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LE PAPE MARTYR
DE
LA FIN DES TEMPS
selon la Tradition
Prophétique médiévale
1999
Éditions D.F.T.
BP 28 - 35370 ARGENTRÉ-DU-PLESSIS
© Copyright Eric Faure et Éditions D.F.T. novembre 1999.
Reproduction interdite. Tous droits réservés.
Pro manuscripto privatim.
PRÉFACE
M. Éric Faure nous a demandé de préfacer son ouvrage Le pape martyr de la Fin des
Temps. C’est à la fois une joie et un honneur pour nous. Lorsque nous avions rédigé il y a déjà
quelque dix ans L’extraordinaire Secret de La Salette, nous étions vraiment les seuls à traiter de
cette question (hormis M. Bonaventure Meyer dans L’Église en danger), question certes
humainement tellement surprenante de la Survie mystérieuse du pape Paul VI dans le cadre
prophétique d’un pape de la Fin des Temps devant être mystiquement crucifié, mis à mort puis
enseveli, comme son divin Maître, mais devant ressusciter, c’est-à-dire réapparaître à la face du
monde après une complète occultation, « démonétisation » comme certain auteur a pu le dire de
Louis XVII en survie mystérieuse, lui aussi. Ce qui pour nous soutenait cette thèse, c’était en tout
premier lieu la situation de Fin des Temps vécue de nos jours par l’Église à son plus haut sommet,
c’est-à-dire la complète subversion plus encore antéchristique que moderniste du Siège de Pierre à
partir de Vatican II et la suite, la papauté ayant à vivre dès lors, d’abord inconsciemment puis
consciemment, cette épouvantable « heure de la puissance des ténèbres ». Cette situation toute
nouvelle et extra-ordinaire, fut bien révélée, d’ailleurs, aux fidèles attentifs, par le principal
protagoniste de l’événement, Paul VI, lorsqu’il parlait « d’autodestruction de l’Église », ou encore de
« fumée de Satan entrée DANS l’Église »… ce qui, en soi, il faut bien en prendre conscience, sont
des formules blasphématoires, si l’on exclue que l’Église vit sa Passion et sa Mort mystique : c’est
impossible à envisager, à cause de la divine Promesse du Christ d’assister tous les jours son Église.
Alors, si un pape pouvait dire de telles choses, qu’il sentait dans l’angoisse de son âme, n’était-ce
pas parce qu’il avait à vivre, lui, désigné par la plus belle devise des cent onze de Malachie, Flos
Florum (fleur des fleurs, fleur des papes autrement dit), cette situation très extraordinaire de la Mort
mystique de la papauté, dont précisément M. Éric Faure nous révèle dans ce passionnant ouvrage,
qu’elle a été prophétisée sans cesse par les plus saintes âmes du Moyen-Âge, d’ailleurs en cela
simple et pur écho de la Tradition vétérotestamentaire INFAILLIBLE, comme émanant de Dieu
Lui- même ? Or, à l’époque où nous avons écrit notre livre (1988), nous n’avions absolument pas
connaissance de toute cette tradition prophétique, sauf de manière confuse et éloignée par ce
qu’on en pouvait trouver au XIXè siècle ; seul le Secret révélé à La Salette par la très-sainte Vierge
à Mélanie en 1846 corroborait étonnamment cette thèse de Paul VI Pape martyr de la Fin des
Temps, formidablement même, ainsi que des révélations privées actuelles ou du siècle dernier, ou
encore des révélations au cours d’exorcismes, en Suisse. Et puis, c’était strictement tout.
Le singulier mérite de l’ouvrage de M. Faure est donc de montrer que cette thèse du Pape
martyr de la Fin des Temps, si difficile à faire entendre, même et surtout chez les traditionalistes,
est bel et bien une constante de la Tradition prophétique la plus authentique, la plus commune
dans l’Église, la plus saine, comme ayant été sans cesse véhiculée par des prophètes, des docteurs,
des théologiens, des âmes privilégiées, véritablement inspirés par le Saint-Esprit, la plupart
reconnus par l’Église voire mis sur les Autels. Ce n’est pas tout. Cette dite Tradition prophétique
moyenâgeuse d’un Pape martyr à la Fin des Temps, prend une singulière assise dans le fait qu’elle
a déjà été vécue concrètement par la papauté juive ayant à vivre sa propre Fin des Temps sous les
Macchabées. Pour le coup, et c’est bien sûr impressionnant, la thèse n’est même plus de l’ordre des
révélations privées mais de l’ordre infaillible de la Parole de Dieu révélée dans la Sainte-Écriture,
cette Parole étant de plus incarnée dans l’Histoire ecclésiastique juive ! Ce n’est certes pas le
moindre mérite de l’auteur de lier ces deux traditions, parce que toutes les deux, l’une scripturaire
réalisée dans l’Histoire, l’autre simplement privée mais constante pendant tout le Moyen-Âge,
montrent bien, liées ensemble, le Sceau infaillible du Saint-Esprit. Cette thèse donc, loin d’être
« loufoque » comme l’ont pensé certains esprits primaires, obtus, superficiels, ou tout simplement
trop mondains voire même rationalistes dans leur Foi, dans leur analyse de la situation de l’Église
actuelle, plonge tout au contraire ses racines dans la plus saine mystique, la plus authentique et
catholique tradition prophétique. Ce n’est vraiment pas une petite chose de montrer cela, et l’on ne
saurait trop féliciter M. Éric Faure de l’avoir exposé de manière fort posée, réfléchie, intelligente,
méticuleuse, savante, toujours bien documentée et soigneusement référencée, dans cet ouvrage.
Autre aspect de la question. Cette thèse ne prophétise pas seulement un Pape martyr, mais,
en parallèle satanique et dans le même temps, un antipape précurseur de l’Antéchrist qui le
persécutera à mort quoique occultement, le supplantant avec succès, tel Caïn avec Abel,
investissant subséquemment le Siège de Pierre, et se faisant passer avec une malice inouïe, un
sens de la tromperie qui n’appartient qu’au diable, pour… Abel. Certes, dans notre contexte
ecclésial depuis 1978, il n’y a vraiment pas besoin d’être grand-clerc en prophétie pour décoder
cela. Or, et c’est évidemment très important, la prophétie du Pape martyr de la Fin des Temps
annonce la chute de l’antipape-antéchrist supplanteur du Pape martyr, par… le Pape martyr lui-
même, qu’il a cru faire mourir, fort miraculeusement ressurgi à la face du monde par une
angélophanie comme dit judicieusement l’auteur, c’est-à-dire par un miracle opéré par les Anges,
telle la Délivrance de saint Pierre aux Liens qui, ce n’est pas du tout un hasard, est une fête
liturgique romaine, donc révélée. Le Pape martyr aura de par Dieu la grâce d’anéantir
publiquement et à la face du monde, l’antipape-antéchrist. C’est seulement après ce dernier et
formidable triomphe de l’Église militante que s’ouvrira alors le règne de l’Antéchrist car malgré cet
ultime triomphe, le Saint-Esprit l’a révélé dans la Sainte-Écriture, ce règne maudit ne peut pas être
évité. Par ailleurs, pour une saine compréhension de la Prophétie du Pape martyr de la Fin des
Temps, il est capital de bien préciser que ledit pape doit engendrer LUI- MÊME la Mort mystique de
l’Église, en chutant sans faute formelle sous le mal, parce qu’il est circonvenu par lui (circumvenire,
ce que le français a traduit par : circonvenir, et l’image est celle de Jérusalem assiégée
agressivement de toutes parts par les forces du mal, sans qu’il lui soit possible le moins du monde
de fuir), tant par son entourage que par ses idées propres, issues de son éducation dont il n’est pas
responsable. Paul VI, qui est très certainement ce Pape martyr que d’aucuns à la Révolution avaient
cru être Pie VI mais surtout, bien à tort, Pie VII (tellement il était inconcevable qu’un vrai pape
puisse signer un Concordat avec des puissances politiques antichrétiennes : on supposait donc un
Pie VII chambré et victime ; cependant, non, il fallait encore attendre deux siècles ce pape faible
comme Louis XVI, cédant contre sa volonté profonde au mal mais voulant le Bien de l’Église), est
en effet le signataire du document hérétique sur la Liberté religieuse, qui introduit l’Église très
réellement dans sa Mort mystique, par un acte de faiblesse du pape. Paul VI est donc recouvert du
péché, tel le Christ sur la Croix, en toute innocence de sa part ou du moins sans volonté perfide et
satanique comme l’antipape-antéchrist son Caïn, car la Prophétie révèle du Pape martyr qu’il sera
FAIBLE dans un premier temps, quoique sincère dans sa Foi : « parce que tu as peu de force [=
faible] mais que tu as gardé ma Parole » est-il dit dans l’Apocalypse à l’Église de Philadelphie
devant précéder directement le règne de l’Antéchrist, ch. III, 8 (cf. pour l’aspect purement
théologique de cette question évidemment fort importante, L’Impubliable – solution théologique
de la Crise de l’Église, par Vincent Morlier, aux Éd. D.F.T.). Or, ceci, la prophétie du Pape martyr de
la Fin des Temps le révèle aussi : c’est par la faiblesse de ce Pape martyr que l’antipape précurseur
de l’Antéchrist parvient à asseoir sa domination impie sur l’Église. Cependant, dans une revanche
merveilleuse, Dieu veut que ce même Pape martyr terrasse l’antipape-antéchrist, véritable Jean-
Baptiste luciférien précurseur de l’Antéchrist (car l’antipape en face du pape martyr n’est pas décrit
par la Prophétie comme n’importe quel antipape : il est défini comme le plus pervers hérétique, le
plus grand hérésiarque de tous les temps de l’Église, ce qu’une actualité criante, d’ailleurs, n’illustre
que trop bien…).
… Alors, oui !, si la Prophétie se réalise, en d’autres termes, si nous avons droit, de par Dieu,
à cette réapparition de Paul VI en survie mystérieuse venant terrasser le satan qui est actuellement
sur le Siège de Pierre, Dieu du Ciel et de la terre, comme cela nous fera chaud au cœur et à l’âme,
avant de traverser cette ultime épreuve du règne de l’Antéchrist précédant immédiatement la
Parousie ! C’est pourquoi il faut espérer, spem contra spem comme dit saint Paul, que cette
Prophétie du Pape martyr de la Fin des Temps, voit sa réalisation. Pour la plus grande Gloire de
Dieu et le salut de nos âmes martyrisées avec le pape (… le Vrai, celui occulté !), en cette période
de Fin des Temps.
Pour conclure, c’est vraiment peu dire que la Prophétie du Pape martyr de la Fin des Temps
est, quant à la « Crise affreuse de l’Église » (La Salette), une thèse beaucoup plus équilibrée que le
sédévacantisme desséchant et de zèle amer, d’ailleurs en contradiction formelle avec un lieu
théologique de la Constitution divine de l’Église, ou encore l’ unacumisme Johannes- Paulus II
délirant et prostitué, qui veut voir dans cet antipape qui introduit l’Antéchrist, le… Vicaire du Christ
(excusez du peu), ce qui est au moins aussi aberrant pour ne pas dire catholiquement plus
scandaleux que le sédévacantisme (cf. l’étude de M. Vincent Morlier, pour l’aspect théologique de
ces questions). Ces deux thèses, dialectiquement opposées, empoisonnent le mouvement
traditionaliste dans son ensemble, ce sont vraiment des pièges de Satan, redoutables et
mortifères… contrairement à la thèse du Pape martyr de la Fin des Temps.
Nous remercions donc infiniment M. Éric Faure de son travail enrichissant, si intelligent de la
science des sages, celle qui n’est pas enflée d’orgueil parce qu’elle vient du Ciel et est faite pour
illuminer l’âme des humbles, et nous souhaitons une bonne diffusion à son ouvrage pour le plus
grand bien des âmes !
Louis de Boanergès
Ce 27 novembre 1999,
Fête de N.-D. de la Médaille Miraculeuse.
INTRODUCTION
Il s’agira de démontrer ici, que la pensée médiévale relative aux derniers temps de l’Église,
enseigne d’une manière générale, l’avènement avant l’an deux mille « d’un Vrai Pontife »
répréhensible par ses idées libérales, mais rachetant ses propres péchés et les péchés de ses
prédécesseurs ainsi que ceux de l’ensemble des catholiques, par un martyr sans précédent dans
l’histoire.
Le martyr de ce pape, nous dit la pensée prophétique médiévale, consiste à se faire rejeter
par tous les siens, et pas seulement par les pseudo-catholiques de son temps devenus apostats,
mais aussi, ce qui est étonnant à première vue, par le petit nombre des catholiques résistant à
l’apostasie, apostasie faisant perdre à l’église officielle romaine toute autorité apostolique.
En effet, cette église sera gouvernée par un antéchrist redoutable « l’Antéchrist-antipape »,
principal adversaire du Vrai Pape qui réussira à se faire passer pour pape aux yeux non seulement
des nations, des peuples, mais aussi pratiquement aux yeux de la presque totalité de ceux qui se
diront catholiques romains, le nombre des catholiques fidèles lui résistant étant inexistant aux yeux
du monde.
La méchanceté de cet antipape-antéchrist consistera à persécuter non seulement « le vrai
Pontife » mais aussi l’ensemble des catholiques fidèles, à pousser le genre humain tout entier vers
Satan, et le règne de « l’Antéchrist-personne », c’est à dire non pas un antipape cette fois, mais « le
fils de Satan », « le faux messie » par excellence, appelé à gouverner la terre par une verge de fer.
« L’Antéchrist-antipape » émissaire de Satan déguisé en pape pour détruire la sainte Église,
ne sera que le prophète, le Jean-Baptiste maudit de « l’Antéchrist-personne ». Pour ouvrir la route
de « l’Antéchrist personne », il faudra, avance la Tradition prophétique médiévale, que la synagogue
détruise l’obstacle qui empêche « l’Antéchrist-personne » d’agir. Cet obstacle « celui qui retient »
l’homme d’iniquité, c’est dans l’interprétation médiévale du ho Katéchon paulinien (II Thess., 7), le
pape. En renversant cet obstacle qu’est le pape, « l’Antéchrist-antipape » qui est un infiltré issu de
la Synagogue de Satan, selon la Tradition Médiévale prophétique, permettra ainsi à « l’Antéchrist-
personne » de réaliser son plan de domination sur le globe terrestre tout entier, pour la perte d’un
maximum d’âmes.
Toujours selon cette Tradition, l’Église connaîtra ainsi dès l’avènement du Vrai Pape Martyr
se faisant usurper son pontificat par « l’Antéchrist-antipape » une période de ténèbres comme il n’y
en a jamais eu, depuis le temps de ténèbres entre la mort du Christ et sa résurrection.
De cette analyse médiévale de l’Apostasie du clergé à la fin des temps, il conviendra de tirer
cette conclusion : le vrai Pontife n’étant plus visible par les siens, la plupart des catholiques
résistant à la Rome redevenue païenne sous l’autorité de l’Antipapauté antéchristique, pour être si
peu mobilisés autour du Vrai pontife, pour être aussi tièdes en ce qui concerne la défense de celui-
ci, devra nécessairement croire à la mort de ce dernier, ne pas croire au rachat des fautes du Vrai
Pontife par le martyr du Vrai pontife, et s’aligner ainsi de bonne foi à la thèse officielle de l’église de
« l’Antéchrist-antipape » faisant passer pour mort, pour inexistant le Vrai pontife, et ne voudra
retenir du Vrai pape que les idées libérales que celui-ci a eues avant de comprendre son
égarement.
A suivre l’esprit de la Tradition Prophétique médiévale, la plupart des catholiques résistant
aux autorités apostates du Vatican, ne comprendront pas pleinement la gravité de la situation et
défendront en conséquence des erreurs qui les maintiendront dans un aveuglement relatif aux
lumières qu’ils auront reçues.
Ils ne verront pas que le sort du christianisme ne tient désormais qu’à un fil, c’est à dire que
sur le Vrai pape qui est, selon la tradition prophétique médiévale, un pauvre vieillard abandonné
dans son agonie par les siens comme Notre Seigneur au Jardin des Oliviers, épuisé par les
persécutions et les épreuves d’un genre inouï et terrifiant comme Notre seigneur lors de son
arrestation, réduit à l’état d’impuissance comme Notre Seigneur sur la Croix, immolé, s’offrant en
sacrifice pour le salut des âmes, à l’image de Notre Seigneur.
Le petit nombre de fidèles contemporains du Vrai pontife éclairé à ce sujet devra faire
figure d’exception. Bref, plus les catholiques contemporains du Vrai pontife comprendront ce qui se
passe sur le Siège de Pierre, et plus ils seront éprouvés dans leur foi, participeront au martyr du
Vrai pape.
Cette épreuve qui atteindra tous les catholiques fidèles plus intensément suivant les
lumières reçues par chacun sera principalement due au fait, on ne le dira jamais assez, que le Vrai
Pontife lors du règne de l’Antipapauté antéchristique, selon les prophètes médiévaux, sera
retranché de la vue des siens, vivant a fortiori inconnu et caché du monde, dans un esprit total de
sacrifice et de soumission à Dieu.
Ceci dit, il ne pourra s’agir, selon la Tradition Prophétique médiévale, que d’une longue
éclipse de la Papauté, où le Vrai Pontife devra sortir de sa mort mystique, comme dans une
résurrection, pour réapparaître aux yeux des siens, ainsi confirmer l’authenticité de la Prophétie qui
lui est relative, et démasquer d’autorité « l’Antéchrist-antipape » et l’église officielle romaine du
Vatican qui aura perdu la Foi.
Tel est en résumé le fil directeur de cette étude qui se propose de décrire dans les détails,
les événements d’un tel schisme. Tel est en résumé, la conception médiévale du Vrai Pontife et
de « l’Antéchrist-antipape » qu’il conviendra d’analyser ici, par des textes et des références
précises, en faisant l’exégèse du raisonnement subtil, rigoureux, et légitime qui en est à l’origine.
Dans notre premier chapitre, il conviendra pour cela de commencer notre approche de la
conception médiévale du clergé romain dans les derniers temps de l’Église, par les prédictions
dites de Merlin. En effet, deux raisons nous ont contraint à commencer notre étude par Prophetie
Merlini (manuscrit prophétique rédigé selon nous et le théologien médiéval du XIV ème siècle Henri
Heinbuche de Langenstein, après 1130). La première, c’est que c’est autour de Merlin que va
s’organiser la réflexion médiévale pour trouver dans le sens mystique des Saintes Écritures les
informations nécessaires relatives à notre sujet. La seconde, c’est que le compte-rendu que nous
venons d’apporter au début de notre introduction est en germe chez cet auteur, ce qu’il conviendra
de démontrer par l’analyse historico-critique de ces prédictions.
De l’exposition du contexte historique de ces prédictions et de l’influence que ces
prédictions ont exercé sur le courant prophétique du Moyen Âge, nous passerons rapidement à
l’étude des extraits de Prophetie Merlini relatifs au Pape Martyr de la fin des temps, en dégageant
préalablement les liens qui les rattachent à la Sybille Tiburtine (prédictions du XIème siècle), qui ont
tout autant marqué la pensée eschatologique médiévale, même si la Sybille, contrairement à
Merlin, n’a pas pour thème central l’apostasie du clergé romain à la fin des temps, mais l’évolution
des nations et l’avènement de l’Antéchrist-personne.
Il s’agira par l’analyse critique de la pensée de Langenstein (XIV ème s.) et de Corsini (XXème s.)
de montrer la nécessité de passer par Merlin. Pour commenter les prédictions de Merlin, on se
servira surtout de saint Bonaventure (pour rendre compte de la chronologie avancée par Merlin). Il
conviendra de démontrer en premier lieu que Merlin s’est servi en priorité du livre d’Isaïe et des
Pères de l’Église pour établir ses prédictions. Puis pour comprendre jusqu’à quel point les
prédictions dites de Merlin concernent notre époque, on se servira des prédictions de Notre-Dame
de Quito (XVIIème s.), des prédictions dites de saint Cyrille (XII ème s.), de la contre-tradition palladique
sur « le pape errant et le pape slave » (XIXème s., il s’agit ici de la doctrine luciférienne), de la
prédiction du « satan de la poésie » Slowacki sur « le pape slave » (XIXème s.), des commentaires
d’Eric Muraise (pour déterminer la région d’où est issu l’Antéchrist-antipape), du vénérable
Barthélemy Holzhauser (XVIIème s.), des études de l’historienne Zaemska (pour déterminer la
conception de Merlin relative au bannissement de la Papauté à la fin des temps), des Vaticinia de
summis pontificus (XIIIème s., prédictions centrées sur l’avenir de la Papauté et de l’antipapauté)
Soit dit en passant, le secret de la Salette s’illuminera à la lumière de notre étude d’une
manière nouvelle, ce dernier s’inscrivant si étroitement dans le sens de la Tradition Prophétique
Médiévale, qu’il est nécessaire pour le comprendre de revenir à la pensée médiévale. Le secret de
la Salette se révèle être le rappel de la Tradition Prophétique médiévale qui progressivement avec
l’avancée de l’apostasie en Occident, s’est effacée de la mémoire de bien des catholiques.
Il est étrange de constater qu’il n’existe pas actuellement d’étude consacrée spécialement à
la pensée médiévale relative à l’apostasie du clergé romain de la fin des temps. Nombre d’auteurs
de la contre révolution, résistant à l’église wojtylienne, nous ont fait part de leur manque de
connaissance à ce sujet. Comment a-t-on pu oublier mille ans de réflexion catholique sur un thème
devenu hélas tellement d’actualité ? Il va de soi que cette perte de la mémoire catholique est liée
au progrès de l’apostasie. Le Démon a tout intérêt à enfermer dans un tombeau la Tradition
Prophétique Médiévale dans la mesure où celle-ci nous permet de comprendre la situation actuelle
de l’Église et met en évidence la stratégie des pires ennemis de l’Église, en nous permettant
d’identifier notamment l’Antéchrist-antipape.
Dans le même sens, pour savoir ce qui est arrivé actuellement à la véritable Papauté, ne
vaudrait-il pas mieux recourir à cette Tradition plutôt que de s’en tenir uniquement à une lecture
purement empirique de la situation et placer notre confiance dans des conjectures historiques
invérifiables ? Comme nous le démontrerons progressivement tout au long de notre étude,
s’interdire de comprendre la situation actuelle de l’Église par cette Tradition, c’est tout simplement
ne pas se donner les moyens de comprendre pleinement notre époque. Force est de constater la
pauvreté actuelle de la réflexion catholique sur la conception médiévale relative aux derniers
temps de l’Église. Notre ouvrage se donne pour objectif de combler du mieux possible cette lacune
et nous espérons que notre étude convaincra nos lecteurs de la nécessité de revenir à la pensée
médiévale pour rentrer pleinement dans l’intelligence des signes des temps.
CHAPITRE I
Tout porte à penser que l’auteur des prédictions dites de Merlin relatives à ce thème,
appartient au XIIème siècle, est contemporain du schisme provoqué par l’antipape Anaclet II (qui a
régné de 1130 à 1135), connaît tout autant l’histoire de l’église relative aux schismes précédents
provoqués par les empereurs germaniques Henri IV (empereur de 1056 à 1105) et Henri V
(empereur de 1106 à 1125). Il doit probablement être informé notamment des épreuves d’Innocent
II (pape de 1130 à 1143), obligé de s’enfuir de Rome à cause des partisans de l’antipape Anaclet II,
des épreuves de Gélase II (pape de 1118 à 1119) et de Calixte II (pape de 1119 à 1125) relatives à
l’antipape Grégoire VIII (1118 à 1121) nommé par Henri V.
Certains auteurs de notre époque comme Muraise, Carnac, Bourre, tentent naïvement de
relier les prédictions dites de Merlin avec Merlin le Gallois, un païen celte, à la fois druide et barde
du Vème siècle, mais dont l’existence est hypothétique. Cela est d’autant plus aberrant que l’analyse
historico-critique prouve au contraire que les prédictions dites de Merlin relèvent de l’esprit
médiéval catholique et sont forgées à partir de toute une conception savante du sens spirituel des
Saintes Écritures.
Par ailleurs, ces prédictions s’inscrivent à merveille dans les préoccupations de l’église au
XIIème siècle, période où les habitants de Rome sont généralement hostiles aux papes, jugeant ces
derniers selon leurs intérêts particuliers ou leurs rancœurs, période où le Pape est réduit le plus
souvent à l’état de souverain itinérant gouvernant l’Église depuis ses exils successifs, Rome étant au
XIIème siècle, la ville où l’autorité du pape est restée la plus contestée.
Par delà le fait que les prédictions dites de Merlin se présentent comme une description de
l’église romaine au XXème siècle, il convient de reconnaître à travers elles une défense de la
politique des papes du XIIme siècle, une condamnation de la politique des empereurs germaniques,
et un rejet de la république romaine qui a proclamé la déchéance temporelle du Pape.
« Le nom Merlin apparaît pour la première fois dans les Prophétie Merlini de Geoffroy de
Monmouth en 1134 » comme le reconnaît l’historien François Suard (Dictionnaire encyclopédique
du Moyen-Age, sous la direction d’André Vauchez, T. I, Ed. du Cerf, Paris, 1997, p.989). Le Merlin du
Libellus Merlini et de la Vita Merlini a été inventé par Geoffroy de Monmouth à partir de Ambroise,
le personnage également légendaire de l’Historia Brittonum, ouvrage rédigé par le chroniqueur
Nennius au IXème siècle. Et le Ambroise de Nennius selon la critique historique aurait peut-être été
fabriqué à partir d’un personnage qui aurait existé : Merlin le Gallois.
En déduire que l’auteur des prédictions dites de Merlin est Merlin le Gallois est d’une naïveté
déconcertante. Geoffroy de Monmouth ne connaissant pas celui-ci, lui a donné tout simplement
comme nom son personnage de roman Merlin. Il a fait cela sans doute parce que l’auteur anonyme
des dites prédictions, comme son personnage de roman Merlin, est un prophète qui annonce le
sort de l’humanité entière, et qui contrairement aux prophètes britanniques qui ne dépassent pas
les limites de leur île, a une vision européenne, se rattache, pour reprendre l’expression de Muraise
au « cycle prophétique impérial européen ».
On peut douter cependant du caractère pertinent du rapprochement, car si l’auteur des
prédictions dites de Merlin est profondément catholique et attaché à la Tradition Prophétique, le
Merlin légendaire de Geoffroy de Monmouth est en revanche un mage, un sorcier, un magicien, qui
même s’il finit par rompre avec les démons pour suivre le bon chemin, n’en est pas moins l’enfant
d’une nonne séduite par un démon incube.
En associant l’auteur anonyme des prédictions dites de Merlin à son Merlin légendaire,
Geoffroy de Monmouth a pris un double risque : d’une part, faire passer les prédictions dites de
Merlin le Gallois, pour un texte prophétique apocryphe alors que son auteur n’a jamais voulu se
faire passer pour Merlin le Gallois, n’a jamais prétendu venir du V ème siècle, et d’autre part, faire
suspecter le caractère pourtant fondé et orthodoxe des prédictions dites de Merlin.
Les prédictions dites de Merlin n’ont pas eu à souffrir cependant de la réserve et de la
méfiance des théologiens du XIIème siècle et du XIIIème siècle, car Geoffroy de Monmouth, en les
faisant connaître davantage, est à l’origine de leur foudroyant succès international. La transcription
qu’il en donne dans Prophetie Merlini n’est pas la première, puisque les prédictions qu’il ne fait que
rapporter fidèlement ici ont été connues selon les historiens du roi Louis le Gros (régnant de 1108
à 1137), mais sans être attribuées au Merlin de la légende.
Les plus savants aux XIIème et XIIIème siècles savent que l’on appelle l’auteur de ce grand
recueil de prédictions, Merlin, à la suite de Geoffroy de Monmouth, par simple commodité, pour
nommer les prédictions, et non pour dégager un lien sérieux entre le Merlin de la légende et
l’auteur anonyme des dites prédictions. Ils sont d’autant plus intéressés par les prédictions de ce
dernier qu’ils sont convaincus qu’ils ont ici un auteur profondément catholique, d’une grande
érudition, particulièrement inspiré, prophétisant à partir de la Prophétie Biblique et de
l’Herméneutique sacrée, la passion ou le martyr de la Papauté dans les derniers temps de l’Église,
et aussi toutes sortes d’événements déterminants pour l’avenir de l’Église s’étalant du XII eme siècle
jusqu’au XXIème siècle.
Alain de Lille en 1179, Joachim de Flore en 1196, Vincent de Beauvais au XIII ème siècle, les
Franciscains Spirituels ou les Camaldules vénitiens au XV ème siècle, par exemple, convaincus que
les prédictions dites de Merlin sont inspirées par le Saint-Esprit ou conformes à la Prophétie
Biblique, se sont attachés à les déchiffrer, se sont laissés guidés par elles. Si l’Allemagne n’a pas
connu véritablement l’influence des prédictions dites de Merlin, en revanche l’autorité de ses
prédictions a été énorme en Angleterre, en France et en Italie.
L’historien Bernard Guenée va jusqu'à dire qu’ « aucun ne doutait que Dieu ait inspiré Merlin »,
que « les Saintes Écritures sont au total moins souvent invoquées que les deux grandes autorités
Prophétiques de la fin du Moyen-Age : la Sibylle et Merlin » que « c’est autour de Merlin que
s’organisa le second grand cycle prophétique de la fin du Moyen-Age » (Bernard Guenée
L’Occident aux XIVème et XVème siècles, les états, PUF, Paris, 1981, les secrets de l’avenir, p.108-110).
Cette position de Bernard Guenée mérite cependant d’être nuancée : l’oracle de la Sibylle
Tiburtine (écrit au milieu du XIème siècle à partir d’un original syrien de la fin du III ème siècle, portant
sur les derniers temps de l’Église) et les prédictions dites de Merlin dans la pensée médiévale, ne
peuvent que passer en second plan, par rapport aux Saintes Écritures, et ne sont étudiées par les
médiévaux catholiques que pour mieux comprendre les versets bibliques dans la mesure (même si
cela ne se voit pas à première vue) où elles sont le résultat de toute une interprétation exégétique
particulièrement savante du sens de la Prophétie Biblique.
Par delà la position téméraire de Guenée, il convient de retenir le caractère effectivement
très imposant de la Sybille et des prédictions dites de Merlin dans la pensée médiévale catholique.
Guenée a raison de voir cet attrait des catholiques pour la Sybille et Merlin faiblir au XVI ème siècle :
« innombrables, écrit Guenée, sont au début du XVIème siècle les livres de prophétie imprimés.
L’attrait des prophéties ne diminue donc pas. Mais c’est l’autorité de la Sybille et de Merlin qui
faiblit, tandis qu’attirent davantage les pronostics fondés sur l’astrologie » (B. Guenée, L’Occident
aux XIVème et XVème s., op, cit. Ed. citée, p.111).
La raison que l’on peut apporter à cela du point de vue prophétique et apologétique est
simple : pour que l’Apostasie des derniers temps de l’Église puisse se réaliser au sein de l’église
officielle romaine jusqu'à contaminer les plus hautes autorités romaines (apostasie qui selon la
pensée catholique commence vraiment avec l’avènement du protestantisme au XVI ème siècle), il
fallait nécessairement que les catholiques soient privés à ce sujet des lumières des prédictions de
Merlin et de la Sybille, pour ainsi ne pas comprendre l’Apostasie lorsqu’elle pénètrera les plus
hautes autorités ecclésiastiques romaines à la fin des temps, et y adhérer ainsi massivement.
Les prédictions dites de Merlin méritent toutefois dans notre étude une place plus grande
que les prédictions sibyllines dans la mesure ou la Sibylle Tiburtine ne rend pas compte
véritablement, contrairement à Merlin, de ce qui se passera sur le Siège de Pierre lorsque l’église
romaine apostasiera.
Il importe cependant de relier ce passage extrait de la Sibylle avec les prédictions de Merlin
relatives au « Vrai Pontife » et à « l’Antéchrist-antipape » : « Les mauvais prêtres abuseront des
enfants. Il y aura des évêques pour des sectes nuisibles, et il y aura une effusion de sang sur la
terre. Les temples des saints seront souillés, et il y aura dans le peuple la fornication, l’ignominie,
le crime de sodomie dont la vue sera une offense. (...) La loi et la vérité seront abolies (...) et les
hommes mourront, et la terre sera dévastée par ses ennemis, et l’inanité de leurs dieux ne
pourra les consoler » (cf. Oracle de la Sibylle Tiburtine publié intégralement dans La fin des temps,
terreurs et prophéties au Moyen-âge, préface de Georges Duby, traduction et postface de Claude
Carozzi et Huguette Taviani-Carozzi, Ed. Stock, Paris, 1982, p. 55).
En effet, ce passage relatif aux derniers temps de l’Église met en évidence l’apostasie du
clergé romain entraînant avec lui les esprits immatures (ce clergé s’attaque même aux enfants, c’est
dire combien il est vraiment détestable : ce serait amputer le sens du texte que de ne voir ici que
la pédophilie), l’infiltration des « sectes nuisibles » dans les plus hautes autorités ecclésiastiques,
« l’abomination de la désolation » (entendre par cette expression daniélique, selon la pensée
médiévale catholique : mise en place de l’Antipapauté antichristique, d’un faux culte, d’un faux autel,
de faux sacrements, abolition du saint sacrifice de la messe, etc.) dans l’église officielle romaine, et
perçoit les plus grandes tribulations dernières comme la conséquence de l’apostasie de l’église
officielle romaine, autant de thèmes qui seront éclairés sous un angle différent par les prédictions
dites de Merlin.
La déclaration de Guenée : « aucun ne doutait que Dieu avait inspiré Merlin », peut être
controversée si elle laisse entendre que les théologiens de la période médiévale partaient de l’idée
a-priori que Merlin est un bon prophète, car rien n’est plus faux et dénigrant que de prétendre que
les prédictions de Merlin (comme toutes les prédictions en général) étaient acceptées par eux sans
discernement, sans un examen approfondi garantissant l’orthodoxie de leur contenu.
Il existe d’autre part, un cas, isolé, une exception en la personne d’Henri Hienbuche de
Langenstein, théologien catholique universitaire à la fin du XIV ème siècle qui s’attaque à Merlin en
« termes virulents » ne croyant pas les prédictions de Merlin inspirées par Dieu (André Vauchez,
Saints, prophètes et visionnaires, le pouvoir surnaturel au Moyen-Age, Ed. Albin Michel, Paris, 1999,
les théologiens face aux prophéties à l’époque des papes d’Avignon et du Grand Schisme, p. 201-
205).
Les attaques de Henri de Langenstein contre Merlin sont brèves dans son traité Invectiva
contra quemdam eremitam de ultimis temporibus vaticinantem nomine Telesphorum (publié dans
l’édition de H. Pez, Thesaurus anecdotorum novissimus, T.I, Augsbourg, 1721, c. 505-564), car ce que
cet auteur critique en premier lieu, ce sont les prédictions de Telesphore de Cosenza, une
compilation de textes prophétiques (composé v. 1356-1365), dans laquelle on trouve une synthèse
originale de la tradition messianique française et du prophétisme italien d’inspiration joachimite.
Par ailleurs, on ne sait pas si véritablement Henri de Langenstein s’attaque à l’auteur des
prédictions transmises par Geoffroy de Monmouth dans Prophetie Merlini (celles qui nous
intéressent car relatives au « Vrai Pontife » et à « l’Antéchrist-antipape »), ou s’il s’attaque à des
prédictions qui ne viennent pas de Prophetie Merlini et qui sont attribuées de façon
volontairement erronées à Merlin l’auteur de Prophetie Merlini. Henri de Langestein croit par
exemple s’attaquer à Joachim de Flore, alors qu’il attaque en fait des prédictions faussement
attribuées à Joachim de Flore. Il peut en être de même pour Merlin dans son traité.
Au XIVème siècle, on assiste en effet, écrit l’historien André Vauchez, « à la mise en circulation
de quantité de prophéties anonymes ou attribuées faussement à de grands noms comme Joachim
de Flore, Merlin, ou Brigitte, mis au service des causes les plus variées : apologie de la pauvreté au
sein de l’ordre franciscain, critique de la papauté d’Avignon, mais aussi exaltation du rôle
providentiel des grandes maisons royales de l’époque. Ces textes, volontairement ambigus, forgés
post eventum par de véritables officines au service de telle ou telle dynastie soucieuse de
propagande ou d’un cardinal ambitieux, peuvent être qualifiées d’apocalypse de faction » (André
Vauchez, op. cit. p. 109, chap. 8 sur le prophétisme médiéval d’Hildegarde de Bingen à Savonarole).
C’est contre ces fausses prophéties post eventum au contenu souvent subversif que s’insurge
véritablement Henri de Langenstein, tout en critiquant Telesphore. Etant d’obédience romaine, il
s’attaque à tous les textes dit « prophétiques » pouvant renforcer l’obédience avignonnaise comme
les prédictions de Telesphore.
Il convient de supposer cependant que Henri de Langenstein attaque indistinctement Merlin
l’auteur de Prophétie Merlini et les prédictions qui lui sont attribuées faussement et venant
du XIVème siècle, ce qui selon nous n’est pas légitime. Il a raison de penser que les prédictions dites
de Merlin sont de fabrication récente (elles doivent dater du XIIème siècle), parce qu’elles sont
inconnues de l’église et des saints docteurs avant le XII ème siècle, mais il a tort de partir de cette
seule constatation et de l’aversion que lui cause le Merlin de Geoffrey de Monmouth, pour en
déduire qu’elles ne peuvent être réellement inspirées par Dieu : « quant à Merlin, jadis conçu en
Angleterre d’un démon incube, comment pourrait-on expliquer qu’il soit demeuré si longtemps
inconnu de l’Église et des saints docteurs, si ses prophéties avaient été réellement inspirées par
Dieu ? » (André Vauchez, op. p. 204, Henri de Langenstein, op. cit., c.523-524).
Pour les suspecter, il doit, avec Arnaud de Villeneuve qu’il qualifie de « vir doctissimus »,
envisager la venue de l’Antéchrist pour son temps, alors que l’auteur de Prophétie Merlini, le Merlin
qui nous intéresse annonce la venue de l’Antéchrist pour notre époque, comme nous le
démontrerons plus loin. Du point de vue de Henri de Langenstein, croire avec Merlin que les temps
antichristiques sont à situer à la fin du XX ème et au début du XXIème siècle (en un futur qui apparaît si
lointain pour un homme du XIVème s.), conduit à ne pas se préparer à lutter contre la manifestation
publique imminente de l’Antéchrist-personne dont Arnaud de Villeneuve (v.1235-1313) au début
du XIVème, dans son De Tempere adventus Antichristi, nous dit qu’il est déjà né en 1368 (en ce qui
concerne la date de naissance de l’Antéchrist mal calculée par Arnaud de Villeneuve, cf. Cahier de
Fanjeaux n° 27 Fin du monde et signes des temps, visionnaires et prophètes en France méridionale,
fin XIIIème - début XVème siècle, Ed. Privat, 1992, Toulouse, p. 217).
La méfiance que Henri de Langenstein entretient à l’égard des prédictions de son temps (sauf
à l’égard de Arnaud de Villeneuve qu’il considère paradoxalement comme un bon prophète), est
dûe à sa conviction du caractère imminent de la manifestation de l’Antéchrist-personne pour son
époque, et à l’idée traditionnelle que l’avènement de l’Antéchrist sera précédé par une multitude
de faux prophètes, et donc de fausses prédictions.
Enfin, Henri de Langenstein s’attaque à toute prédiction annonçant le déclin du pouvoir
temporel des papes (ce qui est le cas de Prophetie Merlini, point repris par Télesphore), car les
laïcs, dit-il, vont finir par s’imaginer qu’ils accomplissent la volonté de Dieu en spoliant la Papauté et
le clergé. « Faire circuler de telles fables est le meilleur moyen » estime-t-il, « de faire échouer la
réforme de l’Église qui devra suivre la fin du schisme » avec l’Antipape Clément VII (les états
catholiques étaient divisés entre deux obédiences : l’obédience romaine avec Urbain VI à laquelle
Henri de Langenstein adhère et l’obédience avignonnaise avec Clément VII), « mais dont Henri de
Langenstein avoue ne plus savoir si elle se produira avant la venue de l’Antéchrist » (André
Vauchez, op. cit. p 204).
Force est de constater ici la faiblesse de l’argumentation de ce théologien. Le déclin du
pouvoir temporel des papes annoncé par Merlin est devenu une réalité avec la perte des états
pontificaux sous Pie IX. Par ailleurs, il faut que la Papauté soit dépouillée de tous ses biens à la fin
des temps, pour connaître, à l’exemple du Christ, son martyr. C’est du moins un aspect essentiel de
la Tradition Prophétique que Henri de Langenstein semble avoir oublié.
Finalement, la position de Henri de Langenstein contre Merlin n’a pas réussi à discréditer
Merlin aux yeux des théologiens du XVème siècle. C’est ainsi que Jean Bréhal par exemple, n’a pas
hésité à citer Merlin en faveur de l’authenticité de la mission prophétique de sainte Jeanne d’Arc
(André Vauchez, op. cit. pp. 205-206, 268-269). En effet, Merlin promet la naissance d’une jeune fille
près d’un bois lorrain nommé nemus canutum (littéralement « le bois chenu ») qui sera celui des
visions de Jeanne d’Arc, cette jeune fille, selon Merlin devant faire « de grandes choses pour le salut
des nations ». Cette prédiction de Merlin a permis « aux gens du peuple du beau pays de France »
de suivre avec enthousiasme Jeanne d’Arc dans son action armée pour le Roy de France contre les
Anglais (la Récapitulation de Jean Bréhal tend à démontrer que Jeanne était annoncée par les
Saintes Écritures et toute la Tradition Prophétique, et pas seulement par Merlin.).
En résumé, les prédictions dites de Merlin sont l’œuvre d’un esprit profondément catholique,
un recueil prophétique respecté et honoré par la presque totalité des médiévaux catholiques, et
que Henri de Langenstein au XIV ème siècle n’a pas réussi à discréditer aux yeux de l’Église. Ces
prédictions ont exercé une influence déterminante dans la réflexion médiévale à ce sujet,
alimentant d’une manière constante et progressive tout le courant prophétique du Moyen-Age,
devenant un objet d’étude pour tous les doctes désirant connaître les raisons de cette perte de la
Foi par l’église officielle du Vatican à la fin des temps.
Cette idée que l’église officielle du Vatican perdra la foi à la fin des temps, pour devenir « la
Babylone maudite » de l’Apocalypse (Apoc. XIV, XVIII) peut paraître surprenante aux pseudo-
catholiques d’aujourd’hui, qui ont perdu de vue la réflexion des Pères de l’Église à ce sujet, qui
ignorent superbement, dans l’ensemble, l’enseignement de l’Église relatif à « l’Apostasie générale »
(la perte de la Foi devenant générale à la fin des temps au point de s’étendre au sein même du
clergé romain), qui ne cherchent point à comprendre la Prophétie Biblique sur ce thème par
l’herméneutique sacrée, qui adhèrent finalement aux réformes impies de Vatican II et jettent un
regard bienveillant à l’égard de l’église de Jean-Paul II, au point d’y reconnaître encore, malgré la
révolution accomplie par celle-ci, la Sainte Église des Papes.
Mais pour les autorités ecclésiastiques romaines de la période dite « médiévale », pour les
médiévaux catholiques, nos pères dans la Foi, c’est là une position partout répandue et surtout
fermement établie, bien démontrée, que de penser que « la grande Prostituée » de l’Apocalypse
(Apoc. XVII, XVIII) désigne surtout l’église officielle du Vatican qui aura perdu la Foi, que les
autorités ecclésiastiques romaine du Vatican finiront un jour par apostasier en rejetant
l’enseignement des Papes et la Véritable Papauté, pour adhérer à une doctrine hérétique et à une
fausse papauté d’un genre nouveau.
Comme le reconnaît Eugenio Corsini (dans son ouvrage L’Apocalypse maintenant, Éditions du
Seuil, Paris, 1984, p. 242), pourtant moderniste et se disant opposé à la pensée patristique et
médiévale sur ce point : « durant les luttes intestines qui ont troublé le christianisme antique
(donatisme africain : IVème - Vème siècle, ajoutait-il) puis au Moyen Age, (...) cette inquiétante figure
(qu’est « la grande Prostituée » décrite par saint Jean aux chapitres XVII et XVIII de l’Apocalypse) a
été identifiée avec l’église officielle, surtout avec l’église romaine ».
Corsini a toutefois le mérite de mettre en évidence le caractère incohérent de la thèse
officielle actuelle et dominante faisant croire que « la grande Prostituée » de l’Apocalypse désigne
« la Rome impériale » ou « antique ». Il a raison de penser que « la grande Prostituée » ici désigne
« Jérusalem », mais son erreur est de croire que la pensée médiévale n’est pas d’accord avec lui sur
ce point.
En effet, les médiévaux catholiques partent de l’idée que « la grande Prostituée » de
l’Apocalypse désigne littéralement, historiquement, « Jérusalem », « la Synagogue apostate », « la
Synagogue des juifs déicides du temps des premiers chrétiens » pour en déduire que « la grande
Prostituée » de l’Apocalypse désigne nécessairement, en son sens spirituel ou caché « l’église
officielle romaine » perdant la Foi à la fin des temps, le Vatican, temple de Rome, devant suivre
nécessairement dans la pensée médiévale le Temple de Jérusalem dans l’Apostasie à l’approche
du règne de « l’Antéchrist personne ».
L’erreur de Corsini est de s’arrêter au sens littéral de l’expression « grande Prostituée » dans
l’Apocalypse, sans en reconnaître le sens spirituel, sans voir que son interprétation du sens littéral
de l’expression « grande Prostituée » dans l’Apocalypse légitime dans son sens spirituel,
l’identification médiévale de « la grande Prostituée » de l’Apocalypse avec l’église officiel du
Vatican soumise à l’antipapauté antichristique, Antipapauté annoncée notamment selon la pensée
médiévale à travers l’expression johannique « Bête de la terre » (Apoc. XIII 11).
Cette brève analyse critique de la pensée de Corsini permet de comprendre que derrière les
prédictions médiévales que nous allons analyser ici, et qui décrivent en la dénonçant l’église
officielle du Vatican qui a perdu la Foi sous le règne de l’Antipapauté antéchristique, se cache toute
une interprétation savante du sens de la Prophétie Biblique qu’il s’agira d’expliquer.
L’historien Bernard Guenée considère à ce sujet avec raison (dans son livre, L’occident aux
XIV et XVème siècles, PUF, Paris, 1981, chap. II : idées et croyances, les secrets de l’avenir p. 108-
ème
109) que « presque tous les écrits prophétiques qui nous sont parvenus (du Moyen-Age) sont
l’œuvre de spécialistes, parfaits connaisseurs de la Tradition et de la littérature prophétiques (...).
C’est dans les Saintes Écritures (et comment s’en étonner ? ajoute B. Guenée) qu’ils cherchent
souvent à percer les secrets de l’avenir : les livres des prophètes, l’Apocalypse de Saint Jean, leur
offrent matière à réflexion. »
Les prédictions dites de Merlin, comme toutes les prédictions que nous allons analyser,
n’échappent pas à ce critère bien observé par Guenée : elles reposent toutes sur le sens réel de la
Prophétie Biblique, même si cela n’apparaît pas à première vue.
Si elles n’avaient pas leur fondement rationnel dans les Saintes Écritures, elles n’auraient
aucun intérêt pour nous. La plupart des commentateurs de prédictions les rapportent sans les
éclairer par les versets bibliques et l’herméneutique sacrée et s’interdisent ainsi d’en saisir le sens
réel, pour se lancer dans une entreprise « pseudo- spirituelle ». Ils en trahissent le contenu par des
interprétations subjectives, erronées, modelées à leurs visions étroites de la situation actuelle de
l’Église, et servent ainsi sans s’en rendre compte la plupart du temps, les desseins de la Contre-
tradition prophétique.
Contrairement à ces derniers, il s’agira d’expliquer les prédictions médiévales en en dévoilant
le raisonnement qui les a fait naître, d’en faire l’exégèse, de les livrer à l’analyse historico-critique
mais sans les désacraliser, sans nous limiter à l’interprétation de leur sens littéral, en déduisant de
leur sens littéral le sens spirituel qui les anime, en nous élevant au Logos prophétique auquel elles
se réfèrent, en prenant conscience que les pénétrer, c’est rentrer en terre sacrée.
Les prédictions dites de Merlin s’inscrivent bien dans le sens de l’interprétation médiévale de
l’Apocalypse que nous venons de résumer à travers notre analyse critique de Corsini, et doivent
être étudiées en corrélation avec les Saintes Écritures comme l’observation fondée de Guenée le
suggère.
Elles considèrent que l’Église officielle romaine est appelée un jour, dans les siècles à venir,
plus précisément au XXème siècle, à perdre la Foi, pour devenir le siège de l’antéchrist-antipape.
Elles annoncent pour notre siècle (il convient d’insister lourdement sur ce point, bien que cela ne
semble pas réalisé à première vue en cette fin du XX ème siècle), la venue d’un « antipape
germanique » usurpant le Pontificat et contraignant « le Vrai Pontife », qu’il a chassé du Siège de
Pierre, à vivre caché en exil :
« On y voit, écrit Eric Muraise (Muraise est le pseudonyme du colonel Suire, dans son livre
Voyance et Prophétisme, Ed. Ferdinand Lanore, Paris, 1980, p. 154) annoncer (...) un schisme final
avec un antipape germanique. « Ce schisme, poursuit Muraise, est dominé par « un grand Pape
errant », mais est provoqué par un « antipape germanique » (ibid. p. 189).
Les prédictions dites de Merlin auxquelles se réfère Muraise se trouvent notamment dans la
chronique de Geoffrey de Monmouth qui s’étend de 1135 à 1148, plus précisément dans Prophetie
Merlini. Il ne s’agit pas de la première transcription puisque selon les historiens, le roi Louis Le Gros
(1108-1137) connaissait ces prédictions. A la fin du XV ème siècle, les prédictions dites de Merlin
deviendront un recueil de prédictions de différents âges. Rédigées d’abord en latin, elles furent
traduites en français en 1276.
En voici le contenu : « Avant que la chose qui naquit ès-partie de Jérusalem vienne à son
vingtième âge, contrée d’Italie trébuchera (...). L’Antichrist germanique usurpera le Pontificat (...). Il
y aura un Pape qui n’osera regarder Rome. Une chose pareille, que les romains saichent de
parmy qu’avant que celui pape trespasse du siècle, luy fera Notre Seigneur telle honte, que ne se
pourra appareiller. Et, si veuil que les romains saichent de parmy, que dès lors et de plus en plus,
ce sera pour leurs peschés. ».
Traduire : « Avant que la chrétienté née à Jérusalem atteigne ses deux milles ans d’âge, une
région de l’Italie trébuchera » (Pascale Maby fait cette traduction à cette différence près qu’elle
traduit témérairement « trébuchera » par « sera ravagée ». Elle fait cela parce qu’elle s’égare en
voulant voir ici exclusivement « la destruction » physique « de Rome ». Néanmoins elle a raison de
traduire « vingtième âge » par « deux mille ans d’âge ». Cf. Dossier des prophètes. Ed. Albin Michel,
Paris, 1977, p.129 ; cette dernière traduction est confirmée par Pierre Carnac qui reconnaît l’accord
unanime des « prophétologues » ; à ce sujet. Cf. Prophéties et prophètes de tous les temps, Ed.
Pygmalion, Paris, 1991, p.83).
« L’antipape germanique régnera » (Eric Muraise voit dans les prédictions dites de Merlin
l’annonce d’un « antipape germanique » usurpant la place du « Vrai Pape ». Cf. Histoire et légende
du grand Monarque, Ed. Albin Michel, Paris, 1975, p. 46).
« Il y aura un Pape qui n’osera regarder Rome. Une chose pareille que les romains doivent
savoir entre autres, c’est qu’avant que ce Pape trépasse du siècle, Notre Seigneur lui fera souffrir
une telle honte qu’il ne se pourra y en avoir de pareille. Et veuille que les romains sachent entre
autres, que dès lors et de plus en plus, ce sera pour leurs péchés » (Il convient en ce qui concerne
le verbe « appareiller » de suivre ainsi avec Maby le sens ancien de : « mettre ensemble des objets
semblables, assortir », en l’appliquant au mot « honte », et non pas de suivre le sens médiéval
« préparer, orner, disposer », ou encore le sens prédominant au XVIème siècle de : « faire des
manœuvres pour quitter le port, ou le lieu de mouillage », en appliquant ces sens au mot « pape »,
même si selon l’esprit du texte ici, le Pape se trouve complètement neutralisé par l’ennemi,
incapable de faire par lui-même des manœuvres, incapable de préparer sa défense. La traduction
choisie par Jean-Paul Bourre, « Notre Seigneur lui fera souffrir la honte de ne pouvoir s’établir nulle
part » –cf. Le message des prophètes, Ed. Dangles, St Jean-de-Braye, 1998, p. 116– dénature le sens
du texte, même si par ailleurs, comme on le verra, l’idée que le Pape soit abandonné des siens,
contraint à s’exiler sans trouver la protection d’une nation est comprise dans le texte.)
« Avant que la chose qui naquit ès-partie de Jérusalem » à savoir le christinisme, ou plus
précisément l’Eglise militante « atteigne son vingtième âge » c’est à dire deux mille ans, « contrée
d’Italie » c’est à dire une région précise d’Italie qui s’identifie facilement dans le contexte de la
prédiction avec la région d’Italie par excellence( contrée vient du latin contracta, régio, région et
contra, contre, c’est à dire pays en face.), à savoir la région où siègent les autorités ecclésiastiques
romaines, le Vatican, le centre du christianisme occidental, du catholicisme, « trébuchera » c’est à
dire perdra l’équilibre en marchant, parce que choisissant un mauvais chemin qui est celui de
l’Apostasie, parce que ce centre sera aveuglé par le péché.
Pour « trébucher », il faut « marcher durant la nuit », comme le fait le clergé en suivant le
chemin qui conduit à ce fils de ténèbres qu’est l’Antipape germanique, il faut « ne pas avoir la
lumière » en soi (Jean XI 10) comme c’est le cas de ceux qui, préférant « l’Antipape germanique » à
la véritable papauté, rejettent la lumière du Christ.
On trouve un début d’explication de cette idée de « deux mille ans » dans le commentaire de
Cornelius a Lapide composé en 1623 sur le verset 5 du chapitre XX de l’Apocalypse (publié par
l’Abbé Zins dans son ouvrage L’Antéchrist, Ed. D.F.T., p.43-50 » qui s’inscrit bien dans l’esprit de la
pensée médiévale prophétique, qui explique par les Saintes Écritures et la Tradition patristique,
que l ‘Église militante durera « deux mille ans ». Selon la Tradition Prophétique rapportée par
Cornelius a Lapide, après ces « deux mille ans » appelés par les anciens « le temps de la Loi de la
grâce et du Christ », on sort du sixième millénaire, sans pouvoir savoir combien d’années il reste
après le sixième millénaire dans la direction du septième millénaire pour arriver à la fin du monde.
Les deux premiers millénaires sont « le temps de la Loi de nature » de Adam à Abraham
(comprenant « le premier âge » de Adam à Noé qui correspond au premier jour de la création dans
le chapitre I de la Genèse, « le deuxième âge » de Noé à Abraham qui correspond au deuxième
jour de la création), le troisième et quatrième millénaire sont « le temps de la Loi mosaïque » de
Abraham à la Nativité du Christ (comprenant « le troisième âge » de Abraham à David qui
correspond au troisième jour de la création, « le quatrième âge » de David à la déportation des juifs
à Babylone qui correspond au cinquième jour de la création) ; les deux millénaires qui suivent sont
« le temps de la grâce et du Christ » de la nativité de Notre Seigneur aux derniers temps de l’Église
(à savoir le sixième âge correspondant au sixième jour de la création) ; et le septième millénaire est
le temps qui va des derniers temps de l’Église à la fin du monde (ce septième âge court ainsi avec
le sixième et correspond au dernier jour de la création.).
Du point de vue des prédictions dites de Merlin, la fin du « temps de la Loi de la grâce et du
Christ » est marquée par conséquent nécessairement par le grand schisme final provoqué par
l’Antipape antéchristique, le Faux Prophète de l’Apocalypse, car ce grand schisme conduit par
définition à l’éclipse de la Papauté et même de toute l’Église militante, pour permettre le règne de
« l’Antéchrist-personne ».
Insistons sur le fait que les prédictions dites de Merlin comme les commentaires érudits de
Cornelius a Lapide, en ce qui concerne la venue des grandes forces antéchristiques pour la fin du
« temps de la Loi de la grâce et du Christ » ne font que reprendre ici la Tradition Prophétique de
l’Église.
Ces données étaient acquises dans la période médiévale et pas seulement dans Prophétie
Merlini retranscrite dans la Chronique de Geoffey de Monmouth. C’est ainsi, par exemple, que
« Thomas l’Anglais et Nicolas de Gorran (au XIIIème siècle) s’accordent à découper les sept âges du
monde suivant les données traditionnelles : le sixième âge est pour eux celui de la grâce (et du
Christ) qui s’étend depuis l’avènement du Christ jusqu'à celui de l’Antichrist » (cf. Henri de Lubac,
Exégèse médiévale, les quatre sens de l’Écriture, Tome IV, Ed. Desclée de Brouwer, Paris, 1993, p.
332).
Dans le même sens, il convient de se référer aux conférences sur les six jours de la création,
prêchées en 1273 par saint Bonaventure (traduites récemment par Marc Ozilou, coédition
Desclée/les éditions de la Coupole, Paris, 1991, sous le titre : L’œuvre de saint Bonaventure, les six
jours de la création, p. 344) ou saint Bonaventure dans sa quinzième conférence sur les signes de
l’Antéchrist confirmant la pensée de saint Augustin (St Augustin, Trinité IV, 4, 7 : « le sixième âge
commence avec la nativité du Seigneur »), écrit : « Au sixième jour (Genèse I, 31) l’homme fut établi
au-dessus des animaux. Ce qui correspond à l’ancienneté qui est l’âge mûr et apte de la sagesse, et
au sixième âge qui dure du Christ jusqu’à la fin du monde (jusqu’à la fin du monde dans la mesure
où saint Bonaventure nous dit que « le septième âge court en même temps que le sixième »). Le
Christ est né au sixième âge, crucifié au sixième jour et conçu au sixième mois après la conception
de Jean. La sagesse s’est incarnée au sixième âge (...) le septième âge court avec le sixième, c’est à
dire le repos des âmes après la passion du Christ » (et on pourrait ajouter : après la passion de
l’Église).
Saint Bonaventure poursuit : « Ces jours sont suivis par le huitième âge c’est à dire celui de la
résurrection (...) le huitième âge se ramène au premier parce qu’après le septième jour, on revient
au premier. Telles sont les semences répandues pour l’intelligence des Saintes Écritures (...) selon
l’exposition commune. Le temps, donc, se divise en sept âges » (Ibid. p. 344-345).
Ne pas comprendre cela, c’est ne pas pouvoir comprendre les Saintes Écritures comme le dit
saint Bonaventure à plusieurs reprises : « Il faut noter que comme Dieu fit le monde en six jours et
se reposa le septième, ainsi le corps mystique du christ parcourt six âges et un septième qui court
en même temps que le sixième, plus un huitième. Ces âges sont les raisons séminales pour
connaître les Écritures » (ibid. p. 343) ; ou encore : « selon les saints modernes et anciens, on
distingue trois temps, c’est à dire celui de nature, celui de la Loi écrite et celui de la Loi de la grâce
(...). La Loi est triple, intérieurement écrite comme Loi de la nature, extérieurement proposée
comme Loi écrite et supérieurement infuse comme Loi de la grâce. Telles sont les graines c’est à
dire les temps, mais celui qui les ignore ne peut venir au mystère des Écritures » (ibid. p. 346-347).
A fortiori, ne pas savoir cela, c’est ne pas comprendre les raisons qui ont déterminé les
prédictions dites de Merlin à annoncer pour la fin du XXème siècle, la chute de l’église officielle
romaine par l’Antipapauté antéchristique. En effet, l’auteur de ces prédictions s’appuyant à ce sujet
sur le sens de la Prophétie Biblique et sur toute la Tradition Prophétique, est parti du principe
fondé par « les saints modernes et anciens » que « le temps de la grâce et du Christ » doit durer
deux mille ans, comme « le temps de la Loi de nature » et comme « le temps de la Loi mosaïque »
ont duré environ chacun deux mille ans pour établir que « le grand schisme final » des derniers
temps de l’Église doit arriver nécessairement tout à la fin « du temps de la grâce », c’est à dire peu
de temps avant l’an deux mille, dans la seconde moitié du XXème siècle, d’où la prédiction : « Avant
que « l’Église militante atteigne son vingtième âge », « contrée d’Italie trébuchera ».
L’expression « contrée d’Italie » désigne bien, à n’en pas douter, le Vatican et ceci pour trois
raisons. La première raison est liée tout simplement au sens littéral du texte prophétique
proprement dit. Il ne peut s’agir que du Vatican, car la prédiction s’inscrit dans le cadre de
l’avènement de l’Antipapauté antichristique, qui par définition, selon la Tradition Prophétique
reprise par Merlin, fera trébucher la Rome chrétienne, toute l’église officielle romaine. Par ailleurs, la
prédiction se donne ici comme objectif de faire comprendre les tribulations du « Vrai Pontife » dont
l’exil est consécutif (selon la Tradition Prophétique reprise par Merlin) au règne de « l’Antéchrist-
antipape ».
La troisième raison indiquant que « contrée d’Italie » qui « trébuchera » désigne bien le
Vatican dans la prédiction de Merlin que nous commentons, est liée au fait que cette expression,
comme on va le démontrer, a été construite sur le modèle de l’expression « Jérusalem trébuchera »
qui se trouve dans le livre d’Isaïe (Isaïe III, 8-9) : « Oui, Jérusalem trébuchera et Juda tombera : car
leurs paroles et leurs oeuvres sont contre Yahvé, pour braver les regards afin d’irriter les yeux de
sa majesté. L’air de leur visage témoigne contre eux. Ils publient leurs péchés comme Sodome, ils
ne les dissimulent pas. Malheur à eux ! Car ils se préparent eux-mêmes le mal ».
En effet, Jérusalem est la contrée par excellence du Royaume de Juda où siège le
gouvernement de la Synagogue officielle, comme Rome seconde Jérusalem terrestre avec son
Temple le Vatican, est la contrée par excellence de l’Italie, et même la contrée par excellence de
tous les chrétiens, de toutes les nations qui comme le royaume de Juda ont appartenues à Notre
Seigneur, dans la mesure où Rome est la ville sainte, lieu de pèlerinage.
Comme Jérusalem qui a été gravement infidèle à Yahvé avec tous ses prêtres et ses chefs
d’une manière générale, Rome selon Merlin, va tomber dans l’apostasie avec tout son clergé.
Yahvé ne peut donc regarder Jérusalem infidèle sans avoir les yeux irrités par le dégoût, la colère
ou la douleur, comme le Vrai Pape exilé annoncé par Prophetie Merlini, ne peut regarder Rome
devenue à son tour apostate, sans avoir envie de vomir, de s’emporter ou de pleurer.
En nous disant que « le Pape n’osera regarder Rome », Merlin ne veut pas seulement établir
un rapport analogique entre Lot (n’osant regarder Sodome dans sa fuite) et le Vrai Pontife en exil, il
veut nous montrer la sainteté du Vrai Pontife exilé qui porte sur l’église officielle romaine devenue
apostate le même regard que Notre Seigneur, tant il est vrai que cette sainteté ne sera pas perçue
par les catholiques fidèles de son temps.
De même que Jérusalem et Juda dans leur infidélité sont fiers de leurs péchés et exposent
leur révolte contre Dieu aux yeux de tous, de même Rome infidèle et les nations toutes apostates
(sous le règne du Vrai pontife, ce dernier ne pouvant s’établir nul part) sont fiers de leurs péchés et
exposent leur révolte contre Dieu aux yeux de tous. Qu’on ne s’imagine pas la Rome devenue
apostate cacher son opposition à la Rome fidèle d’autrefois, elle la revendiquera avec fierté ; elle
ira, par exemple, en se félicitant, demander pardon aux pires ennemis de l’Église, pour la soi-disant
méchanceté de la Rome fidèle d’autrefois, quand elle ne poussera pas les nations apostates à
persécuter avec elle les vrais catholiques.
Comme Jérusalem qui a rejoint ainsi Sodome dans l’ignominie, Rome sera semblable à
Sodome, en devenant la ville de tous les vices, scandalisant Notre Seigneur, tous les saints du Ciel,
les catholiques fidèles, à commencer par le Vrai pontife. Dès lors, le châtiment de la Rome apostate
est aussi inévitable que le châtiment de Jérusalem infidèle. En prenant pour chef « l’Antipape
germanique » selon Merlin, elle ne voit pas qu’elle a choisi l’instrument de sa ruine, de sa
désolation, de sa perte. Ils préparent leur malheur ceux qui suivent cet impie.
« Malheur au méchant ! car il se portera mal, s’écrit ensuite Isaïe, car selon l’œuvre de ses
mains il lui sera rendu. Les préposés de mon peuple sont des capricieux et des exacteurs le
gouvernent. Mon peuple, ceux qui te dirigent, t’égarent ; ils embrouillent la voie de ta marche.
Yahvé se dresse pour plaider. Il est debout pour juger son peuple. Yahvé entre en jugement avec
les anciens de son peuple et ses princes : car c’est vous qui avez ravagé ma vigne, et la dépouille
du pauvre est dans votre maison. De quel droit écrasez-vous mon peuple et broyez-vous la face
des pauvres, Oracle du Seigneur Yahvé des armées » (Isaïe III 11-15).
C’est manifestement là tout le blâme que porte Yahvé à l’encontre des chefs de Juda. Force
est de constater que Merlin dépassant ce sens historique, s’élève au sens spirituel, au sens le plus
élevé de la Prophétie d’Isaïe, et perçoit les chefs de Juda comme la préfiguration des autorités
ecclésiastiques romaines et des autorités civiles au sein des nations apostates, entraînant au XX ème
siècle les membres de l’église officielle romaine dans l’apostasie.
Mieux encore, Merlin perçoit surtout dans le verset « les préposés de mon peuple sont des
capricieux et des exacteurs le gouvernent » les membres du clergé romain et leurs théologiens
modernes parce que les pères de l’Église, et en particulier Théodoret de Cyr (393-466), estiment
que Isaïe dans ce passage « accuse les prêtres et les docteurs (de son temps) » (Théodoret de Cyr,
Commentaire sur Isaïe, Tome I, Ed. du Cerf, Paris, 1980, p.217 ; interprétation partagée par Eusèbe,
quant à Chrysostome, il voit là un procédé chez Isaïe consistant à ne pas blâmer tout le monde
indistinctement, mais à séparer le peuple de ses chefs en laissant retomber les accusations sur leur
tête, et prend comme exemple Moïse blâmant Aaron, le premier souverain pontife. J. Chrysostome,
Commentaire sur Isaïe, Ed. du Cerf, Paris, 1983, p. 173).
Considérant ainsi les ministres du culte sous l’Ancienne Alliance qui ont péché gravement
contre Notre Seigneur dans les derniers temps de l’Église, Merlin discerne dans ce verset, le clergé
romain, avec ses évêques, ses cardinaux notamment, frappés de cécité spirituelle, accomplissant la
politique de « l’Antipape germanique », servant ainsi sans s’en rendre compte les desseins de la
synagogue de Satan. Il s’agit de chefs qu’on ne peut pas raisonner car ils sont capricieux, efféminés,
d’une extrême mollesse, sans consistance, pour tout ce qui concerne la défense des âmes. Merlin
comprend que ces versets bibliques visent également et a fortiori, « l’Antipape germanique » et sa
secte, les membres de « la Synagogue de Satan » infiltrés jusqu’au sommet de la hiérarchie
ecclésiastique, qui eux sont conscients du mal qu’ils portent contre le Dieu des chrétiens.
Tout ce monde impie des moins mauvais jusqu’aux plus mauvais, peut compter sur le
soutien des gouvernements apostats des nations apostates. Il exerce une autorité qu’il n’est plus en
droit d’exercer sur les catholiques parce qu’il est inspiré par Satan. Il dépouille en douceur les
catholiques de leurs biens (à commencer l’enlèvement des vrais sacrements, la mise à l’écart des
bons pasteurs dont le Vrai Pape), commet toutes sortes d’exactions et persécute les catholiques
fidèles qui osent lui résister.
Ainsi les âmes du bon Dieu se meurent de ne pouvoir grandir spirituellement, d’être
empoisonnées par de faux sacrements, par des paroles mensongères, à cause de la méchanceté
de ce clergé, et se comportent sans véritable vie spirituelle, mûres pour recevoir « l’Antéchrist-
personne ». Quant à ceux qui veulent rester fidèles au Seigneur, ils sont réduits par ce clergé à vivre
leur foi dans des conditions misérables, sont véritablement broyés à l’image du Vrai Pontife exilé,
se sentent orphelins et nus dans la mesure où le vrai pontife exilé leur est caché, et le vrai Pontife
est devenu par son bannissement à vie, on le verra, plus pauvre que les pauvres.
Les pauvres demandent justice et le jugement de Notre seigneur à l’égard des bourreaux
occupants l’église officielle romaine est déjà décidé : les maux qu’ils ont fait vont leur être rendus.
A la tête d’un clergé aussi criminel qui détruit la Sainte religion et pousse les âmes vers
l’enfer, il ne peut pas y avoir un vrai pape, un bon pasteur, un vrai prophète, mais bien plutôt un
antipape, un loup ravisseur, un Faux prophète. Telle est la déduction de Merlin qui en raison de sa
foi vraiment catholique ne pourrait s’en prendre à la manière protestante à la Sainte Papauté.
Cette déduction est confortée par le début du chapitre III du livre d’Isaïe, qui précède juste
les passages bibliques que nous venons de citer : « Oui, voici que le Seigneur Yahvé des Armées
enlèvera de Jérusalem et de Juda appui et soutien, tout soutien de pain et tout soutien d’eau ; le fort
et l’homme de guerre, le juge et le prophète, le devin et le vieillard, le chef des cinquante et le
vénérable de visage et le conseiller et l’habile d’entre les architecte et celui du langage mystique.
« Et je leur donnerai des enfants pour princes, et des efféminés (des capricieux) les
dominent. Et le peuple se précipitera, l’homme sur l’homme, et chacun sur son prochain ; l’enfant se
soulèvera contre le vieillard, et le plébéien contre le noble. L’homme prendra son frère né dans la
maison de son père, disant : – Tu as un vêtement, soit notre prince (chef) et que cette ruine soit
sous ta domination ! – il répondra en ce jour là disant : – Je ne suis pas médecin, et dans ma
maison, il n’y a ni pain, ni vêtement, ne m’établissez pas prince du peuple » (Is. III 1-7).
De même que Yahvé a enlevé de Jérusalem et de Juda les hommes de qualité, les meilleurs
éléments qui font leur dignité, de même Notre Seigneur enlève de la Rome infidèle et des nations
apostates, les hommes de qualité, les meilleurs éléments qui font la dignité de l’Église officielle
romaine.
A fortiori, Notre Seigneur, estime Merlin, doit nécessairement enlever la Sainte Papauté de
l’église officielle romaine, tant il est vrai que le pape, selon Merlin, est tout à la fois dans la Sainte
Église, celui qui a la force, l’esprit de croisade, l’autorité pour juger, l’intelligence des signes des
temps, l’expérience, etc.
L’enlèvement du Vrai Pape a pour conséquence la division des catholiques entre eux : « Le
peuple (de Dieu) se précipitera homme sur homme et chacun sur son prochain », et les catholiques
à l’image des juifs de l’Ancienne Alliance (Is. III 5-7) ne peuvent plus désormais trouver un chef
pour les guider comme il faut, capable de les guérir intérieurement (« je ne suis pas médecin »), de
les nourrir spirituellement (« il n’y a ni pain »), et de les protéger (« il n’y a ni vêtement »), comme le
ferait un père (Pape du nom grec Pappas, c’est à dire Père) pour ses fils.
C’est bien d’ailleurs dans ce sens là qu’il convient de comprendre le message de Notre
Dame de Quito du 2/2/1634 (ces révélations ont été reconnues par les autorités ecclésiastiques, cf.
Pour l’historique, Yves Chiron, Enquête sur les apparitions de la Vierge, Perrin/Mame, 1995, p.103) :
« Durant une grande partie du XX ème siècle (entendre la deuxième moitié de ce siècle, chronologie
confirmant celle de Merlin) (...) les vocations se perdront, ce sera une véritable calamité. Les
prêtres s’écarteront de leurs devoirs sacrés et dévieront du chemin tracé par Dieu. Alors, l’Église
subira la nuit obscure À CAUSE DE L’ABSENCE D’UN PRÉLAT ET D’UN PÈRE QUI VEILLE AVEC
AMOUR, FORCE ET PRUDENCE (il ne peut s’agir ici que du pape nécessairement, qui est à la fois
prélat et père, ajoutons-nous –qui a été arraché à la vue des siens, ce qui ne veut pas dire que le
Siège de Pierre est vacant : le Pape dans son exil caché n’a fait que s’absenter. L’expression ici nuit
obscure indique qu’il s’agit d’un temps de ténèbres. Or il convient de discerner seulement trois
temps de ténèbres, le premier va de la mort du Christ à sa résurrection, le second va de la mort
mystique de la Papauté à sa résurrection et le troisième va de la mort des deux témoins de
l’Apocalypse à leur résurrection : il s’agit donc ici du deuxième temps de ténèbres), et beaucoup
d’entre eux perdront l’esprit de Dieu en mettant en grand danger leur âme » (cf. Revue Fideliter n°
66, novembre-décembre 1988, où se trouvent ces révélations dans leur intégralité).
Il convient donc de penser que le Vrai Pape est caché aux catholiques, cette non-visibilité
n’impliquant pas nécessairement vacant le Siège de Pierre. Bien au contraire, selon Merlin, et on
verra plus loin les autres raisons qui nous poussent à penser que c’est bien là le sens de sa
prédiction, Notre Seigneur enlève de l’église officielle romaine le Pape, c’est à dire le Vrai Prophète
par excellence de la Nouvelle Alliance, pour le protéger, comme Dieu par une angélophanie a
enlevé Lot de Sodome pour le protéger, parce que l’Église officielle romaine est investie par
l’ennemi, comme Sodome a été possédée par Satan, parce que la vie du Pape est menacée dans
sa propre maison, comme la vie de Lot a été menacée jusque dans sa maison par les sodomites.
Merlin pense tout autant, on le verra, que Notre Seigneur enlève à la suite du Vrai Pape, les
catholiques fidèles, les vrais sacrements de l’Église officielle romaine, c’est à dire les pousse à se
couper à la suite de leur chef, le Pape, de cette église maudite, comme Il a entraîné la famille de Lot
également à se couper de Sodome.
L’église officielle romaine ainsi a perdu toute autorité apostolique, n’a plus à sa tête la Sainte
Papauté, le bon pasteur, mais des êtres immatures et efféminés, de mauvais pasteurs, de mauvais
conseillers, des fils de ténèbres, un clergé pourri n’ayant plus l’Esprit-Saint. Tel est le joug des
chrétiens de cette époque, devant supporter également d’être pourri, n’ayant plus l’Esprit-Saint. Tel
est le joug des chrétiens de cette époque, devant supporter également d’être dominés par des
états corrompus au sommet : « Et, je leur donnerai des enfants pour princes, et des efféminés les
domineront ».
Cette prophétie d’Isaïe interprétée ainsi par Merlin en son sens spirituel, présente deux
particularités : premièrement, c’est la seule qui commence (dans le livre d’Isaïe) par une promesse :
« Et il y aura » (Isaïe II, 2), d’où l’expression « il y aura » dans Prophetie Merlini ici. Secondement,
l’expression « dans les derniers temps » (Isaïe II, 2) qui désigne toujours, dans le langage
prophétique les Temps messianiques, permet à Merlin de faire légitimement de cette Prophétie,
une Prophétie éclairante pour « le temps de la grâce et du Christ » (pour retrouver le sens de cette
dernière expression, revenir sur ce que nous avons dit précédemment sur la Tradition de six mille
ans de durée d’histoire sainte).
Force est de constater, en effet, avec notamment l’abbé J.-B. Glaire, que « la Montagne du
Seigneur » au début du chapitre II du livre d’Isaïe, désigne du point de vue de la Sainte Doctrine,
« l’Église du Christ ». Dès lors, rien n’empêche avec Merlin, de voir dans la désolation de Jérusalem
au chapitre III du livre d’Isaïe, une préfiguration de la désolation qui selon la Tradition Prophétique,
doit frapper l’église officielle romaine vers la fin du « sixième âge » qui est celui du « temps de la
grâce et du Christ. » (cf. Note de l’abbé Glaire dans la Sainte Bible selon la Vulgate, Ed. D.F.T., 1992,
p.1066).
C’est encore dans ce sens-là qu’il convient de comprendre cet extrait des révélations de
Notre Dame de Quito, qui suit de près la citation que nous venons de faire : « la république
consacrée au très saint Cœur de mon divin Fils (...) parce qu’elle aura laissée entrer en elle tous
les vices, subira, toutes sortes de châtiments : la peste, la faim (en référence notamment à Isaïe,
« le Seigneur Yahvé des armées enlèvera de Jérusalem et de Juda (...) tout soutien de pain » Is. III, 1),
la discorde (« les gens se molesteront l’un l’autre, chacun sur son prochain » Is. III, 5), l’apostasie
(« Mon peuple ceux qui te dirigent, t’égarent » Is. III, 12), et la perte d’innombrables âmes (« Yahvé
rentre en jugement » Is. III, 14).
« Et pour dissiper ces nuages noirs qui empêchent le jour radieux de la liberté de l’Église ,
poursuit Notre Dame, il y aura une guerre affreuse ou coulera le sang des prêtres, des religieux... »
(Ibid., Fideliter n° 66). Force est de constater ici que la T.S. Vierge voit d’abord dans la guerre
terrible où le sang des prêtres coulera, un bienfait qui chasse « ces nuages noirs » que sont
notamment « l’apostasie et la perte d’un nombre incalculable d’âmes », qui bloquent « l’aurore
brillante de la liberté de l’Église », c’est à dire selon Merlin, le retour du Vrai Pape coincé dans son
exil, tant il est vrai que ce massacre est nécessaire, le clergé de la Rome païenne empêchant
l’Église de survivre, la succession de Pierre de continuer.
Cette désolation qui frappe l’église officielle romaine à la fin du XX ème siècle selon Merlin, est
manifeste avec la victoire de « l’Antichrist germanique » réussissant à « usurper le pontificat », c’est
à dire à se faire élire comme « Pape » par un conclave, mais sans avoir, malgré les apparences, la
légitimité juridique canonico-légale pour exercer la fonction de chef de l’Église.
Cet « Antichrist germanique », à n’en pas douter, est donc bien selon Merlin, un antipape qui
réussit par la ruse, à se faire passer pour « Pape », c’est à dire à se faire obéir de toute l’église
officielle du Vatican.
L’expression « Antichrist germanique » ne signifie pas, comme on pourrait le croire à première
vue, que cet antipape contraignant « le Vrai Pontife » à l’exil, est allemand. Cela signifie qu’il est issu
d’une certaine Germanie, et qu’il s’agit ici d’un « germain » c’est à dire d’un « barbare » du point de
vue de Rome, un « étranger » à l’Église qui n’a rien à voir par son paganisme, par son caractère
radicalement antichrétien, antichristique, avec le christianisme, avec Notre Seigneur même si ce
dernier, pour réussir à se faire passer pour « pape » donne l’apparence d’être un excellent
catholique, un Vrai dévot de Notre Dame.
