures susceptibles de favoriser le maintien de l’exécution des projets sur la bonne voie
Stratégies pour réduire les retards dans l’exécution des projets
Projets achevés :
❙ Subdiviser les travaux de construction en plusieurs lots (construction de routes en Tanzanie). Cette solution a
prévu pendant leur exécution et n’ont été affectés de marchés, comme le recrutement d’entrepreneurs
que par des événements fortuits (par exemple, et de consultants, et les questions administratives
des conditions météorologiques extrêmes, la liées à la bonne exécution des plans de réinstallation.
crise Ebola, la COVID-19 pour les projets qui Néanmoins, la performance des projets était
n’ont pas été achevés en 2020). La plupart satisfaisante pendant la phase de construction,
des problèmes ont été signalés au début des et dans un cas, la Tanzanie, le temps alloué aux
projets, lorsqu’il a fallu actualiser et réviser les travaux de construction était en fait surestimé.
études de faisabilité (Madagascar, Sierra Leone, Pour ce projet routier, les travaux de construction
Tanzanie, Rwanda/Burundi). Les pays peinaient ont été subdivisés en plusieurs lots, qui ont été
à mettre en œuvre les plans de réinstallation et confiés à différents constructeurs. Ce choix a permis
d’indemnisation convenus (le projet en Tunisie l’exécution parallèle des travaux de construction et
n’a toujours pas fourni de documentation leur bonne supervision a permis de réduire au mieux
satisfaisante). Le processus de passation des les différences de qualité entre les différents lots.
marchés de travaux et de services a généralement
été très lent en raison des procédures spécifiques Des problèmes et d’importants retards ont
des pays et de la Banque (l’encadré 7 présente été signalés dans la mise en œuvre des
quelques exemples tirés de l’évaluation groupée composantes institutionnelles, la priorité étant
sur les procédures de passation des marchés qui donnée à l’accélération et à la supervision des
pourraient maintenir l’exécution des projets sur la travaux d’infrastructure primordiaux. Ces activités
bonne voie). ont souvent démarré avec du retard et n’ont pas pu
être achevées à la fin des projets. Voici quelques
Il fallait généralement deux à trois ans pour exemples : la création d’un secrétariat permanent
achever les travaux de construction de la principale pour le corridor Walvis Bay-Ndola-Lubumbashi, les
composante de l’infrastructure quand il n’y avait pas réformes du secteur des transports pour le ministère
d’impondérables, mais il était nécessaire de prévoir des infrastructures, communications et transports à
du temps supplémentaire pour tenir compte de la Zanzibar et la participation à l’initiative CoST12 pour
capacité locale à gérer les processus de passation Madagascar et le Burundi. Ces activités se sont
36 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
avérées plus complexes et plus longues que prévu. (par exemple, des travaux supplémentaires).
L’on s’est également aperçu que la Banque ne La quasi-totalité des projets ont nécessité des
disposait pas de mécanismes adéquats pour assurer ajustements techniques à la suite des revues des
un suivi efficace de ces processus. conceptions, ce qui a entraîné des modifications
des devis quantitatifs initiaux. Ces augmentations
Dépassements de coûts de coûts ont été absorbées par les provisions pour
aléas prévues dans les budgets des projets (entre
Les projets ont connu quelques légers 15 et 20 %), par des économies réalisées dans le
dépassements de coûts qui ont été absorbés cadre des processus de passation des marchés ou
par l’augmentation des contributions des par des changements dans la fourniture d’autres
États et le recours à des contrats d’Ingénierie travaux et services prévus dans les composantes
Approvisionnement et Construction13 (Namibie). auxiliaires des projets. Ces provisions étaient
Il faudrait cependant souligner que les projets ont suffisantes et elles ont permis sans difficulté
réservé d’importantes provisions pour les aléas d’absorber les coûts des changements induits par
de construction et la hausse des prix et que leurs les revues techniques.
budgets ont été ajustés au cours de la mise en
œuvre, avec l’annulation de certaines activités et Les budgets des projets étaient suffisants, mais
le transfert des fonds afférents à d’autres activités des avenants ont souvent été nécessaires pour
Performance du groupe de projets 37
épuiser la totalité des fonds alloués ou pour considérables devraient se confirmer pour la
justifier des modifications dans les affectations plupart des projets14. Cette bonne performance
budgétaires. L’on a souvent enregistré des retards s’explique par la réalisation des objectifs en
dans les décaissements et il a parfois fallu établir des matière de trafic et de gains d’efficacité, ainsi
avenants (par exemple, à Madagascar, au Burundi et que par les faibles dépassements de coûts.
