Comment expliquer corrigé

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Comment expliquer l'instabilité de la croissance ?

Document 1 - Le cycle économique

Tout le monde connait ces phénomènes physiques très courants que sont les cycles. Le
passage quotidien du jour à la nuit et de la nuit au jour, le va-et-vient de la balle de tennis sur
le court, les hauts et les bas de la balançoire ;à laquelle l’enfant donne une impulsion en sont
autant d’exemples familiers. Dans les trois cas, il y a fluctuation, c’est-à-dire alternance de
mouvements en sens contraire. Bien qu’aucune de ces trois comparaisons ne soit parfaite,
chacun de ces phénomènes cycliques comporte un aspect qui nous aide à comprendre ce que
sont les cycles économiques. Comme les cycles jour-nuit, ils peuvent se reproduire
indéfiniment. Comme la balle de tennis, l’économie reçoit des impulsions qui la propulsent
dans une direction ou l’autre. Enfin, comme pour la balançoire, une impulsion lui imprime un
mouvement dont l’intensité diminue peu à peu jusqu’à ce qu’une nouvelle impulsion la
relance. On appelle cycle économique la fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité
économique. Le cycle économique comporte deux phases, une d’expansion et une de
récession, et deux points de retournement, un sommet (le plus fort niveau d’activité
économique atteint durant le cycle). Le niveau d’activité économique se mesure
principalement par le niveau du PIB réel par habitant et de l’emploi. La phase d’expansion du
cycle débute à un creux et prend fin à un sommet ; elle se caractérise par une accélération
soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par une augmentation du PIB réel par
habitant et de l’emploi. Toute phase d’expansion commence par une période de reprise, qui
part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au niveau du sommet
précédent. La phase de récession se caractérise par un ralentissement soutenu de l’activité
économique, lequel se traduit par la diminution du PIB réel par habitant et de l’emploi ; elle
débute à un sommet et prend fin à un creux. La durée des phases d’expansion et de récession
varie d’un cycle à l’autre, de même que leur ampleur, c’est-à-dire l’importance des variations
de la production par habitant et de l’emploi.

Robin Bade, Michael Parkin, Brian Lyons, Raymond Bienvenu, Initiation à l’économie,
ERPI, 2008.

1. Récapitulez les différentes phases du cycle économique.


VOIR LA CORRECTION

1. Un cycle économique est composé dune succession de quatre moments qui alternent
hausse et ralentissement de lactivité économique (niveau de la production, de la
demande ou de lemploi) : la croissance (cycle long) ou lexpansion (cycle court) ; la
crise ; la récession (cycle court) ou la dépression (cycle long) : enfin, la reprise.

Document 2 - Les étapes du cycle économique

Comme nous l’avons dit plus haut, l’économie connait des hauts et des bas, c’est-à-dire des
fluctuations (…) Certaines années, la production augmente de façon soutenue. Comme les
produits se vendent bien les entreprises se mettent à embaucher : le chômage diminue, et le
revenu global des ménages augmente. Du coup, les produits se vendent encore mieux. De leur
côté, les entreprises voient leurs profits grimper. Non seulement elles ont de bonnes raisons
d’investir (pour accroître leur capacité de production), mais elles en ont les moyens. On est en
pleine expansion. L’optimisme et la prospérité se renforcent mutuellement. Après quelques
années de croissance, il se peut que les entreprises commencent à manquer de certains biens
essentiels à la production : matières premières, pièces détachées et équipements. La situation
de l’emploi s’est améliorée, et c’est tant mieux, mais à la longue, l’expansion peut provoquer
une pénurie de main d’oeuvre dans certains domaines. Les coûts de production et les prix se
mettent alors à monter ; l’expansion tourne à la surchauffe. Pendant la phase d’expansion
rapide de l’économie, les ménages et les entreprises n’ont pas hésité à dépenser, quitte à
s’endetter plus que d’habitude. Une fois bien équipés, ces agents économiques ralentissent
leurs achats, d’autant plus que leur endettement réduit leur marge de man?uvre. La croissance
ralentit. Certaines entreprises font des mises à pied ; d’autres ferment. Le chômage augmente,
le revenu global des ménages diminue, les dépenses de consommation ralentissent de plus
belle. La récession s’installe et s’amplifie d’elle-même (…) Le vocabulaire qui décrit les
hauts et les bas de l’économie est particulièrement varié. Comme nous l’avons noté, le cycle
économique est la succession de deux phases : l’expansion et la récession. Lorsque la
croissance est au plus bas, on parle de creux. La période où s’amorce la remontée est la
reprise. Puis on s’approche du sommet, qui est suivi d’un retournement de tendance. Parfois
cette redescente se termine par un atterrissage en douceur. D’autres fois, le ralentissement
économique est plus violent. Selon certains économistes, il faut que le PIB diminue pendant
au moins deux trimestres consécutifs pour qu’on puisse techniquement parler de récession.
Toutefois, nous avons constaté que les critères varient d’un pays à l’autre. C’est pourquoi
d’autres économistes définissent la récession comme un « ralentissement sensible, prolongé et
généralisé de la production ».

Renaud Bouret, Alain Dumas, Economie globale à l’heure de la mondialisation, ERPI, 2009.

1. Expliquez le passage souligné dans le texte


2. En quoi les anticipations (optimistes ou pessimistes) des agents économiques jouent-
elles un rôle important ?
VOIR LA CORRECTION
1. En phase dexpansion, les perspectives de profits incitent les entreprises à investir et à
produire davantage ; la hausse de la production augmente lemploi et les revenus
distribués qui permettent découler la production.
2. En phase dexpansion économique, les anticipations optimistes des entrepreneurs sur
létat de la conjoncture permettent denclencher un cercle vertueux favorable à la
croissance. Mais lorsque les anticipations se retournent, linvestissement diminue et les
perspectives de profit samenuisent : les entreprises cherchent à se désendetter et la
production chute et de nombreux emplois sont détruits, ce qui entraîne une baisse de la
consommation. La confiance des acteurs économiques est donc déterminante et peut
amplifier les fluctuations conjoncturelles.

