Rage
Rage
Rage
La rage est une zoonose virale dont diverses espèces de carnivores et de chauves-souris constituent
les réservoirs naturels. Le virus est neurotrope et la maladie se caractérise donc par une encéphalite
aiguë inéluctablement mortelle une fois les signes cliniques déclarés. Chez l’homme, les morsures
par des chiens domestiques enragés sont à l’origine de 99% des décès dus à la rage.
La rage est présente de manière enzootique (maladie épidémique qui touche une ou plusieurs
espèces d'animaux dans une même région) dans plus de 100 pays et on estime qu’elle est
responsable de 55 000 décès par an dans le monde (en particulier des hommes et des jeunes enfants
en zone rurale).
Les pays d’Europe occidentale qui appliquent des programmes efficaces de lutte contre la rage chez
les animaux sauvages en recourant à des campagnes de vaccination orale sont parvenus à éliminer la
maladie chez les animaux sauvages (à l’exception des chauves-souris). Par conséquent, les cas
survenant dans les pays libres de rage proviennent soit de personnes mordues dans un pays
endémique, soit par le rapatriement d’animaux de pays où la rage est endémique ou d’animaux non
vaccinés correctement partis “en vacances” dans des pays endémique, soit de morsures par des
chauves-souris.
La Belgique est libre de rage classique (rage dont le réservoir sont les canins : Rabies virus-RABV)
depuis 2001. En raison de la sévérité de cette maladie pour l’homme, elle constitue une urgence
sanitaire qui doit être déclarée auprès du médecin inspecteur.
1. Déclarer :
Toute suspicion clinique de rage sera déclarée à la cellule de surveillance des maladies
infectieuses de l’AViQ dans les 24 heures.
Il existe actuellement trois voies de déclaration possibles :
- Par téléphone: 071/33.77.77
- Par voie électronique, en cliquant directement ici
- Par email à l’adresse suivante : surveillance.sante@aviq.be
2. Evaluer avec l’inspecteur les mesures prises et à prendre pour le patient et son
entourage
Agent pathogène
Germe Virus à ARN du genre Lyssavirus et famille des Rhabdoviridae.
Cas probable Tout sujet répondant aux critères cliniques et présentant un lien épidémiologique.
Cas confirmé Tout sujet répondant aux critères cliniques et aux critères de laboratoire.
Epidémiologie
- En zone non endémique : pas de groupes d’âge plus susceptible ;
Groupe d’âge
- En zone endémique : garçons de moins de 15 ans.
1
European Centre for Diseases Prevention and Control:
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:159:0046:0090:FR:PDF
Isolement N/A.
Collectivité a
N/A.
risque
Prévention pré-exposition
Mesures - Sensibilisation et information des personnes et en particulier celles qui partent en
préventives voyage dans des zones endémiques et pour ceux qui pratiquent des activités à haut
générales risque ;
- Pour les professionnels potentiellement exposés : port de gants et de masque pour
l’autopsie d’animaux suspects et en laboratoire ;
- Pour les voyageurs : éviter de caresser des animaux domestiques ou sauvages et
animaux malades apparemment dociles, des animaux errants ; éviter aussi de toucher
des animaux morts.
- Germe :
La rage est causée par un virus à ARN du genre Lyssavirus, un groupe de virus responsables
d’encéphalites. Les Lyssavirus appartiennent à la famille des Rhabdoviridae.
D’après le Comité international sur la taxonomie des virus, 11 espèces étaient classées sous ce genre
en 2009.
La plupart des génotypes ont été trouvés chez les chauves-souris. Outre le virus de la rage classique
(Rabies virus, RABV), qui peut être maintenu de façon endémique chez certains carnivores terrestres,
les chauves-souris sont probablement l’unique réservoir d’autres espèces de Lyssavirus. Tous les
génotypes connus de Lyssavirus peuvent être à l’origine d’une encéphalite aiguë évolutive chez
l’homme et les mammifères en général. Contrairement à ces derniers, les chauves-souris peuvent
être porteuses de Lyssavirus sans développer de signes cliniques.
