Cours de DIH
Cours de DIH
Cours de DIH
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INTRODUCTION.........................................................................................................................3
I. L’ÉVOLUTION HISTORIQUE DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE........3
II. LE DIH AU CŒUR DE L’ÉVOLUTION ÉTHIQUE DE L’ORDRE JURIDIQUE
INTERNATIONAL.....................................................................................................................3
CHAPITRE 1 : LA DISTINCTION FONDAMENTALE ENTRE JUS IN BELLO ET
JUS AD BELLUM......................................................................................................................6
Section 1 : Contenu et justifications de la distinction..............................................................6
Paragraphe 1 : De la liberté de faire la guerre à la limitation de l’emploi de la force..........6
Paragraphe 2 : Du sens et de la justifications de la distinction.............................................6
Section 2 : Portée de la distinction...........................................................................................7
Paragraphe 1 : L’égalité des belligérants dans la soumission au DIH..................................7
Paragraphe 2 : L’applicabilité du droit international humanitaire indépendamment de la
qualification du conflit..........................................................................................................8
CHAPITRE 2 : LES SOURCES DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE........9
Section 1 : Les sources principales...........................................................................................9
Paragraphe 1 : Les traités internationaux..............................................................................9
Paragraphe 2 : La coutume internationale............................................................................9
Paragraphe 3 : Les principes généraux de droit..................................................................10
Section 2 : Les sources accessoires........................................................................................11
Paragraphe 1 : Le soft law..................................................................................................11
Paragraphe 2 : La jurisprudence et la doctrine...................................................................12
CHAPITRE 3 : APPROCHE CONCEPTUELLE DU DROIT INTERNATIONAL
HUMANITAIRE......................................................................................................................13
Section 1 : La définition du Droit International Humanitaire................................................13
Paragraphe 1 : Le DIH, un droit de protection...................................................................13
Paragraphe 2 : Le DIH, un droit de restriction...................................................................13
Section 2 : Le Droit international humanitaire et disciplines voisines...................................14
Paragraphe 1 : Le DIH et Droit international des droits de l’Homme................................14
Paragraphe 2 : Le DIH et Droit international pénal............................................................14
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CHAPITRE 4 : LES CONFLITS ARMÉS, CADRE TEMPOREL D’APPLICATION DU
DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE........................................................................15
Section 1 : Les conflits armés internationaux............................................................................15
Paragraphe 1 : Les conflits armés énumérés à l’article 2 Commun...................................15
Paragraphe 2 : Les guerres de libération nationale et les conflits armés internationalisés.21
Section 2 : Les conflits armés non internationaux.....................................................................23
Paragraphe 1 : Les conflits armés non internationaux prévus par le Droit de Genève.......23
Paragraphe 2 : Les conflits armés non internationaux prévus par le Droit de Rome.........25
CHAPITRE 5 : LA CONDUITE DES HOSTILITÉS..............................................................27
Section 1 : Les principes essentiels du Droit international humanitaire....................................27
Paragraphe 1 : La clause de Martens..................................................................................27
Paragraphe 2 : Le principe d’humanité...............................................................................27
Paragraphe 3 : Le principe de proportionnalité..................................................................28
Paragraphe 4 : Le principe de distinction...........................................................................28
Paragraphe 5 : Le principe de précaution...........................................................................28
Paragraphe 6 : La conciliation entre nécessités militaires et principe d’humanité.............29
Paragraphe 7 : Les maux superflus.....................................................................................29
Section 2 : La limitation des méthodes et moyens de guerre.....................................................30
Paragraphe 1 : Les méthodes de guerre interdites..............................................................30
Paragraphe 2 : Les moyens de guerre interdits...................................................................31
CHAPITRE 6 : LES COMBATTANTS ET LES PRISONNIERS DE GUERRE................33
Section 1 : Le statut de combattant ou qui est combattant ?......................................................33
Paragraphe 1 : La définition du combattant........................................................................33
Paragraphe 2 : La définition du civil..................................................................................34
Section 2 : Le traitement des prisonniers de guerre...................................................................34
Paragraphe 1 : La protection par la Convention III dès qu’ils tombent au pouvoir de la
partie adverse......................................................................................................................35
Paragraphe 2 : L’impossibilité de transfert à une puissance qui ne peut ou ne veut
appliquer la Convention III.................................................................................................35
CHAPITRE 7 : LA MISE EN ŒUVRE DU DROIT INTERNATIONAL
HUMANITAIRE..........................................................................................................................36
Section 1 : Les mesures à prendre en temps de paix..................................................................36
Paragraphe 1 : Des mesures nécessaires.............................................................................36
Paragraphe 2 : Des mesures de diffusion............................................................................36
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Section 2 : Le respect du droit international humanitaire en situation de conflit armé.............36
Paragraphe 1 : Un respect affirmé par le droit conventionnel............................................36
Paragraphe 2 : Un respect consolidé par le droit coutumier et la jurisprudence................37
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INTRODUCTION
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conflits armés – nous l’avons dit et répété – est un droit simple : un peu de bon sens et un
minimum de générosité permettent à n’importe qui d’en découvrir par soi-même les
règles de base sans être juriste patenté. D’ailleurs, en simplifiant à l’extrême, ces règles
peuvent se résumer en quatre préceptes : ne pas attaquer les non-combattants, ne pas
attaquer les combattants n’importe comment, traiter humainement les personnes en son
pouvoir, protéger les victimes. (…) Le droit des conflits armés est en même temps un
droit complexe en raison du fait qu’il ne s’applique que dans certaines situations, que
ces situations ne sont pas toujours aisées à définir concrètement, et que selon les
situations, un même comportement peut être licite ou illicite, illicite et incriminé, ni licite,
ni illicite ! … » (DAVID Éric, Principes de droit des conflits armés, Bruxelles,
Bruylant, 4e édition, 2008, pp. 1039-1040)
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(Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international de
Nuremberg, 14 novembre 1945-1 er octobre 1946, cité in COUSSIRATCOUSTÈRE V.,
EISEMANN P. M. (dir.), Répertoire de la jurisprudence arbitrale internationale, tome
III, vol. III, Dordrecht, Martinus Nijhoff Publishers, 1991, p. 1048). Le pouvoir de
punir, jusqu’alors détenu exclusivement par l’État, est ainsi dilué entre ce dernier et la
communauté internationale afin d’assurer le respect de ces valeurs fondamentales (Elsa
MARIE, VERS UNE PÉNALISATION DU DROIT INTERNATIONAL ?
L’ILLUSTRATION AVEC LA SITUATION DU DARFOUR, p. 6).
7. D’autre part, l’affirmation de ces valeurs dans l’ordre juridique international a conduit,
près de cinquante ans après ces premiers tribunaux, à étendre les règles du DIH
applicables aux conflits armés internationaux à ceux non internationaux (TPIY, Le
Procureur c. Dusko Tadic, Arrêt relatif à l’appel de la défense concernant l’exception
préjudicielle d’incompétence, Ch. d’appel, IT-94-1-AR72, 2 octobre 1995, §§ 65-142).
Les tribunaux pénaux internationaux, se sont ainsi fait l’écho des valeurs de la
communauté internationale à travers l’interprétation des dispositions conventionnelles
existantes et l’identification de nouvelles normes coutumières (Le TPIY marque son
engagement avec ces phrases : « [d]e fait, des considérations élémentaires d’humanité
et de bon sens rendent absurde le fait que les États puissent employer des armes
prohibées dans des conflits armés internationaux quand ils essayent de réprimer une
rébellion de leurs propres citoyens sur leur propre territoire. Ce qui est inhumain et,
par conséquent, interdit dans les conflits internationaux, ne peut pas être considéré
comme humain et admissible dans les conflits civils » (Le Procureur c. Dusko Tadic, 2
octobre 1995, op. cit., § 119).
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CHAPITRE 1 : LA DISTINCTION FONDAMENTALE ENTRE JUS IN BELLO ET JUS
AD BELLUM
9. De cela, on infère que le jus ad bellum est devenu jus contra bellum. De façon
concrète, la distinction entre jus in bello et jus ad bellum signifie que le droit international
humanitaire s’applique aux conflits armés indépendamment des buts et motifs de ceux-ci.