Document 4 - L'explication des fluctuations conjoncturelles


Partons d’une situation de très forte dépression. Le chômage est très important et les
entreprises n’utilisent qu’une faible partie de leur capacité de production ; les revenus
distribués étant bas, la demande de biens de consommation est très faible ; les commerçants et
les usines n’ayant pas l’espoir de voir leurs ventes se développer, vivent sur leurs stocks de
marchandises et de matières premières. Le plus souvent ce sont les dépenses de l’Etat qui sont
à l’origine de la reprise. Peu importe qu’elles résultent d’une politique de relance, la
conséquence d’une préparation à la guerre ou des évolutions sociales et techniques. Les
mécanismes du renversement de tendance sont les mêmes. L’augmentation des dépenses
permet à des entreprises de produire plus. Les revenus de leurs salariés et de leurs
entrepreneurs augmentent. Ils consomment plus et le multiplicateur jouant la croissance de la
production sera un multiple de la dépense initiale (…) Les entrepreneurs redeviennent
optimistes et reconstituent leurs stocks non seulement en fonction de la demande existante,
mais aussi de celle que leur laisse prévoir la tendance actuelle. L’accroissement de
l’investissement en stocks a pour effet de propager le mouvement d’expansion à tous les
secteurs de l’économie. Les usines se remettent à utiliser leurs pleines capacités de
production, le chômage diminue, la masse des salaires et des profits s’élève. Ainsi, la
demande de biens de consommation va-t-elle connaître un nouvel essor. L’effet de
multiplication de l’investissement public initial est amplifié par celui des stocks. Cet essor va
à son tour entraîner un besoin d’investissement. Il y aura à nouveau une distribution
supplémentaire de revenus. Les revenus augmentant, l’épargne s’accroît plus vite que la
consommation. Vient un moment où les investissements sont achevés et augmentent
considérablement la production des biens de consommation. Les dépenses effectuées sur le
marché des biens de consommation sont bien inférieures à celles que les entrepreneurs avaient
prévues lorsqu’ils décidaient d’investir pour augmenter leur capacité de production. Les
industriels commencent à douter de l’expansion et ralentissent la réalisation de leurs
investissements. De vastes secteurs de l’économie sont touchés, le chômage se propage, la
crise éclate. Ce renversement peut être encore plus rapide si des pénuries apparaissent,
provoquent un dérapage inflationniste et contre lequel le gouvernement lutte en restreignant le
crédit et ses dépenses. Dans tous les cas, la baisse des investissements risque d’être rapide et
profonde. Devant les ventes qui ne cessent de décroître, les commerçants et les industriels ont
le sentiment que leurs stocks sont trop importants et ils ne les renouvellent plus, ce qui bien
entendu, aggrave le marasme. Nous assistons ainsi à un mouvement cumulatif de récession.
La chute de l’investissement entraîne celle de la demande qui provoque une nouvelle chute
des investissements. Cette baisse de l’investissement déprime encore plus la demande, et les
entrepreneurs sont de moins en moins optimistes. Ce mouvement cumulatif de récession peut
être amplifié par les faillites et le comportement des consommateurs qui, devant l’incertitude
des lendemains, ont tendance à arrêter leurs achats et augmenter leur épargne de précaution.
Durant la dépression, le pessimisme des entrepreneurs amène une dégradation considérable
des stocks. On ne s’approvisionne pas en matières premières et en marchandises lorsque l’on
est pas sûr de vendre.

Jean-Marie Albertini, Les nouveaux rouages de l’économie, Editions de l’Atelier, 2008.

1. Expliquez pourquoi l’économie navigue entre l’écueil de la dépression et celui de


l’inflation.
VOIR LA CORRECTION
1. Lors dun cycle économique, la phase dexpansion peut générer une augmentation de la
demande globale qui dépasse celle des capacités productives, et générer aussi des
tensions inflationnistes, tandis que la chute de lactivité provoque une forte diminution
des dépenses de manière autoentretenue, ce qui peut provoquer une chute de la
production (dépression) et des prix (déflation). Les politiques conjoncturelles se
révèlent alors indispensables pour assurer la stabilisation de lactivité économique.

Document 5 - De la crise financière de 2007 à la "grande récession"

A la crise financière de 2008 a succédé un ralentissement de l’économie s’accompagnant