- Réservoir :
Tous les mammifères sont susceptibles d’être atteints, mais la réceptivité varie selon les espèces. Les
carnivores terrestres et les chauves-souris (chiroptères) constituent les principaux réservoirs du virus
de la rage classique (RABV). En Europe, les chauves-souris insectivores (principalement Eptesicus et
Myotis) sont les réservoirs du EBLV-1 (bat Lyssavirus Européen-1) et EBLV-2 (bat Lyssavirus
Européen-2), mais non du RABV.
Parmi les principales espèces réservoirs du virus de la rage classique, on peut citer le chien dans la
plupart des pays tropicaux et subtropicaux, le renard arctique dans les régions polaires, le raton
laveur, la mouffette et le coyote en Amérique du Nord, la mangouste en Afrique, ainsi que le renard
roux et les chiens viverrin – raton-laveur (raccoon dogs) en Europe.
- Résistance physico-chimique :
Le virus de la rage peut être inactivé après exposition aux solvants lipidiques (solutions de savon,
éther, chloroforme, acétone), à l'hypochlorite de sodium à 1%, au glutaraldéhyde à 2%, à l'éthanol
de 45 % à 75 %, au phénol, à la formaline, à la trypsine, au β-propiolactone, aux produits iodés, aux
composés d'ammonium quaternaire, au formaldéhyde.
Le virus de la rage ne tolère pas un pH inférieur à 3 ou supérieur à 11 et est inactivé par la lumière
ultraviolette.
Ce virus ne survit pas pendant de longues périodes dans l'environnement ou bien en dehors de son
hôte (excréments séchés), car il est sensible à la lumière du soleil et à la dessiccation.
- Pathogenèse :
Le virus de la rage est neurotrope. Une première étape après l’inoculation à travers la plaie est
probablement la réplication locale au niveau des myocytes. Le virus rejoint ensuite le système
nerveux où, caché dans le système immunitaire ; il va infecter les neurones périphériques innervant
la zone d’inoculation puis remonter de façon rétrograde jusqu’à la moelle épinière. Il se propage
ensuite plus rapidement au niveau du système nerveux central où il va se multiplier massivement,
en particulier au niveau de l’hippocampe et du tronc cérébral. A ce stade, toute vaccination
antirabique est rendue inefficace et le virus se dissémine de façon antérograde à tout l’organisme
(tissus nerveux associés au cœur, foie, pancréas, poumons, reins, estomac, etc.). Le virus peut en
particulier être retrouvé de façon intermittente au niveau de la salive, de la cornée ou du liquide
céphalorachidien.
- Transmission :
Le virus se transmet par contact étroit avec la salive d’un animal infecté. L’infection humaine résulte
donc, dans l’immense majorité des cas, de morsures, griffures, léchages sur une peau lésée ou sur
une muqueuse par un animal enragé en phase d’excrétion salivaire. La transmission interhumaine
par morsure n’a jamais été signalée, ni observée et est donc extrêmement improbable. Des cas
exceptionnels de transmission interhumaine de la rage liés à la réalisation de greffes de tissus, de
cornée et d’organes solides ont été rapportés. Dans la plupart des cas il s’agissait de transplantations
d’organes (cornée) provenant de personnes décédées d’une maladie du système nerveux central non
diagnostiquée, entraînent l’apparition de la rage chez les receveurs. Ainsi, 16 cas de patients
transplantés à partir de 8 donneurs ont été rapportés de 1978 à 2013 (dont 8 suite à une greffe de
cornée). La possibilité d’une propagation par voie aérienne a été démontrée dans une caverne
abritant des chauves-souris et en laboratoire, mais c’est très rare. L’ingestion de viande crue ou
d’autres tissus provenant d’animaux infectés n’est pas une source connue d’infection humaine.
