1681 3913 1 PB
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ISSN: 2509-0119.
© 2020 International Journals of Sciences and High Technologies
http://ijpsat.ijsht-journals.org Vol. 19 No. 2 March 2020, pp. 99-116
Résumé – Le bassin versant de l’Ouémé à Bétérou a connu une alternance de périodes humide et sèche. Et dans ce contexte climatique
de plus en plus perturbé par les activités anthropiques, il est indispensable d’analyser les épisodes secs à diverses échelles temporelles,
spatiales et par divers indices.
Pour atteindre cet objectif, des données climatologiques (hauteur de pluies journalières et mensuelles, températures, ETP) sur la
période de 1965 à 2012 ont été collectées. Les données hydrologiques, constituées des débits journaliers du fleuve Ouémé à l’exutoire de
Bétérou, sur la période 1965-2012, sont extraites de la base de données de la DG-Eau.
Les résultats de l’analyse des indices de sécheresse indique que le bassin a enregistré différents degrés de sécheresse sur la période de
1965 à 2012. Le bassin a connu sur la période de 1965 à 1990 trois années très sèches (1981, 1982 et 1987) et une année proche de
l’extrême sécheresse (1983). Ainsi, la période 1980 à 2000 a été la période de manifestation d’importants phénomènes de sécheresse avec
l’année 1983 comme la plus sèche de toute l’histoire.
Les zones à risque de sécheresse sont reparties en trois niveaux et varient de faible au fort au niveau dans le bassin. Les secteurs à
risque faible couvrent 25,55 % du territoire d’étude et correspondent aux abords immédiats des cours d’eau et aussi les localités à forte
pluviométrie comme Copargo, Kouandé. Les zones à risque moyen couvrent 21,45 % du territoire et s’étendent principalement dans la
partie centrale. Les milieux à fort risque occupent 53 % du territoire et concernent presque tous les secteurs du bassin.
Abstract – The watershed from Ouémé to Bétérou has alternated wet and dry periods. And in this climatic context increasingly
disturbed by human activities, it is essential to analyze dry episodes at various time scales, spatial and by various indices.
To achieve this objective, climatological data (daily and monthly rainfall, temperature, FTE) over the period from 1965 to 2012 were
collected. The hydrological data, consisting of daily flows from the Ouémé River to the outlet of Bétou, over the period 1965-2012, are
extracted from the DG-Eau database.
The results of the analysis of the drought indices indicate that the basin recorded different degrees of drought over the period from 1965
to 2012. The basin experienced during the period from 1965 to 1990 three very dry years (1981, 1982 and 1987) and a year close to
extreme drought (1983). Thus, the period 1980 to 2000 was the period of manifestation of important phenomena of drought with the
year 1983 as the driest one in all the history.
Areas at risk of drought are divided into three levels and vary from low to high level in the basin. The low risk sectors cover 25.55% of
the study area and correspond to the immediate surroundings of rivers and also high rainfall areas such as Copargo, Kouandé. Medium
risk areas cover 21.45% of the territory and extend mainly in the central part. High risk environments occupy 53% of the territory and
concern almost all sectors of the basin.
(Indice de sécheresse hydrologique de Palmer) et l’indice Z du PDSI (Keyantash et Dracup, 2002; Cutore et al., 2009).
de Palmer. Le PHDI est une méthode d’identification de la sécheresse
hydrologique basée sur les précipitations et
1.2. Méthodes
l’évapotranspiration (Heim, 2002; Weber et Nkemdirim,
1.2.1. Méthode de caractérisation des types de sécheresse
1998). Le tableau II présente les différentes classes de
L’analyse de la sécheresse revient en fait, à la prise en sécheresse selon l’indice PDHI.
