Trucks Amp Amp Tanks 048

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i ^^StùG^E'IS
SPÉCULATIONS AUTOUR D'UN CANON D'ASSAUT

L' ERSATZ DE CHAR DE L'ARMÉE BELGE

Stridsvagn 103
LE CHAR VENU DU FROID

Renault & ia^Wehrmacht,


QUAND LE LOSANGE ROULAIT POUR L'ALLEMAGNE
Belgique / Espagne / Grèce I Italie / Lux. / Portugal Cont ; 7.90 €
Autriche ; 8.20 € — Carwd^l«14 $C — Suisse ; 13 CHF
SturmGeschutz-Abteilungen
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guide des unîtes es chasseurs


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Maneuver Combat Vehide
u Kidou-sentou-sha »

Camouflage Les engins de l'opération « Daguet »

Le Saint Chamond la « bête à chagrins »


Le Saint Chamond, parmi les tout premiers
« cuirassés terrestres » de l'Armée française,
n'aurait jamais dû voir le jour, du moins dans
l'esprit du général Estienne, qui misait avant
tout sur le char d'assaut Schneider GAI.
Mais cela était sans compter l'intervention de
^ Trucks & Tanks Magazine it 48 ^ hauts dirigeants de l'état-major qui voulaient
Mars - avril 2015 ISSN : 1957-4193
garder la main sur cet armement prometteur
Magazine bimestriel édité par Caraktère SARL en développant un engin « supérieur » en
Résidence Maunier tout point. Hélas, le résultat ne sera pas à la
3 120, route d'Avignon / 13090 Aix-en-Provence
SARL au capital de 60 000 euros hauteur de leurs espérances.
RCS de Marseille B 450 657 168

www.caraktere.com
StuG. E-75 Spéculations autour d'un canon d'assaut p.26
Rédaction : 09 66 02 34 75
Service Commercial :04 42 21 06 76
Télécopie : 09 70 63 19 99
info@caraktere.com A.B./MI T15 L'ersatz de char de l'Armée belge
Commission paritaire ; 0917 K 89138 / Dépôt légal(BNF): à parution
Histoire des chasseurs de chars
Directeur de la publication Service des ventes
et réassort ; À juste Titras
OAaOPANZER du III.Reich
et rédacteur en chef :
Yannis Kadari
Secrétaire de rédaction ; Panzerjager, Jagdpanzer, Sturmgeschûtze, tous
Laurent Tirone Téléphone ; 04 88 15 12 40
Correctrice :
ces automoteurs ont en commun la mission de
Béatrice Watellier Responsable de la publication « casser » du char adverse. Si les premiers ne
Relations clients : pour la Belgique:
Elisabeth. Teuma Lena Tondeur Diffusion
peuvent que très peu déroger à ce rôle, les deux
Direction artistique : Avenue F Van Kalken, 9 autres sont bien plus polyvalents, car ils peuvent
Alexis Gola 8-1070 Bruxelles - Belgique
Infographie : aussi bien être engagés dans la défensive que
Malgosia Mioduszewska Imprimé en France par / dans l'offensive. Mais pourquoi la Wehrmacht
Aurélien Ricard Printed in France by :
Nicolas Bétivior Aubin Impnrtieur a-t-elle développé la lignée des Jagdpanzer a\ors
Valérie Deraze que les Sturmgeschûtze pouvaient assurer les
L'aventure Trucks & Tanks se poursuit sur mêmes fonctions ? Petite histoire d'une rivalité
Facebook et Twitter I Notre actualité, nos entre deux branches de l'Armée allemande.
dernières nouveautés, une mise à jour de
nos parutions, sans oublier vos impres
sions sur nos magazines sont disponibles LESDESSOUS) Les chars occidentaux
en quelques elles ;
http://facebook.com/editions.caraktere
WcOMBffTMODEJmi \ de première génération
http;//t witter.com/caraktere

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Stridsvagn 103 Le char venu du froid
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incorporées. Loi du 11.03.1957, art. 40 et 41; Code Pénal, art. 425,
REmnSllAWEHRMACHTÎ Poulâft pour
pourf'Â!!
l'Allemagne

Les documents reçus (manuscrits et photos) ne sont pas rendus


sauf accord préalable écrit ; leur envoi implique l'accord
de l'auteur.
Comparatif Nashorn vs Archer

tumier, les Jagdpanzer auraient tout aussi bien étant définitivement l'ennemi du bien - est
Le dossier de ce TnT 48 aborde un sujet pu s'appeler Sturmgeschûtze et échapper au désormais réparée : » H est à noter que les
connu, celui des Jagdpanzer, mais sous un contrôle des troupes blindées pour tomber sous modifications présentées icisont théoriques et
angle un peu différent. En effet, les chasseurs la « coupe » de la Sturm-Artillerie. Déployés au respectées dans ieur majorité sur les Panzer IV
de chars allemands sont des machines dont sein d'unités n'ayant pas les mêmes objectifs, Ausf. J. Mais faute d'approvisionnement, les
les grandes lignes techniques sont maintenant ces engins n'auraient assurément pas eu le sites de production durent parfois monter des
appréhendées par nos plus fidèles lecteurs, même impact. pièces ne correspondant pas au modéie. »
mais leurs origines doivent être éclairées à
l'aune d'une rivalité entre Heinz Guderian, Enfin, sans doute avez-vous remarqué que la Nous vous souhaitons une bonne lecture !
grand défenseur de la Panzerwaffe, et les fin sur l'article du PanzerlVpublié dans le TnT
partisans du « tout automoteur ». Enjeu de 47 est manquante. Cette bévue consécutive à La rédaction
^ttes intestines dont le régime nazi est cou- une modification de dernière minute - le mieux

Légende de la photo de couverture : Appartenant à la Panzerjàger-Abteilung 228 de la 116. Panzer-DMsion, des Jagdpanzer IV rejoignent le
front normand depuis Guerville le 28 juillet 1944. Cet engin, armé d'un canon de 7.5cm long de 48 calibres, aurait pu être désigné Sturmgeschutz et
être déployé dans les Slurmgeschutz-Abteilungen des Infanterie-Divisionen sans l'intervention du Generaloberst Heinz Guderian. NAC
i

Par Laurent Tirone

Toutes photos Forces


japonaises d'autodéfense

► Le Maneuver Combat
Vehicle « kldou-sentou-
sha » est considéré comme
un chasseur de chars
de manière à ne pas lui
donner une connotation
trop « agressive ».

Un engin pnlémîque
Conformément à la consti ution japonaise, les Jieita
(Forces japonaises d'autodéfense, aussi désignées
en anglais JSDF pour Japan Self-Defense Forces) ont
mondiale, les Japonais cherchent à équiper leurs unités terrestres
d'un puissant chasseur de chars, arme ayant une vocation défensive
par excellence.
pour principale mission la défense du territoire natio
nal. Théoriquement, leur rôle se borne donc à proté
ger l'archipel japonais d'une agression extérieure, mais la situation DEVELOPPEMENT
internationale - Chine dotée d'une puissance militaire grandissante
ou menaces à peine voilées de la part de la Corée du Nord - fait Au début des années 2000, l'institut de Recherches et Développement
que Tokyo (Nikkei) s'est dotée d'une force de frappe qui, au fil des des Forces japonaises d'autodéfense planche sur un concept de véhi
différents budgets, prend de plus en plus d'importance. Pour ne cule capable de se déplacer rapidement pour contrer un éventuel débar
pas aller contre les restrictions adoptées après la Seconde Guerre quement sur les côtes du Japon. Si le pays dispose d'une composante
blindée conséquente, avec des chars
ultramodernes Type 90 et 1 G, ces lour
des machines restent peu manœuvra
bles, surtout sur un relief tourmenté
comme peut l'être une grande partie
du paysage japonais. D'ailleurs, cer
tains de ces Main Battle Tanks(MET
ou chars de combat principal) vont être
déclassés - la dotation doit passer de
740 chars à 300 sur une période de
10 ans - et déployés majoritairement
sur les îles de Hokkaido et Kyushu.
Afin de les remplacer et de contrer,
dans les plus brefs délais, un éventuel
assaut ennemi mécanisé amphibie en
provenance de Chine, pour ne pas la rs
nommer, le choix des Rikujô Jieita se
porte sur un engin à roues maniable
et véloce susceptible d'accepter une
tourelle équipée d'un canon de forte
puissance. La difficulté de maintenir
sur chaque île des formations blindées importantes DESCRIPTION TECHNIQUE V et Avec le MCV, le
nécessite l'élaboration d'un engin aérotransportable Pour développer ce chasseur de chars mobile, les Japon a fait le pari d'un train
apte à être projeté sur la périphérie de l'archipel, Forces japonaises d'autodéfense se sont largement de roulement pourvu de
pneumatiques. Moins coûteuse
notamment sur la chaîne d'îles Nansei Shoto, située inspirées du Centauro 81 italien, un 8x8 armé d'un
à entretenir, plus simple à
à l'est de la mer de Chine. Ces îles peuvent en effet canon de 105 mm. Le train de roulement à roues a déployer, cette arctiitecture est
faire l'objet d'une attaque chinoise du fait de leur largement fait ses preuves, comme le prouve l'enga en vogue dans de nombreux
proximité avec le continent asiatique. gement des AMX-1ORC(roues-canon)français lors de pays, comme les États-Unis
En 2008, des prototypes sont livrés pour des tests avec le Stryker Mobile Gun
la guerre du Golfe (2 août 1990 - 28 février 1991 ).
System. Certaines voix
préliminaires, et, à la fin du mois de septembre 2013, La configuration du MCV reprend donc les grandes lignes s'élèvent contre ce choix, qui
quatre engins de présérie sont assemblés en vue de de ces blindés. Ce 8x8 est motorisé par un 4 cylindres ne serait viable qu'en temps
subir une plus longue campagne d'essai, qui pourrait Diesel turbocompressé développant 570 chevaux à de paix car Insuffisamment
se poursuivre en 2015. La mise en service du modèle 2 100 tours par minute. Une puissance respectable blindé. L'engin est prévu
définitif interviendrait alors en 2016, avec pour but pour être déployé rapidement
qui lui permet d'atteindre les 100 km/h en pointe pour
sur la chaîne d'îles Nansei
l'acquisition de 99 exemplaires du Maneuver Combat une autonomie de 400 kilomètres. L'engin demeure Shoto, plus précisément
Vehicle « kidou-sentou-sha » (surnom donné sous massif avec ses 26 tonnes(soit une tonne de plus qu'un sur l'archipel Ryûkyû, dont
toutes réserves) à l'orée de l'année fiscale 2018, Centauro et presque 10 de plus qu'un AMX-1 ORC, qui certains atolls sont situés à
avant d'en aligner jusqu'à 300 à terme (200 selon est certes un 6x6) et ses mensurations généreuses ; seulement 170 km de Taïwan
et 330 km de la Chine.
les estimations les plus basses). 8,45 mètres de long, 2,98 de large et 2,87 de haut.

