Introduction Historique Au Droit - S1

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 21

Le droit de l’Antiquité

Le droit mésopotamien

- le droit de la Mésopotamie est profondément marqué par la religion → c’est un droit non-
autonome
- le code d'Hammurabi (roi de Babylone, 1750 av. JC) présente le droit comme révélé par un dieu,
immuable et sanctionné par la religion
- utilisation de « jugement divin »
- exemple= l’ordalie → mode de preuve faisant appel aux dieux, souvent sous forme fluviale
- le plaideur doit surnager son innocence, s’il coule il est coupable

- qu’est-ce qu’un droit autonome ?:


- quand une société organise son ordre social en distinguant le droit d'autres modèles de conduite,
issus par exemple de la religion ou de la morale
- ça ne veut pas dire que le droit est complètement isolé des influences extérieures, juste qu’il a son
propre objet, propres sources, et méthodes

L’isolement du droit à Rome

- droit isolé de la religion :


- les pontifes, prêtres ayant autorité sur la religion et le droit, ont séparés ces 2 domaines par soucis
d’efficacité
- la Loi des 12 Tables(450 avJC) premier grand texte juridique romain, montre déjà très tôt cette
séparation
- le droit a pu évolué sans sacrifier l’ordre religieux

- droit isolé de la morale :


- les censeurs (magistrats spéciaux) sanctionnaient les actes contraires à la morale, même permis par
le droit
- exemple : un père de famille pouvait être sanctionné s'il éduquait mal ses enfants, malgré son
pouvoir absolu sur eux du point de vue du droit

- droit isolé du fait:


- la procédure civile romaine a divisé l’instance en 2 parties
➢ les questions de droit étaient traitées devant un magistrat
➢ les questions de fait étaient tranchées par un juge
- a permis l’emploi de la fiction pour atteindre des résultats souhaitables → déplacer la naissance, la
mort,…

- droit isolé de la philosophie :


- Rome a préféré une méthode d’analyse propre au droit

- résultat :
1. le droit a pu se construire en science, sans être enfermé dans d’autres systèmes
2. le travail d’isolement a été poursuivi à l’intérieur du droit lui-même →les juristes romains ont
distingués le droit public du droit privé [critère de distinction= utilité publique ou des particuliers]

La divulgation du droit à Rome

- contexte politique et social :


- instauration de la République en 509 av.JC → le pouvoir est détenu par le patriciat et les plébéiens
sont exclus des magistratures
- montée de tension entre les 2 groupes, notamment autour de la divulgation du droit et la justice
contrôlée par les patriciens

- les plébéiens obtiennent la divulgation du droit en 3 étapes


1. la publication des règles de droit → la loi des 12 Tables (450 av.JC) instaure l'égalité juridique
entre patriciens et plébéiens
2. la publication des formules judiciaires (305av.JC) rend accessibles les règles procédurales
3. la divulgation du mode d'emploi (254 av.JC) permet une transmission plus ouverte du droit

Passage d’un droit archaïque (formalisme) à un droit classique

La « jurisprudence » à Rome

- la jurisprudence à Rome ne désigne pas les décisions des tribunaux, mais la science du droit !
- elle est le résultat de l’activité des juristes, qui connaît 2 formes=
➢ l’équivalent de ce que nous on appelle aujourd’hui la doctrine
➢ leur activité de consultation
- les juristes écrivent des commentaires et donnent des consultations (responsa= réponse)

Les sources du droit à Rome

- loi :
- elle est proposée par un magistrat et votée par les citoyens en assemblée
- jurisprudence :
- résultat de l'activité des juristes, contribue à la création du droit par l'interprétation via
commentaires et consultations
- édit du préteur :
- actions délivrés par le préteur (magistrat judiciaire) en l’absence de règles légales
- sénatus-consultes :
- sous la république ce sont des textes votés par le Sénat exprimant des avis courtois
- sous le principat une source direct du droit, avec le Sénat sous l’autorité de l’empereur
- constitutions impériales :
- normes émanant de l'empereur (édits, rescrits, décrets, mandats)
- coutume :
- fondée sur la répétition d'une même pratique

L’édit du préteur

- préteur :
- magistrat judiciaire élu pour 1 an
- il intervient dans la 1ère phase du procès

- édit du préteur :
- quand il entre en fonction, le préteur énumère des cas dans lesquels il délivrera des actions
- il peut délivrer des actions dans un domaine ou la loi ne s’est pas prononcée → droit prétorien
- il ne promulgue pas des règles de fond, mais des moyens de procédure
- l’édit valable toute l’année= édit perpétuel
- en cas de situation inédite → le préteur peut prendre un édit spécial, qui ne vaut que pendant
l’année de charge du préteur qui l’a promulgué
- ouvrage refondu chaque année, mais le préteur suivant reprend l’essentiel de son prédécesseur
- source du droit très souple, capable de répondre rapidement aux nécessités pratiques

L’invention du juriste à Rome


- création originale de Rome
- le juriste romain est exclusivement dédié à la science juridique
- exerce une activité privée et indépendante des pouvoirs de l’État
- fonctions=
➢ donner des consultations juridiques (responsa)
➢ rédiger des actes juridiques
➢ prêter assistance juridique dans les procès ← souvent de manière gratuite car
issus de familles aristocratiques, ce qui renforce leur impartialité

- rôle du juriste dans l’élaboration du droit :


- influence les sources principales du droit romain, à travers :
➢ la jurisprudence
➢ l’édit du préteur
➢ les constitutions impériales
- il contribue à leur élaboration car il a des connaissances juridiques

Les grands outils de la science du droit dans la Rome antique


doctrine, langage, argumentation, enseignement

- la doctrine juridique :
- né à travers la construction du droit privé qui remonte à la loi des 12 Tables ← loi difficile à
comprendre, il fallait l’interpréter
➢ interprétations orales par les pontifes
➢ littérature spécialisée littérale (colle au texte)
➢ milieu 2e siècle → abandon de l’interprétation littérale pour un exposé continu= présentation
du droit de manière organisée et systématique
- résultat= meilleure compréhension et application des règles de droit

- un langage technique
Droit romain et langage
- intérêt d’un langage propre=
1. éviter les ambiguïtés
2. simplifier l’usage du droit
3. la sécurité dans l’application des règles juridiques
- le vocabulaire et style juridiques actuels sont l’héritage des mots et expressions développés par les
juristes romains
- le vocabulaire juridique romain a été construit de 2 manières :
➢ en inventant des termes spécifiques pour désigner des institutions ou des notions juridiques
➢ en attribuant un sens juridique à des mots courants ("fructus" → "fruit" en latin = tout
revenu pécuniaire tiré d'un bien).
- style juridique romain → clair, concis, évite les développements inutiles

