Chap III Principes Budgã©taires
Chap III Principes Budgã©taires
Chap III Principes Budgã©taires
L’autorisation budgétaire résulte du budget, cette autorisation est fondée sur une série de principes
qui traduisent la volonté de contrôle des dépenses par le conseil. Ainsi, les collectivités territoriales
sont soumises à de nombreuses règles destinées à encadrer leurs actes d'ordre financier. Dans
l’élaboration et le vote du budget, les collectivités territoriales doivent respecter un certain nombre
de principes. Il s’agit du principe de l’annualité (Section I), du principe de l’unité (Section II), du
principe de l’universalité (Section III), du principe de la spécialité (Section IV) et des principes de
l’équilibre et de la sincérité (Section V).
Ce principe signifie que l’autorisation des recettes et des dépenses n’est valable que pour une
année. Toutefois, les textes juridiques admettent des dérogations à cette règle.
I. Enoncé
Une gestion optimale et rigoureuse des finances publiques nécessite de définir le point de départ de
l’année budgétai. De ce fait, le budget de la collectivité territoriale est établi et voté pour un exercice
financier de 12 mois. L’exercice budgétaire commence le 1er janvier et s’achève le 31 décembre22.
Le principe de l’annualité comporte deux conséquences:
20
Art. 16 du décret précité.
21
Art. 17 du décret précité.
22
Articles 153, 166 et 145 respectivement de la loi organique n° 111-14 relative à la communes,
de la loi organique n° 113- 14 relative aux régions et de loi n° 112- 14 relative aux préfectures et
provinces.
- le budget est votée annuellement: le budget doit être soumis à l'approbation du conseil
de la collectivité territoriale et sanctionné par un vote del'assemblée délibérante;
- l’antériorité de l’autorisation budgétaire: le pouvoir délibérant accorde son autorisation
budgétaire avant le commencement de l’exécution et qui n'est valable que pour un an.
Néanmoins, pour éviter des discontinuités dans le fonctionnement des collectivités territoriales, les
lois prévoient des aménagements.
II. Dérogations au principe
La vie financière des organismes publics est continue et la règle de l’annualité présente un caractère
artificiel. Cela conduit pratiquement à assouplir cette règle pour faciliter la gestion. Cet
assouplissement se manifeste par des autorisations dépassant le cadre d’une année :
- Les autorisations de programme : Elles permettent aux ordonnateurs d’engager des
dépenses d’investissement sur plusieurs années. Ces dépenses sont couvertes par des crédits
votés chaque année.
Des aménagements sont possibles également conformément aux lois organiques relatives aux
collectivités territoriales. Ainsi, l'équilibre des budgets des années ultérieures peut être lié à des
engagements inclus dans les conventions, les garanties accordées, la gestion de la dette de la
collectivité territoriale, les crédits d’engagement et les autorisations de programmes entrainant des
charges financières pour la collectivité territoriale.
- La possibilité de report des crédits : Tout d’abord, les crédits de fonctionnement ouverts au
titre d'un budget et non engagés à la clôture de l'exercice budgétaire tombent en annulation.
Ensuite, les crédits de fonctionnement engagés et qui n'ont pas donné lieu à paiement à la
clôture de l'exercice peuvent être reportés sur l'année suivante. Les lois précisent que les
crédits de paiement concernant les dépenses d'équipement de la deuxième partie du budget
sont reportés sur le budget de l'année suivante.
SECTION II- LE PRINCIPE DE L’UNITE BUDGETAIRE
Le principe de l'unité a pour objet principal de permettre d'assurer un meilleur contrôle des élus sur
le budget et permettre aux élus de prendre connaissance de la structure globale du budget.
Cependant, pour des raisons diverses, l'application de ce principe (I) est accompagnée de
dérogations (II).
I. Le principe
Le principe de l'unité oblige à faire apparaître l’ensemble des recettes et des dépenses du budget
dans un document unique. De cette manière, le conseil délibérant peut discuter et voter le budget en
connaissance de l’ensemble des opérations financières.
Toutefois, cette acception de l’unité budgétaire n’est plus de mise en raison des aménagements et
même des exceptions sous forme de budgets autonomes d’entités émanant de la collectivité
territoriale.
II. L’assouplissement
Le budget de la collectivité territoriale peut se présenter sous forme de plusieurs documents
distincts. Outre le budget principal, la loi prévoit les budgets annexes et les comptes spéciaux.
II.1. Les budgets annexes1
En vertu des lois organiques relatives aux collectivités territoriales, les budgets annexes sont créés
par l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur. Ils ont pour objet de décrire des opérations
financières de certains services qui n'ont pas la personnalité morale et dont l'activité tend,
essentiellement, à produire des biens ou à rendre des services donnant lieu à rémunération.
1
Articles 169,161et 182 respectivement des lois n° 111-14, 112-14 et 113-14.
2
Les budgets annexes sont structurés en deux parties : une première partie qui comprend les recettes
et les dépenses de fonctionnement ; et une deuxième partie comportant les dépenses d'équipement
et les ressources affectées à ces dépenses. Les deux parties sont, obligatoirement, présentés en
équilibre.
La préparation, l’approbation, l’exécution et le contrôle des budgets annexes est effectué dans les
mêmes conditions que celles prévues pour le budget.
II.2. Les comptes spéciaux24
La création des comptes spéciaux relève de l’autorité gouvernementale chargée de l’intérieur, qui
intervient par arrêté sur la base d’un programme d’emploi établi par l’ordonnateur en exécution des
délibérations du conseil.