au Rwanda) pour dépenser les fonds non utilisés, Cela montre que les projets reposaient sur des
en œuvre effective des composantes annexes des Figure 8) . Les menaces à la durabilité sont de
projets. L’évaluation de l’impact des projets (résultats plusieurs ordres, notamment :
en matière de développement) a été confiée à des
consultants externes ou à des instituts nationaux de ❙ La dégradation accélérée des routes due à
statistiques, avec des résultats mitigés. La sélection l’usage, à l’intensité du trafic et aux conditions
du prestataire de services et l’attribution à temps du climatiques ;
contrat se sont avérées un élément clé pour réaliser
une évaluation satisfaisante des résultats du projet ❙ Les importants retards dans la réalisation des
par rapport au scénario de base. Le travail d’enquête travaux d’entretien régulier et périodique ;
aurait également pu être conçu de manière à
recueillir des données pertinentes (c’est-à-dire les ❙ L’insuffisance de fonds pour l’entretien des routes.
changements pouvant être attribués au projet) et
davantage de données ventilées par genre. Dans l’échantillon évalué, le projet de pont à
péage d’Abidjan constitue un exemple de bonne
pratique s’agissant des services d’entretien
Durabilité des résultats régulier. Pour ce cas, l’entretien du pont est
assuré par l’opérateur privé et cela fait partie des
Le critère Durabilité évalue dans quelle mesure les dispositions de l’accord de PPP.
projets ont géré les risques pendant l’exécution et mis
en place des mécanismes pour maintenir le flux des Durabilité technique
avantages après l’achèvement. Cet examen s’articule
autour de quatre éléments distincts : i) la durabilité Les routes et les ports ont été construits
technique, ii) la durabilité financière, iii) la durabilité selon des normes de qualité appropriées et ils
institutionnelle et le renforcement des capacités, et iv) la devraient durer de 15 à 20 ans, à condition qu’ils
durabilité environnementale et sociale (Cela s’applique fassent l’objet d’un entretien régulier. Les travaux
uniquement aux projets classés en catégorie I et II d’infrastructure sont techniquement solides et ont
selon les Normes environnementales et sociales). bénéficié d’une supervision rigoureuse de la part des
organes d’exécution et des entreprises de supervision
La question de la durabilité s’est avérée de travaux. La révision et la correction de leur
essentielle pour les projets routiers (opérations conception ont permis d’assurer des normes de qualité
souveraines) qui n’ont pas obtenu de bons appropriées des routes, ainsi que leur résilience face
résultats pour ce critère d’évaluation (voir la aux événements climatiques extrêmes et à l’élévation
du niveau de la mer (ports). S’agissant des projets
Encadré 8 : Résoudre les problèmes de durabilité qui se posent aux projets de transport récemment approuvés
La plupart des problèmes de durabilité sont restés sans solution
La question de la viabilité financière des infrastructures de transport a été correctement examinée dans les
RAP, mais les solutions proposées n’apportent rien de nouveau comparées aux approches antérieures. Les RAP
décrivent les ressources disponibles dans le pays pour l’entretien et identifient les mécanismes qui devraient
garantir des ressources humaines et financières adéquates à cet égard. Les RAP permettent également
d’apprécier les risques potentiels liés à la viabilité financière et recommandent des mesures d’atténuation
appropriées (par exemple, une stratégie visant à accroître les montants alloués aux fonds routiers, le rattrapage
des retards accumulés en matière d’entretien, l’amélioration des cadres de passation des marchés, un meilleur
contrôle de la charge à l’essieu). Toutefois, la mise en œuvre de ces recommandations incombe aux pays et
nécessite des réformes de plus grande portée qui dépassent le cadre des activités des projets de transport.
traités dans la conception des projets (par exemple, de sécurité, mais les performances en matière
le besoin éventuel, pour les équipements, de pièces d’additionnalité ont été mitigées.
de rechange qui ne sont pas disponibles sur place)
et ils mériteraient qu’on leur accorde une meilleure En ce qui concerne le projet de pont à péage
attention, puisque la finalité de ces équipements est Riviera-Marcory, l’additionnalité financière et
d’accroître durablement et, de manière plus inclusive, non financière de la Banque a reposé sur son
minutieuse des questions de genre et prévoient de très fortes inondations. La question de la résistance
soutenir l’autonomisation des femmes à travers une des infrastructures de transport face au changement
formation à l’entrepreneuriat (Encadré 9). climatique est devenue de plus en plus critique et
elle est bien reflétée dans la conception des projets
de transport récemment approuvés (encadré 10).
