ISO 9001 Version 2015
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ISO 9001 Version 2015
responsables qualité ?
Posted on 31 August 2015 by admin
Le final draft de la nouvelle version de la norme ISO 9001 de management est paru et avec lui son lot
habituel de questions. L’une d’entre elle alimente les discutions des responsables qualité : « Est-ce la
fin de notre métier ? »
Sans dévoiler tout de suite un suspense qui n’en est pas un, la version 2015 de la norme est plutôt une
formidable opportunité pour les entreprises certifiées et donc pour les responsables qualité à condition
de savoir évoluer.
Dans les versions précédentes de la norme, la direction avait entre autres exigences celle de « nommer
un membre de l’encadrement de l’organisme » qui avait en charge toute la gestion opérationnelle de la
qualité et de lui rendre compte de l’efficacité et de l’amélioration du système qualité.
Ainsi les obligations de la direction étaient au nombre de 5 points déclinés sur quelques paragraphes :
Communiquer au sein de l’organisme l’importance à satisfaire les exigences des clients ainsi
que les exigences réglementaires et légales.
Etablir une politique qualité.
Assurer que des objectifs qualité sont établis.
Mener des revues de directions
Assurer la disponibilité des ressources.
Toutes les autres activités quotidiennes d’un dirigeant d’entreprise n’étaient que peu ou pas abordées
dans l’ISO 9001 (assurer la pérennité de son entreprise, analyser le contexte extérieur, les enjeux
majeurs, les risques autres que qualité liés à l’activité, et notamment le côté financier).
Dans certaines sociétés, le système qualité, géré par le responsable qualité, se trouvait totalement
déconnecté de la direction de l’entreprise et de la prise de décision.
Sans entrer dans le détail de toutes les évolutions de la version 2015 (ce qui fera l’objet d’un article
complet à la sortie de la norme en septembre 2015), l’ISO 9001 évolue dans le sens de l’intégration
des systèmes qualité au sein du management et de la stratégie des entreprises.
Mais concernant le sujet qui nous intéresse, le plus intéressant sur trouve au chapitre 5 : responsabilité
de la direction. Ce chapitre comporte maintenant 17 obligations directement liées à la direction qui, si
elle ne doit plus nommer un membre de l’encadrement pour suivre le système qualité, se voie reporter
de nombreuses responsabilités en matière de qualité. Ainsi, il ne s’agit plus seulement pour la
direction de vérifier par le biais du responsable qualité que tout fonctionne bien, mais de « démontrer
son engagement » en matière de qualité.
Sans entrer dans le détail de mise en place de ces actions, il est évident que les directeurs de grandes
entreprises ne vont pas se mettre à rédiger un manuel qualité (d’ailleurs plus obligatoire), à réaliser les
sensibilisations qualité des nouveaux embauchés ou à dessiner une cartographie des processus. A
priori il reste assez de travail pour occuper pleinement une fonction qualité.
Oui j’ai bien dit une « fonction qualité » et non un responsable qualité car c’est ici que peut intervenir
le changement tant redouté. Si l’on simplifie, l’entreprise peut selon son historique et sa culture se
retrouver dans l’un des quatre cas de figure suivant :
La direction assume toutes les responsabilités qui lui incombent dans la norme et a une
communication forte et proactive sur la qualité. Les responsables de processus assurent le
fonctionnement opérationnel dans leur périmètre et tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes sans qu’un responsable qualité improductif n’ait à graisser les rouages de cette
machine bien huilée. Si ce cas de figure est celui visé idéalement dans la norme, il relève à
mon sens de l’utopie (en tous cas en France ou très peu d’entreprises en sont à ce stade de
maturité pour leur système qualité).
La direction continue d’agir en dehors du système qualité qui vit sa vie de son côté. Avant les
audits de certification, une répétition et quelques « adaptations » du système par le
responsable qualité permettront peut-être de tromper l’auditeur encore peu expérimenté sur la
version 2015. Notez que le responsable qualité garde ici toute son utilité. Mais ceci n’est
valorisant ni pour le malheureux responsable qualité, ni pour l’entreprise qui se prive d’une
opportunité d’évolution importante en liant durablement la stratégie de l’entreprise et le
système qualité. Et puis il y a fort à parier que les auditeurs qualité dont je fais partie vont
progresser sur le domaine et ne se laisseront pas abuser trop longtemps.
La direction assume toutes les responsabilités qui lui incombent dans la norme avec l’aide
d’une fonction qualité qui démultiplie ses démarches dans l’entreprise. Ainsi les
responsabilités sont prises par la direction et un assistant peu ou pas impliqué dans les
discisions se charge de la mise en application. S’il s’agit uniquement de cela, peut-on encore
parler de responsable qualité au sens actuel du terme ? Je n’en suis pas sûr, à moins que
l’assistant en question se montre intelligent, conseille habillement la direction sur l’ensemble
des sujets concernés (qui je vous le rappelle intègrent maintenant la stratégie de l’entreprise,
les enjeux, les risques, ect…) et ouvre la voie du quatrième cas de figure ci-dessous.
Le quatrième cas de figure est très intéressant. La direction est consciente de la formidable
évolution possible mais n’a pas forcement l’expertise complète pour assumer le système
qualité. Elle s’appuie donc de plus en plus sur le responsable qualité du paragraphe précédent.
Vous savez celui qui est plutôt intelligent et qui au lieu de s’enfermer dans son système
documentaire va travailler sur l’intégration des risques financiers, des risques pour l’image de
l’entreprise, des enjeux à venir, bref des préoccupations quotidiennes de la direction. Et, à
force d’échanges fournis et constructifs la direction, intelligente également, se dira que comme
ce responsable qualité intervient sur des aspects stratégiques de l’entreprise, il serait peut-être
bien de l’intégrer au comité de direction…
C’est ainsi que les entreprises françaises peuvent à mon sens rejoindre le premier cas de figure un peu
trop utopique : en incorporant la fonction qualité au directoire ou au comité de direction qui devient
par ailleurs un mode de management de plus en plus courant.
Donc plutôt qu’un responsable qualité en voie d’extinction, je crois plutôt que la version 2015 de
l’ISO 9001 est une formidable opportunité pour les entreprises intelligentes qui sauront évoluer, mais
aussi bien sûr pour les bons responsables qualités qui accompagneront cette évolution.
Mais attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, et que la norme dit encore moins : Cher
responsables qualité, n’allez pas voir votre direction en disant « pour passer en ISO 9001v2015 il faut
me nommer au comité de direction ! ». Non, il faut que cette évolution deviennent logique de par le
fonctionnement de l’entreprise et du système qualité qui trop liés l’un à l’autre ne font plus qu’un. Au
fond, l’ISO 9001 à mis 28 ans à en arriver là, mais n’est-ce pas le but ultime de tout responsable
qualité ?