Fiches Du Bréviaire
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FICHE 33 – LA PROTECTION INTERNATIONALE DE LA PERSONNE............................................121
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FICHE 48 – LA LIBERTE MEDIATIQUE (MEDIAS = RELAIS ESSENTIELS DE LA LIBERTE
D’EXPRESSION)......................................................................................................................185
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FICHE 49 – LA LIBERTE ARTISTIQUE........................................................................................188
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 1 : LES DÉFINITIONS
Origine
o les droits énoncés dans une norme de rang fondamental dans l’ordre juridique :une
norme de rang constitutionnel ou conventionnel (approche « normativiste »).
Le droit est un DLF parce qu’il a un rang supra-législatif.
Le référé liberté a été mis en place en 2000, par l’article L 521-2 du CJA : création d’une catégorie
juridique particulière : les libertés fondamentales « au sens du référé-liberté ».
NB : certains droits ou libertés considérés par ailleurs comme fondamentaux ne le sont pas
nécessairement « au sens du référé-liberté » ex : le droit à la santé : CE 2005. (et inversement, ex : droit
du patient à donner son consentement).
- Droits de l’homme :
o en droit international et européen, expression générique désignant les droits
consacrés dans les conventions dites « de droits de l’homme » ;
o en droit interne, notion renvoyant à la conception jusnaturaliste des droits découlant
de la DDHC de 1789
Les droits de l’homme créent des obligations envers les Etats, pour protéger les individus.
- Libertés publiques : notion désignant les droits et libertés dégagés de manière prétorienne, de
valeur législative, par le CE à partir de la IIIe République et dont le respect s’impose aux autorités
étatiques ex. : droit au recours pour excès de pouvoir dégagé dans CE 1950 Dame Lamotte
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 1 : LES DÉFINITIONS
Si, avant 1958 et l’institution d’un contrôle de constitutionnalité des lois, l’expression « Etat légal »
était utilisée pour qualifier la manière dont la loi s’impose à l’administration, l’expression « Etat de
droit », que concrétise l’introduction d’un contrôle de constitutionnalité, implique que le législateur
lui-même est limité par le droit.
NB : le passage des libertés publiques aux DLF révèle une mutation de l’ordre juridique et le
remplacement de la « simple » légalité par la « constitutionnalité » et la « conventionnalité »,
ainsi que la montée en puissance de la figure du juge.
Durant IIIe République, toute puissance de la loi, triomphe des libertés publiques avec grandes lois
libérales.
Résumé : les libertés publiques renvoyaient à un contrôle de légalité (les droits et libertés étaient dans
la Loi) alors que les DLF renvoient à un contrôle de constitutionnalité et conventionnalité.
Les libertés publiques ne s’inscrivaient que dans un rapport vertical, entre l’Etat et l’individu : c’est
pourquoi on parle de libertés « publiques ». Alors que DLF visent rapports horizontaux également.
Les libertés publiques sont donc conçues comme des normes objectives (de valeur législative)
s’imposant exclusivement aux organes de l’État (essentiellement l’administration)
- Principes fondamentaux :
o dans un sens large, notion renvoyant aux principes sur lesquels est bâti l’ordre
juridique et qui le structurent (ex: principe de liberté, d’égalité, fraternité proclamés par DDHC de 1789).
o dans un sens étroit, expression désignant les PFRLR : 3 conditions pour être un
PFRLR :
1) Principe issu d’une norme législative adoptée sous un régime républicain avant 1946
2) Ayant fait l’objet d’une mise en œuvre continue depuis
3) Ayant pour objet une règle générale et essentielle à la vie de la Nation (caractère fondamental)
Ils sont reconnus par les juges du CC (ex. : PFRLR de la liberté d’association identifiée dans Cons.
constit., déc. de 1971, Liberté d’association).
Aujourd’hui les PFRLR sont inclus dans le bloc de constitutionnalité.
DONC une loi peut être annulée sur le fondement d’un PFRLR par un contrôle de constitutionnalité.
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 1 : LES DÉFINITIONS
o Droit : prérogative attribuée par une autorité au sujet de droit et dont il peut
invoquer
le bénéfice à l’égard de cette autorité tenue d’y déférer (ex. : droit à la santé, droit au respect de la vie
privée et familiale, droit au mariage).
DONC la grande différence est que le droit est déterminé alors que liberté est indéterminée
distinction droit et liberté : une liberté renvoie à un pouvoir d’auto-détermination du sujet (pouvoir de
faire ou de ne pas faire) alors qu’un droit renvoie plus spécifiquement à une relation avec les autres
sujets de droit (un droit s’exerce sur ou contre autrui).
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 1 : LES DÉFINITIONS
Il s’agit des droits découlant de l’esprit révolutionnaire, qui protègent l’autodétermination du sujet de
droit contre ou en dehors de l’autorité étatique (ex. : droit à la vie, droit à la liberté d’expression) =
DDHC 1789
- Classification des libertés et droits selon les obligations des autorités qui les sous-tendent :
o Obligation négative : obligation des autorités étatiques de ne pas commettre
d’actions qui soient en contrariété avec les droits.
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 1 : LES DÉFINITIONS
moyens raisonnablement exigibles pour prévenir ou remédier aux situations contraires aux droits.
o Droits absolus : droits ne pouvant pas faire l’objet d’une dérogation ou d’une
exception, de sorte que toute atteinte portée à l’exercice d’un droit absolu en emporte la violation
(ex. : droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants).
o Droits non absolus : droits dont l’exercice peut être limité par l’État (dérogation ou
exception) à condition que cette limite soit proportionnée (ex. : droit au respect de la vie privée et
familiale, liberté d’entreprendre).
Le contrôle des juridictions repose sur le principe de proportionnalité : principe fondamental du droit
des libertés : arrêt fondateur CE 1933 Benjamin. : contrôle prend souvent la forme d’un triple test (NAP)
- un acte d’une personne privée exerçant aussi l’un de ses droits ou de ses libertés (ex. : un
journaliste, dans le cadre de la liberté médiatique, prend une photo d’un tiers susceptible de
heurter son droit à l’image).
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 1 : LES DÉFINITIONS
- un acte des pouvoirs publics qui avait pour but de garantir la protection d’un intérêt général (ex. :
une mesure de couvre-feu, limitative de la liberté d’aller et venir, justifiée par la protection de
l’ordre public).
Dans le premier cas, le litige éventuel porté devant le juge le conduira à réaliser une conciliation des deux
droits et libertés fondamentaux qui s’opposent.
Dans le second cas, le contrôle juridictionnel aura pour finalité de vérifier que l’atteinte portée au droit
ou liberté en cause est bien justifiée, de manière raisonnable, par l’objectif poursuivi.
L’utilisation de cette technique de contrôle juridictionnel s’explique par la circonstance qu’il n’existe pas
de hiérarchie entre les droits et les libertés.
MAIS : certains droits ne peuvent pas être limités, en sorte que toute ingérence dans ces droits emporte
automatiquement leur violation. Il s’agit du droit à la vie, du droit à la protection contre la torture,
contre les traitements inhumains et dégradants, contre l’esclavage, contre le travail forcé, ainsi que du
principe de la légalité des délits et des peines
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
L’Antiquité (couvre la période allant de l'invention de l'écriture vers 3300-3200 av. J.-C. jusqu'à la
chute de l'Empire romain d'Occident en 476)
- Pensée gréco-romaine :
o Naissance des premières formes de démocratie, comprise comme le pouvoir du
peuple, directe mais inégalitaire (exclusion des femmes, des esclaves et des étrangers et variabilité du
poids du vote en fonction de la richesse) ;
o Prémisses de la théorie du droit naturel (ou jusnaturalisme), fondée sur l’idée que la
Cité est consubstantielle à l’homme (inhérence des droits à la citoyenneté), mais pas
au sens contemporain de l’inhérence des droits à la nature humaine. En effet,
individus simplement vus comme citoyens et non comme personnes + pas de
conception de la moralité de manière définie. C’est avec le christianisme que ceci se
développe. Même s’il existait le courant du stoïcisme (courant qui recherche bien de
la Cité mais aussi morale et sagesse).
- Apports du christianisme :
o Consécration de l’idée de la dignité de chaque individu, sans distinction entre les
Hommes, tous ayant été créés à l’image du Créateur ;
o Affirmation de l’idée de liberté de l’Homme, capable de pêcher et de se repentir, ce
qui fonde la responsabilité de l’individu pour ses actes.
Moyen-Âge (476 – 1492 découverte Amérique)
- Construction d’une pensée moderne :
o Subordination de la légitimité du pouvoir politique au regard de Dieu, donnant
naissance à un droit, ou devoir, de résistance à un gouvernement injuste (Saint
Thomas d’Aquin) ;
o Développement par les légistes d’une exigence pour le souverain de poursuivre le
bien commun à travers le concept de lois fondamentales qui s’imposent au Roi.
- Émergence d’un droit des libertés :
o Reconnaissance de libertés effectives dans des chartes concédées par le seigneur
local et dans des textes de portée générale à l’échelon royal (ex. : Magna Carta de
1215 qui est réaffirmée en 1225, pouvoir limité par la nécessité de respecter
individus, donc encadrement du pouvoir par Etat de droit, par droits des individus)
o Apparition de juridictions chargées de veiller au respect des lois fondamentales.
MAIS au Moyen Age, inégalités entre bourgeois qui ont libertés et serfs qui n’ont presque
rien + existence du tribunal de l’Inquisition, qui est un tribunal d’exception rattaché à
l’Eglise, mis en place pour lutter contre les manifestations de l’hérésie (des opinions
divergentes de la doctrine de l’Eglise).
Ancien Régime
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
o Abolition de l’esclavage par le décret de 1794 en France et dans ses colonies, même
si définitivement acquise en 1848 seulement.
- Marche contrariée des libertés :
o Contestation des libertés :
XIXe siècle : éclipse des droits de l’homme du fait de la mise en place de
régimes autoritaires (1er et 2d Empires sous Napoléon III) ;
Critique contre-révolutionnaire : l’universalisme des droits est une pure
fiction, puisque l’ordre social et la condition des hommes est inégalitaire ;
Critique marxiste : les libertés proclamées ne seraient que formelles,
puisqu’en réalité les individus se trouveraient dans un état de dépendance et d’aliénation qui les
empêche d’en faire usage de manière concrète et effective car seuls les bourgeois en profitent
réellement
Totalitarisme : négation des droits de l’homme, de l’individu et de sa
primauté. Bolchevisme, fascisme, nazisme.
o Œuvre républicaine :
Philosophie de la IIe République : instauration d’un équilibre entre liberté et
égalité et ajout d’une dimension fraternelle (ex. : interdiction faite à tout Français de pratiquer
l’esclavage même en pays étranger par le décret de 1848) ;
Acquis de la IIIe République : ère des libertés consacrées par des lois
républicaines (liberté de réunion [1881], liberté de la presse [1881], liberté syndicale [1884], liberté
d’association [1901], principe de séparation des Églises et de l’État [1905]) préfigurant les principes
fondamentaux reconnus par les lois de la République et des libertés publiques consacrées de manière
prétorienne par le Conseil d’État.
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
- L’idée d’Etat de droit s’est imposée sous l’influence de la CEDH qui affirme dans son préambule le
« principe de la prééminence du droit » / le TUE article 2 qui consacre l’Etat de droit comme
« valeur commune » de l’Union. Pas de référence à l’Etat de droit en droit français.
- Empire du juge : le juge est le garant du respect par le pouvoir étatique de la norme suprême.
o Garant de la norme suprême : le juge contrôle la conformité de la loi et des actes
exécutifs à la norme suprême – constitutionnelle (par CC) ou conventionnelle (par juges ordinaires) – à
l’exception des actes de gouvernement, des mesures d’ordre intérieur et des régimes d’exception.
d’urgence
Mis en œuvre par président de la république en cas de :
1) menace grave et immédiate des institutions de la République, de l'indépendance de la Nation,
de l'intégrité de son territoire ou de l'exécution de ses engagements internationaux
>> Etat d’urgence : existe depuis loi de 1955, très grande marge d’appréciation
du Chef d’Etat (CE Rolin 2005). Il est décidé par décret en conseil des ministres en cas de péril imminent
résultant d’une atteinte à l’OP. Il autorise le ministre de l'intérieur et les préfets à décider notamment
de l’interdiction des rassemblements / manifestations / blocage de sites internet (apologie du
terrorisme) / fermeture de lieux publics et de lieux de cultes…
L'état d'urgence instauré à la suite des attentats de novembre 2015 a pris fin le 1er
novembre 2017. En mars 2020, c'est l'état d'urgence sanitaire qui est déclaré pour
faire face à l'épidémie de Covid-19.
Remarque : Constitution de 1958 a été écrite par comité d’experts, et ensuite validation par le peuple
par référendum
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
En principe, la validation législative d’un acte annulé par le juge porte atteinte au principe de
séparation des pouvoirs, MAIS elle est possible en cas d’impérieux motifs d’intérêt général : CEDH 1999
Zielinski.
- « Droit au Droit » :
o Qualité des normes : exigences, assurant l’effectivité de la protection contre
l’arbitraire, de clarté et de précision des normes prévoyant les limites dans lesquelles s’exerce le
pouvoir
en droit interne : objectif de valeur constitutionnelle d’accessibilité et d’intelligibilité : CC, 2005,
Registre international français) et principe de valeur constitutionnelle de normativité de la loi : CC,
2012, Loi « Gayssot ».
en droit international : garanties d’accessibilité et de prévisibilité du droit interne, quelle que soit sa
source, législative ou exécutive (CEDH, 1990, Kruslin c. France).
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
Illustrations :
Pologne refuse d’appliquer décisions CJUE contraires à sa Constitution.
En Pologne, depuis 2017, fonction de Procureur Général a été supprimée, c’est le ministre de la Justice
qui nomme les procureurs.
En 2015, la Cour Suprême russe (cour constitutionnelle) a affirmé que si décision CEDH contraire à
Constitution, pas obligée de l’appliquer. Remarque : exclusion Russie de CEDH le 16 septembre 2022.
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
Etape 2 : Lorsqu’une telle constatation a été faite, le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, peut
décider de suspendre certains des droits découlant de l’application des traités à l’EM en question, y
compris les droits de vote du représentant du gouvernement de cet État membre au sein du Conseil.
o Conseil de l’Europe :
Inconstance de la Cour EDH :
> Arrêts intransigeants
CEDH, 2018, Navalny c. Russie : prononciation d’une violation du droit à la sûreté et de la liberté de
réunion du chef de l’opposition ;
CEDH, 2014, Baka c. Hongrie : violation du droit à un procès équitable du fait du limogeage du président
de la Cour suprême.
Un ancien juge de la CEDH avait été élu président de la Cour Suprême en 2009 et critiquait publiquement
le pouvoir en place. Une nouvelle Cour Suprême a été mise en place et nécessitait expérience de 5 ans en
tant que juge national, ce qui l’empêchait d’être président alors qu’il aurait dû l’être pendant encore 3
ans. Violation article 10 CEDH car punissait indirectement sa liberté d’expression + violation article 6§1
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 2 : L’ÉVOLUTION HISTORIQUE
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 3 : LES SOURCES
FICHE 6 – LA CONSTITUTION
« Bloc de constitutionnalité » :
o expression d’origine doctrinale, attribuée à Louis Favoreu, désignant l’ensemble des
normes de rang constitutionnel dans la Ve République, ; CC 1971, Liberté d’association.
MAIS les juges internationaux qui considèrent que l’ordre international est : CJUE considère que droit
de l’UE prime sur les constitutions : Internationale Handelsgesellschaft 1970.
Concernant le CC, transposition des directives européennes : le CC a fait obstacle à la primauté du droit
de l’union et a fait primer la Constitution.
CC 2004 loi pour la confiance dans l’économie numérique : c’est la Constitution qui fonde l’obligation de
transposer les directives européennes (art. 88-1). C’est donc bien la Constitution qui est supérieure,
selon cette décision du conseil et ce qu’il a dit + la transposition d’une directive peut être bloquée par le
fait que celle si contienne une disposition contraire de la C : réserve de constitutionnalité.
Consécration d’un principe inhérent à l’identité constitutionnelle française : QPC 2021, Société Air
France : monopole public de la force légale .
Ici : principe d’interdiction de déléguer à des personnes privées des compétences de police
administrative inhérentes à l’exercice de force publique.
CE Arcelor 2007 : le CE doit vérifier que les principes du droit communautaire sont respectés par la
transposition et s’il n’existe pas d’équivalent en droit communautaire, contrôle de constitutionnalité
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 3 : LES SOURCES
dommages ont leur cause directe dans la loi inconstitutionnelle (CE, Ass., 2019, Paris Eiffel
Suffren).
NB : les lois issues de l’article 11 (référendum) ne sont pas visées et sont une hypothèse à part
- Préambule de la Constitution de 1958 : exposé des motifs et des buts de la Ve République, qui
renvoie à la DDHC de 1789, au Préambule de la Constitution de 1946 et à la Charte de
l’environnement de 2004, formellement inclus dans le bloc de constitutionnalité depuis 1971 (CC,
1971, Liberté d’association).
- Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : texte déclaratif, consacrant des droits
civils et politiques.
PFRLR : voir plus haut : liberté d’association / principe des droits de la défense / principe
d’indépendance des professeurs de l’enseignement supérieur
PPNT : énumérés par le préambule de 1946 : l’égalité, le droit d’asile, le droit de grève… = droits
économiques, sociaux et culturels énumérés par le Préambule de 1946
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 3 : LES SOURCES
Ajd, abolition de la peine de mort inscrite à l’article 66-1 de la Constitution. Abolie en 1981. Discours de
Robert Badinter :
- Pas de corrélation entre taux de criminalité et peine de mort
- La justice peut toujours se tromper, aussi prudente soit-elle
NB : l’art 1246 du Code civil admet la réparation du préjudice écologique : validé par CC 5 février
2021.
Normes non-textuelles
- Principes de valeur constitutionnelle (PVC) : normes identifiées par le Conseil constitutionnel,
sans nécessaire fondement textuel, ayant pour objet de consacrer des libertés et droits
fondamentaux :
Continuité du service public
- Objectifs de valeur constitutionnelle (OVC) : normes identifiées par le Conseil constitutionnel,
sans nécessaire fondement textuel, ayant pour objet de limiter l’exercice des libertés et droits
fondamentaux :
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 3 : LES SOURCES
- Coutume : norme générale, opposable à tous les États à l’exclusion des objecteurs persistants,
découlant d’une pratique fréquente et étoffée (élément objectif) perçue comme étant de droit
(élément subjectif).
- Principe général de droit : norme générale issue de la convergence des ordres juridiques
nationaux sur un même principe et de la transposition de ce principe dans l’ordre juridique
international.
- Principe général du droit : norme générale traduisant un principe structurant de l’ordre juridique
international (ex. : principe d’égalité entre les États, principe pacta sunt servanda).
- Jus cogens : norme impérative du droit international, indérogeable car protégeant des intérêts
qui lui sont fondamentaux (ex. : prohibition de la torture, du génocide, de l’esclavage et du
recours à la force armé).
La Convention de Vienne affirme la nullité de tout traité contrevenant au jus cogens, même si la
norme de jus cogens est affirmée après la conclusion du traité.
Instruments
• Instrument non-conventionnel
- Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : texte déclaratif, sans valeur
conventionnelle, issu d’un compromis entre les EM des Nations Unies ayant pour objet de poser
une matrice des droits inhérents à l’homme, ayant vocation à être déclinés dans des
conventions universelles (ex. : PIDCP et PIDESC), des conventions régionales (ex. : CEDH, CIADH
et CADHP) et des conventions spéciales. Texte adopté sous la forme d’une résolution de
l’Assemblée Générale, pas de valeur contraignante car pas un traité international au sens de
l’article 55 de la Constitution.
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MODULE I – LES NOTIONS FONDAMENTALES THÈME 3 : LES SOURCES
- Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 : texte
conventionnel d’ordre universel consacrant les droits économiques, sociaux et culturels,
énoncés dans la DUDH, et faisant reposer leur protection sur un mécanisme de protection
spécialement compétent depuis l’entrée en vigueur du Protocole facultatif en 2013 qu’est le
Comité des droits économiques, sociaux et culturels.
S’adresse ici à l’individu socialement et concrètement situé (ex. travailleur) et non à l’homme en
général
Droit international spécial (protègent des droits particuliers ou des catégories particulières)
Notions
- Droit international des droits de l’homme : droit obligeant les États à garantir les droits reconnus
aux personnes se trouvant sous leur juridiction, en tant de paix et en tant de guerre.
- Droit international humanitaire : droit régissant l’activité des États en période de conflits
armés internes et internationaux, eu égard aux personnes et aux biens affectés par les hostilités.
- Droit international pénal : droit réprimant les activités des personnes en position d’autorité
dans un État portant atteinte aux principes fondamentaux du droit humanitaire et des droits de
l’homme.
Instruments
• Spécialité à raison de l’objet des droits protégés (jus cogens)
- Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 : texte conventionnel
d’ordre universel prohibant le génocide et obligeant les États parties à le prévenir et le réprimer.
- Convention internationale relative aux droits de l’enfant de 1989 : texte conventionnel d’ordre
universel consacrant des droits pour les enfants fondés sur le principe de l’intérêt supérieur de
l’enfant.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 5 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES INTERNATIONALES
CESDH 1950 :
1) texte conventionnel d’ordre régional consacrant les droits civils et politiques, et
faisant reposer leur protection sur un mécanisme de règlement des différends, obligatoire depuis 1998
et l’entrée en vigueur du Protocole n° 11, : la Cour européenne des droits de l’homme ;
2) les droits qui y sont consacrés sont universels), leur protection repose sur le principe
d’effectivité (interprétation téléologique) et sur le principe d’actualité (interprétation évolutive) et leur
garantie est objective (obligatoire même en absence de réciprocité des autres États) ;
Charte sociale européenne 1961 : texte conventionnel d’ordre régional consacrant les droits
économiques, sociaux et culturels, initialement énoncés dans la DUDH, et faisant reposer leur
protection sur un mécanisme de simples recommandations devant le Comité européen des droits
sociaux, pas de portée exécutoire. Saisi par les organisations syndicales notamment.
- Union européenne : organisation internationale qui trouve ses origines dans le Traité de Rome de
1957, ayant pour objet une coopération économique et politique entre les États en Europe.
Instruments
- Principes généraux du droit de l’Union européenne : source de droits dégagés par la CJUE de
manière prétorienne, prenant bien souvent pour inspiration les traditions constitutionnelles communes
aux États membres et les droits consacrés dans la Convention européenne des droits de l’homme en
tant qu’« instrument international concernant la protection des droits fondamentaux auxquels les
États membres ont coopéré ou adhéré » : CJCE, 1974, Nold (ex. : le droit au juge dans CJCE, 1986,
Johnston).
- Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne : texte conventionnel d’ordre régional,
proclamée à Nice en 2000 mais entrée en vigueur en 2009 (avec le Traité de Lisbonne de 2007),
consacrant les droits qui faisaient jusque-là l’objet de PGDUE et contraignant les institutions
européennes ainsi que les activités législatives, judiciaires et administratives des EM lorsqu’ils «
mettent en œuvre » le droit de l’Union européenne.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 5 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES INTERNATIONALES
Sur l’articulation CEDH / Charte, protègent des droits similaires et Charte prévoit que Cour EDH est
compétente pour l’interpréter, donc pas de soucis concernant une potentielle interprétation différente.
THEME 4 : LA PROTECTION INSTITUTIONNELLE INTERNATIONALE
Le DIDH : repose sur une théorisation des DH à travers une matrice conceptuelle : DUDH de 1948 :
elle n’a pas de valeur obligatoire : elle déclare qu’un certain nombre de droits auraient vocation à être
reconnus. La DUDH est le début pour l’instauration d’un système plus général et obligatoire des DH.
Autrement dit, la consécration des DH dans des conventions.
La conséquence est la rédaction du PIDCP et PIDESC qui fait émerger l’idée que les DH devraient être
déclinés au niveau régional (chaque région a des particularismes et des difficultés systémiques
différentes).
DONC CESDH en Europe : permet une mise en œuvre effective des ces droits.
Le DPI : la logique est celle d’une réaction à la commission d’exactions qui donnent lieu à un besoin
ressenti de punir.
Les juridictions pénales ont été créées en réaction à des atrocités : construction empirique sans
réflexion d’ensemble (mais la CPI donne désormais une impression de stabilité).
a. Normes internationales de DH : elles ont pour objet de consacrer des droits : elles posent
également des obligations à la charge des Etats.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 5 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES INTERNATIONALES
1993 du Conseil de Sécurité pour connaître des agissements à compter du 1er janvier 1991 (limite
temporelle) sur le territoire de l’ex-Yougoslavie (limite géographique).
2) Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) : créé par la Résolution 955 de
1994 du Conseil de Sécurité pour connaître des agissements commis entre le 1er janvier et le 31
décembre 1994 (limite temporelle) sur le territoire du Rwanda et par des ressortissants rwandais sur le
territoire d’États voisins (limite géographique).
MAIS a été créé le « Mécanisme » : appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux :
juridiction résiduelle créée par une Résolution de 2010 du Conseil de Sécurité chargée de prendre le
relai des deux Tribunaux pénaux internationaux (TPIY et TPIR) : poursuite des criminels ayant commis un
crime de guerre ou génocide.
Ex : le financier du génocide du Rwanda, Félicien Kabuga, a été déféré au Mécanisme.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 5 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES INTERNATIONALES
1) Tribunal Spécial pour la Sierra Leone (TSSL)
2) Chambre Extraordinaire au sein des Tribunaux Cambodgiens (CETC)
- Cour pénale internationale : juridiction pénale internationale permanente créée par le Statut de
Rome de 1998 pour juger des crimes contre l’humanité, de génocide, de guerre et d’agression commis
à compter du 1er juillet 2002 par des ressortissants ou sur le territoire d’un État partie au Statut de
Rome ; sa compétence est complémentaire de celle des juridictions pénales nationales, c’est-à-dire
qu’elle se saisit d’une affaire en cas d’absence de volonté ou de capacité pour l’État de juger l’auteur
présumé.
Alors que CEDH suit une logique de subsidiarité car vérifie juste que Etats ont bien appliqué CEDH. Pour
être responsable d’un crime, il faut être une PP et il faut avoir l’intention et être conscient de commettre
ce crime.
Saisine : par un Etat ayant ratifié (sur le territoire duquel crime / duquel ressortissant est criminel)
(1), ou par conseil de sécurité des NU (2) ou saisine par Procureur donc auto saisine (3)
NB : un particulier ne peut pas saisir la CPI.
Procureur de la CPI : Karim Kahn depuis début 2021
Sanctions possibles : prison à perpétuité / amendes / confiscation profits liés au crime…
- Crime de guerre : infractions graves aux Conventions de Genève 1949 et aux lois et
coutumes applicables aux conflits armés internationaux dans le cadre établi par le droit
international.
>>> Pour ces 3 crimes, les personnes punies peuvent être celles de nationalité d’un Etat ayant
ratifié statut de Rome / ou qui ont commis le crime sur le territoire d’un Etat partie au statut de
Rome.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 5 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES INTERNATIONALES
- Crime d’agression (défini en 2010 seulement car en 1998 pas d’accord sur la définition) : acte
d’agression (emploi de la force armée) qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue une
violation manifeste de la Charte des Nations Unies (de la résolution 33/14), donc pas en légitime
défense et pas avec l’autorisation du conseil de sécurité des Nations Unies.
>>> Particularité de ce crime car plus restreint, il faut que ce soit une personne de nationalité d’un
Etat ayant ratifié le statut de Rome + commettent le crime sur un Etat partie au statut de Rome ET
au protocole de 2010 définissant ce crime.
Remarque : le principe de légalité pénale est-il respecté en matière internationale dès lors que les
personnes sont poursuivies pour des faits incriminés par un texte qui n’existait pas au moment de
la commission de l’infraction ?
A priori non.
TOUTEFOIS, ka logique est que les personnes poursuivies le sont, certes sur la base de textes
adoptés postérieurement, mais que ces textes n’ont pour objet que la consécration textuelle e
principes élémentaires et universels communs à l’humanité.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 5 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES INTERNATIONALES
En principe, le juge pénal français n’est compétent que si l’infraction est commise sur le territoire
français ou par un ressortissant français.
Néanmoins, le crime de génocide peut être jugé par le juge pénal français.
Le crime contre l’humanité aussi à la condition qu’il soit prévu dans la législation étrangère visée (1) et
commis en exécution d’un plan concerté (2)
MAIS CA de Paris résistante (arrêt CA Paris 4 avril 2022)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
2) Comité de trois juges : statue sur la recevabilité et/ou le fond d’une requête qui fait
l’objet d’une jurisprudence bien établie de la Cour, dans une décision ou un arrêt définitif.
3) Chambre : composée de 7 juges, statue sur une requête transmise par un juge
unique
ou un comité ou qui lui a été directement allouée, dans une décision ou un arrêt qui ne devient définitif
que si les parties au litige ont déclaré ne pas vouloir demander le renvoi de l’affaire devant la Grande
Chambre, si les parties n’ont pas demandé le renvoi dans les 3 mois suivants ou si cette demande de
renvoi a été rejetée par la Grande chambre.
4) Grande chambre : composée de 17 juges, statue sur les affaires dans lesquelles la
Chambre s’est dessaisie ou sur renvoi après que la Chambre a statué une première
fois.
- Requêtes :
1) Requête interétatique :requête introduite par un État partie contre un autre État
partie.
2) Requête individuelle : requête introduite par un individu contre un État partie.
- Procédures particulières :
1) Procédure de l’arrêt pilote : lorsqu’une violation d’un droit conventionnel trouve
son
origine dans un problème systémique et structurel dans l’ordre juridique international, qui aboutit à
l’introduction d’un grand nombre de requêtes répétitives devant la Cour, celle-ci donne des indications
à l’État défendeur sur la manière d’éliminer le dysfonctionnement.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
- Obligation positive : obligation des autorités de l’État de mettre en œuvre les moyens
raisonnablement exigibles pour prévenir ou remédier aux situations contraires aux droits
conventionnels
- Obligation négative : obligation pour l’Etat de ne pas faire obtacle à la protection effective des
DLF de ses ressortissants, de sorte à ce que soit respecté le droit
- Violation virtuelle : violation caractérisée par la contrariété, non d’une situation, mais des risques
de violation auxquels une situation expose le requérant (ex. : expulsion vers un État où il risque la
torture)
- Nécessité dans une société démocratique : test de proportionnalité mis en œuvre par la Cour
pour contrôler que la mesure litigieuse est nécessaire pour atteindre un but légitime sans être excessive.
- Autorité de la chose jugée : une décision (jugement sur la recevabilité) ou un arrêt (jugement au
fond) de la Cour européenne des droits de l’homme n’est obligatoire, une fois définitif, que pour le ou
les États parties au litige concerné et ils doivent en tirer les conséquences, pour réparer et prévenir des
violations similaires à celles éventuellement constatées par la Cour, sous la surveillance du Comité des
Ministres.
> Impact législatif important car nombreuses réformes à la suite d’arrêts CEDH (dans lesquels France était
partie), exemple loi de 1991 sur le secret des correspondances après arrêt de 1990
> Impact jurisprudentiel aussi, exemple affaire Mennesson refus par France de transposer filiation sur
état civil français pcq enfant né d’une GPA à l’étranger, CEDH sanctionne pour violation de l’article 8 de la
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
CEDH, et Cass se soumet à cette jurisprudence en 2015.
> Décision du 16 mars 2022 : Comité des ministres du Conseil de l’Europe a exclu la Fédération de Russie
à partir du 16 septembre 2022 car ne respecte pas le principe de prééminence du droit / respect des DLF
(avant, avait suspendu son droit de représentation mais face à absence de réaction de la Russie,
exclusion). Première fois qu’un membre est exclu.
> Conséquences :
- La Russie n’est plus membre du Conseil de l’Europe et ne participe donc plus financièrement (alors
qu’était son plus grand contributeur)
- La Russie n’est plus partie à la Convention EDH, donc tous les actes commis par la Russie à partir du 16
septembre 2022 ne sont plus soumis à la CEDH. Les citoyens russes ne sont plus protégés par le recours
possible devant la CEDH.
RGPD 2016
La CADA (Commission Loi de 1978 Veiller au respect du droit
nationale d’accès aux d’accès aux documents
documents administratifs) administratifs (ce droit fait
partie du droit à la liberté
d’expression de l’article 10
CEDH)
La CGLPL (Contrôleur général Loi de 2007 (pcq France est Mission est que les
des lieux de privation de partie à une convention de personnes qui se trouvent
liberté). Nommé par Pdt l’ONU contre torture et dans un lieu de privation ne
République. traitements inhumains et fassent pas l’objet d’un
dégradants) + protocole traitement inhumain et
Dominique Simmonot
facultatif qui prévoit organe dégradant.
national veillant au respect
PP / associations peuvent
des obligations de l’Etat
saisir. Premier ministre aussi,
découlant de la ratification
membres du gvnt, du
de la convention
parlement, et autres AAI (et
auto saisine).
