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Articles du Monde 03 novembre 2023

La zone euro décroche face aux Etats-Unis


Au troisième trimestre, l’économie européenne s’est contractée de 0,1 %, contre + 1,2 %
outre-Atlantique

éric Albert

La zone euro est entrée en contraction économique au troisième trimestre. Mardi 31 octobre,
l’évolution du produit intérieur brut (PIB) des vingt pays de la monnaie unique a été évaluée
en première estimation à − 0,1 % par l’institut statistique Eurostat. Le contraste avec les Etats-
Unis est saisissant : ce pays a connu une croissance de 1,2 % sur la même période.

« Ça devient presque une loi universelle, se désole François Geerolf, économiste à


l’Observatoire français des conjonctures économiques. A chaque crise, la zone euro perd de
façon permanente quelques points de croissance face aux Etats-Unis. » En quinze ans, le
décrochage européen a grandi choc après choc : crise de la zone euro, pandémie de Covid-19,
guerre en Ukraine… Depuis 2007, la croissance par habitant outre-Atlantique a été de 19,2 %,
tandis qu’elle atteignait 7,6 % en zone euro. Soit un écart de presque douze points. Avant la
pandémie, l’écart atteignait déjà dix points, et il a recommencé à se creuser depuis dix-huit
mois. Sur l’ensemble de 2023, la croissance en zone euro devrait atteindre 0,7 %, contre
2,1 % aux Etats-Unis, selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI).
L’Allemagne, en particulier, souffre, avec une légère récession attendue à − 0,5 %, tandis que
la France devrait croître de 1 %.

Des chèques et des subventions

Désormais, pour un Européen, des villes comme New York ou San Francisco sont devenues
extrêmement chères, tandis que les visiteurs américains en Europe s’étonnent des faibles prix.
« Le revenu moyen des Américains dépasse de plus de 20 % celui des habitants de la zone
euro, souligne dans une récente note Philippe Crevel, économiste à Lorello Ecodata, une
société de conseil. Le niveau de vie des cadres y est bien plus important que celui de leurs
homologues européens. Les touristes américains sont particulièrement recherchés en raison
de leur abondant pouvoir d’achat. La retraite moyenne, en prenant en compte l’épargne
retraite, est bien plus élevée aux Etats-Unis que dans de nombreux pays européens. »

La principale explication de ce différentiel de croissance tient en deux mots, selon M.


Geerolf : « la politique budgétaire ». Pendant la pandémie, le gouvernement américain a
soutenu les ménages de façon historique, multipliant les chèques. Les ménages ont pu mettre
de côté une partie de cet argent et restent assis sur une épargne exceptionnelle, qu’ils n’ont
pas tout à fait fini de dépenser. Résultat, plus de la moitié de la croissance actuelle vient de la
consommation. Côté européen, le soutien a également été généreux pendant la pandémie,
mais pas au même niveau : le déficit budgétaire américain en 2020 et 2021 était de 14 % et
11,6 % du PIB, le double de la zone euro, respectivement à 7,1 % et 5,3 %.

En plus de ces aides aux ménages, le gouvernement américain s’est lancé en août 2022 dans
un plan exceptionnel de subventions à l’industrie : le mal nommé Inflation Reduction Act
(IRA). Estimé officiellement à près de 400 milliards de dollars (379 milliards d’euros) sur une
décennie, il est essentiellement dépensé via des crédits d’impôts pour les technologies vertes.
Résultat, le déficit budgétaire en 2023 doit atteindre… 8,2 % du PIB, selon le FMI. En face, la
zone euro affiche un déficit de 3,4 % (la France devrait être à 4,9 %).

Bond de la dette américaine

« Certes, la zone euro n’a pas fait l’erreur de 2011-2013, et on n’est pas revenu à l’austérité,
reconnaît M. Geerolf. Simplement, les Etats-Unis y sont allés encore plus fort. » Et ils ne
semblent pas prêts à ralentir : d’ici à 2028, le déficit américain devrait rester chaque année
autour de 7 % du PIB, selon le FMI. Tout semblant de retenue budgétaire est enterré. Sur cette
base, la dette américaine devrait faire un bond, passant de 123 % du PIB cette année à 137 %
en 2028.

Inversement, les règles budgétaires européennes, qui ont été suspendues le temps de la
pandémie, doivent en principe revenir en vigueur en 2024 (même si les négociations sur leur
nouveau mode de fonctionnement restent en discussion). En conséquence, selon les calculs
des économistes de Goldman Sachs, la politique budgétaire de la zone euro devrait avoir un
effet négatif sur la croissance de 0,8 point en 2024. « On n’est pas du tout dans l’erreur
commise pendant la crise de la zone euro, qui avait apporté de la déflation, relativise Mathieu
Savary, de BCA Research, une société de conseil. L’Union européenne a mis en place des
subventions aux technologies vertes - le programme NextGenEU -, il n’y a pas d’austérité, le
marché du travail demeure solide… Mais une récession en zone euro courant 2024 demeure
probable. »