selon les estimations d’une chute de 2,1% du PIB mondial en 2009, la première contraction de
l’économie mondiale depuis 1945. Mais il est encore plus frappant qu’elle ait touché tant
d’économies. Si l’ampleur du ralentissement a varié selon les économies, la plupart ont essuyé
des revers d’un ordre ou d’un autre. Cette crise est réellement une crise mondiale, et c’est sans
doute la première du genre. Dès 2007, l’économie mondiale donnait des signes
d’essoufflement. Tout ralentissement est un sujet de préoccupation, sans nécessairement être
alarmant. Les récessions n’ont rien de nouveau, même si leurs causes sont très diverses.
Certaines résultent d’un choc touchant tout le système économique, comme la crise pétrolière
du début des années 1970. D’autres s’inscrivent dans ce qu’on appelle le « cycle conjoncturel
» et peuvent constituer un ralentissement marqué mais normal d’une économie en surchauffe.
Un ralentissement causé par une crise du système bancaire est une toute autre affaire, et bien
plus inquiétante. Durant un ralentissement de ce type, le recul de la production est en général
de deux à trois fois supérieur à ce qu’il est dans une phase normale de repli, tandis qu’une
reprise pleine et entière peut prendre deux fois plus de temps. Il y a plusieurs raisons à cela.
Par exemple, les problèmes des banques les rendent moins aptes ou moins disposées à
accorder des prêts. Emprunter devient alors plus coûteux, ce qui peut amener les entreprises à
différer leur expansion et les consommateurs à reporter leurs achats importants. En général,
les crises bancaires sont également associées à un recul de la richesse, car la valeur des
propriétés et des actions détenues par les entreprises et les consommateurs s’effondre.
Examinons comment cette récession s’est propagée dans l’économie mondiale, dans les pays
développés, tout d’abord, puis dans les économies émergentes et en développement. La chute
des prix de l’immobilier : dans un premier temps, la baisse du prix de l’immobilier a
contribué au déclenchement de la crise financière. A mesure que la crise raffermissait son
emprise, le marché des prêts immobiliers s’est resserré : ces prêts devenant plus chers et plus
difficiles à obtenir, la baisse initiale des prix s’est accentuée. Le prix de l’immobilier a
continué de chuter dans de nombreux pays de l’OCDE, entraînant un recul de l’investissement
dans les nouveaux projets immobiliers et donc une baisse de l’activité économique en
général. La nervosité des banques : les banques ont cessé de s’accorder des prêts et ont par
conséquence eu de plus en plus de mal à faire face aux problèmes de trésorerie à court terme ;
cela a constitué un des éléments-clés aux premiers stades de la crise (…) S’il était difficile
d’emprunter pour les banques, cela l’était également pour les entreprises et les
consommateurs ; eux aussi ont été frappés par un « resserrement du crédit » qui a raréfié et
renchéri les prêts. Mais l’impact sur les consommateurs ne se résume pas à la chute du prix de
l’immobilier. Lorsque l’économie se détériore, les gens s’inquiètent davantage de leurs
finances et réduisent leurs achats, notamment en produits coûteux comme les automobiles et
les téléviseurs. Le ralentissement des entreprises : les entreprises ont durement ressenti le
resserrement du crédit, en particulier les plus petites entreprises et les moyennes, ce qui en a
amené un grand nombre à faire preuve d’une prudence accrue et à retarder ou annuler leurs
investissements. Elles ont également coupé dans leurs dépenses de fonctionnement ; certaines
ont réduit les salaires (parfois en échange d’une garantie d’emploi), d’où une diminution du
pouvoir d’achat des travailleurs, et, chaque fois qu’elles le pouvaient, elles ont reporté leurs
remboursements, forçant ainsi leurs fournisseurs à se retourner vers les banques pour obtenir
des prêts à court terme coûteux. L’augmentation du chômage : bien sûr, les effets de la
récession touchent non seulement l’économie mais aussi la société. Le chômage traduit sans
conteste le ralentissement de l’activité économique, mais il en constitue aussi une cause : il
réduit le pouvoir d’achat et oblige les gouvernements à accroître leurs dépenses sociales. Au-
delà des statistiques brutes, le chômage a un coût humain-dans les cas extrêmes certains
foyers tombent sous le seuil de pauvreté (…) Ce sont les groupes de travailleurs les plus
désavantagés –jeunes, personnes peu qualifiées, immigrants et travailleurs temporaires- qui
subissent le plus gros des pertes d’emplois. En général leur accès à l’aide sociale est
relativement limité, et ils ont souvent de grandes difficultés à retrouver un emploi, ce qui les
expose à rejoindre les rangs des chômeurs de longue durée.

Brian Keeley, Patrick Love, De la Crise à la reprise, Publications de l’OCDE, 2011.

1. Synthétisez les enchaînements qui ont conduit à la récession en 2009.

VOIR LA CORRECTION

1. Crise financière ? Difficultés des banques à accorder des crédits ? Baisse des prix de
limmobilier & difficultés des entreprises ? Baisse de la consommation ? Baisse de
linvestissement ? Baisse de la production & destructions demplois ? Hausse du
chômage.

Document 6 - Les chocs de demande

On peut utiliser la représentation graphique de la loi de l’offre et de la demande pour illustrer


les effets d’un recul de la demande globale, en raisonnant, au lieu d’un marché d’un bien
particulier sur l’offre et la demande globales, et le niveau général des prix d’autre part. L’offre
et la demande globale indiquent la quantité totale qui est offerte ou demandée pour l’ensemble
des biens et services produits à l’intérieur du pays. La demande globale est supposée
décroissante en fonction des prix. En ce qui concerne l’offre globale, l’offre est une fonction
croissante du niveau général des prix. Sur le schéma, on part du point A où l’équilibre entre
l’offre et la demande globale détermine un niveau général des prix P1. Si un choc affecte
l’économie (baisse de la demande extérieure, hausse de l’épargne, baisse de la demande
anticipée par les entrepreneurs, crise financière qui appauvrit les ménages), la demande
globale recule de D1 en D2. Ainsi, quels que soient les prix, la quantité de produits demandée
est plus faible. On constate que pour une offre inchangée, on atteint un nouvel équilibre au
point B, où le PIB et les prix ont baissé. En effet, les difficultés rencontrées par les entreprises
afin d’écouler leur production les conduisent à baisser les prix de vente de leurs produits. Pour
un niveau inchangé des salaires, la baisse des prix augmente le coût réel de la production : on
paie aux travailleurs un salaire inchangé alors que la production se vend moins cher sur les
marchés. Les profits anticipés baissent et les entreprises sont incitées à diminuer leur
production. La baisse de la production entraîne alors la baisse de l’emploi et la hausse du
chômage. Selon certains économistes, il faut laisser les mécanismes du marché produire un
retour automatique à l’équilibre : le recul de la demande ne peut qu’être transitoire car la
hausse du chômage entraîne une baisse du taux de salaire réel, et donc des coûts de production
des entreprises qui reviennent à leur niveau initial, et incitent les entreprises à accroître à
nouveau leur production et l’emploi. Sur le graphique, le point B est une situation temporaire
et l’offre globale se déplace à nouveau vers la droite (vers O2). La hausse de l’offre globale
entraîne une baisse des prix qui stimule la demande et permet d’écouler la production et de
diminuer le chômage, jusqu’à un nouvel équilibre, le point C. D’autres économistes
préconisent une intervention de l’Etat pour soutenir la demande : en effet, les prix ne
s’ajustent pas automatiquement sur les marchés et les entreprises ajustent d’abord leur
production (la quantité baisse en PIB3, et non en PIB2), tandis que les travailleurs défendent
leurs salaires nominaux qui ne baissent pas. Ainsi la variable d’ajustement n’est plus les prix
mais les quantités et les entreprises réduisent le volume de l’emploi. Le chômage augmente et
la baisse des revenus distribués dans l’économie aggrave la crise et freine encore la demande
globale, ce qui peut inciter les entreprises à encore réduire leur production et le volume de
l’emploi. Le retour à l’équilibre ne se produit pas et la crise s’aggrave : la politique
économique est donc nécessaire pour ramener l’économie vers l’équilibre initial et le plein
emploi. La politique de relance peut stimuler la consommation et l’investissement peut alors
déplacer la demande globale vers la droite (t ramener l’économie au point A).