Pour savoir avec précision de quelle « Germanie » il s’agit, il faudra recourir à l’exégèse
médiévale d’une manière encore plus approfondie, retrouver le raisonnement que l’auteur de
Prophétie Merlini a fait à partir des Saintes Écritures pour établir sa prédiction.
Eric Muraise, l’un des rares commentateurs de notre temps à s’être intéressé à Prophetie
Merlini, s’est approché de la vérité au sujet de « l’Antipape germanique » qui a provoqué, dit-il, un
schisme à l’époque du « grand pape errant » : « le mot germanique, ne signifie pas obligatoirement
allemand. Il peut être du Saint Empire Romain germanique, c’est à dire l’Allemagne, l’Autriche, la
Hollande, la Belgique, l’Italie du Nord, ou peut être appuyé par une certaine Germanie » (Eric
Muraise Voyance et Prophétisme, Ed. Fernand Lanovre, Paris, 1980, p.189-190 : l’une des grand
erreur de Muraise est de situer le grand Monarque pendant cette période, car le règne du grand
monarque correspond tout au contraire à un redressement de l’Église, et que ce qui permet à
Satan de s’emparer du Siège de Pierre, c’est précisément la mort mystique de la Royauté française
qui ne peut pas secourir par conséquent le pape, ce dernier devant se trouver comme le Christ,
abandonné par tous les siens).
Ce que Muraise appelle « Saint Empire Romain Germanique » a quelque chose à voir avec
« l’Antipape germanique » de la fin des temps. Seulement, ce qui pose problème dans l’analyse de
Muraise notamment, c’est le sens qu’il convient d’accorder à cette expression. Comme le dit Jean
Dumont : « à strictement parler et contrairement aux préjugés répandus, le pouvoir des Ottoniens
n’est pas reçu comme « romain » par les contemporains. Le seul « Saint Empire romain » désigné
comme tel dans les documents de l’époque est l’Empire byzantin. Et le pouvoir impérial des
Ottoniens est moins encore reçu comme « germanique ». Car il est tout autant « français » et « latin »
que « germanique ». L’empire des francs orientaux, comprenant la Germanie, l’Italie et la future
France du Sud-Est, de l’Est et du Nord ne prendra la qualification de « romain » qu’avec Conrad II
au XIème siècle. Il ne prendra le nom de « Saint Empire » qu’à la diète de Besançon en 1157. A cette
création aussi française donc, la Franche-Comté, le Charolais, la Lorraine, l’Alsace, l’Alsace, l’Artois,
le Cambrésis, le Hainaut, etc. appartiendront très patriotiquement jusqu’à environ la fin du XVII ème
siècle. Ce n’est qu’alors que ce « Saint Empire romain », amputé de ses territoires français (sauf la
Savoie), il ajoutera à sa dénomination la formule « de nation germanique ». Notre enseignement,
modelé à la fois sur la tradition capétienne et la tradition révolutionnaire, a systématiquement
gommé ces réalités, en parlant pour toutes les époques de « saint Empire romain germanique »
(Jean Dumont, L’Église au risque de l’histoire, Ed. Criterion, Limoges, 1984, p.70)
Ce que Muraise appelle « Saint empire germanique » a quelque chose à voir avec « l’Antipape
germanique » de la prédiction de Merlin, dans la mesure où Merlin appartient au XII ème siècle,
comme nous l’avons dit et connaît l’histoire de l’Église relative aux schismes provoqués par les
empereurs germaniques Henri IV et Henri V, ces derniers ayant mis en place une antipapauté et
combattant la véritable Papauté. Par ailleurs, Merlin doit être contemporain de « la lutte de
sacerdoce et de l’Empire » (pour comprendre cette période, cf. notamment Jean Chélini, L’histoire
religieuse de l’Occident Médiéval, Ed. Hachette, Paris, p.293 & 376, pour Henri IV et Henri V, cf. les
pages suivantes). Cet Empire du temps de Merlin était considéré par Joachim de Flore (v.1130-
1202) comme l’Empire des « nouveaux chaldéens » (le terme chaldéen s’applique aux pillards
araméens surgis du désert pour voler les chameaux et tuer les chamelier du saint homme Job ; la
dynastie fondée par Napolassar est dite néobabylonienne, mais aussi chaldéenne ; la Chaldée était
alors toute la Babylonie) qui frapperait l’église officielle romaine quand cette église sera devenue à
la fin des temps « une caverne de brigands ». Joachim déclara même à Richard Cœur-de-Lion qu’un
Antéchrist redoutable finirait à cette époque par occuper le siège pontifical. Quand la Papauté eut à
souffrir de l’empereur germanique Frédéric II, le crédit de Joachim de Flore n’en fut que plus grand
(Eric Muraise, Voyance et prophétisme, op. cit., p.111). Les papes Grégoire IX et Innocent IV
présentèrent cet empereur comme l’antéchrist dans des bulles très officielles, et l’expression ne
constituait pas pour eux une simple figure de rhétorique (A. Vauchez, Saints, prophète et
visionnaires, op.cit.p.111). Pour les spirituels italiens, ce châtiment du clergé par l’empire, quoique
mérité et indispensable à la réalisation de la Troisième Ere (celle relative au règne social du Christ),
n’en demeurait pas moins une oeuvre diabolique, et l’Empereur était également l’Antéchrist et le
Saint Empire germanique était également Babylone (cf. Norman Cohn, Les fanatiques de
l’Apocalypse, Payot, Paris, 1983, p.117). Derrière toutes ces conjectures, se trouvait Prophetie
Merlini et son antéchrist germanique, prédictions autour desquelles, rappelons-le, s’organisa « le
grand cycle prophétique de la fin du Moyen Age » (B. Guenée, Les Etats, op. cit., p. 108). C’est
encore avec l’idée que l’Antipape de la fin des temps sera germanique qu’ont été effectuées les
prédictions dites de saint Cyrille disant ceci :
« Avant que l’église soit renouvelée, Dieu permettra que le trône de Pierre soit vacant.
L’empereur germanique plein de confiance en sa force et sa puissance, voudra bien instituer un
pape à sa façon (entendre ici un pape d’obédience germanique) ; mais les membres du Sacré
Collège s’y reposeront. Alors, l’aigle noir lèvera une grande armée, non seulement de germains (la
traduction française remplace ici le mot germain par allemand comme si cela allait de soi), mais
aussi d’étrangers, ses alliés. Cette armée ayant l’aigle noir en tête (l’antéchrist selon l’esprit de la
prédiction) entrera dans Rome où elle s’installera et mettra en captivité un grand nombre de
prélats et de religieux. Elle en fera mourir des foules par des tourments cruels et divers... » (Michel
Servant, veillez et priez Ed. Michel Servant. T.R.C., St-Germain en laye 1972. p. 310).
Nul doute que ces prédictions si elles n’ont pas été fabriquées après coup, se sont déjà
réalisées, et constituent une falsification de la Tradition Prophétique pour faire correspondre cette
Tradition à un contexte historique désormais terminé. L’auteur était persuadé qu’il vivait à la fin des
temps lorsque l’empereur germanique Barberousse s’attaqua au pape Alexandre III, au point de
vouloir instituer un pape puis toute une série de papes à sa façon (« Barberousse désigna antipape
sur antipape au fur et à mesure que ses créatures disparaissaient : Pascal II, Calixte II, Innocent III),
déchaînant ainsi la colère des membres du Sacré collège. En réaction à cette colère, Barberousse
leva une grande armée, comptée non seulement de germains, mais aussi d’étrangers ses alliés, et
en 1167, il s’empara de Rome et pilla la ville. Après avoir attaqué Saint Pierre au feu grégeois et
massacré, sur le tombeau même de l’Apôtre, ceux qui résistaient, il se fit couronner de nouveau
empereur par l’antipape Pascal III (cf. Jean Chélini, pour ce qui concerne la partie purement
historique sur Barberousse, Histoire religieuse de l’Occident Médiévale, Ed. Hachette, paris, 1991, p.
302).
L’erreur de Servant (pseudonyme de Jean Marty) a été de prendre ces prédictions pour des
prédictions dignes de confiance et vraiment valables pour discerner ce qui va se passer bientôt
dans l’Église, alors qu’en réalité, il s’agit de prédictions vraisemblablement forgées post eventum
par une véritable officine au service de la Papauté contre l’empereur, et qui sont dirions-nous pour
reprendre les termes de l’historien Alphandéry (cité par Vauchez Ibid., p. 129) « des apocalypses
de factions ». Mais ne commettons pas l’erreur inverse de penser que ces prédictions n’ont rien à
voir avec la Tradition Prophétique médiévale authentique et qu’elles ne sont pas dignes d’intérêt
pour savoir notamment d’où sera issu l’Antéchrist-antipape. Ces prédictions sont en effet une
falsification de la Prophétie biblique, l’auteur s’imaginant être dans les derniers temps de l’Église et
estimant que l’apostasie au sein du clergé romain à la fin des temps se fera par la violence, ce en
quoi il se trompe grandement, puisque cela doit se faire sans la force des armes, par infiltrations
(secrètes) d’agents étrangers à l’Église dans les plus hautes sphères de la hiérarchie de l’église
officielle romaine, si on suit convenablement le sens mystique des Saintes Écritures.
Ce qu’il y a de bon à retenir, c’est que l’Antipape de la fin des temps par excellence sera
germanique, sera envoyé par une très grande puissance politique diabolique qui, par son
intermédiaire, une fois que le futur Antéchrist-antipape dominera toute l’église officielle romaine,
persécutera les prélats et les religieux notamment ceux qui ne reconnaîtront pas l’autorité du
Vatican qui aura perdu la Foi. Toute la question est de savoir maintenant de quelle Germanie
l’Antéchrist-antipape est issu. La solution à ce problème est d’ailleurs tellement simple et facile à
déterminer (à condition toutefois d’avoir un minimum de connaissance en Herméneutique sacrée)
que bien des commentateurs de prédictions s’étonneront de n’avoir pas compris.
La bonne réponse, la voici, elle est incisive et aidera les indécis à se vider de leurs dernières
illusions quant à l’identité de l’actuel occupant du Siège de Pierre :
Comme l’explique Guenée, « l’Antiquité avait bien légué des noms de peuples et de pays aux
siècles postérieurs. Sous les romains, par exemple, le Rhin séparait les Galli des Germani, la Gallia
de la Germania. A la fin du XIIIème siècle, ces vieux mots savants subsistent ; mais ils ne survivent
plus que par l’érudition de quelques clercs ; leur emploi est rare ; princes et peuples ne s’y
reconnaissent pas. Par contre, depuis le début du Moyen Age, de nouveau noms (pour nommer
des régions géographiques) avaient surgi, issus des peuples mêmes » (Guenée, les Etats, op.cit., p.
114).
Or justement, le langage prophétique qui est le langage des savants, ne répugne pas à se
servir du langage de l’Ancienne Alliance pour traduire des réalités de la Nouvelles Alliance, et du
langage de la Rome antique, pour décrire une situation historique à venir (on trouve un exemple
typique de cela dans les prédictions dites de saint Anselme, évêque du Sunium, au XIII ème, cf. Albert
Marty, Alerte au monde, Nouvelles Ed. Latines, Paris, 1969, p.117 - prédictions dont nous livrerons
le sens caché au chapitre III).
La raison de cela est aisée à saisir : il faut impérativement user de ces langages pour que le
sens de la prédiction en tant que juste interprétation du sens mystique des Saintes Écritures ne
soient pas à la portée de tout le monde ou plus précisément « des chiens et des porcs » (Matthieu
VII 6).
Les romains (de la Rome antique) appelaient « Germanie » et parfois « grande Germanie » ou
« Germanie barbare » (Germania magna ou Germania barbara) toutes les régions, très mal connus
d’eux, qui, s’étendaient à l’Est du Rhin et au Nord du Danube (cf. Michel Mourre, Dictionnaire
encyclopédique, Bordas, Paris, 1978). En clair, quand Merlin veut dire que l’Antéchrist-antipape est
germanique, il veut dire notamment qu’il est issu de cette Germanie-là, c’est à dire de ce que nous
appelons actuellement les pays de l’Est, en englobant tout spécialement la Pologne, l’actuelle
Pologne étant en plein cœur de la Germania barbara des romains du IVème siècle. Après le début du
IVème siècle, les slaves avançaient avec continuité, et au temps de Charlemagne, ils arrivaient
jusqu’à l’Elbe. Ce que nous avons pris l’habitude de considérer comme le cœur de la Germanie
était devenu slave et profondément colonisé par les slaves (cf. Henri Hubert, Les Germains, Ed.
Albin Michel, Paris, 1952, p. 18) D’autre part si l’auteur de Prophetie Merlini a pris pour nom Merlin,
c’est à dire le nom d’un personnage légendaire du Vème siècle, c’est peut-être pour nous indiquer les
slaves en particulier.
C’est la seule explication logique, pour le moment qui nous permet de comprendre la raison
pour laquelle la contre-tradition prophétique ou plus précisément la doctrine palladique (le
Palladisme est l’appareil de « Haute-Maçonnerie Universelle », secte luciférienne fondée par les
lucifériens Albert Pike (1809-1891) et Guiseppe Mazzini (1805-1872), qui a pour objectif principal la
destruction du Catholicisme romain et l’établissement « sur le globe terrestre de la religion de
Lucifer ») enseigne dans le livre Apadno dès la fin du XIXème siècle et dans un conciliabule d’août
1871, la venue à la fin du XXème siècle d’un « pape slave » au Vatican éclairé par « la lumière divine »
qui est celle de Lucifer, ce dernier devant être installé sur le Siège de Pierre selon le conciliabule
d’août 1871, au plus tard en 1996. Cette contre-tradition enseigne également que cet antipape
usurpera le pontificat du « Pape-errant » qui ira se réfugier chez les orthodoxes et rentrera
« quelques temps dans les ténèbres » (La Contre -Tradition prophétique reprends ici à sa façon la
thèse de la survivance de Paul VI qui dit que « le pape slave » Wojtyla appelé illégitimement « Jean-
Paul II » est un luciférien, un antipape de la pire espèce, et qui dit que Paul VI est le pape qui est
encore en vie, caché dans son exil, sous le pseudo-pontificat de Wojtyla, à la seule différence
qu’elle fait du sixième successeur de Pie IX, à savoir Jean XXIII, « le pape errant » (cf. Docteur
Bataille, Le Diable au XIXème siècle, Ed. Emile Colin, Paris, 1872, Tome 2, p. 603-605, 928-936. On
trouve l’idée que le pape-martyr ira se réfugier chez les orthodoxes également dans les prédictions
médiévales dites du Capucin, qui font « du successeur désigné de saint Pierre », du successeur
désigné par le vrai pape pour devenir pape à son tour, « un orthodoxe » converti, ayant appartenu
« corps et âme à l’église orientale » : cf. Pierre Carnac, Prophéties et prophètes de tous les temps,
Ed. Pygmalion, Paris, 1991, p. 149 & Les révélations au cours d’exorcisme de Suisse, cf. les Ed.
D.F.T.).
Dans le même sens, Jules Slowacki (1809-1849), surnommé par Mickiewicz « le Satan de la
poésie » (Grand dictionnaire universel du XIXème siècle, n° XIV première partie), voit un antipape
slave au Vatican pour le XX ème siècle : étant luciférien, Slowacki jubile de le voir arriver pour ce
siècle :
« Au milieu des discordes, le Seigneur Dieu (en langage luciférien, entendre Lucifer) rappelle
sa présence. Voici le son de la grosse cloche (de l’enfer), le trône est préparé pour le pape slave.
Lui ne fuira pas devant le glaive (il ne craint pas le glaive de Notre Seigneur Jésus Christ = Apoc. I
16), il se présentera avec courage comme le seigneur (sous entendu en langage luciférien, Lucifer).
Le monde pour lui, c’est poussière (sous entendu, il n’a que du mépris et c’est bien pour tous les
membres « de la superstition romaine » qui croient qu’il est réellement pape et qui le vénèrent). Sa
parole, lumière des foules (référence à l’aspect charismatique de l’Antéchrist-antipape qui séduira
non seulement la presque totalité des chrétiens, mais aussi les nations), entraîne les jeunes vers la
splendeur de Dieu (la jeunesse est une proie facile, la splendeur de Dieu, c’est à dire celle de
Lucifer). A sa prière, à son ordre le soleil s’arrêtera (le soleil c’est à dire la lumière de Notre
Seigneur qui éclaire son Église = cf.Apoc. XVI 12, référence à la devise du Lignum vitæ « de
l’éclipse du soleil »), et pas seulement les troupes (l’armée d’Adonaï, le Dieu mauvais des chrétiens,
c’est à dire en langage chrétien les armées de Yahvé, de Notre Seigneur), car la force fait le miracle
(exaltation de l’orgueil).Voici qu’il approche, ce dispensateur des forces nouvelles du monde (c’est
à dire non pas des forces venant de Notre Seigneur, mais du monde, des force de Satan, prince de
ce monde). A sa parole, le sang de nos veines drainera la lumière divine (la lumière de Lucifer
nous étant apportée par « le pape slave », ce dernier étant le faux prophète de l’Apocalypse qui
arrache les âmes et les corps à Dieu pour les donner à Lucifer). Sa parole crée, car la force c’est
l’Esprit (c’est un mensonge car seule la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu peut créer ; l’Esprit ici, ce
n’est bien évidemment pas l’Esprit-Saint), et il faut de la force pour soulever le monde ».
« Ce pape slave frères de tous (les franc-maçons...), poursuit « le Satan de la poésie, versera
le baume dans nos cœurs (le baume mêlé à l’huile sont la matière de la confirmation, ici il s’agit du
poison que verse l’Antipape dans les âmes, par sa doctrine hérétique). De son trône, des légions
d’anges (de démons) chasseront toute poussière (les catholiques fidèles et tous ceux qui lui seront
hostiles par amour de la vérité) avec des balais à fleurs (mépris affiché pour Suzanne, le lys qui est
l’Église de Notre Seigneur, cet antipape chassera par l’église officielle romaine les vrais catholiques).
Prenant les rennes du monde (l’hérétique dans l’Apocalypse est comparé à un cavalier qui monte
un cheval avec une balance = Apoc. VI, la monture de l’Antéchrist-antipape, c’est le monde
possédé par Satan), par la force des sacrements (l’Antipape de la fin des temps distribuant de faux
sacrements), par sa parole, « vol de colombe » (parce qu’il se fera défenseur de la paix,
certainement pas de la paix que veut Notre Seigneur, allusion à la colombe lancée par Noé, vers un
monde meilleur qui est ici celui de l’Antéchrist-personne), il annonce la douce nouvelle : l’esprit qui
illumine est là, adoré de tous (l’Antipape slave étant le Jean-Baptiste luciférien de l’Antéchrist-
personne, cet antipape annonce comme « bonne nouvelle » que le faux Messie, le Fils de Satan par
excellence est déjà sur la terre, pour recevoir des hommes leur soumission et adoration...) » (On
trouvera un extrait de ces prédictions lucifériennes notamment dans Jean Parvulesco, La Spirale
prophétique, Ed. Guy Trédaniel, Paris, 1986, p. 120. Il arrive que des wojtyliens, les catholiques
apostats prennent appui sur « ce beau poème » pour faire passer Wojtyla dit « Jean-Paul II » pour
un excellent pape. Si ces suggestionnés connaissaient la doctrine de Slowacki, ils se garderaient
bien de le montrer comme ils le font dans une déconcertante naïveté).
La raison de cette localisation géographique, à savoir faire venir l’Antéchrist-antipape des
pays de l’Est, des régions slaves, ou encore par-delà le nord Est de la France doit nécessairement
se trouver dans le sens mystique des Saintes Écritures :
Dans une première étape disons que l’Antéchrist-antipape doit venir de Magog (Apoc. XX, 7),
parce que cet antipape est un ennemi secret de Jésus Christ, qui dissimule ses intentions, qui agit
en dessous, qui porte un masque, s’est déguisé en brebis, en pape, alors que c’est un loup
ravisseur, un antipape, et parce que Magog signifie « de tecto, c’est à dire : ce qui sort de sous le
couvert, représente le démon lui-même et tous les ennemis secrets de Jésus Christ, qui cachés
jusqu’alors et agissant en dessous » finiront par être découverts, Magog signifiant « les adversaires
de l’Église qui luttent dans l’ombre » (R.P. de Monléon, Le sens mystique des Saintes Écritures,
Nouvelles Ed. Latines, Paris, 1984, p. 330).
Or, au chapitre XXXVIII, Ezéchiel évoque « Gog et le pays de Magog, prince de Rosch, et de
Tolbol ». « Du Xème siècle à nos jours (c’est à dire en somme bien avant Merlin), reconnaît Eric
Muraise (Ibid.p.98), tous les exégètes les identifient avec l’Empire russe ». R. Desplat ajoute : «... c’est
à dire, mot à mot, prince de Russie, de Moskov et de Tobolsk, les racines sémitiques, comme les
racines slaves étant à triple consonnes et les voyelles variables ; ce sont les mêmes mots ou sk
n’est qu’un suffixe » (cf. Desplat, Etudes et Exégèse ; dans la thèse de la survivance de Paul VI,
Wojtyla dit « Jean-Paul II » est membre du « parti ésotérique de Moscou », société secrète ayant
pour but de pourrir de l’intérieur les religions dites révélées ; cf. pour en savoir plus sur ce parti,
cassette André Figueras bavarde avec Raymond le Bourre, D.P.F. ; le document publié par Marie
Carré, sous le nom ES 1025 ou les mémoire d’un Anti-Apôtre, 1978, Ed. de Chiré, montre bien ce
qu’est la mentalité d’un agent de Moscou infiltré dans les plus hautes fonctions de l’Église. Que ce
document soit tombé entre les mains des catholiques fidèles est une grâce de Notre Seigneur pour
comprendre ce qui se passe sur le Siège de Pierre. Le roman d’André Figueras, Le camarade
cardinal, Paris, 1977, qui raconte la vie d’un infiltré dans l’Église peut également contribuer à cette
compréhension. Quand Notre Dame de Fatima dit dans la deuxième partie de son secret que « La
Russie (...) répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions
contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir », Elle fait
référence à la Tradition Prophétique médiévale qui dit que le Vrai Pape sera persécuté avec les
catholiques fidèles par l’Antéchrist-antipape envoyé par une très grande puissance se situant du
côté de la Germania barbara.)
Dans une dernière étape, disons que la germania barbara des romains, c’est la région
septentrionale par rapport à la France. Pour comprendre ce que cela signifie, il faut saisir le sens
mystique maintenant de « Sâfôn » (Nord) en hébreux (septante : boréas, Vulgate : septentrion).
« Sâfôn », c’est la partie du ciel opposée au midi, le côté où le soleil ne va pas, sauf dans les
latitudes polaires. Comme les anciens s’orientaient du côté du soleil levant, le mot semô’l,
« gauche », sert aussi quelque fois à désigner le Nord (Job XXIII 9). En un sens spirituel, Sâfôn
désigne une région où la lumière du Christ ne va pas, un état ou l’athéisme est paradoxalement
élevé au rang de religion d’Etat. C’est une région qui suit le chemin de la perdition.
Le mot sâfôn indique ordinairement la situation géographique (Num. XXXIV, 7), la direction
(Exod. XXVI 21), la partie septentrionale de la terre (Ps. LXXXIX, 13), et poétiquement le vent du
Nord (Prov. XXV 23). Il désigne aussi les dynasties asiatiques dont les armées déferlaient en
Palestine par le Nord (Is. XIV 31), et en général les royaumes septentrionaux par rapport à la
Palestine (Jer. XXV 26). Dans le livre de Daniel XI, 6, les rois du septentrion sont les Séleucides de
Syrie, à commencer par Antiochus IV dit « Epiphane », la plus grande préfiguration de l’Antéchrist-
personne, selon la pensée patristique. C’est également ce royaume du septentrion qui soutient le
pseudo-pontife Ménélas, la plus grande préfiguration de l’Antéchrist-antipape selon nous. C’est
également le royaume du Nord d’Israël qui porte Jéroboam, l’une grande préfiguration du pseudo-
pontife de la fin des temps comme on le verra plus loin avec le bienheureux Bernard de Bustis au
XVème siècle.
Il convient donc de penser que l’Antéchrist-antipape viendra de Sâfôn. Or si le Sâfôn désigne
dans le cadre de l’Ancienne Alliance les royaumes septentrionaux par rapport à la Palestine, en
revanche le Sâfôn doit désigner nécessairement dans le cadre de la Nouvelle Alliance les
royaumes septentrionaux par rapport à la France. Ceci s’avère d’autant plus pertinent que la
pensée médiévale catholique estime que la France a remplacé Israël dans l’économie du salut, la
royauté française n’étant rien d’autre que la continuité de la Royauté davidique (cf. Le Marquis de la
Franquerie, Ascendances davidiques des rois de France, Ed. Ste Jeanne d’Arc, Villegénon, 1984).
Dans ces conditions, le Sâfôn dont sera issu l’Antéchrist-antipape ne peut désigner
nécessairement que les royaumes septentrionaux par rapport à la France, et la boucle de notre
raisonnement est fermé puisque l’on tombe encore sur ce que nous appelons les pays de l’Est
(force est de constater que Wojtyla dit « Jean-Paul II » vient bien de ce sâfôn, et que par
conséquent Merlin ne s’est pas trompé, comme on pourrait le croire à première vue, en annonçant
un « antipape germanique » pour la fin du XXème siècle, c’est à dire venant des pays septentrionaux
par rapport à la France).
Cette emprise de « l’Antipape germanique » sur l’église officielle romaine est totale selon
Merlin. Pour démontrer cela, il importe de retenir l’expression « il y aura un Pape qui n’osera
regarder Rome ». Rome, c’est à dire toute la ville de Rome avec son temple le Vatican, Rome qui
de chrétienne qu’elle était sous la véritable papauté est redevenue païenne en se soumettant à
l’antipapauté antéchristique, Rome à savoir toute l’église officielle romaine qui vient de prendre le
chemin de la Synagogue déicide, en chassant le Vicaire du Christ.
En effet, ce passage n’est compréhensible que par l’analogie suivante : ce Pape contraint de
quitter Rome, « n’osera regarder Rome », comme Lot contraint de quitter Sodome, n’a pas osé
regarder Sodome (Genèse XIX 17-26).
Pour Merlin, le Vrai Pape de la fin des temps sera traité par l’ensemble des membres de
l’église officielle romaine, aussi étrange que cela apparaisse à première vue, de la même manière
que Lot a été traité par l’ensemble des sodomites, c’est à dire avec une férocité qui dépasse
l’entendement : « Mais il répondirent : –Retire-toi d’ici (...) tu es venu ici (...) est-ce pour t’ériger en
juge ? C’est donc toi-même que nous maltraiterons plus qu’eux ! Et il faisaient à Loth la plus grande
violence, et déjà ils étaient près d’enfoncer la porte (Genèse XIX 9).
Merlin considère ainsi que Rome c’est à dire l’église officielle romaine, est devenue semblable
par son rejet du « Vrai Pape » et sa soumission à « l’Antipape germanique » à cette ville maudite de
l’Ancien Testament qu’est Sodome, comme « Jérusalem infidèle » est devenue semblable à
Sodome.
A travers le cantique de Moïse (Deut. XXXII, 32) et les textes prophétiques des Saintes
Écritures, le nom de Sodome demeure le symbole de la perversion la plus extrême, celle que
Yahvé n’a pas pardonné : Isaïe (Is. III, 9) et Jérémie (Jr. XXIII, 14) dénonce comme égal à celui de
Sodome, le péché de Jérusalem : la faute de la ville sainte, prostituée, dont Sodome ne serait que
« la sœur cadette » (Ezéchiel XVI 46), est même plus grande encore (Lamentations IV, 6), et la
« grande ville » où le Seigneur a été crucifié, est tout à la fois « Sodome et l’Egypte » (Apocalypse XI
8), elle-même plus coupable que Sodome (Sagesse XIX14).
Merlin tient comme certain que « Rome » à savoir (on ne le dira jamais assez) l’église officielle
romaine et son gouvernement siégeant au Vatican, rejettera à la fin du XX ème siècle le Vrai Pape. En
persécutant ce denier plus sauvagement que tous les autres catholiques fidèles, cette église qui
s’inscrit faussement en continuité avec l’église officielle romaine antérieure à la victoire de
l’antipapauté de la fin du XXème siècle, qui n’a de la Sainte Église des Papes que l’apparence, a
rejoint totalement dans l’apostasie Jérusalem. Elle est semblable à la synagogue officielle déicide
qui a préféré rejeter le Messie en le crucifiant pour suivre à la place des êtres abominables comme
Caïphe.
En effet selon Merlin, qui rejette et persécute surtout le Vrai Pape de la fin des temps, Pape
plus grand que tous les autres papes de l’histoire, plus grand que saint Pierre, en raison de
l’intensité et de la longueur de son martyr, de l’aspect particulier de sa mission ou de la place qu’il
tient dans le Plan divin, rejette et persécute surtout notre seigneur Jésus-Christ, et devient par là
même déicide, partisan des pires ennemis du Christ.
En crucifiant « le Vrai Pontife », c’est à dire en réduisant ce Pape à la condition d’un dangereux
criminel en cavale (il ne s’agit pas d’un crucifiement à la manière de la Rome antique, mais à la
manière de la Rome apostate), tous les membres de l’église officielle romaine soumis à
l’Antipapauté antéchristique, c’est à dire tous ceux qui participent aux cérémonies religieuses de
l’église de « l’Antipape germanique » (y compris les enfants dans une certaine mesure), suivent
dans l’iniquité, pleinement, et en douceur, sans en avoir conscience pour la plupart, les juifs
déicides soumis par définition à l’autorité religieuse apostate de la synagogue officielle, synagogue
appelée par Notre Seigneur dans son Apocalypse « Synagogue de Satan » (Apoc. II 9, III 9).
D’ailleurs, tout porte à penser que « l’Antipape germanique », comme on le verra plus loin en
commentant les prédictions dites de sainte Brigitte (cf. chapitre III de notre étude), est un juif
déicide, un faux converti infiltré dans la hiérarchie ecclésiastique romaine, un agent mis en place
par « la Synagogue de Satan », pour servir les desseins de celle-ci qui cherche à imposer
mondialement sa doctrine satanique et détruire radicalement et pour toujours le Christianisme.
Comme l’a très bien compris le vénérable Barthélemy Holzhauser au XVII ème siècle, suivant
de son mieux la Tradition Prophétique médiévale au sujet de la Rome apostate, l’Antipape de la fin
des temps (qui n’est rien d’autre que « l’Antipape germanique » de Prophetie Merlini, comme on le
démontrera) réussit ce tour de force inouï de réconcilier l’église officielle romaine avec les juifs
déicides : « cette bête », « occupant le siège pontifical » (Holzhauser fait référence ici à la bête de la
terre dans Apoc. XIII, 11-18, rejoignant sur ce point l’interprétation des médiévaux catholiques,
comme par exemple le célèbre Matthias de Janove, théologien du XIVème siècle), écrit Holzhauser,
« assemblera les juifs qui seront partout très nombreux en ces jours, et ceux-ci s’attacheront
unanimement à son parti ». Par le mot « parti », Holzhauser entend le parti de « l’antipape
abominable et scélérat idolâtre », c’est à dire l’ensemble des pseudo-catholiques qui lui seront
soumis, le prendront pour « pape », s’attacheront à sa doctrine impie, ou encore l’ensemble de
l’église officielle romaine gouvernée par l’Antipapauté antéchristique (cf. Révélation du passé et de
l’avenir, interprétation de l’Apocalypse du vénérable Barthélemy Holzhauser (vers 1650), Ed.
Jacques Monnot, Metz, 1978, p. 91 ; c’est là un des critères permettant d’identifier Wojtyla dit « Jean-
Paul II » comme étant l’Antipape de la fin des temps, ce dernier étant ouvert aux juifs déicides de la
manière la plus scandaleuse qui soit. Cf. à ce sujet, Jean-Paul II et les juifs dans le livre de l’Abbé
Daniel Le roux, Pierre m’aimes-tu ? Ed. Fideliter, 1988, p.109-119, ou encore H. Le Caron, Dieu est-il
antisémite ? l’infiltration judaïque dans l’Église conciliaire , Ed. Fideliter, 1987 ; ces deux auteurs
ignorent que ce qu’ils disent de Wojtyla correspond à la description que fait la Tradition
Prophétique de l’Antéchrist-antipape).
Autrefois, malgré leur tiédeur, ces membres de l’église officielle romaine devenus apostats,
étaient supérieurs à tous les hommes par les vrais sacrements qu’ils recevaient de Notre Sainte
Mère l’Église, quand la Sainte papauté n’était pas encore secrètement remplacée par l’Antipapauté
antéchristique. En prenant pour « pape », « l’Antipape germanique » malgré les comportements
scandaleux de ce dernier, et les cris des catholiques fidèles s’insurgeant de plus en plus contre une
telle tyrannie, ils sont tombés de haut, comme des fruits pourris.
Ils méritent le pire des châtiments, parce qu’en contribuant ainsi à la mort mystique de la
Papauté, ils ont renouvelé le pire des crimes qui puisse être conçu aux yeux de Notre Seigneur.
Parce qu’ils ont été élevés dans la Sainte Religion, parce qu’ils étaient privilégiés, n’ont pas fait cas
des richesses qui leur étaient accordées, et parce qu’ils ont tout simplement apostasié et osent
malgré tout se dire encore catholiques, ils sont plus coupables que les sodomites.
Par leur adhésion à « l’Antipape germanique » (quel que puisse être le degré de leur
adhésion), ils ont prouvé qu’ils étaient finalement des hypocrites, de la même race que les juifs
déicides et perfides. Ils ont contracté toute la perversité de « la Synagogue de Satan » et reçoivent
le poison de cette Contre-église inoculé par l’Antipapauté antéchristique à travers notamment de
faux sacrements (cf. illustration flamande faite vers 1400, représentant l’Antipapauté antéchristique
imposant les faux sacrements aux membres de l’église officielle romaine apostate : Frédéric Van
der Meer L’Apocalypse dans l’art, Ed. Chêne, Anvers, 1978, p. 224-225).
On comprend maintenant que le Vrai Pontife détourne son regard de cette église officielle
romaine devenue repoussante, monstrueuse par sa trahison, son infidélité. Oser la regarder après
son crime signifierait comme pour la femme de Lot osant regarder Sodome (Genèse XIX, 26 ; Luc
XVII, 32), ne pas tenir compte de l’avertissement du ciel, désobéir gravement à Dieu, jeter un
regard de complaisance à l’égard de l’église officielle romaine apostate et périr.
Un tel acte d’impiété est impossible pour le souverain Pontife qui, prévenu miraculeusement
par Notre Seigneur de l’état de corruption de l’église officielle romaine, comme Lot a été prévenu
par une angélophanie de l’état de corruption de Sodome, se sachant entouré de faux frères (de là
se déduit qu’il a été mis au courant par Notre Seigneur de l’infiltration des membres de la
synagogue de Satan dans la hiérarchie de l’église et de la gravité de cette infiltration au Vatican), a
été exhorté à la vigilance et au renoncement par le Bon Dieu.
Non seulement, il dispose d’une grâce particulière de la part du Seigneur pour vivre jusqu’au
bout courageusement son martyr, mais il vit, contrairement à nous dans les coulisses de ce qui se
passe sur le Siège de Pierre, en étant de surcroît la première victime par excellence d’une
persécution diabolique dirigée par « l’Antipape germanique ».
Du rapport analogique que tire incontestablement Merlin entre la Rome apostate des
derniers temps de l’église et Sodome, il faut en déduire que le Vrai Pape dans Prophetie Merlini,
pour être exclu de chez lui par les membres de l’église officielle romaine, comme Lot a été exclu de
chez lui par les sodomites, doit nécessairement être condamné au bannissement (peine qui
consiste à interdire à un citoyen le séjour dans son pays), et à vivre dans l’exil, c’est à dire en étant
expulsé de chez lui, du milieu dit « catholique » ici, pour se retrouver dans un milieu étranger au
catholicisme.
Comprendre ce que doit être cette peine qui frappe le Vrai Pape de la fin des temps, c’est
comprendre ce qui détermine Merlin à écrire : « Une chose que les romains doivent savoir entre
autres, c’est qu’avant que ce pape trépasse du siècle, Notre Seigneur lui fera souffrir une telle honte
qu’il ne se pourra y en avoir de pareille ».
En effet, Notre Seigneur « fait souffrir une honte » au Vrai Pape en Châtiment sans doute de
la tiédeur des catholiques, des erreurs que le Vrai Pape et ses Prédécesseurs ont commises, pour
la sanctification du chef de l’Église et de son peuple, ce qu’il conviendra d’examiner plus
attentivement lorsque nous aborderons d’autres prédictions attribuées à Merlin. Quels que
puissent être les raisons de ce châtiment, le mot « honte » choisi par Merlin traduit parfaitement la
situation du Vrai Pape, dans la mesure où Notre Seigneur permet que le Vrai Pape soit réduit par
l’église de l’Antéchrist-antipape à la condition de banni, et qu’il n’y a pas dans la pensée médiévale
une peine plus déshonorante, plus humiliante, plus infâme, que le bannissement. Etre banni, par
définition, au temps de Merlin, c’est être couvert d’opprobre, vivre dans l’opprobre.
C’est ce que nous explique par exemple l’historien Claude Gauvard dans sa préface de
l’ouvrage d’Hanna Zaremska, Les bannis au Moyen Age : « Dans cette société d’honneur, vaut-il
mieux être un homme mort qu’un homme bafoué ? D’une certaine façon, l’exil est pire que la mort
(...). Bannir, c’est donc recourir à une mesure extrême, en partie parce que le coupable trouve hors
de son domicile une difficile installation. Isolé, il perd ses amis, c’est à dire ses défenseurs et ses
protections. S’il est marié, avec des enfants, il invoque pour obtenir la grâce cette menace qui le
poursuit de devenir desert a toujours, mendiant, sans pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.
Ce ne sont pas pures paroles de circonstances. L’horizon fermé du pays de connaissance accepte
mal celui qui vient d’ailleurs ; il le suspecte toujours de quelque maléfice et trouve là un moyen
pour le désigner à la vindicte à la première occasion. Le banni entre facilement dans l’engrenage
de l’errance. (...) Les bannis, du fait de leur déracinement et de leur pauvreté, entrent dans la spirale
du crime et sont enclins à voler. De la même manière, fragilement insérés, ils sont plus facilement
dénoncés, jugés et condamnés que des populations bien établies. (...) Traiter quelqu’un de « banni »
est une injure déshonorante qui peut valoir la mort de l’adversaire qui l’a proférée » (Hanna
Zaremska Les bannis au Moyen Age, préface de Claude Gauvard, Ed. Aubier, Paris, 1996, p. 12-15).
Le bannissement est pour les médiévaux une peine terrible, en raison de l’importance qu’ils
accordent à la famille et au pays natal, et c’est une peine d’autant plus terrible à leurs yeux, qu’elle
fait peur et ne peut être supprimée sans une intervention spéciale du Ciel : « L’évocation du pays
lointain, poursuit Claude Gauvard, la séparation des lieux de l’enfance est l’un des thèmes
récurrents dans la déposition des grands criminels. Ce temps et ces lieux constituent leur seul
havre de pureté, leur seul moyen aussi de prouver qu’ils ne sont pas nés pervertis. Plus
généralement, le lieu d’enfance arrime l’homme médiéval à cet espace de connaissance qui lui
permet d’être reconnu par les autres, d’être un homme d’honneur. Fréquent sont les bannis qui,
même bien installés dans une vie nouvelle, demandent la grâce au terme d’un long exil, tout
simplement pour revenir au pays natal. Ils ne tranchent guère sur tous ceux qui, appelés à de
hautes fonctions, tels que les papes ou les chanoines, choisissent, après leur vie d’errance, d’établir
leur sépulture en terre d’enfance, en compagnie de leurs parents. Le sang et la terre : ces deux
obsessions perdurent, voire s’amplifient au cours de la période médiévale et font du bannissement
une peine terrible. (...) Le pouvoir juge que le bannissement engendre des comportements
criminels plus graves que le crime initial, en particulier le vagabondage (...) perturbateur d’un ordre
devenu public. Le banni fait peur et il a peur. Seul Dieu ou ses saints peuvent le délivrer de sa
peine : les sanctuaires des pèlerinages pénitentiels conservent ses chaînes et ses cercles de fer qui
témoignent d’une sanction perçue comme extraordinaire. Seule la grâce peut le rendre à sa vie
normale en le restituant à sa « bonne renommée », au pays, et à ses biens non confisqués » (Claude
Gauvard, op. cit., p. 15-16).
De cette analyse de Claude Gauvard, il convient de mettre en évidence la relation entre
l’exilé et l’homme mort, le fait que l’exilé trouve sa place naturelle parmi les criminels, la situation
précaire de l’exilé, la souffrance de l’exilé, l’idée que la peine du bannissement est rude mais qu’il
est possible d’en sortir.
La pensée médiévale associe l’exilé à l’homme mort. Dans cette perspective, la mort
découle d’une vision de la vie comme participation à la communauté. La mort, c’est la rupture des
liens avec d’autres hommes, la perte du droit à leur soutien, l’interruption de cette forme
d’existence que donne la possession de propriétés. Ce que l’homme possède en propre constitue
dans la mentalité des médiévaux, l’élément essentiel de son identité. L’exilé en perdant ces liens
avec sa communauté, avec ses proches, en perdant également son honneur aux yeux des siens,
n’est plus rien socialement.
Ce parallèle exilé/homme mort dans la mentalité médiévale est souligné par l’historienne
Hanna Zaremska, dont nous reprenons ici la pensée : « la mise hors la loi de traîtres fugitifs était
associée dans les esprits à la peine de mort, et l’exilé à l’homme mort. (...) Privé de la protection des
lois, de la faculté de témoigner et de participer à la médiation de conflits, de la possibilité de citer
en justice ses ennemis, le banni vit constamment en danger et n’existe pas pour la justice :
« l’homme mis hors la loi est mort pour la justice », lisons-nous dans le livre des lois du XIVème siècle,
Blume von Magdebourg ».
Les exilés voient leurs liens rompus non seulement avec leur famille, mais en général avec
tous ceux qui, en raison de la parenté, du voisinage ou simplement de liens durables à l’intérieur de
leur communauté, ont ou se sentent une obligation de solidarité avec eux, qu’ils considèrent
comme « leurs » et à qui ils sont tentés de prêter assistance. Tous ces engagements sont
suspendus, personne n’a plus le droit de recevoir l’exilé sous son toit ni de le nourrir. (...) La
proscription entraîne la confiscation des biens et des fiefs au profit du Trésor ou de la personne
lésée. Dans les formules de prescription, l’épouse de l’exilé est appelée veuve et ses enfants
orphelins » (Hanna Zaremska, op. cit., p. 38-39).
Le lien unissant l’exilé à l’homme mort est primordial pour comprendre la raison pour
laquelle, nous le verrons, les catholiques fidèles également rejettent le Vrai Pape, et la raison qui
fait que l’Antipapauté exerce une influence si considérable sur la presque totalité du clergé. Pour
que le Vrai Pape puisse être abandonné à ce point, il faut nécessairement que le monde le croie
mort alors qu’il est en vie. Le Vrai Pape est exilé au XXème siècle, mais les hommes (à l’exception
d’un tout petit nombre disséminé averti par la tradition prophétique) vivent dans l’ignorance de
l’existence de cet exil.
C’est la raison pour laquelle les catholiques fidèles de la fin du XX ème siècle, ne pouvant
constater cette réalité, celle-ci étant cachée, se sentent orphelins, comme privés de leur père, le
Pape. Celui-ci est présent sur terre, mais tout se passe avec l’Antéchrist-antipape comme si le Pape
n’était plus là. De la non-visibilité du Pape, il convient de ne pas en déduire que le Siège de Pierre
est vacant, ou plus grave encore, il ne convient pas d’accorder à l’Antipape germanique une
légitimité canonico-légale, comme s’il pouvait y avoir en ce dernier quelque chose de la papauté.
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’avertissement de Merlin : « Il y aura un Pape » c’est à dire
que le pape existe, qu’il est en vie. Il faut noter également que Merlin ne nous dit pas ce que fait ce
pape de la fin du XXème siècle, mais il nous dit ce que ce pape ne fait pas : « il n’osera regarder
Rome ». Il ne s’agit donc pas d’un pape qui agit véritablement, prend des décisions comme un chef,
mais bien plutôt d’un pape qui subit son calvaire : « Notre Seigneur lui fera souffrir une telle honte ».
Tout cela signifie que le pape est vraiment neutralisé par l’Antipape germanique, ne peut plus
exercer sa fonction de Pontife aux yeux du monde, qu’il est entraîné dans une situation qu’il ne
maîtrise pas comme Lot se laissant guider par les anges. Mieux encore, cela signifie que les actes
que le Pape fait ne sont plus visibles, si ce n’est que de Dieu seul ou de ceux qui sont mis dans la
confidence. Cela signifie que le Pape est comme mort.
Le Pape étant banni, on ne peut plus savoir où il est, car il est en quelque sorte sans
domicile fixe. Hanna Zaremska montre à ce sujet que « le droit frison, alémanique, franc, turinois, et
bas-saxon » prévoit la destruction des maisons des personnes mises hors la loi. « Derrière cette
coutume nous dit-elle, se cache le désir d’effacer, fut-ce symboliquement, les traces de la présence
du banni sur le territoire de la communauté et de lui fermer le chemin du retour. La destruction de
la maison équivaut à une « suppression d’adresse » : un homme sans domicile fixe, celui à qui on ne
peut remettre une citation en justice, est par définition mis hors la loi » (Hanna Zaremska, op. cit., p.
39).
A fortiori, on ne peut plus savoir ce que le pape fait, s’il est en vie ou s’il est mort. C’est
comme s’il était devenu une épave bercée au gré des vagues, épave qui n’attire plus le regard des
hommes, oubliée du monde, sauf de Dieu. Tout au mieux, ce pape apparaît comme un instrument
de Dieu mais sans autonomie véritable, car totalement abandonné à la Providence divine, comme
brisé par Notre Seigneur, parce que se trouvant au fond d’une oubliette ou d’un tombeau, d’un
puits obscur ou d’un enfer, semblable en cela à Job sur son fumier (Job XXX, 19-22), à Jonas englouti
dans le ventre du poisson (Jon. II, 1), à Daniel dans sa fosse aux lions (Dan. VI, 16-17), ou à Josèphe
jeté par ses frères dans une citerne au milieu du désert (Genèse XXXVII, 2-24).
Dès lors, il n’est pas permis de dire que Merlin s’est trompé en annonçant l’exil de la
papauté pour notre siècle, car ce qui fait dire cela à l’homme de la fin du XX ème siècle pour Merlin,
c’est que l’homme de la fin du XXème siècle prend pour successeur de Pierre l’Antipape germanique.
Selon Merlin, ce qui fait dire à l’homme de la fin du XX ème siècle que la papauté n’est pas bannie
actuellement, c’est précisément son ignorance de ce qui se passe actuellement sur le Siège de
Pierre, c’est à dire que le Vrai Pape n’est pas décédé comme le monde le dit, comme l’histoire
officielle de la fin du XXème siècle le dit, mais vit toujours ici bas dans un endroit caché pendant que
l’Antipape germanique usurpe sa place au Vatican.
Merlin dit que « les romains sachent entre autres » que le Pape est réduit à la condition de
banni, parce que précisément les romains ignorent cela.
Par le mot romain ici, Merlin vise nécessairement les romains qui sont directement
concernés par sa prophétie c’est à dire ceux de la fin du « vingtième âge » de l’Église militante, de
la fin du XXème siècle qui vivent l’avènement du Vrai Pape et de l’Antipape germanique. Par le mot
« romains », Merlin ne désigne pas vraiment les habitants de la capitale de l’Italie (interprétation de
la conscience naïve ignorant le langage prophétique), mais bien plutôt, tous les membres
de « Rome », de l’église officielle romaine soumise à l’Antipape germanique, c’est à dire les pseudo-
catholiques. Ces derniers ayant perdu la Foi catholique, Merlin ne peut les appeler « catholiques
romains ». Tout au plus, ils peuvent selon lui être appelés « romains » parce que rattachés à la
Rome infidèle.
« Une chose pareille que les romains doivent savoir entre autres », et « veuille que les
romains sachent entre autres » sont ici dans Prophetie Merlini, autant d’expression montrant la
nécessité pour les romains de se mettre à l’écoute du prophète Merlin, de se mettre à l’écoute de
la tradition prophétique, mais aussi leur incapacité à comprendre ce qui se passe sur le Siège de
Pierre, d’écouter les vrais prophètes, tant il est vrai que ces romains préfèrent suivre les faux
prophètes dont l’Antéchrist-antipape. Les romains à la veille de la destruction de Rome sont
semblables pour Merlin, on l’a vu, aux sodomites à la veille de la destruction de Sodome et aux juifs
déicides à la veille de la destruction de Jérusalem, qui tous n’ont rien voulu entendre des
avertissements du Ciel.
Après avoir mis en évidence la relation entre l’exilé et l’homme mort, il convient, comme on
l’a dit, de dégager le fait que l’exilé trouve sa place parmi les criminels. Comme le remarque Hanna
Zaremska : « Les exilés trouvent leur place naturelle parmi les criminels, les bannis qui figurent aux
côtés de faussaires et des trafiquants de monnaie, des meurtriers, des voleurs et des voleuses, des
bandits, des violeurs de femmes, des sbires mercenaires, des escrocs et des larrons de tout acabit
(...). Les hors la loi sont rendus responsables de l’anarchie, de l’ébranlement de l’ordre public
observé sur tout le continent. Le brigandage est un phénomène universel dans l’Europe rongée par
la crise et dévastée par les guerres. Les hommes révoltés contre la loi et le pouvoir vont se réfugier
là où la loi est faible et où le pouvoir ne peut les atteindre, dans les montagnes et les forêts, le long
des routes éloignées des agglomérations » (Hanna Zaremska, op. cit., p. 101).
Dans la pensée médiévale, le banni, l’exilé, celui qui est mis hors la loi, se trouve
essentiellement à la lisière de la forêt, là où finit le monde des humains. Il cesse d’être considéré
comme un homme. Il devient l’ennemi de l’homme, sa nature de bête prend le dessus. A vrai dire,
c’est un loup que chacun a le droit de tuer. C’est un être répugnant, de la pire espèce, qui
finalement ne mérite même pas le droit à une sépulture :
« Les dépouilles des exilés constituent la proie des oiseaux (...) des poissons (...) des animaux de la
forêt : aux exilés, le monde des morts restera fermé » (Hanna Zaremska, op. cit., p. 40).
Ce parallèle banni/loup dans la mentalité médiévale est également observé par l’historienne
Hanna Zaremska : « L’association loup/banni semble certaine. La législation du temps d’Edouard le
Confesseur fournit des exemples dans le folklore juridique anglais. Il y est fait mention de la
coutume d’exposer à la vue publique la tête coupée d’un fugitif capturé, comme on le fait de celle
d’un loup tué à la chasse. Ailleurs, dans les « leges » du même souverain, nous lisons que le banni
« porte une tête de loup ». (...) On trouve une information supplémentaire chez le juriste anglais du
XIIIème siècle Henri Bracton, qui dit que (...) le proscrit, porte une tête de loup et que donc tout un
chacun a le droit de le tuer. L’impunité du meurtre d’un banni fait de ce dernier un équivalent du
loup, ce que confirme le fait que la récompense est la même pour la capture d’un fugitif ou d’un
loup. En portant le masque de l’animal (...), le proscrit devient un loup. (...) Ainsi, même l’humanité
des bannis était remise en cause. Dans les sources médiévales écrites, ce problème surgit à propos
du loup-garou » (Hanna Zaremska, op. cit., p. 40-41).
De là, il convient d’en déduire que l’agneau en la personne du Pape est réduit au
bannissement et à l’exil comme s’il était un loup, tandis que le vrai loup en la personne de
l’Antipape germanique est pris pour l’agneau occupant légitimement le Siège de Pierre. C’est dire le
renversement, la révolution qui s’est opérée au sein de l’église officielle romaine à la fin du XX ème
siècle, et jusqu’où va l’aveuglement des romains, des pseudo-catholiques, forçant de l’intérieur la
porte de la bergerie, de l’église officielle romaine, pour accueillir en leur sein l’Antipape germanique
qui spirituellement va complètement les ruiner et les dévorer.
Les vrais catholiques fidèles, encore présents dans l’église officielle romaine, lors de l’arrivée
de ce loup qu’est l’Antipape germanique, sont contraints pour ne pas périr avec les pseudo-
catholiques, de s’enfuir de la bergerie, de se couper de l’église officielle romaine, en suivant d’une
certaine manière, sans s’en rendre compte dans l’ensemble, les pas, « le chemin de déshonneur »
du Vrai Pape, dont ils ignorent pour la plupart le martyr.
Le loup est naturellement dans les Saintes Écritures, l’image de ceux qui exercent la
violence, des chefs impies de Jérusalem qui ruinent et dévorent le peuple (Ezéchiel XXII 27). Nous
aurons l’occasion d’approfondir le lien unissant l’Antipape germanique au loup, lorsque nous
aborderons de front la conception médiévale de l’Antipape de la fin des temps.
Ce qui nous intéresse davantage pour le moment, c’est de noter que le Vrai Pape est traité
comme s’il était le pire des criminels. Lui, semblable à l’agneau, va se trouver sur le même banc que
les bannis, les individus mis hors la loi. Force est de constater que Merlin veut établir également
l’analogie suivante : de même que dans les premiers temps de l’Église, Notre Seigneur a été jeté
parmi les criminels pour subir sa Passion, de même dans les derniers temps de l’Église, le Vrai
Pontife sera jeté parmi les criminels pour subir sa passion. Le Vicaire du Christ de la fin des temps
ne sera pas mieux traité que le Christ : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître » (Jean XV
20).
« Le bannissement à vie qui est « la forme extrême de la peine d’exil » frappait au Moyen
Age « ceux qui méritaient la peine de mort » et s’accompagnait d’un rituel d’expulsion dont le
caractère symbolique consistait à identifier le banni à une personne qui ne mérite pas de finir sa
vie parmi ceux avec qui elle a vécu jusqu’alors, mais dont elle n’a pas respecté les lois » (Hanna
Zaremska, op. cit., p. 82).
Zaremska nous fait la description des supplices infligés ; les bannis à vie pouvaient par
exemple fouettés sur la place du marché, être mutilés, être marqués au fer, subir le pilori en y
restant attachés la journée précédent leur départ de la ville, avoir les cheveux coupés s’il s’agit de
femmes, être soumis à une course ignominieuse à travers les rues de la ville, être obligés de se
frotter le front contre le gibet, une corde nouée autour du cou, avoir sur la tête une mitre en papier
sur laquelle le forfait était écrit. La foule, par exemple, pouvait suivre la course des condamnés sous
les verges du bourreau et de ses aides, par les rues conduisant aux portes de la ville. Les bannis
avant d’être expulsés, loin de la ville, avaient à faire « le chemin de déshonneur », suivre un
itinéraire précis, avec des stations où ils étaient notamment flagellés. La participation à la
cérémonie d’expulsion par les habitants de la juridiction pouvait parfois être rendue obligatoire
(ibid., p. 82-83).
En quittant l’église officielle romaine, les catholiques fidèles suivent, comme on l’a dit « le
chemin du déshonneur » du Vrai Pape et deviennent ainsi à leur tour un objet d’opprobre. Quand
Merlin écrit au sujet du Vrai Pape : « Notre Seigneur lui fera souffrir une telle honte qu’il ne pourra y
en avoir de pareille », cela vaut par conséquent, et dans une certaine mesure, pour ceux qui seront
rattachés par la Foi au Vrai Pape.
Néanmoins, il importe de remarquer que Merlin n’associe pas textuellement ici le Vrai Pape
et les catholiques fidèles, en disant que Notre Seigneur va leur faire souffrir une honte terrible et
inouïe, parce que précisément, le vrai Pape est vu par Merlin comme isolé, coupé des siens et
abandonné de tous, jusqu'à être perdu de vue par les catholiques fidèles. C’est ce dernier aspect
qui l’emporte ici, le vrai Pape de la fin du XXème siècle devenant le centre des préoccupations de
Merlin, comme cela devrait être le cas pour tous les catholiques fidèles aujourd’hui.
Si telle est la place de l’exilé dans la pensée médiévale, sa situation ne peut être que
précaire : « l’exil, c’est à dire le retrait du droit de participation à la vie de la communauté, nous dit
Hanna Zaremska, rend précaire la situation du condamné. La perte des biens, la rupture des liens
familiaux, sociaux et professionnels, limitent sensiblement ses perspectives d’avenir » (Hanna
Zaremska, op. cit., p..95).
Dans le cas du Pape Martyr de la fin des temps, cet aspect se voit aggravé à un point
extrême, qui rend impossible la survie de celui ci sans un miracle particulier du Bon Dieu. Ce pape
se voit dépouillé de tous ses ornements, de tout ce qui faisait du moins extérieurement sa dignité
de Pontife. Lui qui, en tant que souverain Pontife, pouvait jouir d’une grande considération de la
part des nations en raison de sa dignité de chef d’état, lui, le plus élevé parmi les élevés, se trouve
désormais, du jour au lendemain, plus bas que terre, enterré vivant en quelque sorte, nu comme un
ver, plus pauvre que les pauvres, dans la mesure où il est même privé de son identité, de tous ses
droits civiques, juridiques, puisqu’il ne peut se faire reconnaître pour ce qu’il est sous peine de
mort, puisqu’il est sensé être mort aux yeux de la Société, et que Satan veille à son enterrement
social jusqu'à ce que Dieu en décide autrement.
La Synagogue de Satan est allée jusqu'à lui voler son identité et même sa mort (ce qu’elle n’a
pas pu faire avec Notre Seigneur), puisque c’est un usurpateur qui a dû se faire passer pour lui, qui
est mort à sa place, un faux acte de décès étant porté à son encontre. Peut-on trouver par
conséquent, un sort plus terrible que le sien ? Ce n’est pas possible. Il n’y a pas d’équivalent dans
l’histoire de la nouvelle Alliance, à l’exception sans doute du successeur légitime de Louis XVI, tant
il est vrai que l’autel ici a rejoint le trône dans le malheur, le mystère planant sur le trône de France,
étant désormais indubitablement lié au mystère planant sur le Siège de Pierre.
Enfin, tout porte à penser que le vrai Pape à la fin du XX ème siècle est, selon Merlin,
abandonné par tous les siens, c'est à dire par tous ceux qui l’ont vénéré comme pape lorsqu’il était
encore au pouvoir dans l’église officielle romaine. Merlin doit estimer que ce pape est non
seulement abandonné par les pseudo-catholiques, mais aussi par les catholiques fidèles, et à
fortiori par le monde entier.
Ici, on rejoint l’analogie que Merlin cherche à établir manifestement entre la Passion de
Notre Seigneur Jésus-Christ et le martyr du Vrai Pontife de la fin des temps : « de même que dans
les premiers temps de l’Église, Notre Seigneur sous le scandaleux « pontificat » de Caïphe, a été
abandonné par tous les siens, pour subir sa Passion, de même dans les derniers temps de l’église,
le Vrai Pontife sous le règne scandaleux de l’Antipapauté antéchristique, sera abandonné par tous
les siens, pour subir son Martyr ».
L’idée que la vie de l’Église est en quelque sorte calquée sur la Vie de Notre Seigneur, que
l’Église finira comme Notre Seigneur, par connaître une passion similaire à la Sienne à la fin des
temps (en la personne même du pape, selon Merlin), suivie d’une résurrection faisant penser à
celle du Christ (la Papauté devant ressusciter et sortir de son tombeau, selon la onzième prophétie
de la première suite Principium malorum dans les Vaticinia de Summis Pontificus, parue vers 1287)
appartient à la véritable Tradition Prophétique reprise ici par Merlin.
C’est en approchant ce domaine exploré par « Merlin, que le théologiens Nicolas de Cusa
ème
au XV siècle (cardinal, 1401-1464) s’est mis à considérer « toute la Vie de Jésus comme typique »
et à penser que chacun des événements vécus par le Christ » est une figure de ce qui arrivera à
son corps mystique au cours des âges » (Paul Vulliaud, La fin du Monde, Ed. d’aujourd’hui, Paris, p.
119). Ce qui vaut pour l’Église corps mystique de Notre Seigneur ici vaudrait a fortiori pour la
Papauté, c’est du moins la ligne directrice de pensée vers laquelle tend Merlin, en décrivant le
Martyr de la papauté sous le règne de l’Antipapauté antéchristique.
Il importe de rappeler cependant que Merlin ne cherche pas uniquement à établir des
similitudes entre le martyr du Vrai Pape de la fin des temps et le Martyr du Christ : « Le Vrai Pape
est jeté parmi les criminels comme le Christ est abandonné par tous les siens ». Il cherche en fait à
établir des dissimilitudes comme on l’a vu précédemment : contrairement au Christ, le Vrai Pape
subit son martyr dans l’exil. Pour que son dépouillement soit total, pour que « l’Antipape
germanique » puisse ainsi soumettre toute l’Église officielle romaine à sa cause, le Vrai Pape ici
contrairement au Christ doit être considéré dans son exil comme mort par le monde entier, alors
qu’il est encore en vie, doit être privé de son identité et être caché dans un endroit où personne ne
peut être en mesure de le reconnaître.
Dans la pensée de Merlin, l’abandon du Vrai Pontife sous « l’Antipapauté germanique » par
les catholiques fidèles diffère également de l’Abandon du Christ par ses apôtres. En effet, dans les
évangiles, tous les torts sont du côté des Apôtres dormant au Jardin des Oliviers au lieu de veiller
et prier avec le Christ, tous les torts sont du côté de Pierre qui par lâcheté, par crainte d’être torturé
à son tour, a renié à trois reprises son Maître. Mais en ce qui concerne le Vrai Pontife sous
« l’Antipape germanique », qui contrairement à Notre Seigneur n’est qu’un pauvre pécheur, aussi
fragile que saint Pierre si ce n’est plus, les torts au lieu d’être exclusivement du côté des catholiques
fidèles doivent être nécessairement partagés entre d’une part le Vrai Pontife, et d’autre part les
catholiques fidèles.
En effet, quand Merlin dit au sujet du Vrai Pape exilé sous « l’Antipape germanique », que
« Notre Seigneur lui fera souffrir une telle honte qu’il ne se pourra y en avoir de pareille », c’est pour
punir le Vrai Pape d’une faute extrêmement grave qu’il a commise. En fait, son exil forcé, sa mort
sociale, n’est que justice aux yeux du Seigneur, sans quoi Notre Seigneur serait injuste à son égard.
La gravité de la peine infligée au Vrai Pontife, doit être nécessairement, en vérité, à la mesure de la
gravité de la faute qu’il a commise.
Cela implique que l’analogie que fait Merlin entre Lot n’osant regarder Sodome, et le pape
n’osant regarder Rome, soit de la part de Merlin poussée au-delà des limites des versets 17 à 26 du
chapitre XIX de la Genèse relatifs au commandement de Yahvé de ne pas regarder en arrière
Sodome et au châtiment de la femme de Lot ayant osé regarder Sodome.
En effet, tout porte à penser que Merlin établit une analogie entre la culpabilité de Lot et la
culpabilité du Vrai Pape. La culpabilité de Lot dans le chapitre XIX de la Genèse se réduit à deux
attitudes vraiment répréhensibles. Voyons la première : Loth, comprenant que le peuple des
sodomites accourait pour satisfaire sur ses hôtes (les anges) son infâme luxure, avec le crime
appelé depuis « sodomie », est coupable d’offrir alors ses filles aux impies. Ses devoirs d’hôte sont
pour lui tellement sacrés, qu’il oublie ses devoirs de Père. Comme le dit saint Augustin : « En
craignant les autres péchés, qui ne souillent pas, lorsqu’ils ne sont pas voulus, il ne regarde pas à
celui qu’il commet » (Genèse XIX, 8, cf. commentaire de l’abbé J.-B. Glaire dans La Sainte Bible
selon la Vulgate, Ed. D.F.T. 1992, p. 26).
Dans le langage prophétique de Merlin, on l’a vu, Loth est perçu comme une préfiguration
du Vrai Pape, Sodome comme une préfiguration de la Rome infidèle, de l’église officielle romaine
devenue apostate à la fin du XXème siècle, les sodomites comme une préfiguration des membres de
l’église officielle romaine soumis aux agents de la Synagogue de Satan qui ont infiltré la hiérarchie
de l’église jusqu’en son sommet, qui veulent maltraiter la Sainte Papauté plus que tout.
Ainsi, en ce qui concerne les sodomites, le premier châtiment qui les frappe, à savoir la
perte de la vue, pour avoir voulu s’en prendre à Loth et à ses proches (Genèse XIX 10-11), apparaît
comme la préfiguration du premier châtiment qui arrivera aux pseudo-catholiques : ces derniers
seront vraiment frappés de cécité spirituelle lorsque le Vrai Pape aura quitté précipitamment
l’église officielle romaine investie par l’ennemi, pour vivre caché dans l’exil, de telle sorte qu’il sera
vraiment presque impossible de les arracher des griffes de cette bête qu’est « l’Antéchrist
antipape », à l’exception d’un tout petit nombre que les anges ont pu entraîner avec Loth loin de
Sodome.
La fornication pratiquée par les sodomites est nécessairement perçue par Merlin dans cette
perspective, comme une préfiguration de l’idolâtrie pratiquée par les pseudo-catholiques soumis à
la Synagogue de Satan occupant le gouvernement de l’église : « Le terme idolâtrie dont usent les
auteurs du Nouveau Testament a, dans l’Ancien et surtout dans le langage des prophètes, de
vigoureux substituts, tels « fornications », « prostitution » ou « adultère » ; expressions imagées qui
flétrissent la trahison de l’Alliance entre Yahvé et son peuple, dont se rendaient coupables les fils
d’Israël en servant d’autres « dieux », vénérés à travers les idoles païennes » (André-Marie Gérard,
Dictionnaire de la Bible, Ed. Robert Laffont, Paris, 1989, p. 537).
Ici, sous « l’Antipape germanique », c’est la Nouvelle Alliance entre Notre Seigneur et son
peuple de baptisés, de « catholiques », qui est bafouée par les fils de l’église qui, au lieu de servir le
Vrai Dieu, servent une idole : « l’Antipape germanique ». Il faut savoir, en effet, que pour la pensée
médiévale, tout antipape, quel que puisse être le caractère inique de ce dernier, est comme une
idole, honorée comme un dieu.
Comme l’enseigne saint Vincent Ferrier (V. 1355-1419) : « le Pape légitime est le père
universel des Chrétiens, et l’église en est la Mère. Aussi, en prêtant obéissance à quelqu’un qui
n’est pas pape et en lui attribuant les honneurs papaux, on transgresse le premier précepte de la
première table, en lequel il est ordonné : Tu n’auras point de dieux étrangers, ni d’idole, ni de
statue, ni aucune figure de ce qui est dans le ciel (Deut. V, 7-9). Or qu’est ce qu’un faux pape sinon
un dieu étranger en ce monde, une idole, une statue, une image ou représentation fictive du
Christ ? » (Traité du Schisme moderne, part 1, chap. III, Ed. San Vicente Ferrer, Biographia y escritos,
Madrid, 1956 ; citation reprise par l’abbé Zins dans son ouvrage L’Antéchrist, publié aux Ed. D.F.T.,
p.67).
Enfin, les filles de Loth, dans cette perspective tracée par Merlin, ne peuvent que désigner
les enfants spirituels de ce père qu’est le Pape, c’est à dire les catholiques fidèles, héritiers de
l’enseignement des papes, qui portent à l’égard du pape un amour authentiquement filial, par
opposition aux pseudo-catholiques papolâtres s’imaginant vénérer le pape comme il se doit en
adorant en réalité cette idole plus abominable que tous les antipapes de l’histoire réunis, à savoir
« l’Antipape germanique ».
Par conséquent, si on suit jusqu’au bout le raisonnement analogique de Merlin, tout porte à
penser que le Vrai Pape est coupable d’avoir voulu livrer les catholiques fidèles aux pseudo-
catholiques soumis à l’ennemi, pour calmer ces derniers qui sont désireux de conduire dans leur
idolâtrie tout homme, comme Loth est coupable d’avoir voulu livrer ses filles (mais il ne l’a pas fait)
aux sodomites, pour calmer la colère de ces derniers qui sont désireux de conduire dans leur
luxure tout homme. Comme Loth qui, à force de vouloir remplir ses devoirs d’hospitalité, a oublié
pour un temps ses devoirs de père, le Vrai Pape, à force de vouloir remplir ses devoirs
d’hospitalité, a oublié pour un temps ses devoirs de Pape.
D’autres part, pour que le jour de la colère de Dieu puisse éclater (entendre ici les
tribulations dernières, la destruction de Rome consécutive à l’apostasie de Rome), il faut
nécessairement que Dieu puisse dire : « tous se sont retournés ; tous ensemble sont devenus
inutiles il n’en est pas qui fasse le bien, il n’en est pas même un seul ! » (Ps. XIII, 3), sans quoi sa
colère pour l’humanité qui doit se manifester serait injustifiée.
Si le Vrai Pontife sous « l’Antipape germanique » est conduit à faire le bien, à se couper de la
mentalité de la Rome infidèle, c’est parce que Dieu lié par sa promesse (Luc XXII, 32) de ne pas
laisser tomber le pape dans l’hérésie, lui a en quelque sorte forcé la main (Cf. l’argumentation
rapportée par Arnaldo Xavier da Silveira à ce sujet dans La nouvelle messe de Paul VI : qu’en
penser ? Deuxième partie : Hypothèse théologique d’un pape hérétique, D.P.F., Chiré-en-Montreuil,
1975, chap. II : « 1ere opinion : Dieu ne permettra jamais que le pape tombe dans l’hérésie »).
Voyons à ce sujet la deuxième attitude répréhensible de Loth, corrélativement à celle du
Vrai Pape : Loth n’abandonne pas volontiers sa maison et ses biens, pour suivre les anges et fuir
Sodome. Il est coupable de résister à l’ordre des anges : « Lève-toi (...) afin que tu ne périsses pas,
toi aussi, dans le châtiment de la ville », et les anges sont contraints de lui forcer la main pour
l’obliger à partir : « Mais lui différant, ils prirent sa main (...) parce que le Seigneur lui faisait grâce, et
ils l’emmenèrent, le mirent hors de la ville » (Genèse XIX, 15-17) car le seigneur tient absolument à
préserver Loth.
Cela signifie, si l’on suit le raisonnement analogique de Merlin, que le Vrai Pape
n’abandonnera pas facilement les privilèges dont il jouit au Vatican et dans le monde, qu’il a un
certain regard de complaisance à l’égard de la Rome qui perd la Foi (il n’ose regarder Rome pour
obéir à Dieu, mais avant d’être miraculeusement exhorté par Dieu à la vigilance et au renoncement,
il est attaché dans une certaine mesure à la Rome infidèle, d’où la nécessité pour Dieu de lui
ordonner de ne pas regarder Rome), qu’il n’a pas une vision épurée de la gravité de la situation,
mais l’esprit égaré.
Cela ne signifie pas qu’il est devenu hérétique et qu’il a perdu ipso facto son pontificat, mais
qu’il a perdu dans une certaine mesure seulement la confiance des catholiques fidèles. Comme
cela vient d’être dit, le Vrai Pape n’a pas livré les catholiques fidèles à la méchanceté des pseudo-
catholiques, mais il a tenté de le faire pour avoir la paix, en ayant comme Loth des circonstances
atténuantes. Pendant un temps relativement court, il a oublié ses devoirs de pape... Il est donc tout
à fait logique que l’ensemble des catholiques fidèles éprouvent du ressentiment à son égard, et
que le Vrai Pape se trouve dès lors complètement isolé.
Que le Vrai Pape de la fin des temps ait eu un comportement fortement répréhensible aux
yeux des catholiques fidèles et de Notre Seigneur, s’explique également de la manière suivante : le
Vrai Pape selon Merlin est issu du conclave, au sein de l’église officielle romaine en tant que Pape.
Il sort de cette église pour deux raisons : la première, c’est que cette église a été investie par
l’ennemi, cette église est devenue semblable à Sodome, et que s’il veut suivre la Volonté du
Seigneur sa vie est désormais en danger par ces sodomites modernes que sont les juifs déicides
infiltrés dans la hiérarchie ecclésiastique de l’église. La deuxième raison, c’est que Dieu projette de
châtier « Rome infidèle », mais en préservant la Sainte Papauté. Dieu veut que la succession de
Pierre passe par le Vrai Pontife, mais se fasse désormais en dehors du conclave, en dehors du
Vatican, en dehors de l’église officielle de Rome qui suit dans l’apostasie la synagogue officielle de
Jérusalem des temps de Notre Seigneur.
Le Vrai Pape selon Merlin est issu du conclave, de ces mêmes cardinaux qui vont élire « l
’Antipape germanique » après la disparition provisoire du Vrai Pape de la scène politique. C’est à
dire que le vrai pape est élu par un « Sacré Collège » (collège des cardinaux formant le sénat de
l’église et le conseil du pape) composé de membres pourris, des Judas, des fourbes et des
accapareurs, tous des « corrompus » et des « corrupteurs » (dirions nous pour reprendre la lettre de
Mélanie Calvat au Chanoine de Brandt du 19 octobre 1996 visant ainsi par ces termes « les
membres du Sacré Collège » à l’origine de l’élection de l’Antipapauté antéchristique qui « seront
punis et devront disparaître » comme les sodomites sous le vent de Sodome et Gomorrhe, cf. Jean
Vaquié Bénédictions et malédictions, Ed. Dominique Martin Morin, Bouère, p. 143).
Bref, le Vrai Pape a été accueilli par ces membres pourris, de la même manière que Loth a
été accueilli par les sodomites avant d’être menacé par ces derniers. Le Vrai Pape a été élu par ces
cardinaux mauvais dans l’ensemble, précisément parce que sa position au lieu d’être fermement
attachée à la Tradition de l’Église, était libérale, se plaçait du côté des novateurs désireux d’imposer
la révolution dans l’église, par des réformes impies. C’est à la condition sine qua non de suivre la
politique mauvaise des « novateurs » contre les intérêts de la sainte Église qu’il a pu devenir Pape
(le terme « novateurs » est ici emprunté à Hildegarde de Bingen du XIIème s. pour désigner les
modernistes, comme nous le démontrerons. Saint Antoine du désert au IV ème s. donne une
description parfaite de la mentalité de ces modernistes, ce que nous verrons plus loin).
En effet, l’église officielle romaine avant de perdre toute autorité apostolique, ou ce qui
revient au même, avant de rejeter le Vrai Pape pour suivre à la place l’Antipapauté antéchristique,
devait être suffisamment affaiblie de l’intérieur par des impies qui se sont glissés sournoisement
parmi les fidèles, pour ne pas permettre l’élection d’un pape qui soit ferme dans la défense de la
Foi et radicalement hostile à la révolution liturgique antéchristique.
Cette élection, quoique faite par un Sacré Collège bien corrompu fut agréé par Dieu pour
deux raisons. La première est que cette élection a été légitime, conforme au Droit Canon de la
véritable Église et à l’esprit de la sainte Église. La deuxième raison, c’est que Notre Seigneur est
déterminé après avoir fait « le Vrai Pape » en se servant des mauvais cardinaux, pour montrer sa
puissance, de protéger le Vrai Pape contre lui même (le pape pouvant se nuire à lui même) et pas
seulement contre l’ennemi, de le préserver malgré son égarement, de se servir d’un homme aussi
faible et misérable que lui pour redresser l’Église, d’accomplir ce miracle qui est de changer un
mauvais pape de l’histoire qui se soit trouvé sur le Siège de Pierre, pour en faire le meilleur d’entre
les papes conformément à sa promesse :
« Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point », c’est donc que la Foi du Pape était
sur le point de défaillir, « et toi, quand tu seras converti », c’est donc que le Vrai Pape avant d’être
éclairé miraculeusement par le Seigneur, n’avait pas encore une Foi suffisamment affermie,
« affermis tes frères », par une vie exemplaire de sacrifice, et par le retour miraculeux du Vrai Pape
au milieu des siens, retour témoignant de l’amour infini de Dieu pour la Sainte Papauté, et ceux qui
lui sont fidèles (Luc XXII 32).
Cette promesse qui doit s’appliquer à saint Pierre Apôtre et à tous ses successeurs dans une
certaine mesure, concerne en fait spécialement le Vrai Pape de la fin des temps, dans la mesure où
celui-ci aura à affronter, contrairement aux autres papes avant lui, le corps antichristique à l’état
adulte.
En effet le Vrai Pape de la fin des temps est celui qui, plus qu’aucun autre pape avant lui, a
besoin du secours de Dieu. D’une part, ce pape doit affronter cette bête de l’Apocalypse qu’est
« l’Antipape germanique ». Il est cerné de toute part par l’ennemi, et il n’a malheureusement pas un
esprit suffisamment vigilant pour déjouer le complot qui se trame contre lui.
La puissance de l’ennemi est d’autant plus grande, que ce pape est faible. Ce dernier n’a pas
l’âme d’un chef, d’un politicien habile, et bien que Notre Seigneur l’ait choisi pour guide de son
peuple, il n’est pas de ceux que l’on peut dire : « Vraiment, il était fait pour être Pape ». Jamais une
église en bonne santé ne l’aurait élu. En d’autres temps, il n’aurait sans doute pas accédé à
l’épiscopat et encore moins au cardinalat. Toute sa formation est à refaire dans une certaine
mesure, et c’est Dieu seul qui veut le forger à sa manière, par le martyr.
D’autre part sous son pontificat, ce n’est pas seulement le Vrai Pape qui est en danger, mais
à travers lui, toute la sainte papauté qui risque de disparaître définitivement, et a fortiori, c’est toute
la Sainte Église qui est menacée dans son existence à un point extrême, comme jamais elle ne l’a
été dans le passé. La raison de cela, est que ce pape se trouve à la fin des temps, c’est à dire à une
période où la Synagogue de Satan est plus puissante que jamais, sur le point d’imposer par la ruse
mondialement l’Antéchrist-personne, après avoir imposé l’Antéchrist-antipape par la ruse à toute
l’église officielle romaine.
Cela en est à un tel point que le sort de la papauté repose tout entier sur le Vrai Pape qui se
fait usurper sa place par un ou plusieurs imposteurs, dont le plus redoutable est « l’Antéchrist-
antipape ». On sait que le Vrai Pape est faible au point de chuter au plus bas de l’échelle sociale
après avoir été au sommet. On sait qu’il doit être répréhensible du moins au départ de son règne
pour avoir été accepté comme pape par l’ensemble des cardinaux, les mêmes qui choisiront de
suivre l’Antipapauté antéchristique.
Pour toutes ces raisons, Notre Seigneur est tenu avec ce pape, plus qu’avec un autre pape,
de réaliser sa promesse de veiller sur lui (Luc XXII 32). La promesse de Notre Seigneur ne peut que
trouver avec ce pape son plein accomplissement. Il en va de la survie même de l’Église.
