Pétrole Leçon 1
Pétrole Leçon 1
Pétrole Leçon 1
Au cours de la Préhistoire
Les différentes formes de matières combustibles fossiles (charbons, bitumes, huiles, gaz) sont
connues et employées par l’homme depuis des dizaines de milliers d’années.
Il faut citer tout d’abord les utilisations artisanales des bitumes durant le Paléolithique, en Syrie,
plus de 40 000 ans avant notre ère, où l’on retrouve des haches en silex enduites de bitumes.
Du Néolithique, on retiendra principalement :
5 000 ans avant notre ère, l’usage des bitumes de Mésopotamie pour le calfatage des
embarcations (mise en œuvre par exemple par la tribu des Ubaids à l’origine de la
civilisation sumérienne, mentionné dans la Bible avec l’Arche de Noé ou le berceau de
Moïse) ;
La réalisation de torches au moyen de roseaux trempés dans des bitumes, les jointures de
murette ;
L’étanchéification des citernes et des conduites d’eau, ainsi que les pavages des rues.
Pendant l’Antiquité et le Moyen Age et jusqu’au XVIIIe siècle
Les dénominations naft, en arabe ou persan, neft, en hébreu, nafta, en slave, dans le nom de
certains villages, sont associées à la présence de ces indices pétroliers de surface.
Une autre utilisation des hydrocarbures semi-solides dans l’Egypte antique était d’en enduire les
corps des défunts lors de leur momification, tel que cela est décrit dans le Livre des morts, pour
préparer le défunt à sa nouvelle vie.
Le terme arabe mumiya (qui a donné par extension momie) s’applique aujourd’hui pour
dénommer les bitumes. Ces produits étaient à cette époque importés de la mer Morte en Palestine
ainsi que de Judée.
En Chine, au Ive siècle de notre ère, des exploitations et extractions étaient pratiquées à l’aide
de tiges constituées de bambous, comme on en trouve aujourd’hui encore au Bengladesh et en
Birmanie, en association avec de sommaires et très dangereux systèmes artisanaux d’extraction
et de distillation.
Au Japon, il est fait mention un peu plus tard, au XIe siècle, d’« huile de terre » (petroleum au
sens littéral) dont l’usage courant est ailleurs développé sous forme de pétrole lampant (il s’agit
des pétroles utilisés pour l’éclairage (lampes à huile ou lampe à pétrole) après distillation
(comme c’est aussi le cas à Byzance).
On retrouve également des utilisations médicales nombreuses et diverses, d’autant plus
surprenantes quand on connaît les propriétés cancérogènes des pétroles. Citons par exemple des
remèdes contre la toux, pour la réparation des fractures osseuses, contre les troubles digestifs et
respiratoires en Mésopotamie. Mentionnons également le nettoyage des plaies avec des pétroles
en Chine 200 ans avant notre ère, que la médecine musulmane prolongera plus tard pour traiter
des affections comme certaines pleurésies et des oedèmes (en onguents).
Un avatar, développé bien postérieurement à la momification égyptienne, consistera à importer
au Moyen Age en Europe des fragments ou poudres de momies exhumées, depuis l’Egypte, pour
les utiliser en pharmacopée courante.
Dans la Bible, il est fait mention des produits bitumineux (Genèse 14, 10 : vallée de Siddim,
puits de bitume où tombèrent les rois de Sodome et Gomorrhe ; Exode 2, 1-3 : Moïse, placé dans
une corbeille de papyrus enduite de bitume et de poix, sur les eaux du Nil ; Genèse 11, 1-4 : pays
de Schinéar, bitume en guise de ciment des briques de la tour de Babel).
Les feux grégeois
Les asphaltes étaient aussi employés lors de batailles terrestres ou navales pour constituer des
projectiles enflammés et explosifs connus sous le nom de feux grégeois (ou feux grecs). Ils ont
été utilisés par les Croisés, puis surtout par les Byzantins ainsi que par les Vénitiens.
Ces redoutables combattants de l’Empire romain oriental étaient les seuls à l’époque à avoir pu
mettre au point de savants et secrets mélanges combustibles incluant des résines de
gymnospermes, des oxydes de calcium, du soufre et du salpêtre avec des asphaltes et des pétroles
plus liquides.
Les feux grégeois, une sorte de napalm médiéval, faisaient régner la terreur par leur caractère
explosif et incendiaire, permettant de résister avec succès lors des différents sièges de
Constantinople par les royaumes arabes puis ottomans.
