Le Droit Budgetaire Malien Detaille

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 6

LE DROIT BUDGETAIRE MALIEN DETAILLE

INTRODUCTION GENERALE
Les lois de finances sont des lois qui déterminent pour un exercice (une année civile), la
nature, le montant et l’affection des ressources et des charges de l’Etat, ainsi que de
l’équilibre budgétaire et financier qui en résulte, compte tenu de la situation économique du
pays, des objectifs macro-économiques définis par le gouvernement, et des obligations du
pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l’UEMOA (art.2 de la loi
2013-028 du 11 juillet 2013 modifiée, relative aux lois de finances). Autrement dit, ces lois
relèvent de la catégorie des lois ordinaires, c’est- à- dire un acte législatif par lequel, le
parlement vote le budget de l’Etat.
En effet, le budget se conçoit comme un acte prévisionnel annuel du gouvernement adopté
sous la forme de loi de finances par le parlement, aux termes duquel sont prévues et autorisées
les recettes et les dépenses de l’Etat pour une période annuelle.
Les ressources de l’Etat comprennent les recettes et les dépenses budgétaires, ainsi que les
ressources et les charges de trésorerie.

Les recettes et les dépenses budgétaires


Les recettes budgétaires de l’Etat comprennent les produits d’impôts, de taxes, de droits, les dons et
les autres produits autorisés par les lois et règlements en vigueur ou résultant de décisions de justice ou
de conventions.
Les dépenses budgétaires de l’État comprennent les dépenses ordinaires et les dépenses en capital.
Les dépenses ordinaires sont constituées des :
- dépenses de personnel;
- charges financières de la dette;
- dépenses d’acquisitions de biens et services;
- dépenses de transfert courant;
- dépenses en atténuation de recettes.
Les dépenses en capital comprennent les dépenses d’investissements exécutés par l’État et les
dépenses de transferts en capital.

1.1.1. Les ressources et les charges de trésorerie


Les ressources de trésorerie de l’État comprennent (article 26 de la loi N°2013-028 du 11 juillet 2013,
modifiée, relative aux lois de finances):
- les produits provenant de la cession des actifs;
- les produits des emprunts à court, moyen et long termes;
- les dépôts sur les comptes des correspondants;
- les remboursements de prêts et avances.
Ces ressources de trésorerie sont évaluées et, s’agissant des emprunts à moyen et à long termes,
autorisées par une loi de finances.

Les charges de trésorerie de l’État comprennent :


- le remboursement des produits des emprunts à court, moyen et long termes;
- les retraits sur les comptes des correspondants;
- les prêts et avances.

Ces charges de trésorerie sont évaluées par une loi de finances.

Par ailleurs, les opérations d’exécution du budget reposent sur l’observation des principes du droit
budgétaire qui sont :
- principe de l’annualité budgétaire;
- principe de l’universalité budgétaire;
- principe de l’unité budgétaire;
- principe de la spécialité budgétaire;
- principe de la sincérité budgétaire;
- principe de l’équilibre budgétaire et financier.

Ces principes budgétaires peuvent être regroupés en deux catégories : (i) les principes relatifs à la
présentation de la loi de finances et (ii) les principes relatifs à la périodicité et au contenu de la loi de
finances.
Les principes relatifs à la présentation de la loi de finances concernent les principes de l’unité, de
l’universalité et de spécialité.
Les principes relatifs à la périodicité et au contenu de la loi de finances comprennent les principes de
l’annualité, d’équilibre et de sincérité.

Les principes relatifs à la présentation de la loi de finances

Principe de l’unité Budgétaire


.L’affirmation du principe
Le principe d’unité recouvre deux règles comme évoqué dans le 4èmevolet du Code de transparence:
 la règle de l’exhaustivité « le produit de toutes les sources de recettes, y compris celles
liées aux activités de mise en valeur des ressources naturelles et à l’assistance extérieure,
apparaît de façon détaillée dans la présentation du budget »;
 la règle de l’unité « les dépenses de fonctionnement et d’investissement sont réunies dans
un même budget ».
Aussi les articles 44 et 45 de la loi N° 2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de
finances stipulent que l’ensemble des dépenses et des recettes budgétaires doit être présenté dans un
document unique.
Le principe d’unité signifie que tout à la fois l’ensemble des charges et des ressources de l’Etat
présentées de façon homogène doit matériellement figurer dans un document unique.
En pratique, toutefois la masse même du document budgétaire nécessitera une présentation en
plusieurs annexes sans que l’on considère qu’il y ait là atteinte au principe dans la mesure où ces
annexes sont présentées et discutées dans le même débat budgétaire.
Le terme de loi de finances regroupe ainsi le document législatif qui autorise et prévoit la perception
des ressources et l’exécution des dépenses (texte de la loi de finances) mais également des annexes
explicatives nécessaires pour détailler le budget de l’Etat auprès des parlementaires.