C’est ainsi que derrière l’apparence de la non visibilité du Vrai Pape (ce dernier étant retiré
de la vue des siens et du monde), derrière son apparent échec ou son impuissance à sortir seul de
son exil forcé, le Vrai Pape doit nécessairement, une fois libéré de son châtiment par le Seigneur,
une fois sa peine purgée, retourné vers les siens pour confondre d’autorité l’Antipapauté
antéchristique et renverser ainsi l’église officielle romaine apostate se faisant passer pour l’Église
des papes.
De part sa sanctification par le martyr, il est invulnérable. Il a Dieu avec lui et ceci depuis le
début. Et si Dieu l’a protégé miraculeusement comme cela fut le cas pour Lot, si Dieu l’a gardé en
réserve, c’est pour surprendre et humilier ses ennemis, et faire en sorte que la véritable papauté
soit victorieusement exaltée aux yeux de tous les sceptiques, pour la conversion de ceux qui ne
croient pas à la primauté du Siège apostolique ou qui, désorientés par l’antipapauté de la fin des
temps, n’y croient plus. En fait, l’éclipse du Vrai pape par cette antipapauté se traduisant par un exil
caché n’a de sens que dans la perspective d’une résurrection de sa part, d’un redressement de la
situation de l’Église par le Pape. C’est pour donner aux catholiques fidèles également le courage
d’affronter le règne de l’Antéchrist-personne qui se prépare après celui de l’Antéchrist-antipape,
que Notre Seigneur va permettre le retour de son Vicaire vers les siens.
Ainsi, les catholiques fidèles qui n’ont pas compris ce qui est arrivé à la véritable papauté
devront un jour nécessairement revenir sur leur position lorsqu’ils découvriront que le Vrai pape
n’était pas mort, mais vivant en exil, bénéficiant d’une assistance du Ciel, extraordinaire, pleinement
miraculeuse, infiniment plus grande que celle dont ils ont eux-mêmes bénéficié. Ce jour là, on
pourra dire qu’ils ne sont plus orphelins, qu’ils ont retrouvé le Pape, et qu’il ne font plus qu’un avec
lui. Malheureusement, tout porte à penser que dans la Tradition Prophétique médiévale, ce jour de
retrouvailles coïncide avec le début des tribulations dernières. C’est ce que nous allons voir
maintenant avec la prédiction médiévale relevée par Bocconi.
CHAPITRE II
« Lorsque arriveront les temps de Caïn et lorsque Pierre sera uni à Paul, le vent de Sodome
et Gomorrhe soufflera » (A. Lamberti Bocconi, Les grandes prophéties jusqu’en 2100, Ed. de Vecchi
S.A., Paris, 1994, p. 27-28).
Cette prédiction mérite que l’on s’y arrête car son contenu permet de mieux saisir la
perspective dans laquelle se place Merlin. Relative aux derniers temps de l’Église, elle nous dit
quand « le vent de Sodome et Gomorrhe soufflera ». Il s’agit du vent du courroux de Dieu (Job IV, 9)
qui s’est exercée à Sodome et Gomorrhe, et qui soufflera le jour de « la Colère de Yahvé », jour qui
commencera par la guerre-chaos universelle. La Colère de Dieu viendra immédiatement après
deux événements.
Dans l’ordre de présentation du texte, le premier événement est « l’arrivée des temps de
Caïn », le second événement est « l’union de Pierre avec Paul ».
Les temps de Caïn sont ceux de l’Antipapauté antéchristique qui impose son culte non agréé
par Dieu, qui est plein de haine à l’égard de la Sainte Papauté, frappe le pape à mort par traîtrise, et
voyage partout sur la terre, bénéficiant d’une protection spéciale pour que soit remplie sa mission
maléfique, tant il est vrai que l’Antéchrist-antipape qui incarne pleinement cette antipapauté est
l’instrument de la Colère de Dieu pour châtier son peuple. Il en est ainsi de l’Antipapauté de la fin
des temps à l’égard de la Papauté, ce qu’il en a été de Caïn à l’égard de Abel (Genèse IV 1-15).
L’Antipapauté antéchristique en imposant son faux culte, en frappant le pape, et en
voyageant sur la terre avec une protection spéciale, suit ainsi pleinement le chemin de Caïn, avec
son culte non agréé par Dieu, son crime envers Abel, sa condamnation pour homicide consistant à
errer sur la terre, et son signe sur le front. Cette thèse se démontre de la manière suivante :
L’analogie entre Caïn et l’Antipapauté antéchristique est légitimée par le fait que Caïn est
associé par Notre Seigneur aux juifs impies, apostats, qui vont devenir déicides (Matt. XXIII, 35), par
le fait que l’Antipapauté antéchristique est directement issue de la Synagogue de Satan c’est à dire
des juifs déicides, et par le fait que l’église officielle romaine est appelée sous l’Antipapauté
antéchristique à prendre le chemin de la Synagogue apostate et déicide.
L’analogie entre Abel pourtant laïc et le Pape qui fait partie en revanche du clergé, est
légitimé par le fait que Abel est associé par Notre Seigneur au Pontife Zacharie que les juifs impies
ont tué entre le Temple et l’autel, c’est à dire sur le parvis (Matt. XXIII, 35), et par le fait que le
Pontificat de l’Ancienne Alliance est remplacé par le Pontificat de la nouvelle Alliance.
Abel est «le pasteur du troupeau », et Zacharie est «prêtre » comme cela est dit du Pape. Abel
signifie « deuil » et Zacharie signifie « souvenir de Dieu ». « Les temps de Caïn » désignent par
conséquent l’avènement de l’apostasie au sein du clergé romain, clergé qui perd « le souvenir de
Dieu » et qui perd le Pape. A fortiori « les temps de Caïn » désignent l’avènement de l’Antipapauté
antéchristique qui gouverne désormais l’église officielle romaine, et qui cherche à éteindre le
souvenir de Dieu, la Sainte Doctrine dans les âmes, la succession véritable de Pierre et des autres
Apôtres, et tous les véritables sacrements, par des réformes impies.
Comme le dit saint Thomas d’Aquin (1225-1274) : « le nom de Zacharie signifie souvenir de
Dieu, celui donc qui cherche à éteindre le souvenir de Dieu dans l’âme de ceux qu’il a scandalisé,
répand en quelque sorte le sang de Zacharie. (...) Abel signifie deuil, celui donc qui ne croit pas à
cette parole : « Heureux ceux qui pleurent », répand le sang d’Abel c’est à dire rejette cette vérité
que les larmes sont salutaires. Il en est en effet, qui répandent la vérité des Écritures comme s’ils
répandaient le sang ; car toute Écriture qui n’est point comprise dans son sens véritable est une
Écriture morte » (saint Thomas d’Aquin, La chaîne d’or, Explication des quatre évangiles, Tome V,
saint Matthieu XXI-XXIV, Ed. pamphiliennes, Saignon, p. 152-153).
« Les temps de Caïn », c’est par conséquent la période où le souvenir de Dieu, la véritable Foi
catholique, ne seront même plus dans le cœur des membres de l’église officielle romaine, où les
Saintes Écritures ne seront plus comprises dans leur sens véritable, par ceux qui sont sensés la
connaître. Ceux qui sont à l’origine de ce crime, sont des juifs déicides qui se sont emparés du
Siège de Pierre et enseignent une doctrine hérétique du sein de l’église officielle. Les hommes sont
pour la plupart, incapables de saisir qu’ils ont bien ici une antipapauté à la place de la vraie Papauté
parce qu’ils sont dans l’incapacité de saisir le sens de la Prophétie biblique qui à ce sujet est
pourtant très explicite.
L’expression « Lorsque arriveront les temps de Caïn » concerne à n’en pas douter le temps
des persécutions exercées par la Rome infidèle suivant dans l’apostasie Jérusalem, persécutions
exercées par l’Antipapauté antéchristique sur la véritable Papauté, mais aussi a fortiori, sur les
catholiques fidèles aussi bien membres du clergé comme Zacharie, que laïcs comme Abel, à
l’intérieur du lieu saint comme cela fut le cas de Zacharie, c’est à dire ici dans l’Église, et au milieu
des champs comme cela fut le cas d’Abel, c’est à dire à l’extérieur de l’Église.
« Lorsque arriveront les temps de Caïn » est une expression qui condense à la perfection
toutes ces données que nous mettons en lumière, et qui revient à dire « Lorsque les juifs déicides
frapperont de l’intérieur et à l’extérieur de l’église officielle romaine, le pape et les catholiques
fidèles ».
Cette idée d’infiltration de Caïn, d’éléments étrangers au christianisme, de juifs déicides (Notre
Seigneur associant Caïn à ces derniers), au sein de l’église officielle romaine devient incontestable,
lorsqu’on réalise que l’auteur de la dite prédiction est parti à l’origine d’une interprétation du sens
mystique de l’Epître de Jude pour formuler l’expression « les temps de Caïn ».
En effet, saint Jude associe Caïn avec « certains hommes » qui se sont « glissés »
sournoisement « parmi les fidèles », au sein de l’église officielle par conséquent, et qui sont depuis
longtemps désignés pour le fameux jugement des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en
débauche, et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus-Christ » (Jude, 4 : c’est ce que font les
juifs déicides). Ces « incrédules » vont à leur perte comme les habitants de « Sodome et
Gomorrhe » (Jude, 7 : d’où l’expression de la dite prédiction), et « ils se sont adonnés, en esprit de
lucre, aux égarements de Balaam (...). Ce sont les taches qui souillent vos agapes quand ils s’y
retrouvent pour faire impudemment bonne chère et se repaître, nuées sans eau que le vent
emporte (d’où l’expression « le vent soufflera », le vent de Sodome et Gomorrhe devant par
conséquent souffler selon la dite prédiction, en priorité, sur ces gens là), arbres de fin d’automne,
sans fruits, deux fois morts, déracinés, vagues agitées par la mer, projetant l’écume de leurs propres
hontes, astres errants, auxquels l’obscurité des ténèbres est réservée pour l’éternité » (Jude 11-13).
Caïn désigne ainsi tout à la fois les juifs déicides infiltrés secrètement, à la fin des temps, dans
la hiérarchie ecclésiastique pour s’emparer du Siège de Pierre, que les pseudo-catholiques qui,
notamment au sein du clergé, suivent la politique de Caïn, de ces juifs déicides infiltrés. Ce monde-
là n’est composé que de faux frères, d’hypocrites, qui ne méritent pas de manger avec les justes. Ils
semblent travailler pour la Sainte Église des Papes, mais en réalité, ils travaillent contre celle-ci.
Voilà l’ennemi situé à l’intérieur de l’église officielle romaine, le cheval de Troie destiné aux derniers
temps de l’Église, à occuper complètement cette église, après l’avoir vidée de la Sainte Papauté et
des catholiques fidèles.
L’expression « astres errants » qui concernent les héritiers spirituels de Caïn, qui désigne le
Caïn de l’expression « temps de Caïn », ne se trouve que dans l’Epître de Jude. Astres peut ici être
indifféremment remplacé par le mot étoiles, asteres dans le texte grec de Jude signifiant étoiles (du
mot aster). Les étoiles au sens mystique du terme représentent les prélats qui sont chargés de
gouverner l’Église (R.P. de Monléon Le sens mystique de l’Apocalypse, commentaire textuel d’après
la Tradition des Pères de l’Église, Nouvelles Editions Latines, Paris, 1984, p. 27), du moins « cette
interprétation a été surtout en vogue chez les latins depuis saint Augustin » notamment (R.P. Père
Allo, Saint Jean, l’Apocalypse, Ed. Gabalda, Paris, 1921, p. 17).
Les étoiles errantes sont par conséquent, les chefs de l’église officielle romaine qui à l’image
de Caïn qui a tué Abel et a été condamné à l’errance par Yahvé (« Tu seras un errant parcourant la
terre ») ont tué la Sainte Papauté pour suivre les desseins de la Synagogue de Satan, tout en
croyant faire le bien, le Caïn d’entre les Caïn étant « l’Antéchrist-antipape », qui contrairement à
bien des Caïn qui ne se rendent pas compte de leur crime à l’égard de la Sainte Papauté, sait qu’il
détruit la Papauté et la véritable Église de Notre Seigneur, ce dont il se glorifie auprès de son dieu
véritable, Lucifer.
Que l’Epître de Jude porte un sens mystique relatif aux derniers temps de l’Église, est
manifeste par le soucis de Jude de rappeler immédiatement après la description de ces hypocrites
infiltrés parmi les fidèles, l’enseignement de la Tradition Prophétique relative à la fin des temps et à
l’avènement de ces imposteurs se faisant passer pour de bons pasteurs catholiques, alors qu’ils
n’ont pas avec eux l’Esprit Saint :
« Mais vous (...) souvenez-vous des paroles (...) qui vous disaient qu’à la fin des temps
viendront des imposteurs (...) n’ayant pas l’Esprit » (Jude 17-19), tant il est vrai que la Tradition
Prophétique enseigne que les juifs déicides, des faux frères, infiltrés dans la hiérarchie
ecclésiastique finiront par dominer, après l’avoir pénétrée progressivement, toute l’église officielle
romaine, en se faisant passer pour de bons pasteurs.
Cette infiltration qui commence dès les premiers temps de l’Église finira nécessairement
selon Jude, par s’imposer dans les derniers temps de l’Église : « A la fin des temps, viendront des
imposteurs » dit saint Jude d’où l’expression dans la dite prédiction : « Lorsque arriveront les
temps de Caïn », c’est à dire « lorsque arrivera la période où les infiltrés dénoncés par saint Jude,
finiront par l’emporter au sein de l’église officielle romaine. »
Que l’Epître de Jude soit ainsi d’une portée eschatologique se voit confirmé également par le
secret de la Salette qui en révèle le sens mystique, dans la mesure où l’expression étoiles errantes
n’a pu être reprise ici que dans Jude : « Malheur aux habitants de la terre ! Dieu va épuiser sa
colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis (« Le vent de Sodome et
Gomorrhe soufflera » car :) Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu (c’est à dire « les prélats
chargés de gouverner l’église officielle romaine ») ont négligé la prière et la pénitence (car ils se
montrent « incrédules » à ce sujet), et le démon a obscurci leurs intelligences (comme pour Caïn) ;
ils sont devenus ces étoiles errantes (« auxquelles l’obscurité des ténèbres est réservée pour
l’éternité », ajoute saint Jude) que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr » (cf.
L’Apparition de la T.-S. Vierge sur la montagne de la Salette le 19/09/1846, secret publié par la
bergère de la Salette, reproduction de l’édition originale de Lecce en 1879 aux Ed. Saint Raphaël
Inc., Québec, p. 10).
Notre Dame ici relie l’Epître de Jude au chapitre XII de l’Apoc., v. 4 : « Et sa queue (la queue
du grand Dragon roux) entraînera le tiers des étoiles du ciel », confirmant l’interprétation des Pères
de l’Église : « Les étoiles sont la figure des prélats, des prêtres, des religieux. (...) Parmi eux, les uns
sont (...) tout à leurs devoirs. (...) Ils forment la première partie ; d’autres négligent leur propre
sanctification, mais du moins s’acquittent (...) du ministère qui leur est assigné : ils sont la seconde
partie. D’autres enfin n’ont souci ni de leur propre âme, ni de celle dont ils ont la charge : ils
constituent la troisième partie » (R.P. de Monléon, op. cit., p. 144) ; c’est cette troisième partie qui est
entraînée dans les derniers temps de l’Église, par le démon armé d’une redoutable puissance (le
Dragon est grand) et assoiffé de sang (le Dragon est roux).
Du point de vue du secret de la Salette, cette troisième partie constitue une majorité
écrasante, forme le clergé de l’église officielle romaine qui a perdu la Foi en rejetant le Vrai Pape.
Cette troisième partie est majoritaire, car les puissances démoniaques en cette période sont plus
fortes que jamais. Le grand Dragon est appelé « l’antique serpent qui est appelé diable » (Apoc. XII,
9), Notre-Dame retenant ici « antique : vieux » et « diable ».
Il est permis de voir derrière l’expression « tiers des étoiles », les anges déchus avec Lucifer,
Lucifer entraînant le tiers des anges dans sa chute, dans la mesure où selon le secret de la
Salette, « Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer » à la fin des temps,
pour aller sur la terre et « abolir la Foi » dans l’église officielle romaine, c’est à dire faire en sorte
que « la troisième partie » l’emporte sur les autres parties.
Il s’agit ici de la deuxième interprétation des Pères de l’Église au sujet de l’expression « tiers
des étoiles » dans l’Apoc. XII, 7. Saint Victorin de Poetovio, évêque pannonien du III ème siècle,
explique que « cette expression se comprend de deux manières » : « Le tiers des étoiles désigne la
partie mauvaise de ceux qui se disent « croyants » (catholiques). Mais, on doit comprendre
également, poursuit-il, qu’il s’agit « du tiers des anges » mauvais qui a chuté avec Lucifer (cf.
Victorin, Sur l’Apocalypse, Ed. du Cerf, Paris, 1997, p.105). L’arrivée massive des anges déchus sur la
terre viendra selon le secret de la Salette en 1964, comme le démontre Boanergès (Boanergès,
L’extraordinaire secret de la Salette, Ed. D.F.T., 1988, p.118-124, 154-156), période où commencent
les temps de Caïn, dans laquelle se trouve le Vrai Pape, ce qui coïncide avec la pensée de Merlin.
« Les temps de Caïn » désignent par conséquent la période où l’église officielle romaine
investie par Caïn, par les mauvais pasteurs, perd toute autorité apostolique en se débarrassant de
cet Abel qu’est le Vrai Pape, pour lui préférer « le Faux prophète de l’Apocalypse », à savoir
« l’Antéchrist-antipape » qui, à poursuivre le raisonnement de saint Césaire d’Arles (470-543), serait
à voir dans la « queue du grand Dragon entraînant le tiers des étoiles ». « La queue, dit ce Père de
l’Église, ce sont les mauvais prophètes » (cf. L ’Apocalypse expliquée par Césaire d’Arles, Ed.
Desclée de Brouwer, Paris, Paris, 1989, p. 93).
Saint Césaire d’Arles dit cela sans doute en référence à Isaïe IX 15 : « Le prophète qui
enseigne le mensonge, celui-là est une queue ». Ceci est d’autant plus vrai que ce qui cause la perte
du clergé impie, apostat, c’est la séduction extraordinaire qu’exerce sur lui ce faux prophète qu’est
l’Antipape de la fin des temps.
Le sens du premier événement étant élucidé, voyons le sens du second événement qui
mérite d’autant plus notre attention qu’il finit de résoudre le problème que pose l’Antipapauté
antéchristique à la conscience catholique, dans la mesure où cette antipapauté rend impossible la
survie de la Sainte Église toute entière, à moins d’une intervention miraculeuse de Dieu. Ce second
événement, est attendu par tous les catholiques fidèles de la fin du XX ème siècle avec impatience,
car c’est lui, et non pas la spéculation théologique si bien menée soit-elle et la compréhension de la
Tradition Prophétique, qui nous sortira de l’impasse. Ce second événement, comme nous l’avons
dit, est « l’union de Pierre avec Paul ».
« Lorsque Pierre sera uni à Paul » indique le jour de retrouvaille entre le Vrai Pape qui s’est
fait usurper son siège par l’Antipapauté antéchristique et les catholiques fidèles persécutés
également par cette même Antipapauté. Elle montre d’une part que ce pape a été répréhensible
mais a reconnu son égarement, et finira par se réconcilier avec les catholiques fidèles.
Elle montre d’autre part que le Vrai Pape sous l’Antipapauté antéchristique a pu échapper à la
mort, et pourra dès lors revenir auprès des siens dans la stupéfaction générale, pour redresser la
situation. Ce retour vraiment miraculeux du Vrai Pape que les catholiques fidèles croyaient dans
l’ensemble perdu à jamais, va corriger le jugement de ces derniers à son sujet, de telle sorte que
l’entente entre le Vrai Pape et les siens sera parfaite. Le Vrai Pape par un miracle de Dieu aura ainsi
rétabli son autorité parmi les catholiques fidèles et l’Antipapauté antéchristique sera enfin
démasquée d’autorité, grâce à la seule présence du Vrai Pape, enfin retrouvé après avoir été perdu
de vue par les siens.
Même le profane comprend sans difficulté que Pierre dans ce passage « lorsque Pierre sera
uni à Paul », Pierre désigne ici le pape. Ce pape est à l’image d’Abel, la grande victime de cette
période maudite que sont « les temps de Caïn », période relative, comme on vient de l’expliquer au
contrôle total de l’église officielle romaine par la Synagogue de Satan, par ce Caïn moderne qu’est
l’Antipapauté antéchristique incarnée par l’Antipape de la fin des temps ou l’Antéchrist-antipape.
L’expression « temps de Caïn » prouve donc que ce Pierre est le pape martyr qui subira les
persécutions de ce Caïn qu’est l’Antéchrist-antipape. L’expression « vent de Sodome et Gomorrhe
soufflera » prouve que ce pape est à la veille des tribulations dernières consécutives à l’apostasie
du clergé romain. Cette apostasie qui menace la Sainte Église dans son existence à un point
extrême attire nécessairement sur le monde entier (c’est pour plaire au monde que le clergé
romain a apostasié) la Colère de Dieu, une Colère similaire à celle qui a provoqué la destruction
totale de Sodome et Gomorrhe, la ruine irrémédiable du Temple de Jérusalem en l’an 70 relative à
l’apostasie de la Synagogue officielle qui a persévéré dans son abomination au point de devenir
fermement déicide. Ces données et en particulier la référence à Sodome et Gomorrhe prouvent
incontestablement que cette prédiction vise ici le même pape que celui que nous venons de voir
annoncé dans Prophetie Merlini.
Ce Pierre de la prédiction est à l’image d’Abel, répétons-le, frappé par ce Caïn d’un genre
nouveau, vraiment redoutable pour l’humanité, qu’est l’Antéchrist-antipape. Mais la prédiction nous
dit après avoir évoqué ces « temps de Caïn », que « Pierre sera uni à Paul ». Si donc cette union de
Pierre à Paul peut se faire, c’est nécessairement parce que Pierre, le pape, n’est tué par Caïn,
l’Antéchrist-antipape, que socialement et non pas physiquement, contrairement à Abel et Zacharie
qui ont été tués physiquement.
Comme l’explique le vénérable Barthélemy Holzhauser au XVIIème siècle en se fondant sur les
Saintes Écritures et l’herméneutique sacrée, tout en reprenant partiellement du moins la pensée
des médiévaux catholiques qui ont étudié sérieusement cet aspect du problème, « la seconde bête
de l’Apocalypse » (Apoc. XIII 11) est « l’Antipape abominable et scélérat idolâtre qui déchirera
l’Occident et fera adorer la première bête ». Cette seconde bête, qui est « un chrétien apostat »,
poursuit-il, « occupera le siège pontifical, tuera le dernier pape successeur légitime de saint
Pierre » (Barthélemy Holzhauser, Interprétation de l’Apocalypse, publiée sous le titre Révélation du
passé et de l’avenir, chez Jacques Monnot éditeur, Metz, 1978, p. 91).
Ce que dit ici Holzhauser n’est vrai du point de vue de notre prédiction et de Merlin qu’à la
condition sine qua non que la mort du Vrai Pape provoqué par l’Antéchrist-antipape, ne soit que
sociale et non pas physique, et que le Vrai Pape ici soit « le dernier Pape successeur légitime de
Pierre » avant les tribulations dernières, tant il est vrai que la succession de Pierre, pour des raisons
que nous exposerons plus loin, ne peut pas expirer avec l’Antéchrist-antipape, même si par ailleurs
les catholiques fidèles les plus éclairés sous cet antipape ont l’impression que tout est
humainement perdu pour la véritable Papauté.
Ce Pierre, le Pape « des temps de Caïn », aucun Caïn ne peut nuire à ses jours, pas même
l’Antéchrist-antipape, chef de ces sodomites modernes que sont les pseudo-catholiques, chef
secrètement chargé par la Synagogue de Satan de détruire la Sainte Papauté. Le Pape « des temps
de Caïn » échappe à la mort physique qu’a voulu lui infliger ce maudit antipape sodomite, déicide,
parce qu’il bénéficie d’une protection spéciale du Ciel contrairement à Abel et Zacharie.
Pierre le premier Pape a également bénéficié de cette protection spéciale en étant libéré
miraculeusement de sa prison par un ange (Actes XII, 6-11). La Tradition rapporte certes que ce
dernier a été crucifié la tête en bas sur l’ager Vaticanus, mais elle rapporte également que c’est
Notre Seigneur qui l’a empêché par une vision de fuir de Rome et lui a demandé ce sacrifice, et
que c’est Pierre qui par humilité à l’égard de son Maître a demandé d’être crucifié ainsi. Son
sacrifice sanglant prophétisé par Notre Seigneur (Jean XXI, 18-19), était plus précieux à la Sainte
Église que sa survie (Sur cette tradition, voir par exemple André-Marie Gérard, Dictionnaire de la
Bible, Ed. R.Laffont, Paris, 1989, p. 1109).
Mais en ce qui concerne le Pape « des temps de Caïn », la survie de ce dernier est au
contraire plus précieuse à la Sainte Église que son sacrifice sanglant. Cette survie extraordinaire
témoigne d’une manière unique, particulière, que Notre Seigneur réalise pleinement sa promesse
de ne pas laisser « les portes de l’enfer » prévaloir contre Notre Sainte Mère l’Église, et a fortiori
contre la Sainte Papauté (Matthieu XVI, 18), au moment même où « les portes de l’enfer » sont sous
« les temps de Caïn » sur le point de vaincre définitivement Notre Sainte Mère l’Église et a fortiori la
Sainte Papauté.
Tout cela rejoint à la perfection la pensée de Merlin dans Prophetie Merlini, qui on l’a vu,
estime également que le Vrai Pape vit toujours même si le monde le croit mort, et ceci
paradoxalement sous le pire des antipapes « l’Antipape germanique », avec lequel il devrait
pourtant être mort physiquement sans l’assistance miraculeuse du Ciel, dans la mesure où
précisément, cet antipape contrairement aux autres antipapes a ouvert en s’emparant par la ruse
du Siège de Pierre, « les portes de l’enfer » sur l’humanité !
« Les portes de l’enfer » dans l’Évangile de Matthieu, chapitre XVI verset 18, signifient d’une
part comme le reconnaît le chanoine A. Weber, « les puissances de l’enfer », tant il est vrai que
« jadis en Orient, c’était aux portes de la cité que les souverains réunissaient les assemblées et
usaient de la plénitude de l’autorité. De nos jours encore le gouvernement de la Turquie s’appelle :
la Sublime Porte » (Chanoine A. Weber, Le saint Évangile commenté par les Apôtres dans leur
Epîtres, Ed. Pontificaux, Braine-Le-Compte, 1908 p. 285).
D’autre part « les portes de l’enfer » signifient ici également dans une certaine mesure « les
hérésies » comme le reconnaît Wigand Siebel, tant il est vrai que « c’est par les hérésies qu’on est
précipité en enfer ». (Wigand Siebel, Catéchisme de l’Oratoire, oratorium divinae veritatis, Saka-
Verlag, 1992, p. 382).
Force est de constater que dans la pensée médiévale, c’est par ce démon humain, cette bête
de l’Apocalypse qu’est « l’Antipape germanique » que viennent les puissances de l’enfer sur
l’humanité, dans la mesure où le règne de cet antéchrist mitré prépare la tyrannie mondiale de
« l’Antéchrist-personne », et c’est également par ce maudit chef prétendument spirituel, que
viennent les hérésies dans l’église officielle romaine, dans la mesure où les pseudo-catholiques
pour se soumettre à son autorité ont tous apostasié, adhérant ainsi pleinement à sa doctrine
hérétique.
En effet, cet antipape est de tous les cloaques d’impureté au sein du clergé romain le plus
grand, notamment par sa doctrine d’un genre nouveau qui est comme un égout gigantesque par
lequel passent toutes les hérésies, les immondices de tous les ennemis de la Foi catholique.
Comme nous le démontrerons plus loin en analysant notamment les prédictions d’Anne Catherine
Emmerick, « l’Antipape germanique » est un oecuméniste de la pire espèce, qui attire à lui non
seulement, comme nous l’avons vu avec Holzhauser les juifs déicides, mais également a fortiori
tous les autres membres des fausses religions (et ceci notamment en raison du lien qui rattache cet
antipape avec sa plus grande préfiguration dans les Saintes Écritures à savoir comme nous le
verrons le pseudo-pontife Ménélas dans le deuxième livre Maccabéen). Et les nations s’offrant
toutes à Satan après avoir rejeté le règne social de Notre Seigneur, l’accueillent partout où il passe,
et sont séduites, comme envoûtées par lui, par son charisme diabolique et extraordinaire.
Par conséquent, selon Merlin, « les portes de l’enfer », les puissances de l’enfer, les hérésies,
étant sur le point avec « l’Antipape germanique » de prévaloir sur Notre Sainte Mère l’Église, de
dominer sur tous les membres de la Sainte Église catholique Apostolique et romaine, Notre
Seigneur est tenu nécessairement selon Merlin, d’accomplir sa promesse de ne pas laisser l’Ennemi
l’emporter définitivement sur la Véritable et Sainte Église, lorsque « les portes de l’enfer » se
déchaîneront contre la Sainte Papauté et la Sainte Église, par l’Antipapauté antéchristique et
l’avènement de la fausse église de la fin des temps se faisant passer pour la Sainte Église tout en
ayant à sa tête « l’Antipape germanique ».
Notre Seigneur est tenu nécessairement de préserver de l’hérésie lors de la grande Apostasie
du clergé romain, le Pape en priorité et même un petit nombre de catholiques fidèles, qui
ensemble sont la Véritable Église.
Dans le cas de figure annoncée par Merlin, cela se concrétise de la manière suivante : plutôt
que de laisser le Vrai Pape tomber dans l’hérésie, Dieu l’enlève par une angélophanie de l’église
officielle romaine, comme il a enlevé Lot de Sodome, c’est à dire en le forçant dans sa grande
miséricorde. Dieu l’enlève secrètement de chez lui, sans que les pseudo-catholiques soient à
même de s’en rendre compte, comme il a enlevé Lot de chez lui, après avoir frappé de cécité les
sodomites. Dieu l’a enlevé comme il a enlevé le premier pape Pierre au nez et à la barbe de ses
gardiens, de ceux qui sont sensés ne pas le perdre de vue.
Mais cet enlèvement, comme on l’a vu, a l’allure d’une mort mystique. Le Vrai Pape, par son
bannissement et son exil forcé, se trouve en rupture avec la communauté, perd tous ses biens
jusqu’à son domicile fixe, n’existe pas pour la justice des hommes, car il est mort du point de vue
juridique, même s’il est en vie, en chair et en os ici-bas, contrairement à ce que dit son acte de
décès. Tel est du moins, le chemin tracé par Merlin, dans Prophetie Merlini.
Par ailleurs, tout conduit à penser dans le contexte décrit par Merlin, que Dieu donne le
courage nécessaire à ceux qui l’aiment vraiment, de se couper de cette église maudite de
« l’Antipape germanique ». Ainsi, les catholiques en se coupant de l’église officielle pour rester
fidèles à Notre Seigneur, ont rejoint dans le combat le Vrai Pape, sans savoir toutefois ce qu’il en
est à son sujet dans la mesure où ce dernier est enterré mystiquement. Le fait que ce Caïn qu’est
« l’Antipape germanique » n’a tué cet Abel, le Pape, que socialement, rend désormais possible le
retour du Vrai Pape auprès des siens, Pape qui peut revenir aussi miraculeusement et aussi
précipitamment qu’il est parti.
En résumé, « lorsque Pierre sera uni à Paul » signifie tout d’abord par conséquent que le
Pape « des temps de Caïn », ou ce qui revient au même le Pape qui a été frappé par « l’Antipape
germanique » n’est pas mort physiquement, biologiquement, mais seulement socialement,
juridiquement, comme le sont les bannis du Moyen Age, avec cette différence qu’il doit exister à
son sujet un faux acte de décès, pour que toute l’église officielle romaine suive avec une confiance
aveugle à la place « l’Antipape germanique » que Merlin situe à la fin du XXème siècle. En effet, ce
pape est bien en vie, il existe et va être uni à Paul.
Sous le règne de l’Antéchrist-antipape, le Siège de Pierre ne doit par conséquent pas être
vacant, la survivance cachée du Vrai Pape donnant seulement l’apparence que le Siège de Pierre
est vacant. Ce n’est en revanche que sous le règne de l’Antéchrist-personne que la situation se
verra aggravée par la vacance véritable du Siège de Pierre, avec le même tourment des
catholiques fidèles qui auront l’impression encore, comme sous le joug de l’Antéchrist-antipape,
que tout est perdu pour la Papauté.
La situation de l’Église se verra aggravée ainsi sous le règne de l’Antéchrist-personne parce
que ce dernier dispose plus de puissance diabolique que l’Antéchrist-antipape. Et pour cause, il est
le fils de Satan par excellence, dépassant en iniquité jusque dans sa conception, son prophète
l’Antéchrist-antipape, comme Notre Seigneur est le Fils de Dieu par excellence, dépassant en
sainteté jusque dans sa conception son prophète Jean-Baptiste.
C’est parce que le Siège de Pierre sera vacant sous l’Antéchrist-personne, que Dieu suscitera
pour compenser cette vacance, deux témoins : « Au moment où la tempête sera plus violente où
l’Église sera sans pilote (...) où tout semblera humainement désespéré, on verre, dit saint Jean, surgir
deux témoins » (Abbé Arminjon, Fin du monde présent et mystère de la vie future, Office central de
Lisieux, 1881, p.54-55, réédité par D.F.T.).
Le sens du mot « Paul » ne cause pas plus de problème que le sens du mot « Pierre ». Paul,
c’est « le plus petit des apôtres », c’est « l’avorton » en référence à saint Paul (I Corinthiens XV, 8-9),
c’est à dire tout catholique fidèle qui est inférieur en dignité au Pape, c’est à dire tout catholique
fidèle désobéissant au clergé impie pour obéir à Dieu, n’hésitant pas, comme Paul l’a fait, à résister
au pape, s’il le faut, si ce pape est répréhensible (Galates II, 11-21). Ainsi, Paul désigne aussi tout
évêque fidèle à la Tradition de l’Église résistant au Vrai Pape lorsque celui-ci était répréhensible au
début de son pontificat jusqu’à l’avènement de son premier usurpateur, puis résistant à
l’Antipapauté antéchristique, par amour de Notre Seigneur Jésus Christ.
Paul, c’est tout catholique fidèle coupé de l’église officielle romaine apostate, qui sait
distinguer la véritable Église, de cette église officielle romaine maudite qui a perdu la Foi. Paul, c’est
tout catholique qui ne s’illusionne pas sur la nature de la fausse église, qui a compris le caractère
irrécupérable, diabolique, de cette église et qui reconnaît dans l’Antipape de la fin des temps, un
antichrist, un faux pape, voire même un antipape redoutable de la pire espèce, et qui sur ce point
reste ouvert à la Tradition Prophétique.
Paul, c’est ce qui fait avec Pierre, la Véritable Église Catholique, Apostolique et Romaine ; c’est
le petit reste fidèle, éparpillé dans le monde, qui, s’il est uni à Pierre fait la force de Pierre et de la
Véritable Église. Pierre et Paul pour être forts devant l’Ennemi doivent nécessairement être unis.
Or précisément, comme le diraient les soldats de la Palice, « lorsque Pierre sera uni à Paul »
signifie que Pierre avant de s’unir à Paul… n’est pas uni à Paul, ou encore : pour que Pierre puisse
s’unir à Paul, il faut auparavant, qu’il ne soit pas uni à Paul.
Pierre n’est pas uni à Paul sous « les temps de Caïn ». Cela signifie donc que l’Ennemi a pris
véritablement le dessus sur la Sainte Église à cette période, même si par ailleurs la Sainte Église va
prendre sa revanche sur la fausse église qui se fait passer pour elle, lorsque enfin « Pierre sera uni
à Paul ». Cela signifie que la Sainte Église est sans force, voire même plongée dans une mort
mystique, bien plus grave que la situation des premiers chrétiens cachés dans les catacombes.
La Sainte Église doit être outragée, et pas seulement à travers Pierre, dont nous avons vu qu’il
est contraint à vivre caché en exil, comme le dernier des bannis, comme n’existant plus aux yeux
du monde, mais aussi à travers Paul qui doit être complètement désemparé en raison de la non-
visibilité de la Sainte Papauté, et qui à côté de cette mise à l’épreuve terrible de ne pas savoir ce
qu’il en est vraiment de la Sainte Papauté du moins du point de vue empirique, subit toutes sortes
de persécutions de la part de la fausse église qui excite contre lui le monde entier et met ainsi à
profit l’éclipse de Pierre qu’elle a provoquée.
La tête de l’Église, c’est Notre Seigneur, mais c’est aussi le Pape, de telle sorte qu’il est
funeste, voire terrifiant d’envisager un pape absolument seul, non uni à l’ensemble des catholiques,
voire même non uni à un seul catholique, non uni à Paul. C’est comme si le corps mystique de
Notre Seigneur qu’est l’Église était privé de sa tête, c’est comme si la Sainte Église offrait d’elle
même l’apparence d’un cadavre.
Sous « les temps de Caïn », la Véritable et Sainte Église des Papes non seulement est
éclipsée, mais cela, selon la dite prédiction médiévale que nous reprenons, doit être dit également
de Pierre, c’est à dire du Vrai Pape, qui sous « les temps de Caïn » existe tout autant que la Sainte
Église, malgré les apparences. Comme toute éclipse a une fin, il arrivera nécessairement que Pierre
sera de nouveau uni à Paul.
Cette éclipse selon Merlin, se fera par « l’Antipape germanique » qui éclipse le Vrai Pape, et
qui par l’église officielle romaine qu’il domine, éclipse la Sainte Église, et a fortiori éclipse ce soleil
qui est Notre Seigneur (cf. notre commentaire des prédictions dites de saint Malachie, au sujet de la
devise « De l’éclipse du soleil », au chapitre III de notre étude). Il convient d’ajouter à cela que c’est
la Synagogue de Satan d’où est issue l’Antipapauté antéchristique qui est à l’origine de la désunion
entre Pierre et Paul.
Cette désunion s’entend de deux façons. Premièrement Pierre n’est pas uni à Paul sur un plan
matériel : Pierre a été séparé de Paul parce qu’il prêche désormais contre la doctrine des apostats
et vient d’être emprisonné à cause de cela, ne pouvant compter que sur un miracle extraordinaire
pour sortir de sa prison et échapper à la mort. Paul est conscient de la gravité de la situation au
sujet de Pierre, au point de croire fermement que ce Pierre emprisonné est perdu à jamais. Pierre
ensuite est délivré miraculeusement de sa prison, mais Paul avant que Pierre lui revienne, vit dans
l’ignorance de cette délivrance.
Entre la délivrance miraculeuse de sa prison et son retour au milieu des siens, période qui
correspond à l’exil caché du Vrai Pape chez Merlin, Pierre est sans Paul, complètement,
absolument, privé du soutien de Paul, c’est à dire véritablement seul, sans sa famille qui est Paul, et
Paul ne s’attend pas à son retour miraculeux. Auquel cas, il faut voir ici une référence au chapitre XII
des Actes des Apôtres où Pierre n’est pas uni à Paul, parce que Pierre est séparé des siens par
l’ennemi, au point que les siens refusent, à l’exception de Rhodé, malgré la contestation pourtant
convaincante de Rhodé, de croire à sa délivrance miraculeuse.
Deuxièmement, Pierre n’est pas uni à Paul sur un plan spirituel : Paul n’approuve pas la
position de Pierre. Auquel cas, il faut voir ici une référence à l’Epître aux Galates II, 11-21. Pierre
(Céphas) n’est pas uni à Paul, parce que Pierre est « répréhensible », et que Paul « lui résiste en
face ».
Il convient d’analyser par conséquent tout d’abord la référence au retour miraculeux de Pierre
(Actes XII). Pierre est perçu comme perdu par les siens, lorsque ces derniers apprennent que
Hérode Agrippa après avoir fait exécuter Jacques par le glaive, pour plaire aux juifs déicides, a fait
arrêter Pierre, et réserve à Pierre un sort semblable à celui de Jacques. Tout semble perdu pour
Pierre, car la surveillance est tellement poussée, voire démesurée à son sujet, qu’il est
humainement impossible que Pierre puisse échapper à la mort.
Pierre est gardé par quatre escouades de soldats (le chiffre quatre renforce ici l’idée que
Pierre est cerné aux quatre points cardinaux, c’est à dire de toute part par l’ennemi). Pierre se
trouve la nuit entre deux soldats, lié par deux chaînes, et devant la porte de sa cellule, comme si
cela ne suffisait pas, des factionnaires veillent. Le plus étrange est que Pierre arrive dans cette
situation à dormir. Cela renforce l’idée que Pierre est résigné à son sort, et que rien ne laisse
espérer un revirement de la situation, si ce n’est le fait que l’Église fait monter assidûment sa prière
vers Dieu pour Pierre emprisonné.
La référence n’est pas comme chez Merlin le chapitre IX de la Genèse, mais le fond reste le
même : comme Lot qui est « entouré » par les sodomites à un point extrême (« des hommes de
Sodome entourèrent la maison de Lot jeunes et vieux, tout le peuple, jusqu’au dernier homme »), et
qui veulent se ruer sur Loth pour le massacrer, Pierre est entouré ici de toute part par les
sodomites de son temps que sont les juifs déicides, dans la mesure où Hérode qui a fait arrêter
Pierre, se met au service de ces derniers qui veulent tout autant massacrer Pierre).
Comme Lot qui est délivré de la main des sodomites par une angélophanie, Pierre est délivré
de la main des juifs déicides par une angélophanie. Comme Lot qui a besoin d’être secoué par les
anges pour quitter Sodome (« comme il demeurait hésitant », les anges « se saisirent de sa main »
Genèse XIX, 16), Pierre a besoin d’être frappé par l’Ange « au côté » pour quitter Jérusalem
apostate. Comme Lot qui s’est fait conduire hors de Sodome par une angélophanie, Pierre se fait
conduire hors de Jérusalem apostate par une angélophanie.
Quand Pierre frappe à la porte des siens, c’est à dire de « Paul » dans le langage de la dite
prédiction, les siens, les catholiques fidèles n’ouvrent pas la porte à Pierre immédiatement. La seule
personne à avoir entendu Pierre frapper à la porte parmi les catholiques fidèles est « une jeune
servante du nom de Rhodé ». Celle-ci est également la seule personne à avoir entendu la voix de
Pierre, et à croire à la délivrance miraculeuse de Pierre. Mais elle n’a même pas la présence d’esprit
d’ouvrir la porte à Pierre, et dans sa joie, elle court annoncer que Pierre est là, en se faisant traiter
de « folle » par le reste des catholiques fidèles, et elle proteste qu’elle ne s’est pas trompée.
Toutefois personne à part elle ne veut croire que Pierre est là en personne : « c’est son ange ! »
Dans le contexte des Actes des Apôtres, l’ensemble des catholiques fidèles n’a aucun motif
de supposer que Pierre est mort puisque Pierre doit comparaître au tribunal le lendemain. Ces
derniers pensent tout simplement que Pierre va être mis à mort par l’ennemi à la suite de Jacques,
et ceci d’une manière tout aussi expéditive que pour Jacques, avec une parodie de justice, et il
estime tout aussi fortement que Pierre ne peut pas sortir vivant des griffes de l’ennemi.
En revanche, sous « les temps de Caïn », en raison du fait que le corps antichristique arrive à
l’état adulte, tandis que le corps mystique de Notre Seigneur se trouve plus en difficulté que les
siècles précédents, en raison du fait que le Pape est frappé par Caïn comme jamais un pape ne l’a
été, les catholiques fidèles devant vivre pour la plupart dans l’ignorance de la délivrance
miraculeuse du Vrai Pape jusqu’au retour de ce dernier vers eux, si on suit l’analogie de la dite
prédiction, ont toutes les raisons de penser que le Vrai Pape est décédé.
D’autre part, le Vrai Pape est élu au sein de l’Église officielle romaine selon Merlin, puisque
quand il sort de cette église qui est investie par l’ennemi, il en sort en tant que Pape. Or, pour que
« l’Antipape germanique » puisse réussir à dominer toute l’église officielle romaine, il faut bien que
l’idée du décès du Vrai Pape qui a été élu avant lui selon la Tradition Prophétique, soit partagée par
tous dans l’ensemble. Cette idée se voit renforcée par le fait que Merlin situe l’avènement du Vrai
Pape et de « l’Antipape germanique » à la fin du XXème siècle, et que tous les occupants du Siège de
Pierre élus au Vatican avant Wojtyla appelé « Jean-Paul II » sont tous officiellement déclarés
décédés.
Par ailleurs, la délivrance du Vrai Pape devant nécessairement se faire à l’abri des regards
des sodomites que sont les pseudo-catholiques, si on suit l’analogie établie par Merlin entre Lot et
le Vrai Pape, et la délivrance du Vrai Pape devant également se faire à l’abri des regards des
catholiques fidèles, si on suit l’analogie établie par la dite prédiction entre Pierre l’Apôtre et le Vrai
Pape, il faut s’attendre à ce que la survivance du Vrai Pape soit niée par l’histoire officielle des
événements, tant que ce dernier n’est pas de retour parmi les siens, les prédictions dites de Merlin
à ce sujet ne pouvant être vérifiées empiriquement qu’après la fin de l’exil du Vrai Pape, exil qui à
entendre Merlin est caché et actuel.
Il doit en être de ceux qui défendent l’idée de la délivrance miraculeuse de Pierre sous « les
temps de Caïn », ce qu’il en a été pour Rhodé, c’est à dire qu’ils sont traités de fous par l’ensemble
des catholiques fidèles, bien que ces derniers soient les seuls à réaliser ce qui s’est réellement
passé sur le Siège de Pierre. Ils croient, en effet à la délivrance miraculeuse de Pierre, comme
Rhodé, c’est à dire sans avoir une confirmation visuelle de la présence du Vrai Pape en personne
ici-bas.
Comme Rhodé « la servante », ils doivent être laïcs pour la plupart, et ne doivent pas tenir
une place importante dans l’Église s’ils sont prêtres, bien que Notre Seigneur les a privilégiés. Ils
doivent être « jeunes » comme Rhodé, au moins par l’esprit, et passer pour des personnes sans
expérience. Ils sont en effet plus disposés que les autres à entendre le Vrai Pape « frapper à la
porte » ; « frapper à la porte » signifie dans ce contexte, que le Vrai Pape dans son exil, voudrait
prendre contact avec les siens, mais ne le peut pas encore, il y a une porte, c’est à dire un obstacle
à franchir. Cet appel du Vrai Pape passe dans le cœur de ces « Rodhé » que sont les partisans de la
survivance du Vrai Pape, par des canaux qui sont ceux de la grâce, de la prière et de la réflexion
relative aux « temps de Caïn », et leur fait dire que le Vrai Pape est là en personne sur la terre,
malgré les apparences. Leur mission est de préparer le retour du Vrai Pape parmi les siens. Par
eux, on peut dire que le petit reste de fidèles est avec le Vrai Pape dans la lumière.
Le nom Rodhé signifie rose en grec, comme le reconnaît André-Marie Gérard (dans son
Dictionnaire de la Bible, Ed. Laffont, Paris, 1989, p.1193) ; or précisément la devise « Flos Florum »,
« la fleur des fleur » dans les prédictions dites de saint Malachie comme nous le démontrerons plus
loin en dégageant le sens mystique du midrach du livre de Daniel relative à Suzann (sûsan),
désigne nécessairement le Vrai Pape caché en exil sous les temps de Caïn, l’image de l’Église
persécutée par l’antipapauté antéchristique, le Pape Martyr de la Tradition Prophétique médiévale
relative aux derniers temps de l’Église. En effet, Suzanne signifie en hébreux la fleur de lis (André-
Marie Gérard op. cit. p. 1298), c’est à dire la fleur des fleurs pour les catholiques médiévaux (le lys
étant l’emblème de la royauté française, contre les impies qui estiment au contraire que c’est l’iris,
ou pire le crapeau, cf. A. Lombard-Jourdan, Fleur de lis et oriflamme, signes céleste du royaume de
France, C.N.R.S., Paris, 1991, p. 34), et représente pour l’antiquité chrétienne la figure de l’Église
persécutée par les juifs déicides et les païens (Histoire Sainte, Ed. Fideliter, 1994, p. 225). Le lien
entre Rhodé et Suzanne est d’autant plus étroit que chez les anciens les noms de plantes n’ont pas
toujours une acception précise, Suzanne pouvant aussi bien signifier l’iris, le glaïeul etc., bref toutes
les fleurs qui répondent dans leur ensemble aux caractères biblique du Sûsan. La rose associée à la
couronne (Sagesse II, 8) et à la Sagesse (Ecclésiastique XXIV, 18), la Sagesse s’élevant comme des
rosiers, le lys associé à l’Église (Cantiques II, 1), et à la royauté davidique (Matthieu VI, 28), la rose
partage donc avec le lys la même noblesse. Il n’est donc pas étonnant que Rhodé dans ces
conditions, de par ce qui l’unit à Sûsan, sente la présence de Sûsan, c’est à dire de Pierre persécuté.
Dans les Actes des Apôtres, c’est ensemble que des catholiques fidèles ouvrent enfin la porte
à Pierre. Rhodé ne prend pas cette initiative. Et lorsque ces derniers ont en face d’eux Pierre, ils le
voient et sont dans la stupeur, n’en croient pas leurs yeux. Et Pierre leur raconte comment le
Seigneur l’a tiré de sa prison, et demande d’annoncer sa délivrance miraculeuse aux autres fidèles.
Et Pierre s’en va dans un autre lieu. Puis les tribulations commencent pour les impies qui ont
emprisonné Pierre : les sentinelles sont suppliciées et Hérode est frappé par un ange du Seigneur,
après avoir été pris pour un dieu, sans rendre gloire à Dieu. Ce dernier finit mangé par les vers et
expire (Actes XII, 16-24).
C’est à ce moment là, nous dit l’Abbé J.-B. Glaire en note de sa traduction de la Sainte Bible,
que « la puissante personnalité de Paul se dégage », en s’appuyant sur la fin du chapitre XII des
Actes des Apôtres où Saul c’est à dire Paul réapparaît.
Cela signifie si on suit l’analogie de la dite prédiction, que le Vrai Pape va revenir chez les
siens, en se montrant à des fidèles qui ont cru à sa survivance et à des fidèles qui n’y ont pas cru.
Ces derniers seront d’autant plus dans la stupeur que le Vrai Pape était sensé être mort depuis des
années, ce dernier étant éclipsé tout au long du règne de « l’Antipape germanique ». Le Vrai Pape
leur racontera ce qu’ils n’ont pas pu voir, c’est à dire comment il a été arraché des mains de
« l’Antipape germanique ». Et le Vrai Pape, enfin sa mission accomplie, mourra, sans que l’on ait pu
porter atteinte à sa vie. Puis les tribulations dernières frapperont les membres du clergé impie
responsable de la neutralisation du Pape jusqu’à l’Antéchrist-antipape qui était adoré comme un
dieu, parce que pris comme un vrai pape par les membres de la fausse église. Et Dieu se réservera
le châtiment de cet antipape « vermoulu » (comme Hérode) qui mourra dans l’impénitence finale.
Sur les tribulations du clergé impie qui a entraîné le peuple de Dieu dans l’apostasie dans la
deuxième moitié du XXème siècle, il convient de voir, les révélations de Notre Dame de Quito du 2
Février 1634, publiées dans la revue Fideliter (n° 66, Nov.-Déc. 1988), qui confirment l’idée que la
véritable Papauté n’est plus visible actuellement, qui donnent des précisions chronologiques et une
description de la situation de la Sainte Église qui vont dans le sens de Merlin : document accablant
dans la mesure où « ces révélations ont été reconnues par les autorités ecclésiastiques autrefois
légitimes (ce que reconnaissent la revue Fideliter n° 66 et Yves Chiron, Enquêtes sur les apparitions
de la Vierge, Ed. Perrin-Mame, 1995, p. 103 : les révélations du 2/02/1634 font parties des
manifestations reconnues par l’Église. Nous verrons cela de plus près au chapitre III).
Dans la perspective de la dite prédiction médiévale que nous analysons, Hérode Agrippa,
responsable de la neutralisation de Pierre, apparaît ainsi comme une préfiguration de « l’Antéchrist-
antipape » ou ce qui revient au même de « l’Antipape germanique », responsable de la
neutralisation du Vrai Pape. Du point de vue de la pensée médiévale, comme on l’a vu avec saint
Vincent Ferrier, « un Faux Pape est comme un dieu, une idole pour le peuple », or précisément les
Saintes Écritures rapportent ce fait au sujet d’Hérode : « Quant au peuple, il s’écriait (en ce qui
concerne Hérode) : ce sont les paroles d’un dieu et non celle d’un homme » (Actes XII 22).
D’une part, il est dit dans le verset suivant que Hérode est « rongé de vers », comme
Antiochus IV Epiphane, préfiguration de « l’Antéchrist » selon la pensée patristique, est rongé de
vers : « du corps de cet impie sortaient des vers » (II Maccabées IX, 9 et commentaire du Livre de
Daniel 11, 21 s. de saint Jérôme : « beaucoup de points (...) au sujet d’Antiochus se rapporte
également à l’Antéchrist, et ces faits, qui seraient remplis pareillement par le roi Antiochus, seront
réalisés d’une manière parfaite par l’Antéchrist. C’est là un usage des Saintes Écritures de
représenter la vérité des événements futurs par des figures »).
D’autre part, Mélanie Calvat (sœur Marie de la Croix, bergère de la Salette) qualifie
l’Antipapauté antéchristique de « vermoulue ». En effet, selon le secret de la Salette qu’elle a reçu
de Notre-Dame, « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist ». Par l’expression
« Antéchrist », il faut entendre « l’Antéchrist-antipape » et non pas « l’Antéchrist-personne », du
moins selon la Tradition Prophétique médiévale, dans la mesure où tout le secret de la Salette et
les commentaires que Mélanie en fait s’inscrivent pleinement dans le sens de cette Tradition.
Si des catholiques fidèles ont fait l’erreur de ne pas discerner ici l’Antipape de la fin des
temps, c’est tout simplement par ignorance de ce qu’a été la réflexion des médiévaux catholiques à
ce sujet, ignorance qui contribue à mettre de la confusion dans les esprits. Comme les médiévaux
catholiques, Mélanie défend l’idée que la bête de la terre décrite dans l’Apocalypse (XIII, 11)
désigne « la figure des ecclésiastiques infidèles » qui s’empareront des commandes de l’église
officielle romaine dans les derniers temps de l’Église (cf. sa lettre à l’abbé Roubaud du 2/0/1892,
dans La Salette, Documents, Pour servir à l’histoire réelle de la Salette, Paris, Nouvelles Ed. Latines,
1963-66, Doc. II, p. 70). Comme eux, Mélanie défend l’idée que la Sainte Église sera éclipsée par la
fausse église de la fin des temps, cette fausse église n’étant rien d’autre, selon Mélanie, que l’église
officielle romaine qui aura perdu la Foi catholique véritable et toute autorité apostolique en
adhérant à une fausse papauté et qui malgré son apostasie réussira à se faire passer aux yeux du
monde pour l’Église des Papes (cf. Le message de Notre Dame à la Salette, Ed. Delacroix, Dinard,
1997, p. 15, 25). Comme eux, Mélanie défend que suite à cette usurpation de la fausse église, « on
ne saura quel est le Vrai Pape » (abbé Combes Le secret de Mélanie et la crise actuelle, Rome
1909, p. 137), sauf pour les catholiques fidèles qui seront capable d’identifier le Vrai Pape et
l’Antéchrist-antipape à partir de la Tradition Prophétique, parce qu’il y aura au moins avant les
tribulations dernières, et plus précisément « avant une grandissime tribulation, épouvantable
terrible et générale pour toute la chrétienté », « deux papes vermoulus, plats, douteux » (lettre de
Mélanie datée de Galatina, Italie, du 30/09/1894, dans Documents, Pour servir à l’histoire..., op. cit.
Doc. II, reprise par Michel Servant, Veillez et Priez, Ed.. M. Servant, Association T.R.C.,
Saint-Germain-en-Laye, 1972, p. 883), c’est à dire deux antipapes se succédant l’un après l’autre,
que la presque totalité de ceux qui se diront catholiques prendront pour des vrais papes.
Contrairement à ce qu’a cru Boanergès (dans Actualité de la fin des temps, Ed. D.F.T, 1992,
p.346), Mélanie ne désigne pas par cette expression, la véritable Papauté répréhensible, en raison
du mot « vermoulu » (miné par des larves d’insectes), premièrement parce que deux individus
seulement dans la Bible sont de leur vivant rongés de vers, Antiochus IV, préfiguration de
l’Antéchrist-personne, et Hérode, le persécuteur de saint Pierre, deuxièmement en raison de
l’axiome papa dubius, papa nullus, « un pape douteux est un pape nul » (cf. Arnaldo Xavier Da
Silveira, Hypothèse théologique d’un pape hérétique, D.P.F. 1975, p. 292), troisièmement parce que
« plat » signifie ici dépourvu d’attrait au yeux de Dieu, dépourvu de mérite, bon à jeter au feu,
quatrièmement parce que ces occupants du Siège de Pierre, elle les place à la tête de l’église
officielle romaine qui a perdu la Foi, puisqu’elle les situe juste avant les tribulations dernières et que
c’est cette fausse église qui provoque le Jour de la Colère de Dieu, et cinquièmement parce que
cette expression n’a d’intérêt que par son lien avec le sens mystique des Saintes Écritures et la
Tradition Prophétique. Les médiévaux catholiques comme nous le verrons avec le bienheureux
Bernard de Bustis et les prédictions dites de saint Vincent enseignent qu’il y aura au moins deux
antipapes dont l’un sera « l’Antéchrist-antipape », qui usurperont la place du Vrai Pape. C’est à cette
tradition nécessairement qu’il convient de rattacher l’expression ci-dessus (par inadvertance,
Boanergès a modifié l’ordre des attributs dans l’expression ci-dessus : « vermoulus, plats, douteux »
s’appliquant à deux occupants du Siège de Pierre est devenue chez cet auteur « plats, vermoulus et
douteux », or l’ordre choisi par Mélanie permet de comprendre le cheminement que celle-ci a fait à
partir des Saintes Écritures pour établir sa prédiction).
De même également que le retour de Pierre au milieu des siens se voit accompagné par le
châtiment des impies, c’est à dire d’une part le châtiment des sentinelles chargés de maintenir
Pierre dans sa prison, et d’autre part le châtiment d’Hérode qui pour plaire aux juifs déicides s’est
chargé de faire arrêter Pierre (Actes XII 1-23), de même le retour du Vrai Pape sous « les temps de
Caïn » au milieu des siens se verra accompagné par le châtiment des impies, c’est à dire d’une part
les évêques soumis à l’Antéchrist-antipape (sens étymologique du mot évêque : « surveillants ou
épiscopes ») chargés de maintenir le Pape dans une situation d’impuissance, et d’autre part
« l’Antéchrist-antipape » qui ne cherche qu’à plaire à la Synagogue de Satan.
C’est la raison pour laquelle, la dite prédiction fait figurer le châtiment des impies tout de suite
après l’union de Pierre à Paul, ou ce qui revient au même tout de suite après le retour de Pierre en
exil vers les siens : « Lorsque arriveront les temps de Caïn (premier événement dans l’ordre
chronologique : il faut d’abord que Pierre soit arrêté par Caïn ou les juifs déicides, avant d’être
libéré des mains de Caïn), et lorsque Pierre sera uni à Paul (deuxième avènement succédant
chronologiquement à la neutralisation de Pierre par Caïn, évoquant la délivrance de Pierre des
mains de Caïn, Pierre devant ainsi retourner vers Paul), le vent de Sodome et Gomorrhe soufflera
(c’est à dire le vent de la Colère de Dieu qui doit balayer ces sodomites modernes que sont en
priorité les évêques impies et leur chef, l’Antipape de la fin des temps, tous soumis à la Synagogue
des juifs déicides) ».
Le retour de Pierre vers les siens sonnera à la fin des temps le glas, la fin de l’église de
l’Antéchrist-antipape. Ce retour aura l’allure d’une résurrection, les catholiques fidèles croyant ce
pape perdu à jamais, ne s’attendant pas dans l’ensemble à le revoir au devant de la scène
politique. Dans le même sens, la fin tragique de la fausse église de la fin des temps arrivera aussi
brutalement que le vent de Sodome et Gomorrhe, surprenant tous les impies et remplissant de
stupéfaction même les justes.
Il suffira que le Vrai Pape vivant inconnu du monde sorte de son exil caché, se montre en
chair et en os parmi les siens pour que soient démasqués d’autorité l’Antéchrist-antipape et la
Rome infidèle. En effet, l’Antéchrist-antipape n’arrive à s’imposer dans toute l’église officielle, et à
saper l’action des catholiques fidèles, que par l’idée mensongère que le Pape dont il usurpe la
place est mort. Or, il n’en est rien. Le Vrai Pape n’est mort, on l’a vu, que socialement, et a pour
mission de confondre l’Antipapauté antéchristique en retrouvant les siens, et renverser la situation
en faveur de la Sainte Église, pour permettre à celle-ci de se ressaisir lorsque l’Antéchrist-personne
viendra à son tour, et contrarier ainsi les desseins de Satan.
L’Antéchrist-antipape ne peut pas être un vrai pape, en effet, si le Vrai Pape qui a été élu bien
avant lui est vivant et n’a jamais abdiqué, et si de surcroît sa victime le Vrai Pape sort de son
tombeau pour l’accuser d’être un adorateur de Lucifer.
Le Vrai Pape n’aura donc pas besoin pour démasquer ce dernier de faire un long discours.
Son corps seul à la limite, parce que bien en vie, suffit pour démontrer empiriquement que des
millions d’hommes ont été trompés spirituellement par la fausse papauté, mis en place par Caïn, les
juifs déicides.
Le Père Noël Barbara en cette fin de XXème siècle va dans le sens de la Tradition Prophétique,
quand il dit en conclusion de son analyse de l’apostasie actuelle du clergé : « ce n’est que dans la
mesure où un vrai successeur des Apôtres fera comprendre aux fidèles que le « pape » de l’église
apparente n’est pas le Vicaire du Christ, que le Christ ne l’a pas revêtu de son autorité, qu’on l’aura
démasqué d’autorité. Alors, oui, soyons-en assurés, nous verrons se réaliser la prédiction du Père
Calmel. Démasqués d’autorité, désavoués d’en haut, l’église apparente et son chef tomberont en
poussière et la Rome éternelle retrouvera sa splendeur » (P. Noël Barbara, La bergerie du Christ et
le loup dans la bergerie, Ed. Fort dans la Foi, Tours, 1995, p. 278. Le Père Barbara est Prêtre
catholique fidèle, défendant ici la thèse guérardienne sur l’occupant actuel du Siège de Pierre :
Wojtyla dit « Jean-Paul II » n’est pas pape formaliter, n’a pas l’assistance de l’Esprit Saint, c’est un
antichrist, un hérétique qui tente d’entraîner toute l’Église dans son crime, il n’est pas le chef de la
Sainte Église, mais il serait pape materialiter, posséderait quelque chose de la papauté, assurant
matériellement la continuité de la succession apostolique. Cette thèse est contredite radicalement
par la Tradition Prophétique médiévale).
En disant cela, le Père Barbara s’inspire du R.P. Calmel qui écrit : « On voudrait se redire avec
tant de douceur et de justesse les paroles de vérité, les simples paroles de la doctrine surnaturelle
apprise au catéchisme, que l’on n’ajoute pas encore au mal mais plutôt que l’on se laisse
profondément persuader par l’enseignement de la Révélation, que Rome, un jour, sera guérie ; que
l’église apparente bientôt sera démasquée d’autorité. Aussitôt elle tombera en poussière, car sa
principale force vient de ce que son masque intrinsèque passe pour la vérité, n’étant jamais
effectivement désavoué d’en haut » (R.P. Calmel, o.p. ; revue Itinéraires, mai 1973 : « La Rome
infidèle » étant irrécupérable par nature, ce que dit ici le R.P. Calmel au sujet de la guérison de
Rome, ne peut s’entendre que de « la Rome fidèle » mise à l’épreuve dans sa Foi par la non-
visibilité de la Papauté et par son impuissance à renverser pour le moment « la Rome infidèle » qui
la persécute. La revue Itinéraire défend actuellement la thèse lefébvriste : « Jean-Paul II » est à la
tête d’une « église qui n’est pas vraiment catholique ». Pour garder la Foi, on ne peut lui être soumis,
mais il resterait le Pape ou le chef de la Véritable Église. Cette thèse est encore plus
vigoureusement contredite par la Tradition Prophétique médiévale. En distinguant la Sainte Église
de l’église apparente se faisant passer pour l’Église Catholique, le R.P. Calmel, si on applique sa
pensée au contexte actuel, tendrait à faire de Wojtyla un antichrist car seul un antichrist peut être à
la tête d’une église qui n’aurait du catholicisme que l’apparence).
Plutôt que de faire référence à ce qui n’est qu’une géniale intuition du R.P. Calmel, le bon Père
Barbara aurait été sans doute plus inspiré de s’appuyer directement sur les Saintes Écritures par
l’herméneutique sacrée, et de rechercher la légitimité de « la prédiction » du R.P. Calmel par la
Tradition Prophétique, comme nous essayons de le faire.
Ce que tous les catholiques fidèles attendent avec impatience, et pas seulement le bon Père
Barbara, c’est précisément que la fausse papauté actuelle soit démasquée d’autorité, c’est à dire
selon la dite prédiction médiévale, l’avènement « lorsque Pierre sera uni à Paul », même si par
ailleurs les catholiques fidèles comme l’assemblée de Pierre n’est pas dans l’ensemble disposée, à
l’exception de quelques-uns uns comme Rhodé, à croire, que cet événement signifie la délivrance
et la survivance miraculeuse de ce Vrai Pape.
Cela leur paraît à juste titre fortement improbable ou humainement invraisemblable, or c’est
nécessairement dans le fortement improbable ou l’humainement invraisemblable, qu’il faut
chercher la solution à la crise actuelle de l’Église.
Il était très improbable que Pierre puisse s’échapper de sa prison dans la mesure où ce
dernier faisait l’objet d’une surveillance constante et démesurée. Par ailleurs, les gardes devaient
être particulièrement vigilants contrairement aux représentations picturales sur la délivrance de
saint Pierre où l’on voit des gardes dormir (cf. par exemple la délivrance de Pierre par Raphaël au
Vatican, Rome, chambre d’Héliodore dans Jacques Mesnil, Raphaël, Ed. Braun, Paris, p. 48-50, ou le
tableau de Forestier peint en 1830, se trouvant à la cathédrale St Pierre de Rennes).
Pierre n’avait d’ailleurs même pas la volonté de s’évader. Or, il a pu s’enfuir et ceci sans la
moindre fatigue, sans même sentir les efforts musculaires de son corps puisqu il croyait, en se
sauvant de la prison, avoir une vision. Non seulement, les siens eurent du mal à croire à sa
délivrance malgré son retour, mais Pierre fut le premier à ne pas croire à sa propre délivrance,
malgré sa sortie de prison : « Et sortant, il suivait l’ange, et il ne savait pas que ce qui se faisait par
l’ange fût véritable ; car il croyait avoir une vision ». Pierre ne prit conscience de sa délivrance
qu’une fois bien avancé dans la rue, et lorsque l’ange le quitta : « Alors Pierre, revenu à lui, dit :
Maintenant, je reconnais véritablement que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a soustrait à
la main d’Hérode et à toute l’attente du peuple juif » (Actes XII, 11).
Cette tradition annonce que l’ennemi par l’Antéchrist-antipape s’emparera dans la seconde
moitié du XXème siècle du Siège de Pierre, selon Merlin par exemple comme on vient de le voir. Dès
lors, les nominations des cardinaux par ce monstre d’iniquité qu’est l’Antipape de la fin des temps
seront nécessairement invalides, ces pseudo-cardinaux (qui dit « fausse église catholique » dit
« faux sacrements », « faux autel », « faux évêques », « faux prêtres », « faux cardinaux ») étant mis en
place par la Synagogue de Satan, pour faire disparaître la véritable Papauté (Mgr Lefebvre ignorant
tout de cette tradition part du principe a-priori, ici du moins, que cela n’est pas possible).
Les nominations de cardinaux, les canonisations, les encycliques, les modifications dans la
liturgie et le droit canon, etc., tout ce qu’un antipape peut décréter et qui relève exclusivement de la
fonction pontificale, n’a aucune valeur du point de vue canonique, et cela a fortiori, si cet antipape,
comme c’est le cas ici, est le pire ennemi de l’Église après l’Antéchrist-personne. Un tel dispositif,
comme la mise en place de pseudo-cardinaux pour détruire la Sainte Église ainsi radicalement,
rendra impossible la succession de Pierre à l’intérieur même de l’église officielle romaine.
L’église officielle romaine en se soumettant pleinement à l’Antipapauté antéchristique aura
d’ailleurs perdu la Foi et a fortiori toute autorité apostolique. Ce ne sera plus la véritable Église de
Notre Seigneur, mais une église hérétique d’un genre nouveau, inouï, d’autant plus abominable
qu’elle réussira à se faire passer aux yeux du monde pour l’église des Papes, alors qu’elle n’a
vraiment rien à voir avec celle-ci, par sa nature diabolique, unique, et d’un genre nouveau.
Il sera par conséquent vraiment impossible qu’un vrai pape puisse sortir de cette fausse
église, comme il est vraiment impossible qu’il puisse sortir d’une autre église hérétique. Le Pape ne
peut sortir que de la Sainte et véritable Église qui a été contrainte de sortir de chez elle, des murs
de l’église officielle romaine, désormais occupés par l’ennemi, pour vivre éclipsée, à travers les
catholiques fidèles (à commencer par le Vrai Pape qui a été chassé du Vatican) résistant à
l’apostasie du clergé romain, ne reconnaissant surtout pas l’autorité de l’Antéchrist-antipape ou de
« l’Antipape germanique », et suivant les vrais sacrements, sans souiller le saint Sacrifice de la
Messe par le nom de l’Antipape maudit de la fin des temps, fidèles en cela à la Foi catholique dans
son intégralité.
L’Antipapauté antéchristique en la personne de l’Antéchrist-antipape rendra non seulement
impossible l’élection d’un vrai pape après lui au sein de l’église officielle romaine, mais il rendra
également impossible l’élection d’un vrai pape à l’extérieur de cette église, par des moyens
ordinaires, déjà vus dans l’histoire de l’Église.
Il faudra dans cette situation un miracle extraordinaire, non seulement un miracle donnant un
vrai pape à l’Église, mais un miracle capable d’unifier en ce qui concerne l’épineuse question du
pape les catholiques fidèles entre eux, et pas n’importe quel pape, mais un pape capable de faire
valoir son autorité par sa seule présence, un pape dont l’existence même est un miracle
extraordinaire, un pape qui ne doit sa survivance qu’à un miracle de Dieu, un pape témoignant par
tout son être de l’Amour de Dieu pour la Papauté, capable de stupéfier les siens en les transportant
de joie vers l’assaut final contre les forces antichristiques, un pape capable de relancer la croisade
parmi les catholiques fidèles contre les ennemis de l’Église, un pape capable de démasquer
d’autorité l’Antéchrist-antipape aux yeux non seulement des catholiques mais aussi aux yeux de
tous les hommes, capable de nous prouver ce qui s’est réellement passé sur le Siège de Pierre lors
du remplacement de la vraie Papauté par la fausse papauté.
Le seul Pape qui soit capable de faire cela, c’est nécessairement celui là même qui a régné
sur l’église officielle romaine avant l’Antipape de la fin des temps, qui s’est fait usurper son Siège.
Pour que l’Antipapauté antéchristique puisse être confondue d’autorité, et pour que l’Église
véritable puisse continuer à vivre, il faut impérativement, du moins Merlin ne nous permet pas
d’envisager une autre solution, que ce pape-là ne soit pas mort, mais seulement caché au point que
le monde le croit mort, cette éclipse de la papauté devant permettre pour un temps seulement la
domination de l’Antéchrist-antipape. Et il faut également que ce pape-là puisse sortir de son exil et
revenir vers les siens, l’éclipse de la Papauté par l’Antipapauté devant avoir une fin.
Désormais, la succession de Pierre ne pourra s’effectuer qu’en-dehors du conclave, de l’église
officielle romaine mais ceci UNIQUEMENT par le Vrai Pape qui par définition a été élu par un
conclave parsemé certes de mauvais cardinaux, de Judas, de juifs déicides infiltrés, mais
véritablement cardinaux car nommés par la Papauté véritable, au sein de l’église officielle romaine
par conséquent, quand cette église avait encore l’autorité apostolique, c’est à dire avant
l’avènement de l’Antipapauté antéchristique, tant il est vrai que le Vrai Pape ne peut être élu que
du sein de la Sainte Église, de la véritable Église catholique (Mgr Lefebvre part du principe a-priori
que le Vrai Pape est mort et que Rhodé est folle).
Le Vrai pape est ainsi celui sur lequel repose tout l’avenir de l’Église, bien que ce dernier soit
devenu un vieillard qui ne doit sa longévité extraordinaire, relative à la longueur de son exil, qu’à un
miracle de Dieu. Il plaît à Dieu de se servir des vieillards comme Abraham ou des enfants comme
David pour faire de grandes choses. C’est d’ailleurs la seule manière que Dieu a pour rappeler à
ses enfants qui à la fin des temps sont faibles dans la Foi, que son Église est d’institution divine, ne
doit son existence que par son bon vouloir et certainement point par la volonté des hommes.
C’est dans la manière de Dieu que de manifester ainsi sa puissance et de corriger ainsi les
siens, tant il est vrai que la protection miraculeuse qu’il a exercé à l’égard du Vrai Pape témoigne
que la Papauté et a fortiori l’Église catholique vient bien de Dieu, sonne à la fois comme une
condamnation de Dieu à l’égard de toutes les fausses religions, à commencer par celle que suivent
les pseudo-catholiques soumis à l’Antéchrist-antipape, et comme une condamnation de Dieu de
toutes les thèses que les catholiques fidèles ont inventées au sujet du pape, comme pour ne pas
entendre le bruit que fait le Vrai Pape en frappant à leur porte (Actes XI, 13-17), comme pour ne
pas se mettre à l’écoute de la parole de Dieu.
Sous « les temps de Caïn », répétons-le, le Vrai Pape est coupé de Paul, c’est à dire du
catholique fidèle, de tout catholique sans exception, comme pour être plus donné à Dieu, parce
que Dieu désire faire de lui l’unique instrument qui redressera son Église.
Pour échapper à Caïn, aux juifs déicides infiltrés qui complotent contre lui, cet Abel qu’est le
Pape (contrairement à ce que s’imagine Mgr Lefebvre qui refuse de croire qu’un ange va nous
apporter un Pape, cf. citation précédente) ne peut compter que sur une angélophanie, et non pas
sur l’aide de Paul véritablement, les hommes étant radicalement impuissants à arrêter le bras
meurtrier de Caïn, c’est à dire le complot des juifs déicides qui ont imposé secrètement et par ruse
sur le Siège de Pierre l’un des leurs « l’Antipape germanique », et qui espèrent par cette usurpation
machiavélique éradiquer définitivement de la surface de la terre la Sainte Papauté et toute
succession apostolique.
Cette impuissance de Paul et des hommes de bonne volonté est liée au fait que les
catholiques par leur impiété, leur manque de ferveur et le monde par sa persévérance dans sa
révolte face à Dieu, méritent ce châtiment d’être dominés par Caïn, c’est à dire par les membre de
la Synagogue de Satan dont l’Antipape de la fin des temps.
Il faut savoir à ce sujet, que dans la pensée médiévale catholique, pour que la Papauté puisse
être frappée, il faut d’abord que le pouvoir impérial ou royal soit frappé. Comme le dit Hildegarde
de Bingen au XIIème siècle, « une fois que le sceptre impérial aura été brisé (impérium désigne
aussi bien le pouvoir impérial monarchique ou royal) sans espoir de restauration, la dignité
épiscopale (entendre la Papauté ; traduction dans Péladan : « la tiare du pouvoir temporel » dans
son ouvrage Nouveau Liber Mirabilis, Nîmes chez l’auteur, 1872, p. 299-300) « SUBIRA UN SORT
SEMBLABLE », tant il est vrai qu’il doit arriver à la Papauté ce qui est arrivé à la royauté française
(Hildegarde de Bingen, Le livre des oeuvres divines, visions, Ed. Albin Michel, Paris, 1989, p. 205 ;
position défendue par Boanergès notamment, mais à partir seulement des prédictions transmises
par Notre Seigneur à sœur Lucie de Fatima, dans son ouvrage L’extraordinaire secret de la Salette,
Ed. D.F.T. 1988, p. 223-237, ce qui montre que cette révélation à sœur Lucie est loin d’être une
nouveauté, puisqu’elle s’inscrit dans le sens de la Tradition Prophétique médiévale).
Merlin voit un Pape exilé caché que tout le monde croit mort, qui vit comme abandonné des
siens, exactement comme la plupart des catholiques fidèles estiment aujourd’hui que le petit roi
Louis XVII n’est pas mort au temple malgré un acte de décès à son sujet, et a vécu en exil, caché,
vivant comme abandonné par son peuple.
Dieu a ainsi gardé le Vrai Pape pour qu’il puisse dans l’exil se donner un successeur,
permettre ainsi à la Sainte Église de survivre, et confondre d’autorité l’Antipapauté antéchristique
se faisant passer pour la véritable Papauté. Cette antipapauté sera confondue au moment le plus
propice, c’est à dire au début des tribulations du clergé romain apostat, dans la mesure où au
retour de Pierre succède peu après la fin tragique et méritée de ceux qui ont voulu le mettre à
mort.
Tout porte à penser que le retour de Pierre vers les siens sera suivi de très près par la
destruction même du Vatican et de Rome. La mise à mort du clergé romain apostat, ces tribulations
par leur caractère effroyable, le traumatisme que cela va provoquer chez les pseudo-catholiques
inconscients de la véritable nature de l’église dans laquelle ils se trouvent en esclavage,
démontreront empiriquement que l’église officielle romaine a suscité la Colère de Dieu
précisément en châtiment du mal qu’elle a fait aux catholiques fidèles en excitant le monde contre
ces derniers, en les persécutant, et en châtiment du mal qu’elle a fait au reste du peuple de Dieu en
le privant des vrais sacrements et en l’encourageant vers l’apostasie.
Ces tribulations du clergé impie confirmeront aux yeux des catholiques fidèles que le Vrai
Pape qui leur est revenu miraculeusement, n’est pas un imposeur, que ces accusations contre la
Rome infidèle sont véridiques, que « Rhodé, la servante » malgré son jeune âge ou plutôt la
jeunesse de son esprit, malgré son manque d’expérience dans les affaires de l’Église, malgré la
petitesse de son rang, à savoir l’ensemble des partisans de la thèse de la survivance du Vrai Pape,
ensemble éparpillés dans le monde et perçus par le reste des catholiques fidèles comme ayant
une vue « simpliste » de la situation actuelle de la Papauté, avait raison contre tous (M gr Lefebvre dit
par exemple des partisans de la thèse de la survivance du Vrai Pape, que ces derniers « pensent
de façon simpliste », en ignorant lui-même superbement la face cachée de cette thèse :
cf. Mgr Lefebvre Ils l’ont découronné, Ed. Fideliter, 1987, p. 224).