Document 7 - Les chocs d'offre

Une crise peut survenir en raison du recul de l’offre globale, en raison d’une hausse brutale
des coûts de production (hausse du prix des matières premières comme le pétrole, hausse de la
fiscalité sur les entreprises, des salaires, etc.) Pour un prix constant, une hausse des coûts de
production réduit alors les profits. Pour chaque niveau de prix, les entreprises baissent alors
leur production et l’offre globale est plus faible (l’offre globale passe d’O1 vers O2). Comme
la demande globale reste inchangée mais que les biens offerts sur les marchés sont plus rares,
les prix augmentent (en passant de P1 en P2). On atteint alors un nouvel équilibre (au point B)
qui se caractérise à la fois par une chute de l’activité économique (le PIB baisse en PIB2) et
par une accélération de l’inflation. Pour certains économistes, si la baisse de la production
réduit l’utilisation du facteur travail et élève le chômage, la pression à la baisse sur les salaires
est plus forte, et la baisse des coûts de production qui en résulte incite à nouveau les
entreprises à produire. Après avoir reculé en O2, l’offre globale se déplace à nouveau vers la
droite, vers O1. Cette augmentation de l’offre amène une baisse progressive des prix qui
retournent vers P1. Le mécanisme doit opérer jusqu’à ce que l’offre globale et le niveau
général des prix soient revenus à leur niveau initial, celui qui assurait le plein emploi du
travail. Mais d’autres économistes font valoir que la baisse des salaires, censée permettre de
restaurer le niveau de l’offre globale en diminuant les coûts de production, présente un risque
majeur : les salaires ne sont pas seulement un coût mais également un revenu et une
composante importante de la demande globale. La baisse des salaires entraîne donc une baisse
du pouvoir d’achat des travailleurs. Il faut alors compenser le recul de l’offre globale par une
relance de la demande globale quand l’économie passe du point A au point B, une politique
de relance peut déplacer la demande globale vers la droite (on passe sur le graphique de D1 en
D2) pour revenir au point C, en maintenant le niveau de la production et de l’emploi, même si
cette stratégie se paie d’une accélération de l’inflation. Confrontés à la détérioration de leur
pouvoir d’achat, les travailleurs revendiquent alors des hausses de salaires pour compenser :
les négociations doivent alors permettre de partager le coût de la crise, entre les entrepreneurs
et les travailleurs.

Document 8 - Le rôle du crédit et l'instabilité financière dans l'économie contemporaine

Les phases de boom s’accompagnent inévitablement d’une montée de l’endettement.


L’économiste américain Hyman Minsky y voit l’expression d’un « paradoxe de la
tranquillité ». C’est en effet pendant la phase de boom que l’instabilité financière trouve sa
source (…) L’instabilité financière vient des économies capitalistes elles-mêmes. En effet,
adoptant souvent un comportement prudent au début du boom économique, les entreprises
proportionnent d’abord leur demande de crédit aux anticipations de profit qui permettent de
rembourser le capital emprunté et les intérêts. Puis, poussées par leur confiance dans
l’expansion, elles acceptent un plus fort taux d’endettement en misant sur un crédit facile et
sur le fait qu’elles n’auront à rembourser que les intérêts, les prêts se renouvelant facilement.
Cette fragilisation croissante est favorisée par le comportement des acteurs du système
financier : au fur et à mesure de l’éloignement de la crise boursière précédente, les banques
tendent à relâcher leur vigilance dans l’octroi des prêts et à pêcher par excès d’optimisme
dans les garanties demandées aux emprunteurs (…) Les économistes évoquent aujourd’hui, en
synthétisant les mécanismes précédents, l’existence d’un accélérateur financier - à l’instar de
l’effet d’accélération repéré dans les réactions amplifiées de l’investissement aux variations
de la demande - pour suggérer que le développement de la sphère financière amplifierait les
différentes phases du cycle économique. L’OCDE décrit cet accélérateur comme le processus
par lequel l’anticipation, par les ménages et les entreprises, d’une hausse de leur revenu
pendant la phase ascendante du cycle de crédit provoque à la fois une hausse des cours et un
crédit plus facile : la hausse des cours améliore les garanties données par les emprunteurs
(titres, biens immobiliers) qui, à son tour, stimule l’expansion du crédit. Cet endettement
additionnel alimente en retour la hausse des cours. En conséquence, il y a une tendance pour
le prix des actifs et le crédit à s’entretenir mutuellement, dans un mouvement de spirale, au
cours de la phase haussière du cycle (et vice versa quand la tendance se retourne).
L’accélérateur financier est renforcé par le fait que les risques sont en général sous-estimés
par les intermédiaires financiers dans les phases de booms et surestimés dans les phases de
récession.

Jean-Pierre Biasutti, Laurent Braquet, Comprendre le système financier, Bréal, 2010.

1. Synthétisez les éléments permettant d'expliquer les enchaînements du cycle de crédit


VOIR LA CORRECTION

1. Expansion économique ? amélioration des perspectives de profit? endettement des


ménages et des entreprises ? hausse des cours boursiers ? retournement des cours ?
inquiétude des investisseurs et chute brutale des cours boursiers ? crainte des banques
et diminution du volume des crédits accordés ? chute de la consommation et de
linvestissement ? baisse de la production et vague de destructions demploi.

