Chimie Analytique G2 Pharmacie
Chimie Analytique G2 Pharmacie
Chimie Analytique G2 Pharmacie
AVANT-PROPOS
Ces notes sont destinéés aux étudiants des premiers cycles scientifiques. Il vise à expliquer le
comportement des différents composés susceptibles d’être rencontrés, en solution aqueuse.
Il doit permettre d’aborder la grande majorité des cas que l’on peut rencontrer en solution
aqueuse, pour une bonne compréhension des phénomènes afin de développer chez l’étudiant
l’esprit critique, particulièrement nécessaire dans le cadre de la chimie analytique. Ainsi,
j’ai voulu ne rien laisser au hasard et faire bien comprendre les raisons des approximations
utilisées, par exemple, afin que l’étudiant maîtrise parfaitement le raisonnement et, en
conséquence, les conclusions.
En prenant conscience de la nécessité de l’exigence dans l’augmentation, l’étudiant aura
acquis « esprit analytique » qui est indispensable à tout scientifique.
L’ouvrage comprend, dans chacun des quatre chapitres, le rappel du cours et deux types
d’exercices : les uns sont présentés avec les réponses argumentées, pour aider à la bonne
compréhension de l’exigence requise ; les autres à titre d’entraînement (voir cahier
d’exercices).
Je tiens à faire remarquer que ce cours tire son fondement dans le livre de « Chimie
analytique : Chimies des solutions » écrit par trois professeurs de Chimie analytique en
France : Martine Beljean-Leymarie (Professeur de Chimie Analytique à l’U.F.R. des
sciences pharmaceutiques de Caen), Jean-Pierre Dubois (Professeur de Chimie Analytique à
l’U.F.R. des sciences pharmaceutiques et responsable du master professionnel Méthodologie
analytiques appliqués aux produits de santé de Bordeaux) et Martine Galliot-Guilley
(Professeur de Chimie Analytique à la faculté des sciences pharmaceutiques et chef de service
du laboratoire de toxicologie biologique à l’hopital Lariboisie à Paris-V) à qui j’exprime toute
ma gratitude.
AVANT-PROPOS :…………………………………………… 2
TABLE DES MATIERES :…...……………………………… 3
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES REACTIONS EN SOLUTION 5
Solutions : définitions et phénomènes mis en jeu lors de la mise en solution
Aspect quantitatif
Notion d’équilibre chimique
Solutions aqueuses
Solutions aqueuses ioniques
Relations concentration analytique et concentration à l’équilibre
Quelques conseils pour la résolution des exercices
CHAPITRE II : REACTION ACIDE-BASE 17
Généralités : définitions, Forces des acides et des bases, Notion de pH
pH des solutions aqueuses des différents protolytes
Neutralisation
Solutions tampons
Polyacides
Aminoacides
CHAPITRE III : REACTION DE COMPLEXATION : 60
Notions générales : définition, structure, Nomenclature, Stabilité des complexes
Influence du pH sur la stabilité des complexes
Volumétrie par formation de complexe
Applications de la réaction de complexation
CHAPITRE IV : REACTION D’OXYDO-REDUCTION 76
Notions générales : définitions, couple redox, Nombres d’oxydation, Potentiel
normal redox
Influence du pH en oxydo-réduction
Influence de la formation de complexes
Titrages par oxydo-réduction
Applications quantitatives
Applications des réactions d’oxydo-réduction
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
3. Dissociation ionique
Dans certains solvants, les ions solvatés A+et B-.sont séparés : il y a dissociation :
(A+, B-) ↔ A++ B-, KD est la constante de dissociation ionique.
L’importance de la dissociation ionique est fonction du pouvoir dissociant du solvant, ce
pouvoir pouvant être caractérisé par la constante diélectrique є. Plus la constante diélectrique
ɛ est grande, plus elle empêche les interactions électrostatiques entre ions de charge opposée.
Les solvants peuvent donc être classés en solvants :
- dissociants (є > 40, la dissociation ionique ɣ est partielle ou totale) : є =
80 pour H2O
- non-dissociants (є < 15, la dissociation ionique є est nulle) :
CH3COOH, CHCl3
L’étude des réactions chimiques en solution se ramène à celle des équilibres qui s’y
produisent. Cette notion est une notion quantitative. Pour exprimer quantitativement ces
équilibres, il faut savoir exprimer les concentrations des différentes espèces en solution, à
l’équilibre. L’expression des concentrations repose sur l’expression des quantités et des
volumes.
IV.Solutions aqueuses
A. L’eau considérée comme solvant
Rappel : H2O est en équilibre chimique avec les ions H3O+, OH-
2 H2O ↔ H3O+ + OH- [H3O+ : ion hydronium et OH- : ion hydroxyde]
C’est-à-dire H3O+ + OH- → 2 H2O
Et à l’inverse 2 H2O → H3O+ + OH-
Autoprolyse de l’eau [H3O+] = [OH-]
Que l’on introduise des H3O+, des OH- ou rien, l’équilibre chimique existe d’après la loi
d’action de masse
[H3O+] [OH-] /[H2O]2 = K, H2O étant le solvant sa concentration est fixe donc
[H3O+][OH-] = Ke : Ke est la constante autoprotolyse (produit ionique) de l’eau.
Elle est égale à 10-4 à +25°C. En conséquence dans l’eau pure à 25°C :
[H3O+] = [OH-] = √Ke = 10-7M. La solution est dite neutre. La solution est dite
acide si [H3O+] > 10-7M ; la solution est dite basique si [H3O+] < 10-7M.
Exemple :
Sels de métaux mono- ou divalents comme :
NaCl → Na+ + Cl- ;
NaNO3 → Na+ + NO3- ; CH3COONa → Na+ + CH3COO-
(Attention : Ceci n’exclut pas qu’ultérieurement les équilibres concernant chacun
des ions apparus s’établissent.
2. Les électrolytes faibles
Ils présentent une dissociation ionique partielle que l’on chiffre à l’aide du degré de
dissociation α (encore appelé coefficient de dissociation, degré d’avancement, voire
coefficient d’ionisation).
α = Nombre de molécules dissociées/Nombre total de molécules dissoutes ; 0 < α ≤ 1
α = 1 pour un électrolyte fort ; α = 0 pour les molécules non dissociées.
Intermédiaire 0 < α < 1 = électrolyte faible.
Exemple :
AB ↔ A+ + B-
Si Co est la concentration analytique en AB, α est le coefficient de dissociation.
[AB]eq = Co – αC ; [A+] = [B-] = αCo; K = α2Co2/Co(1- α) = [α2/(1- α)]x Co ; K (1- α) = α2Co
K est une constante, α est donc fonction de Co. La concentration en soluté influence la
dissociation de ce soluté.
Si Co tend vers 0, α → 1 (loi de dilution d’Ostwald).
Plus la solution est diluée, plus l’électrolyte faible se dissocie. A dilution infinie, un
électrolyte faible se comporte comme un électrolyte fort, il est totalement dissocié.
En solution aqueuse, les électrolytes faibles le plus couramment utilisés sont les acides
organiques, les bases organiques, les sels de métaux multivalents, HgCl2…
Par exemple : Cl- a un comportement propre, le même qu’il vienne de la mise en solution de
NaCl ou de HCl.
En conséquence, il faut distinguer deux cas :
- dans le cas d’une solution très diluée, il existe suffisamment de
molécules H2O pour entourer complètement chaque ion. Il y a
solvatation complète. La concentration est faible, la distance entre un
ion donné et son plus proche voisin est relativement grande. Chaque
ion peut être considéré comme une entité séparée qui se comporte
indépendamment des autres ions présents. On dit que le comportement
est idéal ;
- à l’inverse, en solution concentrée, la situation change essentiellement
en deux points :
- le nombre de molécules d’eau est insuffisant pour solvater
complètement chaque ion. Un ion ne peut plus être complètement isolé
de ses voisins,
- les ions sont plus nombreux, donc beaucoup plus près les uns des
autres, et des forces d’attraction ou de répulsion s’exercent entre les
ions de charges opposées ou de même charge. Le changement
individuel de chaque ion est influencé par la présence des autres. Un
ion de charge donnée est entouré d’une atmosphère ionique de charge
opposée et cet arrangement n’est pas permanent. Les propriétés de ces
solutions sont modifiées avec la concentration. Ces solutions sont non
idéales.
B. Notion de force ionique, d’activité et de coefficient d’activité
Un certain nombre de mesures faites sur des solutions comme les mesures électrochimiques
par exemple sont affectées par le degré de non idéalité. Les solutions se comportent comme si
la concentration était moindre. Aussi utilise-t-on la notion de concentration efficace appelée
activité et notée a.
L’activité est donc une grandeur de comportement qui prend en compte les interactions entre
les différents constituants d’une solution. L’activité « a » d’un composé X est reliée à sa
concentration « C » par la relation a = k.C. k est le coefficient d’activité du composé X. k est
un terme toujours positif, au plus égal à 1.
Debye et Hückel tentèrent de prédire l’activité des solutions et montrèrent que les deux
facteurs qui influençaient le coefficient d’activité étaient :
- La proximité de chaque ion avec son voisin, qui est relié avec sa
concentration ;
- Les charges des ions : la force d’attraction entre les ions doublement
chargés est plus grande qu’entre les ions monochargés.
Tenant compte de ces deux facteurs, ils introduisent la notion de Force Ionique Totale I de la
solution définie en fonction des charges Zi et des concentrations Ci des ions présents dans la
solution :
I = ½ ∑CiZi2
Seuls les sels solubles créent la force ionique
Exemple :
Une solution contenant des ions A+,B2+,C3-, de concentrations respectives CA ,CB et CC, aura
pour force ionique I = 1/2(CAZA2+CBZB2+CCZC2) avec ZA = 1 ; ZB = 2 ; ZC = 3 ;
soit I = 1/2(CA+4CB+9CC)
Debye et Hückel montrèrent que le coefficient d’activité était lié à la force ionique et
démontrèrent les relations semi-empiriques.
Pour I≤ 0,02 ; logki = AZi2√I
0,02 < I ≤ 0,2 ; logki = - AZi2√I/1+√I
A est fonction du solvant et de la température.
A = 0,51 dans l’eau à 25°C, habituellement arrondi à 0,5 (1/2).
Donc : pour I ≤ 0,02 ; ki = - 1/2Zi2√I et 0,02 < I ≤ 0,2 ;
ki = - ½ Zi2√I/(1+√I)
Si on mélange A avec B, X et Z :
CAtotal = [A]eq + [C]eq + [CZ]eq+ [AX]eq pour une concentration
analytique donnée de A avec des réactifs X et Z,
Si on mélange A et C avec B, X et Z :
Cana (A + C) = [A]eq + [C]eq + [CZ]eq+ [AX]eq
- Se souvenir que, dans le cas des solutions ioniques, l’électroneutralité
est impérative, donc la somme des charges dues aux ions positifs est
obligatoirement égale à la somme des charges dues aux ions négatifs :
∑+ = ∑- ceci permet d’établir une relation entre les concentrations des
différents ions présents dans la solution. Par exemple, pour une solution
aqueuse contenant des ions Na+, Ca2+, H2PO4-, HPO42-, PO43- et ne
contenant que ces ions, on devra impérativement avoir :
[H3O+] + [Na+] + 2 [Ca2+] = [OH-] + 2 [HPO42-] + [H2PO4-] + 3 [PO43-]
I. Généralités
La notion d’acide et de base que nous développerons ici est celle de Brönstedt (1923) qui,
après Arrhenius (prix Nobel 1903) pour les solutions aqueuses, étendit la notion aux différents
solvants impliquant les rôles respectifs du soluté et du solvant.
A. Définitions
Selon la théorie de Brönstedt :
Un acide est une espèce chimique, ion ou molécule, susceptible de libérer (céder) un proton
H+. Un acide contient donc nécessairement l’élément hydrogène, mais tout composé
hydrogéné n’est pas pour autant un acide :
AH → A- + H+ exemple HCN → CN-+ H+
Une base est une espèce chimique, ion ou molécule, susceptible d’accepter (fixer) un
proton H+.Une base possède nécessairement un doublet d’électrons non-liant sur lequel l’ion
H+ vient se lier :
A- + H+ → AH (exemple CN- + H+ → HCN) : A- est susceptible de fixer un
proton ; c’est donc une base. Cette base est appelée la base conjuguée de HA. On
parlera du couple acide-base HA/A-).
B + H+ → BH+ (exemple NH3 + H+ → NH4+) : BH+ est susceptible de céder un
proton ; c’est donc un acide. Cet acide est appelé acide conjugué de B. On parlera
du couple acide-base BH+/B.