- une méthode de raisonnement


La construction de l’argumentation juridique dans la Rome antique
- au départ le droit romain était un droit casuistique (basé sur la résolution de cas concrets)
- le juriste romain transformait les faits en un cas juridique → il fallait poser le problème de manière
correcte avant de trouver la solution
- cependant, si la solution n’était pas expressément prévue par la loi → il avait recoure à
l'interprétation en utilisant des arguments rationnels :
➢ a pari (étendre une solution à un cas similaire)
➢ a contrario (un texte qui dit une chose, nie le contraire)
➢ a fortiori (à plus forte raison)
- pour interpréter les textes, les juristes romains enseignaient aussi à distinguer l’esprit de la lettre

- l’enseignement du droit
L’enseignement du droit à Rome
- le peuple romain est le 1er peuple à organiser un enseignement du droit
- au départ privé et réservé aux jeunes de la haute société
- sous l'Empire il devient public et accessible à tous
- l’enseignement du droit à Rome produit le manuel d’enseignement
- les "Institutes" → introduisent une méthode de présentation cohérente et didactique
- les institutes de Gaius (IIe siècle) distinguent personnes, biens, actions, et classent chaque thème
de manière ordonnée → méthode d'exposition du droit adoptée dans l'enseignement officiel du droit
sous le Bas Empire romain et qui influencera la manière dont le droit est enseigné et organisé
jusqu'à nos jours, y compris dans nos propres codes juridiques

La mutation du système juridique romain

- 2 phases distinctes du droit romain :


1. d’abord similaire au système anglais actuel → basé sur les décisions de cas d’espèce
2. ensuite, viendra des normes édictées par le pouvoir central, qui à terme feront l’objet d’une
codification

- étapes de la mutation du système juridique romain :


1. dès Auguste, l’empereur veut faire lui-même le droit
- il propose des lois devant l’assemblée du peuple, qui les vote comme sous la république
2. approche remplacée par l’utilisation du sénatus-consulte
- moyen pour l’empereur de présenter ses décisions sous couvert de l’approbation du Sénat, en
réalité contrôlé par lui
3. il évince progressivement les autres sources du droit → l'empereur restreint l'autorité des préteurs
et créé le jus respondendi (brevet officiel pour les juristes) pour contrôler la production juridique
4. les constitutions impériales deviennent la principale source du droit
- l’empereur pleinement le pouvoir législatif
- fin du caractère casuistique du droit romain

La promotion des constitutions impériales sous l’Empire romain

- après 364, l'Empire romain se divise en 2 parties :


➢ l’Occident avec Rome comme capitale
➢ l’Orient avec Constantinople comme capitale
- elles sont théoriquement unifiées (une Constitution), mais chaque partie a sa propre
administration, justice, armée et droit → chaque empereur émet ses propres lois
- l’empereur d’Orient Théodose veut réaffirmer l’unité de l’empire
- il donne l’ordre de compiler les constitutions officielles dans un code qui s’appliquera
uniformément en Orient et en Occident
1. code Théodosien → recueil de la législation impériale depuis Constantin

Les compilations de Justinien

- le Code théodosien sera vite remplacé par les compilations de Justinien


- Justinien devient empereur d'Orient
- à cette époque, l'empire romain d'Occident a disparu depuis une cinquantaine d'années
- Justinien entreprend de rénover l'empire et surtout son droit !
- il fait appel à un professeur de l'école de droit de Constantinople, Tribonien ← qui va prendre la
tête d'une équipe de professeurs et d'avocats
- de leur travail, vont sortir 4 recueils
2. code de Justinien → constitutions impériales d'Hadrien à Justinien
3. digeste → compilation de la jurisprudence classique
4. institutes → nouveau manuel d'enseignement basé sur celui de Gaius, mais avec force de loi
5. novelles → constitutions promulguées par Justinien après le Code

Les instruments préparatoires de la codification de Rome

1. le « codex »= recueil pratique des constitutions impériales


- avant elles étaient sur des rouleaux de papyrus rendant leur consultation difficile
- le codex, forme de livre où les feuilles sont reliées sur un côté, a facilité la consultation des
constitutions impériales
2. l’enseignement officiel du droit par l’État sous le Bas-Empire= les professeurs ont rassemblé et
mis à jour les textes juridiques, préparant le terrain pour la codification

La personnalité des lois

- formes d’application du droit :


- territorialité du droit → application du même droit à tous les résidents d’un territoire donné
- personnalité du droit → permet à différents groupes de personnes de coexister avec leurs propres
lois sur un même territoire, chaque droit est applicable à un groupe déterminé de personnes
- choix qui se pose quand un territoire est conquis → le vainqueur peut
1. imposer son droit à tous les vaincus (territorialité du droit)
2. laisser les vaincus conserver leur propre droit sur le territoire conquis (personnalité du droit)

- exemples de personnalité du droit :


- les romains ont toléré différentes traditions juridiques dans leur empire, ce qui a contribué à leur
succès
- les francs ont fait pareil → ils ont unifiés la Gaule tout en respectant les lois des peuples conquis
- résultat → un même territoire avec différentes traditions juridiques chacune contenue dans la loi
personnelle de chaque peuple

- les lois personnelles dans la gaule :


➢ la loi romaine
- la loi des gallo-romains → population qui se trouvait en Gaule à l’arrivée des Barbares
- codifiée dans le Bréviaire d’Alaric
- étendue à toute la Gaule par Clovis
- abrège tout le droit romain antérieur
➢ les lois barbares
- contiennent les coutumes propres à chaque peuple barbare, en matière de mariage,
succession, et surtout de droit pénal → privilégient la composition pécuniaire pour réparer
les torts au lieu de se faire justice soi-même

- la personnalité des lois en justice :


- chaque individu est jugé selon sa loi personnelle← déterminée par son ethnie
- au début du procès, une question rituelle est posée au plaideur, « Sous quelle loi vis-tu ? »
- si les 2 parties vivent sous la même loi, pas de problème
- s’ils vivent sous des lois différentes, des principes généraux règlent le problème
➢ en matière pénale → on retient la loi de la victime
➢ si la loi barbare est muette dans un domaine, on applique la loi romaine, etc.
- avec le temps il deviendra difficile de fixer l’origine ethnique d’un individu en raison des mariages
mixtes → on présumera qu’on appartient à la loi dominante du lieu où on est né= critère
territoriale/lieu de naissance

Le droit du Haut Moyen-Âge de 476 (chute de l’empire romain d’occident) à 987


La période Franque – les invasions barbares

point de culture G pour comprendre le cour :


Après la chute de l'Empire romain, la Gaule (province romaine) est conquise par les Francs sous la
direction de Clovis Ier, qui unifie diverses tribus franques et fonde la dynastie mérovingienne
Cette période voit l'établissement du royaume des Francs, la diffusion du christianisme et la
consolidation du pouvoir central. La dynastie carolingienne succède aux Mérovingiens, culminant
avec Charlemagne qui renforce l'unité et l'expansion du royaume.

