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Revue Espaces Africains – ISSN : 2957 - 9279 Revue du Groupe de recherche PoSTer (UJLoG - Daloa - CI)

Revue des Sciences Sociales


Numéro 1 | 2023

Varia – juin 2023

Varia – juin 2023

CONTRIBUTION DE L'IMAGERIE SATELLITAIRE DANS L’ANALYSE DE L’EVOLUTION DE


LA MANGROVE DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENT CLIMATIQUE : DU SALOUM
(SENEGAL) AU RIO GEBA (GUINEE-BISSAU)

CONTRIBUTION OF SATELLITE IMAGERY IN THE ANALYSIS OF MANGROVE EVOLUTION


IN A CONTEXT OF CLIMATE CHANGE : FROM THE SALOUM (SENEGAL) TO THE RIO
GEBA (GUINEA-BISSAU)

Dome TINE – Mbagnick FAYE – Mamadou THIOR

RÉSUMÉ

L e développement du couvert végétal est


toujours tributaire des conditions
pédoclimatiques. L’altération de ces conditions
impacte négativement sur la végétation. L’objectif de
cette contribution est d’analyser l’évolution de la
révèle un gradient décroissant du sud vers le nord,
ce qui indique des conditions climatiques favorables
au développement de la végétation au sud et qui se
dégradent au fur et à mesure que l’on se dirige vers
le nord. La dynamique de l’occupation du sol
mangrove dans un contexte de changement montre une diminution de 0,99% des superficies de
climatique. La méthodologie adoptée repose sur la mangrove entre 1985 et 2000 et une
l’analyse de l’indice de précipitation standardisé augmentation de 1,17% entre 2000 et 2022.
(IPS), la cartographie diachronique des formations On note également une densité très faible en 1985
de mangrove à l’aide de l’imagerie satellitaire avec un NDVI évoluant en dessous de 0,4 et qui
Landsat (1985, 2000 et 2022) et une analyse du devient très fort en 2022 où les valeurs varient entre
risque de sécheresse basée sur les indicateurs de 0,40 et 0,74.
sécheresse dont le TCI, le VCI et le VHI calculés sur la
base des données MODIS acquises entre mai et
novembre 2022. Les résultats de l’IPS montrent une Mots clés : Changement climatique, mangrove,
évolution contrastée de la pluviométrie avec la sécheresse, Saloum, Rio Gêba.
prédominance des années sèches. L’analyse des
indicateurs de sécheresse tels que le VCI et VHI

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ABSTRACT

T he development of vegetation cover is


always dependent on soil and climatic
conditions. The alteration of the latter has a
negative impact on the vegetation. The objective of
this contribution is to analyse the evolution of the
decreasing gradient from south to north, indicating
favourable climatic conditions for vegetation
development in the south, which deteriorate as one
moves northwards. Analysis of the land use results
reveals a decrease of 0.99% in mangrove area
mangrove in a context of climate change. The between 1985 and 2000 and an increase of 1.17%
methodology adopted is based on the analysis of between 2000 and 2022. We also note a very low
the standardised precipitation index (SPI), the density in 1985 with an NDVI evolving below 0.4
diachronic mapping of mangrove formations using and which becomes very strong in 2022 where the
Landsat satellite imagery (1985, 2000 and 2022) values vary between 0.40 and 0.74.
and an analysis of the risk of drought based on
drought indicators including the TCI, VCI and VHI
calculated on the basis of MODIS data acquired
Keywords : Climate change, mangrove, drought,
between May and November 2022. The results of
Saloum, Rio Gêba.
the SPI show a contrasted evolution of rainfall with
the predominance of dry years. The analysis of
drought indicators such as VCI and VHI shows a

INTRODUCTION

L e changement climatique et la perte de


biodiversité sont deux principaux défis
auxquels font face les populations et les
écosystèmes littoraux (Andriatsiaronandroy et al.,
2017 : 41). L'évolution des régimes pluviométriques
Les changements climatiques récents se traduisent
par plusieurs façons dans les écosystèmes de
mangrove. Les régimes de salinité des eaux,
notamment dans le domaine septentrional, ont été
fortement modifiés ces dernières années. C'est
est susceptible d'influencer la distribution, ainsi que dans certains cours d'eau, la succession
l'étendue ainsi que le taux de croissance des des années sèches a fait sensiblement reculer les
palétuviers. Les écosystèmes de mangrove sont limites tidales, et les fronts de salinité ont parfois
particulièrement menacés depuis plusieurs remonté loin en amont. C’est le cas du Saloum et de
décennies (Roche & Van Cu, 2015 : 2). Les la Casamance. Des cas limites d'hypersalinité sont
mangroves sont des zones riches en ressources même décrits dans les estuaires du Saloum et de la
halieutiques (poissons, crevettes, huîtres etc…) Casamance (Cormier Salem, 1994 : 37).
mais elles constituent aussi des sources
d’approvisionnement de bois de chauffe et de bois Face aux aléas climatiques, il est nécessaire
d’œuvre. Elles offrent une multitude de fonctions d’effectuer une étude diachronique en se basant
qui engendrent de nombreuses activités et sur les techniques de la télédétection afin de
stratégies d’exploitation, en rapport avec les déterminer les tendances évolutives de la
besoins vitaux des populations dans un mangrove. Toute tentative d’établissement de
environnement naturellement instable. La frange stratégies visant à protéger ces ressources
littorale du Sud du Sénégal et de la Guinée-Bissau naturelles doit se fonder sur une connaissance
est caractérisée par des formations végétales de parfaite du milieu concerné. Généralement, les
mangrove qui jouent un rôle protecteur du littoral formations végétales trouvent un moyen
contre l’érosion. d’expression dans la télédétection et les techniques
qui leur sont associées. Les données numériques
La baisse de la pluviométrie observée depuis les permettent d’envisager à court terme le recours à
années 1970 et le réchauffement global de la terre de nouvelles techniques d’analyse spatiale
ont contribué à augmenter l’évaporation, susceptibles d’apporter de nouveaux éclairages sur
l’extension des tannes et la recrudescence des l’organisation des forêts et leurs dynamiques.
phénomènes éoliens (Dièye et al., 2013 : 2). L’analyse diachronique, utilisée depuis longtemps

