Memoire Boissons Sucrees
Memoire Boissons Sucrees
Memoire Boissons Sucrees
Samuel Bergeron, Délégué aux affaires internes de la Fédération médicale étudiante du Québec
Louis-Charles Desbiens, Vice-président aux affaires externes du Regroupement des étudiants en
médecine de l’Université Laval
Djamila Saad, Déléguée aux affaires internationales de la Fédération médicale étudiante du Québec
Cédric Lacombe, étudiant en médecine, Université Laval
Patrice Levasseur-Fortin, Délégué aux affaires externe de l’Association des étudiantes et étudiants
en médecine de l’Université de Montréal, campus Mauricie
Maxime Morin-Lavoie, Trésorier de l’Association des étudiantes et étudiants en médecine de
l’Université de Montréal, campus Mauricie
Julien Leroux, Délégué au développement durable de l’Association générale des étudiants et
étudiantes en médecine de l’Université de Sherbrooke
Dylan McCarty, Président de l’Association générale des étudiant(e)s en médecine de l’Université de
Sherbrooke, Campus Saguenay
Alex Mariani, Vice-président aux affaires externes de l’Association générale des étudiant(e)s en
médecine de l’Université de Sherbrooke, Campus Saguenay
Anne-Lou McNeil-Gauthier, déléguée au bien-être de la Fédération médicale étudiante du Québec
Yasmine Nadifi, membre de la Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine
- Québec
Justin Desroches, Vice-président aux affaires externes, Université McGill
Lucy Luo, Représentante régionale du Québec, Fédération des étudiants et des étudiantes en
médecine du Canada
Nous contacter:
La «Fédération médicale étudiante du Québec» ou FMEQ a été fondée par les quatre associations
médicales étudiantes du Québec, soit l’AGÉÉMUS de Sherbrooke, le MSS de McGill, le RÉMUL de
l’Université Laval et l’AEEMUM de l’Université de Montréal en 1974. Elle représente l’ensemble des
4000 étudiants et étudiantes en médecine du Québec.
Sa principale mission est de représenter les quatre associations étudiantes médicales du Québec en
une seule voix unie et plus puissante. La FMEQ a aussi pour rôle de défendre et de promouvoir
les intérêts collectifs spécifiques aux étudiants en médecine du Québec particulièrement
en matières pédagogique, politique et sociale. La FMEQ s’est d’ailleurs fait entendre à la
Commission de la Santé et des Services Sociaux lors des audiences sur le projet de loi n°20 au
printemps 2015. Elle favorise la communication et la collaboration entre les associations membres
et leurs membres. Elle établit des partenariats afin de fournir des services spécifiques aux membres
associatifs et individuels.
En 2002, soucieuse de l’implication sociale de ses membres, elle a fondé IFMSA-Québec, sa division
internationale et communautaire. Celle-ci a pour mission la sensibilisation et la mobilisation des
étudiants et étudiantes en médecine du Québec autour des enjeux sociaux, communautaires et
mondiaux de la santé. Présente dans les six campus de médecine de la province, IFMSA-Québec
offre multiples activités de formation et congrès en santé; organise plus de 150 échanges à
l’étranger par année; coordonne six projets d’éducation par les pairs dans les écoles du Québec; se
positionne sur les enjeux d’actualité; et travaille de pair avec de multiples partenaires externes,
toujours dans l’objectif de former des jeunes médecins pour qui le stéthoscope est un levier
d’action.
1
1. Introduction sur le sujet
En 2015, les Canadiens et Canadiennes ont acheté en moyenne l'équivalent d'une canette de
soda par jour par habitant, tous les jours. Cette consommation est d’autant plus inquiétante
que plusieurs études démontrent une corrélation importante entre la consommation de
boissons sucrées et le développement de l’obésité, du diabète de type 2, de maladies
cardiovasculaires et de cancers, notamment. Alors que 62% des adultes et 32% des enfants
canadiens souffrent présentement de surplus de poids ou d’obésité, il est estimé qu’au cours
des 25 prochaines années, notre consommation de boissons sucrées sera liée à plus de 3
millions de cas d’obésité ainsi que plus de 63 000 décès, pour des coûts estimés de plus de
50 milliards de dollars au système de santé canadien.
D’après les études statistiques, nous constatons que les boissons sucrées constituent la plus
importante source de sucre du Canadien moyen et que leur consommation va bien au-delà
des recommandations des nutritionnistes.
À cet effet, la Fédération Médicale Étudiante du Québec est en faveur d’une taxation
des boissons sucrées dans l’optique de réduire leur consommation et ainsi agir sur
les risques de développement de l’obésité. De plus, les sommes générées par cette
mesure devraient être réinvesties en santé publique et en soutien aux plus
vulnérables pour éviter un effet régressif.
2
2. Définitions
Les différentes études n’arrivent pas à établir une définition universelle sur l’étendue des
produits alimentaires impliqués dans la définition des boissons sucrées. Alors que certaines
études y considèrent uniquement les boissons gazeuses, d’autres y incluent en plus les
boissons de sucres ajoutés et les substances laitières modifiées. En conséquence, la grande
variabilité des définitions amène moult interprétations des résultats et conclusions.
Alors qu’il existe une définition formelle pour les boissons gazeuses au sens de la loi, il n’y a
pas de modèle légal concernant les boissons sucrées. En effet, selon la Loi sur la vente et la
distribution de bière et de boissons gazeuses dans des contenants à remplissage unique, une
boisson gazeuse est «une eau gazéifiée additionnée d’une essence ou d’un sirop;» [1]. La
Canadian Food And Drugs Regulations (CFDR) se montre plus exhaustive dans le concept du
sucre, sans toutefois différencier les différentes boissons non alcoolisées. Il faut donc se
référer aux instances non législatives pour établir des balises concrètes [2].
Dans son rapport sur les mesures fiscales pour la prévention des maladies non
transmissibles, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit les boissons avec sucres
ajoutés comme étant des boissons contenant des édulcorants caloriques ajoutés comme le
sucrose ou le sirop de maïs riche en fructose. Cette définition comprend entre autres les
boissons gazeuses, les jus de fruits faits de concentrés et les boissons énergisantes. [3]
Dans ses recommandations, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) opte
pour une définition plus large des boissons sucrées en considérant « toutes les boissons
dont les premiers ingrédients sont de l’eau et des sucres ajoutés » [4] ce qui peut impliquer
les substances laitières modifiées comme le lait au chocolat ou des jus de fruits non faits de
concentrés.
