Comment expliquer corrigé
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Tout le monde connait ces phénomènes physiques très courants que sont les cycles. Le
passage quotidien du jour à la nuit et de la nuit au jour, le va-et-vient de la balle de tennis sur
le court, les hauts et les bas de la balançoire ;à laquelle l’enfant donne une impulsion en sont
autant d’exemples familiers. Dans les trois cas, il y a fluctuation, c’est-à-dire alternance de
mouvements en sens contraire. Bien qu’aucune de ces trois comparaisons ne soit parfaite,
chacun de ces phénomènes cycliques comporte un aspect qui nous aide à comprendre ce que
sont les cycles économiques. Comme les cycles jour-nuit, ils peuvent se reproduire
indéfiniment. Comme la balle de tennis, l’économie reçoit des impulsions qui la propulsent
dans une direction ou l’autre. Enfin, comme pour la balançoire, une impulsion lui imprime un
mouvement dont l’intensité diminue peu à peu jusqu’à ce qu’une nouvelle impulsion la
relance. On appelle cycle économique la fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité
économique. Le cycle économique comporte deux phases, une d’expansion et une de
récession, et deux points de retournement, un sommet (le plus fort niveau d’activité
économique atteint durant le cycle). Le niveau d’activité économique se mesure
principalement par le niveau du PIB réel par habitant et de l’emploi. La phase d’expansion du
cycle débute à un creux et prend fin à un sommet ; elle se caractérise par une accélération
soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par une augmentation du PIB réel par
habitant et de l’emploi. Toute phase d’expansion commence par une période de reprise, qui
part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au niveau du sommet
précédent. La phase de récession se caractérise par un ralentissement soutenu de l’activité
économique, lequel se traduit par la diminution du PIB réel par habitant et de l’emploi ; elle
débute à un sommet et prend fin à un creux. La durée des phases d’expansion et de récession
varie d’un cycle à l’autre, de même que leur ampleur, c’est-à-dire l’importance des variations
de la production par habitant et de l’emploi.
Robin Bade, Michael Parkin, Brian Lyons, Raymond Bienvenu, Initiation à l’économie,
ERPI, 2008.
1. Un cycle économique est composé dune succession de quatre moments qui alternent
hausse et ralentissement de lactivité économique (niveau de la production, de la
demande ou de lemploi) : la croissance (cycle long) ou lexpansion (cycle court) ; la
crise ; la récession (cycle court) ou la dépression (cycle long) : enfin, la reprise.
Comme nous l’avons dit plus haut, l’économie connait des hauts et des bas, c’est-à-dire des
fluctuations (…) Certaines années, la production augmente de façon soutenue. Comme les
produits se vendent bien les entreprises se mettent à embaucher : le chômage diminue, et le
revenu global des ménages augmente. Du coup, les produits se vendent encore mieux. De leur
côté, les entreprises voient leurs profits grimper. Non seulement elles ont de bonnes raisons
d’investir (pour accroître leur capacité de production), mais elles en ont les moyens. On est en
pleine expansion. L’optimisme et la prospérité se renforcent mutuellement. Après quelques
années de croissance, il se peut que les entreprises commencent à manquer de certains biens
essentiels à la production : matières premières, pièces détachées et équipements. La situation
de l’emploi s’est améliorée, et c’est tant mieux, mais à la longue, l’expansion peut provoquer
une pénurie de main d’oeuvre dans certains domaines. Les coûts de production et les prix se
mettent alors à monter ; l’expansion tourne à la surchauffe. Pendant la phase d’expansion
rapide de l’économie, les ménages et les entreprises n’ont pas hésité à dépenser, quitte à
s’endetter plus que d’habitude. Une fois bien équipés, ces agents économiques ralentissent
leurs achats, d’autant plus que leur endettement réduit leur marge de man?uvre. La croissance
ralentit. Certaines entreprises font des mises à pied ; d’autres ferment. Le chômage augmente,
le revenu global des ménages diminue, les dépenses de consommation ralentissent de plus
belle. La récession s’installe et s’amplifie d’elle-même (…) Le vocabulaire qui décrit les
hauts et les bas de l’économie est particulièrement varié. Comme nous l’avons noté, le cycle
économique est la succession de deux phases : l’expansion et la récession. Lorsque la
croissance est au plus bas, on parle de creux. La période où s’amorce la remontée est la
reprise. Puis on s’approche du sommet, qui est suivi d’un retournement de tendance. Parfois
cette redescente se termine par un atterrissage en douceur. D’autres fois, le ralentissement
économique est plus violent. Selon certains économistes, il faut que le PIB diminue pendant
au moins deux trimestres consécutifs pour qu’on puisse techniquement parler de récession.