L’Europe pourrait-elle imiter les Etats-Unis et creuser tout autant son déficit ? « Le problème
est que la zone euro ne peut pas se permettre de dépenser autant, parce que nous ne sommes
pas une union budgétaire », rappelle un membre du conseil des gouverneurs de la Banque
centrale européenne (BCE). En clair, tant que la zone euro n’aura pas un budget commun, et
des emprunts communs, elle restera morcelée et la proie potentielle des marchés financiers.
Ceux-ci ont en particulier en ligne de mire l’Italie, dont la dette de 140 % du PIB est la
deuxième plus élevée de la zone euro (derrière la Grèce). Les Etats-Unis, eux, bénéficient du
privilège du dollar, qui demeure la monnaie de réserve internationale, malgré les coups de
butoirs du Sud global.

Hausse des prix de l’énergie

Par ailleurs, l’Europe a souffert plus directement de la guerre en Ukraine que les Etats-Unis.
Contrairement au pétrole, le gaz n’est pas un marché international, mais régional. Les prix ont
été multipliés par quinze en Europe quand le président russe Vladimir Poutine a coupé
l’approvisionnement à l’été 2022, un phénomène qui n’a pas touché le continent américain.
Mieux encore pour l’économie des Etats-Unis, celle-ci est exportatrice de gaz naturel liquéfié
(GNL), qu’elle a vendu à l’Europe à prix fort. « L’Europe importe toute son énergie, tandis
que les Etats-Unis sont les premiers exportateurs d’énergie », rappelle M. Savary. A cette
aune, la hausse du baril de pétrole depuis deux mois, qui frôle 90 dollars (pour le brent), est
une mauvaise nouvelle supplémentaire pour l’Europe.

Enfin, la politique monétaire a sans doute participé au décrochage européen cette année. Face
à la flambée de l’inflation, la Fed aux Etats-Unis et la BCE en zone euro ont toutes les deux
fortement augmenté leurs taux d’intérêt. Or, l’inflation n’était pas exactement de la même
nature : aux Etats-Unis, elle provenait avant tout d’une forte poussée de la consommation,
tandis qu’en Europe elle résultait d’abord de la hausse des prix de l’énergie. Dans ce contexte,
l’arme des taux d’intérêt est à double tranchant : elle réduit l’inflation, mais au prix d’une
baisse de la consommation.

Cette politique semble porter ses fruits : l’inflation en zone euro était de 2,9 % en septembre
(sur un an), repassant pour la première fois depuis juillet 2021 sous la barre des 3 %. Mais le
renchérissement du coût de l’emprunt s’accompagne d’un étouffement progressif de
l’économie. A court terme, l’écart économique entre Etats-Unis et Europe ne peut que
continuer à s’élargir.

La Fed maintient ses taux, mais n’exclut pas


une nouvelle hausse
La banque centrale américaine a décidé de maintenir sa fourchette de taux entre 5,25 % et 5,5
% pour la deuxième fois de suite

Arnaud Leparmentier

New York - correspondant - Pour la deuxième fois de suite, la Federal Reserve, la banque
centrale américaine, a laissé ses taux inchangés, mercredi 1er novembre, mais elle n’a pas
exclu de monter de nouveau le loyer de l’argent après cette pause. Les taux à court terme, qui
étaient encore quasi nuls à l’issue de la crise due au Covid-19 en mars 2022, se trouvent entre
5,25 % et 5,5 %, un record depuis vingt-deux ans.

« Pour déterminer l’ampleur du resserrement politique supplémentaire qui pourrait être


approprié pour ramener l’inflation à 2 %, le comité prendra en compte le resserrement
cumulé de la politique monétaire, les décalages avec lesquels la politique monétaire affecte
l’activité économique et l’inflation, ainsi que les facteurs économiques et financiers », écrit la
banque centrale dans son communiqué. En dépit de la hausse des taux, l’économie américaine
continue d’afficher une force éclatante, avec un rythme de croissance annuel de 4,9 % au
troisième trimestre, dopé par la consommation des ménages et un chômage limité à 3,8 %.

Le resserrement monétaire tarde à produire tous ses effets, même si l’inflation est passée d’un
plus haut de 9,1 % en juin 2022 à 3,7 % en septembre. « Nous devrons assister à un
ralentissement de la croissance et à une certaine détente du marché du travail pour rétablir
pleinement la stabilité des prix », a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell. La dernière
réunion du comité de politique monétaire de l’année est prévue les 12 et 13 décembre.

