Chapitre 1 - La Période Précontractuelle

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THEME 1 : L’ENTREPRISE ET SON

ENVIRONNEMENT : LE DROIT DES


CONTRATS

CHAPITRE 1 : LA PERIODE PRECONTRACTUELLE

I. Les pourparlers

Lors du déroulement des négociations, plusieurs obligations échoient aux futurs


contractants ce qui témoigne de la volonté du législateur d’encadrer cette situation de
fait qui précède la formation du contrat.

Ainsi, la liberté de négociations trouve sa limite dans l’observation de deux


obligations générales: l’obligation de bonne foi et l’obligation d’information.

A. Les obligations pendant la phase des pourparlers

1. La bonne foi

a. Références
Il peut être observé qu’il est désormais fait référence à l’obligation de bonne foi à
deux reprises dans le sous-titre du Code civil consacré au contrat :
- L’article 1104 du code civil prévoit dans le chapitre consacré aux principes
cardinaux qui régissent le droit des contrats que « les contrats doivent être négociés,
formés et exécutés de bonne foi.»
- L’article 1112, situé, quant à lui, dans la section relative à la conclusion du contrat
que « l’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles […]
doivent impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi. »

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Cette double référence à l’obligation de bonne foi révèle la place que le législateur a
entendu donner à l’obligation de bonne foi en droit des contrats : centrale.

Ainsi, tout autant les parties doivent observer l’obligation de bonne foi au moment
de l’exécution du contrat, ils devront s’y plier en amont, soit durant toute la phase de
négociation.

b. L’étendue de l’obligation de bonne foi :


Lors du déroulement des négociations, l’exigence de bonne foi signifie que les
parties doivent être véritablement animées par la volonté de contracter. Autrement
dit, elles doivent être sincères dans leur démarche de négocier et ne pas délibérément
laisser croire à l’autre que les pourparlers ont une chance d’aboutir, alors qu’il n’en
est rien.

c. Les limites à l’obligation de bonne foi


Bien que l’obligation de bonne foi commande aux parties d’être sincères lors du
déroulement des pourparlers, elle n’implique pas, malgré tout, une transparence
totale.
La question s’est, de sorte, posée en jurisprudence de savoir si l’obligation de bonne
foi fait obstacle à ce que les futurs contractants mènent des négociations parallèles
avec un concurrent ? Deux situations doivent être distinguées selon si une clause
d’exclusivité a été stipulée ou pas.

2. L’obligation d’information

L’obligation d’information qui pèse sur les futurs contractants est expressément
formulée à l’article 1112-1 du Code civil.
L’obligation d’information s’impose désormais en toutes circonstances : elle est
érigée en principe cardinal du droit des contrats.
L’article 1112-1 du Code civil n’a pas seulement reconnu à l’obligation d’information
son autonomie, il a également étendu son domaine d’application à tous les contrats.

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L’obligation d’information a vocation à s’appliquer à tous les contrats, sans
distinctions.

B. La rupture des pourparlers

1. Principe de liberté de rupture


Aux termes de l’article 1112, al. 1 « la rupture des négociations précontractuelles […]
libres ».
Ainsi, cette règle n’est autre que le corollaire de la liberté contractuelle : dans la
mesure où les futures parties sont libres de contracter, elles sont tout aussi libres de
ne pas s’engager dans les liens contractuels

Il en résulte que la rupture unilatérale des pourparlers ne saurait constituer, en soi,


un fait générateur de responsabilité. La rupture ne peut, en elle-même, être fautive,
quand bien même elle causerait un préjudice au partenaire.

2. Limites : abus

a. Présentation
L’examen de la jurisprudence révèle que l’exercice du droit de rupture des
pourparlers est susceptible d’engager la responsabilité de titulaire lorsqu’un abus est
caractérisé.

b. La nature de la responsabilité
Traditionnellement l’exercice abusif du droit de rompre les pourparlers est
sanctionné sur le terrain de la responsabilité délictuelle.

Cette solution s’explique par le fait, en cas de rupture des négociations par définition,
le contrat n’a pas pu se former.