Toutefois, nous avons constaté que les critères varient d’un pays à l’autre. C’est pourquoi
d’autres économistes définissent la récession comme un « ralentissement sensible, prolongé et
généralisé de la production ».
Renaud Bouret, Alain Dumas, Economie globale à l’heure de la mondialisation, ERPI, 2009.
VOIR LA CORRECTION
1. Crise financière ? Difficultés des banques à accorder des crédits ? Baisse des prix de
limmobilier & difficultés des entreprises ? Baisse de la consommation ? Baisse de
linvestissement ? Baisse de la production & destructions demplois ? Hausse du
chômage.
Une crise peut survenir en raison du recul de l’offre globale, en raison d’une hausse brutale
des coûts de production (hausse du prix des matières premières comme le pétrole, hausse de la
fiscalité sur les entreprises, des salaires, etc.) Pour un prix constant, une hausse des coûts de
production réduit alors les profits. Pour chaque niveau de prix, les entreprises baissent alors
leur production et l’offre globale est plus faible (l’offre globale passe d’O1 vers O2). Comme
la demande globale reste inchangée mais que les biens offerts sur les marchés sont plus rares,
les prix augmentent (en passant de P1 en P2). On atteint alors un nouvel équilibre (au point B)
qui se caractérise à la fois par une chute de l’activité économique (le PIB baisse en PIB2) et
par une accélération de l’inflation. Pour certains économistes, si la baisse de la production
réduit l’utilisation du facteur travail et élève le chômage, la pression à la baisse sur les salaires
est plus forte, et la baisse des coûts de production qui en résulte incite à nouveau les
entreprises à produire. Après avoir reculé en O2, l’offre globale se déplace à nouveau vers la
droite, vers O1. Cette augmentation de l’offre amène une baisse progressive des prix qui
retournent vers P1. Le mécanisme doit opérer jusqu’à ce que l’offre globale et le niveau
général des prix soient revenus à leur niveau initial, celui qui assurait le plein emploi du
travail. Mais d’autres économistes font valoir que la baisse des salaires, censée permettre de
restaurer le niveau de l’offre globale en diminuant les coûts de production, présente un risque
majeur : les salaires ne sont pas seulement un coût mais également un revenu et une
composante importante de la demande globale. La baisse des salaires entraîne donc une baisse
du pouvoir d’achat des travailleurs. Il faut alors compenser le recul de l’offre globale par une
relance de la demande globale quand l’économie passe du point A au point B, une politique
de relance peut déplacer la demande globale vers la droite (on passe sur le graphique de D1 en
D2) pour revenir au point C, en maintenant le niveau de la production et de l’emploi, même si
cette stratégie se paie d’une accélération de l’inflation. Confrontés à la détérioration de leur
pouvoir d’achat, les travailleurs revendiquent alors des hausses de salaires pour compenser :
les négociations doivent alors permettre de partager le coût de la crise, entre les entrepreneurs
et les travailleurs.
Pour mesurer la croissance d’un pays, on utilise le concept de croissance potentielle, qui peut
être assimilé, malgré les redoutables problèmes techniques que cela pose, à la croissance
tendancielle, qui est un simple lissage sur une longue période de la croissance économique.