Toutefois, les marchés n’ont pas eu peur et semblent considérer que la hausse des taux est
désormais révolue. Mercredi, après trois mois calamiteux en Bourse, Wall Street s’est envolé
pour le premier jour de novembre : l’indice S&P 500, qui représente les grandes entreprises, a
fini en hausse de 1,05 %, tandis que le Nasdaq, riche en technologie, progressait de 1,64 %.
Surtout, les taux à dix ans se sont détendus passant de 4,92 % à moins de 4,75 % dans la
journée tandis que ceux à deux ans passaient sous les 5 %. « La Fed a fait ce qu’il fallait
aujourd’hui. Pas de “mission accomplie” en matière d’inflation – elle reconnaît qu’il reste
encore du travail à faire. Mais ce travail ne nécessitera peut-être pas de nouvelles hausses de
taux et ils ont, de facto, placé la barre de ces hausses à un niveau que nous espérons ne pas
atteindre », a commenté l’économiste de Harvard Jason Furman.

Les marchés rassurés

Paradoxalement, ce sont les marchés financiers eux-mêmes qui sont venus récemment au
secours de la Fed. Courant octobre, ils ont propulsé au-delà de 5 % les taux d’intérêt à dix ans,
qui ne sont qu’indirectement dépendants de la politique de la Fed (la banque ne fixe que les
taux au jour le jour). De ce fait, ils ont accompli le travail de la banque centrale en
renchérissant les crédits à la consommation et les prêts immobiliers. « Les conditions
financières se sont clairement durcies, et cela se voit dans les taux que paient les
consommateurs, les ménages et les entreprises aujourd’hui. Au fil du temps, cela aura un effet
», a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell.

Parmi les explications de cette hausse, il en est une qui inquiète de plus en plus les
opérateurs : le déficit budgétaire américain hors de contrôle. Ce dernier a atteint 1
700 milliards de dollars (1 603 milliards d’euros), soit 6,3 % du produit intérieur brut pour
l’exercice clos le 30 septembre. Et encore, ce chiffre serait d’environ 2 000 milliards, deux
fois supérieur à celui de l’année précédente, si l’administration Biden n’avait pas procédé à
une manipulation comptable sur les prêts étudiants. La mesure, consistant à annuler une partie
de la dette étudiante, avait été comptabilisée en 2022 puis annulée en 2023 en raison d’un veto
de la Cour suprême.

Toutefois, les marchés ont été rassurés par le Trésor, qui a annoncé un programme de levée de
fonds pour le dernier trimestre légèrement inférieur aux attentes : 776 milliards de dollars,
contre 852 milliards attendus. Ce chiffre est aussi inférieur aux 1 000 milliards du troisième
trimestre et s’explique par des rentrées fiscales moins mauvaises qu’anticipées.

De plus, le Trésor compte emprunter davantage à moyen terme (deux à cinq ans), pour ne pas
se lier les mains avec des coûts d’emprunts de l’ordre de 5 % sur des périodes allant de dix à
trente ans. Les marchés financiers espèrent une baisse des taux d’intérêt qui redynamiserait
Wall Street. Mais Jerome Powell a rappelé que le sujet n’était pas à l’ordre du jour.
La croissance française surnage, tirée par la
consommation
Au troisième trimestre, le PIB affiche une modeste progression de 0,1 %, grâce notamment au
ralentissement de l’inflation alimentaire

Béatrice Madeline

A l’inverse de l’Allemagne, où la croissance est passée en territoire négatif (− 0,1 % au


troisième trimestre), l’économie française a maintenu la tête hors de l’eau entre juillet et
septembre : le produit intérieur brut (PIB) affiche une progression modeste mais positive de
0,1 % sur cette période, par rapport au deuxième trimestre, en ligne avec les prévisions, selon
la première estimation publiée, mardi 31 octobre, par l’Insee.

Et ce, dans un contexte de net ralentissement de l’inflation : l’indice des prix à la


consommation s’est établi à 4 % en glissement annuel, en octobre, contre 4,9 % en septembre,
selon les résultats provisoires publiés mardi. « Nous sommes en train de sortir de la crise
inflationniste », a réagi le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en saluant « une économie
française qui se tient ». Certes, la croissance au troisième trimestre apparaît bien moins
favorable que les + 0,6 % – le chiffre a été révisé à la hausse de 0,1 point par rapport aux
précédentes publications – enregistrés au deuxième trimestre, grâce à une performance inédite
du commerce extérieur.

Mais, souligne Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee, « il ne s’agit


pas d’un changement de tendance : c’est plutôt le deuxième trimestre qui était au-dessus des
prévisions ». Dans ses projections publiées le 12 octobre, l’Insee estimait la croissance de
l’économie française sur l’ensemble de 2023 à 0,9 %, un chiffre qui reste d’actualité. « Les
enquêtes de conjoncture d’octobre indiquent un climat des affaires qui s’étiole, ce qui
n’augure pas forcément d’un grand dynamisme au quatrième trimestre », observe M. Pouget.