La disparition du juriste laïque en Occident (4e - 11e siècles)

- 3e siècle → l'Empire romain se divise (Occident/Orient)


- l’age d’or du droit romain s’achève
- les grands esprits se tournent vers la théologie

- ascension du christianisme avec la conversion de l'empereur Constantin au 4e siècle


- plus tard, l'empereur Théodose Ier fait du christianisme la religion d'État de l'Empire romain

- introduction d’une idée révolutionnaire dans l'Antiquité=


- distinction entre le spirituel et le temporel
- « Mon royaume n'est pas de ce monde », « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à
Dieu »
- séparation entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux

- résultat = quand l’Empire romain d’Occident chute en 476, il n’emporte pas l’Église dans sa chute
- l’Église demeure le ciment de l’Occident fragmenté en de nombreux royaumes barbares
- c’est elle qui transmettra la culture romaine au moyen-âge

- pendant que l'Orient maintient un enseignement juridique de qualité, la culture juridique


s’effondre complètement en Occident → apparition d’un droit vulgaire
- les connaissances juridiques en Occident se limitent aux écoles du trivium
- les praticiens simplifient les textes et les concepts juridiques

- la culture juridique est laissée entre les mains des clercs, et même si ils s’y intéressent aucun ne
s’y consacre pleinement
- disparition complète du juriste laïque

L’ordalie

- procédé judiciaire où le jugement de Dieu s'exprime à travers des épreuves physiques


- l’ordalie prend 2 formes principales → unilatérale et bilatérale

1. unilatérale= subie par une seule partie, généralement l'accusé


➢ l'ordalie du pain et du fromage, où l'accusé doit ingérer ces aliments sans être incommodé
➢ l'ordalie de l'eau froide, où l'accusé est lié et immergé dans de l'eau bénite → si l'eau le
rejette, il est considéré coupable, s'il coule, il est innocent
➢ l'ordalie du chaudron et du fer rouge, où la main brûlée est examinée quelques jours plus
tard pour déterminer la culpabilité

2. bilatérale= implique les 2 parties, la plus célèbre étant le duel judiciaire → affrontement en
combat singulier (les femmes et les malades peuvent avoir un champion)

- profondément influencée par la foi, celui qui a tort se trouve souvent en état d'infériorité
psychologique → il peut même avouer avant de subir l'épreuve, ou adopter une attitude défensive
s'il se présente au duel judiciaire

Royaume des Francs


La loi salique

- la loi salique est la loi des francs-saliens, une des tribues de la futur dynastie mérovingienne de
Clovis
- elle contient des coutumes propres aux franc-saliens → règles de mariage, droit de succession,
droit pénal,…
- loi de propriétaire terrien →permet d’être propriétaire d’une terre et de la transmettre à ses enfants
en la partageant
- s’applique au royaume franc qui à la mort du roi est divisé entre les héritiers hommes

Dynastie Carolingienne
Le droit à l’époque carolingienne

- Clovis, roi du royaume des francs, unifie les peuple et forme la dynastie mérovingienne… mais
- coup d’État de Pépin le Bref en 751 → il instaure la dynastie carolingienne !
- son fils Charlemagne va ressusciter l’empire d’Occident
- l’ascension de Charlemagne est facilitée par
➢ l'expansion du royaume franc
➢ les troubles dans l'empire d'Orient
➢ la faiblesse du pape Léon III
- Charlemagne est couronné empereur par le pape Léon III → pouvoir d’une ampleur inouïe car
sont jointes sur sa tête 2 traditions= royauté sacrée et empire romain

- l’unité de l’empire carolingien va reposer sur 2 éléments principaux :


➢ une culture commune
➢ une loi commune
- unification du droit pour que le peuple chrétien forme un peuple uni
- édition de capitulaires (ordonnances royales) pour compléter/modifier les lois barbares existantes
et pour promulguer des règles applicables à l'ensemble de l'empire
- on n’abroge pas les lois personnelles mais on les superpose

L’impossibilité d’une jurisprudence en Haut Moyen-Âge

- cause : l’organisation juridique à partir de l’époque des Francs


- les tribunaux du Haut Moyen-Âge sont très différents des juridictions du Bas Empire romain
➢ empire romain → système hiérarchisé de tribunaux, permet l'appel jusqu'à Rome
➢ monarchies barbares → juridictions locales, juges occasionnels sans formation adéquate
- les traditions germaniques (peuples germaniques= les francs) favorisent l'autodéfense et la
résolution des conflits par la force
- les tribunaux cherchent avant tout à apaiser les conflits pour éviter les représailles violentes
- les modes de preuve utilisés sont problématiques → mélange de méthodes rationnelles (écrits,
témoignages), avec des pratiques irrationnelles (serment purgatoire, ordalie)
- les décisions dépendent de rapports de force ou de l'intervention divine plutôt que d'un
raisonnement juridique sur lequel on pourra à l’avenir s’appuyer pour appliquer la même solution à
un litige identique
- la procédure judiciaire est principalement orale
- impossible de constituer une jurisprudence solide et durable

Point de culture G pour comprendre la suite du cour :


Le déclin du pouvoir des Carolingiens s'est produit pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les
divisions internes parmi les descendants de Charlemagne ont affaibli l'autorité centrale. De plus, les
attaques des Vikings dans les territoires francs ont perturbé l'ordre établi et ont nécessité une
réponse militaire coûteuse. En même temps, l'économie féodale en émergence a renforcé le pouvoir
des seigneurs locaux au détriment du pouvoir royal centralisé. Cette combinaison de facteurs a
progressivement affaibli le pouvoir des Carolingiens et a ouvert la voie à l'accession au trône de
Hugues Capet en 987.