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pour appréhender les transformations de l’espace, fluctuations climatiques. De façon spécifique, il


est une démarche qui effectue une étude s’agit d’analyser l’évolution de la pluviométrie et de
comparative, par superposition, voire juxtaposition la dynamique de l’occupation du sol, et d’évaluer
des différents documents traités. Les forêts de les risques de sécheresse météorologique de
mangroves sont menacées par le changement l’espace d’étude. Les résultats portent sur l’analyse
climatique bien qu’elle soit, à la fois, un outil de lutte de la variabilité pluviométrique, de l’évolution
contre celui-ci. L’objectif de cette contribution est l’occupation du sol, de l’évolution de densité de la
d’analyser l’évolution de la mangrove à l’aide de mangrove et de l’évaluation du risque de
l’imagerie satellitaire dans un contexte de sécheresse météorologique.

1. DONNÉES ET MÉTHODES

1.1. Zone d’étude

L ’espace étudié est situé entre 12°18’ et 14°21’


latitudes Nord et 16°82’ et 15°30’ longitudes
Ouest (Figure 1). C’est une frange littorale
soumise continuellement à la remontée des eaux
marines en raison de la platitude du relief. Ce qui
XXIe parallèle, sur une bande de 200 km en
moyenne, avec une largeur maximale de 560 km
sur la latitude de Dakar (Tine et al., 2022a : 75).
Le cycle pluviométrique saisonnier est très
contrasté avec une longue saison sèche qui dure
entraine une augmentation de la salinité des sols de pratiquement 7 à 8 mois et une courte saison
mangrove. Les formations géologiques pluvieuse de 4 à 5 mois. La végétation est
appartiennent à la partie méridionale du bassin caractérisée par des formations de mangrove,
sédimentaire sénégalo-mauritanien. Ce bassin composée de palétuviers et caractéristiques des
sénégalo-mauritanien qui s'est mis en place avec milieux saumâtres. La mangrove comme
l'ouverture de l'Atlantique central au Jurassique, écosystème particulier fait la jonction entre le
présente une couverture sédimentaire diversifiée. continent et la mer. Elle est assimilée à un marais,
Il est d'âge méso-cénozoïque, et repose sur un une zone géomorphologique proche du niveau
substratum d'âge Précambrien à Paléozoïque. Il supérieur des marées, sur laquelle des végétaux
s'étend du Cap Blanc en Mauritanie au Cap Roxo en particuliers (palétuviers) se développent.
Guinée Bissau et continue en mer entre le Xe et le

Fig. 1: Situation géographique de la zone d'étude

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1.2. Méthode d’analyse de l’évolution 2020. L’indice pluviométrique standardisé (IPS) est
pluviométrique utilisé pour caractériser la variabilité pluviométrique.
L’indice se calcule selon la formule :

L ’analyse de l’évolution de la pluviométrie est (𝐗𝐢−𝐗𝐦)


IPS = où (1)
basée d’une part sur les réanalyses de ERA-40 𝐒𝐢

dont les données remontent jusqu’en 1957 et Xi = cumul de la pluie pour une année i ;
d’autres part sur les données CHIRPS (données Xm = moyenne annuelle des pluies selon la période
pluviométriques journalières) disponibles depuis donnée ; Si = écart-type des cumuls annuels sur la
1981. Ces données sont compilées avec celles issues même période. Il permet de détecter rapidement les
de la station météorologique de Ziguinchor, du poste situations de sécheresse et d’en évaluer la gravité
pluviométrique de Foundiougne, de WorldClim et (OMM, 2012 : 6) à travers différentes classes qui
aux données CHIRPS de la partie Guinéenne afin de déterminent des critères d’appréciation (tabl.1).
reconstituer les séries chronologiques de 1961 à

Tabl. 1: Échelle d'interprétation de l'indice pluviométrique standardisé (IPS)

Valeurs de l’IPS Appréciations

2,0 et plus Extrêmement humide

de 1,5 à 1,99 Très humide

de 1,0 à 1,49 Modérément humide


de -0,99 à 0,99 Proche de la normale

de -1,0 à -1,49 Modérément sèche

de -1,5 à -1,99 Très sèche

-2 et moins Extrêmement sèche

Source : Auteurs, 2023.

1.3. Cartographie de la mangrove

Les données utilisées sont des images Landsat TM de calibration radiométrique. Les images choisies
de 1985, Landsat ETM+ de 2000 et Landsat 8 OLI sont acquises en saison non pluvieuse notamment
(tabl. 2). Les données Landsat-8 sont fournies en entre le mois d’avril et le mois de mai afin d’éviter
réflectance apparente ou au sommet de toute influence de la végétation herbacée
l’atmosphère (TOA) donc elles ne nécessitent pas saisonnière qui se développe en saison pluvieuse.

