Academos MemoireConsultation Educ 2016 v2016-11-10

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L’ÉCOLE DU 21E SIÈCLE : CRÉATIVE,

OUVERTE, PERSONNALISÉE, NUMÉRIQUE


ET ORIENTANTE

Mémoire présenté dans le cadre des


consultations publiques sur la réussite éducative
« L’Éducation, parlons d’avenir »

Academos Cybermentorat
338, rue St-Antoine Est, bureau 407
Montréal (Québec) H2Y 1A3
Tél. : 514-332-3006 | Téléc. : 514-370-8967
info@academos.qc.ca
academos.qc.ca
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Sommaire
1. Introduction................................................................................................. 1
2. Présentation de l’organisme .......................................................................... 2
3. L’école du 21e siècle: ça commence maintenant ............................................... 4
4. Recommandations et pistes d’action pour l’axe 1 ............................................. 7
4.1. Mieux outiller et accompagner les jeunes du secondaire dans leur orientation
scolaire et professionnelle ................................................................................... 7
5. Recommandations et pistes d’action pour l’axe 2 ........................................... 11
5.1. Offrir un milieu scolaire stimulant et innovant qui intègre de façon optimale le
numérique ......................................................................................................... 11
5.2. Une préparation à la vie dans le monde du travail cohérente avec les besoins et
les valeurs des jeunes ........................................................................................ 16
5.3. Innover dans la valorisation de la formation professionnelle auprès de jeunes . 18
6. Conclusion ................................................................................................. 21
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2
1. Introduction
Dans l’introduction au document de consultation, le premier ministre Philippe Couillard
énonce clairement le défi auquel la société québécoise fait face : « Le 21e siècle, c’est l’époque
de la nouvelle révolution industrielle, une vague de changements profonds dont on
commence à peine à apprécier l’ampleur. Parce que nous ne voulons pas subir ces
changements, mais plutôt en être les acteurs, nous avons le devoir de nous demander
ensemble si nos pratiques et nos institutions répondent aux nouveaux défis que pose notre
époque. »

Ce début de 21e siècle est en effet caractérisé par des bouleversements importants :
mondialisation des économies, quête et redéfinition des identités, participation citoyenne et
solidarités renouvelées, omniprésence des technologies, instantanéité, changements
climatiques, sociaux, économiques et technologiques accélérés pour n’en nommer que
quelques-uns. L’école n’y échappe pas. Toutes ces nouvelles réalités amènent de grands défis,
mais sont aussi une occasion fantastique pour innover et repenser nos paradigmes et nos
actions. Elles nous offrent l’opportunité de faire preuve d’audace et de créativité pour offrir à
nos enfants une expérience éducative engageante et signifiante tout au long de leurs études.
Elles offrent de nouvelles possibilités pour mieux préparer les enfants à participer pleinement
à la société une fois devenus adultes.

Compte tenu des champs d’expertise d’Academos Cybermentorat, notre participation à cette
consultation concerne les axes d’intervention suivants :

 Axe I, Thème 3 : Un accompagnement tout au long du parcours scolaire.

 Axe II, Thème 2 : L’univers des compétences du 21e siècle et la place grandissante
du numérique et Thème 3 : Une préparation adéquate à la transition au marché
du travail ou aux études supérieures.

Nos constats et recommandations sont issus de nos observations sur le terrain, de


consultations auprès des jeunes et d’une veille stratégique en matière d’éducation, d’emploi,
d’utilisation du numérique par les jeunes, de méthodes d’interventions innovantes, etc.

1
2. Présentation de l’organisme
Chez Academos, nous croyons profondément que l’important dans la vie, c’est de faire ce que
l’on aime. Trouver un métier qui nous passionne et avoir du plaisir au travail est le meilleur
moyen d’avoir du succès et d’être heureux.

En connectant, gratuitement et de façon sécuritaire, les jeunes de 14 à 30 ans avec la réalité


du monde du travail, nous les amenons à concrétiser leur projet de vie professionnelle,
controns le décrochage scolaire, améliorons le taux de diplomation et préparons la relève à la
vie dans le monde du travail.

Sur la plateforme et sur l’application mobile


Academos, les jeunes peuvent :

 Dialoguer virtuellement avec des mentors


exerçant le métier qu’ils veulent faire, des
étudiants du domaine qu’ils convoitent, des
établissements scolaires, des entreprises,
qu’ils auront choisis ou que la plateforme
leur aura suggérés.

 Partager leurs intérêts avec leurs pairs en se


Utiliser son téléphone en classe
créant un profil professionnel ou en
pour s’orienter, c’est cool!
participant à des groupes de discussions.

 Développer leur plein potentiel et bien préparer leur avenir professionnel en


accomplissant des missions qui leur seront attribuées en fonction de leur cheminement.

« Avant de faire affaire avec Academos je voulais décrocher. J’ai parlé avec beaucoup
de mentors et grâce à cela et en me fixant des buts, j’ai décidé de poursuivre mes
études. Tous les mentors sur Academos nous encouragent et veulent nous motiver à
aller à l’école. Grâce à eux, j’ai vraiment trouvé mon but et je n’ai plus peur de foncer.
Je suis présentement étudiante pour devenir préposée aux bénéficiaires. Depuis je
m’implique beaucoup dans ma communauté et pour une cause qui me tient à coeur la
prévention du suicide. Academos m’a réellement montré le chemin, le bon chemin ! »

Cynthia Marois, mentorée de la Montérégie, étudiante au DEP

2
Academos a fait l’objet de recherches universitaires qui ont démontré que la participation au
cybermentorat a un effet positif sur la motivation scolaire des élèves et sur leurs choix de
carrière et de formation : http://www.academos.qc.ca/apropos/%C3%A9tudes-expertise.

Plus de 100 partenaires des milieux des affaires, gouvernemental et des regroupements
professionnels collaborent avec notre organisme, soit en mobilisant les jeunes, en appuyant
le recrutement de bénévoles ou en soutenant financièrement ses activités.

Une portée inégalée et un engagement exceptionnel grâce à la mobilité

Un document de présentation de l’organisme Academos est annexé à ce mémoire pour plus


d’information.