Comme les protons H+ ne sont jamais libres en solution :
- un acide ne peur révéler son caractère acide que dans la mesure où elle
est mis en présence d’un composé capable de capter son proton,
c’est-à-dire d’un composé à caractère basique. Ce rôle peur être tenu
par le solvant et dans ce cas le composé engendre une solution acide
puisque la concentration en forme protonée du solvant est supérieure à
celle de la neutralité résultant de la dissociation du solvant ;
- une base ne peut révéler son caractère basique que dans la mesure où
elle se trouve en présence d’un composé susceptible de lui céder un
proton, c’est-à-dire d’un composé à caractère acide. Ce dernier
pouvant être le solvant. La solution devient alors basique.
On voit ainsi le rôle fondamental du solvant dans les études d’acido-basicité en solution.
H+ dans l’eau s’écrira impérativement H3O+.
Les solvants sont classés en termes d’acido-basicité basée sur les notions de solvant
protophile et de solvant protogène (un solvant protophile est un solvant qui fixe des protons. Il
répond à la définition de Brönstedt d’une base. Un solvant protogène est solvant qui cède des
protons ; il répond à la définition de Brönstedt d’un acide.
L’eau est le type même des solvants à la fois protophiles et protogènes. Ces solvants
possèdent à la fois un caractère acide et un caractère basique : ils sont amphotères ; ce sont
des solvants amphiprotoniques. Ainsi, lorsque l’on met en solution un composé dans un
solvant amphiprotonique comme l’eau :
- ce composé se comportera comme un acide s’il donne lieu à la
réaction. HA + H2O → H3O+ + A- où A- est la base conjuguée de
HA et H3O+ est l’acide conjugué de H2O. Il y a transfert de protons
entre les deux couples : HA/A- et H3O+/H2O ; HA ne se comporte
comme un acide que parce que H2O est capable de fixer son proton.
- de même, un soluté X mis en solution dans H2O se comporte comme
une base si : X + H2O → XH+ + OH-. XH+ est l’acide conjugué de
X ; OH- est la base conjuguée de H2O. Il y a transfert de protons entre
les deux couples : X/XH+ et H2O/OH-. X ne se comporte comme une
base que parce que H2O est capable de céder un proton.
Un amphotère appartient à deux couples acide-base. L’eau est amphotère :
2 H2O ↔ H3O+ + OH- . H2O appartient aux deux couples différents : H3O+/H2O et
H2O/OH-. Les différents acides, comme les différentes bases vont se comporter différemment
en solution. Pour expliquer ou prévoir leur comportement, il est nécessaire de faire appel à la
notion de forces relatives des acides et de bases.
mesurer leurs tendances à céder un proton à une même base. La base référence sera
évidemment H2O.
H2O + H2O ↔ H3O+ + OH- Cte = [H3O+][OH-]/[ H2O][ H2O] et Ke =
[H3O+][OH-]
[H2O]: solvant dont la concentration est fixe (constante) et n’intervient pas. Ce
produit est appelé produit ionique de l’eau Ke, sa valeur ne dépend que de la
température.
Ke = [H3O+][OH-] = 10-14 à 25°C. Cette relation est générale, elle s’applique à toute
solution aqueuse, quelle que soit l’origine des ions H3O+ et OH- et quelles que
soient les autres espèces présentes en solution.
En toute circonstance, on a : Ka.Kb = 10-14 et pKa + pKb = 14. Il n’est donc pas nécessaire,
pour les bases d’établir une échelle de basicité. Il suffit de connaître les Ka des acides
conjugués. C’est pourquoi, on parlera dorénavant du Ka du couple.
Eau = base. On pourra classer les différents acides HA en fonction de leur
aptitude à céder leur H+ à l’eau, autrement dit de leur aptitude à former H3O+, et
ce, selon la constante de l’équilibre.
HA + H2O ↔ H3O+ + A- Cte = [H3O+][A-]/[HA][H2O] et
Ka = [H3O+][A-]/[HA]
La constante Ka déterminée, dans ces conditions, est la constante d’acidité du couple HA/A-.
Elle caractérisera la force de l’acide AH, à céder des protons, par rapport au couple
H3O+/H2O. Les constantes Ka varient, selon les acides, de 1010 à 10-20 environ. Par
commodité, dans les calculs, on remplace Ka par pKa.
Un acide est d’autant plus fort que son Ka est grand et que son pKa est plus petit, plus
l’équilibre est déplacé vers la droite, plus HA tend à libérer sone proton dans l’eau. Si
Ka1 > Ka2 ; HA1 est plus fort que HA2.
Remarque : les acides forts sont totalement dissociés en solution, donc ne
possèdent pas de Ka.
Eau = acide. De manière analogue on pourrait classer les différentes bases en
fonction de leur aptitude à fixer H+ provenant de l’eau, ce qui reviendra à libérer
des ions OH-.
B + H2O ↔ BH+ + OH- Cte = [BH+][OH-]/[B][H2O] et Kb = [BH+][OH-]/[B]
La constante d’équilibre correspondante serait une constante de basicité Kb.
Une base est d’autant plus forte que son Kb est grand et que son pKb est petit, plus
l’équilibre est déplacé vers la droite, plus B tend à capter le proton de l’eau. Si Kb1 >
Kb2 ; B1 est plus forte que B2.
On utilisera le terme de protolytes qui englobe aussi bien acides et bases. Les protolytes se
définissent donc comme des composés capables de fixer ou céder un proton. Un protolyte
est d’autant plus fort que l’équilibre est déplacé vers la droite.
1. Protolytes forts
On parle d’acide fort en solution aqueuse lorsque la réaction HA + H2O est totale (électrolyte
fort). La réaction chimique doit alors s’écrire impérativement :
HA + H2O → H3O+ + A- → simple flèche.
Ceci implique que la réaction H3O+ + A- n’a pas lieu.
Attention : seules les formes H3O+ et A- existent en solution aqueuse à l’équilibre. La forme
HA n’existe plus à l’équilibre ; A- est la base conjuguée de HA acide fort ; c’est une base de
force nulle.
On parle de base forte en solution aqueuse lorsque la réaction B + H2O est totale (électrolyte
fort). ). La réaction chimique doit alors s’écrire impérativement :
B + H2O → BH+ +OH- .
Ceci implique que la réaction BH+ +OH- n’a pas lieu.
BH+ est l’acide conjugué de B base forte ; c’est un acide de force nulle.
Exemples bien connus :
HCl + H2O → H3O+ + Cl-
Cl- est une base de force nulle
NaOH + H2O → Na+, H2O + OH-
Na+, H2O est un acide de force nulle, Na+et Cl- sont appelés des ions spectateurs,
indifférents.
2. Protolytes faibles
Un couple acide-base est défini soit par Ka soit par Kb. Exemple : couple HA/A-. Ecrivons :
l’acidité de l’acide du couple : HA + H2O ↔ H3O+ + A-
Attention : ↔ les trois formes existent en solution à l’équilibre.
Ka = [H3O+][A-]/[HA]
Puisque Ke est fixe : plus Ka est grand, plus Kb est petit. Plus Ka est grand : plus l’équilibre
est déplacé vers la droite, plus AH est fort ; de ce fait, moins l’équilibre sera déplacé vers la
gauche et plus la base conjuguée A- sera faible. Plus Ka est grand, plus Kb sera petit. Ka
comme Kb définissent le couple. On peut n’utiliser que l’échelle de Ka pour situer les
protolytes. Autrement dit, si on veut écrire la basicité de A-, on peut écrire :
A- + H2O ↔ OH- + HA
A- + H3O+ ↔ HA + H2O
Mais attention, les constantes à considérer sont : dans le premier cas, le Kb; dans le deuxième
cas le Ka, voire plus exactement 1/Ka
C. Notion de pH
La concentration en H3O+ dans une solution est mesurable expérimentalement par le pH (p :
potentiel, H : hydrogène [Soërensen, 1909]).
Indice de Sörensen - pH = - logaH3O+ = - logkH3O+ [H3O+].
Les valeurs expérimentales sont en effet influencées par la force ionique de la solution.
Si on pose kH3O+ = 1 ; pH = - log[H3O+] (ou [H3O+] = 10-pH) la concentration en ion H3O+ est
exprimée en mol.L-1. On étend l’emploi du symbole de Sorensen à la désignation d’autres
grandeurs : px = - logx. pOH = - log[OH-].
Comme [OH-].[H3O+] = 10-14, il suit que pH + pOH = pKe = 14,00 à 25°C ; pKa = -logKa ;
pKb= -logKb ; pKa + pKb = pKe = 14,00 à 25°C. Ces relations sont valables pour un couple
donné.
Acides les plus forts (pKa petit) acides les faibles (pKa grand)
Attention : bien définir le couple acide-base dont on parle. Un terme peut appartenir à deux
couples différents (ex. amphotères).
Avantages : l’échelle logarithmique de l’échelle pH permet de couvrir un vaste domaine de
concentration. Les concentrations habituellement rencontrées en solution aqueuse vont de :
[H3O+] = 1M (pH = 0,00) à
Inconvénients : à l’inverse, l’échelle logarithmique rend peu compte de petites variations qui
peuvent toutefois parfois être intéressantes à connaître. Ainsi une erreur sur le pH de 0,05
unité revient à multiplier ou diviser [H3O+] par 1,122, soit 12,2% d’erreur sur la
concentration en protons. Aussi il est recommandé d’exprimer le pH avec 2 unités après la
virgule par exemple pH = 7,00. Enfin, en solution aqueuse, de même que l’on rend compte
des concentrations en protons à l’aide d’une échelle de pH allant habituellement dans l’eau de
0 à 14, on rend compte de l’acidité et de la basicité des protolytes dans l’eau à l’aide d’une
échelle de pKa.
Remarque – Si l’on néglige la dissociation de H2O, l’équation [H3O+] = [A-] + [OH-] devient
[H3O+] = [A-] ; [H3O+] = [A-] = C → pH = -log C. Donc selon le raisonnement mené :
[H3O+] = [A-] (raisonnement approximatif le plus souvent suffisant) ;
Ou bien [H3O+] = (C + √C2 +4. 10-14)/2 (raisonnement rigoureux).
Interrogeons-nous sur les conditions de validité de la relation simplifiée [H 3O+] = C : pour
que [H3O+] = C, il faut que 4. 10-14 soit négligeable devant C2, c’est-à-dire, en considérant 1
petit devant 100, que 4. 10-12 < C2 ; soit C ≥ 2.10-6M. Le raisonnement approximatif est donc
le plus souvent suffisant, mais attention à l’utilisation irréfléchie qui conduit à des erreurs
impardonnables comme celle d’affirmer que le pH d’une solution de HCl 10-8 M est égal à
8,00. Ceci est bien sûr tout à fait impossible. Le pH ne peut en aucun cas être basique pour un
acide.
Remarque – Pour un diacide fort :
2. Monoacide faible Ha
a. Monoacide faible HA seul en solution
Ha + H2O ↔ H3O+ + a- Ka = [H3O+][a-]/[Ha]
On peut calculer facilement le pH d’une telle solution, si deux approximations sont faites.
1ère approximation : Les ions hydronium produits par la dissociation de l’eau peuvent
être négligés devant ceux venant de la dissociation de l’acide. Cette hypothèse est
vérifiée si on peut mesurer la valeur du pH de la solution d’acide et que pH ≤ 6,5.