Conformément à la jurisprudence de la CIJ, on peut lire que « le principal objectif de ce
droit [jus in bello] est de protéger des personnes prises dans un conflit, même s’il prend
effectivement en compte les intérêts des parties belligérantes, entre lesquelles il n’opère
aucune distinction. En particulier, une occupation résultant d’un recours licite à
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l’emploi de la force n’est pas distinguée, dans le jus in bello, de celle qui découle d’une
agression » (CIJ, Affaire des activités armées sur le territoire du Congo, République
démocratique du Congo c. Ouganda, opinion individuelle du Juge KOOIJMANS, par.
58).
10. En premier lieu, une fois que les règles fondamentales interdisant le recours à la force
(c’est-à-dire le jus ad bellum) ont été violées, les règles subsidiaires du jus in bello
doivent s’appliquer, car elles sont prévues précisément pour les situations où les règles
fondamentales ont été enfreintes.
11. En deuxième lieu, les victimes de la guerre ne sont pas responsables du fait que « leur »
État a violé le droit international (c’est-à-dire le jus ad bellum), et ont besoin d’être
protégées, qu’elles soient du « bon » ou du « mauvais » côté.
12. En troisième lieu, lors d’un conflit armé, les belligérants ne sont jamais d’accord sur la
question de savoir lequel d’entre eux a violé le jus ad bellum, c’est-à-dire qui est
l’agresseur ; en pareil contexte, le DIH doit s’appliquer. Il n’a donc une chance d’être
respecté que si les deux côtés doivent appliquer les mêmes règles (Voir en ce sens Marco
SASSÒLI, Antoine BOUVIER, Anne QUINTIN, Un droit dans la guerre ? Op. Cit., p.
38). Au final, on retient que la distinction entre jus in bello et jus ad bellum est justifiée
par des considérations tout aussi logiques, humanitaires que pratiques. Mais au-delà de
ses justifications, la distinction évoquée emporte des conséquences certaines sur
lesquelles il y a lieu de s’intéresser.
13. Lorsque le droit international humanitaire décide de s’appliquer sans considérer la licéité
du recours à la force armée et les motivations et les objectifs visés par les belligérants,
trois constats émergent au titre des effets de cette distinction : l’égalité des belligérants,
l’applicabilité du droit international humanitaire indépendamment de la qualification du
conflit, l’impossibilité d’invoquer un argument du jus ad bellum pour interpréter le droit
international humanitaire. Le principe en question est énuméré à aux articles 1 er commun
aux Conventions de Genève (« Les Hautes Parties contractantes s’engagent à respecter
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et à faire respecter la présente Convention en toutes circonstances. ») et 96-3-c du
Premier Protocole additionnel aux Conventions de Genève qui stipule que « les
Conventions et le présent Protocole lient d’une manière égale toutes les Parties au
conflit ». Ce principe induit que « les belligérants ne sauraient donc invoquer la dureté
du conflit armé pour justifier des manquements au DIH ; ils doivent respecter leurs
obligations humanitaires en toutes circonstances. Pour la même raison, le DIH est
également contraignant pour toutes les parties à un conflit armé, indépendamment des
motifs qui les animent, de la nature ou de l’origine du conflit » (Nils MELZER, Droit
international humanitaire - Introduction détaillée, Genève, CICR, 2018, p. 22).
14. Le contenu de cette implication de la distinction entre jus in bello et jus ad bellum trouve
une résonnance dans la jurisprudence en ces termes : « la Convention III est un traité
international qui a pour objet de protéger les prisonniers de guerre contre un traitement
inhumain aux mains de ceux qui les ont capturés. Indépendamment de la question de
savoir s’il a force exécutoire dans les circonstances présentes, le traité est sans aucun
doute un accord international valable et il fait partie de la législation nationale des
États-Unis. De ce fait, la Convention III s’applique à tout prisonnier de guerre capturé et
détenu par les États-Unis, et le gouvernement américain a, au minimum, une obligation
internationale de faire respecter le traité » (Tribunal Fédéral de Première Instance des
États-Unis, District sud de la Floride, Les États-Unis c. Manuel Antonio NORIEGA,
opinion individuelle du juge William HOEVELER).
Convention en miniature de l’article 3 commun aux conventions de Genève
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Une
15. Le droit conventionnel des conflits armés internationaux. Le DIH constitue, de nos
jours, l’une des branches les plus codifiées du droit international. Par conséquent, les
sources les plus pertinentes de DIH, dans la pratique, sont les traités applicables au conflit
armé en question. Ainsi, dans des situations de conflit armé international, les sources les
plus importantes de DIH applicable seraient les quatre Conventions de Genève de 1949,
leur Protocole additionnel I, ainsi que les traités relatifs aux armes, comme la Convention
de 1980 sur certaines armes classiques ou la Convention de 2008 sur les armes à sous-
munitions.
16. Le droit conventionnel des conflits armés non internationaux. Le DIH conventionnel
applicable dans les conflits armés non internationaux est nettement moins développé ; les
sources les plus importantes sont l’article 3 commun et, dans certaines circonstances, le
Protocole additionnel II. Comme la plupart des conflits armés qui se déroulent de nos
jours sont de nature non internationale, l’idée selon laquelle certains domaines du DIH
conventionnel régissant ces situations devraient sans doute être renforcés, développés ou
explicités gagne du terrain (Voir en ce sens Nils MELZER, Droit international
humanitaire - Introduction détaillée Op. Cit., p. 26).
17. Déjà en 1945, le Tribunal militaire international de Nuremberg avait jugé que les règles
humanitaires contenues dans le règlement annexé à la Convention IV de La Haye de 1907
« étaient admises par tous les États civilisés et regardées par eux comme l’expression,
codifiée, des lois et coutumes de la guerre » (Procès des grands criminels de guerre
devant le Tribunal militaire international, Nuremberg, 14 novembre 1945 –
1er octobre 1946, Nuremberg, 1947, vol. 1, p. 267). Dans une espèce de la CIJ, la Cour a
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admis que « La large codification du droit humanitaire et l’étendue de l’adhésion aux
traités qui en ont résulté, ainsi que le fait que les clauses de dénonciation contenues dans
les instruments de codification n’ont jamais été utilisées, ont permis à la communauté
internationale de disposer d’un corps de règles conventionnelles qui étaient déjà
devenues coutumières dans leur grande majorité et qui correspondaient aux principes
humanitaires les plus universellement reconnus. Ces règles indiquent ce que sont les
conduites et comportements normalement attendus des États » (Cour internationale de
Justice, Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, Avis consultatif, 8
juillet 1996 par. 82).
18. Il y a aussi lieu de souligner l’effort de systématisation des règles du droit international
humanitaire coutumier par la célèbre Étude du CICR sur le droit international
humanitaire coutumier.
19. La troisième source de droit international, outre les traités et la coutume, réside dans « les
principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées », telle que décrite à
l’article 38-1-c du Statut de la CIJ. Il n’existe pas de définition ni de liste agréée des
principes généraux de droit. Cette expression renvoie essentiellement aux principes de
droit reconnus dans tous les systèmes juridiques nationaux développés, comme le devoir
d’agir de bonne foi, le droit à la légitime défense et la non-rétroactivité des lois pénales.
20. En outre, il importe de rappeler que les principes généraux de droit sont difficiles à cerner
avec précision et, par conséquent, « ne jouent pas un rôle de premier plan dans la mise
en œuvre du DIH » (Nils MELZER, Droit international humanitaire – Introduction
détaillée, Op. Cit., p. 29). Une fois identifiés par l’instance compétente, en revanche, les
principes généraux de droit peuvent être d’une importance décisive, car ils donnent
naissance à des obligations internationales distinctes.