Baisse des exportations

Sur les trois mois écoulés, la croissance a été tirée par la consommation des ménages, en
hausse de 0,7 % après un deuxième trimestre étale (0 %). Surtout, à la faveur du
ralentissement des prix à la consommation, les achats alimentaires repartent à la hausse après
huit trimestres de baisse (+ 0,7 %) d’affilée. Une bonne nouvelle, selon Mathieu Plane,
économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques : « Cela fait un an et
demi que l’on observe une baisse continue de la consommation, ce qui est inédit et qui
s’accompagne d’un taux d’épargne très élevé, de 18,7 % des revenus, alors que le pouvoir
d’achat a mieux résisté que ce que l’on redoutait. Si la consommation ne repart pas, on peut
basculer dans un scénario de récession. »

Le « miracle » de la croissance américaine, qui a atteint 4,9 % au troisième trimestre, selon les
chiffres publiés le 26 octobre, est d’ailleurs largement redevable aux dépenses des
Américains, qui n’épargnent que 3 % environ de leurs revenus. « La consommation des
ménages en France est à son niveau de 2019, alors qu’aux Etats-Unis elle est déjà dix points
au-dessus », fait valoir M. Plane.

Autre bonne nouvelle, les entreprises n’ont pas décroché, malgré le contexte de hausse des
taux d’intérêt et de ralentissement de la demande. La formation brute de capital fixe,
autrement dit l’investissement, a progressé de 1 % au troisième trimestre, après + 0,5 % au
deuxième. « On s’attendait à ce que l’investissement des entreprises s’érode un peu, mais
cela doit être relativisé, car les crédits aux entreprises continuent de bien se tenir, et les
entreprises ont, pour une bonne part, recours à l’autofinancement, indique Stéphane Colliac,
économiste senior chez BNP Paribas. La morsure du choc de taux n’a pas été ressentie très
fortement encore. »

Pourtant, pour Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, « la plupart des indicateurs
avancés de l’investissement sont plutôt dégradés ». Toute la question est de savoir quand
exactement se ressentira l’effet de taux en hausse, qui impacte la trésorerie des entreprises,
puisque celles-ci se financent à un coût plus élevé. « Si ce n’est pas au troisième trimestre,
cela sera au quatrième », estime M. Ferrand.

Pour l’heure, « il n’y a guère que la construction de logements neufs qui soit affectée par les
taux d’intérêt élevés, précise M. Pouget. « Le reste, y compris dans le secteur de la
construction, de l’entretien-rénovation, se porte bien, en tout cas mieux que ce que l’on
prévoyait. »

Quant au commerce extérieur, qui avait constitué la bonne surprise du printemps, le soufflé
semble être retombé. Entre juillet et septembre, les échanges extérieurs ont contribué
négativement à la croissance du PIB (− 0,3 %), du fait d’une baisse significative des
exportations (− 1,4 % après + 2,4 %), dans plusieurs secteurs : automobile et aéronautique,
biens d’équipement, produits agricoles, produits manufacturés… Même la bonne saison
touristique n’a pas permis de maintenir les exportations de services en territoire positif
(− 1,1 %, après − 1,5 %).

En contrepartie, les importations ont également reculé (− 0,5 %, après + 2,5 %), du fait,
notamment, de la baisse des importations de pétrole.

Face au ralentissement de l’économie, la


BCE met fin à la hausse de ses taux
d’intérêt
Après dix augmentations successives, la Banque centrale européenne marque une « pause »

éric Albert

Athènes - envoyé spécial - Après dix hausses successives des taux d’intérêt, la Banque
centrale européenne (BCE) a marqué une pause jeudi 26 octobre. Pour la première fois depuis
juin 2022, son conseil des gouverneurs, qui se réunissait à Athènes, a décidé de maintenir les
taux d’intérêt inchangés, à savoir 4 % pour son taux de dépôt, qui fait référence.

La BCE reconnaît que l’économie de la zone euro est désormais « faible », en grande partie
en conséquence de la hausse des taux d’intérêt. Il est donc urgent d’attendre. Car toute la
question est de savoir si la BCE n’est pas allée trop loin dans son resserrement monétaire.
Sans répondre directement à la question, Christine Lagarde, sa présidente, reconnaît que
l’économie de la zone euro frôle aujourd’hui la stagnation : « L’économie demeure faible. Les
récentes données suggèrent que la production industrielle a continué à baisser. La demande
internationale molle et les conditions financières plus dures pèsent sur l’investissement et les
dépenses des consommateurs. Le secteur des services continue à s’affaiblir. »

Inversement, l’inflation semble progressivement se ralentir. La hausse des prix était de 4,3 %
en septembre (sur douze mois) en zone euro, très loin du pic de 10,6 % atteint en
octobre 2022, même si cela reste au-dessus de son objectif de 2 %. « La plupart des mesures
de l’inflation sous-jacente continuent à décliner », ajoute Mme Lagarde. L’inflation des biens
recule, mais également celle des services, qui inquiétait le plus la BCE jusqu’à présent.