Document 9 - La mesure de la croissance potentielle

Pour mesurer la croissance d’un pays, on utilise le concept de croissance potentielle, qui peut
être assimilé, malgré les redoutables problèmes techniques que cela pose, à la croissance
tendancielle, qui est un simple lissage sur une longue période de la croissance économique.
Au cours de la première décennie du XXIème siècle (2001-2010), la croissance moyenne de
l’économie française a ainsi été de 1,25%, ce qui est remarquablement faible. Des chiffres
voisins peuvent être observés pour la plupart des pays européens. A quoi tient ce faible taux ?
Grâce à l’utilisation d’une fonction de production et à la notion de croissance potentielle, on
peut déterminer les effets respectifs de la productivité du travail et du capital, et du progrès
technique. On notera la baisse continue du taux de croissance poptentielle au long de la
décennie, avec une relative stabilité de la productivité du travail et du capital, et du progrès
technique. Ces calculs constituent avant tout, des ordres de grandeur indicatifs, utiles pour la
conduite de la politique économique. Une croissance potentielle inférieure à 1% ne signifie
pas que la zone euro ne peut croître plus vite, mais signale seulement que l’économie de la
zone peut simplement rapidement buter sur des limites physiques, qui risquent de dégénérer
en inflation si l’on cherche à relancer l’économie par la demande, c’est-à-dire en utilisant les
leviers budgétaire et monétaire. Seule une politique de l’offre –la mise en ?uvre de plus de
facteurs de production, ou le renforcement de l’efficacité de ces facteurs ou de leur
combinaison, ce qui passe par des mesures de libération de la croissance, permettrait
d’améliorer la situation. Ce concept permet aussi de rappeler que l’objectif d’une politique
économique de long terme est non pas de maximiser la croissance à tout prix, mais de
permettre à une économie de mobiliser de la façon la plus efficace ses ressources. Il y a ici
deux enjeux dont il faut tenir compte. D’une part la croissance est indispensable pour absorber
la croissance annuelle de la population (il faut donc que les autres facteurs accompagnent le
travail : plus d’investissements, plus de R&D, donc plus d’éducation, permettent de
développer l’emploi). D’autre part, la croissance dégrade l’environnement et il faut arbitrer
entre chômage et pollution. Pour autant, une croissance de long terme aussi faible que celle
observée en Europe (et en particulier en France) a aussi des conséquences : elle implique de
faibles rémunérations pour les facteurs de production (gains de pouvoir d’achat très réduits) et
de faibles ressources pour les services publics (impossibilité de financer un système de
protection sociale très généreux). Pourquoi la croissance potentielle européenne est-elle donc
si faible et comment la relever ?

Jean-Luc Biacabe, Jean-Marc Daniel, Gérard Duchêne, Patrick Lenain, Introduction à


l’économie, Pearson, 2011.

1. Définir ce qu’est la croissance « potentielle ».


2. Distinguez une politique d’offre d’une politique de demande.
VOIR LA CORRECTION
1. La croissance potentielle se définit comme la croissance qui résulterait de lutilisation
efficiente de lensemble des facteurs de production existants. La croissance potentielle
est également la croissance maximale compatible avec une inflation stable.
2. Une politique de demande consiste à réguler la demande globale pour gérer les
fluctuations conjoncturelles, tandis quune politique doffre consiste à agir sur les coûts
de production et cherche à accroître lefficience des facteurs de production et réaliser
des gains de productivité.
Document 10 - La baisse de la croissance potentielle française

A long terme, la croissance dépend donc du rythme d’augmentation du volume de travail, du


rythme d’augmentation du stock de capital et du degré d’innovation de l’économie. Ces
éléments déterminent la production potentielle, celle qui résulte d’une utilisation optimale des
facteurs de production. A court terme, la croissance observée ne peut pas être durablement
supérieure à la croissance potentielle, sauf à générer des tensions « insupportables » sur
l’appareil de production et donc à entraîner une accélération de l’inflation. La politique
conjoncturelle (monétaire, budgétaire) vise à réaliser cette production potentielle.
L’importance de l’écart entre la production réalisée et la production potentielle (écart de PIB
ou « output gap ») donne donc des indications sur l’efficacité des politiques conjoncturelles.
La production observée peut être ponctuellement supérieure à la production potentielle, ce qui
traduit une situation de surchauffe économique. Le plus souvent, par simplification ou pour la
quantifier, on considère la croissance potentielle comme la somme de deux tendances : celle
de la population en âge de travailler, corrigée de l’évolution des taux d’activité et de la durée
du travail, et celle des gains de productivité horaire du travail. Ces derniers dépendent de
la productivité globale des facteurs (l’efficacité économique) et de l’intensité des techniques
de production (la substitution travail/capital donc l’intensité en capital). En France, la baisse
de la productivité expliquerait la faible croissance du PIB par habitant français: si le taux de
croissance du PIB, partant d’un niveau bas, baisse durant la décennie 2000, c‘est certes du fait
de la moindre utilisation des ressources en main-d’?uvre (liée à la baisse du nombre d’heures
travaillées, compensée par l’augmentation du taux d’emploi), et la –très légère- moindre
augmentation de l’intensité capitalistique, mais surtout du fait de la baisse de la croissance de
la productivité globale des facteurs.

La croissance potentielle française est estimée autour de 2%. C’est en quelque sorte le plafond
de l’économie. Un tel niveau de croissance potentielle présente plusieurs inconvénients :

- Elle creuse l’écart de revenu avec les pays ou régions en croissance plus rapide, d’où un
risque d’exode des cerveaux, de délocalisation des entreprises à la recherche de marchés
porteurs ;

- Elle n’aide pas à la réduction des déficits publics, donc on ne rend pas de marges de
manoeuvre à la politique budgétaire ;

- Elle peut être source de conflits entre les acteurs de l’économie. Dans un monde où les
revenus financiers doivent croître de 10% par an et où le vieillissement des populations dans
les pays industrialisés induit une croissance des dépenses de santé et des pensions (en masse)
de 3 à 6% environ, une croissance potentielle de 2% par exemple condamne le pouvoir
d’achat des salariés à n’augmenter que de 1% en moyenne, comme elle condamne
l’investissement des entreprises à stagner. Ceci est source de paupérisation des salariés, et
d’incertitude pour l’avenir.