- Incubation :
La période d’incubation est habituellement (dans 25% des cas) de 1 à 3 mois, mais elle peut durer
d’une semaine à plus d’un an. Dans 90 % des cas elle dure moins de 6 mois.
La durée de cette période dépend de facteurs tels que la quantité de virus inoculée, le degré
d’innervation du site d’entrée du virus et la proximité de la morsure avec le système nerveux central
(SNC).
L’incubation est d’autant plus courte que l’inoculum est important et que les morsures sont
profondes, multiples, proches des extrémités, proches de la face, dans des régions fortement
innervées (doigts et orteils), ou directement au niveau du système nerveux central.
- Période de contagiosité :
La période de contagiosité chez les réservoirs (animaux) n’est connue avec certitude que chez les
animaux domestiques suivants: chien, chat et furet. La période de contagiosité commence en
générale de trois à sept jours avant l’apparition des symptômes cliniques et dure jusqu’au décès de
l’animal dû à la maladie. Bien que la période de contagiosité commence rarement plus de 4 jours
avant l’apparition des symptômes, celle-ci peut aller dans des cas exceptionnels jusque 13 jours
avant leur apparition.
En Belgique, le centre de référence de l’Institut Scientifique de Santé Publique (ISP) utilise par
précaution une période d’observation des animaux suspect de rage de 14 jours, en tenant compte
d’une période de contagiosité potentielle de 14 jours avant les premiers symptômes.
- Symptômes :
Les symptômes initiaux de la rage ne sont pas spécifiques. La maladie commence souvent par une
légère fièvre, fatigue et céphalées pouvant durer quelques jours. Un des symptômes initiaux le plus
caractéristique est la paresthésie ou hyperesthésie à l’endroit de la morsure (même si la morsure est
déjà guérie). A mesure que le virus se propage dans le système nerveux central des symptômes plus
caractéristiques de la rage apparaissent. Deux formes cliniques différentes peuvent se présenter :
- Complications :
Cette maladie est toujours létale.
3. Diagnostic
- Diagnostic biologique :
Il n’existe aucun test permettant de diagnostiquer une infection rabique chez l’homme avant
l’apparition de la maladie clinique. Pendant la phase infectieuse (dissémination ou d’incubation), le
virus rabique échappe à la surveillance du système immunitaire par sa localisation préférentielle
dans les neurones. La réponse en anticorps dans le sérum et le liquide céphalorachidien (LCR) est
imprévisible et rarement détectée avant la deuxième semaine de maladie. De plus, sauf si l’on
observe les signes spécifiques de la rage que sont l’hydrophobie (peur incontrôlée de tout liquide et
en particulier de boire tout liquide) et l’aérophobie (crainte de l'air), le diagnostic clinique est
difficile.
L’analyse du LCR peut être normal ou montrer une pléiocytose, ou une augmentation légère des
globules rouges ou une augmentation modeste des protéines. Les examens radiologiques sont
généralement normaux au début de la maladie, ils peuvent montrer un œdème cérébral à un stade
plus tardif. Aucune image radiologique n’est pathognomonique de la rage.
Au stade des manifestations cliniques, il est possible de :
- Détecter le virus par isolement viral ou par amplification génétique. La détection des ARN viraux par
RT-PCR peut être faite à partir de salive, d’urine, de follicules pileux extraits dans une biopsie de peau
(souvent dans la nuque) ou du LCR ;
- Rechercher les antigènes rabiques dans les nerfs cutanés à la base des follicules pileux sur des
biopsies cutanées ;
- Rechercher les anticorps antirabiques dans le sérum et le LCR. Les deux méthodes de référence
approuvées par l’OMS sont l’épreuve de réduction des foyers de fluorescence (RFFIT) et l’épreuve de
neutralisation virale par anticorps fluorescents (test FAVN).