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Tabl. 2 : Caractéristiques spectrales et spatiales des images satellites Landsat utilisées

Capteurs Date d’acquisition Bandes Longueurs d’onde Résolution


1-Bleu 0,45-0,52 µm
2-Vert 0,52-0,6 µm
TM 1985 3-Rouge 0,63-0,69 µm 30 m
4- PIR 0,76-0,9 µm
5-SWIR 1 1,55-1,75 µm
7- SWIR 2 2,08-2,35 µm
Capteurs Date d’acquisition Bandes Longueurs d’onde Résolution
1-Bleu 0,45-0,52 µm
2-Vert 0,53-0,61 µm
ETM+ 2000 3-Rouge 0,63-0,69 µm
30 m
4- PIR 0,78-0,9 µm
5-SWIR 1 1,55-1,75 µm
7- SWIR 2 2,09-2,35 µm
Capteurs Date d’acquisition Bandes Longueurs d’onde Résolution
2- Bleu 0,45-0,51 µm
3- Vert 0,52-0,60 µm
OLI 2022 4- Rouge 0,63-0,68 µm
30 m
5- PIR 0,84-0,88 µm
6- SWIR 1 1,56-1,66 µm
7- SWIR 2 2,10-2,30 µm
Source : Auteurs, 2023

1.3.1. Classification des images satellitaires 1.3.2. Description des classes d’occupation du sol

L e domaine des mangroves est un mélange de


portions d’eau et de vasières. Leur réflectance
spectrale peut connaître des variations
importantes en fonction de la mixité du pixel. Ces
éléments caractéristiques des milieux marins
P our identifier les classes thématiques
retenues, une composition colorée
"infrarouge fausses couleurs" a été utilisée.
Elle associe les bandes proches infrarouges, rouge et
vertes du capteur aux couleurs rouge verte et bleue
peuvent modifier considérablement le signal de l'écran. Elle exploite la particularité du spectre
réfléchi. Les techniques de télédétection à haute réfléchi par les végétaux, qui présente un "pic"
résolution spatiale, permettent d’établir de façon important dans le proche infrarouge. Sur une image
très précise, avec une faible marge d’erreur les en "fausses couleurs infrarouge", la végétation qui a
étendues de mangrove. Dans cette contribution, une forte activité photosynthétique apparaît en
l’extraction de l’information à partir des images rouge. Cette composition colorée a permis
satellitaires est effectuée par classification d’identifier les classes d’occupation du sol telles que
supervisée basée pixel. La méthode supervisée avec la mangrove, qui apparait sur l’image en couleur
le classifieur support vector machine (SVM) a été rouge foncé et caractérise les domaines estuariens le
utilisée. C’est un algorithme réputé pour son long des chêneaux d’eau salées, les terres salées qui
efficacité à résoudre des problèmes de sont dépourvues de végétation et inaptes à
discrimination et de régression et à classifier des l’agriculture, les vasières qui sont des zones
données complexes afin de produire de bons inondables localisées au bord des cours d’eau et la
résultats. Le protocole repose sur des zones limite des estuaires, végétation continentale
d’entrainement fournies par l’utilisateur qui constituée de forêts denses et de forêts clairsemées
permettent à l’algorithme d’y effectuer un
et les terres peu boisées qui sont des vastes étendues
apprentissage sur la base des réponses spectrales
parsemées d’arbres et couvertes de matières
des objets et de classifier l’image.
organiques (fig. 2).

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Fig. 2: Les principales classes d'occupation du sol identifiées sur le terrain

Source : Auteurs, 2023

1.3. Analyse du risque de sècheresse

L es images satellitaires du capteur


NOAA/AVHRR à basse résolution spatiale
couvrant la période mai 2022 à novembre
2022 ont été traitées. Une synthèse mensuelle a été
appliquée en calculant le maximum et le minimum
ordre de grandeur dans le rouge et le proche
infrarouge, le NDVI présente des valeurs proches de
0. Les formations végétales, quant à elles,
possèdent des valeurs de NDVI positives. Plus la
valeur est élevée, plus le couvert végétal est dense.
afin de réduire le volume de données acquises et les Le résultat du calcul de l’indice NDVI est une image
différentes sources de perturbations qui affectent en niveaux de gris. Le NDVI est utilisé pour calculer
la variabilité temporelle des différents paramètres le VCI et d’analyser l’évolution de la densité de la
(Bijaber et al. 2017 : 206). Des images du mangrove.
spectromètre imageur à résolution moyenne
MODIS ont été également utilisées. Ces données L'Indice des conditions de végétation (VCI) évalue
MODIS sont caractérisées par différentes l'état de santé de la végétation par rapport aux
résolutions spatiales : 250 m pour les bandes situations extrêmes (min et Max). Il utilise les
spectrales 1 et 2, 500 m pour les bandes 3 à 7 et valeurs minimales, maximales et courantes du
1000 m pour toutes les bandes spectrales entre 8 et NDVI de la même décade sur plusieurs années
36 (Bijaber, 2015 : 17). La caractérisation de la (Layelmam, 2008 : 13). Le VCI permet de comparer
sécheresse est basée sur le calcul des indices tels l’effet du climat sur la végétation sur des aires
que le VCI (Vegetation Condition Index), le TCI d’étude non homogènes. Cet indice exprime en
(Temperature Condition Index) et le VHI pourcentage le niveau de croissance atteint par la
(Vegetation Health Index) produits à l’aide du NDVI végétation dans chaque zone à une date donnée
(Normalized Difference Vegetation Index) et les par rapport au maximum de croissance enregistré
températures de surface au sol (LST). Il est obtenu dans les années précédentes à la même date
en faisant le rapport suivant : (Bijaber et al. 2017 : 207). Si le VCI est proche de 0%,
cela signifie que la végétation est en état de
PIR−R dégradation pendant qu’un VCI proche de 50%
NDVI = PIR+R (2)
révèle un accroissement moyen de celle-ci. Un VCI
L’indice NDVI est compris entre -1 et +1. Les valeurs compris entre 50% et 100% indique des conditions
négatives désignent les types de surface à couvert de végétation optimales ou supérieures à la
non végétal, comme la neige, l'eau ou les nuages et normale. Le VCI est calculé à l’aide de la formule
pour lesquelles la réflectance dans le Rouge est suivante :
supérieure à celle du Proche infrarouge. Pour les
NDVI (i)−NDVI min
sols nus, les réflectances étant à peu près du même VCI = NDVI max−NDVI min ∗ 100 (3)

