CHP 3

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CHAPITRE 3

Équations de récurrence

On étudie ici des équations dites de récurrence, dont l’inconnue est une suite. En économie,
ces équations décrivent, par exemple, des évolutions de prix en temps discret. On dit que l’on
a une équation de récurrence d’ordre 1, lorsque le terme de rang n + 1 de la suite est donné
en fonction du précédent c’est-à-dire du terme de rang n et de n éventuellement. On dit que
l’on a une équation de récurrence d’ordre 2, lorsque le terme de rang n + 2 de la suite est
donné en fonction des deux précédents c’est-à-dire des termes de rang n + 1 et de rang n et
de n éventuellement.

3.1 Équations de récurrence linéaires d’ordre 1 à coefficients


constants

� Définition 3.1.
Une équation de récurrence linéaire d’ordre 1, à coefficients constants, avec
second membre, est une équation de la forme :

un+1 = aun + φ(n), n ∈ N (3.1)

où a ∈ R∗ et φ : N −→ R. On appelle φ(n) le second membre de l’équation.


On appelle solution générale de (3.1) l’ensemble des suites solutions de (3.1).

Lorsque u0 est fixé, il existe une unique solution de (3.1) de premier terme u0 .

� Définition 3.2.
Une équation de récurrence linéaire d’ordre 1 sans second membre (c’est-à-dire
telle que φ(n) = 0) est appelée équation homogène.
On reconnaît en fait l’équation d’une suite géométrique.

� Proposition 3.1.
Toute solution (un )n de (3.1) est la somme d’une solution particulière (wn )n de (3.1)
et d’une solution de l’équation homogène associée.

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CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE
3.1. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE LINÉAIRES D’ORDRE 1 À COEFFICIENTS CONSTANTS

� Proposition 3.2 (Solution de l’équation homogène).


vn+1 = avn , n ∈ N est l’équation homogène associée à (3.1). On reconnaît bien
l’équation d’une suite géométrique de solution générale vn = an v0 , n ∈ N.

� Proposition 3.3 (Recherche de la solution particulière).


On cherche une solution particulière (wn )n de la même forme que φ.
• Si φ(n) = r, où r est une constante, on cherche wn = γ si a �= 1 et wn = nγ si
a = 1.
• Si φ(n) = P (n), où P est un polynôme, on cherche wn = Q(n) si a �= 1 et
wn = nQ(n) si a = 1 ; où Q est un polynôme de même degré que P .
• Si φ(n) = k n , où k ∈ R , on cherche wn = γk n si k �= a et wn = nγk n si k = a.
• Si φ(n) est une somme de deux formes précédentes on cherche wn comme somme.

� Exemple 3.1.
Résoudre l’équation de récurrence suivante :

un+1 = 4un + n2 , n ∈ N
u0 = 1

Considérons le cas φ(n) = r, où r ∈ R, est une constante. L’équation (3.1) s’écrit


un+1 = aun + r, n ∈ N (3.2)

� Définition 3.3 (Notion d’équilibre).


On dit que le réel ũ est un équilibre ou point stationnaire de (3.2), lorsqu’il vérifie
r
ũ = aũ + r c’est-à-dire ũ = quand a �= 1.
1−a

� Proposition 3.4.
Soit l’équation (3.2). Si a �= 1, alors la suite constante (wn )n définie par l’équilibre,
r
c’est-à-dire wn = , ∀n ∈ N, est une solution particulière de (3.2).
1−a
Si a = 1, alors la suite (wn )n définie par wn = r, ∀n ∈ N, est une solution particulière
de (3.2).

� Proposition 3.5.
Si |a| < 1 alors la suite (un )n converge vers l’équilibre.

� Exemple 3.2.
Soit Pn le prix d’un bien à la date n, on veut étudier l’évolution de ce prix à long terme
sachant que la demande Dn et l’offre Sn sont telles que :
Dn = −8Pn + 41, n ∈ N
Sn = 3Pn−1 − 3, n ∈ N
En supposant que le marché est en équilibre pour tout n ∈ N, donner l’expression de Pn en

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CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE
3.2. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE LINÉAIRES D’ORDRE 2 À COEFFICIENTS CONSTANTS

fonction de n et P0 puis conclure.

3.2 Équations de récurrence linéaires d’ordre 2 à coefficients


constants

� Définition 3.4.
Une équation de récurrence linéaire d’ordre 2 à coefficients constants avec second
membre est une équation de la forme :

un+2 = aun+1 + bun + φ(n), n ∈ N (3.3)

où a ∈ R, b ∈ R∗ et φ : N −→ R est une fonction.