Il existe plusieurs types de responsabilité :

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La responsabilité civile La responsabilité pénale

Responsabilité civile délictuelle Contraventions Délits Crimes

Responsabilité civile contractuelle

c. Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité


RESPONSABILITE = FAUTE + DOMMAGE+ LIEN DE CAUSALITE
- La faute
Pour engager la responsabilité de l’auteur de la rupture des pourparlers la victime
devra établir l’existence d’une faute, étant précisé que la rupture en elle-même ne
saurait être constitutive d’une attitude fautive.
En matière de rupture abusive des pourparlers, la faute s’apparente à un
manquement aux obligations de loyauté et de bonne foi.
Pour apprécier ce manquement, les juridictions adoptent, le plus souvent, la méthode
du faisceau d’indices.
Exemples :
La brutalité de la rupture ( com., 22 avr. 1997)
L’avancement des pourparlers ( 1ère civ., 6 janv. 1998)
La croyance légitime du partenaire en la conclusion du contrat ( com. 31 mars 1992)
L’absence de motifs légitimes ( com. 7 avr. 1998)

- Le préjudice

- Le lien de causalité

II. Les avant-contrats

A. Le pacte de préférence

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1) Définition
L’article 1123 du Code civil définit le pacte de préférence comme « le contrat par
lequel une partie s’engage à proposer prioritairement à son bénéficiaire de traiter
avec lui pour le cas où elle déciderait de contracter. »

Plusieurs éléments ressortent de cette définition :

- Le produit d’un accord de volontés : le pacte de préférence est un contrat.


- Création d’une obligation à la charge du seul promettant

En d’autres termes, ce dernier demeure libre de ne pas vendre le bien, objet du pacte
Réciproquement, le bénéficiaire est libre de ne pas exercer son droit de préférence

2. Conditions de validité du pacte de préférence


Conditions communes à tous les contrats : dans la mesure où le pacte de préférence
est un contrat : article 1128 du Code civil (Cf chapitre 2ème).

3. L’inexécution du pacte de préférence


Le pacte de préférence est un contrat. Il en résulte qu’il est pourvu de la force
obligatoire, conformément aux articles 1193 et suivants du Code civil. Dès lors, en cas
d’inexécution, le débiteur engage sa responsabilité contractuelle.
Par conséquent, le promettant pourra être condamné à :
- L’octroi de dommages et intérêts
- La nullité du contrat conclu en violation du pacte
- La substitution du bénéficiaire au tiers

B. La promesse unilatérale

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Contrairement à l’engagement pris par le promettant dans le cadre d’un pacte de
préférence sur qui pèse seulement une obligation de négocier, la promesse de contrat
oblige son auteur à conclure le contrat envisagé.

Dans ce second cas de figure, le promettant a, en d’autres termes, donné son


consentement définitif quant à la réalisation de la vente. Il est, par conséquent, lié par
l’engagement qu’il a pris, les principaux termes du contrat étant d’ores et déjà fixés.

Le promettant ne peut donc, ni se rétracter, ni négocier, sauf s’agissant,


éventuellement, des modalités d’exécution du contrat.

Aussi, la conclusion du contrat dépend-elle désormais, soit de la volonté du


bénéficiaire de la promesse qui, dans cette hypothèse, dispose d’un droit d’option,
soit de la réalisation d’une condition stipulée par les parties (autorisation
administrative, obtention d’un prêt etc.)

Il peut être observé qu’une promesse de contrat peut être conclue à des fins très
diverses : vente, prêt, location, constitution de garantie, cession de droits sociaux,
embauche etc…

C. La promesse bilatérale également appelée promesse synallagmatique de contrat


ou compromis de vente

1. Définition
La promesse synallagmatique de contrat est l’acte par lequel deux parties s’engagent
réciproquent l’une envers l’autre à conclure un contrat dont les éléments essentiels
sont déterminés. Elle est couramment qualifiée de compromis ou plus précisément
encore de compromis de vente.

2. Comparaison entre promesse unilatérale et synallagmatique

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- Point commun : le produit d’un accord de volontés
Tant la promesse synallagmatique, que la promesse unilatérale sont les produits d’un
accord de volontés.
Il en résulte qu’elles peuvent être qualifiées de contrat
- Différences : l’engagement réciproque des parties
À la différence de la promesse unilatérale de contrat où seul le promettant a exprimé
son consentement irrévocable, la promesse synallagmatique oblige les deux parties à
conclure le contrat futur.
Autrement dit, elles ont toutes les deux exprimé leur consentement définitif à l’acte.
La rencontre des volontés a donc pu se réaliser.

Conclusion :
Les avant-contrats se distinguent, d’abord, les uns des autres en fonction de la
position qu’ils occupent sur l’échelle de la rencontre des volontés.
Schéma

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