21. Il convient de relever, en particulier, que la CIJ a, à plusieurs reprises, déduit directement
des obligations de DIH à partir d’un principe général de droit, à savoir « des
considérations élémentaires d’humanité », qu’elle a considérées comme « plus absolues
encore en temps de paix qu’en temps de guerre ». C’est sur la base de ce principe que la
CIJ a affirmé que l’obligation des États, au regard du DIH, de faire connaître l’existence
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d’un champ de mines mouillées en mer en temps de guerre s’applique aussi en temps de
paix (CIJ, Affaire du Détroit de Corfou, Arrêt du 9 avril 1949 : CIJ Recueil 1949, par.
22) et que les principes du DIH formulés dans l’article 3 commun sont contraignants dans
tout conflit armé, quelle que soit sa classification juridique et quelles que soient les
obligations des parties au conflit au regard des traités (CIJ, Activités militaires et
paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. États-Unis d’Amérique),
fond, arrêt, CIJ Recueil 1986, p. 14, par. 218).
22. Les seules sources du droit international sont les traités, la coutume et les principes
généraux de droit ; cependant, les règles et principes découlant de ces sources exigent
souvent une interprétation plus détaillée avant de pouvoir être appliqués dans la pratique
(en ce qui concerne les règles générales relatives à l’interprétation des traités, voir la
Convention de Vienne sur le droit des traités, 23 mai 1969, art. 31.). Ainsi, si le droit
dispose clairement que le DIH ne s’applique que dans des situations de « conflit armé »,
le sens précis qu’il convient de donner à cette expression exige une interprétation
juridique. De la même manière, le DIH affirme que les personnes civiles ont droit à être
protégées contre les attaques directes « sauf si elles participent directement aux hostilités
et pendant la durée de cette participation ». Là encore, pour déterminer si une personne
civile a perdu sa protection, il est nécessaire de définir l’expression « participation
directe aux hostilités ».
23. Bien entendu, les États eux-mêmes — qui sont les législateurs du droit international —
peuvent donner des indications touchant l’interprétation du DIH. Elles peuvent prendre la
forme de réserves ou de déclarations unilatérales, ou de résolutions émanant
d’organisations multilatérales, mais aussi d’appui à des instruments de droit non
contraignants. À titre d’exemple de tels textes de droit indicatif (soft law) pertinents pour
l’interprétation du DIH, citons les Principes directeurs relatifs au déplacement de
personnes à l’intérieur de leur propre pays (1998) ou les Principes fondamentaux et
directives concernant le droit à un recours et à réparation des victimes de violations
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flagrantes du droit international relatif aux droits de l’homme et de violations graves du
droit international humanitaire (2005) (Pour des considérations générales sur la
contribution du CICR à ces instruments, voir J.-P. Lavoyer, «Principes directeurs
relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays: quelques
observations sur la contribution du droit international humanitaire », RICR, n° 831,
septembre 1998; J. Kellenberger, «Relations of the ICRC with the humanitarian system
of the UN», déclaration, San Remo, 8 septembre 2005).
24. En l’absence d’indications émanant clairement des États, la tâche consistant à interpréter
le DIH incombe, en premier lieu, aux cours et tribunaux internationaux chargés de juger
des cas régis par le DIH — comme les tribunaux pénaux internationaux créés pour des
conflits spécifiques —, à la CPI et, naturellement, à la CIJ. En outre, la doctrine des
publicistes les plus qualifiés est aussi reconnue comme moyen auxiliaire de détermination
des règles de droit (Statut de la CIJ, art. 38). D’autre part, étant donné le mandat spécial
du CICR, ses Commentaires sur les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles
additionnels sont considérés comme une interprétation de ces traités faisant
particulièrement autorité.
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CHAPITRE 3 : APPROCHE CONCEPTUELLE DU DROIT INTERNATIONAL
HUMANITAIRE
27. Un droit de restrictions dans la conduite des hostilités. Convaincu que pour « gagner
la guerre » il n’est pas nécessaire de tuer tous les soldats ennemis et que le seul but
légitime de la guerre est l’affaiblissement du potentiel militaire ennemi, le droit
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international humanitaire reconnaît que les belligérants ne disposent du droit de choisir
librement les moyens de guerre et la manière dont ceux-ci sont employés sur le théâtre
des hostilités (Préambule de la Déclaration de Saint-Pétersbourg). Conformément au
droit international humanitaire conventionnel, « il est interdit d’employer des moyens ou
des méthodes de guerre de nature à causer des maux superflus » (Règle 70 de l’Étude
du CICR sur le droit international humanitaire coutumier).
28. Souvent confondus par les médias, DIDH et DIH sont soigneusement distingués par les
juristes. En effet, les droits de l’Homme visent à protéger la liberté de la personne
humaine de la personne humaine à l’égard du pouvoir politique et à promouvoir son plein
épanouissement, essentiellement en temps de paix. Le droit international humanitaire
concerne initialement la conduite des hostilités et organise le respect de la personne
humaine en cas de conflit armé Mario BETTATI, Droit humanitaire Op. Cit., p. 53).
Ainsi, à la question de savoir si la séparation entre ces deux systèmes est-elle radicale, on
répondra « techniquement oui. Fondamentalement non » (Ibid).
29. DIH et droit international pénal. Le DIH et le Droit international pénal sont des
disciplines voisines dans leurs sources mais fondamentalement différentes. En effet, du
point de vue de leurs sources, on remarque aisément que l’article 8 du Statut de Rome de
la Cour pénale internationale incrimine les violations graves des Conventions de Genève
et leurs protocoles additionnels en les considérant comme des crimes de guerre.
Cependant, fondamentalement, le droit international pénal n’est rien d’autre que l’aspect
pénal ou répressif du DIH, dans la mesure ce dernier ne fixe aucune sanction.
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CHAPITRE 4 : LES CONFLITS ARMÉS, CADRE TEMPOREL D’APPLICATION DU
DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE
1. Le conflit armé est une question de fait. Article 2 Commun, par. 2 : « En dehors des
dispositions qui doivent entrer en vigueur dès le temps de paix, la présente Convention
s’appliquera en cas de guerre déclarée ou de tout autre conflit armé surgissant entre deux
ou plusieurs des Hautes Parties contractantes, même si l’état de guerre n’est pas reconnu
par l’une d’elles ».
Avant l’adoption des Conventions de Genève de 1949, prévalait la règle selon
laquelle les lois de la guerre ne s’appliquent qu’en cas de guerre déclarée entre
deux ou plusieurs États. L’article 2 alinéa 1 a supprimé cette règle rigide en
précisant qu’en dehors des cas de guerre déclarée, les Conventions de Genève
seraient également applicables lorsque l’état de guerre n’a pas été reconnu
(Dietrich Schindler, « The Different Types of Armed Conflicts according to the
Geneva Conventions and Protocols », Recueil des cours de l’Académie de droit
international de La Haye, tome 163, 1979, pp. 117-164).
Depuis 1907, l’expérience a montré que de nombreux conflits armés, présentant
toutes les caractéristiques d’une guerre, pouvaient surgir sans qu’aucune des
formalités prévues dans la Convention (III) de La Haye de 1907 (Art. 1) ne les
précède. Il résulte de l’alinéa 1 de l’article 2 que l’existence factuelle d’un conflit
armé suffit pour que le droit international humanitaire s’applique (Association de
droit international, Comité sur l’usage de la force, Final Report on the
Meaning of Armed Conflict in International Law, Conférence de La Haye,
2010, p. 2.) et que par conséquent l’applicabilité des Conventions de Genève sur
des critères factuels et objectifs (Commentaire de la Convention de Genève (I),
p. 69, par. 210). Pour des avis de doctrine, voir Robert Kolb et Richard Hyde, An
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Introduction to the International Law of Armed Conflicts, 3e édition, Hart
Publishing, Oxford, 2008, pp. 75 et 76 ; Geoffrey S. Corn et al. (dir.), The Law
of Armed Conflict: An Operational Approach, Wolters Kluwer Law & Business,
New York, 2012, pp. 72 et 80 ; Voir aussi Association de droit international,
Comité sur l’usage de la force, Final Report on the Meaning of Armed Conflict
in International Law, Conférence de La Haye, 2010, p. 33 : « Le conflit armé,
de jure ou de fait, dépend des faits concrets et tangibles, autrement dit, de
critères objectifs [traduction CICR] ». Pour des références jurisprudentielles :
TPIR, Akayesu, jugement, 1998, par. 603 : « [s]i l’application du droit
international humanitaire dépendait de la seule appréciation subjective des
parties aux conflits, celles-ci auraient dans la plupart des cas tendance à en
minimiser l’intensité » ; ou encore TPIY, Milutinović, Jugement, 2009, par. 125 :
« L’existence d’un conflit armé ne dépend pas de l’interprétation des parties au
conflit [traduction CICR] ». Voir aussi Blaškić, jugement, 2000, par. 82 : « En
tout état de cause, les parties au conflit ne peuvent pas s’accorder entre elles
pour changer la nature du conflit, laquelle est établie par les faits dont
l’interprétation relève, le cas échéant, du juge ».