En post mortem, la technique diagnostique standard consiste à rechercher les antigènes rabiques
dans les tissus cérébraux par l’épreuve d’immunofluorescence et le RT-PCR qui est la technique de
choix. Si l’immunofluorescence et le test RT-PCR sont positifs, l’isolement rapide en culture cellulaire
peut également être réalisé.
NB : Les résultats de laboratoire doivent être interprétés à la lumière du statut vaccinal ou de l'état
d'immunisation du sujet.
- Critère de diagnostic :
Critères cliniques: Tout sujet présentant une encéphalomyélite aiguë ET au moins deux des sept
symptômes suivants :
- modifications sensorielles au niveau du site d'une précédente morsure animale, ;
- parésie ou paralysie ;
- spasmes des muscles de la déglutition ;
- hydrophobie ;
- délire ;
- convulsions ;
- anxiété.
- Cas probable :
Tout sujet répondant aux critères cliniques et présentant un lien épidémiologique ;
- Cas confirmé :
5. Epidémiologie
- Groupe d’âge :
Il n’y a pas de groupes d’âge qui soient particulièrement plus susceptible de contracter la maladie.
Toutefois, en zone endémique, les garçons de moins de 15 ans ont été identifiés comme plus à risque
de contracter la maladie, dû à leurs habitudes et comportements. En zone non-endémique, il y a des
groupes plus à risque de la contracter dû à leur métier et/ou comportement/habitudes. Pour en
savoir plus sur ces groupes à risque se référer à la section ci-dessous : «groupes à risque ».
- Incidence :
Etant donné que la maladie est presque toujours fatale dès l’apparition des symptômes cliniques,
nous présentons les données de mortalité plutôt que l’incidence.
On estime que la rage est responsable de 55 000 décès par an dans le monde. Toutefois, le nombre
de décès notifiés comme étant dus à la rage est probablement très inférieur à la réalité dans
plusieurs pays d’enzootie, notamment chez le jeune enfant (en zone rurale). 99 % de ces décès
surviennent en Asie et en Afrique et plus de 98 % sont dû à la sous-espèce de virus RABV (dite rage
canine ou rage classique). Rien qu’en Inde, on estime à 20 000 le nombre des décès annuels – ce qui
correspond à 2 pour 100.000 personnes; en Afrique, l’estimation est de 24.000 (soit 4 pour 100.000).
En Europe, entre 2006 et 2011, il y a eu 12 cas de rage en Europe dans sept pays de l’Union
Européenne, dont six étaient des cas importés. Les sources d’infections pour ces cas incluent
l’exposition aux : chien, chat et chauve-souris enragés. En 2009, en Roumanie, un cas humain
confirmé de rage a été notifié chez une personne âgée habitant en zone rurale à proximité d'une
forêt. Cette personne n’a consulté un médecin qu’à la survenue des symptômes compatibles avec la
rage. Elle avait été mordue par un renard à son avant-bras et à la main gauche un mois avant.
Cependant, l'incident n'avait pas été notifié aux autorités sanitaires. Les résultats de laboratoires
furent positifs. Le patient est décédé quatre jours plus tard.
En Belgique, depuis 1966, seuls des cas importés de l'étranger ont encore été déclarés chez l'homme.
Cependant, un nombre variable de personnes (± 10) sont traitées chaque année après exposition à
une chauve-souris. Habituellement, ce sont des personnes qui ont été mordues par une chauve-
souris (malade) capturée par le chien ou le chat de la famille. Le nombre de cas après
exposition/contact avec une chauve-souris notifié à l’ISP semble avoir augmenté au cours des
dernières années (2004-2011). Toutefois, il n'est pas clair si cela est dû à une sensibilisation accrue
des personnes (spécialisées) ou en raison d'une augmentation réelle des incidents
d’exposition/contact. En plus des cas traités pour morsure de chauve-souris, entre 80 et 140
personnes sont également traitées pour morsure de chien ou d’autre animaux survenues à l’étranger
après consultation avec l’Institut Scientifique de Santé Publique (ISP).