L’effacement de la législation au Haut Moyen-Âge

- le pouvoir royal a progressivement été désintégré au profit de l’aristocratie


- les rois perdent leur capacité à légiférer sans le consentement des Grands du royaume

- déclin de la législation royale au 9e siècle


- disparition de la législation royale, des capitulaires et lois personnelles pendant plus de 2 siècles

- émergence de la société féodale au 10e et 11e siècle


- apparition de nouveaux rapports de dépendance féodale et vassalique entre les puissants et les
humbles
- une personne devient vassal en prêtant serment de fidélité à un seigneur plus puissant (appelé un
suzerain)
- en échange il reçoit un fief (souvent une terre) et la protection de ce seigneur
- nouveaux besoins sociaux donc nouveau droit, qui va reposer sur des solutions répétitives pour des
situations similaires (usage)

Bas Moyen-Âge
Dynastie capétienne en 987

Le morcellement de la vie juridique au 10e - 11e siècle

- les coutumes émergent dans des petits cadres politiques → seigneuries, qui vivent souvent isolées
les unes des autres
- populations repliées sur elles-mêmes en raison de l’insécurité et les obstacles géographiques
- il y a des usages propres à chaque communauté

- le droit seigneurial devient dominant → le seigneur exerce tous les droits régaliens, il détient :
➢ le pouvoir militaire= exige un service militaire des habitants
➢ le pouvoir judiciaire= peut condamner à mort, prononcer des peines, des confiscations,
percevoir des amendes
➢ le droit d’aubaine= droit sur les étrangers
➢ des revenus financiers= impôts directs et indirects
➢ des droits économiques= installations monopolisées (fours, moulins)
- les droits seigneuriaux répétés dans le temps deviennent des coutumes acceptées par les habitants,
même si le droit varie d'une seigneurie à l'autre

- cette division sociale est favorisée par l’émergence de l'idéologie des 3 ordres, promue par l'Église
- idéologie qui repose sur la conviction que pour garantir l’harmonie et la paix, Dieu veut que la
société soit divisée en 3 ordres, qui se consacrent chacun à une fonction particulière :
➢ les clercs → prient
➢ les nobles → combattent
➢ les autres (tiers-état) → travaillent

Le déclin du droit au Moyen-Âge

- changement du processus de création du droit au 10e et 11e siècle


- formation de la coutume
- coutume → source du droit qui naît de la pratique
commence par un usage qui devient répété et constant, pendant une période
prolongée, et qui acquiert une force obligatoire
- résultat= règles acceptées par la communauté et contraignantes pour ses membres

- le droit devient formalisé par des gestes et des rituels (ex : contrat vassalique conclu à travers des
rites symboliques lors d'une cérémonie publique)
- disparition progressive de l'écrit
- droit formé en ordre dispersé → varient selon les lieux et les catégories sociales

L’emprise de la religion sur le droit au Haut Moyen-Âge

1. la mentalité barbare mélange droit et religion


2. les clercs on le rappelle ont un monopole sur la réflexion juridique, et eux considèrent que le seul
vrai droit est celui de Dieu → les lois humaines doivent s’y conformer pour promouvoir la morale
chrétienne

- mécanismes où le sacré intervient dans le domaine juridique :


➢ serments
➢ modes de preuves sacrés (ex : ordalie)
➢ anathèmes à la fin des actes juridiques
➢ le sacre !!
- le fondement le plus ferme du pouvoir royal se trouve dans la bible → le sacre
- confère au roi une autorité supérieure
- légitime le pouvoir royal en le reliant à la volonté divine
- rituel utilisé pour la première fois par Pépin le Bref en 751 ← cm ça qu’il a légitimé son coup
d’État
- tous les rois carolingiens et capétiens seront sacrés

La confusion entre droit public – droit privé au Moyen Âge

- exemples confusion droit public – droit privé, allant du Haut-Moyen Âge au Bas Moyen-Âge :

1. pendant la période des monarchies barbares, surtout l’époque franque → le roi mérovingien puis
carolingien était détenteur d'un pouvoir personnel et patrimonial :
➢ pouvoir personnel → son pouvoir reposait sur des liens de fidélité qu’il tissait avec ses
sujets
➢ pouvoir patrimonial → le royaume était vu comme le patrimoine de la famille régnante,
possédé de manière héréditaire (loi salique on le rappelle)

2. vers le 10e siècle :


- les fonctions publiques deviennent héréditaires
- les terres publiques sont privatisées par leurs bénéficiaires
- les prérogatives de puissance publique sont appropriées

3. culmination de cette confusion → la seigneurie ! où le seigneur exerce des droits régaliens à son
profit (fiscalité, droit de guerre, justice…)
- fin 10e siècle, tous les droits (de nature privé et régalienne) appartiennent au seigneur sous le
même vocable « consuetudines »
- les droits sont considérés comme faisant partie du patrimoine du seigneur, lui permettant de les
transmettre, de les vendre ou de les concéder à d'autres

L’originalité du système juridique anglais médiéval

- Guillaume le Conquérant fait la conquête de l’Angleterre en 1066


- lui et ses successeurs modernisent le système judiciaire et mettent en place un tribunal royal
central

- un système de "writs" (brefs) est mis en place


- c’est un moyen pour le roi d'exercer son autorité judiciaire et d'attirer les justiciables devant les
tribunaux royaux
- ces "writs" sont des ordres écrits émanant du roi, adressés à des fonctionnaires/officiers locaux,
ordonnant diverses actions judiciaires ou administratives, quand qlq fait appel au roi et que sa
demande est jugé pertinente
- ce système a contribué à centraliser le pouvoir judiciaire entre les mains du roi et à établir la
primauté du tribunal royal sur les tribunaux locaux/seigneuriaux
- les décisions rendues en réponse à ces "writs" ont établi des précédents judiciaires → règles de
décisions qui guidaient les affaires futures
- et quand ils rencontraient des cas différents, les tribunaux adaptaient les solutions au situations/cas
spécifiques plutôt qu’à des règles fixes → développement du droit casuistique, base du common
law

La redécouverte du droit romain au Moyen-Âge

- une légende célèbre prétend que les compilations de Justinien ont été redécouvertes par l'empereur
Basile Ier le Macédonien au 9e siècle, après avoir été cachées et négligées pendant des siècles

- contexte → le Saint Empire Romain-Germanique (confédération d’états en europe centrale) et


la Papauté sont en conflit politique
- ces 2 puissances rivales revendiquent la primauté universelle !
- ils vont trouver dans le droit romain des arguments pour renforcer leur autorité

- l’Église elle va moderniser le droit romain → apparition du droit canonique


- tandis que Bologne devient un centre d'enseignement du droit romain

- cet enseignement permet une meilleure compréhension du droit canonique pour les clercs, car de
nombreux termes romains sont présents dans les textes canoniques
- et pour le droit romain, des disciples sont formés et propagent son enseignement à travers l'Europe
- la priorité est à la compréhension des mots et l'explication des textes
- les gloses sont des commentaires écrits directement sur les manuscrits des textes romains
- les premiers enseignants du droit sont appelés des glossateurs

Les chartes de franchise au Moyen-Âge

- défrichement de terres, début d’échanges, apparitions de villes pour favoriser les échanges

- au Moyen Âge, le développement du commerce est entravé par le régime seigneurial, qui impose
des taxes et des restrictions aux marchands
- fin 11e siècle, un mouvement d'émancipation urbaine commence
- les villes cherchent à obtenir plus d'indépendance vis-à-vis des seigneurs féodaux

- apparition des Chartes de franchise → moyen de fixer le droit coutumier et limiter l’arbitraire
seigneurial
- les bourgeois, habitants des villes, rédigent ces chartes pour consigner leurs privilèges → liberté
personnelle, libertés politiques et juridiques