2. Définition du CAI. Les conflits armés, au sens de l’alinéa 1 de l’article 2, sont ceux qui
opposent des Hautes Parties contractantes (c’est-à-dire des États) et qui surgissent lorsqu’un
ou plusieurs États ont recours à la force armée contre un autre État, quels que soient les
motifs ou l’intensité de l’affrontement (CICR, « Comment le terme “conflit armé” est-il
défini en droit international humanitaire ? » Prise de Position, mars 2008, p. 1. Le
Commentaire de la Quatrième Convention de Genève de 1958 a aussi joué un rôle
important dans la clarification de la notion de « conflit armé » : voir Pictet (dir.),
Commentaire de la IVe Convention de Genève de 1949, Genève, CICR, 1958, pp. 25 et 26).
Dans l’affaire Tadić, le TPIY a déclaré qu’« un conflit armé existe chaque fois qu’il y a
recours à la force armée entre États » (TPIY, Tadić, arrêt relatif à l’appel de la défense
concernant l’exception préjudicielle d’incompétence, 1995, par. 70).
3. Le statut juridique des belligérants, premier critère.
Selon le premier alinéa de l’article 2 commun, les Conventions de Genève de 1949
s’appliquent « en cas de […] conflit armé surgissant entre deux ou plusieurs des
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Hautes Parties contractantes, même si l’état de guerre n’est pas reconnu par l’une
d’elles ». L’expression « Hautes Parties contractantes » désigne les États pour
lesquels ces instruments sont en vigueur. Les situations décrites à l’alinéa 1 de
l’article 2 sont donc limitées aux conflits armés entre États (Voir CICR, Le droit
international humanitaire et les défis posés par les conflits armés contemporains,
Rapport préparé pour la 31e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge, Genève, 2011, pp. 35-38).
L’un des problèmes récurrents lors de la détermination de l’existence d’un conflit
armé international est celui de savoir si l’une des parties qui revendique le statut
d’État, est effectivement un État en vertu du droit international (Par exemple, le
TPIY devait déterminer si la Croatie était devenue un État afin d’établir si le conflit
en ex-Yougoslavie était un conflit international. Voir TPIY, Slobodan Milošević,
Décision relative à la demande d’acquittement, 2004, par. 85-93).
Le statut étatique des belligérants, qui détermine le caractère international du conflit
armé, est établi à l’aide de critères objectifs du droit international (Convention de
Montevideo concernant les droits et devoirs des États, (1933), article 1, (« L’État
comme personne de droit international doit réunir les conditions suivantes : I.
Population permanente ; II Territoire déterminé ; III. Gouvernement ; et IV.
Capacité d’entrer en relations avec les autres États).
4. L’intensité de l’affrontement armé, deuxième critère.
Il n’est pas exigé que l’usage de la force armée entre les parties atteigne un certain
niveau d’intensité pour pouvoir conclure à l’existence d’un conflit armé. L’alinéa 1
de l’article 2 ne contient d’ailleurs aucune mention d’un quelconque seuil relatif à
l’intensité ou à la durée des hostilités (Pictet (dir.), Commentaire de la IVe
Convention de Genève de 1949, Genève, CICR, 1956, p. 26 « Tout différend
surgissant entre deux États et provoquant l’intervention de membres des forces
armées, est un conflit armé au sens de l’article 2, même si l’une des Parties
conteste l’état de belligérance. Ni la durée du conflit, ni le caractère plus ou moins
meurtrier de ses effets ne jouent de rôle. Le respect dû à la personne humaine ne
se mesure pas au nombre de victimes »).
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Cette position fait l’objet d’une jurisprudence constante selon laquelle « le recours à
la force armée entre États suffit en soi à déclencher l’application du droit
international humanitaire » (TPIY, Delalić, jugement, 1998, par. 184 ; Tadić, arrêt
relatif à l’appel de la défense concernant l’exception préjudicielle d’incompétence,
1995, par. 70 ; CPI, Lubanga, décision sur la confirmation des charges, 2007, par.
207. Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a utilisé la définition du conflit armé
international proposée par le TPIY dans l’affaire Tadić ; voir TSSL, Taylor,
jugement, 2012, par. 563-566).
Elle est confortée par un large nombre d’universitaires (Voir Hans-Peter, Gasser
« Le droit international humanitaire : introduction », in Hand Haug (dir.),
Humanity for All : The International Red Cross and Red Crescent Movement,
Intitut Henry-Dunant, Genève, 1993, pp. 510-511).
5. Conflits armés impliquant des forces multinationales.
En vertu de la séparation stricte entre le jus in bello et le jus ad bellum, l’applicabilité
du droit humanitaire à des forces multinationales, de même qu’à tout autre acteur, ne
dépend que des circonstances sur le terrain, indépendamment de tout mandat
international donné par le Conseil de sécurité des Nations Unies et de toute
appellation donnée aux parties s’opposant potentiellement à ces forces
multinationales (Commentaire de la Convention de Genève (I), par. 246).
Selon le droit existant, les critères pour déterminer l’existence d’un conflit armé
impliquant des forces multinationales sont les mêmes que ceux utilisés pour des
formes plus « classiques » d’un conflit armé (CICR, Le droit international
humanitaire et les défis posés par les conflits armés contemporains, Rapport
préparé pour la 32e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge, Genève, 2015, pp. 27-30. Kolb, Porretto et Vité, pp. 180 et 181 ; voir aussi
Marten Zwanenburg, Accountability of Peace Support Operations, Martinus
Nijhoff Publishers, Leiden, 2005, p. 207).
6. La fin des hostilités.
Selon l’approche traditionnelle issue de la doctrine, le CA prend fin avec la
conclusion d’un traité de paix ou par toute autre indication claire (par exemple une
déclaration) de la part des belligérants qui estiment que l’état de guerre a pris fin. En
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fait, une fois qu’un état de guerre (dans le sens juridique traditionnel) est déclaré, le
fait qu’il n’y ait plus d’hostilités actives et que les opérations militaires aient cessé
« n’est pas en soi suffisant pour mettre fin à l’état de guerre [traduction CICR] »
(Commentaire de la Convention de Genève (I), par. 275).
La preuve qu’il y a eu une « fin générale des opérations militaires » est le seul critère
objectif permettant de déterminer qu’un conflit armé international a cessé de manière
générale, définitive et effective (Cet argument est également corroboré par l’article
6, alinéa 2 de la Quatrième Convention qui dispose que les Conventions cessent de
s’appliquer « après la fin générale des opérations militaires ». Voir aussi
Greenwood, 2008, p. 72 : « la fin des hostilités actives devrait être suffisante pour
mettre fin à un conflit armé [traduction CICR] ».). Pour que le conflit armé
international soit considéré comme ayant pris fin, les hostilités doivent cesser avec un
certain degré de stabilité et de permanence (« Dès lors que le droit des conflits armés
est applicable, il ne faut pas, à la légère, conclure à la fin de son application.
Autrement, les participants à un conflit armé peuvent se retrouver entre
applicabilité et non applicabilité, menant à un degré considérable d’insécurité
juridique et de confusion. La Chambre de première instance va donc examiner si, à
tout moment durant la période de mise en accusation, le conflit armé international
a cessé de manière suffisamment générale, définitive et effective afin de mettre fin
à l’applicabilité du droit des conflits armés. Elle va particulièrement examiner s’il y
avait une fin générale des opérations militaires [traduction CICR] » TPIY,
Gotovina., Jugement, 2011, par. 1694).