Le principe d’unité recouvre deux règles :


- la règle de l’unité, qui exige que le budget de l’État soit retracé dans un document unique (la
loi de finances). Il s’agit ainsi d’assurer aux parlementaires une bonne lisibilité du budget, et
donc, un contrôle effectif sur les finances de l’État;
- la règle de l’exhaustivité, selon laquelle la loi de finances doit prévoir et autoriser l’ensemble
des recettes et des charges de l’État.
Les dérogations au principe

Les dérogations au principe sont :


 budgets autonomes;
 budgets annexes;
 comptes et fonds spéciaux du Trésor.

Principe de l’universalité budgétaire


L’affirmation du principe
L’article 31 de la loi N° 2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, portant loi de finances dispose qu’il
est fait recette du montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses.
L’ensemble des recettes assurant l’exécution de l’ensemble des dépenses, toutes les dépenses et toutes
les recettes sont imputées au budget général.
Le principe d’universalité signifie que l’ensemble des recettes du budget couvre l’ensemble des
dépenses. En d’autres termes, les recettes du budget représentent une masse commune qui sert à
financer indistinctement toutes les dépenses.
Ce principe implique deux règles budgétaires importantes :
- la règle de non-affectation, qui interdit l’affectation d’une recette à une dépense déterminée.
Elle implique de verser toutes les recettes dans une caisse unique où l’origine des fonds est
indéterminée. Elle permet à l’autorité budgétaire de conserver son pouvoir de décision et de
gérer les fonds publics en respectant les notions de solidarité et d’unité nationales;
- la règle de non-compensation ou de non contraction, qui interdit la compensation des
dépenses et des recettes. Ainsi, il n’est pas possible de soustraire certaines dépenses de
certaines recettes et de soustraire des recettes de certaines dépenses pour ne présenter que le
solde des opérations ainsi "compensées".
Les dérogations au principe
L’article 32 de la même loi de finances organise une partie des dérogations au principe d’universalité
budgétaire (les fonds de concours et la procédure de rétablissement de crédits).
S’agissant de la non-affectation, les dérogations prennent la forme des budgets annexes et des comptes
spéciaux qui retracent des dépenses bénéficiant d’une affectation particulière de recettes.
En plus, il y a deux (2) types de procédures particulières constituant aussi des atteintes au principe:
- les fonds de concours constitués par : (i) des contributions volontaires versées par des
personnes morales ou physiques pour concourir avec ceux de l’Etat à des dépenses d’intérêt
public; (ii) des legs et des donations attribués à l’Etat. L’emploi des fonds de concours doit
être conforme à l’intention de la partie versante ou du donateur;
- la procédure de rétablissement de crédits correspond à la reconstitution budgétaire de
crédits consommés : annulation d’une dépense déjà effectuée. La recette du remboursement
n’est pas versée au budget général sans affectation mais revient directement au service à
l’origine de la dépense.

Principe de la spécialité budgétaire


L’affirmation du principe
Plusieurs articles de la loi N° 2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de finances
affirment ce principe : les articles 7, 10, 11 et 15.
Le décret portant nomenclature budgétaire de l’Etat précise le principe de la classification des recettes
et des dépenses du budget de l’Etat.
Les opérations budgétaires sont classées :
 en recettes, selon leur nature, selon l’assiette de l’impôt et éventuellement selon leur
source;
 en dépenses, selon les classifications administratives, par programme, fonctionnelle et
économique.
Elles peuvent également faire l’objet de classifications additionnelles.
Conformément au principe de spécialité, chaque crédit doit avoir une destination déterminée et être
affecté à un but spécifique et cela, afin d’éviter toute confusion entre les différents crédits que ce soit
au moment de l’autorisation ou au moment de l’exécution.

les dérogations au principe :


- les transferts et les virements de crédits;
- la fongibilité des crédits budgétaires;
- les crédits globaux pour dépenses accidentelles et imprévisibles.