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itlAnEUVEn tnmBAT Vehieule i "iTlBE? ■ ■ ;.

En outre, un capteur météo fourni par la société


française Thaïes est fixé sur la partie supérieure
arrière de la tourelle. Enfin, des détecteurs laser
sont placés à l'avant.
Dans la version de base, le MCV est doté d'une
protection légère, a priori tout juste capable de
stopper des balles de mitrailleuses, mais son blin
dage est dit « modulaire », car il peut intégrer des
protections supplémentaires contre les projecti
les à charge creuse tirés par les lance-roquettes
antichars de type RPG. Face aux mines et autres
engins explosifs improvisés (EEI), le véhicule pour
rait être doté de dispositifs spécifiques pour en

lu ' S UN ENGIN POLÉMIQUE limiter les effets.

Le MCV a déclenché une certaine polémique au


Japon. Ainsi, selon l'analyste Shinichi Kiyotani,
m I l'engin serait trop puissant pour la plupart des
missions qui lui sont assignées. Un canon de
90, 76 voire seulement 40 mm aurait été large
ment suffisant. Par ailleurs, le gain de poids aurait
permis de rendre ce 8x8 aisément aérotranspor-
■■■jP|||i||||P|H table, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
II est vrai que les vieillissants avions de transport
iHMfllIliMnliMl militaires Kawasaki C-1 en sont bien incapables
et devraient être remplacés par le Kawasaki XC-2
L'aménagement est très similaire à celui de la machine italienne, mais susceptible d'embarquer une charge de 30 tonnes sur une distance
le pilote est assis à l'avant de la caisse, sur le côté droit, et le moteur de 3 023 miles nautiques (5 599 km). Ce qui paraît toutefois juste
est placé à gauche. pour un MCV accompagné de ses munitions et des pièces détachées
Accueillant le chef d'engin, le tireur et le chargeur, la tourelle accepte nécessaires à sa maintenance. Par ailleurs, le XC-2 manque encore
donc d'une pièce de 105 mm dotée d'un manchon thermique de mise au point, une porte a en effet éciaté lors d'un test de pressu
et d'un évacuateur de fumée. Cette arme est dérivée du puissant risation, et son déploiement tardif compromet les éventuelles futures
Royal Ordnance L7 de 52 calibres équipant entre autres les premiers opérations de projection des MCV. Par ailleurs, les Forces aériennes
Ml Abrams, Léopard 1 et Merkava et qui affiche encore, à l'heure d'autodéfense japonaises {Kôkû Jieitai, ou en Anglais JASDF pour
actuelle, de très bonnes performances balistiques. Une mitrailleuse Japan Air Self-Defense Force) envisagent d'acquérir une flotte de
coaxiale de 7,62 mm est montée sur le côté droit de l'armement 60 Kawasaki XC-2, ce qui semble insuffisant selon Kiyotani, car un
principal, et une 12,7 mm à vocation antiaérienne est installée sur escadron de 12 MCV nécessiterait à lui tout seul l'utilisation d'une
le volet du chargeur. Le MCV est également pourvu d'un système vingtaine d'appareils.
de contrôle de tir informatisé intégrant un dispositif de vision thermi Faute de financement, l'engin n'a pas été doté d'un chargeur auto
que jour/nuit et d'un télémètre laser pour le tireur et le chef de char. matique, ce qui nuit à ses performances, et l'absence de climatisation

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Photos do double page : M .lil-r


Le Maneuver Combat Vehicle imm
« kidou-sentou-sha » serait armé
d'un canon de 105 mm dérivé du
Royal Ordnance L7 britannique.
Bien que datant de la fin des
années 1950, cette pièce conserve
des performances balistiques
remarquabies, puisque son
projectile APDS (Armour-Piercing
Discarding Sabot)est réputé
percer 400 mm de blindage RHA I
{Rolled hiomogenous Armor)à
2 000 mètres sous une incidence
de 0°. La volumineuse tourelle
du MCV abrite le chef de char, le
tireur et le chargeur. Cet effectif
des plus classiques fait dire que
l'engin manque de modernité du
fait de l'absence d'un système
de chargement automatique.
Le MCV est équipé d'un moteur
de 570 chevaux lui assurant
un rapport puissance/poids de
21,9 chevaux par tonne. En
comparaison, un char de combat
Type 10 affiche une puissance
massique pouvant aller Jusqu'à
27 chevaux par tonne. Le MCV
est en revanche plus rapide, avec
100 km/h sur route contre 70.

le rend pénible à servir sous des climats chauds. En outre, le MCV SI le MCV est lourd, Il est néanmoins bien plus facilement « proje
pourrait ne pas être aussi robuste qu'il y paraît, même en utilisant table » qu'un char de combat de 50 tonnes (le poids d'un Type 90
un blindage modulaire, ce qui, au passage, augmenterait de manière « Kyû-maru »), et, en cas d'urgence, des navires de transport rapides
significative un poids déjà trop Important. Klyotanl déclare au final que peuvent le débarquer sur la chaîne d'îles Nansel Shoto dans un délai de
le MCV est juste un char de combat construit à l'économie, devenant 24 à 48 heures. Et si les Forces japonaises d'autodéfense disposaient
de ce fait un concept erroné. d'un préavis d'alerte suffisant, le déploiement de MCV pourrait se faire
encore plus rapidement.
La faiblesse supposée du MCV face aux EEI et autres RPG est hélas
CONTRE-ARGUMENTS commune à tous les engins de combat à roues et même chenlllés.
Grant Newsham conclut en disant qu'aucun véhicule blindé n'est
Grant Newsham,chargé de recherche au Forum japonais pour les études Idéal pour tout, mais que le MCV est plus utile qu'un MBT aux Forces
stratégiques, réplique qu'effectivement le canon de 105 mm aurait pu terrestres d'autodéfense japonaises {Ftikujd Jieitai ou en Anglais,
être remplacé par une arme de plus petit calibre et plus perfectionnée, JGSDF ou Japanese Ground Self-Defense Force), qui pourront à
mais le « 705 a beaucoup de punch ». Par ailleurs, sa large dotation la fols assumer des missions de protection du Japon et participer
en munitions lui permet de s'adapter à la grande majorité des mena à des opérations de maintien de la paix menées par l'Organisation
ces, notamment grâce à des obus perforants et explosifs puissants. des Nations unies (ONU). ■

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Camouflage

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iiiill I /ii'hÉ I iVr' 'i l'^ii

Par Laurent Tirone

Le 2 août 19 0, l'Armée irakien e de Sad am


-fc •»■ . f

Hussein envahit ie Koweït. Face à l'intransi


geance du dictateur qui ne veut pas obtempérer
A Des soldats, de la division
« Daguet », appartenant
au 2° régiment étranger
d'infanterie (2' REi), mettent
dans l'océan Indien sous le nom de code d'opération
« Artimon ». Lorsque les forces irakiennes investis
sent l'ambassade de France à Koweït City, Paris met
aux résolutions de l'Organisation des Nations en batterie un « mortier en place l'opération « Daguet », avec l'envoi d une
unies lui demandant de retirer ses troupes, 120 mm rayé tracté » division mécanisée qui va participer à l'intervention
une coalition militaire internationale se forme en vue de modèle FI (MO 120 RT).
À i'arrière-pian stationne ie militaire qui se prépare.
libérer l'État du Koweït. véhicule tracteur, un VTM
120, capable d'embarquer
70 projectiles.
LES FORCES FRANÇAISES
L'OPÉRATION « DAGUET » EN BREF
La France lance alors l'opération « Salamandre », avec
l'envoi du porte-avions Clemenceau et de navires de la La division Daguet comprend principalement la 6° divi
Marine nationale afin d'assurer la protection du trafic sion légère blindée (DLB), qui est elle-même constituée
maritime dans le golfe Persique. Une première mis d'éléments du 6" régiment de commandement et soutien
sion d'embargo maritime avait été déclenchée, sur (RCS), du régiment étranger de cavalerie (REC) doté
résolution 661 de l'ONU, dès le 6 août et assurée
Sauf mention contraire,
d'AMX-10 RC, du 1 régiment de Spahis (RS), également
pour la partie française par les bâtiments présents toutes photos DoD sur 10 RC, du 2° régiment étranger d'infanterie (REI)
Les ei\igii\is de l'opération « Daguet »

et du 6° régiment étranger du génie (REG). La présence


de personnels « radio » du 21® régiment d'infanterie de
marine (RIMa) est confirmée, mais l'unité, qui fait bien
partie de la 6® DLB, n'est pas considérée comme ayant
participé à Daguet.
En outre, la formation est renforcée par les 1 ®' et 3® régi
ments d'hélicoptères de combat (RHC) de la 4® division '■ 'k* '
f yr*r -y,

aéromobile IDA), le 1®' régiment d'infanterie (RI), le 1®'


régiment de hussards parachutistes (RHP), le 4® régiment
de dragons (RD) sur AMX-30 de la 10® division blindée
(DB) et le 11® régiment d'artillerie de marine (RAMa) de la
9® division d'infanterie de marine (DIMa). Le soutien est
assuré par le groupement de soutien logistique (GSL) de la
Force d'action rapide (FAR). La division est ensuite renfor
cée, entre autres, par les 2® et 3® régiments d'infanterie de
marine (RIMa) de la 9® DIMa. [A