Dans un souci de respecter la divergence des opinions parmi les experts, une liste
exhaustive des différents sous-groupes de boissons sucrées doit être établie. Cet exercice
permettra de mieux apprécier les conclusions et les recommandations étudiées dans ce
mémoire.
3
2.1.1 Boissons sucrées
Dans le présent mémoire, les boissons sucrées seront présentées selon une définition
similaire à celle de l’INSPQ (voir ci-dessus) qui englobe toutes les boissons dont les
ingrédients principaux sont l’eau et les sucres ajoutés. Ceci inclut : les boissons non-
alcoolisées enrichies de saveurs, gazeuses ou non, généralement vendues en contenant
individuel (canette ou bouteille); les jus de fruits faits de concentré ou de saveurs
artificielles contenant des sucres ajoutés; toutes les boissons sportives : réhydratantes,
enrichies d’électrolytes, de sucre ou d’autres nutriments; les boissons caféinées
commerciales comme le thé glacé ainsi que les boissons énergisantes qui ont souvent une
grande quantité de sucre ajouté en plus de la caféine; les laits avec sucres ajoutés ou
produits dérivés du lait incluant les préparations nécessitant l’ajout de poudre sucrée ou de
sirop à du lait [6]. Le terme «ajouté» a été retiré de la définition de l’INSPQ au sein de ce
mémoire afin d’être plus inclusif.
En reprenant la définition de «sucres» des CFDR, les BSA seraient définies comme suit:
toute boisson dont le contenu en sucre a été accru grâce à l’ajout de sucre lui-même ou de
ses produits dérivés. Cette notion inclut les substances laitières modifiées comme le lait au
chocolat, mais exclut toute substance étiquetée «Sans sucres ajoutés», ce qui comprend les
jus de fruits non faits de concentré et les alternatives édulcorées diètes.
Tableau 2.1: Sucres et produits dérivés du sucre tel que retrouvé sur les étiquettes [7]
Sucres (autres)
Dextrose
Glucose
Glucose-fructose
Sirop de maïs
Maltodextrine
Concentré de jus de fruits
Miel
Mélasse
Sirop (autres)
Lactose
Fructose
Jus de canne
4
Caramel
Agave et autres nectars
Devant les inquiétudes grandissantes face aux boissons sucrées, l’industrie alimentaire
investit de plus en plus dans le développement de boissons édulcorées, présentées comme
des alternatives saines [8]. Au Canada, le terme succédanés du sucre est utilisé et comprend
les édulcorants artificiels ou dérivés de produits naturels donnant une saveur sucrée aux
aliments. Santé Canada autorise une liste qui comprend principalement l’aspartame, les
polyols, la saccharine, ainsi que le stevia et les glycosides de stéviol. [9]
5
3. Portrait de la situation actuelle
3.1 État actuel de la consommation de boissons sucrées au
Québec
3.1.1 Qui sont les plus grands consommateurs?
En 2004, une enquête de l’INSPQ révélait que 38% des Québécois avaient consommé une
boisson gazeuse le jour précédant le sondage effectué. Si l’on analyse les différents produits
consommés, les boissons gazeuses régulières représentaient 73% de toutes les boissons
gazeuses consommées, alors que les boissons diètes représentaient seulement 27%. [10]
Cette même enquête montrait que les jeunes hommes consommaient beaucoup plus de
boissons gazeuses que les femmes, peu importe l’âge, la tranche d’âge représentant les plus
grands consommateurs étant les 19 à 30 ans. Notons aussi que la consommation est
inversement proportionnelle à l’âge, la tranche des 70 ans est celle qui en consommait le
moins.
Plus préoccupant encore, une enquête de 2002 menée par l’Institut de la statistique du
Québec révélait que les enfants de quatre ans et moins étaient loin d’échapper à l’épidémie :
20 % de ceux-ci consommaient des boissons sucrées sur une base quotidienne. Cette étude
révélait aussi que 20% des Québécois âgés de 15 ans et plus consommaient des boissons
sucrées au moins une fois par jour. [11]
Selon l’enquête de l’INSPQ, entre 1990 et 2004, la consommation de boissons sucrées aux
fruits a doublé, passant d’une moyenne de 25 ml par jour à 40 ml. La consommation de
boissons gazeuses suivait aussi cette tendance, passant de 143 ml en 1990 à 194 ml en
2004, soit une augmentation de 35%. Depuis 2010, selon la Chaire Internationale sur le
risque cardiométabolique de l’Université Laval, la vente des boissons gazeuses semble
diminuer au Canada, mais est néanmoins compensée par une augmentation notable des
ventes de produits de remplacement, particulièrement les boissons énergisantes, parfois
tout aussi sucrées. [12] Ces alternatives incluent :
● Boissons énergisantes (+638 %);
● Cafés sucrés (+579 %);
● Eaux aromatisées (+527 %);
● Yogourts à boire (+283 %);
● Thés sucrés (+36 %);
● Lait aromatisé (+21 %), et
● Boissons pour sportifs (+4 %). [14]
6
Selon Dr Robert Nuttall, de la Société Canadienne du Cancer, « les boissons sucrées
constituent la plus importante source de sucre dans l'alimentation du Canadien moyen.»
[14] Au Canada, approximativement 13% de l’apport calorique quotidien proviendrait des
sucres ajoutés [41,42]. Si l’on ajoute à cela la consommation d’aliments riches en sucres
libres (fruits, jus, miel, sirops, etc.), le pourcentage de l’apport calorique quotidien dédié aux
sucres atteint un taux de 15% [41,42]. Cette valeur dépasse de façon significative la
recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé qui suggère de limiter sa
consommation de sucres à 10% de l’apport énergétique total. Cette recommandation,
publiée en 2015, avait pour objectif de diminuer les risques de surplus de poids, d’obésité
et de caries dentaires [43].