3
3. L’école du 21e siècle: ça commence maintenant
« You can't take on 21st century tasks with 20th century tools and hope to get the job
done. » — Cathy N. Davidson (Professor -Duke University)

Une enquête de la Fondation Lucie et André Chagnon réalisée en 20131 montrait que 82 % des
Québécois sont préoccupés par le décrochage scolaire. Ce n’est pas étonnant, le décrochage a
toutes sortes de conséquences négatives : précarité d’emploi, faibles revenus et même
espérance de vie écourtée.

En 2016, l’école est donc importante pour les Québécois. Notre système scolaire est d’ailleurs
l’un des meilleurs au monde2. Mais l’école est aussi remise en question, entre autres quant à
sa capacité à répondre aux défis du 21e siècle. L’équipe d’Academos parle régulièrement à des
étudiants, à des parents et à des éducateurs. Plusieurs nous décrivent l’école comme si elle
était demeurée au 20e siècle. Ce portrait est aussi présenté dans les médias régulièrement.
Ceux-ci parlent également d’école « à deux vitesses ». On entend que l’école « n’équipe » pas
bien les jeunes pour le monde du travail. Par exemple, en ce qui concerne l’usage du
numérique, les jeunes comprennent difficilement pourquoi un enseignant leur explique ce
qu’ils peuvent apprendre sur YouTube. Plusieurs confient avoir réussi des cours de
mathématiques ou de chimie grâce aux formations gratuites de la Khan Academy, faute
d’avoir un enseignant disponible pour les soutenir dans leurs difficultés. Autre fait désolant,
un sondage mené par la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) en 2010
auprès de 44 000 élèves montre que seulement 45 % des élèves se disent motivés à l’égard de
leurs études. Comme citoyens, comme parents et comme dirigeants ou intervenants dans un
organisme qui travaille chaque jour à favoriser la persévérance scolaire, nous considérons ces
réalités inquiétantes.

Avec la consultation en cours, le gouvernement souhaite favoriser l’atteinte du plein potentiel


de tous les enfants et adapter l’école aux réalités du 21e siècle. Dans la foulée, Academos a
consulté sa communauté de jeunes utilisateurs sur sa vision de l’école idéale, dans un premier

1
Fondation Lucie et André Chagnon (2013) Sondage de la Fondation Lucie et André Chagnon sur la valorisation de
l’éducation et de la persévérance scolaire
http://www.fondationchagnon.org/media/82840/sondage_valorisation_education_2013.pdf
2
Collectif d'auteurs (2010) Résultats du Québec au PISA - Soyons fiers de notre système d'éducation !, Le Devoir, 13
décembre 2010. http://www.ledevoir.com/societe/education/312879/resultats-du-quebec-au-pisa-soyons-fiers-
de-notre-systeme-d-education

4
temps lors d’un groupe de discussion, ensuite plus largement sur le Web, auprès de jeunes
âgés de 14 à 30 ans3. Comme les résultats touchent plusieurs axes, Academos a choisi de
présenter ces visions de l’école idéale dans la présente section, qui précède les
recommandations par axe.

Ces résultats, bien qu’ils n’aient pas de prétention scientifique, dénotent d’un certain
consensus chez les jeunes en ce qui concerne leurs attentes envers l’école. C’est point de vue
est inspirant, rafraîchissant, ambitieux et tourné vers l’avenir qu’on entend trop peu souvent
dans les médias ou dans les nombreuses consultations sur l’éducation.

Quelques réponses reçues sur le


L’école du 21e siècle : créative, ouverte, Web à propos de l’école idéale
personnalisée, numérique et orientante
Ouverte d'esprit, près des réalités
étudiantes et avec un (bel!)
L’école idéale des répondants est innovante et environnement propice à la
personnalisée. Elle encourage la créativité, concentration

l’expérimentation et la prise de risque, parce qu’elle Des intervenants alertes et disponibles.


permet les essais et les erreurs. C’est une école où Une école à l'écoute des besoins
spécifiques du milieu.
l’on apprend à collaborer, où l’on grandit dans la
diversité. Une école où l’on fait autant des Une école avec des programmes
personnalisés pour chaque élève, une
mathématiques, que du sport ou de école avec des belles classes lumineuses
l’entrepreneuriat. Une école où la formation et une école qui nous enseigne à
fonctionner dans le monde du travail
professionnelle est tout aussi valorisée que les
études universitaires, dans le respect du potentiel et Inclusive, dynamique, centrée sur les
élèves
des passions de chacun. La place du numérique est
importante, non pas pour avoir des outils 3 mots : ouverte, créative, personnalisée

supplémentaires, mais pour réellement intégrer les Enseigne à réfléchir, à créer et à


technologies dans leur vie d’apprenants, de citoyens partager

et de futurs travailleurs. Les jeunes sondés Ambition, Adaptabilité, Motivation


souhaitent apprendre à maîtriser une foule d’outils, à

3
Le groupe de discussion a été réalisé à Montréal, le 21 octobre 2016 avec 5 étudiants de niveau universitaire, dont
deux en développement de carrière de façon à avoir un point de vue éclairé sur la question de l’orientation
scolaire et professionnelle. La consultation sur le Web a eu lieu du 31 octobre au 4 novembre 2016.

5
chercher et à choisir de l’information, à prévenir la cyberintimidation, à collaborer, à prendre
conscience du respect de la confidentialité et du pouvoir des mots dans le numérique. On
retrouve dans leurs propositions plusieurs recoupements avec les compétences du 21 e
siècle, qu’ils savent essentielles à leur développement.

Une des participantes a même proposé une nouvelle mission pour l’école. Plutôt que
l’actuelle Instruire, Socialiser et Qualifier, nous pourrions redéfinir le rôle de l’école ainsi :
Socialiser, à l’instar de la mission actuelle. Ensuite, Éduquer : à être un bon citoyen, à vivre
avec la différence, à développer des connaissances et des savoirs, à maîtriser les outils
numériques. Enfin, Découvrir : pour permettre aux élèves d’explorer, de développer leur
créativité, d’apprendre de leurs échecs, d’entreprendre, d’apprendre à se connaître et de
découvrir le monde dans lequel ils vivent. Cette proposition a suscité l’enthousiasme des
participants au groupe de discussion.