- Immunité :
Pendant l’incubation, les virus rabiques se logent principalement à l’intérieur des neurones et les
antigènes peuvent donc échapper à la surveillance du système immunitaire. Une réponse en
anticorps n’est généralement pas détectée chez les sujets infectés avant la deuxième semaine de la
maladie clinique.
Immunité par vaccination : Les vaccins préparés en culture cellulaire (VCC) modernes induisent une
réponse rapide en anticorps neutralisants antiglycoprotéines d’enveloppe. L’immunité de type
- Saisonnalité :
N/A.
En Europe, l’histoire récente est marquée par la réintroduction de la rage en Europe de l’Ouest par
des renards à la frontière russo-polonaise en 1940 puis par sa progression jusqu’en France en 1968.
La rage vulpine sévit alors de façon endémique jusqu’à ce que des campagnes concertées au niveau
européen permettent de la contrôler grâce à des largages d’appâts vaccinaux par hélicoptère, avion
ou encore à la main. Les zones endémiques de rage vulpine en Europe se trouvent actuellement en
Europe de l’Est et dans les Balkans. Car le contrôle de la rage dans ces pays reste précaire et
susceptible d’échapper aux mesures de vaccination des populations vulpines. Du fait de la
persistance de la rage en Europe de l’Est, la situation de la maladie est fragile.
2 http://www.who.int/rabies/Absence_Presence_Rabies_07_large.jpg
En Belgique, le virus de la rage classique était endémique chez les renards depuis les années 60
jusqu’à la fin des années 90. Le programme d'élimination de la rage par la vaccination orale du
renard roux (Vulpes vulpes) a débuté en 1989. De 1989 à 1991, l'ensemble du territoire infecté
(10.000 km2) fut traité à cinq reprises. Ces cinq opérations ont provoqué une importante diminution
de l'incidence de la rage et ont permis l'élimination de la maladie dans 80% du territoire initialement
infecté. D’autres campagnes de vaccination dans des territoires plus restreints ont été également
réalisées en 1993 et 1996. Depuis juillet 2001, la Belgique est officiellement reconnue indemne de la
rage classique par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE). Cette reconnaissance n’est
toutefois pas d’application pour la rage chez les chauves-souris.
En ce qui concerne les European bat Lyssavirus-1 et -2 (EBLV-1/-2), ceux-ci ont comme réservoir les
chauves-souris (surtout les espèces sérotine et myotis). Ces virus circulent partout en Europe chez les
chauves-souris (Figure 2) et il est donc possible et probable qu’ils circulent aussi chez des chauves-
souris en Belgique. Bien qu’en Belgique, on n’ait jamais trouvé de chauve-souris porteuse de la rage,
on ne peut pas exclure la circulation du virus, il faut donc rester vigilant et suivre la situation pour
éviter l’apparition de tout problème. La présence du EBLV-1/-2 chez les chauves-souris étant bien
plus répandue en Europe que celui de la rage classique (Rabies virus, RABV), le risque de transmission
d’une chauve-souris vers l’homme est toutefois beaucoup plus faible.
Figure 2 : Distribution des cas d’EBLV chez les chauves-souris en Europe de 2005 à 2011
(Source: WHO Rabies Bulletin Europe, Friedrich-Loeffler- Institute3 )
3
http://www.who-rabies-bulletin.org/
- Grossesse et allaitement :
Pas de contre-indication au traitement post-exposition.