EFFECTIFS
Déployant environ 14 500 hommes, la division Daguet ali
'T:
gne principalement 500 engins blindés, dont 214 véhicules
de l'avant blindés (VAB), 96 engins blindés de reconnais
sance AMX-10 RC, 44 chars de combat AMX-30, pour
l'essentiel en version B2, 13 blindés légers ERC-90 Sagaie ▲ L'équipage d'un AMX-30B2 lors d'un bivouac dans le secteur d'Al-Salman, en Irak. Ce char de
et 18 canons tractés TRF1 de 155 mm. Ces engins sont combat français est déployé par le 4' régiment de dragons. Son canon de 105 mm est capable de
appuyés par 132 hélicoptères de l'aviation légère de l'armée détruire la grande majorité des blindés Irakiens.
de Terre (ALAT), dont 60 Gazelle antichars MOT.

VLRA ACMAT
Division « Daguet »
Armée française
Arable saoudite/lrak, 1991

Note : « VLRA » est l'acronyme de véhicule


léger de reconnaissance et d'appui, tandis
qu'« ACMAT » correspond à celui des Ateliers
de constructions mécaniques de l'Atlantique.
L'engin est ici armé d'une mitrailleuse lourde M2
HB de 12,7 mm.

AMX-30B2
4° régiment de dragons
1®' escadron, 3® peloton, 2" engin
Division « Daguet »
Armée française
Irak, février 1991

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7
Camouflage
%
ERC-90 « Sagaie »
1" régiment de tiussards paractiutistes (1" RHP)
Division « Daguet »
Armée française
Arabie Saoudite, 1991

Note : « ERC-90 » est l'acronyme d'engin à roues, canon de 90 mm

VLTT P4 Peugeot
4= régiment de dragons
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/lrak, 1991

Note : « VLTT » est l'acronyme de


véhicule léger tout-terrain.

VAB MOT MEPHiSTO


1"^^ régiment étranger de cavalerie
4° escadron
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/lrak, 1991

Note ; « VAB » est l acronyme de véhicule de l'avant


blindé, tandis que MOT MEPHISTO correspond à celui de
haut subsonique optiquement téléguidé module élévateur
pour MOT installé sur tourelle orientable.
Les engins de l'opération « Daguet »

COMBATS
Après une longue campagne aérienne destinée
à diminuer le potentiel militaire irakien, l'offen
sive terrestre débute le dimanche 24 février
1991. Placée le plus au nord du dispositif
d'attaque, la division Daguet s'ébranle, avec
à sa droite des éléments du ISthArmy Corps
(Airbornj, en vue de prendre la base aérienne
irakienne d'As-Salman, qui est défendue dans
la profondeur par la 45° division d'infanterie
irakienne, forte de 11 000 hommes. Dans le
secteur désertique désigné « Rochambeau »,
un des objectifs intermédiaires, les forces fran
çaises affrontent des chars irakiens enterrés,
avant de foncer vers l'aérodrome d'AI-Salman.
Après quatre jours d'offensive terrestre, la
division Daguet s'empare de son objectif et
du village attenant.

BILAN
Lors des combats, la division Daguet déplore
la perte de 2 morts et 38 blessés. Elle reven
dique pour sa part 2 956 prisonniers irakiens,
20 chars T-55 et T-62 détruits, 2 chars T-72
capturés, 17 blindés légers neutralisés,
114 camions détruits et 7 capturés, 26 pièces
d'artillerie détruites et 40 récupérées,70 mor
tiers de 82 mm et 120 mm capturés.

CAMOUFLAGE
DAGUET ••«CrVr y-'.- ■' •■..■.t .-

Déployés en milieu désertique, les véhicu


les français sont recouverts d'un camou
flage dit « Daguet », bien que développé en
1989, mais référencé de telle manière suite A L'engin à roues, canon de 90 mm (ERC-90) « Sagaie » est un 6x6 destiné à la reconnaissance. Là
à l'engagement en Irak. Si pour la tenue des encore, son biindage ne lui permet pas d'engager des dueis avec d'autres engins blindés, mais son
canon de 90 mm en fait un dangereux adversaire.
soldats le bariolage est un trois tons avec
un fond sable recouvert de larges bandes de A Photo du haut ; VAB HOT MEPHiSTO. Cet acronyme correspond à véhicule de l'avant blindé
couleur marron et gris, les engins affichent (VAB) haut subsonique optiquement téléguidé (HOT) module élévateur pour HOT installé sur tourelle
une livrée deux tons : un fond sable avec des orientable (MEPHiSTO). Ce 4x4 blindé est donc armé d'Euromissiles HOT capables de toucher une
cible à plus de 4 000 mètres tout en perçant « officiellement » 800 mm d'acier.
taches sombres brun-roux. Ces peintures sont
appliquées avant l'arrivée sur le sol saoudien, T Des AMX-10RC se déploient dans le désert irakien. Si leur blindage ne leur permet pas d'engager
comme pour les AMX-10 RC du 1°' REC qui des duels avec les chars Irakiens, leur canon de 90 mm est capable de venir à bout, sans difficulté, des
partent de la ville d'Orange avec leur livrée T-55 et autres Type 59, bien moins mobiles que les 6x6 français.
« désert ». ■
Ô

VAB CB 52
3" régiment d'infanterie de marine
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/irak, 1991

Note : CB52 correspond à « circulaire bouclier »


pour la mitrailleuse de 7.62 mm. Cet engin est
équipé d'un poste de tir, placé à l'arrière, pour
Miian (acronyme de missile léger antichar).

GBC 8KT
4° régiment de dragons
Trains régimentaires
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/irak, 1991

Note : le GBC 8KT est doté d'une cabine


décapotable dite « torpédo ».

VAB SAN
4" régiment de dragons
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/lrak, 1991

Note : « SAN » est l'acronyme d ambulance de


transport sanitaire.

TRttfl 10000
4° régiment de dragons
Train de combat numéro 2(niveau régimentaire)
Division « Daguet »

Armée française ,
Arabie saoudite/lrak, 1991

Note TRM 1000 est I acronymre de toutes roues


motrices. « 10000 » correspondant à la charge
utile exprimée en kilogrammes
Les engins de l'opération « Daguet »

VAB CB127
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/lrak, 1991

Note : CB127 correspond à « circulaire


bouclier » pour la mitrailleuse de 12,7 mm.

AMX-10RC
1°'régiment étranger de cavalerie
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/lrak, 1991

Note : « RC » est l'acronyme de « roues-canon »

'w Un char irakien Type 69 détruit par les forces françaises durant l'opération « Desert Storm » (Tempête du désert) en février 1991. D'origine chinoise, le Type 69 est un
dérivé un peu plus « sophistiqué » du Type 59, lui-même une copie du T-54A soviétique. Ce blindé est armé d'un canon de 100 mm,dont le projectile perforant, bien que
dépassé par le niveau de protection des Main BatUe Tanks les plus modernes, est encore capable de venir à bout d'engins légers comme les AMX-10RC.

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Camouflage
17

VAB VTT
3» régiment d'infanterie de marine
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/irak, 1991

Note : « VTT » est l'acronyme de véhicule transport de troupes

AMX-30 EBG
6° régiment étranger du génie
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/irak, 1991

Note : « EBG » est l'acronyme d'engin


blindé de génie.

VAB RATAC
11'régiment d'artillerie de marine
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/irak, 1991

Note , <■ RATAC >. est l'acronyme de radar


d'acquisition des tirs de l'artillerie. Dans le cadre
des opérations en Irak, cet engin a coordonné
les tirs des canons tractés de 155 mm Tr FI.

VAB VTM 120


2° régiment étranger d'infanterie
Division « Daguet »
Armée française
Arabie saoudite/irak, 1991

Note " Vl'f/I 120 >i est I acronyme de véhiculé


tracteur mortier de 120 mm Ici, ce VAB est
présenté remorquant un « mortier 120 mm rayé
tracté » rnodele FI (MO 120 RT) également
appelé Brandt Thomson MO 120 RT 01
m

jk.
Les engins de l'opération « Daguet »

p- T "^n

AI\/IX-30B2
4= régiment de dragons
Division « Daguet »
Armée française
irak, février 1991

t'I
Le Saiiut Chamond

LE CHAR D'ASSAUT
i
SAINT CHAMOND /V x

Par Jacques Armand


LA «BETE A CHAGRINS»
Sauf mention contraire, toutes photos ECPA-D

A a,- r.i;Si..