- conséquences= les serfs fuient les seigneuries pour la ville


- pour les garder, les seigneurs abandonnent certaines prérogatives → déclaration consignée dans
une charte d’affranchissement collectif

L’autonomie du droit canonique médiéval

- fin 11e siècle→ Gratien, un moine de Bologne, rassemble des textes canons (saintes écritures,
décrétales papales,…)
- Le Décret de Gratien est complété par d'autres décrétales, formant le Livre des décrétales, puis le
Corpus Juris Canonici (Corps de droit canonique)

- le droit canonique devient autonome par rapport


➢ à la théologie et au droit laïc → il s'occupe du salut des âmes et possède ses propres
tribunaux pour juger les comportements des fidèles
➢ à la morale → distinction entre le for intérieur (tribunal de la conscience) et le for extérieur
(tribunal judiciaire)

- les décrétistes (juristes spécialisés dans le droit canonique) utilisent les méthodes des glossateurs
pour interpréter les textes canoniques et rédiger des recueils de gloses
- le droit canonique est étudié et enseigné dans des facultés dédiées
- le droit canonique devient une science autonome avec sa propre doctrine et ses propres facultés

L’enseignement du droit au Moyen-Âge

- à l’époque médiévale, droit romain et droit canonique sont les seuls droit à faire l’objet d’un
enseignement
- leur science juridique est développée dans les universités ! dans des villes importantes (Bologne)
- les étudiants viennent de toute l’Europe et les professeurs sont internationaux
- vie intellectuelle intense → les profs sont au fait des grands courants intellectuels de leur temps

- la France adopte un plan rigoureux → les étudiants apprennent des listes de mots présentés en
couple d’opposés (général/spécial ; meuble/immeuble ; maternel/paternel)
- cette division conduit les médiévaux à scinder le droit en 2 catégories suprêmes= droit public et
droit privé
Droits savants et théorie des sources du droit

- la théorie des sources de droit est développée par les professeurs de droit médiévaux pour
répondre à des besoins pratiques :
➢ déterminer la place des différentes sources de droit par rapport aux lois romaines
➢ établir une hiérarchie des normes pour les tribunaux ecclésiastique

- on retrouve dans les compilations de Justinien la primauté de la loi !


- la théorie des sources de droit se penche sur la coutume (source la + répandue du droit à l'époque),
en examinant les conditions de sa formation, son rapport avec la loi, l’importance du juge dans sa
reconnaissance,…

Droits savants et cosmopolitisme (universalisme)

- 13e siècle → l'effondrement du pouvoir impérial favorise un rapprochement entre le droit romain
et le droit canonique
- ils commencent à s'entremêler et à se compléter
- naissance de la procédure romano-canonique, adoptée par les tribunaux ecclésiastiques et laïcs
- apparition d’un droit cosmopolite en Europe, divisé en 2 branches qui se complètent :
➢ le droit canonique → pour le spirituel
- d'application directe dans tous les tribunaux ecclésiastiques
- a un impact profond sur des domaines comme le mariage, la filiation, la succession
➢ le Jus Commune (droit commun) → pour le temporel
- créé par la doctrine universitaire
- d’application directe dans les tribunaux laïcs
- un droit supplétoire de toute l’Europe continentale
- facteur d’unification du droit

Droits savants et promotion du droit public

- les juristes médiévaux ont cherché dans le droit romain des arguments en faveur de l'autonomie
urbaine
- ils ont d'abord puisé dans le droit public romain lui-même en l’adaptant à leurs besoins
- puis ont détourné l’utilisation du droit privé en faisant des interprétations extensives, parfois
détachées de leur contexte d’origine → « ce qui concerne tous doit être approuvé par tous »
appliquée au conseil de tutelle, utilisée pour soutenir des revendications démocratiques

La rationalisation des modes de preuve

- les règles écrites ont été favorisées par l’utilisation du parchemin et du papier
- l’écrit devient un moyen crucial pour fixer le droit (≠coutumes floues)
- réapparition des preuves rationnelles → écrit et témoignage
- abandon des preuves irrationnelles → ordalie et serment purgatoire (seul le duel judiciaire subsiste
sous l’influence des seigneurs jusqu’au 15e siècle)

- quand la coutume est invoquée


➢ si le juge la connaît → elle est appliquée
➢ si le juge ne la connaît pas → le demandeur doit la prouver
- cette rationalisation permet le retour de la jurisprudence

L’affirmation du droit coutumier


- fin 13e → la coutume ne relève plus de l’autorité législative, mais est dégagé par la jurisprudence
- les juridictions d'appel réduisent les usages locaux en interdisant au plaideur de prouver une
coutume
- le juge a une place large dans la reconnaissance de la coutume
- les juges royaux spécialisés en jurisprudence enregistrent les décisions précédentes dans des
recueils privés
- ces recueils deviennent des références juridiques et font autorité car ils reflètent les coutumes
approuvées par le roi ou ses proches

- France divisée :
➢ Nord → zone de droit coutumier
coutumes rédigées dans des recueils privés et complétées par le droit commun
➢ Midi → zone de droit écrit
- influence précoce du droit romain qui s'impose comme droit supplétoire
- politique royale visant à remplacer les coutumes locales par le droit romain

Le roi et la coutume (12e - 14e siècles)

- le roi est le gardien des coutumes → il protège et censure ces dernières


- il confirme les coutumes acceptables et abolit celles jugées vexatoires ou contraires à la législation
royale

La renaissance de la législation royale au Moyen-Âge

- le roi n’a plus légiféré depuis son dernier capitulaire en 884 (cf page 8 – déclin de la législation
royale)
- le droit de guerre (droit régalien) avait été usurpé par les seigneurs qui se livraient à des guerres
privées

- l’installation de la paix est l’occasion pour la royauté de faire son premier acte législatif depuis
près de 3 siècles, pour interdire les guerres privées
- soutenu par l’Église qui instaure des jours où il est interdit de faire la guerre
- le roi a pour mission de réaliser le bien commun de ses sujets, ce qui lui donne le pouvoir de
prendre des dispositions à caractère générale dans l’intérêt public

- le roi de France est déclaré par les romanistes empereur de son royaume, assimilé à l'empereur
romain par les romanistes → il a un pouvoir législatif sur tout le royaume

Le contenu de la législation royale (12e - 14e siècles)

- le roi intervient surtout en matière de droit public → paix, justice, administration, fiscalité,
contrôle économique, droit pénal,…
- il prend surtout des ordonnances de réformation, qui visent à lutter contre les injustices et les abus
dans l'administration et la justice du royaume