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Où NDVI (i) est le NDVI de la période étudiée, NDVI L'indice de santé de la végétation (VHI) est un indice
min : le NDVI minimum de la période étudiée et composé d'un ensemble de sous-indices liés à l'état
NDVI max : le NDVI maximum de la période de la végétation tels que le VCI et le TCI. L'indice de
étudiée. santé de la végétation et ses sous-indices sont
utilisés à diverses fins, notamment pour détecter et
Le VCI est corrélé au NDVI. Un VCI très faible reflète surveiller les phénomènes de sécheresse et les
un NDVI qui se rapproche du NDVI minimum. Un risques d'incendie. Selon Kogan (1997 : 621), la
VCI élevé reflète un NDVI qui se rapproche du NDVI combinaison du VCI et du TCI constitue une source
maximal. En d’autres termes, les valeurs basses du utile d’informations sur le stress causé à la
VCI représentent des conditions de stress en eau végétation par la sécheresse. C’est aussi un outil
alors que les valeurs élevées du VCI représentent utile afin de surveiller presque en temps réel les
des conditions favorables (Layelmam, 2008 : 23). conditions de la végétation et l’impact du climat sur
celle-ci. L'indicateur de santé de la végétation (VHI)
L’indice de condition de température est calculé à
illustre la gravité des sécheresses en se basant sur
l’aide des températures de brillance afin de
l'état de la végétation et l'influence des
minimiser l’influence de la couverture nuageuse
températures sur les conditions des plantes. Une
pendant l’hivernage sur la réflectance de la
diminution du VHI indique, un état de la végétatif
végétation (Kogan, 2000 : 89). Le TCI permet de
relativement mauvais et une augmentation des
déterminer la température liée au stress de la
températures, ce qui signifie que les conditions de
végétation mais également au stress causé par une
végétation sont soumises à un stress, voire une
saturation du sol en eau. Le TCI représente l'écart
sécheresse sur une longue période. Le VHI est
entre la température du mois étudié par rapport
calculé par la formule suivante :
aux valeurs de températures extrêmes enregistrées
(maximum et minimum). Le TCI est calculé par la VHI = α ∗ VCI + (1 − α) ∗ TCI
formule suivante : (5)
LST max−LST (i)
TCI = LST max−LST min ∗ 100 (4) Où α est la contribution relative du VCI et du TCI
dans le VHI et est égal 0,5 en supposant une même
Où LST max est la température maximale de la contribution des deux indices et aussi en raison
période étudiée, LST min : la température minimale d’absence d’informations plus précises (Kogan,
de la période étudiée et LST (i), la température de 2000 : 89).
surface du mois concerné.

Tabl. 3 : Échelle d'interprétation du VHI.

Classification du VHI (%)

Sécheresse extrême 0-10

Sécheresse sévère 10-20

Sécheresse modérée 20-30

Sécheresse légère 30-40

Pas de sécheresse > 40


Source : Auteurs, 2023.

L’application de ces indices permet d’apprécier spatialement le degré de sécheresse météorologique dans
l’espace étudié.

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2. RÉSULTATS ET ANALYSE

2.1. Évolution de la pluviométrie

L ’espace étudié est caractérisé par une


variabilité pluviométrique très contrastée
suivant un gradient nord-sud. Les
précipitations diminuent des régions guinéennes
vers le Sahel et le Sahara. Elles sont marquées par
précipitations sont proches de la normale
représentent 67% sur les 60 ans d’observation à la
station de Ziguinchor, 73% à la station de
Foundiougne et 75% à la station de Bissau. Le cumul
des années où les précipitations sont supérieures à
une fréquence des épisodes de sécheresse dont la normale représente respectivement 16%, 10% et
les plus marquants datent des années 1970, 1980 11% à Ziguinchor, Foundiougne et Bissau tandis que
et 1990. le cumul des années où les précipitations évoluent
en dessous de la normale classé modérément
L’analyse de l’indice de précipitation standardisée sèche, très sèche et extrêmement sèche
(IPS) par station montre l’existence de périodes représentent 16%, 17% et 13% à Ziguinchor,
sèches et humides. Les résultats issus du calcul de Foundiougne et Bissau. Ces périodes déficitaires
l’IPS par station, montrent que les variations sont essentiellement observées entre 1970 et 2008
annuelles des précipitations proches de la normale sur l’ensemble des stations. Cette période connait
dominent les séries chronologiques mais restent une légère sécheresse avec une probabilité
cependant, déficitaires par rapport à la moyenne d’occurrence d’une fois tous les 3 ans.
(tabl. 4). Les années pendant lesquelles les

Tabl. 4 : Proportions (en %) d’années sèches et humides au niveau des stations retenues

Interprétation Ziguinchor Foundiougne Bissau

Sécheresse extrême 0 2 0
Très Sèche 3 2 3
Modérément sèche 13 13 10
Proche de la normale 67 73 75
Modérément humide 10 3 3
Très humide 3 0 5
Extrêmement humide 3 7 3
Source : Auteurs, 2023.