2ème approximation : L’acide est suffisamment peu dissocié (suffisamment faible) pour
pouvoir négliger [a-] devant [Ha]. On peut considérer que cette 2ème approximation est
vérifiée si [Ha]/[a-] ≥ 10. Ainsi, en utilisant la loi d’action de masse, il vient :
Si ces deux approximations sont vérifiées, en négligeant [a-] devant [Ha] (car acide très peu
dissocié), l’équation de conservation de la matière devient :
Ca = [Ha], avec Ca concentration initiale en acide
En négligeant [OH-] devant [H3O+], l’équation d’électroneutralité devient : [H3O+] = [a-]
En remplaçant dans la loi d’action de masse :
Ka= [a-][H3O+]/[Ha] On a Ka= [H3O+]2/[Ha ]
On obtient alors :
Ka= [a-][H3O+]/[Ha]
Ke = [OH-] + [H3O+]
En remplaçant [Ha] et [a-] dans l’expression de la constante d’acidité Ka, il vient
Ca - [a-] = [Ha] donc [Ha] = Ca - [H3O+]
Nous avons ainsi Ka = ([H3O+][H3O+])/(Ca - [H3O+])
On obtient ainsi une équation du second degré :
[H3O+]2 + Ka [H3O+]- Ka Ca = 0
Application :
Soit une solution centimolaire de chlorure d’ammonium (NH4+ Cl-). Comme les ions
chlorures Cl- sont neutres, du point de vue acido-basique, seuls interviennent les ions NH4+
dans la détermination du pH. Le pH est celui d’un acide faible :
pK = 9,2, introduit à la concentration de 0,01 M, alors pH = 9,2/ 2 – ½ log 10-2 = 5,6
3. Mélanges d’acides
a. Mélange d’acides forts
Considérons une solution contenant l’acide fort HA1 et l’acide fort HA2. Soient C1 et C2 leurs
concentrations analytiques respectives exprimées en molarité :
HA1 + H2O → H3O+ + A1- ; HA2 + H2O → H3O+ + A2-
Hypothèse : les H3O+ de la solution ne proviennent que de l’action des acides sur l’eau :
[H3O+] = [A1-] + [A2- ]
(pH = - log (C1 + C2 ))
Remarque : si on prend en considération [H3O+] provenant de l’eau
[H3O+] = [A1-] + [A2- ] + [OH- ] = C1 + C2 + Ke/[H3O+]
On montre, comme précédemment, puisqu’il s’agit d’acides forts, que la limite de
concentration, pour pouvoir négliger la dissociation de l’eau est C = C1 + C2 > 2.10-6
b. Mélange d’acide fort et d’acide faible
Considérons une solution contenant l’acide fort HA et l’acide faible Ha. Soient CF et Cf leurs
concentrations analytiques exprimées en molarité :
HA CF mol.L-1 HA + H2O → H3O+ + A- CF =[A-]
Ha Cf mol.L-1 Ha + H2O ↔ H3O+ + a-
Cf = [Ha]eq + [a-]eq
Ka = [H3O+][a-]eq /[Ha]eq
Les ions en solution sont : H3O+, A-, a-, OH-
[H3O+] = [A-] + [a- ] + [OH- ]
Hypothèse : on néglige la dissociation de l’eau :
[H3O+] = [A-] + [a- ] = CF + [a- ] ; [a- ] = [H3O+] - CF;
[Ha] = Cf - [a- ] = Cf - [H3O+] + CF
Ka = [H3O+] ([H3O+] - CF)/(Cf - [H3O+] + CF);
[H3O+]2 + [H3O+](Ka - CF) – Ka (Cf + CF) = 0
[H3O+] = (- Ka + CF + √Ka2 + CF2 + 2 KaCF + 4Ka Cf )/2
Exemple:
C1 = C2 ; Ka1 = Ka2/100 ; Ka2 ≥ Ka1 ;
Ka1C1 = Ka2C2/100
Ka1C1 est négligeable devant Ka2C2 ; [H3O+] = √Ka2C2
3. pH de mélanges de bases
a. Mélanges de bases fortes
Soit deux bases fortes B1 et B2 de concentrations analytiques respectives C1 et C2.
B1 + H2O → BH+ + OH- [B1H+] = C1
B2 + H2O → BH+ + OH- [B2H+] = C2
[OH-] = [B1H+] + [B2H+] + [H3O+].
Comme dans le cas envisagé pour le mélange d’acides forts, si C = C1 + C2 > 2.10-6M, alors
[H3O+] est négligeable devant [B1H+] + [B2H+] et [OH-] = C1 + C2
b. Mélanges de base faible et de base forte
Considérons une solution contenant une base forte B et une base faible b dont les
concentrations analytiques respectives sont CF et Cf.
B + H2O → OH- + BH+
b + H2O → OH- + bH+
La démonstration est identique à celle que nous avons faite dans le cas du mélange acide fort
et acide faible ; la base forte entraîne un recul de la dissociation de la base faible.
Dans la mesure où CF est de l’ordre de grandeur de Cf où Kb ≤ CF, [OH- ] = CF ; b n’exprime
pas sa basicité (prévisible).
Un tel sel un électrolyte fort bH+ ; a- en solution aqueuse se dissocie dès sa dissolution en
bH+ et a-; si l’eau réagit sur le sel, il y a hydrolyse du sel.
L’hydrolyse du sel est la réaction de chacune des formes nées à la dissolution avec l’eau.
bH+ + H2O ↔ b +H3O+
a- + H2O ↔ Ha + OH-
Donc, globalement: bH+ + a- + H2O ↔ b + Ha + H3O+ + OH-
Kh = Constante d’hydrolyse = [b][Ha]/[ bH+][a-]
D. pH d’un mélange d’acide et de base conjuguée (l’un ou l’autre étant apporté par
un sel)
Ce mélange peut être :
- soit un mélange de type Ha/a- (mélange d’un acide faible Ha et d’un sel de base faible
et base forte [a-Na+ par exemple]) ; soit C et C’ les concentrations analytiques
respectives de Ha et de a-Na+ en mole.L-1 pH = pKa + log [C’]/[C]
- soit un mélange de type b/bH+ (mélange d’une base faible b et d’un sel de base faible
et d’acide fort [bH+X- par exemple]) ; le raisonnement à mener pour ce type de
mélange est analogue au mélange précédent : concentration analytique de b = C ;
concentration analytique de bH+X- = C’
Ka = [H3O+]C/C’ pH = pKa + log [C’]/[C]
III.Neutralisation
La réaction de neutralisation est utilisée comme réaction de titrage pour le dosage :
- D’un acide à l’aide d’une base (Réactif titrant) ;
- D’une base à l’aide d’un acide (Réactif titrant).
Les réactifs titrants les plus habituellement utilisés sont des protolytes forts.
Réaction de neutralisation :
Un acide : Ha + H2O ↔ H3O+ + a- on ajoute une base b + H2O ↔ bH+ + OH-
H3O+ + OH- ↔ 2 H2O avec K = [H2O]2/[H3O+][ OH-] = 1014
(a-, bH+) est le sel, produit de la réaction Ha + b → sel + eau. La formation de H2O est une
réaction totale, immédiate, ce qui n’exclut pas que le produit ionique de l’eau soit
impérativement respecté [H3O+][ OH-] = 10-14.
x mL de solution B
de molarité b
Z mL de HA
de molarité t
x mL de solution B de
molarité b
Z mL de Ha
de molarité C
Bases très pKa1 Bases conjuguées de plus en plus faibles pKa2 Bases fortes pKa
faibles
Acides de plus en plus forts
Tout acide réagit sur toute base des couples situés à droite de façon d’autant plus quantitative
que l’écart entre les deux couples est plus grand. C’est bien la même condition que l’on avait
par la titration des acides séparés.
a2- + Ha1 (+ fort) donne une réaction totale→ a1- + Ha2 si Ka1 > 104Ka2 .
a2- est transformé en Ha2 : on dit que Ha2 est déplacé de ses sels. Toutes ces réactions
sont instantanées.
IV.Solutions tampons
En observant la courbe de neutralisation d’un acide faible par une base forte ou d’une base
faible par un acide fort, on voit que, lorsque l’on est en présence d’un mélange acide et base
conjugués du même couple (où l’un des deux est apporté par un sel), c’est-à-dire entre le
début de la neutralisation et le point d’équivalence et plus particulièrement dans le domaine
de pH compris entre pKa - 1 et pKa + 1, le pH varie peu : ceci est dû au fait que acide et base
appartiennent au même couple. Ces solutions constituent des solutions tampons qui se
définissent comme des solutions dont :
- le pH varie peu lors de l’addition de H3O+ et OH- ;
- le pH ne varie pas par dilution.
Un tampon est un mélange d’un acide faible et de sa base conjuguée. Ce mélange résiste aux
variations imposées à la solution. Chaque fois qu'un acide faible est titré par une base, il se
forme une solution tampon. Les tampons sont utiles dans tous les types de réaction où l’on
désire maintenir le pH à une valeur constante prédéterminée.
Le pH d’une solution tampon «acido-basique» est peu sensible à l’addition de petites
quantités d’acide ou de base. Ce type de solution est obtenu en mélangeant un acide avec sa
base conjuguée.
Le pH est donné par :
pH = pKa+ log [B]/[A]
Le pH d'une solution est déterminé par le pKa de l'acide présent ainsi que par le rapport des
concentrations de l'acide et de sa base conjuguée. Il est indépendant de la dilution. Le rapport
des concentrations est le seul à déterminer le pH.
D’après l’équation susmentionnée, il est très facile de suivre l’évolution du pH d’une solution
tampon en fonction du rapport [B] /[A].
Le pH varie peu avec les fluctuations du rapport [B]/[A] comme le montre l’exemple du
mélange tampon phosphate monosodique - phosphate disodique :
pH = 7,2 + log [HPO42- ]/[H2PO4-] = 7,2 + log (1- 0,1) / (1 + 0,1) = 7,1
Si on dissout 0,1 mole d’acide fort (acide HCl) dans un litre d’eau pure, alors le pH passe de 7
à 1. En réalisant la même opération non plus dans un litre d’eau, mais dans un litre de solution
aqueuse d’acide acétique (CH3COOH) à 1 mole.L-1 et d’acétate de sodium (CH3COO-Na+) à 1
mole.L-1, le pH passe de 4,75 à 4,66. La dilution de cette solution d’acide faible et de sa base
conjuguée dans un litre d’eau pure, n’entraîne pas de variation de pH.
Pour réaliser une solution tampon de pH donné, il est conseillé de choisir un couple acido-
basique de pK voisin du pH recherché.
Le mélange acide-base : acide acétique - acétate, convient par exemple dans le cas d’un
milieu tamponné à pH = 5. A pH = 9, on utilise plutôt le couple NH4+/NH3.
Exemple :
Soit une solution tampon contenant « a » moles de Ha et « b » moles de a- , Na+ par litre :
le pH d’une telle solution est pH = pKa+ log [b]/[a]
Cette capacité tampon n’existe que si 10b > a, c’est-à-dire si le pH de la solution n’est
pas inférieur à pKa – 1.
Cette capacité tampon n’existe que si 10a > b, c’est-à-dire si le pH de la solution n’est
pas supérieure à pKa + 1.
pH de la solution = pHs
forts
A retenir
- La molarité est responsable des capacités. Si on dilue, la capacité tampon est divisée
par le facteur de dilution.
Remarque : il existe d’autres solutions dont le pH varie peu lors de l’addition de H3O+
ou de OH- comme par exemple, les solutions de protolytes forts suffisamment
concentrées :
Ces solutions ne sont pas des tampons car leur pH varie avec la dilution ; elles sont parfois
appelées des solutions « pseudo-tampon ».
V. Polyacides
Un polyacide faible Hna possède plusieurs protons libérables consécutivement. Aux n acidités
correspondent n constantes d’équilibre de Ka1 à Kan. Par exemple, H3a :
On cherche la relation [H3O+] = f(C, Ka1, Ka2, Ke) ; [H3O+] = [Ha-] + 2 [a2- ] + [OH-] ;
Cmol.L-1 = [H2a] + [Ha-] + [a2- ]. Ka2 = [H3O+][Ha-]/[H2a] Ka1 = [H3O+][a2-]/[Ha-]
Si on néglige la dissociation de l’eau, [H3O+] = [Ha-] + 2 [a2- ], les trois formes Ha- ,
a2-, H2a sont liées entre elles par les Ka2 et [H3O+].
[H2a] = [a2- ]x[H3O+]/Ka1 ; [Ha-] = [a2- ]x[H3O+]/Ka2 ; [H2a] = [a2- ]x[H3O+]2/Ka1 Ka2
[H3O+] = [a2- ] ([H3O+]/Ka2 + 2) ; C = [a2- ] ([H3O+]2/Ka1 Ka2 + [H3O+]/Ka2 + 1)
C/[H3O+] = (1 +[H3O+]/Ka2 + [H3O+]2/Ka1 Ka2)/( 2 + [H3O+]/Ka2).
[H3O+]3 + Ka1 [H3O+]2 + [H3O+] [Ka1 Ka2 - CKa1] – 2 C Ka1 Ka2 = 0. Sans négliger la
dissociation de l’eau, on aurait une équation en [H3O+]4 . Quelles simplifications
envisagées ?
- Si les acidités sont suffisamment différentes on peut considérer que seule l’acidité la
plus forte s’exprime.
Exemple : pH d’une solution de polyacide minéral comme H3PO4
Ka3 = 10-2,23 ; Ka2 = 10-7,21 ; Ka1 = 10-12,32. Ka3 ≥ Ka2 ≥ Ka1
H3PO4 se comporte come un monoacide de Ka = 10-2,23, de concentration C. On
calculera le pH d’une solution de H3PO4 comme pour une solution d’un monoacide de
Ka = 10-2,23 et de concentration C. Il est donc évident, compte tenu de l’importance du
Ka, que l’on ne pourra pas négliger la dissociation de l’acide (il faudrait que C >
104.10-2,23… ce ne sera jamais le cas).
- Si les acidités sont proches, la deuxième acidité pourra s’exprimer lorsque le diacide
est seul en solution aqueuse, selon les importances respectives de la concentration C et
des deux Ka.