B. L’occupation belligérante
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comme la seule référence normative pour déterminer l’existence d’une occupation
conformément au droit humanitaire (« Ainsi, en l’absence d’une définition du terme «
occupation » dans les Conventions de Genève, elle renvoie à la définition qu’en donne
le Règlement de La Haye, tout en rappelant le caractère coutumier dudit Règlement »,
TPIY, Naletilić et Martinović, Jugement, 2003, par. 215 ; Dans son avis consultatif de
2004 sur les Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire
palestinien occupé, la C.I.J. a exclusivement utilisé l’article 42 du Règlement de La
Haye afin de déterminer l’existence d’une occupation dans les territoires en question
et de voir si le droit de l’occupation s’appliquait dans ces situations).
8. Éléments constitutifs de l’occupation ou le « test du contrôle effectif »
Même si les Conventions de Genève ne contiennent aucune définition de
l’occupation, le Règlement de La Haye de 1907 et ses travaux préparatoires, la
doctrine, les manuels militaires et les décisions judiciaires démontrent la primauté
accordée à trois éléments constitutifs de l’occupation, à savoir : la présence non
consentie des forces étrangères, la capacité de ces forces étrangères à exercer leur
autorité sur le territoire concerné en lieu et place du souverain local et, de ce fait,
l’incapacité de celui-ci d’exercer son autorité sur le territoire ( Commentaire de la
Convention de Genève (I), par. 303 ; voir aussi CICR, Rapport sur l’occupation et
d’autres formes d’administration de territoires étrangers, pp. 16-26).
Trois conditions cumulatives doivent dont être remplies :
« – les forces armées d’un État sont physiquement présentes sur un territoire
étranger sans le consentement du gouvernement local effectif qui était en place au
moment de l’invasion ; – le gouvernement local effectif qui était en place au moment
de l’invasion, a été rendu, ou peut être rendu, largement ou complètement incapable
d’exercer ses pouvoirs du fait de la présence, non consentie, des forces étrangères ;
– les forces étrangères sont en mesure d’exercer leur autorité sur le territoire
concerné (ou sur des parties de ce territoire) en lieu et place du gouvernement
local » (CICR, Rapport sur l’occupation et d’autres formes d’administration de
territoires étrangers, p. 20. Voir également Cour suprême d’Israël siégeant en sa
capacité de Haute Cour de justice, affaire Tzemel, jugement, 1983, pp. 373 et 374).
9. La fin de l’occupation.
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Les critères permettant de déterminer la fin d’une occupation sont généralement les
mêmes que ceux appliqués pour déterminer son début ( voir Daphna Shraga,
« Military Occupation and UN Transitional Administrations – the Analogy and its
Limitations », in Marcelo G. Kohen (dir.), Promoting Justice, Human Rights and
Conflict Resolution through International Law: Liber Amicorum Lucius Caflisch,
Martinus Nijhoff, Leiden, 2007, pp. 479-498, aux pp. 480 et 481) mais en sens
inverse (Yuval Shany, « Faraway, So Close: The Legal Status of Gaza after
Israel’s Disengagement », Yearbook of International Humanitarian Law, vol. 8,
2005, pp. 369-383, à la p. 378).
Pour établir si l’occupation a pris fin, il convient donc d’examiner si les conditions
suivantes sont toujours cumulativement réunies : la présence physique des forces
étrangères, leur capacité d’exercer leur autorité sur le territoire concerné en lieu et
place de l’autorité gouvernementale locale existante et l’absence continue du
consentement de l’autorité gouvernementale locale à la présence des forces
étrangères. Si l’un ou l’autre de ces éléments vient à manquer, l’occupation peut être
considérée comme ayant pris fin (Commentaire de la Convention de Genève (I), par.
306).
Article 1.4 PA1 : « Dans les situations visées au paragraphe précédent sont compris les
conflits armés dans lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l’occupation
étrangère et contre les régimes racistes dans l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-
mêmes, consacré dans la Charte des Nations Unies et dans la Déclaration relative aux principes
du droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États
conformément à la Charte des Nations Unies ».
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économiques et culturels ; Résolution 1514 sur la Déclaration d’indépendance aux
pays et aux peuples coloniaux).
11. Le concept de « peuples », un concept incertain
« Il n’existe pas en droit international, de définition de ce qu’est un peuple, seuls
existent des instruments qui énumèrent les droits reconnus à tout peuple. Il n’y a pas
non plus de critère objectif ou infaillible qui permette de reconnaître qu’un groupe
de population est un peuple » (Claude PILLOUD, Jean DE PREUX et al.,
Commentaire des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève du 12 août
1949, Genève, Comité International de la Croix-Rouge, 1986, par.103).
« Il ne s’agit pas ici des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques auxquelles,
par exemple, le PIDCP se contente de reconnaître le droit d’avoir leur propre vie
culturelle, de professer et de pratiquer leur propre religion » ((Claude PILLOUD,
Jean DE PREUX et al., Commentaire des Protocoles additionnels aux Conventions
de Genève du 12 août 1949 Op. Cit., par. 106).
L’essentiel est un sentiment commun de former un peuple et une volonté politique de
vivre ensemble comme tel, résultant d’un ou plusieurs des critères indiqués,
généralement démontrés et confortés par une histoire commune (Idem, par. 103).
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troupes d’un autre État interviennent dans le conflit ou encore si ii) certains
participants au conflit armé interne agissent au nom de cet autre État » (TPIY,
Affaire Tadić, Jugement, 15 juillet 1999, IT-94-1-A- par. 84).
Paragraphe 1 : Les conflits armés non internationaux prévus par le Droit de Genève
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« [l]orsqu’il s’agit de décider si l’on est en présence d’un groupe armé organisé (pour
déterminer si un conflit armé ne présentait pas un caractère international), les éléments
de fait suivants, dont la liste n’est pas exhaustive, peuvent être pertinents : la hiérarchie
interne de la force ou du groupe en cause ; la structure de commandement et les règles
appliquées ; la capacité de se procurer des équipements militaires, notamment des armes
à feu ; la capacité de la force ou du groupe en cause de planifier et de mener des
opérations militaires ; et l’étendue, la gravité et l’intensité de toute intervention
militaire. Aucun de ces éléments de fait n’est toutefois déterminant à lui seul. La
Chambre devrait faire preuve de souplesse lorsqu’elle appliquera ces critères pour
déterminer si l’on était en présence d’un groupe armé organisé, étant donné que l’article
8-2-f du Statut exige seulement que le groupe armé en cause soit « organisé » (Jugement
Lubanga, par. 537. Voir également Jugement Ntaganda, par. 704 ; Jugement Katanga,
par. 1186. Voir également TPIY, Le Procureur c. Ljube Boškoski et Johan
Tarčulovski, Jugement, 10 juillet 2008, IT-04-82-T, paras 199-203 ; Le Procureur c.
Ramush Haradinaj et consorts, Jugement, 3 avril 2008, IT-04-84-T (le « Jugement
Haradinaj »), par. 60 ; Le Procureur c. Fatmir Limaj et consorts, Jugement, 30
novembre 2005, IT-03-66-T (le « Jugement Limaj et consorts »), par. 90) .
B. Les CA prévus à l’article 1-1 du Protocole additionnel 2 aux Conventions de
Genève
Le Protocole additionnel II s'applique aux conflits armés non internationaux « qui se déroulent
sur le territoire d'une Haute Partie contractante entre ses forces armées et des forces armées
dissidentes ou des groupes armés organisés qui, sous la conduite d'un commandement
responsable, exercent sur une partie de son territoire un contrôle tel qu'il leur permette de
mener des opérations militaires continues et concertées et d'appliquer le présent Protocole ».
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Protocole » (voir Sylvain VITÉ, Typologie des conflits armés en droit international
humanitaire : concepts juridiques et réalités, p. 9).