Les conditions d’exercice du pouvoir législatif

- au départ, le roi ne peut pas légiférer sans le consentement des vassaux


- si une loi doit être applicable à l’ensemble du royaume, il faut négocier avec la hiérarchie féodale
- le roi est obligé de réunir une cour plénière → les vassaux discutent le texte et signent si accord

- puis, grâce au modèle romain, on se passe progressivement du consentement des vassaux


- il est tenu uniquement de prendre conseil → les Etats généraux se tiendront jusqu’à la Révolution

Le droit des Temps Modernes, à partir du 15e siècle


Point de culture G :
Les humanistes de la Renaissance ont joué un rôle crucial dans la redécouverte et la promotion du
droit romain en Europe. Ils ont valorisé l'étude des textes anciens, y compris les écrits juridiques
romains, et ont contribué à sa revitalisation en tant que source importante de savoir juridique. Les
humanistes ont cherché à appliquer les principes du droit romain, tels que la justice, l'équité et la
rationalité, à leur époque, influençant ainsi les systèmes juridiques européens à travers des écrits,
des enseignements et des réformes. Leur engagement envers le droit romain a contribué à jeter les
bases du droit moderne en Europe et a eu un impact durable sur la pensée juridique occidentale.

Humaniste et droit romain

- fin 15e siècle → les humanistes critiquent les méthodes de l’enseignement du droit romain et
dénoncent des interprétations erronées
- le droit romain va être présenté comme le droit des Romains, des Italiens, un droit étranger

- au lieu d’adopter le droit romain entièrement, certaines de ses solutions sont adaptées et
incorporées dans le système juridique français pour combler les lacunes du droit coutumier
- dans le midi, la jurisprudence lamine le droit coutumier au profit du droit romain
- l’étude du droit romain contribue aussi à l'élaboration d'une approche systématique du droit en
France

Le recul du droit canonique aux derniers siècles de l’Ancien Régime

- 15e siècle → le roi subordonne les juridictions ecclésiastiques par voies d’appel
- ces voies de recours consistent à déférer au roi ou au Parlement un acte abusif émanant d’une
autorité ecclésiastique cet acte soit cassé

- 16e siècle= émergence le gallicanisme← doctrine qui défend la liberté et la supériorité de l’Église
Française face au Pape (Rome)
- le droit canonique élaboré en dehors des frontières nationales est vu comme étranger et doit être
accepté par le roi pour avoir force obligatoire en France

- la législation royale intervient de + en + dans des domaines avant régis par le droit canonique
- le contrôle du mariage passe de celui de l’Église à celui de l’État

La rédaction officielle des coutumes

- Charles 7 en 1454 donne l’ordre de rédiger les coutumes, pour améliorer le fonctionnement de la
justice
- la procédure de rédaction est une collaboration entre autorité royale et populations locales, avec
des représentants des 3 ordres : clergé, noblesse et tiers état
- préparation d'un avant-projet → discussion des articles par les 3 ordres → adoption des articles
accordés ou discordés

La réformation des coutumes

- les premières rédactions sont décevantes, imparfaites, ont des lacunes


- 1555 → réformation sous Christophe de Thou
- on réduit le pluralisme coutumier, modernise leur contenu, les aligne sur le droit civil
- introduction de nouvelles solutions inspirés du droit romain, de la doctrine et de la jurisprudence
- le droit coutumier devient certain avec les recueils officiels de coutume
- naissance de la doctrine du droit coutumier, qui sera abondante

Le contenu de la législation royale (15e - 18e siècle)

- 16e siècle → le roi est la seule autorité législative


- l’exercice du pouvoir législatif est régit par le principe du conseil
- l’initiative de la loi appartient au roi, mais est aussi suggérée par ses collaborateurs, sujets, ou
formulée dans les doléances des États généraux
- l’acte législatif doit être vérifié → soumis au chancelier, puis par la cour souveraine (avis)
- le roi n'est pas tenu par les conseils, mais en prend compte

- parmi les ordonnances les + importantes → les ordonnances de réformation


- au début la plupart portent sur la justice
➢ ordonnance de Villers-Cotterêts (1539)= établit l'état civil en français
- à partir de Louis 14, codification partielle sur des domaines spécifiques
➢ ordonnance de 1685 sur le droit colonial et l'esclavage (code noir)
- sous Louis 15, certaines parties du droit privé sont unifiées par ordonnance : donations (1731),
testaments (1735), substitutions (1747)

L’harmonisation linguistique : le droit en français

- dans l’ancienne France il y a une diversité et un pluralisme linguistique


- du coup, l’unité de la nation s’exprime à travers le roi, qui parle le dialecte d’Île-de-France, le
français

- le Roi veut se démarquer du gouvernement de l’Église qui s’exprime en latin, et veut rendre le
langage juridique compréhensible à tout justiciables
- 15e siècle → une série d’ordonnances excluent progressivement les langues vulgaires parlées dans
le royaume
- l’Académie Française est fondée en 1635 par Richelieu pour promouvoir le français comme
langue administrative et juridique

- la politique linguistique passe à la vitesse supérieure sous Louis 14


- il annexe des provinces dont la langue est également celle du pays limitrophe voisin
(alsace/allemand ; flandre/flamand ; roussillon/catalan)
- pour les nouvelles provinces= il impose le français dans les administrations et tribunaux

- cette politique est étalée par étapes sur environ 50 ans


- le français devient langue officielle de l’administration et du droit (même si les langues locales ne
sont pas éradiquées dans la vie quotidienne)

Doctrine et harmonisation du droit coutumier

- le droit civil n’est pas encore unifié


- l’imprimerie facilite la diffusion des coutumes et de leurs commentaires, ce qui permet aux juristes
de les comparer et d’établir des répertoires
- à partir de là, ils vont pouvoir dégager des règles générales des coutumes pour jouer un rôle de
droit supplétoire
- la Coutume de Paris est favorisée par la jurisprudence comme base du droit commun de la France
- certains professeurs marquent l'élaboration du droit commun coutumier, tandis que d’autres
cherchent à unifier le droit entre le Nord (coutumes) et le Midi (droit écrit)

- malgré ces efforts doctrinaux, l'unification du droit n’est pas totalement réalisée à la veille de la
Révolution
- persistance du pluralisme juridique avec de nombreuses sources= coutumes, droit canonique, droit
romain, législation royale, et jurisprudence

L’enseignement du droit à l’époque moderne

- sous Louis 14, émerge une volonté de réformer les études de droit
- il émet un édit pour réorganiser les facultés de droit
- avant cet édit, seul droit romain et canonique étaient enseignés dans les universités, et en latin
- le nouvel édit impose un enseignement du droit français dans chaque faculté, avec des professeurs
chargés d’enseigner en français le droit contenu dans les ordonnances et les coutumes