Pas de pouvoir direct de
sanction mais publication de
l'observation / et peut relater
au procureur de la
République si infraction
pénale.
Défenseur des droits Révision c° de 2008, statut c° Article 71-1 Constitution
Depuis 2020, Claire HEDON. = fusion de 4 institutions Immunité juridictionnelle //
Mandat de 6 ans non entre médiateur de la les parlementaires
renouvelable et non République / du défenseur
Incompatibilité de cette
révocable. Nommé par des enfants / de la haute
fonction avec d’autres
Président de la République. autorité de la lutte contre les
métiers ou mandats électifs
discriminations / de la
commission nationale de
déontologie
AAI = institution administrative indépendante = organisme administratif qui agit au nom de l’Etat mais
qui ne relève pas de l’autorité du Gouvernement
L’indépendance = pas de subordination, pas de pression d’une autre entité
Importance de l’indépendance car l’obligation de protéger les droits de l’Homme incombe à
l’Etat, donc si pas d’indépendance pas de contrôle réel.
A – Mission de contrôle
Droit de contrôle des locaux par la CNIL, des établissements qui traitent des données personnelles
(associations, entreprises privées, organismes publics…, exemple de Google). Depuis 2016, avec le
RGPD, la CNIL peut aussi contrôler les locaux des sous-traitants qui mettent en œuvre le traitement des
données personnelles.
Le CGLPL, droit de visite des lieux de privation de liberté. Zones d’attente / zones pénitentiaires…
Remarque : depuis loi du 22 décembre 2021, bâtonniers peuvent désigner avocats pour faire ce
contrôle
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
B – Mission d’information
Recommandations peuvent être formulées par CGLPL après qu’il a exercé son contrôle. Permet de
faire la lumière sur les situations et de résoudre le problème probatoire (ineffectivité).
Arrêt JMB et autres contre France, 2020 : plusieurs détenus alléguaient que conditions indignes de
détention, mais pb de preuve donc utilité du rapport du CGLPL, et CEDH a conclu à la violation du droit
de ne pas faire l’objet de traitements inhumains et dégradants
Défenseur des droits formule aussi recommandations sur sujets qui relèvent de sa mission. Exemple
procès des attentats du Bataclan : comment caractériser victime de l’attentat ? Proches aussi ?
Défenseur des droits a publié des recommandations.
La CNIL peut aussi faire des recommandations pour éclairer le sens des obligations des structures
traitant des données personnelles, donc relève plutôt de directives qu’elle donne.
Si information mais que rien n’est fait, alors on passe à la protection en aval.
1. Protection, résolution litige en aval (car si violation d’un droit, veut dire que qlq n’a pas rempli son
obligation)
= résolution du litige au cas par cas
Remarque : protection en aval ne correspond pas à protection juridictionnelle, car CEDH, Pl., 1984,
Sramek c. Autriche définit le tribunal (notion autonome) comme étant tout organe – qu’il soit conçu
comme un organe juridictionnel ou non par le droit interne – établi par la loi, chargé de trancher, sur la
base de normes de droit et à l’issue d’une procédure organisée, toute question relevant de sa
compétence
Définition de la juridiction = institution qui exerce une fonction juridictionnelle, en latin juridiction veut
dire juris dictio, donc qui dit le droit -> car les juridictions ont une fonction d’interprétation mais aussi
d’application du droit dans le but de répondre à la question qui lui est posée / de résoudre le litige
A – Effectivité de l’accès
Les AAI y concourent.
Exemple des délégués, formées et travaillent pour le défenseur des droits. Gratuitement, ils assistent
les gens dans les démarches administratives ou d’accès au droit.
Le CGLPL peut initier lui-même des poursuites pénales et disciplinaires dans le sens où permet de
convaincre procureur de mettre en mouvement une action publique. Alors que si une personne allait
porter plainte et que était la seule, moins efficace. Accompagnement du Procureur ici.
B – Effectivité du recours
Soit une situation est contraire aux DLF
Dualisme juridictionnel : lois des 16 et 24 août 1789 principe de séparation des autorités
administrative et judiciaire. Voir fiche 17.
Possible d’exercer recours contre décision administrative (REP) mais aussi contre décisions des AAI
(exemple demande d’accès à la CADA qui refuse).
Voir fiche 16.
Soit le droit en lui-même est contraire aux DLF
> Contrôle de conventionnalité (juges ordinaires), conformité du droit aux normes conventionnelles,
si pas conforme, juge doit écarter la loi en question et ne pas l’appliquer
> Contrôle de constitutionnalité des lois (conseil constit pour vérifier conformité de la loi / juges
ordinaires vérifient conformité décrets)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
2) qualité de victime : il faut qu’il y ait un véritable litige (rejet des actions popularistes)
- catégories de victimes : une personne peut être victime directe – lorsqu’elle est « directement
affectée » par la mesure étatique litigieuse – ou indirecte – si elle est un proche d’une personne décédée
en conséquence des actes reprochés à l’État (CEDH, , 2009, c. Turquie) ; une victime directe peut être une
victime potentielle, lorsque la décision litigieuse n’a pas produit ses effets mais où le risque de violation
serait avéré et le dommage irréversible si elle venait à les produire (CEDH, 1989, Soering c. Royaume-Uni)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
3) compétence ratione loci : en général, une personne se trouve sous la juridiction d’un
État partie si elle se trouve sur son territoire (CEDH, décision, 2001, Bankovic c. Belgique).
2) existence d’un préjudice important : est irrecevable une requête dans le cadre de
laquelle le préjudice subi par le requérant du fait des actes litigieux est mineur – le seuil de gravité
étant apprécié objectivement (enjeu de l’affaire) et subjectivement (effets sur le requérant) – à moins
que le respect des droits de l’homme en exige un examen au fond.
La q de la juridiction est au cœur du litige avec rapatriement des femmes et enfants français détenus en
Syrie. En effet, si sont sous la juridiction de la France, alors France doit appliquer CEDH. Ne sont pas en
France, donc pas territorialement en France, mais France aurait refusé de les rapatrier de façon
souveraine et lien avec personnes car elles sont françaises. Donc lien personnel. Le 6 février 2022, CEDH a
condamné la France et lui a ordonné de procéder au rapatriement. Elle considère que la France a
méconnu le droit d’entrer sur le territoire national.
Principe d’effectivité
= Airey contre Irlande, CEDH 1979 : les droits doivent être protégés non de façon théorique et illusoire
mais de façon pratique
Droits procéduraux 1 = permettent l’effectivité des droits matériels (donc du respect par l’Etat de ses
obligations = droit à un recours effectif
Droits procéduraux 2 = garantissent l’effectivité des droits procéduraux 1 (= droits qui permettent de
garantir la régularité de la procédure et les droits qui permettent d’assurer l’utilité de la procédure
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
(célérité et loyauté))
Célérité : en effet, si justice trop lente, pas efficace (exemple avec documentaire sur Pedro), délai
raisonnable (dépend évidemment du litige, logique de proportionnalité)
Loyauté : dans l’administration de la preuve notamment
Effectivité de l’absence d’arbitraire des pouvoirs publics : article 13 CEDH peut être invoqué en
combinaison avec article 6 en ce que article 6 n’aurait pas été reconnu
Effectivité de l’absence d’arbitraire du tribunal : par exemple si absence de respect de la présomption
d’innocence (car par exemple condamnation fondée sur une erreur de preuve, donc preuve n’a pas été
apportée), possibilité de recours (double degré de juridiction pénale, article 2 protocole 7 CEDH)
Droit procédural = source d’obligation pour l’Etat de garantir l’effectivité des droits
Exemple de pb à ce sujet qui s’est posé : circonstances d’incarcération pas bonnes, référé liberté,
mais en 48h juge ne pouvait pas remédier au pb car pouvait juste enjoindre à l’administration
qlqchose / et JLD n’avait pas ce pouvoir pour les détenus en détention provisoire, donc n’avaient pas
de pouvoirs suffisants pour remédier à la violation du droit -> donc il n’y avait pas voie de recours
effective -> DONC législateur a mis en œuvre une nouvelle loi modifiant le CPP, prévoyant pouvoirs
plus importants aux JLD, peuvent enjoindre à l’administration de prendre toute mesure appropriée
pour mettre fin à la violation
REMARQUE IMPORTANTE : un texte (ex. la CEDH) ne présente jamais une liste exhaustive. En effet,
il y a toujours d’autres droits qui peuvent en être tirés. Donc même si n’est pas énuméré, peut être
reconnu en JP ou juste qu’il soit logique qu’il existe. Donc même si on oublie qu’est consacré dans
texte, ne jamais dire qu’il n’existe pas si on pense que logique qu’il existe !
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
THEME 5 : LA PROTECTION INSTITUTIONNELLE NATIONALE
Principe d’effectivité : Airey contre Irlande, CEDH 1979 : les droits doivent être protégés non de façon
théorique et illusoire mais de façon concrète et effective. Il ne suffit pas de consacrer des droits, que ces
textes soient nationaux ou internationaux.
Les instances de protection non juridictionnelles permettent de faire produire leurs effets aux droits
consacrés. Certaines institutions permettent de fournir les éléments (de preuve notamment) permettant
de condamner la violation des DLF.
- une protection en aval : vise à résoudre les litiges nés de la violation. Elle est à destination des
individus lésés.
Il s’agit ici d’une réparation des violations produites, réparation casuistique ici.
NB : cette distinction n’est pas identique à la distinction entre institutions non juridictionnelles et
juridictionnelles : la protection en aval que permet l’accès un tribunal au sens de l’art. 6 CEDH n’est pas
nécessairement l’accès à une juridiction nationale (cf définition autonome du tribunal par la CEDH).
Une juridiction est une institution qui exerce la fonction juridictionnelle. Cette dernière est une
institution chargée de dire le droit (juris dictio) : fonction qui consiste à interpréter et appliquer le droit
à une situation de fait dans le but de résoudre le litige qui en ressort.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
3) Contrôle de constitutionnalité :
1) des règlements des assemblées parlementaires, le contrôle est obligatoire.
2) des lois : si la loi est organique, le contrôle a priori est obligatoire ; si la loi
est ordinaire, le contrôle a priori et a posteriori est facultatif ; si la loi est
référendaire, le Conseil constitutionnel se déclare incompétent.
3) des engagements internationaux : contrôle avant ratification ou approbation
d’un traité.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
la demande du justiciable (révision du 23 juillet 2008).
- Techniques de contrôle :
1) Effet cliquet : le législateur, compétent pour fixer les droits et libertés des citoyens,
ne
peut faire marche arrière en abaissant le seuil de protection octroyée (liberté d’expression).
Particularité de la QPC : peut être vérifiée seulement la conformité aux DLF et non à la procédure
pour adopter la loi
Remarque -> les institutions internationales contribuent aussi à la vérification du respect des DLF : (fiche
18)
1. Le système onusien
>> Charte des NU
>> Les traités (ensemble des conventions internationales négociées dans le cadre de l’ONU)
Toutes les conventions sont assorties d’un comité ! Deux types de contrôle : plainte / rapport
(fiche18)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
Le refus de transmettre ne peut faire l’objet d’un recours qu’avec la décision au fond
la juridiction saisie sursoit à statuer jusqu’à réception de la décision du CE ou de la Cour de cassation et,
s’il a été saisi, du Conseil constitutionnel – sauf si une personne partie au litige est privée de sa liberté
individuelle. Et peut prendre mesures provisoires ou conservatoires.
Le principe de ce filtre garantit l’effectivité de la protection car sinon CC mettrait trop de temps à
statuer. MAIS ne doit pas être trop restrictif. Le CC accepte de contrôler le respect par une disposition
législative telle qu’elle est interprétée par les juges ordinaires. DC 6 et 14 octobre 2010 QPC. DC 2012
Lepen QPC, contrôle possible si C° a été modifiée et donc que loi plus conforme.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
pour protéger un objectif d’intérêt général qui serait sinon manifestement atteint.
- une loi référendaire votée dans le cadre de l’article 11 de la Constitution puisqu’elle constitue «
l’expression directe de la souveraineté nationale » : CC, 2014, Province Sud de Nouvelle-Calédonie)
- une révision constitutionnelle adoptée au titre de l’article 89 : CC, 2003, Loi constitutionnelle
relative à l’organisation décentralisée de la République.
Droits et libertés garantis par la Constitution : le contrôle de constitutionnalité, dans le cadre d’une
QPC, s’opère à l’égard des seuls droits et libertés que garantit la Constitution (ex. : DDHC de 1789,
Préambule de la Constitution de 1946, Charte de l’environnement de 2004), à l’exclusion de toutes les
normes constitutionnelles ne garantissant pas de droits et libertés.
Remarque : alors qu’avec le contrôle a priori, est à l’égard de toutes les dispositions de la Constitution
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
3) Le ministère public peut participer aux procès civils (en tant que partie jointe pour
donner
son avis ou en tant que partie principale en tant que demandeur ou défendeur) / mais surtout aux procès
pénaux (il exerce l’action publique, dispose de l’opportunité des poursuites donc peut décider de classer
sans suite ou de poursuivre) mais la victime peut se constituer partie civile aussi et saisir la juridiction
(même si l’affaire est classée sans suite ou en l’absence de réponse dans un certain temps)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
9) L’erreur d’appréciation n’est pas considérée comme une faute disciplinaire (permet
donc de préserver indépendance juges)
Juridictions administratives
- Juges administratifs : deux corps distincts :
1) corps des conseillers des tribunaux administratifs et des cours administratives
d’appel, qui bénéficient du statut de magistrats et de l’inamovibilité y associée.
2) corps des conseillers d’États, qui ne bénéficient pas du statut de magistrats (Enarques)
- Indépendance des juridictions administratives : reconnaissance implicite qui découle d’un PFRLR
au sein de la loi du 24 mai 1872 portant réorganisation du Conseil d’État : CC, 1980, Loi portant
validation d’actes administratifs.
- Dualisme fonctionnel : coexistence au sein du Conseil d’État d’une fonction consultative et d’une
fonction contentieuse, ce qui n’est pas contraire au principe d’impartialité du tribunal si les
membres d’une formation de jugement saisie d’une question n’aient pas aussi siégé dans la
formation consultative qui avait été saisie pour avis sur cette même question : CEDH, 2009,
Sacilor Lormines c. France.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
- Rapporteur public : anciennement appelé « commissaire du Gouvernement », il intervient à
l’audience pour exprimer son opinion juridique et pour proposer une solution à la formation de
jugement chargée de délibérée ; sa participation au délibéré a été jugée contraire au principe de
l’égalité des armes et l’absence de communication du sens de ses conclusions en amont de
l’audience a été jugée contraire au principe du contradictoire : CEDH, 2001, Kress c. France.
Un décret tenta de résoudre le problème en disant que le rapporteur public participait au délibéré sans
voter, mais en fait c’était déjà le cas et CEDH a précisé que ne changeait rien, tjrs contraire à CEDH en
2006. Désormais, décret prévoit interdiction pour lui d’être présent au délibéré des tribunaux admin /
CAA mais peut au CE, sauf si parties refusent.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
- Juge civil : il peut être saisi de recours, notamment par la voie du référé (art. 808 et 809, CPC ; art.
9, c. civ. pour la vie privée ; art. 16-2, c. civ. pour la protection du corps humain), mettant en jeu :
1) le droit de propriété, c’est-à-dire « le droit de jouir et de disposer des choses de la
manière la plus absolue » (article 544 du code civil) ;
2) les droits conventionnels puisque les conventions de droits de l’homme, en mettant
à
la charge des États des obligations positives, produisent leur effet dans le cadre de rapports privés, ex. :
droit au respect de la vie privée (droit à l’image, protection des données).
- Juge pénal : il détermine la culpabilité du prévenu et fixe une sanction en tant que limite à
l’exercice par le prévenu de sa liberté, du fait que cet exercice a lui-même contrevenu à la liberté
d’autrui (cf. article 4 de la DDHC) ; ce faisant, il protège la liberté d’expression, du travail,
d’association, de réunion ou de manifestation sur la voie publique, l’entrave y étant portée étant
réprimée (article 431-1 du code pénal).
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
2019 : création de la cour criminelle qui traite en première instance des crimes punis de quinze à vingt ans
de réclusion criminelle (cour d’assises pour les crimes punis de 30 ans / perpétuité)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
Il doit respecter libertés fondamentales reconnues par le CC, mais peut en tirer des conséquences :
exemple dignité -> Morsang sur Orge 1995 /
A moins que le juge ne fasse de la loi une interprétation neutralisante (cas dans lequel elle était
contraire à la Constitution, l’acte admin était conforme à cette loi, mais comme juge interprète loi pour
qu’elle soit conforme à C°, acte devient contraire à la loi et est annulé) faisant disparaître l’écran causé
par la question de sa constitutionnalité, car l’acte administratif devient contraire à la loi
>> à moins qu’il fasse un contrôle de l’abrogation implicite de la loi
(constate qu’une disposition législative est devenue incompatible avec le droit constitutionnel en
vigueur, exemple CE 2005 privation de la liberté syndicale des huissiers par loi de 1945 alors que liberté
syndicale affirmée dans C° de 1946)
>> et évolution avec QPC car rôle de filtre du juge admin
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
7) Evolution avec loi de 1955 : par exception au principe de prohibition des injonctions,
le juge administratif a la faculté d’enjoindre, si cela lui est demandé par parties, à l’administration
d’exécuter sa décision et, le cas échéant, l’accompagner d’une astreinte (loi de 1995 ; art. L. 911-1 et L.
911-2 du CJA).
- Atteintes résultant du service public : le service public dans sa vocation économique (SPIC) peut
prendre en charge des activités économiques, auquel cas il limite la liberté du commerce et de
l’industrie qui garantit le droit pour toute personne privée d’entreprendre et d’exploiter une activité
économique ; en ce cas, l’acte administratif qui crée le service public doit être justifié par la poursuite
d’un motif d’intérêt général et ne pas avoir pour conséquence de placer l’entité gérant le service
public dans une situation contraire aux règles de concurrence (entente ou abus de position dominante).
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
I- Conditions de recevabilité
1) intérêt à agir :
1) peut-être direct ou indirect (CE, 1901, Casanova recours contre une commune
par un contribuable de la commune), individuel ou collectif (exemple organisations professionnelles CE,
1906, Syndicat des patrons-coiffeurs de Limoges), matériel ou moral ; et
2) doit être légitime (l’intérêt protégé doit être licite), personnel (l’acte litigieux
doit toucher le requérant), direct (les effets sur le requérant doivent être immédiats) et certain
(l’intérêt doit être né et actuel et ne pas doit pas être futur et éventuel).
2) délai : le juge ne peut être saisi que de la légalité d’une décision préalable, expresse
ou implicite – le silence de l’administration pendant deux mois valant, en principe, décision
d’acceptation – et peut être saisi dans un délai de 2 mois à compter de sa publication.
- absence de contrôle : le juge laisse une liberté totale à l’administration sur la qualification
juridique
des faits et d’adéquation de l’objet de l’acte à ses motifs = pouvoir discrétionnaire de l’administration
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
- contrôle normal (ou entier) : vérifie que la qualification et que le choix de la mesure
sont proportionnés, et que les faits sont de nature à justifier la décision litigieuse.
- contrôle maximum : vérifie que l’acte est le mieux adapté à la situation litigieuse et
qu’il n’existe pas d’autre solution plus satisfaisante.
- une décision de rejet revêt une autorité relative de la chose jugée mais ne fait pas
obstacle à ce que la légalité de l’acte ne puisse pas à nouveau être remise en cause ; et
L’annulation est rétroactive, sauf lorsque l’intérêt général suppose le maintien des effets de l’acte : CE,
Ass., 2004, Association AC !
L’annulation peut aussi être expliquée (indique les conséquences devant en être tirées) et différée
(auquel cas l’acte illégal n’est pas abrogé par le juge qui laisse à l’administration la charge de le faire en
exécution de sa décision).
Juge de l’urgence
FOCUS :
permettant au juge d’ordonner toutes mesures nécessaires : mesures provisoires, sauf lorsqu’aucune
mesure de cette nature ne permet de sauvegarder l’exercice effectif de la liberté fondamentale en cause
(CE, 2007, Syndicat CFDT Interco).
pour la sauvegarde d’une « liberté fondamentale » : notion n’ayant pas de définition propre et se
contentant de renvoyant aux droits et libertés que le Conseil d’État a identifié dans sa jurisprudences
comme constituant des « libertés fondamentales » au sens de l’article L. 521-2 du CJA
lorsqu’il y est portée une atteinte grave et manifestement illégale.
Concerne les agissements et les décisions administratives (donc possible même sans requête au fond et sans
décision préalable)
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 6 : LES PROTECTIONS
JURIDICTIONNELLES NATIONALES
Les ordonnances du juge du référé-liberté sont susceptibles d’appel directement devant le Conseil d’Etat
dans les 15 jours suivant leur notification
La mise en place du référé liberté permet de faire comme avec le juge judiciaire + permet de réduire
l’utilisation de la voie de fait dont l’usage était abusif.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 7 : LES PROTECTIONS
NON-JURIDICTIONNELLES
B) droit de pétition
Possibilité de protester, d’en appeler aux pouvoirs publics et autorités constitutionnelles pour les alerter
et solliciter leur intervention pour un objet déterminé, pour les électeurs d’un collectivité territoriale
en demandant l’inscription à l’ordre du jour de leur assemblée délibérante d’une question relevant de
sa compétence (article 72-1 de la Constitution).
Pour les citoyens de l’Union européenne en adressant des pétitions au Parlement européen, de recourir
au médiateur européen, de s’adresser aux organes et aux institutions consultatifs de l’Union (article 24
du TFUE) et d’inviter la Commission à présenter des propositions législatives (droit d’initiative citoyenne
: article 11 § 4 du TFUE). Il faut au moins 1M de signatures.
Il dispose d’un pouvoir d’information, de vérification (juge des référés/JLD), d’un pouvoir de
recommandation et d’un pouvoir de médiation pour la résolution des litiges, et il mène des actions de
communication et d’information du public dans ses domaines de compétences.
Il peut renvoyer des réclamations aux autres AAI mais peut suivre leur travail
Sa saisine a été simplifiée : elle est possible par toute PP, PM gratuitement en cas de non-respect des
droits / et présence de délégués du Défenseur des droits, même à l’étranger.
Il dispose du droit de visite des lieux de privation de liberté, d’un droit d’accès à l’information et il peut
dresser des observations, à l’occasion desquelles il formule des recommandations, et initier des
poursuites pénales ou disciplinaires ;
L’actuel CGLPL est Dominique Simmonot, nommée en 2020 pour un mandat de 6 ans non
renouvelable.
Recommandations relatives aux conditions matérielles de garde à vue dans les services de police :
saleté des cellules, surpopulation dans cellules…. Accès à l’eau potable limité car en dehors des cellules…
DONC recommandations : respecter dignité des personnes, ordonner transfert si non ou levée de la
mesure
AAI instituée en 1978 chargée de veiller à ce que les traitements de données à caractère personnel
soient mis en œuvre conformément à la loi et aux exigences conventionnelles et constitutionnelles ;
il dispose d’un droit de contrôle des locaux professionnels et des documents et fichiers s’y trouvant
ainsi que d’un pouvoir de sanction pécuniaire, à l’issue d’une procédure contradictoire, pouvant être
assortie d’une injonction de cesser le traitement des données et d’un retrait de l’autorisation accordée
par la CNIL.
Affaire Google, en 2020 le CE a validé la sanction prononcée par la CNIL car Google pas assez clair envers
utilisateurs notamment sur personnalisation de la publicité.
AAI créée en 1978 chargée de veiller au respect de la liberté d’accès aux documents administratifs et
aux archives publiques ainsi qu’au respect du principe de transparence par l’administration.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 7 : LES PROTECTIONS
NON-JURIDICTIONNELLES
L’institution du Comité des droits de l’homme en 1977 (en application du PIDCP de 1966) constitue
une étape décisive en matière de garanties non-juridictionnelles en droit international.
Depuis, 5 autres organes ont été créés : le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des
femmes (CEDF, en 1982) ; le Comité des droits économiques sociaux et culturels (CDESC, en 1985) ; le
Comité contre la torture (CCT, en 1987) ; le Comité des droits de l’enfant (CDE, en 1990) et le Comité
des travailleurs migrants (CTM, en 2003).
I- Le contrôle sur rapport
La procédure prévue repose, d’une part, sur l’obligation faite aux États parties de transmettre
périodiquement des rapports sur la bonne application des règles contenues dans ces textes et, d’autre
part, sur l’examen de ces rapports par les comités compétents.
Contrôle exercé notamment par les comités, leur permettant d’évaluer leur conformité aux obligations
conventionnelles et de formuler des recommandations dans des observations finales
Les États parties sont tenus, d’abord, de présenter un rapport initial dans un délai d’un an suivant
l’entrée en vigueur pour eux de la convention concernée. Ils sont obligés, ensuite, de remettre des
rapports périodiques : tous les 2 ans sur l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les
formes de discrimination raciale (article 9 § 2) ; tous les quatre ans sur celle de la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (article 18 § 1, b) et de la
Convention contre la torture (article 19 § 1) ; tous les cinq ans pour le Pacte relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels (Décision du 1er décembre 2000, doc/ E/2001/22), la Convention sur
les droits de l’enfant (article 44 § 1) et la Convention sur la protection des droits des travailleurs migrants
(article 73 § 1).
D’autres procédures ont été établies pour renforcer le contrôle lorsque la situation des droits de
l’homme est gravement compromise dans un État partie.
L’une d’elles est la procédure d’enquête spécifique sur les violations massives des droits de l’homme
instituée à l’article 20 de la Convention contre la torture et à l’article 8 du Protocole facultatif à la
Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Si le Comité contre la torture ou le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a
des raisons de croire, sur la base de « renseignements crédibles », que des actes de torture ou de
discrimination sont réalisés de manière grave ou systématique, il peut, à moins que l’État partie concerné
n’ait émis une réserve pour s’y opposer au moment de son engagement, charger un ou plusieurs de ses
membres de procéder à une enquête et de lui rendre compte, en urgence, des résultats de celle-ci.
Les autres procédures sont d’origine prétorienne : il s’agit, d’une part, de la procédure d’alerte rapide et
d’intervention d’urgence, créée en 1993 par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale et,
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 7 : LES PROTECTIONS
NON-JURIDICTIONNELLES
d’autre part, de la procédure d’urgence instituée en 1990 par le Comité des droits de l’homme. Au titre
de la première, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale peut, en cas de pratiques
discriminatoires systématiques, demander au gouvernement concerné de fournir des informations ou
décider d’entendre ses représentants, sans attendre le rapport périodique ordinaire.
Contrôle sur plainte : contrôle exercé notamment par les comités conventionnels des Nations Unies à
l’occasion de constatations, à partir des communications alléguant la violation par un État partie à une
convention onusienne de ses obligations conventionnelles ; ces communications peuvent être :
communications étatiques : faculté pour un État partie à une convention onusienne de saisir le comité
instauré pour veiller à son respect, d’une plainte alléguant du non-respect de cette convention par un
autre État partie, aux fins de conciliation du différend.
communications individuelles : faculté pour une personne se trouvant sous la juridiction ou sur le
territoire d’un État partie à une convention onusienne, après avoir épuisé les voies de recours internes,
de saisir le comité instauré pour veiller au respect de cette convention d’une plainte alléguant sa
méconnaissance par cet État.
Comité des droits de l’homme / comité des droits civils et politiques / comité pour l’élimination de la
discrimination à l’égard des femmes…
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Instance nationale de recours : tout organe, instance indépendante (1) + peut rendre une décision
juridiquement contraignante (2)
Exemple : en droit français, existence de la CADA qui est ce type d’instance (même si en France on ne la
qualifie pas d’instance)
Selon la CEDH, la question du délai raisonnable (article 6) et du droit au recours effectif (article 13)
peuvent s’articuler et se combiner. Si article 6 pas respecté, alors selon article 13 il faut recours effectif
pour y remédier.
En droit interne :
Droit constitutionnel d’exercer un recours effectif devant une juridiction : droit, issu
de l’article 16 de la DDHC, de contester la régularité d’une mesure litigieuse ou d’une situation de fait
devant une juridiction : CC, 2014, M. Laurent L.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Droit de former un REP : droit de contester la légalité d’un acte administratif : CE, 1950, Dame Lamotte
dont les mesures d’ordre intérieur : CE, 1995, Marie à propos de cellule de punition) et les actes de
droit souple des autorités de régulation : CE, 2016, Fairvesta.
Droit de former un recours en cassation : PGD, droit de contester la légalité d’une décision prise par un
juge administratif statuant en dernier ressort : CE, 1947, D’Aillières.
L’effectivité du recours
Obstacles et remèdes :
En cas d’absence ou insuffisance des voies de droit : création de nouvelles voies de recours ou
élargissement des compétences et prérogatives des instances nationales
En cas d’application d’une règle portant une atteinte excessive au droit d’intenter un recours :
assouplissement des critères de recevabilité : CEDH, 2021, Vermeersch c. Belgique
En cas de complexité ou d’opacité de la règle de droit : clarification de la règle de droit par son
interprétation en jurisprudence ou par la simplification des termes de la loi
En cas de coût financier élevé : aide juridictionnelle : CEDH, 1979, Airey c. Irlande) / solution des actions
de groupe également :
5 élargissements depuis :
- Devant juge administratif (même procédure, par association, mais préjudice est relatif à l’Etat / au service
public, exemple discrimination par les administrés, etc.)
- Pour produits de santé
- Pour discriminations
- Pour données personnelles
- Pour dommage environnemental
CC QPC 2021 : système de purges des vices de procédure lorsque l’ordonnance de mise en accusation est
devenue définitive est contraire au droit à un recours juridictionnel effectif car ne prévoit aucune
exception en cas de défaut d’information de l’intéressé notamment. Fondement = article 16 DDHC (bloc
de c°)
Crim. 20 avril 2022 QPC : l’absence de droit de faire appel pour le témoin assisté est contraire au droit à
un recours juridictionnel effectif : elle renvoie la QPC au CC.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
3 indices pour savoir si c’est matière pénale (CEDH 1976, Engel c. Pays-Bas) :
1) Elle reçoit une telle qualification en droit interne
2) Elle contrevient à une norme répressive ou dissuasive
3) Cette contravention a pour effet d’imposer une sanction suffisamment grave
Exemple : condamnation par la CNIL de Google : matière administrative en droit français. Mais selon notion
autonome de la CEDH, sera une matière pénale (car accusation + reçoit qualification pénale en droit interne car
infraction + peine sévère)
Certains litiges ne ressortent pas de ces volets, donc pas objet de 6§1 (donc bien vérifier que s’applique !!!) :
- Matière fiscale : CEDH Ferrazzini
- Litige qui touche à ce qu’est la prérogative de puissance publique : CEDH Pellegrin contre Italie
Rôle de l’UE dans le procès équitable : Charte des DFUE reprend articles procédure + directives en matière pénale
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Impartialité subjective : les juges doivent juger du différend qui leur est soumis sans préjugé (pas de
parti pris) ni préjugement (n’ont pas déjà eu à en connaître).
Impartialité objective : les juges doivent exercer leur fonction juridictionnelle en garantissant l’apparence
de leur impartialité.
Droit à l’aide juridictionnelle : découvert la Cour EDH (CEDH 1979 Airey c. Irlande), de bénéficier du
système d’aide juridictionnelle lorsque les ressources d’une des parties au litige ne lui permet pas de
bénéficier d’un accès effectif au tribunal ; en France, la loi du 10 juillet 1991 en prévoit le régime.
Droit à être jugé dans un délai raisonnable : droit, protégé par l’article 6 § 1 CEDH, d’obtenir une solution
à son litige dans un délai proportionné à la complexité et à l’enjeu de l’affaire, et adapté au
comportement du requérant et des autorités nationales
Principe de l’égalité des armes : garantie, découverte par la Cour (CEDH, 1960, Lawless c. Irlande),
exigeant qu’une possibilité effective soit offerte à chaque partie au litige de faire valoir les éléments
nécessaires au succès de ses prétentions à l’égard du juge, en discutant de l’ensemble des pièces se
trouvant en sa possession.
Principe du contradictoire : garantie, découverte par la Cour EDH dans sa jurisprudence (CEDH, 1959,
Szwabowicz c. Suède), exigeant qu’une possibilité effective soit offerte aux parties au litige de défendre
leurs intérêts en respectant un juste équilibre entre elles, de sorte qu’une partie ne doit pas être en
situation de net désavantage par rapport aux autres.
Donc différence entre principe d’égalité des armes et principe du contradictoire = égalité des armes est
un droit de chaque partie individuellement à l’égard du juge alors que principe du contradictoire est en
fonction de ce qu’a dit l’autre partie, droit de se défendre par rapport à ça
Droits de la défense : déclinaisons particulières du contradictoire et de l’égalité des armes dans le cadre
d’un procès pénal, énoncés à l’article 6 § 2 de la Convention, comprenant le droit de disposer du temps
et des facilités nécessaires à la préparation de sa défense, le droit à l’assistance d’un avocat et le droit à
l’assistance gratuite d’un interprète.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Principe de la présomption d’innocence (procès pénal) : garantie, protégée par l’art. 6 § 2 de la CEDH :
- un droit subjectif : droit de tout accusé, devant les juges dans le cadre d’un procès pénal, de ne
pas
subir les effets attachés à une déclaration de culpabilité si une telle déclaration n’a pas été faite à son
endroit par une juridiction.