Ce traumatisme des pseudo-catholiques ou catholiques apostats devant la destruction du
Temple de Rome, le Vatican, sera semblable au traumatisme des juifs déicides ou apostats devant
la destruction du Temple de Jérusalem, destruction qui s’est fait en châtiment du mal que la
Synagogue devenue apostate a fait à Notre Seigneur Jésus Christ, Pontife par excellence, en le
crucifiant, en châtiment du mal que cette synagogue a fait aux chrétiens en les persécutant, et aux
juifs eux-mêmes en les maintenant en son sein en les privant des secours de l’Église, seule héritière
de la Synagogue de Dieu. Cette destruction du Temple est apparue aux yeux des premiers
chrétiens, comme une confirmation des accusations de Notre Seigneur et de saint Pierre au sujet
de l’autorité officielle religieuse de Jérusalem au premier siècle.
D’une part, il restera au Vrai Pape lorsque celui-ci sera revenu vers les siens, un laps de
temps très bref mais suffisant qui lui permettra de raconter son histoire cachée, après quoi, il devra
mourir de vieillesse (non de la main de l’impie) pour assister la Sainte Église du Haut du Ciel, sa
mission terrestre étant achevée et son corps étant usé par les épreuves et un si long exil, un exil
qui semble d’autant plus interminable qu’il doit être proportionné aux fautes commises par la
Papauté, et proportionné à la tiédeur spécifique des catholiques de son temps (fautes et tiédeur
ayant permis l’avènement de l’Antipapauté antéchristique).
Et comme c’est la vie du Vrai Pontife par le martyr qui retient essentiellement à la fin des
temps le bras de la Colère de Dieu, tout porte à penser que peu de temps après son retour et sa
mort, se feront non seulement les tribulations bien méritées du clergé romain apostat mais aussi les
tribulations de l’humanité toute entière, plus coupable que celle du temps de Noé, dans la mesure
où malgré les avertissements des Papes, cette humanité a persévéré jusqu’à vouloir suivre le corps
antichristique à l’état adulte, voyant d’un oeil favorable la révolution dans l’Église et la politique
antichristique de l’Antipape de la fin des temps. Ainsi, les tribulations du clergé romain apostat
doivent coïncider avec le début de la guerre-chaos universelle. Le Vrai Pape venant à décéder,
plus rien ne retiendra le Jour de la Colère de Dieu, pas même le successeur du Vrai pape que le
Vrai Pape se sera donné.
Ce successeur par définition « ne régnera pas longtemps » car il entrera dans la période de la
Guerre-chaos universelle et mourra nécessairement s’il survit à cette guerre sous le règne de
l’Antéchrist-personne, ne pouvant ainsi voir lui aussi ici-bas le triomphe de l’Église de Dieu après la
résurrection d’Enoch et Elie, comme le dit notamment le secret de la Salette : « Mais ni lui (à savoir
le Pape Martyr de la fin des temps), ni son successeur qui ne régnera pas longtemps, ne verront le
triomphe de l’Église de Dieu. » (cf. Boanergès L’extraordinaire secret de la Salette, Ed. D.F.T.,
1988,p.250 ; nous avons vu précédemment qu’il n’y aura pas de Pape, lorsque l’Antéchrist-
personne sera à son zénith.)
Nous avons dit précédemment que c’est la vie du Vrai Pape qui par son Martyr, retient à la fin
des temps le bras de la colère de Dieu. En effet, ce dernier a été formé par Dieu d’une manière
exceptionnel dans le secret, en vivant dans la souffrance et inconnu du monde, de par son exil
caché. Il est par conséquent, de tous les princes de l’Église et de tous les hommes de son temps,
celui qui dans la prière touche le plus le cœur de Dieu. Il est même par excellence l’instrument
privilégié de Notre Dame : « Le Saint Père souffrira beaucoup (dit-elle dans son secret de la
Salette, au sujet du Pape qui subira l’apostasie du clergé romain). Je serai avec lui jusqu’à la fin
pour recevoir son sacrifice (tant il est vrai, ajoutons-nous, que ce dernier dans son exil caché s’offre
en sacrifice pour le salut d’un grand nombre) » (L’Apparition de la T.S. Vierge sur la montagne de la
Salette, le 19/09/1846, publié par la Bergère de la Salette, reproduction de l’édition originale de
Lecce en 1879, par les Editions saint Raphaël, p.13).
Comme Onias III, le dernier Pontife par excellence de l’Ancienne Alliance, le Pontife Martyr
qui s’est fait usurpé son Siège par deux pseudo-pontifes (préfiguration des « deux papes
vermoulus, plats, douteux » dénoncés par Mélanie Calvat dont on vient de parler précédemment,
Ménélas le deuxième pseudo-pontife étant la préfiguration la plus grande de l’Antéchrist-antipape
comme on le démontrera plus loin), qui a vécu en exil en raison de l’apostasie des prêtres, qui est
« la dernière figure du Christ » et qui « dans sa prière garantit en quelque sorte la vie et la paix sur
terre » (cf. Diro Barsotti, Le second livre des Macabées, Ed. Téqui, Paris, 1979, p. 39 & 51), le Pape
des derniers temps de l’Église, le Pontife Martyr qui s’est fait usurpé son Siège par deux pseudo-
pontifes dont l’Antéchrist-antipape, qui vit en exil en raison de l’apostasie du clergé romain, qui est
le Pape le plus semblable au Christ, devenu par son martyr, le plus grand de tous les papes,
garantit tout autant a fortiori dans sa prière la vie et la paix sur terre. Mais que ce Pontife vienne à
mourir, plus rien ne pourra retenir « le vent de Sodome et Gomorrhe » sur les impies (analogie que
nous avons légitimé au tout début de nos recherches dans notre étude, E. Faure, La thèse de la
survivance, Prolégomène I, Rennes, 1998, étude qui présente Onias III, personnage clé du
deuxième livre maccabéen, comme la plus grande préfiguration du Vrai Pape Martyr de la fin des
temps).
En effet, de même que la synagogue officielle de Jérusalem a été châtiée après la mort
d’Onias III pour avoir persécuté ce dernier, pour l’avoir rejeté et réduit à l’exil, la mort d’Onias III
ayant pour effet en particulier toutes sortes de massacres à Jérusalem (II Maccabées V, 6, et surtout
V, 13-14) et le viol du Temple de Jérusalem livré au pillage et à la barbarie (II Maccabées V, 15-22)
au point que Jérusalem se trouva « dépeuplée comme un désert » (I Maccabées III, 45), de même
l’église officielle de Rome sera châtiée après la mort du Vrai Pape Martyr, pour avoir persécuté ce
dernier, pour l’avoir rejeté et réduit à l’exil, la mort du Vrai Pape ayant pour effet toutes sortes de
massacres à Rome et le viol du Vatican livré au pillage et à la barbarie, au point que tout Rome se
trouvera dépeuplé comme un désert.
Voilà ce qui arrive chaque fois que le peuple de Dieu tombe dans l’apostasie et persécute le
Oint de Dieu au point de vouloir se débarrasser définitivement de lui. En répudiant son chef
spirituel légitime, ce peuple cesse d’être en quelque sorte le peuple du Seigneur, comme il cesse
d’être le peuple du Pontife. Le châtiment se traduit notamment par la destruction de la ville sainte
et du Temple, du cœur où est établie la Sainte Religion, du moins officiellement (cf. Daniel IX 26).
A la fin des temps, il faut s‘attendre à ce que ces tribulations ne soient plus locales, comme
cela fut le cas après la mort d’Onias III, et après la mort de Notre Seigneur. Elles ne toucheront pas
seulement Rome et le Vatican mais le monde entier. Comme le dit notamment Notre Dame de la
Salette, « Dieu va frapper d’une manière sans exemple (une fois seulement l’Apostasie du clergé
romain consommée par son refus d’admettre la résurrection du Vrai Pape lorsque celui-ci
reviendra vers les siens, selon le chemin tracé par la dite prédiction médiévale sur l’union de Pierre
à Paul précédent « le vent « de la Colère de Dieu »). Malheur aux habitants de la terre ! Dieu va
épuiser sa Colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis » (L’Apparition de la
T.S. Vierge sur la montagne de la Salette, op. cit., p. 10, voir par exemple les citations que Michel
Servant, pseudonyme de Jean Marty, fait à ce sujet de la Tradition Prophétique dans la première
partie de son étude Veillez et Priez car l’heure est proche, Ed. T.R.C., 1973, Tome I).
On comprend par conséquent la raison pour laquelle l’auteur médiéval fait intervenir « le vent
de Sodome et Gomorrhe » après « l’union de Pierre à Paul ». Il fait cela car cette union est suivie de
la mort de Pierre qui elle-même en raison de la répudiation scandaleuse de Pierre par les pseudo-
catholiques a pour effet, non seulement la destruction de Rome et du Vatican, mais la guerre-chaos
universelle qui aura un effet aussi dévastateur sur les hommes du monde entier que « le vent de
Sodome et Gomorrhe. »
Après avoir démontré ainsi longuement que l’expression « lorsque Pierre sera uni à Paul » fait
référence au retour miraculeux de Pierre (Actes XII), il convient de démontrer que cette expression
fait également référence au caractère répréhensible de Pierre (Galates II, 11-21). En effet, comme
nous l’avons dit précédemment, Pierre avant d’être uni à Paul n’est pas uni à Paul parce que Pierre
est « répréhensible » et que Paul lui « résiste en face ».
Pour comprendre quel est le différend qui s’est élevé entre le Pape Martyr de la fin des
temps et les catholiques fidèles de son temps, il faut saisir l’opposition entre Pierre et Paul :
« Quand Céphas (Pierre) vint à Antioche, je lui résistai en face, dit saint Paul, parce qu’il était
répréhensible. Car avant l’arrivée des émissaires de Jacques (sans doute ajoutons-nous, d’anciens
pharisiens), il prenait ses repas avec les gentils. Mais dès leur arrivée, il se déroba et se tint à l’écart
des gentils, par crainte des circoncis. Le reste des juifs le suivit dans cette hypocrisie, au point que
Barnabé s’y laissa également entraîner. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la
vérité de l’Evangile, je dis publiquement à Céphas : « Si toi, juif comme tu l’es, tu vis à la païenne et
non plus à la juive, comment peux-tu forcer les païens à judaïser ? » (Galates II 11-14).
Comme l’explique l’abbé J.-B. Glaire « saint Pierre comme saint Paul admettaient l’inutilité des
pratiques judaïques, mais se trompaient par trop de prudence, en s’appliquant à ne pas scandaliser
les juifs. Saint Paul lui fit remarquer que sa façon d’agir éloignait les gentils du christianisme. Il n’y a
pas, ici, une question d’infaillibilité, parce que saint Pierre enseignait comme saint Paul que
l’observance du christianisme suffit pour le salut ; ce n’est pas non plus une question de primauté
parce qu’un inférieur peut, avec respect, avertir un supérieur ; mais la manière d’agir de saint Pierre,
pour des motifs de prudence, seulement, mettait, sans qu’il s’en aperçut, un obstacle à la
conversion des païens » (cf. La Sainte Bible selon la Vulgate, Ed. D.F.T., 1992, p. 1810).
Comme l’explique André-Marie Gérard : « cette attitude de Pierre était contraire à la pensée
chrétienne, car les chrétiens devaient être libérés de l’ancienne Loi, à la tyrannie de laquelle la mort
du Christ les avait arrachés. Y revenir, c’était faire fi de la grâce de Dieu » (A.-M. Gérard Dictionnaire
de la Bible, Ed. Robert Laffont, Paris, p. 1108).
Si on suit le rapport analogique établi par l’expression « lorsque Pierre sera uni à Paul », il faut
en déduire que Pierre, le Pape Martyr de la fin des temps qui sera frappé par Caïn, avant de s’unir à
Paul ou avant son retour miraculeux, voire même avant la prise de conscience de son égarement,
sera répréhensible, c’est à dire ne sera pas uni à Paul.
Comme Pierre, le premier Pontife de la Nouvelle Alliance, le Pape Martyr de la fin des temps
qui sera frappé par Caïn, se laissera intimidé par les mauvais catholiques, craignant leur colère. Par
son comportement, il mettra également un obstacle à la conversion des païens, des non-
catholiques, entraînant dans son égarement des catholiques réputés comme Barnabé pour leur
générosité, leur aptitude à consoler leurs frères, à transmettre la Parole de Dieu. Il s’écartera de la
Vérité de l’Évangile et aura tout comme Pierre, une attitude vraiment hypocrite au point d’être
dénoncé publiquement par les catholiques fidèles qui, à l’image de Paul, désobéiront à l’autorité de
Rome pour obéir à Dieu.
A la fin des temps où toute la situation se voit aggravée en raison de l’avancée irréversible du
corps antichristique, où les clivages sont encore plus prononcés, les mauvais catholiques sont d’une
majorité écrasante au sein de l’église officielle romaine lorsque le Vrai Pape s’y trouve encore. Il
viendra un temps sous l’Antipapauté antéchristique, où il n’y aura au sein de l’église officielle
romaine que des mauvais catholiques, des apostats, au mieux des brebis égarées sur le point de
comprendre que Rome n’est plus dans Rome.
En effet, il viendra un temps où les bons catholiques seront tous chassés de cette église, à la
suite du Vrai Pape, seront excommuniés d’une certaine manière par l’Antéchrist-antipape. Cette
excommunication n’aura bien évidemment aucune valeur sur le plan canonique puisque venant de
la fausse église de la fin des temps, d’individus qui sont excommuniés ipso facto par la
Véritable Église.
Cette séparation forcée avec d’un côté les catholiques hypocrites et les bons catholiques par
la mise en place d’une fausse papauté qui poussent les catholiques à prendre position (soit ils se
mettent du côté du faux prophète de l’Apocalypse, en prenant ce dernier pour pape, pour chef,
parce que ce faux pape flatte leurs mauvais penchants, soit ils se mettent du côté du Vrai Pape,
sans trop savoir ce qu’il en est à son sujet, en se coupant du Vatican : il n’y a pas d’autre
échappatoire possible), c’est ce qui fait dire à Anna-Maria Taïgi, « l’ange tutélaire de Léon XII »,
(dirions nous pour reprendre l’expression du cardinal C. Salotti, dans son ouvrage, La bienheureuse
Anna-Maria Taïgi, Ed. Fidès, Montréal, 1942,p.184) digne héritière de la pensée médiévale : « Le
Seigneur permettra que l’iniquité triomphe à Rome... pour séparer le bon grain (sous entendu, les
bons catholiques) de l’ivraie (sous entendu, les catholiques hypocrites) » (Jean de Dompierre,
Comment tout cela va finir, l’avenir jusqu’à la fin des temps, Rennes, chez l’auteur, 1900, p. 49).
Il viendra un temps, où les catholiques fidèles en réaction face à cette parodie
d’excommunication, seront de plus en plus nombreux, de plus en plus assurés dans leur résistance
et prêcheront de plus en plus clairement et publiquement, sans se cacher, la nécessité de se
couper de la Rome infidèle, pour ne pas partager ses crimes et périr avec elle.
Dans un tel contexte, le Vrai Pape n’a pu être élu que par un conclave composé de membres
pourris, pour la plupart, ceux là même, qui après la disparition du Vrai Pape éliront l’Antéchrist-
antipape ou lui ouvriront le chemin. L’une des conditions sine qua non permettant l’élection du Vrai
Pape, a été qu’il poursuive la révolution dans l’Église, favorise la mise en place des réformes
liturgiques impies, corresponde aux desseins des juifs déicides infiltrés dans la hiérarchie
ecclésiastique jusqu’au cardinalat.
Il ne faut donc pas s’étonner que le Vrai Pape avant de se faire usurper sa place, ait eu des
attitudes libérales, cherchant comme Pierre à plaire aux mauvais catholiques. C’est un pape faible
qui, au lieu d’être intransigeant à l’égard du mal comme Paul, s’est laissé intimidé par les mauvais
catholiques, au point de prendre de très mauvaises décisions, mais jamais au point de perdre son
autorité pontificale, même si les apparences à ce sujet peuvent laisser croire le contraire. Il a subi
une trop forte pression de la part des mauvais catholiques manipulés par la Synagogue de Satan
infiltrée jusque dans son entourage le plus proche.
Il ne s’agit pas ici de chercher à ce pape des circonstances atténuantes ou d’atténuer la
gravité de son égarement car Notre Seigneur. lui a infligé comme l’enseigne l'auteur de Prophetie
Merlini la pire des hontes qui puisse exister pour un pape : du sommet où il était, il s’est trouvé
dans une condition sociale pire que tous les bannis de la période médiévale, banni à vie du Vatican
et complètement mort du point de vue juridique, dépossédé de tous ses biens, y compris de sa
propre mort que l’ennemi est allé lui voler en quelque sorte, contraint de vivre isolé des siens dans
la clandestinité, ne pouvant en aucun cas revendiquer son identité, du moins jusqu’à son retour
parmi les siens.
Il s’agit d’une part de dire que son comportement autrefois répréhensible est du même ordre
que celui de Pierre, quoique plus accentué encore, plus prononcé dans la durée et l’intensité (ce
qui est le cas également de son martyr par rapport au martyr de Pierre), de telle sorte que la
tentation est grande de faire de lui un antichrist.
Il s’agit d’autre part de sauvegarder l’idée qu’il est vraiment pape, qu’il n’a pas perdu son
pontificat, qu’il a été le plus mauvais des pape pour devenir par la grâce de Dieu le plus grand des
papes, qu’il ne doit son revirement salutaire et sa sanctification qu’à un miracle extraordinaire de
Dieu, miracle sans lequel il aurait certainement perdu sa dignité de pontife et se serait damné.
Il s’agit surtout d’établir par la Tradition Prophétique médiévale que le Vrai Pape lors de son
pontificat officiel doit nécessairement se montrer libéral, tantôt du côté des catholiques fidèles par
la parole, tantôt du côté des mauvais catholiques par les actes, ne condamnant pas ce qu’il aurait
dû condamner et condamnant ce qu’il aurait dû conserver. Tout en gardant un visage catholique, il
n’a pas hésité à contredire la Tradition à l’image de Pierre qui selon Paul « ne marchait pas droit
selon la Vérité de l’Évangile ».
Comme Pierre dans l’Évangile, dont Jehan Dahyot-Dolivet nous dit qu’il était « bienveillant »
en ne voulant « pas choquer ces anciens juifs soumis naguère aux prescriptions tatillonnes des
pharisiens », en voulant « ménager la chèvre et le choux » (cf. J. Dahyot-Dolivet, Saint Pierre et la
primauté du siège apostolique, Ed. Tolra, Paris, 1969, p. 91), le Vrai pape cherchait à faire plaisir
aussi bien aux mauvais catholiques qu’aux bons catholiques.
Il n’y avait toutefois pas chez lui « une intention perverse de tromper » (comme le dit Mgr
Lefebvre au sujet de Paul VI dans Ils l’ont découronné, Ed. Fideliter, 1987, p. 228). Son hypocrisie
d’autrefois n’égalait pas en effet, celle de l’Antéchrist-antipape aujourd’hui. Il croyait bien faire dans
l’intérêt de Notre Sainte Mère l’Église, contrairement à l’Antéchrist-antipape qui considère que le
Dieu des chrétiens est un dieu mauvais et travaille consciemment à la ruine de la Foi catholique
pour plaire à son dieu Lucifer.
Craignant le pire en voyant le fossé s’agrandir entre rénovateurs, partisans de la révolution
dans l’Église (les mauvais catholiques) et les conservateurs partisans du maintien de la Tradition (à
savoir Paul, les bons catholiques), il a voulu que les rapports entre ces deux camps antagonistes
puissent s’apaiser. Il a cherché une paix impossible, et n’a pas eu le courage, du moins au début de
son pontificat officiel, de tenir tête aux mauvais catholiques, trop nombreux et mieux organisés que
les conservateurs.
Il n’a donc pas eu le profil d’un chef. Il n’était pas fait dans une certaine mesure pour être
pape. C’est la raison pour laquelle Dieu a dû s’occuper de lui d’une manière particulière en le
formant dans le secret et dans le martyr (comme le dit S. Pertini au sujet de Paul VI : « Paul VI
n’était pas fait pour être pape (...) Il n’avait pas ce qui fait le propre du pape, la décision, l’énergie de
la décision » citation reprise par Yves Chiron en conclusion dans Paul VI, le pape écartelé, Ed.
Perrin, Paris, 1993, p. 342. De Paul VI lui-même en 1972, retenons : « Peut-être le Seigneur m’a-t-il
appelé à ce service, non pas parce que j’y avais quelque aptitude, non pas pour que je gouverne
l’Église et la sauve de ses difficultés présentes, mais pour que je souffre quelque chose pour
l’Église et pour qu’il apparaisse clairement que c’est Lui et non un autre qui la guide et la sauve »
(Ibid., p.320).
Par sa « faiblesse psychologique », le Vrai Pape avait « offert l’occasion rêvée, une possibilité
considérable aux ennemis de l’Église de se servir de lui », il s’était « montré favorable au
changement, baptisé mutation et progrès et est allé ainsi dans le sens de tous les ennemis de
l’Église, qui l’ont encouragé » (ce que dit ici M gr Lefebvre de Paul VI, Ibid., p.228, concernerait le Vrai
Pape, si on suit l’analogie de la dite prédiction médiévale).
Les catholiques fidèles n’ont donc pas hésité à reprocher au Vrai Pape publiquement ses
dérobades, son manque d’énergie à défendre fermement la Foi contre les ennemis de l’Église
infiltrés cherchant par tous les moyens à imposer leur révolution dans l’Église. Ce pape a suscité de
la part de l’ensemble des catholiques fidèles les plus vives oppositions, jusqu’à faire douter de la
validité de son pontificat.
En désobéissant ainsi ouvertement au Vrai Pape pour obéir à Dieu, Paul c’est à dire les
catholiques fidèles, ont attiré contre eux la persécution des mauvais catholiques et de l’ensemble
du corps antichristique :
« Oui, telle sera bien la situation des élus : nous deviendrons un sujet d’opprobre. On nous
fera passer pour des originaux, des illuminés qui veulent se singulariser et se mettre en évidence
comme ils peuvent ! On nous fera passer pour des menteurs, des calomniateurs, des imposteurs
qui chercheront à fourvoyer les autres dans nos systèmes ténébreux. Oh ! paradoxe, c’est nous qui
serons les sépulcres blanchis, les fossoyeurs de l’Église par nos idées fixes et vieux-jeu. C’est nous
qui seront traités d’hérétiques, c’est nous qui serons considérés comme les plus dangereux
schismatiques qu’il puisse y avoir. Nous serons donc persécutés en conséquence !... et on ne
manquera pas de nous faire subir tous les traitements appropriés et adaptés aux méthodes
modernes de nettoyage et de correction des esprits » (cf. Albert Bauchud qui est l’auteur anonyme
de la brochure La lutte de la fin des temps entre les deux cités, Association internationale, Pro Fide
Catholica, Martigni, rédigée en 1971, rééditée en 1975, p.23. Cet auteur a le mérite de chercher à
comprendre la situation actuelle de l’Église par le sens mystique des Saintes Écritures. Son analyse
remarquable va pleinement dans notre sens).
Par sa mollesse, le Vrai Pape avant de disparaître, a mis en situation de détresse les
catholiques fidèles qui attendaient en vain d’être défendus par lui publiquement, comme un fils
innocent des crimes dont on l’accuse, est en doit d’attendre d’être au moins défendu par son père.
Comme le dit l’analogie reprise par Merlin entre Lot et le Vrai Pape, « le Vrai Pape a oublié
pour un temps ses devoirs de pape en parlant comme s’il voulait livrer les catholiques fidèles à ses
sodomites que sont les mauvais catholiques, comme Lot a oublié pour un temps ses devoirs de
père en parlant comme s’il voulait livrer ses filles aux sodomites ». Comme Lot qui a résisté aux
anges parce qu’il ne tenait pas vraiment à quitter Sodome, le Vrai Pape a eu un regard de
complaisance à l’égard de la Rome apostate en résistant à Dieu (cf. notre analyse de la pensée de
Merlin), perdant ainsi la confiance de la plupart des catholiques fidèles, ce qui renforce la
détermination de ces derniers de ne pas croire à sa survivance.
En se comportant de la sorte, le Vrai Pontife a non seulement mis à l’épreuve la Foi des
catholiques fidèles, mais en plus, il a mis un obstacle à la conversion des païens. En effet, il est très
difficile pour Paul de convertir les âmes si Pierre (dont Paul reconnaît l’autorité), par sa démission
provisoire, donne l’apparence d’approuver les mauvais catholiques.
Le pire, c’est que le Vrai Pape a dû donner aux catholiques fidèles la terrible et détestable
impression qu’il désirait revenir à l’Ancienne Loi, à des pratiques judaïsantes, tout comme Pierre le
premier pape, même si au fond le Vrai Pape tout comme Pierre, n’avait pas l’intention malgré les
apparences de revenir à l’Ancienne Alliance, et a toujours enseigné la même doctrine que Paul
(comme le dit un sédévacantiste anonyme, effrayé à juste titre par Paul VI : « Après être devenu
pape, un jour, Montini (Paul VI) dont les deux parents étaient juifs, jugea bon de quitter les habits
pontificaux pour revêtir publiquement l’éphod, c’est à dire la tunique des grand prêtres hébreux qui
firent crucifier Jésus ! La photo fut publiée au printemps 1970 dans Paris-Match et dans d’autres
périodiques encore » cf. Décalogue de Satan ; fait rapporté également dans L’Église éclipsée, par
les amis du christ Roi, Ed. Delacroix, deuxième édition, 1997, p. 109).
Tous les catholiques fidèles qui à notre connaissance ont rapporté ce fait pour remettre en
question le pontificat de Paul VI et qui ont bien raison d’être horrifiés par ce scandale inouï, ne se
rendent pas compte cependant que du point de vue de la Tradition Prophétique, ce fait si
répréhensible soit-il, si haïssable, tend paradoxalement à indiquer tout au contraire que Paul VI est
« le Vrai Pape » de la fin des temps. L’origine juive de Paul VI renforce également l’analogie avec
Pierre : « Si toi, juif comme tu l’es », dit saint Paul aux Galates.
Nous avons dit précédemment un peu trop rapidement, car nous y consacrerons un chapitre
entier, que Onias III dont la vie est racontée dans le deuxième livre maccabéen, est la plus grande
préfiguration du Vrai Pape de la fin des temps (en raison du lien rattachant ce livre au livre de
Daniel et à l’Apocalypse, le scénario de la crise maccabéenne devant avoir de grandes similitudes
selon les Pères de l’Église, avec le scénario vécu par L’Église dans ses derniers temps). Le caractère
répréhensible du Vrai Pape rejoint non seulement le caractère de Pierre, mais également le
caractère répréhensible d’Onias III, et ceci à un tel point qu’il ne peut pas y avoir de similitude plus
parfaite entre la situation vécue par le Vrai Pape Martyr de la fin des temps et la situation vécue
par le Vrai Pontife martyr Onias III des derniers temps de la Synagogue.
En effet, de même que le Vrai Pape des derniers temps de l’Église est par définition le pape
qui endure l’apostasie de son clergé par le martyr, de même Onias III est le souverain pontife de
l’Ancienne Alliance des derniers temps de la Synagogue de Dieu qui endure l’apostasie de ses
prêtres par le martyr. Comme le Vrai Pape qui s’est laissé intimidé par les mauvais catholiques qui
sont en position de force au sein de l’Église et qui sont manipulés par les juifs déicides infiltrés
dans la hiérarchie de l’Église, Onias III s’est laissé intimidé par les mauvais juifs de son temps qui
sont en position de force au sein de la Synagogue et qui sont manipulés par la secte prohéllène
dirigée par Simon, secte infiltrée dans la Synagogue au point de s’être emparée de l’administration
financière du culte.
Onias III part à Antioche sous la pression des mauvais juifs « prévaricateurs » pour faire un
accord avec Séleucus IV représentant officiel du royaume païen des séleucides (II Maccabées IV, 5)
alors que cela lui est interdit par la Tradition, comme le montre le premier livre maccabéen : « En
ces jours là surgit d’Israël une génération de prévaricateurs qui séduisaient beaucoup d’autres
personnes en disant : Allons et faisons un accord avec les nations qui sont autour de nous, car
depuis que nous nous sommes séparés d’elles, beaucoup de maux ont fondus sur nous. Et ce
discours paru bon à leurs yeux » (I Maccabées, 11-12).
En ce rendant à Antioche pour voir Séleucus IV, Onias III espère de ce dernier une
intervention qui puisse calmer les rapports entre les rénovateurs, partisans de la révolution au sein
de la Synagogue (les mauvais juifs) et les conservateurs, partisans au contraire du maintient de la
Tradition (les juifs fidèles), intervention qui préserverait selon lui du même coup la paix dans la
société, calmerait Simon membre déterminant de la secte prohéllène (secte, on le verra,
préfigurant à la perfection la franc-maçonnerie actuelle infiltrée dans la plus haute hiérarchie
ecclésiastique de l’église officielle romaine). Du moins Onias III le croit fermement en partant à
Antioche (II Maccabées IV, 5-6), mais qui (à regarder I Maccabées, 11-12) se ferait nécessairement
(comme Simon le veut) aux prix d’ouvrir les porte de la Synagogue à l’esprit du monde helléniste
de l’époque, qui était perçu comme moderne pour les contemporains d’Onias III.
Dans sa naïveté, Onias III ne voit pas que « les prévaricateurs » qui le poussent à partir à
Antioche servent les intérêts de la secte prohéllène. Il ne voit pas que cette secte dirigée par
Simon projette pendant son absence loin de Jérusalem, d’usurper sa place de Pontife, en installant
un pseudo-pontificat. En cédant à leur discours, il ne voit pas qu’il va droit vers un piège, va se faire
arrêter, va se faire déposséder de ses biens, et le plus grave, va se mettre à dos non seulement les
juifs apostats qui ne veulent pas de lui comme chef spirituel, mais aussi les juifs fidèles qui
exaspérés par le comportement libéral qu’il vient d’avoir et par l’apostasie de son frère Jason,
refuseront de le soutenir lors de son exil, et surtout refuseront de choisir un souverain pontife dans
sa famille comme le demandait pourtant la Tradition.
Il importe de noter que la cassure entre Onias III et les juifs fidèles se fait véritablement
lorsque Onias III se rends à Antioche, exactement comme l’opposition entre Pierre et Paul se fait
quand Pierre se rend à Antioche. Antioche vient du mot Antiochos, fils d’Héracles, dont se
recommandent les rois séleucides, successeurs d’Alexandre en Asie. « Deux villes citées dans
l’Écriture portent le nom d’Antioche : Antioche de Syrie », l’actuel Antakya turque, capitale du
royaume séleucide et « Antioche de Pisidie », devenue « Antioche Césarée » sous le règne
d’Auguste, dont on découvre quelques ruines à proximité du village turc de Yalvaç. Antioche de
Syrie est la ville où s’est rendu Onias III, et fait significatif, c’est aussi la ville qui fut « le lieu du débat
entre Pierre et Paul sur l’opportunité d’imposer aux chrétiens venus du paganisme l’observance de
certaines pratiques de la Loi ancienne (Galates II 11-16) » (André-Marie Gérard, Dictionnaire de la
Bible, op. cit. p. 80).
Si l’on poursuit notre raisonnement analogique jusqu’au bout, il convient de dire que le Vrai
Pape à la suite d’Onias III se laissera séduire par un discours révolutionnaire surgissant du sein de
l’église officielle romaine et inspiré par la Synagogue de Satan consistant à vouloir adapter l’Église
au monde moderne, (prédiction qui se présente désormais comme accompli avec Vatican II,
« l’aggiornamento » terme forgé par Jean XXIII signifiant adaptation au monde d’aujourd’hui est l’un
des points principaux du programme de ce pseudo-concile qui a été achevé sous Paul VI). Il
convient de dire que le Vrai Pape se mettra à voyager comme jamais dans l’intention de ramener
la paix dans l’Église et réconcilier l’Église avec le monde (prédiction accomplie par Paul VI). Il
convient de dire que le Vrai Pape à la fin de ses voyages loin de Rome, tombera dans un piège et
se fera remplacer par plusieurs usurpateurs comme cela fût le cas avec Onias voyageant loin de
Jérusalem (c’est la thèse de la survivance de Paul VI qui dit que Paul VI après avoir fini de voyager
se fera neutraliser et remplacer par un sosie, puis par deux antipapes. Bien que localisable dans
nombre de révélations mystiques –cf. par exemple, Boanergès L’extraordinaire secret de la Salette,
Ed. D.F.T., 1988, p. 230-243–, il est difficile de dire quand et par qui cette thèse a commencé, le
scénario de cette thèse se trouvant dans la Tradition Prophétique). Il convient de dire enfin que
l’opposition entre le Vrai Pape de la fin des temps et les catholiques fidèles se fera vraiment
lorsque le Vrai Pape se rendra à Antioche ou dans une certaine Antioche (prédiction également
accomplie, en effet, la protestation des catholiques fidèles a commencé sous Jean XXIII, mais la
cassure déterminante s’est faite sous Paul VI, et ceci dès le début de son pontificat. Or Paul VI au
début de son règne s’est rendu en 1964 à Jérusalem appelée « Antioche » pendant la crise
maccabéenne, et s’est rendu en 1967 en Turquie comme Onias III et Pierre, comme si l’histoire était
un perpétuel recommencement. Jamais auparavant à part Pierre et Onias III, un pontife de la
véritable Religion ne s'était rendu là-bas. Loin d’être une simple coïncidence, le voyage de Paul VI à
Jérusalem suivant les pas que Notre Seigneur a fait le jour des rameaux est un signe eschatologique
annonçant la Passion de la Papauté et sa mort mystique).
L’on trouve le caractère répréhensible du Vrai Pape de la fin des temps dans de nombreuses
prédictions médiévales, et pas seulement chez Merlin ou dans cette prédiction relevée par
Bocconi. Nous aurons l’occasion de revenir à ce thème notamment en consacrant à la pensée du
bienheureux Bernard de Bustis tout un chapitre. En effet, cet auteur du XV ème siècle appelle
« Roboam », le « Vrai Pontife » qui se fera usurper sa place par « le faux pontife » de la fin des
temps lors du grand schisme au sein de l’église officielle romaine : « celui qui sera le Vrai Pontife
au temps du schisme s’appellera Roboam, tandis que le faux pontife se nommera Jéroboam. » (cf.
Michel de Savigny, La perspective des grands événements, Ed. Pierre Téqui, Paris, 1934, p. 348).
Le bienheureux Bernard de Bustis fait ainsi de Roboam dont l’histoire est racontée dans le
premier livre des Rois (chapitre XII, XIII, XIV) et le deuxième livre des Chroniques (chapitres X, XI,
XII) une préfiguration du Vrai Pape Martyr de la fin des temps. Et, il fait de Jéroboam qui est
l’ennemi mortel de Roboam, une préfiguration de l’Antéchrist-antipape.
L’une des raisons qui détermine le bienheureux Bernard de Bustis à faire de Roboam une
préfiguration du Vrai Pape, c’est le fait que le Vrai Pape de la fin des temps par son caractère
répréhensible ressemble ou fait penser fortement à Roboam.
En effet, tout comme ce Vrai Pape, Roboam a été répréhensible pour avoir préféré suivre les
mauvais conseils de son entourage : « Des hommes de rien, gens sans valeur, se sont réunis auprès
de Jéroboam et ont fait pression sur Roboam, fils de Salomon. Or, Roboam était jeune et d’un
caractère faible. Il ne put rester ferme en face d’eux » (2 Chroniques XIII, 7).
Roboam est « fils de Salomon » c’est à dire qu’il est, contrairement à Jéroboam, le véritable
héritier de la royauté davidique, comme le Vrai Pape est contrairement à l’Antéchrist-antipape le
véritable successeur de Pierre. Du point de vue de la Tradition Prophétique, ce sont également des
partisans de la politique de l’Antéchrist-antipape qui ont fait pression sur le Vrai Pape, et le Vrai
Pape étant sans grande expérience (Dieu se chargeant de compléter sa formation dans son exil
caché), et d’un caractère faible, il ne put rester ferme en face d’eux.
Dans son commentaire des Chroniques, Frank Michaëli déduit du verset biblique que nous
venons de citer que « le malheureux Roboam a été victime de sa jeunesse et de sa timidité en face
des gens qui ont fait pression sur lui » (Frank Michaëli Les livres des Chroniques, d’Esdras et de
Néhémie XVI commentaire de l’Ancien Testament, Ed. Delacroix & Niestlé Neuchatel, Paris, 1967, p.
177). C’est également ce qu’enseigne la Tradition Prophétique au sujet du Vrai Pape sans toutefois
chercher à amoindrir la responsabilité ou la trahison du Vrai Pape puisque l’exil caché du Vrai Pape
doit nécessairement sembler interminable, et que l’on mesure la longueur de cet exil par la gravité
de la faute que la Papauté a commise.
Dieu reproche au Vrai Pape d’avoir cédé à la pression des ennemis de l’Église et d’avoir
contribué par son manque de fermeté, son égarement, à l’avancée de l’apostasie au sein de son
peuple. Mais il ne va pas le détruire. Au contraire, il va le contraindre à vivre sur la croix, non pas
pour se venger de lui ou le conduire à sa perte mais pour le sanctifier et faire de lui l’instrument
dont il veut se servir pour redresser la situation de Notre Sainte Mère l’Église.
De même Roboam pour avoir cédé aux ennemis de Dieu et avoir contribué gravement à
l’avancée de l’apostasie, va être puni par Yahvé, mais Yahvé va épargner la vie de Roboam parce
que Roboam comme le Vrai Pape va prendre conscience de par la grâce de Dieu, du mal qu’il a
fait, et va s’humilier devant Dieu en reconnaissant la justice de Dieu. Roboam sera seulement
assujetti (2 Rois XII, 6-8), dépossédé des trésors de la maison de Yahvé et de sa propre maison, et
ceci complètement : « Sésac roi d’Egypte (...) prit les trésors de la maison de Yahvé et les trésors de
la maison du roi, IL PRIT TOUT » (1 Rois XIV 25).
Il en est donc de Roboam ce qu’il en est du Vrai Pape de la fin des temps puisque dans les
derniers temps de l’Église, Dieu devant la tiédeur grandissante de son peuple (entendre ici les
membres de l’église sensés être soumis à la Sainte Papauté) permettra nécessairement pour
châtier celui-ci que le Temple de Rome à savoir le Vatican soit pillé, c’est à dire vidé des vrais
sacrements, vidé de son pape, des catholiques fidèles, de ce qui fait sa grandeur pour être ensuite
pillé au sens militaire du terme, mis à sac, détruit dans ses murs avec du sang versé, et en
particulier le sang des catholiques apostats. Dieu ira même jusqu’à permettre que le Pape soit
déposséder de ses biens à l’image de ce qui est arrivé au Temple de Yahvé avec Sésac, et à la
maison de Roboam.
Dans les derniers temps de l’Église où la situation est encore plus tragique que sous Roboam
en raison de la maturité du corps antichristique, il faut s’attendre à ce que le Vrai Pape perde
encore plus de biens que Roboam, c’est à dire tout ce qu’il est possible à un pape de perdre, ce
dernier, contrairement à Roboam, allant en effet jusqu’à se faire déposséder, on l’a vu, de son
identité et même de sa propre mort.
Sésac ou Chéchak est « le cryptogramme de Babel qui est le nom usuel de Babylone dans
l’Ancien Testament » (pour en savoir plus sur le sens mystique de ce mot, cf. André-Marie Gérard,
Dictionnaire de la Bible, Ed. Laffont, Paris, 1989, p. 204) et Egypte « veut dire en hébreux, ténèbres »
(R.P. de Monléon, Le sens mystique de l’Apocalypse, Nouvelles Ed. Latines, Paris, 1984, p. 180), ce
qui signifie en langage prophétique que le Vatican sera pillé et le Pape légitime dépossédé de tous
ses biens par la Babylone de l’Apocalypse c’est à dire dans la pensée médiévale l’église officielle
romaine devenue Babylone parce que occupée par « des babyloniens », c’est à dire des ennemis
de la pire espèce.
La raison de cette sévérité de Dieu à l’égard de Roboam comme du Vrai Pape, sévérité sans
appel, se justifie doublement. D’une part, Roboam en préférant suivre les mauvais conseils « des
hommes de rien » (préfiguration des mauvais catholiques conseillant le Vrai Pape) plutôt que les
bons conseils des hommes de valeur (préfiguration des catholiques fidèles, membres du clergé
hostiles à la révolution dans l’église), en se laissant intimider ou en subissant la trop forte pression
du camp servant les intérêt de Jéroboam (2 Chroniques XIII, 7 & 1 Rois X, 6-15), a offert l’occasion
rêvée à Jéroboam de s’emparer du « royaume de la maison de David », et ceci avec la permission
de Dieu désirant punir la royauté davidique pour son infidélité (1 Rois XIV, 7).
Et comme Roboam en effet, le Vrai Pape de la fin des temps par son comportement
consistant à se laisser guider par les ennemis de l’Église, a lui aussi donné à l’Antéchrist-antipape
(héritier spirituel de Jéroboam selon Bernard de Bustis) l’occasion rêvée de s’emparer de l’église
officielle romaine.
D’autre part Roboam, fort du soutien des lévites, a laissé s’installer le relâchement et l’impiété
dans la Synagogue (1 Rois XIV, 22-24 & 2 Chroniques XII, 1-2) comme le Vrai Pape lors de son
règne officiel, fort du soutien du clergé validement ordonné, a laissé s’installer le relâchement et
l’impiété dans l’église officielle romaine.
Il existe bien d’autres critères légitimant le point de vue du bienheureux Bernard de Bustis
conduisant à appeler le Vrai Pape Martyr de la fin des temps « Roboam ». Nous les livrerons
lorsque nous aborderons spécialement la pensée de cet auteur médiéval (cf. chapitre III de notre
étude). Contentons-nous pour le moment de dire que ce dernier estime que la structure du
scénario relatif à la situation vécue par le Pape Martyr de la fin des temps est calquée sur la
structure du scénario relatif à la situation vécue par Roboam.
Roboam après Onias III (Onias III étant contrairement à Roboam souverain pontife) est
effectivement la meilleure figure de l’Ancien Testament de ce pape, et pas seulement par le
caractère répréhensible de leur comportement qui les unit. Cette estimation médiévale loin de
contredire tout ce que nous avons dit jusque là est une confirmation extraordinaire de tout ce que
nous avons dit jusqu’à présent sur la situation de la Papauté lors de l’apostasie du clergé romain.
Pour le comprendre, il conviendra donc, lorsque nous aborderons les prédictions du bienheureux
Bernard de Bustis, de mettre en évidence, avec plus de précisions, ce qui rattache du point de vue
prophétique le schisme religieux sous Roboam avec le grand schisme de la fin des temps faisant
de l’église officielle romaine une contre église.
Cet aspect relatif au caractère répréhensible du Vrai Pape martyr de la fin des temps a mérité
d’autant plus notre attention qu’il permet de comprendre nombre de prédictions post-médiévales
relatives à ce pape qui s’inscrivent pleinement dans le sens de la Tradition Prophétique Médiévale
que nous venons de mettre en évidence. C’est en référence à ce point très précis par exemple qu’il
est dit dans les prédictions d’Anne Catherine Emmerich du XIX ème siècle : « Il faut prier pour que le
pape ne quitte pas Rome ; il en résulterait des maux incalculables (...) si le pape quittait Rome ses
ennemis prendraient le dessus » (cf. Message du 10 août 1820. Dans Anne Catherine Emmerich
racontée par elle-même et par ses contemporains, textes présentés par M.-Th. Loutrel, Ed. Téqui,
Paris, 1980, p. 157 ; M.-Th. Loutrel se contente de transmettre dans cet ouvrage les prédictions de
celle-ci, mais sans en saisir le sens caché ; si ce sens était compris, ce livre ne serait pas préfacé par
Paul Rowald, membre de la commission épiscopale « Anne Catherine Emmerich », préface
soutenant l’église wojtylienne, l’église de Wojtyla dit « Jean-Paul II »).
En effet, l’expression ici « quitter Rome » s’entend au sens propre et au sens figuré. « Quitter
Rome » veut dire en premier lieu « sortir de Rome pour voyager » ; or il en est du Vrai Pape de la
fin des temps, avons-nous dit, ce qu’il en a été d’Onias III qui est sorti de Jérusalem pour voyager,
donnant l’occasion à la secte diabolique de Simon de s’emparer du souverain pontificat : le Vrai
Pape finira nécessairement par sortir de la seconde Jérusalem terrestre, Rome, pour voyager,
donnant l’occasion à la Synagogue de Satan infiltrée dans la hiérarchie ecclésiastique jusqu’au
cardinalat, de s’emparer du Siège de Pierre. De même, il en est de ce Vrai Pape Martyr ce qu’il en a
été de Roboam, qui en sortant de Jérusalem, donna également aux partisans de Jéroboam
l’occasion de s’emparer du royaume d’Israël (en effet, Roboam n’était pas non plus à Jérusalem lors
de la révolte menée par le comploteur Jéroboam, puisqu’il est écrit : « Devant la colère d’Israël
(Israël étant manipulé par Jéroboam), le roi Roboam se hâta de monter sur son char pour s’enfuir à
Jérusalem » (1 Rois XII, 18).
« Quitter Rome » veut dire également en second lieu, « sortir de la Rome éternelle », c’est à
dire s’égarer en prenant un autre chemin que celui voulu par Dieu. Or, il en est du Vrai Pape, avons-
nous dit, ce qu’il en est d’Onias III qui sous la pression des prévaricateurs servant les intérêts de
Simon, a voulu faire un accord avec Seleucus IV, c’est à dire adapter la Synagogue de Dieu à l’esprit
du monde helléniste anti-yahviste. Le Vrai Pape finira nécessairement par se laisser influencer par
les membres de la Synagogue de Satan infiltrés dans son entourage, et à vouloir adapter l’Église au
monde moderne antichristique. De même, il en est de ce Vrai Pape, ce qu’il en a été de Roboam,
qui au lieu d’écouter les bons conseils des anciens écouta de « jeunes » loups et menacera de
corriger son peuple avec « des scorpions » (1 Rois XII, 6-11), pour laisser son peuple dans
l’apostasie, lorsqu’il se sentira protéger par les lévites.
« Jeunes », dans 1 Rois XII, 6-11, contrairement à ce que l’on pourrait croire, signifie ici que les
mauvais sujets qui ont influencé Roboam, « n’ont acquis une position dans la société que par
Roboam » (Pierre Buis, Le livre des Rois, Ed. J.Gabalda et Cie, Paris, 1997, p. 111),c’est à dire que
Roboam porte la responsabilité de s’être entouré de gens si mauvais, comme la Papauté porte la
responsabilité de s’être entouré de cardinaux, d’hommes d’Église si mauvais, les élevant aux
honneurs ecclésiastiques qu’ils ne méritent pas. « Le scorpion » auquel fait référence Roboam au
sens littéral du terme désigne un fouet armé de pointes qui évoque l’animal de ce nom, mais au
sens mystique du terme, le scorpion désigne l’hérétique qui ne cherche pas à se faire des adeptes
les armes à la main mais qui s’applique à séduire les gens sans méfiance avant de leur inoculer à
l’improviste le poison qui les perdra (R.P. de Monléon, Le sens mystique de l’Apocalypse, op. cit. p.
149-150). Cela signifie que Roboam qui menace de corriger son peuple avec des scorpions est
égaré spirituellement au point de vouloir se servir d’hérétiques pour se faire obéir, comme le Vrai
Pape avant de prendre conscience de son égarement avait l’intention de se servir des hérétiques
pour se faire obéir des siens. Avec une telle mentalité, il ne faut donc pas s’étonner que Roboam et
le Vrai Pape laissent tomber dans l’apostasie leurs sujets.
A la lumière de ces explications, on comprend ce que signifie la prédiction ci-dessous de
Anne Catherine Emmerich : Il faut prier pour que le pape ne voyage pas loin de Rome, pour
adapter l’Église au monde, et pour qu’il ne s’égare pas comme le premier pape Pierre, en prenant
un autre chemin voulu par Dieu, car « il en résulterait des maux incalculables (...) si le pape quittait
Rome » (sous entendu si le pape quittait Rome comme Onias III et Roboam ont quitté Jérusalem,
pour suivre une politique non conforme à la Volonté de Dieu et souhaitée par les ennemis de Dieu.
Les ennemis du Vrai Pape, dans ce cas là, prendraient le dessus, comme cela est arrivé pour Onias
III et Roboam, c’est à dire s’empareraient du Siège de Pierre comme la secte de Simon s’est
emparé du siège d’Aaron occupé par Onias, s’empareraient de toute l’église officielle romaine
comme Jéroboam s’est emparé du royaume d’Israël appartenant à Roboam. Cela entraînerait « des
maux incalculables » c’est à dire les tribulations dernières, qui sont à l’image de ce qui est arrivé au
peuple de Dieu sous Roboam avec Sésac, puis sous Onias III avec Antiochus IV, Sésac et Antiochus
IV étant les instruments que Dieu dans sa Colère utilise pour corriger son peuple. Il faudrait
s’attendre notamment à la destruction de Rome, à la guerre-chaos universelle puis au règne de
l’Antéchrist-personne, c’est à dire à tout un cortège d’horreurs consécutives à l’apostasie du clergé
romain, qu’il serait trop long à Anne Catherine Emmerich d’énumérer, pour le moment, mais que
par ailleurs elle décrit.
Et en effet, ce qui est présenté par la prophétesse ici dans un langage épuré de toutes
justifications exégétiques et théologiques (ce qui donne à la prédiction un aspect merveilleux :
« Mais où va-t-elle chercher tout cela ? », se dit-on) comme un simple souhait : « Il faut prier » pour
que cela n’arrive pas (sous-entendu, Dieu ne veut pas que le Pape se mette à voyager pour
adapter l’Église au monde et s’égare au point de laisser les siens tomber dans l’apostasie) est
présenté dans d’autres prédictions par la même prophétesse comme inévitable :
Elle voit « la fausse église », « l’église des (catholiques) apostats prendre de grands
accroissements », s’emparer des commandes de l’église officielle romaine, occuper le Vatican et se
faire passer pour la Sainte Église, suppliant Dieu que « cette église ténébreuse s’en aille de
Rome » ; elle voit les prêtres dormir et laisser les membres de la Synagogue de Satan enlever « au
pasteur » c’est à dire au pape « le pâturage qui est à lui », elle voit les ennemis de l’Église imposer
un faux pasteur, un antipape « qui livre tout aux ennemis », et voit venir surtout l’antipape
germanique, puisqu’elle dit que l’antipape auquel elle fait référence vient de ces « coquins de
germains ». Enfin, saisie d’une sainte colère devant une telle désolation, car elle voit « la bergerie »
c’est à dire l’église officielle romaine « brûler par tous les bouts » (malheur par conséquent aux
brebis égarés qui ne la quittent pas parce que retenues à l’intérieur par l’Antéchrist-antipape),
l’extatique Anne-Catherine lève son point fermé en disant que les ennemis de l’Église n’arriveront
pas à ce qu’ils veulent, c’est à dire abolir pour toujours la Sainte Papauté et a fortiori la véritable
Religion : « vous n’y réussirez pas ! Le pasteur est sur un rocher ! », laissant entendre ainsi que le
Vrai Pape qui subira l’apostasie de son clergé sera protégé d’une manière spéciale et surnaturelle
par le Bon Dieu, ne pourra pas tomber dans l’hérésie (Dieu l’en empêchera), et échappera des
mains de ses ennemis (R.P. Karl E. Schmoeger, Vie d’Anne Catherine Emmerich, Ed. Pierre Téqui,
Paris, 1950, Volume II, p. 414, volume III, p. 117 & p. 183-184).
La traduction de Jean de Dompierre (dans Comment tout cela va-t-il finir ? chez l’auteur,
Rennes, 1900, p. 107), traduisant « coquins de germains » par « coquins d’allemands » pour désigner
les ennemis de l’Église imposant l’Antéchrist-antipape, est mauvaise. Ceux qui comme par exemple
Servant (dans Veillez et Priez, Saint Germain en Laye, 1972, p. 310), la reprennent, oublient un peu
vite d’ailleurs que l’Allemagne n’existait pas du temps de Anne Catherine Emmerich (1774-1824),
« l’empire allemand » étant proclamé en 1871. Catherine Saint Pierre (dans Tu es Pierre, Ed.
Magnificat, Québec, 1994, p. 219), gênée sans doute par le mot « allemand » ou « germain », efface
ce dernier de la citation parce que sans doute aucun de ceux qu’elle considère comme antipapes, à
savoir selon elle Paul VI et « Jean-Paul I et Jean-Paul II » n’est allemand, ou « germain » dans le sens
entendu par les mauvais traducteurs. Or le mot germain que les traducteurs français se sont cru en
droit de traduire par allemand, les germains au III ème siècle av. J.-C. occupant l’actuelle Allemagne,
est d’une importance capitale, car en associant ainsi le faux pasteur de la fin des temps aux
germains, Anne Catherine Emmerich sans même connaître sans doute Prophetie Merlini, rejoint à
ce sujet la pensée de Merlin : le grand antipape de la fin des temps sera germanique.
D’autre part, la Pologne du temps de Anne Catherine Emmerich, après être partagée en 1772
entre l’Autriche, la Russie, et la Prusse, est une nouvelle fois partagée par ces puissances en 1795.
En 1795, l’Autriche qui occupe à l’époque dans la confédération germanique une situation
prépondérante s’est même emparée de Varsovie, de Cracovie. François II (1768-1835) qui réunit
tous les états sous le nom d’Empire d’Autriche conserve son titre d’Empereur germanique. Et la
Prusse travaille en 1795 à la germanisation de la Posnanie (province de Pologne). Quant à la Russie,
elle s’empare de l’autre moitié de la Pologne. Bref, que l’on prenne le mot « Germanie » en son
sens prophétique ou que l’on prenne le mot « Germanie » dans le sens étroit de confédération
germanique, la Pologne fait toujours partie du champ visé aussi bien par Merlin que par Anne
Catherine Emmerich.
Les ennemis de Dieu ayant ainsi pris le dessus sur la véritable Papauté, selon Anne-Catherine
Emmerich, tout porte à penser que le Vrai Pape devra nécessairement « quitter Rome », c’est à dire
« être répréhensible », tant il est vrai que l’expression « quitter Rome » à la lumière de l’étude
comparative des prédictions a un sens, comme on l’a vu, bien plus profond que celui qui se donne
au profane, c’est à dire un sens en corrélation avec le sens mystique des Saintes Écritures. Il est
même permis de penser que Anne-Catherine Emmerich ne comprend pas tout ce qu’elle dit,
puisque ce qu’elle dit provient de visions qu’elle a dans des extases, elle-même transmettant des
paroles qui la dépassent, qui, parce qu’elles sont en harmonie avec la Tradition Prophétique
Médiévale, ou biblique tout simplement, ne peuvent être inspirées que par Dieu.
Enfin, il n’y a pas de doute quant à l’identité du pape dont elle parle, de ce pape qui ne doit
pas quitter Rome. Il s’agit bien du Pape Martyr de la fin des temps. En effet, selon Anne-Catherine
Emmerich, c’est le pape qui doit faire face à « la fausse église de ténèbres en progrès » et à « la
funeste influence » que cette église maudite « exerce sur l’opinion », et a priori sur un pape
influençable. C’est un pape qui « avant sa mort » doit « avoir bien des tribulations à souffrir ». C’est
un pape plongé dans une « détresse si grande que l’on doit implorer Dieu jour et nuit ». C’est un
« pape caché » car, dit-elle, ne pouvant « se fier qu’à peu de personnes ». C’est un pape à la fois
« très faible et tout épuisé » mais fort de la protection divine, force qui, si elle était connue, dit-elle,
ferait éclater « le mauvais parti », et en particulier « les gens de la secte secrète » (entendre les
membres de la Synagogue de Satan infiltrés dans la hiérarchie ecclésiastique romaine) qui sapent
« sans relâche la grande Église (entendre l’église officielle du Vatican) » et qui ont auprès d’eux
« une horrible bête qui est montée de la mer », cette bête désignant dans l’Apocalypse
« l’Antéchrist-personne » (Apoc. XIII, 1-10). Toutes ces indications s’inscrivent pleinement dans le
sens de la Tradition Prophétique médiévale, et ne sont là que pour nous permettre de mieux
comprendre cette Tradition, elle-même fondée sur les Saintes Écritures (cf. en ce qui concerne les
citations reprises dans ce paragraphe, Anne Catherine Emmerich racontée par elle-même, textes
présentés par Loutrel, op. cit. p. 156-157).
Dans le même sens, quand Notre Dame de la Salette dit : « que le Vicaire de mon fils, le
Souverain Pontife, Pie IX, ne sorte plus de Rome après l’année 1859, mais qu’il soit ferme et
généreux, qu’il combatte avec les armes de la foi et de l’amour », Elle fait référence par-delà le
sens littéral de ce passage au caractère répréhensible du Vrai Pape Martyr de la fin des temps tel
qu’il est annoncé par la Tradition Prophétique médiévale (L’Apparition de la T.S. Vierge sur la
montagne de la Salette, publiée par la Bergère de la Salette, secret republié aux éditions Saint-
Raphaël, Québec, p. 11). En effet, ce qu’a démontré Boanergès avec beaucoup de pertinence, c’est
que par-delà Pie IX, Notre Dame parle ici de Jean XXIII qui, en 1959, a annoncé dans sa basilique St
Paul HORS-LES-MURS (de Rome) son projet de convoquer un nouveau concile, consistant à ouvrir
les fenêtres de l’Église au monde, à adapter l’Église au monde moderne (Boanergès,
L’extraordinaire secret de la Salette, Ed. D.F.T., 1988, p. 138-141 : Boanergès s’appuie sur des
révélations de la bergère de la Salette à l’Abbé Combe et sur la locution mystique de Léon XIII
faisant reporter de cent ans les années avancées dans Le secret de la Salette, nous ne reviendrons
pas sur cette démonstration, notre objectif étant de faire connaître surtout la Tradition Prophétique
médiévale). En faisant cela, Jean XXIII ne s’est pas rendu compte qu’il commettait la même erreur
qu’Onias III. C’est en voulant s’adapter au monde de son temps que la Synagogue sous Onias III est
tombée dans l’apostasie et là Jean XXIII souhaite cet aggiornamento pour l’Église, plaçant ainsi
l’église officielle romaine sur le même chemin d’apostasie qu’avait pris autrefois la Synagogue,
chemin qui conduisit la synagogue officielle marquée par la crise maccabéenne à rejeter Notre
Seigneur Jésus-Christ.
Deux possibilités s’ouvrent encore aux catholiques fidèles : soit Jean XXIII est un antichrist, un
infiltré membre de la Synagogue de Satan, un faux pape (ce que tend à montrer à partir de
conjectures historiques l’ouvrage L’église éclipsée rédigé par les Amis du Christ-Roi, Ed. Delacroix,
Dinard, 1997, p. 81-89), soit c’est un vrai pape mais qui s’est, comme Pierre, Onias III, Roboam,
comporté d’une manière vraiment répréhensible, à soulever d’indignation le cœur de ceux qui,
comme Paul, préfèrent obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Selon nous, la Tradition Prophétique
permet de trancher : le pape qui fait la première démarche d’ouvrir les portes de l’Église au monde
antichristique en raison du lien qui le rattache à Onias III, bien que fortement répréhensible, est vrai
pape, comme le premier pape qui sort de Rome pour voyager très loin de Rome (Paul VI) est vrai
pape, mais les occupants du Siège de Pierre qui prendront le relais de ces initiatives condamnées
par Dieu ne peuvent en aucun cas être de vrais papes, en raison du lien rattachant ces derniers aux
pseudo-pontifes Jason et Ménélas.
La preuve que l’expression « sortir de Rome » (expression équivalente à celle apportée par
Anne-Catherine Emmerich, que la traduction française traduit par « quitter Rome »), doit être prise
dans un sens péjoratif, a pour signification s’égarer, s’éloigner du chemin voulu par Dieu, vouloir
adapter l’Église au monde, est apportée par le secret de la Salette, qui après avoir dit « que (...) le
Souverain Pontife (...) ne sorte plus de Rome » dit « mais qu’il soit ferme et généreux, qu’il
combatte avec les armes de la foi et de l’amour », sous-entendu : « sortir de Rome »,
contrairement aux apparences, à toutes les bonnes intentions évoquées par le pape pour sortir de
Rome, « c’est ne pas être ferme et généreux, ne pas combattre avec les armes de la foi et de
l’amour ». Par ailleurs tout porte à penser également qu’il faille entendre l’expression « sortir de
Rome » dans un sens géographique.
Rien que ce tout petit extrait du Secret de la Salette montre à l’évidence que les sorties de
Paul VI loin de Rome sont condamnées par Dieu, y compris cet esprit perfide consistant à vouloir
adapter l’Église au monde et qui n’est rien d’autre que celui de « Vatican II ». Dans cette
perspective, Vatican II passe aux yeux des apostats pour un vrai concile, mais en réalité est un
pseudo-concile, un scandale encore plus grand que tous les faux conciles des temps passés, parce
qu’utilisé par l’Antéchrist-antipape, il fait chuter l’église officielle romaine toute entière dans
l’apostasie.
A fortiori, les voyages de Jean-Paul II apparaissent également comme une abomination du
point de vue prophétique. Mais l’accusation devient à l’égard de Wojtyla plus accablante encore. En
effet, Wojtyla ne peut pas être le Vrai Pape puisqu’il n’est pas le premier sur le Siège de Pierre à
« sortir de Rome. » Puisqu’il arrive en dernière position derrière Paul VI, exactement, comme
Ménélas le pseudo-pontife arrive en dernière position derrière Onias III, Wojtyla ne peut être que
l’Antéchrist-antipape, du moins si on suit l’analogie liant Onias III au Vrai Pape. A y regarder de plus
près, le passage de La Salette que nous venons de citer, en raison du lien qui le rattache
notamment au deuxième livre maccabéen et à toute la Tradition Prophétique médiévale, ne peut
concerner directement en son sens caché que Paul VI et laisse entendre que Paul VI est pape et a
fortiori que Wojtyla est l’Antéchrist siégeant à Rome.
Comme dans la prédiction d’Anne Catherine Emmerich, ce passage du secret de La Salette
se présente comme un souhait de la part du Ciel, mais que l’on s’y trompe pas, le pape sortira de
Rome c’est à dire sera répréhensible, ne suivra ni les recommandations d’Anne Catherine
Emmerich, ni celle de Notre-Dame, car il est dit plus loin « que Rome perdra la foi et deviendra le
siège de l’Antéchrist », c’est à dire l’église officielle romaine perdra toute autorité apostolique parce
que soumise au pire des antipapes qui puissent être conçu, à savoir l’Antéchrist-antipape ou
l’Antipape germanique, le mot « Antéchrist » ici ne désignant nullement l’Antéchrist-personne si on
relie le secret de la Salette à la Tradition Prophétique médiévale, comme nous y contraint d’ailleurs
l’analyse historico-critique ou exégétique. La raison de cette occupation scandaleuse du Siège de
Pierre, de la réussite du moins provisoire du complot maçonnique contre l’Église est dû au fait que
le Vrai Pape manquant de fermeté comme Roboam et Onias III, n’utilisant pas, comme ces derniers,
les armes « de la foi et de l’amour » pour se battre, est sorti de Rome, donnant ainsi l’occasion à
l’Antipapauté antéchristique de prendre le pouvoir à Rome tout en se faisant passer pour la
véritable papauté, les voyages du Vrai Pape permettant également à l’Antéchrist-antipape de
voyager loin de Rome. En bref, Dieu a puni le caractère répréhensible du Vrai Pape et la tiédeur de
l’ensemble des catholiques, en permettant à l’ennemi de s’emparer du Siège de Pierre.
En résumé, la prédiction relevée par Bocconi se révèle être un saisissant condensé de tout ce
qui est enseigné par les médiévaux catholiques initiés à l’herméneutique sacré, par la Tradition
Prophétique médiévale, au sujet de la situation de la papauté lors de l’apostasie du clergé romain à
la fin des temps :
« Lorsque arriveront les temps de Caïn » concerne nécessairement l’avènement de
l’Antipapauté antéchristique tuant la véritable Papauté, du moins socialement, et encore les
persécutions exercées par l’église officielle romaine apostate sur le Vrai Pape et les catholiques
fidèles.
« Lorsque Pierre sera uni à Paul » fait référence nécessairement au retour miraculeux du Vrai
Pape auprès des catholiques fidèles, le Vrai Pape ressuscitant ou sortant de sa mort mystique, de
son exil caché, comme elle fait référence à la prise de conscience du Vrai Pape qui se rendant
compte de la gravité de son comportement répréhensible se rachète par le martyr dans son exil
caché, au bout duquel il doit se réconcilier avec les catholiques fidèles.
Et l’expression « le vent de Sodome et Gomorrhe soufflera » désigne la chute de cette
Babylone maudite qu’est l’église hérétique de l’Antéchrist-antipape, et les tribulations qui doivent
frapper les nations apostates, ces dernières, par leur mentalité inique, étant formellement unies à
cette église.
Cette interprétation que nous faisons de la prédiction médiévale relevée par Bocconi se
vérifie d’une manière spectaculaire à travers une simple analyse des prédictions de Marie des
Neiges Holgado, voyante d’Espagne qui reçut plusieurs messages de Notre Seigneur et de Notre
Dame, concernant le thème qui nous préoccupe. Le 13 Mars 1937, Notre Seigneur lui parle « de la
plus grande confusion au sein de l’Église » qui finira nécessairement par arriver à la fin des temps,
puis reprend intégralement la pensée de notre auteur médiéval anonyme, en faisant référence
explicitement à l’avènement « Lorsque Pierre sera uni à Paul » : « Le Pape qui ira en exil s’appellera
angélique, parce qu’il sera gardé par les Anges, comme le Grand Roi, et il SERA EN UNION avec
vous, Mes biens-aimés (c’est à dire ceux qui, comme Paul, préfèrent obéir à Dieu plutôt qu’aux
hommes, ceux qui en menant le bon combat jusqu’au bout pour défendre la véritable église contre
la fausse, sont appelés à devenirs notamment les Apôtres des Derniers temps). C’est là-bas que
Mon Père entend vous préparer, afin que vous soyez puissamment forts pour partir à la
conquête du monde » (G.-L. Boué, Voix et Visions d’Espagne, Tarbes, Imprimerie Lesbordes, 1938,
p. 60).
En effet, nous avons dit précédemment que le « Pierre qui sera uni à Paul » dans la prédiction
relevée par Bocconi est le même pape annoncé par Merlin qui, lors de l’avènement de
l’Antipapauté antéchristique, est contraint de vivre en exil, mais bénéficiant comme Lot, ou comme
Pierre, de la protection des Anges, et suivant ainsi dans sa mort mystique le même chemin
emprunté par la Royauté française, comme cela avait été annoncé par Hildegarde de Bingen
déclarant dans Le livre des oeuvres divines, que « la Papauté suivra un sort semblable à la
Royauté » à la fin des temps.
Or, la prédiction ci-dessus de Marie des Neiges Holgado nous tient ici EXACTEMENT le même
propos, le Pape qu’elle décrit qui « sera en union », c’est à dire « uni » aux « biens-aimés de Notre
Seigneur », à savoir « Paul » en langage prophétique, est un pape qui « ira en exil » et qui s’appellera
« angélique », non pas qu’il faille voir ici à première vue un lien avec la devise « Pastor Angélicus »
(Pasteur angélique) qui tombe sur Pie XII dans les célèbres prédictions dites de Malachie du
Lignum vitæ publié par Arnold de Wion en 1595, mais parce que ce pape « sera gardé par les
Anges comme le Grand Roi », c’est à dire sera protégé d’une manière spéciale par les Anges
comme cela s’est passé pour Lot et Pierre, pour permettre la résurrection de la Papauté par le Vrai
Pape, ce dernier devant revenir sur la scène du monde lorsque le règne de l’Antéchrist-antipape
sera sur le point de s’effondrer. Il sera également protégé par les Anges comme cela s’est passé
avec les successeurs légitimes de Louis XVI, cette lignée devant permettre la résurrection de la
Royauté par le Grand Monarque.
Ouvrons sur ce dernier point une parenthèse qui s’impose dans la mesure où trop de
catholiques sont dans l’erreur au sujet de la venue du Grand-Monarque, bien que cela ne concerne
point notre sujet. Le Grand-Monarque selon nous devra nécessairement s’imposer lorsque le
monde mis en place par l’Antéchrist-personne sera sur le point de s’effondrer, du moins si on suit
par exemple Mélanie Calvat, lettre du 18 Janvier 1900. Ce point étant controversé mériterait une
rigoureuse et longue démonstration que nous ne sommes pas en droit d’apporter ici, dans une
étude consacrée uniquement au Vrai Pape et à son adversaire l’Antipape de la fin des temps.
Disons, seulement que nos pères dans la foi s’accordent pour dire que si la grande apostasie
générale c’est à dire l’avènement de l’église de l’Antéchrist-antipape arrive sans que le
Grand-Monarque ne soit encore venu s’imposer, il n’est plus permis de croire que ce Grand-
Monarque viendra avant l’Antéchist-personne, car l’Antéchrist-personne ne pourrait venir dans une
période où l’ordre chrétien serait restauré et parce que c’est la décomposition de l’église officielle
romaine par l’antipapauté antéchristique et en particulier le travail de l’Antéchrist-antipape (c’est à
dire le Jean-Baptiste de l’Antéchrist-personne) qui aplanissent ses sentiers et qui vont lui permettre
de s’imposer. Les catholiques fidèles qui se réclament de ces derniers pour penser le contraire
n’ont rien compris à cela, et loin d’être fidèles à l’esprit des personnes catholiques du passé qui ont
effectivement espérer la venue du Grand-Monarque en leur temps ou espérer la venue de ce
dernier avant celle de l’Antéchrist-antipape ou la venue de l’Antéchrist-personne, ils en trahissent
le sens, malgré les apparences, et sont les victimes de la contre-tradition-prophétique, ou du moins
ont un pied à leur insu dans la fausse église de l’Antipape de la fin des temps.
Cela dit, revenons à notre sujet. L’expression « pasteur angélique » à première vue n’a rien à
voir avec le Lignum vitæ (voir ces prédictions par exemple dans le livre de Raoul Auclair, La
Prophétie des Papes, Nouvelles Ed. Latines, Paris, p. 7-18), mais à y regarder de plus près, tout
porte à penser que la devise « pastor angelicus » qui tombe sur Pie XII ici, est une devise nous
indiquant que le temps des pasteurs angéliques est arrivé avec Pie XII. En effet, selon la Tradition
Prophétique médiévale, il y aura à la fin des temps toute une série de papes angéliques qui
recevront une protection spéciale de la part des saints anges pour faire face à la fausse église
catholique de la fin des temps appelée à être gouvernée par l’antipapauté antéchristique. Cette
tradition se localise notamment dans les prédictions connues dans le monde savant sous le nom
de Vaticinia de summis pontificibus (Grundmann fixe la parution de ces prédictions à Pérouse en
1304, thèse suivie par A. Daneu Lattanzi et qui sert de référence pour les nombreux chercheurs
qu’attire la stimulante fécondité du sujet) et ont été baptisées par Hélène Millet et Dominique
Rigaux (C.N.R.S.) qui les ont fait connaître en France à notre époque, sous le nom de « prophéties
du pape aux ours » par référence à la première image de l’œuvre qui montre une figure de pape
entouré de plusieurs ours.
Le Pape Martyr de la fin des temps de Prophetie Merlini se retrouve représenté, selon nous,
dans « la onzième prophétie » des Vaticinia de summis pontificus, sous la forme « d’un homme
hirsute totalement nu sortant d’un rocher ». Il fait partie des papes angéliques et après lui viennent
une série de papes angéliques « devant conduire l’Église vers sa régénération ». Comme le
remarquent Millet et Rigaux, tout concourt en regardant l’iconographie médiévale « à traduire la
notion de résurrection, le rocher verdoyant dont l’ouverture béante évoque celle d’un tombeau, la
contorsion désordonnée du corps de l’ermite (du moins Millet et Rigaux discerne ici un pape
ermite) qui, au-delà de la maladresse de l’artiste et de l’ambiguïté du geste de bénédiction (?),
indique une situation extraordinaire » (Cahiers de Fanjeaux, n° 27, Fin du monde et signes des
temps, Visionnaires et prophètes en France méridionale (fin XIII ème-début XVème siècle), Ed. Privat,
Toulouse, 1982, p. 150).
A la lumière de l’étude comparée des prédictions, il est évident que le pape qui est illustré
dans ces prédictions désigne le pape de la fin des temps qui se fera déposséder de tous ses biens
au point d’être nu comme un ver à l’image de Notre Seigneur sur la croix et qui est appelé à sortir
de son tombeau comme le Christ pour bénir les siens avant que ces derniers affrontent
l’Antéchrist-personne ou les grandes persécutions.
Que ces prédictions dites joachimites aient été répandues par les spirituels franciscains (ce
que nous croyons bien volontiers), qui dépassèrent souvent les limites de l’orthodoxie et furent
condamnés pour schisme et hérésie, ne change rien au fait que ces prédictions ont leur origine, du
moins en ce qui concerne la série des papes angéliques, dans la Véritable Tradition Prophétique.
L’erreur de ces derniers fut de croire qu’ils étaient arrivés à la fin des temps et que l’église officielle
romaine de leur temps était en train de perdre la foi, ayant à sa tête l’antipapauté antéchristique, et
que la venue des papes angéliques, et en particulier l’avènement de la résurrection de la Papauté
par le Vrai Pape était imminente. Il ont cru que ce qu’ils voyaient dans la Tradition prophétique au
sujet de l’apostasie du clergé à la fin des temps se réalisait du moins partiellement sous leur yeux,
car ils se trouvaient en conflit avec la véritable Papauté qu’ils prenaient pour l’Antipapauté
antéchristique. Ils se sont donc servis de la Tradition Prophétique à des fins politiques, ou encore
ce qui revient au même, ils ont cherché à faire correspondre leur conception de la situation de
l’Église de leur temps avec la Tradition Prophétique (reproche que l’on peut nous faire… à
condition de répondre d’une manière satisfaisante aux problèmes que nous soulevons tout au long
de notre ouvrage et qui n’ont jamais fait l’objet d’une étude frontale).
Comme le reconnaissent Millet et Rigaux « lorsqu’arriva le jour où il devint évident que les
papes angéliques n’étaient pas au rendez-vous fixé par les prophéties (c’est à dire par
l’interprétation que les franciscains spirituels firent de la Tradition prophétique), l’œuvre échappa,
grâce à son hermétisme et à la plasticité de ses images fascinantes, au discrédit et à l’oubli. Elle
reçut alors le secours de ces experts en alchimie prophétique que furent Jean de Roquetaillade et
Télesphore de Cosenza. Tous deux projetèrent la suite (à savoir l’avènement des papes angéliques)
dans un futur plus lointain » (Cahiers de Fanjeaux, n°27, op. cit., p. 151).
Et effectivement, dans le sens de la pensée de Roquetaillade, nous sommes bien obligés de
reconnaître que ce n’est pas parce que les franciscains spirituels se sont trompés, en attendant en
vain pour leur temps le renversement de ce qu’ils croyaient à tort être l’Antipapauté de la fin des
temps (et qui était encore en réalité la véritable Papauté), par un « pape » partageant leur point de
vue, et sortant de son tombeau, qu’il faut nécessairement en déduire que l’avènement de la mort
mystique de la Papauté avec le Vrai Pape et l’avènement de l’antipapauté antéchristique
n’appartiennent pas à la Véritable Tradition Prophétique et sortent tout droit de l’imagination des
franciscains spirituels, comme si ces derniers étaient des mystificateurs sans scrupule. La vérité est
qu’ils se sont trompés de bonne foi et que leur doctrine devait être particulièrement impie pour
confondre la véritable Papauté de leur époque avec l’antipapauté de la fin des temps. Mais la
vérité, c’est aussi qu’ils ont compris qu’à la fin des temps, il y aura une série de pasteurs angéliques
dont le Vrai Pape et une série d’antipapes dont l’antéchrist-antipape qui sera « la bête de la terre »
décrite dans l’Apocalypse au chapitre XIII.
Cette série d’Antipapes annoncée par les Vaticinia de Summis pontificus (étudier cette fois Le
Mal et le Diable, leurs figures à la fin du Moyen Age, Faculté des lettres de Paris, Beauchesne, Paris,
1996, p. 146- 71 : chapitre « Images et schismes dans les prophéties sur les papes », par Hélène
Millet et Dominique Rigaux) présente l’Antéchrist-antipape sous la forme d’une bête appelée « la
bestia terrabilis » qui porte deux cornes, en référence à Apocalypse XIII, 11, qui est montée sur un
dragon (comme ne faisant plus qu’un avec lui, ce qui donne à l’Antéchrist-antipape l’aspect d’un
monstre à deux têtes léonines), lui-même portant des ailes de chauves souris, dragon symbolisant
la Synagogue de Satan, la chauve souris (« cauve sorris ») étant l’emblème pour les catholiques
médiévaux des juifs déicides, et l’Antéchrist-antipape faisant corps avec cette synagogue (Bernard
Teyssèdre, Le Diable et l’enfer, au temps de Jésus, Ed. Albin Michel, Paris, 1985, p. 273 : « La
chauve-souris (...) emblème des juifs (...) a charge d’incarner, outre leur refus de voir la lumière du
Christ, leur hypocrisie, leur duplicité. Je suis oiseau : voyez mes ailes. Je suis souris : vivent les rats.
(...) En tant que souris, elle participe des phantasmes sur la bête qui propage la peste, qui vit
l’espace d’une lunaison et s’apparente donc aux menstrues de la femme, qui naît spontanément
des immondices comme les vers, dévore toutes choses comme le Temps et ronge les racines de
l’Arbre de vie. En tant qu’oiseau de nuit, emblème de la Mélancolie qui ne sort de sa retraite
obscure qu’au crépuscule, elle a pour maître Saturne »).
D’autre part, cette bête, dans les Vaticinia de Summis pontificus, emprisonne de sa queue un
cercle d’étoiles en référence, reconnaissent Millet et Rigaux, à Apoc. XII, 3-4 (les étoiles désignant
on l’a vu en livrant le sens mystique de « astres errants » chez Jude et le secret de la Salette : « les
prélats chargés de gouverner l’église officielle romaine »), et a un scorpion en dessous de ses
pattes, scorpion qu’elle regarde, le scorpion désignant l’hérétique (comme on l’a dit en parlant de
Roboam menaçant son peuple avec des scorpions), et ceci avec sa monture, le dragon tirant
malicieusement la langue, tant il est vrai que l’Antipape de la fin des temps cherchera à réhabiliter
par la parole les hérétiques. « Il ne faut donc pas s’étonner, poursuivent Millet et Rigaux, au sujet de
cette bête se trouvant dans les Vaticinia, si cette terrible figure a été reconnue comme celle de
l’Antéchrist (entendre ici l’Antéchrist-antipape). Ainsi l’avait comprise en 1374 l’ermite
vallombrosien, Giovanni dalle Celle, qui cite le texte prophétique en le paraphrasant. (...) Le saint
homme n’osait écrire QUE LA PROPHETIE ANNONCAIT LA VENUE D’UN ANTECHRIST SUR LE
TRÔNE PONTIFICAL » (Le mal et le diable, etc., op. cit., p. 152 : le manuscrit accompagne cette
image de l’Antéchrist-antipape par le texte inquiétant : « Voici la bête ultime (c’est à dire dans la
série des antipapes, le pire et le dernier des antipapes qui persécutera vraiment l’Église à la fin des
temps) à l’aspect terrible. Ô bête cruelle, consumant l’univers, l’enfer t’attend ! (la prédiction
indiquant par là que cet antipape mourra dans l’impénitence finale comme Hérode. Ils sont
insensés ceux qui attendent actuellement la conversion de l’Antéchrist-antipape…).