L’analyse de l’IPS montre trois phases d’évolution. sècheresse communément appelé la rupture
Une première phase, dont l’évolution est presque climatique, jusqu’en 2007, malgré quelques années
identique pour les trois stations, marquée par une avec un indice positif. La troisième phase, marquée
variabilité faiblement contrastée avec une par une amélioration de la pluviométrie, est
fréquence d’années humides entre 1961 et 1969. La comprise entre 2008 et 2020. Elle est considérée
deuxième phase commence à partir des années comme un retour à de meilleures conditions
1970 et s’étend sur une longue période de pluviométriques (fig. 3).

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Fig. 3 : Indice de pluviométrie standardisée (IPS) calculé sur la période 1961-2020 aux stations de Foundiougne, Ziguinchor et Bissau.

5
4
3
2
1
IPS

0
-1
-2
-3
-4
-5
1963

1971

1997

2005
1961

1965
1967
1969

1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995

1999
2001
2003

2007
2009
2011
2013
2015
2017
2019
Ziguinchor Foundiougne Bissau
Source : Auteurs, 2023

Cette variabilité pluviométrique constitue un période analysée. Les résultats de l’analyse


élément qui conditionne la dynamique du milieu diachronique montrent que la mangrove occupe
physique. L’incidence de la variabilité pluviométrique 5,7% de la superficie totale de l’espace étudié en
se manifeste par la salinisation des terres qui affecte 1985 contre 4,7% en 2000 et 5,9% en 2022. Entre
l’agriculture et les productions agricoles, la réduction 1985 et 2000, la mangrove a connu une légère
du débit et le tarissement des fleuves, la remontée diminution de 0,9% de ses superficies. Il faut noter
du biseau salé et inondation des milieux littoraux, que le déficit pluviométrique des années 1980 a
salinisation de la nappe qui altère la qualité de l’eau fortement éprouvé cet écosystème avec une baisse
potable. Les espèces végétales comme la mangrove notable des superficies de mangrove entre 1972 et
sont menacées par une augmentation de la 1986. En effet, la baisse des apports en eau douce,
concentration en sel, la hausse des températures et combinée à une forte évaporation et une
l’élévation du niveau marin. pénétration des eaux marines, est à l’origine d’une
augmentation de la salinité qui a participé
2.2. Évolution de l’occupation du sol grandement à la dégradation de la mangrove. La
végétation continentale s’inscrit dans la même

L a cartographie réalisée à partir des images


satellitaires Landsat, permet de suivre
l’évolution de la mangrove, d’identifier et de
quantifier les superficies occupées durant chaque
dynamique évolutive que la mangrove en
enregistrant une baisse de ses superficies de 2,3%
entre 1985 et 2000 (fig. 4).

Fig. 4 : Statistiques de l’évolution des classes thématiques retenues en 1985, 2000 et 2022

Source : Auteurs, 2023.

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Cependant, entre 2000 et 2022, on note un La végétation continentale suit un gradient nord-sud
développement de son emprise spatiale qui passe en raison des conditions climatiques propices à son
respectivement de 5,1% à 10,7% soit une développement. On note une raréfaction de celle-ci
augmentation de 5,6% de la superficie totale de au fur et à mesure qu’on s’éloigne du littoral et des
l’espace étudié. Cette dynamique est également zones humides. Le couvert végétal dense est observé
observée sur les terres salées qui occupent 2,5% de à la limite des formations de mangrove notamment
la superficie totale de la région en 1985 contre 4,7% en Basse Casamance et en région guinéenne. La
en 2000 et 3,7% en 2022. La hausse des superficies mangrove, occupe tous les estuaires du Saloum, de
de la mangrove, de la végétation continentale et des la Casamance, du Rio Cacheu, du Rio Mansoa et du
terres salées s’effectue aux dépens des terres peu Rio Gêba mais également les deux rives de ces cours
boisées. Ces dernières constituent la seule unité d’eau à la limite des estuaires.
d’occupation du sol qui a enregistré une baisse
progressive de ses superficies en passant de 46,6% Au niveau de l’estuaire du Saloum, une réduction des
en 1985 à 46,1% en 2000 et à 38% en 2022. superficies des terres salées est observée
Les vasières couvrent 5,4% de la superficie totale en spatialement entre 1985 et 2022. En effet, la période
1985 avant d’enregistrer une régression de 2,2% en 1990-2010 est caractérisée par le retour sporadique
2000 suivie d’une augmentation de 2,6% en 2022. des précipitations avec une moyenne des cumuls
Rappelons que l’année 1980 correspond à la période annuels de 1299 mm qui est légèrement supérieure
sèche qui a commencé quelques années avant, dans à celle de la période 1968-1989 qui était de 1169 mm
le Sahel ouest africain. Les vasières étant constituées (Base de données ANACIM, 2020). Cette baisse
de sédiments et d’eau, le déficit pluviométrique généralisée de la salinisation suite à une reprise
intervenu peut justifier cette faible portion de pluviométrique explique également la hausse des
l’espace qu’elles occupent. Cependant, les vasières superficies de mangrove. Le début des années 2000
étant souvent occupées par la mangrove, cette est marqué par une régénérescence globale de la
dernière constitue une limite dans la quantification mangrove (fig. 5).
de leur couverture spatiale par télédétection.