Au cours de la première décennie du XXIème siècle (2001-2010), la croissance moyenne de
l’économie française a ainsi été de 1,25%, ce qui est remarquablement faible. Des chiffres
voisins peuvent être observés pour la plupart des pays européens. A quoi tient ce faible taux ?
Grâce à l’utilisation d’une fonction de production et à la notion de croissance potentielle, on
peut déterminer les effets respectifs de la productivité du travail et du capital, et du progrès
technique. On notera la baisse continue du taux de croissance poptentielle au long de la
décennie, avec une relative stabilité de la productivité du travail et du capital, et du progrès
technique. Ces calculs constituent avant tout, des ordres de grandeur indicatifs, utiles pour la
conduite de la politique économique. Une croissance potentielle inférieure à 1% ne signifie
pas que la zone euro ne peut croître plus vite, mais signale seulement que l’économie de la
zone peut simplement rapidement buter sur des limites physiques, qui risquent de dégénérer
en inflation si l’on cherche à relancer l’économie par la demande, c’est-à-dire en utilisant les
leviers budgétaire et monétaire. Seule une politique de l’offre –la mise en ?uvre de plus de
facteurs de production, ou le renforcement de l’efficacité de ces facteurs ou de leur
combinaison, ce qui passe par des mesures de libération de la croissance, permettrait
d’améliorer la situation. Ce concept permet aussi de rappeler que l’objectif d’une politique
économique de long terme est non pas de maximiser la croissance à tout prix, mais de
permettre à une économie de mobiliser de la façon la plus efficace ses ressources. Il y a ici
deux enjeux dont il faut tenir compte. D’une part la croissance est indispensable pour absorber
la croissance annuelle de la population (il faut donc que les autres facteurs accompagnent le
travail : plus d’investissements, plus de R&D, donc plus d’éducation, permettent de
développer l’emploi). D’autre part, la croissance dégrade l’environnement et il faut arbitrer
entre chômage et pollution. Pour autant, une croissance de long terme aussi faible que celle
observée en Europe (et en particulier en France) a aussi des conséquences : elle implique de
faibles rémunérations pour les facteurs de production (gains de pouvoir d’achat très réduits) et
de faibles ressources pour les services publics (impossibilité de financer un système de
protection sociale très généreux). Pourquoi la croissance potentielle européenne est-elle donc
si faible et comment la relever ?
La croissance potentielle française est estimée autour de 2%. C’est en quelque sorte le plafond
de l’économie. Un tel niveau de croissance potentielle présente plusieurs inconvénients :
- Elle creuse l’écart de revenu avec les pays ou régions en croissance plus rapide, d’où un
risque d’exode des cerveaux, de délocalisation des entreprises à la recherche de marchés
porteurs ;
- Elle n’aide pas à la réduction des déficits publics, donc on ne rend pas de marges de
manoeuvre à la politique budgétaire ;
- Elle peut être source de conflits entre les acteurs de l’économie. Dans un monde où les
revenus financiers doivent croître de 10% par an et où le vieillissement des populations dans
les pays industrialisés induit une croissance des dépenses de santé et des pensions (en masse)
de 3 à 6% environ, une croissance potentielle de 2% par exemple condamne le pouvoir
d’achat des salariés à n’augmenter que de 1% en moyenne, comme elle condamne
l’investissement des entreprises à stagner. Ceci est source de paupérisation des salariés, et
d’incertitude pour l’avenir.
