Boulanger
Boulanger
Boulanger
: R290 V2
Abstract
Par mail :
infos.clients@teching.com
Par téléphone :
00 33 (0)1 53 35 20 20 © Techniques de l'Ingénieur | tous droits réservés
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
Ce texte est la nouvelle édition du dossier rédigé par Gérard BRUNSCHWIG et Alain PALSKY.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 1
nir les caractéristiques des produits stables et conformes aux spécifications rete-
nues. C’est un des éléments dynamiques du système qualité qui concourt à
l’amélioration permanente des productions (cf. fascicule de documentation
Afnor X06-030).
On entend par processus de production l’ensemble des éléments qui concou-
rent à la production : matières premières, moyen, main-d’œuvre, milieu,
méthode, que l’on représente souvent schématiquement par le diagramme des
5M (figure A).
Processus
Main-d'œuvre Méthode
Figure A – Diagramme des 5M
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
La MSP est une méthode préventive de gestion de la qualité qui vise à amener
tout processus au niveau requis de régularité de qualité et à l’y maintenir grâce
à un système de surveillance statistique permettant de réagir rapidement et effi-
cacement à des dérives, évitant ainsi la production de produits non conformes.
La MSP concerne essentiellement des fabrications de moyennes et grandes
séries.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 3
Vt ( x ) = ∑ Vi ( x ) (1)
i 0,135% 0,135% 0,135% 0,135%
99,73% 99,73%
Exemple : une ligne de fabrication d’un produit hygroscopique pos-
sède sa propre variabilité du « moyen » appréhendée par la variance dispersion = 6s dispersion
VM. Mais on ne peut juger cette variabilité que par la mesure du taux a loi normale b loi non normale
d’humidité du produit qui a elle-même sa variance Vm (variance de la
mesure). On peut écrire : s = estimation de l'écart-type σ
ajouter trois gouttes d’acide au produit avant analyse et, si la même s = ---------------------------
-
n–1
pipette n’est pas utilisée à chaque fois, c’est une cause de variabilité
supplémentaire ; en se conformant à la procédure d’analyse, il faut σ est estimé par s.
attendre 10 min de stabilisation de la préparation avant analyse : en
fonction du chronomètre utilisé, ce temps sera variable ; enfin, il faut Remarques importantes :
ajouter la variance intrinsèque de l’appareil de mesure qui ne fournira
— contrairement aux variances, ces indicateurs ne peuvent
jamais, a priori, le même résultat sur la même préparation.
s’additionner ni se soustraire ;
De façon plus générale, on pourra donc dire : — ces indicateurs n’ont de sens précis que si les lois utilisées
pour estimer les dispersions correspondent approximativement
à la réalité physique.
V t ( X ) = V M ( X ) + ∑ V mi ( X ) + V ε ( X ) (4)
i
Deux grands types de dispersion sont à distinguer :
νε(x) étant la partie résiduelle de variance pour laquelle les facteurs — la dispersion intrinsèque du moyen de production qui est la
influents n’ont pas été identifiés ou pris en considération. variabilité observable sur un temps court pendant lequel on peut
L’analyse des variances propres à chacune des étapes s’appelle supposer que les paramètres de mise en œuvre du moyen de pro-
une analyse de variance. Elle peut être particulièrement utile, dans duction n’ont pas varié (même lot de matière première, même opé-
rateur, même environnement thermique, hygrométrique, etc.). Cette
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
On peut prélever, dans des conditions optimales de stabilité de Pour chacun des k échantillons, on calcule la moyenne x j et un
fonctionnement, un nombre limité de produits sur une courte écart-type sj.
durée ; on calcule la moyenne de la caractéristique considérée et sa
dispersion qu’on appelle ici dispersion intrinsèque du moyen de L’écart-type intrinsèque peut être estimé par :
production (bien qu’elle fasse aussi intervenir la dispersion de répé-
tabilité de la mesure). k
Ts – x x – Ti
3.2 Capabilité du processus Cpk = min --------------- ; --------------
3s p 3 sp
(14)
de production
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 5
Suivant les valeurs de Cap et Cpk, on peut classer par exemple la 3.4 Capabilité du moyen de mesure
capabilité comme :
C 0 ,67 ........................................................ très mauvaise ; Il sera bon que la variance du moyen n’excède pas 15 % (au
0 ,67 < C 1 ,00 ............................................ mauvaise ; pire 40 %) de l’intervalle de tolérance de la caractéristique, sous
1 ,00 < C 1 ,33 ............................................ très moyenne ; peine que la mesure conduise à décider de régler le moyen de
1 ,33 < C 1 ,67 ............................................ moyenne ; production alors qu’il est centré.
1 ,67 < C 2 ,00 ............................................ bonne ;
C > 2,00.......................................................... très bonne. On pourra estimer la justesse du système de mesure, c’est-à-dire
l’étroitesse d’accord entre la moyenne d’une grande série de résul-
tats et une valeur de référence acceptée.
Ces indicateurs de qualité sont fondés sur une dispersion centrée On pourra estimer la répétabilité, dispersion de résultats obtenus
contenant 99,73 % des valeurs. Ils sont internationalement reconnus dans un temps court à partir d’un seul « objet », par un même opé-
et permettent donc un langage commun. Cependant, dans la prati- rateur dans un même lieu, sur un seul appareil, avec le même mode
que, le pourcentage de valeurs pouvant dépasser les tolérances ne opératoire. Elle est surtout utilisée pour la comparaison de métho-
sera pas choisi de la même façon qu’il s’agisse d’un produit pour des de mesure, car elle ne représente pas la dispersion de la mesure
détergence ou d’un médicament, qu’il s’agisse d’une boîte de jeux dans la vie réelle du processus.
ou d’un équipement de sécurité automobile ou aéronautique. C’est On pourra enfin estimer la reproductibilité à partir d’un même
une des raisons pour lesquelles les seuils d’acceptation peuvent « objet » et par la même méthode, mais avec des opérateurs diffé-
être variables selon les contextes d’application. rents, des appareils différents, etc. C’est en général la dispersion de
reproductibilité qui est utilisée pour les études de variances et de
À noter que deux autres aspects sont à prendre en considération capabilités de la chaîne de mesure, car c’est elle qui intervient dans
pour déterminer les seuils d’acceptation : la vie du processus.