Climat
L’impact des projets sur les émissions de gaz à
L’évaluation a trouvé que la conception des effet de serre n’a pu être démontré. Les projets
projets a pris en compte les risques posés par examinés n’ont pas recueilli de données sur
le changement climatique et les événements les émissions de carbone prévues et réelles.
climatiques extrêmes. Les dégâts éventuels liés L’une des principales limites de cette analyse tient
à la hausse des températures et des précipitations également à l’inexistence de données désagrégées
ont été atténués dans la conception des projets par et actualisées sur le trafic. La forte augmentation du
la fourniture de meilleurs ouvrages de drainage, le trafic motorisé qui a été observée, a probablement
paillage, des ouvrages en gabions et l’aménagement accru la pollution atmosphérique et les émissions
de banquettes sur les tranchées routières et en haut de carbone. Pour certains projets, des arbres ont été
des remblais. S’agissant des projets portuaires, plantés le long des routes dans le cadre des PGES
l’impact de l’élévation du niveau de la mer a été pris (par exemple, en Tanzanie et au Rwanda/Burundi),
en compte dans le calcul de la hauteur des murs de mais il est difficile de préciser dans quelle mesure ces
quai (Namibie). Pour le projet de Madagascar, l’on a actions ont été suffisantes pour compenser l’impact
dû, au cours de l’exécution, modifier la conception de l’augmentation du trafic. L’évaluation de dix projets
du projet lorsque deux événements climatiques récemment approuvés montre qu’il s’agit d’une
extrêmes ont mis en évidence la nécessité d’atténuer dimension qui n’a pas encore été bien analysée dans
les dégâts causés aux structures routières par les les projets de transport de la Banque (Encadré 10).
Encadré 9 : Prise en compte systématique du genre dans les projets de transport récemment approuvés
La prise en compte de l’égalité entre les genres dans la conception des projets de transport est de plus
en plus courante
En 2014, la Banque a élaboré une stratégie en matière de genre (Investir dans l’égalité hommes-femmes pour la
transformation de l’Afrique) qui visait à intégrer la dimension genre par le biais de projets qui promeuvent l’égalité entre
les hommes et les femmes et apportent des réponses aux besoins des femmes. Deux des piliers d’appui de la stratégie,
à savoir « l’autonomisation économique des femmes et l’amélioration de la gestion du savoir et le renforcement des
compétences », sont généralement intégrés dans les projets de transport.
Tous les RAP évalués montrent que la dimension genre est parfaitement intégrée. Comparativement aux projets de
transport antérieurs, les projets nouvellement approuvés reposent sur une analyse plus poussée de la question de
l’égalité hommes-femmes qui permet d’identifier des activités spécifiques en la matière, afin de s’assurer que sur le plan
du développement les projets soient inclusifs. Toutefois, le degré de prise en compte de la question dans la conception
varie d’un projet à un autre. Dans tous les projets, les femmes sont identifiées comme les principales bénéficiaires des
composantes socioéconomiques, d’autant plus que les activités qu’elles prévoient sont censées améliorer l’offre de soins
de santé et d’éducation. Des objectifs par genre sont souvent fixés pour s’assurer que les femmes puissent également
bénéficier des opportunités offertes par le projet, telles que la création d’emplois et le renforcement de compétences.
Quelques projets prévoient des activités (ou une composante complète) qui soutiennent l’autonomisation des femmes
en améliorant leurs capacités entrepreneuriales dans des secteurs qui revêtent un intérêt particulier dans la zone de
projet. Ces activités ne se limitent pas à la fourniture d’équipements de travail de base ; elles comprennent également le
renforcement des capacités des associations de femmes et sont mises en œuvre par des organisations spécialisées.