Fruit d'une lutte intestine entre le secteur privé et


l'administration militaire, le char d'assaut Saint
▲ Ce cliché Impressionnant d'un char d'assaut Saint
Chamond a pour but de fournir à l'Armée française Chamond lors du franchissement d'une butte ne doit pas
un matériel puissant, capable de mettre fin à la guerre laisser croire que ceiui-ci affiche une bonne mobilité.
des tranchées. Néanmoins, bien que son allure soit C'est même tout le contraire, et l'engin français est
très peu à l'aise lorsque le terrain se fait difficile.
des plus impressionnantes, ce « cuirassé terrestre » de
l'Artillerie spéciale(AS)ne se révélera pas à la hauteur
des espoirs placés en lui.

au sein des RALT (régiment d'artillerie lourde à tracteurs) et a été


LA VICTOIRE DU GENERAL ESTIENNE testé, le 5 janvier, sur un camp de manoeuvres. Les performances de
franchissement sont jugées bonnes. Finalement, Estlenne parvient à
Connu comme le « père des chars », le général Jean-Baptiste Eugène imposer ses vues, et une commande de 400 « Tracteurs Estlenne »,
Estlenne parvient, en décembre 1915, à faire valoir ses idées concer futurs chars d'assaut Schneider CA, est passée. Néanmoins, le pro
nant un « cuirassé terrestre ». Appuyant le projet de « tracteur armé et gramme est maintenant sous la direction du général Mourret, alors
blindé » conçu par l'ingénieur Eugène Brillié, travaillant pour la société directeur du service automobile des armées. L'homme n'apprécie que
Schneider et Oie, l'officier français fait accepter, en janvier 1 916, au peu, voire pas du tout, l'initiative d'Estienne, qui ne fait pas partie du
général Joseph Jacques Césaire Joffre l'idée d'un engin à chenilles sérail « administratif ». L'appui officiel qu'a reçu le « père des chars »
basé sur le tracteur Carterplllar Baby Holt. Développant la puissance de ne permet pas à Mourret de contrarier le développement du Schneider
45 chevaux, ce dernier est en service dans l'Armée française dès 1915 CA, mais rien ne l'empêche de soumettre un projet concurrent.
A Un des tout premiers Au prix d'efforts presque surhumains, l'équipe de Fouché
ETAT VERSUS CIVIL Saint Ctiamond en essai. parvient à mettre au point un nouveau train de roulement
L'engin est identifiable à ses
comportant huit galets. Le pari est réussi, et le proto
bas de caisse qui protègent
Dans l'esprit de Mourret, il s'agit de proposer un engin la ctienille. À l'usage, les type, après avoir subi avec succès une batterie de tests
plus performant que celui mis au point par un « sim équipages vont se rendre éprouvants, part, le 21 février 1916, pour un comparatif
compte que la boue est avec celui développé par Brillié.
ple » civil, l'ingénieur Brillié en l'occurrence. Pour ce faire,
mal évacuée, au point
il convoque, le 2 février 1916, le sous-lieutenant Char d'entraîner des biocages
les Fouché, considéré comme l'un des meilleurs experts du train de roulement.

du train de roulement à chenilles, bien que totalement L'APPAREIL NUMERO 1 TYPE A


autodidacte, et lui demande s'il peut construire un en
gin capable de passer des tranchées de 1,50 mètre de Tandis que le châssis Schneider compte sept galets,
large tout en ne se laissant pas arrêter par un réseau de celui de l'appareil n° 1 type A en totalise huit, répartis
barbelés. Fouché répond par l'affirmative et demande sur trois chariots : un double et deux triples. Cet al
un délai de quatre semaines (six selon d'autres sources) longement de la longueur de la chenille se double
pour le mettre au point. Mourret, pressé par le calendrier de rouleaux de franchissement placés à l'avant et à
des essais, ne lui en accorde que deux... avec une livrai l'arrière. Les performances sont au rendez-vous, et
son au 1 7 février 1916. des tranchées larges de 1,75 mètre sont aisément
traversées, tandis que les réseaux de barbelés sont
franchis, en dépit d'un blocage passager. Les tests
15 JOURS INTENSIFS sont donc concluants pour les deux machines, et,
à la fin du mois, un marché est signé avec Schneider
Avec la mission d'assembler un train de roulement pour 400 tracteurs chenillés. De leur côté, les services
performant, en partant de deux châssis de Baby Flolt, techniques de l'armée sont aussi satisfaits, mais de
pourvu de cinq galets, Fouché s'Installe dans un petit mandent à Fouché d'améliorer sa création.
atelier situé à Billancourt et qui accueillait auparavant
les établissements Automobilette. Le temps est compté,
et le matériel disponible pour la production n'est guère L'APPAREIL NUMERO 1 TYPE B
fourni, si bien que les ouvriers vont devoir construire
un portique d'une capacité de trois tonnes pour pou Cette version se différencie de la précédente par une
voir travailler. Heureusement, le sous-lieutenant peut triangulation sur l'avant mieux étudiée afin d'empêcher
s'appuyer sur une équipe motivée et, surtout, sur un les barbelés de se prendre dans le train de roulement.
ouvrier particulièrement débrouillard : Pierre Lescudé. Le 2 mars 1916, des essais valident ces modifications,
Appréhendant au mieux les plans dessinés sur le sol de les fils de fer étant repoussés sur les côtés. En outre,
l'atelier par Fouché, il travaille jour et nuit avec ses cama l'appareil n° 1 type B parvient à passer une tranchée de
rades pour respecter les délais. L'idée de base est de partir deux mètres de largeur. Néanmoins, de nouvelles modi
de deux châssis Baby Holt pour en créer un nouveau, plus fications sont réclamées pour corriger de petits défauts
long de 30 cm et affichant de meilleures performances. et encore bonifier les performances de franchissement.

HL
Saii\it Chamond

L'APPAREIL NUMERO 1 TYPE C


« LA BÊTE A CHAGRINS »
Ce modèle, également désigné « machine profilée », voit sa mécanique
retouchée grâce à un carburateur Solex remplaçant avantageusement Le titre de cet article est repris d'une citation de Pierre Lestrin-
le Holt-Kingston d'origine. Sur l'avant du châssis sont ensuite installées guez, lieutenant à l'AS et auteur de « Sous l'Armure, les chars
deux plaques d'acier formant une pointe, dont le dessin rappelle celui d'assaut français pendant la guerre », publié en 1919 aux Éditions
de l'étrave d'un navire. Recouvrant toute la longueur de la plate-forme, Renaissance du Livre, « Cahiers de la victoire » BDIC S 1327/4.
deux autres plaques sont posées sur les côtés et fixées à la partie Au vu des problèmes techniques rencontrés par le Saint Cha
avant. Le 17 mars, une nouvelle épreuve de franchissement confirme mond (dysfonctionnements techniques et faibles capacités en
les capacités de l'appareil n° 1 type C, qui traverse une tranchée large tout-terrain), l'homme n'hésite pas à parler de « bête à chagrins »
de 2,5 mètres. Le potentiel de ce châssis aboutit à une commande de de l'Artillerie spéciale.
400 engins auprès des FAMH (Compagnie des forges et aciéries de
la marine et d'Homécourt) à Saint-Chamond, entreprise concurrente impossible ; de toute façon, l'architecture à huit galets est considérée
de Schneider pour les différents marchés d'armement, sans que le comme « La » solution technique parfaite, et la fabrication en série
général Estienne ne soit mis au courant. est lancée. Conçu très rapidement et sans réelle expérience des
À cette époque, le lieutenant-colonel Émile Rimailho, l'un des concep blindés chenillés, ce « cuirassé terrestre » présente de nombreux
teurs du canon de 75 Mie 1897(modèle 1897), est le directeur techni défauts (les « appareils livrés » aux unités ne faisant l'objet d'aucun
que de Saint-Chamond. Cet artilleur assure en grande partie le dévelop véritable essai) auxquels plusieurs versions tenteront de remédier.
pement du char d'assaut Saint Chamond et décide de l'emplacement En aparté, en juin 1917, un projet visant à refondre le Saint Cha
sur l'avant de l'armement principal. Pour ce dernier, le choix se porte mond est proposé par les FAMH. Ce Mie 1917 voit sa garde au sol
sur un canon de campagne de 75 mm. passer de 41 à 56 centimètres, et la partie avant est redessinée
afin d'en réduire la longueur. Il n'est toutefois donné aucune suite
à cet engin, alors que le nombre de déficiences du Mie 1916 est
DIFFICILE MISE AU POINT conséquent. Par exemple, les chenilles sont trop étroites, avec une
largeur de 32,4 centimètres, entraînant des enlisements intempestifs
En vue de débloquer rapidement la situation sur le front, l'étude du d'un véhicule pesant 23 tonnes(24 selon d'autres auteurs) en ordre
Saint Chamond est raccourcie au maximum, si bien que l'indus de marche, pour 19,9 en théorie.
trialisation du char doit s'affranchir de modèles d'essai et passer Dans un même temps, l'important porte-à-faux (la caisse dépasse
des plans à la fabrication en série, autrement dit sans savoir si les largement à l'arrière et à l'avant du châssis) ne permet pas au « cui
dessins sont « viables » sur le terrain. En septembre 1916, une su rassé terrestre » de progresser en terrain bouleversé, et le char peut
perstructure est placée sur un châssis réalisé par l'équipe de Fouché même rester coincé au moment de négocier des tranchées un tant
et construite par le Service technique automobile (STA). Désignée soit peu importantes. Il est vrai que le centre de gravité est placé
Tracteur Saint Chamond, cette machine fait apparaître un différentiel trop en avant et déséquilibre l'engin. Deux rouleaux seront installés
trop important entre la longueur de la caisse blindée et celle du train par la suite à l'avant du bec et à l'arrière, sans changer fondamen
de roulement. Pour autant, toute modification lourde est, à ce stade. talement la donne.