Si l’erreur des franciscains spirituels a été de croire que ces évènements commençaient à se
produire au XIVème siècle, et de ne pas suivre la chronologie de Merlin faisant apparaître ces
événements vers la fin du XX ème siècle, l’erreur est aujourd’hui de croire que ces événements ne
sont pas pour notre temps, ou pire de rejeter cet aspect de la Tradition Prophétique, comme ne se
trouvant pas dans la Prophétie Biblique (le sens mystique des Saintes Écritures) sous le prétexte
fallacieux que les franciscains spirituels s’en sont servi à des fins répréhensibles. C’est comme si on
rejetait l’enseignement de Notre Sainte Mère l’Église au sujet de l’apostasie du clergé romain à la fin
des temps, sous le prétexte tout aussi détestable que Luther s’est servi de cet enseignement pour
faire croire que l’Église officielle romaine de son temps (qui était la Sainte Église) était la Babylone
maudite de l’Apocalypse. Il n’en est pas moins vrai que la véritable Tradition Prophétique enseigne
qu’à la fin des temps, sous les papes angéliques, l’église officielle romaine perdra la foi pour
devenir cette Babylone, elle-même dirigée non pas par un pape comme le prétend l’hérésie
protestante, mais par une antipapauté qui, à poursuivre le raisonnement d’Anne Catherine
Emmerich dans ses conséquences logiques, répandra la mentalité protestante dans toute l’église
officielle romaine (R.P. Karl E. Schmoeger, Vie d’Anne Catherine Emmerich, Ed. Pierre Téqui, Paris,
1950, Volume III p. 136, & M.-Th. Loutrel, Anne Catherine Emmerich racontée par elle même et par
ses contemporains, Ed. Téqui, Paris, 1980, p. 160-161).
Ainsi par conséquent, quand Notre Seigneur dit à Marie des Neiges Holgado que « le pape
qui ira en exil s’appellera angélique », Il fait également référence « au temps des papes angéliques »
propre à la Tradition Prophétique médiévale, c’est à dire, si on veut bien accorder du crédit au
Lignum vitæ, à un pape qui viendra peu de temps après Pie XII et qui « ira en exil », et qui apparaît
comme étant le pape nu des Vaticinia de summis pontificibus, le pape dépossédé de ses biens, la
pape banni de Prophetie Merlini de la fin du XXème siècle.
Enfin l’expression « là-bas » dans le passage « c’est là-bas que Mon père entend vous
préparer », indique, comme le reconnaît Catherine St Pierre « que le Pasteur Angélique ne sera pas
à Rome au temps de la grande confusion » ou plus précisément sera coupé de l’église officielle
romaine, celle-ci étant complètement investie par l’ennemi, étant une parodie de la véritable Église
(Catherine St Pierre, Tu es Pierre, Ed. Magnificat, Saint-Jovite, Québec, 1994, p. 150). Ce que
Catherine St Pierre n’a pas compris, c’est que le Vrai Pape contraint de vivre en exil sous le règne
de l’antipapauté antéchristique doit être tout seul, complètement effacé de la vue des siens, de tout
catholique fidèle, et non pas assisté des siens, entouré par l’affection des siens, au milieu de sa
famille. Ce n’est que lorsque Pierre sera uni à Paul, c’est à dire de retour parmi les siens à la fin de
son exil caché, que ce pape pourra enfin retrouver ses ornements, retrouver la reconnaissance qu’il
mérite. Cette erreur contribue à faire croire à Catherine St Pierre que le Vrai Pape est actuellement
Gaston Tremblay, dit « Grégoire XVII » en 1971, dit «Jean Grégoire XVII » en 1978 (pour ne pas être
confondu avec Clemente Dominguez dit « Grégoire XVII » en 1978), Gaston Tremblay étant entouré
actuellement par les siens et en particulier par « l’ordre du Magnificat de la Mère de Dieu », et se
trouvant à la tête « d’une église nouvelle » avec un clergé de 400 personnes environ et des fidèles
se comptant désormais par milliers. Cette secte de notre point de vue n’est pas une secte que l’on
doit ranger parmi les autres, ou alors c’est une secte comme on peut dire que les membres de la
Fraternité St Pie X sont une secte, c’est à dire qu’elle est composée de « catholiques » certes
opposés aux réformes impies de Vatican II par amour de la Tradition de l’Église, mais qui n’ont pas
compris la situation actuelle de la Papauté et qui se sont éloignés par conséquent de la sainte
Doctrine en partageant des idées hérétiques. « Dieu reconnaîtra les siens ». La confusion est
actuellement partout répandue, et nous n’avons aucune autorité pour imposer notre point de vue.
Le temps que nous traversons est « un temps de ténèbres », correspondant à la mort mystique de
la Papauté, c’est à dire un temps épouvantable qui met à l’épreuve la foi de tous les catholiques.
« C’est là-bas que Mon Père entend vous préparer, afin que Vous soyez puissamment forts
pour partir à la conquête du monde » signifie donc que c’est en-dehors de l’église officielle
romaine qui a perdu la Foi et qui ne veut pas qu’un Vrai Pape règne sur elle, que désormais les
catholiques fidèles qui recevront le Vrai Pape après son retour, devront être, pour aller colporter
partout la nouvelle du retour du Vrai Pape, c’est à dire dénoncer l’Antéchrist-Antipape qui ne peut
pas être pape puisque le pape qui était élu au conclave bien avant lui et reconnu par toute l’église
du Vatican est resté en vie, bien que le monde le croyait mort, tout au long du règne de
l’Antéchrist-antipape. Tout cela rejoint ce que nous avons dit précédemment, à savoir que c’est en
sortant de son exil caché pour se montrer aux siens, que le Vrai Pape démasquera d’autorité
l’Antipapauté antéchristique, montrera au monde que l’Église des papes est bien d’institution
divine, Dieu exaltant à travers le retour du Vrai Pape toute la Papauté, confondant ainsi les
hérétiques refusant de se soumettre au pape et condamnant ainsi une nouvelle fois toutes les
fausses religions pour bien montrer que l’œcuménisme est une abomination.
Le Vrai Pape par son retour aura donné un nouvel élan à la Sainte Église, aura redressé la
situation de l’Église pour permettre à celle-ci de mieux affronter le règne de l’Antéchrist-personne
qui viendra après la guerre-chaos universelle et qui avance à grand pas grâce au travail de
l’Antéchrist-antipape. C’est alors et seulement grâce au retour du Vrai Pape que le monde croit
mort mais qui vit caché sur la terre, que naîtra ainsi l’Ordre des Apôtres des derniers Temps, ordre
qui ne peut pas naître avant. C’est du moins dans ce sens qu’il convient par exemple d’entendre
ces paroles de Mélanie Calvat :
« Oui, j’ai toujours pensé que l’Ordre des Apôtres des Derniers Temps commencerait après
les grands événements ; et je disais et pensais cela uniquement à cause des obstacles que
j’entrevoyais, suscités par l’enfer et par les hommes vendus. C’est pourtant le désir de Dieu et de
la Mère des miséricordes que l’Ordre commence et se pose comme un rempart devant
l’apostasie quasi générale » (Lettre de Mélanie au Chanoine de Brandt, 26 juin 1892, dans La
Salette, Documents, Pour servir à l’histoire réelle de la Salette, collection réalisée par l’Association
des enfants de N.-D. de la Salette, Beaupréau, France ; Doc. IV, p. 281).
« Je vis, dira-t-elle encore, et je compris que le Bon Dieu voulait que cet Ordre luttât contre
tous les abus qui ont amené la décadence du clergé et de l’état religieux et la ruine de la société
chrétienne » (abbé Paul Gouin, Sœur Marie de la Croix, bergère de la Salette, Saint-Céneré, Ed. St-
Michel, 1970, appendice I, p. 174).
C’est en référence au retour du Vrai Pape qui doit activer la dernière grande croisade de
l’Église, et faire naître l’ordre des Derniers temps de l’Église, qu’il est dit dans le secret de la
Salette : « J’adresse un pressant appel à la terre ; (...) j’appelle les Apôtres des derniers temps, les
fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d’eux mêmes, dans la
pauvreté et dans l’humilité, dans le mépris et dans le silence, dans l’oraison et dans la
mortification, dans la chasteté et dans l’union avec Dieu, dans la souffrance et inconnus du
monde (par une manière détournée, Notre Dame nous met sur la piste de ce qu’il en est de la
Papauté : elle est finalement dans la souffrance et INCONNUE DU MONDE, le Vrai Pape
correspondant à cette description, étant le premier, le plus grand des Apôtres des derniers temps,
le chef de ces derniers, celui qui à l’image du Christ nous montrera ce que le Bon Dieu attends de
nous, le Vrai Pape étant après Notre Seigneur le modèle à suivre de tous les fidèles). Il est temps
qu’ils sortent et viennent éclairer la terre (c’est à dire il est temps que le Vrai Pape sorte de son
exil caché pour éclairer les siens, comme il est temps que ceux qui croiront en son retour et se
soumettront à lui sortent enfin de leur état pour propager la bonne nouvelle du retour du Pape,
avec toutes les conséquences qu’un tel événement va entraîner sur le plan doctrinal et même
liturgique). Allez, et montrez-vous comme mes enfants chéris (...) Combattez, enfants de lumière,
vous, petit nombre qui y voyez (sous entendu, vous qui avez compris que l’église du Vatican avec
son Antéchrist-antipape est de nature diabolique, vous qui avez compris ce qu’il en est de la
Papauté) ; car voici le temps des temps, la fin des fins (tant il est vrai comme on l’a démontré
précédemment que le retour du Vrai Pape sonnera le glas pour la fausse église et le début des
tribulations dernières pour toute l’humanité).
Pour bien montrer que « le pape qui ira en exil » qui sera protégé par Dieu d’une manière
extraordinaire, et qui est appelé à être en union avec les siens, à retrouver Paul, est bien dans les
prédictions de Notre Seigneur à Marie des neiges Holgado, un pape que tout le monde croit mort
(à l’exception on l’a vu de « Rhodé » c’est à dire des partisans de la thèse de la survivance qui ne
seront crus que lors du retour du Vrai Pape), et qui déclenchera par son retour la croisade des
Apôtres de la fin des temps, il suffit d’en poursuivre jusqu’au bout la lecture :
« Ma Mère sera la Maîtresse et le chef (c’est Elle qui dans le secret de la Salette est avec le
Pape Martyr de la fin des temps « jusqu’à la fin pour recevoir son sacrifice », qui rend agréable à
Dieu le Vrai Pape et qui le dirige) : C’est Elle qui mettra entre les mains de Mes élus le grand
étendard de la croix, placé dans la coupole inférieure où reposent les reste du premier Pontife,
qui sut mourir pour Celui qui, avant lui, était mort pour le monde. Cet étendard (le mot
« étendard » ici est notamment une référence à Jérémie 51, 12 : « Contre les murs de Babylone
(entendre la Babylone maudite de l’Apocalypse, au sens spirituel, c’est à dire la Rome qui a perdu
la foi et qui est soumise à l’Antéchrist-antipape, selon les médiévaux catholiques) élevez l’étendard,
renforcer le blocus, placez des sentinelles , dressez des embuscades, car Yahvé prépare et exécute
ce qu’il a dit sur les habitants de Babylone », il s’agit bien d’une référence à la dernière croisade où
les catholiques fidèles éclairés par le retour du Vrai Pape seront déchaînés contre l’église des
apostats dirigée par l’Antipape) figurera et sera le dernier cri de la paix (en ce sens que chercher à
détruire la fausse église, c’est chercher à installer la Paix que Dieu veut. La dernière chance pour le
monde serait qu’il se convertisse à cause du retour du Vrai Pape, mais le monde n’écoutera pas le
Vrai Pape et les siens), le grand cri de l’Amour, le signe qui fera comprendre au monde QUE
PIERRE NE MOURUT PAS (Pierre ne désignant nullement ici la Papauté au sens abstrait du terme,
mais désignant un personnage messianique, c’est à dire le Vrai Pape de la Tradition Prophétique
médiévale), QUE PIERRE RETOURNERA A ROME (pour arracher à la fausse église les âmes et
tenter de les ramener au bercail), à l’appel de Son divin Maître, que dorénavant ce sera Pierre qui
enverra le message de réconciliation aux nations pour que celles-ci retournent à Rome (c’est à
dire reviennent vers la Rome éternelle, la Véritable Église, rejettent celle de l’Antipape et se
convertissent), cette Rome qui aura été profanée par ceux qui, avides de remporter des
triomphes personnels, n’auront pas craint d’amener la déroute générale... mais ils sont justes les
jugements de mon Père céleste ! » (G-L. Boué, Voix et Visions d’Espagne, op. cit. p. 89-91).
Dans le même sens Notre Seigneur dans ses révélations à Marie des Neiges Holgado poursuit
son raisonnement au sujet de ce Pierre qui ne mourut pas : « Je t’ai déjà dit qu’il s’appellerait
Pastor comme toi Pastora. De même que je Me sers de toi pour ramener à mon Cœur beaucoup
de Mes brebis, ainsi, Me servirai-Je également de lui pour que d’autres retournent avec lui à
Rome qui sera, au moment voulu, moissonnée par l’Antéchrist (c’est à dire qui sera moissonnée
par l’Antéchrist-antipape, à la fin du XXème siècle selon Merlin, dirions-nous pour ne citer que ce
dernier. L’expression « Antéchrist » désigne bien ici l’Antipape de la fin des temps, comme le
passage suivant nous porte à le penser) : Rome l’ambitieuse, Rome la superbe, orgueil du monde,
et qui sera confondue, avant longtemps... par le désarroi et la confusion des papes, par la
rébellion contre l’Église. Rome perdra la Foi et la renommée pour quelque temps (En effet,
ajoutons-nous, il y aura confusion des papes en raison de l’Antipapauté antéchristique qui réussira
aux yeux du monde à se faire passer pour la véritable Papauté, et comme le Vrai Pape sera caché
dans son exil au point de n’être plus visible par les siens, les catholiques fidèles seront désemparés
et complètement divisés en ce qui concerne la situation réelle et actuelle de la Papauté). Avec le
retour du grand Pontife (l’expression « grand Pontife » est totalement justifiée dans la mesure où
Notre Seigneur par-là désigne le Vrai Pape qui en raison de l’intensité et de la durée de son martyr,
en raison de la taille du corps antichristique contre lequel il a à lutter est le plus grand de tous les
papes. Le retour du Vrai Pape aura l’allure d’une résurrection, ce dernier étant mort socialement et
revenant sur la scène politique à la grande stupéfaction de ceux qui le croyaient perdu à jamais),
elle (Rome) retrouvera son âme mais non sa force et, dans la suite, elle se verra poussée
jusqu’aux portes du tombeau ; elle se verra... (sous entendu à la suite du Vrai Pape) à l’intérieur
d’un cercueil. (on est donc en droit d’espérer que suite au retour du Vrai Pape, un nombre
important de catholiques apostats soumis à l’Antipape de la fin des temps comprendront qu’ils ont
été trompés spirituellement par les autorités du Vatican, c’est à dire par la Synagogue de Satan
occupant le Siège de Pierre et se convertiront. Néanmoins, cela n’empêchera pas les tribulations
d’arriver et ce sera à leur tour, après le Pape, de se voir poussés à l’intérieur d’un cercueil, ce qui
n’est qu’un juste retour des choses pour les justes qui comme le Vrai Pape autrefois avaient
manqué de fermeté. Il n’y a pas de raison que ces derniers puissent échapper à la justice divine : ils
auront à faire maintenant à l’Antéchrist-personne et auront l’occasion de se racheter) » (L. Boué,
Voix et visions d’Espagne, op. cit., p. 196-197).
En ce qui concerne les Apôtres des derniers temps, qui comprendront que Pierre ne mourut
pas, les prédictions de Notre Seigneur à Marie des Neiges Holgado disent ceci : «Voici venir Mes
Apôtres, les grands prêcheurs de la Vérité ; c’est d’eux qu’ont parlé Mes Prophètes. Remplis de
l’Esprit de Dieu, ils enseigneront au monde la vraie doctrine. Ce sont eux les Apôtres des derniers
temps. Ils sont bien parmi vous, mais vous ne voulez pas les entendre ; vous les traitez de
fanatiques et de fous, alors qu’en beaucoup de circonstances, ils vous laissent dans la confusion. Ils
vous paraissent chose méprisable par leur pauvreté, leur humilité, par l’abnégation d’eux-mêmes,
et ce sont eux qui remporteront le triomphe sur la guerre et feront régner la paix dans le monde
entier. (...) Ce sont eux qui relèveront l’édifice de Mon Église qui tombe en ruines. Il s’écroulera en
entier, mais... il se relèvera avec plus de force qu’auparavant. De ces cendres mêmes se
formeront les pierres les plus solides qui tiendront bon jusqu’à la fin des temps. (...) Vous autres (les
Apôtres des derniers temps), vous relèverez l’Église, et de ses cendres, vous formerez les moellons
les plus résistants. (...) Le schisme détruira l’édifice et les pierres en resteront dispersées. Vous
êtes les ouvriers que Mon père a choisi dès le principe du monde ; c’est vous qui relèverez ces
pierres et en referez l’édifice(...) C’est à vous, Mes biens aimés, que vont venir tous ceux que Noé,
l’élu, placera dans l’arche pour accomplir l’Oeuvre sainte depuis quelque temps et à laquelle Ma
Mère va préparer les siens. (...) Je veux que vous viviez joyeux et cachés jusqu’à ce que vienne
votre heure qui n’est pas trop éloignée. Vous serez le sel de la terre et la lumière du monde. Cette
lumière sera si puissante qu’elle aveuglera les ennemis de la Sainte Église. (...) Je désire auparavant
purifier et nettoyer Ma vigne ; d’ailleurs, beaucoup sont appelés et peu sont élus. Je n’en veux
qu’un tout petit nombre et qu’ils soient bons ; tous ceux qui sont entrés (dans l’Arche) ne resteront
pas dedans. Quand à l’épée et à la houlette, je les ai données à Pierre (l’un des papes angéliques,
le Vrai Pape en exil et dépossédé de tous ses biens)... Sans Pierre (sans son retour miraculeux),
vous ne pourrez rien faire, puisqu’il sera le Chef de Mon Église (sous entendu : que ce Pierre-là
soit le chef de l’Église, ne sera pas évident) (...) A sa clarté, vous irez votre chemin (...) Bientôt va se
rouvrir l’Arche » (G.-L. Boué, Voix et Visions d’Espagne, op. cit., p. 89, 140, 254, 140-141, 72, 74-75).
Il reste maintenant à démontrer que tous les éléments de ce scénario résumé dans la
prédiction médiévale relevée par Bocconi, se trouvent bien dans la pensée des médiévaux
catholiques les plus prestigieux, de Hildegarde de Bingen (XII ème s.) au bienheureux Bernard de
Bustis (XVème s.). Il conviendra de faire une approche tout aussi rigoureuse et minutieuse des textes
médiévaux.
CHAPITRE III
LE GRAND SCHISME
DE LA FIN DES TEMPS
À LA LUMIÈRE DES PRÉDICTIONS MÉDIÉVALES
(DE HILDEGARDE À BERNARD DE BUSTIS)
Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent va nous permettre de mieux comprendre la
pensée de la sainte allemande du XII ème siècle, Hildegarde de Bingen (1098-1179), au sujet de
l’apostasie du clergé romain à la fin des temps et de la situation de la Papauté pendant cette
période.
Avant d’aborder de front les prédictions de celle-ci relatives à notre thème, il convient de
faire un petit historique rapide au sujet d’Hildegarde destiné à montrer que les prédictions de cette
prophétesse méritent notre confiance. Dans un tel domaine néanmoins la confiance devra céder le
pas à la raison éclairée par la Foi, c’est à dire que ce qui importe n’est pas de donner sa confiance,
mais de comprendre les prédictions par le raisonnement qui les a fait naître à partir des Saintes
Écritures, tant il est vrai qu’une prédiction ne mérite selon nous d’être étudiée que si et seulement
si, elle est une juste interprétation du sens mystique des Saintes Écritures.
Hildegarde de Bingen a été proclamée par ses contemporains « la grande Prophétesse du
Nouveau Testament », « car jamais, depuis les prophètes de l’ancienne loi, l’Esprit-Saint ne s’était
communiqué avec autant de lumières sur les destinées de la Sainte Église » (Catherine st Pierre, Tu
es Pierre, op. cit., p.27). Dès la fin du Moyen Age, Hildegarde, abbesse d’un monastère bénédictin
de Rhénanie, a été souvent appelée la « Sibylle teutonique » ou « rhénane », tant il est vrai que ses
prédictions sur les derniers temps de l'Église ont fini par avoir une autorité similaire à celle de la
Sibylle (cf. ce que nous avons dit sur la Sibylle Tiburtine au chapitre I). Cela dit, contrairement à
l’idée que l’on se fait parfois de cette prophétesse, il ne faut pas croire que cette dernière s’est
consacrée essentiellement à l’étude de la Tradition Prophétique relative à l’apostasie du clergé
romain à la fin des temps, à l’Antéchrist-personne ou encore à la disparition prochaine du monde.
Elle a considéré à juste titre que ces événements ne sont pas imminents à son époque. En
conséquence, elle n’a accordé à cela qu’un intérêt relatif : Il faut certes se préparer à ce qu’un jour
Rome perde la Foi et que l’humanité devienne la proie du Faux prophète de l’Apocalypse et de
l’Antéchrist-personne, mais cela sans angoisse et en sachant que cela se passerait, plus tard,
vraisemblablement dans les temps fixés par Merlin.
Comme le dit l’historien André Vauchez : « Pour elle, l’humanité est bien entrée (à son
époque) dans la dernière phase de son histoire, qui sera marquée par des conflits d’une violence
croissante entre les forces du Bien et celles du Mal, mais le chrétien n’a pas à chercher à connaître
les mystère insondables de Dieu qui seul sait « le jour et l’heure (pour ce qui concerne ajoutons
nous, la fin du monde, les caractères permettant d’identifier l’Antéchrist et son prophète étant selon
elle tout à fait repérables, comme sont repérables également les signes eschatologiques annonçant
les grandes tribulations dernières). Dans ce contexte, la fonction du prophète, ou plutôt de la
prophétesse (...) est celle d’un suppléant : à une époque où les responsables laïcs, mais aussi
ecclésiastiques, se montreraient souvent incapables de faire face aux responsabilités qui leur
incombaient vis-à-vis du peuple chrétien dont Dieu leur avait confié la direction, le rôle que
s’assignait Hildegarde était de les rappeler à leurs devoirs et de fustiger leur faiblesse, fût ce celle
du pape Anastase IV qui s’exposa à ses reproches pour la pusillanimité dont il faisait preuve face à
l’empereur » (André Vauchez, Saints, Prophètes et visionnaires, le pouvoir surnaturel au Moyen
Age, Ed. Albin Michel, Paris, 1999, p. 116-117 dans le chapitre « le prophétisme médiéval
d’Hildegarde de Bingen à Savonarole. Vauchez est intéressant ici dans la mesure où il montre que
l’eschatologie d’Hildegarde « reste traditionnelle sur bien des plans »).
En fait, compte tenu de la sainteté d’Hildegarde, les papes et même Anastase IV ont aimé
recourir à elle pour résoudre des conflits politiques. Comme le reconnaît Péladan, à la fin du XIX ème
siècle, l’un des premier en France à faire connaître la pensée d’Hildegarde relative aux derniers
temps de l’Église, « ce n’est pas seulement un pape qui a approuvé et consulté sainte Hildegarde ;
mais ce sont bien quatre pontifes successifs, à savoir : Eugène III, Anastase IV, Adrien IV et
Alexandre III, qui ont occupé le Siège de saint Pierre depuis l’an 1145 jusqu’à l’an 1181... Ils l’ont
consultée sur le gouvernement de l’Église et en ont obtenu d’admirables réponses : faits immense
sur la valeur des révélations privées » (Adrien Péladan, Nouveau Liber Mirabilis ou toutes les
prophéties authentiques sur les temps présents, chez l’auteur, Nîmes, 1872, p. 296-297).
Dans le même sens Péladan qualifie à juste titre Hildegarde « d’illustre voyante » ; elle « fut
visitée et consolée par saint Bernard, poursuit-il, consultée et autorisée par le Vicaire de Jésus-
Christ. Le Pape Eugène III convoqua un concile à Trèves, en 1147, pour examiner les visions et
révélations qu’elle prétendait avoir eues, et on lui en permit la communication » (Ibid. p.296). Et
l’Abbé Curicque à la fin du XIXème siècle également renchérit : les suprêmes autorités de l’Église (les
papes de 1145 à 1181) « ont successivement déclaré que ses révélations avaient Dieu pour
auteur » (abbé J.-M. Curicque, Voix prophétiques ou signes, apparitions et prédictions modernes,
Paris, Victor Palmé, 1872, tome II, p.13).
Hildegarde a commencé à mettre par écrit ses visions en 1141 et rédigea plusieurs traités où
sont évoqués des sujets très variés, dont les plus connus du moins par le nom sont le Scivias, Le
livre des mérites de la vie et enfin le Livre des oeuvres divines qui constituent la partie la plus
importante de son oeuvre. Hildegarde a également entretenu une abondante correspondance
avec les plus éminentes autorités de la chrétienté, pas seulement des papes, mais aussi des
empereurs, des rois, des abbesses ou des prêtres la sollicitant pour obtenir d’elle des conseils. Elle
a écrit des lettres à Bernard de Clairvaux, etc. Elle a rédigé des oeuvres de science et de médecine
qui suscitent encore des enthousiasmes, des commentaires portant sur les évangiles, la Règle de
saint Benoît, le Symbole d’Athanase, des textes hagiographiques, vie de saint Rupert, de saint
Disibode, des poèmes, accompagnés parfois de musique, etc. Elle a été tenu en grande estime à
son époque en raison certes de sa sainteté, de son charisme, mais aussi en raison de son zèle pour
la réforme du clergé et de son engagement en faveur de l’Église officielle romaine (qui était encore
à l’époque contrairement à celle d’aujourd’hui, la Sainte Église Catholique) dans le long conflit qui l’a
opposé notamment à l’empereur Frédéric I er Barberousse. Et à la réflexion, comme le dit Vauchez,
toutes ses propres oeuvres ont eu moins de succès « qu’une compilation regroupant certains de
ses textes prophétiques, réalisée et diffusée au début du XIII ème siècle sous le titre de Speculum
futurorum temporum par le moine Gebeto d’Eberbach » (A. Vauchez, Saints, prophètes et
visionnaires, op.cit. p.115-116).
Notre étude sur la conception que Hildegarde se fait de l’apostasie du clergé romain se limite
à la onzième vision de la troisième partie se trouvant dans le Scivias (composé de 1141 à 1151), à
la dixième vision du Livre des oeuvres divines (rédigé de 1163 à 1173), et à toute une série de
prédictions Heptachronon, cité par Langdon (Langdon, l’Avenir révélations sur l’Église), textes
d’Hildegarde relevés par Catherine st Pierre (Tu es Pierre, op.cit..), et description de l’Antéchrist-
antipape par Hildegarde transmise par Dupont (Yves Dupont, Catholic Prophecy, Rockford, Illinois,
USA, Tan Book & Publishers, 1970), en passant également par l’étude universitaire de
Gouguenheim relative à la pensée de Hildegarde sur l’Antéchrist dans le Scivias et dans le livre des
oeuvres divines (Sylvain Gouguenheim, La sibylle du Rhin, Publications de la Sorbonne, Paris, 1996,
chapitre IV La prophétesse des malheurs à venir).
Voici par exemple ce qu’enseigne Hildegarde et qui confirme pleinement ce que nous avons
dit jusqu’à présent au sujet de Prophetie Merlini, et qui se trouve en harmonie avec la prédiction
médiévale relevée par Bocconi : « Il arrivera, à la fin de la cinquième époque que le clergé et
l’Église seront enveloppés dans les filets d’un schisme affreux et de la plus grande confusion. De
même que la foi catholique, depuis les jours de son Fondateur, s’est répandue peu à peu et par
degrés jusqu’à ce qu’enfin elle ait resplendi dans la justice et la vérité, ainsi en ces jours de
légèreté et de faiblesse, elle descendra par degrés de l’ordre et du droit » (Heptachronon, cité par
Henry Landon, l’Avenir, révélations sur l’Église, p.9, reprise par Catherine St Pierre dans Tu es
Pierre, op.cit. p.317-318).
Catherine st Pierre qui reprend ce passage a raison de penser ici que cette prédiction
d’Hildegarde concerne l’avènement de l’apostasie du clergé romain à la fin des temps : « Le propre
d’un schisme, constate-t-elle, est de créer une rupture au sein de l’Église... Mais voilà la tragédie et
aussi la nouveauté : en cette fin des temps, tout « le clergé et l’Église sont enveloppés dans les
filets d’un schisme affreux ». En d’autre mots, poursuit Catherine st Pierre, sainte Hildegarde voit
l’ensemble de l’Église et du clergé en état de schisme, séparé de la véritable communion
apostolique, celle du légitime successeur de Pierre. Contrairement à ce qui s’est produit au cours
de l’histoire, ce schisme n’est pas le fruit de la rébellion d’un membre ou d’un groupement ; il
enveloppe, il englobe l’Église universelle » (Catherine St Pierre, Tu es Pierre, op. cit., p. 318).
Et effectivement, à partir de cette simple prédiction, il convient de s’interroger sur la nature
de ce clergé et de cette église qui sont enveloppés d’un schisme affreux. Si tout ce monde-là est
emprisonné dans les filets d’un schisme affreux, il faut en déduire que ce clergé et cette église se
sont coupés de la véritable Église des papes qui en revanche ne peut pas dévier par définition du
bon chemin. Nécessairement le schisme auquel fait référence Hildegarde n’est rien d’autre que la
dissociation qui est en train de s’opérer à la fin des temps entre Église officielle romaine et Sainte
Église Catholique Apostolique. Toute l’église officielle romaine finira à la fin des temps par perdre la
foi, sera schismatique, et refusera bien évidemment d’admettre qu’elle est devenue une contre
église radicalement hostile à la Rome éternelle. Elle se fera passer pour la sainte Église des papes
mais n’aura de cette église que les murs dont elle dépossédera les catholiques fidèles qui eux par
définition ne seront pas dans les filets du schisme, ne seront pas la proie des ennemis de l’Église.
Ces ennemis de l’Église auront réussi à attraper dans leur filets le clergé et l’Église, c’est à dire tous
les membres de l’église officielle romaine avec son clergé qui ne comprendront pas qu’ils sont en
train de suivre une fausse papauté, qu’ils sont à l’intérieur de la fausse église de la fin des temps,
d’une église terriblement diabolique.
L’apostasie progressant sans cesse aura ainsi fini par pénétrer et contaminer toute l’église
officielle romaine, mais avant que cette apostasie puisse se répandre partout, il faudra bien
qu’avant la véritable Foi catholique se soit répandue partout, que l’Evangile ait été prêché sur toute
la terre. Après la montée progressive du christianisme, de la Foi catholique, il faudra bien aboutir à
une descente progressive de la véritable Foi, à un affaiblissement par degré de la Sainte Église. La
Sainte Église finira par perdre le soutient des gouvernements devenus apostats, puis par perdre
ses états, puis par perdre tous ses murs au point de ressembler à ce qu’elle était dans les premiers
temps de l’Église. C’est là tout le sens qu’il convient de donner à la prédiction « De même que la
Foi catholique (...) s’est répandue peu à peu par degrés (...) elle descendra par degrés ».
C’est ce qui permet à Vauchez de dire au sujet d’Hildegarde : « En extrapolant à partir de la
situation chaotique de son temps qui était celle de la chrétienté de son temps, la moniale annonce
en outre la venue d’une persécution générale qui obligera les clercs (qui voudront rester fidèles à la
véritable Foi de l’Église) à renoncer à leur mondanité pour se transformer en ermites, proches de
Dieu » (A. Vauchez, Saints, prophètes et visionnaires, op.cit. p.117), tant il est vrai que dans les
derniers temps de l’Église, les clercs notamment qui voudront rester fidèles à Notre Seigneur,
seront dépossédés de leurs églises, celles-ci se trouvant dans les mains de l’Antipapauté
antéchristique, et seront persécutés au point de vivre comme des misérables, dans une pauvreté
extrême, choisissant ainsi Dieu plutôt que le confort matériel que pourrait leur apporter l’église de
l’Antéchrist-antipape, s’ils se soumettaient à cette dernière. Ce que Vauchez devrait dire ici plutôt,
c’est que Hildegarde n’extrapole pas à partir de la situation chaotique de son temps, elle cherche
tout simplement à rentrer dans l’intelligence des signes de son temps à partir du sens mystique
des Saintes Écritures, ce qui implique de sa part une vision réaliste de l’univers politique dans
lequel elle vit, et une grande connaissance de la Tradition Prophétique.
Enfin, contrairement à ce que pense Catherine st Pierre (cf. Tu es Pierre, op. cit., p. 317), ce
n’est certainement pas en faisant référence à « l’Église de Sardes-la cinquième Église- dans
l’Apocalypse » que Hildegarde ici utilise l’expression « cinquième époque », bien qu’il faille
effectivement reconnaître avec Corsini que la pensée médiévale estime que les sept lettres dans
l’Apocalypse aux chapitres II et III sont « la préfiguration d’autant d’époques de l’histoire de
l’Église » (cf. Eugenio Corsini, l’Apocalypse maintenant, Ed. du seuil, Paris, 1984, p. 97).
En effet, il suffit pour s’en rendre compte de lire tout simplement la définition que Hildegarde
apporte à cette expression dans le Scivias et dans le Livre des oeuvres divines. Comprendre le
sens de cette expression est nécessaire pour expliciter ce que Hildegarde veut dire dans la
prédiction ci-dessus, tant il est vrai que selon Hildegarde, c’est à la fin de la cinquième époque que
le clergé et l’Église seront enveloppés dans les filets d’un schisme affreux. Le Scivias appelle cette
cinquième époque (ou période, dans le texte latin), « la période du loup gris ». Cette période dit-elle
est « comme un loup gris », et voici la définition que Hildegarde apporte à cette expression : « c’est
que ces temps connaîtront des hommes qui attireront sur eux de nombreux malheurs aussi bien
dans leurs pouvoirs que dans leurs autres affaires, lorsque, dans ces combats, ils ne se montreront,
par leurs tromperie, ni noirs ni blancs, mais gris, et abattront les têtes de ces royaumes en les
divisant ; alors viendra, en effet, le temps de la capture de nombreuses âmes, lorsque l’erreur des
erreurs s’élèvera depuis l’enfer jusqu’au ciel, si bien que les fils de lumière se trouvent alors placés
sur le bûcher de leur supplices puisqu’ils se renient pas le Fils de Dieu mais rejettent le fils de
perdition qui tentera d’accomplir ses volontés par des ruses diaboliques » (Hildegarde de Bingen,
Scivias, « sache les voies » ou le livre des visions, Ed. du Cerf, Paris, 1996, p.662).
L’expression « temps de la capture de nombreuses âmes » est à rapprocher de l’idée vue
dans la prédiction précédente d’une église et d’un clergé capturés dans les filets d’un schisme
affreux. L’expression « fils de perdition » que la Tradition Prophétique identifie à l’Antéchrist,
indique bien que cette période dite du loup gris correspond comme le reconnaît l’historien
Gouguenheim au « Triomphe de la séduction diabolique » et à l’avènement de l’Antéchrist (Sylvain
Gouguenheim, La sibylle du Rhin, op.cit. p.122, cf. le tableau des cinq époques selon le Scivias). Il
est très même très probable que Hildegarde ait construit l’expression « ni noirs ni blancs mais gris »
sur le modèle de l’expression « ni froids, ni bouillants, mais tièdes » qui se trouve dans le chapitre
de l’Apocalypse relatif au temps de l’Église de Laodicée (Apoc. III, 14), qui effectivement, selon la
pensée médiévale correspond au temps de l’Église qui connaîtra le règne de l’Antéchrist-personne
(cf. Boanergès qui, sans se référer à la pensée médiévale, rejoint celle-ci quand il tend à montrer
que la période de l’Église de Laodicée est celle de l’Antéchrist, dans L’extraordinaire secret de la
Salette, Ed. D.F.T., p.283-295).
Enfin, si Gouguenheim perdu dans des conjonctures historiques, et semblant tout ignorer de
l’Herméneutique sacrée, avoue son impuissance à expliquer la raison pour laquelle Hildegarde a
choisi ici l’image du loup pour caractériser cette période (« Rien, dit-il, malheureusement, dans les
textes d’Hildegarde, ne permet de répondre à cette question. (...) Bien sûr la peur du loup est si
répandue que l’on peut comprendre le choix de cet animal pour désigner le règne de l’Antéchrist.
Peut être pourrait-on y voir une analogie avec le loup Fenrir, qui ravage le monde des dieux dans
les mythes scandinaves. » cf. La sibylle du Rhin, op. cit., p. 108), il importe en revanche, à celui qui
est initié au langage prophétique, de se référer tout simplement à ce sujet pour comprendre la
raison de ce choix, aux Saintes Écritures.
Le loup dans la Bible, est naturellement l’image de ceux qui exercent la violence, des chefs de
Jérusalem qui ruinent et dévorent le peuple (Ezéchiel XXII, 27), des juges iniques d’Israël qui
n’attendent même pas au matin pour commettre l’injustice. (Sophonie III, 3). Une peinture de
Calliste représente Suzanne (Suzanne dans le livre de Daniel étant l’image de l’Église persécutée)
sous la figure d’une brebis menacée à droite et à gauche par deux animaux, dont l’un au moins est
un loup.(le loup étant l’animal de droite, l’animal de gauche étant un léopard).Les deux animaux
représentent les deux vieillards persécutants Suzanne, ces vieillards préfigurant selon les premiers
chrétiens les juifs déicides et les païens. (Histoire sainte,Ed.Fideliter, p.225) Les chaldéens vont
tomber sur Juda comme les loups du désert (Jérémie V, 6). Ils sont montés sur des chevaux plus
rapides que les loups du soir (Habacuc, I, 8). Un des chef des Madianites qui pillaient la Palestine du
temps de Gédéon s’appelait Zèb, c’est à dire loup (Juges VII, 25). L’agneau a dans le loup un ennemi
mortel ; nul entente n’est possible entre eux (Ecclesiastique XIII, 17). Dans le Nouveau Testament,
ces loups sont d’abord des faux prophètes : « gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous
déguisés en brebis, mais qui, à l’intérieur sont des loups rapaces » (Matthieu VII, 15). Les juifs
déicides en première place, puis ensuite les païens persécuteurs n’ont que trop justifié cette
comparaison.: « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » (Matt.X 16) Saint Paul
associe le loup à un infiltré dans l’Église : «je sais qu’après mon départ s’introduiront chez nous des
loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau » (Actes XX, 29). Il explique lui-même que ces
loups sont les faux docteurs qui, par un enseignement pernicieux, entraîneront des disciples après
eux (Actes XXIX, 30).
C’est là autant d’éléments qui correspondent en priorité à l’Antéchrist-antipape, ce juif déicide
infiltré dans la hiérarchie ecclésiastique romaine qui a réussi à s’emparer du siège de Pierre, en se
faisant passer pour une brebis avec ces vêtements blancs de pape alors qu’il n’est en réalité qu’un
loup ravisseur arrachant les brebis à ce bon Pasteur qu’est le Vrai Pape, qui persécute le Vrai pape
et toute l’Église, qui, à l’image des chefs impies de Jérusalem qui ruinent et dévorent le peuple, se
trouve à la tête de Rome pour ruiner et dévorer les chrétiens (c’est à dire les catholiques), qui pille
les biens de l’Église pour les distribuer aux ennemis de Dieu, qui est selon la pensée médiévale le
faux prophète de l’Apocalypse, ce chaldéen moderne qui est tombé sur l’Église et qui ose malgré le
caractère vraiment diabolique de sa doctrine, se faire passer pour un excellent Docteur de l’Église,
profondément marial. Et a fortiori, c’est également là autant d’éléments qui correspondent à
l’Antéchrist-personne, dont l’Antipape de la fin des temps n’est que le Jean-Baptiste.
Pour savoir si la cinquième époque qui est celle du loup chez Hildegarde est bien celle de
l’Antéchrist-antipape et celle de l’Antéchrist-personne, il faut recourir aux précisions que nous
apporte à ce sujet Hildegarde dans le livres des oeuvres divines. Nous ne sommes pas d’accord
avec le découpage de Gouguenheim qui situe l’époque du loup dans cette oeuvre d’Hildegarde à
partir du paragraphe 31 de la dixième vision (cf. Hildegarde, Le livre des oeuvres divines, Ed. Albin
Michel, Paris, 1989, p. 186-217, se reporter à la numérotation des paragraphes faite dans ce livre, et
au tableau de Gouguenheim relatif au livres des oeuvres divines, Ibid.p.122), car Hildegarde parle
de l’Antéchrist-antipape au paragraphe 27, et de l’Antéchrist-personne dès le paragraphe 28. La
quatrième époque d’autre part est celle du « porc noir », période qui selon le Scivias correspond à
l’apostasie des nations qui s’effectue avant l’apostasie de l’église officielle romaine : « c’est que
cette période contient des gouverneurs qui fabriquent contre eux-mêmes une grande noirceur de
tristesse et se roulent dans la boue de l’impureté, faisant manifestement passer la loi divine après
les multiples péchés des fornications et autres maux du même genre, et organisant de multiples
schismes contre la sainteté des divins préceptes. » (Hildegarde, Scivias, op. cit., p.661 : c’est dans
cette période qu’il est dit dans le livre des oeuvres divines que la Royauté va être brisée, Ibid. p.
205) Et cette époque dite du « porc noir » », Hildegarde finit d’en parler à la fin du paragraphe 26 du
livre des oeuvres divines : « C’est ce que symbolise dans le Scivias le porc lorsque la justice règne
quelque part, l’iniquité la combat. Lorsque l’iniquité se renforce quelque part, la justice la confond,
car le monde ignore la stabilité. »
Cette mise au point étant faite, il est opportun désormais de citer ce passage tiré du livre des
oeuvres divines relatif à la cinquième époque : « Les hommes de ce temps fuiront la stabilité et la
sincérité de la vraie foi, abandonnant Dieu, ils se tourneront vers le fils de perdition (à première
vue, on pourrait croire que Hildegarde ici désigne en priorité par l’expression « fils de perdition »
l’Antéchrist-personne, or, comme on va le démontrer, il n’en est rien tout simplement parce que
Hildegarde dit ensuite :) Celui -ci, apportant le trouble dans toutes les institutions ecclésiastiques,
infligera aux croyants (sous entendu aux catholiques, dans la mesure où pour un médiéval
catholique, comme pour un catholique fidèle aujourd’hui, un hérétique, un schismatique, ou un
infidèle, n’est pas un croyant) qui lui résisteront (c’est à dire aux catholiques fidèles) toutes les
bourrasques de l’adversité. » (ce fils de perdition semant le trouble dans les institutions
ecclésiastique est probablement l’Antéchrist-antipape, ce dernier étant la cause de la confusion
relative à la question du pape : « Pour un temps dit Mélanie Calvat, l’Église sera éclipsée : on ne
saura plus où se trouve la vérité, on ne saura plus qui croire » « Premièrement, on ne saura quel est
le vrai pape. » cf. les commentaires des amis du Christ Roi à ce sujet, dans la brochure Le message
de N.D. de la Salette, Ed. Delacroix, Dinard, 1997, p. 15, cet antipape devant persécuter le Vrai
Pape, et excommunier si l’on peut dire -les excommunications de cet impie étant invalides- les
véritables catholiques, c’est à dire exciter la haine du monde contre les vrais catholiques, en faisant
de ces derniers des parias)
« Et quand les hommes, poursuit Hildegarde, après avoir enduré bien des tribulations dues
aux invasions de peuples étrangers, aux divisions internes et à celles de l’empire (références à
Matthieu XXIV 6-8, les guerres « nations contre nations », ce que l’on appelle « les deux premières
guerres mondiale », cf. explication par Boanergès dans Actualité de la fin des temps, Ed. D.F.T.,
1992, p.82-97) se reposeront, ce sera tout d’un coup un bouillonnement d’hérésies et de troubles
nombreux qui frapperont la dignité de l’Église (l’apostasie du clergé romain devant venir après « la
seconde guerre mondiale »). C’est en ce temps (c’est à dire lors de la neutralisation de la Papauté
par l’Antipapauté antéchristique), qu’une femme impure mettra au monde un fils impur. (Il ne peut
s’agir ici que de la naissance de l’Antéchrist-personne, que permet la neutralisation de la Papauté,
« celui qui fait obstacle présentement à la venue de l’homme d’iniquité » II Thessaloniciens II, 6-8,
ne pouvant être que le pape, selon le raisonnement ici qui a dû commander d’Hildegarde, position
partagée par saint Thomas d’Aquin Cf. Fideliter n°59, Père Arrighini l’Antichristo I Dioscuri, Ed. 1988).
Et l’antique serpent qui dévora Adam le gonflera à ce point de toute sa clique que rien de bien
n’entrera ni ne pourra entrer ni demeurer en lui.(...) Cet homme (qui sera mis au monde) portera le
nom d’homme du péché parce qu’il accomplira tous les maux (...) Il portera le nom de fils de
perdition (ce fils de perdition apparaissant dans le texte après « le fils de perdition apportant le
trouble dans toute les institution ecclésiastiques », l’expression fils de perdition dans cette
prédiction est bien utilisée pour deux personne distinctes, la première expression « fils de perdition
apportant le trouble dans les institutions ecclésiastiques » désignant nécessairement
l’Antéchrist-antipape, et l’expression « fils de perdition » pour nommer l’enfant de la femme impure,
désignant l’Antéchrist-personne), parce qu’il est sous le règne de la mort et de la perdition, parce
qu’il s’attire, après l’avoir séduite une multitude de nations par des voies perverses et infâmes,
parce qu’il se fait adorer tel un dieu (ce qui est le propre non seulement de l’Antéchrist-personne,
mais aussi le propre de l’Antéchrist-antipape, l’Antéchrist-antipape ou faux prophète de
l’Antéchrist-personne exerçant un immense pouvoir de séduction sur les nations, étant une parodie
du Saint-Esprit - cf. Louis Laffont, l’Apocalypse de st Jean,, Téqui, Paris, 1975, p. 55 - et un antipape
étant comme « une idole, honorée comme un dieu »,- selon saint Vincent Ferrier notamment,- cf.
l’Abbé Zins, L’Antéchrist, Ed. D.F.T., p. 57) - (Hildegarde de Bingen Le Livre des oeuvres divines, op.
cit., p. 207-209).
La position d’Hildegarde de Bingen au sujet de l’Antéchrist-antipape est ainsi particulièrement
riche d’enseignement à condition toutefois de ne pas trahir le texte latin. Voici une prédiction
attribuée à Hildegarde qui concerne sans aucun doute l’Antéchrist-antipape mais dont
l’incohérence indique à l’évidence une mauvaise traduction : Un des derniers musulmans se
convertira, deviendra prêtre, évêque et cardinal, puis lorsque le nouveau pape sera élu
(immédiatement avant l’Antéchrist ajoute le traducteur de la prédiction), ce cardinal tuera le pape
par jalousie avant son couronnement car il désirait lui-même être élu pape ; lorsque les autres
cardinaux éliront un nouveau pape, ce même cardinal se proclamera antipape et deux tiers des
chrétiens le suivront » (prédiction se trouvant dans La Foudre de sa justice, par Ted et Maureen
Flynn, Max Kol Communications, inc., traduit de l’anglais, édité et distribué par Communications
Iktus, Québec, 1993, p. 246-247, ouvrage reprenant cette prédiction dans Yves Dupont, Catholic
Prophetie, Rockford, Illinois, USA, Tan Books & Publishers, 1970, p. 73).
En effet, la conversion de notre musulman ici a tout l’air d’une fausse conversion, puisque ce
dernier projette de s’emparer du siège de Pierre par jalousie et par le meurtre d’un occupant du
siège de Pierre, dans ce cas là pourquoi dire que ce musulman s’est converti. D’autre part, il est
radicalement impossible que Hildegarde puisse utiliser le mot « musulman », tant il est vrai que ce
terme désigne au sens étymologique un fils spirituel d’Abraham, et qu’il n’est pas question pour un
médiéval catholique de considérer un membre de la secte de Mahomet comme un fils spirituel
d’Abraham, tant il est vrai que les seuls fils spirituels d’Abraham ne peuvent être que des
catholiques fidèles, les mahométans au même titre que les juifs déicides ne pouvant être les fils
d’Abraham que par la chair et non pas par l’esprit puisqu’ils rejettent la véritable Religion. A la
limite, on pourrait supposer que Hildegarde ait utilisé le mot « mahométan » mais à la réflexion,
même cela est impossible car comme le dit Gouguenheim, « curieusement d’ailleurs les musulmans
sont absents de l’œuvre d’Hildegarde, alors qu’on la sait parfaitement au courant des croisades et
des établissements francs de Terre Sainte. L’Islam (chez Hildegarde) ne semble pas avoir de place
dans l’économie du salut, dans l’histoire sacrée et même profane de l’humanité » (S. Gouguenheim,
La sibylle du Rhin, op. cit., p. 106). D’autre part, on nous parle d’un nouveau pape que tue notre
musulman, mais comment se fait-il que ce nouveau pape soit pape puisqu’il n’a même pas été
couronné ? Et enfin, comble du ridicule, comment se fait-il que ce cardinal qui se soit emparé du
siège de Pierre par la ruse puisse, au lieu de se proclamer pape, se dire publiquement antipape,
tout en ayant avec lui les deux tiers des chrétiens ?
Tout cela apparaît à première vue comme un casse-tête chinois sans aucun intérêt, mais à y
regarder de plus près, il semble possible de reconstituer la prédiction, même si nous n’avons pas le
texte latin et tout porte à penser que la bonne traduction s’approche de celle-ci du moins par
l’esprit : « L’un des pires infidèles se fera passer pour converti, deviendra prêtre, évêque et
cardinal, puis lorsque le nouveau occupant du siège de Pierre sera élu, ce cardinal (cet infidèle
infiltré jusqu’au cardinalat) le tuera par jalousie avant même que cet occupant ait eu le temps de
régner véritablement, car il désirait lui même être élu pape ; lorsque les autres cardinaux éliront
un nouveau pape, sortira un antipape, ce même cardinal infiltré (qui a assassiné son
prédécesseur), ce dernier se faisant passer pour « pape » et deux tiers des chrétiens (trompés par
lui) le suivront ».
Vue sous cet angle, la prédiction est particulièrement troublante car elle rejoint la thèse de la
survivance de Paul VI dont nous exposerons plus loin le sens caché, qui dit que « Wojtyla dit
« Jean-Paul II » est un membre de la Synagogue de Satan, un ennemi de l’Église de la pire espèce,
qui s’est fait passer pour catholique, qui est devenu prêtre, évêque, puis cardinal, qui a tué Luciani
dit « Jean-Paul I », un antipape qui n’a pas été couronné et qui n’a même pas eu le temps de régner
véritablement, car Wojtyla ambitionnait depuis longtemps de s’emparer du siège de Pierre (objectif
suprême de son infiltration) ; il est sorti élu du conclave alors que c’est un antipape, et malgré cela
la presque totalité des catholiques l’ont pris pour pape, se sont soumis à son autorité ».
La question n’est pas de savoir si la prédiction originale qui est à l’origine de la mauvaise
traduction française apportée par le livre La Foudre et la justice (ouvrage totalement Wojtylien et
moderniste) est ou n’est pas une prédiction apocryphe d’Hildegarde, mais de savoir si elle
correspond bien à la Tradition Prophétique médiévale. Or, tout porte à penser à la lumière des
prédictions dites de sainte Brigitte (v. 1303-1373) que le sens de la prédiction relevée par Yves
Dupont s’inscrit bien dans cette Tradition.
En effet, voilà comment les prédictions dites de sainte Brigitte décrivent la situation de l’Église
lors de l’apostasie du clergé romain à la fin des temps :
« L’Église sera foulée aux pieds. La barque de saint Pierre et le sacerdoce courront de si
grands dangers que Pierre, serré de près par ses ennemis devra fuir pour ne pas tomber dans
l’impureté et la servitude (...). Près du Rhin et de la mer occidentale, des événements d’une
scélératesse inouïe surviendront sous le règne du nouveau chef de l’Église, quand celui-ci lancera
l’anathème contre ceux de Saturne, au moment où ils envahiront sa maison ; la foi des romains
s’affaiblira et chancellera. On ne vit jamais de telles choses dans les temps passés ; l’Église de
saint Pierre courra un grand péril et de nouvelles discordes naîtront entre les cardinaux » (M.
Corvana, Les prophéties de Nostradamus, Ed. de Vecchi, Paris, 1994, p.187).
Commentons :
« L’Église sera foulée aux pieds. La barque de Saint Pierre et le sacerdoce courront de si
grands dangers que Pierre, serré de près par ses ennemis (comme Lot a été serré par les
sodomites, comme Pierre a été serré par les gardiens d’Hérode, ajoutons nous) devra fuir (comme
Lot a dû fuir Sodome, comme Pierre a dû fuir sa prison. C’est toujours la même problématique que
nous avons mis en évidence avec Merlin qui apparaît) pour ne pas tomber dans l’impureté et la
servitude (car rester dans l’église officielle romaine investie par l’ennemi, c’est tomber dans
l’impureté et la servitude, c’est contracter son péché qui est aussi immonde que celui de Sodome,
c’est participer à ses crimes, c’est se mettre contre Dieu et pratiquer l’idolâtrie, c’est se mettre sous
la domination du faux prophète de l’Apocalypse).
« Près du Rhin et de la mer occidentale, poursuit l’auteur médiéval de cette prédiction (c’est à
dire, du côté de «la Germanie », car c’est toujours autour de Merlin que s’organisent les prédictions
dites de Brigitte), des événements d’une scélératesse inouïe surviendront (à la lumière de notre
chapitre II, on comprend aisément qu’il s’agit ici du complot contre la papauté, consistant à tuer en
cachette le vrai pape, à la manière de Caïn tuant la Royauté française, à mettre en place le règne de
l’Antéchrist-antipape pour éradiquer de la surface de la terre la Sainte Papauté et a fortiori la
Véritable Religion) sous le règne du nouveau chef de l’Église (entendre ici le Vrai Pape Martyr de la
fin des temps de Prophetie Merlini ou de la prédiction relevée par Bocconi, ce pape est nouveau
en ce sens qu’il fait partie d’une nouvelle série de papes, à savoir les papes angéliques, comme
ceci a été expliquer dans notre commentaire des Vaticinia de Summis pontificus), quand celui-ci
lancera l’anathème (comme Onias III contre Ménélas, 2 Maccabées IV, 33, mais ce sera trop tard, le
Vrai Pape prenant conscience de la gravité de la situation sans pouvoir empêcher le règne de
l’Antéchrist-antipape : « Paul VI souffre atrocement de cœur et d’esprit car ses yeux se son ouverts
trop tard », trouvons-nous dans les prédictions de Filiola en 1972, cf. à ce sujet les explications de
Boanergès que nous complétons ici, dans L’extraordinaire secret de la Salette, Ed. D.F.T., 1988,
p.232), contre ceux de Saturne au moment où ils envahiront sa maison (il s’agit ici des « enfants de
Saturne », c’est à dire dans le langage des médiévaux catholiques des juifs déicides, comme le
reconnaît Bernard Teyssèdre, les juifs déicides comme la cauve sorris c’est à dire la chauve souris,
dit-il selon les chrétiens, ont pour maîtres Saturne, cf. B. Teyssèdre, Le Diable et l’Enfer au temps de
Jésus, Ed. Albin Michel, Paris, 1985, p. 273 ; cf. notre commentaire des Vaticinia, vers la fin du
chapitre II, Roland Villeneuve nous informe en ajoutant que l’expression « enfants de Saturne »
désignent au temps de la Renaissance, les mages et les sorciers ; cf. R. Villeneuve, Dictionnaire du
Diable, Ed.Omnibus, Paris, 1998, p. 608 : ce qui rejoint ce que nous avons dit précédemment à
savoir que « l’Antipape germanique » de Merlin, de A. Catherine Emmerick, est un juif déicide, un
membre de la Synagogue de Satan infiltré dans la maison du pape, ce dernier n’étant pas le seul
juif déicides infiltré dans la hiérarchie au Vatican).
« La foi des romains s’affaiblira et chancellera, continue ainsi les prédictions dites de sainte
Brigitte, on ne vit jamais de telles choses dans les temps passés (nul doute ici qu’il s’agisse de
l’apostasie totale des membres de l’église officielle romaine, ces derniers par leur apostasie ne
méritant plus d’être appelés « catholiques romains », méritant seulement d’être appelés
« romains », tant il est vrai comme nous l’avons vu avec Merlin, le mot « romain » ne désigne pas
uniquement en langage prophétique les habitants de la capitale de l’Italie. Ceux qui estiment que la
crise actuelle de l’Église est une simple crise historique feraient bien mieux d’écouter la prédiction.
En fait, il s’agit d’une crise apocalyptique : on ne vit jamais de telles choses dans les temps passés,
et en particulier un Vrai Pape que tout le monde croit mort et dont le pontificat est usurpé par un
monstre d’iniquité réussissant à se faire passer pour pape, et l’avènement d’un nouvel autel,
l’abolition du saint sacrifice de la Messe, l’imposition de sacrements invalides ou falsifiés par.Rome,
et cette ouverture de l’église officielle romaine à l’égard des juifs déicides, de toutes les fausses
religions etc.). L’Église de saint Pierre courra un grand péril (et pour cause, si le Vrai Pape ne sort
pas de son exil caché tout est perdu, la survivance de l’Église reposant toute entière sur ce pape
vieillard banni de la société) et de nouvelles discordes naîtront entre les cardinaux (soit que
l’auteur médiéval fait ici des conjectures à partir de Merlin notamment, conjectures qui relève de
l’anticipation, du genre « il y aura tout de même des cardinaux qui s’opposeront à l’Antéchrist-
antipape », soit que des discordes apparaîtront entre les cardinaux à cause du retour du Vrai Pape,
ce que l’on peut toujours espérer).
Ces prédictions, à lire tous les commentateurs des prédictions qui la rapportent intégralement
ou seulement partiellement, viendraient de sainte Brigitte de Suède (1303-1373) qui a été une
grande figure emblématique de ce courant prophétique médiéval transmis par les femmes au
milieu du XIVème siècle. (Autrefois, à l’exception d’Hildegarde, la fonction prophétique avaient été
exclusivement exercée par les hommes). Cette grande dame de l’aristocratie suédoise, mariée et
mère de huit enfants, réputée par sa sainteté a commencé à avoir des visions et à entendre Notre
Seigneur lui parler peu avant la mort de son mari, en 1354, à la suite de quoi, elle s’est consacrée
complètement à Notre Seigneur. Comme Hildegarde, sainte Brigitte s’est immiscée dans les
troubles politiques de son temps, et avait pour mission d’aider le Pape. C’est son directeur spirituel,
un évêque espagnol qui a abandonné son siège pour se faire ermite, Alphonse Pecha, qui a assuré
après sa mort la mise en forme et la diffusion des révélations de sainte Brigitte. C’est à ce dernier
que l’on doit la constitution du Corpus prophétique brigittin, qui se présente, dès 1392, sous la
forme de sept livres, auquel s’ajoute un huitième, le Liber coelestis imperator ad reges, qui
regroupe les révélations et les avertissement adressés par sainte Brigitte aux papes. M gr Alphonse
Pecha utilisa l’oeuvre de Brigitte pour démontrer la légitimité de l’obédience romaine et rejeter
celle des papes d’Avignon. Après la mort de celui-ci, un livre supplémentaire, regroupant des
révélations que Mgr Alphonse Pecha a laissées de côté, a été constitué et diffusé à partir de la
Suède sous le titre de Revelationes extravagantes. Les prédictions de sainte Brigitte ont connu au
XVème siècle une large diffusion dans les pays relevant de l’obédience romaine : en Italie, dans les
pays scandinaves, mais aussi en Angleterre et en Allemagne où Johannes Tortch a composé vers
1430 à partir des prédictions de la « sibylle du Nord », une compilation abrégée qui a circulé sous le
titre de Onus mundi, id est prophecia de malo futuo ipsi mundo supervento et a connu un véritable
succès dans les pays germaniques. L’ensemble du corpus brigittin a fait l’objet d’une édition
incunable à Lübeck en 1492, suivie d’une seconde édition à Nuremberg en 1500, à la demande de
l’empereur Maximilien, et la Contre-Réforme a tenu absolument à faire connaître les prédictions de
Brigitte puisqu’elles ont été rééditées à Rome en 1628. La traduction française très médiocre, selon
Vauchez, de J. Ferraige (4 vol., Paris, 1634) a été rééditée à Avignon en 1850. Avec sainte Brigitte, on
revient à l’eschatologie judiciaire qui caractérise l’oeuvre d’Hildegarde, et à l’affirmation de la
fonction de suppléance exercée par le prophète, ce dernier pouvant s’en prendre très durement au
clergé, comme sainte Brigitte l’a fait (cf. sur le prophétisme brigittin, A. Vauchez, op. cit., p.125-128).
Mais compte tenu du fait que l’on a assisté à partir de la seconde moitié du XIV ème siècle à la
mise en circulation de quantités de prédictions anonymes ou attribuées de façon volontairement
erronée à sainte Brigitte (c’est le cas de Merlin, de Joachim de Flore par exemple), au service des
causes les plus variées (apologie de la pauvreté chez les franciscains, critique de la papauté
d’Avignon, etc.), et pouvant être qualifiées « d’apocalypses de faction » (expression reprise par
Vauchez, Ibid., p.129), et compte tenu du fait que nous ignorons de quel manuscrit médiéval sont
sorties les prédictions dites de sainte Brigitte que nous venons de commenter, il nous est
impossible de dire si ces prédictions viennent bien de sainte Brigitte. Mais peu importe au fond à
partir du moment où l’on est capable comme nous le faisons d’en faire l’exégèse, c’est à dire de
reconstituer le raisonnement qui les a fait naître et si l’on est capable de démontrer que
l’eschatologie de celui qui les a rédigées est traditionnelle.
Cela vaut également pour la prédiction dite de Hildegarde que Yves Dupont a retenue et qui
concerne l’Antipape de la fin des temps. Quand l’auteur de cette prédiction dit au sujet de ce
dernier que « deux tiers des chrétiens le suivront », il apparaît clairement qu’il a construit une bonne
partie de sa conception relative à l’Antéchrist-antipape sur toute une interprétation du sens
mystique du livre de Zacharie relative au mauvais pasteur dont voici la teneur :
« Yahweh me dit : « Prends encore l’équipement d’un pasteur, cette fois insensé. Car je vais
susciter dans ce pays (entendre au sens mystique du terme « dans toute l’église officielle
romaine ») un pasteur (entendre un antipape) qui n’a nul soucis de ce qui se perd, ne recherche
pas ce qui s’égare, ne guérit pas ce qui est blessé, ni ne nourrit ce qui est valide (il déverse au
contraire des sacrements invalides) mais qui dévore (comme un loup, cf. ce que nous avons dit au
sujet de la période du loup décrite par Hildegarde) la chaire de celles qui sont grasses et leur
arrache jusqu’aux ongles. Malheur à ce pasteur insensé, qui laisse les brebis à l’abandon ! (qui
laisse les enfants de Dieu tomber dans l’apostasie) Que l’épée frappe son bras droit et crève son
oeil droit (c’est à dire qu’il soit frappé dans ce qu’il a de plus cher, symbolisé par le bras et l’oeil).
Qu’entièrement son bras se dessèche (comme cela c’est passé avec Jéroboam I Rois XIII 5,
Jéroboam étant l’une des meilleure préfiguration de l’Antéchrist-antipape selon le bienheureux
Bernard de Bustis, cf. fin du chapitre II de cette étude), et que son oeil droit perde la vue ! » (Zach.
XI 15-17).
Plus loin un parallèle légitime est établi entre ce mauvais pasteur et le faux prophète : « Il
arrivera, si quelqu’un veut encore prophétiser, que son père et sa mère, ses parents lui diront : « tu
ne vivras point - car tu dis des mensonges au nom de Yahveh (Zach. XIII 3 ss) ». (Or précisément, le
faux prophète de l’Apocalypse, à savoir la bête de la terre dans le chapitre XIII de l’Apocalypse est
perçu par les médiévaux catholiques comme étant l’Antéchrist-antipape. Ce point de vue est
partagé notamment par le célèbre Matthias de Janovre (v. 1350-1393) dans Regulae Veteris et novi
Testament (1388-1392), par Pierre Jean Olive (v. 1248-1298) dans La Lectura super Apocalypsim qui
certes a été rejetée par huit maîtres en théologie en 1319 à Avignon, mais certainement pas pour
avoir identifié « la bête de la terre » comme étant l’Antéchrist-antipape, par Joachim de Flore
(v.1130-1202), etc.. Cette position sera reconnue notamment par le très grand théologien Corrnelius
a Lapide (1565-1637) dans son commentaire de l’Apocalypse, comme faisant bien partie de la
Tradition Prophétique. Même saint Ambroise, Tertullien ont dit de cette « bête de la terre » était un
faux chrétien, un imposteur dans l’Église « qui sera comme un précurseur et un hérault de
l’Antéchrist comme saint Jean-Baptiste fut celui du Christ », l’Antéchrist-antipape étant ainsi perçu
très tôt dans l’histoire de l’Église comme le Jean-Baptiste luciférien de l’Antéchrist-personne. Joseph
Acosta (De temp. Noviss. 2, 17) enseigne que les deux cornes de « la bête de la terre » sont celles
de « la dignité épiscopale, celles de la mitre », qui est bicorne, et estime que ce faux prophète de
l’Apocalypse sera « un évêque apostat et se faisant passer pour religieux, un traître à l’état
ecclésiastique, propageant dans le peuple par ses sermons le venin du dragon », ce qui fait dire à
l’Abbé Zins s’appuyant exclusivement sur le rapport de Cornelius a Lapide, que les antipapes
actuels, à savoir « Jean-Paul I et Jean-Paul II » qui ont effectivement abandonné la tiare pour une
longue mitre bicorne, et qui enseignent la doctrine pan-syncrétiste du démon, sont probablement
les avant-coureurs de l’Antéchrist-personne dont Notre Dame a parlé à la Salette (Cf. L’Abbé Zins,
l’Antéchrist, Ed. D.F.T.. p.139 ; le frère Michel de la Trinité sans se rendre compte qu’il rejoint la
Tradition Prophétique médiévale réalise progressivement grâce à l’étude des message transmis
par Lucie, la voyante de Notre Dame de Fatima, que « la bête de la terre » qui monte de la terre
c’est à dire de la terre promise qui symbolise l’Église, ne peut être qu’un antipape, or précisément,
sœur Lucie de Fatima pour nous mettre sur la piste de ce qu’est le contenu de la troisième partie
du secret de Fatima, a déclaré officiellement que le secret avait à voir avec le chapitre qui décrit
« la bête de la terre » dans l’Apocalypse : cf. Frère Michel de la trinité, Toute la vérité sur Fatima,
ouvrage diffusé par les Ed. D.F.T.., p.541-551. On comprend ainsi la raison pour laquelle il est
impossible à l’autorité actuelle du Vatican de diffuser cette partie du secret, cette partie dénonçant
l’actuel occupant du siège de Pierre. Le secret de Fatima suffit à lui seul pour accabler l’église
wojtylienne. On comprend la raison pour laquelle « Jean-Paul II » s’est rendu partout sauf à La
Salette, pour ne pas attirer l’attention sur l’enseignement apporté par la bergère de la Salette
annonçant la venue pour la fin de notre siècle de l’Antipapauté antéchristique, or la Salette
enseigne le saint Curé d’Ars mènera le monde).
« Le Glaive s’est levé aussi contre mon Pasteur, - contre l’homme qui est mon associé -
oracle de Yahvé des armées (c’est à dire que la véritable papauté va être frappée dans les dernier
temps de l’Église, c’est du moins comme on va le démontrer ce que comprend l’auteur de la
prédiction médiévale ci-dessus disant que l’Antipape de la fin des temps aura avec lui « deux tiers
des chrétiens ». Elle sera frappée, la Papauté de la fin des temps, précisément par le mauvais
pasteur, le faux prophète, c’est à dire on l’a vu par l’Antipapauté antéchristique dont il est apporté
par Zacharie une description saisissante au chapitre XI 15- 7 et chapitre XIII, 3- 6. La conséquence
de cela c’est que les brebis c’est à dire les catholiques s’égareront de plus en plus :) Mais qu’on
frappe le Pasteur, - et les brebis seront dispersées ! - je tournerai ma main même contre les plus
petites » (Zacharie XIII 7). (Comme le reconnaît André Lacocque, « nous n’avons pas affaire à une
malédiction sur le berger » -il est « mon berger, l’homme qui m’est proche »- mais nous avons
affaire à une malédiction sur les brebis ; le contexte est parfaitement clair à ce sujet. Le berger est
proche de Dieu, mais en contraste, les brebis sont éloignées et dispersées. (...) Le berger frappé est
donc le berger martyr.» cf. Texte de Lacocque dans Aggée, Zacharie, Malachie,commentaire de
l’Ancien Testament XIc., Labor et Fides, Genève, 1988, p.196 ; cela signifie que le pape en raison du
fait qu’il est pape et protégé par Dieu d’une manière spéciale, malgré son caractère répréhensible,
est proche de Dieu. Le Vrai Pape est en effet d’autant plus proche de Dieu qu’il est à l’agonie dans
son exil caché, et vit intensément son martyr en étant très proche de Dieu. Mais cela signifie que
les brebis sont coupables de la situation de la Papauté et de l’avènement de l’Antipapauté
antéchristique. Elles sont coupables de s’être laissées tromper par l’Antéchrist-antipape et si elles
sont dévorées par ce dernier au point de tomber dans la damnation éternelle, elles ne pourront
s’en prendre qu’à elles mêmes de n’avoir pas compris que l’Antipape qui les conduisait à la
perdition était un imposteur. Cet antipape a été suscité par Dieu dans toute l’église du Vatican pour
châtier les catholiques qui ont manifesté trop de tiédeur à son égard).
Et voilà maintenant le passage qui a poussé l’auteur de la prédiction médiévale ci-dessus à
dire que « deux tiers des chrétiens suivront l’Antipape de la fin des temps » : « Voici ce qui arrivera
dans le pays tout entier (c’est à dire dans toute l’église officielle romaine), oracle de Yahvé : les
deux tiers des habitants seront exterminés et périront, un tiers subsistera (Zacharie XIII, 8). Voilà la
conséquence de l’égarement de ces derniers qui ont rejeté le bon Pasteur pour suivre le faux
pasteur, ils seront les deux tiers à rejeter le bon pasteur pour suivre le mauvais pasteur et en
conséquence, Dieu livrera ces deux tiers au mauvais pasteur qui les dévorera.. De même, voilà la
conséquence de l’égarement de ceux qui auront rejeté le Vrai Pape pour suivre l’Antéchrist-
antipape, il seront les deux tiers à rejeter le Vrai Pape pour suivre l’Antéchrist-antipape, et en
conséquence, Dieu livrera ces deux tiers à l’Antéchrist-antipape qui les dévorera. Suivre le mauvais
pasteur, comme suivre l’Antéchrist-antipape, conduit toujours à la perdition, tant il est vrai que Dieu
réservera un châtiment exemplaire dès ici-bas à ceux qui oseront s’en prendre à son pasteur pour
se soumettre au loup.
L’expression « deux tiers » indique certes que ceux qui vont à leur perte en suivant le faux
pasteur sont plus nombreux que les justes, que large est le chemin qui conduit au faux pasteur, que
la presque totalité des catholiques au sujet de ce dernier seront aveuglés, car le tiers restant mérite
d’être « passé par le feu », doit être éprouvé « comme on éprouve l’or » (Zacharie XIII, 9), c’est à
dire va être purifié par toutes sortes de tribulations. C’est donc que le tiers restant, quoique moins
contaminé que les deux autres tiers est bien malade ; c’est en effet à cause de la faiblesse de ce
tiers des moins mauvais, que l’on doit paradoxalement la force de l’église de l’Antéchrist-antipape.
Il n’y a aucun doute que le bon pasteur qui sera frappé dans le livre de Zacharie désigne en
tout premier lieu Notre Seigneur Jésus-Christ (Jésus s’appliquant cette prophétie : Matthieu XXVI,
31, Marc XIV, 27) qui a été rejeté par les siens. Les deux tiers des juifs étaient soumis au mauvais
pasteur de la Synagogue officielle romaine, Caïphe qui doit également être considéré comme une
préfiguration également du faux prophète de l’Apocalypse. Il est également dit de ce dernier qu’il
prophétise et l’une des raisons qui le fait prophétiser, c’est que Jésus doit mourir pour rassembler
en un les enfants de Dieu qui étaient dispersés (Jean X, 52), exactement comme l’Antéchrist-
antipape prophétise, en invoquant pour faire mourir le Vrai Pape et les catholiques fidèles, que ces
derniers doivent mourir pour rassembler dans l’unité tous les hommes pourtant divisés sur le plan
religieux, tant il est vrai que ces deux personnages sont d’ardents défenseurs de l’unité, mais d’une
unité qui se fait contre la Vérité.
Mais a fortiori, il est probable que cette prophétie de Zacharie concerne en second lieu le
Pape qui à la fin des temps ressemblera le plus par son martyr à Notre Seigneur : c’est du moins ce
que pense le Père Jérôme Botin (mort en 1420) religieux de Saint germain- des -Prés qui annonce
que dans les derniers temps de l’Eglise, « LE PASTEUR (le pape) SERA FRAPPE ET LE TROUPEAU
(l’ensemble des catholiques) SERA DISPERSE. », et Bottin poursuit « et ce n’est qu’après ce siècle
(de ténèbres pour l’Eglise), qu’il y aura un autre pasteur (référence au Saint Pape inaugurant avec le
grand Monarque le règne social du Christ) qui conduira les peuples dans l’équité et les rois dans
la justice. Et, il sera honoré des princes et des peuples. MAIS AVANT QU’IL AIT ETABLI SON
EMPIRE QUE CELUI (le catholique fidèle) QUI N’A POINT FLECHI LE GENOU DEVANT BAAL (le
culte idolâtrique de l’Antéchrist-antipape) FUIT DU MILIEU DE BABYLONE , (entendre par le mot
Babylone, l’Eglise officielle romaine soumise à cet antipape) A DIT l’ESPRIT DE DIEU. » (A. Péladan,
Nouveau Liber Mirabilis ou toutes les prophéties autentiquessur les temps présents, Nîmes, chez
l’auteur , 1872, 3 ème édition, P.125 : cette prédiction de Botin a été officiellement connue depuis
seulement 1790).
Que cette prophétie de Zacharie concerne en second lieu le Pape qui à la fin des temps aura
à affronter l’Antipapauté antéchristique, c’est du moins ce vers quoi tend également l’exorcisme
intégral de Léon XIII faisant la relation entre la prédiction de Zacharie que nous venons de voir et
la situation de la Papauté dans les derniers temps de l’Église : « L’Église, épouse de l’Agneau
Immaculé, la voici saturée d’amertume et abreuvée de poison, par des ennemis très rusés ; ils ont
porté leurs mains impies sur tout ce qu’elle désire de plus sacré. Là où fut institué le siège du
bienheureux Pierre et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans
l’impiété (prophétie réalisée avec l’Antipauté antéchristique) ; en sorte que le pasteur étant frappé,
le troupeau puisse être dispersé (en référence à « Mais qu’on frappe le pasteur et les brebis seront
dispersées ! » Zach. XIII, 7).
Comme le reconnaît l’egéxète André Lacocque (pourtant protestant), au sujet de Zacharie XIII
7-9 : « Elliger (...) a sans doute raison de lire ces versets dans une perspective eschatologique.
Tandis que les textes modèles Ez. 21,13ss et 5,1ss, dit-il, se rapportent à une situation historique
ancienne, celle-ci reçoit ici une tournure eschatologique : elle se répétera à la fin des temps » (Ibid.,
p.196).
Ainsi l’idée que deux tiers de ceux qui se réclameront du catholicisme suivront l’Antéchrist-
antipape nous apparaît bien justifiée à partir des Saintes Écritures ; quant au reste de la prédiction
relevée par Dupont et attribuée à tort ou à raison à Hildegarde, disant que l’Antipape de la fin des
temps est un infiltré qui s’est élevé jusque dans l’entourage le plus proche du pape pour s’emparer
du siège de Pierre, et qui s’est débarrassé de son prédécesseur qui n’est même pas pape, et qui
n’a pas régné longtemps pour prendre sa place, elle nous paraît tout aussi légitime, et ceci à partir
du deuxième livre maccabéen qui dit que Ménélas est un infiltré, membre de la secte de Simon, qui
s’est élevé jusque dans l’entourage du souverain Pontife Onias III, pour s’emparer de la tiare, et qui
s’est débarrassé du pseudo-pontife Jason qui n’a pas régné longtemps, pour prendre sa place, dans
la mesure où la crise maccabéenne sert au livre de Daniel de support pour dire ce qu’il en sera de
la situation de la sainte religion à la fin des temps (cf. notre dernier chapitre).
En effet, c’est à partir du sens mystique du deuxième livre Maccabéen en corrélation avec la
Prophétie daniélique, que s’est forgée cette admirable prédiction médiévale que les médiévaux ont
attribuée à Merlin, et qui commença à être diffusé dès la fin du XIIIème siècle à Venise :
« Lorsque la sainte Mère du Seigneur apparaîtra en plusieurs endroits et lorsque Pierre aura
deux noms, il sera temps de se préparer car la sixième heure sera proche. La sixième heure est
celle des ténèbres qui obscurcirent le jour au moment de la mort de Jésus. (...) De Rome s’élèvera
une excommunication, alors que la guerre sera cruelle à Jérusalem. Après la fête viendra le
pillage : Paul et Pierre seront éloignés de Rome » (A. Lambert Bocconi, Les grandes prophéties
jusqu’en l’an 2100, Ed. De Vecchi, Paris, 1994, p.28).
Cette prédiction est admirable, non pas en raison du fait qu’elle considère que la prolifération
des apparitions mariales est un signe eschatologique déterminant annonçant l’approche imminente
des tribulations dernières consécutive à l’apostasie du clergé romaine, car cela est un fait partout
établi depuis au moins le Moyen Age jusqu’à nos jours (cf. A ce sujet, Boanergès, Actualité de la fin
des temps, Ed. D.F.T., 1992. Boanergès démontre d’un point de vue surtout historique que tous les
signes eschatologiques annoncés dans l’Evangile de Matthieu (XXIV) comme points de repères
pour déterminer avec certitude la période des derniers temps de l’Église, se sont réalisés de nos
jours d’une manière parfaite et si achevée, qu’il n’est plus permis de croire que nous ne sommes
pas à la fin des temps, sans partager du même coup une position hérétique. Cf. En particulier, ce
que cet auteur dit au sujet « des grands signes dans le ciel » p. 193-215), mais elle est admirable
parce qu’elle annonce plusieurs siècles à l’avance que les occupants du siège de Pierre pendant ce
temps de ténèbres qu’est la mort mystique de la Papauté (cf ; Nous avons vu précédemment qu’il
ne pouvait y avoir que trois temps de ténèbres, celui qui va de la mort de notre Seigneur Jésus
Christ à sa résurrection, celui qui va de la mort de la Papauté jusqu’à sa résurrection –
correspondant au règne de l’Antéchrist-antipape– et celui qui va de la mort des deux témoins de
l’Apocalypse à leur résurrection –correspondant au règne de l’Antéchrist-personne–), prendront un
nom qui les distinguera de tous les autres occupants du siège de Pierre.