Source : Analyse documentaire de 10 projets de transport récemment approuvés
Évaluation des questions transversales 45
Encadré 10 : Prise en compte systématique du changement climatique dans les projets de transport
récemment approuvés
La gestion du risque climatique et l’adaptation au changement climatique sont correctement pris en
compte dans la conception des projets de transport, mais les effets des projets de transport sur le
climat ne sont pas examinés à fond.
Fragilité des États principaux aspects n’est mise en évidence que dans
un seul projet (Madagascar). Le projet routier de
L’évaluation a trouvé que la question de la fragilité Madagascar a notamment desservi une zone reculée
des États n’a pas été abordée de manière holistique et défavorisée (le sud-ouest de l’île). Ce faisant, le
dans la conception des projets avant l’adoption de projet entendait renforcer la cohésion territoriale,
la stratégie de fragilité de la Banque. L’échantillon réduire la pauvreté, fournir des infrastructures de
de huit projets comprend des projets prévus dans transport sûres et fiables dans une zone sujette aux
trois États fragiles (Madagascar, Sierra Leone, catastrophes naturelles (inondations). Néanmoins,
Burundi) et, au moment de leur approbation, la l'évaluation des dix projets récemment approuvés a
Banque n’avait pas encore élaboré sa nouvelle montré que la fragilité est une dimension qui est bien
approche de la fragilité (2014). La contribution des prise en compte dans les projets de transport de la
projets à la réduction de la fragilité dans tous ses Banque (Encadré 11).
Encadré 11 : Prise en compte systématique de la fragilité dans les projets de transport récemment approuvés
Les composantes socioéconomiques des projets de transport sont conçues pour s’attaquer aux
facteurs de fragilité et renforcer la résilience
L’échantillon de revues documentaires des RAP comprenait quatre projets exécutés dans des États fragiles
(Madagascar, Comores, Burundi et Congo RDC). Tous les projets prévoient un meilleur accès aux services de
base et des activités visant à autonomiser les populations locales, notamment en aidant les femmes à participer
aux activités économiques des chaînes d’approvisionnement agricoles pertinentes. Les projets contribuent
également à la construction de l’État en reliant les zones reculées. Deux projets (République démocratique du
Congo et Comores) ont également demandé une exemption à la contribution de contrepartie, qui est justifiée par
leur niveau d’endettement élevé, ainsi que par l’engagement de la Banque à mettre en œuvre le programme de
développement des pays en prenant en compte l’état de fragilité.
Source : Analyse documentaire de 10 projets de transport récemment approuvés
Conclusion et enseignements 47
Conclusion et enseignements
est également abordé dans la conception des de leur contribution éventuelle à l’atténuation du
nouveaux projets. Toutefois, les solutions proposées changement climatique.
se fondent uniquement sur l’hypothèse que les pays
amélioreront sensiblement la gouvernance de leur Dans quelle mesure les interventions ont-
secteur des transports, ce qui n’est pas convaincant elles atteint les résultats escomptés pour les
au vu des expériences passées. bénéficiaires directs en termes d’intégration
régionale, de connectivité, d’accessibilité
Les récentes opérations de transport dans le financière, de sécurité et de gouvernance du
groupe de projets évalués ont pris en compte secteur des transports ?
les objectifs des High 5 dans leur conception.
De façon générale, il existe un lien avec plus L’évaluation a trouvé que les projets ont permis
d’un des High 5, cinq des dix projets examinés de réaliser d’importants gains d’efficacité en
contribuant à au moins trois des priorités suivantes : matière de transport, et les populations et les
« Nourrir l’Afrique », « Industrialiser l’Afrique », entreprises locales en ont bénéficié. Hormis les
« Intégrer l’Afrique » et « Améliorer la qualité de vie deux projets portuaires et le pont à péage, les projets
des populations africaines ». La moitié des projets ont atteint ou largement dépassé les prévisions de
devraient contribuer à la priorité « Nourrir l’Afrique », trafic. Pour l’ensemble des projets, les économies
ce qui témoigne du rôle que joue le secteur des de coûts et de temps ont été substantielles et ont
transports pour libérer le potentiel agricole et faciliter profité aux opérateurs de transport et aux usagers
l’accès aux denrées alimentaires. Ces objectifs des services de transport. Grâce aux projets routiers,
sont poursuivis à travers des activités spécifiques les populations peuvent accéder aux principaux
intégrées dans des composantes annexes, axées centres de marché et services à moindre coût et
sur l’accroissement de la production agricole et les les transports sont plus accessibles, y compris pour
activités de transformation alimentaire existantes, les femmes.