V Les premiers engins sont équipés d'un toit plat qui se révèle être un véritable
piège à grenades, car celles-ci restent bloquées dessus, et leur explosion éventre
sans difficulté le mince blindage.

-mi

# ^-J*'
V-

mm
A Les deux kiosques placés à l'avant sur le toit sont à destination du pilote ▼ L'équipage du Saint Chamond comprend huit hommes : un officier chef
et du chef de char. Certains auteurs évoquent la présence d'un poste de de char/pllote, un sous-chef de char/chef de pièce pointeur, un canonnier/
servant, un mécanicien et quatre mitrailleurs. Certaines sources avancent
conduite à l'arrière, destiné à faciliter les replis, tellement la forte pression
le chiffre de neuf membres répartis comme suit : un chef de char, un chef
massique rend pénible la moindre manoeuvre. Peu d'Informations existent sur
cette Innovation, et II est difficile de savoir si elle a été utilisée au combat. de pièce, deux canonniers, quatre mitrailleurs et un mécanicien.
^Le Saint Chamond

LZ™

© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2015


Par ailleurs, ralimentation en carburant ne Elle est donc supprimée pour faciliter les évo l'une faisant appel à un périscope, et l'autre
se fait pas correctement selon l'inclinaison lutions sur terrain très meuble. La première voyant le retour d'un kiosque. Finalement,
de la caisse, et la lubrification du moteur de version, dite de « première série », produite cette dernière est retenue, mais seul le pi
90 chevaux pose problème. Néanmoins, le bi à 150 exemplaires, est armée d'un canon de lote placé à gauche peut bénéficier d'une
lan n'est pas si négatif, car le Saint Chamond 75 TR (tir rapide) Saint Chamond et de qua casemate, aussi appelée capot de conduite,
est plus rapide sur le plat (12 km/h atteints tre mitrailleuses Hotchkiss de 8 mm. Elle se de forme rectangulaire cette fois, dès le
durant les essais, mais 8 km/h en pratique) caractérise par son toit plat, qui s'avérera être 20 octobre 1917. Les autres améliorations
que son « concurrent », et sa transmission un véritable « piège » à grenades. portent sur le train de roulement, qui voit
électrique « pétroléoélectrique » assure une le premier chariot renforcé. Source de bien
conduite bien plus souple, et donc moins des maux, les chenilles d'origine sont rem
fatigante, que celle du char d'assaut Schnei Améliorations placées, car il s'avère alors impossible de
der, qui se révèle particulièrement épuisante. modifier les caisses, déjà construites pour
Ensuite, l'agencement interne s'avère bien Dans ces conditions, le char Saint Chamond des modèles dits de « type II », pourvues de
pensé pour les huit hommes d'équipage qui de deuxième type se distingue par son toit à patins dissymétriques et larges de 412 mm.
peuvent combattre dans un confort « relatif » deux pans inclinés destiné à faire rouler les Les 100 derniers engins de la troisième série
en dépit de gaz d'échappement s'infiltrant grenades allemandes. Mais cette modification de Saint Chamond verront pour leur part le
dans l'habitacle. Cela imposera d'ailleurs de s'accompagne de la suppression des deux montage de chenilles de « type III » à patins
prolonger les tubes d'échappement. kiosques cylindriques d'observation munis de symétriques larges de 500 mm. Ces modi
Les premiers engins testés sur le terrain d'essai fentes et de la coupole centrale avant servant fications limitent autant que faire se peut
du Fort du Trou-d'Enfer, situé sur la commune de protection pour le projecteur. En janvier les enlisements fréquents qui ponctuent la
de Marly-le-Roi, dans le département des Yve- 1917, le général Estienne s'insurge devant moindre progression sur terrain meuble.
llnes, font apparaître un défaut du train de cette aberration qui ne permet plus à l'équi Pour améliorer la puissance de feu du Saint
roulement. En effet, la plaque d'acier proté page, notamment le chef de char et le pilote, Chamond, le 75 TR est remplacé par le très
geant ce dernier empêche la boue de s'éva d'observer dans de bonnes conditions les alen performant 75 mm Mie 1897 en dotation
cuer, ce qui entraîne de fréquents blocages. tours. Deux solutions sont alors proposées : dans l'Artillerie française.

LE CHAR 25T SAINT CHAMOND

En juillet 1917, la Compagnie des forges et aciéries de la marine et 7,98 kg du canon de 75 Mie 1897. La dotation s'élève à 100 coups.
d'Homécourt se voit commander un char de 25 tonnes(à chenilles La défense rapprochée est assurée par quatre mitrailleuses installées
enveloppantes reprenant l'architecture des blindés rhomboédriques dans des casemates, deux à l'avant et deux à l'arrière, alimentées
anglais). Si les dimensions sont calquées plus ou moins sur celles par 16 000 cartouches. Par ailleurs, pour éviter d'être pris à revers,
des Mark, le moteur avec soupapes est plus puissant, car déve un poste de guetteur, avec un fusil-mitrailleur, est prévu à l'arrière.
loppant 120 chevaux. La vitesse théorique prévue sur route est Par rapport aux engins anglais, la capacité de survie est améliorée
de 4,5 km/h. Pour faciliter la conduite de cette machine, qui doit grâce à un blindage épais de 16 mm et par le stockage des réser
atteindre les 36 tonnes en ordre de marche, la transmission est de voirs dans la partie arrière du char, bien isolés du compartiment
type électrique. Elle comporte une génératrice à un seul collecteur de combat par une plaque d'acier. Le pilote prend place dans une
qui actionne deux moteurs électriques mettant en mouvement les casemate surélevée installée à l'avant. Afin de faciliter sa progression
chenilles par l'intermédiaire d'une transmission mécanique. Les che en zone boisée, une version dite « à masques de mitrailleuses » est
nilles, larges de 60 cm, permettent à l'engin d'afficher une pression également étudiée et se caractérise par la suppression des coffres
massique de 1,760 kg/cm' sur terrain dur et de 0,500 kg/cm^ sur abritant les mitrailleuses. Déjà incapable de livrer les chars d'assaut
sol meuble. Saint Chamond au rythme demandé par l'Armée française, le projet
L'armement se compose d'une pièce de 75 mm courte à faible vi du char « 25t » est finalement abandonné pour cause de capacité
tesse initiale, placée dans la partie avant, capable de tirer les obus de industrielle surchargée.
Le Saint Chamond

© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2015

Char d'assaut Saint Chamond


REPLIQUES ALLEMANDES

Si l'apparition des premiers chars lors de la Première


Guerre mondiale cause un grand émoi au sein de l'Ar CHAR D'ASSAUT SAINT CHAMOND
mée du Kaiser, les contre-mesures ne tardent pas, et,
bientôt, les équipages français et britanniques doivent
1916-1918
affronter des pièces d'artillerie de campagne ouvrant le
Type Char d'assaut
feu en tir tendu ou des balles perforantes de type SmK
Constructeurs Compagnie des forges et aciéries de la marine et d'Homéceurt
(Spitzer mit Stahikern) de 7,92 mm. Avec sa pointe en
Production 400
acier, cette munition est susceptible de transpercer les
flancs des tanks Mark i et Mark // anglais à 100 mètres.
MORPHOLOGIE
Les concepteurs du Saint Chamond doivent alors tenir
compte de cette menace, et des plaques de blindage
EQUIPAGE
supplémentaires de 8,5 mm sont apposées, laissant un
espace vide entre la plaque initiale et la nouvelle. Revers
de la médaille, celles fixées sur la « proue » déplacent
encore plus le centre de gravité vers l'avant.