Les lois fondamentales du royaume sous l’Ancien Régime

- les lois fondamentales du royaume sont des règles constitutionnelles qui s’imposent au roi
- elles régissent
➢ la dévolution de la couronne
➢ l’indisponibilité de la couronne
➢ l’inaliénabilité du domaine de la couronne
- le roi n’est plus considéré comme dépositaire de la couronne
- la couronne représente une entité autonome distincte du roi

Succession au trône et masculinité (Dévolution de la Couronne)

- l’ensemble de coutumes précisant les règles de succession au trône sont développées à partir des
premiers capétiens, et inspirés de la loi salique
- la dévolution de la Couronne repose sur 4 conditions principales
➢ l’hérédité
➢ la primogéniture (aîné)
➢ la masculinité ← exclusion des femmes, solidifié par la crise de succession de 1316 ;
revient au plus proche parent masculin en cas d’absence de fils
➢ la catholicité
La théorie statutaire de la Couronne

- la théorie statutaire de la couronne affirme que le roi détient son autorité et sa légitimité en vertu
de la loi et des statuts du royaume
- la succession au trône est régie par une coutume de droit public
- un roi monte sur le trône en vertu de la loi de succession, pas en vertu de la volonté de son
prédécesseur
- la coutume désigne à l’avance le successeur au trône et la coutume l’impose à tous, à commencer
par le roi régnant →apparition de la notion de princes du sang (ceux qui sont en ligne pour
succéder)

L’indisponibilité de la Couronne

- émerge au 15e siècle dans le contexte du règne tumultueux de Charles 6


- le traité de Troyes est déclaré nul car Charles 7 n'avait pas le droit de déshériter son fils
- le roi régnant ne peut pas modifier l'ordre normal de succession ni disposer arbitrairement de la
couronne
- la couronne n’est pas un bien patrimonial, le roi n’en est que dépositaire
- le successeur au trône, désigné par la coutume, acquiert un droit inaliénable dès sa naissance → ni
le roi ni le successeur ne peuvent renoncer à ce droit
- le statut de la couronne dépasse les volontés individuelles

L’inaliénabilité du domaine de la Couronne

- idée du 14e siècle


- les dépenses excessives du roi réduisaient les revenus ordinaires du royaume
- il fallait donc avoir recoure aux ressources extraordinaires (impôts)
- les dilapidations du domaine royal étaient critiqués par l’opinion public
- émerge l'idée de sauvegarder le domaine royal en le soustrayant à la mainmise du roi et en
l'attribuant à la couronne

- le domaine de la couronne c’est


➢ le domaine corporel → terres
➢ le domaine incorporel → droits, revenus, prérogatives
- le domaine de la couronne est inaliénable (le roi doit le conserver intact pour son successeur) et
imprescriptible (ne peut être vendu ni acquis par prescription)

- on distingue le domaine fixe → c’est le domaine qui est inaliénable


- et le domaine casuel → composé des acquisitions faites par le roi depuis moins de 10 ans ; de ces
acquisitions, le roi peut disposer

- exceptions au principe d’inaliénabilité :


- apanages= dotations accordées aux fils puînés du roi, reviennent à la couronne en l'absence de
descendants directs
- engagements= permettent au roi dans des circonstances graves comme la guerre, d'engager une
partie du domaine en échange d'une somme d'argent (pas une vente!)

Les lois fondamentales au service de l’État

- les lois fondamentales n’existent que dans l’intérêt supérieur de l’État


- l’intégrité de l’État est garanti par la primogéniture et l’impossibilité de céder le Royaume
- le patrimoine de l’État est garantit par l’inaliénabilité du domaine de la couronne
- la continuité de l’État est garantit par la continuité de la fonction royale, même après la mort
physique du roi la couronne ne peut pas être vacante
- théorie des 2 corps du roi= un corps naturel et un corps mystique représentant l’État
- permet de maintenir la royauté malgré le décès du monarque
- « Le Roi est mort, vive le roi »= succession de la royauté immédiate à la mort du prédécesseur,
sans dépendre du sacre du successeur

Existe-t-il une Constitution dans l’ancien droit français ?

- les lois fondamentales sous l’Ancien Régime étaient bien des normes constitutionnelles
- théoriquement, le roi n’était pas juridiquement tenu par ces traditions
- les lois fondamentales n’ont jamais fait l’objet d’une liste officielle, encore moins d’une
codification

École du droit naturel et méthode d’exposition du droit


- l'École du droit naturel, initiée par Hugo Grotius au 17e siècle, étudie de façon rationnelle la nature
humaine et les principes fondamentaux à partir desquels sont déduis les autres règles
- avec le progrès des sciences exactes (géométrie, maths, physique) à cette époque, les juristes
cherchent à organiser le droit sur un modèle scientifique
- l’État réorganise le droit de manière logique et cohérente pour rendre le système juridique plus
accessible, compréhensible et adapté aux besoins de la société moderne
- 18e siècle → l’État commence à être exposé comme un système rationnel

Le droit dans la pensée des lumières

- le courant des Lumières est un mouvement européen qui critique les institutions, les inégalités
juridiques, l'inhumanité du droit pénal, l'emprise de l'Église et l'absolutisme du droit divin
- c’est un mouvement de revendication de liberté et d’égalité
- volonté de laïcisation du droit → introduction du mariage civil et du divorce
- les sources traditionnelles du droit (droit canonique et coutumes) sont remises en cause

- les idées sont d'abord propagées par une élite


- puis grâce au relâchement de la censure et aux progrès de l’impression, ces idées se répandent
dans la bourgeoisie, qui détient le pouvoir économique mais qui est confondue avec la masse
laborieuse et reste opprimée dans le tiers-état
- la monarchie, bien qu'ouverte aux réformes, est freinée par la résistance des privilégiés, ce qui
finalement conduit à la convocation des États généraux et à l'émergence de la Révolution

La Révolution et la Constitution

- sous l’Ancien Régime, les lois fondamentales se limitaient au domaine de la Couronne

- les critiques de l'Ancien Régime au 18e siècle mènent à un mouvement constitutionnaliste


➢ la noblesse veut restaurer ses droits anciens
➢ les rationalistes voient la Constitution comme source de tous les pouvoirs
- influence américaine → la Constitution de 1797 sert de modèle

- les cahiers de doléances des Etats généraux de 1789 réclament une Constitution pour résoudre les
problèmes de la France←critique de l’incertitude et instabilité des règles coutumières
- le mouvement est si fort qu’il influence même Louis 16
- les États Généraux deviennent Assemblée nationale constituante
- première Constitution écrite de France en 1791
- la Constitution est vue comme un moyen de garantir les droits individuels

La Révolution et la loi ordinaire

- le problème central est l’organisation législatif ← il faut l’organiser de manière à ce que la loi soit
toujours bonne

- les 3 Constitutions adoptent 3 techniques différentes :