Les polyacides sont utilisés, en solution, essentiellement en présence de leur(s) sel (s). Il est
très utile de savoir prévoir les formes en solution selon le pH, afin de s’affranchir des formes
présentes à des concentrations négligeables. C’est dans ce but que l’on étudiera le diagramme
de distribution des espèces d’une part pour des polyacides dont les acidités sont titrables
séparément et d’autre pour les polyacides dont les acidités sont proches. Une différence
importante existe entre les deux.
B. Diagramme de distribution des espèces phosphoriques
H3PO4 peut exister sous les 4 formes H3PO4, H2PO4-, HPO42-, PO43- . Etudions les
fractions α de chacune des formes en fonction du pH :
α = (concentration en l’espèce donnée)/(concentration analytique totale)
A chaque forme correspond un α, noté αn. L’indice n représente le nombre de protons
existant dans l’espèce étudiée ; ainsi :
α3 = [H3PO4]/C ; α2 = [H2PO4-]/C ; α1 = [HPO42-]/C ; α0 = [PO43-]/C
Comme [H3PO4] + [H2PO4-] + [HPO42-] + [PO43-] = C ; α3 + α2 + α1 + α0 = 1
1. α3 = [H3PO4]/C
Exprimons toutes les formes de H3PO4 par rapport à la forme H3PO4
[H2PO4-] = 10-2,23 x [H3PO4] /[H3O+] ; [HPO42-] = 10-7,21 x [H2PO4-] /[H3O+]
[HPO42-] = 10-7,21 x 10-2,23 x [H3PO4] /[H3O+]2
[PO43-] = 10-12,32 x [HPO42-]/[H3O+] = 10-7,21 x 10-2,23 x 10-12,32 x [H3PO4] /[H3O+]3
C = [H3PO4] (1 +10-2,23/[H3O+]+ 10-9,44/[H3O+]2 + 10-21,76/[H3O+]3)
α3 = 1/(1 +10-2,23/[H3O+]+ 10-9,44/[H3O+]2 + 10-21,76/[H3O+]3)
2. α2 = [H2PO4-]/C
Exprimons chacune des les formes par rapport à [H2PO4-]
[H3PO4] = ([H3O+]/10-2,23 )x [H2PO4-]; [HPO42-] = 10-7,21 x [H2PO4-] /[H3O+];
[PO43-] = 10-12,32 x 10-7,21 x [H2PO4-]/[H3O+]2
α2 = [H2PO4-]/[H2PO4-][([H3O+]/(Ka1 )+ (1) + (Ka2/[H3O+]) + (Ka3 Ka2/[H3O+]3)];
α2 = 1/([H3O+]/10-2,23 + 1 + 10-7,21/[H3O+] + 10-19,53/[H3O+]2)
3. α1 = [HPO42-]/C
[H3PO4] = ([H3O+]/10-2,23 x [H3O+]/10-7,21) [HPO42-];
[H2PO4-] = ([H3O+]/10-7,21) [HPO42-]
[PO43-] =(10-12,32/[H3O+]) x [HPO42-];
α1 = 1/([H3O+]2/10-2,23 x 10-7,21) + ([H3O+]/10-7,21) + (10-12,32/[H3O+]2 + 1
4. α0 = [PO43-]/C (même raisonnement)
α0 = [PO43-]/[PO43-] [([H3O+]3/10-21,76) + ([H3O+]2/10-19,53) + (1) + (/[H3O+]/10-12,32)]
α0 = 1/[([H3O+]3/10-21,76) + ([H3O+]2/10-19,53) + ([H3O+]/10-12,32 + 1)]
Trançons les courbes αn = f(pH)
αn
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 pH
α3 = α2 = α1 = α0 =
Nous pouvons conclure que et retenir que lorsque :
- pH < 4,72, les seules espèces mesurables en solution sont celles appartenant au couple
H3PO4/H2PO4- ;
- 4,72 < pH < 9,76, les seules espèces mesurables en solution sont celles appartenant au
couple H2PO4-/HPO42- ;
- pH > 9,76, les seules espèces mesurables en solution sont celles appartenant au couple
HPO42-/PO43-.
Attention : ces courbes signifient que, si on donne au pH une valeur x, les α prennent les
valeurs représentées ; par exemple : 0 < pH < 5 ; α3 prend la valeur correspondante. Cela ne
signifie pas que le pH est crée par H3PO4 mis seul en solution pour toutes les valeurs. Si C est
la concentration analytique de H3PO4 α3 = 1 signifie :
[H2PO4-] ≤ C/100 ; 10-2,23 = ([H3O+]2 C/100)C ; [H3O+] = 10-0,23 → pH = 0,23
Il ne s’agit pas de solution de H3PO4 seul en solution dans l’eau pure.
L’électroneutralité conduit à : [H3O+] + [Na+] = [OH-] + [Ha-] + 2 [a2-], il s’agit d’une base,
[H3O+] est négligeable devant [Na+]. Si C mol.L-1 est sa concentration analytique de ce sel,
C = [Ha-] + [a2-] + [H2a] ; [Na+]= 2 C.
Si Kb1 et Kb2 sont de même ordre de grandeur, on considère toutes les formes :
2 C = [OH-] + [Ha-] + 2 [a2-]; 2 C - [OH-] = [a2-](2 + Kb2/[OH-])
C = [a2-](1 + Kb1/[OH-]+ Kb2Kb1/[OH-]2) conduit à une équation au cube en [OH-]3
Si Kb1 ≥ Kb2 , tout se passe comme si on était en présence d’une monobase faible de Kb = Kb1
et de concentration C. Le pH se calcule comme tel.
Quantité OH- totale introduite = xqo . Quantité de HPO42- formée = quantité de OH- apportée
en excès après la transformation complète deqo mmol. de H3PO4 en Na+HPO42-, soit xqo - qo .
Il reste une quantité de Na+HPO42- = qo – (xqo - qo) = 2qo - xqo
pH = pKa2 + log [qo(x- 1)/qo(2-x)]
- x = 1,5, Ka2 = 10-7,21 ; Kb = 10-6,79; les deux constants sont faibles, il y a recul total
d’équilibre :
[H2PO4-] = [HPO42- ] ; pH = pKa2 =; pH = 7,21.
- x = 2, on est en présence de qo mmol. de Na2HPO4 [2 Na+HPO42-] en solution aqueuse
(monohydrogénophosphate de sodium). HPO42- est un amphotère :
HPO42- + H2O ↔ H2PO4- + OH- Kb2 = 10-6,79
HPO42- + H2O ↔ PO43- + H3O+ Ka1 = 10-12,32
Considérons [H3O+] et [OH-] comme négligeables ; l’électroneutralité devient :
[Na+] = [H2PO4-] + 2 [HPO42-] + 3 [PO43-], [Na+] = 2 C. Avec C = [H2PO4-] +
[HPO42- ] + [PO43-], ceci implique que : [H2PO4- ] = [PO43-]
Ka2Ka3 = ([H3O+][HPO42- ]/ [H2PO4-])x([H3O+][PO43-]/[HPO42- ]) Ka2Ka3 = [H3O+]2 ;
pH = 9,76
- 2 < x < 3 avant le troisième point d’équivalence.
Quantité OH- totale introduite = xqo . Quantité de HPO43- formée = quantité de OH- introduite
au-delà de la transformation complète de qo mmol. de H3PO4 en Na2HPO4, soit xqo - 2qo .
Il reste une quantité de HPO42- = qo – (xqo - 2qo) = 3qo - xqo
pH = pKa3 + log [qo(x - 2)/qo(3 - x)] :
relation suffisante pour décrire une courbe, malgré l’importance du Kb1. On pourra en
revanche calculer dans un cas précis le pH pour x = 2,5 (demi-neutralisation pour une
concentration de 10-2M de H3PO4, par exemple pH = 11,55 et non 12,32).
Traçons la courbe :
14,00
13,00
12,00
11,00
10,00
9,00
8,00
7,00
6,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0 1 2 3
x
VI. Aminoacides
Les notions d’acide-base contribuent à l’étude des aminoacides en solution aqueuse car :
- elles apportent des éléments d’information pour démontrer leur structure ;
- elles permettent la détermination du pH isoélectrique des différents amino-acides.
A. La forme « neutre » est un Zwiterrion
En solution aqueuse, aux pH extrêmes, cet aminoacide peut aussi exister deux formes :
diacide dibase
La forme neutre correspond à un amphotère. La question se pose de la structure réelle
de cet amphotère. On peut le concevoir de deux façons différentes, la structure
« neutre » peut correspondre à :
Forme neutre ne portant pas de charges Forme globalement neutre portant 2 charges
B. Détermination du pH isoélectrique
1. Cas des aminoacides neutres
Un aminoacide « neutre » (comme le glycocolle : NH2-CH2-COOH) peut s’écrire sous forme
protonée : H2a+. Si on augmente le pH de la solution, la perte d’un proton conduit à la forme
Zwiterrion : Ha≠, la perte du deuxième proton conduit à la forme a-. Pour que la solution
d’aminoacide soit électriquement neutre, il faut que les concentrations des formes
différemment chargées s’égalisent. Dans ce cas, il faut que [H2a+] = [a-].
Les pKa sont : 2,35 et 9,77.
10-2,35 = [Ha][H3O+]/[H2a+] et
10-9,77 = [a-][H3O+]/[ H2a+].
D’où [H3O+]2 = 10-2,35 . 10-9,77.
pHisoélectrique du glycocolle = (2,35 + 9,77)/2 = 6,06.
,
Avec
Les deux formes d’indicateurs HIn et In- ont des couleurs différentes. La coloration d’une
solution contenant une forme de l’indicateur (HIn par exemple) varie continuellement
lorsque la concentration de la fome baisse au profit de l’augmentation de l’autre forme de
l’indicateur (In- par exemple). La transition entre les deux formes arrivent lorsqu’elles ont
la meme concentration en solution ([Hnd] = [In-]) lorsque le pH = pKa. Le point
équivalent correspond au point de virage. Ce qui établit le critere de choix des
indicateurs. Malheuresement, le pH exact au point équivalent n’est pas toujours connu. En
M.B.Mbala, MSc, PhD Page 58
Notes de cours de Chimie Analytique : Analyse Quantitative
plus la détection du point ou [Hnd] = [In-] peut etre difficile à observer lorsque le virage
de colaration est rapide. Il a été etabli une zone, une échelle de pHs dans laquelle
l’opérateur (analyste) peut obsever le changement decoloration. La zone correspond aux
pHs où la concentration d’une forme est dix fois la concentration de l’autre forme.
Cette zone de virage de l’indicateur n’est doit pas nécessairement se distribuée de manière
equitable autour de pK de l’indicateur pour que ce dernier soit choisi pour un dosage. Pour
certains indicateurs seule une forme est colorée et pour d’autre les deux formes sont
colorées. Dans tous les cas la zone de virage doit contenir le pK de l’indicateur choisi.
Ligand L Ligand L
NH3 NH3
Ion métallique
Coordinateur M : Cu2+
Ligand L Ligand L
NH3 NH3
Le nombre n de liaisons formés entre l’ion coordinateur et les coordinats est l’indice de
coordination ou coordinence. La charge d’un complexe est égale à la somme algébrique des
charges des ions coordinateurs et des ligands qui le constituent.
NH2 H2N
Cu
NH2 H2N
C. Nomenclature
Depuis 1970, l’IUPAC (International Union of Pure and Applied Chemistry) a recommandé
de changer les règles de Nomenclature Inorganique datant de 1957.
Les règles à respecter sont les suivantes :
- Dans les formules, le nom de l’atome central doit être placé en premier suivi par les
ligands anioniques puis neutres, le tout entre crochet ;
- Les ligands anioniques prennent la terminaison « O ». Quelques ligands ont des noms
particuliers : « aqua » pour l’eau ; « ammine » pour NH3 ; « nitrosyl » pour NO ;
« carbony » pour CO.
La dénomination d’un complexe dépend de sa charge :
- Charge négative : nom du ligand + nom de l’ion coordinateur + suffixe « ATE » +
charge de l’ion coordinateur (en chiffre romain) :
Exemple : [Fe(CN)6]4- : hexacyanoferrate II
- Charge positive : nom du ligand + nom de l’ion coordinateur + charge de l’ion
coordinateur (en chiffre romain) :
Exemple : [Cu(NH3)4]2+ : tétrammine cuivre II
- Charge neutre : nom de l’ion coordinateur + nom du ligand :
Exemple : [Fe(CO)5] : fer pentacarbonyle
D. Stabilité des complexes. Force des donneurs et des accepteurs de ligands. Notion
de pKc
Un complexe MLn, formé entre un ion métallique M et n ligands L, est une entité chimique
capable de libérer en solution des ligands L. L’ion métallique M est une entité capable
d’accepter des ligands L. En solution aqueuse, la réaction de complexation est une réaction
d’échange de ligands entre le donneur MLn et l’accepteur M (tout comme la réaction acide
base est un échange de proton entre l’acide (donneur de proton) et sa base conjuguée
(accepteur de proton).