Enfin, les étudiants ont souligné l’importance des relations à l’école, en particulier celle avec
les enseignants et les professionnels qui travaillent directement avec eux. Ils valorisent ces
relations, car elles donnent énormément de sens à leur expérience éducative. Ce qu’ils
déplorent toutefois, est le manque de temps chez ces personnes pour accompagner les élèves
qui en ont besoin, notamment ceux en difficulté d’apprentissage et concernant leur
orientation professionnelle.

L’avis des jeunes en concordance avec celui d’experts

Les souhaits exprimés lors de notre table ronde correspondent à ce que les experts envisagent
pour l’école de demain. Par exemple, Tom Vander Ark, un ancien directeur général secteur
Éducation à la Fondation Bill & Melinda Gates et maintenant PDG de l’organisme Getting
Smart, a défini sept incontournables de l’école de demain4 :

1. Les écoles cibleront des objectifs importants, comme préparer les jeunes à être
des citoyens du monde, promouvoir l’excellence en communication, garder les
portes grandes ouvertes sur la communauté, etc.

4
Vander Ark, T. (2013) 7 Things Next Gen Schools Will Do Well http://gettingsmart.com/2013/01/7-things-next-gen-
schools-will-do-well/

6
2. Les écoles favoriseront des expériences d’apprentissage significatives, en
tenant compte de la façon dont les jeunes apprennent, en les connectant avec
leurs milieux pour favoriser l’apprentissage en tout temps, en tous lieux, en
intégrant la technologie pour faire vivre aux élèves des expériences plus
complètes, par exemple en leur permettant de se mettre dans la peau de
producteurs, journalistes, scientifiques, programmeurs, etc.
3. Les écoles maintiendront des environnements d’apprentissage productifs,
notamment en plaçant une portion des cours en ligne et en variant les modèles,
comme l’apprentissage mixte (blended learning) ou la classe inversée.
4. Les écoles connaîtront leurs élèves, en maintenant un profil complet de chacun,
dans lequel l’enseignant consignera des observations sur la façon d’apprendre
de ses élèves, qui permettra de favoriser l’apprentissage centré sur l’apprenant.
Ces derniers seront évalués sur leur expérience, et leur dossier contiendra un
portfolio de leurs meilleures réalisations.
5. Les écoles viseront l’acquisition de compétences, avec un système de
reconnaissance pour marquer les progrès des élèves.
6. Les écoles tireront le meilleur parti des talents des enseignants, notamment en
distinguant les rôles, allant de l’assistant jusqu’au maître, en ayant parfois
recours à des spécialistes à distance ou dans la communauté.
7. Les écoles construiront des communautés, en impliquant les parents et les
autres acteurs du milieu, valorisant l’implication des jeunes et l’apprentissage
basé sur la communauté.

4. Recommandations et pistes d’action pour l’axe 1

4.1. Mieux outiller et accompagner les jeunes du secondaire dans


leur orientation scolaire et professionnelle

L’orientation professionnelle, incluant le choix de formation, est une priorité sur laquelle le
gouvernement devrait travailler. L’orientation scolaire et professionnelle est
malheureusement un facteur de persévérance scolaire qui passe souvent sous le radar, même
si son influence positive est bien documentée. Actuellement, sur le terrain, on sent que le

7
milieu scolaire tâtonne quant aux actions entreprises dans la foulée du renouveau
pédagogique. En effet, l’approche orientante s’implante inégalement et l’expérimentation de
contenus obligatoires en orientation scolaire et professionnelle (COSP5) se prolonge en 2016-
2017, entraînant un report d’implantation dans l’ensemble du réseau6.

Pourtant, un des facteurs associés positivement à la persévérance scolaire est la certitude


de l’élève quant à ses objectifs de carrière 7. Rien d’étonnant, alors que près de 40 % des
diplômés du secondaire n’ayant pas poursuivi d’études postsecondaires justifient leur choix
par un manque d’intérêt ou d’objectifs de carrière. C’est d’ailleurs aussi le cas pour près de
la moitié de ceux ayant interrompu leurs études collégiales ou universitaires 8. Il faut dire
que 75 % à 85 % des élèves entrent en cinquième secondaire sans avoir une idée précise de
ce qu’ils souhaitent faire plus tard 9. La moitié des étudiants qui arrivent au cégep disent ne
pas s’être inscrits dans leur programme par intérêt. Or, le manque de projet professionnel,
ou comme l’appellent les experts « l’indécision vocationnelle », a été identifié comme un
facteur important d'échec scolaire 10.

Avoir des aspirations ou un projet professionnel peut contribuer à la motivation scolaire


selon plusieurs recherches. On l’observe sur le terrain également. Ainsi, le besoin d’une
meilleure orientation professionnelle est revenu quasi systématiquement dans les
préoccupations des jeunes de toutes les régions du Québec lors de la tournée faite par le
Gouvernement du Québec en 201311, a été soulevé par le Comité consultatif Jeunes de la

5
Jacques GOYETTE et Lise CLERMONT (2015), « Accompagner tous les élèves dans une démarche orientante : par
des contenus en orientation scolaire et professionnelle (COSP) », communication présentée au 14e Colloque sur
l’approche orientante, Québec, 26 mars.
6
Fédération des établissements d’enseignement privés (2015), « Apprentissages obligatoires en orientation
scolaire et professionnelle », Pédagogie... en bref, vol. 2, no 13, 27 mars.
7
J-P. GRAYSON et K. GRAYSON (2003), Les recherches sur le maintien et la diminution des effectifs étudiants,
Montréal, FCBEM.
8
J. BERGER et A. MOTTE (2007), « L'accès aux études postsecondaires : surmonter les obstacles », Options
Politiques, novembre, p. 1-6.
9
Chantale BEAUCHER (2004), La nature du rapport au Savoir d’adolescents de cinquième secondaire au regard des
aspirations ou projet professionnels, Thèse de doctorat (sciences de l’éducation), Montréal : UQAM Conseil
supérieur de l’Éducation (2002). Au collégial, l’orientation au cœur de la réussite. Québec : Gouvernement du
Québec.
10
Simon LAROSE et Roland ROY (1992), Modélisation de l'intégration aux études collégiales et des facteurs de
réussite scolaire chez les nouveaux arrivants à risque, rapport de recherche, Sainte-Foy : Cégep de Sainte-Foy.
11
Charlotte PAQUET (2013), « Léo Bureau-Blouin prend le pouls des jeunes », Plein jour de Baie-Comeau, [En ligne],
http://www.pleinjourdebaiecomeau.ca/2013/09/13/leo-bureau--blouin-prend-le-pouls-des-jeunes