17. Le commandement responsable. Il « implique une certaine organisation des groupes
armés insurgés ou des forces armées dissidentes, mais cela ne signifie pas forcément la mise
en place d’u système d’organisation militaire hiérarchique similaire à celui des forces
armées régulières. Il s’agit d’une organisation suffisante, d’une part, pour concevoir et
mener des opérations militaires continues et concertées, de l’autre, pour imposer une
discipline au nom d’une autorité de fait » (Claude PILLOUD, Jean DE PREUX et al.,
Commentaire des Protocoles additionnels aux Conventions de Genève du 12 août 1949,
Genève, Comité International de la Croix-Rouge, 1986, par. 4463).
18. Le contrôle sur une partie du territoire. Pour le CICR, le PAII suppose « une certaine
stabilité dans le contrôle d'une portion, même modeste, du territoire » (Sylvain VITÉ,
Typologie des conflits armés en droit international humanitaire : concepts juridiques et
réalités, p. 10). Le contrôle se traduit par la maîtrise d’une partie du territoire tel qu’il soit
permis au groupe de mener des opérations militaires continues et concertées (Claude
PILLOUD, Jean DE PREUX et al., Commentaire des Protocoles additionnels aux
Conventions de Genève du 12 août 1949, Genève, Comité International de la Croix-Rouge,
1986, par. 4464).
Paragraphe 2 : Les conflits armés non internationaux prévus par le Droit de Rome
19. L’ajout d’un critère temporel aux critères classiques. L'article 8(2)(f) établit dans ce cas
que les règles prévues doivent s'appliquer « aux conflits armés qui opposent de manière
prolongée sur le territoire d'un État les autorités du gouvernement de cet État et des groupes
armés organisés ou des groupes armés organisés entre eux ». Pour des auteurs, « si la notion
de conflit armé non international au paragraphe (2)(d) renvoie directement à celle de l'article
3 commun, celle du paragraphe (2)(f) y ajoute un critère temporel [dans la mesure où] le
conflit [doit se dérouler] de manière prolongée » (Sylvain VITÉ, Typologie des conflits
armés en droit international humanitaire : concepts juridiques et réalités, p. 11 ; A.
Bouvier, M. Sassoli [eds], How Does Law Protect in War, Vol. 1, Genève, CICR, 2006, p.
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110; R. Provost, International Human Rights and Humanitarian Law, Cambridge,
Cambridge University Press, 2002, pp. 268 s. ).
20. Seuil d’applicabilité de l’article 8-2-f. La CPI précise que ce seuil se caractérise par deux
conditions : « a) il faut que les violences atteignent une certaine intensité et soient
prolongées dans le temps ; b) il faut l'implication d'un groupe armé possédant un certain
degré d'organisation, notamment la capacité de concevoir et mener des opérations militaires
pendant une période prolongée » (Affaire Lubanga Dyilo, Chambre préliminaire I,
Décision sur la confirmation des charges, 29 janvier 2007, para. 229-237, notamment
234).
I. Le lien entre l’acte incriminé et le contexte de conflit armé
Cette condition signifie que le conflit armé doit avoir « joué un rôle substantiel dans la
décision de l’auteur du crime, dans la capacité de celui-ci de l’exécuter ou dans la
manière dont le comportement a été commis » (TPIY, Le Procureur c. Kunarac et
autres, Arrêt, Chambre d’appel, 12 juin 2002, par. 59).
Afin de déterminer si un acte donné est suffisamment lié au conflit armé, la jurisprudence
de la CPI tient compte des facteurs suivants : « le fait que l’auteur du crime est un
combattant, le fait que la victime n’est pas un combattant, le fait que la victime
appartient au camp adverse, le fait que l’acte pourrait être considéré comme servant
l’objectif ultime d’une campagne militaire, et le fait que la commission du crime
participe des fonctions officielles de son auteur ou s’inscrit dans leur contexte »
(Chambre d’appel, Le Procureur c. Bosco Ntaganda, Arrêt relatif à l’appel interjeté
par Bosco Ntaganda contre la deuxième décision rendue concernant l’exception
d’incompétence de la Cour soulevée par la Défense s’agissant des chefs 6 et 9, 15 juin
2017, ICC-01/04-02/06-1962-tFRA (l’« Arrêt Ntaganda du 15 juin 2017 »), par. 68
citant TPIY, Arrêt Kunarac et consorts, par. 59 ; Jugement Ntaganda, par. 732. Voir
également Décision Katanga et Ngudjolo, par. 191. Voir également TPIR, Le
Procureur c. Georges Anderson Nderubumwe Rutaganda, Arrêt, 26 mai 2003, ICTR-
96-3-A (l’« Arrêt Rutaganda »), paras 569-570).
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CHAPITRE 5 : LA CONDUITE DES HOSTILITÉS
La guerre est certes l’exppression d’une violence, mais la guerre doit être menée dans l’art
de la guerre. Quelle que soit sa légitimité, la guerre se mène confirmément à l’artt juridique
ou légal de la guerr.
La guerre est certes interdite, mais la guerre n’est pas incompatible au Droit suttour qy’eu
« Les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées » (Article 38-1-c du Statut
de la CIJ) peuvent tout d’abord s’entendre comme étant ces principes de droit interne communs
à tous les ordres juridiques. Ces principes qui font également partir du droit coutumier, et qui ont
été codifiés, s’appliquent aussi dans les conflits armés et s’avèrent utiles pour compléter et
mettre en œuvre le droit international humanitaire.
La clause de Martens fait partie du droit des conflits armes depuis sa première apparition dans le
préambule de la Convention II de La Haye de 1899 concernant les lois et coutumes de la guerre
sur terre: « En attendant qu'un code plus complet des lois de la guerre puisse être édicté, les
Hautes Parties contractantes jugent opportun de constater que, dans les cas non compris dans
les dispositions règlementaires adoptées par elles, les populations et les belligérants restent sous
la sauvegarde et sous 1'empire des principes du droit des gens, tels qu'ils résultent des usages
établis entre nations civilisées, des lois de l'humanité et des exigences de la conscience
publique». Dans le droit de Genève, la clause de Martens est reprise dans les Conventions de
Genève, respectivement aux articles 63/62/142/158 et dans le Protocole additionnel I aux
Conventions de Genève. Mieux, dans l’Affaire Kononov c. Lettonie, la Cour Européenne des
Droits de l’Homme a estimé que la violation des règles contenues dans la clause de Martens
constituait une base suffisante pour conclure à l’existence de crimes de guerre (CEDH, Affaire
Kononov c. Lettonie, 24 juillet 2008, par. 218).
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Paragraphe 2 : Le principe d’humanité
L’une des règles les plus fondamentales du DIH dispose que toutes les personnes tombées au
pouvoir de l’ennemi ont le droit d’être traitées avec humanité, quel que soit leur statut ou leurs
fonctions ou activités antérieures (Voir Nils MELZER, Droit international humanitaire -
Introduction détaillée Op. Cit. p. 24). C’est pourquoi l’article 3 commun, qui est considéré
comme un « critère minimal » coutumier de protection, et qui doit être respecté dans tout conflit
armé, dispose : « Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les
membres de forces armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont été mises hors de
combat par maladie, blessure, détention, ou pour toute autre cause, seront, en toutes
circonstances, traitées avec humanité… ».
Lorsqu’il est impossible d’éviter des dommages incidents aux personnes civiles ou aux biens de
caractère civil, ils sont soumis au principe de proportionnalité. Ainsi, les personnes qui planifient
ou décident de déclencher une attaque doivent annuler ou interrompre, « les attaques dont on
peut attendre qu’elles causent incidemment des pertes en vies humaines dans la population
civile, des blessures aux personnes civiles, des dommages aux biens de caractère civil, ou une
combinaison de ces pertes et dommages, qui seraient excessifs par rapport à l’avantage
militaire concret et direct attendu » (PA I, art. 51, par. 5 b) et art. 57, par. 2 a) iii) et b) ;
DIHC, règles 14, 18 et 19).