[MLn] ↔ M + nL
Donneur de ligands ↔ Accepteur de ligands + n ligands
L’application de la loi d’action de masse permet de définir une constante de dissociation (ou
de complexation) Kc et son cologarithme pKc.
Kc = [M][L]n/[MLn] = [Accepteur][ligand]n/[Donneur] pKc = -log Kc
Plus la valeur du pKc d’un complexe MLn est faible, plus ce complexe dissocié donc plus sa
stabilité est faible, et plus est un donneur fort de ligand L (analogie avec un acide HA qui est
un donneur de proton d’autant plus fort que son pKa est plus petit).
Plus la valeur du pKc d’un complexe MLn est forte, moins il est dissocié, donc plus sa stabilité
est grande, et plus le métal M est un accepteur fort des ligands L.
Remarques
- On utilise aussi très souvent la constante de stabilité Ks et son cologarithme pKs :
Ks = 1/Kc = [MLn]/ [M][L]n = [Donneur]/[Accepteur][ligand]n pKs = -log Ks
- Pour conserver une homogénéité de notation avec la constante de dissociation Ka et
son cologarithme pKa, nous n’utiliserons dans la suite du texte que la constante de
dissociation Kc et son cologarithme pKc ;
E. Intérêt du pKc
Le pKc a un double intérêt. Il permet :
- De prévoir les réactions en solution
- De calculer les concentrations respectives [M] et [L] en métal et en ligands libres.
1. Prévision des réactions de complexation en solutions
Si nous mélangeons deux solutions de complexes ML et NL il s’établit un échange de ligand
L entre ML et N ou entre NL et M :
[ML] ↔ M + nL [NL] ↔ N + nL
Kc1 = [M][L]/[ML] Kc2 = [N][L]/[NL]
ML + N ↔ NL +M
K = [NL] [M]/[ML][N]
La connaissance des valeurs des constantes de dissociation respectives K c1 et Kc2 (ou de leurs
cologarithmes pKc1 et pKc2) de ML et NL permet de prévoir si la réaction va évoluer de
gauche à droite (échange de L entre ML et N) ou de droite à gauche (échange de L entre NL
et M).
En effet : K = [NL] [M]/[ML][N] = ([NL]/[N][L])([M][L]/[ML])= Kc1/Kc2
Si Kc1 > Kc2 (c’est-à-dire si pKc1 < pKc2) alors K > 1.
Donc [NL][M] > [ML][N] : l’échange de ligand a lieu entre ML et N ; la réaction évolue donc
logiquement vers la formation du complexe le plus stable NL.
[ML] ↔ M + L pKc1
[NL] ↔ N + L pKc2
un pKc inférieur au sien. La réaction est d’autant plus déplacée que la différence des pK c est
grande.
2. Calcul des concentrations en métal ou en ligand en solution
a. Solution d’un complexe
Soit une solution contenant un complexe MLn, caractérisé par son pKc, dont la concentration
initiale est C en mole.L-1. En solution, il s’établit l’équilibre suivant :
[MLn] ↔ M + nL Kc = [M][L]n/[MLn] pKc = - log Kc
Supposons que α moles de MLn par litre se dissocient. On obtient :
[MLn] M nL
Concentrations initiales C 0 0
Concentrations à l’équilibre C-α α nα
Donc [M] = [L]/n = α
Nous n’envisagerons ici que le cas des complexes peu dissociés pour lesquels la concentration
en métal [M] est négligeable devant la concentration en complexe non dissocié [MLn]. Cette
hypothèse devra être vérifiée a posteriori en s’assurant que C (≡[MLn]) ≥ 10 [M]. Dans ce cas
C = [MLn] + [M] ≡ [ML]
La concentration en complexe non dissocié [MLn] peut être confondue avec la concentration
initiale C en complexe.
- Calcul de la concentration en ligand [L] et de son cologarithme pL
Exprimons Kc en fonction de [L] et de C :
Kc = [M][L]n/[MLn] = [L]n+1/nC
D’où [L]= (nCKc)1/n+1, soit pL = colog [L] = 1/n+1 (pKc – log nC), pour n =1,
pL = ½(pKc – log C)
On obtient une formule analogue à celle permettant le calcul du pH d’un acide faible
connaissant sa concentration initiale et son pKa.
- Calcul de la concentration en métal M et son cologarithme pM
Exprimons Kc en fonction de [M] et de C
Kc = [M][L]n/[MLn] = [M](n[M])n/[MLn] =[M]n+1 nn/C
D’où [M]= (Kc C/nn)1/n+1, soit pM = colog [M] = 1/n+1 (pKc – logC/nn),
pour n =1, pM = ½(pKc – logC)
ML prédominant M prédominant
pL
pKc -1 pKc pKc +1
ML prédominant L prédominant
pL
pKc -1 pKc pKc +1
e. Complexe amphotère
Dans certains cas, un complexe ML peut se comporter comme un ampholyte : c’est un
donneur de ligand selon l’équation [ML] ↔ M + L caractérisée par pKc1
C’est un accepteur de ligand selon l’équation [ML2] ↔ [ML] + L caractérisée par pKc2.
Une solution d’un complexe [ML] peut être considérée comme le mélange en quantité
équivalente du donneur de ligand [ML2] et de l’accepteur non conjugué M.
D’où pL = ½ (pKc1 + pKc2)
pKc’
pKc
pKc - pKa
A. Courbes de titrage
On titre 100 mL d’une solution de molarité C° en M par une solution de molarité C° en L.
V mL de solution de
ligand L de molarité C°
M + L ↔ ML avec Kc = [M].[L]/[ML]
100 mL M
Molarité C°
pL
0 50 100 V (mL)
2. Etude de pM = f(v)
V = 0 mL : [M] = C°, donc pM = - log C°;
V mL compris entre 0 et 100 mL : une partie des ions M se trouvent sous forme ML. Dans la
solution existent donc un mélange de M et de ML :
pM = - log [M] avec [M] = 100C°-VC°/100 + V donc ,
pM = - log (100C°-VC°)/(100 + V) = - log C° (100 – V)/(100 + V)
V = 100 mL : la quasi-totalité de M a été transformée en ML. La solution peut donc être
considérée comme une solution ne contenant que le complexe ML à une molarité C égale à
C = C° 100/(100 + V) donc, pM = ½ (pKc – log C)
V > 100 mL : le ligand L ajouté reste sous forme libre. La solution contient donc un mélange
de ML et de L.
Donc, pM = pKc + log [L]/[ML] avec [L] = (VC° – 100C°) et [ML] = 100C°/(100 + V)
Donc pM = pKc – log (V – 100)/100
pL
Equivalence
0 50 100 V (mL)
L L L
M à doser M ML
MI ML I libre
MI
Exemple d’indicateurs de M
- Le Noir Eriochrome ou N.E.T. : c’est un indicateur très utilisé notamment lors des
dosages de Mg2+
- Indicateur de Patton et Reeder : il est très utilisé en biologie pour les ions Ca2+
- Le pyridil-2’ ou P.A.N. : c’est un indicateur des ions Cu2+
- La murexide : très utilisée lors du dosage des ions Ca2+. L’intérêt majeur de cet
indicateur est qu’il est possible, en choisissant de façon judicieuse les conditions
opératoires, de rendre son visage spécifique des ions Ca2+ même en présence d’ions
Mg2+, Ba2+, Sr2+ en quantité équivalente.
X = VeqC°/V°
2. Dosage indirect (par retour)
V° mL d’une solution de Mn+ de molarité x à déterminer
V1 mL d’une soultion de Y4- de molarité C°
Veq mL d’une solution de Mg2+ de molarité C°
versés pour atteindre le point d’équivalence
x = (V1C° - VeqC°)/V°
Cette méthode est utilisée lorsque l’on ne dispose pas d’indicateur pour l’ion Mn+.
x = VeqC°/V°
Cette méthode, comme la précédente, est utilisée lorsque l’on ne dispose pas d’indicateur
pour l’ion Mn+2.
Exemple du titrage de Cd2+ par EDTA
I. Notions générales
A. Définitions : oxydant-réducteur, couple redox
1. Oxydo-réduction
Une réaction d’oxydo-réduction (O.R.) est une réaction d’échange d’électrons (e-) entre un
donneur et un accepteur d’électrons. L’oxydation correspond à une perte d’électrons et la
réduction à un gain d’électrons.
Un oxydant est une espèce chimique (atome, ion ou molécule) capable de fixer un ou
plusieurs électrons.
Exemple: I2 + 2 e- → 2 I-
Fe3+ + e- → Fe2+
Un réducteur est une espèce chimique (atome, ion ou molécule) capable de céder à une autre
espèce un ou plusieurs électrons.
Exemple : 2 I- → I2 + 2 e-
Fe2+ → Fe3+ + e-
I- est la forme réduite, I2 est la forme oxydée. Fe2+ est la forme réduite, Fe3+est la forme
oxydée.
2. Couple redox
Nous venons de voir que :
- Fe3+ est un oxydant car il peut accepter des électrons en se transformant en sa forme
réduite Fe2+ ;
- Fe2+ est un réducteur car il peut céder des électrons pour se transformer en sa forme
oxydée Fe3+ .
Fe3+ est la forme oxydée de Fe2+ . Fe2+ est la forme réduite de Fe3+ . Fe3+ et Fe2+ forment
ensemble le couple redox Fe3+/ Fe2+ (par convention on fait figurer en tête l’oxydant). De
la même façon, I2 et I- forment ensemble le couple redox I2/ I- . De façon générale nous
écrivons :
Ox + n e- ↔ Red
Les e- n’existent pas à l’état libre en solution aqueuse. Pour qu’un oxydant puisse fixer les e - ,
il faut qu’il y ait en présence un réducteur susceptible de les lui céder. D’après la règle de la
conservation des e- , les nombres d’ e- cédés (par le réducteur) et d’ e- fixés (par l’oxydant)
doivent être égaux. Le nombre d’e- échangés étant constant dans les deux couples redox, on
pourra déterminer facilement les coefficients stœchiométriques de la réaction totale.
Exemple:
Sn2+ - 2 e- → Sn4+
(Fe3+ + e- → Fe2+) × 2
2 Fe3+ + Sn2+ → 2 Fe2+ + Sn4+
B. Nombres d’oxydation
L’oxydation et la réduction peuvent être décrites par la variation du nombre d’oxydation
(n.o.). Le n.o. est un nombre positif ou négatif, entier ou fractionnaire qui quantifie la perte ou
le gain d’e- par rapport à l’atome neutre. On l’indique en chiffres romains.
Exemple :
Cu2+, n.o. = + II, Cu (atome neutre), n.o. = 0, Cl- n.o. = - I
La somme des n.o. de tous les éléments d’une espèce chimique est égale à la charge portée par
cette espèce.
Dans un corps composé, en général :
- Le n.o de l’oxygène est égal à – II (sauf pour les peroxydes et les superoxydes) ;
- Le n.o de l’hydrogène est égal à + I (sauf pour les hydrures).
Exemple : calcul du n.o du chrome dans l’ion dichromate Cr2O72-
n.o. de O = - II, 2 (n.o Cr) + 7 (n.o O) = - 2, d’où n.o Cr = + VI
Une oxydation se traduit par une augmentation du n.o : FeII - e- → FeIII
Une réduction se traduit par une diminution du n.o : CrVI + 3 e- → CrIII
L’équilibrage d’une réaction d’O.R. à l’aide des n.o est basé sur la conservation de la somme
des n.o. Il faut au préalable repérer l’élément qui est réduit et celui qui est oxydé. Pour chaque
élément, la variation totale du n.o est la même en valeur absolue.
D. Prévision du sens d’une réaction d’O.R. Force des oxydants et des réducteurs
Une réaction d’O.R. n’a lieu que si deux couples redox (1 et 2) sont opposés, chacun ayant
son propre potentiel normal.
Ox1 + n1 e- → Red1
Ox2 + n2 e- → Red2
- Si l’équilibre va dans le sens Ox1 + Red2 → Red1 + Ox2 , cela veut dire que Ox1
oxyde Red2 et que Ox2 ne peut oxyder Red1 . Donc Ox1 est un oxydant plus fort que
Ox2 . Si l’équilibre va dans le sens inverse, Red2 est un réducteur plus fort que Red1 .
- Pour que l’équation d’O.R. se réalise, il faut que les deux couples échangent le même
nombre d’e-.
L’équation devient donc : n2Ox1 + n1Red2 ↔ n2Red1 + n1Ox2 Cet équilibre est
déterminé par une constante K.
K = [Red1]n2[ Ox2]n1/[ Ox1]n2[ Red2]n1
Les concentrations sont exprimées en molarité et n sont les coefficients stoechiométriques.