considération de sa durée ainsi que de sa sévérité, de son
Tableau II : Classification des valeurs du PDHI
intensité et de son extension spatiale (Agrhab, 2004). Les
indices utilisés dans cette étude sont l’Indice Standardisé de PDHI valeurs Classification
Précipitation (SPI), l’Indicateur de sécheresse sévère de [0,49 ; -0,49] Humidité presque normale
Palmer (PDSI), l’indice Z de Palmer, l’indice de sécheresse [-0,5 ; -0,99] Début de sécheresse
hydrologique de Palmer. [-1 ; -1,99] Sécheresse peu prononcée
1.2.1.1. Méthodes de la caractérisation de la sécheresse [-2 ; -2,99] Sécheresse modérée
agricole [-3 ; -3,99] Sécheresse sévère
≤ -4 Sécheresse extrême
Les indicateurs de sécheresse agricole sont plus liés à
Source : (Alley, 1984)
l’humidité du sol qui est directement rattachée aux cultures.
1.2.1.3. Indicateurs de sécheresse météorologique
Z indice de Palmer ou Palmer Z-index
Les indices simplifient parfois certaines relations
L’indice Z a été utilisé pour une analyse à grande échelle
complexes et facilitent la communication d’informations à
de la sécheresse par Dai et al., (2004). Le tableau I présente
divers utilisateurs et parties prenantes, dont le public.
les différentes classes de sécheresse selon l’indice Z.
Indice de sécheresse sévère de Palmer
Tableau I : Classification de l’indice Z
(PDSI)
Indice Z Classification L'indice de gravité de la sécheresse de Palmer (PDSI)
[0,49 ; -0,49] Humidité presque normale (Palmer, 1965) est une mesure de la disponibilité de
[-0,5 ; -0,99] Début de sécheresse l'humidité du sol qui a été largement utilisé pour étudier les
[-1 ; -1,99] Sécheresse peu prononcée sécheresses et les sorts humides et en particulier comme
[-2 ; -2,99] Sécheresse modérée principal indicateur de la gravité et l'ampleur des
[-3 ; -3,99] Sécheresse sévère sécheresses récentes (Heim, 2002 ; Briffa et al., 1994 ; van
≤ -4 Sécheresse extrême der Schrier et al., 2006; Dai et al., 2004 ; Dai, 2011).
Source : (Dai et al., 2004) Récemment, le PDSI est devenu plus populaire en tant que
mesure de la sécheresse dans les études quantifiant les
tendances possibles de la disponibilité future de l'humidité
1.2.1.2. Indicateurs de la caractérisation de la sécheresse
du sol (Dai, 2011 ; Burke et Brown, 2006) et a été utilisé
hydrologique
comme base pou reconstruire les variations passées de la
La sécheresse hydrologique se développe plus lentement, sécheresse. L'algorithme de Palmer peut être appliqué pour
car il implique que l'eau stockée est épuisée, sans pouvoir se n’importe quelle région du monde, dès que les données
renouveler. L’indice de sécheresse hydrologique de Palmer relatives aux précipitations et aux températures sont
(PHDI) a été utilisé. disponibles (Dai, 2011). Il est calculé à partir de la relation
suivante :
Indice de sécheresse hydrologique de
Palmer (PHDI)
L’indice de sécheresse hydrologique de Palmer (PHDI) a
été développé par Palmer (1965). Le PHDI est issu du calcul
PDSI X (i ) 0,897 X (i 1) Z (i ) / 3
Où : X (i-1) est le PDSI de la période précédente ; Z(i) Où : K est le facteur de poids (voir Alley, 1984) ; P est la
est l’indice de l’anomalie en humidité ; i semaines ou mois précipitation actuelle (mm) ; Pc est la précipitation CAFEC
de l’année, Z (i ) K ( P Pc ) (mm).