VARIANTES
Garde au sol :41 cm
<
Lors d'exercices sur le terrain de manœuvres de Cham-
plieu, situé sur la commune d'Orrouy, dans le dépar
tement de l'Oise et la région Picardie, des chars Saint BLINDAGE MOTORISATION
Chamond vont dépanner des Schneider « plantés » lors
de la négociation de tranchées. Il est vrai que le Saint Panhard et Levassor

Chamond est plus lourd et plus puissant que son frère 4

d'armes. De cette expérience naît le « char-caisson ». Arrière 7 383 cm^


Il s'agit d'un char Saint Chamond désarmé et destiné Toit 5,5 mm 90 cv à 1 450 trimin
à dépanner les autres blindés tout en pouvant assurer Plancher 5,5 mm
une fonction de ravitaillement. 48 exemplaires sont mis
en service au sein des sections de ravitaillement et de MOBILITE
réparation (SRR).
Un prototype armé d'un canon d'artillerie de campagne
de 120 long est également mis au point. Le projet de ce
canon automoteur lourd n'atteint toutefois pas le stade
de la production en série, et les informations manquent km/li
Sur route
sur son étude. Vitesse max Autonomie

BILAN

Le développement précipité du char Saint Chamond


aboutit à une machine percluse de défauts, d'où son
quolibet de « La bête à chagrins », dont l'industrialisation
conduit à des retards dans la livraison de la série des
Pente 38.7° Tranchee 2 m
Schneider CA, car la Compagnie des forges et aciéries
de la marine et d'Homécourt aurait dû participer à l'as ARMEMENT
semblage de ce dernier. Les FAMH ne peuvent d'ailleurs
solder la commande de Saint Chamond qu'en mars 1918. Principal Canon de 75 mm Mie 1897
Néanmoins, le cuirassé terrestre imaginé par les services Munitions 90 coups
techniques de l'Armée française combat pour la première Secondaire 4 mitrailleuses Motchkiss de 8 mm Mie 1914
fois en mai 1917 sur l'Aisne, sur le saillant de Laffaux, Munitions 7 488 balles
avec des résultats pour le moins mitigés, puisque, sur
les 16 engagés, un seul parvient à franchir la première
tranchée allemande. Pour autant, aussi imparfait soit-il,
le char d'assaut Saint Chamond participe à la victoire sur
l'Allemagne du /Ca/ser Guillaume II. d

■ Vauvillier (F.), Tous les blindés de l'Armée française, 1914-1940,


Histoire et Collections, septembre 2014
■ Malmassari (P.), Les chars de la Grande Guerre, Soteca, 2010
■ Jeudy (J.G.), Chars de France, Éditions Techniques pour l'Automobile et
l'Industrie, 1997
■ Ferrard (S.), Engins blindés français:Cent ans d'histoire, EPA Éditions,
1996
■ Ferrard (S.), Histoire des blindés français, Argos éditions, 201 2
Le Saint Chamond

LA TRANSMISSION « PÊTROLÉOÊLECTRiaUE »

^ ... ... ...

Le char d'assaut Saint Chamond utilise une transmission élec tomberont en panne faute d'un équipage ayant reçu la formation
trique « Crochat-Colardeau » dite « pétroléoélectrique », combi adéquate ; il est vrai que l'Artillerie spéciale est dépourvue au
nant une mécanique 4 cylindres essence sans soupape, cubant départ de tout électricien ! Ce manque de connaissances se
7 363 cm^, de 90 chevaux (100 selon d'autres sources) Panhard traduit par une absence d'entretien des batteries, et aucun ins
et Levassor, à une génératrice couplée à deux moteurs électri trument de mesure (ampèremètre ou voltmètre) n'est disponible,
ques. Celui à explosion actionne la génératrice, qui expédie du ce qui conduit à des problèmes de fiabilité. C'est du moins ce
courant à ces derniers, eux-mêmes entraînant alors chacun une que conclut le rapport concernant l'AS 318. Néanmoins, Pierre
chenille. Si elle simplifie la conduite tout en la rendant moins Lestringuez, auteur de « Sous l'Armure », publié tout de suite
pénible, elle n'est pas pour autant dénuée de défauts. En effet, après-guerre, parle pour sa part d'un engin parfaitement compris
contrairement à celle du Schneider, cette transmission nécessite par ses équipages et d'une bonne endurance, même aux mains
des pilotes disposant de notions d'électricité. Bien des engins de soldats inexpérimentés.

A Ce cliché illustre bien le


point faible du char d'assaut
Saint Chamond : son train
de roulement beaucoup trop
court pour la longueur de
la caisse. La présence de
rouleaux de franchissement
- des sources indiquent
qu'ils auraient été faits de
bois - sous le plancher ne
résout que très partiellement
ce problème, qui entache
l'intérêt même de cet engin,
à savoir se déplacer sur
un sol bouleversé par
les obus et traversé de
tranchées en tout genre.

'P Le Saint Chamond


est, dans un premier
temps, désigné « cuirassé
terrestre », avant que le
général Estienne, une
fois nommé commandant
de l'Artillerie d'assaut en
septembre 1916, ne fasse
accepter un mois plus tard le
terme de « char d'assaut ».
*r^ Htîîîiî

A. Un Saint Chamond de milieu de production. L'engin est doté du toit en pente, mais
pour une raison encore mai connue, les techniciens ont supprimé les deux kiosques
placés à l'avant. Jusqu'à plus d'une centaine d'exemplaires vont être immobilisés
sur ordre du générai Estienne, en attendant que cette erreur soit réparée, car le
champ de vision du pilote et du chef de char est catastrophiquement réduit.
LOC

'-li.uff I'

<1 Un Saint Chamond de fin de production reconnaissabie à son kiosque


. . »5.ï.:v de conduite de forme rectangulaire. L'engin a dû être abandonné par
son équipage, sans doute suite à une panne mécanique,
us Nara

L'ARMEMENT DU CHAR D'ASSAUT SAINT CHAMOND

Afin d'afficher une puissance de feu supérieure à celle du Schneider, parlent également d'un canon de campagne de 75 mm Mie 1912
le Saint Chamond est équipé d'un canon 75 TR (tir rapide) Saint Schneider, de 25,4 calibres, portant à 7 500 mètres avec une
Chamond modèle 1915. Cette arme tire son origine de la volonté munition de 7,98 kg (515 m/s).
de l'Armée française de s'approvisionner, dès septembre 1914, Le char est aussi doté de quatre mitrailleuses Hotchkiss de 8 mm
auprès de l'industrie privée. Commercialisant justement une pièce Mie 1914. Ces armes automatiques, chambrées en 8x50 mm (dites
de 75 mm destinée au Mexique, la société Saint Chamond reçoit 8 mm Lebel), affichent une cadence de tir de 450 à 600 coups
alors une commande de 40 batteries, mais qui sera finalement an- par minute, une portée utile de 1 200 mètres (5 500 mètres au
nulée pour ne pas compliquer la logistique en temps de guerre de maximum) et une vitesse initiale de 700 m/s pour les cartouches
l'Artillerie française. Cette arme est donc montée sur les premières Mie 1886 D à balle ordinaire. La dotation en munitions se monte
séries de cuirassés Saint Chamond. Avec une longueur de tube de à 7 488 projectiles de 8 mm répartis en 78 bandes chargeurs de
28,5 calibres, ce 75 mm est capable d'expédier un obus de 7,98 96 cartouches.
kg (vitesse initiale 530 m/s) à la distance de 6 000 mètres. Par Un temps, il est envisagé de monter un lance-flammes sur le
la suite, ce canon est remplacé par un 75 mm Mie 1897 long de char d'assaut Saint Chamond, mais cette proposition n'est fina-
34,5 calibres susceptible d'expédier un projectile de 7,98 kg (550 iement pas retenue pour ne pas accroître les risques d'incendie
m/s) à une portée de 11 000 mètres. Notons que certains auteurs déjà importants.
StuG E-75
V'/'

15CML/52
Si les grandes lignes du programme des Entwick/ungstypen
(type standard)ont pu être décryptées, certains véhicules

E-75
de cette série d'engins, qui auraient dû voir le jour en
1945-46, demeurent encore « mystérieux », à l'instar
du 15cm L/52 Sturmgeschûtz E-75.
Par Dominique Renauij

SPECULATIONS AUTOUR D'UN CANON D'ASSAUT


impose de déplacer le moteur, sans doute au milieu du châssis, et cettet
EINHEITSFAHRGESTELLE transformation lourde risque d'allonger les délais de développement.
Celle du Jagdtiger est plus « simple », mécaniquement parlant, même
Validé en avril 1943, le programme « E » doit permettre à l'industrie si d'un point de vue dynamique, elle est loin d'être optimale, avec
du ///. Reich de produire des blindés performants et en grande quan une surcharge des premiers galets de roulement qui auraient certai
tité grâce à la standardisation d'une majorité d'éléments. Partant du nement dû être renforcés. En 1945, le temps étant compté pour la
char lourd modèle E-75, un Sturmgeschûtz d'un poids de 85 tonnes Wehrmacht, il est raisonnable de penser que cette configuration est la
et armé d'une pièce de 15cm Stuk 42 L52 aurait dû voir le jour. plus « probable ». La question du dessin de la superstructure demeure,
Voilà, en l'état des recherches actuelles, les seuls renseignements avec comme suggestion celle du Jagdtiger ou celle, plus profilée, du
disponibles. Le dessin final de ce canon d'assaut reste donc inconnu. Jagdpanther. Cette dernière limitant l'espace intérieur du fait d'une
Pour autant, même s'il ne s'agit que de spéculations, les renseigne inclinaison plus prononcée, la coupe plus « cubique » du Jagdtiger
ments sur les matériels allemands existants, ou en projets avancés, est sans doute plus plausible compte tenu de la volumineuse culasse,
permettent de dégager quelques pistes de réflexion. mais qui implique, en contrepartie, une plus grande vulnérabilité avec
ses grandes surfaces.