Fig. 5 : Evolution diachronique de l’occupation du sol en 1985, 2000 et 2022.

Source : Auteurs, 2023

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2.3. Évolution de densité de la mangrove

L ’indice de la mangrove de 1985 est globalement en dessous de 0,4 ce qui indique une végétation éparse et
fortement éprouvée. En 2000, l’indice de la mangrove a connu une forte densité. La redynamisation de la
mangrove est particulièrement assez bonne au niveau des estuaires du Saloum, de la Gambie, de la
Casamance, du Rio Cacheu et du Rio Mansoa. La régénération de la végétation s’est nettement améliorée en
2022 avec une densité très forte (NDVI compris entre 0,56 et 0,74) au niveau des estuaires du Rio Cacheu et du
Rio Mansoa en Guinée-Bissau (fig. 6).

Fig. 6 : Evolution de la densité de la mangrove en 1985, 2000 et 2022.

Source : Auteurs, 2023.

Cependant, on note toujours des régions où la nécessité d’un aménagement des mangroves
densité de la mangrove reste très faible notamment comme une des actions prioritaires dans le
le long du fleuve Gambie et dans l’estuaire de la programme d’actions au niveau régional.
Casamance et ses bordures. Après la période de Le programme de restauration de mangroves mené
sécheresse des années 1980 qui a impacté par l’ONG Livelihoods en 2011 en collaboration avec
négativement la mangrove, on assiste à une l’ONG Sénégalaise Oceanium dont l’objectif était de
régénérescence continue de cette dernière depuis planter 79000 arbres et restaurer 7 920 ha a été
2000, avec une bonne densité en 2022 où le NDVI satisfaisant. Il y a également le projet de gestion des
évolue au-dessus de 0,4. Cet état de la mangrove a forêts de mangroves du Sénégal au Bénin de l’UICN
des origines multiples notamment la mise en place financé par l’Union Européenne (UE) dans le cadre
de plusieurs projets et programmes de restauration de son programme PAPBio en 2018. L’objectif de ce
et sauvegarde de la mangrove. Il s’agit par exemple projet est d’atteindre une protection intégrée de la
le Plan d’Orientation pour le Développement diversité et des écosystèmes fragiles de Mangrove
Economique et Social 1996–2001, le Plan d’Action en Afrique de l’Ouest et leur résilience renforcée aux
Forestier (2002-2004) qui met en exergue la changements climatiques.

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2.3. Évaluation du risque de sécheresse météorologique

L es trois indicateurs (VCI, TCI et VHI) calculés


sur une période de sept (7) mois entre mai et
novembre 2022 montrent la situation de la
végétation et des températures dans le milieu
étudié. L’indice de condition de végétation (VCI)
stable même si des faiblesses sont observables par
endroit. De l’estuaire du Saloum et ses environs
jusqu’à la rive droite du fleuve Gambie, le VCI
évolue entre 0 et 20%. Ce qui indique que la
végétation de cette partie de la région est en état
renseigne sur les conditions de la végétation pour la de stress hydrique et/ou de dégradation. Les
même période par rapport aux valeurs extrêmes du valeurs du VCI, indiquant des situations de
NDVI. Il montre le niveau de dégradation où de végétation proches des valeurs maximales du NDVI,
régénération actuelle comparé à son niveau moyen ont été dominantes sur la majorité de l’espace
sur la période de l’étude (2000-2022). L’analyse du étudié. Elles sont localisées en Basse Casamance
VCI montre que l’estuaire du Saloum et ses mais surtout en Guinée-Bissau (VCI variant entre 80
bordures restent les zones où la mangrove est faible et 100%) en raison des conditions pluviométriques
avec un VCI inférieur à 50 %. Cependant, la meilleures (fig. 7).
mangrove au sud de l’estuaire est dans un état

Fig. 7 : Variation spatiale des indices de sécheresse (VCI, TCI, VHI) entre mai et novembre 2022 dans l'espace étudié

Source : Auteurs, 2023.

Le TCI est calculé de la même manière que le VCI à températures minimales. L’analyse du TCI montre
partir des données NOAA/AVHRR. Les valeurs des conditions climatiques favorables à la
minimales du TCI correspondent à des croissance de la végétation notamment au sud de
températures maximales. Ce qui indique des l’estuaire du Saloum, en Gambie, en Basse
conditions climatiques défavorables au Casamance et en Guinée-Bissau avec des valeurs
développement de la végétation alors que les comprises entre 47 et 70%. Cependant, on observe
valeurs maximales du TCI correspondent à des des portions défavorables au développement du
températures de brillance proches des couvert végétal au niveau des limites estuariennes

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du Saloum, de la Casamance et du Rio Mansoa où en 1985 à 4,7% en 2000. Ces résultats sont en
le TCI évolue entre 19 et 46%. La combinaison du concordance avec ceux de Tine et al. (2022a : 80) et
VCI et du TCI permet d’apprécier les situations de de Dièye et al. (2016 : 8) qui montrent qu’une
sécheresse à travers le VHI lorsque les valeurs de cet
régénération relativement importante notée en
indicateur sont inférieures à 40% (Kogan, 2002 :
553). L’analyse du VHI révèle une légère sécheresse 2018. Les terres peu boisées diminuent à chaque
(VHI compris entre 30 et 40%) dans quelques date contrairement aux autres unités d’occupation
portions d’espace en Basse Casamance qui du sol.
couvrent quasiment l’estuaire du Saloum et ses
environs. Le VHI montre qu’il n’y a pas de 3.2. Une évolution contrastée de la mangrove
sécheresse en Basse Casamance et en Guinée-
Bissau avec un indice supérieur à 40%.