P c j PE j PR j PRO j PL
Carte d’occupation
du sol
SIG
(Codification)
Carte de densité de
population
SIG
(Codification)
Carte d’aléa de
sécheresse
Numérisation
Carte des sols
Carte de densité
de population SIG Codification
et combinaison
Carte de
vulnérabilité
La combinaison de ces deux facteurs (aléa et les études de la sécheresse occupe une vaste place dans de
vulnérabilité) dans le SIG permet l’élaboration de la carte de nombreuses recherches. En effet, divers paramètres bio-
risque de sècheresse. géophysiques tels que l’humidité de surface des sols nus,
leur rugosité, la nature des couverts végétaux (Jackson et al.,
1.2.4. Cartographie des zones à risque de sécheresse
2000 ; Neuch, 2000 ; Guyot, 2010 ).
Pour obtenir la carte du risque de sécheresse, la
III. RESULTATS
combinaison par codification des cartes de vulnérabilité et
de l’aléa a été faite. Ces différentes cartes préalablement 3.1. Caractérisation des types de sécheresse dans le
codées ont permis d’obtenir les différents niveaux de risques bassin versant de l’Ouémé à Bétérou
(tableau V).
Plusieurs indicateurs permettent la caractérisation des
Tableau V: Grille de risque de sécheresse sécheresses. Dans le cadre de cette étude, la caractérisation
du risque de sécheresse s’est fondée sur la détermination de
Niveau de Critères
l’aléa de sécheresse et de la vulnérabilité.
risque
Élevé Aléa élevé x Vulnérabilité 3.1.1. Aléa de sécheresse
moyenne, élevée
Pour déterminer l’aléa de sécheresse, les indices de
Aléa moyen x Vulnérabilité
sécheresse ont été utilisés..
élevée
Aléa faible x Vulnérabilité élevée Indice Z de Palmer
Moyen Aléa faible x Vulnérabilité L’indice Z de palmer est utilisé pour la détermination de
moyenne la sécheresse par rapport à l’humidité du sol (Morid et al.,
Aléa moyen x Vulnérabilité 2007; Patel et al., 2007 ; Barua et al., 2011 ; Dogan et al.,
moyenne 2012) dans le bassin de l’Ouémé à Bétérou. La figure 4
Faible Aléa faible x Vulnérabilité faible présente la variabilité des indices Z moyens et extrêmes
Aléa moyen x Vulnérabilité faible annuelle dans le bassin de Bétérou de 1965 à 2012 à
Source : de Henri, 2006 et adapté l’échelle de la saison culturale (avril à octobre).
L’intégration de paramètres provenant des données
d’observation de la terre (température du sol, NDVI) dans
L’analyse des Z indices au pas de temps annuel en d’identifier les années marquées par les différents niveaux
situation climatique moyenne et extrême a permis de sécheresses. En condition climatique extrême, sur la
période 1965-2012, le milieu a connu plusieurs épisodes de respectivement les indices -2,1 ; -2,7 et -2,7. L’année 1983 a
sècheresses agricoles. Les années 1976, 1987, 1975, 1978, connu une sécheresse sévère (-3,6). Ces différents niveaux
1970 ont connu des sécheresses extrêmes avec des indices d’indices de sécheresse agricole enregistrée dans le bassin
respectifs de -7,5 ; -7,5 ; -6,2 ; -6 ; et -5 essentiellement dans de l’Ouémé à Bétérou montrent qu’en saison culturale le
le mois d’août, celui de l’optimum pluviométrique. L’année secteur est soumis à des aléas qui peuvent avoir des
1983 a enregistré un indice de -6,8 (sécheresse extrême), conséquences sur la croissance des cultures. L’occurrence
notamment le mois pluvieux de septembre. de la sécheresse agricole dans le bassin est illustrée par la
figure 5.