CE QUI EST SÛR, OU DU MOINS PROBABLE


OUID DU CANON ?
Le châssis du 15cm L/52 Sturmgeschûtz E-75 (désignation donnée
sous toutes réserves) est donc celui du E-75 pourvu d'un train de rou Le 15cm L/52 Sturmgeschûtz E-75 aurait donc été armé d'un 15cm
lement doté de 8 galets par côté et mû par un 12 cylindres Maybach Stuk 42 long de 52 calibres capable de tirer une Panzergranate de
HL 234 à injection développant la puissance de 800 à 900 chevaux 42 kg. Peu d'informations circulent sur cette pièce de nouvelle généra
à 3 000 tr/min. Couplé à une boîte de vitesses comptant 8 rapports, tion, et il est vraisemblable qu'elle soit dérivée du 15cm Sturmgeschûtz
le HL 234 est installé à l'arrière. Avec un poids estimé à 80 tonnes, L/67 (désignation sous réserves), un canon dont le plan est dessiné
rE-75 aurait dû atteindre les 40 km/h. De type modulaire, la caisse par Krupp le 4 juillet 1944 sous la référence Dwg. Bz. 3364.
aurait affiché une inclinaison frontale de 30° et 45° sur les flancs et
l'arrière. Ces informations, reprises par la majorité des ouvrages, sont
donc considérées comme sûres ou du moins hautement probables. CONCLUSION
Mais qu'en est-il de la casemate ?
Fruit de spéculations s'appuyant sur des éléments avérés et des
raisonnements techniques, il est envisageable que le 15cm L/52
CASEMATE:DEUX CHOIX POSSIBLES Sturmgeschûtz E-75 aurait repris l'architecture d'un Jagdtiger. ■

Pour la superstructure accueillant l'armement principal, deux archi


tectures sont possibles si exemple est pris sur les précédents engins
allemands : sur l'avant, comme sur un Jagdtiger, ou sur l'arrière, comme
I BIBLIOGRAPHIE 1
sur un Ferdinand/Elefant. Cette dernière configuration présente comme Hahn (F.), Waffen und Geheimwaffen des Deutschen
avantage d'éviter une surcharge du train de roulement avant du fait Heeres 1933-1945, Nebel Verlag GmbH
d un centre de gravité s'équilibrant entre l'épais blindage frontal et la Spielberger (W.), Spécial Panzer Variants: Development
casemate abritant le canon de 15cm. En revanche, cette implantation - Production - Opérations, Schiffer Publishing Ltd, 2007
Jentz (T.), Paper Panzers, Panzerkampfwagen,
Sturmgeschûtz and Jagdpanzer, Panzer Tracts 20-1, 2001
19451
1946J

Note : il n'existe
aucune esquisse
« officielle » du canon
d'assaut reprenant
le châssis du char
lourd E-75. Le plan
présenté Ici est donc
une vue d'artiste
étayée par des
éléments connus
5'SISMk.IS'.^ (train de roulement,
caisse.,.) et par des
réflexions basées
sur les engins
allemands existants
de même catégorie.

© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2015

WcM U52SwRMGESCHun E-75


m
A.B.fMiTIB

LERSAÏÏ DE CHAR DE L'ARMÉE BELGE


L'auteur remercie Axel Andersen
et les autres membres de l'ASBL
Tank Muséum pour leur diligence
et leur aide précieuse dans la I

réalisation de cet article.

Par Mathias André

Soucieuse de préserver l'Intégrité de son territoire en cas de nouveau


A Composé d'un pilote et d'un
chef d engin/tireur, l'équipage conflit, la Belgique entame, au début des années trente, une impor
de ce T15 pose Ftèrement à
bord de son véhicule lors de
tante refonte de son système défensif. SI les autorités, fidèles à la tra
manoeuvres avant-guerre. dition de neutralité du royaume,font alors des travaux de fortification
des frontières leur priorité (en particulier à l'est), elles n'en négligent
pas pour autant les progrès de la motorisation militaire et, par voie
de conséquence, l'acquisition d'engins de combat modernes. Début
1933, le ministre de la Défense nationale, Albert Devèze, envisage
ainsi de remplacer les vieux chars Renault FT acquis au lendemain
Toutes photos Musée royal de
l'Armée et d'Histoire militaire
de la Grande Guerre par un nouveau véhicule blindé léger destiné à
(Tank Muséum), Bruxelles. équiper les unités de chasseurs ardennaîs en cours de constitution.

jg
que du véritable char de combat. L'acquisition, en
petite quantité, de cet « ersatz de char » ne risque
donc pas de provoquer outre mesure le grand voisin
allemand, redevenu menaçant depuis l'accession au
pouvoir d'Adolf Hitler.
Avant de passer commande, les autorités belges
exigent néanmoins plusieurs modifications par rap
port à l'engin de base proposé par le constructeur.
Pour accroître sa mobilité, le moteur initial Meadows
type EPT de 3,30 litres de cylindrée et 56 chevaux
doit ainsi laisser place à un modèle plus puissant type
EST de 4,43 litres et 90 chevaux. Dans le même ordre
d'Idées, le blindage est revu à la baisse et passe d'une
épaisseur de 12-14 mm à 7-9 mm. Enfin et surtout, la
tourelle de forme cylindrique doit être remplacée par un
modèle tronconique de plus grande taille, capable d'ac
cueillir une mitrailleuse lourde Hotchkiss de 13,2 mm,
dont le montage sera assuré par la Fonderie royale de
canons (F.R.C.) à Liège. Ainsi modifié, l'engin prend la
désignation de Mode!1935 et est commandé à raison
de 18 exemplaires [11 lors d'un premier marché conclu
le 10 mars 1934. Celui-ci est honoré par la livraison
A Prototype du Vickers-Carden-Loyd Light Tank Model 1935 tel qu'il sera fourni à l'Armée belge
de deux lots de neuf engins les 15 et 22 février 1935.
en 1935. L'engin reprend le ctiâssis et le train de roulement du Model 1934, mais s'en distingue par
l'installation d'une nouvelle tourelle de forme tronconique à la place de la cylindrique d'origine. Une deuxième commande portant sur 24 véhicules
supplémentaires [2] est ensuite passée au mois
d'avril, les engins étant livrés entre le 15 novembre
GENESE
et le 28 décembre 1935. Pour la petite histoire, c'est
À cette époque, la firme anglaise Vickers-Armstrong Ltd à cette même époque que le célèbre ingénieur britan
(en fait un conglomérat né de la fusion, en 1927, des entre [1]Au prix unitaire de nique Sir John V. Carden, de passage en Belgique,
prises Vickers Ltd et Armstrong-Whitworth & Co.) s'est fait 242 000 francs belges de trouve la mort dans le crash de l'avion (un Savoia-
l'époque.
une spécialité dans la conception et la fabrication d'engins Marchetti S.73 de la compagnie belge Sabena) qui
de ce type, et c'est donc assez naturellement que les auto [2] Dont le prix unitaire devait le ramener de Bruxelles à Londres. [3]
rités belges se tournent vers ce constructeur pour l'achat passe étrangement à À leur arrivée en Belgique, les 42 véhicules ainsi récep
274 042 francs.
du nouveau blindé. Dans un premier temps, celles-ci se tionnés sont donc envoyés à la F.R.C. de Liège pour
montrent alors intéressées par le modèle Vickers 6-Ton, [3] Bien que l'enquête recevoir leur mitrailleuse lourde, laquelle est installée
dont un prototype (désigné Mark F) est spécialement équipé, menée à l'époque attribue au travers d'un masque hémisphérique légèrement
l'accident à une emeur
à la demande de l'Armée belge, d'un moteur Rolls-Royce décalé sur la droite de l'axe médian de la tourelle.
de pilotage et/ou aux
de 110 chevaux à refroidissement par eau. Jugé trop coû mauvaises conditions
En complément, certains exemplaires sont équipés
teux et surtout trop lourd et trop « offensif » au regard de météorologiques, les d'un fusil-mitrailleur FN Browning modèle 1930 sur le
la façade défensive affichée par l'Armée belge, cet engin spéculations sur un pos toit de la tourelle, sans que ce montage ne soit généra
sible salxjtage de l'avion
est finalement délaissé au profit d'un modèle plus léger, le lisé à l'ensemble du parc. Enfin, toujours pour des rai
par les Allemands iront bon
Vickers-Carden-Loyd Light Tank Mark III (ou Model 1934 train, car John Carden était sons afférant au statut « défensif » de l'Armée belge,
dans sa version export). Atteignant un poids d'à peine 4 ton alors l'un des principaux les engins prennent la désignation officielle d'auto
nes et armé d'une unique mitrailleuse de 7,7 mm,ce dernier concepteurs de chars de la blindée/mitrailleuse (a.b./Mi) 115, le terme « char »
Grande-Bretagne.
tient, en effet, davantage de la chenillette de reconnaissance ayant une connotation trop « offensive ».

^ Réceptionnés sans leur armement, les T15 sont envoyés à la


Fonderie royale de canons à Liège, où ils reçoivent une mitrailleuse
lourde Hotchkiss de 13.2 mm en guise d'armement principal.
A.B.fMiTIS
T15
Escadron AB
2" Chasseurs à cheval
Armée belge
Barrière de Champion, Belgique, mai 1940

Profil couleur iDM. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine. 2015

à refroidissement liquide développe 90 chevaux à 2 800 tr/min.


DESCRIPTION TECHNIQUE SOMMAIRE Couplé à une boîte de vitesses à cinq rapports avant et une marche
arrière, il confère au T1 5 une vitesse maximale de 64 km/h sur route
Le T15 reprend donc le châssis et le train de roulement du Vickers- et, grâce à une consommation mesurée, lui permet de parcourir jusqu'à
Carden-Loyd Light Tank Model 1934. Ce dernier comprend une sus 230 km sans ravitaillement.
pension de type Horstmann composée, de chaque côté, de deux Décalée sur la gauche de la superstructure, une petite casemate abrite le
bogies articulés (avec chacun deux galets de roulement cerclés de conducteur, qui dispose de deux volets rabattables horizontalement pour
caoutchouc) munis de ressorts hélicoïdaux. Les barbotins sont situés améliorer sa visibilité lors des trajets de liaison. Juste derrière (et donc
à l'avant et les roues tendeuses à l'arrière, tandis que, de part et décalée vers la gauche elle aussi), la tourelle monoplace de forme tron-
d'autre, deux galets supports assurent le maintien de la chenille, conique accueille, pour sa part, le chef d'engin/tireur. Percée de quatre
constituée de patins métalliques d'une largeur de 241 mm. Situé lucarnes d'observation sur son pourtour, elle est munie d'une écoutille
dans le flanc droit de l'engin, le moteur Meadows 6 cylindres essence supérieure et d'une petite trappe rectangulaire sur sa face arrière.

tm-
a

nCes 18 T15 alignés dans un entrepôt sont


probablement ceux de la première tranche
d'engins livrés à la Belgique les 15 et
22 février 1935.