l’amélioration des liens dans les chaînes de valeur
agricoles, l’autonomisation des femmes et la L’on ne dispose généralement pas d’informations
facilitation du commerce. suffisantes sur les résultats des composantes
socioéconomiques des projets. Pour renforcer
Les questions transversales, à savoir le genre, le les avantages et le caractère inclusif des projets
climat et la fragilité, sont mieux intégrées dans de transport, et pour atténuer leurs effets pervers
la conception des projets de transport récents, sur l’environnement et les structures sociales,
mais la contribution des projets de transport à les projets évalués comportaient, la plupart du
la croissance verte n’est pas bien définie. Par temps, des composantes auxiliaires prévoyant des
rapport au passé, les projets examinés présentent infrastructures et des services socioéconomiques
une meilleure approche pour s’attaquer aux facteurs pour les populations locales. Ces composantes
de fragilité et d’inégalité hommes-femmes, laquelle auxiliaires ont été utiles et appréciées par la population
passe par la fourniture de services annexes qui bénéficiaire car elles ont changé leur quotidien. Tous
renforcent l’autonomie des populations locales. les projets ont induit une augmentation des emplois
Cette performance peut s’expliquer par le fait que temporaires, mais il est difficile de dire dans quelle
la Banque s’est dotée d’outils pratiques (prisme de mesure les populations locales ont pu bénéficier de
la fragilité et intégration du genre) permettant une ces opportunités.
meilleure prise en compte de ces deux aspects
transversaux. S’agissant de croissance verte, les L’évaluation ne dispose d’aucune évidence
projets évalués ont systématiquement intégré la de l’impact des projets sur l’amélioration de
résilience face au changement climatique dans leur la gouvernance du secteur des transports
conception, mais ils ne définissent pas la portée et de l’intégration régionale. Les activités de
Conclusion et enseignements 49
renforcement des capacités et la fourniture d’études des activités conformément au plan de travail des
visaient à améliorer la gouvernance du secteur projets. Parmi les obstacles récurrents, l’on peut
des transports, mais la conception des projets citer la longueur des procédures de réinstallation
ne comportait pas d’objectifs ni d’indicateurs et d’indemnisation, la passation des marchés de
appropriés pour évaluer l’efficacité de ces activités travaux, le décaissement des fonds de contrepartie et
(Quelles aptitudes et compétences auraient dû être le recrutement du personnel nécessaire. Les revues
Le respect des calendriers et des budgets Dans quelle mesure les résultats obtenus
des projets de transport s’est avéré difficile. sont‑ils durables ?
Comme pour l’ensemble du portefeuille de projets
de transport de la Banque, les projets pris en Des doutes persistent quant à la durabilité des
compte dans la présente évaluation groupée ont projets de transport routier, car les réformes
connu d’importants retards. La gestion des travaux en cours concernant les fonds routiers et les
de construction a certes été efficace, mais les agences routières ne sont pas encore achevées.
problèmes administratifs et de capacité auxquels les L’évaluation de la viabilité des projets doit tenir
agences d’exécution sont confrontées, ont retardé compte de la manière dont l’entretien de l’ensemble
les décaissements de fonds et la mise en œuvre du réseau est assuré. Dans le contexte actuel, le
50 Évaluation des projets routiers et portuaires de la BAD (2012–2019)– Rapport d'évaluation groupée
manque d’entretien suffisant des routes, conjugué à connexes des projets, et en tirant parti de synergies
la surcharge, risque d’occasionner une dégradation avec d’autres projets de développement. Les
rapide des actifs construits par les projets, à moins composantes connexes sont utiles pour améliorer le
que les pays n’améliorent sensiblement leurs cadres bien-être des populations locales et pour atténuer
de gestion des actifs routiers. Par ailleurs, il n’est les effets pervers des projets de transport sur
pas certain que les mesures intégrées dans les l’environnement et sur les structures sociales, mais
projets pour atténuer la surcharge des véhicules, les résultats obtenus avec l’approche actuelle sont
les excès de vitesse et la promotion de la sécurité mitigés. Ces composantes ont généralement été
seront suffisantes, étant donné qu’il n’existe pas exécutées partiellement, avec du retard, et leur
de mesures de contrôle. Enfin, en l’absence d’une durabilité est incertaine. La supervision de leur mise
estimation régulière du trafic, la planification des en œuvre par les agences d’exécution a été inefficace
travaux d’entretien s’avérera difficile. en raison du manque de capacités et d’incitations.