— l’échantillonnage effectué pour estimer la ou les dispersions et
le risque que des paramètres de mise en œuvre n’ayant pas fluctué
lors de l’échantillonnage aient une influence importante sur la 4. Contrôle en cours
caractéristique. Ainsi, si on n’a cherché qu’à estimer la dispersion
intrinsèque et les paramètres d’environnement ont une grande de fabrication
influence, difficile à contrer, un indicateur Cam égal à 2 peut être
totalement insatisfaisant ; L’idée des cartes de contrôle est due à l’américain W. Shewhart
(1931) ; leur utilisation, d’abord lente, a connu un premier dévelop-
— le risque statistique accepté, lié à l’effectif des échantillons pré-
pement en 1939-1945 aux États-Unis, et en Europe dix ans plus tard.
levés. On peut chercher à n’accepter que les processus pour les-
Quelques grandes industries françaises les ont employées plus sys-
quels on est sûr (statistiquement parlant) que la capabilité est tématiquement vers 1965 (par exemple, l’industrie textile), et des
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
satisfaisante, ou ne chercher à refuser que les processus pour les- centres de formation, particulièrement en France le Centre d’ensei-
quels on est sûr (statistiquement parlant) que la capabilité n’est pas gnement et de recherche de la statistique appliquée (CERESTA), ont
satisfaisante. Pour cela, on se référera à la norme NF X06-034. fortement contribué dès cette époque à leur utilisation. Mais le
Exemple : on fabrique des boîtes en carton sur lesquelles il y a des moteur de leur développement actuel est les normes qualité
tolérances de cotes ; on a trouvé sur l’une des cotes une loi normale, NF EN ISO 9000 ; leur vulgarisation a été facilitée par les normes
un écart-type s = 0,2 mm et les tolérances sont Ts = 350 mm, statistiques Afnor/ISO et l’enseignement pratique des statistiques
Ti = 348,5 mm ; d’où : dans les écoles d’ingénieurs.
Les méthodes statistiques de contrôle utilisées pour maîtriser un
Ts – Ti 1 ,5 processus font appel à la théorie de l’échantillonnage et permettent
Cap = ------------------- = ---------------------- = 1 ,25 de définir quand un processus a probablement dérivé (en position ou
6s 6 × 0 ,2
en dispersion) en s’aidant de tracés, appelés cartes de contrôle, où
Cette valeur du Cap a été estimée avec un grand pas de mesure, l’on reporte les paramètres de position et de dispersion de la popula-
d’où une certaine certitude de la valeur de l’indicateur. Dans la pratique, tion estimés à partir d’un échantillon par rapport à des limites de
il a été convenu avec le client qu’il n’est pas gênant de trouver, à la contrôle. Le franchissement involontaire des limites de contrôle indi-
limite, jusqu’à une valeur sur cent hors tolérances de part et d’autre de que que l’on a perdu le contrôle du processus. L’usage a consacré ces
la distribution, c’est-à-dire qu’il faut un minimum de 98 % des valeurs tracés sous l’expression de « cartes de contrôle » (de l’anglais control
entre tolérances. 1 % correspond à 2,33 écarts-types (voir dossier charts), bien qu’il aurait été plus judicieux de les appeler en français
[R 270]), c’est-à-dire qu’un Cpk minimum de 2,33/3 = 0,78 est satis- « cartes de maîtrise » ou « cartes de conduite ». Le caractère visuel
faisant. des cartes de contrôle, qui permet une identification rapide et aisée
de l’évolution du processus, est un atout pour leur utilisation.
Quelle que soit la valeur des indicateurs, mais plus particuliè- Pour un caractère mesuré (par exemple, une cote de pièce), on
rement lorsque la capabilité du processus n’est pas satisfaisante, il construira une carte de contrôle de la cible centrale (souvent la
faut déterminer où se trouvent les variances les plus importantes moyenne de N pièces, mais parfois une valeur nominale ou une
(machine ou processus de mesure) et s’attacher à les diminuer pour valeur souhaitée non centrée) et un paramètre de dispersion tel que
améliorer la capabilité (§ 2). l’écart-type s des échantillons, ou l’étendue w (différence entre les
valeurs extrêmes de l’échantillon).
Enfin, si le centrage d’une caractéristique est souhaitable d’un Pour un caractère qualitatif (pièces conformes ou non confor-
point de vue statistique, il peut ne pas l’être d’un point de vue mes), on estimera à l’aide de cartes de contrôle la proportion de piè-
économique : un axe en alliage fondu devra, si la capabilité est ces non conformes produites, ou le nombre de non-conformités par
limite, avoir un diamètre moyen supérieur à la moyenne centrée, pièce s’il peut en exister plusieurs. Pour les caractères qualitatifs, il
permettant la reprise des diamètres trop importants, plutôt qu’un est impossible de « garantir » la conformité puisqu’il est impossible
diamètre centré obligeant à de nombreux retours en fonderie des de prédire la conformité de la n + 1e pièce même si les n premières
pièces trop petites. pièces contrôlées sont conformes.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 6 © Techniques de l’Ingénieur
On discernera donc les cartes de contrôle « aux mesures » des Sur une période de fonctionnement stable du processus, prise
cartes de contrôle « aux attributs » qui ne font pas intervenir les comme référence, on estime les paramètres moyenne et écart-type
mêmes lois statistiques : dans le premier cas, il s’agit de lois norma- (µ0, σ0) de la loi normale à partir de N valeurs individuelles xi
les, dans le second, ce sont des lois binomiales ou de Poisson. (N > 100) en s’assurant au préalable qu’on n’est pas trop éloigné de
Il y a lieu de distinguer différents cas d’application des cartes de l’hypothèse de normalité (tests de normalité : NF X06-050) :
contrôle : — estimation de µ0 :
— les cartes de pilotage du processus : elles concernent des carac-
téristiques qui, lorsqu’elles évoluent, indiquent à l’opérateur une caté- ∑ xi
gorie d’actions à mener. Par exemple, la caractéristique suivie est la m 0 = ------------- (15)
N
différence d’épaisseur de peinture entre deux parties d’une pièce
métallique peinte. Une des parties est horizontale, l’autre est verticale. — estimation de σ0 :
La pièce est peinte par un robot. Une variation de la différence d’épais-
seur est significative d’une évolution de la viscosité de la peinture ;
— les cartes qui permettent de suivre des caractéristiques du ∑ ( xi – m0 ) 2
client : elles indiquent une évolution du résultat sans que les causes s0 = ------------------------------------ (16)
N–1
soient nécessairement identifiables facilement ;
— les cartes qui indiquent que des facteurs non clairement identi- Si des tolérances (Ti, Ts) sur valeurs individuelles ont été données,
fiés apparaissent. Un modèle a été préalablement établi qui relie la on calcule les indicateurs de capabilité du processus Cap et Cpk (§
caractéristique résultante et les paramètres du processus dont cer- 3). Si Cpk est très différent de Cap, on regarde si le procédé peut être
tains ne peuvent pas être maîtrisés. C’est l’écart entre la valeur de la recentré : on adopte alors a priori cette valeur centrée pour cible et
caractéristique et la valeur obtenue par le modèle qui est suivi. Par non m0 calculée.