Si K > 1, [Red1] > [ Ox1] et [ Ox2] > [ Red2]. Le couple 1 est donc réduit par le couple 2 et
la réaction évolue dans le sens 1.
Si K < 1 : c’est l’inverse : le couple 1 est oxydé par le couple 2.
A l’équilibre de la réaction redox, tous les couples sont obligatoirement au même potentiel :
E1 = E2.
E1° + (0,06/n) log [Ox1]/[Red1] = E2° + (0,06/n) log [Ox2]/[Red2]
En multipliant les deux membres par n1.n2, on obtient :
log[Red1]n2[ Ox2]n1/[ Ox1]n2[ Red2]n1 = n1.n2 (E1° - E2°)/0,06 = log K
Pour que la réaction évolue dans le sens 1 (K > 1) il faut que E1° soit supérieur à E2°.
On conclut que tous les oxydants des couples qui ont un potentiel normal supérieur au
potentiel normal d’un réducteur d’un autre couple, l’oxydent. Tous les réducteurs des couples
qui ont un potentiel normal inférieur au potentiel normal d’un oxydant d’autre couple, le
réduisent.
Le potentiel normal redox est une grandeur relative qui permet le classement quantitatif des
réactions d’oxydo-réduction. Le système de référence est le couple 2 H+/H2 dont le potentiel
normal est, par convention, égal à 0 volt. Les potentiels standards sont classés par ordre
croissant. Plus le potentiel est élevé, plus la forme oxydée a « tendance » à accepter les e-.
Pour que la réaction O.R. soit pratiquement totale, il est nécessaire que l’écart des potentiels
standards atteigne 0,27 V au minimun.
En pratique, on utilise la règle du gamma ∂ :
Exemple : Cu2+ + Fe0
E0
Cu2+ Cu0 E0 (Cu2+/ Cu0) = + 0,34 V
E° - (0,06/n). x. pH est appelé potentiel normal apparent E’° qui est variable pour
chaque valeur de pH. Le pH influence le potentiel d’équilibre d’un couple redox et
permet de définir des diagrammes de prédominance.
- Si E° = E’°, [Ox1]/[Red1] = 1, le couple est donc inerte vis-à-vis du pH ;
- Si E° > E’°, [Ox1]/[Red1] > 1, l’oxydant prédomine ;
- Si E° < E’°, [Ox1]/[Red1] =<1, le réducteur prédomine.
Si pH augmente, E’° diminue, donc : le pouvoir de l’oxydant diminue et le pouvoir du
réducteur augmente.
E’°
E’° = E°
pHi pH
C. La courbe de titrage
Supposons que l’on se propose de titrer 100 mL d’une solution de Fe2+ de molarité C° par
une solution de Ce4+ de même molarité C° ; Le dosage est - il possible ?
V mL de solution de E0
Ce4+ de molarité C°
Ce4+ Ce3+ E0 (Ce4+/ Ce3+) = + 1,44 V
Fe2+ manifeste ses propriétés réductrices : tout se passe donc comme si, en solution,
nous avions uniquement un mélange de Fe2+ et de Fe3+.
[Fe2+] = (100C° - VC°)/(100 + V) = C°[(100 – V)/(100 + V)] et [Fe2+] = C° [V/(100 + V)]
E = E°2 + 0,06 log [Fe3+]/[Fe2+] = 0,77 + 0,06 log[Fe3+]/[Fe2+] = 0,77 + log V/(100 – V)
- V = 100 mL : c’est le point équivalent de la réaction. Tous les ions Fe2+ ont été oxydés
en Fe3+, ainsi [Ce3+] = [Fe2+].
E = (n1E°1 + n2E°2)/(n1 + n2) = (1E°1 + 1E°2)/(1 + 1) = 1,11 V
- V > 100 mL : dans la solution existent deux ions oxydants Fe3+ et Ce4+ et un ion
réducteur Ce3+. On considère que, parmi les deux ions oxydants, seul l’oxydant le
plus fort Ce4+ manifeste ses propriétés oxydantes. Tout se passe donc comme si nous
n’avions en solution que le coupe Ce4+/Ce3+.
Avec [Ce4+] = (VC° - 100C°)/(100 + V) = C°[(V - 100)/(100 + V)] et
[Ce3+] = C° [100/(100 + V)]
E = E°1 + 0,06 log [Ce4+]/[ Ce3+] = 1,44 + log (V- 100)/100
E en Volts
L’allure d’une courbe de titrage présente la
même évolution que celle d’un titrage acido-
basique ou d’un titrage complexonométrique
1,11
0,77
Equivalence
V. Applications quantitatives
Les méthodes de dosage en O.R. se classent suivant deux critères :
La nature du réactif ;
Le principe direct ou indirect du dosage (comme en acido-alcalimétrie ou
complexométrie).
Les réactifs titrants ou solutions étalons peuvent être les suivants :
A. Principales solutions étalons réductrices
1. Solutions de FeII
Elles se préparent à partir du sulfate d’ammonium et de fer hexahydraté. Ces
solutions ne sont pas stables en milieu neutre et le Fe2+ a tendance à s’oxyder. Pour
cette raison, elles sont surtout utilisées en dosage indirect. C’est le cas du dosage
par FeII : du CeIV, du CrVI, de l’hydroxyamine ; du MoVI, des ClO-3…
2. Le thiosulfate de sodium : Na2S2O3
Ce réducteur stable est très utilisé pour doser l’iode (qu’il soit directement en
solution ou provienne d’une autre réaction d’O.R.)
2 S2O32- + I2 → 2 I- + S4O62-
Cette réaction est appliquée au dosage de l’hypochlorite de sodium NaClO (eau
de javel)
A une prise d’essai de solution d’hypochlorite, on ajoute un large excès de KI :
ClO- + 2 I- + 2 H+ → Cl- + I2 + H2O
I2 est titrée par une solution étalon de Na2S2O3, ce qui permet de déterminer le titre
en ClO-.
1. Manganimétrie
La manganimétrie comprend tous les titrages basés sur l’emploi d’une solution
aqueuse de permanganate de potassium en milieu acide.
Le potentiel élevé du couple MnO-4/Mn2+ (E° = 1,51 V à pH = 0) traduit la force
du pouvoir oxydant de MnO-4.
MnO-4 (violet) + 8 H+ + 5 e- → Mn2+ (incolore) + 4 H2O
Le MnO-4 est lui-même l’indicateur coloré. On parle pour cette raison de système
« auto indicateur ».
Attention : il est absolument nécessaire d’opérer en milieu dont le pH est proche
de zéro. En effet, si l’on n’opère pas en milieu très acide, l’oxydation totale par
MnO-4 est incomplète et il y a formation de MnO2(s).
En manganimétrie, les dosages sont pratiqués en présence d’acide sulfurique.
L’acide chlorhydrique ne peut être utilisé car il serait lui-même oxydé par MnO-4
avec libération de chlore.
En milieu sulfurique, le pouvoir oxydant d’une mole de permanganate correspond
à cinq équivalents. Le titrage des solutions de MnO-4 peut-être effectué à l’aide :
La solution titrée de KMnO4 peut être utilisée pour doser en direct un grand nombre d’espèces
moins oxydantes : l’eau oxygénée (méthode de la pharmacopée), les oxalates, les arsénites,
les nitrites et, d’une manière générale, des cations métalliques réducteurs qui ont un potentiel
normal d’oxydo-réduction suffisamment inférieur à 1,5 V (Fe2+, Sn2+, V3+, Mo3+…).
2. Cérimétrie
La cérimétrie regroupe l’ensemble des titrages réalisés à l’aide de solutions titrées de Ce IV. Le
potentiel du couple CeIV/CeIII est égal à 1,44 dans des solutions 1 M en H2SO4. Les solutions
dans d’autres acides (HNO3, HClO4) ne sont pas stables.
Pour préparer les solutions étalons de CeIV , on utilise le sufate d’ammonium cériqueIV
[Ce(SO4)2.2(NH4)2SO4.2H2O] qui est plus soluble que le sulfate de cérium.
CeIV + e- → CeIII (une mole de CeIV engage un équivalent Red-Ox).
Les solutions de CeIV sont titrées avec les mêmes étalons que ceux utilisés pour le
permanganate. L’indicateur utilisé est le complexe FeII – phénantroline ou ferroïne qui passe
de l’oragné au bleu pâle. La cérimétrie a les mêmes apllications que la manganimétrie. Elle
est utilisée pour le dosage de composés organiques possédant des groupements fonctionnels
oxydables (dosage du paracétamol après hydrolyse en 4-amino-phénol : méthode de la
pharmacopée européenne).
3. Chromimétrie
La chromimétrie comprend l’ensemble des dosages réalisés au moyen de solutions titrées de
dichromate de potassium : K2Cr2O7 ;
L’oxydation de nombreuses substances par Cr2O72- s’accompagne d’une réduction de CrVI en
Cr3+. Le dichromate de K est orange, tandis que les sels de chrome Cr 3+sont bleu-vert. Ce
virage de couleur est mis à profit dans les éthylotests mais cette variation de teinte n’est pas
facile à saisir au cours d’un titrage. On utilise comme indicateur l’acide
diphénylaminosulfonique qui vire du violet à l’incolore.
La réaction de réduction du dichromate a un potentiel de : E° = + 1,33 V à pH = 0.
Cr2O72- + 14 H+ + 6 e- → 2 Cr3++ 7 H2O
(une mole de Cr2O72- engage six équivalent Red-Ox).
Bien que légèrement moins oxydantes que les solutions de permanganate (E° = 1,51 V), les
solutions de dichromate sont très stables, n’oxydent pas les chlorures et sont d’un faible coût.
Les dosages chromimétriques sont des dosages en retour. On détermine l’excès de Cr 2O72-
non utilisé en présence d’iodure de potassium. La quantité équivalente (à l’excès) d’iode
libéré est déterminée à l’aide d’une solution titrée de S2O32-.
C’est le principe de la méthode de Cordebard qui est la méthode légale officielle du dosage de
l’alcoolémie, après distillation de l’alcool.
C2H5OH + H2O → CH3COOH + 4 H+ + 4 e (1 mole C2H5OH → 4 e-)
Cr2O72- + 14 H+ + 6 e- → 2 Cr3++ 7 H2O (1 mole Cr2O72- → 6 e-)
KI excès d’iodure
S2O32- M2V2
4. Iodométrie
Les solutions d’iode sont faiblement oxydantes mais peuvent être utilisées pour le dosage de
réducteurs puissants :
I3- + 2 e ↔ 3 I- E° = + 0,54 V
où I3- est l’ion formé par dissolution de l’iode dans des solutions concentrées en iodure de
potassium : I2 (s) + I- → I3-
Les solutions d’iode sont jaune brun. Les solutions d’iodure sont incolores.
Le couple I2 / I- est utilise car : il est son propre indicateur ; il n’est pas sensible au pH ; la
valeur moyenne de E° permet d’utiliser : soit le pouvoir oxydant de l’iode sur de nombreux
réducteurs, soit le pouvoir réducteur des iodures vis-à-vis de certains oxydants. Dans le
premier cas, on effectue un dosage par l’iode, dans le second, un dosage d’iode libéré à partir
d’un iodure.
On peut utiliser l’emplois d’amidon qui permet de mieux voir la zone de virage (coloration
bleue quand il y a I2 en excès)
Ce dosage direct est appliqué aux dosages du thiosulfate de sodium, de l’anhydride arsénieux,
des cyanures alcalins, du mercure, du formol,…
aAn aBm > KspAnBm, alors une partie des ions Am+ et en ions Bn- précipitent sous forme
AnBm↓. L’équilibre solide/solution existe. La solution aqueuse contient les ions restant
Am+ et Bn- en équilibre avec le solide formé :
AnBm↓↔ n Am+ + m Bn-
Dans la solution a’An.a’Bm = KspAnBm ; a’A <aA théorique, a’B<aB théorique.
Exemple – Formation d’un sel AB à partir d’une solution de sel soluble A+, NO3- lors
de l’addition d’une solution de sel soluble B-, Na+.
Composition de la solution initiale [A+]= [NO3-]= Co , soit ao l’activité des ions A+ dans la
solution initiale. On ajoute petit à petit des ions B- (on supposera qu’il n’y a pas de variation
de volume).
- Tant que aB < KspAB/ao , la solution aqueuse reste limpide ; tous les ions B- et tous les
ions A+ sont en solution ;
- Lorsque aB devient juste égal à KspAB/ao, c’est le début de précipitation, situation
limite où tout B- est en solution, A+ étant en solution à sa concentration théorique ;
- Si aB théorique devenait tel que aB.a0 serait supérieur à KspAB, la situation étant
impossible, AB↓précipite. Dans la solution : aB aA = KspAB ; avec aA < a0 et aB < aB
théorique.
