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Les crises financières font partie de l'histoire du capitalisme (Charles Kindleberger, A History of Financial
Crisis, 1983). Cependant, depuis les années 1980, dans un double contexte de déréglementation
financière (liberté de mouvement des capitaux, fin du contrôle des changes, plus de liberté pour les
banques afin d'élaborer de nouveaux produits financiers, accès plus facile aux marchés financiers pour
les entreprises et les ménages) et de globalisation financière (libre circulation des capitaux sur les
marchés financiers internationaux), la succession des crises financières semble s'accélérer, alors que ces
dernières avaient presque disparu depuis les Trente glorieuses.
1. Accroche
Il semble que les marchés financiers traversent une période difficile. En 2022, les marchés obligataires et
boursiers ont enregistré des pertes importantes et simultanées. En Europe, les portefeuilles gérés par les
services de gestion de fortune enregistrent des performances de - 12% en moyenne. Un tel évènement
ne s. était pas produit depuis 1969.
2. Définition
Il désigne un effondrement des cours des actions sur une ou plusieurs places financières. Un krach est
une chute brutale et de grande ampleur des cours d'une ou de plusieurs catégories d'actifs. On parle de
krach boursier pour désigner un effondrement des cours des actions sur une ou plusieurs places
financières.
Les racines d'une crise boursière peuvent être multiples et souvent interconnectées . Voici quelques
facteurs clés qui peuvent contribuer à une crise boursière :
- Bulles spéculatives : Une bulle spéculative se produit lorsque la valeur de marché d'un actif augmente
bien au-delà de sa valeur intrinsèque. Cela peut être dû à une confiance excessive des investisseurs, qui
anticipent que les prix continueront à augmenter. Lorsque la bulle éclate, les prix chutent rapidement, ce
qui peut déclencher une crise boursièrel.
- Comportements mimétiques : Les investisseurs ont tendance à suivre les comportements des autres, ce
qui peut amplifier les mouvements de prix. Par exemple, si un grand nombre d'investisseurs
commencent à vendre leurs actions, cela peut inciter d'autres investisseurs à faire de même, ce qui peut
entraîner une chute rapide des prix.
- Panique à bord : Une course pour vendre ses actifs et réaliser ses plus values va alors commencer. Les
prix s'orientent à la baisse, La liquidation se fait parfois en bon ordre, mais le plus souvent elle dégénère
en panique quand on s'aperçoit qu'il n'y a pas suffisamment d'argent pour permettre à tous de réaliser
les plus-values attendues ou simplement de rembourser les crédits engagés pour spéculer. « La panique
se renforce d'elle-même, comme l'a fait la spéculation jusqu'à ce que l'un des trois phénomènes suivants
ne survienne », explique Charles Kindleberger :
• les prix tombent si bas qu'on retrouve des acheteurs;
• les transactions sont interrompues en fixant une limite à la baisse des prix ;
• un prêteur en dernier ressort réussit à convaincre le marché qu'il y aura suffisamment d'argent pour
satisfaire la demande de liquidités (rôle dévolu aux banques centrales, aux fonds de garanties pour les
déposants...).
- Aléa moral: C'est une situation où les investisseurs prennent des risques excessifs, en s'attendant à être
protégés contre les pertes. Par exemple, ils peuvent s'attendre à ce que le gouvernement ou une autre
institution intervienne pour sauver les entreprises en difficulté. Cela peut encourager une prise de risque
excessive, qui peut contribuer à la formation de bulles spéculatives et à l'instabilité financière.
- Manque de régulation : Un manque de régulation appropriée des marchés financiers peut également
contribuer à l'instabilité financière et aux crises boursières.
- Facteurs économiques et géopolitiques: Les crises économiques, les guerres, les pandémies et d'autres
événements majeurs peuvent également déclencher des crises boursières. Par exemple, la crise
financière de 2008 a été déclenchée par une crise dans le secteur immobilier et une contraction du
crédit.
4. Canaux de transmission
il est important de noter que bien que les crises boursières et réelles soient souvent liées, elles ne sont
pas toujours synchronisées. Par exemple, une crise boursière peut ne pas entraîner immédiatement une
crise réelle si les conditions économiques sous-jacentes restent solides.
De même, une crise réelle peut se produire sans une crise boursière préalable, par exemple en raison de
chocs économiques externes ou de politiques économiques inappropriées.
Le premier canal à l'origine de la propagation de la crise financière à la sphère réelle est la réduction du
financement du secteur privé. Un « credit crunch » signifie une réduction drastique de l'offre de crédit
consécutive à une crise bancaire et qui résulte généralement d'un effondrement de la confiance.
Deuxièmement, L'effet richesse de Pigou , qui trouve ses fondements théoriques dans la théorie du
revenu permanent de Friedman. L'individu (ou « le ménage ») dispose d'une richesse, constituée de ses
revenus salariaux, de son patrimoine. financier (actions, obligations etc.) et non financier (immobilier).
Cette richesse lui permet de dégager son revenu permanent (moyenne actualisée de ses revenus
présents et futurs anticipés) sur lequel est fondée sa consommation. Dès lors, tout choc affectant
négativement la richesse de l'individu (une baisse du prix des actions et/ou de l'immobilier) va réduire
son revenu permanent et donc sa consommation. Si le choc négatif est temporaire = ou perçu comme tel
, l'impact sur la consommation sera lui-même temporaire et de faible ampleur du fait de l'actualisation
sur l'ensemble des revenus présents et futurs. En revanche, si le choc négatif est perqu comme
permanent (l'éclatement de bulles sur le marché boursier et immobilier), la réduction du revenu
permanent sera importante entraînant par là une réduction durable de la consommation
5. Les conséquences d'une crise boursière
Une crise boursière, ou krach boursier, peut ayoif des conséquences graves et multiples!.
- Effets sur l'économie: Un cercle vicieux s'engage, avec les entreprises qui ne peuvent plus emprunter et
qui n'investissent plus, et les particuliers qui consomment moins, car ils empruntent moins.
- Effets sur les détenteurs d'actifs: Un krach boursier a pour effet économique direct de diminuer la
richesse des détenteurs des actifs dévalorisés, ce qui entraîne une diminution de leur consommation
dans la mesure où ils chercheraient à augmenter leur épargne pour reconstituer la valeur de leur
patrimoine.
- Déflation : Un krach boursier peut effectivement conduire à la déflation. La déflation est une baisse
générale des prix dans une économie sur une période prolongée. Après un krach boursier, les
investisseurs peuvent perdre confiance et réduire leurs dépenses, ce qui entraîne une baisse de la
demande pour les biens et services: Cela peut à son tour conduire à une baisse des prix, c'est-à-dire à la
déflation. De plus, si les entreprises voient la valeur de leurs actions chuter, elles peuvent réduire leurs
investissements et leur production, ce qui peut également contribuer à la déflation.
- Baisse de confiance : Un krach peut entamer la confiance générale des ménages et des entrepreneurs.
En fait, un krach aura d'autant plus d'impact sur l'activité économique que les difficultés financières des
spéculateurs se transmettront aux banques via les difficultés de remboursement des crédits des
spéculateurs avec pour conséquences des risques de faillites bancaires et des resserrements des
conditions de crédit.