En termes de quantités, les nutritionnistes estiment que 10% de l’apport énergétique total
correspond à environ 50 grammes de sucre, soit 12 ou 13 cuillères à thé de sucre par jour
[44, 45]. Une seule canette de boisson gazeuse peut contenir jusqu'à 40 grammes de sucre,
une quantité équivalente à 10 cuillères à thé. Ainsi, une récente étude a démontré que les
boissons sucrées ont un impact significatif sur la quantité totale de sucre consommée par
les Canadiens, et plus spécifiquement par les adolescents. Les chiffres sont alarmants : 7-8%
de l’apport énergétique total des adolescents provient des boissons sucrées [46] et 1
adolescent sur 3 trois affirme en consommer quotidiennement [41].
Au Québec, ce sont 39% des hommes et 27% des femmes de 12 ans et plus qui souffraient
d’embonpoint en 2014, selon un rapport de l’Institut de la statistique du Québec. Dans le
même rapport, 19% des hommes et 15% des femmes souffraient d’obésité. 44% des
hommes et 51% des femmes déclaraient souffrir d’au moins une maladie chronique. [14]
7
masse corporelle et la consommation de boissons sucrées chez l’adulte et chez l’enfant. [47,
48, 49, 50, 51] Les enfants qui consomment plus d’une boisson sucrée par jour ont 55% plus
de chances de souffrir d’obésité ou de surplus de poids que ceux qui en consomment de
façon modérée. [43] Les enfants qui consomment des boissons sucrées avant l’âge de 2 ans
sont aussi beaucoup plus susceptibles de développer des problèmes d’obésité dans les 6
années qui suivent. [52]
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) estime que le coût de l’obésité
totalise 3 milliards de dollars par année, chiffre conservateur, puisqu’il s’agit seulement des
coûts associés aux nuits d’hospitalisation, aux consultations médicales, à la consommation
de médicament et à l’invalidité associée à l’obésité.
Selon une étude effectuée à l’université de Waterloo par les plus grands organismes
canadiens dans le secteur de la santé, incluant la Société canadienne du cancer et
l’Association canadienne du diabète, la consommation de boissons sucrées devrait entraîner
plus de 63 000 décès au cours des 25 prochaines années et coûter autour de 50 milliards de
dollars au système de santé. [15]
D’après la même étude, on estime que la consommation de boissons sucrées au Canada sera
responsable d’environ :
8
● 1 million de cas de surpoids et plus de 3 millions de cas d'obésité;
● 1 million de cas de diabète de type 2;
● 300 000 cas de cardiopathie ischémique;
● 100 000 cas de cancer;
● 40 000 accidents vasculaires cérébraux;
● 2,2 millions d'années de vie corrigées de l'incapacité (le nombre d'années perdues
en raison d'une mauvaise santé, d'une incapacité ou d'un décès précoce).
D’après une étude publiée en 2015 dans la revue scientifique américaine Circulation, les
boissons sucrées ont causé environ 133 000 décès attribuables au diabète, 45 000 décès
attribuables aux maladies cardiovasculaires et 6450 décès attribuables au cancer. Dans
cette étude, la consommation de boissons sucrées avait été estimée à partir de 62 sondages
alimentaires effectués auprès de 610 000 personnes dans 51 pays entre 1980 et 2012. [23]
Tel qu’indiqué dans le mémoire de la Coalition québécoise sur la problématique du poids,
intitulé Une taxe sur les boissons sucrées dédiée à la prévention: pour des finances publiques
saines, nous sommes en accord que «l’épidémie d’obésité et d’embonpoint contribue de
façon critique à l’augmentation des coûts directs de santé (visites médicales, médicaments,
hospitalisation, soins, etc.) assumés par l’État, en plus d’engendrer divers coûts indirects
(absentéisme, présentéisme, invalidité et mortalité prématurée). Il faut également tenir
compte des coûts humains, familiaux et sociaux des maladies liées à l’obésité, qui peuvent,
et doivent, être prévenus. » [17]
9
4. Modèles de taxation, contexte légal
et élasticité des prix
4.1 Introduction
L’implantation d’une taxe sur les boissons sucrées se fait inévitablement en considération
des contextes légaux et fiscaux québécois et canadien. Dans ce chapitre, les différents types
de taxation seront examinés au niveau de leur cible, de leur étendue, de leur taux ainsi que
de l’utilisation des fonds qui en découlent.
Il importe de considérer la base sur laquelle le montant d’une taxe serait calculé. Une taxe
peut tout d’abord être ad valorem, c’est-à-dire être appliquée comme un pourcentage du
prix de vente de l’article. Bien que cette taxe ait l’avantage de s’ajuster automatiquement à
l’inflation, plusieurs auteurs soulèvent qu’un tel modèle possède le désavantage de pousser
les consommateurs vers des marques « maison » moins dispendieuses, ou vers l’achat de
contenants de plus grande quantité dont le rapport quantité-prix est plus économique. [18]
À l’opposé, une taxe peut être spécifique et être calculée en fonction du volume du produit
ou d’un de ses ingrédients. Ce modèle possède plusieurs avantages : il permet d’éviter la
substitution vers les produits « maison » ou vendus à plus grand volume, il n’est pas sujet à
la manipulation des prix par les entreprises et il promet des revenus plus stables au fil du
temps. En outre, si elle est calculée selon la quantité de sucre présente dans la boisson, la
taxe a l’avantage de fournir un incitatif clair au consommateur à substituer sa boisson pour
une autre à plus faible teneur en sucre et aux manufacturiers à réduire la concentration de
sucre dans leurs produits. Toutefois, ces taxes doivent être augmentées avec l’inflation et
peuvent se révéler plus complexes à administrer. [17, 18]
10
Un autre élément important de l’implantation d’une taxe sur les boissons sucrées concerne
l’affichage de celle-ci au consommateur. En effet, une taxe peut être incluse dans le prix de
vente directement sur l’étagère. C’est le cas des taxes indirectes, dont l’influence se
répercute sur le prix de vente directement, ou bien de certaines taxes de vente qui, par
ordre législatif ou réglementaire, se doivent d’être affichées sur l’étalage. À l’opposé, la
plupart des taxes de vente comme la TVQ et la TPS sont appliquées à la caisse, « par-dessus
» le prix visible sur l’étalage. Or, des études en laboratoire ont permis de conclure que les
taxes appliquées sur l’étalage sont plus efficaces afin de modifier le comportement d’un
consommateur. [19] Ceci s’explique par le fait qu’elles sont appliquées avant que le
consommateur décide d’acheter le produit, résultant en un plus grand impact sur son
comportement. [17]
Dans le domaine de la santé publique, les responsabilités sont globalement partagées entre
les deux paliers de gouvernement. Alors que le gouvernement du Québec organise les
activités de promotion de la santé, de suivi des maladies chroniques et de prévention, le
gouvernement fédéral garde certaines responsabilités concernant le suivi des maladies
infectieuses, la réponse aux catastrophes naturelles et le contrôle et l’inspection
alimentaire. [17] Cependant, comme aucun texte juridique ne sépare clairement les
responsabilités, il existe certaines zones communes entre les secteurs d’activité des deux
paliers gouvernementaux.