Lorsque l’économie ralentit, les Banques centrales essaient généralement d’abaisser les taux
d’intérêt (le coût du capital emprunté). Si les taux sont faibles, les entreprises et les
consommateurs seront plus susceptibles d’emprunter et par conséquent, de dépenser ou
d’investir cet argent, ce qui génèrera de l’activité économique. A l’inverse, augmenter les taux
d’intérêt accroît le coût de l’emprunt ce qui peut aider à tempérer une économie en
surchauffe. Les banques centrales ne fixent pas directement les taux auxquels la plupart
d’entre nous empruntent aux banques. Elles déterminent en fait le taux à court terme –au jour
le jour- auquel elles prêtent aux autres banques, ce qui influe sur les taux fixés par les autres
institutions bancaires (…) L’acuité du ralentissement économique a conduit à des réductions
sans précédent des taux directeurs dans la zone de l’OCDE : début 2010, ils se situaient entre
0% et 0,25% aux Etats-Unis, au Japon et au Royaume-Uni, contre 1% dans la zone euro, ce
qui est historiquement extrêmement faible. Fixer les taux d’intérêt constitue une arme-clé de
l’arsenal économique, mais elle a des limites évidentes : une fois qu’ils ont atteint 0%, on ne
peut plus vraiment les abaisser. C’est pourquoi certaines banques centrales utilisent d’autres
moyens pour soutenir le système financier et lui donner un coup de fouet, en recourant à des
mesures de politique monétaire aussi peu conventionnelles que l’injection de liquidités et
l’achat d’actifs financiers. En termes simples, l’achat d’actifs financiers signifie qu’une
banque centrale achète aux banques des obligations d’Etat, ce qui accroît les liquidités des
banques et leur permet ainsi d’accorder davantage de prêts aux entreprises et aux
consommateurs, stimulant ainsi l’activité économique. Les banques centrales ayant injecté
davantage de liquidités dans le système financier, certains observateurs ont mis en garde
contre le risque que cela alimente l’inflation. Ces craintes sont probablement surestimées : le
chômage élevé et ce que les économistes appellent le « taux d’utilisation des capacités de
production » -travailleurs au chômage, usines fermées ou ne fonctionnant pas à pleine
capacité- devraient limiter les tendances inflationnistes. A plus long terme, cependant, à
mesure que les économies se rétabliront, il sera nécessaire de resserrer les politiques
monétaires pour contenir l’inflation.
1. Synthétisez par un schéma les mécanismes par lesquels une baisse des taux d’intérêt
affecte l’économie.
2. A quelle limite se heurte la baisse des taux d’intérêt directeur selon le texte ? Que
peuvent faire les banques centrales lorsque cette limite est atteinte ?
VOIR LA CORRECTION
1. Baisse du taux dintérêt directeur par la banque centrale ? baisse des taux dintérêt des
banques commerciales ? hausse du volume du crédit ? hausse de la consommation et
de linvestissement ? hausse de la production et du volume de l'emploi.
2. La baisse des taux dintérêt directeur par les banques centrales peut entraîner une
croissance du volume du crédit et de la demande globale au-delà des capacités
productives, ce qui peut générer une accélération de linflation. Les banques centrales
peuvent alors décider de relever leur taux dintérêt directeur afin dassurer la stabilité
des prix et garantir le pouvoir dachat de la monnaie.
Document 15 - La politique budgétaire de relance pour sortir de la récession
Durant une récession, les gouvernements peuvent également décider de prendre des mesures
spéciales –ou «discrétionnaires», ce qu’ont fait quasiment tous les pays de l’OCDE, même si
l’importance et la portée de ces mesures ont beaucoup varié. Aux Etats-Unis par exemple, le
train de mesures budgétaires équivalait à 5,5% du PIB de 2008, tandis qu’il atteignait au
moins 4% en Australie, au Canada, en Corée, et en Nouvelle Zélande. A l’inverse, dans
quelques pays (en particulier en Hongrie, en Islande et en Irlande), le mauvais état des
finances publiques a contraint le gouvernement à resserrer la politique budgétaire, notamment
en réduisant les dépenses publiques et en augmentant les impôts. Qu’ont fait les
gouvernements? La réduction des impôts a constitué une part importante de l’équation, en
particulier la baisse de l’impôt sur le revenu. La raison est simple : on peut modifier le code
des impôts et appliquer ces changements pratiquement du jour au lendemain, alors qu’il faut
du temps pour concevoir et mettre en ?uvre des dépenses d’infrastructures telles que la
construction de nouvelles routes (il est très long d’établir les plans, de les faire approuver et
de passer des contrats de travaux publics). Cela étant, les investissements publics ont
également augmenté : les gouvernements ont davantage investi dans l’éducation et les
infrastructures, notamment, et apporté un soutien spécial à des industries comme