exemple, une étude a montré que l’effort nécessaire pour arracher une
soudure par point d’une pièce donnée était de 30 ± 5 daN si l’électrode
était neuve et de 20 ± 7 daN lorsque l’électrode était en fin de vie. La 4.1.1.2 Assurance qualité et déplacement limite δ de la
moyenne
tolérance est un minimum de 10 daN. Le fait de trouver 22 daN avec
une électrode neuve indique une évolution certaine du processus. La maîtrise totale de la qualité vise à assurer le « zéro défaut » au
client. Dans le cas d’une loi normale, statistiquement « aucune
valeur en dehors d’un intervalle donné » n’existe que pour l’inter-
valle compris entre – ∞ et + ∞. Quel que soit l’intervalle considéré,
4.1 Cartes de contrôle aux mesures pour la loi normale, le pourcentage de la population dans l’intervalle
est inférieur à 100 %. Il faut donc statistiquement assimiler ce « zéro
défaut » à une très faible probabilité qu’il existe une valeur hors
Le principe du contrôle statistique aux mesures consiste, tolérance.
après avoir établi une « référence » à partir d’un nombre suffi- Il y a deux raisons à cela : d’une part, la liaison « zéro défaut pour
sant de « pièces » (N > 100) pendant une période stable de fabri- l’utilisateur » et aucune valeur hors tolérance (zéro non conforme)
cation, à prélever régulièrement des échantillons de taille n et à n’est pas totale. Si tout non-conforme à des spécifications entraînait
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
comparer leurs moyennes et dispersions à la moyenne et à la des problèmes pour le client, il n’existerait pas de dérogation aux spé-
dispersion de référence. cifications. D’autre part, la loi de distribution normale est basée sur
On distinguera les cartes aux moyennes, permettant de détec- des hypothèses qui n’existent pas totalement dans la réalité physi-
ter si la position de la dispersion dérive, des cartes de disper- que. La probabilité de produire une pièce de dimension négative n’est
sion, permettant de mettre en évidence des changements de pas nulle d’après la loi normale alors qu’en physique, cela est impos-
largeur de la dispersion. sible. La distribution normale est une bonne approximation de la réa-
lité jusque ± 3 écarts-types si les conditions sous-tendant son
existence sont respectées (infinité de causes indépendantes de varia-
tion, chaque cause ayant un effet individuel faible, etc.). Au-delà de
4.1.1 Cartes aux moyennes 3 écarts-types, la loi normale doit être utilisée avec prudence.
C’est pourquoi on prend souvent comme seuil inacceptable
4.1.1.1 Référence et capabilité du processus
d’avoir plus de 0,135 % de non-conformes, ce qui correspond à une
Les valeurs individuelles mesurées d’une caractéristique X sui- moyenne éloignée d’une valeur de 3 écarts-types de la limite de
vent le plus souvent une loi de distribution proche de la loi normale tolérance.
pour la dispersion intrinsèque dès lors qu’elles sont issues d’un Si la moyenne du processus dérive d’une quantité δ à partir de
même moyen. Il existe des exceptions. m0, il faudra donc qu’elle ne dépasse pas une certaine valeur
Exemples de ces exceptions : limite m1 qui assurera encore ce « zéro non-conforme » (figure 3).
Pour cela, il faudra avoir une efficacité de contrôle telle (taille
■ Pureté d’un métal qui tend vers 100 %, siccité d’un produit chimi- d’échantillon) qu’elle assure de détecter cette dérive avec de faibles
que qui tend vers 0 : ces grandeurs, physiquement bornées, suivent risques de se tromper. Dans le cas de deux limites de tolérances, on
souvent une loi log-normale : on se ramène dans ce cas à une loi nor- aura deux limites m1 et m 1′ .
male par une transformation de la variable X en X′ = lg ( X ) .
Les limites de déplacement de la moyenne se trouveront à
■ Caractéristique géométrique telle que planéité, circularité, etc. 3 écarts-types en retrait des tolérances ; mais si la caractéristique
concerne un équipement touchant à la sécurité humaine, ces limites
■ Mélange de lois normales pour des pièces issues d’un moule à qua- devront être bien plus en retrait ; à l’inverse, si le client peut admet-
tre empreintes : les empreintes présentant des différences, les pièces tre sans risque pour l’utilisation un produit dont le pourcentage de
issues d’une même empreinte peuvent suivre une loi normale. Mais valeurs hors tolérances puisse atteindre 1 %, ces limites ne seront
l’ensemble des empreintes peut ne pas suivre une loi normale. Il ne en retrait des tolérances que de 2,33 écarts-types (§ 3.3).
faut donc pas prendre pour chaque échantillon n pièces au hasard sans
tenir compte de l’empreinte. Tout processus évolue dans le temps :
— sous l’effet de causes déterminées (on dit aussi « assignables »
Nota : si les lois suivies ne sont pas normales, il existe des solutions pour traiter les don-
nées, mais elles ne sont pas traitées dans ce dossier, étant trop spécifiques aux cas de ou « spéciales ») qu’on s’efforcera de réduire pas à pas (les cartes de
figure rencontrés. contrôle sont un très bon outil pour les découvrir) ;
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 7
Dans le cas des cartes Shewhart, on peut réellement évaluer les ris-
δ ques α et β, puisque les échantillons successifs sont traités de façon
Ts indépendante les uns des autres (α et β identiques d’un échantillon
à l’autre). Pour les cartes CUSUM et EWMA (§ 4.1.1.5) en revanche,
où l’on combine les informations présentes avec celles du passé, les
risques α et β évoluent chronologiquement avec les échantillons
0,135% successifs. Ces concepts de risque doivent être traduits en termes
de périodes opérationnelles moyennes (POM), c’est-à-dire en nom-
bre moyen d’échantillons successifs nécessaires pour que la carte
m0 m1
de contrôle signale qu’il y a déréglage, soit qu’il y en ait réellement
3s une (POM1, concept type β), soit qu’il n’y en ait pas (POM0, concept
type α). Pour les cartes Shewhart, on peut aussi parler de POM. Cela
Figure 3 – Déplacement limite de la moyenne permet, pour un déplacement δ et un effectif d’échantillon donnés,
de comparer l’efficacité de ces trois types de cartes.