Pascal Monier, Economie générale, Gualino lextenso editions, 2009.

1. Qu’appelle-t-on " l’écart de production" ?


2. Dans quelle mesure une récession prolongée peut-elle affecter la croissance potentielle
?
VOIR LA CORRECTION
1. L'écart de production désigne lécart entre la production effective (celle qui est
mesurée) et la production potentielle, celle qui résulterait du plein emploi des
ressources productives. Cet écart de production justifie la mobilisation des politiques
conjoncturelles pour réguler lactivité.
2. La récession prolongée peut entraîner, avec le pessimiste croissant des entreprises, une
baisse de linvestissement productif et de leffort dinnovation, et donc provoquer un
ralentissement des gains de productivité et de la croissance potentielle.
Document 12 - Le danger de la déflation

La controverse sur les priorités de la politique économique –faut-il lutter vigoureusement


contre la déflation (la baisse du niveau général des prix) ou (déjà) contre le retour de
l’inflation ?- avait quelque chose de surréaliste au moment où la plupart des pays développés
étaient pris dans les filets d’une récession-déflation en pente douce et que la crainte de voir
cette situation s’installer durablement n’était pas encore tout à fait dissipée. Même si peut
penser que les prévisions de « décroissance » du Fonds monétaire international (FMI) pour
2009 (-2,7% pour les Etats-Unis, -4,2% en zone euro, -5,4% au Japon, -2,4% pour la France)
sont « plombées » par l’effet d’un très mauvais premier trimestre, ses prévisions 2010 sont
loin d’être éblouissantes (+1,5% pour les Etats-Unis, +0,3% pour la zone euro, +1,7% pour le
Japon, +0,9% pour la France), avec la poursuite annoncée de défaillances d’entreprises en
raison de la dégradation de leur situation financière, notamment en Europe, et de
l’augmentation du chômage. Dans un tel scénario, l’inflation n’est pas encore au coin de la
rue. C’est le moins que l’on puisse dire. Au début de l’été, la dérive mondiale des prix était
tombée aux alentours de 1%. Du jamais vu depuis 1945. Et dans une bonne quinzaine de pays
représentant quelque 60% du PIB mondial, l’évolution des prix sur un an était même négative.
Le FMI ne la voit pas dépasser +1,3% en 2010 dans les pays avancés, +5,1% dans les pays
émergents et en développement. La controverse semble surréaliste, mais est-elle pour autant
pertinente ? Autrement dit, les prophètes d’un retour dévastateur de l’inflation provoqué par le
laxisme des politiques monétaires et budgétaires (un grand classique des sorties de crise) ont-
ils raison de voir là le principal danger qui menace l’économie mondiale dans les années qui
viennent ? (…) Il est impossible d’ignorer totalement l’hypothèse de l’installation d’un «
équilibre déflationniste » où la croissance de l’offre de monnaie serait compensée par une
hausse de la demande de monnaie (les agents économiques préférant alors conserver des
liquidités par crainte de l’avenir).

Patrick Artus, Marie-Paule Virard, La liquidité incontrôlable, Pearson, 2010.

1. Pourquoi la crainte d’un retour de l’inflation peut-elle paraître «surréaliste» ?


2. Pourquoi la récession économique et la hausse du chômage peuvent-elle amplifier les
tendances à la déflation ?
VOIR LA CORRECTION
1. Selon les auteurs, la crainte du retour de linflation semble exagérée en période de
récession où la chute de la demande globale et la montée du chômage exercent plutôt
des pression à la baisse des prix (déflation).
2. La récession entraîne une baisse de la demande globale qui peut inciter les entreprises
à réduire leurs prix afin découler la production, dautant que la hausse du chômage
exerce une pression à la baisse des coûts salariaux qui accroît encore la chute de la
demande et la déflation.
Document 14 - La politique monétaire contribue à soutenir l’activité dans une économie
d’endettement.

Lorsque l’économie ralentit, les Banques centrales essaient généralement d’abaisser les taux
d’intérêt (le coût du capital emprunté). Si les taux sont faibles, les entreprises et les
consommateurs seront plus susceptibles d’emprunter et par conséquent, de dépenser ou
d’investir cet argent, ce qui génèrera de l’activité économique. A l’inverse, augmenter les taux
d’intérêt accroît le coût de l’emprunt ce qui peut aider à tempérer une économie en
surchauffe. Les banques centrales ne fixent pas directement les taux auxquels la plupart
d’entre nous empruntent aux banques. Elles déterminent en fait le taux à court terme –au jour
le jour- auquel elles prêtent aux autres banques, ce qui influe sur les taux fixés par les autres
institutions bancaires (…) L’acuité du ralentissement économique a conduit à des réductions
sans précédent des taux directeurs dans la zone de l’OCDE : début 2010, ils se situaient entre
0% et 0,25% aux Etats-Unis, au Japon et au Royaume-Uni, contre 1% dans la zone euro, ce
qui est historiquement extrêmement faible. Fixer les taux d’intérêt constitue une arme-clé de
l’arsenal économique, mais elle a des limites évidentes : une fois qu’ils ont atteint 0%, on ne
peut plus vraiment les abaisser. C’est pourquoi certaines banques centrales utilisent d’autres
moyens pour soutenir le système financier et lui donner un coup de fouet, en recourant à des
mesures de politique monétaire aussi peu conventionnelles que l’injection de liquidités et
l’achat d’actifs financiers. En termes simples, l’achat d’actifs financiers signifie qu’une
banque centrale achète aux banques des obligations d’Etat, ce qui accroît les liquidités des
banques et leur permet ainsi d’accorder davantage de prêts aux entreprises et aux
consommateurs, stimulant ainsi l’activité économique. Les banques centrales ayant injecté
davantage de liquidités dans le système financier, certains observateurs ont mis en garde
contre le risque que cela alimente l’inflation. Ces craintes sont probablement surestimées : le
chômage élevé et ce que les économistes appellent le « taux d’utilisation des capacités de
production » -travailleurs au chômage, usines fermées ou ne fonctionnant pas à pleine
capacité- devraient limiter les tendances inflationnistes. A plus long terme, cependant, à
mesure que les économies se rétabliront, il sera nécessaire de resserrer les politiques
monétaires pour contenir l’inflation.