Dans ces conditions, les vingt-six gouverneurs ont décidé, à l’unanimité, de se donner le
temps d’observer la situation. Si la hausse des taux d’intérêt, de – 0,5 % à 4 % en quinze
mois, est terminée, ses effets n’ont pas fini de se transmettre à toute l’économie. Il faut
d’abord que les banques répercutent ces taux à leurs clients, puis que ceux-ci changent
progressivement leur comportement : une entreprise peut, par exemple, renoncer à investir si
les taux sont trop élevés, un ménage décider d’acheter un logement moins cher ou reporter des
travaux…

La première partie de la transmission de la politique monétaire est désormais faite : les


banques ont fortement augmenté les taux qu’elles proposent. Une entreprise emprunte
désormais en moyenne en zone euro à 5 %, et un emprunt immobilier pour un particulier est à
3,9 %. Ces deux taux étaient de 1,6 % en janvier 2022.

Quant à la deuxième partie de la transmission de la politique monétaire − des banques à


l’économie réelle − elle commence à se sentir. Au troisième trimestre, 45 % des banques de la
zone euro montrent un recul de la demande d’emprunts des ménages ; la baisse atteint 36 %
pour les entreprises. « Ce sont des niveaux qui peuvent indiquer une récession », estime Jack
Allen-Reynolds, du cabinet Capital Economics. Selon Mme Lagarde, cette transmission de la
politique monétaire devrait continuer au moins jusqu’au premier trimestre 2024, sans que la
BCE ait besoin d’agir de nouveau.

Remède amer

Autre signe d’un ralentissement de l’économie : la masse monétaire en circulation était en


recul de 1,3 % en août (sur un an), sa plus forte chute depuis la création de la monnaie unique.
Par ailleurs, si la BCE n’augmente plus ses taux d’intérêt, les marchés financiers font
désormais le travail pour elle. Depuis le précédent conseil des gouverneurs, le 14 septembre,
le taux des obligations françaises à 10 ans est passé de 3,1 % à 3,5 %, et celui de l’Italie de
4,4 % à 4,9 %.

Explication : les banques centrales, dont la BCE mais aussi la Fed aux Etats-Unis, ont répété
que la bataille contre l’inflation était loin d’être finie et qu’elles entendaient donc maintenir
les taux élevés pendant longtemps. Or, pour l’économie réelle, ce sont les taux des marchés
qui comptent vraiment. Ce sont eux qui donnent le prix auquel empruntent les Etats, les
ménages et les entreprises.

« Ces annonces renforcent notre opinion que la BCE n’entend pas durcir davantage sa
politique monétaire, estime Bill Papadakis, stratégiste à la société de gestion Lombard Odier.
Cela renforce aussi notre conviction qu’en augmentant ses taux en septembre, la BCE a sans
doute trop durci sa politique. » Mme Lagarde réplique que ce remède amer administré à
l’économie était nécessaire afin de ralentir la hausse des prix. Elle table sur une économie qui
continuera à être très faible d’ici à la fin de l’année, mais qui commencera à accélérer
légèrement en 2024 quand l’inflation se réduira un peu plus.

Questions autour de la vigueur de la


croissance américaine
Le produit intérieur brut a progressé de 4,9 % entre juillet et septembre, porté par les dépenses
publiques et la consommation des ménages

Marie Charrel

Inattendu, spectaculaire, phénoménal… Jeudi 26 octobre, les économistes n’ont pas été avares
de superlatifs pour commenter la première estimation du produit intérieur brut (PIB)
américain au troisième trimestre, publiée ce jour-là par le département du commerce. De fait,
celui-ci a progressé de 4,9 % en rythme annualisé, soit bien plus qu’entre avril et juin (+
2,1 %), et même à un rythme supérieur aux 4,7 % attendus par le consensus des
prévisionnistes. Comparativement au trimestre précédent, la hausse est de 1,2 %.

« C’est fulgurant, il s’agit de la plus forte progression enregistrée depuis 2021 », résume
James Knightley, spécialiste de l’économie internationale à la banque ING. « C’est un
témoignage de la résilience des consommateurs et des travailleurs américains, soutenus par
les “Bidenomics” », s’est félicité le président Joe Biden, dans un communiqué.

A première vue, tout se passe comme si la hausse des taux d’intérêt opérée par la Réserve
fédérale (Fed) n’avait que peu d’effet sur l’activité. Résultat : la récession tant redoutée depuis
des mois semble loin de poindre à l’horizon, à la grande surprise des observateurs. « Je n’ai
jamais pensé que nous aurions besoin d’une récession pour faire baisser l’inflation », s’est
également vanté le locataire démocrate de la Maison Blanche, candidat à sa réélection à la
présidentielle de novembre 2024.

Dans le détail, ce bon chiffre tient beaucoup à la consommation, principal moteur de


l’économie : elle a bondi de 4 % entre juillet et septembre, après + 0,8 % au deuxième
trimestre. A elles seules, les dépenses de biens durables – à savoir ceux qui durent plus de
trois ans, comme l’électroménager ou l’automobile – ont augmenté de 7,6 % . « Cela pourrait
laisser penser que les ménages tiennent le choc face à la hausse des coûts du crédit décidée
par la Fed » , note Paul Ashworth, spécialiste de l’Amérique du Nord chez Capital
Economics. D’autant que le marché du travail résiste étonnamment bien – le taux de chômage
était à 3,8 % de la population active en septembre, un mois durant lequel le pays a créé 336
000 emplois, deux fois plus qu’attendu.