Par ailleurs, le pouvoir de taxer les citoyens et les entreprises est régi par la Constitution
canadienne. Dans ce domaine, la Constitution accorde beaucoup plus de pouvoir au palier
fédéral qu’au provincial. Effectivement, l’État fédéral se voit confier le pouvoir de «
prélèvement de deniers [NDLR, argent] par tous modes ou systèmes de taxation ». [20]
Ainsi, le gouvernement canadien peut prélever des taxes sous forme d’impôts personnels ou
corporatifs, de taxes de vente, de taxes d'accise ou de frais de douane. Le gouvernement
provincial, quant à lui, peut mener une « taxation directe dans les limites de la province,
dans le but de prélever un revenu pour des objets gouvernementaux » [20]. Le Québec
possède donc le droit de taxer uniquement de façon directe, i.e., à la personne à qui la
taxation est ultimement destinée.
Les taxes d’accises sont des taxes normalement assumées par le manufacturier, le vendeur
ou le distributeur d’une substance. Leur montant se répercute sur le prix final payé par le
consommateur. En ce sens, les taxes d'accise sont des taxes indirectes, et donc une
11
compétence exclusivement fédérale. Elles sont principalement utilisées pour générer des
revenus, mais elles ont déjà été utilisées dans un but dissuasif [16]
Les taxes de vente sont des taxes chargées à l’acheteur final d’un bien de consommation ou
d’un produit. Elles sont donc une taxe directe. Leurs taux sont généralement uniformes pour
une grande variété de produits, bien que certains produits puissent en être exemptés,
comme une partie de l’alimentation dans notre cas. Au Québec, les produits sont ainsi
soumis à la Taxe de vente du Québec (TVQ) provinciale et à la Taxe sur les produits et services
(TPS) fédérale. [17] Ce type de taxe peut être considéré plus flexible, car par leur nature
directe, elles peuvent être appliquées autant par le gouvernement provincial que par le
gouvernement fédéral. [16]
Enfin, la taxe spéciale est une taxe chargée sur un bien précis pour des raisons particulières
(la santé, l’environnement, etc.) Très flexibles, elles peuvent être de type ad valorem ou
spécifiques, et chargées de façon directe ou indirecte. [17]
À l’heure actuelle, les boissons sucrées, plus particulièrement les boissons gazeuses, sont
taxées via une taxe de vente. Elles sont cependant dans une position particulière, étant
parfois considérées comme des produits alimentaires non taxables. Le tableau 8.1 présente
la nomenclature fiscale des boissons au Canada. On peut y comprendre que la valeur
nutritionnelle d’un produit n’est pas prise en compte lors de sa catégorisation fiscale. Ainsi,
un produit «diète» est sujet à la même taxation qu’un produit qui ne l’est pas, même si la
quantité de sucre qu’il contient est nettement inférieure. En outre, comme toute
modification des taxes de vente doit se faire en suivant le cadre législatif fiscal déjà établi, la
compréhension de ce dernier permet de voir les possibilités de modification des taxes de
vente s’appliquant aux boissons.
12
Le tableau 4.2 présente la taxation s’appliquant aux différentes boissons dans les systèmes
québécois et canadien. On peut y voir que les boissons gazeuses, peu importe leur type,
ainsi que les boissons non-gazeuses à base ou saveurs de fruits, sont déjà assujetties à la
TPS et la TVQ. Cependant, on peut constater certaines limitations dans ce type de taxation.
Citons par exemple l’eau en portion individuelle qui est taxée, alors que les jus de fruits
composés à plus de 25% de jus de fruits ne le sont pas.
Portion x
individuelle
Portion x*
individuelle
Portion x
individuelle
Portion x
individuelle
Portion x
individuelle
13
4.3.5 Faisabilité de la taxation : application aux boissons sucrées au Québec
Une fois les types de taxes et la situation fiscale actuelle examinées, il nous est possible de
s’attarder aux différentes solutions pour l’implantation d’une taxe sur les boissons sucrées.
Le tableau 4.3 résume les avantages, les désavantages et la faisabilité de chaque solution
envisagée.
En premier lieu, il importe d’examiner la possibilité d’implanter une taxe d’accise visant
spécifiquement les boissons sucrées. En effet, ce type de taxation des boissons sucrées est
utilisé largement à travers le monde, comme au Mexique, au Danemark, en France et en
Finlande. La taxe d’accise peut en effet être appliquée de façon spécifique, c’est-à-dire en
fonction du volume ou de la teneur en un ingrédient précis. Elle permet donc d’éviter l’effet
de substitution, tout en étant plus simple à collecter. Comme elle se répercute directement
sur le prix des boissons l’étalage, elle entraîne un meilleur effet répressif qu’une taxe à la
caisse. Enfin, elle ne dépend pas du cadre fiscal des taxes de vente et elle peut s’appliquer
sur des produits bien précis, selon le désir du législateur. Elle pourrait donc outrepasser la
classification actuelle des boissons sucrées et viser directement celles qui sont identifiées
par les groupes d’experts comme étant néfastes pour la santé. Cependant, la taxe d’accise
doit être ajustée à l’inflation pour maintenir son effet répressif à long terme. De plus, le
principal inconvénient à l’implantation d’une taxe d’accise est sa piètre faisabilité dans un
cadre provincial. En effet, tel que mentionné plus tôt dans ce chapitre, l’imposition de taxes
d’accise relève d’une compétence fédérale uniquement. Par conséquent, une telle solution
de taxation devrait être entreprise à l’échelle canadienne et non pas à l’échelle provinciale
seulement.