On parlera de fin de précipitation lorsque la quantité de A restant en solution est < 1/1000 de
la quantité initiale. Attention aux variations de volume).
Exemple- Titration d’une solution d’ions Cl- par des ions Ag+ (titrimétrie).
On titre 20 mL de solution de NaCl 10-2M par une solution de AgNO3 1,5.10-2M. Quelle
serait la quantité de Cl- restant en solution au point équivalent ?
Réponse : Ag+ + Cl- ↔ AgCl↓ :
- Dans le bilan de masse des Cl-, [AgCl↓] représente la concentration en Cl- disparus de
la solution, Ctotale Cl- =([ AgCl↓] + [Cl-])
- Dans le bilan de masse des Ag+, [AgCl↓] représente la concentration en Ag+ disparus
de la solution, Ctotale Ag+- =([ AgCl↓] + [Ag+]) ;
- Au point d’équivalence, la quantité d’ions Ag+ introduite est égale à 0,20 mmol.
(quantité d’ions Cl- à doser). Le volume v’ de solution de Ag+, NO3- 1,5. 10-2 M utilisé
est de 0,20/0,015 = 33,33 mL. Le volume total de la solution est v = 20 + 13,33 =
33,33 mL.
La quantité de Cl- restant en solution est : 33,33.1,34. 10-5 = 44,67.10-5 mmol.
Ces ions Cl- restant en solution ne constituent pas ici (en titrimétrie) une erreur puisque la
même quantité d’ions Ag+ reste aussi en solution.
b. Sur la dissolution
Problème : quel est le volume d’eau minimal nécessaire pour dissoudre une quantité q 0 de
soluté ?
On veut dissoudre une quantité q0 d’un sel AB peu soluble (électrolyte fort) :
AB (dissous) → A+ + B-
On envisagera le cas simple d’une dissolution sans réaction secondaire, seuls A+ et B-
apparaissent, [A+]= [B-]. Si tout q0 est dissout dans un volume V, [A+]= [B-]= q0/V
avec aB aA < KspAB puisque tout est dissout. Le volume minimal Vo est tel que : [A+]o= [B-]o=
q0/Vo et que : aA aB est juste = KspAB . Dans la mesure où AB, composé peu soluble, est mis
seul en dissolution aA = [A+], aB = [B-]. [A+][B-] = KspAB
Pour V > Vo : [A+]= [B-]= q0/V < q0/Vo, on retrouve bien que [A+][B-] < KspAB, donc que la
concentration de la solution est inférieure à la concentration de la solution saturée.
Exemple – le produit de solubilité de chlorure d’argent AgCl, KspAgCl = 1,8.10-10. Quelle est sa
solubilité s de AgCl dans l’eau pure ?
La solution saturée de AgCl dans l’eau pure est telle que en solution :
[Ag+]=[Cl-]= s (s s’exprime en mol.L-1) ; KspAgCl =[Ag+][Cl-]= s2
[Ag+]=[Cl-]= √KspAgCl =1,34 . 10-5 mol.L-1 ; sAgCl = 1,34.10-5 mol.L-1
Pour les halogénures :
Pour AgCl : KspAgCl = 1,8 . 10-10 ; sAgCl = 1,34.10-5 mol.L-1
III. Solubilité des composés peu solubles dans des solutions complexes
A. Solubilité dans des solutions homoioniques : effet d’ion commun
Une solution est dite homoionique à une solution de AB si elle apporte soit des ions A, soit
des ions B. Ce sera par exemple :
- Une suspension de AgCl↓ dans une solution d’ions Ag+ apportés par un réactif
(exemple AgNO3) ;
- Une suspension de AgCl ↓dans une solution d’ions Cl- apportés par un réactif
(exemple KCl) ;
- Le mélange d’ions Ag+ et Cl- apportés tous deux par des solutions de sels solubles,
(par exemple AgNO3 et NaCl) en proportions différentes (l’un étant en excès par
rapport à l’autre).
Dans ces trois cas, ces ions entraînent un recul d’équilibre par effet d’ions communs :
AgCl ↓↔ Ag+ + Cl-
2. Dosage gravimétrique
La gravimétrie est une très ancienne méthode qui consiste à mesurer une masse à l’aide d’une
balance. C’est la méthode de mesure la plus précise. Elle s’applique au dosage d’ions
capables de former un composé peu soluble. Celui-ci est alors récupéré sous forme d’un
précipité qui est lavé et séché à poids constant. La masse de ce précipité est quantifiée par
pesée. A cette masse correspond une masse de l’ion initialement présent dans le volume
d’échantillon étudié.
Certes, quelques ions restent en solution puisque l’équilibre solide ↔ ions constitutifs en
solution est toujours respecté. Ces ions échappent à la pesée et constituent de ce fait l’erreur
du dosage. Cette quantité est, toutefois, très minime. Ceci explique que la gravimétrie reste
2. Influence des ions ou des molécules susceptibles de réagir avec les anions ou
cations constitutifs du composé peu soluble
Considérons, dans un milieu donnant lieu à des réactions secondaires, l’équilibre :
AX↓↔ A+ + X- KspAX
Lorsque AX↓ est équilibre avec la solution saturée de ses ions, l’addition de Y- soustrait les
ions A+, AY se forme, et AX↓ se redissout afin de répondre à la constante KspAX puisque du
solide AX est toujours en équilibre avec la solution.
Soit s’ la solubilité de AX dans le milieu contenant Y- ; X- ne provenant que de la dissolution
de AX, [X-] = s’. Tandis que s’ = ∑A = [A+] + [AY] avec [AY] = KAY[A+][Y-]
s’ = [A+][1 + KAY [Y-]] ; [A+] = s’/(1 + KAY [Y-]) ; KspAX = s’2/(1 + KAY [Y-]) = s2
s’ > s puis que KAY[Y-] > 0 ; (1 + KAY [Y-]) est d’autant > 1 que KAY est plus grand. Il y a
dissolution de AX et ce d’autant plus que KAY est plus grand.
Problème : quelles sont les conditions minimales de dissolution totale d’un sel peu soluble à
l’aide d’un réactif Y (on négligera l’influence de la force ionique) ?
Exemple : Soit un composé AX de pKspAX = 8,0.
Quelle est la concentration minimale à donner à un réactif Y- pour dissoudre 10-3 mol. de AX
dans 1 litre, sachant que A+ + Y- ↔ AY avec KAY = [AY]/[A+][Y-]= 103 ?
Question non superflue : a -t-on besoin d’ajouter Y- pour dissoudre AX à 10-3 mol.L-1 ?
Réponse : oui puisque la solubilité dans l’eau pure s = √10-8 = 10-4M ; sans ajout de réactif on
ne pourra pas dissoudre plus de 10-4mol.L-1 de AX.
Si on dissout, à l’aide de Y, 10-3 mol.L-1 de AX, [X-] = 10-3 M, et [AY]/[A+][ Y-]= 103 .
[A]total =[A+] + [A Y]
Or, si AX est totalement dissout, [A+][ X-] < 10-8 ; [ X-] < 10-3 M, [A+] < 10-5 M
Les conditions minimales de dissolution correspondent au cas limite où, A + et X- étant en
solution, [A+][X-] < 10-8 . Dans la solution à l’équilibre, à la limite de dissolution, [X-] <
10-3 M, [A+] < 10-5 M
[AY] + 10-5 = 10-3 M ; [AY] ≈ 10-3 M ; 10-3/10-5[Y-] = 103 ; [Y-]eq = 10-1 M
La question posée concerne la concentration en Y du réactif.
Concentration en Y- du réactif = [Y-]eq + [AY]eq = 10-1 + 10-3 = 1,01.10-1M
En résumé : la quantité de Y- à introduire dans un litre d’eau pour dissoudre 1 mmol. de AX
est : 0,101 mol. (101 mmol.), soit ≈ 100 fois plus.
Différentes réactions chimiques peuvent être mises en jeu pour dissoudre un composé peu
soluble, en solution aqueuse : les réactions acide-base (influence du pH) ; les réactions de
complexation (influence des agents complexants) ; les réactions de précipitation (influence
d’ions susceptibles de former d’autres composés peu solubles).
Analyse dichotomique des ions Men+ basée sur la solubilité des sulfures Me2Sn en milieu
acide (exemple : cas des ions Me2+)
Principe : Me2+ + S2- ↔ MeS↓ caractérisé par KspMeS
En solution aqueuse S2-est la dibase du diacide H2S.
H2S + H2O ↔ HS- + H3O+ Ka1 = 10-7
HS- + H2O ↔ S2- + H3O+ Ka1 = 10-14
La concentration en [H2S] de sa solution saturée 10-1 mol.L-1
[S2-] = Ka1Ka2[H2S]/[H3O+]2 ; [S2-] = 10-710-1410-1/[H3O+]2 ; [S2-] =10-22/[H3O]2
Lorsque le pH diminue la concentration [H3O+] augmente, la concentration en forme [S2-]
diminue.
[Cd2+] < 10-2/1000 < 10-5 M ; KspCdS = 10-26 ; [S2-] > 10-26/10-5 ; 10-26/[H3O+]2 > 10-21
[H3O+]2 < 10-1 pH > 0,5
- 2e condition : laisser les ions Zn2+ en solution :
[Zn2+][ S2-] < KspZnS = ; [Zn2+] = 10-2 mol.L-1; [S2-] < 10-21/10-2 ; [S2-] < 10-19
10-22/[H3O+]2 < 10-19
[H3O+]2 > 10-3 ; pH < 1,5 au total : 0,5 ≤ pH < 1,5
2e Partie du problème : il faudra à nouveau que l’on puisse répondre aux deux conditions :
ZnS « totalement » précipité, Mn 2+ reste en solution…
La démonstration sera analogue. Réponse : 3,0 ≤ pH < 4,0
b. Influence de la complexation
Soit une suspension d’un composé peu soluble (solide en équilibre avec sa solution aqueuse
saturée).
MeX↓ ↔ Me+ + X- KspMeX
- un ligand Z aura une influence sur l’équilibre de la solution si :
Me+ + Z ↔ MeZ+ KsMeZ
- un métal A aura une influence si : X- + A ↔ AX- KsAX
Dans le premier cas, Me+ se trouve soustrait de la solution aqueuse. Dans le deuxième cas,
c’est X- qui est soustrait de la solution aqueuse. L’équilibre MeX↓ ↔ Me+ + X- est perturbé ;
MeX↓se dissout afin de répondre à KspMeX.
Exemple : étude de la solubilité en solution aqueuse ammoniacale d’un sel d’argent peu
soluble dans l’eau
Les halogénures (Cl-, Br-, I-) d’argent sont des sels peu solubles dans l’eau. Chaque
halogénure AgX est caractérisé par un KspAgX.
AgX↓ ↔ Ag+ + X- avec KspAgX
Sachant que l’ion Ag+, en solution aqueuse, en présence d’ammoniaque, conduit à des
complexes successifs :
Ag+ + NH3 ↔ AgNH3+ ks1 = 103,3
AgNH3+ + NH3 ↔ Ag(NH3)2+ ks2 = 103,9
ks1 = 103,3=[AgNH3+]/[Ag+][NH3] ks2 = 103,9= [Ag(NH3)2+]/[AgNH3+][NH3]
Soit s’ la solubilité en mol.L-1 de l’halogénure d’argent AgX dans la solution aqueuse de NH3.
[X-] = s’ et s’ = ∑Ag en solution = [Ag+] + [AgNH3+] + [Ag(NH3)2+]
[AgNH3+] = ks1[Ag+][NH3]; [Ag(NH3)2+] = ks1ks2[ Ag+][NH3]2
s’ = [Ag+] (1 + ks1[NH3] + ks1ks2[NH3]2)
KspAgX = ∂Ag+.∂X [X-][Ag+] = (s’) s’/(1 + ks1[NH3] + ks1ks2[NH3]2) ∂Ag+.∂X
On négligera l’influence de la force ionique ∂Ag+= ∂X = 1
s’2 = KspAgX (1 + ks1[NH3] + ks1ks2[NH3]2);
2 log s’= log KspAgX + log(1 + ks1[NH3] + ks1ks2[NH3]2)
log s’ = ½ log KspAgX + ½ log (1 + ks1[NH3] + ks1ks2[NH3]2)
Pour tracer le graphe rapidement, on étudiera les cas limites où certaines formes peuvent être
considérées comme négligeables par rapport aux autres.