L’invention d’une méthode de projection par siphon rendait de surcroît cet armement d’une rare
efficacité.
Le secret de fabrication de ces feux grégeois est resté bien gardé et s’est d’ailleurs perdu depuis
la prise de Constantinople (ancienne Byzance) par les Ottomans en 1453 malgré toutes les
tentatives conçues pour le percer et les recréer.
Les produits gazeux sont eux aussi connus dès la Préhistoire, notamment en Iran ou en
Azerbaïdjan. Leur manifestation en combustion spontanée au sol avait conduit des adorateurs
persans de ces feux à fonder le mazdéisme, religion dite de Zoroastre (alias Zarathoustra)
environ 1 000 ans avant Jésus-Christ.
Ces phénomènes naturels de combustion des gaz sont également visibles encore actuellement au
voisinage de l’agglomération de Bakou, sous forme soit de combustions de gaz sec émanant
d’affleurements devenus des attractions touristiques, soit même d’huiles et de gaz à condensats
(fumée bien plus noirâtre) à partir de volcans de boue.
Les exploitations étaient connues dans cette région aux confins de l’Empire russe dès le XIIIe
siècle comme a pu en témoigner le grand explorateur vénitien Marco Polo lors de son passage
dans la ville de Bakou au bord de la mer Caspienne.
Des émanations permanentes de gaz naturel enflammé seraient aussi à l’origine de Chimère, une
créature fantastique malfaisante de la mythologie grecque, hybride avec un corps de lion, une
autre tête de chèvre sur le dos du lion et une queue de serpent.
De même, en Amérique septentrionale et subandine, les Amérindiens (notamment lors du
développement de l’empire des Incas) avaient remarqué la présence d’indices de pétrole en
surface (en piémont andin ou en bordure de cratons) et les utilisaient pour le calfatage des
embarcations ainsi qu’en médecine.
On signale au XVIIIe siècle en Europe centrale des exploitations marginales en Roumanie
(bassin du Danube et des Carpathes), en Pologne (Galicie) ainsi qu’en Alsace, à Pechelbronn,
berceau pétrolier français connu dès le Moyen Age, avec des forages ne dépassant pas 30 mètres
de profondeur. Des récupérations en carrières y sont signalées dès le XVIe siècle.
Les colons du Nouveau Monde ont employé les indices (sources) de pétrole comme lubrifiant
ainsi que pour l’huile des lampes au cours de la célèbre conquête de l’Ouest.
Terminologie
Anticlinal – антиклиналь, антиклинальная складка (форма залегания горных пород)
Le pétrole ainsi que le gaz naturel se sont formés il y a des millions d’années à partir des résidus
de végétaux ou d’animaux. Ils se sont accumulés dans des régions maritimes peu agitées, des
golfes ou des marécages, se sont décomposés et enfouis sous terre par des mouvements et
l’écorce terrestre et ils ont donné naissance à des hydrocarbures liquides ou gazeux, à l’intérieur
de ce que l’on nomme la roche-mère.
Ces composés de gaz, de pétrole et d’eau, enfouis sous grande profondeur, migrent ensuite vers
des lieux proches de la surface où la pression est plus faible. Ils risquent de se perdre
définitivement s’ils aboutissent à la surface du sol. Dans de nombreux cas, ils sont arrêtés par un
piège constitué de roches poreuses appelées « roches réservoirs », si celui-ci est recouvert d’une
structure imperméable, le plus souvent du calcaire en forme de dôme. D’autres pièges sont
formés par des glissements de terrain.
Cette structure en forme de dôme est appelée « anticlinal ». Les géologues auscultant la surface
terrestre sont intéressés par les anticlinaux. Ayant bien exploré la géométrie d’un anticlinal, ils
pourront définir l’emplacement du forage d’exploration qui aura le maximum de chances
d’aboutir à un gisement de pétrole ou de gaz. Ce forage, bien placé, rencontrera des zones de gaz
naturel, de pétrole et d’eau. Dans d’autres cas, il n’aboutira qu’à du gaz et de l’eau. Il peut
également ne rencontrer que de l’eau, ce qui est un échec impossible à prévoir. Il n’est pas
certain que tous les anticlinaux et leurs pièges contiennent des hydrocarbures.
C’est la raison pour laquelle les compagnies pétrolières, entreprenant ces forages qui coûtent très
cher, doivent avoir des réserves financières considérables pour pouvoir persévérer dans leurs
explorations des concessions accordées par les Etats, car celles-ci se soldent parfois par des
échecs imprévisibles.