Principe de loyauté de la preuve : exigence, découverte par la Cour EDH (CEDH 1988, Barbera c.
Espagne), de légalité dans l’administration de la preuve.
- Principe non bis in idem : droit, protégé par l’article 4 du Protocole n° 7, de ne pas être
poursuivi ou puni une deuxième fois, au terme d’une procédure pénale, par les juridictions d’un même
État pour des faits identiques.
- Droit à la motivation des décisions de justice : garantie, découverte par la Cour EDH dans
sa jurisprudence (CEDH, 1987, H. c. Belgique), variant selon la nature de la décision rendue, exigeant
que les juges mettent le requérant en mesure de comprendre les raisons expliquant le sens de la
décision rendue (CEDH, 2001, Papon c. France).
Par exemple, CEDH a précisé que la Cour d’assises doit transmettre questions posées au jury et réponses
Et CEDH précise que pour procédure de tri (CE) / de non-admission, pas besoin de motiver car sinon
imposerait charge à la Cour suprême une charge qui l’éloignerait de sa finalité (urgence).
- Prohibition du déni de justice : la décision rendue ne doit pas être entachée d’arbitraire, ni être
manifestement erronée en droit ou en fait (CEDH, GC, 2017, Tommaso c. Italie).
Manifestement = qui ressort évidemment à la lecture de la motivation
- Droit à l’exécution du jugement : exigence, découverte par la Cour EDH (CEDH, 1997,
Hornsby c. Grèce), pour les autorités de faire produire ses effets à une décision définitive. Mais pas un
droit absolu donc possible pour l’Etat d’y porter atteinte de façon proportionnée à un but légitime.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Focus – Arrêt CEDH 2014 – Procédure du plaider coupable : ne pose pas de problème au regard de
l’article 6 à 3 conditions :
1. Accord établi de manière non équivoque
2. Assorti de garanties minimales pour prévenir les abus (exemple accord soumis à un contrôle
judiciaire)
3. Ne doit se heurter à aucun intérêt public
Raisonnement de la CEDH :
1. Vérifie l’existence ou non de raisons impérieuses justifiant les restrictions
En l’espèce, à l’époque des faits, il n’existait pas de droit de garder silence / de présence
d’avocat / d’interprète en audition libre dans législation française. Et Gouvernement n’a pas
justifié de raisons impérieuses justifiant les restrictions. Passe à l’étape suivante. Vérifie si ces
restrictions ont été compensées.
La CEDH affirme la violation de l’article 6§1 pour l’un des requérants mais non pour l’autre :
> La première se trouvait placée dans une situation de vulnérabilité car l’audition n’était pas faite
dans sa langue maternelle. Ceci a contribué à ce qu’elle s’auto-incrimine. Et c’est cette auto-
incrimination qui a été la base de la condamnation.
> Alors que le second requérant n’était pas en situation de vulnérabilité et sa condamnation n’a
pas été fondée sur son auto-incrimination mais sur d’autres preuves. Pas de violation de 6§1.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
CEDH : 6§1 prévoit implicitement droit pour prévenu de comparaitre physiquement, mais droit moins
important en appel (surtout en première instance) et peut être utilisée si but légitime et que modalités
d’administration de la preuve compatibles avec procès.
> Le débat contradictoire sera ouvert dès l’enquête : suspect et victime auront accès facilité au dossier,
pourront faire observations (si ne risque pas de porter atteinte à l’efficacité des investigations)
> Autorisation de l’enregistrement des procès à des fins pédagogiques : l’autorisation sera donnée,
après avis du ministre de la justice, par les chefs de juridiction. Publication une fois l’affaire définitivement
jugée + accord des parties. Champ d’application : juge d’instruction / Cass / CE (Conseil constit -> existait
déjà).
> Encadrement des enquêtes préliminaires : 2 ans max et 3 ans max pour délinquance ou criminalité
organisée (prolongation de 2 ans possible)
Focus – Statut des magistrats du parquet au regard des critères d’indépendance et d’impartialité
Arrêt Moulins CEDH 2010 : article 5 CEDH prévoit que toute personne privée de sa liberté doit aussitôt
être traduite devant un juge ou « tout autre magistrat » -> q° de savoir si « tout autre magistrat » peut-
être parquetier français, réponse est que non car parquetier n’est pas indépendant car soumis
hiérarchiquement au garde des sceaux, membre du pv exécutif.
Solution : soit réformer statut parquetier (impossible en pratique), soit ne plus lui confier cette mission (+
réaliste)
En France, Cour d’assises -> article 365-1 CPP prévoit feuille de questions + feuille de motivation en cas de
condamnation
CEDH 2013 : considère que suffit
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Le choix des moyens les plus appropriées pour permettre l’exécution d’une décision donnée est laissé à
la libre appréciation de l’État en vertu du principe de subsidiarité ;
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Fondements textuels :
- arts. 2 et 7 de la DDHC
- art. 5 § 1 de la CEDH
- art. 9 du PIDCP
La rétention
Contrôle d’identité : 4 possibilités :
- contrôle de police judiciaire
- contrôle de police administrative
- contrôle Schengen
- contrôle d’identité des étrangers
Contrôles de police judiciaire : contrôle réalisé à condition qu’il existe des raisons plausibles de
soupçonner qu’une personne a commis, a tenté ou s’est préparée à commettre une infraction.
Le contrôle d’identité peut aussi être réalisé sur réquisitions écrites du procureur (art. 78-2 du CPP) à
condition qu’elles précisent les infractions visées et des lieux et périodes de temps déterminés.
Contrôles de police administrative : contrôle, réalisés à titre préventif, visant à prévenir une atteinte à
l’ordre public, la réalité du risque d’atteinte devant être circonstanciée bien que la loi n’exige plus qu’il
soit directement rattachable au comportement de la personne dont l’identité est vérifiée (art. 78-2, al. 2
du CPP).
Contrôles « Schengen » : contrôles créés en 1993, réalisés à la frontière avec les autres États parties à la
convention Schengen pour assurer le respect des obligations de détention des titres et documents
prévus par la loi (art. 78-2, al. 9 du CPP), sur des tranches de 12 heures non- consécutives (loi n° 2011-
267 de 2011), devant être fondés sur des informations générales et des données liées au séjour illégal
de personnes (CJUE, 2012, Adil).
Schengen : a été absorbé par le droit communautaire de l’UE mais comprend aussi 4 Etats non-membres
de l’UE, permet libre circulation (sans passeport…)
Contrôles d’identité des étrangers : contrôle des titres de séjour (art. L. 812-1 du CESEDA) si des
éléments objectifs déduits de circonstances extérieures à la personne de l’intéressé sont de nature à
faire apparaître sa qualité d’étranger (art. L. 812-2 du CESEDA)
en effet, il ne faut pas que la décision de contrôler ses titres / son identité soit fondée sur un délit de
faciès -> exemple d’élément objectif : plaque d’immatriculation du véhicule / exemple d’élément non pris
en compte en théorie : conversation en langue étrangère / lecture d’un journal étranger
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Vérification d’identité : prolongation du contrôle d’identité, par une rétention (4h max) aux fins de
vérification, si la personne interpellée n’a pas pu ou n’a pas voulu justifier de son identité.
4 conditions à peine de nullité : art. 78-3 du CPP
1) la personne doit être immédiatement présentée à un OPJ qui la met en mesure d’établir son
identité par tout moyen
2) l’OPJ l’avertit de son droit de faire aviser le procureur de la vérification dont elle fait l’objet
3) l’OPJ avertit la personne qu’elle n’est retenue que pendant le temps strictement exigé pour
établir
son identité
4) un PV spécialement motivé est dressé.
Garde à vue : art. 62-2 du CPP : « mesure de contrainte […] par laquelle une personne à l’encontre de
laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de
commettre un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement est maintenue à la disposition
des enquêteurs »
3 Conditions
1) Suspicion de crime ou de délit puni d’une peine d’emprisonnement (avant, était possible pour
suspicion d’une infraction sans précision)
2) Pendant une période limitée à 24 heures, pouvant être prolongée de 24h supplémentaires
3) Garde à vue doit être l’unique moyen pour :
- garantir la présentation devant procureur république
- l’empêcher de contacter des complices / faire pression sur témoins
- l’empêcher de s’enfuir
-l’empêcher de modifier les preuves
Dans le cadre de laquelle le gardé à vue se voit reconnaître plusieurs droits fondamentaux :
Le droit d’être informé de :
- son droit au silence
- des faits qui lui sont reprochés et de la qualification retenue,
- son droit de consulter certaines pièces du dossier,
- son droit d’être assisté par un avocat et d’un interprète,
- son droit à l’aide juridictionnelle, de son droit à un avis médical
Droit de bénéficier de l’assistance d’un avocat dès le début de la garde à vue et pendant les
interrogatoires (CEDH, CC puis réforme de 2011) -> donc impossible de se servir des déclarations faites
sans présence de l’avocat
Droit de garder le silence : conséquence du principe de présomption d’innocence et du droit de
l’accusé qui en découle de ne pas s’auto-inscriminer : CEDH, 1993, Funke c. France
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Droit au respect de sa dignité (loi du 14 avril 2011) ; (permet de limiter strictement la fouille intégrale)
Droit de faire prévenir un proche de la mesure dont il fait l’objet (art. 63-2 du CPP) ;
Droit de se faire examiner par un médecin, respectant le secret professionnel et sa dignité, pour vérifier
si la mesure est compatible avec son état de santé (art. 63-3 du CPP).
Procédure :
1) Seul un OPJ peut placer en garde à vue (62-2 CPP)
2) Le procureur doit être informé
Depuis la loi du 5 mars 2007, les interrogatoires des personnes gardées à vue en matière criminelle
doivent être enregistrés afin d’apporter la preuve du bon déroulement de la mesure (l’instauration
d’une telle précaution fait suite à la condamnation de la France dans différentes affaires pour actes de
tortures ou de traitements inhumains et dégradants commis pendant les gardes à vue – v. CEDH 1992,
Tomasi c. France et CEDH 1999, Selmouni c. France). Un tel enregistrement n’est obligatoire que si
l’interrogatoire est réalisé dans les locaux d’un service ou d’une unité de police ou de gendarmerie.
Le CC a jugé ces dispositions conformes à la Constitution aux motifs que l’atteinte portée à la liberté
individuelle n’est pas excessive et que les garanties fixées par le législateur assurent le respect du principe
selon lequel la liberté individuelle ne saurait être entravée par une rigueur qui n’est pas nécessaire (DC du 2
mars 2004)
Le statut de suspect libre : a globalement les mêmes droits que la personne en GAV (droit d’être
informée de la qualification retenue, etc.).
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
La détention
Détention dans un établissement pénitentiaire :
Détention provisoire : incarcération judiciaire dans une maison d’arrêt qui peut être prononcée, en
cours d’instruction ou après sa clôture, par le JLD (loi du 15 juin 2000).
En cours d’information, elle concerne la personne mise en examen, à savoir une personne à l’encontre
de laquelle « il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable » qu’elle ait « pu
participer, comme auteur ou comme complice, à la commission » d’un crime ou d’un délit dont le juge
d’instruction est saisi (article 80-1 du code de procédure pénale). Après la clôture de l’information, elle
concerne la personne non définitivement condamnée.
Elle est décidée à l’encontre d’une personne mise en examen « s’il est démontré […] qu’elle constitue
l’unique moyen » de conserver les preuves, d’empêcher une pression sur les témoins ou les victimes, ou
une concertation frauduleuse, de protéger la personne mise en examen, de s’assurer de la présence de
la personne, de mettre fin à l’infraction, ou à un trouble exceptionnel et persistant à l’OP (art. 144 du
CPP ; cf aussi 80-1).
L’incarcération est contestée par voie d’appel ou par un référé-liberté introduit par le détenu (art. 187-
1, al. 1 du CPP) –
La personne amenée devant le JLD doit être informée du droit de se taire, sinon c’est inconstitutionnel
(CC 2021 article 9 DDHC). Pareil devant chambre de l’instruction (juridiction d’appel du juge d’instruction
/ du JLD). CC 2021 (autre décision).
Mesures de sûreté : mesure d’ordre public prise à l’encontre d’une personne en vue de l’empêcher de
commettre une ou des infractions et de protéger la société d’une personne tenue pour dangereuse.
CC et CEDH l’ont jugé conforme.
Focus – Crim. 2021 – Plus possible de prononcer peine d’emprisonnement ferme inférieure ou égale à un
mois
(selon loi de réforme de 2019), q de savoir si c’est une loi plus sévère ou non (peine plancher ?) réponse
est non selon juges, car législateur souhaite remplacer ce genre de peine très courte par une peine
alternative (exemple TIG).
Crim. 2021 rappelle que si manquement délibéré au contrôle judiciaire, JLD peut ordonner son placement
en détention provisoire sans avoir à motiver comme en temps normal.
73
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
NB : EXAM : pour déterminer la violation ou non d’un droit il FAUT TOUJOURS vérifier la violation par
l’Etat de l’une de ses obligations. Il faut pour ce faire distinguer les droits absolus et non absolus : le
contenu des droits diffère selon qu’il s’agit ou non d’un droit absolu.
NB 2 : une atteinte est une limitation dans la jouissance du droit alors que la violation est la
méconnaissance contraire à ce que prescrit le régime de protection du droit.
Dans le cas des droits absolus, toute atteinte a pour conséquence directe une violation.
IL FAUT TOUJOURS préciser si le droit est absolu ou non avant d’en déduire une éventuelle violation.
Ex : pour démontrer qu’une pratique est contraire à l’interdiction des traitements inhumains il faut :
ETAPE 1 : démontrer l’existence d’une atteinte
ETAPE 2 : exposer le fait que ce droit est un droit absolu
ETAPE 3 : établir qu’il y a violation de ce droit.
Pour les droits non absolus l’existence d’une atteinte n’a pas pour conséquence une violation. Il faut en
outre une atteinte qui ne satisfait pas aux conditions dans lesquelles il peut être porté atteinte à ce
droit : mesure proportionnée de l’Etat ; ou acte d’un individu qui ne rompt pas le juste équilibre entre
les individus.
La question des limitations ne se pose que dans le cadre des droits non absolus.
La limitation d’un droit porte toujours sur l’exercice de ce droit.
A titre de principe les EM ont l’obligation de respecter et faire respecter les DLF.
Il existe 2 catégories de limitations des droits :
- les restrictions : exceptions au principe du principe selon lequel l’Etat est obligé de faire respecter
les droits et libertés
Cela suppose le respect des conditions de protection du droit : mesure proportionnée de l’Etat ; ou acte
d’un individu qui ne rompt pas le juste équilibre entre les individus.
- les dérogations : ici le principe selon lequel l’Etat est obligé de faire respecter les droits et libertés
est inapplicable
Les EM peuvent demander à ne pas être tenu au respect et faire respecter les DLF
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
- Limitations : restrictions portées à l’exercice des libertés et des droits qui ne sont pas absolus (aux
fins de conciliation, entre les droits et libertés en présence, nécessaire du fait de leur collision
inévitable) ;
- Limitations normales : restrictions portées dans des circonstances qui ne sont pas exceptionnelles,
logique de proportionnalité
Si la restriction vient de l'action d'un individu (autrement dit l’insuffisance d’action de l’Etat) la condition
de la restriction est l’absence de rupture du juste équilibre entre les 2 droits en cause.
il s’agit de savoir si l’action est un équilibre qui est juste.
L’empiètement du législateur dans le domaine réglementaire n’est pas censuré (CC, 1982, Blocage des
prix), mais la méconnaissance par le législateur de sa propre compétence l’est (incompétence négative) ;
Le principe de l’effet cliquet fait obstacle à ce que le législateur puisse modifier la loi pour prévoir,
concernant certaines libertés, un niveau de protection plus faible : CC, 1984, Transparence et pluralisme
des entreprises de presse
75
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Il postule que la liberté est première : l’individu use à son gré de la liberté qui lui est reconnue, sauf à
s’exposer à des sanctions en cas d’abus dans son exercice. droit commun des libertés en France.
Les restrictions sont postérieures à l’exercice du droit (ex. : peine prononcée par le juge), de sorte que
les droits et libertés peuvent être exercés sans autorisation préalable ;
En tant qu’elle est partagée en autant de membres que comporte la société, la liberté peut et doit être
conciliée avec d’autres libertés ou des exigences d’intérêt général.
Confier au juge le soin de réprimer les infractions en cas d’abus de liberté est un gage de sécurité pour
l’individu, le juge étant statutairement indépendant et son intervention étant entourée de garanties pour
le justiciable.
Il vise à empêcher préventivement que l’abus ne puisse se réaliser : il s’agit d’un contrôle a priori de
l’exercice des libertés.
Les restrictions sont antérieures à l’exercice du droit, de sorte que l’exercice des droits et libertés peut
être subordonné à l’obtention d’une autorisation préalable ;
Le régime préventif est donc beaucoup moins généreux pour les libertés. Il dénote la volonté des
autorités de contrôler plus intensément et plus efficacement certaines activités. Il faut souhaiter qu’il
ne soit instauré que de manière exceptionnelle. Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs estimé que
certaines libertés fondamentales ne peuvent être soumises à un tel régime (DC 1971, dite « Liberté
d’association »).
Le régime repose sur l’idée d’un contrôle a priori de l’exercice des libertés, par les autorités
administratives, pouvant se trouver selon la loi en situation de pouvoir discrétionnaire ou de
compétence liée, afin de protéger l’ordre public ;
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
La mesure de police prise par l’autorité administrative doit être proportionnée à la nature du trouble
qu’elle entend prévenir ou faire cesser et est soumise à un contrôle a posteriori judiciaire étroit, dont
l’objet varie selon les composantes de l’ordre public visées :
1) si l’OP est matériel : l’appréciation de la proportionnalité est fonction des
circonstances de temps et de lieu : CE, 1959, Sté des fils Lutétia
2) si l’OP est immatériel : l’appréciation de la proportionnalité échappe à
l’appréciation de ces circonstances locales : CE, 1995, Morsang-sur-Orge
77
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
L’ordre public est une notion difficilement saisissable, et définissable, pour deux raisons.
La première est qu’elle est une notion transversale du droit.
La deuxième raison est que l’ordre public est évolutif : le contenu de l’ordre public change avec le
passage du temps qui emporte avec lui la modification des impératifs liés au bon fonctionnement de la
société.
C’est pourquoi en droit administratif, de nombreuses discussions sont relatives à l’existence d’un ordre
public immatériel, qui serait protecteur de la dignité de la personne humaine (CE 1995, Commune de
Morsang-sur-Orge) et de la moralité publique (CE 1959, Société Les Films Lutétia).
En droit international privé, si la Cour de cassation a défini l’ordre public international français comme
l’ensemble des « principes de justice universelle considérés dans l’opinion française dotés de valeur
internationale absolue » (Civ., 25 mai 1948, Lautour),
l’ordre public serait l’ensemble des intérêts dont la protection est essentielle au bon fonctionnement de
la société.
Pour que l’ordre public soit protégé, l’État doit être responsable de la sauvegarde des droits et des
libertés de chacun. L’exercice de ses droits par l’un entraîne nécessairement une limitation des droits
d’un autre. En témoigne l’article 4 de la DDHC: « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas
à autrui ».
il appartient à l’État d’assurer la sauvegarde d’un ordre respectueux des droits et des libertés de chacun.
Ce faisant, l’État est responsable de la garantie des droits et des libertés.
La Cour EDH juge que la CESDH est l’« instrument constitutionnel de l’ordre public européen » (CEDH,
1995). En effet, la CESDH consacre des droits au bénéfice des individus, mais dont la garantie pèse sur les
États sous la juridiction desquels ils se trouvent.
L’État est responsable, pour assurer le bon ordre sur son territoire, d’arbitrer les éventuels conflits entre
les droits de ces personnes. C’est pourquoi, la CESDH habilite les États à limiter l’exercice d’un droit non
absolu qu’elle consacre afin de garantir les droits d’autrui (§ 2 des articles 8 à 11 de la CESDH).
Dans l’ordre juridique international, les titulaires de droits sont, à titre de principe, les États. Récemment
l’individu a également été reconnu comme sujet de droit de l’ordre juridique international et s’est ainsi
78
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
vu conférer le bénéfice de droits et libertés consacrés dans des conventions internationales relatives
aux droits de l’homme.
La sauvegarde des DLF repose, en effet, sur l’encadrement de l’exercice des compétences étatiques et a
donc pour effet de limiter la liberté dont il jouit en principe.
Premièrement, en droit administratif, cet ordre public renvoie à la salubrité, la sécurité et la tranquillité
publiques, au titre desquelles les autorités administratives (notamment locales) ont le pouvoir de police
générale de limiter l’exercice de droits et libertés (article L. 2212-2 du CGCT).
Ex : l’affaire dite « Dieudonné », le maire d’Orléans avait suspendu, aux termes d’un arrêté, la tenue du
spectacle de Dieudonné dans sa ville. Le juge des référés du CE confirme l’ordonnance du TA d’Orléans
rejetant la requête de Dieudonné dirigée contre l’arrêté du maire d’Orléans, au motif qu’une illégalité
manifeste dans l’exercice de ses pouvoirs de police administratif ne saurait être reprochée au maire,
compte tenu du risque d’atteinte à l’ordre public (CE, 11 janvier 2014, M’bala M’bala).
Deuxièmement, en droit constitutionnel, la protection de l’ordre public fait l’objet d’un objectif de
valeur constitutionnel.
Les objectifs de valeur constitutionnelle sont des normes dont l’objet est de limiter l’exercice des droits
et libertés consacrés, quant à eux, dans des principes de valeur constitutionnelle, des PFRLR, dans les
textes du bloc de constitutionnalité.
L’ordre public est donc, en droit constitutionnel, une norme en vertu de laquelle l’exercice des droits et
des libertés constitutionnellement garantis peut être limité, parmi lesquels figurent notamment la
liberté individuelle, la liberté d’aller et venir et l’inviolabilité du domicile (DC 1995).
En droit administratif, le Conseil d’État a reconnu que la dignité est une composante de l’ordre public
dans son fameux arrêt Commune de Morsang-sur-Orge (CE 1995).
Il était question dans cet arrêt d’une simple question de légalité de l’arrêté municipal qui avait entendu
assurer la protection de la dignité de la personne humaine.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Il en résulte que la personne humaine dont la dignité était en cause n’était pas celle du requérant
concerné, dont la situation était spécifiquement affectée par l’arrêt municipal, mais bien la communauté
humaine formée de l’ensemble des personnes dont la dignité n’aurait pas été respectée par l’attraction
du lancer de nains.
Il a aussi été soutenu que la moralité publique serait une autre valeur protégée au titre de l’ordre public
en droit administratif. (CE, 18 décembre 1959, Société Les Films Lutétia, n° 36385 et 36428)
Toutefois, certains doutes demeurent quant à la consécration par cet arrêt d’une composante de l’ordre
public relatif à la moralité publique, c’est-à-dire l’existence d’un ordre public immatériel. La raison est
double.
La première est que le caractère immoral ne peut s’apprécier qu’en fonction des circonstances locales
particulières.
La seconde raison est que la doctrine voit dans la jurisprudence la manifestation de différents idéaux, tels
que la protection de la jeunesse, mais qui ne forment pas un ensemble complet.
En droit civil, un contrat, pour être valablement conclu, doit avoir un objet qui n’est pas contraire à
l’ordre public (articles 6 et 1102 du code civil).
l s’agit de normes internationales qui, parce qu’elles ont pour objet de protéger des valeurs d’une
particulière importance, sont acceptées et reconnues par la communauté des États comme étant
impératives, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible aux États d’y déroger en s’engageant par voie
conventionnelle (CIJ, 3 février 2012, Immunités juridictionnelles de l’État).
Parmi ces normes de jus cogens se trouvent notamment l’interdiction du génocide (TPIY, 14 décembre
1999) l’interdiction de la torture (TPIY, 10 décembre 1998) et l’interdiction du recours à la force armée –
dans les relations entre États (CIJ, 27 juin 1986, Affaire des activités militaires et paramilitaires des Etats-
Unis au Nicaragua).
80
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Deux types de droits et libertés fondamentaux existent et doivent être distingués : les droits dits absolus,
qui sont des droits qui ne tolèrent aucune limitation (ex. : interdiction des traitements inhumains ou
dégradants, interdiction de la torture, de l’esclavage et du travail forcé, le principe de légalité des délits et
des peines) ; et les droits dits non absolus, qui sont des droits qui tolèrent que leur exercice soit restreint
mais à la condition que cette restriction soit proportionnée (ex. : droit au respect de la vie privée et
familiale, liberté d’expression, liberté d’association, liberté de religion et de conscience, droit d’accès à un
tribunal).
Le contrôle de proportionnalité est donc indispensable pour établir l’existence d’une violation d’un droit
non absolu. La première étape de tout contrôle de proportionnalité réside dans le fait de savoir si le droit
auquel il a été porté atteinte est un droit absolu ou non absolu
Le contrôle de proportionnalité
a. L’objet du contrôle
Quand la question se pose de savoir si un droit a été violé, la question est celle de savoir si l’État a
méconnu son obligation de respecter ou de faire respecter ce droit.
Lorsqu’on dit que l’État a l’obligation de respecter les droits, cela signifie que l’État a l’obligation de ne
pas porter atteinte aux droits absolus et de ne pas porter une atteinte disproportionnée aux droits non
absolus. Il s’agit d’une obligation négative à la charge de l’État.
Lorsqu’on dit que l’État a l’obligation de faire respecter les droits, cela signifie que l’État a l’obligation de
prendre les mesures, suffisantes et adéquates, pour garantir qu’un justiciable exerçant ses propres droits
ou libertés ne porte pas atteinte aux droits absolus, ni ne porte une atteinte excessive aux droits non
absolus, d’un autre justiciable. Il s’agit d’une obligation positive à la charge de l’État.
La proportionnalité d’une mesure se vérifie à l’aune du but poursuivi par cette mesure. Par exemple, la
restriction portée au droit d’accès à un tribunal par les conditions légales de recevabilité d’une requête
poursuit généralement le but de sécurité juridique et de bonne administration de la justice. L’interdiction
des conventions de gestation pour autrui, dont résulte une restriction à la liberté contractuelle et
d’entreprendre de la mère porteuse, doit être appréciée au regard de la protection de la dignité
humaine.
81
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Encore faut-il que ce but soit un but légitime. Pour savoir si un but peut être considéré légitime, il faut
avoir égard à la norme, conventionnelle ou constitutionnelle, qui consacre le droit auquel il est porté
atteinte.
Parmi les buts identifiés comme légitimes par les dispositions de la CESDH se trouvent (art. 8 à 11, § 2
CESDH) :
- la sécurité nationale
- la sûreté publique
- le bien-être économique du pays
- la défense de l’ordre
- la prévention des infractions pénales
- la protection de la santé ou de la moralité
- la protection des droits et libertés d’autrui
En droit constitutionnel, les normes qui consacrent les droits et les libertés fondamentaux sont parfois
textuelles (ex. : DDHC, Préambule de la Constitution de 1946), mais d’autres sont prétoriennes
Un but est légitime dès lors qu’il fait l’objet d’un motif d’intérêt général, notion (assez vague) qui traduit
le refus du Conseil constitutionnel de substituer son appréciation à celle du législateur quant à
l’opportunité d’une mesure législative, ou d’un objectif de valeur constitutionnelle, norme découverte
par le Conseil constitutionnel sans nécessaire fondement textuel qui a pour objet de limiter l’exercice des
droits et libertés garantis par la Constitution.
B) L’évaluation de la proportionnalité
L’évaluation de la proportionnalité de la mesure étatique au but légitime poursuivi repose sur trois
questions : l’adéquation, la nécessité et la proportionnalité stricto sensu.
La première question consiste à déterminer si la mesure litigieuse permet d’atteindre, c’est-à-dire si elle
concourt ou à tout le moins facilite la réalisation du but légitime identifié. La question est donc celle de
l’adéquation de la mesure pour atteindre le but, autrement appelée question de l’aptitude.
La deuxième question consiste à déterminer si la mesure litigieuse est nécessaire pour atteindre ledit but
légitime. L’action de l’État ne doit pas excéder ce que requiert la réalisation du but.
La troisième question, qui est parfois fondue avec la deuxième, est celle de la proportionnalité stricto
sensu de la mesure, qui est subordonné à l’absence d’alternative, c’est-à-dire d’une autre mesure moins
attentatoire, qui aurait pu être adoptée pour atteindre le même but légitime.
A) Le contrôle de constitutionnalité
B) Le contrôle de conventionnalité
Les juridictions internes judiciaires sont compétentes pour opérer un contrôle de conventionalité des
lois (Chambre mixte, 24 mai 1975, Société Jacques Vabre) ainsi que les juridictions administratives (CE,
Ass., 20 octobre 1989, Nicolo).
Cela signifie qu’elles contrôlent la proportionnalité des limites portées par les dispositions législatives
applicables au litige aux droits et libertés garantis par les conventions internationales relatives aux droits
de l’homme ratifiées par la France.
Le contrôle de conventionnalité opéré par les juridictions ordinaires permet de contrôler, de manière
incidente au litige au principal, deux aspects de la loi qui y est applicable : premièrement, son objet
(contrôle in abstracto) ; deuxièmement, ses effets (contrôle in concreto).
Le contrôle de proportionnalité réalisé par la Cour EDH est appelé contrôle de la nécessité dans une
société démocratique. Cela signifie qu’une fois la nécessité de la mesure établie, son adéquation avec
l’exigence démocratique doit encore être vérifiée.
Il s’agit de vérifier qu’aucune autre mesure, davantage protectrice du caractère démocratique de la vie
en société, n’aurait pu être adoptée.
Le contrôle de proportionnalité mis en oeuvre par la Cour EDH se compose donc des trois étapes
traditionnelles : adéquation, nécessité et proportionnalité.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Les droits doivent être garantis, en vertu du principe d’effectivité des droits, de manière concrète et
effective, et non pas seulement théorique ou illusoire (CEDH, 9 octobre 1979, Airey c. Irlande).
Le contrôle opéré par la Cour EDH ne porte donc pas sur ce que le droit national prévoit dans l’abstrait,
mais sur ce qui a réellement été mis en oeuvre dans la situation concrète du requérant
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Dans des circonstances exceptionnelles les libertés et droits fondamentaux peuvent se voir limiter plus
fortement qu’en situation normale. Les nécessités de l’ordre public pèsent en effet plus lourdement.
L’état d’exception demeure régi par le droit et le juge continue d’exercer son contrôle sur les mesures
susceptibles d’être adoptées dans ce cadre. De tels régimes exceptionnels sont prévus tant par le droit
national (article 16, état d’urgence, état de siège) que par le droit international.
La décision d’avoir recours aux pouvoirs exceptionnels de l’article 16 est un acte de gouvernement (CE,
1962, Rubin de Servens.
Or, le juge administratif s’attache au critère matériel de l’acte en cause : s’il intervient dans la matière
législative au sens de l’article 34, l’acte est réputé être un acte législatif et son contentieux ne relève
pas de sa compétence. Si l’acte relève de la matière réglementaire au sens de l’article 37, le juge
administratif se reconnaît le droit d’en vérifier la légalité. .
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
B) L’état de siège
art. 36 de la Constitution : « l’état de siège est décrété en Conseil des ministres » et que « sa prorogation
au-delà de douze jours ne peut être autorisée que par le Parlement ». Il n’a jamais été mis en oeuvre sous
la Ve République.
Conditions :
1) « cas de péril imminent résultant d’une guerre étrangère ou d’une insurrection armée » (art. L.
2121 -1 du code de la défense)
2) décrété en conseil des ministres et si dure plus de 12 jours, contrôle par Parlement (autorisation)
conséquence : transfert des compétences de police à l’autorité militaire « pour le maintien de l’ordre
» (art. L. 2121-2 du code de la défense).
A) L’état d’urgence
Il peut être prolongé au-delà de 12 jours par la loi, qui doit en fixer la durée définitive ;
Lele refus d’y mettre fin peut être contesté (CE, 2005, Allouache).
Mesures pouvant être adoptées : assignations à résidence (art. 6), perquisitions administratives (art.
11), interdiction de circuler et mise en place de zones de protection (art. 5, 1° et 2°), interdiction de
séjour dans le département (art. 5, 3°), dissolution de groupements (art. 6-1), ordre de fermeture
provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion (art. 8, al. 1), interdiction des
réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre (art. 8, al. 2), ordre de remettre les armes
(art. 9) et réquisition des personnes, biens ou services (art. 10).
86
MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
Il s’agit des circonstances dans lesquelles les droits et libertés peuvent subir des restrictions plus fortes
qu’en temps ordinaire : CE, 1918, Heyriès ; CE, 1919, Dames Dol et Laurent ayant pour conséquence
d’étendre les pouvoirs de l’administration.