l’automobile. Ils ont également cherché à stimuler la consommation grâce à des programmes
tel que la « prime à la casse » -« cash for clunkers » aux Etats-Unis (« de l’argent comptant
pour des tacots ») –qui permet aux automobilistes d’obtenir en moyenne 1500 à 2000 dollars
pour la reprise de leur ancien véhicule. A cause de ce qu’on appelle l’effet multiplicateur, ces
trains de mesures peuvent avoir un impact important que suggèrent les chiffres qui font la une
des journaux. En quoi ce phénomène consiste-t-il ? En termes simples, chaque dollar dépensé
par les gouvernements peut avoir un impact économique total dépassant 1 dollar. Par
exemple, si le gouvernement injecte davantage d’argent dans les soins de santé, cela peut
accroître les revenus des médecins, des infirmières et des fournisseurs de soins, revenus
supplémentaires qu’ils peuvent dépenser pour améliorer leur logement, d’où des revenus
supplémentaires pour les entrepreneurs, et ainsi de suite (sans compter les bénéfices sociaux
de ces dépenses en soins de santé). Si un tel processus peut en théorie se poursuivre à l’infini,
ce n’est pas le cas dans la pratique.
Une partie de l’argent sera en effet consacrée à l’achat de biens importés, ce dont profiteront
les économies concernées. De plus, l’augmentation des dépenses publiques peut inciter les
agents à épargner davantage et à dépenser moins en prévision des hausses d’impôt qui
serviront à l’avenir à payer toutes ces dépenses.
Approfondissement
Faisons le point
La croissance économique n’est pas un processus stable et continu mais elle s’accompagne de
crises ; durant lesquelles il y a alors un ralentissement de la production et une montée du
chômage. À l’inverse, si la croissance économique est trop forte, l’inflation s’accélère et le
déficit de la balance commerciale se creuse. La crise correspond au retournement brutal de la
conjoncture économique qui marque la fin d’une période d’expansion au cours d’un cycle
économique : il s’agit d’une phase de contraction durable et de dépression de l’activité
économique. Les fluctuations économiques sont l’ensemble des mouvements de baisse ou de
hausse de l’activité économique. Ces fluctuations économiques peuvent être mesurées à l’aide
de différents indicateurs, comme le niveau de la production ou le niveau général des prix.
Lorsque ces fluctuations ont une certaine régularité, on parle de cycle économique, soit une
période plus ou moins longue, caractérisée par une succession de phases de hausse et de
baisse de la production. Les fluctuations économiques comportent une phase d’expansion, une
phase de crise, et une phase de dépression. On décompose généralement l’évolution de
l’activité économique en une tendance de long terme (appelée « trend »), fondée sur le
niveau de la croissance potentielle ; et une composante cyclique liée à l’écart existant entre le
niveau du PIB effectif et le PIB potentiel (déterminé par les capacités de production
maximales de l’économie). L’irrégularité de la croissance s’explique en particulier par les
variations de la demande globale : lorsqu’une des composantes de la demande globale
(consommation, investissement) adressée aux producteurs varie, les économistes parlent de «
choc de demande ». L’activité économique peut également être affectée par des « chocs
d’offre » en raison des modifications de certaines variables importantes comme la
productivité ou les prix des facteurs de production (hausse du coût de certaines matières
premières, hausses de salaires supérieures aux gains de productivité, hausse de la fiscalité ou
bien au contraire introduction du progrès technique qui élève la productivité et réduit les coûts
unitaires de production). Dans les économies contemporaines où le crédit bancaire joue un
rôle important, Les phases de boom économique s’accompagnent inévitablement d’une
montée de l’endettement. L’économiste américain Hyman Minsky y voit l’expression d’un«
paradoxe de la tranquillité ». C’est en effet pendant la phase d’optimisme que l’instabilité
financière s’accroît. En adoptant souvent un comportement prudent au début du boom, les
entreprises proportionnent d’abord leur demande de crédit aux anticipations de profit qui
permettent de rembourser le capital emprunté et les intérêts. Puis, poussées par leur confiance
dans l’expansion, elles acceptent un plus fort taux d’endettement en misant sur un crédit facile
et sur le fait qu’elles n’auront à rembourser que les intérêts, les prêts se renouvelant
facilement. Cette fragilisation financière croissante et ce « cycle du crédit » sont favorisés par
le comportement des acteurs du système financier : au fur et à mesure de l’éloignement de la
crise boursière précédente, les banques tendent à relâcher leur vigilance dans l’octroi des prêts
et à pêcher par excès d’optimisme dans les garanties demandées aux emprunteurs.