En condition climatique moyenne, les années 1970,
1984, 1987 ont connu des sècheresses modérées avec
Figure 5 : Fréquence des Z indices moyens et extrêmes annuels dans le bassin de Bétérou
En condition climatique extrême, à l’échelle mensuelle favorise l’avortement des ovules, puis des grains. Cela met
pendant la saison culturale dans le bassin versant de en évidence le fait que si les risques de sécheresse agricole
l’Ouémé à Bétérou, la fréquence des Z indices est de 40 % se confirment, le stress aura des conséquences négatives sur
pour les sècheresses extrêmes notamment dans les mois de le rendement des cultures, quelle que soit la période où ils se
juillet, août et septembre. Il y a aussi les sècheresses peu produisent au cours de l’année.
prononcées (24 %) au cours des mois d’avril, de mai et de
3.1.2. Sécheresse hydrologique
juin. Ces mois de début de saison correspondent à la phase
L’aléa de sécheresse hydrologique a été caractérisé par
de préparation des champs, de périodes de semis, de
le calcul de l’indice de sécheresse hydrologique de Palmer
germination et de montaison des cultures dans le bassin.
(PHDI)
En moyenne, les fréquences qui dominent sont les débuts
de sécheresse (42 %) et les sècheresses peu prononcées (37 Indice de sécheresse hydrologique de Palmer
%). Les mois d’avril et de mai qui correspondent entre (PHDI)
autres aux périodes de germination sont concernés. Ouorou La figure 6 montre l’analyse en composante principale
Barré (2010) a conclu que le stress hydrique pendant la du PDHI à l’échelle mensuelle et annuelle dans le bassin
germination diminue le pourcentage de fécondation et versant de l’Ouémé à Bétérou sur la période de 1965 à 2012.
Figure 6 : Analyse en composante principale des indices PDHI à l’échelle mensuelle et annuelle
Figure 7 : Analyse en principale composante des PDSI dans le bassin versant de l’Ouémé à Béterou
Source : Traitement des données de l’ASECNA, 2015
En condition climatique extrême, plusieurs années ont de sécheresse. L’occupation du sol a été regroupée en trois
connu de différents niveaux de sécheresse et cela sur de classes (figure 8a). Cette même procédure a été utilisée par
différents mois. Les années les plus sèches sont 1984 (- (ILWAC, 2013). La figure 8 présente les cartes utilisées
7,60 ; mai), 1977 (-6,98 ; novembre), 1981 (-6,99 ; octobre), pour ressortir les zones d’aléa de sécheresse dans le bassin
1983 (-6,66 ; novembre), 1985 (-6,50 ; mars), 1986 (-5,9 ; versant de l’Ouémé à Bétérou.
juin). Ces années ont connu donc des sècheresses extrêmes.
Spatialisation des valeurs moyennes de l'indice
En résumé, il faut signifier que l’analyse locale des standardisé de précipitation fait ressortir les zones
sècheresses peut ensuite être complétée de différentes présentant une relative sècheresse. Les secteurs de Djougou,
façons pour caractériser des événements dans leur Copargo sont dans des zones faiblement déficitaires. La
dimension spatio-temporelle (Vidal et al., 2010). Ainsi, il a cartographie des valeurs moyennes de l'indice met donc en
été procédé dans la suite de ce travail à la spatialisation des évidence l'opposition entre les zones déficitaires et les zones
indices de sécheresse afin de mieux caractériser le niveau faiblement déficitaires. Seuls les indices négatifs ont été
global atteint par la sècheresse à l’échelle du bassin. utilisés pour la cartographie. La combinaison de ces deux
cartes thématiques a permis d’obtenir la carte de l’aléa de
3.2. Spatialisation de l’aléa de sécheresse
sécheresse (figure 9).
D’abord sur la base des indices pluviométriques, un
calcul des occurrences de sècheresse a été effectué pour la
réalisation de la carte des occurrences des années
déficitaires en pluviométrie. Le croisement de cette carte à
celle de l’occupation du sol permet d’avoir la carte de l’aléa
Figure 8 : a)Couverture du sol, b) Répartition spatiale des valeurs moyennes de l'Indice standardisé de précipitation
Les zones à aléa de sécheresse dans le bassin versant 3.3. Cartographie de la vulnérabilité à la sécheresse
sont classées en trois niveaux ; c’est dire du faible au fort en
La carte de vulnérabilité à la sécheresse est obtenue par
passant par le moyen. Il ressort que la zone à faible aléa
la combinaison de plusieurs facteurs que sont la capacité de
occupe 5,58 % de la superficie du bassin versant et se situe
rétention en eau du bassin, la température de surface, le
principalement dans le secteur de Bembèrèkè, Parakou,
réseau hydrographique et le NDVI. La figure 10 montre les
Bassila. Les zones à aléa moyen occupent une grande partie
différentes cartes qui ont permis de déterminer les zones
d’un bassin versant. Elles représentent 66,71 % de la
vulnérables à la sécheresse dans le bassin versant de
superficie du bassin versant et correspondent aux secteurs à
l’Ouémé à Bétérou.