B. Keeley, P. Love, De la Crise à la reprise, Publications de l’OCDE, 2011.

1. Synthétisez par un schéma les mécanismes par lesquels une baisse des taux d’intérêt
affecte l’économie.
2. A quelle limite se heurte la baisse des taux d’intérêt directeur selon le texte ? Que
peuvent faire les banques centrales lorsque cette limite est atteinte ?

VOIR LA CORRECTION
1. Baisse du taux dintérêt directeur par la banque centrale ? baisse des taux dintérêt des
banques commerciales ? hausse du volume du crédit ? hausse de la consommation et
de linvestissement ? hausse de la production et du volume de l'emploi.
2. La baisse des taux dintérêt directeur par les banques centrales peut entraîner une
croissance du volume du crédit et de la demande globale au-delà des capacités
productives, ce qui peut générer une accélération de linflation. Les banques centrales
peuvent alors décider de relever leur taux dintérêt directeur afin dassurer la stabilité
des prix et garantir le pouvoir dachat de la monnaie.
Document 15 - La politique budgétaire de relance pour sortir de la récession

Durant une récession, les gouvernements peuvent également décider de prendre des mesures
spéciales –ou «discrétionnaires», ce qu’ont fait quasiment tous les pays de l’OCDE, même si
l’importance et la portée de ces mesures ont beaucoup varié. Aux Etats-Unis par exemple, le
train de mesures budgétaires équivalait à 5,5% du PIB de 2008, tandis qu’il atteignait au
moins 4% en Australie, au Canada, en Corée, et en Nouvelle Zélande. A l’inverse, dans
quelques pays (en particulier en Hongrie, en Islande et en Irlande), le mauvais état des
finances publiques a contraint le gouvernement à resserrer la politique budgétaire, notamment
en réduisant les dépenses publiques et en augmentant les impôts. Qu’ont fait les
gouvernements? La réduction des impôts a constitué une part importante de l’équation, en
particulier la baisse de l’impôt sur le revenu. La raison est simple : on peut modifier le code
des impôts et appliquer ces changements pratiquement du jour au lendemain, alors qu’il faut
du temps pour concevoir et mettre en ?uvre des dépenses d’infrastructures telles que la
construction de nouvelles routes (il est très long d’établir les plans, de les faire approuver et
de passer des contrats de travaux publics). Cela étant, les investissements publics ont
également augmenté : les gouvernements ont davantage investi dans l’éducation et les
infrastructures, notamment, et apporté un soutien spécial à des industries comme
l’automobile. Ils ont également cherché à stimuler la consommation grâce à des programmes
tel que la « prime à la casse » -« cash for clunkers » aux Etats-Unis (« de l’argent comptant
pour des tacots ») –qui permet aux automobilistes d’obtenir en moyenne 1500 à 2000 dollars
pour la reprise de leur ancien véhicule. A cause de ce qu’on appelle l’effet multiplicateur, ces
trains de mesures peuvent avoir un impact important que suggèrent les chiffres qui font la une
des journaux. En quoi ce phénomène consiste-t-il ? En termes simples, chaque dollar dépensé
par les gouvernements peut avoir un impact économique total dépassant 1 dollar. Par
exemple, si le gouvernement injecte davantage d’argent dans les soins de santé, cela peut
accroître les revenus des médecins, des infirmières et des fournisseurs de soins, revenus
supplémentaires qu’ils peuvent dépenser pour améliorer leur logement, d’où des revenus
supplémentaires pour les entrepreneurs, et ainsi de suite (sans compter les bénéfices sociaux
de ces dépenses en soins de santé). Si un tel processus peut en théorie se poursuivre à l’infini,
ce n’est pas le cas dans la pratique.

Une partie de l’argent sera en effet consacrée à l’achat de biens importés, ce dont profiteront
les économies concernées. De plus, l’augmentation des dépenses publiques peut inciter les
agents à épargner davantage et à dépenser moins en prévision des hausses d’impôt qui
serviront à l’avenir à payer toutes ces dépenses.

Brian Keeley, Patrick Love, De la Crise à la reprise, Publications de l’OCDE, 2011.

1. Pourquoi les gouvernements ont-ils eu souvent recours aux réductions d’impôt ?


2. Pourquoi la relance budgétaire exerce-t-elle un effet multiplicateur sur l’activité ?
VOIR LA CORRECTION
1. Les gouvernements ont souvent recours aux réductions dimpôts, simples à mettre en
oeuvre, pour soutenir lactivité économique, afin daccroître le revenu disponible des
ménages et la consommation, mais aussi pour réduire la fiscalité des entreprises et
stimuler ainsi linvestissement, la production et la création demplois.
2. La relance budgétaire peut entraîner un effet multiplicateur sur lactivité car les
dépenses publiques engendrent un flux de dépenses qui donne naissance à des revenus,
qui, en étant eux-mêmes dépensés, engendreront de nouveaux flux de demande, et une
hausse de la production, par vagues successives. Les dépenses publiques initiales
entraînent donc une hausse plus que proportionnelle du PIB.