— sous les effets de causes aléatoires qui peuvent se conjuguer En revanche, on peut n’avoir pour seul objectif que de vérifier si la
momentanément dans le même sens : il faudra alors agir sur un para- dispersion intrinsèque reste stable, sans envisager spécifiquement
mètre connu pour en minimiser les effets sur la période considérée. que l’intervalle de tolérance soit respecté : c’est d’ailleurs dans cet
La dérive maximale de la position de la dispersion que l’on peut esprit que Shewhart a proposé sa méthode de contrôle en 1931 ; on
tolérer pour assurer le « zéro non-conforme » peut s’exprimer en ne tient compte alors que du risque α, et l’effectif des échantillons
nombre d’écarts-types par : est fixé a priori. Cela peut être justifié quand la liaison entre confor-
mité du produit à des spécifications et défaut client n’est pas claire-
m 1 – m 0 m 0 – m 1′ ment établie ou quand la caractéristique suivie n’est pas une
δ = min ---------------------- ; ---------------------- caractéristique intéressant le client mais une caractéristique permet-
s s (17) tant une réactivité sur le processus (§ 1.2).
Il faudra avoir une efficacité de contrôle qui assure une très forte C’est également le cas si on se place dans le contexte suivant :
probabilité de détecter ce déréglage δ (§ 4.1.1.3). l’étude de capabilité faite sur la période de référence (§ 4.1.1.1) a
Exemple : la valeur ciblée de la cote d’une pièce est m0 = 75 mm. montré un résultat largement satisfaisant. La connaissance du
processus est telle qu’a priori, les facteurs influents sont clairement
Sur une période stable, on a déterminé un écart-type du processus
identifiés et que le processus est maîtrisé. Le prélèvement n’est pas
s0 = 0,5 mm. Du fait que la période était stable, si, écart-type intrinsè-
réalisé pour garantir la conformité mais pour identifier l’apparition
que, est égal à sip, écart-type de production (§ 3). Il est noté ici s0.
d’un facteur influent jusque-là inconnu ou pour vérifier qu’aucun
Les tolérances en valeurs individuelles sont ± 2 mm. facteur influent connu n’a pas évolué sans que l’on s’en aperçoive.
L’équivalent du « zéro défaut » est une probabilité de 0,135 % de
On exposera donc les deux points de vue : prélèvement pour
valeurs hors tolérances.
détecter des facteurs influents non cernés (cartes de Shewhart) et
■ Capabilité du processus [relation (12)] : prélèvement pour assurer le respect de l’intervalle de tolérance (car-
tes de type Shewhart).
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
4
Cap = ---------------------- = 1 ,33 (18)
6 × 0 ,5 4.1.1.4 Cartes de Shewhart et cartes de type Shewhart
■ Moyennes limites : Un échantillon, constitué de n valeurs prélevées dans la fabrica-
tion en cours, donne respectivement des estimations x et s de la
⎧ m 1 = T s – 3s = 77 – ( 3 × 0 ,5 ) = 75 ,5 tendance centrale réelle µ et de la dispersion réelle σ actuelles du
⎨
⎩ m 1′ = T i + 3s = 73 + ( 3 × 0 ,5 ) = 74 ,5 (19)
processus. Ces estimations, même si la fabrication ne s’est pas
déréglée, varient d’un échantillon à l’autre : ce sont des variables
■ Déplacement maximal de la moyenne en nombre d’écarts-types : aléatoires dont on peut calculer les lois de probabilité et donc des
intervalles, dépendant de n, à l’extérieur desquels on a une très fai-
m1 – m0 75 ,5 – 75 ble probabilité de trouver chacun de ces deux paramètres si le pro-
δ = -------------------------
- = ----------------------------- = 1 ,0 (20) cessus n’a pas évolué. Les bornes de ces intervalles sont les limites
s 0 ,5
de contrôle (Lci et Lcs).
(suite de l’exemple : § 4.1.1.4 et § 4.1.1.6).
Le processus étant centré, si la caractéristique considérée a une
Au lieu ou en plus d’une dérive de la moyenne, il peut y avoir une distribution normale (µ, s), la distribution des valeurs x des échan-
dérive de la largeur de la dispersion du processus : c’est pourquoi il tillons suit une loi normale ( µ, σ ⁄ n ) . Si l’on place les limites de
est indispensable que chaque carte de contrôle d’une moyenne (§ contrôle des échantillons à plus ou moins 3 écarts-types de la
4.1.1.4) soit accompagnée d’une carte de contrôle de la dispersion (§ moyenne ( µ ± 3 σ ⁄ n ) , cela voudra dire que l’on n’a qu’une proba-
4.1.2). bilité α = 2 × 0,135 % = 0,27 % (cf. loi normale réduite) de trouver des
valeurs à l’extérieur (figure 4). Cette probabilité α étant très faible, si
l’on trouve des valeurs extérieures, on en conclura que le processus
4.1.1.3 Risques décisionnels, périodes opérationnelles a très probablement évolué et qu’il faut intervenir (identification de
moyennes
la cause, règle de réactivité...).
Quel que soit le type de décision que l’on ait à prendre, statistique La carte de contrôle (figure 5) est un diagramme, centré sur m0 et
ou non, il y a toujours deux risques de se tromper : borné par Lcs et Lci, sur lequel on reporte les valeurs successives du
— le risque de décider qu’il faut agir alors qu’il ne le faudrait pas paramètre de position retenu, la moyenne de l’échantillon.