En deuxième lieu, l’implantation ou la modulation d’une taxe de vente doit être envisagée.
En effet, ce modèle de taxation a l’avantage d’être direct et donc, applicable par le
gouvernement provincial. Cependant, ces taxes ad valorem entraînent un risque significatif
de substitution vers des produits à grand format ou de marque “maison” et elles voient leur
effet répressif diminuer en étant appliquées à la caisse et non sur l'étalage. De plus, leur
application est dépendante du cadre fiscal de taxation actuel, élaboré au niveau fédéral. Ces
taxes de vente doivent s’appliquer sur des catégories entières de produit, qui ne sont pas
élaborées en fonction de la charge en sucre ou de l’impact sur la santé. Ainsi, augmenter la
taxe de vente sur les boissons gazeuses, par exemple, affecterait autant la taxe sur l’eau
minérale gazeuse, que sur les sodas sans sucre et les boissons gazeuses à pleine charge
sucrée. En somme, bien qu’elles soient applicables au niveau provincial, la modulation des
taxes de vente manque de spécificité pour obtenir un effet répressif. Néanmoins, les taxes
de vente pourraient être modulées afin de les rendre plus cohérentes avec les objectifs de
promotion de la santé du gouvernement.
En troisième lieu, l’implantation d’une taxe spéciale sur les boissons à sucre ajouté doit être
examinée. C’est cette solution qui fut retenue au Québec dans le cas des alcools et des
produits du tabac. L’exemple de l’alcool est intéressant, car il représente une taxation
14
efficace à plusieurs points de vue. En effet, la taxation sur l’alcool est calculée selon un
modèle spécifique par volume et elle est appliquée directement sur le prix à l’étalage. En ce
sens, ces taxes sont considérées comme directes et peuvent être appliquées par une
province. Comme il est possible de le constater, le modèle appliqué pour l’alcool serait des
plus pertinents pour la taxation des boissons sucrées. N’étant pas une taxe de vente, il peut
être suffisamment spécifique pour toucher uniquement les produits considérés comme
étant néfastes. Il possède également les avantages associés à une taxe spécifique chargée sur
le prix à l’étalage, i.e., l’absence d’une substitution et la présence d’un meilleur effet
répressif. Par contre, sa collecte par les vendeurs de boissons sucrées, qui sont très
nombreux, serait d’un certain niveau de complexité administrative pour le gouvernement.
En somme, l’implantation d’une taxe sur les boissons avec sucres ajoutés via le modèle
d’une taxe spéciale semble la solution la plus appropriée aux problématiques abordées plus
tôt dans ce chapitre. Étant déjà un modèle utilisé pour le tabac et l’alcool, une expérience
administrative et l’acceptabilité sociale associées ne seraient que des atouts
supplémentaires à une implantation simple et efficace de la taxation.
15
l’élasticité varie grandement. L’effet d’une taxe est donc potentiellement très variable selon
les variables concernées.
16
5. Exemples internationaux
En Finlande, la réintroduction d’une taxe sur les boissons gazeuses en 2011 a entraîné
l’augmentation des prix de 17,3% sur trois ans. Cependant, cette augmentation est surtout
due aux compagnies produisant et vendant ces boissons, qui ont profité du changement
dans la taxation sur les boissons gazeuses pour augmenter leurs marges de profit. Alors que
l’augmentation attendue (si elle était complètement transférée au prix) aurait été d’environ
2,4%, elle fut plutôt de 17,3% [22].
La France a adopté en 2012 une taxe sur les boissons contenant des sucres et édulcorants
ajoutés. L’augmentation des prix estimée était de 4,5% sur les boissons gazeuses et 4,7%
sur les boissons gazeuses faibles en calories. En réalité, cette augmentation se fit plutôt sur
deux ans pour une augmentation totale de 8,1% et 10,6% correspondant plutôt à un
transfert de taxe de plus de 110% aux consommateurs. Dans ce cas-ci, les fabricants ont
décidé d'augmenter davantage leurs marges sur les boissons gazeuses faibles en calories
[22]. En ce qui concerne les eaux aromatisées et les boissons à base de fruits, qui étaient
également concernées par la taxe, le transfert fut moindre en étant partiellement absorbé
par les compagnies [23].
En Hongrie, une taxe fut instituée en 2011 sur les boissons sucrées. L’augmentation du prix
fut légèrement plus élevée (3,4 % en 2011, 1,2 % en 2012 et 0,7 % en 2013) que les
prédictions (3,1%). Cependant, dans ce cas-ci, cette différence serait plutôt liée à l’inflation
[23].
Il est donc possible d’observer une tendance selon laquelle une taxe sera majoritairement
transférée au prix étiqueté. Cependant, la plupart du temps, les compagnies ciblées profitent
du changement de prix pour augmenter leurs marges de profit [22].
17
5.2 Effet de la taxation sur la demande
5.2.1 Études expérimentales
Avant de discuter plus longuement de l’effet réel de la taxation sur la demande des boissons
sucrées, certaines études expérimentales seront discutées. Bien que celles-ci ne puissent
représenter adéquatement l’effet d’une taxation sur la demande réelle, il s’agit d’un
indicateur adéquat à court terme d’un milieu contrôlé.