Des taux au plus haut

L’inflation continue de rogner le pouvoir d’achat, et, une fois les économies accumulées
pendant le Covid dépensées, les Américains ont commencé à piocher dans leurs bas de laine.
Leur taux d’épargne, qui a culminé à plus de 30 % en 2020, est retombé à 3,8 % seulement en
septembre, selon les données de la Fed. En mai, il était encore de 5,3 %. « Autant dire que la
consommation ne pourra pas rester longtemps à de tels niveaux », juge Paul Ashworth.

L’activité au troisième trimestre a également été portée par la hausse des stocks, qui ont
contribué à la croissance à hauteur de 1,3 point. Et surtout, par les dépenses du gouvernement,
qui ont progressé de 4,6 % – dont 8 % pour les dépenses militaires. « Les aides et les
subventions diverses liées au grand plan de soutien à l’industrie verte, l’Inflation Reduction
Act, sont décaissées à toute vitesse avant 2024, une année électorale, ajoute Ludovic Subran,
chef économiste du groupe Allianz, rappelant que le déficit budgétaire des Etats-Unis
approche les 7 % du PIB. Jusqu’ici, la stratégie d’évitement de la récession fonctionne, mais
elle est coûteuse. »

En déclin depuis début 2021, l’investissement résidentiel a également surpris : il a bondi de


3,9 % entre juillet et septembre. « Le manque d’offre de logements existants a contribué
au rebond », analyse James Knightley. Surtout, cette hausse est pour l’essentiel tirée par les
achats immobiliers des ménages les plus aisés, creusant les inégalités d’accès à la propriété. «
La proportion de transactions des biens d’une valeur inférieure à 500 000 dollars [473
000 euros] est tombée de 45 % à 25 % entre 2020 et 2023 », soulignent ainsi Thomas Bauer et
Véronique Riches-Flores, économiste chez RF Research. Au reste, l’investissement non
résidentiel (essentiellement celui des entreprises) a reculé de 0,1 %.

A la vue de ces chiffres dans l’ensemble positifs, l’économie américaine est-elle partie pour
réitérer le même exploit sur la fin de l’année ? La plupart des économistes misent plutôt sur
un ralentissement modéré, estimant que le resserrement de la politique monétaire devrait peser
plus franchement sur l’activité.

Depuis mars 2022, la Fed a relevé ses taux onze fois – ils évoluent désormais dans la
fourchette de 5,25 % à 5,50 %, au plus haut depuis 2001. « Les effets cumulés de ces hausses
commencent à freiner sérieusement l’accès au crédit, soulignent les économistes d’ING, dans
une note sur le sujet. Les taux des prêts automobiles et des prêts personnels montent en flèche
tandis que les taux hypothécaires sont en hausse, à 8 %. » Ce qui devrait mécaniquement
freiner les dépenses des ménages dans les mois à venir.
Ces derniers jours, les membres du comité de politique monétaire de la Fed ont laissé
entendre qu’ils marqueraient une pause dans la hausse des taux lors de leur réunion du 1er et
2 novembre. Mais, face aux pressions inflationnistes encore à l’œuvre – l’indice des prix
a encore progressé de 3,7 % en septembre, loin de la cible de 2 % de l’institution monétaire –,
ils pourraient de nouveau les relever en décembre.

Toute la question est de savoir si l’économie américaine se dirige vers un atterrissage en


douceur en 2024, ou si elle ne pourra pas éviter la récession. Et si ses fragilités jusqu’ici
masquées par le haut niveau des dépenses publiques et l’utilisation de l’épargne des ménages
finiront par apparaître au grand jour. « Il y a quelque chose d’artificiel dans la croissance des
Etats-Unis, et la hausse préoccupante de l’endettement que l’on observe du côté des
entreprises, pour qui le coût des emprunts flambe, pourrait mal finir », estime Ludovic
Subran. Il rappelle qu’en dépit de la forte progression du PIB au troisième trimestre, les
défaillances ont bondi de 38 % sur la période.

Avec la remontée du chômage, l’objectif du


plein-emploi en 2027 s’éloigne
Le nombre de demandeurs d’emploi est en hausse de 0,6 % au troisième trimestre

Thibaud Métais

La hausse était attendue, elle se confirme. A peine les députés et sénateurs, réunis en
commission mixte paritaire, lundi 23 octobre, ont-ils trouvé un compromis sur le projet de loi
« pour le plein-emploi », censé permettre au gouvernement d’atteindre son objectif d’un taux
de chômage de 5 % – contre 7,2 % actuellement – que les chiffres communiqués, mercredi
25 octobre, par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques
(Dares), rattachée au ministère du travail, et Pôle emploi, montrent une augmentation du
nombre de demandeurs d’emploi au troisième trimestre.