8
CPMT12 et est ressorti dans des groupes de discussions réalisés par Academos dans trois
régions du Québec en 2012. Les initiatives et les services d'orientation professionnelle
peuvent aider à diminuer les taux d'abandon scolaire ainsi qu'à stimuler les aspirations et
les réalisations personnelles des jeunes 13.

Malheureusement, force est de constater que sur le terrain l’importance de l’orientation


professionnelle semble variable selon les milieux scolaires, de même que les interventions
et les services offerts aux élèves. De plus, comme il a déjà été documenté en 2010 par
l’Ordre des conseillers et conseillères d'orientation du Québec, le contexte scolaire fait en
sorte que les professionnels de l’orientation ne suffisent pas à la demande et bien souvent,
leurs services ne sont pas planifiés en fonction des besoins des élèves, mais plutôt en
fonction de considérations organisationnelles. Le comité consultatif Jeunes de la CPMT
faisait des constats similaires en 2014 dans son avis portant sur les transitions entre l’école
et le marché du travail14.

S’orienter au 21e siècle

Aux constats énoncés ci-dessus s’ajoutent de nouveaux enjeux propres à l’orientation au 21 e


siècle. Les changements de société rapides décrits plus hauts n’épargnent pas le monde du
travail. Par exemple, on estime que 65% des jeunes qui débutent leur curriculum scolaire
aujourd’hui pratiqueront des métiers qui n’existent pas encore 15. Un rapport récent de la
firme Forrester Reasearch estime qu’aux États-Unis 6% des emplois seront occupés par des
robots en 201216. Cette tendance est suffisamment forte pour que le magazine l’Actualité
crée un questionnaire interactif qui permet de savoir dans quelle mesure le métier de notre
choix sera touché par la « robotisation » : http://www.lactualite.com/societe/allez-vous-
etre-remplace-par-un-robot-demandez-le-a-notre-robot/. Avec les développements rapides

12
Comité consultatif Jeunes (CCJ) (2014), Les transitions entre l’école et le marché du travail, 33 pages,
http://ccjeunes.org/IMG/pdf/-2.pdf
13
Adèle CARDINAL (2010), Évaluation du cours « Projet professionnel d'orientation », Mémoire (M.A.), Université Laval.
14
Comité consultatif Jeunes (CCJ) (2014), Les transitions entre l’école et le marché du travail, 33 pages,
http://ccjeunes.org/IMG/pdf/-2.pdf
15
Rosen, R. (2011) Project Classroom: Transforming Our Schools for the Future, The Atlantic, 29 août 2011:
http://www.theatlantic.com/technology/archive/2011/08/project-classroom-transforming-our-schools-for-the-
future/244182/
16
Solon, O. (2016) Robots will eliminate 6% of all US jobs by 2021, report says. The Guardian, 14 septembre 2016 :
https://www.theguardian.com/technology/2016/sep/13/artificial-intelligence-robots-threat-jobs-forrester-report

9
de l’intelligence artificielle, cette tendance s’accentuera assurément dans les années
suivantes et touchera inévitablement le Québec. Les choix de programmes de formation et
les possibilités de carrière se modifient donc, se multiplient et se complexifient.

En conséquence, les jeunes ont plus que jamais d’accompagnement dans leur orientation
scolaire et professionnelle. Ils ont besoin d’information pertinente au regard de leurs
intérêts, de leurs aspirations et de leurs réalités. Ils ont besoin d’outils et de vivre des
expériences concrètes qui leur facilitera l’exploration d’eux-mêmes, du monde scolaire et
du monde du travail. Enfin, ils ont besoin d’accompagnement pour trouver un sens dans
toutes ces informations et ces expériences d’exploration et en faire un futur à leur image.

Recommandation 1

Prioriser l’accompagnement en orientation scolaire et professionnelle, et non seulement la


mise en place d’outils. Favoriser les actions concertées et les pratiques dont les impacts
sont montrés par des recherches.

Recommandation 2

Favoriser l’application de pratiques qui tiennent compte des caractéristiques des


générations Y et Z, notamment leur besoin d’expérimenter in situ et l’utilisation des
technologies qui permettent une rétroaction immédiate et personnalisée, plutôt que
d'utiliser des approches à caractère académique ou théorique.

Recommandation 3

Soutenir les organismes qui offrent des services complémentaires à ceux offerts dans les
écoles, financièrement et en facilitant la collaboration des milieux scolaires.

10
5. Recommandations et pistes d’action pour l’axe 2

5.1. Offrir un milieu scolaire stimulant et innovant qui intègre de


façon optimale le numérique

« When my son, James, was doing homework for school, he would have five or
six windows open on his computer, Instant Messenger was flashing
continuously, his cell phone was constantly ringing, and he was downloading
music and watching the TV over his shoulder. I don’t know if he was doing any
homework, but he was running an empire as far as I could see, so I did n’t really
care. »
― Sir Ken Robinson, Ph.D., The Element: How Finding Your Passion Changes
Everything

C’est indéniable, depuis l’an 2000, le monde a changé et les jeunes sont différents de ce qu’ils
étaient. Ils ont grandi dans un monde d’instantanéité, ultra-connecté, ultra-personnalisé et de
moins en moins linéaire. Les données les plus récentes révèlent que 88 % des milléniaux
canadiens possèdent un téléphone intelligent17. Cette proportion serait en fait de 75 % au
Québec selon la dernière enquête du CEFRIO18. Selon des données diffusées par l’ISQ en
avril 2015, le 2/3 des jeunes âgés de 12 à 24 ans passent plus de deux heures par jours dans
des activités de loisirs reliées à un écran. Un jeune sur cinq y passerait plus de 35 heures par
semaine19. Il n’existe actuellement aucun autre moyen de communication aussi universel et
concret auprès des jeunes… Ils l’ont littéralement dans leurs poches!