3. DISCUSSION L ’indice de végétation par différence


normalisée (NDVI) qui renseigne par ailleurs
sur la densité de la végétation montre que la
mangrove est éparse et fortement éprouvée et que
le NDVI évolue en dessous de 0,4 en 1985. Ces
L’analyse de l’Indice Pluviométrique Standardisé
(IPS) a mis en évidence la variabilité pluviométrique résultats concordent avec ce qui a été observé dans
dans l’espace étudié. Les résultats de l’IPS montrent d’autres études (Faye et al., 2021 : 37) où il a été
démontré que la mangrove a été fortement
une évolution contrastée de la pluviométrie avec la
dégradée entre 1972 et 1986 suites aux années de
prédominance des années sèches. Seule la période sécheresse qui ont frappées le Sahel. Entre 2000 et
1961-1970 est réputée humide. La grande 2022, période qui coïncide au retour à de meilleurs
sécheresse notée pendant les années 1970 s’est conditions pluviométriques, la densité s’est
prolongée jusqu’aux années 1980 affectant ainsi les nettement améliorée. La régénération de la
volumes de pluviométrie annuelle de l’espace mangrove est particulièrement meilleure au niveau
des estuaires du Saloum, de la Gambie, de la
étudié (Faye et al. 2022 : 2 ; Faye et al., 2021 : 40 ;
Casamance, du Rio Cacheu et du Rio Mansoa par
Niasse et al., 2004 : 13). L’analyse des séries
rapport à la période 1985-2000. La régénération de
chronologiques ont toutes montré une sécheresse la mangrove s’est nettement améliorée en 2022
durant la période 1970-2008. avec une densité très forte notamment au niveau
des estuaires du Rio Cacheu et du Rio Mansoa en
3.1. Une variabilité climatique au lieu d’un Guinée-Bissau. Les valeurs du NDVI varie entre 0,56
changement climatique et 0,74 et diminuent au fur et à mesure que l’on
progresse vers le nord. La densité de la mangrove

L
a variabilité climatique modifie le est corollaire aux cumuls pluviométriques annuels
fonctionnement naturel des formations de dont les plus importants sont enregistrés au sud (en
mangrove notamment dans les régions Guinée-Bissau) avec une moyenne de 1800 mm par
sahéliennes. Les résultats issus de la cartographie an. Ces résultats sont en concordance avec ceux de
diachronique de l’occupation du sol démontrent Faye et al. (2022 : 37) qui indiquent que la
mangrove a commencé à reprendre de la place à
que la mangrove du sud du Saloum au Rio Gêba a
partir des années 2000 dans beaucoup de zones
été fortement impactée par les sécheresses des après quelques années de dégradation due
années 1970, 1980 et 1990 qu’a connu l’Afrique de incontestablement aux sécheresses des années
l’Ouest (Soumaré et al., 2020 : 3). Entre 1985 et 1970.
2000, les étendues de mangrove se sont réduites
L’indice de végétation par différence normalisée a
laissant la place à la formation de tannes et de
vasières. Une régression de 0,99% a été notée sur été également utilisé pour calculer les indicateurs
les superficies de mangrove soit 59985,72 ha par de sécheresse tels que VCI, le TCI et le VHI afin de
rapport à l’année 1985. Cependant, une caractériser l’état du couvert végétal et d’apprécier
l’ampleur du stress hydrique. Les résultats
augmentation de la superficie des terres salées est
montrent un gradient du VCI et du VHI décroissant
notée entre 1985 et 2000. Elles passent de 2,59%

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du sud vers nord. Cette configuration indique des par l’indice de précipitation standardisé (IPS), la
conditions climatiques favorables au baisse des débits des cours d’eau et la remontée de
développement de la végétation au sud. Elles se la langue salée, l’acidification des sols de mangrove.
Les indicateurs de sécheresse montrent un gradient
dégradent au fur et à mesure que l’on se dirige vers
décroissant du sud vers le nord des conditions
le nord. Le VHI montre une absence de sécheresse propices au développement de la végétation.
dans le sud notamment en Basse Casamance et en
Guinée-Bissau malgré quelques espaces couverts
par une sécheresse légère qui se sont étendus au RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
nord dans le Sine-Saloum. Le TCI évolue entre 47 et
70% notamment au sud de l’estuaire du Saloum, en
Gambie, en Basse Casamance et en Guinée-Bissau, BIJABER Noureddine, 2015. « Suivi et Alerte à la
Sécheresse ». Rapport de synthèse, Projet LDAS-
ce qui indique des conditions climatiques
Maroc, 46p.
favorables à la croissance de la végétation (Tine et
al., 2022b : 163). Le TCI ne suit pas une tendance BIJABER Noureddine, ROCHDI Atmane, 2017.
spatiale. Des portions d’espaces défavorables au « Télédétection spatiale pour l'évaluation du risque
développement du couvert végétal sont de sécheresse au Maroc ». Revue internationale de
observables du nord au sud de l’espace étudié avec géomatique, N° 2, pp. 203-221.
des valeurs comprises entre 19 et 46% et localisées
CORMIER-SALEM Marie-Christine, 1994. Dynamique
au niveau des limites estuariennes du Saloum, de la
et usages de la mangrove dans les pays des Rivières
Casamance et du Rio Mansoa. Comparées aux du Sud (du Sénégal au Sierra Léone), Actes de l’atelier
travaux de Marius (1995 : 123), ces zones de de travail de Dakar du 8 au 15 mai 1994, ORSTOM
sécheresse ont longtemps été observées en éditions, Colloques et Séminaires, Paris, 303 p.
Casamance où l’évolution se traduit par une reprise
d'Avicennia aux-dépens du Rhizophora mangle et DIEDHIOU Charles & TINE Dome, 2022. « Suivi
multitemporel de l’évolution des plantes
en Guinée Bissau avec la formation des tannes vifs.
aquatiques envahissantes par télédétection au lac
de Guiers, Sénégal », Afrique SCIENCE, 21(5), p.
CONCLUSION 163–176. Disponible en ligne :
https://www.afriquescience.net/PDF/21/5/14.pdf