(risque α de fausse alarme) ;
La probabilité α est le risque de dérégler le processus en croyant
— le risque de décider qu’il ne faut pas agir alors qu’il le faudrait le régler. α est le plus souvent choisi égal à 0,27 %, ce qui conduit à
(risque β, ou risque de ne pas voir que la moyenne a atteint m1 ou des limites de contrôle à 3 écarts-types de la valeur cible ; mais il
m 1′ ). n’est pas interdit de prendre d’autres valeurs en fonction de la spé-
Si l’on veut assurer des tolérances, on devra tenir compte de ces cificité du procédé, c’est-à-dire de la difficulté qu’il y aura à le régler
deux risques pour la détermination de l’effectif des échantillons. ultérieurement après un déréglage inopiné.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 8 © Techniques de l’Ingénieur
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 9
(0)
δ⁄ n Valeur de la POM
s/√n s/√n
0 POM0 = 100 POM0 = 370 POM0 = 500 POM0 = 1 000
β α/2 uα/2 = 2,576 uα/2 = 3,00 uα/2 = 3,09 uα/2 = 3,29
0,5 POM1 = 50 POM1 = 155 POM1 = 201 POM1 = 369
0,75 POM1 = 29,1 POM1 = 81 POM1 = 103 POM1 = 180
m0 m1
Lcs
1,0 POM1 = 17,3 POM1 = 44 POM1 = 55 POM1 = 91
Figure 7 – Déplacement de la moyenne et efficacité 1,5 POM1 = 7,1 POM1 = 15,0 POM1 = 18,0 POM1 = 27,2
2,0 POM1 = 3,5 POM1 = 6,3 POM1 = 7,25 POM1 = 10,1
Les limites de contrôle d’une carte de type Shewhart assurant les 2,5 POM1 = 2,13 POM1 = 3,24 POM1 = 3,60 POM1 = 4,66
tolérances sont :
3,0 POM1 = 1,50 POM1 = 2,00 POM1 = 2,15 POM1 = 2,59
Lc = m0 uα ⁄ 2 ⋅ s ⁄ n (23) 3,5 POM1 = 1,21 POM1 = 1,45 POM1 = 1,52 POM1 = 1,71
On prend souvent uα/2 = 3,0. 4,0 POM1 = 1,08 POM1 = 1,19 POM1 = 1,22 POM1 = 1,31
Exemple (suite du § 4.1.1.2 avec δ = 1) : les courbes d’efficacité Pour tenter d’améliorer l’efficacité des cartes Shewhart pour les
(figure 7) montrent (par interpolation) qu’avec une carte de type petites dérives, sans accroître le coût de contrôle de façon prohibi-
Shewhart, il faut prendre des échantillons d’effectif n = 14 pour n’avoir tive, on a proposé d’ajouter à ces cartes des « règles de séries »
pas plus de 20 % de risque de ne pas déceler cette dérive. Avec une (NF X06-031-1) : le principe est de détecter une dérive, même si le
carte de Shewhart utilisant fréquemment et a priori des échantillons de dernier échantillon est dans les limites de contrôle, à partir de la
taille n = 5, on a 80 % de risque de ne pas détecter une telle dérive. On configuration de la position des p derniers points sur la carte. Mais
ajoute parfois aux limites de contrôle des limites de surveillance (Lsi ces règles provoquent une hausse importante des fausses alarmes,
et Lss ; en anglais warning limits) placées à m ± 2s ⁄ n , c’est-à-dire elles sont souvent interprétées de façons différentes par les opéra-
bornant 95 % des valeurs. teurs, et leur efficacité n’est pas très bonne.
On obtient évidemment les mêmes résultats avec l’équation géné-
rale (voir dossier [R 270]) :
Pour déceler des petits déréglages, on préfère donc utiliser
α/2 = 0,135 % ⇒ uα/2 = 3,0 (24) des cartes plus spécifiques, CUSUM (cartes des sommes cumu-
lées) ou EWMA (cartes des moyennes mobiles avec pondération
et : β = 20 % ⇒ uβ = 0,84 (25) exponentielle), qui, tenant compte systématiquement du passé,
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
4.1.1.5 Cartes tenant compte des résultats antérieurs Le paramètre λ est le coefficient de pondération : si λ est égal à 1,
on revient à une carte Shewhart ne tenant compte que du résultat
On peut avoir intérêt à détecter le plus rapidement possible de fai- présent et permettant seulement de détecter des dérives
bles dérives des caractéristiques des produits ou des paramètres de importantes ; plus λ est petit, mieux on décèlera de petites dérives,
marche. Les cartes Shewhart permettent de détecter rapidement des mais moins on sera sensible aux dérives brusques et importantes.
déréglages de grande amplitude mais pas des déréglages de petite On devra donc choisir λ en fonction de la connaissance du
ou moyenne amplitude, sinon en accroissant très fortement l’effectif processus : le plus souvent 0 ,25 λ 0 ,75 et assez souvent
des échantillons, c’est-à-dire le coût de contrôle. λ ≈ 0,33.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 10 © Techniques de l’Ingénieur
considérées comme des droites parallèles (figure 8) : il faut cepen- la carte en la réinitialisant, c’est-à-dire avec Z0 = m0 ou la cible : cela
dant en tenir compte pour les premiers échantillons lorsque l’on signifie que l’on ne tient plus compte des échantillons précédents
redémarre la carte après une action, si l’on n’est pas sûr d’avoir qui ont été obtenus dans des conditions de réglage différentes.
recentré correctement le processus. Les cartes EWMA sont faites pour protéger des petites dérives
Les risques α et β ne sont pas constants et on juge de l’efficacité des mais sont lentes à détecter des dérives brusques comme le permet-
cartes EWMA par les périodes opérationnelles moyennes (§ 4.1.1.3) tent les cartes Shewhart : lorsque, sur un processus, on peut avoir
pour un déréglage donné δ de la moyenne. La période opérationnelle les deux types de dérives, on peut tenir les deux types de cartes
est une variable aléatoire, non gaussienne, dont on peut déterminer simultanément.
(0)
δ⁄ n Valeur de la POM
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 11
Soulignons enfin que dans certains cas, comme pour les cartes
CUSUM, lorsque l’on n’est pas sûr de recentrer parfaitement le pro- Lcs pour n = 4
Xi
cessus, on peut réinitialiser la carte à Z0 = δ/2 au lieu de Z0 = m0, ce 75,8
qui conduit, si l’on est bien recentré, à deux tracés rapidement con- Lcs pour n = 14
75,4
vergents, sinon à une sortie rapide du côté où l’on est décentré.
75
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
4.1.1.6 Comparaison de l’efficacité des cartes Shewhart et 74,6
Lci pour n = 14
EWMA 74,2 Lci pour n = 4
Le choix d’un type de carte ne doit pas se faire sur des critères
subjectifs, mais en fonction de ce que l’on veut détecter, des carac-
téristiques du processus et des moyens de contrôle que l’on peut y Figure 10 – Carte de contrôle Shewhart
consacrer. L’exemple suivant allie volontairement dérive lente et
dérive importante et brusque.