Pour bien comprendre que la sixième heure ici correspond aux derniers temps de l’Église et
plus précisément à la mort mystique de la Papauté, il faut tout simplement se référer à l’Evangile de
Matthieu XXVII, 45 où il est écrit : « A partir de la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la
terre ». Ce verset qui concerne ce qui s’est passé lors de la crucifixion de Notre Seigneur, vient juste
après celui-ci : « les voleurs qui étaient crucifiés avec Lui (Notre Seigneur), l’accablaient des mêmes
outrages » (Mat. XXVII, 44). En reliant ce passage à la Papauté, l’auteur de la prédiction faisant
allusion à un événement qui se passera sur le siège de Pierre, veut dire que la papauté passera par
des tribulations similaires à celles que connut Notre Seigneur Jésus-Christ, elle sera accablée par les
outrages des ennemis de l’Église et en particulier par deux antipapes qui seront à l’image des deux
larrons. Ces deux antipapes, ou ces deux larrons, se reconnaîtront à leur nom qui ne seront pas
semblables à ceux des papes et même à ceux des antipapes d’autrefois.
Lamberti Bocconi qui ne va pas comme nous jusqu’à remonter au raisonnement qui a fait
naître la prédiction, et qui s’en tient à un niveau superficiel ou purement visuel, a compris que se
trouve ici annoncé les deux derniers occupants du siège de pierre, à savoir Luciani dit « Jean-Paul
I » et Wojtyla dit « Jean-Paul II » : « Albino Luciani fut le premier pontife de l’histoire à porter un nom
composé, puisqu’il choisit en 1978 celui de Jean-Paul I, en hommage à ses deux prédécesseurs.
Certaines prophéties font allusion à ce choix (dont celle que nous venons de citer), qu’elles
associent à l’approche de la fin du monde (Bocconi confond à tort « fin du monde » avec « fin des
temps », expression qui au sens propre et restreint, désigne le temps de l’Apostasie du clergé
romain et des grandes tribulations précédant le jugement dernier. Cf. La définition apportée à ce
sujet par Siebel dans Catéchisme de l’oratoire, Saka-Verlag, 1992, dernière partie, le chrétien à la
fin des temps).
Mais Bocconi s’égare en déduisant de la prédiction « Lorsque Pierre aura deux noms » que se
trouve signifiée ici l’idée qu’il y aura sur le siège de Pierre à l’approche des tribulations dernières
une série de papes portant deux prénoms, au lieu d’un seul prénom comme cela était le cas de
tous les autres papes autrefois. Il ne peut se trouver signifiée ici que l’idée que les deux antipapes
de la fin des temps vont rompre avec une tradition multi-séculaire en prenant comme nom pour
règner sur Rome, un nom qui manifestera leur apostasie et qui n’aura pas de précédent dans
l’histoire de l’Église. De même que dans les derniers temps de la Synagogue, les deux pseudo-
pontifes de la crise maccabéenne (à savoir Jason et Ménélas, cf. 2 Maccabées IV, 13 et 27) avaient
deux noms un nom d’origine hébraïque et un nom d’origine grec, et se sont installés sur la chaire
d’Aaron, en usurpant la place du Vrai Pontife, en osant prendre à la place de leur nom hébraïque,
leur nom grec pour nom de pontife, rompant ainsi avec une tradition multi-séculaire et affirmant
leur goût pour l’hellénisme, c’est à dire leur détermination à faire adapter la Synagogue à l’esprit du
monde helléniste, de même dans les derniers temps de l’Église, les deux antipapes antéchristiques
de la crise affreuse de l’Église choisiront comme nom de « pape » un nom qui se distinguera de
tous les autres noms que se donnaient autrefois les papes, c’est à dire un nom indiquant leur
détermination à faire adapter l’Église au monde moderne, un nom rompant avec toute une tradition
multiséculaire, un nom qui témoignera de leur apostasie (c’est encore et toujours, la thèse de la
survivance de Paul VI qui apparaît ici, faisant passer les « Jean-Paul I et II » pour des antipapes
ouvrant le second temps de ténèbres. Luciani a choisi pour nom « Jean-Paul I » comme pour bien
signifier qu’il maintiendra le mauvais chemin choisi par Jean XXIII et Paul VI, le projet des réformes
impies de Vatican II. Luciani ne se rend bien évidemment pas compte qu’en choisissant un tel nom,
un non composé comme celui de Jean-baptiste, qu’il réalise un aspect de la Tradition Prophétique
le concernant : « j’ai fais, a-t-il dit, le choix de choisir ce nom pour rendre un hommage aux deux
derniers souverains et parce que Jean XXIII m’a consacré évêque et Paul VI m’a nommé cardinal »).
En effet, il est clairement établi par l’auteur de la prédiction comme le montre la référence à
Matthieu XXVII, 45, que celui-ci a forgé sa prédiction à partir des Saintes Écritures, et comme il
n’existe pas dans la Bible de situation similaire à celle qu’il décrit ici, autre que celle qui est
racontée dans le deuxième livre maccabéen, on est en droit de penser que par l’expression
« lorsque pierre aura deux noms », il désigne non pas comme on pourrait le croire à première vue
une véritable papauté, mais au contraire une antipapauté, et pas n’importe laquelle, une papauté
qui fait que la sixième heure, c’est à dire le temps des ténébres, est proche, une papauté qui n’est
rien d’autre que l’Antipapauté antéchristique.
En effet, l’éclipse du Vrai Pape commence vraiment quand il est porté à son encontre un faux
acte de décès qu’il n’est pas en mesure de contester, et dès que le premier antipape de cette
antipapauté-là lui succède par un conclave. Dès que cet antipape est élu, cet antipape se donne un
nom, un nom qui montre une coupure entre l’église officielle romaine et la Sainte Église, comme si
à cette nouvelle église antéchristique qui vient de naître, il fallait donner un nom nouveau à
l’occupant du siège de Pierre.
Ce n’est qu’après la mise en place incontesté (par les cardinaux) quoique illégitime de cet
individu, que les catholiques fidèles vont commencer à crier comme Notre Seigneur : « Eli, Eli, lema
sabachtani ? » (suite du verset Matthieu XXVII, 45, qui sert textuellement de référence dans la
prédiction), ce qui veut dire : Mon Dieu, Mon Dieu, Pourquoi m’as tu abandonné ? », tant il est vrai
qu’après l’élection du premier antipape de la fin des temps, les catholiques fidèles auront de plus
en plus l’impression qu’ils sont abandonnés de Dieu, ne pouvant pas à eux seuls confondre
d’autorité, comme le dit si bien le R.P. Barbara (cf. Chapitre I de notre étude) les loups ravisseurs qui
depuis la neutralisation de Pierre se sont installés sur le siège de Pierre. Il convient effectivement
de déceler à l’intérieur de la dite prédiction, une logique de cet ordre : « Lorsque Pierre aura deux
noms » est nécessairement un événement inique parce qu’il fait place à « la sixième heure », c’est à
dire à cette période de ténèbres où on ne saura plus ce qu’il en est du Vrai Pape. Ce sera selon le
Lignum vitæ, comme on le verra, le temps où règnera « De Labore Solis », de l’éclipse du soleil,
c’est à dire l’occupant du siège de pierre sur lequel tombera cette redoutable devise.
C’est en référence à ce sentiment d’abandon qu’éprouveront les catholiques fidèle « lorsque
Pierre aura deux noms » que saint Nicolas de Fluëli, patron de la Suisse, au XVème siècle déclare :
« L’Église sera punie, dit-il, parce que la majorité de ses membres, grands et petits,
deviendront tellement pervertis. L’Église s’enfoncera de plus en plus profondément, jusqu’à ce
qu’elle semble finalement anéantie, et que la succession de Pierre et des autres Apôtres semble
avoir pris fin. Mais après cela, elle sera exaltée victorieusement à la vue de tous les sceptiques ».
En effet, les catholiques fidèles confrontés à l’Antipapauté antéchristique souffrant de la non
visibilité de la véritable papauté, ne pouvant pas se mettre d’accord entre eux pour l’élection d’un
pape en raison du fait que la succession de Pierre a été obscurcie comme l’a été la succession
légitime du roy de France, ne sachant plus quoi penser sur ce qui s’est passé réellement sur le
siège de Pierre, ne sachant même plus à cause de Rhodé, si le Vrai pape est en vie ou s’il est mort,
seront plongés dans une réelle détresse, du moins tous ceux qui auront une vision juste et
profonde de la gravité de la situation. Quant aux catholiques apostats, il va de soi qu’ils n’auront pas
l’impression de voir la Sainte Église expirée, puisqu’ils écouteront leurs faux prophètes,
l’Antéchrist-antipape en tête, qui se caractérisent par le fait qu’ils prêchent des lendemains qui
chantent (Wojtyla et son jubilé de l’an 2000), qu’ils annoncent un printemps de l’assemblée (église)
quand l’assemblée va connaître la désolation (comme c’est le cas des pères du pseudo-concile
Vatican II), qui promettent la paix au peuple (réunion d’Assise) quand celui-ci va être châtié, qui ne
veulent pas croire les menaces réitérées par les vrais prophètes (les vrais prophètes appartenant
au camp antiwojtylien, enfermement du secret de la Salette dans la tombe par la Rome actuelle),
alors que la Sainte Religion est partout foulée aux pieds et qui disent : « Vous ne verrez pas le
glaive et la famine ne sera pas parmi vous, mais le Seigneur vous donnera une véritable paix en ce
lieu » (Jérémie XIV 13).
Pour les membres de l’église officielle romaine, la véritable religion ne leur donne pas
l’impression de disparaître de la surface de la terre puisqu’ils sont aveugles au point de croire qu’ils
ont un vrai pape, de vrais sacrements, de vrais ordinations, etc. Mais pour ceux qui réalisent la
nature diabolique de cette église du Vatican qui a perdu la foi, il n’y a pas pire que ce qui se
présente sous leurs yeux, à savoir une antipapauté partout triomphante, des millions et des millions
de personnes trompés spirituellement courant sur le chemin de la perdition, une Papauté qui si elle
existe encore ne se laisse plus voir, bref une situation si abominable que la sainte Église est
humainement perdue. Essayer de les convaincre du contraire, que la situation pourrait encore être
plus grave, c’est avoir un pied dans la fausse église, car ce qu’ils endurent c’est « la sixième heure »,
c’est à dire un temps aussi douloureux que le temps qui a couru entre la mort du Christ et sa
résurrection, qui se trouve revécu par ceux qui constatent la mort mystique de la papauté à travers
l’Antéchrist-antipape partout victorieux. Mais le temps de cet antipape est compté par Dieu qui au
moment le plus propice le démasquera par son Vrai pape et le frappera dans son ascension (au
mont Sinaï ?). Et il plaît à Dieu que ce temps de ténèbres se prolonge, tant il est vrai que Dieu tient
à éprouver les bons dans leur foi, comme il a éprouvé la foi d’Abraham, en attendant le dernier
moment pour intervenir.
Cette prédiction de Nicolas de Fluëli mérite réflexion, car elle enseigne que lorsque les
catholiques fidèles seront à bout dans l’épreuve, seront complètement brisés, c’est alors que Dieu
jettera la pièce maîtresse qu’Il tient en réserve et qui fera basculer soudainement la fausse église
régnant au Vatican au profit de la véritable Église des papes. Brutalement il apparaîtra que la Sainte
Église qui aux yeux seulement du petit nombre qui voit clair est éclipsée, est bien d’institution
divine, et tout porte à penser comme on l’a expliqué longuement précédemment que cette pièce
maîtresse que Dieu tient en réserve soit le retour du Vrai Pape, comme le pense l’auteur de la
prédiction médiévale relevé par Bocconi.
En effet, il nous apparaît logique que ce redressement inespéré de l’Église se fasse par la
Papauté et ceci pour deux raisons, la première parce que l’Antipapauté antéchristique de par son
caractère diabolique, ne peut être démasquée que par l’autorité du pape (ce qu’a très bien compris
le P. Barbara, sans croire pour autant à la survivance du Vrai Pape), la seconde parce que c’est en
montrant que la Papauté a été protégée miraculeusement que la Sainte Église pourra être ainsi
exaltée à la vue de tous les sceptiques et en particulier de ceux qui doutent du dogme de
l’infaillibilité pontificale et de la nature divine de la Sainte Église Catholique. Avant d’affronter le
règne de l’Antechrist-personne, il importe, pour que l’Église puisse tenir le coup, que soit lancée la
dernière croisade par le Pape, appel du Vrai Pape qui selon nous doit être nécessairement à
l’origine de l’ordre des Apôtres des derniers temps de l’Église (position partagée notamment par
Zacharie le voyant au XIXème siècle dans ses visions prophétiques, cf. Honoré de Temniac, Dies
Irae, Librairie le François, Paris, 1958, p.164-168).
Tout ce contexte qui rend compte de la gravité de la situation figure dans cette prédiction
diffusée à Venise au XIIIème siècle, que nous venons de citer : « De Rome s’élèvera une
excommunication, alors que la guerre sera cruelle à Jérusalem. Après la fête viendra le pillage : Paul
et Pierre seront éloigné de Rome ».
En effet, une dissociation ici est opérée entre Jérusalem et Rome. La place de Paul, comme
celle de Pierre d’ailleurs c’est en situation normale d’être à Rome, or ici, la situation est
extraordinaire, car Pierre et Paul se sont coupés de Rome, comme Lot s’est coupé de Sodome,
pour ne pas partager son châtiment (Apoc. XVIII, 4). La Rome dont il s’agit ici c’est la Rome
redevenue païenne, c’est à dire l’église officielle romaine gouvernée par l’Antéchrist-antipape, qui
s’est vidé des catholiques fidèles et du Vrai pape. Jérusalem, c’est ici la Véritable Église Catholique
qui subit de la part de la Rome apostate une « guerre cruelle ». L’excommunication dont il s’agit ici,
ne vient pas de la véritable Église, mais de la fausse, qui rejette le Vrai pape, et excite la haine du
monde contre les catholiques fidèles. Parodie certes d’excommunication, mais qui permet à la
Rome apostate, à savoir la Babylone maudite de l’Apocalypse pour les médiévaux catholiques, de
se réjouir de sa victoire éphémère sur les saints et de faire la fête, du genre de celle qu’a faite
Balthasar, dernier roi de Babylone, qui donne lieu à toutes sortes de sacrilèges. Excitée par l’ivresse
du sang des justes qu’elle a persécutés, et profanant ce que l’Église a de plus précieux (Apoc. VII, 4-
6), cette église maudite à l’image de Balthasar festoyant dans les objets de culte du Temple, va
subir la colère de Dieu, et être livrée aux pillards les plus sanguinaires, mais avant cela il faudra que
Paul, c’est à dire l’ensemble des catholiques fidèles et Pierre, c’est à dire le Vrai pape, bref les élus
de Dieu, soient bien éloignés de ses murs (Apoc. XVII, 4), pour contempler son agonie (Apoc. XVIII,
20).
Le bienheureux Bernard de Bustis au XVème siècle nous explique comment tout cela a
commencé. Il semble que sa position diffère de celle de l’auteur de la prédiction d’Hildegarde
relevée par Dupont, quant au nombre de ceux qui suivront l’Antipape de la fin des temps, puisqu’il
avance l’idée que « dix douzièmes des chrétiens » s’attacheront à ce dernier, mais à y regarder de
plus près tout porte à penser que cette prédiction dite d’Hildegarde que nous avons commenté
précédemment, correspond pleinement à son point de vue. En effet, voici ce qu’il annonce pour les
derniers temps de l’Église :
« En ce temps, il se produira un schisme au sein de l’Église de Dieu à l’occasion de l’élection
du pape, parce qu’il s’en créera plusieurs. Dans ce nombre, il y en aura un qu’il fera nommer,
mais ce ne sera pas le vrai pape. Il en viendra à persécuter le Vrai pape et tous ceux qui lui
obéiront, de telle sorte que la majorité se déclarera plutôt pour l’antipape que pour le vrai
pontife. Celui qui sera le vrai pontife au temps du schisme s’appellera Roboam, tandis que le faux
pontife se nommera Jéroboam, cela parce que le vrai pontife, dès le commencement du schisme,
ne comptera dans son obédience que les deux douzième des chrétiens, les dix autres douzième
s’attacheront au pseudo-pontife. Toutefois les vrais cardinaux et gardiens de l’Église romaine
suivront Roboam, les mauvais seulement, Jéroboam » (Michel de Savigny, La perspective des
grands événements, Ed. Pierre Téqui, Paris, 1934, p. 348 ; cf. Marquis de la Franquerie, Le Saint
Pape et le Grand Monarque d’après les prophéties, Ed. de Chiré, 1980, p. 29, la prédiction ici se
trouve toutefois amputée de l’essentiel c’est à dire de ce qui la rattache au premier livre des Rois et
au deuxième livre des Chroniques, d’autre part, ce type de prédiction n’a pas sa place dans un
ouvrage consacré au Saint Pape qui inaugurera avec le Grand Monarque le règne social de Notre
Seigneur, puisqu’il s’agit ici comme on va le démontrer du Pape Martyr de la fin des temps qui par
définition ne connaîtra pas ce règne : « Le Saint Père souffrira beaucoup dit Notre Dame de la
Salette, (...) mais ni lui ni son successeur ne verront le triomphe de l’Église de Dieu »).
Ici le bienheureux Bernard de Bustis malgré les apparences corrobore la position de la
prédiction relevée par Dupont. Certes 2/3 n’a pas la même valeur mathématique que
10/12=5/6=2,5/3, même si l’écart entre les deux quantité est minime. Il ne faut certainement pas
en déduire naïvement de cela que « Hildegarde » et Bernard ne parle pas ici du même antipape. Il
faut saisir leur cheminement par rapport aux Saintes Écritures, et ne pas déconnecter leur
enseignement de ce qui en fait le fondement. L’esprit est toujours supérieur à la lettre. En effet,
cette différence d’écart est due seulement au fait que pour décrire une même situation
« Hildegarde » passe par la Prophétie Zacharienne, et que Bernard passe par le premier livre des
Rois (1 Rois XI, 31 : « Je te donnerai dix tribus » sur douze) relatif au schisme des dix tribus, et à la
part qui doit revenir à Jéroboam en raison des péchés de Salomon, part annoncée par le prophète
Ahias de Silo.
L’idée principale à retenir de ces pronostiques, c’est que le camp des catholiques apostats se
plaçant sous l’autorité de l’Antéchrist-antipape sera d’une majorité écrasante et ceci notamment en
raison du pouvoir de séduction extraordinaire que cet antipape appuyé par les grandes puissances
mondiales de son temps, exercera sur les foules (voici quelques titres que lui donne la
presse : « Jean-Paul II, superstar » Le Figaro du 2/10/1979, « Jean-Paul II, croisé des droits de
l’homme » Figaro du 3/10/79, « l’homme charismatique » Le Monde du 9/10/1979 ; « la dernière
vedette » Le Monde du 9/10/1979 ; « au premier rang des leaders du monde » Le Point du
8/10/1979 ; « le leader de l’occident » etc. Cf. Permanences revue mensuelle n°165 déc. 79 spécial
J.-P.II). Et ceci est logique dans la mesure où cet antipape est considéré par la Tradition
prophétique, comme la troisième personne de la Contre trinité satanique, qui provoquera chez les
impies des inspirations et des transports analogues aux charismes qui s’emparaient des fidèles aux
premiers temps de l’Église. Quant au camp des catholiques fidèles, de ceux qui finiront par
comprendre ce qu’il est, il sera marginal, extrêmement minoritaire, insignifiant aux yeux du monde.
Bernard de Bustis nous dit que à la fin des temps « il se produira un schisme au sein de
l’Église de Dieu ». Par l’expression « Église de Dieu », il faut entendre nécessairement les murs de
l’église officielle romaine qui même s’ils ont été volés par la fausse église appartiennent de droit à
la Véritable Église. Le schisme dont il s’agit est « le schisme affreux et de grande confusion »
annoncé notamment par Hildegarde, comme on vient de le voir, c’est à dire un schisme qui
emprisonne le clergé romain dans les griffes de l’Antipape de la fin des temps persécutant les
membres de la véritable Église Catholique, un schisme qui constitue une rupture entre la véritable
église catholique et l’église officielle romaine, c’est le temps où l’église officielle romaine se vide de
la véritable papauté et des véritables catholiques pour devenir la Babylone maudite de
l’Apocalypse, et qui sème partout la confusion parce qu’elle ose malgré son rejet de la véritable
Papauté et son adhésion à l’antipapauté antéchristique, se faire passer pour l’Église des papes.
C’est « le grand schisme de la fin des temps » dont la Compilation de Pirus, publiée à Paris en 1672,
nous dit ceci :
Ce sera « le plus grand schisme qu’ait jamais vue l’Église. Le navire de saint Pierre jamais ne
sera noyé, mais par ce schisme il semblera plus travaillé qu’il ne fût jamais. Car contre le clergé
(fidèle à la Vraie Messe, fidèle à son serment anti-révolutionnaire, et à toute la Véritable Tradition
de l’Église, à commencer par le Vrai Pape qui réagira trop tard pour empêcher le complot exercé
contre lui) s’élèveront tous les faux chrétiens (c’est à dire tous les faux catholiques, dans la mesure
où un véritable chrétien doit par définition croire à l’enseignement des papes, un protestant ou un
autre hérétique ne pouvant pas être un croyant au sens catholique du terme), et pour servir de
manteau à leur avarice (« les prêtres, par l’amour de l’argent sont devenus des cloaques
d’impureté » dit le secret de la Salette au sujet du clergé romain apostat de la fin des temps, ils sont
comme Judas qui dérobait l’argent de l’Église - Jean XII 6 -ils sont cupides comme les pharisiens
déicides- Luc XVI, 14, les méchants se drapent d’un manteau, sont enveloppés de malédiction
comme d’un manteau, sont enveloppés dans leur honte comme dans un manteau, Psaumes 72, 6 ;
103, 2 ; 108, 18) par l’occasion DES ANTIPAPES, alors ils prendront excuse de faire la guerre au
vrai et légitime pape apostolique (dans leur haine des catholiques fidèles ils sont en effet couvert
par les faux papes que le monde prend pour de vrais papes) ». Et la Compilation de Pirus poursuit
en nous livrant l’un des critère permettant d’identifier l’Antipapauté dont il parle : « les grands du
monde soutiendront les antipapes » (ce qui de notre point de vue correspond d’une manière
absolue à Jean-Paul II s’attirant les louanges démesurées de Gorbatchev et de Bush, c’est à dire des
deux plus grandes puissances du monde : cf. l’abominable cassette-vidéo de Léon Zitrone sur Jean-
Paul II, centro televisio Vaticano, oct. 1994, Ed.Mondadori vidéo) (Henri Dujardin, Compilation de
Pirus, tirée de Oracle pour 1840 et les années suiv., cité par Baron de Novaye, Demain... ? Nlles Ed.
revue et complétée par Michel de Savigny, Paris, Lethielleux, 1934, p.119).
Ce schisme s’est produit non pas parce qu’il y a eu un concile, mais en raison d’un avènement
mystérieux qui s’est passé sur le siège de Pierre. Le bienheureux Bernard de Bustis ne nie pas
l’avènement d’un pseudo-concile à la fin des temps, qui préparera Rome à perdre la Foi. En effet,
s’il appelle le pseudo-pontife Jéroboam, c’est parce que, comme on le verra, le pseudo-pontife
suivra Jéroboam dans sa détermination à faire changer la véritable religion par une fausse, à
modifier la liturgie par des réformes impies, ce qui dans l’église officielle romaine ne peut se faire
que par l’avènement d’un pseudo-concile se faisant passer pour un vrai concile et imposant ainsi
une révolution sur le plan doctrinal dans toute l’église officielle romaine. Ce que veut dire par là
Bernard, c’est qu’il ne faut pas chercher à comprendre cette « crise affreuse de l’Église »
(expression emprunté au secret de la Salette) à partir du pseudo-concile de la fin des temps
annoncé notamment par saint Antoine du Désert au IV ème siècle (ce dernier fondant sa prédiction
sur le sens mystique des saintes Écritures, comme on le verra), mais en cherchant à comprendre ce
qui est arrivé à Pierre.
En effet, ce qui a provoqué ce schisme qui a été préparé par un pseudo-concile, ce qui est à
l’origine de l’avènement du pseudo-concile de la fin des temps, comme ce qui est à l’origine de
l’avènement de l’antipapauté antéchristique faisant appliquer ce pseudo-concile, ce sont des
comploteurs faits à l’image de Jéroboam, visant à s’emparer du pouvoir pontifical par un complot,
comme Jéroboam s’est emparé du pouvoir royal par un complot. Dans ces comploteurs, il y a bien
évidemment le pseudo-pontife de la fin des temps (l’Antéchrist-antipape) qui mérite bien comme
on va le voir d’être appelé Jéroboam.
La prédiction ne dit pas que le schisme s’est produit à l’occasion d’un pape, mais à l’occasion
DU pape, pour bien indiquer qu’il s’agit du pape de Rome. C’est donc au cours d’un conclave sensé
pourtant n’élire qu’un seul pape que s’est créé au moins un faux pape. Pour que cette élection
illégitime puisse se faire du vivant du Vrai Pape (ce que dit bien l’auteur de la prédiction), quatre
possibilités se présentent de la plus improbable à la plus probable :
Soit les cardinaux électeurs ont déclaré hérétique le Vrai Pape, et l’ont déposé : cette
possibilité est vraiment improbable dans la mesure où ce qui caractérise notamment « la fausse
église », c’est au contraire son ouverture aux hérétiques et à toutes les fausses religions.
Soit les cardinaux électeurs ont prétendu à tort que le Vrai pape a abdiqué.
Soit les cardinaux électeurs ont prétendu à tort que l’élection du Vrai pape était nulle.
Soit les cardinaux électeurs ont prétendu à tort que le Vrai pape était tout simplement
décédé.
Or puisque nous sommes dans les derniers temps de l’Église, c’est à dire dans une situation
où par conséquent tout prend des proportions nécessairement dramatiques, le corps antichristique
étant adulte, il faut en déduire qu’a été porté un faux acte de décès à l’égard du pape, acte qui rend
illégitime l’élection de son successeur, tant il est vrai qu’un faux acte de décès implique tout ce que
nous avons dit sur le bannissement du Vrai Pape (cf. Chapitre premier de notre étude), à savoir
qu’on a tout pris à ce dernier jusqu’à sa propre mort, le Vrai Pape étant obligé de vivre en cachant
son identité, comme s’il était un criminel de guerre, suivant ainsi à sa manière les pas de Notre
Seigneur qui, en acceptant le supplice de la croix, a épousé la condition des pires criminels de son
temps. Ainsi, tout ce que nous avons dit précédemment au sujet de l’expression « temps de Caïn »
se trouve progressivement de plus en plus confirmé.
Comme il est dit dans la prédiction « qu’il s’est créé » non pas un faux pape mais « plusieurs »,
tout porte à penser que le schisme va se prolonger sous plus d’un pseudo-pontife. Et qu’il y aura au
moins deux conclaves successifs donnant naissance au moins à deux antipapes, se passant le
relais. Le Vrai pape dans son exil caché va connaître le règne de plusieurs pseudo-pontifes, ce qui
en dit long sur la durée de son martyr, et sur ce que vont endurer les catholiques fidèles.
Il y aura nécessairement au moins deux pseudo-pontifes. De ces deux pseudo-pontifes, il y en
a un qui est plus mauvais que l’autre, c’est celui qui « en vient à persécuter le Vrai pape » et les
catholiques fidèles qui refusent de se placer sous l’autorité de l’Antipapauté antéchristique, pour se
placer sous celle du Vrai pape par amour de Notre Seigneur.
C’est ici que commence à se profiler l’image du Pape Martyr de la fin des temps chère au
bienheureux Bernard de Bustis. En effet, de même que Notre Seigneur a été crucifié entre deux
larrons, un bon et un mauvais, le Vrai pape Martyr de la fin des temps se trouve crucifié ici entre
deux antipapes :
1. Un antipape qui n’en vient pas à le persécuter et qui par conséquent doit être antipape
malgré lui, qui lors de son élection a cru de bonne foi que le Vrai pape était décédé, c’est à dire un
antipape qui s’est fait abuser par la Synagogue de Satan et qui en raison du fait qu’il n’a pas
persécuté le Vrai pape (c’est du moins ce que laisse entendre la prédiction), est peut-être même
mort martyr. Rappelons-nous la prédiction médiévale rapportée par Dupont, et attribuée à
Hildegarde qui rapporte qu’un occupant du siège de Pierre sans la tiare n’aura pas le temps de
régner véritablement (il ne peut donc s’agir du Vrai pape) parce qu’il se fera supplanter, voire
même assassiner par l’Antéchrist-antipape. Tout porte à penser que celui-ci est le bon larron du
Vrai pape (c’est la thèse de la survivance de Paul VI qui fait de ce dernier le bon larron associé à la
passion du Vrai Pape Paul VI).
2. Un antipape qui en vient à persécuter le Vrai pape et qui répète d’une certaine manière
l’insulte faite par le mauvais larron au Christ : « Est-ce que tu n’es pas le Pape ? Sauves-toi donc
puisque tu crois que l’église est d’institution divine, et convertis-moi par un beau miracle ! », à cette
différence près que le mauvais larron n’a pas mis Notre-Seigneur en croix, contrairement au
pseudo-pontife qui jubile après tant et tant d’années d’effort pour parvenir à ce résultat, de voir
enfin son adversaire aussi impuissant que Notre-Seigneur sur la croix, et qui n’a jamais été aussi
puissant pour détruire en un seul règne, son règne, ce que la Sainte Église a construit pendant des
siècles (c’est ainsi que le Vrai pape à la merci de ces bourreaux subira toutes sortes de
persécutions ; voici ce que dit Notre Seigneur à Marie Julie Jahenny, au sujet du Vrai Pape : « Les
peines, les tortures, le mépris, il recevra tout. On ira jusqu’à le conduire à la pierre du premier
pontife. On lui dira : « Renie ta foi ! Laisse-nous la liberté ! » Mais sa foi sera ferme et constante
(après son affermissement dans la foi). C’est Moi qui vous donnerai ce pontife. Priez pour lui qui
doit voir sous ses yeux une révolution acharnée ! Jusqu’à la mort, sa main tiendra sa Croix (analogie
faite entre la Passion de Notre Seigneur et la passion du Vrai pape) et ne la lâchera pas. Priez, je
vous en supplie, priez ! Car la foi et la religion vont être foulées sous les pieds de ces malfaiteurs » ;
cf. Extase du 9/03/1878, notamment dans Henri Bourcier Marie Julie Jahenny, une vie mystique, Ed.
Pierre Tequi, Paris, 1991, p. 287 : Bourcier fait porter le scénario de la thèse de la survivance de
Paul VI sur Wojtyla dit « Jean-Paul II », en ignorant apparemment tout de cette thèse. Cela dit, il
nous apparaît clairement que Bourcier est dans l’erreur : il falsifie sans s’en rendre compte le sens
de la Tradition Prophétique à l’égard du Vrai pape, en cachant le caractère répréhensible du Vrai
pape, faisant croire que le Vrai Pape sera délivré de sa prison, non par un ange, mais l’armée du
roy de France « Henri V de la Croix », le grand monarque de la fin des temps (Ibid., p.286), alors que
ce qui caractérise le Vrai pape, c’est que ce dernier sera abandonné par tous les siens. La thèse de
la survivance de Jean Paul II est une parodie immonde de la thèse de la survivance dans la
Tradition prophétique. La thèse de la survivance de Wojtyla est directement inspirée de la doctrine
palladique ou luciférienne qui refusant de croire à la délivrance miraculeuse du Vrai Pape par une
angélophanie (les juifs déicides ont toujours refusé de croire aux miracles du christianisme) fait
intervenir pour la délivrance du Vrai Pape l’armée du Tsar (« le plan secret des chefs du
Palladisme » publié à des fins stratégiques, par le franc-maçon Bataille vers 1892 dans Le Diable au
XIXème siècle, Ed. E. Colin, Paris, T.2, p. 603-605). La raison de cette falsification est évidente, faire
passer l’Antéchrist-antipape Wojtyla pour le plus grand des papes, cacher que la Rome actuelle a
perdu la Foi, et faire croire à un redressement de l’Église, sans passer par les grandes tribulations
dernières.)
On l’aura compris grâce à toutes les lumières que nous avons livrées précédemment : ce
pseudo-pontife persécuteur du Vrai pape, ce mauvais larron, ce « malfaiteur », ce « mécréant »,
n’est rien d’autre que l’Antéchrist-antipape, un être inique, cynique, machiavélique, cruel et perfide
comme Jéroboam (les termes « malfaiteur, mécréant » ont été empruntés ici au langage
prophétique de Marie Julie tant il est vrai que cette prophétesse reprend la thèse de la survivance
du Vrai pape dans la Tradition prophétique médiévale. En effet, rien n’y manque « L’Église privé de
son Chef suprême » - par deux antipapes selon Bourcier, le Vrai pape se trouvant
« outrageusement outragé » (extase du 7/7/1880), lançant « une parole agonisante vers son
peuple », privé de ses ornements pontificaux (extase du 4/011/1880), condamné à vivre caché en
exil, protégé par Dieu de telle sorte que les méchants (comme dans le secret de la Salette) ne
pourront attenter à sa vie (extase du 29/09/1878), l’apostasie de l’église officielle romaine, etc. cf.
par exemple en ce qui concerne l’apostasie du clergé romain : Marquis de la Franquerie, Marie Julie
Jahenny, la stigmatisée bretonne, Association des amis de la Fraudais, Paluau, 1985, p. 31).
Ce sont là les deux occupants du siège de Pierre dont parle Mélanie Calvat, bergère de la
Salette dans sa lettre à l’abbé Roubaud du 30/09/1894, les deux occupants vermoulus comme
Antiochus IV et Hérode. On a démontré précédemment que ces deux individus ne pouvaient être
que deux antipapes réussissant à se faire passer aux yeux du monde pour des papes. Or voici ce
qui dit le secret de la Salette au sujet de l’un d’eux, à savoir l’Antéchrist-antipape : « Un avant-
coureur (sous entendu un Jean-Baptiste) de l’antéchrist avec ses troupes de plusieurs nations (tant
il est vrai que ce dernier a l’approbation des pays de l’Est), combattra contre le Vrai Christ (sous
entendu contre le Vrai Pape : on ne sort pas de cette problématique) le seul sauveur du monde (le
Vrai Pape étant l’instrument que Dieu se réserve pour sauver la situation) ; il répandra beaucoup
de sang et Voudra anéantir le culte de Dieu pour se faire regarder comme un Dieu ». Notre Dame
dit cela en référence à « la femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus », tant il
est vrai que cet antipape n’a rien de viril, la conquête de la vertu lui étant étrangère, et qu’il est
animé de la haine la plus vive contre ceux qui mènent une vie pure et contre ceux qui rendent
témoignage à Jésus Christ, haine si forte qu’il n’a aucun scrupule à tromper spirituellement la plupart
des enfants de Dieu. La femme ici ivre de sang désigne dans la pensée médiévale au sens spirituel,
l’église officielle romaine dirigée par l’Antéchrist-antipape, car au sens littéral ou historique de
l’expression, la femme ivre désigne la Synagogue apostate (pour des raisons que le moderniste
Tresmontant a trouvées et a exposées avec beaucoup de pertinence dans son enquête sur
l’Apocalypse, Ed. F.X de Gilbert, Paris, 1994, p.350 et suivantes ; attention toutefois aux bêtises de
Tresmontant qui commet le sacrilège de penser que l’Apocalypse est incompréhensible sans la
lecture des juifs déicides que sont Flavius Josèphe et Philon d’Alexandrie, et qui réduit la Parole de
Dieu ici à un langage codé du genre de ceux qu’il y avait pendant l’occupation allemande). Et a
fortiori puisque l’Antéchrist-antipape en est la tête, ce qu’il est dit de cette femme vaut aussi pour
l’Antipape de la fin des temps. Ce dernier s’est emparé du siège de Pierre, avons-nous déjà
expliqué pour anéantir le véritable culte de la surface de la terre en faisant remplacer avec sa secte
la Vraie Messe par un culte qui prétend s’inscrire en continuité de la Messe dite de saint Pie V,
mais qui en réalité s’inscrit dans le prolongement du mauvais culte de Caïn. Enfin, un antipape -
répétons le - selon la pensée médiévale est comme une idole honorée comme un dieu (cf. L’Abbé
Zins, dans son livre l’Antéchrist, aux Ed. D.F.T., p. 57, cf. ce que nous avons dit sur Hérode).
Mais pour l’antipape bon larron, il n’en est pas tout à fait de même en raison de son bon fond
intérieur. Néanmoins, ce dernier reste un membre de l’antipapauté antéchristique qui ne doit son
accession sur le siège de Pierre qu’à sa volonté de poursuivre plus avant la révolution dans l’Église
et avec le soutien de la Synagogue de Satan (dans un premier temps seulement, puisque la
Synagogue se retournera ensuite contre lui avec l’Antéchrist antipape), exactement comme le
premier pseudo-pontife Jason de la crise maccabéenne ne doit son accession sur la chaire
d’Aaron,, que par sa volonté de poursuivre la révolution dans la Synagogue de Dieu, et avec le
soutien de la secte diabolique de Simon (dans un premier temps seulement, puisque la secte
prohellène le fera supplanter par Ménélas) (cf. Dernier chapitre de notre étude).
Il reste néanmoins une énigme à résoudre si les cardinaux électeurs dans l’ensemble, à
l’exception des membres de la Synagogue infiltrés au conclave, ont élu l’antipape bon larron en
croyant à tort avec ce dernier que le Vrai Pape était décédé. Comment cela a-t-il pu être possible ?
Cela n’a pu être possible que par une personne que l’on a pris pour le Vrai Pape et qui en
décédant a fait croire à l’ensemble du monde dit catholique que le Vrai Pape était mort. Il ne peut
s’agir que d’une falsification de l’identité du Vrai pape par un sosie, d’une manoeuvre
machiavélique de la Synagogue de Satan pour occulter comme on l’a déjà expliqué la succession
légitime de Pierre, et ainsi empêcher que les catholiques fidèles se mettent d’accord pour l’élection
d’un Pape, comme cela s’est passé pour la royauté française qui n’est rien d’autre que la continuité
de la royauté davidique pour les médiévaux catholiques et les catholiques fidèles aujourd’hui
(cf. Marquis de la Franquerie ascendances davidiques des rois de France, Ed. sainte Jeanne d’Arc,
Villegenon, 1984). Ce n’est donc pas un hasard si le bienheureux Bernard de Bustis établi un
parallèle entre la situation de la royauté davidique sous Roboam, fils de Salomon, et la situation de
la papauté sous le vrai pape Martyr de la fin des temps, leur sort étant indubitablement liés,
comme nous l’avons vu avec Hildegarde (Boanergès par un chemin différent de celui que nous
exposons ici arrive à la même conclusion : de même que Louis XVII a été substitué par un faux
Louis XVII, et n’est pas mort au Temple, l’acte de décès le concernant étant un faux, de même le
Vrai Pape a été substitué par un sosie, et n’est pas mort au Vatican, l’acte de décès le concernant
étant un faux. Il prend appui seulement, comme cela a été déjà dit, sur la déclaration de Notre
Seigneur à Lucie de Fatima, disant que ses ministres les papes « vont suivre dans le malheur le Roy
de France » (cf. L’extraordinaire secret de la Salette, Ed. D.F.T., 1988, p. 223-237).
Avant le premier pseudo-pontife bon larron et le second pseudo-pontife mauvais larron il
convient donc d’envisager une troisième personne faisant également partie de l’antipapauté
antéchristique. Il convient de parler d’une falsification de l’identité du Vrai Pape par un sosie, ce
sosie s’installant sur le siège de Pierre sans se faire élire bien évidemment par un conclave, et se
faisant passer pour le Vrai Pape, et dont la mort donne une apparence de légitimité aux deux
autres antipapes qui vont lui succéder.
Il y aurait donc trois antipapes, dont l’un est au sens fort du terme un pape falsifié. Comme le
dit la prédiction dite de saint Vincent et rapportée au XV ème siècle par le moine Rusticien, (que le
Marquis de la Franquerie attribue à saint Vincent Ferrier) : « Il y aura trois papes falsifiés... et tous
seront adversaires du Vrai Pape ». Par l’expression « Vrai Pape », la prédiction de saint Vincent
désigne bien ici le Pape Martyr de la fin des temps, car voici ce que dit l’auteur de cette prédiction
au sujet de ce pape : « CE PAPE PRIVE DU TEMPOREL... cet homme d’une grande perfection
( purifié dans son exil forcé où il est dépossédé de ses biens) NE POSSEDERA RIEN, MAIS IL
AURA TOUT...(Dieu étant avec lui d’une manière exceptionnelle). Avant qu’il soit élu, il y aura de
grandes guerres et d’innombrables sujets de discordes ( avènement des deux premières guerres
mondiales, position qui rejoint la pensée d’Hildegarde que nous venons de voir page 73 de notre
étude : « et quand les hommes après avoir enduré bien des tribulations dues aux invasions des
peuples étrangers (...) se reposeront, ce sera tout à coup un bouillonnement d’hérésie... » avec
Vatican II, ajoutons nous à cette prédiction tirée du Livre des oeuvres divines.op.cit. 207). Mais à la
faveur de la grâce et de la miséricorde divines, tout arrivera à souhait pour la religion. (allusion à
la résurrection du vrai Pape et à la destruction de la fausse église.) » (Victor de Stenay, Dernier avis
prophétiques.Ed. Victor Palmé, Paris, 1872, P.195 et 196)
Il est entendu que cette prédiction rejoint pleinement notre analyse, et en particulier par ce
qu’elle enseigne ensuite : « Il est constant, enseigne ce catholique de la fin du Moyen Age, qu’il y
aura deux Antéchrist : le véritable et le mixte. L’Antéchrist mixte (ou Antéchrist-antipape) sera un
faux pape établi chef de la perfidie pour renverser et détruire la constitution de la chrétienté et
de l’Église. Ce faux pape, ou Antéchrist mixte, serait le pire des trois papes falsifiés . » (Victor de
Stenay, Derniers avis prophétiques, op. cit. p.190-191 ; cette prédiction se trouve conservée à la
Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris).
En disant « il est constant » le moine Rusticien indique ainsi que ce qu’il dit n’est point une
invention de sa part, mais appartient véritablement à la Tradition Prophétique médiévale, et ne
saurait souffrir aucune objection de la part des saints, des docteurs et a fortiori des catholiques
d’une manière générale. A la lumière de ce commentaire médiéval, il apparaît ainsi clairement que
Rusticien et le bienheureux Bernard de Bustis, tous les deux appartenant au XV ème siècle, font
référence à une même Tradition pour décrire une même période de l’histoire de l’Église. Le
pseudo-pontife qui selon Bernard est le plus mauvais de tous les antipapes, dans la mesure où il se
fait le Grand persécuteur du Vrai Pape et de tous les catholiques fidèles est nécessairement et par
définition l’Antéchrist-mixte de Rusticien, c’est à dire l’Antéchrist-antipape, qui par son
appartenance à la Synagogue de Satan, sa détermination à vouloir détruire le christianisme pour
installer à la place sur la surface de la terre le luciférianisme, et par tous ses crimes contre le genre
humain (privant l’humanité des secours de l’Église) et surtout par les provocations qu’il jette à la
face de Dieu, est le pire des antipapes antéchristiques et a fortiori le pire de tous les antipapes de
l’histoire (qu’on le veuille ou non, c’est encore ici l’enseignement qui se dégage de la thèse de la
survivance de Paul VI, qui de toutes les thèses en présence actuellement au sujet du pape est la
seule à faire vraiment référence à la Tradition Prophétique médiévale, à utiliser un langage qui
appartienne à cette Tradition pour rendre compte de ce qu’il en est exactement de la situation
actuelle de la Papauté).
Voici maintenant les critères qui permettent au bienheureux Bernard de Bustis de faire de
Jéroboam une préfiguration de l’Antéchrist-antipape :
Jéroboam est l’instrument dont Dieu va se servir pour punir Salomon. En effet, Salomon n’a
« pas suivit pleinement YHWH comme son père David. », n’a pas à la fin de sa vie « respecté ce
que ce que YHWH lui avait prescrit. » (1 Roi XI 6-10). Salomon n’est pas accusé d’avoir abandonné
complètement le Dieu de son Père David, mais de ne pas le suivre pleinement (1Rois XI 4), ce qui
appelle malgré tout une sanction : « parce que tu as décidé cela, que tu n’as pas respecté mon
alliance et les décrets que j’avais prescrits à ton intention, je vais t’arracher le royaume et le donner
à ton serviteur » (1 Roi XI, 11).
De même le pseudo-pontife dénoncé par le bienheureux Bernard de Bustis comme étant le
Jéroboam moderne des derniers temps de l’Église, est l’instrument dont Dieu va se servir à la fin
des temps pour punir la Papauté. En effet, les papes n’ont pas toujours suivi pleinement ce que
Dieu aurait voulu : « l’Ostpolitik, c’est d’abord Benoît XV, le démocratisme, c’est d’abord Pie XI, la
non-consécration demandée à Fatima, c’est d’abord Pie XII, l’ouverture du (pseudo) concile Vatican
II, c’est d’abord Jean XXIII » (Boanergès, L’extraordinaire secret de la Salette, op. cit. p. 229). Cela dit,
les papes ne sont pas accusés d’être tombés dans l’hérésie, mais seulement de n’avoir pas servi
complètement le Dieu de leurs prédécesseurs, ce qui appelle une sanction : « Fais savoir à Mes
ministres (les papes), étant donné qu’ils suivent l’exemple du Roy de France en retardant
l’exécution de Ma demande, qu’ils le suivront dans le Malheur » dit Notre Seigneur à sœur Lucie de
Fatima à Pontevedra, en 1921.
Cette sanction promise par Notre Seigneur a été commentée comme il faut par Frère Michel
de la Trinité (Toute la Vérité sur Fatima, Contre-Réforme Catholique, 1986, T. II, p. 344 et s.), et par
Boanergès (ibid., p.223). Nous ne reviendrons pas sur ce qu’ils ont déjà dit, et que nous partageons
pleinement, mais à la lumière de l’analogie rapportée par Bernard de Bustis, cette prédiction prend
tout le sens qu’a voulu démontrer Boanergès en défendant l’idée que l’église officielle romaine
sous Wojtyla dit « Jean-Paul II » est la fausse église de la fin des temps complètement investie par
l’ennemi qui doit être combattue à tout prix par les catholiques fidèles. En effet, cette prédiction
s’inscrit pour son sens caché dans le prolongement de 1 Roi XI, 11 et signifie ce que Boanergès a
démontré par un cheminement différent du nôtre, que Notre Seigneur va arracher l’église officielle
romaine au Pape pour la donner à une personne qui pour le moment se place à son service et qui
n’est rien d’autre que le Jéroboam moderne dont parle de Bustis à savoir l’Antéchrist-antipape.
De même que YHWH promet à Salomon d’arracher son royaume durant la vie de son fils et
du vivant de Jéroboam, pour le donner à Jéroboam, Notre Seigneur par sa messagère Lucie promet
maintenant à Pie XI d’arracher son royaume à savoir l’église officielle romaine durant la vie d’un de
ses successeurs et du vivant de l’Antéchrist-antipape, pour le donner à l’Antéchrist-antipape, ce
dernier devant venir nécessairement selon Merlin à la fin du XXème siècle.
Et voici maintenant la malédiction que lancera YHWH à Jéroboam lorsque celui-ci aura fait
tomber le peuple de Dieu dans l’apostasie : « Ainsi parle YHWH, Dieu d’Israël ! Parce que je t’ai
élevé du milieu du peuple, que je t’ai établi chef de mon peuple d’Israël et que j’ai arraché le
royaume à la maison de David pour le donner, et que toi, loin d’être comme mon serviteur David,
qui a gardé mes commandements et m’a suivi de tout son cœur en faisant uniquement ce qui est
droit à mes yeux, tu as fait le mal plus que tous ceux qui ont été avant toi, tu es allé te faire d’autres
dieux et des images de fonte pour m’irriter, et tu m’as rejeté derrière ton dos, à cause de cela, voici
que je vais déchaîner le malheur contre la maison de Jéroboam. J’exterminerai tout homme
appartenant à Jéroboam, aussi bien esclave que libre en Israël, et je balaierai la maison de
Jéroboam comme on balaie l’ordure, jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Ceux de Jéroboam qui
mourront dans la ville des chiens les dévoreront ; et ceux qui mourront dans les champs, les
oiseaux du ciel les dévoreront ; car YHWH a parlé » (1 Roi XIV, 7-11).
On a ici tout un résumé rapide de ce qu’est Jéroboam, et de ce que doit nécessairement
penser le bienheureux Bernard de Bustis au sujet du pseudo-pontife dont il dit qu’il persécutera
l’Église de la tête aux pieds. En effet, si Bernard de Bustis fait appeler l’Antéchrist-antipape
« Jéroboam », c’est tout simplement parce que la Tradition Prophétique médiévale enseigne au
sujet de ce dernier qu’il sera élevé du milieu des catholiques (c’est un infiltré certes mais issu
probablement au départ d’un père et d’une mère catholiques, et qui s’élèvera progressivement
dans l’Église), qu’il sera établi chef des catholiques apostats, en s’installant sur le Siège de Pierre,
qu’il sera en possession de tous les murs de l’église officielle romaine, chef incontesté de la
nouvelle église diabolique qu’il a fondée, qu’il fera le mal plus que tous les occupants du Siège de
Pierre qui l’ont précédé (c’est la position, on l’a vu des Vaticinia de Summis pontificus, cf. vers la fin
du chapitre II), qu’il sera avec sa secte à l’origine de réformes impies dans la liturgie, qu’il sera le
grand prêtre d’une nouvelle religion qui n’aura plus rien à voir avec la véritable malgré les
apparences, qu’il participera à des cultes idolâtriques, et qu’il cherchera véritablement à irriter
Notre Seigneur dans toutes ses actions et dans tous ses projets, qu’il tournera le dos au tabernacle
en disant son abominable culte qui passera aux yeux du monde pour une vraie messe catholique,
et qui, pour sa persévérance diabolique vers le mal, subira avec tous ceux qui se sont placés sous
son autorité les foudres de la Justice divine. Son église aura la fin qu’elle mérite, sera balayée
comme l’ordure lors de la guerre-chaos universelle et les cadavres des membres de l’église
officielle romaine apostate seront si nombreux lors de cette guerre, qu’ils ne trouveront de
sépultures.
Plusieurs griefs que nous diviserons en quatre sont portés à l’encontre de Jéroboam, griefs qui
doivent être décrits dans les détails pour comprendre le fondement du raisonnement de Bernard
de Bustis qui fait de ce personnage de l’Ancienne Alliance une des plus saisissantes préfigurations
du pseudo-pontife de la fin des temps :
Premièrement, c’est un comploteur. En effet, dans le premier livre des Rois XI, 26-40, il est
raconté sa tentative manquée de coup d’Etat contre Salomon. C’est un homme qui, de par son
« heureux naturel et son adresse » (l’expression ici est tiré de l’article de H. Lesêtre sur Jéroboam
dans Dictionnaire de la Bible publié par F. Vigouroux, Ed. Le Touzey et ané, Paris, 1912, Tome III, p.
1301), a été nommé par Salomon chef des corvées que les hommes des tribus d’Ephraïm et de
Manassé avaient à exécuter. C’est en cette qualité qu’il a surveillé les travaux de la construction de
Mello à Jérusalem. Témoin du mécontentement général qu’excitaient dans toute la nation les
dépenses et les entreprises incessantes de Salomon, il encouragea secrètement la révolte contre
Salomon, mais Salomon a su voir clair dans son jeu, et « son coup ayant échoué, il s’est réfugié en
Egypte où il est accueilli par le pharaon Sésac (nous avons vu au chapitre II que le mot Sésac est le
cryptogramme de Babel, du nom usuel de Babylone), qui le garde comme un moyen d’éventuelles
représailles contre Salomon :
« Voici en quelle occasion il (Jéroboam) leva la main contre le roi : Salomon construisit Mello
pour fermer la brèche de la cité de David, son père. Or ce Jéroboam était un homme fort et vaillant.
Salomon vit que ce jeune homme était actif au travail, et il l’établit surveillant de tous les gens de
corvée de la maison de Joseph. (...) Salomon chercha à faire périr Jéroboam, mais Jéroboam se hâta
de fuir en Egypte, et il resta en Egypte jusqu’à la mort de Salomon » (1 Rois XI, 27-40).
Le bienheureux Bernard de Bustis établit donc une analogie entre Jéroboam le comploteur, et
l’Antipape de la fin des temps. Comme Jéroboam qui a été élevé par le roi au rang de surveillant
important destiner à protéger Jérusalem, l’Antipape de la fin des temps avant d’accéder au pouvoir,
a été élevé par le Pape au rang d’évêque (évêque au sens étymologique signifie surveillant), et
même à des responsabilités plus grandes encore que celle d’un évêque ordinaire. En faisant cela la
papauté a élevé un serpent en son sein qui malgré son apparence d’allure sympathique projette un
complot contre le pape, qui ne réussira pas tout de suite (sous Pie XII) mais plus tard sous le Vrai
Pape (Paul VI, selon la thèse de la survivance). Force est de constater que Bernard voit dans
Jéroboam également une préfiguration de la Synagogue de Satan complotant dans l’ombre qui
réussira à s’emparer du siège de Pierre, comme la thèse de la survivance voit en Jéroboam, la
préfiguration de la secte maçonnique qui s’est emparée (sous Paul VI) du siège de Pierre.
Dans une première étape, Jéroboam n’a donc pas réussi son complot car son action s’est
révélée prématurée. Mais persévérant dans sa détermination de s’emparer du royaume de
Salomon, et de par la permission de Dieu, son travail de sape machiavélique finira par porter ses
fruits après la mort de Salomon, où revenu d’Egypte, il revient à la charge, manipule le successeur
légitime de Salomon, Roboam, ce pauvre Roboam dont nous avons dressé le portrait
précédemment (cf. fin de notre Chapitre II), et se trouve être à l’origine d’un schisme politique, qui
se transformera rapidement en schisme religieux. De même, l’Antipape de la fin des temps ne
réussira pas tout de suite son complot contre la papauté, mais seulement sous le Vrai Pape qui,
comme Roboam, n’a pas la carrure qu’il faudrait pour faire avorter les projets de celui-ci, et qui
d’ailleurs manifeste un grand égarement, une vision fausse de la situation, qui l’empêche de voir ce
qui se trame derrière son dos.
Deuxièmement, Jéroboam est un idolâtre qui change la véritable religion en un culte
abominable, tout en faisant croire que ce culte abominable s’inscrit en continuité avec le Vrai culte.
Dans sa pensée, son peuple aurait fini par retourner à l’obédience de la royauté davidique, à savoir
Roboam, s’il avait continué à aller offrir ses sacrifices à Jérusalem, dans la véritable Synagogue de
Dieu. Il a fabriqué par conséquent deux veaux d’or (ou taureaux) » comme symbole de Jéhovah et
les érigea aux deux extrémités du royaume, l’un à Béthel, à la frontière méridionale, l’autre au nord,
à Dan. C’est avec Jéroboam, l’installation officielle de l’idolâtrie, en contradiction formelle avec les
conditions posées par Dieu à Jéroboam, quand Ahia lui annonça son règne futur. Il arrive à faire
croire par un tour de force extraordinaire à la presque totalité des juifs, que ce qu’il fait là est
conforme à l’esprit de Moïse et de la Loi divine. Il invente pour faire passer son culte abominable
que ces veaux d’or sont les images de deux dieux d’Israël et non pas des images de YHWH, qui de
toute façon serait à proscrire (Dt. IV, 9 sv.) : « c’est trop pour vous de monter à Jérusalem ! Israël,
voici tes dieux qui t’ont fait sortir du pays d’Egypte » (1 Rois XII 28).
Jéroboam doit jouer sur le fait que la condamnation de ses agissements par le prophète
Osée vise non pas ses veaux d’or, mais le « veau de Samarie ». Comme l’explique Pierre Buis : « si
on ne trouve pas dans la Bible une condamnation massive de ces taureaux, c’est qu’on pouvait leur
donner une signification orthodoxe. Le taureau peut être le piédestal de YHWH tout aussi bien que
les Kérubim du Temple de Jérusalem, ou même que le coffre de l’alliance. Mais si le taureau adulte
était l’animal de El, le dieu suprême des Sémites dont YHWH reprend souvent le titre, le jeune
taureau, lui, était l’animal de Ba’’al et c’est là que gisait l’ambiguité que dénonce Osée (Os. II 18-19) »
(Pierre Buis, Le livre des rois, libraire Lecoffre, J. Gabalda et Cie Editeurs, Paris, 1997, p. 115).
De même si on suit correctement le rapport analogique établi par Bernard de Bustis entre
Jéroboam et le pseudo-pontife des derniers temps de l’Église, il faut en déduire que le pseudo-
pontife dont il parle dans sa prédiction et qui persécute le Vrai Pontife est un idolâtre qui se fait
passer pour un véritable dévot de Notre Dame, et qui fait semblant de ne pas savoir ce qu’il fait en
appliquant des réformes impies relatives à la liturgie qui changent le vrai culte en un culte invalide
et absolument sacrilège, diabolique, malgré les apparences. Il arrive par un tour de force
extraordinaire à faire croire à la presque totalité des « catholiques » que la fausse messe qui est
sortie tout droit de la secte à laquelle il appartient, est une bonne messe et non pas un culte à la
manière des hérétiques se disant chrétiens, et qui serait de toute façon à proscrire : « c’est trop
pour vous ce que l’Église autrefois vous demandait (procession du saint sacrement dans les villes,
vêpres, chants grégoriens, confessions individuelles, bénédictions de maison, exorcismes,
pénitences, etc. Tout cela s’est fatigant !) ; catholiques de toutes les nations, voici ta messe, vous
devez la suivre et abandonner l’ancienne car elle est tout à fait catholique, dans l’esprit de Notre
Seigneur, de ses Apôtres, des pères de l’Église, et de tous les papes », et sa secte rivalise dans les
raisonnements faux comme Roboam, pour expliquer que tout va très bien en ce qui concerne la
liturgie et en particulier, la messe.
La fausse messe sera donc partout établie dans l’église officielle romaine, comme le faux
culte de Jéroboam a été partout établi d’un bout à l’autre de son royaume, tandis que la vraie
Messe sera abolie de cette église, comme le vrai culte a été aboli dans le royaume de Jéroboam.
Avec l’Antipapauté antéchristique, c’est l’installation officielle de l’idolâtrie dans toutes les églises
sous la dépendance du Vatican, en contradiction formelle avec les conditions posées par Dieu à
son sujet, quand des prophètes lui ont annoncé son règne futur (le padre Pio aurait, paraît-il,
annoncé le règne de Wojtyla : pourquoi pas ?). A la suite de cela, puisque qui dit nouveaux culte dit
aussi nouveaux sanctuaires, Jéroboam a fait élever partout des édicules idolâtriques « des temples
de hauts lieux » qui n’ont rien à voir par leur aspect inique avec le Vrai Temple de Dieu,
exactement, comme l’Antipapauté antéchristique fera construire partout dans l’église officielle
romaine de nouveaux sanctuaires, de nouvelles églises, de nouvelles cathédrales qui par leur
architecture luciférienne n’auront plus rien à voir avec les églises, les cathédrales, des temps passés
(ex. l’abominable cathédrale d’Evry, cf. Dominique Setzepfandt, La cathédrale d’Evry, église ou
temple maçonnique ?, ouvrage publié aux Ed. D.F.T.).
C’est là un point essentiel de la Tradition médiévale au sujet de l’apostasie du clergé romain à
la fin des temps, qui sera repris notamment par la Compilation de Pirus qui enseigne que dans les
derniers temps de l’Église, les chefs hérétiques qui gouverneront le Vatican « abuseront le monde,
séduiront... ET FERONT CHANGER DE RELIGION et cérémonie en Italie et en Occident. Ils
ensorcelleront les oreilles et volontés de charmes de fausses doctrines, et seront honorés plus
que nuls hérétiques qui aient été ci-devant et troubleront toute la chrétienté... Et Dieu permettra
que le monde plein de vices, orgueil et de ses volontés, les croira... » (cf. Henri Dujardin, Oracle
pour 1840 et années suivantes, cité par le Baron de Novaye, Demain... ?, Ed. Lethielleux, Paris,
1934).
Troisièmement Jéroboam est un persécuteur des juifs fidèles et tout spécialement des lévites
qui n’ont pas voulu abandonner le véritable culte, persécuteur qui n’a pas hésité à instituer une
nouvelle race de prêtres, race diabolique de par sa nature. Il y a eu bien évidemment de la
résistance de la part des prêtres qui, sous le joug de Jéroboam, n’ont pas voulu s’appliquer à suivre
ses réformes impies qui menaçaient dans son existence la Véritable Religion. Mais si sous
Jéroboam, les lévites (les ministres du culte) ne sont tombés qu’en tout petit nombre dans
l’apostasie de Jéroboam, pour ensuite tomber en grand nombre dans l’égarement spirituel, trois
années après être revenus vers Roboam (en effet, une fois de retour vers Roboam, ils ont marché
droit trois ans pour ensuite devenir tièdes, abandonner Yahvé, dans l’exercice de leur ministère : 2
Chroniques X, 17, et XII, 1-6), en revanche les membres du clergé sous l’Antéchrist-antipape
tomberont presque tous dans l’apostasie, en raison du fait que la puissance de Satan sera
infiniment plus grande dans les derniers temps de l’Église, au point de faire naître
l’Antéchrist-personne.
Voici ce que dit Lesêtre : « les lévites disséminés à travers les dix tribus (soumises à
Jéroboam) refusèrent de se prêter au service de ces nouveaux sanctuaires. Fidèles au culte du
seigneur, ils se replièrent en masse dans la tribu de Juda, afin de pouvoir continuer à se consacrer
au service du Temple. Le roi d’Israël (Jéroboam) fut donc obligé d’en venir à l’institution d’un
nouveau sacerdoce, qu’il recruta indistinctement dans toutes les tribus qui lui obéissaient. Il établit
aussi des solennités nouvelles, le quinzième du huitième mois, afin d’empêcher son peuple de se
rendre aux solennités de Jérusalem. L’Apostasie ne fut pourtant pas universelle. Beaucoup
d’Israélites de toutes les tribus gardèrent leur fidélité à Jéhovah et continuèrent à offrir leurs
sacrifices à Jérusalem au Dieu de leur Pères (2 Chroniques XI, 16) » (cf. Dictionnaire de la Bible,
op.cit. p. 1302).
En effet, tous les lévites qui ont voulu rester fidèles à la véritable Tradition de la Synagogue
de Dieu ont été persécutés par Jéroboam : « Les lévites quittèrent leurs lieux de pâturages et leurs
propriétés pour se rendre en Juda et à Jérusalem, parce que Jéroboam et ses fils les déclaraient
impropres aux fonctions de prêtres de Yahvé, et qu’ils s’étaient constitués des prêtres pour les
hauts lieux, pour les satyres et les veaux que Jéroboam avait faits (qui n’étaient pas de la tribu de
Lévi et qui par conséquent n’avaient pas le droit d’exercer des fonctions sacerdotales) » (2 Rois XI,
14). Le bienheureux Bernard de Bustis voit là une préfiguration des persécutions exercées par
l’antipapauté antéchristique à l’encontre du clergé qui voudra rester fidèle à la véritable Tradition
de l’Église et à l’enseignement des papes d’autrefois, et qui refuseront la révolution dans l’église
mise en place par ce nouveau Jéroboam, qu’est le pseudo-pontife de la fin des temps, d’où
précisément ce passage au sujet de l’Antéchrist-antipape : « Il en viendra à persécuter le Vrai
Pape et tous ceux qui lui obéiront ».
Cela signifie que les prêtres fidèles à la vraie Messe et aux vrais sacrements, fidèles à leur
promesse de servir Notre Seigneur et son Église, et de combattre les hérésies, seront contraints
sous le règne de l’Antéchrist-antipape de quitter leurs lieux de pâturages, leur église, les murs de
l’église officielle romaine et d’abandonner leur confort, pour rester fidèles à Notre Sainte Mère
l’Église, seront remplacés par des prêtres invalidement ordonnés, des évêques invalidement
sacrés, exactement comme les lévites fidèles au vrai culte, à la Loi divine ont été remplacés par de
pseudo-prêtres, ces derniers n’appartenant pas à la tribu de Lévi (La Loi mosaïque exigeait
pourtant que les ministres du culte soient choisis uniquement dans la lignée masculine de la tribu
de Lévi. De même pour qu’une ordination ou un sacre soit valide, il faut suivre ce que la Loi du
Christ exige, or comme le démontre Siebel avec talent, l’église officielle romaine actuelle,
wojtylienne, révolutionnaire, moderniste, a falsifié les sacrements de telle sorte que les nouvelles
ordinations, les ordinations selon le rite nouveau sont rigoureusement invalides, tout comme les
consécrations épiscopales faites dans le nouveau rite, le rite du sacre des évêques ayant été le
plus touché, cf. Catéchisme de l’Oratoire, SAKA-Verlag, 1992, p. 361-366, 969).
Force est de constater ici deux camps opposés l’un à l’autre : le camp des novateurs partisans
de changer la Religion par des réformes impies, partisans de la révolution liturgique, de nouveaux
sacrements invalides, camp très majoritaire et puis le petit camps des catholiques fidèles, partisan
de la Tradition de l’Église et ennemis jurés de la révolution liturgique. Tout cet enseignement se
trouve également dans Hildegarde, dirions-nous pour ne citer que cette prophétesse : « Les
hommes qui, en ce temps, dit-elle, faibliront dans la Foi catholique, seront pris au piège de ces
démonstrations extérieures de piétés. Ils prêcheront leur servile ministère aux NOVATEURS (les
partisans de la révolution dans l’église) et les imiteront autant que possible. Ils s’attacheront à eux
parce qu’ils les croiront justes, et S’UNIRONT A EUX DANS LA PERSECUTION DES FIDELES QUI
AURONT PERSEVERE DANS LA FOI. Or, parmi ces derniers, il se trouvera de très courageux
soldats ; et l’on ne parviendra point à ébranler certaines congrégations d’âmes saintes dont la
conduite est sans reproche... » (Sainte Hildegarde, Ad. Cler Colonn. Epist. Hildeg., Ed. Colon, 1956,
p. 167-168).
A côté de cela, le premier livre des Rois mentionne deux autres griefs : d’une part, Jéroboam a
établit des solennités nouvelles, le quinzième jour du troisième mois et le quinzième du huitième
mois, afin d’empêcher son peuple de se rendre aux solennités de Jérusalem, d’autre part, s’il est dit
à deux reprises qu’il est monté à l’autel, ce qu’on a dit d’aucun autre roi, c’est sans doute pour le lui
reprocher (1 Rois XII, 32), tant il est vrai que l’Antéchrist-antipape promulguera des changements
dans le calendrier liturgique, de nouvelles règles pour assurer sa domination et ses projets (ex.
modification du droit canon), et se révèle être non seulement indigne d’occuper la place de Pierre,
mais tout aussi indigne de monter à l’autel, car s’il monte à l’autel, ce n’est pas pour servir Dieu mais
au contraire, c’est pour le défier.
Et quatrièmement, Jéroboam est impossible à convertir. En effet, malgré tous les
avertissements que Dieu lui a envoyés, il n’a jamais changé de position, toujours déterminé à faire
le mal, ayant un cœur si dur que Dieu n’a jamais pu l’amener à la raison. Un jour qu’il offrait de
l’encens à l’autel de Béthel, un homme de Dieu vint lui annoncer qu’un descendant de David tirerait
vengeance de cette idolâtrie, et, en preuve de sa parole, cet homme porteur de la parole de Yahvé
déclara que l’autel allait se briser et les cendres tomber à terre. Jéroboam étendit la main de dessus
le faux autel pour faire saisir l’audacieux ; mais son bras fut paralysé (cf. ce que nous avons dit au
sujet du faux prophète dans Zach. XI, 15-17, « que son bras se dessèche ! »). Puis l’autel se brisa et
les cendres tombèrent sur l’autel. Et Jéroboam ne put retrouver l’usage de son bras qu’à la prière
de l’homme de Dieu (1 Rois XIII, 1-6).
Abia, le fils de Jéroboam, tomba ensuite malade. Le roi Jéroboam envoya sa femme consulter
le prophète Ahia, au sujet de cette maladie. Averti par Dieu, celui-ci quoique aveugle, et malgré le
déguisement de la reine, la reconnut et lui annonça la mort de son fils et les malheurs qui allaient
fondre sur la maison de Jéroboam, à cause de son apostasie et des péchés qu’il faisait commettre
au peuple. L’enfant mourut et Jéroboam n’en persista pas moins dans la ligne de conduite qu’il avait
adoptée (1 Rois XIV, 1-20).
Cela signifie si on suit le parallèle établi par le bienheureux Bernard de Bustis entre Jéroboam
et le pseudo-prophète de la fin des temps qu’il ne faut surtout pas attendre de la part de
l’Antéchrist-antipape une conversion, ce dernier étant voué corps et âme à son dieu Lucifer.
On le voit ici, il y a un enseignement considérable à tirer des prédictions du bienheureux
Bernard de Bustis, qui dépasse tout ce que l’on avait envisagé au départ en en faisant une
première lecture. La prédiction « toutefois les vrais cardinaux et gardiens de l’Église romaine
suivront Roboam, les mauvais seulement, Jéroboam », pouvait laisser espérer à première vue, une
contestation des cardinaux c’est à dire à une remise en cause radicale du pontificat de l’Antéchrist-
antipape à l’intérieur du sein de l’Église officielle romaine, mais à regarder de plus près ce que veut
dire Bernard de Bustis à la lumière des références bibliques vers lesquelles il nous a mis
textuellement sur la piste, tout porte à penser au contraire que l’autorité si illégitime soit-elle de
l’Antéchrist-antipape ne souffrira pas vraiment des attaques des catholiques fidèles de l’intérieur
des murs de l’église officielle romaine, parce qu’est venu avec l’Antéchrist-antipape le temps de « la
sixième heure », comme le laissent entendre les prédictions dites de Merlin diffusées à Venise que
nous avons analysées ci-dessus, c’est à dire un temps où la Sainte Église suit les pas de son Maître
et se trouve impuissante, à l’agonie, comme si elle était sur la croix avec les même paroles de
détresse que celles prononcées par Notre Seigneur, parce que c’est le temps des persécutions ou
ceux qui seront persécutés ne pourront pas se faire entendre du monde.
Comme le dit le franciscain aquitain Jean de Roquetaillade (mort vers 1366) : « Les tyrans et le
peuple hostile (entendre les membres de la Synagogue de Satan imposant leur tyrannie dans les
sociétés et les pseudo-catholiques qui se laisseront séduire par les juifs déicides infiltrés dans
l’Église) attaqueront à l’improviste les prélats de l’Église et le clergé (c’est à dire ici les plus grands
princes de l’Église jusqu’aux plus petits membres du clergé fidèles à la véritable Tradition de
l’Église et hostile à la révolution dans l’Église et dans le monde) qu’ils dépouilleront de leurs biens
temporels, maltraiteront et infligeront de toutes manières (tout porte à penser ici que Jean de
Roquetaillade connaît et partage le point de vue de Prophetie merlini qui annonce pour la fin des
temps, un Vrai pape qui se fera dépouiller de tous ses biens. Jean de Roquetaillade estime à juste
titre que les catholiques fidèles le suivront dans le malheur, partageant ainsi le martyr du pape). On
estimera le plus ceux qui sauront les injurier davantage (à commencer par l’Antéchrist-antipape et
ses sbires qui exciteront contre les vrais catholiques la haine du monde, ces derniers ne pouvant
supporter de voir leur autorité remise en question, et lisant dans ce qui rendent témoignage à
Notre Seigneur leur propre condamnation) ».
« Les prêtres, poursuit Jean de Roquetaillade, ne pourront pas se soustraire à ces
contrariétés (ils seront obligés de prendre position pour ou contre l’Antéchrist-antipape, de subir
les persécutions s’ils veulent maintenir la Tradition de l’Église. En ce qui concerne le canon de la
Messe, ils devront se décider avec quel pape ils vont se mettre en communion, tant il est vrai que
c’est souiller le saint sacrifice de la Messe en citant le nom d’un antipape ou d’un hérétique au
canon. Ils ne devront pas manquer à leur devoir de s’informer sur une question aussi grave en une
période précisément où il ne sera pas facile de voir où est le Vrai pape). Alors les hommes
d’Église, quelques rang qu’ils occupent, seront forcés de revenir à la manière de vivre des temps
apostoliques (la raison de cela est que Rome n’est plus dans Rome, la Rome éternelle chère à Dieu
étant remplacée par une Rome apostate, tant il est vrai que ce sera une obligation morale que de
se couper de l’église officielle romaine dirigée par l’antipapauté antéchristique, c’est à dire
d’abandonner le confort des murs de cette église pour épouser le plus souvent une situation
misérable, tant il est vrai également que cette église hérétique d’un genre nouveau ne tolérera pas
en son sein des catholiques fidèles qui refusent de se soumettre aux autorités apostates du
Vatican. Il en sera ainsi des catholique fidèles résistant à l’Église apostate, ce qu’il en a été des
premiers chrétiens résistant à la Synagogue apostate) ».
« A l’époque de ces tribulations, précise Roquetaillade, le pape devra s’enfuir de son siège
(pour le laisser contre son gré à un antipape, parce que sa maison sera cernée par des brigands
comme cela s’est passé avec Lot, et qu’il lui faudra préserver son existence pour le bien de l’Église
plutôt que de se laisser massacrer) avec les cardinaux (ici Roquetaillade fait des spéculations :
probablement qu’il restera de bons cardinaux, si petit puisse être le nombre de ces derniers, et
Roquetaillade les imagine couvrir la fuite du Vrai pape, car s’ils sont bons nécessairement qu’ils
n’abandonneront pas le pape. Théoriquement, ces derniers devraient accompagner le pape dans
sa fuite, cela est à espérer. Ici Roquetaillade ajoute illégitimement des éléments à la Tradition
prophétique, croyant compléter Prophetie merlini) et sa vie sera remplie de chagrin et de soucis
(ici commence à se profiler le thème du pape martyr de la fin des temps). Il jouira d’un court répit
dans un endroit où personne ne pourra le reconnaître (Force est de constater ici le thème du
pape caché en exil, qui est indissociable du thème du pape martyr). Cette affliction dépassera tout
ce que l’Église à enduré dans le passé (c’est à dire que la situation du pape caché de la fin des
temps sera plus tragique que tout ce que les autres papes ont pu endurer autrefois, son exil n’ayant
rien à voir avec celui de tel ou tel autre pape, de telle sorte qu’il faudrait selon Roquetaillade
envisager le pire, c’est à dire un pape seul coupé des siens, puisque personne ne pourra le
reconnaître, en cela Roquetaillade confirme notre point de vue) ».
Ces prédictions de Jean de Roquetaillade constituent une sorte de résumé de la pensée
médiévale relative aux persécutions qui frapperont le Pape martyr de la fin des temps et ceux qui
sous son règne résisteront à l’Antéchrist-antipape. Elles sont l’œuvre d’un savant qui selon les
historiens devait avoir à sa disposition une véritable bibliothèque prophétique incluant notamment
la version remaniée des prédictions d’Hildegarde apportée par le moine Gebeno (début XIII ème s.)
dans son Speculum futurum temporum, l’Oracle de Cyrille, les visions du dominicain Robert d’Uzès,
le Veh mundo et les Vaticinia de summis pontificibus, ainsi que des manuscrits d’origine orientale
comme le pseudo-Méthode par exemple, sans oublier des oeuvres d’Arnaud de Villeneuve et de
Pierre Jean Olieu, divers traités de Joachim de Flore ou attribués à ce dernier. Il aurait eu accès aux
bibliothèques privées de certains cardinaux, à celle des frères mineurs d’Avignon, voire à la
bibliothèque personnelle du pape, qui en principe est fermée au public. Le personnage a été
célèbre de son vivant et ses idées ont connu une grande notoriété, et cela en dépit du fait qu’il a
passé une bonne partie de son existence en prison ou comme suspect assigné à résidence à la
curie pontificale, au milieu des livres, ce qui lui a donné le temps de faire notamment le point de ce
qu’enseignait les différents courants prophétiques de son temps au sujet de la situation de la
papauté lors du grand schisme de la fin des temps. La raison de son emprisonnement aurait été
selon Vauchez (cf. Saints, prophètes et visionnaires, op. cit., ch.9, un prophète contestataire au
temps des papes d’Avignon, Jean de Roquetaillade) d’avoir affirmé de façon excessive et
importune l’imminence de la venue de l’Antéchrist, tant il est vrai que ce dernier s’inscrit dans la
pure tradition des calculs sur l’avènement de l’antéchrist-personne, chers à Arnaud de Villeneuve
et à Joachim de Flore (cf. à ce sujet l’étude de Sylvie Barnay, l’univers de Jean Roquetaillade, cahiers
de Fanjeaux, op. cit., p.171-190).
Le courant prophétique qui a inspiré les prédictions de Jean de Roquetaillade est exactement
le même qui a alimenté ces prédictions attribuées à tort à saint François d’Assise annonçant ceci
pour les derniers temps de l’Église :
«Une grande époque de tribulations et d’afflictions est imminente dans laquelle de grands
périls et des embarras temporels et spirituels pleuvront, la charité d’un grand nombre se
refroidira et l’iniquité des méchants surabondera. Le pouvoir des démons sera plus grand que
d’ordinaire, la pureté immaculée de notre congrégation religieuse (celle des franciscains) et des
autres sera flétrie, au point que très peu parmi les chrétiens voudront obéir au Vrai Souverain
Pontife et à l’Église Romaine avec un cœur sincère et une charité parfaite. Au moment décisif de
cette crise, un personnage non canoniquement élu, élevé à la Papauté (un antipape par
conséquent), s’efforcera avec adresse de communiquer à beaucoup le poison mortel de son
erreur. Alors les scandales se multiplieront, notre congrégation sera divisée, plusieurs parmi les
autres seront complètement détruites, parce que leurs membres ne s’opposeront pas mais
consentiront à l’erreur. Il y aura tant et telles opinions et divisions dans le peuple, et chez les
religieux et chez les clercs que si ces jours mauvais n’étaient pas abrégés, comme l’annonce
l’Evangile, même les élus tomberaient dans l’erreur, si dans un tel ouragan ils n’étaient pas
protégés par l’immense miséricorde de Dieu. Alors notre manière de vivre seront très attaquées
violemment par certains. D’effroyables tentations surviendront. (...) Ceux qui dans la ferveur de
l’esprit s’attacheront à la piété avec charité et le zèle de la vérité, recevront des persécutions et
des injures comme désobéissant et schismatiques. Car leurs persécuteurs aiguillonnés par les
esprits mauvais diront que c’est faire un grand hommage à Dieu de tuer et de faire disparaître de la
terre des hommes si mauvais. Alors le Seigneur sera le refuge des affligés et il les sauvera parce
qu’ils auront espéré en lui. Et alors, pour se conformer à leur chef, ils agiront selon la Foi et ils
choisiront d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, gagnant par la mort la vie éternelle. (...) Alors la
vérité sera tenue dans le silence par certains prédicateurs alors que d’autres la foulant aux pieds
la nieront. La sainteté de vie sera tenue en dérision par ceux qui la professe extérieurement, c’est
pourquoi Notre Seigneur Jésus Christ leur enverra non pas un digne pasteur, mais un
exterminateur » (Traduction littérale du texte latin figurant dans Opera omnia de saint François
d’Assise, imprimerie de la bibliothèque ecclésiastique, Paris 1880, col. 430).