L ’analyse des tendances climatiques et le calcul


de différents indices de végétation ont permis
d’appréhender les tendances évolutives de la
mangrove et de caractériser l’état actuel des
conditions climatiques dans lesquelles se
DIEYE El Hadji Balla, DIAW Amadou Tahirou, SANÉ
Tidiane & NDOUR Ngor, 2013. « Dynamique de la
mangrove de l’estuaire du Saloum (Sénégal) entre
1972 et 2010 », Cybergeo: European Journal of
développement le couvert végétal dans la région. Geography [En línea], Medio ambiente, Naturaleza,
Les images satellitaires Landsat et MODIS/AVHRR Paisaje, documento 629, Publicado el 09 enero
traitées dans le cadre de ce travail sont avérées 2013, consultado el 29 abril 2023. URL :
appropriées pour ces genres de problématiques à http://journals.openedition.org/cybergeo/25671
grande échelle. Il ressort de l’analyse diachronique
une régression des superficies couvertes par la FAYE Gayane, TINE Dome, DIEDHIOU Charles, SENE
mangrove entre 1985 et 2000 suivis d’une Claude, SEYDI Alioune, NDOUR Mouhamadou
progression de celles-ci entre 2000 et 2022. Quant Moustapha Mbacké, 2021. « Cloud Computing and
à l’évolution de sa densité, elle suit une tendance à Machine Learning for Analyzing Spatiotemporal
la hausse à partir de 2000 et se montre très forte en Dynamics of Mangrove Ecosystems in the Grand
2022. Cette régression notée entre 1985 et 2000 et Saloum (Senegal and Gambia) », American Journal
la faiblesse de la densité pendant cette période sont of Environmental Protection, 9(1): 29-42.
liée à plusieurs facteurs dont la variabilité DOI: 10.12691/env-9-1-4.
climatique, qui s’est manifesté par un déficit
pluviométrique très contrastée, mis en évidence

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Revue Espaces Africains – ISSN : 2957 - 9279 Revue du Groupe de recherche PoSTer (UJLoG - Daloa - CI)

TINE Dome, FAYE Mbagnick, FAYE Guilgane, 2022b.


«Rainfall Variability and Vegetation Cover Dynamics
in the Northern Part of the Southern Rivers: from
Basse Casamance (Senegal) to Rio Gêba (Guinea-
Bissau) », International Journal of Research and
Innovation in Social Science (IJRISS), Volume VI,
Issue IX, p. 159-166.

AUTEURS

Dome TINE
Département de Géographie - Laboratoire de Télédétection Appliquée (LTA)
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Sénégal)
Courriel : dometine85@gmail.com

Mbagnick FAYE
Département de Géographie
Laboratoire de Climatologie et d'études environnementale (LCE)
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Sénégal)
Courriel : fayedoudou85@yahoo.fr

Mamadou THIOR
Département de Géographie - Laboratoire de géographie physique
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar (Sénégal)
Courriel : thioryaz@yahoo.fr

AUTEUR CORRESPONDANT

Dome TINE
Courriel : dometine85@gmail.com

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Revue Espaces Africains – ISSN : 2957 - 9279 Revue du Groupe de recherche PoSTer (UJLoG - Daloa - CI)

© Édition électronique

URL – Revue Espaces Africains : https://espacesafricains.org/

Courriel – Revue Espaces Africains : revue@espacesafricains.org

ISSN : 2957-9279

Courriel – Groupe de recherche PoSTer : poster_ujlog@espacesafricians.org

URL – Groupe PoSTer : https://espacesafricains.org/poster/

© Éditeur

- Groupe de recherche Populations, Sociétés et Territoires (PoSTer) de l’UJLoG

- Université Jean Lorougnon Guédé (UJLoG) - Daloa (Côte d’Ivoire)

© Référence électronique

Dome TINE, Mbagnick FAYE, Mamadou THIOR, « Contribution de l'imagerie satellitaire dans l’analyse de
l’évolution de la mangrove dans un contexte de changement climatique : du Saloum (Sénégal) au Rio Gêba
(Guinée-Bissau). », Revue Espaces Africains (En ligne), 1 | 2023, ISSN : 2957- 9279, mis en ligne, le 30 juin
2023.

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