Conditions :
Circonstances d’une particulière gravité, imprévisibilité et de nature à rendre impossible
pour l’administration d’agir conformément à la légalité ordinaire (ex. : 1914- 1918)
La théorie des circonstances exceptionnelles a ainsi été appliquée aux conflits armés de 1914-1918 (CE,
16 août 1915, Delmotte) et de 1940 à 1944 (CE, 16 mai 1941, Koch).
2) Les mesures adoptées par l’administration doivent poursuivre un but d’intérêt général (ex. :
continuité des services publics ou sauvegarde de l’ordre public), être exigées par les
circonstances du moment, être strictement limitées à leur durée et être proportionnées aux
circonstances qui les justifient (CE, 1962, Canal, Robin et Godot).
Ainsi, l’autorité administrative peut suspendre l’application d’une garantie légale afin d’assurer la
continuité des services publics (CE, 28 juin 1918, Heyriès). L’administration est également autorisée à
créer un impôt non prévu par la loi (CE, Ass., 7 janvier 1944, Lecoq).
Les dérogations doivent en tout état de cause être proportionnées aux circonstances qui les justifient.
La décision Canal du Conseil d’État en est l’illustration : une ordonnance portant création d’une
juridiction d’exception y est annulée au motif que les troubles occasionnés alors par l’action de l’OAS
n’étaient pas suffisants pour justifier la violation des principes généraux du droit pénal résultant de la
création de cette juridiction (CE, Ass., 19 octobre 1962, Canal, Robin et Godot).
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
I- L’article 15 de la CESDH
L’État ne peut exercer son droit de dérogation dans un autre but que celui pour lequel ce droit a été
prévu, à savoir sauvegarder la « vie » ou l’« existence » de la nation. L’article 18 sanctionne à ce titre le
détournement de pouvoir.
La Cour EDH opère un contrôle de nécessité des mesures dérogatoires : les mesures prises par l’État
doivent être indispensables pour faire face au danger public.
Selon l’article 15 § 2, certains droits ne peuvent faire l’objet de dérogation, y compris en temps de
circonstances exceptionnelles. : droits par l’article 2 (droit à la vie, sauf pour les cas de décès résultant
d’un acte licite de guerre), l’article 3 (prohibition de la torture et des traitements inhumains et
dégradants), l’article 4 (prohibition de l’esclavage) et l’article 7 (principe de légalité des délits et des
peines). Il est tentant de déduire de ce régime spécial l’idée d’une hiérarchie entre les droits : en
établissant une liste de droits absolus, l’article 15 définirait le « noyau dur » des droits fondamentaux.
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
organisation des assignations à résidence (art. 6 de la loi de 1955), en dissolvant des associations ou
groupements liés à une activité terroriste (art. 6- 1 de la loi de 1955), en ordonnant la fermeture de
divers lieux ou commerces (art. 8 de la loi de 1955) ou en permettant des perquisitions (art. 11 de la loi
de 1955) ;
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MODULE II – LES DROITS PROCÉDURAUX THÈME 9 : LES GARANTIES DE PROCÉDURE
droit commun : la loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre
le terrorisme prévoit trois séries de mesures :
mesures visant à renforcer la prévention d’actes de terrorisme (définition par le préfet d’un périmètre de
sécurité auquel l’accès et au sein duquel la circulation des personnes sont réglementés ; fermeture des
lieux de culte ; mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance ; demande au juge des
libertés et de la détention d’autoriser la visite d’un lieu et la saisie des données qui s’y trouvent) ;
1. mesures concernant les techniques de renseignement, dont l’objet ne peut
être que les communications par voie hertzienne (CC, 2016, Quadrature du Net) ;
2. mesures de contrôle dans les zones frontalières par l’extension de l’art. 78-2
du code de procédure pénale relatif aux contrôles d’identité, autorisant les contrôles d’identité dans un
rayon de 20 km autour des ports et aéroports internationaux désignés par arrêté en raison de leur
fréquentation et de leur vulnérabilité.
91
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 10 : L’ÉGALITÉ
THEME 8 : L’EGALITE
FICHE 28 – LE PRINCIPE D’EGALITE
Égalité : droit de toute personne de bénéficier d’un traitement similaire à celui octroyé à une autre
dans une situation semblable (art. 1er DDHC :« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits »).
NB : on parle de PRINCIPE d’égalité -> différent du droit et de la liberté, le principe vise la manière dont
vont s’exercer les autres droits et libertés.
QUESTION : Qu’est-ce qu’un principe en droit ? Diff entre principe, droit et liberté ?
Principe : il est une norme qui va jouer sur d’autres normes. Il porte directement sur d’autres normes. Il est plus
objectif que le droit ou la liberté. Le principe est structurant et présente une visée objectivisante.
Droit : fait l’objet d’une définition précise par les normes juridique.
Liberté : DDHC art. 4 : « faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » : la liberté par définition est insusceptible de contenu
déterminé : elle est potentiellement indéterminable du moment que cela ne préjudicie à personne.
Faut-il bannir le mot race de la Constitution ?
On pourrait dire OUI car le principe d’égalité interdit d’établir des races. Mais présence dans la constitution qu’à
travers une interdiction donc on peut dire qu’il n’est pas consacré.
Égalité devant la loi (égalité de droit ou égalité formelle) : exigence pour les pouvoirs publics de ne pas
exclure une catégorie de personnes du bénéfice d’une règle (art. 1er, Constitution)
Le principe d’égalité est l’un des 3 principes de la loi de Rolland s’imposant à toute activité de service
public
d’un PGD qui impose qu’un traitement similaire soit réservé à des situations similaires.
CE, 1958 : donne la faculté aux pouvoirs publics de retenir un traitement différent si :
1) il est la conséquence nécessaire d’une loi ou s’il existe des différences de situations appréciables
entre les administrés (Denoyez et Chorques CE 1974, affaire du pont de l’Ile de Ré (différences de prix en
fonction de si habitant ou pas)) ou une raison d’intérêt général
2) et si la différence est proportionnée à l’un de ces motifs
NB : au titre de son contrôle de conventionnalité le JA pourra écarter la loi qui viole le principe d’égalité en
ce qu’il est contraire au principe d’égalité garanti par le droit européen. Une QPC est aussi envisageable.
NB 2 : NEANMOINS, le CE n’a pas reconnu l’égalité comme liberté fondamentale au sens du référé-liberté.
Le principe d’égalité est principe de valeur constitutionnelle (CC 1973 Taxation d’office) qui peut être
mobilisé au soutien d’une QPC.
92
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 10 : L’ÉGALITÉ
Un principe fondamental du droit de l’Union européenne qui impose qu’un traitement similaire soit
réservé à des situations semblables et qu’un traitement différent soit retenu dans des situations
distinctes, c’est-à-dire deux obligations (CJCE, 1977, Ruckdeschel).
Préambule de 1946 : les autorités publiques doivent pouvoir permettre la réalisation d’une égalité réelle.
Elle permet d’introduire des mesures compensatoires afin de viser une égalitarisation des conditions de
vie.
Égalité par la loi (égalité de fait ou égalité réelle) : exigence d’intervention positive des pouvoirs publics
pour permettre une justice sociale et une égalité réelle dans les conditions d’existence entre les individus,
qui prend différentes formes selon l’ordre juridique considéré.
La loi se fonde sur la faculté des pouvoirs publics, au titre de l’égalité devant la loi, de retenir une
différence de traitement et prend ainsi la forme d’une exigence de proportionnalité avec le but
poursuivi, qui justifie que des situations soient distinguées, dans l’hypothèse où il aurait été fait usage
de cette faculté .
MAIS cette faculté ne se transforme pas en une obligation de traiter différemment des situations
distinctes (CE, 1997, Sté Baxter / CC 2013 mariage pour tous). DONC il ne sera pas possible d’opposer à
l’administration une différence de situations car elle n’a aucune obligation.
Dans l’ordre juridique européen : elle se fonde sur l’obligation de traiter différemment des situations
distinctes, dans la mesure où il serait disproportionné de les traiter de manière semblable (CJUE, 1997,
National Farmers’ Union ; CEDH, 2000, Thilmennos c. Grèce).
Dans l’ordre juridique français : n’est en principe pas admis, puisqu’il va à l’encontre de la conception
universaliste de l’égalité, mais se retrouve par exception au sein du principe de parité (art. 1er, al. 2,
Constitution) favorisant l’accès des femmes aux mandats et fonctions.
En définitive, les discriminations positives ne sont admises en droit français que sur des points précis,
sinon il faut réviser à nouveau : pas de clause générale permettant une discrimination positive.
93
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 10 : L’ÉGALITÉ
Dans l’ordre juridique européen : a été porté par des directives de l’Union européenne en matière
d’emploi et de travail, transposées dans le code du travail (ex. : discriminations au bénéfice des
femmes), sans que cela n’équivaille à une priorité automatique et exclusive à l’embauche, les quotas
étant interdits (sauf pour les travailleurs handicapés).
Exemple : bourses universitaires -> comment les attribuer ? en fonction des résultats / de critères
sociaux / du genre… -> critères combinés et les personnes obtiennent la ressource lorsque points suffisants
(discrimination positive été reconnue aux Etats Unis par l’arrêt Bake USSC 1978 à la condition d’être
proportionnée et de ne pas être fondée sur critère racial)
MAIS attention, les critères retenus doivent être proportionnés et bien choisis car sinon peut aboutir à
créer discrimination à rebours
Pour résumer, c’est comme si course où tlm part au même niveau / course où certains partent avant donc
il faut réguler / et pour discrimination positive, comme si certains qualifiés à l’avance.
Le principe de fraternité a été dégagé en juillet 2018 par une décision QPC. La fraternité a pendant
longtemps été seulement une partie de la devise républicaine, et non un principe ayant une valeur
juridique concrète. La liberté d’aider autrui dans un but humanitaire a aussi été dégagé par la suite, sur
la base du principe de fraternité.
94
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 10 : L’ÉGALITÉ
discrimination directe : lorsque l’objet du traitement réservé à une personne du fait d’un critère prohibé
est moins favorable que celui réservé à une autre personne ;
discrimination indirecte : différence faite sur un critère formellement neutre mais dont les effets sont
susceptibles d’être différents pour deux personnes et d’entraîner un désavantage pour l’une d’elles en
raison de caractéristiques personnelles liées à un critère prohibé.
Exemple : critère de personnes de + d’1m80 pour un travail, pas de discrimination directe MAIS en
pratique aura pour effet de discriminer les femmes.
Protocole n° 12 à la CEDH : interdiction de la discrimination dans la jouissance de tout droit prévu par le
droit interne et conventionnel. Pas signé par la France néanmoins.
NB : l’article 14 a une portée non indépendante : doit toujours être invoqué avec une autre disposition.
MAIS il a une portée autonome : il peut arriver que la Cour note une absence de violation de l’autre
disposition invoquée mais note une violation de l’article 14.
En droit de l’Union européenne : toutes les discriminations directes sont interdites et seules les
discriminations indirectes qui sont disproportionnées sont prohibées : CJCE, 2010, Kleist : fondements :
art. 18 et 19 du TFUE : interdiction des discriminations fondées sur :
- la nationalité
- le sexe
- la race
- l’origine ethnique
- la religion ou des convictions
- le handicap
- l’âge
- l’orientation sexuelle
95
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 10 : L’ÉGALITÉ
art. 225-1 et -2 du code pénal : délit de rupture d’une stricte attitude de neutralité à l’égard des
personnes physiques et morales et assimilation du harcèlement et de l’injonction de discriminer faits à
une personne à une discrimination : ex. : art. 222-33 du code pénal sur le harcèlement sexuel.
Défenseur des droits : autorité constitutionnelle présidée par Claire HEDON, est ordonné à la lutte contre
les discriminations, peut être saisi par toute personne discriminée.
Facilitation de la charge de la preuve en droit du travail : éléments laissant penser qu’il y a une
discrimination peut suffire, ça sera à l’employeur de démontrer qu’il n’a pas établi de discrimination.
En matière pénale, cette règle particulière de preuve ne s’applique pas.
Convention onusienne de 1965 relative à l’élimination de toute forme de discrimination raciale instaure
un comité chargé d’enquêter, etc.
Les statistiques ethniques : très controversé, arguments en faveur (permet de cibler discriminations
positives nécessaires…) et contre (participe au renforcement de communautés différentes + CNIL pas
favorable à la récolte de ces données + CC juge inconstitutionnel (violation article 1 C°).
Emploi du mot « race » : utilisé dans la Constitution / la CEDH… ce terme est controversé en raison de son
utilisation par différentes idéologies racistes. Pas de proposition de mot pour remplacer ce terme
actuellement. Mon pdv : bien de l’inscrire dans le sens où protège de la discrimination (en effet, différent
de la nationalité / et aussi des origines car origines = + culturel alors que race = + physique).
Loi de 2021 : suppression de l’impossibilité pour les hommes gays de donner leur sang
Ecriture inclusive : recours pour excès de pouvoir contre circulaire qui limite écrite inclusive à l’intitulé
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MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 10 : L’ÉGALITÉ
des fonctions des agents publics -> mais CE 2019 rejette, affirme que la circulaire se borne à rappeler
respect des règles grammaticales et de synthase en vigueur.
97
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
THEME 9 : LA DIGNITE
La protection de la dignité humaine implique la prohibition des traitements indignes : l’esclavage, la servitude, le
travail forcé, la traite, la torture et les traitements inhumains ou dégradants. La protection contre ces traitements
est absolue, c’est-à-dire qu’elle ne saurait faire l’objet d’une restriction ou d’une dérogation. La protection contre
ces traitements indignes doit également être effective. L’État doit donc prévenir leur occurrence, en adoptant un
cadre juridique adapté et en ne renvoyant pas un étranger qui risquerait de subir de tels traitements dans l’État de
destination. L’État doit aussi réagir en cas d’infliction de traitements indignes, en menant une enquête et en
s’assurant de l’existence de voies de recours effectives permettant d’y mettre un terme.
Atteintes à la dignité : la protection de la dignité étant un droit absolu, qui ne tolère donc pas de limite,
toute atteinte emporte violation du droit à la protection de la dignité de la personne.
Rappel : pactes internationaux sont protégés par comité des droits de l’Homme : ne sont pas des
juridictions mais les individus peuvent se plaindre devant eux
Premièrement, l’esclavage est « l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs de
propriété ou certains d’entre eux » : CEDH, 2005, Siliadin c. France, définition reprise de l’article 1er, § 1 de
la Convention relative à l’esclavage de 1926.
Code noir de l’époque : esclavage était réglementé par celui-ci, esclaves = objets
Aboli en France en 1794 mais rétabli dans colonies par Napoléon puis aboli en 1848
Deuxièmement, le travail forcé correspond à « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace
d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de son plein gré » (CEDH., 1983,
98
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Troisièmement, la servitude est un état de dépendance complète d’une personne envers une autre, qui
implique une négation de la liberté de la première par la seconde : CEDH, 2000, Seguin c. France
Focus – Travail forcé et migrants : CEDH a condamné la Grèce en 2017, estimant qu’elle a manqué à ses
obligations positives de prévenir et de punir la traite d’êtres humains et le travail forcé (migrants employés
dans exploitation de fraises dans de mauvaises conditions, sans sanitaires, sans salaire pendant 6 mois,
humiliation constante). Grèce n’a pas protégé les victimes et n’a pas assuré d’enquête et de procédure
judiciaire effectives car les exploiteurs ont été acquittés au motif que les migrants pouvaient se protéger.
Un traitement dégradant : crée chez les victimes un « sentiment de peur, d’angoisse et d’infériorité[…]
propre à les humilier, à les avilir et à briser[…] leur résistance physique ou morale »:CEDH 1978 Irlande c.
RU.
Un traitement inhumain est un traitement causant de « vives souffrances physiques ou morales » (CEDH
2008 Tchember c. Russie) infligées « dans le mépris et sans respect » des sentiments des victimes (CEDH
1998 c. Turquie)
La torture consiste en des « traitements inhumains délibérés provoquant de fort graves et cruelles
souffrances » particulièrement infames (CEDH 2012).
La différence réside ici dans l’élément intentionnel : les souffrances doivent avoir été infligées
intentionnellement.
99
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Deuxièmement, la qualification des traitements diffère selon l’état d’esprit de son auteur : pour qualifier
des traitements de dégradants ou d’inhumains, nul besoin que la personne qui les inflige ait l’intention
de provoquer de tels effets chez la victime (CEDH, 2004 c. Russie).
Pour que des traitements soient qualifiés de torture, la personne doit les avoir infligés
intentionnellement (CEDH, 2000 c. Turquie).
Par conséquent, l’élément objectif de la définition du seuil de gravité devant être atteint dépend du
type de traitement visé mais repose à chaque fois sur la combinaison d’un élément matériel, qu’est le
degré des souffrances infligées, et un élément moral, qu’est l’absence ou non d’intention de les infliger.
La protection contre les traitements indignes est absolue, et ce tant pour les traitements indignes par
nature (CEDH 2005, Siliadin c. France) que les traitements indignes du fait de leur gravité (CEDH, 1978,
Irlande c. Royaume-Uni,).
Aussi, aucune restriction ni aucune dérogation n’est permise au droit de toute personne de ne pas subir
des traitements indignes.
Aucune restriction : aucune atteinte portée à ce droit ne peut être justifiée, de sorte que toute atteinte
est constitutive d’une violation du droit.
Aucune dérogation : un État ne peut se prévaloir des clauses de dérogation (article 4 du PIDCP ; article
15 de la CEDH) pour déclarer suspendre temporairement ses obligations en matière de protection
contre les traitements indignes en raison de circonstances exceptionnelles.
Les dispositions prohibant les traitements indignes restent applicables, et donc opposables, en toutes
circonstances.
donné. Aucun objectif ne peut être légitimement poursuivi lorsqu’un traitement indigne est infligé.
DONC tout traitement indigne infligé par l’Etat emporte la violation des conventions qui les prohibent
et constitue un fondement pour engager sa responsabilité internationale.
En effet, le crime de génocide, le crime contre l’humanité et le crime de guerre comportent, dans leurs
définitions respectives, un élément matériel visant à réprimer l’infliction de traitements indignes.
Premièrement, le crime de génocide peut consister en une « atteinte grave à l’intégrité physique ou
mentale des membres d[’un] groupe », en une « soumission intentionnelle du groupe à des conditions
d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou en des « mesures visant à
entraver les naissances au sein du groupe », dès lors que ces actes sont commis dans l’intention de «
détruire, tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux » (article 6 du Statut du
Rome ; article 2 de la Convention de Genève pour la répression du crime de génocide de 1951).
Deuxièmement, le crime contre l’humanité peut consister en des actes de « réduction en esclavage », de
« déportation ou transport forcé de population » – acte caractéristique de la traite –, de « torture », de «
viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation ou toute autre forme de violence
sexuelle de gravité comparable », de « persécution » et, de manière générale, de tous les « actes
inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de graves souffrances ou des atteintes
graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale », dès lors que ces actes ont été commis
« dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en
connaissance de cette attaque » (article 7 § 1 (c), (d), (f), (g), (h) et (k) du Statut de Rome).
Troisièmement, le crime de guerre peut consister, dans le cadre d’un conflit armé international, en des
actes constitutifs de « torture » ou de « traitements inhumains », qui « caus[ent] intentionnellement de
grandes souffrances ou porte[nt] gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé » (article 8 § 2
(a) (ii) et (iii) du Statut de Rome), en des « atteintes à la dignité de la personne, notamment les
traitements humiliants et dégradants », « le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée » et « toute
autre forme de violence sexuelle constituant une atteinte aux Conventions de Genève » (article 8 § 2 (b)
(xxi) et (xxii) du Statut de Rome). Le crime de guerre peut aussi consister, dans le cadre d’un conflit armé
non-international, en des « atteintes […] à l’intégrité corporelle, notamment […] les traitements cruels et
la torture » ainsi que les « atteintes à la dignité de la personne, notamment les traitements humiliants et
dégradants » (article 8 (c) (i) et (ii) du Statut de Rome). a
L’État doit respecter une obligation positive de prévention consistant à adopter un cadre législatif
permettant de protéger toutes les personnes contre les traitements indignes et une obligation positive de
101
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
réaction consistant à adopter les mesures permettant de réprimer la personne ayant infligé le traitement
indigne.
Obligation de prévention
L’État doit adopter un cadre législatif ou réglementaire propre à dissuader toute personne d’infliger des
traitements indignes à une autre.
Plus précisément, il doit « mettre en place une législation pénale concrète pour en prévenir, réprimer et
sanctionner les violations » (CEDH, 11 mai 2011, Ebcin c. Turquie,).
Premièrement, les articles 224-1-A à 224-1-C du code pénal incriminent la réduction en esclavage et
l’exploitation de personnes réduites en esclavage en tant que ces comportements portent atteinte aux
libertés de la personne (liberté d’aller et venir, liberté de travailler, etc.).
Aux termes de l’article 224-1-A, al. 1 du code pénal, « La réduction en esclavage est le fait d’exercer à
l’encontre d’une personne l’un des attributs du droit de propriété ».
Ces infractions sont punies d’une réclusion criminelle de 20 ans, et de 30 ans en présence de
circonstances aggravantes (ex : sur personne vulnérable : mineur par ex)
Deuxièmement, au titre des atteintes à la dignité de la personne, le code pénal sanctionne la traite des
êtres humains. Selon l’article 225-4-1 du code pénal.
.
Troisièmement, sont réprimés les conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité de la
personne, le travail forcé et la réduction en servitude (v. art. 225-13 du code pénal)
Quatrièmement, la torture est réprimée aux termes de l’article 222-1 du code pénal
Obligation de réaction
Premièrement, l’État a l’obligation de diligenter une enquête de manière approfondie et effective sur les
cas allégués de mauvais traitements dont il a eu ou aurait dû avoir connaissance (CEDH, 28 octobre 1998,
Assenov c. Bulgarie). Néanmoins, l’obligation d’enquête est une obligation de moyens
En vertu du principe d’effectivité, la protection contre les traitements indignes ne doit pas seulement
être théorique, au risque d’être illusoire, mais doit également être concrète, afin de protéger réellement
les personnes susceptibles d’être soumises à des traitements indignes.
Le renvoi de M. Soering l’exposait donc au risque de subir des traitements inhumains ou dégradants,
non pas parce qu’il risquerait de mourir du fait de son exécution judiciaire éventuelle, mais parce qu’il
serait avant cela exposé au « syndrome du couloir de la mort »
La Cour EDH a jugé qu’une décision d’éloignement d’un étranger « peut soulever un problème au regard
de [la prohibition des traitements indignes] s’il existe des raisons sérieuses de croire que la personne en
cause subira dans l’État de destination un traitement contraire » aux exigences conventionnelles.
En ce cas, la mesure de l’État à l’origine de la violation du droit de ne pas subir des traitements indignes
est la décision de renvoi de l’étranger.
Dans la même logique, l’étranger est également protégé dans le cas où une décision de renvoi vers un
État A l’expose au risque d’être renvoyé, par cet État A, dans un État B où il risque de subir des
traitements indignes. Tel était le cas dans l’arrêt CEDH 2011, M.S.S. c. Belgique et Grèce.
Au contraire, dans l’hypothèse où la qualité de réfugié ne lui est pas reconnue, l’étranger ne sera pas
protégé par le principe de non-refoulement énoncé à l’article 33 de la Convention de Genève de 1951, le
bénéfice de celui-ci étant réservé aux seuls réfugiés. C’est dans cette hypothèse que la protection contre
les traitements indignes, fondée sur les conventions internationales des droits de l’homme, vient ici
prendre le relai du principe de non-refoulement
La Cour EDH a précisé dans son arrêt Paposhvili c. Belgique 2016 qu’« un seuil élevé » doit être atteint,
puisque l’étranger malade doit démontrer que, en cas de retour, il ferait face à un « risque réel d’être
exposé à un déclin grave, rapide et irréversible de son état de santé entraînant des souffrances intenses
ou à une réduction significative de son espérance de vie »
103
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Toute personne, placée en détention ou en rétention, bénéficie de la protection contre les traitements
indignes. Cette protection est d’ailleurs d’autant accrue que l’incarcération de ces personnes les place
dans une situation de particulière vulnérabilité, puisqu’elles sont dépendantes des autorités
pénitentiaires ou administratives.
Il en découle une obligation pour l’État de protéger ces personnes mineures, de mettre en place les
procédures adéquates permettant au juge de contrôler de manière prompte pour permettre de
prévenir efficacement les mauvais traitements qui risquent d’être infligés (CEDH 2002 Turquie) et doit
permettre la mise en œuvre d’un « contrôle rigoureux » de la situation, de sorte à évaluer le risque
allégué que le mineur ait subi ou continue de subir des traitements indignes (CEDH 2016 Paposhvili c/
Belgique).
En droit français, ce contrôle est opéré par le JLD (art. L. 741-10 et art. L. 742-1 du CESEDA).
Une situation de surpopulation carcérale se caractérise par la réunion des indices suivants : CEDH,
2020, J.M.B. c. France : condamnation de la France sur le fondement des articles 3 et 13
- un espace personnel d’encellulement inférieur à 3 m² ;
- des périodes d’exercice en plein air d’une durée très limitée ;
- la quantité insuffisante et la qualité moindre de la nourriture servie ;
- des installations sanitaires insalubres et d’une vétusté ne permettant pas de protéger l’intimité
des détenus.
NB : Dans l’arrêt J.M.B. et autres c. France, la Cour EDH a conclu à la violation par la France du droit de
plusieurs personnes détenues de ne pas subir des traitements indignes, non seulement parce que la
surpopulation carcérale les exposaient à des conditions indignes de détention, mais aussi parce qu’il
n’existait aucun recours en droit français qui leur permettait d’obtenir qu’une instance nationale
remédie et mette un terme aux conditions indignes de détention.
104
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Dans une telle situation, le contrôle prompt et rigoureux du juge des conditions d’incarcération doit
permettre à toute personne incarcérée :
- d’obtenir réparation en cas de violation de son droit de ne pas subir des traitements indignes
(CEDH, 2012, M.C. c. Bulgarie)
- d’empêcher la survenance ou la continuation des traitements indignes allégués (CEDH 2000,
Kudla c. Pologne).
NB 2 : si le JA peut être saisi par la voie d’un référé-liberté, son pouvoir d’injonction ne lui permet pas
d’ordonner des mesures générales et structurelles : CE, 2017, Section française de l’OIP.
Ni le JA ni le JLD ge n’ayant alors compétence pour mettre un terme à des conditions indignes de
détention (Crim., 8 janvier 2020; CC, 2020, M. Geoffrey F. et autres)
La loi du 8 avril 2021 a créé un nouveau recours devant le juge judiciaire pour tous les détenus soumis à
des conditions indignes de détention : nouvel article 803-8, I du CPP prévoit que le contrôle des
conditions de détention relève de la compétence du JLD si le détenu est en détention provisoire et de
celle du JAP si le détenu fait l’objet d’une peine privative de liberté.
Si le juge saisi estime que les conditions de détention sont indignes, il a pour prérogative d’enjoindre à
l’administration pénitentiaire, dans un délai qu’il fixe entre 10 jours et un mois, de prendre les mesures
propres à mettre fin à cette soumission à des conditions indignes de détention.
ACTU CEDH 6 Juillet 2023 BM c/ France : la France est de nouveau condamnée, art. 3 et 13, la Cour prend
acte des améliorations par la France mais les faits sont antérieures à la loi du 8 avril 2021.
105
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
En tant que composante de l’OP, la dignité impose des limites à l’exercice des droits subjectifs des
individus. Le principe de dignité, appliqué à la bioéthique, est la source d’une protection de la personne
qui a trait tant à sa naissance qu’à sa vie et sa mort.
La CESDH ne se réfère pas expressément à la dignité. MAIS, la Cour affirme que « la dignité et la liberté
de l’homme sont l’essence même de la Convention » (CEDH 2002, Pretty c. Royaume-Uni).
B) En droit interne
La dignité est un principe à valeur constitutionnelle : CC 27 juillet 1994 relative à aux lois sur la
bioéthique : fondé sur l’al. 1er du Préambule de la Constitution de 1946.
Le respect de la dignité de la personne humaine est-il un principe absolu auquel il ne peut être dérogé ?
Certes, l’interdiction des traitements inhumains et dégradants prévue par l’article 3 de la CESDH ne
souffre aucune exception ou possible dérogation. Mais pour sa part, le CC admet de concilier la
dignité avec d’autres principes de même rang constitutionnel (QPC du 16 septembre 2010).
Il est possible d’opposer la dignité objective à la dignité subjective, la première étant propre à l’humanité
tandis que la seconde concerne l’individu ou la personne.
Dans cette dernière acception, la dignité est en cause à chaque fois que la corporalité de la personne est
visée, ou lorsque l’individu est traité comme une chose, c’est-à-dire en cas de dégradation du corps
humain ou de réification de la personne
.
106
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
La dignité humaine est aussi une composante de l’OP administratif. Elle est utilisée par le JA afin de
limiter l’exercice des libertés individuelles : la dignité permet de justifier des mesures restrictives, visant
à remédier à ce qui est perçu – par l’administration – comme un asservissement de soi.
En résumé en droit français on a une vision objectivante, d’inaliénabilité de la dignité face à l’autonomie
personnelle selon la Cour EDH.
La dignité est aussi présente en droit pénal : infractions d’incitations à la haine raciale ; interdiction de
la contestation des crimes contre l’humanité ; interdiction de l’injure raciste ; traite des êtres humains ;
proxénétismes ; exploitation de la mendicité,
La protection de la vie
I- la naissance de la personne
La décision de devenir ou de ne pas devenir parent est un droit garanti par l’article 8 de la CESDH
(CEDH 2007, Evans c. Royaume-Uni. Ces questions sont partie intégrante de la liberté sexuelle
CC, 1994, Lois sur la bioéthique le principe du respect de tout être humain dès le commencement de sa
vie ne leur était pas applicable (aux embryons) ».
CEDH Italie 2015 : l’embryon humain n’est pas un bien, il n’est donc pas possible d’invoquer le droit de
propriété (interdiction d’expérimentations sur embryons en Italie).
Theorie de l’infans conceptus : dès lors qu’un enfant est né vivant et viable, la fiction juridique fait
remonter la vie à la date de sa conception, s’il y trouve avantage ; ainsi, en matière successorale,
l’article 725 du code civil permet à l’enfant non encore né de succéder.
Ce mécanisme d’anticipation suppose, pour jouer, que l’enfant soit né vivant et viable. À défaut d’une
telle naissance, l’embryon ne peut être considéré comme une personne.
Arrêt Perruche du 17 novembre 2000 : reconnaît à un enfant né handicapé une action en réparation
contre le médecin ayant commis une erreur de diagnostic.
DONC sa propre naissance pouvait constituer un préjudice.
MAIS mise en place d’un dispositif légal anti-perruche : loi du 4 mars 2002 : « nul ne peut se prévaloir
d’un préjudice du seul fait de sa naissance »
Condamnation par la Cour EDH arrêt Maurice et arrêt Draon 2005 : l’application rétroactive de ce
dispositif constitue une atteinte disproportionnée au droit au respect des biens.
La Première chambre civile de la Cour de cassation a par la suite renforcé son opposition à la loi « anti-
Perruche ». Par un arrêt du 8 juillet 2008 : que le texte ne doit pas s’appliquer dès lors que le dommage
est antérieur à l’entrée en vigueur de la loi.
B) Conception de l’embryon
1- encadrement de la conception
techniques autorisées :
L’assistance médicale à la procréation (PMA) est encadrée par les lois bioéthiques de 1994) : elle est
réservée aux couples hétérosexuels ou de femmes et aux femmes seules, devant être vivant et en âge
de procréer.
Avant le recours aux techniques d’AMP poursuivait une finalité exclusivement thérapeutique.
Désormais, l’article L. 2141-2 du CSP énonce que « l’assistance médicale à la procréation est destinée à
répondre à un projet parental ».
D’autres conditions doivent être respectées (consentement ;âge; fait d’être vivant pour les demandeurs).
S’agissant du consentement du demandeur : l’accès à ces techniques doit être précédé, selon les articles
L. 2141-2 et L. 2141-10 du CSP, d’entretiens particuliers avec les membres d’une équipe médicale.
La loi impose, à l’issue de ces entretiens, un délai de réflexion d’un mois durant lequel aucun
consentement ne peut être donné. Enfin, le consentement doit être donné par écrit.
108
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
S’agissant de l’âge, un décret 2021que la femme peut procéder au prélèvement de ses ovocytes en vue
d’une AMP jusqu’à son 43e anniversaire ; l’homme peut procéder au recueil de ses spermatozoïdes
jusqu’à son 60e anniversaire.
NB : La question pourrait se poser de savoir si cette différence d’âge limite entre hommes et femmes ne
serait pas contraire au principe d’égalité. Le CC décide de manière constante que le principe d’égalité ne
s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes, notamment
liées à l’altérité des sexes. Or, il est certain qu’hommes et femmes sont, au regard de la procréation,
placés dans des situations biologiques différentes.
