Fiche - Hépatite C
Fiche - Hépatite C
Fiche - Hépatite C
Agent pathogène
Synonyme(s) :
VHC
Groupe(s) de classement 3
Descriptif de l'agent :
Virus enveloppé à ARN simple brin de la famille des Flaviviridae, genre hepacivirus.
7 génotypes majeurs (1 à 7) et nombreux sous-types.
Strictement humain.
Principale(s) source(s) :
Le virus est retrouvé principalement dans le sang. Cependant, l'ARN du VHC a été retrouvé en faible quantité dans d'autres liquides biologiques : salive, liquide
d'ascite, sperme, LCR.
Vecteur :
Pas de vecteur
Viabilité et infectiosité
Viabilité, résistance physico-chimique :
- Résistant aux UV.
- Survit plusieurs semaines à l'extérieur de l'hôte dans du sang séché. Une étude réalisée en 2010 a évalué la viabilité du VHC dans différents types de seringues. La
survie du virus varie selon le type de seringue et la température, pouvant atteindre plusieurs semaines ( 1).
- Sensibilité aux désinfectants : les données sur la sensibilité du VHC aux désinfectants sont limitées. Le VHC étant un virus enveloppé, les mesures générales
d'inactivation contre le virus de l'hépatite B peuvent s'appliquer au VHC : hypochlorite de sodium 1 %, éthanol 70 %, glutaraldéhyde à 2 %, formaldéhyde.
Infectiosité :
Dose infectieuse inconnue.
Contagiosité surtout par voie sanguine (prévalence moyenne > 60 % chez les usagers de drogue IV). Dépend de la charge virale (ARN du VHC) ( 2).
Données épidémiologiques
Population générale
En 2015, l'OMS estimait à 71 millions le nombre de personnes infectées par le VHC dans le monde ; 400 000 personnes environ décèdent des complications de
l'infection chronique par le VHC chaque année dans le monde ( 3), plus de 2 500 en France ( 4).
Les Régions de l'OMS les plus affectées sont la Région de la Méditerranée orientale et la Région européenne, avec une prévalence de 2,3 % et de 1,5 % respectivement.
Dans les autres régions, la prévalence de l'infection à VHC varie de 0,5 à 1 % ( 3).
En France :
- dans la population générale, en 2014, la prévalence de l'infection chronique est estimée à 0,42 %, soit 192 700 (ARN du VHC positif), dont 75 000 non dépistés ( 2) ;
- incidence : pas de donnée en population générale. Dans une cohorte d'usagers de drogue du Nord-Est de la France entre 1999 et 2001, l'incidence de l'infection par
le VHC était de 9 pour cent personnes-années, soit une estimation de 2 700 à 4 400 nouvelles infections par le VHC par an liées à l'usage de drogues ( 5).
Milieu professionnel
L'OMS a estimé à 16 000 les infections professionnelles par le VHC dans le monde en 2000 suite à une exposition percutanée chez des personnels de santé,
représentant environ 39 % des infections à VHC dans cette population ( 7).
En France, depuis 1997, un total cumulé de 70 séroconversions VHC ont été documentées après AES en milieu de soins au 30/06/2012 ( 6). Les hépatites C reconnues
Le risque de transmission soignant-soigné du VHC est très faible, néanmoins, un certain nombre d'épisodes ont fait l'objet de publications ( 8).
En laboratoire :
Le virus a été découvert en 1989. Les revues anciennes de la littérature réalisées avant la découverte du virus montrent que l'hépatite non A et non B était fréquente
en laboratoire.
Il y a peu de données récentes dans la littérature internationale sur les cas de contaminations professionnelles par le VHC parmi le personnel de laboratoire. Un cas
probable d'hépatite C a été décrit en 1994 chez un agent de laverie au laboratoire (Walker) ( 9).
En France, au 30 juin 2012, sur les 70 cas de séroconversion VHC recensés après AES, 4 sont survenus en laboratoire d'analyses médicales ( 6).