Le principe de distinction constitue la clé de voûte du DIH. Il est fondé sur le principe que « le
seul but légitime que les États doivent se proposer, durant la guerre, est l’affaiblissement des
forces militaires de l’ennemi » (Déclaration de Saint-Pétersbourg, préambule), tandis que «
[l]a population civile et les personnes civiles jouissent d’une protection générale contre les
dangers résultant d’opérations militaires » (PA I, art. 51, par. 1; DIHC, règle 1). Par
conséquent, les parties à un conflit armé « doivent en tout temps faire la distinction entre la
population civile et les combattants ainsi qu’entre les biens de caractère civil et les objectifs
militaires » (PA I, art. 48 ; DIHC, règles 1 et 7).
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Paragraphe 5 : Le principe de précaution
Du principe de distinction découle aussi le devoir d’éviter ou, à tout le moins, de réduire au
minimum les cas de décès, de blessure ou de destruction causés incidemment à des personnes ou
des biens protégés contre les attaques directes. C’est pourquoi le DIH stipule que « [l]es
opérations militaires doivent être conduites en veillant constamment à épargner la population
civile, les personnes civiles et les biens de caractère civil » (PA I, art. 57, par. 1; DIHC,
règle 15). Cette règle s’applique tant à la partie attaquante, qui doit faire tout ce qui est
pratiquement possible pour éviter d’infliger des dommages incidents par ses opérations
(précautions dans l’attaque : Ibid.), qu’à la partie attaquée, laquelle doit, dans toute la mesure de
ce qui est pratiquement possible, prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la
population civile soumise à son autorité des effets des attaques menées par l’ennemi (précautions
contre les effets des attaques : PA I, art. 58; DIHC, règle 22).
Le DIH est fondé sur l’équilibre entre les considérations relevant de la nécessité militaire, d’une
part, et du principe d’humanité, d’autre part. Il reconnaît que pour vaincre un adversaire en temps
de guerre, il peut être nécessaire, sur le plan militaire, de tuer, de blesser et de causer des
destructions, et d’imposer des mesures de sécurité plus sévères que ce qui serait admissible en
temps de paix. Parallèlement, cependant, le DIH précise aussi que la nécessité militaire ne donne
pas aux belligérants carte blanche pour mener la guerre sans aucune contrainte (PA I, art. 35,
par. 1; Règlement de La Haye, art. 22. Pour en savoir plus, voir M. Sassòli, A. Bouvier et
A. Quintin, How Does Law Protect in War? (plate-forme en ligne), CICR, 2014, «A to Z,
Military Necessity», disponible à l’adresse https://casebook.icrc.org/ glossary/military-
necessity/). Les impératifs découlant du principe d’humanité imposent des limites aux moyens et
méthodes de guerre, et exigent que les personnes tombées au pouvoir de l’ennemi soient traitées
avec humanité en toutes circonstances. Cet équilibre entre la nécessité militaire et le principe
d’humanité est formulé de manière plus spécifique dans un certain nombre de principes
essentiels décrits ci-dessous de manière succincte.
Le DIDH n’est pas dans une logique de droits de l’hommisme : ceux qui pensent que dans les
CA, tout est rose et que tout devrait être rose ; or le DIH protège aussi les intérêtsdes Etats et la
sauvegardes des besoins humanitaires. Le DIH tire plus vers les ues
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Paragraphe 7 : Les maux superflus
Le DIH ne protège pas seulement les personnes civiles contre les effets des hostilités ; il interdit
ou restreint aussi les moyens et méthodes de guerre considérés comme infligeant des maux
superflus aux combattants. En 1868 déjà, la Déclaration de Saint-Pétersbourg proclamait : « Que
le seul but légitime (...), durant la guerre, est l’affaiblissement des forces militaires de l’ennemi;
Qu’à cet effet, il suffit de mettre hors de combat le plus grand nombre d’hommes possible ; Que
ce but serait dépassé par l’emploi d’armes qui aggraveraient inutilement les souffrances des
hommes mis hors de combat ou voudraient leur mort inévitable ; Que l’emploi de pareilles
armes serait, dès lors, contraire aux lois de l’humanité. Il est donc interdit, durant les hostilités,
« d’employer des armes, des projectiles et des matières ainsi que des méthodes de guerre de
nature à causer des maux superflus » (PA I, art. 35, par. 2 ; Règlement de La Haye, art. 23,
al. e ; DIHC, règle 70).
À partir du principe universellement reconnu selon lequel « le droit des Parties au conflit de
choisir des méthodes ou moyens de guerre n’est pas illimité » (PA I, art. 35, par. 1), le DIH
moderne a développé un vaste ensemble de règles qui interdisent ou réglementent la mise au
point, la possession et l’emploi de certaines armes (moyens de guerre) et qui interdisent ou
restreignent les manières dont ces armes peuvent être employées ou dont les hostilités peuvent
être conduites (méthodes de guerre).
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train de se rendre sur le champ de bataille n'a droit à aucune protection s’il reprend le combat
ou s’il cherche à éviter d’être capturé par l’ennemi. Toutefois, lorsqu’une personne hors de
combat a été faite prisonnière, tout recours à la force en réponse à un acte d’hostilité ou à une
tentative d’évasion doit être proportionnel au danger résultant de cet acte ou de cette évasion
et doit être réellement nécessaire pour l’empêcher C’est pourquoi la IIIe Convention de
Genève précise que « [l]’usage des armes contre les prisonniers de guerre, en particulier
contre ceux qui s’évadent ou tentent de s’évader, ne constituera qu’un moyen extrême qui
sera toujours précédé de sommations appropriées aux circonstances » (CG III, art. 42).
Le refus de quartier. La protection des personnes hors de combat est liée à l’interdiction
ancienne du refus de quartier, selon laquelle « [i]l est interdit d’ordonner qu’il n’y ait pas de
survivants, d’en menacer l’adversaire ou de conduire les hostilités en fonction de cette
décision » (PA I, art. 40. Voir aussi Règlement de La Haye, art. 23, al. d, et DIHC,
règle 46). L’interdiction du refus de quartier rend illégal le fait de refuser délibérément, ou
de rendre impossible, la reddition de l’ennemi ou de mettre à mort des personnes hors de
combat. Lorsque des ennemis ont été capturés « dans des conditions inhabituelles de combat
qui empêchent de les évacuer », ils peuvent être désarmés, mais le DIH conventionnel stipule
expressément que ces personnes « doivent être libérées et toutes les précautions utiles
doivent être prises pour assurer leur sécurité » (PA I, art. 41, par. 3).
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feindre une incapacité due à des blessures ou à la maladie, le fait de feindre d’avoir le statut
de civil ou de non-combattant et le fait de feindre d’avoir un statut protégé en utilisant des
signes, emblèmes ou uniformes des Nations Unies, d’États neutres ou d’autres États non
belligérants. Il en va naturellement de même de l’abus, par perfidie ou par trahison, des
emblèmes protecteurs de la croix rouge, du croissant rouge ou du cristal rouge.
Obligation d’être loyal, d’être correct en DIH. Avoir une attitude conforme aux règles.
Toutes ces obligations, il faut les mettre en relation avec les
Les armes frappant sans discrimination. Sur la base du principe de distinction en général,
et de l’interdiction des attaques indiscriminées en particulier, le DIH interdit d’employer des
armes frappant sans discrimination (DIHC, règle 71), c’est-à-dire des armes que l’on ne peut
pas diriger contre un objectif militaire déterminé ou dont les effets ne peuvent pas être limités
comme le prescrit le droit international humanitaire et qui, par conséquent, sont de nature,
dans tous les cas, à frapper indistinctement des objectifs militaires et des personnes civiles ou
des biens de caractère civil (PA I, art. 51, par. 4; DIHC, règle 12).
L’environnement naturel. Le DIH interdit aussi l’emploi d’armes conçues pour causer, ou
dont on peut attendre qu'elles causent, des dommages étendus, durables et graves à
l’environnement naturel (PA I, Art. 51, par. 3 et art. 55; DIHC, règle 45). On peut, en
particulier, affirmer que les armes nucléaires devraient être prohibées parce qu’il est presque
inévitable d’attendre d’elles qu’elles causent des dommages « étendus, durables et graves ».