S’agissant de la condition d’être en vie, la loi du 2 août 2021 a maintenu l’exigence tenant au fait que les
deux membres d’un couple doivent être vivants au moment de la mise en oeuvre de l’AMP.
L’embryon conçu in vitro ne peut l’être « que dans le cadre et selon les objectifs » d’une AMP (article L.
2141-3 du CSP).
109
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Il est désormais admis qu’un couple puisse recourir à la fois à un don d’ovocyte et à un don de sperme.
En outre, la technique de « l’accueil d’embryon » est étendue par la loi du 2 août 2021.
Les embryons peuvent être conservés selon un régime strict. Les membres du couple ou la femme non
mariée peuvent consentir par écrit que soit tentée la fécondation d’un nombre d’ovocytes pouvant
rendre nécessaire la conservation d’embryons dans l’intention de réaliser ultérieurement leur projet
parental (cf article L. 2141-3 du CSP).
Cependant, un couple dont des embryons ont été conservés ne peut bénéficier d’une nouvelle tentative
de fécondation in vitro avant le transfert de ceux-ci sauf si un problème de qualité affecte ces embryons
(ibid.).
Enfin, les membres du couple peuvent consentir par écrit à ce que les embryons, non susceptibles d’être
transférés ou conservés, fassent l’objet d’une recherche dans certaines conditions fixées par l’article L.
2151-5 du CSP.
La durée de conservation des embryons est de 5 ans maximum (article L. 2141-4 du CSP). Les deux
membres du couple sont consultés chaque année afin de déterminer s’ils maintiennent leur projet
parental.
La procréation peut être réalisée au moyen des gamètes du couple. Elle est alors dite « endogène » ou «
homologue ». Mais elle peut être réalisée au moyen des gamètes d’un tiers donneur. Dans ce cas, l’AMP
est dite « exogène » ou « hétérologue ».
9 juin 2023 QPC, M. Frédéric L: l’interdiction d’établissement d’un lien de filiation entre l’enfant et le
tiers donneur ne porte pas atteinte au droit a la vie privée. Les dispositions conformes à la Constitution.
Il peut d’abord s’agir d’un don de gamètes. L’article L. 1244-1 du CSP précise à cet égard que « [l]e don de
gamètes consiste en l’apport par un tiers de spermatozoïdes ou d’ovocytes en vue d’une assistance
médicale à la procréation ». Le don de gamètes est gratuit et anonyme.
À cet égard, le Conseil d’État a jugé que l’anonymat des donneurs de gamètes n’est pas incompatible avec
l’article 8 de la CESDH (CE, 13 juin 2013).
L’AMP peut également être réalisée avec don d’embryon. Le don d’embryon consiste, pour un couple
ayant fait l’objet d’une AMP (ou le membre survivant en cas de décès de l’un des membres), de
permettre l’accueil de leurs embryons conservés par un autre couple en cas de non-persistance de leur
projet parental. Le don d’embryon est un acte exceptionnel, anonyme et gratuit. L’accueil de l’embryon
est subordonné à des règles de sécurité sanitaire. Ces règles comprennent notamment des tests de
dépistage des maladies infectieuses.
110
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
111
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
techniques interdites :
La GPA qui serait réalisée à l’étranger, ne devrait pas pouvoir produire d’effets sur le sol français. Elle
devrait en principe empêcher la transposition de l’acte d’état civil de l’enfant né d’une GPA à l’étranger.
Mais évolution jurisprudentielle.
Dans un premier temps, la Cass a refusé systématiquement la transcription sur les registres français de
l’acte de naissance établi à l’étranger et résultant d’une GPA (Civ. 1re, 13 septembre 2013).
Dans un deuxième temps, la Cour EDH a condamné la France, considérant que l’interdiction totale
d’établissement du lien de filiation entre un père et ses enfants biologiques nés d’une convention de
GPA à l’étranger, est contraire à l’article 8 CESDH et notamment à l’intérêt supérieur de l’enfant: CEDH,
26 juin 2014, Mennesson c. France et Labassee c. France.
Dans un troisième temps, l’assemblée plénière a jugé que l’existence d’une convention de GPA ne fait
pas obstacle à la transcription à l’état civil d’actes de naissance qui ne sont ni irréguliers, ni falsifiés et
déclarent des faits conformes à la réalité : AP. 3 juillet 2015.
Cette solution ne valait toutefois pas pour le parent d’intention. Par plusieurs arrêts la Cour de cassation
a admis la transcription de la mention d’un acte attribuant la paternité au père biologique, mais non de
celle attribuant la maternité à son épouse, contre la réalité de l’accouchement (Civ. 1re, 5 juillet 2017).
Elle a toutefois autorisé l’adoption, par l’époux du père, de l’enfant né à la suite d’une GPA, si les
conditions légales sont réunies (Civ. 1re, 5 juillet 2017).
Dans un quatrième temps la Cour EDH a rendu un avis consultatif par lequel elle estime que le droit au
respect de la vie privée de l’enfant requiert que le droit interne offre une possibilité de reconnaissance
d’un lien de filiation entre l’enfant et la mère d’intention de l’enfant. (CEDH Avis, 10 avril 2019).
Dans un cinquième temps : AP 4 octobre 2019 : une GPA réalisée à l’étranger ne fait pas obstacle à la
reconnaissance, en France, d’un lien de filiation avec la mère d’intention.
La transcription des actes de naissance étrangers permet en effet de reconnaître ce lien dans le respect
du droit au respect de la vie privée des enfants. Cette solution a ensuite été étendue à la transcription
de l’acte de naissance des enfants désignant le père biologique et le père d’intention (Civ. 1re, 18
décembre 2019 .
Il reste que le législateur a entendu remettre en cause cette jurisprudence de la Cour de cassation :
l’article 47 du code civil prévoit que la transcription ne peut avoir lieu lorsque, notamment, les faits
déclarés dans l’acte étranger ne correspondent pas à la réalité.
La loi du 2 août 2021 a complété cette disposition en ajoutant que cette réalité devait être « appréciée
au regard de la loi française ».
112
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Le clonage
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), par un avis du 22 avril 1997, a ainsi mis en avant la
contrariété d’une telle pratique avec la dignité de la personne humaine, protégée par l’article 16 du
code civil, et avec l’intégrité de l’espèce humaine, protégée par l’article 16-4 du code civil, étant donné
que le clonage modifie le mode de reproduction de l’espèce humaine et constitue une pratique
eugénique tendant à l’organisation de la sélection des personnes.
Une distinction entre clonage reproductif et clonage thérapeutique apparaît implicitement dans l’alinéa
3 de l’article 16-4 du code civil« [e]st interdite toute intervention ayant pour but de faire naître un enfant
génétiquement identique à une autre personne vivante ou décédée ».
Ce qui est donc interdit c’est uniquement le fait de faire naître un enfant, donc le clonage reproductif.
MAIS le CSP contient une énumération plus large des divers clonages interdits : reproductif (L. 2151-1 du
CSP), conception in vitro d’embryon ou constitution par clonage d’embryon humain à des fins de
recherche (L. 2151-2 du CSP), à des fins commerciales ou industrielles (L. 2151-3 du CSP), et «
également » à des fins thérapeutiques (L. 2151-4 du CSP).
2- l’instrumentalisation de l’embryon
- le bébé-médicament
La loi du 6 août 2004 a autorisé ce que la pratique a nommé le « bébé-médicament » ou « bébé du
double espoir ». Il s’agit de féconder in vitro un embryon, et de l’implanter chez la mère afin qu’à la
naissance soient prélevées des cellules pour soigner son aîné (frère ou soeur) atteint d’une maladie
d’une particulière gravité.
En outre, la réalisation du DPI, auquel les deux membres du couple concerné doivent consentir par écrit,
est soumise à la délivrance d’une autorisation de l’Agence de la biomédecine (article L. 2131-4-1 du CSP),
et la loi érige en délit, sanctionné d’une amende de 30.000 euros et d’un emprisonnement de 2 ans, le
fait de méconnaître l’ensemble de ces dispositions (article L. 2161-2 du CSP ; article 511-21 du code
pénal).
Les premières lois de bioéthique ont interdit toute forme d’expérimentation sur l’embryon, interdiction
reprise par la loi du 6 août 2004, qui réserve cependant la possibilité exceptionnelle d’une recherche sur
l’embryon.
Une telle possibilité a été étendue par la loi du 6 août 2013 autorisant sous certaines conditions la
recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires à des fins uniquement médicales : cf art
L. 2151-5 du CSP. régime d’autorisation préalable, tandis que les secondes font l’objet d’une simple
déclaration à l’Agence de biomédecine.
113
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Désormais il est admis que les recherches sur l’embryon puissent être menées, non seulement à des fins
médicales, mais également en vue d’améliorer la connaissance de la biologie humaine.
Désormais, la loi n’interdit plus que la modification d’un embryon humain par adjonction de cellules
provenant d’autres espèces
S’agissant des actes de soin, l’article 16-3, alinéa 2 du code civil met en avant le consentement nécessaire
et préalable de la personne.
atteintes légales :
Une atteinte ne peut être effectuée que sous 2 conditions cumulatives :
1) un intérêt légitime prévu par la loi
2) le consentement de la personne.
Le CSP met également en oeuvre un principe de précaution : les éléments et produits du corps humain
ne peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques si le risque mesurable en l’état des connaissances
pour le receveur potentiel est supérieur à l’avantage escompté pour celui-ci (article L. 1211-6 du CSP).
Néanmoins, certains produits du corps humain ne sont pas soumis à ces principes et peuvent être cédés à
titre onéreux (article L. 1211-8 du CSP). La liste, fixée par décret en CE, inclut les cheveux, les poils, ongles,
dents, le lait maternel, les excrétions, etc.
En ce qui concerne le prélèvement d’organes (articles L. 1231-1 A et s. du CSP), il est fait une distinction
entre le prélèvement sur une personne vivante, dont le consentement exprès doit avoir été donné, et
celui sur une personne décédée, dont seul le refus ne doit pas avoir été exprimé.
S’agissant du prélèvement sur une personne vivante, il ne peut avoir lieu que dans l’intérêt
thérapeutique direct du receveur (article L. 1231-1 du CSP).
114
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
La recherche biomédicale
La recherche biomédicale est très encadrée et suppose le recueil du consentement libre et éclairé de la
personne (art. L. 1121-1, CSP) ;
S’agissant de l’interdiction de la torture, l’article 222-1 du code pénal punit le tortionnaire d’une peine
de 15 ans de réclusion criminelle.
+ Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants adoptée
par l’assemblée générale de l’ONU le 3 décembre 1984
la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou
dégradants, adoptée le 26 novembre 1987
Sur la brevetabilité du vivant : L. 611-18, :principe : me corps humain, aux différents stades de sa
constitution et de son développement ne peuvent constituer des inventions brevetables ».
Mais toute brevetabilité n’est pas exclue, dès lors qu’un gène fait l’objet d’une application particulière
(ex. : médicament). En effet, l’alinéa 2 de l’article L. 611-18 prévoit qu’une invention constituant
l’application technique d’une fonction d’un élément du corps humain peut être protégée par brevet
euros
- est interdite toute intervention ayant pour but de faire naître un enfant génétiquement
identique à une autre personne vivante ou décédée (v. supra le clonage) ;
- aucune transformation ne peut être apportée aux caractéristiques génétiques dans le but de
modifier la descendance de la personne.
La protection de la fin de vie
I- La mort
C’est à l’instant de la mort que cesse la personnalité juridique (puis ouverture de la succession).
Le décret du 2 dec. 1996 place la détermination de la mort non seulement au niveau du cerveau, mais
aussi à celui du tronc cérébral.
Le suicide
Seule la provocation au suicide est réprimée depuis une loi de 1987.
L’euthanasie
L’euthanasie active est envisagée comme le droit pour une personne de demander à un médecin ou à
un tiers qu’il provoque sa mort afin de mettre un terme à ses souffrances.
On parle également de « suicide assisté », que le droit français ne reconnaît pas : l’euthanasie est
regardée comme un homicide volontaire.
Cour EDH Pretty c. Royaume-Uni 2002 : absence de violation de l’article 2 de la CESDH (droit à la vie),
considérant qu’il ne saurait en découler un « droit à mourir » = large marge d’appréciation des EM.
L’euthanasie passive désignerait le fait de ne pas recourir à ou d’arrêter un traitement afin de ne pas
accabler le malade de soins inutiles (cf article L. 1110-5 du CSP).
Le droit en vigueur consacre à cet égard le refus de l’obstination déraisonnable, c’est-à-dire le refus de
poursuivre un traitement thérapeutique sans espoir réel et sérieux d’obtenir une amélioration de l’état
du malade et qui n’a d’autre objet que de prolonger artificiellement la vie.
La personne en fin de vie a également le droit de refuser un traitement, même lorsqu’un tel choix met
sa vie en danger : article L. 1110-4 du CSP.
L’article L. 1110-5-2 CSP consacre un droit à l’obtention d’une sédation profonde et continue jusqu’au
décès.
Une personne consciente peut exercer ce droit dans deux cas :
- lorsque le patient atteint d’une affection grave et incurable (1) et dont le pronostic vital est
engagé à court terme (2) présente une souffrance réfractaire aux traitements (3)
- lorsque la décision du patient atteint d’une affection grave et incurable d’arrêter un traitement
engage son pronostic vital à court terme (1) et est susceptible d’entraîner une souffrance
insupportable (2)
L’article L. 1110-5-2 du CSP envisage aussi l’arrêt des traitements lorsque la personne est inconsciente :
Le médecin est tenu de respecter les directives anticipées qu’il a formulées, sauf si elles apparaissent
manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale du patient.
Les directives anticipées sont définies par l’article L. 1111-11 du CSP
116
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
II- Le mort
S’agissant des prélèvements d’organes sur les personnes décédées : le CSP prévoit ainsi que le
prélèvement d’organes sur un mort est possible dès lors que la personne n’a pas fait connaître de son
vivant son refus d’un tel prélèvement, sachant que ce refus peut être exprimé par tout moyen et est
révocable à tout moment (article L. 1232-1 du CSP).
S’agissant des recherches biomédicales, l’article L. 1121-14 du CSP mentionne qu’« [a]ucune recherche ne
peut plus être effectuée sur une personne décédée, en état de mort cérébrale, sans son consentement
exprimé de son vivant ou par le témoignage de sa famille ».
Quid de l’identification génétique post mortem (utilisée aux fins d’établissement d’un lien de filiation) ?
Aux termes de l’article 16-11 alinéa 2 du code civil, « sauf accord exprès de la personne manifestée de
son vivant, aucune identification par empreintes génétiques ne peut être réalisée après sa mort ».
Néanmoins, la Cour EDH a condamné la France sur le fondement de l’article 8 de la CESDH pour avoir
refusé d’établir la filiation du requérant de manière injustifiée (CEDH, 16 juin 2011, Pascaud c/ France).
Désormais, l’absence de consentement à l’expertise biologique ne peut pas constituer à lui seul un
motif permettant de refuser la preuve biologique.
CC QPC du 30 septembre 2011, M. Louis C., : « en disposant que les personnes décédées sont présumées
ne pas avoir consenti à une identification par empreintes génétiques, le législateur a entendu faire
obstacle aux exhumations afin d’assurer le respect dû aux morts ; qu’il n’appartient pas au Conseil
constitutionnel de substituer son appréciation à celle du législateur sur la prise en compte, en cette
matière, du respect dû au corps humain ; que, par suite, les griefs tirés de la méconnaissance du respect
dû à la vie privée et au droit de mener une vie familiale normale doivent être écartés »
117
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Il est un droit qui ne produit pas d’effet direct à l’égard des particuliers et ne peut pas être utilement
invoqué en tant que tel à l’appui d’un recours interne (CE, 2006, GISTI) ;
- Solidarité nationale, protection sociale face à tous types de risques liés à l’existence (santé,
vieillesse…), législateur veut éviter phénomènes d’exclusion, code de l’action sociale et des
familles / code de sécurité sociale
- sécurité sociale : SPA (TC, 1974, Sieur Blanchet) de couverture des charges de maladie, de
maternité/paternité et de famille et de protection des travailleurs contre les risques propres à
supprimer leurs revenus (art.L.111-1 du code de la sécurité sociale);
- revenu de solidarité active (RSA) : garantie d’un revenu minimum ayant pour contrepartie
l’obligation de chercher un travail ou de suivre un projet professionnel visant à améliorer sa
condition financière (créé par la loi du 1er décembre 2008) ;
118
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Le droit à l’emploi
Droit à l’emploi (ou droit au travail) : nouvelle formulation de la liberté de travailler – et pas d’un droit à
l’obtention d’un emploi – dont l’effectivité suppose que le législateur mette en œuvre sa compétence
pour permettre au plus grand nombre de personnes d’obtenir ou de se maintenir à un emploi ;
Fondements :
- PPNT : al. 5 du Préambule de 1946
- reconnaissance conventionnelle : art. 6 du PIDESC ; art. 15 de la Charte des DFUE
MAIS qui n’est pas une liberté fondamentale au sens du référé-liberté (CE, 2001, Casanovas).
Ce droit ne produit pas d’effet direct à l’égard des particuliers et ne peut donc pas être utilement
invoqué en tant que tel à l’appui d’un recours interne contre un acte administratif (CE, 2000, Annad) ;
Concrétisations en droit interne : fondement constitutionnel des politiques publiques de lutte contre le
chômage, ayant pour objet de restreindre l’exercice par les employeurs de leur liberté d’entreprendre,
en limitant leur capacité de licenciement, pour protéger le « principe fondamental du droit du travail »
(CC, 2002, Loi de modernisation sociale)
119
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
obligation pour les autorités d’adopter un plan pour l’hébergement d’urgence des personnes sans abri
(art. 21 de la loi de 1994 relative à l’habitat) ;
consécration d’un « droit au logement opposable » (« DALO ») et d’un « droit à l’hébergement opposable
» (« DAHO ») (loi du 5 mars 2007) dont le respect peut être imposé :
- à l’issue d’un recours administratif amiable formé auprès d’une commission départementale
de médiation ;
- par une personne qui n’est pas en mesure de chercher seule, au terme d’un recours
juridictionnel en contestation de la décision de refus.
Le juge administratif pourra, au titre de son pouvoir d’injonction, ordonner le logement ou
l’hébergement de la personne intéressée
- en cas d’inaction, aux termes d’un recours en responsabilité pour faute de l’État.
120
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Le droit d’asile s’est développé dans l’entre-deux-guerres, il s’applique à toute personne recherchant la
protection d’un autre État que celui dont il est originaire, à raison des persécutions dont il est
susceptible de faire l’objet.
En principe chaque Etat est censé assumer une obligation de protection de ses ressortissants nationaux.
En cas de carence de l’Etat au titre de sa protection nationale, le réfugié peut chercher à demander une
protection internationale (au titre de la convention de Genève de 1951).
Fondements :
- Convention de Genève de 1951
- al. 4 du préambule de la Constitution de 1946
Par ailleurs, la protection subsidiaire, qui est accordée à toute personne dont la situation ne répond pas à
la définition de la qualité de réfugié mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire
qu’elle courrait dans son pays un risque réel de subir l’une des atteintes graves suivantes :
- peine de mort ou une exécution
- la torture ou des peines ou traitements inhumains ou dégradants
- pour des civils, une menace grave et individuelle contre sa vie ou sa personne en raison d’une
violence aveugle résultant d’une situation de conflit armé interne ou international (article L.
512-1 du CESEDA).
Protection internationale : régime de protection des personnes au titre de la qualité de réfugié fondée
sur la convention de Genève de 1951 complétée par le protocole de New York de 1967, ou au titre de la
protection subsidiaire, au titre du régime d’asile européen commun (art. 67 et art. 78, TFUE ; directive
« qualification » de 2011 ; directive « accueil » de 2013 ; directive « procédures » de 2013).
La procédure d’éligibilité
I- Accès à la procédure :
En principe, toute personne qui se présente à la frontière doit remplir les conditions posées par le
CESEDA, à défaut de quoi un refus d’entrée peut être légalement opposé.
MAIS l’entrée sur le territoire ne peut pas être refusée à un demandeur d’asile au seul motif qu’il n’est
pas en possession des documents normalement exigés d’un étranger.
La demande d’entrer aux fins de l’asile donne lieu au placement de l’étranger en zone d’attente, au
contrôle de la recevabilité de sa demande d’asile au vu du règlement « Dublin III » de 2013.
S’il s’avère qu’un autre Etat est compétent, France peut à ce titre lui refuser l’entrée sur son territoire
(art. L. 213-8-1, CESEDA) – et, le cas échéant, à un examen par un officier de l’OFPRA qui s’entretient
avec le demandeur pour vérifier que sa demande n’est pas irrecevable ou manifestement infondée et
établit un rapport d’entretien, sur la base duquel le ministre de l’intérieur refuse l’entrée ou délivre un
121
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Une fois l’entretien réalisé et l’avis de l’OFPRA transmis, deux hypothèses peuvent se présenter.
- le ministre de l’Intérieur peut prendre une décision refusant l’entrée sur le territoire, laquelle
doit être écrite et motivée.
La décision doit indiquer qu’il a le « droit d’avertir ou de faire avertir la personne chez laquelle il
a indiqué qu’il devait se rendre, son consulat ou le conseil de son choix » ( article L. 352-3 du
CESEDA).
- le ministre de l’intérieur prend une décision d’admission sur le territoire au titre de l’asile.
L’intéressé peut alors quitter la zone d’attente et il lui est délivré un « visa de régularisation »,
Lorsque l’étranger se trouve déjà sur le territoire national, généralement de façon irrégulière, et qu’il
souhaite présenter une demande d’asile, il doit se rendre personnellement à la préfecture afin que cette
demande soit enregistrée (art. L.521-1, CESEDA) :
- en procédure « accélérée » : si l’étranger vient d’un pays d’origine sûre, si son récit présente des
incohérences ou des contradictions, s’il dissimule des documents ou refuse de se soumettre à
l’obligation de donner ses empreintes digitales ; ou
- en procédure « normale » : dans toutes les autres hypothèses ; et une attestation de demande
d’asile lui est délivrée et un numéro d’étranger lui est attribué, à compter de quoi il dispose de 21
jours pour saisir l’OFPRA, qui examinera sa demande.
Le classement d’une demande en procédure normale implique que l’OFPRA l’instruise dans un délai de
six mois à partir de l’enregistrement de la demande.
L’OFPRA est tenue de procéder, dans de brefs délais (CEDH, GC, 2011, M.S.S. c. Belgique et Grèce), à un
entretien personnel et confidentiel (art. L. 531-12, CESEDA).
Le demandeur doit justifier le bien-fondé de sa demande au regard des conditions d’éligibilité (cf. ci-
dessous). Le demandeur être assisté d’un avocat et d’un interprète, et à l’issue duquel l’OFPRA rend une
décision d’octroi ou de rejet de la demande d’asile.
En cas de décision négative, spécialement de refus d’octroi d’une protection, le demandeur peut former
un recours contentieux, dans un délai d’un mois, devant la CNDA.
La CNDA statue en premier et dernier ressort. Les décisions de la Cour sont susceptibles de pourvoi en
cassation devant le Conseil d’État.
La CNDA est une juridiction administrative spéciale, compétente pour connaître des recours de plein
contentieux (CE, 1982, Aldana Barrena) introduits à l’issue de la délivrance d’une décision de rejet pas
l’OFPRA, de sorte que la CNDA n’a pas à se limiter à annuler la décision de l’OFPRA mais peut y
122
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
substituer sa propre décision, le cas échéant, à l’issue d’un nouvel examen de la demande d’asile.
La Cour peut prescrire toute mesure d’instruction qu’elle juge utile : expertise des pièces, enquête
auprès de l’Office, des ambassades, du gouvernement français, des organisations non
gouvernementales. La procédure devant la CNDA est écrite, inquisitoire et contradictoire.
I- La qualité de réfugié
Le réfugié est toute personne qui « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa
religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions
politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette
crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays » : art. 1 A Convention de Genève + renvoi
par L 511-1 CESEDA
Élément d’extranéité : le demandeur d’asile doit être hors de son pays d’origine ;
A) Un risque de persécutions
- suffisamment grave du fait de sa nature ou de son caractère répété pour constituer une violation grave des
droits fondamentaux, en particulier des droits auxquels aucune dérogation n’est possible au sens de l’article 15
de la Convention européenne des droits de l’homme (article 9.1, a) ;
- une accumulation de diverses mesures, compris comme une accumulation de violation des droits de
l’homme qui soit suffisamment grave pour affecter un individu de manière comparable aux actes visés au a)
de l’article 9, § 1 (article 9.1, b).
Le demandeur doit faire état de craintes personnelles (individualisation de la crainte) ; actuelles et graves (la
gravité d’un acte dépend soit de sa nature, soit du caractère répété d’une violation des droits fondamentaux
ou d’une accumulation de diverses mesures).
Enfin, les craintes doivent être localisées sur le territoire de son pays de nationalité ou de son pays de
résidence habituelle.
L’agent de persécution peut être un agent étatique ou toute personne privée si les autorités n’offrent pas
de protection (art. L. 513-2, CESEDA) ;
123
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Il faut rechercher si le demandeur ne peut bénéficier d’une protection sur place, de la part des autorités ou en
raison, notamment, de la présence d’une organisation internationale assurant cette mission. La protection
peut ainsi être le fait d’une organisation internationale.
L’article L. 513-3 du CESEDA ajoute que la protection sur place doit être effective et non temporaire.
D) Un motif de persécution
La Convention de Genève subordonne la protection internationale au rattachement des craintes à l’un des
cinq motifs qu’elle énumère : la race, la religion, la nationalité, les opinions politiques et l’appartenance à un
certain groupe social.
Ces motifs peuvent être réels ou supposés : interprétation souple par le juge.
Le bénéfice de la protection subsidiaire n’est accordé, le cas échéant, qu’après l’examen de la demande
au regard des critères de la Convention de Genève.
Protection subsidiaire : s’il est constaté que le demandeur d’asile n’a pas la qualité de réfugié, il peut tout
de même bénéficier d’une protection, à titre subsidiaire, s’il risque, en cas de retour dans son pays
d’origine, d’être exécuté ou d’être condamné à la peine de mort.
Le demandeur doit prouver l’existence d’un risque d’atteintes graves ou de menaces graves tenant :
- à la peine de mort ou l’exécution
- à la torture ou des traitements ou sanctions inhumains ou dégradants
- des menaces graves ou individuelles contre la vie ou la personne d’un civil en raison d’une
violence aveugle en cas de conflit armé interne ou international.
La CNDA exige désormais que la province dont provient le ressortissant se trouve dans une situation de
violence aveugle atteignant un niveau tel qu’il s’y trouverait exposé à une menace grave et individuelle
contre sa vie ou sa personne. La CNDA n’octroie donc plus la protection subsidiaire au seul motif que le
ressortissant étranger arrive d’Afghanistan.
Même si le demandeur remplit les conditions d’éligibilité, il est évincé de la protection internationale
lorsque certaines circonstances l’en rendent « indigne ».
124
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 11 : LA DIGNITÉ
Par ailleurs, la convention prévoit des clauses de cessation :la convention cesse d’être applicable à toute
personne :
- qui s’est qui s’est volontairement réclamée à nouveau de la protection du pays dont elle a la
nationalité (article 1C1)
- qui, ayant perdu cette nationalité, l’a volontairement recouvrée (article 1C2)
- qui a acquis une nouvelle nationalité et jouit de la protection du pays dont elle a acquis cette
nationalité (article 1C3)
- qui est retournée volontairement s’établir dans le pays qu’elle a quitté ou hors duquel elle
est demeurée de crainte d’être persécutée (article 1C4)
- si les circonstances à la suite desquelles elle a été reconnue comme réfugiée ayant cessé
d’exister,
elle ne peut plus continuer à refuser de se réclamer de la protection du pays dont elle a la nationalité
(article 1C5).
Enfin, l’article L. 511-7 du CESEDA, prévoit la perte du statut de réfugié « lorsque : il y a des raisons
sérieuses de considérer que la présence en France de la personne concernée constitue une menace grave
pour la sûreté de l’État ; la personne concernée a été condamnée en dernier ressort en France soit pour
un crime, soit pour un délit constituant un acte de terrorisme ou puni de dix ans d’emprisonnement, et sa
présence constitue une menace grave pour la société ».
Cette hypothèse permet également le refus du statut (L. 711-6, v. CE, 19 juin 2020, M. K).
La protection temporaire a été créée par une directive de 2001 en cas d’afflux massif de personnes
déplacées. Il s’agit d’un dispositif exceptionnel assurant une protection immédiate et de caractère
temporaire. Ce dispositif, qui n’avait jamais été mis en oeuvre, l’a été pour la première fois à la suite de
l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.
125
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Fondements :
interprétation évolutive du droit à la vie privée la convention doit être interprétée « à la lumière des
conditions de vie actuelle » CEDH 1978 Tyrer c/ RU).
Article 8 CEDH : §1 sur le principe et §2 : clause d’ordre public : ingérences possibles : conditions :
loi lato senssu (loi ; jp ; règlement etc) : ce qui compte c’est que la norme qui prévoit l’ingérence doit
être compatible avec la prééminence du droit (fondement accessible et prévisible (sécurité juridique)
3) l’ingérence doit être nécessaire dans une société démocratique = contrôle de proportionnalité par
rapport au but recherché
L’article 8 peut être invoqué dans un litige contre un individu, donc rapport horizontal, mais Etat sera
attaqué devant CEDH car a manqué à l’obligation positive de protection de l’individu
126
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
La Cour EDH juge aussi que le principe de non-discrimination s’applique à des différences de traitement
fondées sur l’orientation sexuelle : CEDH, 2003, Karner c. Autriche
Par ailleurs, la liberté des pratiques sexuelles bénéficie également d’une protection.
S’agissant des pratiques sadomasochistes, protection au nom de l’autonomie personnelle : CEDH 2005,
KA et AD c/ Belgique.
Dans le cas où la vulnérabilité d’une personne l’expose à des relations sexuelles non consenties, la Cour
EDH met à la charge de l’État une obligation positive d’incriminer le comportement de ceux qui en
abusent et de leur infliger des sanctions pénales. Par ex : Cour EDH 1985, X et Y c. Pays-Bas
Cour EDH Goodwin c. Royaume-Uni 2002 : les transsexuels doivent « jouir pleinement du droit au
développement personnel »
La protection de l’image relève aussi de la vie privée intime : Cour EDH Von Hannover c. Allemagne
2004 : l’Etat a une obligation positive d’offrir une protection efficace contre les agissements d’une
certaine presse à sensation.
Egalement la protection du droit à l’image que l’État s’abstienne, sans raison justifiée, de s’ingérer dans
l’exercice de ce droit (CEDH, 11 janvier 2005, Sciacca c. Italie).
IMPORTANT : CE arrêt Anticor octobre 2022 : reconnaît un droit à la vie privée aux PM.
127
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Turquie)
- Le droit à l’identité : suppose : La protection de l’identité collective des groupes ethniques et
sociaux (CEDH, GC, 2012, Aksu c. Turquie) ; La condamnation des stéréotypes de genre dans la
répartition des rôles parentaux (CEDH 2012, Konstantin Markin c. Russie).
B) Des limitations strictes
1. L’autorisation de divulgation
Dès lors qu’une personne autorise une divulgation des éléments intéressant sa vie privée, l’atteinte n’est
pas constituée.
Les juges français considèrent qu’il s’agit d’une autorisation spéciale : elle ne vaut en principe que pour
une publication déterminée et que pour des éléments de la vie privée prévus.
MAIS Cour EDH 2009 c.France : l’ingérence dans la liberté de la presse est disproportionnée au but
recherché (société condamnée pour la publication d’un article sur la fortune d’un artiste illustrée par des
photographies dont l’autorisation avait été donnée pour une campagne publicitaire).
2. Le droit à l’information
Le droit de la presse constitue un motif légitime de limitation. Garanti par la loi du 29 juillet 1881 sur la
liberté de la presse et par l’article 10 de la CESDH, le droit de la presse peut entrer en conflit avec le
droit au respect de la vie privée.
La Cass. considère que le respect de la vie privée et le droit à l’information ont la même valeur
normative (Civ. 1re, 9 juillet 2003).
La Cour EDH comme les juridictions nationales utilisent le critère du débat d’intérêt général pour réaliser
la pesée des intérêts.
Dès lors que l’information est nécessaire à l’intérêt général, la divulgation est légitime, sous réserve du
respect de la dignité de la personne (Civ. 1re, 24 octobre 2006). Dans l’hypothèse inverse, elle est illicite.
En conséquence, la vie publique des personnes publiques relève de l’information légitime. Néanmoins,
leur vie privée doit être protégée dès lors qu’elles ne remplissent pas de fonction officielle ou qu’elles ne
sont pas impliquées dans un fait public.