Certes, il ne fait aucun doute que ces prédictions soient « une apocalypse de faction », forgée
post eventum par une véritable officine au service des franciscains spirituels condamnés pour
schismes et hérésies, et destinée à faire passer Célestin V pour le Pape Martyr de la fin des temps
et Boniface VIII pour l’Antéchrist-antipape. En effet, tout dans cette prédiction indique par l’intérêt
démesuré qui est accordé à l’ordre des franciscains, une polémique qui n’est plus de notre temps
mais qui appartient au XIIIème et XIVème siècle (comme l’indiquent tous les passages que nous
venons de souligner dans le texte), opposant les franciscains « spirituels » à la véritable Papauté,
« les spirituels » reprochant au pape Boniface VIII d’être un pape illégitime (un antipape) et cupide.
Dispersés et poursuivis par le parti de Boniface, les spirituels ont constitué partout des foyers actifs
d’opposition (cf. Jean Chélini, Histoire religieuse de l’Occident médiéval, Hachette, Paris, 1991,
p. 472).
Le frère Jean OFM cap. moins catégorique que nous envisage la possibilité que derrière cette
prédiction se cache peut-être également le conflit terrible qui a opposé Jean XXII aux « spirituels »,
Jean XXII s’étant comporté en exterminateur des zelanti, puisqu’il a poursuivit ces derniers par des
excommunications et des procès d’inquisition, « à la suite desquels plusieurs finirent sur le bûcher,
d’autres en prison, et le reste dans la clandestinité » (revue Le sel de la terre n°28, printemps 1999).
Il en est de même pour l’Abbé Franscesco Ricossa (dans la revue Sodalitium, Avril 1999). Ces deux
commentateurs partent du principe que puisque cette prédiction est un apocryphe, motivé par des
raisons politiques d’un autre âge, elle est nécessairement sans intérêt pour nous faire comprendre
la situation actuelle de la papauté. Cette précipitation de leur part est due au fait que ce qui est en
substance dans les prédictions dites de saint François est radicalement en contradiction avec leur
vision de la situation actuelle de la papauté. Le frère Jean OFM cap. partage « la thèse écônienne »
disant que l’actuel occupant du siège de Pierre est vraiment pape mais un pape qui s’éloigne
gravement de la Tradition de l’Église, qui n’enseigne pas l’intégralité de la Foi Catholique, et l’abbé
Ricossa prétend partager « la thèse de Cassiciacum » disant que l’actuel occupant du siège de
Pierre n’est pas pape « substantiellement » mais uniquement « matériellement » (ce qui signifie du
point de vue même de cette thèse que l’actuel occupant du siège de Pierre est un antichrist). En
clair, ces deux auteurs s’accordent pour dire que l’actuel occupant du siège de Pierre a été élu
canoniquement (en cela, on peut dire qu’ils sont Wojtyliens), ce ne serait pas un antipape. Les
prédictions dites de saint François d’Assise les dérangent parce qu’elles ne coïncident pas avec
leur vision, elle annonce pour la fin des temps la venue d’un antipape.
L’abbé Ricossa estime à tort que la dite prédiction a été forgée par des sédévacantistes, or ce
n’est pas le cas puisqu’elle annonce à côté d’un antipape, un Vrai Souverain Pontife. Il ne cherche
pas à repérer ce qui dans la prédiction dite de saint François appartient à la Véritable Tradition
prophétique et ce qui relève de la falsification (ce qui relève de la falsification, ce sont les passages
que nous avons soulignés dans le texte, le reste appartient au sens mystique des Saintes Écritures).
Pour lui, tout est à jeter dans cette prédiction, à partir du moment où ceux qui l’ont rédigée avaient
tort dans le conflit qui les opposait au pape. Quant à son analyse exégétique, elle est
particulièrement insatisfaisante : « le personnage non canoniquement élu » désignerait au sens
historique Boniface VIII ou Jean XXIII et le Vrai pape, Célestin V ou Nicolas II. Il en est de même
pour le frère Jean OFM dont l’abbé Ricossa estime que l’analyse est plus parfaite que la sienne,
mais qui en réalité contient des insinuations illégitimes sur le plan historique.
En effet, le frère Jean o.f.m. dit : « Pierre-Jean Olivi fut à l’origine de la collation des Verba
Fr. Conradi, qu’Ubertin de Casale écrivit au sujet de Boniface VIII qu’il fut « un antipape, non
canoniquement élu (suite à la démission de Célestin V), une intrusion de l’erreur, un dévastateur
déclaré ». Ce qui laisse sous-entendre que Pierre Jean Olivi est responsable de la mauvaise
utilisation des vérités qu’il a trouvées dans les Saintes Écritures, ne doit pas être favorable à
Boniface VIII, et se trouve être l’inventeur de cette idée qu’il y aura à la fin des temps un antéchrist
qui sera antipape. Or d’une part, Jean pierre Olivi a toujours reconnu l’abdication de Célestin
comme régulière (cf. Philippe Levillain ; Dictionnaire historique de la papauté, Ed. Fayard, Paris,
p. 321), et il a toujours défendu en conséquence la légitimité de Boniface VIII (cf. Henri de Lubac,
Exégése médiévale, les quatre sens de l’Écriture, T. IV, Ed. Desclée de Brouwer, p. 340). Olivi, au
contraire, s’est voulu serviteur dévoué du Saint-Siège, lui soumettant avant de mourir ses écrits. Il a
même été l’un des premiers théoriciens de l’infaillibilité pontificale. Et d’autre part, il n’est pas le
seul de son temps à annoncer pour les derniers temps de l’Église la venue « d’un antipape non
canoniquement élu, qui soit également un exterminateur ». Bien au contraire, toute notre étude
tend à démontrer que cette prédiction fait partie de la Tradition prophétique. Elle n’est pas la
propriété de Jean Olieu. Elle repose toute entière, cette vérité qui dérange le frère Jean OFM,
contrairement à ce qu’il croit, sur « le témoignage inébranlable de l’Écriture ». L’œuvre la plus
complexe d’Olivi, à savoir la Lectura super Apocalypsim a bien été condamnée par l’Église, mais
cette condamnation n’a rien à voir avec cette prédiction relative à l’Antéchrist-antipape.
Voici ce qu’il convient de penser au sujet de l’auteur des prédictions dites de saint François.
Ce dernier a réellement cru sous le règne de Boniface VIII (1294-1303) qu’il vivait les derniers
temps de l’Église, et ses prédictions apparaissent comme une tentative consistant à démontrer que
la période qu’il est en train de vivre est celle des derniers temps de l’Église. Il lui semble que les
signes eschatologiques annonçant les grandes tribulations dernières sont en train de se réaliser. La
décadence des ordres religieux, l’accroissement des scandales dans l’Église, les divisions entre les
catholiques, et surtout la venue du Vrai pape et de l’Antéchrist-antipape sont tous des événements
qui annoncent les grandes tribulations dernières de l’Église, selon les Saintes Écritures et toute la
Tradition prophétique médiévale, comme on vient de le voir (tous les passages en caractère gras
dans les prédictions dites de saint François sont une retranscription de la véritable Tradition
prophétique et ne peuvent être rejetés du point de vue de la Sainte Doctrine). L’auteur de ces
prédictions connaît quelques critères permettant d’identifier le Vrai Pape, et a cru reconnaître en
Célestin V le Vrai Pape. En effet, il faut savoir que c’est autour de Célestin V, que s’est élaboré chez
« les spirituels » la réflexion sur le Vrai Pape Martyr annoncé par Merlin ou dans les Vaticinia de
summis pontificus, dirions-nous pour ne citer que cela à titre d’exemple, exactement comme
maintenant c’est autour de Paul VI que se poursuit cette réflexion de nos jours.
En effet, les prédictions dites de saint François ont pour toile de fond la querelle de la
légitimité de l’abdication de Célestin V et de l’élection de Boniface VIII. Célestin V, ne se sentant
pas apte à la charge pontificale, a pris conseil auprès de canonistes comme Gerardo de Parme,
Jean Lemoine et Benedetto Caetani. En 1190, Hugoccio de Pise avait prévu une semblable
abdication en présence d’un concile ou du Sacré-Collège ; par la suite, d’autres canonistes l’avaient
déclarée licite même sans l’intervention des cardinaux. Célestin V s’est décidé pour une abdication
devant les cardinaux. Malgré les témoignages de sympathie de ses partisans, il a exposé clairement
les motifs de son abdication, à savoir la maladie, son manque de connaissances et le désir de se
retirer dans son ermitage. Il fait promulguer une constitution sur l’abdication pontificale et
le 13 décembre 1294, il abdique en des termes émouvants devant le Sacré-Collège, dépose les
insignes et les habits pontificaux et revêt son vêtement gris d’ermite. Le 24 décembre 1294,
Benetto Caetani est élu pape et prend pour nom Boniface VIII. Boniface VIII a voulu tenir sous
surveillance Piedro de Morrone, c’est à dire Célestin V (qui après son abdication ne mérite plus de
porter ce nom, mais mérite de reprendre le nom qu’il avait avant d’être pape), et ceci en raison du
caractère exceptionnel de la procédure.
Seuls quelques franciscains spirituels ont douté de la légitimité de l’abdication de Célestin V,
pour des raisons d’ordre politique, mais aussi pour des raisons qui touchent à la compréhension de
la Tradition prophétique médiévale relative au Pape martyr de la fin des temps, et qui concernent
directement notre sujet. Voyons d’abord les raisons politiques. Les partisans de Célestins V ont des
idées proches des spirituels en ce qui concerne l’idéal de vie érémitique, mais ils appartiennent
cependant toujours au cadre de l’ordre bénédictin, et à la différence des spirituels, ils admettent la
possession des biens. Pour cette raison, les spirituels n’ont pas pu être intégrés à la congrégation
de Célestin V. Néanmoins, Célestin V lors de son règne a pris les spirituels sous sa tutelle comme
« pauvres ermites et frères du pape Célestin » et a mis l’institut sous la protection de Napoleone
Orsini. Les spirituels par conséquent avaient intérêt à ce que Célestin V reste pape car celui-ci les
protégeaient. Ils ont pensé à tort que l’abdication de Célestin V faisait parti d’un complot pour les
anéantir, et a fortiori faisait parti d’un complot contre l’Église. Ils ont pensé à tort que Célestin V
avait abdiqué sous la contrainte. La raison à cela est due au fait que Boniface VIII leur est hostile, et
que ce dernier tient sous sa surveillance leur cher Célestin V dont on leur dit qu’il a abdiqué. Pour
eux, Célestin V est emprisonné par un antipape Boniface VIII, dont l’élection ne serait pas légitime
parce que les partisans de ce dernier auraient forcé Célestin V à abdiquer.
Certes tous les spirituels n’ont pas cru à cette thèse, et en particulier Jean Pierre Olivi et Gilles
de Rome. Mais une bonne partie d’entre eux y ont cru. Les raisons d’ordre politiques étant
expliquées, passons aux raisons d’ordre théologique.
La thèse que les spirituels se sont forgée ou encore la conception qu’ils se sont fait de la
situation de la papauté de leur temps ressemble au scénario de la Tradition prophétique à l’égard
du pape Martyr de la fin des Temps qui, comme on l’a vu, était perçu au Moyen-Age, mais a été
retenu jusqu’à nos jours par les catholiques fidèles. Ce scénario dit que le Vrai Pape sera victime
d’un complot dirigé par des juifs infiltrés de la Synagogue de Satan dans la hiérarchie ecclésiastique
pour détruire l’Église. Il dit encore que le Pape se fera emprisonner par cet Hérode moderne qu’est
l’Antéchrist-antipape, et sera ainsi cerné de toute part par des ennemis qui sont à l’image des
gardes d’Hérode surveillant Pierre jusqu’à l’intérieur de sa cellule, et à l’image des Sodomites qui
ont cerné Lot pour le massacrer.
En effet, voici à titre d’exemple ce scénario perçu au Moyen Age mais reproduit au XIX ème
siècle par exemple par la vénérable Anne-Marie Taïgi (1769-1837) : « Un saint homme qui vient de
mourir et qui fut le compagnon de la Vénérable A.-M. Taïgi, m’a répété souvent : Un jour viendra
où le Pape sera enfermé au Vatican, se trouvera comprimé comme dans un cercle de fer. Toute
espérance humaine sera perdue (et on voit combien l’auteur des prédictions dites de saint
François est désemparé ; tout est, pense-t-il, humainement perdu, nous allons vers une époque de
grande Tribulations parce qu’un antipape de la pire espèce, « un exterminateur » des âmes, est
dans l’Église (Antéchrist-antipape), et Dieu fera éclater tout d’un coup sa miséricorde » (abbé
Curicque, Voix prophétique, Ed. Victor Palmé, Paris, 1872, T. 2, ch. XV, passage repris dans Paul
Marie, les signes des temps, Ed. Jules Hovine, Ronchin, 1975, p. 50).
Ce Vrai Pape de la fin des temps qui selon la Tradition Prophétique sera emprisonné par
l’antipauté antéchristique est perçu notamment dans les apparitions de Fribourg (1965-1975), par
exemple, comme étant, non pas Célestin V évidemment, mais Paul VI : « L’Église a continué et la
foi et la prière des premiers chrétiens qui s’étaient unis dans une prière de supplication pour
faire libérer leur chef qui était mon Représentant, ont obtenu la libération de Pierre (Actes XII, 5-
11). J’ai envoyé un ange pour lui ouvrir et ses chaînes et les portes de sa prison. Et vous vous
demandez aujourd’hui pourquoi Mon Vicaire (Paul VI) semble ne pas remplir le rôle qui est le
sien ? Mais il est prisonnier, il est enchaîné comme Pierre dans les fers (même idée
précédemment avec A.-M.Taïgi dans l’expression « comprimé comme dans un cercle de fer ») au
premiers temps de l’Église. Il est dans l’incapacité de faire un seul mouvement libre. Et, c’est là ce
que vous ne cherchez pas à comprendre. Si vous vous unissiez dans une prière très fervente, si
vous Nous suppliiez de délivrez Paul VI, il y a longtemps que Nous aurions pu le faire » (Message
de Notre Seigneur à Eliane Gaille du 4/7/1974, Messages pour le monde 1965-1975, aux Ed. D.F.T.,
p. 57-58).
Ce scénario qui se trouve dans la Tradition et qui est repris ici avec une référence explicite au
sens mystique des Saintes Écritures, pour l’appliquer à une autre personne que Célestin V, dit
également que le Vrai pape sera privé de tous ses anciens ornements de Pontife pour les
retrouver par la suite lorsqu’il sortira de son exil caché, qu’il reviendra vers les siens.
En effet, voici par exemple ce que prédit saint Don Bosco : « Les événements se succèdent
trop lentement. Mais l’Auguste Reine du Ciel est là. La puissance du Seigneur est dans ses mains,
elle disperse ses ennemis comme les nuages et revêt le vénérable Vieillard de tous ses anciens
ornements. »(L’expression « vénérable vieillard » est propre à la Tradition prophétique pour
désigner le Pape Martyr, ce dernier ne devant sa longévité que par un miracle extraordinaire de
Dieu.) (cf. Le songe de Don Bosco extrait des mémoires biographiques, cité dans L’exraordinaire
secret de la Salette, par Boanergès, p. 242. On sait ce que fera ce « vieillard vénérable », une fois
qu’il aura retrouvé ses anciens ornements, par Zacharie le voyant du XIXème siècle. Selon ce
Zacharie, ce « vieillard vénérable », « vêtu des habits sacré du pontificat » lancera la croisade contre
l’église officielle romaine investie par l’ennemi, et la Pologne (d’où est issu selon nous l’Antéchrist-
antipape, déduction faite en passant par Merlin) dans le peu des catholiques fidèles qui lui restera,
comprendra qu’elle a eue des mains redoutables. Cf. Honoré de Temniac, Dies Irae, visions
prophétiques de Zacharie le voyant, Librairie Le François, Paris, 1948, p. 164-168, sur l’église
officielle romaine investie par l’ennemi, voir ici p. 151).
Ce scénario qui se trouve dans la Tradition prophétique dit également que le Vrai pape lors
de son règne officiel est répréhensible, il est fragile comme Pierre et Roboam, il se laisse facilement
intimidé par de mauvais catholiques, et suit parfois de bien détestables conseils. Il finira certes par
se ressaisir et à ne plus se faire dicter sa conduite par des impies, mais ce sera trop tard pour qu’il
puisse échapper au complot qui s’est tissé autour de lui pour l’enfermer dans des filets
humainement impossibles à dénouer. Ce pape est perçu dans les messages de Filiola, comme
étant Paul VI : « Paul VI souffre atrocement de cœur et d’esprit car ses yeux se sont ouverts trop
tard ». Filiola annonce la venue du grand schisme de la fin des temps pour maintenant : « il lui
semble qu’on cherche, par une ruse cachée, à couper la Sainte Église en deux... Avec angoisse, elle
envisage l’éventualité d’une Église déchirée, qui aurait deux papes : un Saint et un Faux. »
(cf. Message du 4/5/1972, dans Filiola dans la lumière de Jésus, message pour toute âmes de
bonne volonté, Centre Marial, Moulin de Rouillon, cahier n°5, p. 38).
Or précisément Célestin V est un pape qui se laisse intimider, et qui n’a pas l’âme du chef : « Il
manquait complètement d’expérience, et il n’avait aucune connaissance (...) de la machine
complexe de la Curie et des nombreux problèmes ecclésiastiques et politiques auxquels la papauté
avait à faire face. En outre sa culture était limité (...) et il était âgé (...), il était complètement soumis à
des conseillers expérimentés comme les cardinaux Matteo Rosso Orsini, Gerardo Bianchi de Parme
et Benetto Caetani. (...) C’est dans ces circonstances que se manifestèrent l’iniquité et l’obstination
sénile (entendre : le caractère répréhensible de Célestin V) du Pape. L’élévation de l’ambitieux
Giovanni de Castrocoeli au cardinalat fut également une erreur. (...) Devant les critiques (c’est à dire
en subissant une certaine pression), il commença à songer à l’abdication, car il ne se sentait pas
apte à la charge pontificale » (cf. Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, Paris, 1994,
p. 320-321) (exactement, comme il est dit actuellement, que Paul VI ne comprenait pas la gravité de
la situation de la Papauté de son temps, était soumis à des conseillers expérimentés mais iniques
comme le cardinal Villot, élevait des gens mauvais au cardinalat, subissait de nombreuse critiques
au point d’avoir envie d’abdiquer).
D’autre part, les spirituels avaient, même s’ils se sont trompés dans leur analyse de la
situation, des raisons de penser qu’un complot se préparait dans l’entourage de Célestin V. En
effet, comme cela est raconté dans Sodalitium, un complot organisé par la Synagogue de Satan
avait réussit pour un temps seulement à imposer sur le Siège de Pierre, un juif déicide infiltrée dans
la hiérarchie de l’Église, pour pourrir et détruire le christianisme, et cet agent double, cette taupe,
fut Anaclet II, succédant illégitimement à Honorius II. Anaclet II (son vrai nom est Piero Pierleoni)
était membre de la maison juive des Pierleoni, et son élection eut lieu en 1130 (l’élection de
Célestin s’est faite en 1294). Mais à la mort d’Honorius II, les catholiques fidèles ne se laissèrent pas
manipuler par la Synagogue de Satan, et rejetèrent Anaclet II pour Innocent II qui réussira à se faire
élire par des cardinaux avant Anaclet II, et ceci quelques heures seulement avant lui, pour
s’enfermer dans la forteresse des Frangipane. Du point de vue canonique, les deux élections
étaient irrégulières, même si la majorité des cardinaux-évêques (contrairement à ce qui se passera
à la fin des temps) était du côté d’Innocent II. Elles étaient irrégulières car le collège des seuls
cardinaux-évêques n’avait pas été officiellement réuni, la commission d’Aymeric ne pouvant pas se
substituer à lui et ayant de plus décidé en l’absence de deux de ses membres. C’était donc à la
chrétienté, aux pouvoirs politiques et aux évêques, qu’il revenait d’arbitrer. Anaclet II eut pour lui
les romains, ses partisans forçant son adversaire Innocent II à quitter la Ville puis l’Italie (bref, à
vivre en exil). Il avait également l’obédience et l’appui de plusieurs cités du Nord, et du centre de la
péninsule, avant tout Milan. Il eut de même aussitôt l’adhésion du souverain normand Roger de
Sicile, avec tous les territoires méridionaux. Heureusement que saint Bernard, saint Norbert,
l’Empereur Lothaire, le roi de France Louis VI, le roi d’Angleterre Henri I ainsi que bon nombre de
princes et prélats de la péninsule Ibérique, ont déjoué le complot en reconnaissant Innocent II. A la
mort d’Anaclet II, la Synagogue renouvela sa tentative de schisme avec Victor IV mais échoua, car
les temps fixés par Dieu pour la réussite du complot des crypto-juifs n’étaient pas encore arrivés, le
monde n’était pas encore préparé à recevoir l’Antéchrist-antipape et l’Antéchrist-personne, le
catholicisme était encore bien trop implanté dans les âmes (cf. Sodalitium n° 37, « un cardinal
crypto-juif usurpe la Papauté », p.35 et s. ; Dictionnaire historique de la papauté, op. cit., p. 83-84. On
le voit, le complot maçonnique contre l’Église, avec Rampolla, qui fut la hantise de saint Pie X,
raconté par Boanergès dans Actualité de la Fin des temps, op. cit., p. 343, n’était pas la première
tentative sérieuse pour renverser la véritable Papauté).
C’est sans doute pendant cette période de trouble, que surgit Prophetie Merlini, Merlin
voulant signifier par ses prédictions avec l’Antipape de la fin des temps, que le complot de la
synagogue qui a échoué avec Anaclet II, réussira, mais pas au Moyen Age, contrairement à ce que
pensaient certains de ses contemporains, mais seulement à la fin du XX ème siècle, un peu à la
manière de l’auteur du livre de Daniel, laissant entendre que la crise maccabéenne se reproduira à
la fin des temps, mais de manière plus accentuée, plus violente encore, dans une dimension non
plus locale mais planétaire.
Croyant que Célestin V le pape vieillard avait abdiqué sous la contrainte, sachant que ce
dernier était soumis à des conseillers d’une manière trop servile, subissait des pressions, apprenant
que Célestin V avait été dépouillé de ses ornements pontificaux et ceci derrière leur dos,
apprenant que celui-ci avait repris ses anciens vêtement d’autrefois, que Célestin V malgré son
abdication était comme emprisonné par Boniface VIII (Boniface VIII n’avait pas emprisonné
Célestin V, mais les spirituels le prétendaient), et conscients que des princes de l’Église voulaient se
débarrasser d’eux et en particulier le parti de Boniface VIII, conscients de la violence qui pouvait
sortir de l’église officielle de leur temps, et conscients qu’un complot pouvait recommencer du
genre de celui d’Anaclet II, ils ont cru voir en Célestin V, le Vrai pape Martyr, angélique (car protégé
d’une manière extraordinaire par Dieu) de la fin des temps, et n’ont pas cru à la légitimité de son
abdication officielle.
Cela s’est passé exactement comme nombre de catholiques fidèles aujourd’hui en sont à se
demander si ce que l’on raconte officiellement sur Paul VI est Vrai, et si celui est bien mort en 1978,
et si celui-ci continue de vivre sous le pseudo-pontificat de Wojtyla., à cette différence prés que les
spirituels n’étaient pas encore à la fin des temps, comme ils le croyaient, et que les catholiques
fidèles aujourd’hui sont à la fin des temps, comme cela a été très bien démontré par Boanergès (cf.
Actualité de la Fin des Temps), et comme cela est dit dans le secret de la Salette, le secret de
Fatima, et par la presque totalité des catholiques fidèles de notre temps, à l’exception des plus
tièdes, de ceux qui ont encore un pied dans l’église Wojtylienne.
Ceci se trouve confirmé par les historiens : de son vivant, comme le reconnaît Peter Herde, le
pape Célestin II « paraît s’être vu lui-même à la lumière des spéculations eschatologiques des
disciples de Joachim de Flore, sans probablement bien percevoir la profondeur de sa doctrine. (...)
La querelle autour de la légitimité de son abdication et de l’élection de Boniface VIII s’engagea
après sa mort (c’est à dire après la mort de Célestin V). (...) En même temps les spéculations
eschatologiques autour de la personne du pape (célestin V) commencèrent à se développer dans
les milieux spirituels. Vers 1295-1296, Robert d’Uzès l’identifia avec la figure, plutôt secondaire chez
Joachim de Flore, d’un pape angélique eschatologique ( c’est à dire d’un pape miraculeusement
protégé par les anges...), figure qui a été rapprochée de celle de l’empereur de la fin des temps
(nombre d’historiens ne s’intéressent pas aux subtils discours eschatologiques des médiévaux et
confondent le pape martyr de la fin des temps qui ne verra pas le règne social du Christ, le pape
nu, avec le saint pape qui inaugurera le règne social du Christ avec le grand Monarque de la fin des
temps ; cette confusion est lié au fait que ces deux papes sont des papes angéliques, et à la
négligence de ceux qui par l’expression « pape angélique » voient automatiquement, sans réfléchir,
le saint pape du grand Monarque, alors qu’il pourrait s’agir du pape nu, du pape Martyr de la fin
des temps qui fait parti des papes angéliques, et ouvre cette série selon les Vaticinia, ajoutons au
texte de Herde) » (Dictionnaire Historique de la Papauté, op. cit., p. 322).
Dans le même sens Georges Ferzoco écrit : « l’élection du pape Célestin V en 1294, suivie de
son abdication puis de l’élection comme pape de Boniface VIII déclenchèrent de vastes
polémiques sur le pape angélique ( entendre ici le Pape Martyr de la fin des temps, et de ceux qui
vont lui succéder d’après les Vaticinia). Contrairement à Boniface, on tenait en général Célestin
pour un pape saint et austère (l’historienne ici devrait nuancer son jugement, on prenait aussi
Célestin V pour un homme bon, saint certes, mais faible, facilement influençable et manquant
souvent de discernement dans la direction de l’Église, point de vue partagé par tous à commencer
par Célestin V lui-même se trouvant incompétent à gouverner) ; aussi la figure d’un pape angélique
(poursuit Ferzoco), qu’on opposait parfois à celle d’un pape qui serait l’Antéchrist ( entendre bien
évidemment ici ce que nous appelons l’Antéchrist-antipape qui n’a en lui rien d’un pape, et ne
mérite pas comme le fait ici Ferzoco, d’être appelé « pape » ; le mot « parfois » ici n’a pas vraiment
de raison d’être car il est de tradition dans la pensée médiévale, de juxtaposer à côté de cet
antipape un vrai pape, comme l’indique toutes les prédictions que nous avons abordées jusque là ),
fût-elle de plus en plus souvent évoquée et fit-elle l’objet de discussions toujours plus nombreuses.
Les spirituels franciscains (de tendance joachimite et qui bénéficièrent de la protection de Célestin)
furent les principaux propagateurs de ce mythe papal (de notre point de vue, il ne s’agit pas d’un
mythe, la notion de Pape Martyr se trouvant dans le sens mystique des Saintes Écritures) ; mais ce
fut un dominicain Robert d’Uzès (mort en 1296), qui, le premier, attira l’attention sur tout ce qui
opposait Célestin et Boniface et annonça qu’un franciscain allait bientôt leur succéder ( après le Vrai
pape Martyr de la fin des temps, vient selon la Tradition, un saint pape reconstruisant l’Église sur
les ruine de l’église officielle romaine, ajoutons nous) ».
Et Ferzoco poursuit : « Certains des premiers auteur spirituels, comme Pierre de Jean Olieu,
Ange Clareno et Ubertin de Casale, ne s’exprimèrent guère sur le sujet. Les études les plus valables
et les plus influentes furent probablement l’œuvre de leurs confrères de l’époque, ainsi les Vaticinia
de summis ponticibus et le Liber de Flore. La plupart de ses manuscrits des Vaticinia comprennent
quelques textes brefs et énigmatiques qui traitent d’une succession de papes, avec des illustrations
(cf. Celles qui sont dans notre étude) accompagnées d’une légende ; les cinq dernières
représentent en général des papes pauvres, très saints (« pauvres » ajoutons nous parce que
vivant à la manière des premiers temps apostolique en raison de la perte de la Foi de l’église
officielle romaine de la fin des temps ) au milieux d’anges. Le Liber de Flore, qui est le premier
ouvrage où soit mentionnée l’expression pastor angelicus, décrit les réalisations spectaculaires des
quatre derniers papes, en collaboration avec un empereurs français de la fin du monde. Les
Vaticinia et le Liber exercèrent une influence sur les auteurs de leur temps et même d’une époque
plus tardive, comme Arnaud de Villeneuve (mort en 1313), Jean de Roquetaillade (mort en 1365), et
dont le récit apocalyptique se termine avec la description d’un pastor angélicus (entendre le Pape
Martyr de la fin des temps) qui gouverne l’Église après avoir vaincu l’Antéchrist (c’est à dire
l’antéchrist-antipape, lorsque le Vrai pape sera sorti de son exil caché, car telle est bien la pensée
de ce dernier, comme, on vient de le voir précédemment) » etc. (Dictionnaire encyclopédique du
Moyen Age, sous la direction d’André Vauchez, T.1, Ed. du Cerf, Paris, 1997, p. 1147-1148)
On le voit à la lumière de toutes ces explications, les prédictions dites de saints François,
contrairement à ce que croient frère Jean o.f.m., et l’abbé Ricossa, l’expression « Vrai Souverain » ne
peuvent pas désigner Nicolas V, mais visent uniquement Célestin V, et cela en raison du
rapprochement que les spirituels ont fait entre la vie de ce dernier et le Pape Martyr de la fin des
Temps. Encore une fois, ce n’est pas parce que les spirituels se sont trompés en prenant Célestin V
pour le Vrai Pape martyr de la fin des temps, qu’il faut rejeter cette partie importante de la
Tradition Prophétique relative à la papauté des derniers temps de l’Église, que les spirituels n’ont
fait qu’emprunter.
Dans le même sens, le frère OFM n’a pas à dire « qu’il vaut mieux s’abstenir de diffuser » les
prédictions dites de saint François sous le prétexte fallacieux qu’elles ne viennent pas de saint
François, puisque ces prédictions, mis à part ce qu’elles racontent sur l’ordre de saint François, nous
transmettent des éléments très importants de la Tradition prophétique relative à l’Apostasie du
clergé romain, à commencer par tout ce qui concerne « l’Antéchrist-antipape ».
Le frère Jean OFM a bien raison de dire qu’il faut utiliser le témoignage des saintes Écritures,
puisque c’est en se fondant sur les Saintes Écritures et l’Herméneutique sacrée (La Doctrine de
l’Église relative aux différents sens de l’Écriture), que les médiévaux sont parvenus à nous sortir ce
qui en substance se trouve dans les prédictions dites de saint François (c’est ce que n’arrivent pas
à comprendre ceux qui voudraient interdire la lecture de ces prédictions, hé bien, nous, nous
disons qu’ils faut les répandre partout, mais en expliquant les raisons qui font de ces prédictions
une piste intéressante pour la compréhension de la crise affreuse que nous traversons…).
L’idée d’un antipape régnant à la fin des temps sur tout le clergé romain (à l’exception du
clergé fidèle qui s’est coupé de Rome), n’est pas une invention des médiévaux. C’est à partir du
sens mystique des Saintes Écritures que Joachim de Flore (v.1130-1202) est parvenu à dégager
ceci : « Alors paraîtra (lors de l’Apostasie générale) le premier Antéchrist qui annoncera les temps
de la fin, et l’homme lui sera soumis. Il sera un souverain ordinaire, mais doué de pouvoirs
extraordinaires (Nul doute qu’il s’agit ici de l’Antéchrist-antipape, de cet antéchrist dont Notre
Dame de la Salette nous dit qu’il siégera à Rome). Son règne durera (...) ce temps (ce temps qui lui
sera accordé par Dieu) lui suffira pour renverser l’Église et chasser le pape (c’est à dire le pape de
Prophetie Merlini, le pape Martyr de la fin des temps, dont nous avons dressé le portrait jusqu’à
présent). Surgiront les cavaliers venus du Soleil, envoyés par l’Esprit, portant le glaive du verbe (il
s’agit ici des catholiques fidèles en guerre contre la Rome apostate), et ils affronteront l’Antéchrist
au nom du Dieu de Lumière.(...) Des catastrophes naturelles et des bouleversement (il s’agit ici du
début des grandes tribulations dernières dont la guerre-chaos universelle) annonceront la venue
d’un second Antéchrist (entendre cette fois, l’Antéchrist-personne dont l’Antéchrist-antipape est le
prophète), et la proximité du Jugement Dernier. Sa venue marquera la Fin de l’histoire (des
nations apostates) et le commencement d’un cycle humain fait de pureté, de joie et d’amour
fraternel (entendre ici, le règne social de Notre Seigneur inauguré par le saint pape et le Grand
Monarque) » (extrait du Commentaire sur l’Apocalypse rédigé par Joachim de Flore, abbé de
Cortale, en Calabre, rédigé vers 1160. Ce passage fut reconnu par nombre de théologiens
médiévaux comme retranscrivant correctement le sens mystique des Saintes Écritures, cf. Jean Paul
Bourre, Le message des prophètes, Ed. Dangles, St Jean-de-Bray, 1998, p. 37).
Comme Joachim de Flore, Pierre de Jean Olieu (Olivi) (v. 1248-1296), de l’ordre Franciscain,
élève de saint Bonaventure, « l’un des premiers théoriciens de l’infaillibilité pontificale », tout en
dénonçant avec vigueur la corruption de son temps (Dictionnaire Encyclopédique du moyen Age,
op. cit, p. 1217, article rédigé par Giulia Barone), distingue deux antichrists. :
Le premier des deux est « une figure eschatologique assez indéterminée et fuyante » ; il
apparaît dans les années de grande corruption qui doivent marquer le passage de la sixième
période à la septième (c’est à dire lors du grand schisme de la fin des temps, dont la Compilation
de Pirus vient de nous faire une description saisissante. Cela va bien dans le sens de Merlin), ce
sera un « Antichrist-mystique », c’est à dire caché (il s’agit de l’Antéchrist-antipape, « caché » car
c’est un infiltré, qui cache son appartenance à la Synagogue de Satan), un tentateur poussé par des
forces politiques (d’obédience germanique ?, ajoutons-nous à la pensée d’Olivi) sur le devant de la
scène pour séduire les fidèles (entendre les catholiques) ; les mauvais chrétiens, les mauvais
clercs, tous ceux qui cherchent avant tout les richesse et les honneurs (ce que pense Olivi
s’accorde avec les reproches que fait le secret de la Salette relatifs au clergé romain de la fin des
temps : « Les prêtres par l’amour de l’argent, l’amour de l’honneur (...) sont devenus des cloaques
d’impureté »), le suivront, mais il ne réussira point à entraîner tous les catholiques avec lui, il
entraînera avec lui les catholiques les plus mauvais, c’est à dire la presque totalité des
catholiques, à l’exception des catholiques qui refuseront de se placer sous son autorité par
amour de Dieu. Il sera à la tête de toute l’Église officielle romaine, qui videra de son sein, les
catholiques fidèles pour devenir la Babylone maudite de l’Apocalypse (l’historienne Giula Barone
reconnaît que c’est bien la pensée d’Olivi, il assimile, dit-elle, l’Église corrompue par le monde à la
fin des temps à la Babylone biblique. Cf. Dictionnaire encyclopédique du M.A., op. cit., p. 1217, ce
qui ne veut pas dire qu’il croyait que l’église officielle romaine de son époque était « Babylone »,
pour lui cette église était encore la Sainte Église, mais il viendra un temps où cette église suivra les
juifs déicides dans l’apostasie. Pour le reste, tout ce que nous disons ici est rapporté par Henri de
Lubac, Exégèse médiévale, les quatre sens de l’Écriture, T.4, Ed. Desclée de Brouwer, Paris, p. 339).
Ensuite seulement surgira le second Antichrist, « Antichrist réel » (l’Antéchrist-personne),
tyran persécuteur, dont le règne précédera de peu le Jugement ». Comme l’explique Henri de
Lubac, « la pensée d’Olivi, beaucoup plus que celle de Joachim, est et demeure jusqu’au bout,
comme celle de Bonaventure, christologique : le troisième âge verra aboli la foi au Christ dans sa
première beauté ».
Et voici le portrait que fait René de Nantes, d’Olivi. Olivi a montré « constamment une
élévation de vues, une grandeur de courage, une fierté, une indépendance vraiment admirables vis
à vis des petitesses de la vanité humaine », uni ajoute de Lubac, à un « esprit catholique sans
défaillance. (...) Olivi n’était ni un orgueilleux ni un anarchisant. Bien plus, c’était un religieux paisible,
volontiers enfermé dans ses études et sa méditation. Dans ses oeuvres majeures il a toujours voulu
se maintenir dans les cadres de la théologie et de l’exégèse de son temps, sans jamais prendre
l’attitude d’un prophète ou d’un illuminé » (René de Nantes, Histoire des spirituels dans l’ordre de
saint François, Paris, 1909, p. 270).
En revanche, les spirituels qui, contrairement à Olivi, ont cru qu’ils étaient arrivés à la fin des
temps, ont estimé à tort que l’église officielle romaine de leur temps avait perdu la foi. Ils en sont
arrivés à identifier cette église qui était encore la Sainte Église avec la « Babylone maudite de
l’Apocalypse », appelée également « l’Ecclésia carnalis ». Pour en arriver à une pareille extrémité, il
fallait bien que les spirituels soient plongés dans les ténèbres de l’erreur. Que l’on ne nous fasse
pas dire ce que nous n’avons pas dit. Les spirituels sont pour nous de véritables hérétiques, mais
ce qui se trouve dans les prédictions dites de saint François est en harmonie avec la pensée de
l’Église, exception faite bien sûr, de ce qu’ils ont ajouté à la Tradition Prophétique pour faire croire
qu’ils étaient à la fin des temps.
De Lubac estime qu’ils ont pensé cela à la suite des bûchés allumés à Marseille en 1318, en
exécution de la sentence prononcée l’année précédente par Jean XXII. Or tout ce que nous venons
d’expliquer indique clairement qu’ils pensaient cela déjà sous Boniface VIII. De Lubac dit également
que les spirituels identifiaient l’Antichrist-mystique au pape, contrairement à Olivi qui identifie son
Antichrist mystique, le grand séducteur à un antipape. Nous croyons, quant à nous que les spirituels
n’étaient pas des protestants avant l’heure, et estimaient avec Olivi que l’Antichrist-mystique était
un antipape. La seule différence entre Olivi et les spirituels, sur ce point est néanmoins
considérable. Contrairement à Olivi, les spirituels pensaient que l’Antipauté antéchristique existait à
leur époque. A suivre la pensée de Lubac, le pape Sixte IV approuvait tout à fait l’idée qu’un tel
antipape viendrait à la fin des temps, et il convient de se demander si ce n’est pas pour cette
raison qu’il a autorisé la lecture des ouvrages d’Olivi (H. de Lubac, Exégése Médiévale, op. cit., p.
314).
Citons encore comme auteur médiéval à titre d’exemple pour bien montrer que toute notre
étude est fidèle à la pensée médiévale dans son ensemble « le Maître de Paris », le célèbre
Matthias de Janow, catholique romain (v. 1350-1393), en faisant référence à son traité Regulae
Veritatis et Novi Testamenti (1388-1392). Poussant, plus loin la réflexion de son maître « le
vénérable Milic », qui enseignait que l’Antichrist est devenu pour lui « le symbole des maux qui
ravageaient l’Église », Matthias de Janow enseigne que l’Antéchrist-antipape est un antichrist qui ne
se déclarera ni de la religion juive, ni du paganisme, ni du mahométantisme, ni d’une église
hérétique mais de la Sainte Église Apostolique Catholique et Romaine. Il ne viendra pas en chef
de guerre, comme un tyran ou un persécuteur. Ce sera déclare Matthias de Janow un faux
chrétien, c’est à dire plus précisément une personne qui prétendra avoir la foi catholique alors
que dans son fond intérieur il se sait antichrétien, et s’est toujours donné pour objectif secret de
détruire l’Église de l’intérieur. Ce sera, nous dit encore ce grand théologien, « un hypocrite » qui
réussira à se faire passer pour un bon catholique, un bon dévot (un bon dévot de Notre Dame,
pourquoi pas ? ajoutons-nous à sa pensée, en ne pouvant nous empêcher d’y reconnaître ici
Wojtyla, l’abominable Wojtyla, qui a osé se réclamer de saint Louis Marie Grignon de Montfort pour
afficher une prétendue dévotion de Notre-Dame qu’il n’a nullement, et méprise plus que tout ! Cf.
par exemple l’étude de Siebel qui démontre que « Jean-Paul II » a exprimé notamment dans son
odieuse parodie de consécration au Coeur Immaculée de Marie à Fatima, son mépris total,
d’hostilité même contre la Mère de Dieu, cf. Siebel, Philosophie et théologie de Karol Wojtyla,
SAKA, Bâle, 1988, p. 170-185 ; il faut savoir également que Wojtyla était opposé au « concile » à la
proclamation du dogme de Marie-Médiatrice, cf. Chabot et Rouchette, l’Abomination de la
désolation dans le lieu saint, Cognac, 1985, p. 71, il ne connaissait même pas le secret de Fatima
avant le 13 mai 1981, étude de F. Michel de la Trinité, Toute la vérité sur Fatima, op. cit. !).
Cet antichrist s’avancera par conséquent, explique toujours ici Matthias de Janow, « couvert
des apparences de la religion » et ce n’est pas par violence mais par contagion qu’il entraînera
l’Église officielle romaine dans l’erreur. Ce suprême antichrist, manifestation par excellence du
diable dont cet Antéchrist collectif est le corps, est appelé à vivre au milieu de nous, c’est à dire à
l’intérieur du peuple de Dieu, à l’intérieur des membres de l’église officielle romaine . Et ce fils
d’iniquité, précise Matthias siégera dans le Temple, c’est à dire au Vatican, et occupera même
« frauduleusement le plus haut degré dans l’Église, jouissant de toutes les richesses et de tous les
honneurs, détenant surtout dans ses mains ces précieux entre tous, ces biens de Jésus-Christ,
que sont les Écritures et les sacrements... » (cf. Henri de Lubac, Exégèse médiévale, op. cit., p.361 :
on peut se demander pourquoi de Lubac, ce pseudo-cardinal, créé « cardinal » en 1983 par Wotyla,
ne s’est pas rendu compte qu’il servait l’antichrist de Janow en la personne de Wojtyla, lui qui
semble si bien connaître la pensée des médiévaux. Cette cécité spirituelle est possible car la
science à elle seule ne suffit pas pour conserver la Foi. Déjà sous Pie XII, de Lubac s’écartait de la
Doctrine de l’Église. Cf. Abbé Le Roux, Pierre m’aimes-tu ?, Ed. Fidéliter, 1986, p. 53-54. Notons
également que de Lubac s’est intéressé à notre sujet, mais sans aller très loin dans ce domaine, la
place qu’il lui accorde étant dans ses livres très dérisoire).
Henry de Lubac rappelant la pensée de Matthias de Janow, note que « à ces traits, chacun
pouvait reconnaître Robert de Genève, l’antipape Clément VII (mort en 1394, les Regulae sont de
1388-92), orgueilleusement dressé contre le vrai pape Urbain VI ». A travers cette interprétation du
sens mystique des Saintes Écritures, interprétation qui est le résultat chez lui d’une véritable
démonstration, analysant versets après versets les passages du Nouveau Testament, en utilisant
les règles de l’Herméneutique sacrée, Matthias de Janow mettait sans doute en garde ceux qui
suivaient Clément VII, mais en reprenant cette idée d’un « Antichrist mystique », idée qui est loin
d’être spécifique à la pensée d’Olivi, il ne prétendait pas que Clément VII était « l’Antéchrist
mystique » par excellence, Clément VII n’étant pour lui qu’une pâle préfiguration de ce Faux
prophète de la fin des temps. Il enseignait que « l’esprit de mensonge et l’esprit de vérité, l’esprit
de Bélial et celui de Jésus s’affrontent, et c’est à chaque génération que le discernement des esprits
s’impose » (H. de Lubac, Ibid., p. 362).
A lire toutefois les théologiens médiévaux à la manière de Henri de Lubac, on pourrait penser
que l’étude de ce qu’est « l’Antéchrist-antipape » peut se faire convenablement en faisant
l’économie de ce thème qu’est le Pape martyr de la fin des temps. Or, ces deux thèmes doivent
être traités ensemble si on veut comprendre ce qu’il en est de la Papauté lors de l’Apostasie
générale. D’ailleurs, c’est ce que font la plupart des prédictions médiévales du XIII ème siècle, comme
par exemple, les prédictions dites de saint Anselme, évêque du Sunium. Ces prédictions portent à
la fois un regard sur le Vrai pontife et sur son pire ennemi, l’Antéchrist-antipape. Les griefs portés
contre ce dernier sont ici surtout relatifs au mal que cet antipape a fait au Vrai pontife. Cet antipape
sera châtié pour avoir voulu la mort du pape, comme Hérode a été châtié pour avoir voulu la mort
de Pierre. Il a caché aux hommes son véritable visage, mais il ne peut cacher à Dieu ce qu’il est, car
Dieu lit dans les cœurs et sait voir par delà les apparences. Malheur à ceux qui se sont laissés
séduire par lui, c’est comme si ces derniers avaient contribué à la mort du bon Pasteur. Ils ont suivi
les juifs déicides dans l’apostasie, ils suivront les juifs déicides dans leur malheur. C’est du moins ici
l’enseignement qu’il conviendra de tirer de ces prédictions.
Les prédictions dites d’Anselme comme les Vaticinia sont accompagnées d’illustrations, la
première ici représentant un renard portant une clef et faisant penser aux illustrations médiévales
du roman de « Renart » (vaste comédie animale composée par des clercs aux XIIème et XIIIème
siècles pour décrire les vices des différentes castes de la société médiévale), la seconde
représentant une sorte de chapelle ogivale, avec des mains qui sortent de ses fenêtres et se
rejoignent partout dans les airs, rappelant l'attouchement maçonnique.
Voici le commentaire prophétique de la première illustration : « Le renard... est ici emportant
une clef, c’est à dire le pouvoir temporel. Le Pontife le regarde, s’en remettant à Dieu de sa
cause. Bonne Grâce, la rapine cessera, dit la devise ».
Voici le commentaire prophétique de la seconde illustration : « Malheur à toi ville aux sept
collines, quand la lettre K sera louangé dans tes murs. Alors approchera la chute et la ruine de
tes préposés qui jugent injustement. Celui-ci a les doigts armés de la faucille. Il est la faux de la
dévastation... et dans G.V., Ysatios éteindra cette engeance. Jean vit en grâce. Constantin est
pauvre. Prends garde, toi qui contemple les choses saintes et les porte sur ton épaule, que la
poussière ne devienne pour toi un opprobre. On taillera justement dans ta barbe épaisse ; car tu
seras extrêmement blâmé comme ayant machiné la mort du Pontife dont le nom est Jo. Obi » (cf.
pour le premier commentaire prophétique, Catherine saint Pierre, Tu es Pierre, Ed. Magnificat,
Québec, 1994, p. 329, et pour le second, cf. Albert Marty, Alerte au monde, Nouvelles Ed.Latines,
Paris, p. 117).
La lettre K selon Péladan qui écrivait alors en 1872, signifierait « Karolus ». Mais Péladan ne
justifie pas son choix (cf. A. Péladan, Nouveau Liber Mirabilis, Nîmes, chez l’auteur, 1872, p. 369).
Péladan semble le premier à avoir diffusé en France les prédictions dites d’Anselme qu’il a
trouvées dans Vaticinia, seu praedictiones illustrium viorum, in-4, imprimé à Venise en 1604 chez
Batista Bernoti. Nous avons trouvé des manuscrits médiévaux comportant l’initiale K, pour désigner
le roy Charles (Charles vient du latin médiéval Carolus, Karolus, du germ. Karl, signifiant « homme,
mâle »), étant l’ancienne lettre de l’alphabet latin, remplacée par le C, et qui ne s’est conservée que
dans quelques mots. Mais cela ne prouve rien (d’autant plus que l’antéchrist-antipape selon la
pensée médiévale est à rapprocher plutôt de la femme, de la grande prostituée, Babylone). D’autre
part, compte tenu des références bibliques cachées dans ce passage, tout porte à penser qu’il faille
chercher l’explication de ce terme dans la Bible, comme tout porte à penser que l’auteur de cette
prédiction nous a laissé un indice pour trouver ce qui se cache derrière la lettre K ; Catherine saint
Pierre est ravie de ce choix de Péladan fait au XIX ème siècle, car elle pense à juste titre que Karol
Wojtyla dit « Jean-Paul II » est un antipape attirant la colère de Dieu sur Rome. Mais de notre point
de vue cette interprétation n’a aucune valeur car elle ne peut pas se justifier à partir du sens
mystique des saintes Écritures sur lequel l’auteur a forgé sa prédiction.
Tout au plus K pourrait avoir la signification de Kaesar, César, en raison du culte accordé à
l’empereur romain dans la Rome antique, ce dernier étant comme une idole parmi son peuple. Cela
serait justifié dans la mesure où les prédictions dites d’Anselme parlent bien ici de Rome, c’est à
dire de « la ville aux sept collines » (inutile de chercher à démontrer ce point qui ne pose aucune
difficulté), et pas de n’importe quelle Rome, mais de la Rome qui de chrétienne qu’elle était est
redevenue païenne en adhérant à l’Antéchrist-antipape qui est comme une idole dans le Temple
de Dieu, du moins si l’on suit la pensée médiévale. A la limite, ce ne serait pas trahir l’esprit des
prédictions dites d’Anselme, que de dire que la lettre K désigne tout à la fois, Kaesar, Kaïnam qui
est la transcription grecque de Caïn, et Karnaïn qui est la transcription grec de l’hébreux Qarnayim
qui signifie « les deux cornes », dans la mesure ou K désigne bien comme on va le démontrer
l’Antéchrist-antipape, qui est tout à la fois une idole, un Caïn ou un criminel, et la bête à deux cornes
de l’Apocalypse, mais s’en tenir à cela serait nettement insuffisant car ce serait perdre de vue
l’essentiel, ne pas saisir pleinement le sens littéral du texte. Quant à l’interprétation d’Albert Marty,
elle est des plus fantaisiste. Il ose traduire K par Khrouchtchev et par Kennedy.
Avant de chercher tout de suite à saisir la signification de la lettre K, il faut bien analyser le
texte point par point. K désigne à n’en pas douter « l’Antéchrist-antipape » pour un nombre
considérable de raisons. Il est fait des reproches à quelqu’un qui a machiné la mort du pontife,
exactement comme Ménélas, première préfiguration de l’Antéchrist-antipape a été blâmé dans le
deuxième livre maccabéen pour avoir machiner la mort du Vrai Pontife Onias III (2 Maccabées IV
24). L’expression « comme ayant machiné la mort du Pontife » indique qu’il a voulu la mort du
Pontife, mais sans pouvoir attenter à ses jours (cf. Secret de la Salette). Mais sa culpabilité reste
inchangée puisqu’il est le premier responsable de la mort sociale du Vrai Pape, puisqu’il est le Caïn
moderne de tous les catholiques.
C’est la raison pour laquelle Anselme (appelons l’auteur de ces prédictions Anselme par
commodité) évoque « le renard » en référence à Luc XIII, 32, passage où Notre Seigneur averti
qu’Hérode veut le mettre à mort, traite ce dernier de « renard », et déclare qu’il continuera son
ministère jusqu’au temps fixé. Hérode, le meurtrier de saint Jean-Baptiste, méritait bien cette
appellation par son astuce, sa lâcheté et sa cruauté. Comme Hérode machinant la mort de Jésus,
l’Antéchrist-antipape qui est tout aussi indigne des honneurs qu’on lui rend, machine la mort du
Vrai pape. Le parallèle établi ainsi entre Jésus subissant les persécutions et le Pape, tend bien à
montrer que ce pontife dont parle Anselme est bien le Pape Martyr de la fin des temps.
D’autre part Ezéchiel XIII, 4, compare les faux prophètes à des renards dans les ruines. Ces
prophètes se croient très rusés, mais l’événement montre qu’ils se sont trompés ; par leurs faux
oracles, ils contribuent au malheur de leur peuple, comme le renard qui accélère la chute des
ruines au milieu desquelles il creuse son terrier. C’est ainsi qu’il convient de résumer la prophétie
d’Ezéchiel sur le renard. Or, qu’est-ce que nous dit Anselme ? Il fait parler Notre Seigneur contre
quelqu’un qui se croit bien malin, qui se sent protégé par son statut d’homme vénérable, ou encore,
ce qui revient au même, se sent protégé par sa barbe (« on taillera justement dans ta barbe
épaisse »), et qui parce qu’il a comme machiné la mort de la Papauté a contribué au malheur, à la
ruine de Rome. Le mot renard lui va comme un gant car il est partout établi comme dirait saint
Vincent que l’Antéchrist-antipape est le faux Prophète de l’Apocalypse, du moins selon la pensée
des médiévaux catholiques. Il n’est pas étonnant de constater par conséquent que les démons
dans les révélations au cours d’exorcisme de suisse (cf. Révélations en cours d’exorcisme, publiées
aux Ed. D.F.T.), attestant le scénario de la thèse de la survivance de Paul VI, traitent Wojtyla qu’ils
reconnaissent comme étant bien l’Antéchrist-antipape, de « renard rusé ».
Anselme en disant « on taillera justement dans ta barbe » fait référence à l’Ancien Testament
car dans le Nouveau testament, nous ne trouvons aucune allusion à la barbe. La barbe a toujours
été tenue en haute estime parmi les sémites, et en général parmi les habitant de l’Asie occidentale.
Elle est perçue par eux comme un ornement sacré, une marque de la perfection de la race
humaine, à un tel point que les arabes disent que cette perfection serait moins défigurée si, au lieu
d’avoir coupé la barbe, on avait coupé le nez, qu’il vaut mieux à la limite mourir que de subir ce
supplice de la barbe coupée. « Tailler dans la barbe » de quelqu’un, en tout ou en partie, était lui
faire l’affront le plus sanglant (II Esdras XXIII, 25). David considère comme un cruel outrage l’injure
que les Ammonites avaient faite aux ambassadeurs qu’il leur avait envoyés, en leur coupant la
moitié de la barbe ; ces ambassadeurs restent cachés à Jérico, sans oser se montrer, jusqu’à ce que
leur barbe soit repoussée (II Reg. X, 2-5 & I Par. XIX, 2-5). Une guerre entre les Israëlites et les
Ammonites fut la conséquence de cette insulte. A la lumière de ces explications, « on taillera dans
ta barbe épaisse » signifie que l’Antéchrist-antipape va subir de la part de Dieu une marque
d’infamie, un châtiment pire que la mort, et qu’il sera démasqué à l’heure fixée par Dieu (par le
retour du Vrai Pape probablement).
L’expression « Prends garde que la poussière ne devienne un opprobre » est une référence
encore à Ezéchiel XXIV, qui accuse Jérusalem comme Anselme accuse la seconde Jérusalem
terrestre, Rome. Accusant Jérusalem, Ezéchiel dit à son sujet qu’elle a versé le sang sur la roche
nue, et non sur la terre pour le recouvrir de poussière. Ezéchiel veut signifier par-là que les crimes
de Jérusalem ont été commis impudemment, au grand jour, et que les traces en sont visibles. Dans
un sens similaire à celui-ci, Anselme signifie par-là que la Rome apostate en revanche a pris soin de
recouvrir le sang de ces victimes par de la poussière, mais qu’il se pourrait bien que cet acte soit
découvert, que la poussière qui sert à recouvrir le crime, ne fasse pas l’effet demandé et contribue
à l’accuser davantage.
L’expression « Prends garde, toi qui contemples les choses saintes et les porte sur ton
épaule » est une référence aux fils de Caath. Caath peut s’écrire aussi Kaath, la Septante utilise la
lettre K pour signifier Caath, et c’est par ce passage là qu’Anselme nous livre la clé permettant de
saisir le sens caché de K. Il faut savoir que dans l’Ancienne Alliance les fils de Caath étaient toujours
placés, par l’ordre du Seigneur, immédiatement après les prêtres, leurs frères, et avant les autres
Lévites. Ils reçurent la mission de porter, pendant les marches, le mobilier du tabernacle. Toutefois,
les vases, les ustensiles et les diverses pièces de ce mobilier devaient être préalablement
enveloppés avec le plus grand soin dans des couvertures par des prêtres, et il était défendu aux
Caathites, sous peine de mort, soit de toucher directement leur sacré fardeau, soit de regarder et
de voir à découvert ces différents objets, avant qu’on les eût enveloppés (Num. IV, 4-20). Les objets
dont le transport revenait aux Caathites étaient l’arche d’alliance, la table des pains de proposition
avec ces pains, les encensoirs, les mortiers et les coupes pour les libations, le chandelier à sept
branches avec ses lampes et tous les accessoires, l’autel d’or des parfum, et tous les vases du
sanctuaire, enfin l’autel des holocaustes, ainsi que les brasiers et tous les vases ou ustensiles
employés dans les sacrifices. A cela s’ajoute sans doute le bassin d’airain. Les Caatthites
contrairement aux Gersonites et aux Mérarites qui pouvaient utiliser des bœufs pour transporter la
charpente du tabernacle, les tentures, les couvertures, etc., ne reçurent ni chars ni bœufs, parce
qu’ils devaient porter eux-mêmes sur leur épaules leur part de bagage sacré, et cela à cause de la
sainteté plus grande de leur fardeau (Num. VII, 1-9). En résumé, les Caathites n’avaient pas le droit
sous peine de mort de contempler les choses saintes et devaient porter les choses saintes sur
leurs épaules.
Par conséquent quand il est dit de l’Antéchrist-antipape qu’il « contemple les choses
saintes », cela signifie contrairement à ce que l’on pourrait penser, qu’il prend un malin plaisir à faire
ce que la Loi divine lui interdit de faire, qu’il n’a aucun respect pour toutes les choses les plus
sacrées de l’Église, à commencer par le saint sacrement, qu’il passe son temps à provoquer le
Seigneur, et qu’il n’a nullement la crainte de Dieu. Et pour cause, répétons-le encore une fois (pour
que notre lecteur comprenne bien ce que nous pensons de Wojtyla dit « Jean-Paul II »), l’Antéchrist-
antipape a pour dieu non pas Notre Seigneur mais Lucifer, il hait le christianisme plus que tout, et
foule aux pieds tous les jours le Dieu des chrétiens, veut brûler tout ce que nous adorons, c’est une
ordure de la pire espèce, un être possédé par Satan. Rappelons-nous ces paroles de Slowacki, « le
Satan de la poésie », polonais du XIXème siècle dont nous avons analysé précédemment la pensée,
au sujet « du pape slave » : « lui - le pape slave- ne fuira pas devant le glaive (du Dieu des
chrétiens), il se présentera avec courage comme le Seigneur (Lucifer) ».
Et quand il est dit qu’il « porte les choses saintes », cela signifie, que l’Antéchrist-antipape
aura à sa merci tous les trésors de l’Église, à savoir les murs de l’Église, à savoir toute l’église
officielle romaine, les sacrements, les objets du culte de l’Église, les sanctuaires de l’Église, et enfin
toutes les brebis de Notre Seigneur, où presque toutes. Tout ce que l’Église a de plus précieux sera
l’objet de sa tyrannie, de son machiavélisme. On comprend la raison maintenant des menaces, et
de la Colère de Dieu : « Prends garde, on taillera dans ta Barbe, tu sera extrêmement blâmé », et
puis enfin, « Malheur à toi, ô Ville aux sept collines, quand la lettre K, c’est à dire quand ce chien
d’Antipape qui vient vomir sur ce que j’ai de plus sacré, qui foule aux pieds tous mes
commandements en ne cessant de me provoquer, qui détruit ce que Mon Église a de plus sacré,
qui m’arrachent mes enfants pour les jeter à Satan, sera louangé dans tes murs. Alors, approchera
la chute et la ruine de tes préposés qui jugent injustement ».
Une fois le problème de la lettre K élucidé, tout s’éclaire. Et si tous les commentateurs de ces
prédictions, du moins ceux que nous connaissons, ont échoué quant à déterminer rationnellement
le sens de la lettre K, c’est tout simplement parce qu’ils ne font pas l’effort de rechercher le
raisonnement qui a fait naître la prédiction, et n’ont même pas l’initiative d’ouvrir leur Bible.
En effet, il n’est pas nécessaire d’être un grand théologien pour comprendre ce qui suit.
« Celui qui a les doigts armées de la faucille », celui qui est « la faux de la dévastation », c’est
malgré les apparences, Notre Seigneur Jésus-Christ, en référence à Apoc. XIV, 14-16, 17-19, où saint
Jean à Pathmos voit quelqu’un semblable au Fils de l’homme ayant à la main une faux tranchante
(falcem acutam), qui lui sert à moissonner la terre. Saint jean voit un autre ange ayant le même
instrument, avec lequel « il vendange la vigne de la terre ». La faux est ici le symbole de la
puissance de Dieu (position partagée par S. Grégoire le Grand, Mor. in Job, XXXIII, 11, T. LXXVI, col.
685), jugeant à la fin des temps les hommes, figurés par le blé et les raisins mûrs. Pour comprendre
« Et dans G. V., Ysatios, éteindra cette engeance », il faut tout simplement poursuivre sa lecture de
la Bible dans le sens indiqué par Anselme : « Et ce qui avait été vendangé tomba dans le grand lac
de la Colère de Dieu » c’est dire en enfer, « et le lac fut foulé aux pied hors de la cité de Dieu »,
(Apoc. XIV, 20) ce qui signifie que cette engeance que sont l’Antéchrist-antipape et ses sbires sera
mise sous l’oppression d’un remords et d’une souffrance éternels, elle ne pourra plus nuire aux
justes, elle sera foulée aux pieds en enfer.
« Jean vit en grâce » concerne le pouvoir spirituel, traditionnellement dévolu à l’Église, qui est
une auctoritas, le pouvoir plénier et la puissance fondatrice. Plus précisément, cela signifie que la
papauté sous le règne de l’Antéchrist-antipape vivra en grâce, comme saint Jean, c’est à dire sera
arrêtée, conduit devant la Rome païenne, traduit en jugement, condamnée à être jeté dans une
cuve d’huile bouillante, pour en sortir contre toute attente, plus sainte qu’avant, et dans l’exil (thèse
de la survivance), d’où précisément le nom du Vrai Pape Jo. Jo est le diminutif de Joannes (Jean
signifiant étymologiquement « Dieu pardonne », « Dieu dispense ses bienfaits. »), comme il est le
diminutif de Job ou Jobus, qui après avoir perdu tous ses biens sauf la vie est rétabli dans ses
biens.Et Johanan (Jean en hébreux) est la forme développée de Onias, ou encore comme le déclare
Jean starcky, « Onias est une forme abrégée de Johanan. » (cf. Les Livres Maccabéens, Ed. Du Cerf
Paris, 1961, p.233), Onias désignant essentiellement ici le Pontife Martyr de l’Ancienne Alliance veut
également dire « navire » (de « onia », le navire, de « oni » ma force), le navire symbolisant dans la
pensée chrétienne l’Eglise. (cf.Dictionnaire des noms propres de la Bible, Cerf, Paris, 1996,p.347)
Obi. de obitus signifie « disparition, trépas, éclipse » : « Constantin est pauvre » désigne le pouvoir
temporel qui est lui une simple potestas, pouvoir de fait et administration des choses et des
personnes. Plus précisément, cela signifie que celui qui pourrait décider du triomphe de l’Église,
comme Constantin, à savoir le Roy de France, est pauvre, c’est à dire n’a pas les moyens de
protéger les fidèles des persécutions.
Ce que dit Albert Marty au sujet de la seconde illustration mérite que l’on s’y arrête : Voici la
description qu’il en donne : « Dans le manuscrit, c’est une sorte de chapelle ogivale. De ses
fenêtres, des mains sortent et se rejoignent partout dans les airs. Geste qui rappelle l’attouchement
maçonnique (...) fraternité des religions, religion du genre humain... ». Elle a dans le texte médiéval
pour devise : « la puissance. Ce sera l’unité ». Et Marty commente, il s’agit « d’une unité inconnue,
bien entendu, de la République chrétienne sous la houlette de Pierre », et reprend ce commentaire
de Roget Duquet : « L’Église est figurée par cette cathédrale ou cette chapelle ; et les mains qui se
cherchent ou se serrent alentour sont le symbole du retour des schismatiques, hérétiques, etc. Bref,
la réconciliation générale des écoles et des tendances au sein du catholicisme : Ut fiet unum ovile
et unus Pastor ».
Tout porte à penser en effet que cette illustration désigne bien l’église officielle romaine qui
aura perdu la foi et qui réunira en son sein les catholiques hypocrites ou pseudo-catholiques avec
les hérétiques et les païens. Que cette église-là se caractérise par un tel oecuménisme, c’est
d’ailleurs la pensée de ce Père de l’Église qu’est Césaire d’Arles (470-543). Que les prédictions dites
d’Anselme s’inscrivent à ce sujet dans le sillage prophétique des Pères de l’Église n’a rien
d’étonnant, dans la mesure où les médiévaux catholiques sont des lecteurs des Pères de l’Église et
se sont servis de l’herméneutique patristique pour atteindre le sens mystique des saintes Écritures.
En fait, ils ont repris la pensée des Pères là où elle s’était arrêtée, pour poursuivre les
conséquences logiques de leur raisonnement, et à partir de leur science qui inclue l’exégèse des
Pères de l’Église, ils ont élaboré des prédictions avec une rigueur et une connaissance de
l’herméneutique sacrée absolument remarquable, privilégiant toujours la raison éclairée par la Foi :
« L’exégèse médiévale prolonge tout naturellement l’exégèse des Pères. (...) Les occidentaux
privilégient les éléments « rationnels » (dont l’allégorie, démarche herméneutique consciente de
l’écart entre le texte et le commentaire), mais insistent sur l’importance de l’interprétation
« spirituelle » ou « mystique ». Les auteurs du Moyen Age ne cessent de se réclamer des Pères,
dont l’interprétation fait autorité ; ils se situent par rapport à elle, pour s’y rallier ou la contredire »
(Dictionnaire encyclopédique du Moyen Age, sous la direction d’André Vauchez,, Ed. du Cerf, Paris,
p. 565, cf. à ce sujet, supplément au dictionnaire de la Bible publié par Vigouroux, Paris Ed.
Letouzey et Ané, 1912, T. III, la longue étude de P. Cruveilhier sur « l’Herméneutique sacrée »).
Voici donc ce qu’enseigne saint Césaire d’Arles en s’appuyant ici uniquement sur le sens
mystique de l’Apocalypse : La bête de la terre dans Apoc. XIII est « celle qui, chrétienne (c’est à
dire catholique, car seul un catholique peut être dit chrétien, les hérétiques n’étant pas des croyants
mais des infidèles rejetant la véritable Foi, le Vrai Credo) seulement par le nom, présente l’agneau
pour répandre secrètement les poisons du dragon, c’est l’Église hérétique (sous entendu de la fin
des temps, cette fausse église d’un genre nouveau qui réussira à se faire passer pour la Sainte
Église des Papes, mais qui n’aura en fait plus d’autorité apostolique, car étant placée sous l’autorité
d’un hérétique se faisant passé pour pape) ; en effet, elle n’imiterait pas la ressemblance de
l’agneau, si elle parlait ouvertement. Elle feint maintenant l’esprit chrétien (entendre ici
nécessairement, l’esprit catholique), afin de tromper plus sûrement les imprudents ; c’est pour
cela que le Seigneur a dit : « Méfiez-vous des faux prophètes » (Mt. VII, 15), et le reste (c’est à dire
que les faux prophètes dans le discours eschatologique de Jésus désignent surtout non pas des
hérétiques qui se disent opposés à l’Église Catholique des papes, mais ceux qui au contraire s’en
réclament et suivent le faux prophète de l’Apocalypse installé sur le Siège de Pierre à la fin des
temps) » (L’Apocalypse expliqué par Césaire d’Arles, Desclée de Brouwer, Paris, 1989, p. 102).
« Il ne répugne pas à la foi que cette bête (s’élevant de la terre, Apoc. 13-14) représente la
ville impie, continue saint Césaire d’Arles, c’est à dire le rassemblement ou la conspiration de tous
les impies ou orgueilleux qui s’appelle Babylone et s’interprète confusion, et à laquelle
appartiennent tous ceux qui auront voulu faire des actions dignes de confusion : c’est le peuple
des infidèles à la cité de Dieu. MAIS SON IMAGE, SA FAUSSE RESSEMBLANCE, EST DANS CES
HOMMES ASSUREMENT QUI FONT SEMBLANT DE PROFESSER LA FOI CATHOLIQUE ET QUI
VIVENT EN INFIDELES ; ils feignent en effet d’être ce qu’ils ne sont pas, et sont appelés
chrétiens non par la véritable figure mais par une image trompeuse ; ce sont eux dont l’Apôtre
dit : « ayant l’apparence de la piété, mais en rejetant la réalité » (2 Tm, 3, 5). Il n’y a pas qu’un petit
nombre au sein de l’Église catholique » (Ibid., p. 103-104).
Puis ce Père de l’Église en se référant à Apoc. 16-17, poursuit : « (...) lorsque saint Jean a dit :
« Il les a rassemblés dans un lieu appelé Armagedon », il a voulu représenter tous les ennemis de
l’Église. Il poursuit en disant : « ils entourèrent le camps des saints et la ville sainte et bien
aimée », c’est à dire l’Église. Puis il y eu des tonnerres, et un grand tremblement de terre, et cette
grande ville (entendre l’Église officielle romaine par conséquent) fut divisée en trois parties ; la
grande ville représente absolument tout le peuple, une partie est celle des païens, une autre
celles des hérétiques, et la troisième celle des chrétiens dans laquelle il y a aussi des hypocrites.
Lorsque du sein de cette troisième partie les bons auront été mis à part (c’est à dire lorsque les
catholiques fidèles auront été rejetés hors de l’Église officielle romaine, ou se seront coupés d’elle),
alors ceux qui, dans l’Église, sont hypocrites (entendre les pseudo-catholiques qui aspirent au
pseudo-prophète de l’Apocalypse installé sur le siège de Pierre, ce siège ayant été vidé du Vrai
Pape), après avoir été réunis aux deux autres parties (c’est à dire les païens et les hérétiques : on
est en plein oecuménisme, car les pseudo-catholiques ouvrent les portes de l’église officielle
romaine aux hérétiques et aux païens, pour être réunis avec eux), recevront le jugement de Dieu.
(...) Alors en effet Babylone tombe (la réunion des pseudo-catholiques avec les hérétiques et les
païens au sein de l’église officielle romaine, fait donc de cette église une nouvelle Babylone)
lorsque les méchants (et ici en l’occurrence les pseudo-catholiques, les hérétiques, et les païens
réunis en une seule église, l’église officielle romaine) reçoivent le pouvoir de persécuter les bons
qui appartiennent à l’Église (c’est à dire reçoivent le pouvoir de persécuter les catholiques fidèles
qui refusent de s’associer avec eux pour rester dans la véritable Église des papes) » (Ibid., p. 119-
120).
Dans le même sens, saint Antoine du Désert dès le IV ème siècle, autre Père de l’Église,
explique comment les pseudo-catholiques vont faire rentrer les hérétiques et les païens dans la
ville, c’est à dire dans l’Église (officielle romaine) : « Les hommes se livreront à l’esprit de leur
siècle. Ils diront que s’ils avaient vécu à notre époque, la Foi serait simple et facile. Mais à leur
époque, diront-ils, les choses sont complexes ; L’ÉGLISE DOIT ÊTRE MISE A JOUR ET ADAPTEE
AUX PROBLEMES DU JOUR. QUAND L’ÉGLISE ET LE MONDE NE SERONT QU’UN (c’est à dire
lorsque l’église officielle romaine s’ouvrira aux hérétiques et aux païens), alors ces jours (des
grandes tribulations dernières) seront proches. Car notre Divin Maître a placé une barrière entre
Ses choses et les choses du monde » (Saint Antoine du désert, Traité CXIV, cité par Voice of
Fatima, Australie, 23 janvier 1968, reprise dans Tu es Pierre de Catherine st. Pierre, op. cit., p. 339).
Comme le dit ici si bien Catherine st Pierre, ce que prophétise Antoine du Désert, c’est vraiment
l’aggiornamento malsain de Vatican II (aggiornamento est un terme forgé par Jean XXIII qui signifie
adaptation au monde d’aujourd’hui, c’est l’un des points principaux du programme de Vatican II,
disant que l’Église doit aller au monde en lui témoignant sa bienveillance voire son approbation :
« L’Église prendra (...) les orientations dictées par les besoins d’une époque, et elle deviendra de
plus en plus semblable au monde ».
Ce passage de saint Antoine du Désert, selon nous, se fonde dans le sens mystique de
l’Apocalypse, comme le montre les « prédictions de saint Césaire d’Arles » (on peut parler de
prédictions ici car ce Père de l’Église montre ce que deviendra à la fin des temps l’église officielle
romaine, annonce l’oecuménisme de la fin des temps). Sur l’église officielle romaine qui a perdu la
foi et qui voudra s’unir aux hérétiques et aux païens, les prédictions admirables de précisions de
Catherine Emmerich, s’inscrivent bien dans la perspective dégagée par les Pères de l’Église : « je
vis (...) des ecclésiastiques mondains et des protestants éclairés manifester des désirs et former
un plan pour la fusion des confessions religieuses (...) et ce plan avait, à Rome même, des
fauteurs parmi les prélats ! (...) Ils bâtissaient une grande église, étrange, extravagante ; tout le
monde devait y rentrer pour s’y unir et y posséder les mêmes droits ; évangéliques, sectes de
toutes espèces » (cf. Raoul Auclair, Prophéties de Catherine Emmerich pour notre temps, Nouvelles
Ed. Latines, Paris, 1974, p. 118-119).
Tout porte donc à penser que l’Antéchrist-antipape est par définition (puisqu’il est à la tête de
cette « fausse église » de la fin des temps qui se fait passer pour la Sainte Église des Papes), un
oecuméniste, un partisan de l’ouverture non seulement aux juifs déicides comme on l’a vu avec
Barthélemy Holzhauser disant que cet antipape s’attirera la sympathie des juifs déicides en leur
ouvrant ses bras, mais aussi un partisan de l’ouverture à tous les hérétiques, et à tous les païens.
L’oecuménisme était également partagé par Ménélas, le second pseudo-pontife de la crise
Macchabéenne qui a machiné la mort du Vrai Pontife Onias III, et qui comme on va le voir dans
notre dernier chapitre va se révéler être la plus grande préfiguration de
l’Antéchrist-antipape : « tels les enfants incorruptibles de la nature, prônés par la théorie grecque,
les « fils de l’Acra », à savoir Ménélas et ses partisans (...) s’assemblaient autour de l’autel (un faux
autel bien évidemment se faisant passer pour l’autel de Dieu, ajoutons-nous) à ciel ouvert sur le
mont Sion. Ils se sentaient libérés du joug de la Loi et DANS UNE UNION TOLÉRANTE AVEC LES
GENTILS. QUOI DE PLUS HUMAIN ET DE PLUS NATUREL QUE D’IMPOSER CETTE TOLÉRANCE A
CEUX DE LEUR CORELIGIONNAIRES ENCORE PLONGÉS DANS L’OBSCURANTISME, C’EST CELA
LA PERSÉCUTION D’EPIPHANE (cf. André Lacocque, Daniel et son temps, Labor et Fides Editeurs,
Genève, 1983, p.37,c’est à dire que ce qui caractérise Antiochus IV dit « Epiphane » et son faux
prophète Ménélas, c’est d’avoir réussi à imposer l’oecuménisme dans la Synagogue pendant
plusieurs années, et d’avoir persécuté les juifs fidèles qui n’en voulaient pour rien au monde et qui
observaient au contraire le séparatisme entre eux et les païens. C’est là encore une fois une vérité
qui accable la politique de Wojtyla, et qui indique Wojtyla dit « Jean Paul II » comme étant bien
l’Antéchrist- antipape. Cf sur l’oecuménisme de « Jean-Paul II » l’ouvrage de l’abbé Le Roux Pierre
m’aimes tu, Ed. Fideliter, 1988, p. 35-46, 87-150 ; et l’ouvrage de Wigand Siebel Philosophie et
Théologie de Karol Wojtyla, SAKA, Bâle, 1988, ch. V, XV).
A la lumière de tout ce que nous venons de dire, il est désormais possible de mieux fixer le
sens mystique des devises se trouvant dans les prédictions dites de Malachie publiées sous le
nom de Lignum vitae en 1595 par le religieux bénédictin Arnold de Wion. Nous nous limiterons ici
essentiellement aux devises qui selon nous concernent le Vrai Pape Martyr de la fin de Temps et
l’Antipapauté antéchristique. Comme dans les Vaticinia de summis pontificibus, l’auteur de ces
prédictions utilise l’expression pastor angélicus à la fin pour dire que c’est à partir du pape de cette
devise pastor angélicus (devise qui tombe sur Pie XII ) que la série des papes angéliques
commence. Les papes angéliques par définition dans la pensée médiévale sont des papes qui
d’après les Vaticinia auront à affronter l’apostasie au sein du clergé, et qui, pour ce faire, devront
bénéficier d’une assistance spéciale des anges pour échapper aux griffes du corps antéchristique
qui pénétrera à grands pas au sein des murs de l’église officielle romaine dès l’ouverture de la
série. Les Vaticinia laissent entendre que dans cette série il y aura des papes obligés de vivre
comme dans les tous premiers temps apostoliques, c’est à dire obligés de vivre en ermites
dépouillés de tous biens, suite aux persécutions que la Papauté subira de la part de l’antipapauté
antéchristique, en raison du fait que le Pape ne pourra plus vivre dans sa maison, celle-ci étant
investie par l’ennemi, contraint en quelque sorte à vivre comme un banni.
Nécessairement, la notion de Pape Martyr de la fin des temps étant fermement ancrée dans
la pensée médiévale, le Pape Martyr faisant partie de la série des papes martyrs selon la Tradition,
sa devise est à chercher à partir de la devise pastor angélicus jusqu’à la dernière devise De Gloria
Olivae. Il serait même à situer vers le début de la série, si les prédictions dites de Malachie se sont
construites sur le modèle des Vaticinia. Cette devise relative au Pape Martyr est facile à trouver si
comme on l’a dit précédemment, on se donne la peine de chercher à reconstituer le raisonnement
de l’auteur des prédictions, à partir du sens mystique des Saintes Écritures.