Une étude expérimentale publiée dans le American Journal of Public Health a évalué l’effet
d’une augmentation de prix sur la demande des boissons gazeuses dans la cafétéria d’un
hôpital à Boston. L’étude a été effectuée en trois étapes, soit d’abord par une augmentation
des prix des boissons sucrées à raison de 35%, puis un retour à la norme des prix
accompagné d’une campagne d’éducation sur les boissons sucrées, et finalement une
combinaison des deux mesures, c’est-à-dire la taxation et l’éducation. Durant
l’augmentation de prix de 35%, les ventes ont diminué de 26%. Lorsque la campagne
éducationnelle fut instituée en concomitance avec la taxation, la réduction des ventes a été
encore plus accentuée, à 36%. Il est important de noter que la campagne d’éducation à elle
seule n’est pas parvenue à modifier le comportement des consommateurs. [24]
En Finlande, comme mentionnée ci-dessus, la réintroduction d’une taxe sur les boissons
gazeuses a entraîné l’augmentation des prix de 17,3% sur trois ans et était accompagnée
d’une diminution cumulée de la demande de 4,7%. [22]
En France, l’augmentation de prix de 8,1% pour les boissons gazeuses et de 10,6% pour les
boissons gazeuses diètes a causé une diminution de la demande de 6,7% et de 6,1%
respectivement. Avant l’introduction de la taxation, la demande pour ces boissons était en
hausse. [22]
En Hongrie, la taxe introduite en 2011, entraînant une augmentation totale du prix de 5,3%,
a fait diminuer la consommation cumulée de 16,2%. Dans ce cas-ci, il est toutefois
important de noter que la demande avait déjà commencé à baisser. [22]
Quelques études américaines ont montré peu de différence sur la demande des boissons
sucrées entre les États avec une taxation légère (5%) comparée à aucune taxation.
Cependant, plusieurs autres études américaines ont montré une diminution de
consommation de 10–25% suite à des taxes de 10–30% [27].
18
5.2.3 Exemple du Mexique
Lors de la mise en vigueur de la taxe, le prix moyen des boissons sucrées a augmenté
d’environ un peso par litre dès le premier mois (précisément 0,95 peso/L) et s’est stabilisé
à ce niveau; la taxe d’un peso par litre a donc été retransmise aux consommateurs [28].
Quelques disparités dans la hausse des prix sont tout de même importantes à relever, le prix
des boissons gazeuses ayant augmenté davantage que celui des boissons non gazeuses, et le
prix des petits formats ayant augmenté davantage que celui des grands formats, avec des
disparités par région. Ces données soulignent l’importance d’évaluer la réponse de
l’industrie à la taxe, étant donné qu’une retransmission inégale selon les formats peut
contribuer à la promotion de plus grands formats. [28]
C’est en 2014, soit la première année de mise en vigueur de la taxe, que la plus forte
diminution de la consommation de boissons sucrées a été documentée. Au cours de cette
année, la consommation de boissons sucrées a été de plus en plus inférieure à ce qui avait
été anticipé selon les tendances pré-taxe. En moyenne, il y a eu en 2014 une réduction de
6% de la consommation des boissons taxées, soit 4242 ml/personne. Particulièrement, on a
enregistré une diminution moyenne de 9% pour les foyers à plus faible statut
socioéconomique. Ces réductions sont ajustées à la tendance pré-taxe qui était déjà à la
baisse. [27, 30, 31]
L’exemple du Mexique montre qu’une taxe d’accise de 10% peut réduire la consommation
de boissons sucrées, particulièrement pour les citoyens à plus faible statut
socioéconomique. Cependant, si la taxe est trop faible et qu’il est possible de substituer des
produits taxés (marques moins chères, plus grands formats, promotions), l’impact sur la
consommation peut s’en trouver amoindri. Par exemple, avant la taxe, un litre de Coca-Cola
19
coûtait environ 9,3 pesos. Plus de deux ans après la taxe, il est possible de se procurer de
grands formats de boissons gazeuses à 4,4 pesos au litre dans les supermarchés [22]. Par
conséquent, des experts mexicains et des chercheurs qui se sont penchés sur la taxation des
boissons sucrées avec l’aide de modèles théoriques recommandent une taxe d’au moins
20% afin d’obtenir de meilleurs effets sur la consommation. [32, 33]
Un rapport publié dans le Bulletin de l’OMS, citant au passage les taxes d’accise sur les
boissons sucrées récemment mises en place par la Barbade, la Dominique et le Chili, conclut
(traduit): «La taxe mexicaine sur les boissons sucrées pave la voie pour toute la région des
Amériques.» [27]
L’élasticité croisée des prix des boissons sucrées non caloriques (par exemple les boissons
diètes) montre que celles-ci peuvent être considérées soit comme des substituts ou des
compléments des boissons sucrées, ce qui complique les prévisions de substitution d’une
nouvelle taxe dans un pays déterminé [23].
Peu importe les prédictions, il faut toujours prendre en compte que la substitution de
boissons sucrées vers d’autres types de boissons est influencée par de nombreux facteurs :
historiques, socioéconomiques et économiques, entre autres. Les prévisions basées sur des
modèles doivent donc être évaluées prudemment et adéquatement [23].
20
Plusieurs études systématiques se sont attardées à l’effet de taxes alimentaires et des
variations de prix de différents aliments sur l’apport calorique moyen. Une revue
systématique américaine a conclu que la taxation de boissons sucrées de 5 à 20% apportait
une réduction de l’apport calorique provenant de ces breuvages en augmentant la
consommation de lait, boissons diètes, thé et café [27].
Malgré tout, une conclusion ressort. Une augmentation du prix de 20% dûe à la taxation
entraîne généralement une diminution de l’apport calorique [23]
21
6. Avantages
6.1 Réduction des facteurs de risque d’obésité et de diabète
Des revues systématiques ont démontré que l’imposition d’une taxe sur les boissons
sucrées serait une façon efficace de limiter leur consommation, ce qui permettrait de
diminuer l’indice de masse corporelle de la population, plus particulièrement dans les pays
développés [68, 69, 70]. Plusieurs experts ont suggéré d’imposer une taxe d’accise (perçue
avant l’achat) plutôt qu’une taxe de vente (payée par le consommateur au moment de
l’achat), puisque l’augmentation des prix en rayon a un effet plus dissuasif [71]. Une récente
simulation par The Childhood Obesity Intervention Cost-Effectiveness Study (CHOICES) a
également illustré que l’imposition d’une taxe d’accise sur les boissons sucrées était l’une
des trois façons les plus rentables de prévenir l’obésité chez les enfants [72]. Une telle
intervention permettrait, au cours des 10 prochaines années, d’économiser plus d’argent en
frais de santé au cours des 10 prochaines années qu’elle ne coûterait à être instaurée. Les
revenus provenant de cette taxe pourraient ensuite servir à financer des programmes de
prévention de l’obésité [72, 73]. Rappelons que 62% des adultes et 32% des enfants
canadiens âgés de 6 à 17 ans souffrent de surplus de poids ou d’obésité [39,40].