- Traitement :
Après morsure par un animal infecté (enragé) ou suspect de l’être, les trois principales
mesures à prendre sont les suivantes:
• Soigner convenablement la blessure le plus rapidement possible après la
contamination, ceci réduit potentiellement le risque de rage de 90%. La
suppression du virus de la rage, par des moyens chimiques ou physiques, à
l’endroit infecté peut diminuer la charge virale dans la plaie. Il est donc
important de traiter rapidement toutes les morsures et égratignures
susceptibles d’être contaminées par le virus de la rage. Les premiers soins
recommandés sont le nettoyage immédiat, soigneux et complet de la plaie
pendant au moins 15 minutes avec de l’eau et à l'aide d'une solution à 20 %
de savon doux. Ensuite appliquer un désinfectants virucide (ex : alcool,
povidone iodée). La cautérisation ou la suture d'une plaie ne sont pas
conseillées. Il faut postposer la suture de 48 heures.
• Administrer des immunoglobulines spécifiques le plus rapidement possible
après la contamination. La quantité la plus élevée possible
d’immunoglobulines doit être injectée autour du site de la morsure. Toute la
quantité restante doit être administrée en intra musculaire à distance du site
d'injection du vaccin.
Note : Pour la prise en charge médicale d’un patient suite à une exposition possible
à la rage il existe en Belgique une procédure spécifique à suivre par les médecins
généralistes. Cette procédure est disponible sur le lien suivant : https://www.wiv-
isp.be/odobz-domti/fr/uploads/File/PEP-Rage%20201607.pdf
Algorithme d’aide à la décision pour l’utilisation de la PPE contre la rage après exposition à
un animal domestique (de compagnie : chien, chat, furet, etc ; ou d’élevage : bovins,
mouton, chèvre, cheval, etc.) malade ou infecté. Ces animaux infectés sont souvent des
animaux importés de l’étranger.
1 Exposition significative : morsure, griffure, ou contact de la salive ou du liquide céphalorachidien (LCR) de l’animal avec
une plaie fraîche (ayant saigné ou suinté depuis moins de 24 heures) ou avec une muqueuse.
Catégorie
Type de contact* Mesures de prophylaxie post-exposition
d’exposition
- Contact simple
I - Léchage de la peau intacte ; Aucune si une anamnèse fiable peut être obtenue
- Ingestion de viande cuite.
- Vacciner** immédiatement ;
- Mordillage peau découverte,
- Ne pas poursuivre la vaccination si l’animal est
griffure bénigne ou
II confirmé négatif pour la rage à l’issue de la période
excoriation ;
d’observation*** ou si la recherche de rage au
- Sans saignement.
laboratoire par une technique suffisamment sensible
est négative.
- Vacciner et administrer immédiatement les
- Morsure ou griffure immunoglobulines antirabiques ;
transdermique ;
- Léchage des muqueuses ; - Ne pas poursuivre la vaccination si l’animal est
III
- Léchage d’une peau érodée ; confirmé négatif pour la rage à l’issue de la période
- Exposition à des chauves- d’observation*** ou si la recherche de rage au
souris. laboratoire par une technique suffisamment sensible
est négative.
* Un contact avec des rongeurs, lapins, lièvres exige de manière exceptionnelle un traitement, ceux-ci n’étant nulle part dans le
monde un réservoir de la rage à l’exception des écureuils et marmottes dans certaines partie du monde (ex. Amérique du Nord,
Inde).
** S’il s’agit d’un chat, d’un chien ou d’un furet identifié provenant d’un secteur à faible risque ou vacciné et qu’il est p lacé en
observation, on pourra retarder la mise en route du traitement.
*** La période d’observation vétérinaire est de 10 jours selon l’OMS (14 jours en Belgique et France) et ne s’applique qu’aux
chiens, aux chats et aux furets pour lesquels la phase de contagiosité précédant les signes cliniques ne dépasse pas cette du rée On
ne peut tenir compte des résultats de la période d’observation en pratique clinique si un a nimal autre que le chien, le chat ou le
furet est impliqué. Les animaux domestiques ou sauvages suspects de rage peuvent être euthanasiés sur l’ordre de l’inspecteur
4
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs099/fr/index.html
Vaccination post-exposition chez une personne ayant reçu une vaccination préventive
complète:
• Vaccination valide (ayant reçu une vaccination préventive complète) avec des
anticorps démontrables (contrôle récent d’anticorps) ou dans le mois suivant la fin de la
vaccination préventive (sans contrôle d’anticorps): 1 dose. Un contrôle sérologique de
l’immunité est aussi conseillé à jour 0 et 5 jours après le rappel.