Le Pape Martyr est nécessairement celui de la devise Flos Florum (la fleur des fleurs : devise
qui tombe sur Paul VI ). En effet, la fleur des fleurs pour un médiéval catholique, c’est la fleur
emblématique de la royauté française, et ceci en raison du lien qui rattache la Royauté française à
la royauté davidique. En effet, l’Ancien Testament compare Israël qui se multiplie et refleurit après
l’exil au « sôsan », au « lys » (Osée XIV, 6) et le nouveau Testament, rapportant les paroles de Notre
Seigneur fait le lien entre « sôsan », l’emblème de la Royauté française et Salomon, c’est à dire la
royauté davidique (Matthieu VI 38-39), ce qui laisse entendre que le Vrai Pape, comme les rois de
France, a du sang juif.(ce qui est le cas de Paul VI). Arrivé à ce terme de la réflexion, on n’a fait
cependant que le tiers du chemin car l’essentiel reste à dire. L’aspect essentiel, incontournable,
c’est que « sôsan » ou « Sosannah », c’est l’équivalent de notre traduction « Suzanne ». Et que
Suzanne dans l’Antiquité chrétienne, c’est à dire l’héroïne persécutée par deux vieillards dans le
midrach du chapitre XIII du livre de Daniel, était regardée comme « la figure de l’Église, persécutée
par les juifs déicides et les païens représentant les deux vieillards » (cf. Histoire sainte, Ed. Fideliter,
p. 225). De là, il faut en déduire nécessairement que la devise Flos Florum désigne le Pape Martyr
qui est la meilleure image de l’Église persécutée, après Notre Seigneur Jésus Christ. Cela signifie
également que Rome sous le règne de Flos Florum sera investie par les juifs déicides et les païens,
les pseudo-catholiques, s’unissant avec eux dans cette église babylonienne de l’Antéchrist-
antipape, pour persécuter la Véritable Église. Cela est certes évident après lecture de notre étude,
mais tous les commentateurs du Lignum Vitae, à notre connaissance n’ont pas vu cela comme s’ils
étaient tous atteints de cécité spirituelle.
Notons également que la notion de Fleur n’est pas seulement liée à la notion de persécution,
elle est également liée à la notion de sacrifice. En effet, la fleur de farine entrait dans les sacrifices
de l’Ancienne Alliance. Cette fleur se nommait quémah, (Genèse, XVIII, 6) ou sôlet hittîm (Exode,
XXIX,2), mais plus ordinairement sôlet tout court, que les Septantes rendent par semidalis, et la
Vulgate par simila. La Fleur de farine de froment constitue avec l’huile d’olive l’offrande ou minhâh .
(Lev.II,1,2,4,5,7, ; II Mach.I,8), ce qui semble indiquer que le personnage désigné par la devise De
gloria olivae , c’est à dire De la gloire de l’olivier, est le successeur véritable de Flos Florum, un vrai
pape qui sera offert en sacrifice pour le salut des âmes, un pape destiné également au martyr.
Cette analyse que nous faisons confirme sous l’angle de l’herméneutique sacrée la position
de Boanergès faisant de De gloria olivae , le successeur de Flos Florum , le pape qui « consommera
la mort mystique de l’Eglise sous l’Antéchrist-personne. »et sous le pontificat duquel sortiront selon
l’auteur du Lignum Vitae, Enoch et Elie, « les deux oliviers et les deux chandeliers » (Apo. XI,4) ou
encore les deux témoins de l’Apocalypse, qui affronteront l’Antéchrist-personne (Boanergès,
l’Extraordinaire secret de la Salette, Ed.DFT,1988,p.247-252).Tout porte à penser ainsi que De gloria
olivae est un pape angélique c’est à dire un pape dépouillé de tout bien, en dehors de l’église
officielle romaine devenue apostate, et condamné à vivre en ermite comme dans les premiers
temps apostoliques.En effet, de même que Simon II, le souverain pontife de l’Ancienne Alliance,
père d’Onias III, est comparé à un olivier chargé de fruits (en opposition avec le méchant comparé
à un olivier dont les fleurs tombent prématurément sans produire de fruits, Job XV,33), de même le
pape qui deviendra martyr , après Flos Florum, est comparé par les prédictions dites de Malachie à
un olivier, glorieux parce qu’il s’agira d’un vrai pape donnant du fruit (par son martyr, « le martyr
étant semence de chrétiens »). Tout porte à penser que ce pape comme Flos Florum aura du sang
juif, est sera frappé par l’ennemi, Judas étant comme un bel olivier, chargé de fruits, mais que le feu
de la foudre a consommé. (Jérémie XI, 16), sera un grand saint, car Jésus et Zorobabel sont comme
deux rameaux d’olivier. (Zach.IV,3,11-13), un martyr , car les deux témoins de l’Apocalypse sont
comme deux oliviers. Tout porte à penser que la mort (physique) de ce pape permettra à
l’Antéchrist-personne de monter à son zénith, mais annonce du même coup le retour du Christ, le
règne social de Notre Seigneur, la fin du déluge de feu châtiant l’humanité apostate, l’olivier étant
un symbole de prospérité (Ps.LII-LI-,8 ; Is.XLI,19),un emblème de protection pacifique (II
Mach.XIV,4), le rameau vert d’olivier rapporté par la colombe de Noé indiquant que les eaux du
déluge se sont retirées des terres innondées.
Cela dit, revenons à Flos Florum qui est à rattacher également avec la fleur de farine. Cette
fleur s’offrait de deux façons, ou bien simplement en répandant dessus de l’huile et de l’encens
(Lev.II,2 ; Num.XV,4-9,12) ou bien en faisant une espèce de gâteau pétri avec l’huile sans levain, ou
arrosé avec l’huile et cuit au four.(Lev.II,4-7 ;VII,12) Cette offrande, faite de l’une ou l’autre façon,
était brûlée sur l’autel. (Lev.VI,15,20-22). L’oblation de fleur de farine, et en proportions
déterminées, accompagnait certains sacrifices sanglants. (Exode XXIX,2,40, Lev.XXIV ,10,21). Pour
les plus pauvres, l’offrande de fleur de farine remplaçait le sacrifice d’une brebis ou de deux
tourterelles. (Lev.V,11). Le jour de la dédicace de l’autel, les tribus d’Israël vinrent en la personne de
leurs chefs offrir au Seigneur des présents dont la fleur de farine (Num.,VII,13,19,25,etc.) On
conservait cette fleur dans les dépendances du temple pour les sacrifices, et les lévites étaient
chargés de vieiller à la garde de la fleur de farine comme les autres offrandes mises en réserve.
Tout indique par conséquent, que Flos Florum dans l’esprit de celui qui a rédigé les
prédictions dites de Malachie, est bien le Pape Martyr de la Tradition Prophétique médiévale dont
Notre Dame de la Salette nous dit que son sacrifice sera agréé par Elle : « Je serai avec lui jusqu’à
la fin pour agréer son sacrifice. », et tout indique que l’avènement du vrai pape sur lequel tombe la
devise De gloria olivae, en raison du mot gloria, coïncide avec le redressement du souverain
pontificat représenté par l’olivier dans l’Ancien Testament, tant il est vrai que cet avènement doit
nécessairement succéder de peu à la résurrection de la papauté, c’est à dire au retour miraculeux
du Pape Martyr Flos Florum que le monde croit décédé.
Si le sens réel de la devise Flos Florum échappe à la presque totalité des commentateurs, en
revanche, le sens de la devise de labore solis a été perçu par un plus grand nombre. Il est évident
puisque Flos Florum désigne le Pape Martyr de la Tradition Prophétique médiévale, que De Labore
Solis (devise qui tombe sur Wojtyla dit « Jean-Paul II ») désigne l’Antéchrist-antipape, ce dernier
venant comme on l’a expliqué en deuxième position sur le siège de Pierre après Flos Florum,
exactement comme Ménélas la plus grande préfiguration de l’Antéchrist-antipape vient en
deuxième position sur la chaire d’Aaron après le Vrai pontife Onias III. Cette devise a été établie en
référence à Apoc. VI, 12 (et Ecclésiaste XII, 2, Isaïe XIII, 10, 24, 23, Ezéchiel XXXII, 7, Joël II, 10, III, 4,
IV, 15, Matt. XXIV, 29, Act. II, 20), le soleil désignant au sens spirituel du terme le Christ (cf. de
Monléon, le sens mystique de l’Apocalypse, op. cit., p.111), ce qui signifie que le Soleil sous le règne
de De Labore Solis sera outragé de mille façons, semblera se retirer de la terre, « tandis que, nous
dit, Monléon, l’Antéchrist multipliera ses prodiges ». Et effectivement, c’est ce qui se passe avec
Flos Florum éclipsé, la sainte Église étant éclipsée sous le règne du pire des antipapes de l’histoire.
Il est absolument désolant de voir Catherine st Pierre (Ibid, p. 105-106) dire que cette devise
concerne à la fois la véritable papauté et la fausse, sous le prétexte fallacieux que De labore solis
signifierait du travail du soleil, traduction absolument ridicule si par le mot travail on ne veut pas
voir l’idée de torture.Un catholique médiéval reste toujours fidèle au principe de non contradiction,
à la logique d’Aristote. Si une chose peut signifier le tout et son contraire où va-t-on ? Ce n’est pas
la peine de prophétiser !
Or contre tout bon sens, Catherine St Pierre tient absolument à faire de De labore solis, un
vrai pape, « un pontificat de souffrance, d’effort, de travail acharné (pour le salut des âmes), mais
aussi un pontificat de lumière, et finalement de triomphe pour Dieu. » qui selon elle désignerait son
pape Grégoire XVII.(Catherine St Pierre, Tu es Pierre, Ed. Magnificat, Saint Jovite, Québec, 1994,
p.106) Par ailleurs, Catherine St Pierre reconnaît que De Labore Solis signifie De l’Eclipse du soleil.
Elle comprend le lien de cette devise avec le sens mystique de ce verset de L’Apocalypse, « ... Le
soleil devint noir comme un sac de poil, la lune devint comme du sang » (Apo. VI 12),ce qui poursuit
Catherine St Pierre , correspond aux devises de la prophétie de Malachie De medietate lunae et
De labore Solis.(Ibid.p.108). Et Catherine St Pierre comprend que la devise De Labore Solis est
mise en place pour désigner l’avènement de l’antipapauté antéchristique, pour indiquer que sous le
règne de De labore solis , « le soleil qui est le Christ ou son vicaire est, en effet, momentanément
éclipsé, comme l’est l’Eglise », par une antipapauté redoutable. (Ibid.p.106). La devise De labore
solis indiquerait par conséquent l’idée d’un Vrai Pape éclipsé par une antipapauté. A tout
considérer, Catherine St Pierre prend le parti que De labore solis désigne le Vrai Pape Martyr
persécuté par l’Antipapauté antéchristique, mais cela se fait au prix d’une interprétation tirée par
les cheveux : De medietate lunae désignerait non pas un seul antipape , mais une multitude
d’antipapes, éclipsant le Vrai Pape, que serait De labore solis( avec Flos Florum) alors que chaque
devise correspondait précédemment à un seul personnage, pape ou antipape, et non pas à une
série d’antipapes ou de papes.
(« L’origine du mot travail renvoie au latin tri-palium qui désignait un instrument de trois pieux
destiné à maintenir les boeufs ou les chevaux difficiles pour les ferrer. Le substantif travailleor qui
en sort directement signifie d’abord non pas artisan, ouvrier, mais bourreau, tourmentateur. » cf.
court traité de philosophie, par D. Huisman et A. Vergez, Ed. Fernand Nathan, Paris, p.375 .De labore
solis peut par conséquent dans ce sens là seulement être à la limite traduit par « travail du soleil »
pour désigner celui qui torture le soleil, qui se fait le bourreau de tout juste transmettant la lumière
du Christ.)
De medietate lunae , devise qui vient après Flos Florum, et avant De labore solis dans le
Lignum vitae, est traduit unanimement en revanche par « de la moitié de la lune ».(devise qui
tombe sur Luciani dit « Jean-Paul I » Pour comprendre le sens de cette expression , puisque le
Lignum vitae paru en 1595 prétend que les dites prédictions dites de saint Malachie viennent du
XII ème siècle, et puisque l’analyse historico-critique porte à penser que ces prédictions sont bien
antérieures au XVI ème siècle, il faut donc se référer en priorité à la pensée médiévale.(cf. R. Auclair,
La Prophétie des papes, Nlles Ed. Latines, 1969, p.7; sur l’authenticité historique des prédictions, cf.
notamment les arguments d’Eric Muraise contre l’hypothèse du Père Ménestrier, dans Histoire et
légende du grand monarque, Ed. Albin Michel, Paris, 1975, p.29-30. Le Père Jésuite Ménestrier
avança au XVII ème siècle, l’idée intéressante à première vue mais tout à fait infondée et farfelue du
point de vue exégétique, que ces prédictions étaient une invention du XVI ème siècle pour
soutenir la candidature du cardinal Simoncelli au conclave de 1590)
Dans sa vingtième conférence sur Les six jours de la création (publiée par les Ed.
Desclée/Cerf en 1991), saint Bonaventure nous livre le sens mystique du mot lune dans la Tradition
Prophétique médiévale. La lune au sens mystique du terme désigne l’église militante : « On
compare l’Eglise militante à la lune pour son reflet un peu obscur ou symbolique, pour son reflet
excessif ou extatique et pour son reflet (successif ou) ordonné. » (Ibid. P.433), et dans sa vingt-
deuxième conférence, saint Bonaventure nous dit : « De même que la lune est fille du soleil et en
reçoit la lumière, ainsi, en est-il de l’Eglise militante par rapport à la Jérusalem d’en haut. »
(Ibid.p.467).Le temps de « la pleine lune » désigne selon saint Bonaventure, un temps à venir qui
correspond à « l’ouverture des Ecritures » (en référence à Apo. V 5), c’est à dire un temps où
« notre Lion de Judas se lèvera et ouvrira le Livre, quand seront consommées les passions du
Christ, celles que pâtit actuellement le corps du Christ. » (Ibid.p.434) Et Bonaventure poursuit
immédiatement par ce qui suit : « il faut en effet, que se lève Hérode, sous le règne duquel le Christ
est tourné en dérision et Pierre est incarcéré. » (Ibid.p.434)
Il convient de déduire de cela, que De mediatate lunae le temps de la demi-lune, correspond
en revanche au temps de la passion de l’Eglise où le Pape sur les pas de Pierre est appelé à être
incarcéré et parodié par l’Antipapauté antéchristique qui comme Hérode envers le Christ, se lève
pour tourner en dérision le Vicaire du Christ.
La pensée médiévale s’inscrivant en continuité de la pensée patristique,(du moins en ce qui
concerne notre domaine) il est bon par exemple de se référer au sujet du mot « lune » à saint
Augustin. Saint Augustin également dans sa lettre CXCIX, estime que « l’Eglise est représentée par
la lune » dans le livre des Cantiques (VI 9). « Quand le soleil sera obscurci » dit saint Augustin ( c’est
à dire quand l’Antéchrist-antipape De labore solis sera régnant selon l’auteur du Ligum vitae), « et
que la lune ne donnera plus sa lumière » (c’est à dire quand l’antipape De mediatate lunae viendra,
selon le Lignum vitae) (...) « comme il est dit dans les évangiles de saint Matthieu et de saint Marc,
l’Eglise en quelque sorte ne se verra plus (au yeux du monde) ; elle sera en proie à la persécution
des impies qui, ne craignant plus rien et au comble de félicités humaines, s’en iront, répétant « la
paix et la sûreté sont avec nous. » (telle est l’attitude de l’église officielle romaine apostate
persécutant la véritable Eglise, avant d’être châtiée comme le roi babylonien Belshatsar.)Et saint
Augustin comprend que la Prophétie biblique relative à l’éclipse du soleil et de la lune concerne les
derniers temps de l’Eglise précédant le retour de Notre Seigneur Jésus Christ. (Lettres de st
Augustin, traduites en français par M. Poujoutat, Paris, Librairie liturgique catholique, 1858, p.221 à
223.)
« La lune toute entière semblable à du sang » (dans Apo. VI 12) désigne selon la pensée
patristique, « l’Eglise » qui « sera ensanglantée » par les persécutions dans les derniers temps de
l’Eglise. (cf. Monléon, Le sens mystique de l’Apocalypse, op.cit. p.112) L’épouse du Cantique (VI 9)
est proclamée « belle comme la lune », et dans l’ensemble, les pères de l’Eglise y reconnaissent ici
l’Eglise : « Selon la plus grande partie des Pères, ce chant , constate l’abbé Glaire est une très belle
allégorie de l’amour mutuel de Dieu avec son Eglise. »( cf. La Sainte Bible selon la Vulgate, Ed. DFT,
1992, p.967)
Sous l’Ancienne Alliance, il convient toutefois d’y reconnaître la Synagogue de Dieu, et il est
écrit dans le livre de l’Ecclésiastique au sujet de « Simon fils d’Onias, le Grand Prêtre »,c’est à dire
du souverain pontife Simon II (Simon II mort vers 195 av. J.C. est le père d’Onias III et de Jason,
Simon II étant une préfiguration de Pie XII selon la thèse de la survivance.), celui qui « répara la
maison du Seigneur », qui « affermit le Temple » , celui qui « prit soin du peuple en le préservant de
la chute » (c’est à dire en le préservant de l’apostasie), « qu’il était comme la lune aux jours de son
plein. » (Ecclésiastique 50,1-6).Et après Simon II, nous savons ce qui est arrivé à la lune, c’est à
dire à la Synagogue de Dieu, elle est devenue une moitié, medietate lunae , celle-ci devenant
éclipsée sous le règne du Pontife martyr Onias III, et éclipsée par un pseudo-pontificat, une
pseudo-synagogue de nature diabolique, dirigée notamment par le pseudo-pontife Ménélas. A
fortiori, il faut déduire de cela que l’Eglise est actuellement éclipsée par l’église hérétique de la
fin des temps se faisant passer pour l’Eglise des papes, et que cette éclipse a commencé dès la
venue de « Jean-Paul I », la devise De medietate lunae, tombant sur « Jean-Paul I ».
A fortiori, sous la Nouvelle Alliance, le mot lune ne peut que désigner l’Eglise de Notre
Seigneur, et il faut dire du pape, du véritable chef de l’Eglise (loin de nous de prendre ce brigand
de Wojtyla pour pape, traître comme Judas, il restera !) qu’il brille comme la lune dans la maison
du Seigneur, le Pape étant préfiguré par le souverain pontificat de l’Ancienne Alliance.
Dans les derniers temps, en effet, selon la Tradition Prophétique médiévale comme on l’a
démontré tout au long de notre étude, l’Eglise militante (La Sainte Eglise ici bas) ne sera visible qu’à
moitié, ressemblant à une demie lune, parce que d’une part le Vrai Pape ne sera plus visible,
(quoique présent comme la partie cachée de la lune), et que d’autre part, la véritable Eglise des
papes sera éclipsée par l’église hérétique de la fin des temps qui se fera passer pour la véritable
Eglise des papes, alors qu’elle sera dirigée par une antipapauté et que sa nature sera d’origine
diabolique.
En effet, le prophète Joël nous dit que la lune s’obscurcit au passage des sauterelles, à cause
des épais nuages que forment ces insectes (Joël II, 10 ; article de Lesêtre dans le Dictionnaire de la
Bible publié par F. Vigouroux, Ed. Le Touzey et Arré, Paris, 1912, p.422), et nous savons que les
sauterelles, dans ce genre littéraire qu’est l’apocalypse, (et pas seulement du point de vue
johannique) désignent les hérétiques qui s’efforcent vainement de se maintenir dans les hauteurs
« par des bons disgracieux et désordonnés comme les sauterelles, pour retomber aussitôt sur la
terre, sur leur préoccupations matérielles, et dévorer tout ce qu’ils trouvent. » (cf. Monléon, Le sens
mystique de l’Apocalypse, op. cit. p.149) Or précisément à la fin des temps, il est annoncé par la
Tradition Prophétique, l’avènement d’Hérétiques s’emparant du pouvoir de l’Eglise officielle
romaine, au point d’éclipser la véritable autorité de l’Eglise, que sont Notre Seigneur et son Vicaire.
La véritable papauté selon la pensée des catholiques médiévaux devra ainsi être obscurcie par
une fausse papauté et une multitude de catholiques apostats soutenant l’antipapauté
antéchristique, et pillant les biens de l’Eglise, comme la plaie des sauterelles ravageant la vigne du
Seigneur !
(cf. également,. les Apocalypses de Joël, III 15, verset relatif aux jugements des nations : Après
l’éclipse du soleil et l’obscurcissement de la lune, la chute des étoiles, c’est à dire après
l’apostasie du clergé romain, « De Sion Yahweh rugira, et de Jérusalem,( au sens caché, la
seconde Jérusalem terrestre : Rome) il fera retentir sa voix, les cieux et les terres en seront
secoués. », verset relatif selon nous aux tribulations dernières et à la solution que Dieu apportera
pour redresser son Eglise, la résurrection du Vrai Pape suivie de la mort du Vrai Pape. La mort du
Vrai Pape entraînera des secousses sans pareilles :Comme l’a dit le cardinal Pie « Et si l’heure de
l’agonie sonne de nouveau pour le Christ dans la personne de son Vicaire, si le chef de la
chrétienté est frappé de mort civile, il y aura pour la terre des commotions, des secousses, des
convulsions sans pareilles. » oeuvres de Mgr l’Evêque de Poitiers, Tome VII, 1874, p.362)
Mieux encore, nous savons que la lune s’éclipsera au jour du jugement de Babylone.(Isaïe
XIII,10) et de l’Egypte.(Ezéchiel XXXII, 7). Il en sera de même au jour du jugement. (Joël III,
15 ;Matthieu XXIV, 29 ; Marc XIII, 24.) Or précisément, nous savons que les médiévaux catholiques
perçoivent la grande Babylone maudite de l’Apocalypse comme étant la fausse église de la fin des
temps se faisant passer pour la véritable, et que cette Babylone par ses actions criminelles a déjà
obtenu avec les autres forces antichristiques (l’Egypte) sa condamnation.
De medietate lunae indique par conséquent, l’avènement de la fausse église de la fin des
temps, de cette nouvelle Babylone maudite, gouvernée par les hérétiques qui auront réussi à
neutraliser le Vrai Pape, puis à éclipser la véritable papauté et la véritable Eglise, par une fausse
papauté, et une fausse église, tout en ayant le soutien de l’Egypte, c’est à dire de toutes les autres
forces antichristiques gouvernant les nations apostates.(Or précisément, la thèse de la survivance
fait intervenir l’antipapauté antéchristique proprement dite avec Luciani dit « Jean-Paul I » Comme
nous l’avons dit, l’éclipse du Vrai Pape - Paul VI commence quand il est porté à son encontre un
faux acte de décès, et dès que le premier antipape de cette antipapauté là lui succède par un
conclave, en portant un nom qui montre une coupure avec une Tradition multiséculaire. Cf. notre
commentaire des Prédictions dites de Merlin diffusées à Venise à la fin du XIII ème s.)
Nécessairement dans ces conditions, De medietate lunae ne peut que désigner le premier
larron antipape (devise tombant sur « Jean Paul I »), mis en place sur le siège de Pierre par la
Synagogue de Satan. (Medius en latin signifie aussi ambigu, équivoque, douteux, ce qui va dans le
sens de notre interprétation de la prédiction de Mélanie sur les deux papes douteux./ Ménélas, le
plus grand des pseudo-pontifes de l’Ancienne Alliance est un prénom grec qui vient de mêné, lune
et laos, peuple. cf.Jean Maurice Barbé, Tous les prénoms, Ed. Jean Paul Gisserot, Luçon, 1994,
p.334./ )
Arrivé au terme de notre analyse, notre lecteur comprendra jusqu’à quel point tout ce qu’il
peut constater empiriquement de la situation actuelle de l’Église a été prédit dans les moindres
détails par la Tradition Prophétique médiévale ou patristique. Tous les éléments que nous venons
de dégager jusqu’à présent, à savoir l’avènement d’un grand schisme, la perte de la foi de Rome,
l’ouverture de l’Église officielle romaine aux impies, la venue d’une antipapauté antéchristique et
d’un Vrai pontife qui devra subir le règne de cette antipapauté, etc. se trouvent tous étrangement
intégrés dans la crise maccabéenne, telle que cette crise est racontée dans la Bible. C’est la
compréhension du rapport existant entre la crise actuelle de l’église et la crise maccabéenne qui
nous a permis d’élaborer tout ce que nous avons dit jusqu’à présent, aussi nous semble-t-il
nécessaire de donner à notre lecteur un aperçu de ce que nous avons fini par découvrir à ce sujet.
CHAPITRE IV
CRISE MACCABÉENNE
ET CRISE AFFREUSE DE L’ÉGLISE
SELON LA THÈSE DE LA SURVIVANCE
Nos propos relatifs à la crise maccabéenne dans ce chapitre, malgré leur apparente
simplicité, sont le résultat d’une étude très poussée de tout ce que les exégètes, les historiens,
disent actuellement sur ce sujet. Nous encourageons vivement cependant notre lecteur à les
vérifier.
En effet, ce que nous allons proposer ici pour l’aider ne suffira pas. Il faut connaître par
exemple le thèse de l’auteur Tacite, de Bickerman, de Tcherikover, qui s’opposent entre elles, pour
se faire une juste idée de la persécution religieuse sous Antiochus IV.
Il faut lire :
l’Abbé A. Lémann l’Antéchrist de l’Ancien Testament, 1980, exp.Pamphilienne.
Barsotti Le second livre des maccabées, Ed. Téqui, Paris, 1984.
Delcor Le Livre de Daniel, Ed.Librairie Lecoffre. Paris, 1976.
Lacocque, Le livre de Daniel, Ed. Delachaux et Niestlé, Paris, 1971 ; Daniel et son temps, Ed.
Labor et Fides, Genève, 1983.
Wille et orieux Ioudaîsmos-hellénistos, Presse univers. de Nançy, 1986.
Schäfer Histoire des juifs de l’antiquité, Ed. Du Cerf, Paris, 1989.
Nodet Essai sur les origine du Judaïsme, Ed.du Cerf, Paris, 1992.
André Paul Le monde des juifs à l’heure de Jésus, Ed.Desclée, paris, Paris, 1981.
Badie Lecture des livres des Maccabées, Ed. Profac. Lyon, 1996.
Saulnier la crise maccabéenne, Cerf, paris, 1982.
Nous sommes très proches des analyses de Lémann, Barsotti, Delcor, et même du
protestant Lacocque, dont les interprétations historiques permettent vraiment de s’approcher du
sens mystique de la prophétie Biblique. Avec Lémann et Barsotti, on met un pied en terre sacrée,
car ils touchent (bien que cela soit assez léger) le sens réel du deuxième livre maccabéen. Bien des
points pourraient laisser croire que nous avons été entraînés par eux.
Nous avons essentiellement travaillé le chapitre IV du deuxième livre maccabéen, avec les
commentaires du P. F.-M. Abel qui ont reçu l’imprimatur en 1948 (Abel, Les Livres des Maccabées,
Librairie Lecoffre, paris, 1949).
La raison de cela est double : c’est ce chapitre qui parle le plus d’Onias III. Par ailleurs, Abel
donne le texte grec, et les traductions qu’il donne sont excellentes. Elles ne trahissent pas le sens
littéral, comme c’est le cas le plus souvent au sujet de II Macc. III, 4, où certains comme l’abbé J.-B.
Glaire, s’égarent en traduisant « bilga » par « Benjamin ».
Si Simon venait de la Tribu de Benjamin, Ménélas ne serait pas validement prêtre, et dès
lors l’analogie opérée par la thèse de la survivance serait affaiblie, car Wojtyla ici préfiguré par
Ménélas est vraiment prêtre, et même évêque, ce qui accroît l’abomination. Or comme le démontre
Abel, Ménélas est bien prêtre. Il est très important que Ménélas soit prêtre, car cela montre que le
danger vient bien à la fin des temps du clergé, et plus précisément des cardinaux.
Nous l’avons remarqué à maintes reprises, les meilleures analyses exégétiques vont dans le
sens de la conception de la crise maccabéenne que se fait la thèse de la survivance de Paul VI.
C’est la raison pour laquelle, nous ne devrions approcher cette thèse qu’en tremblant.
CONCLUSION
Au terme de cette étude, que ce soit par la pensée médiévale ou post-médiévale, ou que ce
soit par la relation liant la crise maccabéenne à la crise affreuse de l’Église, nous sommes ainsi
parvenus à identifier le Vrai Pape de la fin des temps en la personne de PAUL VI, et à identifier
l’Antéchrist-antipape en la personne de KAROL WOJTYLA, dit « Jean-Paul II ».
* En effet la Tradition Prophétique nous conduit inévitablement à penser que le Vrai Pape de
la fin des temps sera :
1. ) RÉPRÉHENSIBLE : dès le début de son pontificat, il devra partager des idées libérales, et
se laissera intimider par les ennemis de l’Église infiltrés jusque dans son entourage, au
point de suivre leur mauvais conseil. Il contribuera à introduire la Révolution dans l’Église,
mais sans toutefois perdre son pontificat (position de Merlin, de l’auteur anonyme de la
prédiction relevée par Bocconi, du bienheureux Bernard de Bustis, d’Anne Catherine
Emmerich, de Notre Dame de la Salette, de Notre Seigneur à Lucie de Fatima). Or, Paul VI
est répréhensible. Cf. Mgr Lefebvre, Ils l’ont découronné, Ed. Fideliter, 1987, ch. « Paul VI,
Pape libéral » p.223-230).
2. ) VOYAGEUR : il inaugurera son règne en sortant de Rome pour se rendre dans une
certaine Antioche, et, par-là, par cette faute, commencera dès lors l’avènement de
l’antipauté antéchristique (position de Notre Dame de la Salette, d’Anne Catherine
Emmerich). Or Paul VI dès le début de son pontificat est aller à Jérusalem, puis à voyagé
autour du monde (cf. Yves Chiron, Paul VI, le pape écartelé, Perrin Paris, 1993, p. 212 et s.).
Cet aspect est répréhensible du point de vue prophétique, et le retour de la Papauté par
Paul VI à Jérusalem annonce la passion de la Papauté, comme l’entrée triomphale du Christ
à Jérusalem annonce la Passion du Christ.
3. ) JUIF DE PAR LE SANG : en raison de l’analogie qui le lie à saint Pierre, du fait que le lys,
emblème de la royauté davidique lui soit attribué dans le Lignum Vitae (Or Paul VI est juif
par sa mère, cf. Chabot et Rouchette, l’abomination de la désolation en le lieu saint,
Cognac, p. 56 sur « l’ascendance juive de Montini »).
* De même cette Tradition nous porte à penser que l’Antéchrist-antipape sera :
4. ) SLAVE : il devra être issu des pays de l’Est, en particulier d’un régime où la lumière du
Christ ne passe pas (position de Merlin, des prédictions dites de sainte Brigitte, d’Anne
Catherine Emmerick, et même des Lucifériens, cf. Livre Apadno, et Slowacki). Or Wotyla dit
« Jean Paul II » est slave.
5. ) IDÔLATRE : il participera à des cultes idolâtriques, sans se cacher sur ce point, et
transformera le saint sacrifice de la Messe en un culte abominable qui passera néanmoins
au yeux de la presque totalité de ceux qui se disent catholiques, pour une véritable Messe
(cf. abbé Le Roux, Pierre m’aimes-tu ?, Ed. Fideliter, 1988, ch. J.-P. II et les non-chrétiens).
6. ) OECUMÉNISTE : il cherchera à unifier les fausses religions, et sera particulièrement ouvert
officiellement aux juifs déicides (puisqu’il est à la tête de la fausse église de la Babylone
maudite de l’Apocalypse, et que celle-ci réhabilite les hérétiques et les païens en les
invitant en son sein : saint Césaire d’Arles, A.-C. Emmerick). Or, Jean-Paul II est un
oecuméniste zélé, endiablé serait plus exact. Cf. abbé Le Roux, Pierre m’aimes-tu ?, op. cit.
ch. « Le panthéon d’Assise ». Il est allé jusqu’à réhabiliter Luther, et envisage de réhabiliter
tous les hérétiques (cf. L’Église éclipsée par les Amis du Christ Roi, Ed. Delacroix, 1997, p.
182, Wojtyla envisage « un vaste mea culpa de l’Église, un projet de martyrologe
oecuménique »).
7. ) HÉRÉTIQUE : Son enseignement ne sera que pourriture, faisant croire que la nouvelle
église dont il est la tête est en continuité avec l’esprit de ces prophètes de la Nouvelle
Alliance que sont les papes (cf. Wigand Siebel de l’université de Sarrebruck, Philosophie et
Théologie de Karol Wojtyla, SAKA, Bâle 1988 : « l’hérésie la plus grave de « Jean-Paul II » se
trouve dans son enseignement au sujet de l’Esprit-Saint. Cette hérésie, Wojtyla l’a diffusée
dans son encyclique « Redemptor hominis » (n. 6, 3). Il y exprime l’avis que la fermeté de la
croyance chez les adeptes des religions non-chrétiennes vient de l’Esprit-Saint. Cette
hérésie se trouve clairement dans le texte latin officiel, tandis que les traductions ont
atténué le sens du texte latin. En fait cela revient à dire que l’Esprit-Saint, l’Esprit de Vérité,
est l’esprit de mensonge. Cela constitue un blasphème inouï, parce que l’Esprit-Saint ne
serait rien moins que Satan, le père du mensonge », explique Siebel dans son Catéchisme
de l’Oratoire, aux Ed. D.F.T., p. 381 ; or effectivement, tout porte à penser que c’est ce que
pense vraiment Wojtyla, et qu’il est un adorateur de Lucifer.
8. ) VOYAGEUR : non pas à la manière du Vrai pape, mais à la manière de Caïn, à la manière
de son père Satan : « Et Yahweh dit à Satan : d’où viens-tu ? Satan répondit en disant : de
parcourir le monde et m’y promener », avec pour objectif de préparer le monde à recevoir
l’Antéchrist-personne. A la différence du sage de l’Écriture qui « se tient sous son figuier », il
aspire à se trouver partout pour tout surveiller, et n’a point l’esprit de stabilité (les
illustrations médiévales le représentent souvent en train de voyager sur des monstres
ailés, à grande vitesse : cf.. gravure de Lucas Cranach dans notre étude).
9. ) CHARISMATIQUE : il attirera les foules à ses pieds, et les puissants de la Terre lui seront
favorables. Il est perçu par les médiévaux comme étant la troisième personne de la contre-
trinité satanique (cf. Compilation de Pirus : « les grands de ce monde soutiendront les
antipapes », et Slowacki). Or, Wojtyla attire les foules, il passe pour un très grand saint
auprès des impies. Il faudra s’attendre à ce qu’il soit canonisé, avant le retour de Paul VI,
comme le montre cette prédiction que nous avons commenté précédemment avec soin :
« Malheur à toi, ô ville aux sept collines (Rome), quand la lettre K ( Karolus, Karol Wojtyla ,
l’Antéchrist-antipape par excellence ) sera louée dans tes murs. Alors approchera la chute
et la ruine de tes préposés qui jugent injustement (qui ont jugé injustement en élevant K,
ce Caïn, sur les autels, ces derniers étant les successeurs de Wojtyla, les plus hautes
autorités apostâtes de Rome au début du XXI ème siècle). Ces louanges attireront la sainte
colère de Dieu sur la basilique saint Pierre de Rome, qui si on suit les révélations en cours
d’exorcisme, sera dans les flammes.
10. ) SANS TIARE : il ne portera jamais la tiare, mais seulement la mitre, la coiffure à deux
cornes (« les deux cornes de la bête de la terre sont celles de la dignité épiscopale, celle
de la mitre », dit Joseph Acosta. Or, Wojtyla, contrairement à Paul VI, n’a jamais porté la
tiare.
11. ) PRENANT POUR NOM, UN NOM ROMPANT AVEC LA TRADITION : Il choisira
comme nom de « pape » un nom se distinguant des autres noms de papes.(cf. prédictions
dites de Merlin diffusées à Venise à la fin du XIII ème s.) Or Wojtyla a pris sur le siège de
Pierre un double prénom.(« Jean Paul II ») rompant ainsi à la suite de Luciani (« Jean Paul I »)
avec toute une Tradition multiséculaire.
12. ) JUIF : c’est un juif déicide, un enfant de Saturne (cf. Prédictions de sainte Brigitte). Or,
Wojtyla, lui aussi, est juif (cf. Chabot et Rouchette, L’abomination de la désolation, etc., op.
cit., p. 71).
Ainsi de toutes les thèses en présence défendues par les catholiques fidèles, pour faire face
à ce problème presque insoluble que pose à la conscience catholique le comportement de l’actuel
occupant du Siège de Pierre, la Thèse de la survivance nous apparaît être la seule à être en
harmonie avec la pensée de nos Pères dans la Foi, la seule également à être en accord avec la
Sainte-Écriture. Elle est la seule à pouvoir expliquer comment la Papauté ressuscitera, et elle est la
seule thèse à se donner une limite à elle même. C’est ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse.
Cette limite, la voici : nécessairement, pour des raisons que nous avons mis en évidence,
cette thèse promet le retour du Vrai pape vers les siens à la fin du pseudo-pontificat de Wojtyla et
au début des tribulations dernières. La précision la plus grande qui soit à ce sujet à notre
connaissance vient du bienheureux Tomasuccio (XVème siècle) :
« Un d’au-delà les monts deviendra le Vicaire de Dieu (La papauté grandissant au delà de
la Rome apostate aux sept collines, avec le Vrai Pape et son successeur.). A ce changement
participeraient des religieux et des clercs. (Le retour du Vrai Pape amenant du changement dans
l’Eglise, changement salutaire auquel se ralliera le clergé fidèle)(...) En dehors de la vraie voie, il n’y
aura que des borgnes ; j’en hausse les épaules, quand la barque de Pierre est en danger et qu’il
n’y a personne pour lui porter secours (le Vrai Pape est bien seul).Trouble immense sur la mer
agitée. (« On ne saura quel est le Vrai Pape » dira Mélanie.) Tout ce qui n’est pas sur la barque
s’engloutit. ( «La barque de Pierre», ici c’est la véritable Eglise. Les catholiques apostats qui quittent
cette barque vont à leur perte.) (...) Le schismatique (l’Antéchrist-antipape mais aussi tout membre
de la fausse église soumis à ce faux pape) tombera dans le mépris des fidèles (mépris faisant suite
au retour du Vrai Pape sorti d’exil et prêchant les versets 2 et 3 dans Apo. XVIII. Les versets
suivants, 4 à 8 Apo. XVIII concernent le sentiment de mépris que les fidèles partagent désormais à
l’égard de la Rome apostate.) (...) DE DOUZE ANS A PEU PRES SERA DEPASSE LE MILLENAIRE,
QUE LE MANTEAU RESPLENDISSANT SORTIRA DE L’OMBRE OU IL ETAIT (retenu dans son exil
caché par le schisme. « Manteau resplendissant » est une expression forgée à partir des passages
du livre de l’Exode décrivant la parure resplendissante réservée au Grand-prêtre et faisant la fierté
d’Israël. Ex. XXVIII 2 et s.). Et hors d’atteinte de celui qui encombre la porte du salut (l’Antéchrist-
antipape), car son schisme trompeur aura pris fin. Et la masse des fidèles s’attachera au digne
Pasteur qui retirera chacun de l’erreur (sont dans l’erreur tous ceux qui ne veulent pas croire
Rhodé), et rendra sa beauté à l’Église. Il la renouvellera » (Baron de Novaye, Demain... ?, Nouvelle
Ed. revue et complétée par Michel de Savigny, Lethielleux, Paris, 1934, p. 115).
Pour comprendre le raisonnement qui donne cette période approximative de « douze ans à
peu près sera dépassé le millénaire », période qui correspond ici au retour du Vrai Pape mais
aussi à la fin de la Rome Apostate confondue par le retour du Vrai Pape, il faut comprendre le
calcul établi par la Tradition Prophétique médiévale à partir du livre de Daniel pour déterminer la
période de séduction qui commence avec l’Antéchrist-antipape mais s’achève avec l’Antéchrist-
personne. Eric Muraise auteur contemporain spécialisé en exégèse prophétique reconnaît que
toute cette tradition fait commencer la période de séduction dans la seconde moitié du XX ème
siècle. Compte tenu du fait que l’exil caché du Vrai Pape s’étend sur plusieurs pseudo-pontificats
constituant l’Antipapauté antéchristique, il est donc fort probable que cette période relative à
l’Antéchrist-antipape qui (répétons le) a commencé selon la Tradition dans la seconde moitié du
XX ème siècle, s’achève au début du XXI ème siècle, pour laisser la place à la période de séduction de
l’Antéchrist-personne. De cette étude d’Eric Muraise, il faut en déduire que les médiévaux
catholiques comme Arnauld de Villeneuve qui ont cru que cette séduction arriverait en leur temps
se sont écartés de la Tradition en ce qui concerne la chronologie. ( cf. Eric Muraise, Voyance et
prophétisme, Ed. Fernand Lanore, Paris, 1980, p.83-84. Eric Muraise a été membre du comité
international pour les sciences historiques, il est devenu un des spécialistes de l’histoire
synthétique et de la prospective en recevant à ce titre l’appui du C.N.R.S.)
Muraise s’est intéressé aux travaux de Moggridges et de Desplat, qui établissent à partir du
livre de Daniel, que l’année 1987 est une année se situant pleinement dans la période de séduction
antéchristique. Il constate à juste titre que ces chercheurs ont repris ici la réflexion des clercs
médiévaux reportant les prophéties apocalyptiques sur l’Antéchrist-antipape et l’antéchrist-
personne dans la période qui va de la fin du XX ème siècle jusqu’au début du XXI ème siècle.
Moggridges écrit notamment: « L’arbre du songe de Daniel, fut coupé dans la nuit du festin
de Beltshatsar en 534 ou 533 av. J.C. Retrancher des 2520 ans ces 534 ou 533 ans, vous trouverez
l’indication de 1987 ap. J.C.., pour l’époque de l’Antéchrist et de la restitution du royaume de
Nébuchadnetzar. ». Or dans ce cas, pour la Tradition Prophétique médiévale, « l’Antéchrist se
compose de trois personnes: de Lucifer, de la bête montant de la mer, du faux prophète » comme
l’explique Jean de Roquetaillade dans le De oneribus orbis.(écrit en 1354-1355) Le faux prophète
selon Jean de Roquetaillade dans son commentaire sur l’oracle de Cyrille (1345-1349) et selon toute
la Tradition Prophétique est ici l’Antéchrist-antipape. « 1987 » est la période permettant ici de situer
approximativement selon les exégètes anti-modernistes le règne de la nouvelle et grande
Babylone qui hérite du caractère inique «du royaume ( babylonien) de Nébuchadnetzar
(Nabuchodonosor)» , c’est à dire selon les médiévaux catholiques, le règne de l’église hérétique
romaine de la fin des temps qui réussira à se faire passer aux yeux du monde pour l’Eglise des
Papes.
Il est intéressant de noter que Muraise classe les exégètes du livre de Daniel en deux
catégories, ceux qui dans le sillage de nos pères dans la foi, refusent contre l’anti-chrétien Porphyre
( III ème siècle) de faire de ce livre une compilation datant de la crise maccabéenne, et
reconnaissent l’authenticité du livre de Daniel, estimant la fin de la rédaction du livre de Daniel vers
536 av. J.C. Ces derniers s’accordent tous pour dire que le livre de Daniel permet de « fixer le sens
des dates extrêmes de la Prophétie donc de la fin des temps » (entendre ici dans l’esprit de
Muraise, la période antéchristique relative aux derniers temps de l’Eglise.). Ce ne peut être que la
position prise par Tomasuccio au XV ème siècle. Les autres, comme l’explique Muraise « les exégètes
modernes ont trouvé un moyen plus radical (que Porphyre, Spinoza, Hobbes et Collin) pour se
débarrasser de ce gêneur » qu’est le prophète Daniel. « Ils soutiennent que le livre de Daniel (...) ne
serait qu’une compilation datant du II ème siècle av. J.C., appartenant beaucoup plus au genre
apocalyptique que prophétique, encore que son auteur ait certainement utilisé un recueil
d’anciennes prophéties, groupées autour de la personne fictive de Daniel. », ce qui leur permet de
croire que Daniel n'a rien prédit en ce qui concerne les derniers temps de l’Eglise ou du moins de
ne pas s’intéresser à cet aspect, et de fuir la chronologie danièlique accusant la seconde partie de
notre siècle d’avoir donner naissance à la fausse église catholique de la fin des temps. Cette
dernière catégorie regroupant « les exégètes modernes » est seulement suspectée par Muraise qui
se contente de citer longuement Desplat prenant la défense de l’authenticité du livre de Daniel
contre le clergé moderniste.
Desplat retrouve dans ses calculs à partir du livre de Daniel, l’année 1987, comme étant
celle de l’Antéchrist. Mais au lieu d’y voir en priorité le règne de l’antéchrist-antipape voit dans
cette période la naissance de l’Antéchrist-personne., « et comme l’Antéchrist doit mourir vers 55
ans ( soit 666 mois, dit Holzhauser) on retombe sur l’idée d’une période finale, peu au-delà de l’an
2030. » déclare ici Desplat qui ne donne ici qu’une évaluation approximative.(cf. R. Desplat, Etudes
et exégèse. Pour plus de détails, cf. également, Eric Muraise:- Voyance et Prophétisme, op.cit. p.84-
85 § Histoire et Légende du Grand Monarque, Ed. Albin Michel, Paris, 1975, p.24-25)
Cela confirme de toute manière notre position, car pour que l’Antéchrist-personne puisse
naître, il faut que celui qui en empêche la naissance, c’est à dire le Pape selon la Tradition
Prophétique, puisse être éclipsé. Or, la thèse de la survivance enseigne précisément que la
papauté est éclipsée par l’Antipapauté antéchristique incarnée essentiellement dans la personne
de Wojtyla. Force est de constater que l’année 1987 concerne pleinement et d’une manière
radicale, le règne de Wojtyla. Elle est une période charnière qui a déterminé Mgr Lefebvre « le
nouveau Mattathias » à se faire expulser par la Rome apostate en 1988, le scandale d’Assise en
1986 étant pour ce saint évêque, la goutte qui a fait déborder le vase. En excommuniant Mgr
Lefebvre et les siens, Wojtyla vomit officiellement l’ensemble des catholiques fidèles. Cette
pseudo-excommunication confirme clairement que la Papauté est bien éclipsée à ceux qui
estimaient à tort que Wojtyla n’oserait pas aller jusque là.
Pour comprendre la raison qui a déterminé Tomasuccio à établir « douze ans » environ
après le XX ème siècle, il faut comprendre la signification symbolique de ce nombre, et savoir que
les médiévaux catholiques accordent une place prépondérante à ce nombre pour déterminer le
redressement de l’Eglise après sa mort mystique. Ici, ce nombre douze concerne la résurrection du
Christ, et comme le Pape Martyr de la fin des temps est celui qui ressemble le plus au Christ, cela
concerne également la résurrection du Pape Martyr. Il convient ici de se reporter à l’étude
d’Eugène Anitchkof sur Joachim de Flore qui explique l’importance de ce nombre dans les calculs
de Joachim de Flore, et savoir notamment comme le dit Anitchkof que « le Christ ressuscité apparut
à ses disciples après 12 jours. »(cf. Eugène Anitchkof, Joachim de Flore et les milieux
courtois,Rome,1981, p.180, 217)
En fait, rien ne permet par conséquent de prendre au pied de la lettre l’expression de
Tomasuccio, « de douze ans à peu près sera dépassé le millénaire » qui cache comme le reste du
texte tout un raisonnement complexe qui tient compte de la symbolique des nombres. Il est plus
sage de mettre ainsi en évidence ce qui a fait naître cette prédiction de Tomacussio, plutôt que de
s’attacher uniquement à son sens littéral. D’ailleurs à s’en tenir uniquement au sens littéral,
Tomasuccio ne prétend pas connaître avec exactitude la date du retour du pape, et humblement
avoue que sa chronologie est de l’ordre de « l’à peu près ». Ce qui importe, ce n’est pas la parole
de Tomasuccio, mais la parole de Dieu. La prédiction de Tomasuccio (et nous disons cela de toutes
les prédictions authentiques, inspirés par le Saint Esprit ) ne mérite d’être retenue que dans la
mesure où elle nous fait avancer dans la compréhension du sens réel de la Prophétie biblique. Il
est probable que la date du retour du Vrai Pape soit annoncée dans les Saintes Ecritures, et a
fortiori dans le secret de Notre Dame de la Salette dans laquelle je discerne l’année 2014, comme
la plus propice au retour de Paul VI, ce qui va dans le sens de la prédiction de Tomasuccio, mais
plutôt que nous aventurer dans ce domaine , de toute manière inaccessible au profane et qui
nécessite une grâce particulière pour y entrer, sans compter qu’il ne convient pas de révéler aux
pires ennemis de l’Eglise, la date et le lieu précis du retour de Paul VI, qui se serviraient de ces
informations pour s’opposer aux desseins cachés de N.S. Jésus-Christ, et essayer d’empêcher ce
retour, comme si cela pouvait être permis par le Seigneur, il est plus raisonnable de s’en tenir à
l’idée que le Pape Martyr reviendra miraculeusement au milieu des siens, lorsque les siens ne
l’attendront plus, comme cela fut le cas pour saint Pierre, lorsque bien de ceux qui croient
actuellement au retour de Paul VI, n’y croiront plus, et de retenir l’idée qu’il reviendra au début du
XXI ème siècle.
Il est ridicule de croire à partir de cette prédiction de Tomasuccio que le Vrai Pape Martyr
de la fin des temps est Wojtyla, dit « Jean-Paul II », sous le prétexte que Wojtyla peut encore être
emprisonné, vivre un long exil caché, parce que le raisonnement qui fait avancer la période de
« douze ans à peu près sera dépassé le millénaire » comme étant celle du retour du Vrai Pape et
de la fin de l’église officielle romaine apostate, est le même qui affirme que le règne de l’Antéchrist-
antipape se situe dans la seconde moitié du XX ème siècle (vers 1987, selon les travaux de
Moggridges et Desplat). Si donc, Wojtyla est le Vrai Pape, qu’on nous indique par conséquent qui
dans la seconde moitié du XX ème siècle en 1987 est l’Antéchrist-antipape, et que l’on mette en
évidence le caractère répréhensible de Wojtyla propre au Vrai Pape! Que l’on nous dise également
en quoi consistera l’apostasie de Rome, si on prétend que cette apostasie n’est pas encore arrivée
et si on défend la politique antichristique de Wojtyla! On ne voit pas une politique pire que celle
défendue par Wojtyla, au delà de cette politique, ce ne peut être que la politique de l’Antéchrist-
personne, politique qui d’ailleurs ne peut s’inscrire que dans le sillage tracé par Wojtyla !D’autre
part, il ne faut pas oublier que le temps de l’exil du Vrai Pape est terriblement long car
proportionné à la gravité du comportement de ce dernier, et s’étend sur au moins deux pseudo-
pontificats, que cet exil est précédé de l’emprisonnement du Vrai Pape au Vatican, et de sa
délivrance miraculeuse, et surtout que le Vrai Pape est frappé au début de son pontificat. Or
Wojtyla en l’an 2000 après un long règne dépassant en longueur celui de Pie XII, n’a toujours pas
été contraint de vivre banni. Bien au contraire, il est loué comme un dieu partout où il passe dans
un monde en révolte contre Dieu. Comment peut-il être dans ces conditions, le Pape Martyr de la
fin des temps. ? Que l’on nous dise également où se situe l’Antipapauté antéchristique après la
devise De Labore Solis, devise tombant sur Wojtyla ! Défendre l’idée qui fait de Wojtyla le Pape
Martyr de la fin des temps, c’est non seulement rejeter l’auteur des prédictions de Malachie, mais
c’est aussi rejeter l’auteur de Prophetie Merlini faisant intervenir l’Antéchrist-antipape avant l’an
2000, et mettre au panier finalement toute la Tradition Prophétique Médiévale, et même le secret
de la Salette finalement dans la mesure où ce secret est une reprise de cette Tradition, dans la
mesure où les idées défendues par Mélanie la voyante de Notre Dame de la Salette sont à
l’opposé des idées défendues par Wojtyla. C’est là autant d’éléments que l’on pourrait multiplier,
qui montrent que cette idée d’un Wojtyla « Pape Martyr de la fin des temps » est non seulement
inspiré par l’ennemi, mais d’une imbécillité monumentale, qui ne fait qu’attiser notre haine de
l’église wojtylienne Non, vraiment tout nous indique dans la Tradition Prophétique, y compris la
prédiction de Tomasuccio que Wojtyla est cet antéchrist.
A la limite, il convient de se demander si Tomasuccio par les précisions qu’il apporte
relatives à la situation actuelle de l’Eglise n’est pas celui qui dérange le plus le camp des wojtyliens
et en particulier l’ensemble du milieu dit traditionaliste. En effet, il dit textuellement que la masse
des fidèles, c’est à dire la majorité de ceux qui résistent à l’apostasie ont été dans l’erreur, mais que
c’est le Vrai Pape, le digne Pasteur qui les a retiré chacun de l’erreur. Or comment se peut il que
l’ensemble des fidèles soit dans l’erreur, de quels fidèles parle Tomasuccio, comment un fidèle
peut-il être dans l’erreur, et surtout de quelle erreur s’agit-il ? La seule erreur dont il s’agit ici ne
peut être qu’une erreur relative à la situation de la Papauté. Toute la masse des fidèles se trompent
en pensant que le Vrai Pape (Paul VI) est mort, et le retour du Vrai Pape va contraindre ces
derniers à corriger leur erreur sur ce point. Qui y a-t-il de mieux placé en effet pour corriger cette
erreur que le Vrai Pape se montrant en chair et en os, disant qu’il est bien en vie ? Cette erreur est
plus grave qu’on ne pourrait le penser à première vue, car elle a fait naître des thèses en ce qui
concerne la question de la papauté et la nature de l’Eglise qui ne sont pas catholiques, c’est la
raison pour laquelle, Tomasuccio ne dit pas que ces fidèles sont vraiment catholiques. Ils sont
fidèles en ce sens qu’ils résistent bien à l’apostasie de la Rome soumise à l’antipapauté
antéchristique, par fidélité certes à l’enseignement des papes, mais leur attachement à la Foi
catholique dans son intégralité laisse parfois à désirer et en particulier leur conception de la
doctrine de l’Eglise relative au Pape.
En fait, le petit nombre des fidèles qui ont vu clair en ce qui concerne la situation de la
papauté avant le retour du pape est insignifiant et constitue une exception, une minorité. Cette
minorité est celle qui à la suite de Rhodé croit à la survivance du Vrai Pape. La masse écrasante
des fidèles qui l’emporte avant le retour du pape est celle qui est dans l’erreur, qui ne croit pas à la
survivance du Vrai Pape. En effet, si Tomasuccio dit que la masse des fidèles s’attachera au digne
pasteur qui retirera chacun de l’erreur , lorsque le digne pasteur sera sorti de son tombeau, c’est
tout simplement parce que la masse des fidèles avant le retour miraculeux de la papauté, n’était
pas attaché au digne pasteur., parce qu’elle le croyait décédé, en se faisant une fausse image de lui.
Cette idée de Tomasuccio d’une majorité de fidèles non attachée au digne Pasteur avant le
retour de celui-ci, puis se retrouvant rattachée au digne pasteur après le retour de celui-ci, prend
tout son sens avec notre interprétation de l’expression médiévale « lorsque Pierre sera uni à
Paul », relative à la résurrection du Pape Martyr de la fin des temps. (cf.Chapitre II) Elle montre que
c’est le Pape qui va mettre d’accord entre eux les fidèles, qui va retirer chacun de l’erreur, qui va
mettre un terme à l’existence des fausses thèses le concernant, qui va rendre sa beauté à l’Eglise,
qui va la renouveler, la purifier, lui insuffler l’énergie salutaire lui permettant de résister cette fois à
l’Antéchrist-personne qui attend son tour après l’Antéchrist-antipape pour attaquer l’Eglise. C’est
dans le Pape Martyr, un seul homme, qui à l’image du Christ s’est retrouvé tout nu sur la croix, que
repose le sort de l’Eglise. C’est par le Pape, que Notre Seigneur veut et va redresser l’Eglise, la
pensée de Tomasuccio confirmant clairement notre interprétation de la prédiction de saint Nicolas
de Fluëli. ( Cf.Chapitre III)
Or qui enseigne cela aujourd’hui, qui explique comment Dieu va mettre fin à la crise affreuse
de l’Eglise, qui ose rejoindre la Tradition Prophétique médiévale sur tous les points que nous
venons rappeler à nos frères ? Nous avons lu les écôniens, les guérardiens, les sédévacantistes, et
les conclavistes, jusqu’à plus soif pendant des années, espérant pouvoir trouver une réponse quant
à la solution que Dieu va appliquer pour redresser son Eglise, ils sont tous éloquents par leur
silence à ce sujet. Et nous nous sommes demandés si la thèse écônienne faisant de Wojtyla un très
mauvais pape, mais un vrai pape, si la thèse guérardienne faisant de Wojtyla un antichrist qui aurait
en lui quelque chose de la Papauté, si la thèse sédévacantiste faisant de Wojtyla un antipape mais
au même titre que Paul VI, sans distinction, si la thèse conclaviste rejoignant cette position
sédévacantiste, mais en se donnant un pape nouveau, en trafiquant la Tradition Prophétique, ne
faisaient pas avec la thèse luciférienne faisant de l’Antéchrist-antipape le plus grand des papes, les
cinq plaies du Pape par analogie aux cinq plaies du Christ.
Il ressort de nos recherches que toutes ces thèses ne peuvent rassasier un âme qui a soif
de vérité. En effet, avec toutes ces thèses on ne sait pas quand va se terminer le temps de cette
apostasie à Rome, à croire que l’on peut avoir des papes de la révolution, des faux papes, des
antipapes à l’infini. Quant aux conclavistes, ils ne nous expliquent pas comment leur « pape » va
réussir à réunir autour de lui notamment les écôniens, les guérardiens, les sédévacantistes. Cela dit,
il ne convient pas de dire que toutes ces thèses se valent du point de vue de la thèse que nous
suivons. En effet, la thèse écônienne est plus wojtylienne que la thèse guérardienne, en ce sens
qu’elle ose faire de Wojtyla malgré tout le chef de l’Eglise, contrairement à la thèse guérardienne. Et
la thèse guérardienne, bien qu’elle se défende d’être wojtylienne est plus wojtylienne que la thèse
sédévacantiste en ce sens qu’elle croit voir avec la thèse écônienne dans l’élection de Wojtyla, une
légitimité juridique, canonico-légale, et refuse de reconnaître vraiment la nature diabolique de la
Rome apostate, comme si l’Eglise ayant à sa tête un antichrist était encore la Sainte Eglise. La thèse
sédévacantiste reconnaît bien en Wojtyla un antipape, mais un antipape comme d’autres antipapes,
sans reconnaître en Wojtyla l’Antéchrist-antipape, ce qui reste une autre manière de défendre
Wojtyla, comme si Wojtyla ne faisait suivre que l’esprit de Vatican II, comme si Wojtyla n’allait pas
plus loin que les papes de Vatican II dans l’iniquité. A la réflexion , le sédévacantiste ne fait aucune
difficulté à reconnaître dans la bête de la terre (Apo. XIII, 11) Wojtyla, mais cette expression
concernerait tous « les papes de Vatican II », sans exception. Le sédévacantiste est suivi dans cette
manière de voir par le conclaviste.
La thèse de la survivance est en revanche la seule thèse à être radicalement
antiwojtylienne, parce qu’elle est la seule thèse à faire de Wojtyla l’Antéchrist-antipape, ou encore
la troisième personne de la contre-trinité satanique, après Satan, et l’Antéchrist-personne. Cette
thèse est de toutes les thèses relatives à la situation actuelle de la Papauté la plus méconnue du
milieu dit traditionaliste. Certes, le scénario de la thèse de la survivance est connu, mais pas le
raisonnement qui se cache derrière la simple description du scénario. Le scénario de cette thèse
n’est pas une donnée première, mais la conclusion d’un cheminement qui prétend avoir son point
de départ dans les Saintes Ecritures. La thèse de la survivance dans sa structure est pleinement
achevée au XIV ème siècle, comme le confirme notamment les manuscrits de Jean de Roquetaillade,
dont nous exposerons dans une étude à part le contenu. Ce que nous avons apporté à ce sujet
donne une petite idée de l’immense parcours qu’il reste à effectuer pour mieux approfondir notre
sujet.
Tous ceux qui ont critiqué la thèse de la survivance, l’ont fait en étant complètement
ignorants des faits mis en évidence dans notre étude, ce qui rend leur critiques complètement
superficielles. C’est tout juste s’ils ne prennent pas les partisans de la thèse de la survivance, pour
des candides, prêts à croire n’importe quoi dans leur détresse, détresse qui cela dit en passant
touche toute l’Eglise.
.Par exemple, Adrien Loubier se réclamant de la thèse guérardienne, s’imagine qu’en
soulignant le caractère répréhensible de Paul VI, qu’il a réfuté la thèse de la survivance, alors que le
caractère répréhensible de Paul VI tel qu’il se présente, comme nous l’avons expliqué
précédemment, est un critère fondamental indiquant que Paul VI est bien le Pape Martyr de la fin
des temps annoncé par la Tradition Prophétique médiévale. Cet auteur ne voit pas que l’idée d’un
Paul VI banni de la société est inséparable de l’idée d’un Paul VI châtié pour son crime, se
rachetant auprès des siens, et payant également les fautes des papes qui l’ont précédé, mais aussi
la tiédeur du monde dit catholique dans son ensemble. Pourtant il avait au moins à sa disposition
les réflexions de Boanergès à ce sujet. A fortiori, L’idée même d’aller vérifier cet enseignement des
partisans de la thèse de la survivance dans la Tradition Prophétique médiévale ne pouvait
l’effleurer. ( Cf. revue Sous La Bannière « Les Guillots »,Villegenon 18260 Vailly sur Sauldre n°25,
1989).
Adrien Loubier part du principe que le scénario de la thèse de la survivance est
invraisemblable du point de vue de la simple raison, mais il oublie également de dire que le retour
de saint pierre juste après sa délivrance miraculeuse était également perçu par les premiers
chrétiens comme un événement invraisemblable, et que seule la petite servante Rhodé a cru à
retour de Pierre, avant que Pierre ouvre la porte et sorte de l’ombre. D’ailleurs, pour croire à cette
délivrance de Pierre , il faut être chrétien, un non chrétien trouve cette histoire invraisemblable, et
pas seulement cette histoire mais aussi tout ce qui est raconté dans la Bible. Il ne faut pas perdre
de vue que l’Eglise est d’institution divine et n’a dû sa survivance jusqu’à présent qu’à des miracles,
miracles qui à la fin des temps seront encore plus spectaculaires, comme le montre par exemple
les versets de l’Apocalypse sur la résurrection des deux témoins. (Apo.XI).
Adrien Loubier avance comme argument que tel ou tel partisan de la thèse de la survivance
se sont trompés en envisageant le retour de Paul VI avant 1991, mais au lieu d’en conclure que ces
derniers connaissent mal la thèse qu’ils défendent, il fait de ce constat une raison de ne pas
prendre au sérieux la thèse que ces derniers défendent maladroitement ou insuffisamment.
Il a remarqué judicieusement qu’une « petite secte » n’acceptant pas le comportement
scandaleux de Léon XIII, ce dernier cherchant à imposer au peuple français la république, fille de la
révolution, a dit de Léon XIII que ce dernier était enfermé dans les caves du Vatican., mais il ne se
pose pas la question de savoir si cette secte se croyait être à la fin des temps, et cherchait à
justifier sa position à partir de la Tradition Prophétique relative au Pape Martyr de la fin des temps
qui se fera emprisonné au Vatican. Dans le même sens, il remarque que certains scandalisés à juste
titre par la présence de Pie VII lors du pseudo-sacre de Bonaparte, ont laissé courir que l’ennemi
avait mis en place un sosie de Pie VII, il remarque que les prêtres réfractaires à juste titre au
concordat en 18O5, prétendaient que Pie VI n’était pas mort, et conclut un peu vite que l’on a avec
Paul VI, le même phénomène.
Or le cas de Paul VI en raison de ses comportements scandaleux, s’il appelle effectivement
des réactions psychologiques comparables à celles qui se sont passées sous Léon XIII, Pie VII, Pie
VI, n’est cependant pas comparable, car Paul VI avant même qu’il ne naisse, était identifié en la
personne de la devise Flos Florum, comme étant le Pape Martyr de la fin des temps, car la
Tradition prophétique médiévale enseigne que le Pape Martyr de la fin des temps devra régner
dans la seconde moitié du XX ème siècle et sortir de son exil caché au XXI ème siècle. Ces faits sont
ignorés de M. Loubier, de telle sorte qu’il ose affirmer que la thèse de la survivance est une thèse
dont l’invraisemblance s’affirme chaque jour davantage. Il n’a pas vu que la thèse de la survivance
s’est fixée depuis au moins le XV ème siècle, comme limite le début du XXI ème siècle, période du
retour du Vrai Pape, et tant que cette limite que nous avons précisée précédemment ne sera pas
dépassée , cette thèse garde toute sa force. Ni Pie VI, ni Pie VII, ni Léon XIII ne pouvaient passer
aux yeux de cette Tradition, pour le Pape Martyr de la fin des temps.
En fait, Loubier ne pose pas le problème comme il faut, sa critique est une analyse
strictement psychologique. Voici, en effet, comment il explique que des fidèles en viennent à croire
à la survivance de Paul VI : « La peine de certains scandales peut être telle qu’on en vienne à ne
pas croire la réalité possible, à ne plus admettre ce qui est, et à lui substituer des formules de
remplacement conciliables avec ce qui devrait être. Ce refus de la réalité vient d’une piété trop
humaine; parce qu’on reporte sur les hommes une confiance qui n’est totalement due qu’à Dieu. Et
le « malin » est passé maître en mensonges, fausses suggestions et bobards.». Le psychologisme de
M. Loubier est ici celui d’un prédicateur qui refuse d’opposer des arguments aux arguments,
n’essaie pas d’ébranler directement une position gênante par des raisons mais de la faire écrouler
en prétendant révéler ses soubassements psychologiques, partant du principe a priori que si cette
position n’est pas seulement dûe à la folie des hommes, elle est nécessairement d’origine
démoniaque.
Or ce type de psychologisme pourrait se renverser contre lui : « Vous êtes guérardien car
vous refusez de voir la réalité, à savoir que Wojtyla du point de vue ne peut être qu’un antipape.
Cela vous effraie car la réalité vous montre qu’il n’est plus possible désormais d’élire un vrai pape
au sein de l’église officielle romaine. Et vous adhérez à la thèse guérardienne pour échapper à la
réalité car cette thèse disant qu’il est possible qu’un vrai pape sorte de cette Rome est plus
rassurante, et permet de sauvegarder votre conception trop humaine de l’Eglise. »
Ce type d’objection contre M. Loubier ne vaut donc rien également. Il est du même type que
celui qui consiste à dire «vous adhérez à cette thèse parce que vous avez peur de la réalité ou
parce que vous êtes orgueilleux.» Elle montre tout au contraire que l’on ne veut plus faire avancer
le débat, et une volonté de domination pas très compatible avec l’amour que l’on doit avoir entre
fidèles résistant à l’apostasie. Avant de s’attaquer à une thèse, il faut l’avoir comprise. Or tout ce
que dit M. Loubier montre que sa connaissance de la thèse de la survivance s’arrête à une
description partielle du scénario de cette thèse à travers des témoignages qui n’ont pas pu saisir
comme lui , le sens caché de cette thèse, sa relation avec la Prophétie Biblique, l’herméneutique
sacrée, la pensée patristique et la réflexion des médiévaux catholiques.
Cela dit en passant, la thèse guérardienne est l’invention d’un évêque remarquable qui en
voyait la faiblesse, et qui était ouvert à la thèse de la survivance, sans même connaître la Tradition
Prophétique médiévale, et d’autre part, notre expérience personnelle ne cadre pas avec cette idée
de Loubier, que pour adhérer à la thèse de la survivance, il faut nécessairement avoir été
scandalisé par le comportement de Paul VI, et substituer à la vision réaliste de ce qu’a été Paul VI,
l’idée plus rassurante d’un faux Paul VI prenant la place du Vrai Paul VI. En effet, la thèse de la
survivance s’est imposée à nous alors nous adhérions à ce mythe grotesque d’un Wojtyla marial et
irrépréhensible sur le plan doctrinal, et que nous n’étions absolument pas peiné des
comportements de Paul VI et de Jean XXIII.
Adrien Loubier cite le cas de Pie VI, Pie VII, Léon XIII, mais le plus intéressant des cas, celui
de Célestin V, il ne le voit pas. Or s’il y a bien un cas qui fait penser plus parfaitement à la thèse de
la survivance de Paul VI comme on l’a démontré , c’est le cas de « Célestin V », car de même que
les partisans de la thèse de la survivance de Paul VI cherchent à justifier leur vision actuelle de la
Papauté par la Tradition Prophétique, les partisans de la thèse de la survivance de Célestin V ont
chercher à justifier leur vision de la Papauté par la Tradition Prophétique. Toute la question est de
savoir ce que dit effectivement cette Tradition, mais c’est là un point qui dépasse pleinement M.
Loubier qui a propagé une conception fausse, étriquée, sans intérêt de la thèse de la survivance.
Néanmoins, en s’attaquant de la sorte à la thèse de la survivance, M. Loubier montre que cette
thèse existe et lui rend témoignage. Malgré les apparences, Adrien Loubier est proche de nous en
reconnaissant en Wojtyla un antichrist. Il n’en reste pas moins un véritable catholique fidèle pour
lequel nous avons une certaine admiration.( sur le point de vue de Loubier, se reporter également
aux revues Sous La Bannière n°35 et 36,1991 ; pour les réponses pertinentes apportées par
Boanerges à Loubier que nous ne reprenons pas ici, lire la revue La France debout ! n°32, 1989)
On ne peut s’empêcher également de penser à la réfutation de Michel Morin qui reste un
modèle de naïveté : «Paul VI, fut le pape d’un tournant eschatologique au niveau de la planète. Il
est mort le 6 août 1978, à la suite de longues souffrances. Il y a quelques années, certains
mouvements intégristes laissaient courir le bruit qu’il était encore vivant. Il aurait été enlevé et
séquestré quelques années avant sa mort et remplacé par un sosie. Cette histoire ubuesque me
paraît complètement farfelue, car il aurait aujourd’hui presque cent ans.» Michel Morin, Le Grand
Monarque selon les prophéties, Ed. Louise Courteau, Québec, 1995, p.136) Morin enterre bien vite
les partisans de la thèse de la survivance et avance comme argument l’âge qu’aurait Paul VI
actuellement, c’est méconnaître la Tradition Prophétique qui annonce que le Pape Martyr de la fin
des temps sera lors de son retour miraculeux plus que centenaire, et cela à un tel point que Jean de
Roquetaillade interrogeant la Tradition Prophétique, envisage comme une possibilité son retour à
l’âge de 141 ans! Dans son Liber Ostensor, cet auteur médiévale émet sérieusement et
curieusement en 1356, l’hypothèse que Célestin V est peut-être le Pape Martyr de la fin des temps,
et que ce dernier va ressusciter pour s’asseoir sur le trône pontifical. ( Célestin V né vers 1215 mort
en 1296 à l’âge de 83 ans aurait eu en 1356, 141 ans environ.).
De deux choses l’une, soit Jean de Roquetaillade a perdu sa raison ( ce que personne n’ose
avancer), soit cet auteur savait que ce qui caractérise le Pape Martyr de la fin lors de son retour
miraculeux, c’est son extrême vieillesse. Rappelons en effet que ce pape est appelé en langage
prophétique, le Pape vieillard ou « le vieillard vénérable » (cf. par exemple dans les prédictions
zachariennes datant de 1807 et rapportées par l’Abbé A. Fatacioli en 1856 que nous analyserons
dans notre prochaine étude) parce que ce pape décidément bien mystérieux doit son grand âge à
un miracle extraordinaire de Dieu.
Comble de tout, à côté de cela, Morin présente Jean de Roquetaillade comme un prophète
en odeur de sainteté à côté de Hildegarde, saint Thomas d’Aquin, saint Vincent Ferrier, sainte
Catherine de Sienne, etc. (Ibid. p.96) Nous ne serions pas étonnés d’apprendre que Morin croit
paradoxalement à la survivance d’Enoch et d’Elie qui ont vécu sous l’ancienne Alliance,
contrairement à Jean de Roquetaillade qui émet des doutes à ce sujet. Bref, envisageons pour plus
tard une étude spéciale relative aux réactions hostiles et spontanées que provoque la thèse de la
survivance, une étude répondant aux objections de la conscience naïve au sujet notamment de
l’idée de sosie de Paul VI, en espérant que les éventuels détracteurs de la thèse de la survivance,
prendront le soin de s’attaquer cette fois à la matière que nous leur donnons, de ne pas tenir des
propos inconsistants et déplacés, et de ne pas faire de psychologisme.
Force est de constater que la thèse de la survivance malgré les années qui passent gagne
actuellement du terrain parmi ceux qui ne font pas parti du milieu dit traditionaliste, comme le
montre par exemple ce passage du livre bien connu de John Cornwel sur la mort de « Jean-Paul I » :
« La thèse traditionaliste du complot dit ce journaliste, n’a pas cessé de refaire ponctuellement
surface (...) Elle atteignit alors le sommet de l’étrangeté, avec la publication de La Vrai Mort de Jean-
Paul I de Jean Jacques Thierry, livre dans lequel le cardinal Villot, le secrétaire d’état, est supposé
avoir substitué un sosie à Paul VI et projeté le meurtre de Jean-Paul I, après que l’infortuné nouveau
pape eut découvert que le Vatican abritait un nid de francs-maçons.» (John Cornwell, Comme un
voleur dans la nuit, Ed. Robert Laffont, Paris, 1989, p.33) Elle gagne du terrain également parmi les
fidèles qui commencent à accepter certains points de son enseignement comme l’existence du
sosie de Paul VI au Vatican jusqu’en 1978, comme l’indique par exemple la position de la
journaliste Michèle Reboul qui certes ne croit pas à la survivance de Paul VI mais à cette idée qu’il
y a bien eu un sosie de Paul VI au Vatican, en avançant sur ce point notamment ce que lui aurait dit
le moderniste Jean Guitton, témoignage que nous ne connaissions pas.
.Ceux qui défendent la thèse de la survivance après avoir longuement réfléchi ne
s’illusionnent pas en ce qui concerne la gravité de la situation de l’Eglise, bien au contraire, ils ont
une vision si claire que tout est humainement perdu qu’il n’attendent plus qu’un miracle de Dieu, et
ils sont si bien informés de la nature de ce miracle qu’ils attendent que cela se fasse par « le Pape
Martyr de la Fin des temps » et certainement pas par Wojtyla où un pape issu de l’église
wojtylienne, priant pour que la prédiction de Tomasuccio que nous venons de commenter se
réalise. Ils sont conscients du mal que Paul VI a fait à l’Eglise et paradoxalement c’est parce qu’ils
ont conscience de ce mal, qu’ils sont portés à reconnaître en Paul VI le pape répréhensible de la fin
des temps, qui par ses actions scandaleuses a provoqué l’indignation de tous ceux qui comme Paul
préfèrent obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, et qui pour avoir semé la discorde entre tous les
fidèles est appelé à réparer.
Le partisan de la thèse de la survivance rejoint néanmoins le sédévacantiste, le guérardien
dans leur manière de concevoir le saint sacrifice de la Messe aujourd’hui. En effet, tous les trois
s’accordent à ne pas faire intervenir au canon de la messe le nom de Wojtyla, et ont compris
l’importance de l’oblation pure. Si il y a une unité au sein des fidèles ce ne peut être que cette unité
dans la manière d’exercer les sacrements. Le conclaviste en acceptant de dire au canon de la
messe, le nom du « pape » qu’il s’est choisi s’est coupé de cette unité relative aux sacrements, car il
souille ainsi à sa manière le saint sacrifice. L’écônien va plus loin dans l’iniquité que le conclaviste
en ce sens seulement qu’il souille la messe au canon avec le nom de l’Antéchrist-antipape, mais le
conclaviste d’une autre manière dépasse en iniquité l’écônien en choisissant de fabriquer une
église parallèle avec un pape, perspective qui si Paul VI est encore en vie reste une abomination,
et qui en aucun cas nous apparaît conforme avec la doctrine de l’Eglise même si cette manière de
procéder semble en apparence du moins conforme avec la Tradition Prophétique.
En effet, il faut selon la Tradition Prophétique que le Vrai Pape soit issu du Vatican avant que
Vatican se mette à suivre l’antipapauté antéchristique, et il faut que le Vrai Pape ait été
répréhensible lors de son pontificat officiel, il faut qu’il soit totalement coupé des siens dans son
exil, en ayant perdu ses ornements pontificaux, jusqu’à sa résurrection miraculeuse auprès de tous
les fidèles qui doivent être divisés à son sujet, mais qui sont appelés à se réconcilier avec lui.
lorsque Dieu l’aura sorti de sa cachette. Or non seulement les conclavistes ne s’entendent pas pour
se donner un seul « pape », mais celui qu’ils prennent .pour « pape » ne correspondent pas à ces
critères préalablement établis par la Tradition Prophétique .On le voit, tous les fidèles qui par
définition résistent à l’apostasie de l’église officielle romaine, par amour de notre Seigneur, sont
tous divisés en ce qui concerne la situation actuelle de la Papauté. Cette unité des fidèles en ce qui
concerne le Pape est une unité qui nécessite l’intervention miraculeuse du Vrai Pape, en dehors de
laquelle nous ne concevons pas de solution possible.
Force est de constater que l’écônien, le guérardien, le sédévacantiste, et le conclaviste
ignorent superbement l’idée même d’Antéchrist-antipape, et a fortiori l’idée même de Pape Martyr
de la fin des temps dans la Tradition Prophétique. A la réflexion, un écônien fait moins référence à
la Tradition Prophétique relative aux derniers temps de l’Eglise, qu’un guérardien, un guérardien fait
moins référence à la Tradition Prophétique qu’un sédévacantiste. Et un sédévacantiste a moins
recours aux prédictions post-bibliques qu’un conclaviste, parce que un conclaviste contrairement à
un sédévacantiste doit faire l’effort de démontrer que son pape fait partie de la série des papes
angéliques. Plus ces derniers s’approchent de la Tradition Prophétique pour justifier leur thèses
respectives, et plus on se rend compte des lacunes énormes qui les confortent dans leur
conceptions étroites de la Papauté actuelle.
Pour toutes les raisons que nous venons de développer, la prédiction de Tomasuccio que
nous venons d’expliquer reste particulièrement dérangeante, c'est pourquoi nous l’avions réservée
pour notre conclusion. Face le Ciel que cette prédiction de Tomasccio se réalise car cette solution
avancée par Tomasuccio nous paraît être la seule possible pour redresser la situation de l’Eglise :
Dieu de Miséricorde, votre Église est foulée aux pieds et les âmes se perdent toujours plus.
Votre sanctuaire est profané, et l’abomination est jusque dans le lieu saint avec ce nouveau
Ménélas qu’est « Jean- Paul II » ! Toute l’Église gémit sous le poids des crimes de cette Babylone
maudite qu’est devenue l’Église officielle romaine depuis son rejet du Vrai pape ! Un signe de Vous
et la croisade tant annoncée par les prophètes pourra commencer !
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