La vie quotidienne des jeunes « natifs du numérique » en 2016, est donc radicalement
différente de celle que vivaient les jeunes des années 1990 ou même 2000. Une bonne partie
de leur vie sociale se passe sur Internet, plus particulièrement dans les réseaux sociaux. Par

17
Nicolas MARIN, OMD (2015), « Milléniaux et technologies : quel portrait? », communication présentée dans
le cadre des Conférences Infopresse : Milléniaux et communication marketing - Rejoindre, engager, se rendre
indispensable, Montréal, 14 mai 2015.
18
CEFRIO (2015), « Équipement et branchement Internet des foyers québécois en 2015 », NETendances, vol.
6, no 2.
19
Institut de la statistique du Québec (2015), « Les activités sédentaires chez les jeunes : qui les pratique et
quelle en est l’évolution depuis 2007? », Zoom santé, no 50, avril, [En ligne],
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/bulletins/zoom-sante-201504.pdf

11
exemple, selon une étude réalisée en 2013 par Edudemic aux États-Unis, 57 % des adolescents
estiment que les réseaux sociaux facilitent les contacts avec des personnes qui ont les mêmes
intérêts qu’eux20. Leurs loisirs aussi. Ils regardent beaucoup moins la télévision que la
génération précédente ; leur consommation de musique ou de cinéma se fait sur Internet.
D’ailleurs, 96 % des milléniaux regardent désormais la télévision en multitâche, c'est-à-dire en
utilisant leur téléphone, leur tablette ou leur ordinateur en même temps (parfois jusqu’à trois
appareils à la fois!)21. Leurs décisions d’achat se prennent à la suite de recommandations de
pairs sur des sites comme Amazon ou Trip Advisor. Les décisions importantes dans la vie des
jeunes n’y échappent pas. Par exemple, au Québec ils peuvent être accompagnés dans leur
orientation professionnelle via Academos, et aux États-Unis par l’application PathSource.
Toujours aux États-Unis, Time Magazine en avril 2015 révélait que les étudiants utilisent de
plus en plus Instagram pour choisir leur établissement scolaire 22. Pourquoi? Pour
contourner le marketing fait par les collèges et les universités et obtenir des
recommandations authentiques de leurs pairs.

Avoir accès à toute la connaissance dans sa poche !

Les apprentissages des jeunes ne se font plus seulement à l’école, mais aussi sur Wikipédia ou
en visionnant des conférences TED.com. L’ONG Khan Academy propose des exercices, des
vidéos, et une plateforme d'apprentissage intelligente qui permet aux élèves d'apprendre à
leur rythme, au sein et hors de la classe. Les contenus touchent le curriculum du secondaire
jusqu’à l’université. Les jeunes utilisent ce site pour faire de nouveaux apprentissages ou pour
compléter ce qu’ils ont mal compris à l’école. De plus en plus d’enseignants intègrent ces
formations à leur pratique23.

20
Katie LEPI (2013), « This Is How Teens Are Using Social Media », dans Edudemic: connecting education &
technology, 23 juillet, [En ligne], https://stemreadings.wordpress.com/2013/07/28/this-is-how-teens-are-using-
social-media/
21
Nicolas MARIN, OMD (2015), « Milléniaux et technologies : quel portrait? », communication présentée dans
le cadre des Conférences Infopresse : Milléniaux et communication marketing - Rejoindre, engager, se rendre
indispensable, Montréal, 14 mai 2015.
22
L. STAMPLER (2015), « How High School Students Use Instagram to Help Pick a College », TIME Magazine.
23
SRI Education (2014), Research on the Use of Khan Academy in Schools, résumé de recherche, mars, [En
ligne], http://www.sri.com/sites/default/files/publications/2014-03-07_implementation_briefing.pdf

12
Initialement plus accessibles aux jeunes de milieux socio-économiques favorisés, les
technologies deviennent de plus en plus un moyen de soutenir la réussite scolaire des
jeunes moins favorisés. Par exemple, en 2014, Khan Academy, constatant l’écart important
d’accès à l’université entre jeunes de milieux favorisés et ceux de revenu faible (78 % vs 34 %),
a conclu un partenariat avec l’organisme College Board, qui gère les examens d’entrée à
l’université (SAT) afin de mieux soutenir la préparation des élèves économiquement
défavorisés et ainsi réduire avec succès cet écart24.

Au Québec, les travaux du professeur Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du


Canada sur les technologies en éducation à l’Université de Montréal, ont démontré l’impact
positif de l’utilisation des technologies sur la motivation et la persévérance scolaire des
élèves, ainsi que les raisons de cet impact25. On peut aussi souligner l’excellent travail
d’organisations québécoises comme ChallengeU, Net Math ou Allô prof, qui offre de l’aide aux
devoirs par téléphone, sur Internet et maintenant via les textos. Une étude de 2014 réalisée
auprès de 6 000 élèves participant à Allô prof montre que les élèves qui utilisent ce service ont plus
de facilité à faire leurs devoirs, se sentent meilleurs à l’école, sont plus intéressés à l’école à la suite
de son utilisation26. Une autre étude parue récemment dans Computers and Human Behavior a
démontré que l’utilisation en classe des réseaux sociaux contribue aux apprentissages informels27.
Même le réseau social Academos, dont la visée est davantage rattachée à l’orientation
professionnelle, a une influence positive sur la motivation scolaire des élèves. Ainsi, en 2006 une
équipe de chercheurs de l’Université du Québec à Montréal a démontré que le fait d’être en
contact avec un cybermentor contribue à augmenter la motivation scolaire chez les élèves,
notamment en raison des encouragements reçus de la part des mentors, mais aussi parce