• Sans contrôle d’anticorps: 2 doses aux jours 0 et 3. Un contrôle sérologique de
l’immunité est aussi conseillé à jour 0 et 5 jours après la deuxième dose.
- Mesures d’hygiène :
- Isolement – éviction :
Pas pertinent
Etant donné les caractéristiques de cette maladie et le fait que la transmission interhumaine
est extrêmement improbable, il y a peu de risque pour l’entourage d’un patient suspecté
d’avoir contracté la rage et donc, les précautions particulières à prendre sont limités (ex.
utilisation de gants pour soigner le patient).
En général, dans les hôpitaux, des précautions sont prises pour éviter le contact direct ou par
aérosol avec le patient. Dans ce cas, l’utilisation de masque, de gants, etc est conseillée. Le
personnel médical sera également vacciné contre la rage.
- Prophylaxie :
N/A.
- Mesures d’hygiène :
N/A.
- Isolement – éviction :
N/A.
- Collectivité a risque :
N/A.
Pour les professionnels potentiellement exposés : port de gants et masque pour l’autopsie
d’animaux suspects et en laboratoire.
Pour les voyageurs : il est déconseillé de caresser des animaux sauvages et animaux malades,
apparemment dociles, des animaux errants et même les chiens et chats domestiques. Il fa ut
éviter aussi de toucher des animaux morts. Les enfants doivent être sur ce plan
particulièrement tenus à l'œil.
• Les voyageurs en zones endémiques et, en particulier, les aventuriers qui pratiquent
des activités en nature tels que le camping, jogging, cyclotourisme, etc. ;
• Les personnes qui ont des contacts avec des chauves-souris, soit par hobby ou
profession ainsi que les conversationniste et protectionniste de la nature, les
chasseurs taxidermistes, les personnes travaillant ou collaborant avec des centre s de
sauvegarde de la faune sauvage, des centres de recueille d’animaux blessé, des
centres de revalidation (d’oiseaux blessé) et des associations d’aide aux chiens
mouroirs et errants ;
• Les personnes qui ont l’intention de voyager ou de travailler dans des zones à risque
(figure 3) et où ils ne peuvent pas disposer de vaccin (préparé sur une culture de
cellules) dans les 24 heures ni d’immunoglobulines antirabiques spécifiques (RIG) , «
antisérum » d’origine humaine ou équine purifiées idéalement dans les 48 heures ;
• Les parents d'enfants qui vont vivre dans une région à risque devraient- en fonction
des circonstances locales- réfléchir à se vacciner eux-mêmes ainsi que leurs enfants.
Les animaux de compagnie doivent en tous cas être vaccinés ;
• Les vétérinaires, chasseurs, gardes forestiers dans les zones endémiques, ainsi
qu’éventuellement les marchands de bétail, agronomes, personnel de laboratoi re e t
animaliers susceptibles d'être en contact avec le virus, les archéologues et les
spéléologues.
- Vaccination :
• Nécessite trois injections intramusculaires d’un ml sur une période de 3 à 4 semai ne s
(jours 0, 7, 21 ou 28). Le vaccin est administré de préférence au niveau du bras (dans le
deltoïde).
• Un contrôle sérologique des anticorps est indispensable chez les p ersonnes
immunodéprimées ou suivant un traitement immunosuppresseur et est possible à partir du
5ème jour après la 3ème injection, de préférence après 4 à 6 semaines après la première
dose (auprès de la Direction Opérationnelle des Maladies Infectieuses et Transmissibles,
Centre National de Référence (CNR) Rage de l’Institut Scientifique de Santé Publique
WIV/ISP).