Pathologie
Nom de la maladie
Hépatite C
Transmission
Mode de transmission :
3 principaux modes de transmission :
suite à un accident d'exposition au sang (AES) : après exposition professionnelle au VHC par piqûre, le taux de transmission est estimé à environ 1 à 3 %. Le taux
de transmission est environ 10 fois plus faible après exposition sur muqueuse ou sur peau lésée ;
par partage de matériel d'injection (seringue, cuillère, filtre, eau, coton) chez les usagers de drogues par voie veineuse. Il s'agit du mode de transmission majeur du
VHC. L'usage de drogues par voie nasale (partage de la paille) ou par voie fumée (blessures aux mains lors de la préparation du crack) est aussi une pratique à
risque de transmission du VHC ;
des transmissions nosocomiales liées aux soins ont été décrites dans les unités de soins à risques (hémodialyse par exemple) et en chirurgie, surtout par le passé ;
risque résiduel post-transfusionnel en France : 1 pour 34 millions de dons pour le VHC, soit environ un don infecté tous les onze ans entre 2014 et 2016 ( 10).
1 | La transmission sexuelle est exceptionnelle, excepté au sein de la population homosexuelle masculine, en particulier chez les patients infectés par le VIH.
2 | La transmission mère-enfant est estimée à 5-6 % en France et dépend du niveau de charge virale de la mère (majorée de 2-3 fois en cas de co-infection VIH). La
transmission a lieu lors de l'accouchement (aucune prophylaxie n'est disponible).
Période de contagiosité :
La contagiosité débute à partir du moment où la charge virale devient détectable, c'est-à-dire en moyenne 7 jours après l'exposition.
La maladie
Incubation :
Délai moyen entre l'exposition et :
- les symptômes : 6 à 7 semaines ;
- la détection de l'ARN viral : en moyenne 7 jours ;
- l'apparition des Ac anti-VHC : 60-70 jours.
Clinique :
Formes aiguës :
- Fréquemment asymptomatique (90 %).
- Formes symptomatiques = fatigue le plus souvent, ictère parfois.
- Formes extra-hépatiques : d'origine immunologique, cryoglobulinémie mixte, porphyrie, glomérulo-néphrite, diabète de type II, lymphome non-hodgkinien...
Formes chroniques :
Chez 60 à 90 % des individus l'infection virale persiste et est responsable d'une hépatite chronique associée à des degrés divers à une activité nécrotico-inflammatoire
et à une fibrose hépatique.
L'évolution de la maladie hépatique est généralement lente en l'absence de facteurs de co-morbidité (20-30 ans en moyenne) jusqu'au stade de cirrhose ou de
carcinome hépatocellulaire (CHC).
2 à 30 % des patients ayant une hépatite chronique développeront une cirrhose, un CHC ou les 2 sur une période de 30 ans.
Diagnostic :
- Recherche d'anticorps anti-VHC totaux, indiquant la trace d'un contact avec le VHC. Les anticorps apparaissent 60-70 jours après l'exposition ;
- Détection-quantification de l'ARN viral par une méthode de biologie moléculaire sensible en temps réel avec un seuil de détection de 10-15 unités internationales
par millilitre (Ul/mL), indiquant une infection chronique si ce marqueur est présent sur deux prélèvements distants d'au moins 6 mois. L'ARN du VHC devient
détectable en moyenne 7 jours après l'exposition ( 11) ;
- Évaluation de la sévérité de la maladie hépatique : l'histologie hépatique permet de préciser le degré d'activité de l'hépatite et l'importance de la fibrose. Le score
METAVIR évalue séparément l'activité inflammatoire (A0 à A3) et la fibrose (F0, fibrose absente ou minime à F4 cirrhose). La biopsie hépatique, examen de référence,
n'est actuellement plus pratiquée (méthode invasive), car elle a laissé la place aux méthodes non invasives : élastométrie hépatique (FibroScan®), mesurant l'élasticité
du foie et tests sanguins (FibroTest®, FibroMètre®).
Immunité naturelle
Pas d'immunité protectrice.
Prévention vaccinale
Vaccin disponible non
Evaluation du risque
Produit biologique : sang ou liquide biologique contaminé par du sang. A moindre risque, autre liquide biologique tel : liquide d'ascite.
Type d'exposition : le risque de transmission du VHC est plus important en cas de blessure profonde, de piqûre avec une aiguille creuse et notamment avec une aiguille
ayant servi à un geste en intra-veineux ou en intra-artériel.
Mesures prophylactiques
Pas de traitement prophylactique.