24
Gregory FERESNTEIN (2014), « Khan Academy Gets Rare Partnership To Close Wealth Gap In College Test Prep »
dans TechCrunch, 5 mars, [En ligne], http://techcrunch.com/2014/03/05/khan-academy-gets-major-partnership-
to-close-rich-advantage-in-college-test-prep/
25
Thierry KARSENTI (2015), Impacts de l’iPad auprès des élèves ayant des difficultés d’apprentissage : le cas de trois
années d'usage au CFER de Bellechasse, 22 avril, rapport de recherche, Montréal, CRIFPE.
Thierry KARSENTI (2015), 25 conseils pour accroître la persévérance et la réussite scolaires par l'usage réfléchi des
technologies en éducation, 26 mars, Montréal, CRIFPE.
26
Thierry KARSENTI (2015), Quel est le rôle d’Allô prof dans la persévérance et la réussite scolaires des élèves? Étude
auprès de 6 659 acteurs scolaires (élèves, enseignants, directions et parents), rapport synthèse de recherche,
27 août, Montréal, CRIFPE, http://karsenti.ca/alloprof2015.pdf
27
Dominic LEBLANC (2015), « Une étude montre que les médias sociaux participent aux apprentissages informels »,
École branchée, 17 août 2015, [En ligne], http://www.ecolebranchee.com/2015/08/17/une-etude-montre-que-les-
medias-sociaux-participent-aux-apprentissages-informels/

13
que le contact avec des travailleurs a donné un sens aux apprentissages scolaires des
jeunes28. Ces quelques exemples montrent de façon convaincante le potentiel des technologies
dans les interventions visant la réussite scolaire des jeunes.

L’une des trois missions de l’école est de socialiser. Comment en 2016, s’ouvrir sur sa
communauté? Comment préparer des citoyens responsables? Les jeunes s’engagent sur le
plan civique, mais ils le font différemment. On entend souvent dire que les jeunes sont repliés
sur eux-mêmes et qu’ils s’engagent moins que leurs aînés sur le plan civique. Pourtant, ils se
servent de réseaux sociaux comme Facebook pour sensibiliser leurs amis aux causes qui leur
tiennent à coeur, ils signent des pétitions en ligne ou ils se servent de l’information trouvée
sur le Web pour acheter des articles qui ont été produits de manière acceptable sur le plan
social ou environnemental. Une étude d’Oxfam Québec réalisée en 2012 démontre un
renforcement de l’engagement jeunesse grâce aux technologies29. Une initiative de Radio-
Canada, le projet #1ervote, à connu beaucoup de succès lors de la dernière élection fédérale.
Le projet #1ervote donnait une voix aux jeunes électeurs qui votaient pour la première fois. On
les invitait à utiliser l’hashtag #1erVote sur Instagram, pour faire part d'un enjeu qui leur tenait
à cœur et interpeller les candidats, les chefs et les partis. On peut voir les nombreuses
contributions des jeunes, ainsi que les réponses des candidats à cette adresse :
http://ici.radio-canada.ca/elections-canada-2015/premier-vote

En somme, le numérique est un véhicule fantastique pour stimuler et concrétiser les


apprentissages, fournir une rétroaction personnalisée et immédiate, informer les jeunes.
Elles contribuent aussi à la mise en réseau entre eux et avec les ressources et organismes de
leur milieu. Avec l’avènement des réseaux sociaux, c’est également devenu un moyen
d’engager les jeunes dans les comportements qu’on souhaite les voir adopter. Les
technologies demandent certes des investissements, un changement de paradigme et une
gestion du changement auprès des acteurs qui agissent auprès de la jeunesse. Toutefois, en
faisant bien les choses, on peut donner une vocation utile à ce temps passé devant des

28
Jacques LAJOIE et coll. (2006), La motivation scolaire par le cybermentorat : une formule innovatrice. Programme
des actions concertées : La persévérance et la réussite scolaire, Gouvernement du Québec,
http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/PSG/recherche_evaluation/prprsFiche6.pdf
29
Oxfam Québec (2015), Internet, un levier pour l’engagement jeunesse, la mobilisation et la solidarité? : Étude de cas
en Bolivie, au Pérou et au Québec, http://oxfam.qc.ca/wp-content/uploads/2014/12/Fascicule-FR-final-avec-
couverture-RV-par-M%C3%A9lissa-novembre-2012_1.pdf?d01ae9

14
écrans et rejoindre les jeunes là où ils sont, comme le font des entreprises qui rejoignent
quotidiennement des centaines de millions d’utilisateurs des générations Y et Z.

Cependant, afin d'avoir un impact réel aujourd’hui et dans les années à venir, on doit se
questionner sur le choix des outils à leur offrir ou sur ceux qui seront développés, de façon à ce
qu’ils répondent réellement aux besoins, aux habitudes et aux réalités des jeunes (et non à ceux
des parents, des intervenants ou des organisations). À cet égard, les besoins, les habitudes et la
réalité des jeunes milléniaux et ceux de la génération Z sont de plus en plus documentés30, mais
encore peu pris en compte par l’école et par les organisations qui œuvrent auprès d'eux.
Comme collectivité, nous avons la responsabilité d’en tenir compte et, mieux encore, de
développer ces nouveaux modes d’intervention en collaboration avec les jeunes. Les hackathons,
ces marathons de 24 ou 48 heures où les jeunes développent des applications mobiles pour
résoudre des problématiques, sont des initiatives fantastiques pour engager les jeunes dans
l’élaboration de solutions (par exemple, le Défi Technovation).