Dans son avis consultatif de 1996 relatif aux armes nucléaires, la CIJ a reconnu que des
facteurs écologiques importants devaient être pris en considération dans la mise en œuvre du
DIH, mais elle n’a pas conclu pour autant que l’emploi des armes nucléaires serait
nécessairement illégal (CIJ, Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, Op.
Cit. par. 29 à 31) Elle a cependant jugé que l’emploi de ces armes contreviendrait, de
manière générale, à d’autres règles de DIH.
Ce ne sont pas seulement les attaques contre les belligérants qui sont interdites. Le DIH s’occupe
aussi de l’environnement. On porte atteinte à l’environnement. L’Avis de la CIJ n’est pas très
claire sur la position de la CIJ.
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CHAPITRE 6 : LES COMBATTANTS ET LES PRISONNIERS DE GUERRE
1) les membres des forces armées d’une Partie au conflit, de même que les membres des milices
et des corps de volontaires faisant partie de ces forces armées ;
2) les membres des autres milices et les membres des autres corps de volontaires, y compris ceux
des mouvements de résistance organisés, appartenant à une Partie au conflit et agissant en
dehors ou à l’intérieur de leur propre territoire, même si ce territoire est occupé, pourvu que ces
milices ou corps de volontaires, y compris ces mouvements de résistance organisés, remplissent
les conditions suivantes :
3) les membres des forces armées régulières qui se réclament d’un gouvernement ou d’une
autorité non reconnus par la Puissance détentrice ;
4) les personnes qui suivent les forces armées sans en faire directement partie, telles que les
membres civils d’équipages d’avions militaires, correspondants de guerre, fournisseurs,
membres d’unités de travail ou de services chargés du bien-être des forces armées, à condition
qu’elles en aient reçu l’autorisation des forces armées qu’elles accompagnent, celles-ci étant
tenues de leur délivrer à cet effet une carte d’identité semblable au modèle annexé ;
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5) les membres des équipages, y compris les commandants, pilotes et apprentis, de la marine
marchande et les équipages de l’aviation civile des Parties au conflit qui ne bénéficient pas d’un
traitement plus favorable en vertu d’autres dispositions du droit international ;
6) la population d’un territoire non occupé qui, à l’approche de l’ennemi, prend spontanément
les armes pour combattre les troupes d’invasion sans avoir eu le temps de se constituer en forces
armées régulières, si elle porte ouvertement les armes et si elle respecte les lois et coutumes de
la guerre ».
Selon la Règle 5 du DIHC, « On entend par « civils » les personnes qui ne sont pas membres des
forces armées ». Selon la pratique des États, cette règle constitue une norme de droit
international coutumier applicable dans les conflits armés internationaux. Elle s’applique aussi
aux conflits armés non inter nationaux, bien que la question de savoir s’il faut considérer les
membres de groupes d’opposition armés comme des membres des forces armées ou comme des
personnes civiles ne soit pas clairement tranchée dans la pratique. La définition des civils comme
personnes qui ne sont pas membres des forces armées est formulée à l’article 50 du Protocole
additionnel I. Dans son jugement rendu dans l’affaire Blaškić en 2000, le Tribunal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie a défini les civils comme « des personnes qui
n’appartiennent pas, ou plus, aux forces armées » (par. 751).
Il est indubitable que les membres des forces armées de l’État ne sont pas considérés comme des
personnes civiles ; en revanche, la pratique est moins tranchée sur le point de savoir si les
membres de groupes d’opposition armés sont des civils soumis à la règle 6 sur la perte de la
protection contre les attaques en cas de participation directe aux hostilités, ou si les membres de
tels groupes peuvent être l’objet d’attaques en tant que tels, indépendamment de l’application de
la règle 6.
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bénéficier les individus au pouvoir de la partie ennemie, à condition que ceux-ci se trouvent dans
l’une des catégories prévues à l’article 4-A de la Convention en question.
Selon l’article 5 de Convention, « dès qu’elles seront tombées au pouvoir de l’ennemi et jusqu’à
leur libération et leur rapatriement définitifs », les personnes bénéficiant du statut de prisonnier
de guerre bénéficient des droits et garanties liés au traitement des prisonniers de guerre. Cette
disposition, comme on le constate, constitue une exception au principe de la limitation de
l’application du droit international humanitaire aux conflits armés dans la mesure elle peut
étendre l’application de la Convention de Genève III même au-delà des conflits armés. Aussi, il
importe de noter que « S’il y a doute sur l’appartenance à l’une des catégories énumérées à
l’article 4 des personnes qui ont commis un acte de belligérance et qui sont tombées aux mains
de l’ennemi, lesdites personnes bénéficieront de la protection de la présente Convention en
attendant que leur statut ait été déterminé par un tribunal compétent » (Article 5-2 de la
Convention de Genève III).
L’alinéa 1er de l’article 12 rappelle que « Les prisonniers de guerre sont au pouvoir de la
Puissance ennemie, mais non des individus ou des corps de troupe qui les ont fait prisonniers ».
En cela, ils « ne peuvent être transférés par la Puissance détentrice qu’à une Puissance partie à
la Convention et lorsque la Puissance détentrice s’est assurée que la Puissance en question est
désireuse et à même d’appliquer la Convention » (Alinéa 2). Pour les règles sur le traitement
durant la détention, les articles 12 à 81 de la troisième Convention de Genève ainsi que les règles
coutumières 118 à 123 sont pertinentes. De façon globale, elles prescrivent à l’endroit des
prisonniers un traitement humain, une égalité de traitement, leur respect, des garanties sanitaires
et sécuritaires.
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CHAPITRE 7 : LA MISE EN ŒUVRE DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE
À l’instar des aspects militaires et économiques, les aspects humanitaires d’un conflit armé
potentiel doivent être préparés en temps de paix, et en particulier le respect du droit international
humanitaire (DIH). Les soldats doivent être instruits correctement en temps de paix, non
seulement en les informant de l’existence des règles et en leur en expliquant le contenu, mais
aussi en intégrant ces règles dans les manœuvres et entraînements classiques, afin de susciter des
actes-réflexes.
Selon l’article 1er commun aux quatre Conventions de Genève : « Les Hautes Parties
contractantes s’engagent à respecter et à faire respecter la présente Convention en toutes
circonstances ». Cette obligation a étté rappelée par la CIJ en relevant que qu’il « Il résulte de
cette disposition l’obligation de chaque État partie à cette convention, qu’il soit parti ou non à
un conflit déterminé, de faire respecter les prescriptions des instruments concernés »
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(Conséquences juridiques de l’édification d’un mur dans le territoire palestinien occupé, Cour
international de justice, 9 juillet 2004, par. 158).
Mieux, la Règle 139 du DIHC prescrit que : « Chaque partie au conflit doit respecter et faire
respecter le droit international humanitaire par ses forces armées ainsi que par les autres
personnes ou groupes agissant en fait sur ses instructions ou ses directives ou sous son
contrôle ». Mieux dans une espèce de la CIJ « La Cour conclut qu’il existe suffisamment
d’éléments de preuve étayant l’affirmation de la RDC selon laquelle l’Ouganda a manqué à son
devoir de vigilance en ne prenant pas les mesures adéquates pour s’assurer que ses forces
armées ne se livreraient pas au pillage et à l’exploitation des ressources naturelles de la RDC
[…]. Il en résulte qu’en manquant ainsi d’agir l’Ouganda a violé ses obligations
internationales, engageant par là sa responsabilité internationale (Affaire des activités armées
sur le territoire du Congo (République démocratique du Congo c. Ouganda), CIJ, Arrêt, 19
décembre 2005, par. 248).
Le DIH est un droit qui nous fait entrer dans la civilisation car le DIH civilise la guerre, tente
d’encadrer la violence naturelle de l’Homme. Même si la guerre est injuste elle peut être clean
(conforme au DIH).
Evolution du trairement accordé aux femmes dans les CA. Il y a un régime plus favorable aux
femmes
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