Ainsi, la Cour EDH retient l’absence d’intérêt légitime à connaître l’information et précise, comme cela a
été dit, que toute personne, même connue du grand public, doit pouvoir bénéficier d’une « espérance
légitime » de protection et de respect de sa vie privée (CEDH, 24 juin 2004, Von Hannover c. Allemagne).
A) La voie civile
Le référé, prévu par l’art. 9, al. 2 du Code civil permet d’empêcher ou de faire cesser une atteinte à la vie
privée. Le juge peut ordonner toutes mesures, dont la saisie et le séquestre de l’instrument à l’origine de
l’atteinte à la vie privée s’il y a urgence et si cette atteinte est d’une « gravité intolérable » (Civ. 1ère,
1997, Le Grand Secret), pour l’empêcher ou la faire cesser ;
Civ. 1ère 2000 : présomption d’urgence est irréfragable lorsqu’il s’agit d’un délit de presse.
Action en réparation : le droit commun de la responsabilité (1240) n’est pas applicable en cas de délits
de presse : uniquement possible d’agir sur le fondement de la loi de 1881 (délai beaucoup plus court).
128
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
En cas de délit de presse, outre l’octroi de dommages-intérêts, l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881
prévoit que la personne mise en cause bénéficie d’un droit de réponse.
B) La voie pénale
1.L’infraction d’atteinte à la vie privée
L’infraction est réprimée au titre de l’article 226-1 du Code pénal :
Le premier délit (1°) vise la captation, l’enregistrement et la transmission de paroles à l’insu d’une
personne, que les paroles le soient dans un lieu public ou privé.
MAIS sont seules visées celles qui concernent les paroles adressées à titre privé ou confidentiel.
Le consentement de l’auteur des paroles empêche la constitution du délit.
Le second délit (2°) sanctionne les atteintes à la vie privée par la voie de l’image.
L’infraction est constituée lorsque l’image d’une personne est fixée, enregistrée ou transmise sans son
consentement. Il est exigé que la personne se trouve dans un lieu privé.
Cass. 21 avril 2020 : l’enregistrement de la parole ou de l’image d’une personne placée en garde à vue
est susceptible de constituer une atteinte à l’intimité de sa vie privée.
L’article 226-2 du code pénal punit des mêmes peines le fait de conserver, porter ou laisser porter à la
connaissance du public ou d’un tiers ou d’utiliser de quelque manière que ce soit tout enregistrement ou
document obtenu à l’aide de l’un des actes prévus par l’article 226-1 ».
La violation du domicile est réprimée à l’article 226-4 du code pénal
EXCEPTIONS légales : venant imposer la révélation du secret pour des finalités d’intérêt général telles
que la protection de la santé et de l’intégrité physique (art. 226-14) ou encore de fraude fiscale
Pour l’avocat, les exceptions concernent, par exemple, le cas de suspicion de blanchiment d’argent où il
est dans l’obligation de procéder à une déclaration de soupçon. L’avocat doit adresser celle-ci au
bâtonnier qui décide de la faire suivre à Tracfin (Traitement du Renseignement et Action contre les
Circuits FINanciers clandestins).
CNB : établissement d‘utilité publique (loi de 1990) qui vise à la représentation des différents barreaux.
129
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
À la suite de la condamnation de la France par les juges strasbourgeois (CEDH, 24 avril 1990, Kruslin c.
France), la loi du 10 juillet 1991 pose le principe suivant : le secret des communications téléphoniques
est garanti par la loi, les interceptions doivent demeurer l’exception.
Il existe deux types d’interceptions de correspondances émises par voie de télécommunications licites :
les interceptions judiciaires et les interceptions de sécurité.
Les enregistrements doivent être détruits dans les 10 jours, à moins qu’ils soient en relation avec l’objet
de la loi, dans ce cas, ils seront détruits à partir du moment où ils ne sont plus indispensables. Un PV- est
rédigé.
L’ordre de procéder aux interceptions de sécurité est donné par décision écrite et motivée du PM sur
proposition écrite et motivée du ministre de la Défense, du ministre de l’Intérieur ou du ministre chargé
des douanes. L’autorisation est valable pour une durée de 4 mois renouvelable.
La décision est portée dans un délai maximum de 48 heures à la Commission nationale de contrôle des
interceptions de sécurité (CNCIS) (AAI).
Principe d’interdiction de collecter et de traiter des données sensibles, sauf consentement (loi n° 71-78
du 6 janvier 1978) et droit de rectification et à l’oubli numérique (CJUE, 2019, Google c. CNIL).
Une personne peut d’abord, refuser, pour des motifs légitimes, que des données à caractère personnel
la concernant figurent dans un fichier.
Une personne peut, ensuite, demander à un responsable de fichiers s’il a des informations le concernant
et en cas de réponse positive, en demander communication
Enfin, une personne fichée dispose d’un droit de rectification.
Le droit à l’oubli numérique donne également lieu à une jurisprudence protectrice. La CJUE retient que
lorsque l’exploitant d’un moteur de recherche fait droit à une demande de déréférencement portant
sur des données à caractère personnel, il est tenu d’opérer ce déréférencement sur les versions de
130
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
celui-ci correspondant à l’ensemble des États membres (CJUE, 2019, Google c/ CNIL)
D’abord, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende « [l]e fait de procéder à
l’examen des caractéristiques génétiques d’une personne à des fins autres que médicales ou de
recherche scientifique, ou à des fins médicales ou de recherche scientifique, sans avoir recueilli
préalablement son consentement (…) art. 226-27 du code pénal.
Ensuite est sanctionné le non-respect des finalités légales. L’examen des caractéristiques génétiques
d’une personne ne peut être utilisé qu’à des fins médicales ou de recherche scientifique (articles 226-25
du code pénal et 16-10 du code civil).
A) Le fonctionnaire
Le principe d’égal accès aux emplois publics : article 6 de la DDHC impose à l’administration de ne pas
écarter un candidat à la fonction publique, sur la seule considération de sa croyance religieuse (CE,
1938, Weis). Par ailleurs, ce principe interdit les discriminations fondées sur les opinions politiques (CE,
Ass., 28 mai 1954, Barel).
Par ailleurs, la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires dispose que « La
liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires. Aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être
faite entre les fonctionnaires en raison de leurs opinions politiques (…)».
Aux termes de l’article 18 de cette loi, , « il ne peut être fait état dans le dossier d’un fonctionnaire, de
même que dans tout document administratif, des opinions ou des activités politiques, syndicales,
religieuses ou philosophiques de l’intéressé ».
Un fonctionnaire doit pouvoir s’exprimer librement et avoir des activités politiques, syndicales,
religieuses ou philosophiques. Toutefois, son opinion ne doit pas être incompatible avec sa qualité de
fonctionnaire. C’est le cas lorsqu’elle vient entraver le fonctionnement normal du service public.
Les fonctionnaires ont une obligation de neutralité dans le service qui vient limiter l’expression de
leurs opinions personnelles. Tous les fonctionnaires doivent la respecter, mais ils seront soumis avec
une rigueur plus ou moins forte selon le grade ou l’emploi occupé.
B) Le salarié
Certains éléments de la vie professionnelle ont été jugés comme des éléments de la vie privée.
Cour EDH 1992, Niemietz c. Allemagne : aucune raison de principe d’exclure les activités
professionnelles ou commerciales de la vie privée.
131
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Cour EDH : la mise sous vidéosurveillance d’employés par un directeur de magasin, sans les avertir au
préalable malgré une obligation légale, est justifiée en raison des soupçons légitimes liés aux pertes
constatées, l’étendue et les conséquences de cette mesure (CEDH 2019, Lopez Ribalda c. Espagne).
Fondements :
- art. 8 de la CEDH
- CE 1978, GISTI : PGD (valeur infra législative et supra décrétale) le droit de mener une vie
familiale normale pour l’étranger (= droit au regroupement familial)
Notion de vie familiale : elle se limite au noyau familial, c’est-à-dire aux relations entre les enfants et
leurs parents et entre les petits-enfants et leurs grands-parents, et cesse une fois les enfants devenus
adultes (sauf lien de dépendance, psychologique ou matérielle, ne subsiste avec ses ascendants).
Le droit au respect de la vie familiale présuppose l’existence d’une famille : il ne garantit pas le simple
désir de fonder une famille (CEDH, , 2017, Paradiso et Campanelli c. Italie) et ne consacre donc pas de
droit de procréer (CEDH, 2003, Sijakova c. Macédoine).
Le droit au respect de la vie familiale protège les droits :
- d’entretenir des liens avec les membres de sa famille (CEDH, 2019, Luzi c. Italie) ;
- de vivre avec sa famille (CEDH, 1988, Olson c. Suède) donc strict contrôle de proportionnalité
132
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
pour les enfants placés, Etats doivent favoriser contacts entre parents et enfants placés ;
- au regroupement familial (CC, 1993, Loi relative à la maîtrise de l’immigration).
S’agissant de l’adoption par un homosexuel célibataire : le refus de l’agrément sur le seul motif de
l’homosexualité est prohibé (CEDH, 2008, E. B. c. France)
133
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Les membres du gouvernement doivent adresser à la HATVP une déclaration de leur situation
patrimoniale (et les parlementaires). Ceci a été validé par le Conseil Constitutionnel au motif qu’il existe
un intérêt supérieur : objectif de renforcer les garanties de probité et d’intégrité (=honnêteté) de ces
membres (donc motif d’intérêt général). Permet de prévenir des conflits d’intérêt notamment.
Concernant les magistrats, a été déclaré inconstitutionnel car visait seulement certains magistrats (donc
contraire au principe d’égalité) et a été rejeté concernant les membres du CC au motif que dépourvu de
lien avec le projet de loi organique qui concernait uniquement le statut des magistrats (donc pas eux).
Loi de mars 2022 relative au choix du nom issu de la filiation. A partir du 1er juillet 2022, toute personne
majeure peut changer de nom en prenant celui de l’autre parent.
Loi de 2021 permet de donner nom de famille en plus d’un prénom à un enfant né sans vie.
CEDH 2021 : l’Etat, s’il accorde la nationalité et des mesures de placement de l’enfant avec parents
d’intention, ne méconnait pas la vie privée de l’enfant en refusant d’inscrire lien de filiation sur son
état civil
Loi 2011 : une autorité publique ou privée peut installer caméras sur voie publique / lieux ouverts au
public si autorisation du préfet et que le public est prévenu.
Loi 2021 -> drones et caméras embarquées censurées par CC car pas assez de garanties (de limitation
dans temps / espace).
Temporalité : en principe, selon CPP, entre 6h et 21h seulement (exception en cas de proxénétisme
notamment : à toute heure ; + en cas de criminalité organisée, terrorisme, ou stupéfiants : une
perquisition peut débuter avant 6h et après 21h).
Enquête préliminaire : il faut en principe l’assentiment de la personne (mais par exception, sur
motivation du JLD après avis Procureur, possible sans assentiment pour crime ou délit puni de plus de 5
ans d’emprisonnement).
Enquête de flagrance : sans l’assentiment (commission rogatoire délivrée par juge d’instruction)
Focus – La géolocalisation
Prévue par le CPP, CC en 2014 a validé le dispositif en affirmant que les garanties légales existant pour
encadrer l’atteinte à la vie privée sont suffisantes. (conditions de recours et contrôle par l’autorité
judiciaire).
134
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Article 100-5 du CPP : principe d’interdiction de la retranscription des conversations d’un avocat avec son
client (secret professionnel de l’avocat), seule exception possible = si avocat soupçonné d’infraction (mais
ne peut pas être fait à titre préventif pour la recherche d’indices).
CEDH France 2016 : affirme que l’atteinte au principe de confidentialité des échanges avec le client est
possible dès lors que l’avocat est soupçonné d’avoir commis une infraction
135
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Droit à la protection des données personnelles : composante du droit au respect de la vie privée qui
garantit la transparence du traitement des données et encadre les usages pouvant en être fait.
En réalité la question se pose souvent tient aux conditions de traitement des données et notamment la
question des garanties offertes à l’intéressé.
Le droit à la protection des données découle de la liberté personnelle (art. 2, 4 DDHC) : le droit à la
protection des données personnelles est une composante du droit au respect de la vie privée, qui est
une composante de la liberté personnelle : CC, 2012, Loi relative à la protection de l’identité.
Nature du contrôle du respect de la protection des données personnelles par le CC ? En effet, 3 types
136
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
de contrôle :
La CEDH ne consacre pas expressément de droit à la protection des données personnelles :il est garanti
par
- la « Convention 108 de 1981 : la « Convention pour la protection des personnes à l’égard du traitement
automatisé des données à caractère personnel » : impose un certain nombre d’obligations aux États et
aux responsables de traitement.
Un comité 108 qui surveille son application (mais pas judiciaire) a été mis en place, rend avis et
observations, pas de valeur obligatoire pour les Etats.
MAIS aucun juge ne permet d’assurer son application (la Cour EDH n’est pas compétente) ce qui pose la
question de son effectivité.
- art.8 de la CEDH :a la lumière de ce texte, la Cour protège le droit à la protection des données
personnelles.
Si un régime d’interception en masse de données n’est pas en soi contraire (CEDH, GC, 2021, Big
Brother Watch c. Royaume-Uni), tout traitement de données doit poursuivre un besoin social impérieux
et ses modalités doivent être proportionnées (CEDH, GC, 2008, S. et Marper c. Royaume-Uni).
Il ne faut pas de caractère général, indifférencié et indéterminé de conservation des données.
Cour EDH 4 juillet 2023 Hurbain c/ Belgique : se prononce sur le « droit à l’oubli numérique », en
précisant que « la prétention à l’oubli ne constitue pas un droit autonome protégé par la Convention ».
1. Le droit primaire
L’article 16 TFUE proclame le droit à la protection des données personnelles et sa protection tant par
les EM que par les institutions de l’UE. Reconnu comme tel (art. 16, TFUE ; art. 8, Charte des DFUE),
- CJUE, 2014, Digital Rights Ireland,: l’obligation faite aux fournisseurs de communications
électroniques de conserver les données de tous les citoyens n’est pas proportionnée à l’objectif de la lutte
contre le terrorisme.
- Le droit à la protection des données inclut le droit au déférencement sur les moteurs de
recherche (droit à l’oubli numérique) (CJUE, GC, 2014, Google Spain), entre autres.
- CJUE, 2015, Schrems,: un étudiant européen contestait le transfert de ses données par Facebook
vers les États-Unis où il n’existe pas de système de protection équivalant au système européen. La
CJUE considère que la décision de la Commission européenne ayant approuvé l’accord
transatlantique de transfert des données des citoyens européens (« Safe Harbor ») est contraire à
ses droits fondamentaux
137
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Arrêts Schrems II 2020 CJUE : étudiant allemand a contesté par deux fois le transfert des données des
européens des GAFA dont le siège était situé en Europe vers les USA. Dans l’arrêt de 2020, décision de la
commission européenne fondée sur un accord entre UE et USA prévoyant modalités de transfert des
données attaquée par l’étudiant. La CJUE annule cette décision. Le raisonnement de la CJUE est de
considérer que les institutions de l’UE ne peuvent favoriser et autoriser la circulation des données vers
des systèmes qui n’assurent pas un niveau de protection équivalent à l’Europe.
2. Le RGPD
Le RGPD pose un ensemble de principes et d’obligations pour les États et responsables de traitement,
fondé sur la liberté de traitement et de circulation des données encadrée par le nécessaire respect du
principe de proportionnalité.
La CNIL procède au contrôle de la protection des données personnelles depuis loi « Informatique et
Libertés » de 1978 ), par 2 voies :
- un contrôle contentieux a posteriori des traitements, au terme duquel elle peut prononcer
des sanctions pécuniaires et des injonctions sous astreinte
- une évaluation consultative a priori en rendant des avis non-conformes sur les projets de lois,
décrets et arrêtés.
Le Chapitre IV du RGPD prévoit que dans certaines hypothèses, le responsable d’un traitement de
données désigne un DPO dont le rôle consistera à veiller à la bonne application du RGPD par le
responsable. Il est chargé de :
- réaliser une étude d’impact permettant au responsable de traitement de choisir les
techniques et moyens de protection des données dans son traitement ;
- veiller à ce que le responsable de traitement respecte le RGPD ;
- coordonner et faire le lien entre le responsable de traitement et la CNIL.
- les données sensibles : les données sensibles sont les données relatives à « l’origine raciale
138
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
ou ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques, l’identité génétique
ou biométrique, la santé, la vie et l’orientation sexuelle (art. 9).
Le traitement de ces données est, à titre de principe, interdit.
Parmi les exceptions se trouve notamment l’expression par la personne concernée de son
consentement « explicite » (art. 9 § 2).
- données ordinaires : les données ordinaires sont toutes les données qui ne sont pas
des données sensibles, dont le régime repose sur le principe de libre traitement des données, dont la
mise en œuvre repose sur la récolte du consentement et la nécessité du traitement.
- droit à l’oubli : droit au déférencement sur les moteurs de recherche, pouvant être limité au
titre de la protection de l’accès du public à l’information ou de la santé publique (CJUE, GC,
2014, Google Spain) et aux seules versions européennes du moteur de recherche (CJUE, GC,
2019, Google LLC c. CNIL) (droit au déréférencement limité au territoire de l’UE)
Les détenus continuent de jouir du droit au respect de la vie privée et familiale : CEDH 2005, Hirst c.
Royaume-Uni ; art. 8 de la CEDH)
Le droit au respect de la vie privée, objet d’un droit garanti par la Constitution : CC, 1999, Couverture
maladie universelle qui le fonde sur l’art. 2 de la DDHC.
Le droit au respect de la vie privée et familiale des détenus est une liberté fondamentale au sens du
référé-liberté (art. L. 521-2 du CJA) ((CE, 7 juin 2019)
Ce droit est protégé par une garantie légale au bénéfice des détenus (loi du 24 novembre 2009) dont le
respect est assuré par le juge judiciaire s’agissant des permissions de sortie (exécution de la peine) et le
juge administratif s’agissant des transferts d’établissement ou de sanctions disciplinaires
(fonctionnement administratif du service public pénitentiaire).
De telles mesures d’ordre intérieur, qui n’étaient à l’origine pas susceptibles de recours, peuvent
désormais faire grief si la nature et la gravité de la décision a eu des incidences concrètes sur la
situation du détenu : CE, Ass., 1995, Marie.
Le CE a admis le principe du droit à conserver une vie familiale en détention : CE, 19 janvier 2005
140
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Le droit tenant à la protection des correspondances doit néanmoins se concilier avec des impératifs de
sécurité. Ainsi, les personnes placées en détention provisoire, de même que les condamnés, peuvent
écrire ou recevoir des courriers sans aucune restriction (art. L. 345-1 et L. 345-2 du code pénitentiaire).
Toutefois le courrier est sous pli ouvert, pour en permettre la lecture par les autorités pénitentiaires, sauf dans
les cas où le courrier a été envoyé par le défenseur du détenu ou par une autorité administrative ou une
autorité judiciaire : CC, 2018, Section française de l’Observation international des prisons
Le détenu a le droit de téléphoner à ses proches mais, n’étant pas un droit absolu, son exercice peut
être limité si est respecté le principe de proportionnalité
ex. : interdiction de posséder un téléphone, autorisation nécessaire pour téléphoner à des proches qui
sont pas des membres de famille (art. 39 de la loi du 24 novembre 2009) et possibilité pour les autorités
pénitentiaires d’écouter les conversations à condition de prévenir le prévenu et son correspondant
(art. 727-1 du CPP).
Visites : le détenu a le droit d’entretenir des relations avec les membres de son entourage, ce qui
implique un droit de visite, sans dispositif de séparation, mais, n’étant pas un droit absolu, son exercice
peut être limité à condition que soit respecté le principe de proportionnalité.
ex. : fouille avant et après le parloir si le comportement du détenu la justifie (CE, 30 janvier 2019) et
écoute des conversations à condition de prévenir le détenu et son correspondant (CEDH, 2005, Wisse c.
France).
le droit au respect de la vie privée et familiale des détenus s’oppose, à titre de principe, à ce qu’un
détenu soit placé sous vidéo-surveillance, mais, n’étant pas un droit absolu, son exercice peut faire
l’objet de restrictions proportionnées ; les autorités pénitentiaires peuvent avoir recours à la vidéo-
surveillance si la protection de l’ordre le justifie et si des circonstances particulières le rendent
nécessaire au vu du degré de risque d’évasion ou de suicide du détenu (CE, 28 juillet 2016).
Entrée en vigueur du code pénitentiaire avec loi de décembre 2021 confiance institution j : objectif de
simplification en regroupant le droit constant à ce sujet dans un code
141
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Depuis la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, le détenu bénéficie d’un droit à l’activité et
l’administration pénitentiaire doit tout mettre en oeuvre pour lui trouver une activité.
travail externe à la prison : le détenu peut bénéficier d’un régime particulier de détention qui l’autorise à
quitter l’établissement pénitentiaire pour travailler ou se former.
NB : la décision de classement est une mesure d’ordre intérieur faisant grief (CE, 2007, M.
Plancehnault).
Depuis une loi du 22 décembre 2021, les travailleurs détenus disposent d’un contrat d’emploi
pénitentiaire (CEP). Ce contrat est conclu à l’issue d’un entretien d’embauche entre la personne détenue
et le service général de la prison ou l’entreprise concessionnaire, au plus tard 2 jours après la prise de
poste.
142
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Le contenu du CEP est quasiment identique à celui d’un contrat de travail de droit commun.
Dans deux décisions rendues en 2013 et 2015, le CC a déclaré que les dispositions contestées par les
requérants sont conformes aux droits et libertés garantis par la Constitution :
Dans une décision rendue le 7 mars 2016, le CE a clarifié les modalités de rémunération en rappelant
leur caractère réglementaire et les conditions de leur opposabilité aux personnes détenues.
Pour le JA, les modalités de rémunération sont relatives à l’organisation du service public pénitentiaire
et présentent, de ce fait, un caractère réglementaire. De plus, pour être opposables aux détenus, ces
modalités de rémunération doivent être portées à leur connaissance
La réforme intervenue avec la loi n° 2021-1729 du 22 décembre 2021 pour la confiance dans
l’institution judiciaire et modifiant le code pénitentiaire, entrée en vigueur le 1er mai 2022, est venue
régler les cas d’inégalités entre le travail en milieu pénitentiaire et le travail de droit commun sur
deux points essentiels : la rémunération et les droits sociaux.
Une rémunération minimale est désormais fixée selon la durée de travail et la qualification du poste,
entre 45 et 20 % du salaire minimum interprofessionnel de croissance, soit entre 4,98 € et 2,21 €.
Enfin, certains droits sociaux ont été ouverts aux travailleurs et d’autres ont été renforcés : application
d’une assiette minimale de cotisations pour les droits à l’assurance vieillesse ; affiliation au régime
de retraite complémentaire ; bénéfice des prestations d’assurance maternité, d’assurance invalidité et
d’assurance maladie en imputant la durée du travail effectué en détention sur celui effectué
antérieurement.
143
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
EXAM : souvent question de l’effectivité du droit ; titulaire du droit (homme ; planète) ? ; opposabilité :
qui est le débiteur du droit à l’environnement ? ; contenu du droit
Le droit à un environnement sain est aujourd’hui un droit fondamental intimement lié au développement
durable, mais aussi au respect du droit à la vie et du droit à la santé.
Quant à la CESDH, elle ne fait aucune référence au droit de l’environnement. Toutefois, la Cour EDH a
déduit la protection du droit à un environnement sain de plusieurs articles de la Convention :
- l’article 2 de la CEDH le droit à la vie implique le droit à un environnement sain (CEDH, 2004,
Öneryildiz c. Turquie)
- c’est surtout le droit au respect de la vie privée et familiale ainsi que du domicile, visés à
l’article 8 de la Convention, qui implique le droit à un environnement sain (CEDH,1994, Lopez
c. Espagne)
(autour de la question de ka protection du domicile, situé en l’espèce près d’une station
d’épuration).
le CE jugé qu’il découle des dispositions de l’article 1er de la Charte qu’il appartient au pouvoir
réglementaire de veiller au respect de ce principe lorsqu’il est appelé à préciser les modalités de mise
144
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
Le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé constitue une liberté
fondamentale au sens du référé-liberté : CE, ord., 20 septembre 2022.
QPC 2014 Société Casuca : le préambule de la charte n’institue aucun droit ni aucune liberté qui
pourrait être invoqué en QPC.
Le contrôle du CC en matière de droit à l’environnement est restreint et ne sanctionne que les erreurs
manifestes d’appréciation.
Convention citoyenne sur le climat en 2020 : réunion de 150 citoyens tirés au sort qui ont débattu et ont
concouru à l’adoption d’une loi. Objectif était notamment de réduire les émissions de CO2.
S’agissant des personnes privées : la loi « Grenelle II » de 2010 prévoit une obligation d’information
à la charge des entreprises sur la façon dont elles prennent en compte les conséquences
notamment environnementales de leurs activités.
B) Le principe de précaution
Fondé sur l’article 5 de la charte de l’environnement, il consiste en une obligation des pouvoirs publics
d’adopter une attitude proactive, en réaction à un risque potentiel (incertitude scientifique) de
dommage environnemental, pour parer à l’avance aux scénarios les plus pessimistes.
Fondement :
- art. 5 de la Charte de l’environnement de 2004
145
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
C) Le principe de prévention
D’autre part, le code de l’environnement confère au préfet le pouvoir d’obliger un exploitant, en cas de
carence face à une menace imminente de dommage de son fait (ou d’aggravation du dommage), à
prendre à ses frais un certain nombre de mesures de protection (article L. 162-13).
Par ailleurs, le principe de prévention est mis en oeuvre dans le cadre de mesures de police
administrative : police des établissements classés ; police des établissements insalubres etc.
Mesures de prévention : obligation des pouvoirs publics d’adopter les mesures
A) La responsabilité civile
Responsabilité civile : droit à la réparation en nature ou, si elle est impossible, par l’allocation de
dommages-intérêts (art.1249 du code civil) du préjudice écologique : Crim., 2012, Erika – c’est-à-dire de
toute « atteinte non négligeable aux éléments ou aux fonctions des écosystèmes ou aux bénéfices
collectifs tirés par l’homme de l’environnement » (art. 1247 du code civil) .
L’article 1249 pose un principe de priorité à la préparation en nature.
Ce préjudice peut être réparé dans le cadre d’une action en justice individuelle ou d’une action de groupe
(art.L. 142-3-1 du code de l’environnement).
TA Montreuil, 25 juin 2019 : reconnaît la faute de l’Etat résultant de ses carences dans la lutte contre la
pollution de l’air.
146
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 12 : L’INTIMITÉ ET LA VIE SOCIALE
B) La répression pénale
Répression de multiples infractions, telles que le terrorisme écologique (art. 421-2 du code pénal), la
pollution des eaux et de l’air (art. L.216-3 et s. et art. L. 226-9 du code de l’environnement) et la
prévention et la gestion des déchets (art. L. 541-46 et s. du code de l’environnement).
C) La responsabilité internationale
Pour la première fois en 2018, la CIJ a reconnu le caractère indemnisable des dommages
environnementaux en droit international.
La reconnaissance du dommage environnemental surmonte l’obstacle de l’établissement du lien de
causalité entre la violation de l’obligation et le dommage.
Deux chefs de préjudices peuvent ainsi appeler à réparation : d’une part, l’indemnisation de « la
dégradation ou la perte de biens et services environnementaux subie pendant la période précédant la
reconstitution » et, d’autre part, l’indemnisation des frais engagés par l’État au titre de « la
restauration de l’environnement endommagé » (ibid.). En effet, en matière environnementale, la
régénération naturelle de l’environnement ne saurait suffire à permettre un retour
Focus – Arrêt CE 2020 : contentieux de l’excès de pouvoir, JA a annulé décision du gouvernement car
celui-ci a refusé de prendre mesures nécessaires pour se conformer à l’accord de Paris sur le climat. CE
a enjoint au PM de prendre toute mesure utile pour réduire émissions de CO2. Arrêt intéressant sur
l’intérêt à agir, ici commune contre gouvernement, ici conçu de manière extrêmement large.
Focus – TA Montreuil 2019 : JA reconnait faute de l’Etat car carence dans lutte contre pollution de l’air,
donc engage sa responsabilité (reconnu pour la première fois). Requérante n’a pas réussi à démontrer
lien de causalité entre cette faute et la maladie de sa fille MAIS reconnaissance de la faute de l’Etat tout
de même, par son absence d’intervention en matière de lutte contre la pollution. Ici, requérante a agit
pour son intérêt personnel.
Focus – TA Paris 2021 : carence de l’Etat, de nature à reconnaitre sa responsabilité -> JA reconnait de
manière prétorienne la notion de préjudice écologique (qui existe juste en matière civile)
147
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
FICHE 39 – LA NATIONALITE
Nationalité : lien juridique de rattachement d’un individu à un État dont l’établissement se fait aux
conditions librement, car souverainement, décidées par cet État.
CIJ 1955 Nottebohm :« la nationalité est un lien juridique ayant à sa base un fait social de rattachement
»
Droit à la nationalité : droit d’acquérir une nationalité, et de ne pas se la voir retirer de manière
arbitraire (art. 15 de la DUDH), qui ne constitue pas en tant que tel un droit positif, car il est en
contradiction avec le droit souverain de l’État : CEDH, 2016, Ramadan c. Malte.
Convention internationale de 1954 relative au statut des apatrides : les Etats n’ont pas le droit de créer
des situations d’apatridie.
Art. 18 du Code civil : tout enfant né ou adopté, par la voie plénière, par au moins un parent français
est français.
Donc un enfant né d’une GPA à l’étranger dont un parent d’intention est français sera reconnu comme
étant français si la filiation est établie (CE, 2014, Association juristes pour l’enfance).
La naissance sur le territoire français ne permet pas à elle seule, en principe, l’attribution de la
nationalité française.
Un enfant âgé de 16 ans ou plus, né en France de parents étrangers, qui réside en France et a eu sa
résidence habituelle en France pendant au moins 5 ans, peut réclamer la nationalité française en son
propre nom.
- si l’enfant est né sur le sol français de parents inconnus (art. 19 du code civil), de parents
148
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
apatrides (art. 19-1 du code civil) ou de parents dont la nationalité ne peut pas se
transmettre à l’enfant (art. 19-1 du code civil) : afin d’éviter l’apatridie, il est reconnu comme
étant français
Le jus soli n’est pas un PFRLR (DC 1993).
Limitation à Mayotte : les enfants dont au moins un des deux parents séjourne de manière régulière sur
l’île depuis plus de trois mois avant la naissance peuvent dorénavant demander la nationalité française
(article 2494 du Code civil). Cette particularité de Mayotte est justifiée par l’article 73 de la Constitution
A) Le décret de naturalisation
Toute personne âgée de 18 ans, qui réside depuis 5 ans en France est assimilée à la communauté
française peut demander à acquérir la nationalité : diplôme de langue française de niveau B1.
La notion de résidence implique d’avoir en France le centre de ses intérêts matériels (notamment
professionnels) et de ses liens familiaux.
B) La déclaration de mariage
Toute personne mariée à un ressortissant français depuis 4 ans et résidant régulièrement et de manière
ininterrompue en France pendant au moins 3 ans à compter du mariage peut réclamer la nationalité
française. (on cherche à éviter mariages blancs / gris)
Une cessation de la communauté de vie dans les 12 mois suivant l’enregistrement de la déclaration
constitue même une présomption de fraude (article 26-4 du Code civil)
Tout enfant adopté, ou recueilli au sens de l’art. 21-12 du code civil, et élevé par un ressortissant
français pendant au moins 3 ans peut réclamer la nationalité française.
A) Le défaut d’assimilation
En vertu de l’article 21-4 du Code civil, l’assimilation est une condition d’accès à la nationalité en cas de
demande de naturalisation et une cause de refus de son octroi du fait d’un mariage ; elle requiert le
149
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
La jP admet que l’accès à la nationalité française puisse être notamment refusé à une personne ayant «
une pratique radicale de sa religion, incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté
française, et notamment avec le principe d’égalité des sexes » (CE, 27 juin 2008, Mme Mabchour,), ou
encore entretenant « des liens étroits et continus, en région parisienne et à l’étranger, avec une
organisation islamiste menant une action de propagande en faveur de thèses extrémistes et prônant le
rejet des valeurs essentielles de la société française » (CE, 13 novembre 2006, Hanou) ; également le
refus de serrer la main au préfet (CE, 11 avril 2018, Mme B.)
B) La fraude
La fraude désigne les cas d’actes d’état civil falsifiés, des reconnaissances de paternité de complaisance,
des mariages blancs, voire des adoptions à des fins migratoires, qui conduisent soit au retrait du décret
de naturalisation (art. 27-2 du code civil) soit à l’annulation de l’enregistrement d’une déclaration de
nationalité.
Concernant le mariage, le législateur a même institué une présomption de fraude (article 26-4, al. 3, du
code civil).
La compétence de l’État pour définir les contours de sa communauté nationale est reconnue par le droit
international (CJUE, 2010).
Aucun droit à la nationalité en tant que tel ne découle de la Convention : CEDH 2016 Ramadan c. Malte.