De manière générale, cet écart à la croissance potentielle est alors un indicateur de la phase du
cycle dans laquelle l’économie se trouve. Selon l’économiste autrichien Joseph Schumpeter,
les fluctuations économiques sont inhérentes à la dynamique du capitalisme : le processus
d’apparition du progrès technique et des innovations est irrégulier dans le temps, ce qui
explique les fluctuations de l’activité économique (car il est source de croissance). Les
innovations, portées par les entrepreneurs, apparaissent en grappes et se généralisent dans le
système économique : les entreprises innovantes, en position de monopole, dégagent
temporairement un surprofit, tandis que les secteurs de l’économie liés à ces entreprises sont
incités à développer à leur tour de nouveaux produits, de nouveaux procédés, de nouvelles
formes d’organisation des entreprises, à conquérir de nouveaux marchés ou de nouvelles
sources de matières premières (phase d’expansion). Cependant, la généralisation des
innovations et l’imitation de celles-ci par d’autres entrepreneurs réduisent les profits, ce qui
conduit à l’essoufflement de l’activité économique et à la phase de dépression.
La politique macroéconomique est constituée par l’ensemble des décisions prises par les
pouvoirs publics afin d’atteindre, grâce à l’utilisation de divers instruments, des objectifs
concernant la situation économique d’un territoire donné (région, nation, union monétaire).
Les politiques économiques conjoncturelles visent à atteindre des objectifs de court terme (les
effets se sont sentir de quelques mois à une ou deux années) et sont liées à la fonction de
stabilisation de l’Etat. Les politiques conjoncturelles visent soit à accroître la demande
globale par la hausse des dépenses publiques, la redistribution des revenus, ou la baisse des
taux d’intérêt directeurs afin de stimuler la production et l’emploi (on parle alors de
politique de relance), soit à freiner la demande globale par une baisse des dépenses
publiques, une hausse des impôts, des mesures de limitation de la progression des salaires,
pour lutter contre l’inflation qui détériore le pouvoir d’achat des ménages et réduit la
compétitivité-prix des entreprises (on parle alors de politique de rigueur). Dans une
économie mondialisée, les politiques conjoncturelles de relance se heurtent à deux types de
contraintes : la contrainte commerciale, puisque la stimulation des revenus des ménages
peut se traduire par un accroissement des importations de biens étrangers et limiter l’impact
positif sur la production nationale ; et la contrainte financière puisque les Etats empruntent
des capitaux sur les marchés financiers qui surveillent les politiques conjoncturelles mises
en ?uvre, ainsi que les capacités de remboursement des Etats et les risques de défaut de
paiement qui pourraient survenir. Si les politiques conjoncturelles ont été massivement
utilisées à partir de 2008-2009 afin d’empêcher l’amplification de la récession économique
(création monétaire et baisse des taux d’intérêt par les banques centrales, plans de relance
budgétaire aux Etats-Unis, en Europe et en Chine) et lutter contre le chômage de masse, elles
se heurtent désormais à la contrainte de la maîtrise de l’endettement public et posent
désormais la question de futures politiques de rigueur. La crise apparaît particulièrement
aiguë dans la zone euro où la politique monétaire est unique mais où les Etats ont conservé
l’autonomie de leur politique budgétaire (même si celle-ci est encadrée par des textes limitant
les déficits publics).