Des modèles économiques ont démontré qu’une taxe de 10% réduirait la consommation de
boissons sucrées de 8 à 13% [74]. Ces modèles ont également illustré que plus
l’augmentation du prix des boissons sucrées était élevée, plus la consommation serait
diminuée [75]. Une étude norvégienne a également illustré que l’effet dissuasif est plus
significatif chez les grands consommateurs de boissons sucrées. Selon cette étude, une
augmentation du prix de 11% diminuerait la consommation de 7% chez les petits
consommateurs et de 17% chez les grands consommateurs, qui ont un taux plus élevé de
surpoids et d’obésité [76].
Une étude américaine s’est penchée sur les effets d’une augmentation de 20% du prix des
boissons sucrées. Les résultats ont démontré que les consommateurs modifieraient leurs
habitudes de consommation en faveur de l’eau, du café, du thé et du lait. La consommation
de boissons sucrées diminuerait donc de 8-10% [77, 78]. Puisque la consommation de
boissons sucrées est liée à plusieurs maladies chroniques (et ce dépendamment et
indépendamment du poids), une taxation serait fortement suggérée.
22
6.2 Avantages économiques
Considérant que le gouvernement du Québec applique déjà différentes mesures fiscales sur
des produits nocifs pour la santé, telles que l’impôt sur le tabac et la taxe spécifique sur
l’alcool, la taxation des boissons sucrées peut aussi avoir des effets positifs sur la santé
publique. En effet, en plus de réduire les maladies chroniques associées à la consommation
de boissons discales, la taxe permettrait d’allouer les recettes fiscales qui en découlent à des
initiatives de santé.
La taxation des boissons sucrées pourrait diminuer les coûts liés aux problèmes de santé,
notamment l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires, associés à une
consommation régulière des boissons sucrées. Rappelons que si la tendance se maintient, la
consommation de boissons sucrées au Canada devrait entraîner plus de 63 000 décès au
cours des 25 prochaines années et coûter autour de 50 milliards de dollars au système de
santé canadien. [15] Une mesure visant à réduire la consommation permettrait ainsi
d’alléger ce fardeau de santé publique. Sachant que cette consommation est plus répandue
dans les communautés moins nanties [81], davantage de maladies chroniques seraient
évitées par la réduction de consommation de boissons sucrées conséquente à la taxe, en
particulier parmi les populations socioéconomiquement défavorisées. Selon une revue de la
littérature publiée en 2012, la plupart des études estiment que l’effet santé absolu d’une
taxe pourrait être supérieur sur les populations à faible revenu et pourrait conséquemment
réduire les inégalités de santé [82]. De plus, considérant que la consommation régulière de
boissons sucrées contribue de façon marquée aux dommages dentaires, telles que les caries
et l’érosion [83], celle-ci engendrerait des dépenses importantes en soins dentaires. La
réduction de la consommation de boissons sucrées par le biais de la taxation pourrait alors
constituer un bénéfice économique avec un impact sur la santé publique.
La Fondation des maladies du cœur estime que si le gouvernement fédéral met en place une
taxe de 5% sur chaque quantité de 100 millilitres de boisson sucrée vendue, cette mesure
générerait des revenus de 1,8 milliard de dollars à l’État. [79] La totalité ou une partie des
revenus engendrés par la taxe sur les boissons sucrées pourraient être réinvestis dans des
programmes en lien avec la nutrition et la prévention de l'obésité, en particulier pour les
populations mal desservies.
23
• Améliorer les infrastructures (centres sportifs, pistes cyclables), afin d’encourager
l'activité physique. [80]
Ainsi, une taxe sur les boissons sucrées permettrait non seulement d’alléger les coûts en
santé publique liés à l’obésité et aux maladies associées, mais également d’investir en
prévention et de réduire les inégalités économiques en santé.
24
7. Désavantages
7.1 Effet régressif
L’argument de l’effet régressif, en ce qui concerne les boissons sucrées, assume que les
populations à faible revenu et que les jeunes seront affectés disproportionnellement et de
façon négative par l’imposition d’une taxe. Historiquement, cet argument tire son origine de
la taxation du tabac, alors que l’on craignait que les fumeurs issus de milieux
socioéconomiques défavorisés ne modifient pas leurs habitudes et s’en trouvent affectés
économiquement. Toutefois, contrairement au tabac, les boissons sucrées n’ont pas
démontré d’effet de dépendance auprès des consommateurs, qui auraient donc plus de
facilité à réduire leur consommation. De plus, contrairement au tabac, les boissons sucrées
ont plusieurs alternatives saines et abordables, dont l’eau. Il faut aussi savoir que les
boissons sucrées ne sont pas du tout considérées comme aliments essentiels, ce pour
quoi une diminution de leur consommation est sans risque pour la santé des plus
vulnérables, qui peuvent se tourner vers l’eau.
Les plus grands consommateurs de boissons gazeuses sont les plus vulnérables aux
stratégies de marketing et sont ainsi plus à risque de développer l’obésité. Les stratégies
visant la fidélité du consommateur aux marques de boissons sont spécialement destinées
aux adolescents. Aussi, les personnes à faible revenu ont un plus grand risque d’être
affectées par les maladies reliées aux habitudes alimentaires. Les personnes à faible revenu
et les jeunes sont donc les plus grands consommateurs de boissons gazeuses et les plus
vulnérables aux variations de prix.
Une taxe sur les boissons sucrées qui permettrait aux personnes à faible revenu de se
tourner vers l’eau, une alternative abordable au Canada, bénéficierait donc à la santé de
celles-ci. De plus, le réinvestissement des revenus de cette taxe dans des programmes et des
interventions de santé publique spécialement destinés aux populations vulnérables pourra
avoir un effet synergique sur la prévention de l’obésité. [85]
25
7.2 Effet de compensation
Il a été avancé que la taxation des boissons gazeuses inciterait les consommateurs à
compenser par la consommation de marques maison, vendues à prix moins élevés, ou de
produits caloriques autres que des boissons, ce qui viendrait contrecarrer les efforts mis en
place.
