Aide Pour Réfléchir Au Texte 5

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Les éléments importants à creuser dans l'épilogue de JFDM

L'épilogue est un texte qui renvoie au prologue → c'est encore un monologue réflexif de
Louis. La construction de la pièce est donc circulaire, la fin ressemble au début. On retrouve le
rapport fantomatique au temps du personnage qui se regarde de loin et hors de la réalité pour
évoquer sa mort.

Le texte peut se séparer entre trois moments :


-le rappel tragique du prologue (début jusqu'à « après j'en aurai fini »)
- le souvenir et l'indécision de l'entre-deux (jusqu'à « à égale distance du ciel et de la terre »)
- le regret de ne pas avoir réussi à être plus vivant (la fin).

Pbq possible : Comment Lagarce conclut-il la quête de son protagoniste de façon ambiguë avec un
moment d'entre-deux qui n'aboutit pas à une réelle libération ?

I- La projection de Louis dans sa mort est un rappel du prologue (1 – 6)

Dans cette partie, beaucoup des effets à voir sont classiques de ce que vous connaissez chez
Lagarce. Vous allez retrouver des jeux sur les temps et les valeurs des temps « je pars » / « je ne
reviens plus jamais » / « j'en aurai fini ». Il y a de l'anacoluthe dès le début « après, ce que je fais, je
pars ». Il y a toujours de l'indécision sur les durées. Pensez à l'ambiance fantomatique qui pèse et au
tragique. Le verbe partir a deux sens, mourir et s'en aller.
Louis est encore en train de gagner du temps comme dans le prologue, c'est pour cela qu'il
va raconter une anecdote entre parenthèses qui va casser le rythme de cette conclusion. Mais Louis
commence à ne plus avoir de temps et on approche de la fin de la pièce qui métaphorise toujours la
fin de sa vie.

En bref dans ce I → travaillez sur les temps, sur la parole heurtée, sur le ton tragique mais vague,
vous faites du Lagarce classique.

II- Louis raconte une sorte de nuit initiatique de révélation où il a été plongé entre la vie et la
mort (7 – 17)

Cette partie est un des moments les plus poétiques de JFDM, et elle est rédigée avec plus
d'effets métaphoriques que le reste de la pièce. Il faut réussir à les mettre en valeur.
Il y a beaucoup de démonstratifs qui permettent de bien mettre en lumière le souvenir et son
décor, Louis est en train de nous faire un récit presque en metteur en scène « c'est » (trois fois),
« ces années ».
La scène est dès le départ symbolique, cela est bien marqué par la circonstancielle de cause
« parce que je me suis perdu » qui arrive avant la principale. L'errance dans la montagne est un
thème initiatique ou religieux, mythologique également. La montagne est un symbole du lien avec
le Ciel car c'est un point terrestre mais très haut.
Le deuxième symbole important du passage est celui de la « voie ferrée ». Elle représente
souvent en théâtre et en littérature l'irrémédiable, puisqu'on ne peut aller que de l'avant. La voie de
Louis est vide mais sans danger, ce qui est ambigu. La sentez-vous comme sécurisante ou
menaçante car déserte et menant vers la mort ? Les expressions sont toujours ambiguës : « c'est
ainsi que je me retrouverai ». Ainsi renvoie à quoi exactement ? Louis va se retrouver seul, mort, en
sécurité ? On peut voir dans le détail du chemin qui passe près de la maison une sorte de renvoi à la
dispute avec Antoine / Suzanne sur le départ. Chez Lagarce, on se questionne toujours sur les
chemins comme métaphores du destin : c'est le côté tragique contemporain de JFDM.
Le troisième symbole important de cet épilogue est la confrontation au viaduc immense
(donc au-dessus du vide) sous la lune. Le décor est très cinématographique, visuel, Louis est au-
dessus du vide et confronté au néant. [ Pensez à ce cliché que l'on se sent aspiré quand on regarde
au fond d'un gouffre, pensez à la fameuse phrase de Nietzsche « Et quant à celui qui scrute le fond
de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour » ].
« et je marche seul dans la nuit / à égale distance du ciel et de la terre » → sans doute l'une des plus
belles phrases de JFDM, à ne pas négliger.

En bref dans ce II → vous devez mettre en lumière les symboles du passage associés à une perte de
Louis, entre vie et mort, qui avance tout droit mais se retrouve coincé entre deux états. C'est une
variation du thème de la méditation dans la montagne qui doit amener une révélation. Celle de
Louis va-t-elle aboutir ?

III- Louis comprend ce qu'il aurait dû faire pour se sentir plus vivant mais regrette de ne pas
avoir réussi pour autant (18 – fin)

Ce dernier mouvement de l'épilogue est très particulier puisqu'on accède à la fin de la quête
de Louis qu'il est très difficile de bien juger : il a accompli quelque chose en accédant à la
réalisation qu'il aurait dû être plus émotif et donc plus humain mais il sent qu'il a échoué en même
temps.
L'incise l.19 est très importante. Toute la pièce attend ce que Louis voudrait arriver à dire, et
là il va enfin nous livrer la clé de ce qu'il retenait dans son cœur. La méditation de Louis arrive à un
résultat, on le voit grâce à la structure « ce que je pense, c'est que » qui met une emphase.
Il faut bien s'arrêter sur le cri : grand, beau, long, joyeux, à chaque fois avec des adjectifs
antéposés, sur des phrases plus longues que les morceaux interrompus de Louis à chaque fois. Le cri
est une sorte de poussée vitaliste, il n'a certes pas un contenu (c'est un cri, pas une parole) mais
Louis voudrait le pousser parce que s'il a des émotions intenses, violentes, cela veut dire qu'il est
humain et vivant ; or il paraît dans la pièce souvent comme un monstre de froideur. Ce hurlement
dans le vide, dans le creux de la vallée qui viendrait remplir tout le vide (celui de la maladie, de la
mort, de la solitude), est un « bonheur » que Louis voudrait « s'offrir ».
Le décalage entre les deux temps « je ne le fais pas » / « je ne l'ai pas fait » présent puis
passé composé montre que le retour en arrière n'est plus possible : en un simple changement de
valeurs des temps, Lagarce arrive à placer tout le tragique de sa pièce.
Le départ final de Louis est très sobre, très impressionnant stylistiquement. « avec seul »
peut paraître presque oxymorique dans son association étrange, tout comme le décalage de « seul »
qui se rapporte au bruit des pas et qui arrive avant l'objet qu'il qualifie. Louis a l'air de repartir sur sa
route comme une sorte de pèlerin, et cela participe de la même iconographie que la montagne.

La dernière phrase de la pièce est isolée du reste par un blanc. Il faut faire une pause à la
lecture je pense, et bien en faire ressortir le poids, la gravité austère. La quête de Louis aboutit à un
regret et c'est un échec en ce sens mais il est arrivé au bout d'un chemin au cours duquel il est
parvenu à se comprendre. Je vous laisse trancher, victoire ou défaite de Louis dans son combat
tragique, existentiel ?

En bref dans ce III → il faut faire ressortir à votre juré cette gravité du cri étouffé et de la
conclusion qu'il métaphorise pour le combat de Louis mis en scène par Lagarce tout au long de cette
tragédie contemporaine où il a mis beaucoup de lui-même.

Ouvertures possibles après le bilan => l'iconographie religieuse de la montagne. La métaphore du


train dans le théâtre contemporain, elle intervient par exemple chez Koltès. La méditation entre « le
ciel et la terre », que vous pouvez retrouver ailleurs.

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