Toutefois dans plusieurs affaires, la Cour estime qu’« il n’[est] pas exclu qu’un refus arbitraire d’octroyer
la nationalité puisse, dans certaines conditions, poser un problème sous l’angle de l’article 8 de la
Convention en raison de l’impact d’un tel refus sur la vie privée de l’individu » (CEDH 2017 K2 c/ RU)
150
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
Le droit de vote est le droit de tout citoyen, quel que soit son sexe (principe du suffrage universel depuis
1944 en France), de participer de manière égale à l’élection de ses représentants, à condition :
1) qu’il soit âgé de 18 ans révolus (loi du 5 juillet 1974)
2) qu’il jouisse de ses droits civiques
3) qu’il ait la nationalité d’un EM de l’UE pour participer aux élections européennes et municipales de
la commune où il a élu domicile depuis au moins 6 mois (art. L. 11 du code électoral; art. 88-3 de la
Constitution) ou la nationalité française pour toutes les autres élections (art. 3, al. 4 de la Constitution).
S’agissant des gens du voyage, le CC a déclaré contraire à la Constitution une disposition de la loi du 3
janvier 1969 leur imposant d’être rattachés pendant 3 ans à la même commune pour pouvoir voter.
De même les personnes sans domicile stable peuvent demander à être rattachées à la commune dans
laquelle l’organisme agréé qui les accueille est situé (article 15-1 du code électoral).
Par ailleurs, un régime dérogatoire s’applique en Nouvelle-Calédonie la nouvelle loi réclamant une
durée de résidence sur l’île de 10 ans.
Personnes handicapées : réforme 2019, juridiction ne peut plus se prononcer sur suppression ou non du
droit de vote (personnes sous tutelle…), donc droit de vote
NB : la privation des droits civiques peut être prononcée au titre d’une peine complémentaire mais
n’est jamais peine principale : art. 131-26 du Code pénal.
A) La réglementation nationale
Le droit de se présenter aux élections est strictement réservé aux nationaux : art. 3 al. 4 de la
Constitution.
Art. 22 TFUE : le bénéfice de l’élection dans les communes et au Parlement européen est réservé aux
ressortissants européens même s’ils se présentent dans un autre État que celui dont ils sont originaires.
(ex Cohn-Bendit élu député européen sur une liste en France alors qu’il était de nationalité allemande).
151
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
Par ailleurs, le statut d’élu est soumis à certaines conditions définies par le régime des inéligibilités et
des incompatibilités :
- inéligibilités : source d’une interdiction pour la personne détentrice d’un seul mandat de se
présenter à une élection pour exercer un deuxième mandat sur une même période. L’élection
serait annulée.
- incompatibilités : source d’une obligation de choix pour la personne détentrice de deux
mandats tenue de n’en conserver, pour n’en exercer, qu’un seul sur une même période.
Pour les scrutins se déroulant à la proportionnelle, la loi impose que les listes présentent un nombre
égal d’hommes et de femmes, avec un écart toléré égal à un. Pour les modes de scrutin majoritaire, la
loi met en place un mécanisme d’incitation financière : l’aide publique allouée aux partis politiques
diminue lorsqu’ils ne présentent pas un nombre égal d’hommes et de femmes.
Arrêt Refa Partisi CEDH 2003 : la Cour a en effet accordé un brevet de conventionnalité à propos de la
dissolution d’un parti islamiste « modéré » par la Cour constitutionnelle turque. Elle juge que la dissolution
de ce parti est justifiée au regard de son programme, qui tend à l’application de la charia, en relevant que la
charia est incompatible avec les principes fondamentaux de la démocratie.
152
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
- droit de pétition (art. 72-1, al. 1 de la Constitution) : électeurs d’une collectivité territoriale de
demander l’inscription d’une question à l’ordre du jour de l’assemblée délibérante de la
collectivité.
- référendum décisionnel local (art. 72-1, al. 2 de la Constitution) : référendum ouvert aux électeurs
d’une collectivité territoriale pour décider de la mise en œuvre ou non d’un projet concernant
une affaire locale.
- référendum d’initiative partagée (art. 11, al. 3 de la Constitution) : référendum pouvant être
convoqué à l’initiative concomitante d’1/5 des parlementaires et d’1/10 des électeurs.
- Commission Nationale du Débat Public (CNDP) : AAI qui veille au respect du droit à
l’information et à la participation du public dans l’élaboration de certaines décisions
susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement.
153
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
Le nouveau code pénal en 1994 a inversé le principe : la suspension du bénéfice des droits civiques,
désormais l’exception, ne pouvant plus que faire l’objet d’une peine complémentaire, d’une durée limitée,
prononcée par un juge : art. 131-6 du code pénal.
NB : les personnes condamnées avant 1994 restent soumises à l’ancien régime, privant à titre de
principe les détenus du bénéfice de leurs droits civiques (art. 112-1 du code pénal).
Les articles 702-1 et 703 du CPP fixent le régime du relèvement : possibilité de demander au Procureur
de la République, ou au procureur général qui saisira la juridiction compétente, de réduire la durée de la
suspension ou de mettre un terme à la suspension des droits civiques du détenu
B) La réhabilitation
Elle est la possibilité de demander le retrait de certaines informations du casier judiciaire, à la suite de et
en conformité avec une décision de rectification (art. 769 du CPP), selon quatre modalités distinctes :
- droit à l’oubli : effacement d’une peine 40 ans après qu’elle a été prononcée ;
- effacement de la privation : effacement de la privation des droits civiques 20 ans après la
libération définitive ou conditionnelle non révoquée ;
- réhabilitation judiciaire : effacement d’une condamnation qui peut être demandée 5 ans après
la libération définitive si le détenu a été condamné à un crime ou 3 ans s’il a été condamné à
une peine correctionnelle
- réhabilitation légale (ou de plein droit) : effacement d’une condamnation en cas de peine
d’emprisonnement inférieur à 10 ans : art. 133-13 : intervient après un délai de 5 ans
(emprisonnement de moins d’un an) ou 10 ans (emprisonnement de 1 à dix ans ou
condamnations multiples à l’emprisonnement de moins de cinq ans cumulées) après la
libération définitive.
A) La lourdeur de la procuration
Le détenu peut demander au JAP une permission de sortir d’une journée pour aller voter. Pour cela, il
doit avoir été condamné à une peine de prison inférieure ou égale à 5 ans ou avoir exécuté la moitié de
sa peine si celle-ci est supérieure à 5 ans (art. D. 145 du CPP; art. D. 363-1 du code pénitentiaire).
154
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
La procuration : article L. 71 du code électoral prévoit que «[t]out électeur peut, sur sa demande,
exercer son droit de vote par procuration »ce qui inclut les détenus.
Le détenu doit s’adresser au greffe de la prison pour qu’un OPJ vienne établir la procuration.
B) L’insuffisance de l’information
La faible participation des détenus aux élections s’explique aussi par la mauvaise qualité de
l’information qui leur est fournie. Or, la direction de l’administration pénitentiaire a l’obligation
d’informer les détenus de leurs droits (art. R. 361-1 du code pénitentiaire.
Toutefois, l’OIP fait état d’une information inadaptée, qui intervient la plupart du temps trop tard pour
laisser aux détenus le temps d’organiser les démarches administratives liées à la procuration.
Cour EDH 2005 Hirst c. Royaume-Uni : les détenus doivent continuer de jouir de tous les DLF garantis
par la Convention compatibles avec leur statut, notamment du droit de vote,
La Cour EDH est intervenue pour condamner les interdictions générales et automatiques des droits
civiques des détenus. MAIS les interdictions qui ne sont pas automatiques, dès lors qu’elles sont
dûment justifiées, sont regardées comme compatibles avec la CESDH.
155
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
NB : ces dispositions ne sont pas applicables aux relations entre l’administration et ses agents.
Droit de tout agent faisant l’objet d’une sanction au respect du PDG de principe du contradictoire : CE,
1944, Dame Veuve Trompier-Gravier et de demander communication de son dossier (art. 19 loi de
1983)
156
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
notamment, par le secret de défense nationale, la vie privée (notamment doit à la vie privée de
l’entreprise : CE Anticor 2022.)
Tout document produit ou reçu par l’administration est un document administratif.
Ce droit est de rang constitutionnel (CC, 2020, Unef) sur le fondement de l’article 15 de la DDHC selon
lequel « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ».
La liberté d’accès aux documents administratifs est garantie par la création d’une AAI : la CADA :L 340-1.
Elle émet un avis sur le caractère communicable du document visé qu’elle notifie à l’administration et à
l’intéressé, pouvant contester.
L’administré dispose d’un délai de 2 mois pour saisir la CADA d’une demande d’avis.
La CADA exerce par ailleurs un pouvoir de sanction en cas de réutilisation des informations publiques en
violation des prescriptions mentionnées au code des relations entre le public et l’administration.
Les AAI obéissent à une logique d’indépendance et de transparence de l’activité administrative dans
certains domaines sensibles de la vie sociale.
Certaines exercent parfois un pouvoir réglementaire (pouvoir général et impersonnel). OR,la Constitution
réserve l’exercice de ce pouvoir au Premier ministre (article 21 de la Constitution). Le CC a toutefois
admis la constitutionnalité de l’attribution d’un pouvoir réglementaire à ces autorités, qui ne se conçoit
cependant que comme un pouvoir limité dans son champ d’application et dans son contenu : DC du 17
janvier 1989).
Mais surtout, leur activité se caractérise par un pouvoir d’influence à travers les nombreux avis et
rapports qu’elles publient.
La jurisprudence administrative, en accueillant très libéralement les recours contre les actes dit de soft
law (avis, recommandations, mises en garde…), permet une justiciabilité de ce pouvoir d’influence :
CE, 21 mars 2016, Fairvesta international).
Lorsque une AAI inflige une sanction, elle se voit appliquer l’article 6 § 1 de la CEDH
Il s’agit toutefois d’autorités indépendantes. Bien que n’ayant pas la personnalité morale, elles ne
subissent la tutelle d’aucune institution étatique et sont également placées en dehors du pouvoir
hiérarchique de l’administration.
NB : le Défenseur des droits se trouve toutefois dans une situation différente. Il s’agit en effet d’une
autorité administrative dont l’indépendance trouve son fondement dans la Constitution ;
157
MODULE III – LES DROITS FONDAMENTAUX THÈME 13 : NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ
Le Médiateur européen a été institué par le Traité de Maastricht du 7 février 1992. Il est élu par le
Parlement européen pour une période de 5 ans renouvelable et siège à Strasbourg. L’actuel Médiateur
européen est une femme du nom d’Emily O’Reilly.
158
MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
Liberté de circulation : droit des citoyens de l’UE de se déplacer vers un EM autre que celui de leur
nationalité (liberté de circulation des personnes) et liberté de commercialiser des marchandises,
d’offrir des prestations de services et de créer ou de transférer une société vers un autre État membre
(liberté de circulation des marchandises, liberté de prestation de services et liberté d’établissement).
Une liberté au statut renforcé
I- Une liberté fondamentale
En droit interne :
Cette liberté jouit d’un statut constitutionnel : DC 12 juillet 1979, Ponts à péage et elle est rattachée aux
articles 2 et 4 de la DDHC. Il s’agit d’une liberté distincte de la liberté individuelle qui n’est donc plus
placée exclusivement sous la protection de l’autorité judiciaire en vertu de l’article 66 de la Constitution
(DC du 13 mars 2003, Loi pour la sécurité intérieure).
Enfin, la liberté d’aller et venir inclut le droit de quitter le territoire d’un État, en sorte que nul ne peut
être illégalement retenu contre son gré de quitter un pays. Toute personne a par ailleurs le droit
d’obtenir un passeport, sauf à rendre ineffective cette liberté de quitter un État (CE, ord., 26 avril 2005,
Said M’Lamali), sauf refus justifié en cas d’atteinte à la sécurité nationale ou la sûreté publique.
Conformément à l’article 34 de la Constitution, il appartient au législateur de régler cette liberté et, par
suite, de la concilier avec les autres droits et libertés ou impératifs de rang constitutionnels.
Toutefois, l’administration peut apporter de nombreuses restrictions à la liberté d’aller et venir dans le
cadre de son pouvoir de police administrative (CE, 1919, Labonne).
La liberté d’aller et venir est placée sous la protection du juge judiciaire et du juge administratif, la
compétence de principe revenant au JA conformément à la jp du CC (DC du 23 janvier 1987).
Cette liberté est en particulier protégée dans le cadre du contrôle des mesures de police administrative.
Le juge judiciaire a une compétence résiduelle et contrôle les atteintes à la liberté d’aller et venir
lorsqu’elles affectent la liberté individuelle au sens de l’article 66 de la Constitution.
Sous l’angle de l’intensité du contrôle juridictionnel, il s’agit d’un contrôle de proportionnalité.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
La formule « gens du voyage » est une dénomination administrative qui désigne une population
hétérogène résidant habituellement en abri mobile terrestre ou ayant un mode de vie itinérant en
France.
Atténuation du régime : l’obligation, qui existait jusqu’alors, de faire viser ces titres de circulation tous
les 3 mois par l’autorité administrative et l’obligation de rattachement ininterrompu de 3 ans dans la
même commune pour pouvoir s’inscrire sur la liste électorale, prévues par ce régime restrictif
exorbitant de droit commun, ont été jugées constituer des atteintes disproportionnées à la liberté
d’aller et venir des gens du voyage, de sorte que les dispositions légales les prévoyant ont été abrogées
(CC, 2012, M. Jean- Claude P.) et que la France a été condamnée par le Comité des droits de l’homme au
titre de la violation de l’article 12 du PIDCP (CCPR, 2014, Claure Ory c. France).
Dans sa délibération du 17 décembre 2007, la HALDE a estimé que ce dispositif « instaure manifestement
une différence de traitement à l’égard des gens du voyage au sens de l’article 14 de la Convention
européenne des droits de l’homme (CEDH) qui interdit toute discrimination dans la jouissance du droit de
chacun à circuler librement ».
L’article 195 de la loi du 27 janvier 2017 est venu abroger La loi du 3 janvier 1969
CEDH, 25 sept. 1996, Buckley c. Royaume-Uni : caravane, dans laquelle vit une famille tsigane, qui avait
acheté le terrain sur lequel était garé le véhicule, doit être regardée comme un domicile au sens de
l’article 8 de la CEDH.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
Plus encore, l’article 8 garantit aux membres d’une minorité le droit d’avoir un mode de vie
traditionnel : CEDH 2001, Chapman c. Royaume-Uni : L’article 8 de la CESDH impose ainsi aux États
parties l’« obligation positive de permettre aux Tsiganes de suivre leur mode de vie ».
La loi du 31 mai 1990 visant à la mise en oeuvre du droit au logement, reconnaît le droit au logement
des familles de voyageurs et prévoit la construction d’aires d’accueil dans toutes les communes de plus
de 5000 habitants ;
Plus encore, 3 types de mesures ont été adoptées pour garantir l’effectivité de la liberté d’aller et venir
des gens du voyage (loi « Besson » de 2000) :
- obligation d’aménagement d’aires pour les gens du voyage (art. 2) : elle garantit l’effectivité du
droit au stationnement des gens du voyage consacré en jurisprudence par l’illégalité de toute
mesure consistant à interdire « de façon permanente et absolue le stationnement et le séjour
des nomades sur tout ou partie du territoire d’un département »
- moyens de lutte contre les occupations illicites (art. 9) : seules les communes respectant leurs
obligations peuvent interdire le stationnement sauvage et faire respecter cette interdiction par
le recours à une procédure d’expulsion.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
Le droit des étrangers est un droit de police qui a essentiellement pour objet de régir l’entrée, le séjour
et l’éloignement des étrangers. Il se caractérise par l’emploi des procédés de la police administrative.
L’entrée sur le sol national est notamment subordonnée à l’octroi d’un visa. Le séjour est conditionné par
la délivrance d’un titre de séjour. L’éloignement forcé fait intervenir plusieurs procédures : l’obligation
de quitter le territoire français, l’expulsion et l’extradition.
L’entrée
L’article 77 du TFUE précise que chaque EM doit veiller à ce que les ressortissants des Etats tiers ne
puissent franchir la frontière extérieure sans remplir les conditions d’entrée, ces conditions sont
uniformisées dans le Code frontières Schengen (espace Schengen = à l’intérieur, libre circulation en
principe (sauf si menace grave pour l’OP d’un Etat, dans ce cas contrôle temporaire) mais pour y
pénétrer, conditions uniformisées dans tous les Etats le composant)
Ce maintien est effectué pour une durée de 4 jours pouvant être prorogée de 8 jours à deux reprises sur
autorisation du JLD, périodes à l’issue desquelles l’étranger non réacheminé est automatiquement
admis sur le territoire avec un visa de régularisation ou d’une durée de 26 jours si l’étranger décide de
déposer une demande d’asile.
La CRRV dispose d’un large pouvoir d’appréciation pour confirmer ou invalider la décision initiale. Le
président de la commission peut rejeter, sans réunir la commission, les recours manifestement
irrecevables ou mal fondés.
Elle peut soit rejeter le recours, soit recommander au ministre des Affaires étrangères d’accorder le visa
demandé, mais elle ne peut pas accorder elle-même le visa.
En application du code frontières Schengen, et sous réserve des exceptions qu’il prévoit, les États
doivent refuser l’entrée sur le territoire au ressortissant de pays tiers qui ne remplit pas les conditions
d’accès.
La décision de refus d’entrée doit être notifiée à l’étranger concerné, dans une langue qu’il comprend.
Il appartient à l’étranger donc l’entrée a été refusée de saisir le tribunal administratif dans le ressort
duquel se trouve le siège de l’autorité qui lui notifie le refus, d’un recours en annulation et/ou d’un
recours en référé. La juridiction administrative est seule compétente pour apprécier la légalité de la
décision administrative de refus d’entrée (Cass. 1ère civ., 5 mai 1998).
S’agissant des procédures de référé (CJA, art. L. 521-1 et L. 521-2), la condition d’urgence est
matérialisée par le refoulement de l’étranger à la frontière.
Le séjour
I- Le régime général
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
- la délivrance du titre de séjour est subordonnée à l’absence de menace pour l’ordre public
résultant du comportement personnel de l’étranger
La prise en considération de la vie privée et familiale vient limiter le pouvoir discrétionnaire du préfet :
lorsque l’étranger ne remplit pas les conditions prévues par les textes pour l’obtention du titre de
séjour, le préfet est tenu de s’assurer qu’un refus ne porterait pas une atteinte disproportionnée à son
droit au respect de sa vie privée ou familiale garanti par l’article 8 de la CEDH (CE, 10 avril 1992).
retrait : acte créateur de droits, le titre ne peut être retiré par le préfet que dans les cas légaux :
- retrait obligatoire : en cas de regroupement familial polygamique, de mesure d’expulsion ou
d’interdiction judiciaire du territoire ;
- retrait facultatif : si l’intéressé a travaillé sans y être autorisé, s’il a fait l’objet d’un
signalement
au SIS, s’il a fait venir son conjoint ou enfants en dehors de la procédure de regroupement familial ou si
sa vie commune avec son conjoint a cessé, s’il ne défère pas aux convocations ou s’il fait obstacle aux
contrôles visant à vérifier le maintien des conditions de délivrance du titre de séjour en cause.
Il peut aussi avoir lieu, lors de ou en dehors de tout contrôle d’identité, à condition
que des « éléments objectifs déduits de circonstances extérieures à la personne même de l’intéressé
sont de nature à faire apparaître sa qualité d’étranger » (art. L. 812- 2, CESEDA) de manière exclusive de
toute discrimination (CC, 1993).
La vérification de la régularité du séjour a toujours lieu dans le cadre de la retenue pour vérification du
droit au séjour (art.L. 813-1, CESEDA) permettant de retenir l’étranger jusqu’à 24 heures, à condition
d’être proportionnée à la restriction de la liberté individuelle qu’elle induit et sous le contrôle de
l’autorité judiciaire (art. 66, Constitution) et plus précisément du JLD.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
La carte de séjour temporaire (CST), d’une durée maximale d’un an, peut porter différentes mentions et
l’administration se trouve parfois en compétence liée pour la délivrer à certaines catégories d’étrangers
lorsque les conditions sont réunies.
La carte de séjour pluriannuelle – qui peut prendre quatre formes : carte de séjour pluriannuelle
générale et cartes de séjour pluriannuelles « passeport talent », « travailleur saisonnier » et « salarié
détaché ICT (intra corporate transferees) » – est délivrée à l’issue d’une première année de séjour
régulier, sous couvert d’une CST ou d’un VLS valant titre de séjour (VLS-TS), pour un maximum de quatre
ans.
B) la carte de résident
Elle est délivrée à l’étranger qui, notamment, justifie de cinq années de durée de résidence régulière en
France (art. L. 426-17) et est valable dix ans.
Elle confère à son titulaire le droit d’exercer la profession de son choix et est renouvelable de plein droit,
sauf exceptions. Il ne faut pas de polygamie / de condamnation préalable pour violences sur mineurs /
pas de menace pour l’OP.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
L’éloignement
I-Mesures d’éloignement
Certains étrangers sont par ailleurs protégés contre l’OQTF (art. L. 611-3).
Surtout, l’exécution de l’OQTF peut être assortie ou non d’une décision portant délai de départ
volontaire (DDV), qui a pour finalité de permettre à l’étranger d’organiser lui-même son départ. L’article
L. 612-1 du CESEDA prévoit que l’étranger ressortissant d’un pays tiers dispose d’un DDV de 30 jours,
qui commence à courir à compter de la notification de la décision,
L’OQTF est abrogée de plein droit lorsque l’étranger se voit accorder une protection internationale.
L’OQTF s’accompagne d’une décision portant désignation du pays de destination : L 612-12 CESEDA.
L’OQTF prise à l’encontre du ressortissant d’un pays tiers peut par ailleurs être assortie d’une décision
portant interdiction de retour sur le territoire français (IRTF) ou de circulation sur le territoire français.
L’IRTF constitue une mesure de police administrative complémentaire de l’obligation de quitter le
territoire (art. L. 612-6).
3. Le contentieux de l’OQTF
tout recours contentieux contre une décision d’OQTF est suspensif :
La procédure contentieuse varie selon les cas de figure :
- OQTF avec DDV : délai de recours entre 15 et 30 jours – réduit à 48h si suppression de la DDV
- OQTF sans DDV (art. L. 614-6, CESEDA) : délai de recours de 48 h.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
OQTF avec mesure de rétention ou d’assignation à résidence (art. L. 614-7, CESEDA) : délai de recours de
48 h pour saisir le président du tribunal administratif qui forme des conclusions et le tribunal
administratif, en formation collégiale, les examine et doit rendre son jugement dans un délai de 96 h.
B) L’expulsion
L’expulsion est la mesure de police administrative (CE, 1988, Elfenzi) enjoignant à un étranger de
quitter le territoire national et lui interdisant d’y revenir tant qu’elle n’a pas été abrogée, vise à
prévenir la menace que la présence d’un étranger sur le territoire constitue pour l’ordre public, pour la
sécurité publique ou la sûreté de l’État. La mesure d’expulsion a un caractère préventif et non
répressif.
Une décision d’expulsion peut être adoptée si ces conditions sont réunies :
1) pour un des 3 motifs d’expulsion : (dans CESEDA) : menace grave pour l’ordre public / nécessité
impérieuse pour la sûreté de l’État ou la sécurité publique / comportements de nature à porter atteinte
aux intérêts fondamentaux de l’État, ou liés à des activités à caractère terroriste, ou constituant des
actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une
personne déterminée ou un groupe de personnes
2) tout étranger peut être soumis à une mesure d’expulsion, à l’exception des étrangers protégés
procédure ordinaire :
- convocation de l’étranger pour être entendu devant la commission des expulsions, qui émet
un avis motivé et non conforme, transmis à l’autorité compétente pour prononcer l’expulsion, et
- éventuellement, prononcé de l’expulsion par le préfet ou le ministre de l’Intérieur en l’absence
d’urgence absolue.
procédure en cas d’urgence absolue : l’étranger est privé des garanties procédurales tenant à son
information préalable et à la comparution devant la commission des expulsions.
Peut faire l’objet d’un REP, qui peut être assorti d’une requête en référé-suspension ou en référé-
liberté auquel cas la condition d’urgence est présumée satisfaite à titre de principe.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
C) L’extradition
L’extradition permet à un État de demander à un autre État de lui livrer une personne qui se trouve sur
son territoire pour qu’elle soit jugée et purge la peine prononcée contre elle.
Une décision d’extradition ne peut viser que les étrangers
Le contrôle est double : formel devant la Cour de cassation (régularité de la procédure) et matériel
devant le Conseil d’État (légalité du décret d’extradition)
L’extradition n’est pas permise lorsque le pays ne respecte pas les DLF de la personne : CEDH 1989
Soering c RU.
Le mandat d’arrêt européen (décision-cadre du 13 juin 2002) permet d’éviter la procédure classique et
lourde de l’extradition entre États membres de l’UE.
B) Le contrôle de la rétention
La décision de placement ne peut être contestée que devant le JLD.
La prolongation de la rétention administrative au-delà de la période initiale de 48 heures est également
placée sous le contrôle du JLD. Il autorise la première prolongation pour une durée ne dépassant pas 28
jours (art. L. 742-3), puis à nouveau, pour un délai supplémentaire de 30 jours (L. 742-4).
Au-delà de 60 jours, le JLD peut autoriser des prolongations exceptionnelles de la rétention pour une
durée ne dépassant pas quinze jours à chaque fois.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
1. La contraception
L’accès aux contraceptifs (loi « Neuwirth » de 1967) a été étendu aux mineurs, sans autorisation des
parents (loi de 1987), qui peuvent obtenir, anonymement et gratuitement, des contraceptifs d’urgence
auprès de centres de planification ou d’éducation familiale (loi « Royal » de 2000).
Depuis la loi du 4 juillet 2001, la prescription et la délivrance aux mineures sans le consentement des
parents sont autorisées.
NB : un pharmacien ne jouit pas d’une « clause de conscience » (Crim., 1998) ni ne peut opposer sa
liberté religieuse (CEDH, 2001, Pichon c. France) pour refuser de délivrer des contraceptifs.
Depuis la loi du 4 juillet 2001, seule la stérilisation des seules personnes majeures est possible :
- si elle a « exprimé une volonté libre, motivée et délibérée en considération d’une
information claire et complète sur les conséquences » : art. L.2123-1, CSP
- si l’altération de ses facultés mentales est source de handicap et justifie son placement sous
tutelle ou curatelle, et s’il existe une contre-indication médicale absolue aux méthodes de
contraception classique ou une impossibilité avérée de les mettre en œuvre efficacement (art. L.
2123-2, CSP). Elle suppose une décision du juge des tutelles
La stérilisation sans le consentement de la personne visée constitue un délit si elle est réversible et un crime si
elle est irréversible.
Focus – La castration chimique pour les délinquants sexuels récidivistes : atteinte importante à la vie privée
(liberté sexuelle) donc il convient de vérifier (CEDH et CC l’ont fait) la proportionnalité entre la mesure et la
finalité (qui est de protéger les victimes). La castration devrait notamment être réversible.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
B) L’interruption de grossesse
La pénalisation de l’IVG est suspendue pendant une période 5 ans par la loi de 1975. La loi Pelletier de
1979 dépénalise définitivement l’IVG pratiquée dans les conditions fixées par le CSP.
Sous l’angle européen, la Cour EDH laisse aux États la liberté de reconnaître ou non un droit à
l’avortement tout en manifestant sa volonté d’assurer une pleine effectivité à ce droit dès lors qu’il
est consacré en droit interne. MAIS l’art. 8 de la CEDH « ne saurait s’analyser comme consacrant un
droit à l’avortement » : CEDH, GC, 2010, A.B.C. c. Irlande.
Son effectivité est garantie par la création du délit d’entrave à l’IVG (loi « Neiertz » de 1993) et n’est pas
remise en cause par la clause de conscience du médecin et de la sage-femme dès lors que s’il refuse de
pratiquer l’IVG, il doit « communiquer immédiatement [à l’intéressée] le nom de praticiens […]
susceptibles de réaliser cette intervention » (art. L. 2212-8, CSP).
- l’interruption médicale de grossesse (IMG) : elle peut être pratiquée, sans condition de délai,
en
cas de péril grave pour la santé de la femme ou en cas de risque que l’enfant naisse atteint d’une
affection particulièrement grave reconnue comme incurable : art. L. 2213-1, al. 1, CSP.
Toutes les orientations sexuelles (homosexualité, hétérosexualité, bisexualité) devant pouvoir être
vécues librement, les discriminations fondées sur le sexe, le genre et l’orientation sexuelle sont par
principe interdites. Liberté de vivre selon son orientation sexuelle : droit pour toute personne
d’entretenir des relations sexuelles et de choisir librement ses pratiques sexuelles (CEDH, 2005, K.A. et
A.D. c. Belgique).
A) L’intersexualité
L’intersexualité renvoie à la situation dans laquelle le sexe morphologique d’une personne est
indéterminable (hermaphrodites).
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
Une circulaire de 2011 prévoit que lorsque le sexe d’un nouveau-né est incertain, il est préférable
d’éviter la mention de « sexe indéterminé » et d’indiquer « le sexe qui apparait le plus probable ».
B) Le transsexualisme
Il renvoie à la situation dans laquelle les caractéristiques physiques du sexe sont en contradiction avec
les caractéristiques psychiques de l’individu, pouvant conduire à une opération de conversion sexuelle
dans une finalité thérapeutique. Les médecins vont alors modifier le sexe anatomique du transsexuel,
pour le mettre en conformité avec son sexe psychologique.
Pendant longtemps, le changement de la mention du sexe à l’état civil était conditionné à une
intervention chirurgicale ayant entraîné une modification du sexe anatomique. Aujourd’hui, il peut y
avoir modification du sexe à l’état civil même en l’absence de modification anatomique (art. 61-5 et art.
61-6, Code civil ; loi de 2016).
Au contraire il aurait à choisir entre la protection de son identité sexuelle et de son intégrité physique,
ce qui serait la cause d’une atteinte excessive à son droit à la vie privée (CEDH, 2020, X et Y c.
Roumanie)
Ce changement de sexe ne produit aucun effet sur les filiations établies avant la modification de l’état
civil (art. 61- 8, code civil) et ne produit d’effet sur les filiations établies après cette modification que si
elle s’est accompagnée d’une intervention chirurgicale (Civ. 1ère, 2020).
Civ. 1e, 4 mai 2017 : refus d’inscrire la mention « sexe neutre » sur l’état civil -> Cass répond en effet
que l’article 34 c° laisse législateur le soin d’encadrer l’état des personnes.c
I- La prostitution et le proxénétisme
A) La prostitution
Prostitution : pas de définition légale, mais correspond à toute relation de nature sexuelle consentie en
contrepartie d’une rémunération.
Les pouvoirs publics tolèrent ainsi la prostitution mais l’encadrent de façon à ce qu’elle soit de plus en
plus restreinte.
La France a ratifié la Convention des NU pour la prohibition des êtres humains et de l’exploitation de la
prostitution d’autrui en 1960.
L’article 611-1 du code pénal punit « le fait de solliciter, d’accepter ou d’obtenir des relations de nature
sexuelle d’une personne qui se livre à la prostitution (…) » d’une peine de contraventions de 5e classe
B) Le proxénétisme
Le proxénétisme est interdit, peu important que la prostituée y consente (forme d’esclavage moderne)
Constitue un délit le fait de profiter de la prostitution d’autrui en en tirant des bénéfices
art. 225-5, code pénal : 7 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende,
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 14 : LES LIBERTÉS DU CORPS
Pornographie : la liberté sexuelle, la liberté d’entreprendre et la liberté artistique des acteurs de films
pornographiques sont limitées au titre :
Autrui visant également les personnes adultes, ce qui a justifié la pénalisation du « revenge porn » : art.
226-2-1, code pénal ; CC, 2021, Mme Saadia K.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
La liberté de pensée peut être vue comme un synonyme de la liberté d’opinion, entendue comme la
liberté d’avoir des opinions de toute nature. Cette liberté implique logiquement de pouvoir les exprimer
sans être défavorisé ou inquiété à cause d’elles.
La liberté de conscience comprend la faculté d’adhérer ou non à des croyances.
L’État ne doit pas exercer de contrainte de conscience ou accorder des avantages déterminés à une
décision de conscience. La liberté de conscience a donc pour conséquence directe la prohibition des
morales officielles.
Un exercice garanti
I- Les modalités d’exercice
l’exprime ne s’en trouve pas défavorisée (al. 5 du Préambule de la Constitution de 1946), ni inquiétée
(art. 10 de la DDHC), à moins qu’une telle atteinte ne soit proportionnée
- principe d’égalité : égalité devant la loi entre les citoyens (art. 6 de la DDHC), à moins
que la différence de traitement soit proportionnée à un but légitime qui justifie que la situation de
l’intéressé soit distinguée de celle des autres citoyens
(ex. : interdiction du port de signes religieux ostentatoires pour tous les agents dont l’exercice des
fonctions suppose d’être en contact avec le public, auquel cas la limitation est justifiée par l’objectif
légitime de préservation de neutralité du service public au titre du principe de laïcité et est suivie de
manière cohérente et systématique, tel qu’exigé dans CJUE, 2017, G4S, Secure Solutions et Bougnaoui).