La création des comptes spéciaux est destinée soit à encadrer des opérations qui ne peuvent être
commodément incluses dans le cadre du budget, soit à décrire des opérations en conservant leur
spécificité et en assurant leur continuité d'une année budgétaire sur l'autre ou pour garder trace,
sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui se poursuivent pendant plusd'une année.
Les lois organiques relatives aux collectivités territoriales prévoient deux catégories de comptes
spéciaux comprennent les comptes d'affectation spéciale et les comptes de dépenses sur dotations.
Section III- Le principe de l’universalité budgétaire
L'objectif du principe de l'universalité, comme c'est le cas pour l'ensemble des autres principes
budgétaires, est de faciliter le contrôle du pouvoir délibérant sur le pouvoir exécutif, et il complète
plus particulièrement le principe de l'unité budgétaire.
En effet, le principe de l'universalité budgétaire constitue le corollaire du principe de l'unité, car il
oblige les autorités budgétaires, non seulement à présenter la totalité des prévisions de recettes et de
dépenses dans un document unique, mais à effectuer cette présentation en respectant deux règles
précises (I) qui connaissent certains assouplissements (II).
I. La règle de non-affectation
La règle de non affectation interdit qu’une recette particulière soit affectée à une dépense
particulière. Cette règle est évoquée par les lois organiques relatives aux collectivités territoriales
qui précisent qu'il ne peut y avoir affectation d'une recette à une dépense, parmi celles qui
concourent à former le total de la première partie du budget et des budgets annexes.
3
La règle de la spécialité budgétaire concerne, d’une manière générale, la présentation, mais surtout
l'exécution des dépenses publiques. Les autorisations relatives aux dépenses sont spécialisées, c’est-
à-dire que les crédits ne peuvent être utilisés que pour une catégorie précise de dépenses. Les
crédits ouverts par la loi de finances sont affectés à une dépense déterminée. En vertu des
dispositions de la loi organique relative à la loi de finances « les dépenses du budget général sont
présentées, à l’intérieur des titres, par chapitres, subdivisés en programmes, régions et projets ou
actions »25. L'autorisation d'un crédit ne porte pas seulement sur un montant mais également sur un
objet. Il n'est pas possible d'utiliser des crédits ou un surplus de crédits pour un objet différent.
Cependant, des assouplissements ont été apportés. Il est parfois possible au pouvoir réglementaire
de virer (changer d'objet) ou de transférer des crédits (changer de destinataire).
25
Article 38 de la loi organique relative à la loi de finances, BO. Du 18-6-2015.
4
SECTION V- Les principes d'équilibre et de sincérité budgétaire
Les lois posaient pour les budgets des collectivités territoriales une obligation d'équilibre.
Cette obligation s'est précisée avec les lois organiques relatives aux collectivités territoriales
de 2015 aux termes desquelles le budget doit être en équilibre réel. Cet équilibre étant
apprécié en partie de fonctionnement comme en partie d'équipement (I). Aussi, les
informations budgétaires adressées aux membres de l'assemblée délibérante doivent
respecter le principe de sincérité. Ce principe suppose que l’ensemble des produits et des
charges inscrites au budget soit évalué de façon sincère (II). Toutefois, son application au
Maroc soulève, encore, des problèmes en raison de son introduction récente.
I. Le principe de l'équilibre
Le principe de l'équilibre est envisagé au niveau de l'Etat dans un objectif d'efficacité des
finances publiques. Il est possible alors de tolérer un déséquilibre dans l'objectif de réaliser
un équilibre économique et financier. Cependant, les collectivités territoriales sont soumises
à une obligation d'équilibre rigoureux.
- le recours à l'emprunt.
I.2. L'application du principe de l'équilibre aux collectivités territoriales
Si le principe d’équilibre budgétaire n’a pas au niveau national un caractère véritablement
contraignant, la loi impose aux collectivités territoriales d’adopter des budgets en équilibre :
l’ensemble des dépenses inscrites doit être couvert par des recettes prévisibles.
Très concrètement et tel qu'il est défini par les lois organiques relatives aux collectivités
territoriales26, le budget doit être équilibré dans chacune de ses parties. Lorsqu’un
excédent prévisionnel est dégagé de la première partie, il est affecté, obligatoirement, à la
deuxième partie du budget. Les recettes de la deuxième partie ne peuvent avoir pour
contrepartie des dépenses de la première partie.
II. Le principe de sincérité
5
En finances publiques, la notion de sincérité se traduit par un principe consacré par la loi
organique relative aux lois de finances (LOLF) du 2 juin2015. Son article 10
« Les lois de finances présentent de façon sincère l’ensemble des ressources et des charges
de l’Etat. La sincérité des ressources et des charges s’apprécie compte tenu des informations
disponibles au moment de leur établissement et des prévisions qui peuvent en découler ».
Bien que le principe de sincérité budgétaire soit nécessaire, certains juristes le considèrent
cependant comme étant difficile à appliquer. De ce fait, il en ressort, alors, une contradiction
entre la théorie du principe de sincérité, et sa mise en application.
Au niveau des collectivités territoriales les lois organiques en la matière précisent que le
budget doit présenter une image sincère de l’ensemble de leurs recettes et de leurs charges.
L’évaluation de la sincérité des recettes et des charges se fait selon les données disponibles
au moment de la préparation du budget et les prévisions qui en résulteraient.
26
Art. 164, 146 et 154 respectivement des lois n°111-14, 112-14 et113-14.