Approfondissement
Faisons le point

La croissance, un phénomène irrégulier

La croissance économique n’est pas un processus stable et continu mais elle s’accompagne de
crises ; durant lesquelles il y a alors un ralentissement de la production et une montée du
chômage. À l’inverse, si la croissance économique est trop forte, l’inflation s’accélère et le
déficit de la balance commerciale se creuse. La crise correspond au retournement brutal de la
conjoncture économique qui marque la fin d’une période d’expansion au cours d’un cycle
économique : il s’agit d’une phase de contraction durable et de dépression de l’activité
économique. Les fluctuations économiques sont l’ensemble des mouvements de baisse ou de
hausse de l’activité économique. Ces fluctuations économiques peuvent être mesurées à l’aide
de différents indicateurs, comme le niveau de la production ou le niveau général des prix.
Lorsque ces fluctuations ont une certaine régularité, on parle de cycle économique, soit une
période plus ou moins longue, caractérisée par une succession de phases de hausse et de
baisse de la production. Les fluctuations économiques comportent une phase d’expansion, une
phase de crise, et une phase de dépression. On décompose généralement l’évolution de
l’activité économique en une tendance de long terme (appelée « trend »), fondée sur le
niveau de la croissance potentielle ; et une composante cyclique liée à l’écart existant entre le
niveau du PIB effectif et le PIB potentiel (déterminé par les capacités de production
maximales de l’économie). L’irrégularité de la croissance s’explique en particulier par les
variations de la demande globale : lorsqu’une des composantes de la demande globale
(consommation, investissement) adressée aux producteurs varie, les économistes parlent de «
choc de demande ». L’activité économique peut également être affectée par des « chocs
d’offre » en raison des modifications de certaines variables importantes comme la
productivité ou les prix des facteurs de production (hausse du coût de certaines matières
premières, hausses de salaires supérieures aux gains de productivité, hausse de la fiscalité ou
bien au contraire introduction du progrès technique qui élève la productivité et réduit les coûts
unitaires de production). Dans les économies contemporaines où le crédit bancaire joue un
rôle important, Les phases de boom économique s’accompagnent inévitablement d’une
montée de l’endettement. L’économiste américain Hyman Minsky y voit l’expression d’un«
paradoxe de la tranquillité ». C’est en effet pendant la phase d’optimisme que l’instabilité
financière s’accroît. En adoptant souvent un comportement prudent au début du boom, les
entreprises proportionnent d’abord leur demande de crédit aux anticipations de profit qui
permettent de rembourser le capital emprunté et les intérêts. Puis, poussées par leur confiance
dans l’expansion, elles acceptent un plus fort taux d’endettement en misant sur un crédit facile
et sur le fait qu’elles n’auront à rembourser que les intérêts, les prêts se renouvelant
facilement. Cette fragilisation financière croissante et ce « cycle du crédit » sont favorisés par
le comportement des acteurs du système financier : au fur et à mesure de l’éloignement de la
crise boursière précédente, les banques tendent à relâcher leur vigilance dans l’octroi des prêts
et à pêcher par excès d’optimisme dans les garanties demandées aux emprunteurs.

Destruction créatrice et cycle économique

De manière générale, cet écart à la croissance potentielle est alors un indicateur de la phase du
cycle dans laquelle l’économie se trouve. Selon l’économiste autrichien Joseph Schumpeter,
les fluctuations économiques sont inhérentes à la dynamique du capitalisme : le processus
d’apparition du progrès technique et des innovations est irrégulier dans le temps, ce qui
explique les fluctuations de l’activité économique (car il est source de croissance). Les
innovations, portées par les entrepreneurs, apparaissent en grappes et se généralisent dans le
système économique : les entreprises innovantes, en position de monopole, dégagent
temporairement un surprofit, tandis que les secteurs de l’économie liés à ces entreprises sont
incités à développer à leur tour de nouveaux produits, de nouveaux procédés, de nouvelles
formes d’organisation des entreprises, à conquérir de nouveaux marchés ou de nouvelles
sources de matières premières (phase d’expansion). Cependant, la généralisation des
innovations et l’imitation de celles-ci par d’autres entrepreneurs réduisent les profits, ce qui
conduit à l’essoufflement de l’activité économique et à la phase de dépression.

La délicate régulation des fluctuations conjoncturelles

La politique macroéconomique est constituée par l’ensemble des décisions prises par les
pouvoirs publics afin d’atteindre, grâce à l’utilisation de divers instruments, des objectifs
concernant la situation économique d’un territoire donné (région, nation, union monétaire).
Les politiques économiques conjoncturelles visent à atteindre des objectifs de court terme (les
effets se sont sentir de quelques mois à une ou deux années) et sont liées à la fonction de
stabilisation de l’Etat. Les politiques conjoncturelles visent soit à accroître la demande
globale par la hausse des dépenses publiques, la redistribution des revenus, ou la baisse des
taux d’intérêt directeurs afin de stimuler la production et l’emploi (on parle alors de
politique de relance), soit à freiner la demande globale par une baisse des dépenses
publiques, une hausse des impôts, des mesures de limitation de la progression des salaires,
pour lutter contre l’inflation qui détériore le pouvoir d’achat des ménages et réduit la
compétitivité-prix des entreprises (on parle alors de politique de rigueur). Dans une
économie mondialisée, les politiques conjoncturelles de relance se heurtent à deux types de
contraintes : la contrainte commerciale, puisque la stimulation des revenus des ménages
peut se traduire par un accroissement des importations de biens étrangers et limiter l’impact
positif sur la production nationale ; et la contrainte financière puisque les Etats empruntent
des capitaux sur les marchés financiers qui surveillent les politiques conjoncturelles mises
en ?uvre, ainsi que les capacités de remboursement des Etats et les risques de défaut de
paiement qui pourraient survenir. Si les politiques conjoncturelles ont été massivement
utilisées à partir de 2008-2009 afin d’empêcher l’amplification de la récession économique
(création monétaire et baisse des taux d’intérêt par les banques centrales, plans de relance
budgétaire aux Etats-Unis, en Europe et en Chine) et lutter contre le chômage de masse, elles
se heurtent désormais à la contrainte de la maîtrise de l’endettement public et posent
désormais la question de futures politiques de rigueur. La crise apparaît particulièrement
aiguë dans la zone euro où la politique monétaire est unique mais où les Etats ont conservé
l’autonomie de leur politique budgétaire (même si celle-ci est encadrée par des textes limitant
les déficits publics).

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