Les principes relatifs à la périodicité et au contenu de la loi de finances

Principe de l’annualité budgétaire :


l’affirmation du principe
L’article 6 de la loi N° 2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de finances rappelle le
caractère annuel de la loi de finances.
Le principe de l’annualité budgétaire signifie que:
- la loi de finances doit être déposée chaque année devant le Parlement, qui doit être adopté
avant le début de l’année à laquelle il se rapporte pour éviter le recours au système des
douzièmes provisoires;
- elle n’ouvre de droits qu’au titre d’une année civile et que son exécution doit être effectuée au
cours de cette année civile.
Ce principe doit être analysé au regard des évolutions de la nouvelle loi relative aux lois de finances :
- en matière de programmation, les articles 51 et 52 prévoient de nouveaux documents
budgétaires pluriannuels qui présentent l’évolution des crédits sur une période de trois ans.
Cette présentation reste néanmoins indicative : seule la première année de ces documents
triennaux glissants entraine des conséquences budgétaires puisqu’elle équivaut à la loi de
finances proprement dite. La règle de l’annualité de la loi de finances n’est pas remise en
cause;
- en matière d’exécution, la règle de l’annualité s’interprète au regard des dispositions de
l’article 71 de cette loi : l’ensemble des opérations sont rattachées à l’exercice à partir de leur
date de liquidation (droits constatés) et non plus à partir de la date de paiement ou
d’encaissement.

Les dérogations au principe :


 les lois de finances rectificatives ou collectifs budgétaires;
 les reports de crédits;
 la pratique des décrets d’avances;
 l’engagement pluriannuel des dépenses d’investissement par le biais des Autorisations
d’Engagement (AE);
 la période complémentaire pour la clôture des opérations comptables.

Principe de la sincérité budgétaire


Le Code de transparence, dans son 4ème volet consacré à l’élaboration et la présentation des budgets
publics, précise que « les budgets annuels sont réalistes et sincères dans leur prévision ».
L’article 29 de la loi relative aux lois de finances énonce que les prévisions de ressources et de charges
de l’Etat doivent être sincères. Elles doivent être effectuées avec réalisme et prudence, compte tenu
des informations disponibles au moment où le projet de loi de finances est établi.
L’article 71 de cette même loi dispose aussi que la comptabilité générale de l’Etat doit être sincère et
refléter une image fidèle de la situation financière de l’Etat.
Le principe de sincérité budgétaire se définit comme l’obligation de présenter des budgets ou des
comptes reflétant une image sincère et fidèle des perspectives économiques et de la situation
patrimoniale nationale au regard des informations dont dispose le gouvernement au moment de leur
élaboration.

Principe de l’équilibre budgétaire et financier


Ce principe est énoncé par l’article 2 de la loi relative aux lois de finances.
L’équilibre est la situation dans laquelle les charges correspondent aux ressources.
A la différence des principes précités, la règle de l’équilibre ne constitue pas, à l’échelon des finances
de l’Etat, une obligation juridique, même si des textes peuvent faire référence. L’Etat ne présente pas
son budget en équilibre, car il n’inscrit pas son emprunt dans son résultat.
En revanche l’obligation juridique d’équilibre est réelle pour les collectivités locales et les
établissements publics. Les collectivités et les établissements publics sont tenus de présenter leur
budget en équilibre.

Il existe trois catégories de lois de finances (art.4 LRLF) :


La loi de finances initiale qui débute l’exercice budgétaire, prévoit et autorise pour chaque
civile, l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat ; les lois de finances rectificatives
qui ont vocation à corriger la loi de finances initiale viennent donc modifier les dispositions
de la loi de finances de l’année et constituent ainsi une exception à la prévision annuelle du
budget et la loi de règlement qui constate les résultats financiers de chaque année civile et
rend compte de l’exécution du budget ainsi que de l’utilisation des crédits, a vocation à
clôturer l’exercice budgétaire.

Il convient de noter qu’une loi ne peut répondre au vocabulaire de loi de finances que si, elle
présente dans son contenu, un certain nombre de dispositions qui, certaines d’entre elles
s’avèrent être obligatoires. Ainsi, on peut distinguer trois contenus de la loi de finances à
savoir :
Le contenu obligatoire, exclusif et le contenu partagé.
Le contenu obligatoire concerne les dispositions qui doivent obligatoirement apparaître dans
une loi de finances ; le contenu exclusif est relatif aux dispositions qui ne peuvent être
adoptée que dans le cadre d’une loi de finances et les dispositions partagées quant à elles
peuvent apparaître non seulement dans une loi de finances, mais aussi dans toute autre loi
ordinaire.

Vous aimerez peut-être aussi