➢ Constitution de 1791 → le corps législatif vote un texte qui devient loi uniquement quand le
Roi lui accorde sa sanction
➢ Constitution de 1793 → le corps législatif vote les lois proposés
➢ Constitution de 1795 → l’élaboration de la loi est partagée entre 2 assemblées

- les lois révolutionnaires ont façonné la société civile en répondant aux nouvelles exigences des
droits de l'homme= liberté de conscience et égalité
Le culte de la loi sous la Révolution

- la loi est considérée comme l'acte parfait et suprême


- selon la vision révolutionnaire, elle est destinée à remplacer les autres sources du droit

- la coutume → rejetée en raison de son origine incertaine


- la jurisprudence → les juges appliquent strictement la loi sans pouvoir en créer de nouvelles
- doctrine juridique → autrefois chargée d'interpréter le droit, désormais considérée comme
superflue dans un contexte où la loi est claire
- enseignement du droit négligé lors des réformes révolutionnaires, n’apparaîtront qu’en 1804
- le pouvoir exécutif → supposé n’avoir qu’un rôle d'exécution des lois

La DDHC

rédigée par l’Assemblée nationale constituante après l’émeute du 14 juillet ← réponse aux abus de
l’Ancien Régime, vise à établir une nouvelle société fondée sur le bonheur et la liberté

- la DDHC de 1789 proclame la souveraineté nationale


- elle établit que la nation est une entité abstraite et indépendante des individus, ce qui mène à un
régime représentatif où les élus expriment la volonté de la nation

- elle consacre la séparation des pouvoirs pour éviter la concentration de plusieurs fonctions de
l'État entre les mains d'une seule autorité (législatif, exécutif, judiciaire)

- influence → idées des Lumières, déclarations comme celle de Virginie, 1776…


- contenu et principes fondamentaux :
➢ liberté → (d'opinion, d'expression, de la presse) faire tout ce qui ne nuit pas à autrui
➢ égalité → les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit
➢ propriété → inviolable et sacrée
➢ sûreté → légalité des délits et des peines, non-rétroactivité des lois pénales, exigence d'un
jugement ← but= abolir la justice arbitraire
➢ résistance à l’oppression →droit crucial en cas de violation des droits naturels
- les droits fondamentaux sont inhérents à la personne humaine et non octroyés par l'État → ils sont
inaliénables et imprescriptibles
- la DDHC fixe l'ordre public comme limite aux libertés publiques

- ces droits universels sont en tête de la Constitution → ordre juridique nouveau et juste, s'éloignant
de l'absolutisme et des privilèges de l'Ancien Régime
- pose les bases de nombreuses réformes législatives et juridiques futures

Le Code Pénal de 1791

- la codification du droit pénal est influencée par les idées des Lumières qui dénonçaient
l’inhumanité, l’inégalité et l’arbitraire du droit pénale de l’Ancien Régime

- le premier Code Pénal français est adopté par l’Assemblée constituante en 1791
- il reflète les principes de la DDH
➢ clarté des incriminations → seules les actes nuisibles à la nouvelle société sont incriminés ;
liberté de conscience, d’opinion et d'expression sont respectées
➢ les peines sont basées sur des principes généraux
• égalité des peines ← doivent être les mêmes pour tous
• personnalité des peines ← plus de confiscations de biens frappant la famille du
condamné
• fixité des peines ← modalités d’exécution des peines strictes pour éviter l'arbitraire
judiciaire
• proportionnalité des peines ← les peines doivent correspondre à la gravité de
l'infraction

- peines prévues :
➢ peine de mort
➢ privation de liberté
➢ déportation et dégradation civique
➢ carcan

La codification sous la Révolution

- la Révolution française a encouragé la codification, avec succès dans le domaine pénal mais avec
des difficultés dans le civil
- malgré les promesses de codification du droit civil dès 1790 et 1791, aucune assemblée
révolutionnaire (La Constituante, La Législative) n’a réussi à concrétiser ce projet
- raisons de l’échec :
➢ changements rapides des opinions publiques → les projets de codification devenaient
obsolètes ou inadéquats au moment de leur discussion
➢ décalage entre les projets et le climat politique→ projets souvent en décalage avec l'esprit
dominant au moment de leur présentation, soit trop progressistes, soit trop conservateurs

La codification napoléonienne

- avec le Coup d'État du 18 brumaire an 8 (1799) c’est la fin d’une décennie tumultueuse
- Bonaparte aspire à pacifier et stabiliser la société française, ce qui favorise la codification du droit
civil en 1804, en plus de 4 codes :
➢ Code de Procédure Civile, 1806
➢ Code de Commerce, 1807
➢ Code d’Instruction Criminelle, 1808
➢ Code Pénal, 1810
Le Code civil

- 4 rédacteurs officiels sont nommés : Portalis, Maleville, Tronchet, Bigot de Préamneu


- ils rédigent un avant-projet en 4 mois, soumis aux avis du tribunal de cassation et des tribunaux
d'appel
- le Code civil est promulgué en 1804

- il opère un double compromis :


➢ entre droit écrit et coutumes → fin des querelles entre le nord et le midi
➢ entre l'ancien droit et les innovations de la révolution → réaffirmation de la propriété
inviolable, de la légalité dans les successions, du mariage civil, de l'État civil et du divorce

- il puise dans diverses ressources:


➢ le droit coutumier, principalement la coutume de Paris
➢ le droit canonique
➢ les grandes ordonnances de d’Aguesseau

- le c.civ se veut durable, concis et clair


- il abroge tout le droit antérieur
- il réhabilite les sources du droit autres que la loi → renvoi à l'usage et rétablissement du rôle de la
jurisprudence
- il rompt avec la tradition révolutionnaire en renforçant le pouvoir judiciaire et en réduisant
l'intervention législative dans l'interprétation du droit

L’originalité du droit administratif

- en France, le droit administratif régit les rapports impliquant l’administration

- contrairement aux pays anglo-saxon, la France a un système judiciaire distinct pour les litiges
administratifs
- bases de cette séparation posées pendant l’Ancien Régime → renforcé par la Révolution car
crainte que les tribunaux judiciaires compromettent l’indépendance de l’administration
- Loi des 16 et 24 août 1790 → séparation des autorités administratives et judiciaires

- il n’y a pas eu de mise en place de tribunaux administratifs sous la Révolution française mais un
système de l’administration en tant que juge
- sous le régime Napoléonien, une administration consultative est créée → chargée de conseiller les
autorités administratives et traiter les litiges

- le Conseil d’État est établit par la Constitution de l’an 8

- le droit administratif reste non codifié → donne un rôle essentiel à la jurisprudence


- avec une centralisation des activités juridictionnelles au Conseil d’État

Vous aimerez peut-être aussi