L’équation (3.3) est dite homogène lorsque φ = 0.

• Lorsque u0 et u1 sont fixés il existe une unique suite solution de (3.3) de premiers termes
u0 et u1 .

• Toute solution de (3.3) est la somme d’une solution de l’équation homogène associée et
d’une solution particulière.

� Proposition 3.6 (Solution de l’équation homogène).


On considère l’équation homogène

vn+2 − avn+1 − bvn = 0, n ∈ N (3.4)

L’équation
λ2 − aλ − b = 0 (3.5)
est appelée équation caractéristique de (3.4). Soit Δ son discriminant : Δ = a2 + 4b.
• Si Δ > 0, (3.5) a deux racines réelles distinctes λ1 et λ2 , d’où (3.4) a pour solution
générale
vn = αλn1 + βλn2 , n ∈ N
• Si Δ = 0, (3.5) a une racine réelles double λ, d’où (3.4) a pour solution générale

vn = (α + βn)λn , n ∈ N où α, β ∈ R.

• Si Δ < 0, (3.5) a deux racines complexes conjuguées λ et λ, d’où (3.4) a pour


solution générale

vn = α|λ|n cos(nθ) + β|λ|n sin(nθ), n ∈ N où α, β ∈ R

� Proposition 3.7 (Recherche de la solution particulière).


On cherche une solution particulière (wn )n de la même forme que φ.
• Si φ(n) = r, où r est une constante, une solution particulière de (3.3) est donnée

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CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE
3.3. LES ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE D’ORDRE 1 : LE CAS GÉNÉRAL

par la suite (wn )n telle que ∀n ∈ N,

wn = γ si a + b �= 1
wn = nγ si a + b = 1 et a �= 2
wn = n2 γ si a = 2 et b = −1

• Si φ(n) = P (n), où P est un polynôme, une solution particulière de (3.3) est


donnée par la suite (wn )n telle que ∀n ∈ N,

wn = Q(n), si a + b �= 1
wn = nQ(n), si a + b = 1 et a �= 2
wn = n2 Q(n), si a = 2 et b = −1

où Q est un polynôme de même degré que P .


• Si φ(n) = k n , où k ∈ R , une solution particulière de (3.3) est donnée par la suite
(wn )n telle que ∀n ∈ N,

wn = γk n si k n’est pas racine de l’équation caractéristique (3.5)


wn = nγk n si k est racine simple de l’équation caractéristique (3.5)
wn = n2 γk n si k est racine double de l’équation caractéristique (3.5)

� Exemple 3.3.
Résoudre l’équation de récurrence suivante :

un+2 = 4un+1 − 4un + n, n ∈ N


u0 = 1, u1 = 3.

3.3 Les équations de récurrence d’ordre 1 : le cas général

� Définition 3.5.
On appelle équation de récurrence d’ordre 1 une équation de la forme :

un+1 = f (un ), n ∈ N (3.6)

L’inconnue d’une équation de récurrence est une suite, donc la solution générale de cette
équation est l’ensemble des suites (un )n qui vérifient (3.6). Si on rajoute à l’équation (3.6) une
condition initiale, c’est-à-dire si on fixe la valeur du premier terme : u0 = c, alors l’équation
admettra au plus une solution telle que u0 = c.

� Proposition 3.8.
Soit I un intervalle de R. Si f est une fonction de I dans I et c ∈ I alors l’équation :

un+1 = f (un ), n ∈ N (3.7)

admet une solution unique (un )n de premier terme u0 = c.

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CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE
3.3. LES ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE D’ORDRE 1 : LE CAS GÉNÉRAL

� Définition 3.6 (Équilibre ou point stationnaire).


On dit que le réel x̃ est un équilibre ou un point stationnaire de (3.6) ou encore un
point fixe de f lorsque f (x̃) = x̃.

� Définition 3.7.
Soit f une fonction définie sur un intervalle I ⊂ R.
On dit que f est contractante sur I lorsque :

∃k ∈ [0, 1[, tel que ∀x, y ∈ I, |f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|

� Proposition 3.9.
Soit f une fonction dérivale sur un intervalle I ⊂ R. Si

∃b > 0, tel que ∀x ∈ I, |f � (x)| ≤ b < 1

alors f est contractante.

� Définition 3.8.
Un équilibre x̃ de (3.6) est dit globalement stable dans un intervalle I si pour tout
u0 ∈ I, la suite (un )n solution de (3.6) de premier terme u0 converge vers x̃.