L’intégration des technologies en milieu scolaire demande des changements systémiques et


est un projet ambitieux. Elle est néanmoins essentielle de nos jours pour engager les élèves
dans leurs apprentissages, de même que pour les préparer à être des citoyens accomplis et
des travailleurs compétents, performants et créatifs. En 2015, l’UNESCO tenait une conférence
internationale sur l’intégration des technologies en éducation, dont est issue la Déclaration de
Qingdao - Conférence internationale sur les TIC et l'Éducation Post-2015. Cette déclaration
recommande 22 priorités d’actions pour une utilisation pertinente des outils numériques à
l’école et pour piloter la transformation de l’éducation. Ces priorités traitent tout autant de
l’accès au numérique, d’éthique et de vie privée, d’innovation logicielle et dans les méthodes

30
Lire notamment, l’excellent dossier du TIME Magazine, « Millennials : The Me Me Me Generation », TIME, 20 mai
2013, [En ligne], http://time.com/247/millennials-the-me-me-me-generation/
« Millennials : A Portrait of Generation Next » (2010), Pew Internet Research Center, [En ligne],
http://www.pewresearch.org/topics/millennials/.
Catherine LÉGARÉ et Guillaume SALOIN (2015), « Méritez-vous les milléniaux? », communication présentée dans
le cadre des Conférences Infopresse : Milléniaux et communication marketing - Rejoindre, engager, se rendre
indispensable, Montréal, 14 mai 2015,
http://mediaip.s3.amazonaws.com/files/conf_infopresse.pdf?c_rid=57vs015dhvLYaDg1108217347%7C10602086
&utm_campaign=191519_JIP_mill%C3%A9niaux_courriel_post_VF&utm_medium=email&utm_source=INCRITS
_JIPMILL-All_Recipients
Catherine LÉGARÉ (2014), « 3 mythes à oublier sur la génération Y » dans Medium, [En ligne],
https://medium.com/@CatherineLegare/3-mythes-a-oublier-sur-la-generation-y-300dae821077
Nous citerons également plus loin les réalités qui concernent plus particulièrement le rapport des jeunes à
l’éducation et au monde du travail.

15
pédagogiques, de mégadonnées (big data) et d’intelligence artificielle comme moyen
d’améliorer l’apprentissage en ligne. Elle aborde aussi la formation continue pour les
intervenants en éducation, sans laquelle l’intégration du numérique s’avérera très ardue.

Recommandation 4

Intégrer aussi souvent que possible l’utilisation des technologies dans l’éducation primaire
et secondaire, en se basant sur les principes reconnus par les experts, par exemple ceux de
Déclaration de Qingdao.

Recommandation 5

Intégrer aussi souvent que possible l’utilisation des technologies dans l’éducation primaire
et secondaire en tenant compte des particularités des jeunes de la génération Z dans
l’utilisation des dites technologies et de leurs modes de communication.

5.2. Une préparation à la vie dans le monde du travail cohérente


avec les besoins et les valeurs des jeunes

Plusieurs thèmes portant sur la préparation au marché du travail ont déjà été abordés à la
section 4.1. S’ajoutent à ces thèmes les défis particuliers du Québec qui vit un vieillissement
de sa population active. En outre, les jeunes auront à changer plusieurs fois de trajectoire
ou d’emploi durant leur vie professionnelle. Plusieurs d’entre eux occuperont des emplois
qui n’existent pas encore. On leur demandera aussi de faire preuve de compétences dites
du 21 e siècle, comme la facilité à gérer le changement, la créativité, la collaboration, des
compétences technologiques, du leadership; ce qui ne faisait pas partie du bagage de
base auparavant. D’où, la nécessité de renforcer le développement de ces compétences
dans le curriculum. Il devient de plus en plus crucial que chaque jeune Québécois soit formé
et qualifié selon ses aspirations, ses goûts, ses forces et selon la réalité du monde du travail,
afin que chacun se réalise à son plein potentiel et puisse apporter une contribution à la
société.

16
On dit que le monde du travail change rapidement, néanmoins, on continue de les y préparer
de manière traditionnelle, académique, informationnelle et linéaire. Tout comme en
éducation, il y a une nécessité d’aborder les jeunes autrement en ce qui concerne la
préparation à la transition dans le marché du travail. Les initiatives concrètes qui permettent
aux jeunes d’expérimenter le monde du travail, soit en alternance travail-études, en
bénévolat, en stages d’un jour, en visites d’entreprises, en projets entrepreneuriaux, en stages
rémunérés sont en ce sens pertinentes. Ces initiatives pour être engageantes doivent de plus
se connecter aux besoins et aux valeurs des jeunes : horaires de travail flexibles, travail
stimulant, opportunités de développement professionnel et de formation, culture
organisationnelle ou qualité des relations avec les collègues de travail31. Les conditions de
travail et le salaire, souvent les seuls éléments mis de l’avant dans la promotion des métiers,
se retrouvent pour la plupart au bas de la liste des éléments importants pour les jeunes32.

Amener les étudiants et les jeunes en démarche d’employabilité à recourir davantage aux
contacts avec des modèles professionnels, à recourir au mentorat, à se bâtir tout de suite des
réseaux professionnels qui faciliteront leur entrée dans le monde du travail ou la création de
leur entreprise est essentiel au secteur régulier, comme à l’éducation des adultes. Si cette
approche est pertinente pour l’ensemble des jeunes, elle l’est encore plus pour les jeunes
issus de l’immigration pour qui la familiarisation avec la culture du monde du travail au
Québec est un enjeu crucial. Ces approches existent déjà dans plusieurs organismes jeunesse
qui gravitent autour de l’école, comme les carrefours jeunesse-emploi, les jeunes chambres
de commerce ou Academos.

Recommandation 6

Favoriser les initiatives qui proposent des façons d’informer et de préparer les jeunes au
monde du travail qui tiennent compte de leurs caractéristiques et de leurs besoins.

31
Comité consultatif jeunes(2013), La relève des jeunes dans les organisations, 26 pages,
http://ccjeunes.org/IMG/pdf/avis-releve_final.pdf
32
J. MASDONATI, G. FOURNIER, M. PINAULT et I. Z. LAHRIZI (2015), « The evolution of work values during the
school-to-work transition: The case of young adults in the “missing middle », International Journal for
Educational and Vocational Guidance, 38 p. doi : 10.1007/s10775-015-9300-z.

17
Recommandation 7

Favoriser le mentorat professionnel, l’expérimentation des métiers, ainsi que le


développement des réseaux professionnels des jeunes dans le but d’atténuer le « choc de la
réalité du monde du travail » vécu par de nombreux jeunes.