Toutes ces questions ont mis en évidence certains
La participation du secteur privé au financement problèmes liés à la manière dont ces composantes
du secteur des transports s’est avérée efficace ont été intégrées dans les cadres de conception et
et a permis d’assurer la viabilité financière, mais de mise en œuvre des projets. Pour accroître l’impact
les risques financiers restent élevés. La présente de ces composantes et assurer leur durabilité dans le
évaluation groupée comprenait deux opérations non temps, il est important que les ministères concernés
souveraines qui montrent comment le secteur privé (éducation, santé, environnement, agriculture) soient
peut contribuer à la construction et à l’entretien impliqués et que les agences d’exécution soient
d’infrastructures de transport. Leur utilisation pose dotées de l’expertise et des ressources nécessaires
toutefois de multiples difficultés étant donné que pour superviser les activités connexes des projets.
les réserves de projets d’investissement des pays Dans le même temps, des exemples de projets de
concernés ne comptent pas beaucoup de projets transport récemment approuvés montrent qu’en
de transport générateurs de revenus. Les risques tirant parti de synergies avec d’autres projets dans
que présentent de telles opérations restent élevés, le secteur agricole et le secteur privé, l’on pourrait
comme le montrent les deux projets analysés, car accroître l’impact des projets de transport sur le
il peut arriver que les accords de partenariat public- développement pour les populations locales, ainsi que
privé (PPP) soient modifiés unilatéralement. Cette sur les objectifs des priorités « Nourrir l’Afrique » et
évaluation a également montré que les projets « Industrialiser l’Afrique ».
générateurs de revenus sont plus à même de
garantir des fonds suffisants pour l’entretien lorsque Le succès des activités de renforcement des
des recettes sont réservées à cet effet. capacités visant à améliorer la gouvernance
du secteur des transports ne peut être mesuré
que si des cadres d’évaluation appropriés sont
Enseignements tirés prévus dans la conception des systèmes de suivi
des projets. À cet égard, les objectifs fixés par les
Les enseignements suivants pourraient être tirés de projets examinés étaient souvent trop généraux et
la présente évaluation groupée. n’identifiaient pas les domaines d’aptitudes et de
compétences où la formation était la plus nécessaire.
Résultats des projets en matière Le nombre de personnes formées ne peut pas être
de développement considéré comme un indicateur de résultat. De plus
amples informations devraient être fournies sur la
De meilleurs résultats en matière de manière dont les formations et les services de conseil
développement peuvent être atteints par une fournis ont réellement amélioré les performances
conception et un suivi plus avisé des composantes des personnes et/ou des organisations.
Conclusion et enseignements 51
Annexes techniques
Références
Annotations
3 Unité de compte
5 https://www.afdb.org/fr/documents/rapport-annuel-2018
7 La recherche documentaire était basée sur un exercice d’inventaire des principales conclusions tirées des rapports d’achèvement de projet et des
notes d’évaluation de l’achèvement des projets dans la base de données d’IDEV.
9 Techniquement, la mise en œuvre d'un PGES n'est pas considérée comme une composante subsidiaire du projet. Cependant, lors de la conception
des projets groupés, les activités qui constituent le PGES ont été incluses dans les composantes subsidiaires.
11 Les informations sur les gains de temps n'étaient pas disponibles pour le projet du Gabon.
13 Une forme de contrat de construction qui prévoit que le constructeur (l’entrepreneur EPC) livre un projet achevé, clé en main.
14 Les opérations non souveraines ne sont pas comprises dans la présente analyse.
16 Le projet de port au Gabon n'a pas pu être noté pour ce critère en l'absence de preuves suffisamment solides.
17 En 2020, la Banque a réalisé l’étude intitulée « Étude sur la gestion du patrimoine routier - Accélérer les réformes du secteur routier », qui analyse
l’état des réformes dans un certain nombre de pays africains et fournit des exemples de pays similaires en Asie et en Amérique du Sud.
Une évaluation groupée de projets IDEV
idev.afdb.org