Ceci signifie qu’en initialisant la suite (un )n telle que un+1 = f (un ) en n’importe quel point de
I, cette suite va converger vers x̃.

Le théorème suivant donne des conditions suffisantes de stabilité globale d’un équilibre.

Théorème 3.1.
Soit I un intervalle de R et f une fonction de I dans I. Si les conditions suivantes sont
vérifiées :
• I est fermé ;
• f est contractante ;
alors f admet un unique point fixe x̃ dans I et x̃ est un équilibre globalement stable dans
I.

� Exemple 3.4.
Étudier la convergence de la suite définie par : un+1 = ln(4 + un ).

Il se peut qu’un équilibre x̃ ne soit pas globalement stable dans I tout entier mais globalement
stable dans l’intersection de I et d’un voisinage V de x̃ d’où la définition suivante :

� Définition 3.9.
Un équilibre x̃ est dit localement stable dans I s’il existe un voisinage V de x̃ tel que
x̃ est globalement stable dans V ∩ I.

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CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE
3.4. EXERCICES

� Proposition 3.10 (Conditions nécessaires de stabilité locale).


Soit I un intervalle de R et f une fonction de I dans I. Si les conditions suivantes sont
vérifiées :
• il existe un équilibre x̃ dans I ;
• f � est continue sur une voisinage de x̃ ;
• l’équilibre x̃ est localement stable dans I.
alors |f � (x̃| ≤ 1.

� Proposition 3.11 (Conditions suffisantes de stabilité locale).


Soit I un intervalle de R et f une fonction de I dans I. Si les conditions suivantes sont
vérifiées :
• il existe un équilibre x̃ dans I ;
• f � est continue en x̃ et |f � (x̃) < 1 ;
alors x̃ est localement stable dans I.

� Exemple 3.5.
√ un
Étudier la convergence de la suite définie par : un+1 = 2 un + .
2

3.4 Exercices
� Exercice 3.1.
Résoudre les équations suivantes :

1. un+1 = 4un + 3, u0 = 0.

2. un+1 − un = 4n + 3, u0 = 1.
1
3. un+1 − un = 2n , u0 = 2.
2
Å ãn
3
4. 4un+1 = 3un + 12 , u0 = 1.
4
5. un+1 = 3un + 3n n, u0 = 1.
Å ãn
1
6. 3un+1 + 2un = 10 + 14 , u0 = 2.
2
Å ãn
1 5
7. un+1 = 5un + 2n − 1 + − , u0 = − .
2 88

� Exercice 3.2.
On considère le modèle de croissance suivant : La production Yn de la période n, est une
Kn
fonction linéaire par rapport au capital Kn : ∀n, Yn = , r > 1. On suppose qu’il n’y a pas
r
de dépréciation du capital. On désigne par Cn la fonction de consommation et on suppose
que Cn = cYn + d. c est la propension à consommer (0 < c < 1) et d une constante positive.

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CHAPITRE 3. ÉQUATIONS DE RÉCURRENCE
3.4. EXERCICES

Soit In l’investissement à la date n. On a In = Kn+1 − Kn .


L’équation d’équilibre des marchés est :

Cn + I n = Yn

Montrer que l’évolution de la production est donnée par une équation de récurrence linéaire
d’ordre un et trouver la solution générale (Yn )n .

� Exercice 3.3.
Soit Yn le revenu national d’un pays étudié à partir de l’an 2000, où il s’élevait à Y0 = 1000
MEuros. La consommation Cn dépend du revenu national Yn−1 avec un retard d’un an et une
propension à consommer de 0.8, soit Cn = 0.8Yn−1 . On suppose un investissement croissant
de 10% chaque année In = 1.1In−1 avec I0 = 100 MEuros.

1. Sachant que Yn = Cn + In , exprimer Yn+1 en fonction de Yn .

2. Résoudre l’équation de récurrence ainsi obtenue.

3. Calculer lim Yn .
n

� Exercice 3.4.
Résoudre les équation de récurrence linéaires d’ordre 2 suivantes :
Å ãn
1
1. un+2 + un+1 − 20un = , n ∈ N avec u0 = 1, u1 = 2.
2
√ 1 √ √
2. un+2 − 2un+1 + un = n + 1, n ∈ N avec u0 = 2(3 + 2 2), u1 = 4(7 + 5 2).
2
3. un+2 − 2un+1 + un = 12n2 + 30n + 22, n ∈ N avec u0 = 1, u1 = 5.

� Exercice 3.5.
Étudier la convergence de la suite définie par : un+1 = e−un /2 , n ∈ N, u0 ∈ R+ .

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