Un premier rappel est prévu un an après le début du schéma de base et ensuite après cinq
ans ou dans certains cas en fonction du titre d’anticorps. Celui-ci doit atteindre au moins 0,5
UI/ml mais la recommandation de l’ISP est que les titres d’anticorps doivent atteindre les 3
UI/ml pour garantir une bonne protection contre la rage classique et un taux de 5 IU/ml pour
garantir une bonne protection contre les virus rabiques apparentés des chauves-souris.
Le vaccin contre la rage peut être obtenu en Belgique dorénavant dans une pharmacie sous
prescription médicale. Le RabipurTM (Novartis Pharma) et le Vaccin Rabique Mérieux
HDCVTM (Sanofi Pasteur MSD) sont livrés aux officines par des grossistes pharmaceutiques.
Ce vaccin est le plus souvent disponible dans les centres de vaccination contre la fièvre jaune
(voir: www.itg.be/ITG/Uploads/MedServ/FADRVAC.htm).
5 http://gamapserver.who.int/mapLibrary/Files/Maps/Global_Rabies_ITHRiskMap.png
9. Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Fiche technique: Rage. Disponible sur :
http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Media_Center/docs/pdf/Disease_cards/RABIES-FR.pdf
10. European Centre for Disease Prevention and Control. Annual Epidemiological Report 2011.
Reporting on 2009 surveillance data and 2010 epidemic intelligence data. Stockholm: ECDC;
2011. Disponible sur : http://ecdc.europa.eu/en/healthtopics/rabies/pages/index.aspx
11. Manning SE, Rupprecht CE, Fishbein D, et al. Human rabies prevention--United States, 2008:
recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices. MMWR Recomm
Rep 2008; 57: 1-26.
12. Health Protection Agency (HPA). Guidelines on managing rabies post-exposure prophylaxis,
January 2013. Disponible sur :
http://www.hpa.org.uk/webc/HPAwebFile/HPAweb_C/1224745729371
13. Organisation Mondiale de la Santé. Rabies Information System of the WHO Collaboration
Centre for Rabies Surveillance and Research. Rabies surveillance. Disponible sur
http://www.who-rabies-bulletin.org/Queries/Surveillance.aspx
14. Laboratoire National de Référence (LNR) pour la rage : https://www.wiv-isp.be/odobz-
domti/fr/index6081.html?page=188
15. Van Gucht S, Verlinde R, Colyn J et al. Favourable outcome in a patient bitten by a rabid bat
infected with the European bat Lyssavirus-1. Acta Clinica Belgica, 2013 Jan-Feb;68(1):54-8.
16. Institut de Médecine Tropicale d’Anvers. Fiche d’information générale sur la rage. Disponible
en ligne : http://www.itg.be/itg/Uploads/MedServ/frabi.pdf
18. Agence Fédérale pour la Sécurité Alimentaire (AFSCA). La rage. Disponible sur :
http://www.afsca.be/santeanimale/rage/
19. Vaccination-Info Belgique. Maladies évitables par vaccination. Rage. Mise à jour le
27/12/2012. Disponible sur : http://vaccination-info.be/maladies-evitables-par-
vaccination/22-la-rage
20. Haut conseil de la Santé Publique (France). Vaccination antirabique préventive, traitement
post-exposition et suivi sérologique des personnes régulièrement exposées au virus de la
rage (voyageurs, professionnels, chiroptérologues). France. Février 2013. Disponible sur :
http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspr20130222_vaccinationragere
commandations.pdf
21. Fekuda M, Shaddock JH, Baer GM. Excretion of rabies virus in the saliva of dogs. J. Infect. Dis.
1982, 145(5):715-9. Disponible sur :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Fekuda+et+al.%2C+J.+Infect.+Dis.+1982%2C+1
45(5)%3A715-9