Pourtant, une étude effectuée auprès d’adolescents a démontré que la mesure la plus
efficace afin de prévenir l’obésité, parmi la taxation sur les boissons sucrées, l’interdiction
de publicités sur la restauration rapide et l’ajout d’heures d’éducation physique, était
l’imposition d’une taxe de 0,01$/once sur les boissons sucrées. Au cours de cette étude, la
taxe a également permis de diminuer les disparités en santé présentes chez les différents
groupes ethniques. [87] D’un point de vue plus général, si l’on analyse les études sur
l’imposition d’une taxe avec des niveaux d’évidence plus élevés, il semble en effet y avoir
une corrélation positive entre l’augmentation du prix des boissons gazeuses et la perte de
poids.
Selon les études, il semble effectivement y avoir un effet de compensation. Toutefois, les
études n’ont pas réussi à démontrer une compensation complète. En effet, même en
considérant l’effet de compensation, ces études ont démontré une perte de poids chez les
sujets, bien qu’elle fût légèrement moins importante que dans les estimations négligeant
l’effet de compensation. Il semble donc y avoir présence d’un effet compensatoire lors de la
taxation des boissons gazeuses, mais celui-ci n’est pas assez significatif pour empêcher les
effets bénéfiques de la taxation telle que la perte de poids. [88]
Aucune loi ou politique ne pourra mettre terme à l’obésité à elle seule. C’est pourquoi il est
nécessaire de multiplier les mesures qui ont démontré avoir des effets positifs afin d’obtenir
des résultats exponentiels. [85] Parmi les nombreux facteurs de risque de l’obésité,
l’association entre l’obésité et les boissons sucrées a été prouvée de façon constante et
répétitive. [46, 47, 48, 49, 50, 51, 56, 57, 58, 59, 60, 61]
Il est donc certain que la taxation des boissons sucrées sera une pierre angulaire dans la
lutte contre l’obésité au Canada, et qu’elle devra être accompagnée d’une multitude d’autres
mesures afin d’atteindre les effets escomptés.
26
8. Opinions des consommateurs
québécois
L’implantion d’une nouvelle taxe est un sujet sensible pour la plupart des contribuables
québécois, particulièrement lorsque cette dernière touche un produit de consommation
aussi courant que les boissons sucrées. Il est donc important de se pencher sur
l’acceptabilité d’une telle mesure au niveau de la population générale.
En France, bien que l’application d’une taxe sur les boissons sucrées semblait très
controversée lors de son instauration, un sondage a révélé une perception favorable des
contribuables seulement quelques mois après son instauration. En effet, 57.7 % des
personnes sondées affirment percevoir l’application d’une taxe sur les boissons sucrées
comme bénéfique pour la santé de la population. Ce taux d’approbation augmente
drastiquement si les montants récoltés en augmentant le prix des boissons sucrées sont
réinvestis dans l’amélioration du système de santé (72.7%) et si les prix des alternatives
saines sont réduits (71.5%). [91]
27
Quant à l’impact d’une taxation sur l’industrie des boissons gazeuses, il est difficile d’évaluer
les répercussions précises étant donné le peu d’études à ce sujet. La crainte souvent
soulevée par les entreprises face à l’instauration d’une hausse du coût de leurs produits
concerne principalement la baisse de profits qu’entrainerait inévitablement la diminution
de la consommation. Or, considérant que la majorité des produits (boissons sucrées et non-
sucrées) offerts sur les tablettes ne proviennent que de quelques fournisseurs qui
possèdent l’ensemble de l’offre, il est possible de conclure que malgré une diminution de la
consommation des boissons sucrées, les clients québécois se tourneront vers des
alternatives saines qui resteront tributaires des mêmes compagnies. [17]
28
10. Synthèse et recommandations
L’obésité est une cause de morbidité multifactorielle qui affecte tous les déterminants de la
santé. Son poids sur le système de santé se fait de plus en plus lourd avec la proportion
grandissante de jeunes enfants et d’adultes affectés par une surcharge pondérale. À la
lumière des récentes études, l’OMS recommande aux gouvernements d’adopter des mesures
proactives dans la lutte contre l’obésité. Dans certains pays déjà, l’implantation d’une taxe
sur les boissons sucrées a fait ses preuves. Au Danemark, une telle taxe existe depuis 1930.
En Finlande, en France, en Hongrie et au Mexique, la taxation instaurée a fait diminuer de
façon importante la consommation des boissons ciblées.
Nous notons plusieurs avantages potentiels à une taxe sur les boissons sucrées. D’abord,
plusieurs études, simulations et exemples internationaux ont démontré qu’une hausse du
prix d’achat des boissons sucrées est associée à une baisse de leur consommation, qui est
remplacée par celle de l’eau, du thé ou du lait. Une baisse du poids moyen de la population
ferait aussi partie des répercussions d’une telle mesure. Du point de vue économique, la
taxe générerait davantage de revenus qu’elle ne coûterait à être instaurée - ces revenus
pourraient être réinvestis dans divers programmes de prévention de l’obésité,
particulièrement auprès de populations les plus touchées par ce problème.
Plusieurs modèles de taxation peuvent être considérés afin de réduire la consommation des
boissons sucrées. Selon nos recherches, une taxation idéale serait proportionnelle à la
teneur en sucre d’une boisson, et affichée sur le prix des produits en magasin. Une taxe
spéciale, telle qu’appliquée sur les boissons alcoolisées et le tabac, se répercuterait
directement sur les prix des produits et serait de compétence provinciale, lui assurant une
faisabilité et une plus grande efficacité pour dissuader la consommation des produits ciblés.
Finalement, bien que les opinions publiques québécoise, canadienne et à l’international
semblent difficiles à cerner en ce qui concerne la taxation des boissons sucrées, les
sondages révèlent qu’une telle mesure est favorablement accueillie lorsqu’elle
s’accompagne d’une redistribution des fonds vers des programmes de prévention de
l’obésité.
Parce que les boissons sucrées sont les seuls produits à avoir été spécifiquement associés à
des dommages à la santé dans la littérature scientifique, elles sont des cibles de choix.
29
3. D’encourager la réduction de la consommation des boissons sucrées comme
faisant partie d’un mode de vie sain;
4. D’adopter des règlements encadrant le marketing agressif des boissons sucrées;
5. De bonifier et implanter des programmes favorisant l’accès à une saine
alimentation auprès des populations défavorisées.
30
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