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Droit à l’instruction : droit d’accès à l’établissement d’enseignement de son choix – ou de celui de ses
parents si l’intéressé est mineur – parmi ceux existant (art. 2 du Premier Protocole additionnel à la
CEDH), dont l’effectivité est garantie par le principe de gratuité et de laïcité de l’enseignement public
(lois Ferry de 1881, 1882 et 1896) ; mais elle n’est pas une liberté absolue de sorte que :
- le droit d’accéder à l’établissement de son choix n’implique pas le droit de choisir de ne pas
recevoir une instruction, droit qui entrerait en contradiction avec le principe de l’instruction
obligatoire (loi Ferry de 1882) de 3 à 16 ans (loi de 2019 pour une école de confiance) ;
- le paiement de droits d’inscription modiques peut être exigé s’ils tiennent compte des
capacités
financières des étudiants (CC, 2019, Union nationale des étudiants) de telle sorte à garantir l’égalité
dans l’accès à l’instruction (CE, 2020, Association UNEDESEP).
- le port de signes religieux ostentatoires à l’école est interdit -> loi du 15 mars 2004 (code de
l’éducation)
Liberté des enseignants : liberté des enseignants de délivrer leurs cours et d’en choisir le contenu et les
modalités d’enseignement ; mais elle n’est pas une liberté absolue, de telle sorte que ce choix peut être
encadré par des mesures nécessaires à la poursuite d’un objectif légitime (ex. : intérêt supérieur de
l’enfant) à condition que ces mesures soient proportionnées, dont l’appréciation dépend du type
d’établissement et du public auquel l’enseignant s’adresse ;
Les enseignants du secondaire (comme du supérieur) sont soumis au principe de neutralité des agents
publics, qui découle du principe de laïcité.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Libertés des élèves : liberté des élèves de s’informer et de s’exprimer, qui n’est pas une liberté absolue
et peut donc être restreinte par des mesures dès lors qu’elles proportionnées à un but légitime.
La mise en œuvre de liberté d’enseignement
La loi dite Debré du 31 décembre 1959 a autorisé la subvention d’une partie de l’enseignement privé.
L’école publique est neutre à l’égard des différentes croyances, le personnel doit respecter une
impartialité parfaite. L’instruction civique a remplacé l’instruction religieuse sans que la loi n’entende
empêcher les élèves de recevoir l’instruction religieuse de leur choix.
La loi du 15 mars 2004 a interdit le port de tout signe religieux ostentatoire à l’école : art. 141-5-1 du
code de l’éducation.
Le Conseil d’État autorise les autorisations ponctuelles d’absence quand celles-ci sont compatibles avec
les tâches inhérentes aux études et respectent l’ordre public.
Ce refus d’accorder une dispense générale d’assiduité au nom des convictions religieuses peut être
justifié par le principe du droit à l’instruction, ce dernier semble donc devenir une obligation d’instruction
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Fondements :
- Art. 10 DDHC « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».
- Art. 18 DUDH
2. les sectes
La loi du 12 juin 2001 prévoit la dissolution des sectes en cas « d’abus frauduleux de l’état d’ignorance
ou de faiblesse » : articles 223-15-2 et s. du code pénal.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
L’État a aussi l’obligation positive de prendre les mesures propres à assurer le respect de la liberté de
religion des uns face aux atteintes excessives susceptibles d’être ou ayant été portées par d’autres dans
l’exercice de leurs droits, ce qui lui impose d’intervenir – par la voie législative, exécutive et judiciaire –
pour s’assurer un juste équilibre entre les intérêts en présence : CEDH, 2015, Karaahmed c. Bulgarie.
- principe de séparation de toute Église et de l’État depuis 1905 : il n’existe pas de religion d’État
et l’État ne subventionne aucun culte, ce qui ne veut pas pour autant dire qu’il ne peut pas
participer au financement des travaux de conservation et de restauration des édifices dont il
est propriétaire (ex. : loi de 2019 pour la conservation de la cathédrale Notre-Dame) ;
- principe de neutralité du service public : les bâtiments publics et les agents n’arborent aucun
signe religieux (CE a jugé que les accompagnants à l’école sont usager du SP donc pas obligés)
- principe d’égalité entre les croyances : liberté de choix de chaque individu de sa religion et
garantie de l’égalité devant la loi lors de son exercice suivant le principe de proportionnalité
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Le règlement intérieur peut imposer le respect du principe de neutralité si cela est nécessaire et
proportionné à la protection d’autres droits ou au bon fonctionnement de l’entreprise (loi du 8 août
2016)
Seconde affaire : la seule volonté d’un employeur de tenir compte des souhaits d’un client de
ne plus voir ses services assurés par une travailleuse portant un foulard islamique ne saurait
être considérée comme une exigence professionnelle essentielle et déterminante mais comme
une discrimination.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Fondements :
- Art. 11 DDHC
- Art. 10 CEDH
- Art. 25 PIDCP
La liberté d’expression peut se définir de manière générale comme la faculté d’exprimer librement ses
opinions, sa pensée, ses convictions de manière orale comme écrite
La liberté d’opinion est le premier aspect de la liberté d’expression. Elle permet d’avoir des opinions et
de les exprimer sans crainte d’être inquiété.
CEDH Handyside c. Royaume-Uni 1976 : la liberté d’expression constitue « l’un des fondements
essentiels ».
MAIS si une personne s’exprime en tenant des propos qui, bien plus que heurter, choquer ou inquiéter
autrui, constituent des propos haineux en contrariété avec les valeurs et principes au fondement de la
CEDH, elle commet alors un abus de droit (art. 17 et 35 de la CEDH) qui fait obstacle à ce qu’elle puisse
se prévaloir de son droit à la liberté d’expression devant la Cour EDH, qui déclare la requête irrecevable
(ex. : sur des propos négationnistes dans CEDH, 2019, Pastörs c. Allemagne)
une limite matérielle : seules les atteintes disproportionnées qui sont portées à l’exercice de la liberté
d’expression sont prohibées, de sorte que l’absence de violation pourra être constatée même si une
atteinte y est portée, dès lors qu’elle est proportionnée.
CEDH 1987, Leander c. Suède : la liberté d’expression ne permettait pas de consacrer la liberté de
rechercher des informations.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
La liberté d’expression est applicable aux relations entre personnes privées (CEDH, 2020, Tête c.
France), à propos d’une condamnation pour dénonciation calomnieuse, constitutive d’une violation de
l’article 10), mais l’État a également une obligation positive de protéger la liberté d’expression contre
les atteintes que pourraient lui porter des personnes privées (CEDH 2000, Ozgür Gundem c. Turquie)
.
I- Les modalités
Protection de la liberté d’expression : la liberté d’expression est protégée dans différentes relations :
Dans les relations entre un individu et l’État : l’État a l’obligation négative de ne pas porter une atteinte
disproportionnée à la liberté d’expression, par ses mesures exécutives (ex. : décret interdisant la tenue
d’un spectacle), législatives et judiciaires (ex. : condamnation d’une femen pour exhibitionnisme).
Art. 10 § 2 de la CEDH : la liberté d’expression ne peut être conventionnellement limitée qu’à 3 conditions
:
1) l’ingérence est prévue par la loi
2) l’ingérence vise un but légitime, à savoir notamment la défense de l’ordre public ou des droits et
libertés d’autrui
3) l’ingérence est nécessaire dans une société démocratique.
La Cour européenne juge aussi que l’article 10 § 2 ne laisse guère de place pour des restrictions à la
liberté d’expression dans le domaine du discours politique ou de questions d’intérêt général.
L’État a l’obligation positive de protéger l’exercice par une personne de sa liberté d’expression contre
les atteintes excessives qui peuvent lui être portées par une autre personne dans l’exercice de ses
droits, ce qui suppose la mise en balance des intérêts en présence et de concilier, selon la marge
nationale d’appréciation ; la liberté d’expression, avec :
- la morale : CEDH, 1992, Open Door c. Irlande sur des tracts sur l’IVG
- la liberté de religion : CEDH, 2005, I.A. c. Turquie sur un roman islamophobe
- le droit à la vie privée : CEDH, GC, 2012, Von Hannover c. Allemagne
Dans un certain nombre d’hypothèses, la liberté d’expression primera sur la vie privée : lorsque
l’information sert un événement d’actualité ; lorsque l’information révélée porte sur un débat d’intérêt
général ; lorsque l’élément révélé est anodin
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Liberté de la presse : liberté, dont la garantie concourt au respect de l’objectif de valeur constitutionnel
de pluralisme des courants d’expression : CC, 1984 et de transparence, la presse jouant le « rôle
indispensable de “chien de garde” de la démocratie : CEDH 1991 Sunday Time c Royaume-Un : 2
volets :
- liberté du destinataire de l’information : liberté de choix du support de l’information ;
- liberté de l’émetteur de l’information : liberté de diffusion (loi dite « Bichet » de 1947), qui
suppose la garantie d’un droit d’accès aux réseaux de distribution
Ainsi, ils bénéficient d’une protection du secret de leurs sources : CEDH Goodwin 1996.
A) Les modalités
D’abord, les publications ne peuvent faire l’objet d’une autorisation préalable.
Ensuite, le législateur a l’obligation de respecter les situations acquises (effet « cliquet »).
B) Les limites
Il existe une interdiction de la soumission de la publication à l’obtention d’une autorisation préalable
(CEDH, 2001, Association Ekin c. France), ce qui ne fait toutefois pas obstacle à une obligation de
déclaration préalable permettant l’identification des responsables en cas d’infraction.
Les limites actuelles à la liberté de la presse résident dans la mise en place d’une répression des « abus
» de liberté.
Les délits de presse : délits commis par voie de presse, par la parole, l’image ou l’affichage :
- diffamation [art. 30 de la loi de 1881] : toute allégation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur
ou à la considération de la personne.
Une défense peut être l’exception de vérité ou la bonne foi.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Sans exception de vérité il peut démontrer sa bonne foi : 3 critères : débat d’intérêt général + base
factuelle suffisante : objectivité suffisante + limite admissible dans la critique.
- injure (art. 29 loi de 1881) : toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui
ne renferme l'imputation d'aucun fait
- l’apologie : ici il s’agit d’accréditer l’idée que certains comportements ne sont pas véritablement
punissables
Ex : Crim 1991 : un disque publié par un parti politique, accompagné d’un commentaire : Hitler est arrivé
par le pouvoir démocratique : Crim sanctionepar apologie de crimes de guerre.
En France on a un décret-loi de 1939 qui incrimine la diffamation et injure assorti d’un élément raciste
avec la volonté d’inciter à la haine. AUJD la loi de 1881 a été amendée et permet de réprimer les
discriminations.
De tels propos ne peuvent pas être protégés par la liberté d’expression : la CEDH 2003 : fait application
de l’article 17 CESDH sur l’abus de droit.
Une saisie permet au juge de réprimer une publication d’ores et déjà effectuée en empêchant sa
diffusion par la suite. Il s’agit donc d’un mécanisme de contrôle a posteriori
En cas de délit de presse la victime peut obtenir des DI exercer un droit de réponse à la publication
litigieuse (art. 12 de la loi de 1881).
NB : la loi de 1881 est d’application exclusive (exclusion de 1240)
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Le contenu de la liberté :
Cette liberté, qui aux objectifs de pluralisme et de tolérance et qui est protégé sous deux angles :
CEDH 2022 : recherche d’un juste équilibre entre liberté éditoriale et pluralisme politique
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
La liberté artistique
Liberté artistique : liberté de créer et de diffuser des œuvres de l’esprit, quelle que soit sa forme (écrite,
orale, picturale)
I- Les fondements
- art. 10 de la CEDH
- art. 15 du PIDCP
La liberté de création artistique, ainsi que la liberté d’accès aux oeuvres culturelles, sont des libertés
fondamentales au sens du référé-liberté de L. 521-2 du CJA : CE 23 décembre 2020.
En outre, la propriété intellectuelle doit être regardée comme un droit fondamental en ce qui concerne
ses aspects patrimoniaux : la Cour EDH considère que le droit au respect des biens garanti par l’article 1
du Protocole 1 à la Convention, qui s’applique à la propriété intellectuelle (CEDH. 2007)
- le droit au respect de la vie privée de la personne dont les éléments de l’intimité et de la vie
personnelle ont été relatés dans une œuvre de l’esprit protégée par le droit d’auteur.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
II- Le cinéma
Le cinéma fait l’objet d’une police spéciale, qui repose sur un régime d’autorisation au niveau national
(art. L. 211- 1 du code du cinéma et de l’image) :
Pour pouvoir diffuser un film, il faut obtenir un visa délivré par le ministre de la culture. La décision
ministérielle est prise après avis d’une commission de classification des oeuvres cinématographiques.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
Il n’existe, à l’heure actuelle, aucun texte contraignant. Tout au plus note-t-on l’existence d’une
recommandation du Comité des ministres du Conseil de l’Europe relative à la protection des lanceurs
d’alerte adoptée en 2014. Ce faisant, il est possible de trouver dans la liberté d’expression le fondement
de « l’alerte éthique » (CEDH, 2008, Guja c. Moldova)
C’est surtout la loi Sapin 2 de 2016 qui a donné une définition du lanceur d’alerte et organisé un statut
protecteur.
- Étape 1 : information du signalement d’une alerte qui entend être donnée au supérieur
hiérarchique, direct ou indirect, à l’employeur ou à un référent désigné par lui ;
- Étape 2 : en l’absence de diligence prise dans un délai raisonnable, le signalement peut être
adressé à l’autorité judiciaire, administrative ou aux ordres professionnels ;
- Étape 3 : à défaut de traitement par les organismes mentionnés dans un délai de 3 mois, le
signalement peut être rendu public.
Dérogation possible : étape 2 et 3 directement en cas de danger grave et imminent ou en cas de risque
de dommages irréversibles
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 15 : LES LIBERTÉS DE L’ESPRIT
La protection du lanceur d’alerte est essentiellement assurée par deux dispositifs issus de la loi Sapin 2.
Protection du lanceur d’alerte : la liberté d’expression du lanceur d’alerte doit pouvoir être exercée de
manière concrète et effective, de sorte qu’il doit être protégé contre les mesures susceptibles de le
dissuader d’opérer le signalement (CEDH), ce que visent deux dispositifs légaux :
Le premier est une immunité pénale : l’article 122-9 du code pénal : le lanceur d’alerte ne peut pas être
tenu pour responsable de la violation d’un secret protégé par la loi à 2 conditions :
1) La divulgation de ce secret est nécessaire et proportionnée à la sauvegarde des
intérêts en cause
2) Elle a été réalisée dans le respect de la procédure de signalement
Le second est la protection contre les représailles éventuelles : interdiction d’écarter la candidature à un
emploi, à un stage ou à une formation et de sanctionner, licencier ou de retenir des mesures
discriminatoires à l’encontre d’un lanceur d’alerte : art. L. 1132-3-3 du code du travail
- CEDH : protège lanceur d’alerte sur fondement de l’article 10 liberté d’expression à condition qu’il soit
de bonne foi, sinon peut être attaqué en diffamation
> L’affaire Snowden (programme de surveillance de la NSA, agence de sécurité américaine) : a dénoncé
un système d’écoute en 2013 (mais il est recherché par les USA et risque 30 ans de prison…)
> L’affaire Stéphanie Gibaud (UBS, grande banque) : a dénoncé auprès de l’inspecteur du travail puis du
procureur de la république des pratiques d’évasion fiscale
> L’affaire des Panama Papers, 2016 : révélation de montages offshore par des milliers de chefs d’Etats,
de célébrités, lanceur d’alerte encore inconnu
Remarque sur loi de 2022 : met en place mesures de protection renforcée du lanceur d’alertes contre :
> les représailles : cette loi étend l’irresponsabilité des lanceurs d’alerte (ne pourra être attaqué ni
civilement ni pénalement)
> les procédures baillon : l’amende civile des procédures baillon est portée à 60 000 euros.
> défenseur des droits au cœur du nouveau dispositif : lanceurs d’alerte peuvent directement lui adresser
un signalement
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
La Cour EDH condamne les législations internes qui privent d’effectivité le droit de propriété en
pratique. Elle impose aux États l’obligation positive de protéger les biens (CEDH 2004, Oneryildiz c/
Turquie) et de prévoir des modalités procédurales adéquates (CEDH 2020 c. Moldova).
Exemple : des détenteurs d’actions de sociétés cotées atteignant un certain nombre de parts se sont
plaints car ils étaient obligés de déclarer ces actions sous peine d’être privé de droit de vote pendant 2
ans -> ont critiqué sur fondement du droit de propriété et de son caractère absolu, mais CC rappelle que
la disposition attaquée poursuit un but d’intérêt général (éviter les prises de participation occultes dans
les sociétés cotées) + limite encadrée dans le temps donc pas disproportionné
3) Mais il vérifie aussi que la limitation ne porte pas atteinte à la substance du droit de propriété :
il ne faut pas qu’elle soit d’une gravité telle qu’elle rendrait le droit de propriété ineffectif (par exemple
régime d’autorisation préalable de cession d’immeubles en Polynésie fr)
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
La privation du droit de propriété
Privatisation : transfert, de manière autoritaire et définitive, de la propriété d’un bien de son propriétaire
initial à un autre, la conséquence étant de modifier le titulaire du droit de propriété en en dépossédant le
premier propriétaire, ainsi privé de l’entièreté de son droit de disposer de son bien, en cas de :
Remarque : il existe une procédure d’urgence dans laquelle la prise de possession a lieu avant le
versement d’une indemnité -> CC a validé
Réquisition : opération par laquelle les autorités civiles ou militaires exigent d’une personne, qui serait
ultérieurement indemnisée, une prestation de service, la fourniture d’objets mobiliers ou l’abandon de
la jouissance d’un immeuble en vue d’assurer le fonctionnement des services publics ou la satisfaction
des besoins publics.
Droit de préemption :
Droit de certaines personnes d’acquérir un bien mis en vente par son propriétaire, en bénéficiant d’une
préférence à tout autre acheteur potentiel,
Le CC vérifie que la privation du droit de propriété est bien motivée par une nécessité publique ou, plus
largement, une utilité publique, et qu’elle donne lieu à une indemnisation juste et préalable.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
FICHE 54 – LA LIBERTE D’ENTREPRENDRE ET DE CONTRACTER
La liberté d’entreprendre
Liberté d’entreprendre : liberté d’accéder à une profession ou à une activité économique et liberté dans
l’exercice de cette profession ou de cette activité économique.
Fondements :
- CC, 1982, Loi de nationalisation qui la déduit de l’art. 4 de la DDHC
- liberté fondamentale au sens du référé-liberté : CE , 2001, Commune de Montreuil-Bellay) ;
La liberté contractuelle
Liberté contractuelle : liberté de choisir de contracter, du contenu du contrat, du cocontractant ;
Fondement :
- CC, 2000, Loi de financement de la sécurité sociale pour 2001 la déduit de l’art. 4 de la DDHC) ;
Liberté dont la garantie est assurée par le truchement d’autres droits et libertés, tels que la liberté
d’association (CEDH, 2006, Sorensen et Rasmussen c. Danemark) et le droit au respect des biens (CEDH,
2006, Hutten-Capska c. Pologne) ;
Liberté qui n’est pas absolue, dont l’exercice peut faire l’objet d’atteintes proportionnées, c’est-à-dire
motivée par un motif d’intérêt général, tel l’objectif de sauvegarde de l’ordre public (CC, 2012,
Association Temps de Vie), et qui n’aille pas au-delà de ce que la réalisation de l’objectif poursuivi
requiert (CC, 2013, Loi relative à la sécurisation de l’emploi).
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
Association : art.1er de la loi du 1erjuillet 1901 : convention par laquelle deux ou plusieurs personnes
mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre
que de partager des bénéfices.
- association déclarée : association dont l’existence a fait l’objet d’une déclaration en préfecture
et qui a ainsi acquis la personnalité juridique ;
Fondements :
- PFRLR (CC, 1971, Liberté d’association)
- art. 11 de la CEDH
- art. 12 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE
- art. 22 du PIDCP
La Cour EDH permet à un État de vérifier la licéité de l’action d’une association. La mesure restrictive doit
poursuivre un but légitime ( art. 3 de la loi du 1er juillet 1901)
La liberté de création
Liberté de création d’une association :
L’effectivité de la liberté de constitution d’une association suppose que :
- la création d’une association ne soit pas soumise à autorisation ou déclaration préalable (art. 2
de la loi du 1er juillet 1901) ;
- l’exercice par l’association des actions ressortant de son objet associatif puisse être librement
mené pour réaliser le but associatif, y compris les actions devant les juridictions et consistant à
obtenir des financements (CC, 1984, Loi modifiant la loi du 29 juillet 1982 sur la
communication audiovisuelle) ;
Des restrictions peuvent y être portées si elles sont proportionnées ; ex. : en droit français, la liberté
d’association est restreinte par l’obligation de déclaration simple, de laquelle dépend l’acquisition de la
personnalité juridique (art. 5 de la loi du 1er juillet 1901).
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
L’État a l’obligation négative de ne pas porter d’atteinte disproportionnée en encadrant ou restreignant
l’exercice de la liberté d’association (ex. dissolution) : l’atteinte doit être légale – ce qui implique de
vérifier la licéité de l’action de l’association (CEDH, 1998, Sidiropoulos c. Grèce) –, poursuive un but
légitime (art. 11 § 2 de la CEDH) et soit proportionnée (CEDH, 1998, Parti communiste unifié de Turquie
c. Turquie), c’est-à-dire qu’il n’existe pas de mesure alternative qui eût été moins attentatoire (CEDH,
2013, Vona c. Hongrie) ;
Une dissolution administrative peut être ordonnée dans les conditions prévues par la loi du 10 janvier
1936 : elle intervient alors par décret du PLR en conseil des ministres, dans le cas où les associations :
- provoqueraient à des manifestations armées dans la rue
- auraient pour but de porter atteinte à l’intégrité du territoire national ou d’attenter par la force
à la forme républicaine du Gouvernement
- auraient pour but soit de rassembler des individus ayant fait l’objet de condamnation du chef de
collaboration avec l’ennemi, soit d’exalter cette collaboration ;
- provoqueraient à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un
groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-
appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, soit propageraient
des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette
violence
- se livreraient, sur le territoire français ou à partir de ce territoire, à des agissements en vue de
provoquer des actes de terrorisme en France ou à l’étranger.
Le Conseil d’État entend exercer un contrôle étroit sur les décisions de dissolution d’association
La Cour EDH juge que la dissolution d’une association en raison de son idéologie raciste et xénophobe, ,
n’emporte pas violation de l’article 11 de la Convention (CEDH,2013,Vona c. Hongrie)
La liberté d’adhésion
Liberté d’adhésion à une association : liberté d’adhérer, de refuser de s’affilier et de se retirer d’une
association (CEDH, 1993, Sigurjonsson c. Islande), à laquelle des restrictions proportionnées à la
poursuite d’un but légitime peuvent être portées.
Toute personne a le droit d’adhérer à une association et de demeurer au sein de cette association. Si
une personne remplit les conditions statutaires objectives, un refus ne peut lui être opposé, ni une
exclusion prononcée
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
Fondements :
- CC, 1995, Loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité qui la déduit de l’art. 11
de la DDHC (relatif à la liberté de communication des pensées et des opinions)
- art. 11 de la CEDH
- art. 12 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE
- art. 21 du PIDCP
- constitue une liberté fondamentale au sens du référé-liberté (CE, 2007, Ville de Lyon) ;
Liberté dont l’effectivité suppose le respect par l’État de son obligation négative de ne pas en entraver
l’exercice de manière disproportionnée et de son obligation positive de prendre les mesures propres à
en assurer l’exercice libre en cas d’atteinte excessive y étant ou risquant d’y être portée par des
personnes privées (CEDH, 1988).
De façon classique, les restrictions doivent être prévues par la loi (le terme loi peut aussi s’entendre d’une
disposition réglementaire régulièrement publiée) et ne sont licites que si elles sont justifiées par un
intérêt légitime et leurs modalités proportionnées au but à atteindre
Régime de la liberté de réunion : seules les réunions pacifiques sont protégées :
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
Restrictions sur le déroulement d’une réunion : les réunions ne peuvent pas avoir lieu sur la voie
publique (art. 1er de la loi de 30 juin 1881), ce qui est justifié par la prévention des risques de trouble
à la circulation.
La liberté de manifestation
Manifestation : rassemblement de personnes qui utilisent la voie publique dans le but d’exprimer une
volonté collective consistant en l’affirmation publique d’une opinion, de convictions ou de revendications.
I- Une liberté protégée
Fondements :
- CC, 1995, Loi d’orientation et de programmation relative à la sécurité qui la déduit de l’art. 11
de la DDHC : droit d’expression collective des idées et opinion (modalité de la liberté
d’expression)
- art. 11 de la CEDH
- art. 12 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE)
- art. 21 du PIDCP
- est une liberté fondamentale au sens du référé-liberté (CE, 2007, Solidarité des français) ;
Liberté dont l’effectivité suppose le respect par l’État de son obligation négative de ne pas en entraver
l’exercice de manière disproportionnée et de son obligation positive de prendre les mesures propres à
assurer la sécurité des participants (CEDH, GC, 2012, Austin c. Royaume-Uni) pour éviter qu’il ne soit
dissuadés de participer à la manifestation.
La manifestation se distingue de l’attroupement. L’attroupement est défini par le code pénal comme «
[t]out rassemblement de personnes sur la voie publique ou dans un lieu public susceptible de troubler
l’ordre public » (article 431-1). Il suppose un élément intentionnel (la volonté de troubler) qui n’est pas
constitué par le simple fait que la manifestation a été interdite ou par le fait qu’elle gêne la circulation. La
manifestation se distingue aussi de la grève.
Le décret-loi du 23 octobre 1935, disposait que « [t]ous cortèges, défilés et rassemblements de personnes
et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique », sauf les sorties conformes aux
usages locaux, sont soumis à une obligation déclarative (L 211-2 CSI)
Les dispositions ont été reprises au code de la sécurité intérieure (articles L. 211-1 à L. 211-4 ; articles L.
211-12 à L. 211-14).
Régime de la liberté de manifestation : seules les manifestations pacifiques sont protégées.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
A) Les mesures préventives
- la tenue d’une manifestation est soumise à une obligation déclarative (art. 211-1 du code de
la sécurité intérieure) ;
- si la manifestation est de nature à troubler l’ordre public, l’autorité administrative peut
l’interdire par arrêté notifié aux signataires de la déclaration, à condition que cette d’interdiction soit
proportionnée, c’est-à-dire qu’il n'existe pas de moyen moins contraignant que l’interdiction pour
garantir l’ordre public (CE, 1997, Association « Communauté tibétaine en France »).
l’article R. 645-14 du code pénal punit d’une amende contraventionnelle de 5ème classe le fait pour une
personne, au sein ou aux abords immédiats d’une manifestation sur la voie publique, de dissimuler son
visage afin de ne pas être identifiée dans des circonstances faisant craindre des atteintes à l’ordre
public.
EXCEPTION : manifestations conformes aux usages locaux ou lorsque la dissimulation est justifiée par un
motif légitime (ex : motif médical, prescription réglementaire de port du casque pour les utilisateurs de deux-
roues motorisés, etc.).
Enfin, l’organisation d’une manifestation n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration préalable, ayant été
interdite ou résultant d’une déclaration inexacte de nature à tromper les autorités est sanctionnée de 6 mois
d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende (article 431-9 du code pénal).
En revanche, participer à une manifestation non déclarée n’est pas constitutif d’une infraction (Crim.,2022).
En cas de trouble à l’ordre public, le code pénal prévoit la possibilité pour les forces de police de dissiper un
attroupement après deux sommations de se disperser demeurées sans effet adressées par l’autorité
compétente.
Depuis la loi de 1983, l’État « est civilement responsable » (sans faute) des dégâts et dommages
corporels et matériels résultant des attroupements, la responsabilité étant engagée même si
l’attroupement n’a pas un caractère contestataire (CE, Sect., 13 décembre 2002)
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
Liberté dont l’effectivité suppose que le syndicat, une fois créé, puisse agir pour assurer la défense des
intérêts professionnels pour laquelle il a été créé, ce qui suppose :
- la possibilité d’agir en justice : un syndicat peut intenter une action personnelle en vertu de la
personnalité juridique dont il jouit (art. L. 2132-3 du code du travail), une action dans l’intérêt
de la profession (art. L. 2132-3 du code du travail) et une action en substitution de la
personne sujette à un licenciement pour motif économique sans avoir à justifier d’un mandat
(art. L. 1235-8 du code du travail)
- la possibilité de mener des négociations collectives avec l’employeur (CEDH, 2008, Demir et
Baykara c. Turquie), mais elle n’est pas un droit absolu et le droit français en conditionne
l’exercice à un critère de représentativité du syndicat ;
- la faculté d’organiser et de conduire la grève, mais elle n’est pas un droit absolu et son
exercice peut être restreint à condition que la restriction soit proportionnée à un but légitime,
ce qui suppose que les restrictions au droit de grève définissent « aussi clairement et
étroitement que possible les catégories » de personnes affectées par elles (CEDH, 2009, Enerji
Yapi-Yol Sen c. Turquie) ;
- la possibilité de développer des activités au sein de l’entreprise : droit pour les membres d’un
syndicat d’exprimer devant l’employeur leurs revendications au sein de leur entreprise
(CEDH, GC, 2011, Palomo Sánchez c. Espagne).
conditions de forme : pour acquérir la personnalité juridique, les statuts du syndicat doivent être
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
déposés, avec la liste nominative des dirigeants, auprès de la mairie.
Régime de la liberté d’adhérer à un syndicat :
liberté positive d’adhérer :
- liberté d’adhérer – de devenir et de rester membre – au syndicat professionnel de son choix,
déclinaison particulière de la liberté contractuelle qui postule la liberté de choix de son cocontractant
qui est applicable au contrat syndical ;
- l’effectivité de cette liberté suppose que l’adhésion à un syndicat ne puisse pas être la cause
d’un refus d’embauche (CEDH, 2002, Wilson c. Royaume-Uni) ou d’une mesure disciplinaire (art. L.
1132-1 du code du travail), sans quoi le salarié pourrait être dissuadé d’exercer sa liberté syndicale et ce
dont il découle le droit de cacher à son employeur son appartenance syndicale (Soc., 8 juillet 2009).
- l’effectivité de cette liberté suppose que soit prohibée toute menace ou contrainte exercée
en vue d’inciter le travailleur à se syndiquer, à l’instar des clauses qui imposent à un
employeur de n’engager que des salariés déjà syndiqués ou qui s’engagent à le devenir (CEDH,
1981, Young, James et Webster c. Royaume-Uni).
Le droit de grève
Droit de grève : liberté de cesser le travail exercé, de manière collective et concertée, en vue d’appuyer
des revendications professionnelles.
Liberté de chaque travailleur de choisir ou non de prendre part à la grève organisée, qui sont des
déclinaisons particulières de la liberté de réunion et de manifestation (CEDH, 2010, Trofimchuk c.
Ukraine) et de la liberté syndicale (CEDH, 2009, Enerji Yapi-Yol Sen c. Turquie) ;
Fondements :
- CC, 1979, Loi modifiant les dispositions de la loi « grève à la radio-télévision » l’élève au rang
de principe de valeur constitutionnelle
- CEDH, 2010, Trofimchuk c. Ukraine qui la déduit de l’art. 11 de la CEDH
- liberté fondamentale au sens du référé-liberté (CE, 2003, Mme Aguillon et autres).
Liberté qui n’est pas absolue et peut ainsi faire l’objet de restrictions proportionnées à la poursuite d’un
motif d’intérêt général (CC, 1980, Loi sur la protection et le contrôle des matières nucléaires), ce qui
peut supposer d’interdire l’exercice de leur droit de grève aux agents dont la présence est
indispensable pour assurer le fonctionnement des éléments du service dont l’interruption porterait
atteinte aux besoins essentiels du pays (CC, 1979, Loi modifiant les dispositions de la loi « grève à la
radio-télévision).
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
- en cas d’infractions commises par les grévistes : le délit d’atteinte à la liberté du travail est
une
faute lourde permettant de licencier le gréviste ; les séquestrations, les situations d’occupation et les
piquets de grève (empêcher les autres d’accéder à l’entreprise) peuvent justifier l’expulsion des grévistes ; la
responsabilité pénale et civile des grévistes peut être engagée.
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MODULE IV – LES LIBERTÉS FONDAMENTALES THÈME 16 : LES LIBERTÉS ÉCONOMIQUES
ET SOCIALES
TABLEAU DE REFLEXION
Sur le fardeau insupportable et excessif : est discuté en ce moment car recours devant CEDH concernant
femmes et enfants français de djihadistes actuellement détenus en Syrie par les forces kurdes.
DONC on voit que ce n’est pas pcq atteinte au droit qu’il a été méconnu. La réflexion va plus loin que ça.
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