Suivi médical
Après un AES, un suivi sérologique sera effectué si le patient source est virémique pour le VHC (PCR VHC positive) ou de statut sérologique inconnu, avec comme
objectif de dépister rapidement une hépatite aiguë, laquelle serait une indication à un traitement anti-VHC :
- lorsque le patient source est de statut VHC inconnu, le suivi sera simplifié et basé sur la sérologie VHC associée à l'ALAT et couplée au suivi pour le VIH (J0, S6, puis
S12) ;
- lorsque le patient source est virémique, le suivi comporte, en plus, une PCR-VHC qui pourra être réalisée à 6 semaines (à faire concorder avec la réalisation de la
sérologie VIH de contrôle).
Si une contamination est identifiée, le sujet doit être adressé rapidement vers une consultation spécialisée pour prise en charge thérapeutique.
En cas de grossesse :
Rien de particulier.
Démarche médico-légale
Déclaration / signalement
Déclaration obligatoire non
Réparation
Accident du travail
Déclaration d'AT selon les circonstances d'exposition (AES...)
Maladie professionnelle
Tableau Régime Général RG 45
Eléments de référence
CNR
Centre national de référence virus des Hépatites B, C et Delta
CNR Coordonnateur
AP-HP Henri-Mondor
Département de Virologie
Textes de référence
R1 │ Morlat P - Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH 3 . Recommandations du groupe d'experts. Rapport 2013 actualisé en 2017. Conseil
national du sida et des hépatites virales (CNS), 2017.
3 https://cns.sante.fr/wp-content/uploads/2017/10/experts-vih_aes.pdf
R2 │ Circulaire interministérielle N°DGS/RI2/DHOS/DGT/DSS/2008/91 du 13 mars 2008 relative aux recommandations de prise en charge des personnes
exposées à un risque de transmission du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) 4 . Ministère chargé de la santé, 2008.
4 http://circulaire.legifrance.gouv.fr/index.php?action=afficherCirculaire&hit=1&r=19344
Bibliographie
1 | Highleyman L - Hepatitis C Virus Can Survive in Syringes Up to 2 Months under Favorable Conditions 5 . In : Program and abstracts of the 17th Conference on
Retroviruses and Opportunistic Infections. February 16-19, 2010. San Francisco, California. CROI, 2010.
2 | Pioche C, Pelat C, Larsen C, Désenclos JC et al. - Estimation de la prévalence de l’hépatite C en population générale, France métropolitaine, 2011. Bull Epidémiol Hebd.
2016 ; 13-14 : 224-29.
5 | Prise en charge des personnes infectées par les virus de l'hépatite B ou de l'hépatite C 8 . Rapport de recommandations 2014. Ministère chargé de la santé,
2014.
8 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Prise_en_charge_Hepatites_2014.pdf
6 | Professionnels de santé 9 . In : Dossier thématique Infection à VIH et sida. Santé Publique France, 2013.
9 http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/VIH-sida-IST/Infection-a-VIH-et-sida/Populations/Professionnels-de-sante
7 | Prüss-Ustün A, Rapiti E, Hutin Y - Estimation of the global burden of disease attributable to contaminated sharps injuries among health-care workers. Am J Ind Med.
2005 ; 48 (6) : 482-90.
8 | Prévention de la transmission soignant-soigné des virus hématogènes 10 . Rapport du 14 juin 2011. Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), 2011.
10 http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=240
10 | La surveillance épidémiologique des donneurs de sang : VIH, VHC, VHB, HTLV, syphilis 11 . Santé publique France, 2018.
11 http://http//invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/VIH-sida-IST/Donneurs-de-sang/La-surveillance-epidemiologique-des-donneurs-de-
sang-VIH-VHC-VHB-HTLV-syphilis
11 | Actualisation des actes de biologie médicale relatifs au diagnostic et à la prise en charge des hépatites B, C et D 12 . Haute Autorité de Santé (HAS), 2017.
12 https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2017-01/dir1/argumentaire_hepatites-b-c-d_vd.pdf
12 | Prise en charge de l’hépatite C par les médicaments antiviraux d’action directe (AAD). Élargissement du paramètre de remboursement 13 . Haute
Autorité de Santé (HAS), 2016.
13 | Recommandations AFEF pour l'élimination de l'infection par le virus de l'hépatite C en France 14 . Association Française d'Étude sur le Foie, 2018.
5 http://www.hivandhepatitis.com/2010_conference/croi/docs/0223_2010_b.html
13 https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-12/recommandation_college_hepatite_c.pdf
14 http://afef.asso.fr/wp-content/uploads/2018/06/VF-INTERACTIF-RECO-VHC-AFEF-v2103.pdf