couverture végétale moyennement dense (savane). Il y a des
localités comme N’Dali, Sinendé, Djougou, Daringa, La température de surface constitue un facteur important
Sanson qui se retrouvent dans ce secteur. L’aléa fort occupe pour le déclenchement d’une période de sécheresse. La
le reste du bassin versant, soit 27,71 % de la superficie du hausse des températures qui accompagne une baisse des
bassin versant et correspond aux zones dominées par les taux de précipitations favorise le processus
champs, plantations et étant déficitaire. Il y a des localités d’évapotranspiration ainsi que le dessèchement des sols
comme Copargo, Tchaourou, Pehunco qui se retrouvent (Bernier et al., 1994; Amoukou, 2009 ; Issa et Yamba,
dans ces secteurs. Dans une étude similaire, Amoukou et al. 2009 ).
(2007) ont aussi mise en évidence le rôle des aléas Un autre facteur important qui se distingue, c’est celui
hydroclimatiques, en particulier l’occurrence des de la capacité de rétention en eau du sol. En effet, un sol qui
sécheresses intra saisonnières sur le milieu physique et fait l’objet d’une exploitation agricole nécessite plus
humain en indiquant les zones à aléa fort, moyen et faible. d’intérêt qu’un autre qui n’a pas cette vocation. Le réseau
Les zones vulnérables à la sécheresse dans le bassin ont été hydrographique est aussi pris en compte dans l’analyse de la
spatialisées. vulnérabilité à la sécheresse. Nicholson et al, (1990) ont
prouvé que la capacité photosynthétique atteint son d’indice de végétation NDVI ainsi obtenue sur le milieu
maximum même si la croissance de la végétation continue. d’étude montre que les fortes valeurs du NDVI, au dessus de
Ces résultats sont aussi semblables à ceux de Tucker et 0,65 sont attribuées à la végétation dense. Les sols nus ont
Sellers (1986) qui ont démontré qu’au-delà du seuil les faibles valeurs, en dessous de 0,2. Les groupements
maximum de NDVI, la pluie n’est pas le facteur limitant de végétaux de la zone d’étude en trois classes ont été faits en
la croissance de la végétation et que le NDVI mesure se basant sur la classification de Roose (1977). Ainsi, et en
l’activité photosynthétique et non la végétation totale. se basant sur ces considérations et sur la disponibilité de
l’information requise, ces différents facteurs ont été retenus
L'indice de végétation (NDVI) se révèle être un outil
pour la spatialisation des zones vulnérables à la sécheresse
bien adapté pour différencier et hiérarchiser la densité des
(figure 11).
couverts végétaux (NDVI de 0,3 à 0,8). Il est aussi un bon
indicateur pour le suivi régional de la végétation
(Haddouche et al., 2011). Le NDVI présente la particularité
d’augmenter en présence de végétation dense. La carte
De l’analyse de la figure 11, il faut retenir que 11,73 % hydroclimatiques, en l’occurrence les sécheresses créant de
de la superficie du bassin sont faiblement vulnérables à la profonds déficits en eau pour les cultures. Bana (1997) a
sécheresse et concernent les abords des cours d’eaux. 54,60 ressorti le rôle de la sécheresse dans la vulnérabilité des
% de la superficie du bassin sont moyennement vulnérables populations à travers une baisse des productions en limitant
à la sécheresse. Les zones à forte vulnérabilité occupent la saison végétative des plantes cultivées à seulement 50
33,77 % de la superficie du bassin. Il faut aussi souligner jours. Quant à Seyni (2000), il a montré le rôle du climat
que les populations agricoles sont les plus pauvres du dans la vulnérabilité des populations. Il note que la
bassin, donc très vulnérables aux extrêmes dégradation des conditions climatiques a occasionné une
baisse de production de près de 30 %. La détermination de spatialiser les zones potentielles à risque de sécheresse dans
l’aléa de sécheresse et les zones vulnérables a permis de le bassin versant de l’Ouémé à Bétérou.