Ainsi le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi sans aucune activité (catégorie A)
connaît une hausse de 0,6 %, avec 3,028 millions de personnes sur l’ensemble du territoire
(outre-mer compris, hors Mayotte), contre 3,011 millions au deuxième trimestre.
Contrairement à ce qu’il fait lorsque les chiffres sont à la baisse, le ministre du travail, Olivier
Dussopt, n’a pas réagi à cette augmentation. En comparant sur un an, la tendance reste
favorable, avec une baisse de 3,8 % des effectifs lors des douze derniers mois.

La hausse est toutefois moins marquée si l’on ajoute les demandeurs d’emploi en activité
réduite (catégories B et C), + 0,2 %. Si le nombre d’inscrits en France métropolitaine en
catégorie B – ceux qui ont travaillé moins de soixante-dix-huit heures sur un mois – est en
forte croissance (+ 3,1 %), ceux qui ont travaillé plus de soixante-dix-huit heures
(catégorie C), font le sens inverse (− 2,3 %). Des données qui laissent supposer un transfert
entre catégories.

« Ces chiffres ne sont pas forcément une bonne nouvelle, décrypte Mathieu Plane, chef du
département analyse et prévisions à l’Observatoire français des conjonctures économiques
(OFCE). On peut penser qu’avec une contraction du marché de l’emploi, les employeurs
proposent plus de contrats courts que de contrats longs. »Si l’on prend l’ensemble des
personnes tenues de rechercher un emploi, l’opérateur public recense 5,3 millions de
personnes inscrites en France (outre-mer compris, hors Mayotte).

Les dynamiques sont différentes selon les tranches d’âge. La mauvaise nouvelle concerne les
jeunes de moins de 25 ans sans emploi, qui voient leur nombre augmenter de 2 % par rapport
au deuxième trimestre et de 3,2 % sur un an. Une confirmation que les effets de la réforme de
l’apprentissage sont bel et bien terminés.

A contrario, le nombre de personnes âgées de 50 ans ou plus inscrites à Pôle emploi en


catégorie A continue de baisser, de l’ordre de l’épaisseur du trait au troisième trimestre
(− 0,1 %), mais de manière bien plus importante sur les douze derniers mois (− 6,5 %). « La
grande question est désormais de savoir si cette hausse attendue depuis des mois anticipe une
suite plus violente dans les prochains mois », estime le professeur d’économie à Neoma
Business School, Gilbert Cette. « Tout laisse penser que nous sommes arrivés à un point bas
après une baisse tendancielle depuis 2015 et que les choses vont s’inverser désormais »,
explique Mathieu Plane.

Plusieurs réformes

Car cette augmentation du nombre de demandeurs d’emploi au troisième trimestre ne va pas


atténuer les craintes de voir le chômage remonter d’ici à la fin de l’année et, surtout, en 2024.
Dans ses prévisions pour la France publiées le 17 octobre, l’OFCE estime que « la seconde
moitié de l’année 2023, mais surtout l’année 2024, seront celles du retournement de la
courbe du chômage, ce dernier passant de 7,2 % actuellement à 7,9 % à la fin 2024 ».

Voilà qui percute frontalement l’objectif fixé par Emmanuel Macron lors de la campagne
présidentielle de 2022 : atteindre le plein-emploi d’ici à 2027. Pourtant, le gouvernement n’a
pas lésiné sur les réformes pour y parvenir. Dernière en date : le projet de loi « pour le plein-
emploi », qui réforme le service public de l’emploi et de l’insertion, ainsi que le revenu de
solidarité active (RSA). Tous les acteurs de l’insertion et de l’emploi seront coordonnés dans
un même réseau et Pôle emploi sera renommé France Travail. Par ailleurs, les allocataires du
RSA seront tenus d’accomplir « au moins quinze heures » d’activités par semaine, une mesure
censée rapprocher de l’emploi les personnes qui en sont le plus éloignées.

Déjà, la précédente réforme de l’assurance-chômage, en 2022, qui a réduit la durée


d’indemnisation des demandeurs d’emploi de 25 %, et celle des retraites, qui repousse l’âge
légal de départ de 62 à 64 ans, devaient être des moyens de poursuivre la baisse du taux de
chômage. C’était sans compter la conjoncture économique. Entre la hausse des coûts, la fin du
« quoi qu’il en coûte » après la crise du Covid-19 et les remboursements des prêts garantis par
l’Etat à venir, l’OFCE prévoit une accélération des défaillances d’entreprises et la suppression
de 138 000 emplois en 2024, soit une hausse de 0,4 point du chômage.
Aux Etats-Unis, chez Ford, une hausse
salariale de 25 % sur quatre ans
L’accord, qui doit être ratifié par les salariés, est une victoire pour le nouveau patron du
syndicat United Auto Workers, Shawn Fain

Arnaud Leparmentier

New York - correspondant - La grève touche sans doute à sa fin à Detroit (Michigan). Le
syndicat United Auto Workers (UAW) a indiqué, mercredi 25 octobre, dans la soirée, être
parvenu à un accord de principe avec Ford, après six semaines de grève, tandis que les
négociations se poursuivent avec Stellantis et General Motors (GM).