Cas limites
- 1 > 103,3[ NH3] + 107,2[ NH3]2
s’ = s = √KspAgX log s’ = log s (solubilité dans l’eau)
Solubilité minimum, la concentration en NH3 est sans influence lorsque :
103,3[NH3] + 107,2[ NH3]2 ≤ 10-2 ; [NH3] ≤ 4,8. 10-6M ; pNH3 ≥ 5,32
- 107,2[NH3]2 ≥ 1 + 103,3[NH3]
(la concentration en NH3 est importante, la forme complexée diammine est
prépondérante)
log s’ = ½ log KspAgX + ½ log (107,2[NH3]2) = ½ log KspAgX + 3,6 - pNH3
log s’ = f(pNH3) est une droite de pente -1 lorsque :
107,2[NH3]2 ≥ 100 (1 + 103,3[NH3]) ; [NH3] ≥ 1,31.10-2 M ; pNH3 ≤ 1,88
En résumé :
- pNH3 ≥ 5,32
log s’ = log s = ½ log KspAgX
log s’AgCl = -4,87; log s’ AgBr = -6,14; logs’ AgI = -8
- pNH3 ≤ 1,88
log s’ = ½ log KspAgX + 3,6 - pNH3
pour AgCl , log s’= -1,27 - pNH3; pour AgBr, log s’ = -2,54 - pNH3; pour AgI, log s’
= -4,4 - pNH3
log s’
AgCl
AgBr
-1,27
AgI
-2,54
-4,4
-4,87
Limite de concentration
en NH3 d’une solution
aqueuse d’ammoniaque
1er cas : KspBA2 < KspBA1 ; BA2 est moins soluble que BA1
Exemple : On dispose d’une suspension de BA1 seul dans l’eau pure, KspBA1 = 1,8.10-10
BA1 ↓↔ B+ + A1-(la situation initiale dans la solution est [B+] = [A1-] = 1,3. 10-5 M)
Pour quelle concentration en (A2-), BA2 commence-t-il à précipiter ?
BA2 précipite si [A2-] ≥ (5,25.10-13)/(1,34.10-5) soit si [A2-] ≥ 3,92.10-8 M (soit pour un volume
ajouté de l’ordre de µL). Plus on ajoute de A2-, plus BA1 (solide) se dissout ; A1- reste en
solution, B est sous forme de précipité BA2 ; [A1-] est le reflet de la dissolution de BA1.
Cas le plus fréquent : Les deux Ksp des deux sels ayant un ion commun sont nettement
différent l’un de l’autre.
Exemple :
KspBA1 ≥ KspBA2 (KspBA1 > 100 KspBA2)
[B+] = √KspBA1 ; [A1-] = KspBA1/√KspBA1 = √KspBA1 ; s’1 = [B+] = [A1-]
Pour BA1, sel le plus “soluble”, tout se passé comme si BA1 solide était seul dans l’eau pure ;
mais en revanche, pour le sel le moins soluble :
[A2-] = KspBA2 /√KspBA1 = s’2 est telle que :
s’2 < √KspBA2 puisque KspBA1 ≥ KspBA2 or √KspBA2 correspond à la solubilité dans l’eau
pure de BA2. Il y a recul de solubilité de BA2 , c’est-à-dire du composé le moins
soluble.
Influence des ions susceptibles de former plusieurs composés peu solubles, sur la réaction de
précipitation.
Il s’agit de précipitation compétitive où l’on pourra distinguer :
- La précipitation spécifique ou préférentielle
On recherche la précipitation d’un seul composé, puis d’un autre. Cette opération permettant
leur séparation, on parle aussi de précipitation séparative.
Les composés pourront être séparés dans la mesure où il sera possible de ne laisser en solution
qu’une quantité inférieure au 1/1000 de la quantité initiale du premier ion qui précipite sans
qu’un autre précipité commence à se former.
- La coprécipitation
Elle est également appelée précipitation simultanée avec toutefois un ordre privilégié menant
à une précipitation fractionnée.
a) Les différents ions ont des charges identiques :
Exemple classique : on veut doser un mélange d’halogénures par une solution de nitrate
d’argent.
Au mélange Cl- + Br- + I- de KspAgCl = 1,8.10-10, KspAgBr =5,25.10-13,
KspAgI = 10-16, on ajoute Ag+NO3-
La solution reste limpide tant que les ions Ag+ introduits ont une concentration
(Ag+) < KspAgI /( I-)o et < KspAgBr /(Br-)o et < KspAgCl /(Cl-)o
Les précipitations sont fonction des trois Ksp et de trois concentrations. Prenons l’exemple
d’une solution contenant les trois halogénures à des concentrations du même ordre de
grandeur : quelles sont les conditions pour que les précipitations des trois halogénures soient
parfaitement séparées lors de l’addition progressive d’ions Ag+ ?
AgI, le moins soluble, précipite le premier.
Si AgI est seul jusqu’au point d’équivalence, au point d’équivalence
[Ag+] =√ KspAgI = 10-8 M.
On voudrait que ni AgBr ni AgCl ne précipitent, soit [Ag+] <√ KspAgBr/CBr
CBr <5,25.10-13/10-8 CBr < 2,25.10-5 M (cas très peu probable) et [Ag+] <√ KspAgCl / CCl ,
CCl < 1,8.10-10/10-8 < 1,8.10-2 M.
AgBr précipitera le second : il commence à précipiter lorsque [Ag+] deviendra = KspAgCl /CBr
. De même lors de la formation de AgBr (titration des ions Br-), en théorie, si les ions Br- sont
seuls en solution, au point d’équivalence [Ag+] = [Br-] = √KspAgBr. Mais comme des ions Cl-
sont présents, on voudra que AgCl ne précipite pas, c’est-à-dire que [Ag+] < KspAgCl /CCl .
CCl < 1,8.10-10/√5,25.10-13 < 2,48.10-4 M ; le cas est peu probable : AgCl
commencera à précipiter lorsque [Ag+] deviendra égal à KspAgCl /CCl .
En conclusion, pour un mélange des trois halogénures, les conditions de précipitation
séparatives ne sont pas totalement respectées. Toutefois, si on suit le dosage en potentiométrie
à l’aide d’un barreau d’argent comme électrode indicatrice, il sera possible de chiffrer les trois
concentrations (mais il est impossible d’utiliser ces mesures pour déterminer KspAgI ou KspAgBr,
seul KspAgCl pourrait être mesuré).
b) Les différents ions ont des charges différentes (les sels peu solubles sont de types
différents) :
Exemple classique : un mélange d’ions chlorures + chromates : Cl- + CrO42-
Les ions chromates peuvent être utilisés en titration argentimétrique comme indicateur.
Ag2CrO4 est un sel rouge, peu soluble. Ag2CrO4 est plus soluble dans l’eau pure que AgCl.
En effet Ksp Ag2CrO4 = 1,29. 10-12 ; sa solubilité dans l’eau pure = 6,86.10-5 M (1,34.10-5 mol.L-1
pour AgCl). Lors d’une titration d’ions Cl-, on ajoute progressivement des ions Ag+. Si on
souhaite utiliser l’ion CrO42- comme indicateur de fin de réaction, il est nécessaire de
s’interroger sur plusieurs points :
- début de précipitation : on montre que AgCl précipite seul le premier ;
- on souhaite que Ag2CrO4 commence à précipiter au point d’équivalence : au point
d’équivalence, [Ag+] = [Cl-] = √ KspAgCl = 1,34.10-5 mol.L-1 ;
Pour que A g2CrO4 commence à précipiter au point d’équivalence, il faut que :
[CrO42-] = Ksp Ag2CrO4 /(Ag+)2 = 1,29. 10-12 /(1,34.10-5)2 ; [CrO42-] = 7,2.10-3 M.
Remarques pratiques:
- Si [CrO42-] est > 7,2. 10-3 M, il y aura début de précipitation avant le point
d’équivalence. Si [CrO42-] est < 7,2. 10-3 M, le début de précipitation aura lieu après le
point d’équivalence.
On choisira une concentration arbitraire raisonnable. Lors d’un dosage par définition, on ne
sait pas quel volume de solution antagoniste on devra utiliser pour obtenir le point
d’équivalence. On ne peut donc pas donner à la solution la concentration juste théorique en
chromate de 7,2. 10-3 M au point d’équivalence. On utilise une solution dans des conditions de
concentrations proches.
- Il s’agit d’une méthode d’indication utilisable en milieu neutre ou légèrement alcalin.
En effet :
CrO42- + H3O+ ↔ HCrO4- + H2O pKa = 6,5
HCrO4- + H3O+ ↔ H2CrO4 + H2O pKa = 0,7
Toute protonation de CrO42- le fera disparaître de la solution.
- Les ions CrO42- ne sont pas utilisables pour titrer des ions Ag+ par des Cl- (réaction de
titration inverse) car dans ce cas, au départ, Ag+ serait en présence de CrO42-donc
Ag2CrO4 serait formé avant toute addition de Cl-.
Au point d’équivalence, le déplacement de Ag2CrO4 par Cl- pour former AgCl serait trop lent,
donc trop tardif pour être utilisable comme indication dans un dosage.
- Par ailleurs, AgOH est un sel peu soluble, KspAgOH = 10-7,7 AgOH peut précipiter au
point d’équivalence si [OH-] = 10-7,7/1,34.10-5 = 1,49.10-3 M.
Soit si pH ≥ 11,17. Ceci explique que les ions CrO42- ne s’utilisent comme indicateur,
uniquement en milieu neutre ou légèrement alcalin.
D’une façon générale pour résoudre ce type de problèmes, il ne faut avoir aucun a
priori.
IV. Volumétrie par réaction de formation de composés peu solubles
A. Courbe de titrage
Soit à titrer 100 mL d’une solution 0,01 M en iodures par une solution 0,01 M en Ag+.
AgI↓ ↔ Ag++ I- pKspAgI = 16
La courbe de titrage représente la variation de pAg+ en fonction du volume v de solution
d’Ag+ versé.
- V = 0 mL : [Ag+] =0 donc pAg+ tend théoriquement vers + ∞ ;
- V mL (compris entre 0 et 100 mL) : AgI commence à précipiter. Le Ksp de ce
composé est vérifié.
V mL de solution de
Ag+ de molarité 0,01 M
100 mL de solution
[I-] = 100 M
pAg+
13,91
13,78 13,52 12,40 (pour v = 95)
13,15
10 25 50 75 100 v (mL)
Après le PE
Avant le PE Au PE
+ + +
Ag Ag Ag
AgCl ┐ AgCl ┐
-
+ Cl non ┐ AgCl ┐ Ag2CrO4 ┐
2- 2-
+ CrO4 ┐ 2-
+ CrO4 ┐ +CrO4 non ┐
La couleur du milieu réactionnel Les ions chromates n’ont pas La couleur du milieu
est imposée par la couleur encore commencé à précipiter. réactionnel est imposée par
jaunâtre des ions chromates La couleur du milieu réactionnel la couleur « rouge brique »
(jaunes) et de précipité (blanc) de est toujours jaunâtre imposée du précipité que forment les
+ 2-
AgCl en suspension. par les ions chromates. ions Ag avec les ions CrO4
Après le PE
Avant le PE Au PE
- - -
SCN SCN SCN
x = Veq C°/V°
2. Dosage indirect des halogénures chlorures et/ou bromures par les ions
Ag+ : Méthode de Charpentier-Vohlard
Cette méthode s’effectue en deux temps :
- Précipitation en mileiu nitrique des halogénures par un excès de solution titrée de
nitrate d’argent ;
- Dosage des ions Ag+ en excès par une solution titrée de thiocyanate de potassium.
La mise en évidence du point d’équivalence peut se faire :
Soit par potentiométrie ; soit par la formation d’un complexe Fe(SCN)2+ entre les ions
ferriques Fe3+ et les ions SCN-
V° mL d’une solution de X- de molarité x à déterminer
V1 mL d’une solution de Ag+ de molarité C°
Veq mL d’une soltion de SCN- de
molarité C versés pour atteindre le point d’équivalence
x = (V1C° - Veq C)/V°
Ca2+ ou Mg2+. Cette formation de complexe entraine une désactivation partielle de l’activité
du médicament.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Beljean-Leymarie, M., Dubois, J-P., Galliot-Guilley, M., 2009. Chimie analytique.
Chimie des solutions. 1ère Ed, Masson, Paris.
2. Berg, J.M., Tymoczko, J.L., Stryer, L., 2007. Biochimie. 6è Ed, Flammarion, Paris.
3. Charlot, G., 1969. Les réactions chimiques en solution. L’analyse qualitative minérale.
6è Ed, Masson et Cie, Paris.
4. Rouessac, F ; Rouessac, A ; Cruché, D ; 2004. Analyse chimique. Méthodes et
Techniques instrumentales modernes. Dunod, 6è Ed, Paris.
5. Skoog, West, Holler, 2002. Chimie analytique. De Boeck Université, 7è Ed.
6. Vieux, S., 1980. Introduction théorique et pratique à la chimie analytique, Presse
Universitaire du Zaire, Tome II.