3.4. Cartographie du risque de sécheresse dans le bassin production agricole, les moyens de subsistance ruraux et les
versant de l’Ouémé à Bétérou secteurs urbains et économiques sont manifestes et
considérables (GAR, 2011). La carte des zones à risque de
Les risques liés à la sécheresse sont abordés, car il n’y a
sécheresse n’est que le croisement de celle de l’aléa et de la
que peu de pays qui rapportent systématiquement les pertes
vulnérabilité (figure 12).
et effets dus à la sécheresse ; pourtant ses impacts sur la
La carte présente trois zones à risque dont le niveau connait des risques hydroclimatiques que sont les
varie de faible au fort. Les secteurs à risque faible couvrent sécheresses et les inondations à des degrés divers. Ce même
7,25 % du territoire d’étude et correspondent aux abords constat a été fait par Dipama (2016), qui a estimé qu’à l’échelle
immédiats des cours d’eau et aussi les localités comme du Burkina Faso, les phénomènes climatiques extrêmes
N’dali, Bassila. Les zones à risque moyen couvrent 65,58 % couramment évoqués par les populations rurales sont
du territoire et s’étendent principalement dans la partie respectivement les inondations, les sécheresses et dans une
centrale. Les milieux à fort risque occupent 27,17 % du moindre mesure, les vents violents.
territoire et concernent presque tous les secteurs du bassin.
IV. CONCLUSION
En somme dans un contexte local et régional où la
La présente étude a permis de mettre en évidence la
maîtrise du déficit pluviométrique demeure un enjeu majeur,
caractérisation des séquences sèches par les indices et cela
l'estimation et la gestion à long terme des ressources en eau
montre donc que les déficits pluviométriques sont très
dans un bassin sont indispensables, tant pour améliorer son
accentués. L'analyse des résultats des différents indices de
environnement que pour assurer le bon fonctionnement des
sécheresse montre, qu'en plus de leurs facilités d'utilisation,
activités liées à l'eau. Les enjeux liés à la persistance ou non
les indices donnent une caractérisation de la sécheresse plus
de la sécheresse sont par conséquent de première importance
précise par rapport aux autres indices aux calculs exigeants.
pour les pays traversés par les fleuves et pour les habitants
qui y vivent (Faye, 2015). Le bassin de l’Ouémé à Bétérou
Pour mieux anticiper et suivre la sécheresse, le calcul une analyse basée sur l'Indice de gravité de la
d’indicateurs donnant des informations sur la sévérité d’une sécheresse Palmer, International Journal of
sécheresse a été donc mise en évidence. Ces indicateurs Climatology, 14, pp. 475 - 506.
permettent de déterminer d’une façon scientifique le seuil
[9] Burke E.J., Brown S. J., et Christidis N., 2009.
indiquant la sécheresse à différentes échelles de temps et de
Modélisation de l'évolution récente de la sécheresse et
définir des classes d’appartenance à cet événement en
des projections mondiales pour le XXIeme siècle avec
fonction de sa sévérité et de sa position. Ces indices
le modèle climatique du Centre Hadley. In Journal of
constituent également un excellent moyen de
Hydrometeoroly., 7, pp. 1113-1125.
communication avec le public et un outil de décision.
[10] Byun H. R., Wilhite D.A., 1999. Objective
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