Exemple [suite de § 4.1.1.2 et 4.1.1.4) avec δ = 1 (on rappelle que
s = 0,5, Ti = 73 et Ts = 77 et m0 = 75)] : supposons que l’on ait obtenu Zi 75,5 Lcs pour n = 4
♦
les deux séries d’échantillons successifs suivants : 75,3 ♦
75,1 ♦ ♦ ♦
75 ♦ ♦
x1 x2 x3 x4 x5 x6 x7 x8 x9 x 10 x 11 ♦
74,9
♦ ♦
74,85 75,30 75,15 74,90 74,65 74,65 74,70 74,35 75,3 75,8 75,75 74,7
Lci pour n = 4 ♦
74,5
■ Carte de Shewhart
n = 4 ; α/2 = 0,135 % Figure 11 – Carte de contrôle EWMA
3 × 0 ,5 ⎧ 75 ,75
L c = 75 ± ---------------------- = ⎨
4 ⎩ 74 ,25
(0)
(voir ci-après) mais avec un coût de contrôle plus que triple (ici n = 14
au lieu de n = 4). La deuxième série de mesures décèle un déréglage Tableau 4 – Paramètres des cartes de dispersion
important dès le deuxième échantillon.
Limites de
Limites de contrôle
■ Carte EWMA Valeur surveillance
Cartes
On désire POM0 = 500 et POM1 ≈ 3 ; on trouve dans le tableau 2 : centrale
inférieure supérieure inférieure supérieure
⎧ POM 1 = 3 ,5
⎪ si c4 · s B5 · s B6 · s B 5′ ⋅ s B 6′ ⋅ s
⎨λ = 0 ,37 et L = 3 ,05
⎪
⎩ δ n = 2⇒n = 4 wi d2 · s D1 · s D2 · s D 1′ ⋅ s D 2′ ⋅ s
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 12 © Techniques de l’Ingénieur
(0)
n c4 B5 B6 B 5′ B 6′ d2 D1 D2 D 1′ D 2′
4.2 Cartes de contrôle aux attributs conformes dans la production. Il est donc admis qu’un pourcentage
non négligeable de produits non conformes soit livré. Dans ce cas,
on ne réagit que si le pourcentage de produits non conformes
Lorsque l’on considère qualitativement les unités produites, c’est-à- devient prohibitif. On ne peut pas réellement parler de maîtrise du
dire lorsqu’on les classe en « conformes » et « non conformes » processus.
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
4.2.1.1 Utilisation dans le cas d’un contrôle industriel par P = Prob (0) + Prob (1) + Prob (2) pour Lcs = 3 (35)
attribut et par échantillonnage
Il s’agit de ne prélever qu’un échantillon d’une production et On peut aussi, comme dans le cas des mesures, faire intervenir la
d’estimer à partir de cet échantillon le pourcentage de produits non notion de période opérationnelle moyenne (NF X06-031-2).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 13
5 15 25
100 50 25
100 50 25 15 10
100 50
Dans le cas où l’on n’accepte aucune unité défectueuse dans un contrôle n’étant pas toujours vraiment valables. Mais il vaut mieux
échantillon (limite de contrôle Lcs = 1), la loi binomiale se réduit à : faciliter l’utilisation d’outils permettant l’amélioration et la progres-
sion de la maîtrise du processus qu’être puriste et ne pas permettre
P = Prob (0) = (1 − p)n (36) la progression.
Exemple : on contrôle des échantillons de 5 pièces d’une fabrication
et on intervient dès qu’on trouve une pièce hors spécification (limite de
contrôle Lcs = 1). 4.2.2 Référence du processus
On acceptera, avec une probabilité P = (1 − 0,01)5 = 0,95, c’est-à-dire
95 fois sur 100 une fabrication ayant 1 % de pièces non conformes La première étape consiste à estimer la proportion moyenne p0
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
(p = 0,01), et une fois sur 5 (P = 0,207) une fabrication ayant 27 % de d’unités non conformes sur une période de fabrication récente et
pièces non conformes (p = 0,27) ! relativement stable. On estime le plus souvent p0 à partir de
Si l’on avait pris n = 100, on n’accepterait que 13 fois sur 100 r échantillons de taille n quelconque (on conseille nr = 300 à 400).
(P = 0,132) une fabrication ayant 2 % de pièces non conformes On peut aussi estimer le nombre moyen u0 de non-conformités
(figure 12). par unité de production lorsqu’il peut en exister de plusieurs types
sur une même unité.
4.2.1.2 Utilisation dans le cas du suivi d’un contrôle ou d’un
comptage
Dans le cas d’un contrôle à 100 % ou dans le cas de suivi d’un
4.2.3 Cartes de contrôle aux attributs
dénombrement (par exemple, nombre de chutes de personnes dans
une maison de retraite), le suivi par carte de contrôle permet de met- On distingue trois types de cartes, chacun comportant deux sous-
tre en évidence l’efficacité ou la non-efficacité des actions menées groupes :
ou l’impact d’événements. — carte « p » pour la proportion d’unités non conformes (échan-
Dans ce cas, les limites de contrôle et de surveillance sont des tillons de tailles pouvant être différentes) et carte « np » (échan-
indicateurs pour étalonner le jugement de l’impact des actions tillons de taille pratiquement constante) ;
menées. Cependant, les deux limites de contrôle (ou de sur- — carte « u » pour le nombre de non-conformités par unité de
veillance) sont d’autant plus resserrées que les effectifs concernés production et carte « c » pour le nombre de non-conformités par
sont élevés, et d’autant plus espacées que les effectifs concernés échantillon ;
sont faibles. Le dilemme est alors soit d’accroître l’effectif en allon- — carte des « démérites » où l’on pondère les types de non-con-
geant la période concernée, ce qui permet d’avoir des effectifs éle- formités en fonction de leur gravité pour le client.
vés donc des limites resserrées et une bonne discrimination, mais
pose le problème d’identification des événements, la période étant 4.2.3.1 Carte « p »
longue, soit de diminuer l’effectif en diminuant la période conce-
rnée, ce qui a les effets inverses. La carte de contrôle est un diagramme, centré sur p0 (proportion
Pour interpréter les fluctuations, il est fortement conseillé moyenne d’unités non conformes) et borné par des limites de con-
d’adjoindre à ces cartes des « règles de séries » (NF X06-031-1) : le trôle Lcs et Lci, sur lequel on reporte les proportions pi d’unités non
principe est de détecter une dérive, même si le dernier échantillon conformes trouvées dans les échantillons successifs.
est dans les limites de contrôle, à partir de la configuration de la Les limites de contrôle varient d’un échantillon à l’autre si
position des p derniers points sur la carte. l’effectif ni des échantillons contrôlés n’est pas constant :
L’utilisation de cartes de contrôle aux attributs avec des effectifs
faibles ne correspond pas à un test statistique dans les règles de Lc = p0 ± 3 p0 ( 1 – p0 ) ⁄ ni (37)
l’art, les approximations utilisées pour calculer les limites de
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 14 © Techniques de l’Ingénieur
On peut ajouter des limites de surveillance à np0 ± 2s. ∑ g i = 1 pour chaque famille (tableau 6).