L’accord doit être à présent ratifié par les 47 000 syndiqués de Ford. Il prévoit une
augmentation salariale de 25 % sur quatre ans, dont un bond de 11 % la première année. A
l’arrivée, le salaire horaire maximal serait de 40 dollars (37,90 euros), selon le négociateur
d’UAW pour Ford, Chuck Browning, et le salaire minimal atteindrait 28 dollars. Désormais, il
ne faudra plus que trois ans contre huit pour avoir le salaire plein. Les retraites sont
améliorées, tandis que les salariés auront droit de faire grève en cas de fermeture d’usine, ce
qui est une première.

Le président Joe Biden, qui avait pris fait et cause pour le syndicat en se déplaçant sur un
piquet de grève fin septembre, a salué la nouvelle dans un communiqué.

L’accord est une victoire manifeste pour le patron du syndicat UAW, Shawn Fain, dont le
mouvement était populaire aux Etats-Unis et profitait du mécontentement face à une inflation
qui a atteint 17 % depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. « Ensemble, nous
renversons la tendance pour la classe ouvrière de ce pays », a estimé M. Fain.

La stratégie agressive portée par M. Fain est fondée sur la dénonciation des superprofits
engrangés depuis le Covid par Ford, Stellantis et GM. Le bénéfice opérationnel mondial
cumulé des trois constructeurs de Detroit s’est envolé de 4,8 milliards de dollars, en 2020, à
37,2 milliards en 2022.

« Depuis des mois, nous répétons que des profits record appellent des augmentations record
», s’est réjoui, mercredi soir, sur YouTube, M. Fain. Il a salué une « victoire majeure »,
estimant que l’accord concédé par Ford était supérieur de 50 % à sa proposition initiale de
septembre, avant la grève :

« Echec et mat »

Le président du syndicat a réexpliqué sa stratégie. C’était la première fois en quatre-vingt-huit


ans que UAW menait de front la grève contre les Big Three de Detroit, au lieu d’avoir une
négociation pilote avec l’un d’entre eux. Il a aussi opté pour une tactique d’étranglement : au
lieu de déclarer le mouvement général immédiatement, ce qui ne laisse plus de munitions et
assèche rapidement la cagnotte de grève, il a étendu le conflit progressivement.

Cette semaine, il a visé les usines les plus rentables « pour frapper les entreprises avec un
effet maximal »: lundi 23 octobre chez Stellantis, mardi 24 chez GM. A ce moment-là,
quelque 45 000 travailleurs étaient en grève sur 146 000 syndiqués de l’automobile. Ford a été
prévenu que le mouvement serait étendu dans son usine la plus profitable, faute d’accord
mercredi soir. « Cela a été échec et mat. Au quarantième jour de grève, nous avons obtenu un
accord historique », s’est réjoui M. Fain.

Dans un communiqué, la direction de Ford, qui n’avait pas connu de grève depuis quatre
décennies, s’est dite « heureuse d’être parvenue à un accord de principe ». L’entreprise, qui a
perdu près de 1 milliard de dollars, selon les estimations de la Deutsche Bank, se concentre
désormais sur le redémarrage de la production à l’usine de camions du Kentucky et sur les
sites de montage de pick-up près de Detroit et de Ford Explorer à Chicago, où environ 16 600
travailleurs ont débrayé. Le syndicat a appelé à la reprise du travail sans attendre la
ratification de l’accord.

GM a déclaré dans un communiqué qu’il « travaillait de manière constructive » avec le


syndicat pour parvenir à un accord. Stellantis a aussi précisé qu’il s’engageait à trouver un
accord « qui permettra à tout le monde de retourner au travail le plus rapidement possible ».

Les constructeurs de Detroit ont expliqué qu’ils avaient besoin de leurs profits pour gagner la
bataille de la voiture électrique et affronter la concurrence des autres constructeurs non
syndiqués. « Toyota, Honda, Tesla et les autres adorent la grève, car ils savent que plus elle
dure, mieux c’est pour eux », avait protesté William Clay Ford, président du conseil de
surveillance de Ford et arrière-petit-fils du fondateur, Henry Ford, alors que la grève
s’éternisait. « Ils gagneront et nous perdrons tous. » Sans convaincre, alors que l’UAW
estime au contraire que sa victoire va faire tache d’huile et conduire à un mouvement de
syndicalisation .

« C’est une victoire majeure pour le syndicat, a déclaré au New York Times Harley Shaiken,
professeur émérite à l’université de Californie, à Berkeley. Cela établit une norme pour les
autres travailleurs de l’ensemble de l’économie. »

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