5.3. Innover dans la valorisation de la formation professionnelle


auprès de jeunes

En 2014, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a publié un rapport étoffé intitulé


« L'accès à la formation professionnelle − État de la situation et axes d'intervention : Lever les
barrières à l’accessibilité »33. Ce document fait état des recherches les plus récentes
concernant l’accès à la formation professionnelle, en particulier chez les moins de 20 ans, et
décrit les causes possibles de la stagnation des inscriptions et propose des axes
d’intervention, dont un qui concerne l’information et l’orientation professionnelle.

Les auteurs du rapport affirment que l’obstacle majeur pour s’inscrire en formation
professionnelle réside dans la difficulté d’arrêter son choix d’orientation : « Le choix du
métier et l’envie de l’exercer sont des motivations primordiales pour entamer une
formation en formation professionnelle »34. De son côté, le Groupe d’action sur la
persévérance scolaire ajoute que « plusieurs jeunes, familles et intervenants ont une
perception défavorable de la formation professionnelle »35. Citant plusieurs recherches
québécoises, les auteurs de « L'accès à la formation professionnelle − État de la situation et
axes d'intervention » affirment qu’il est essentiel d’offrir aux jeunes davantage de moyens de
préciser leur choix d’orientation et de s’informer sur la formation professionnelle.

33
Gouvernement du Québec (2014), L'accès à la formation professionnelle — État de la situation et axes
d'intervention : Lever les barrières à l’accessibilité, Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport,
http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/dpse/formation_professionnelle/14-
00334_FP_accesFP_EtatSituation.pdf
34
Idem, p. 45
35
Op cit., p. 8

18
L’importance de la complémentarité entre le milieu scolaire et le monde du travail est
également soulignée, notamment avec une recommandation d’encourager la participation
directe des employeurs et des travailleurs dans la promotion des métiers et l’information sur
les métiers.

Cette participation est déjà possible à travers des initiatives efficaces issues de la communauté
qui travaillent en partenariat avec professionnels de l’orientation, telles Jeunes Explorateurs
d’un jour (stages d’un jour), Classes Affaires (stages d’une semaine) ou Academos (mentorat et
pages interactives pour les établissements d’enseignement et les employeurs).

Ces initiatives engagent concrètement les jeunes dans leur démarche et présentent
également l’avantage de mettre ces derniers en contact avec des modèles de réussite
inspirants dans des secteurs où les mythes perdurent. Par exemple, en ce qui concerne le
mentorat, plusieurs recherches ont montré que les mentors permettent aux jeunes de mieux
connaître le monde du travail, de valider leurs perceptions et d’apprendre à partir du
témoignage d’une personne qui fait un métier tous les jours36. C’est ce que montrent
également année après année les sondages annuels réalisés auprès des utilisateurs
d’Academos : les cybermentors ont une influence sur le choix de formation après le
secondaire et sur le choix de carrière d’une majorité de jeunes.

En résumé, plusieurs organismes pourraient déjà contribuer à valoriser la formation


professionnelle, toutefois des ressources supplémentaires devraient être déployées pour
permettre à ces organismes d’accorder davantage de place aux métiers et aux employeurs de
la formation professionnelle.

Enfin, les programmes Exploration de la formation professionnelle et Applications


technologiques et scientifiques engagent concrètement les jeunes dans l’exploration d’eux-
mêmes et des métiers, mais sont encore peu connus des jeunes. En ce qui concerne le Web,
les sites Toupourreussir.com et Inforoute FPT sont fort bien documentés, mais leur style
portail sied moins aux caractéristiques des jeunes d’aujourd’hui en n’engageant pas les
jeunes activement dans une démarche.

36
M. MCMAHON, B. LIMERICK et J. GILLIES (2004), « Mentoring as a Career Guidance Activity: Fostering Non-
Traditional Career Exploration for Girls », Canadian Journal of Career Development, 3 (1), 5-11.

19
Recommandation 8

Encourager la participation directe des employeurs et des travailleurs dans la promotion


des métiers de la formation professionnelle en misant sur des projets et organismes qui
offrent déjà des services en ce sens. Inciter ces organismes à collaborer avec le milieu
scolaire afin de complémenter les interventions qui y ont déjà cours.

Recommandation 9

Miser sur des moyens d’action et des campagnes de sensibilisation qui remettent au cœur
du message l’authenticité du choix de la formation professionnelle, de même que les
intérêts des jeunes et leurs passions en lien avec les métiers de la formation
professionnelle.

20
6. Conclusion
Chez Academos presque tous les employés et membres du conseil d’administration sont
parents d’enfants d’âge préscolaire ou primaire. Les adolescents et les jeunes adultes de
demain, ce sont nos enfants. À partir des constats que l’on peut faire sur la situation et la
réalité actuelle des jeunes, nous nous sommes projetés dans le futur de nos enfants. Nous
croyons fermement que répondre aux enjeux de demain reliés à la réussite et à la
persévérance scolaire passe d’abord et avant tout par la prise en compte des besoins des
jeunes, de leurs caractéristiques, de leurs réalités, de leurs rêves et de leur potentiel.
Évidemment, doivent également être prises en compte les réalités du monde scolaire et de la
communauté dans laquelle il s’insère. Le gouvernement a aussi la responsabilité de mettre
l’éducation au premier rang des priorités de la société québécoise, et ce même si les
impacts ne seront visibles que dans un futur qui dépasse la durée d’un mandat électoral. Les
Journées de la persévérance scolaire, qui ont lieu en février chaque année, sont un excellent
véhicule déjà bien implanté dans plusieurs régions du Québec. Ces journées gagneraient à
être complémentées par des actions en continu, qui impliqueraient une plus grande
participation des citoyens et de la communauté (notamment celle des affaires) à la vie
éducative.

Nous croyons fermement qu’il y a en ce moment une occasion unique à saisir pour innover
dans nos approches de soutien auprès des jeunes et qu’il vaut la peine de solliciter la
collaboration de toutes les personnes et des organismes qui ont à cœur la jeunesse et notre
société. Dans ce document, nous exposons des recommandations qui méritent d’être
discutées, considérées et essayées.

Nous avons le devoir d’agir dès maintenant pour nous garantir une société éduquée et
prospère. Nous serons tous gagnants.

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