4.2.3.3 Carte « u » Le point important est que cette cotation subjective des gravités
soit établie par un groupe de personnes concernées à divers titres,
Dans le cas où les unités produites peuvent comporter chacune et non par une seule personne.
plusieurs types de non-conformités, on doit utiliser la loi de Poisson
car le nombre de non-conformités peut dépasser l’effectif des Par définition, le démérite de la production totale estimé à partir
échantillons. de l’analyse des n unités est :
La valeur centrale de la carte est u0.
Les limites de contrôle sont :
∑ ( ni ⋅ gi )
D = ---------------------------- × 100 (44)
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
n
Lc = u0 ± 3 u ⁄ n (41)
0 avec ni le nombre de non-conformités observées pour la
On peut ajouter des limites de surveillance à u0 ± 2s. famille I.
Si on appelle pi le pourcentage de non-conformités de la famille I :
4.2.3.4 Carte « c »
Ces cartes sont utilisées également dans le cas où chaque unité D = ∑ ( gi pi ) (45)
peut comporter plusieurs non-conformités, mais où l’on juge de la
qualité sur un ensemble de plusieurs unités (un lot). Cette dernière expression permet de comparer des démérites de
périodes différentes si le nombre d’observations n’est pas constant.
Sur une période de référence récente et relativement stable, on a
déterminé la valeur centrale de la carte c0 = nu0. On détermine le démérite de référence à partir des démérites de
r périodes stables :
Si la taille ni des échantillons n’est pas constante, les limites de
contrôle sont variables en fonction de chaque échantillon :
∑ Di
D 0 = -------------- (46)
Lc = ni c0 ⁄ n ± 3 ni c0 ⁄ n (42) r
Si l’effectif des échantillons est relativement constant, les limites ou, si l’on appelle p i le pourcentage moyen de non-conformités
de contrôle sont : d’une famille I :
Lc = c0 ± 3 c0 (43)
D0 = ∑ ( gi ⋅ pi ) (47)
On peut ajouter des limites de surveillance à c0 ± 2s.
Les pi suivent une loi de Poisson de moyenne p i et d’écart-type
4.2.3.5 Carte des démérites
p i , mais non les démérites. On peut cependant calculer un écart-
L’objectif de ces cartes est de tenir compte non seulement du
type des démérites :
nombre ou de la proportion des non-conformités, mais aussi de leur
gravité.
Cette méthode de maîtrise de la qualité s’applique directement s d = 10 ∑ ( gi2 ⋅ pi ) ⁄ n en pourcentage (48)
aux contrôles par attributs mais peut aussi être utilisée pour des
contrôles aux mesures (il suffit par exemple de compter la sortie avec n moyenne des observations réalisées sur les
d’une carte de contrôle aux mesures comme une non-conformité). r périodes.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur R 290v2 − 15
La carte de contrôle des démérites est un diagramme, centré sur N étant fixé par la capacité de production, R et n par la capabilité
D0 et borné par des limites de contrôle, sur lequel on reportera les du processus et sa stabilité à l’état présent, p étant fonction de la
valeurs successives des démérites. vitesse de dérive du processus entre deux réglages, on ne peut
Si les pi sont de l’ordre de quelques unités, on admet en pratique appliquer la règle de R. Cavé que si :
que la distribution des Di n’est pas trop éloignée d’une distribution
normale, d’autant que l’on s’intéressera surtout à la limite de con- N p 2 nR (52)
trôle supérieure Lcs :
Si l’on sort de cette condition, pour maintenir toujours en
Lcs = D0 + 2 à 3 sd (49) moyenne p échantillons entre deux réglages, il faut une fréquence
minimale d’échantillonnage :
On peut enfin appliquer aux démérites le tracé pondéré EWMA (§
4.1.1.5), ce qui permet de tempérer les actions et de déceler de plus
faibles tendances de dérive. F = pR ⁄ t (53)
Les statistiques permettent de déterminer rigoureusement la taille ■ Pour des processus continus fournissant des produits non indivi-
des échantillons à contrôler pour détecter une dérive donnée d’un dualisables (gaz, liquides ou solides en vrac), on ne pourra utiliser que
processus avec des risques connus de se tromper dans les cette dernière équation (53) puisque N est par définition indéterminé.
décisions, mais ne permettent pas de déterminer à quelle fréquence On pourra cependant parfois se fixer par expérience des périodes ou
il faut échantillonner. Toutes les règles actuelles pour estimer cette des tonnages fictifs, jugés suffisamment « homogènes » (par exemple
fréquence font appel à la connaissance et à l’expérience que l’on a une demi-heure de production, 1 t de produit) et qui seront considérés
du processus. comme des individus : on pourra alors utiliser la règle de R. Cavé si
l’on se trouve dans sa condition d’application.
■ Le premier, R. Cavé [1] a énoncé une règle simple, fondée sur la
fréquence moyenne des réglages des machines, de façon à obtenir Signalons que, dans certaines industries, on utilise pour déte-
un coût de contrôle minimal pour la production de grandes séries de rminer la fréquence d’échantillonnage des équations empiriques ou
pièces mécaniques, c’est-à-dire de pièces individualisables. Cette des graphiques tenant compte du nombre moyen de déréglages
règle est citée ici pour que les lecteurs puissent s’en inspirer. La mais aussi de leur gravité.
règle de base est surtout d’adapter la fréquence à l’expérience que
l’on a du processus et à ses évolutions possibles : déréglage brus- ■ Pour la constitution des échantillons, des prélèvements groupés
que, déréglage lent, variabilité de la largeur de la dispersion instan- à un instant donné donnent une image instantanée de la moyenne
tanée, durée possible des variations. du processus, alors que des prélèvements étalés dans le temps don-
nent une image moyenne de la position de la moyenne du proces-
Soit n l’effectif calculé des échantillons et M le nombre moyen de sus.
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
R 290v2 − 16 © Techniques de l’Ingénieur
P
O
U
Maîtrise statistique des processus R
Utilisation des cartes de contrôle E
par Françoise BOULANGER
N
Statisticienne, Rohm et Haas
Georges CHÉROUTE
et
Consultant, Institut Renault
Valérie JOLIVET
S
Responsable qualité, Essilor
A
Ce texte est la nouvelle édition du dossier rédigé par Gérard BRUNSCHWIG et Alain PALSKY.
V
Bibliographie
O
Référence Aide-mémoire pratique des techniques statistiques Dans les Techniques de l’Ingénieur
I
pour ingénieurs et techniciens supérieurs.
[1] CAVÉ (R.). – Le contrôle statistique des fabri-
cations. Eyrolles (1966).
CERESTA (1986).
POIRIER (J.). – Observation statistique. [R 240],
Mesures : généralités (1992).
POIRIER (J.). – Tables statistiques. [R 270],
R
RYAN (T.). – Statistical methods for quality improve-
Autres Mesures : généralités (1992).
ment. Willey (1989).
JURAN (J.). – Planifier la qualité. Coll. Afnor Ges- Revues
tion (1989).
LAMOUILLE (J.L.), MURRY (B.) et POTIÉ (C.). – La maî-
LUCAS (J.M.). – Counted Data CUSUM. Technome-
trics, 27, 129-144 (1985).
Revue de statistique appliquée publiée par l’Ins-
titut Henri Poincaré de l’Université Pierre et Marie
Curie
P
trise statistique des procédés (SPC). Démarche et
outils. 126 p. Coll. Afnor Gestion (1989).
LUCAS (J.M.) et SACCUCCI (M.S.). – Exponentially
Weighted Moving Average Control Schemes :
Qualité en mouvement (MFQ)
L
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
SOUVAY (P.). – La statistique, outil de la qualité. Properties and Enhancements. Technometrics, Technometrics (ASQ)
289 p. Coll. Afnor Gestion (1986). 32, 1, 1-30 (1990). Journal of Quality Technology (ASQ)
U
S
Normalisation
NF ISO 2859-1 4-00 Règles d’échantillonnage pour les contrôles par attri- Partie 3 : mesures intermédiaires de la fidélité d’une
buts – Partie 1 : procédures d’échantillonnage pour méthode de mesure normalisée.
les contrôles lot par lot, indexés d’après le niveau de
qualité acceptable (NQA). NF ISO 5725-4 12-94 Application de la statistique – Exactitude (justesse et
fidélité) des résultats et méthodes de mesure –
NF ISO 2859-1 10-05 Règles d’échantillonnage pour les contrôles par attri- Partie 4 : méthodes de base pour la détermination de
buts – Partie 3 : procédures d’échantillonnage succes- la justesse d’une méthode de mesure normalisée.
sif partiel.
NF ISO 5725-5 10-98 Application de la statistique – Exactitude (justesse et
NF ISO 2859-4 5-03 Règles d’échantillonnage pour les contrôles par attri- fidélité) des résultats et méthodes de mesure –
buts – Partie 4 : procédures pour l’évaluation des Partie 5 : méthodes alternatives pour la détermination
niveaux déclarés de qualité. de la fidélité d’une méthode de mesure normalisée.
NF ISO 2859-5 10-05 Règles d’échantillonnage pour les contrôles par attri- NF ISO 5725-6 12-94 Application de la statistique – Exactitude (justesse et
buts – Partie 5 : systèmes de plans d’échantillonnage fidélité) des résultats et méthodes de mesure –
progressif pour le contrôle lot par lot, indexés d’après Partie 6 : utilisation pratique des valeurs d’exactitude.
la limite d’acceptation de qualité (LAQ).
NF ENV 13005 8-99 Guide de l’expression de l’incertitude de mesure.
NF ISO 5725-1 12-94 Application de la statistique – Exactitude (justesse et
fidélité) des résultats et méthodes de mesure – NF E60-181 1-01 Moyens de production – Conditions de réception –
Partie 1 : principes généraux et définitions. Méthode d’évaluation de l’aptitude à réaliser des piè-
ces.
NF ISO 5725-2 12-94 Application de la statistique – Exactitude (justesse et
fidélité) des résultats et méthodes de mesure – FD X06-001 12-96 Statistique – Termes et symboles (français et anglais)
Partie 2 : méthode de base pour la détermination de la des probabilités, de la statistique, de la maîtrise statis-
répétabilité et de la reproductibilité d’une méthode de tique de la qualité et des plans d’expérience.
mesure normalisée.
NF X06-023 12-97 Application de la statistique – Sélection de plans
NF ISO 5725-3 12-94 Application de la statistique – Exactitude (justesse et d’échantillonnage pour le contrôle du pourcentage
fidélité) des résultats et méthodes de mesure – d’unités non conformes par mesurage.
R NF X06-031-0 12-95
place de la maîtrise statistique des processus.
Application de la statistique – Cartes de contrôle – NF X06-034 9-00
de fabrication – Généralités.
Partie 2 : cartes de contrôle aux attributs. FD X06-100 9-02 Application de la statistique – Aide au choix de la
N NF X06-031-3 12-95 Application de la statistique – Cartes de contrôle –
Partie 3 : cartes de contrôle à moyennes mobiles avec
méthode statistique normalisée répondant à un
besoin d’utilisateur.
pondération exponentielle. Recueils de normes
NF X06-031-4 12-95 Application de la statistique – Cartes de contrôle – Échantillonnage. Méthodes statistiques. Afnor (2005).
Partie 4 : cartes de contrôle des sommes cumulées
S (CUSUM). Méthodes statistiques. Afnor (2003).
A
V Organismes
Mouvement français pour la qualité (MFQ)
O http://www.mfq-fc.asso.fr
American Society for Quality (ASQ)
I http://www.asq.org
European Organization for Quality (EOQ)
http://www.eoq.org
P
L
Parution : mars 2006 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200051538 - cnam // 163.173.128.143
U
S
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com
LES AVANTAGES ET SERVICES
compris dans les offres Techniques de l’Ingénieur
ACCÈS
SERVICES ET OUTILS PRATIQUES
Archives Impression à la demande Alertes actualisations
Technologies anciennes et versions Commandez les éditions papier Recevez par email toutes les nouveautés
antérieures des articles de vos ressources documentaires de vos ressources documentaires
*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.
www.techniques-ingenieur.fr
CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com