H Colonne motorisée du 1°' Guides sur la


Semois pendant la « drôle de guerre ». Outre
des motocyclistes sur motos Saroléa de 600
cm= et side-car FN de 1 000 cm^, elle
comprend deux T15, un T13 Type III et un 113
Type II.

El Célèbre cliché du roi Léopold III remontant une


colonne de T15 lors d'une tournée d'Inspection
au début de l'invasion allemande de mal 1940.

El Le T15 est équipé d'une suspension


Horstmann du même type que celle montée
sur le célèbre tracteur chenillé Universel(Bren)
Carrier, mais avec 4 galets de roulement au
lieu de 3. Simple et compacte, elle assure de
bonnes performances en tout-terrain, mais se
révèle fragile lors des parcours à grande
vitesse.

0Bien perceptible sur cette photographie, le


faible encombrement du T15 compense
avantageusement la maigre épaisseur de son
blindage. De fait, l'engin mise davantage sur
sa discrétion et son excellente mobilité pour
assurer sa survie sur le champ de bataille.
o A.B./MiTIB
Commandée électriquement, elle embarque une
mitrailleuse lourde Hotchkiss de 13,2 mm qui bien que
conçue au départ pour la lutte antiaérienne, n'en affi
che pas moins une certaine capacité antichar avec sa
Auto blindée / mitrailleuse T15 munition perforante AP 35 (vitesse initiale de 800 m/s)
capable de transpercer jusqu'à 20 mm de blindage
Catégorie Char léger laminé homogène à 400 mètres pour un impact à 90°.
Période 1935 ï IL . ~ Sur certains engins, cette mitrailleuse lourde se dou
Constructeurs Vickers-Annstrong(et Fonderie royale de canons pour l'armement) ble d'un fusil-mitrailleur FN Browning modèle 1930 de
Exemplaires produits 42 7,65 mm [4] . Installé sur le toit de la tourelle, celui-ci sert
théoriquement à la défense antiaérienne de l'équipage.
Ainsi armé, le T15 peut taquiner les véhicules blindés
légers adverses. Toutefois, la réciproque est aussi vraie,
MORPHOLOGIE
car avec au mieux 9 mm d'épaisseur, son propre blindage
(bien que fortement incliné sur l'avant) ne protège l'équi
EQUIPAGE page que des éclats d'obus et des balles de petit calibre.
De fait, l'engin est notoirement sous-blindé, même pour
un véhicule de sa catégorie [5]. Cette faible protection
a cependant l'avantage de son inconvénient, puisqu'elle
permet de maintenir le poids de l'engin sous la barre des
4 tonnes, contribuant ainsi à accroître ses performances
dynamiques, en particulier en terrain peu porteur. In fine,
le II 5 mise davantage sur son excellente mobilité et son
faible encombrement(3,63 x 1,89 x 1,90 m) pour assurer
sa survie sur le champ de bataille.

DOTATION

Destinés au départ au corps des chasseurs ardennais,


les II 5 sont finalement versés en majorité à la Cavalerie
qui, dans le cadre de son programme de motorisation,
prévoit initialement d'équiper chacun de ses six régi
BLINDAGE & ARMEMENT ments motocyclistes d'un escadron d'autos blindées
7à8mm à sept T15 et quatre II 3 (répartis en un peloton hors
1 mitrailleuse lourde Motchkiss de 13,21 rang avec un T1 5 et un T13 et trois pelotons de combat
1 fusil-mitrailleur FN Browning modèle 1 à deux T1 5 et un T13 chacun). En pratique, néanmoins,
cette dotation ne pourra pas être respectée, car la 1 di
vision de chasseurs ardennais perçoit un lot de neuf
MOTORISATION & RADIO Il 5, qu'elle répartit entre ses trois régiments à raison
d'un peloton de trois engins chacun. L'École automobile
de Borsbeek (près d'Anvers) reçoit, pour sa part, un
T15 qu'elle conservera en permanence pour l'instruc
tion du personnel et des mécaniciens. Les 32 véhicules
restant affectés aux deux divisions de cavalerie seront
alors répartis de la façon suivante : quatre au Gui
MOBILITE des, six au 2" Lanciers, six au 3'' Lanciers, six au 1"
Lanciers, six au 1=' Chasseurs à cheval et quatre au
2= Chasseurs à cheval.

30 40 50 tsG 200 EMPLOI OPERATIONNEL


loov'-S'^aoo
Lors de la campagne de mai 1940, les T1 5 sont géné
70 cïti Sur route 5"/^
l—L
" ralement déployés en petits paquets aux côtés des
automoteurs 113. En dépit de leur excellente mobilité.
Vitesse max. Autonomie

Tranchée [4] Il s'agit d'une copie rechambrée et modernisée du


BAR M1918 américain, dont la FN Herstal a acquis
les licences de fabrication et d'exportation.

[5] À titre de comparaison, le blindage frontal du


Panzerkampfwagen I allemand et des AMR françaises
modèles 1933 et 1935 affiche 13 mm d'épaisseur.

[6] Probablement des modèles légers du type


Panzerkampfwagen I ou II, à moins que ces deux chars
n'aient, en fait, été détruits par le T13 du peloton. Dans ce
cas. Il pourrait également s'agir de Panzer III ou IV.

[7] VCL pour « Vickers-Carden-Loyd », le(b)rappelant,


quant à lui, l'origine belge du véhicule.
ils y seront le plus souvent utilisés comme points d'appui
statiques pour couvrir le retrait des troupes à pied. Engagés
occasionnellement en contre-attaque par les unités de cava
lerie, ils remporteront néanmoins quelques succès ; le 12 mai
près d'Hannut, un peloton de l'escadron d'autos blindées
(AB) du 1" Lanciers engage ainsi un groupe de six chars
allemands et parvient à en mettre deux hors de combat [6i ,
tandis que deux de ses propres engins sont endommagés.
De même, le 27 mai, une contre-attaque de l'escadron AB
du 1" Chasseurs à cheval visant à reprendre Knesselaere
se solde par la capture d'une centaine de soldats alle
mands, de deux canons antichars de 37 mm et d'une
dizaine de mitrailleuses. Malgré ces coups d'éclat locaux,
les T1 5 ne pèseront pas bien lourd sur le déroulement des
opérations, et la plupart d'entre eux seront détruits avant
la capitulation de l'Armée belge le 28 mai 1940. Les quel
ques exemplaires encore en état à cette date seront alors
récupérés par les Allemands. Désignés Panzerspahwagen
VCL 701 (b) [7] par leurs nouveaux propriétaires, ils ne
quitteront, semble-t-il, jamais le sol belge et serviront entre
autres comme engins de police, d'entraînement ou pour
la protection des aérodromes.

Deux T15 de la 1'° division de chasseurs ardennais. Au printemps


1940, cette unité en aligne neuf exemplaires, qu'elle répartit entre
ses trois régiments à raison d'un peloton de trois engins chacun.

i> Située prés d'Anvers, l'École automobile de Borsbeek


conservera en permanence un exemplaire deTIS pour
l'entraînement des équipages et des mécaniciens.

V Avec 32 exemplaires répartis en six régiments, la Cavalerie


est le principal utilisateur des T15 au sein de l'Armée beige.
Photographiés lors d'une revue militaire en avril 1940, les engins
visibles sur ce cliché appartiennent au 3° régiment de lanciers, comme
l'indique le marquage à tête de mort sur le flanc des tourelles.

;v îiS i
A.B./MiT15

© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2015

Auto blindé / Mitrailleuse (a.b./Mi) T15 k. 1/35^


r\

CHAR DE COMMANDEMENT
En 1937, la firme VIckers-Armstrongs Ltd lance le dévelop
pement d'un char léger de commandement embarquant trois OU SUCCESSEUR ?
hommes d'équipage. À cette époque, des prospections menées

H ét largietlasupensionreforcéed manière
par le constructeur à l'étranger révèlent en effet que plusieurs
prototype pour procéder à une série de tests. Ces derniers se
petits pays se porteraient volontiers acquéreurs d'un tel engin pour
révélant concluants, des discussions sont entamées à l'été 1939
coordonner l'action de leurs chars légers biplaces au niveau de
au sujet d'une possible production sous licence de l'engin sur le sol
la section, de la compagnie ou du bataillon. Parmi ces acheteurs
belge. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en sep
potentiels figure alors la Belgique qui, en l'occurrence, envisage
tembre empêchera toutefois ce projet d'aboutir, et le prototype sera
d'acquérir ce véhicule pour équiper ses escadrons d'autos blindées
finalement rapatrié en Angleterre. D'après l'historien britannique
T13 et T15. En février 1938, l'Armée belge réceptionne ainsi un
David Fletcher, l'engin livré à l'Armée belge reprenait la base d'un
Vickers Lighî Tank Mk. VI dont le châssis avait

à accueillir une tourelle biplace embarquant un


canon antichar Ordnance QF2-Pounder(40 mm).
D'autres auteurs ont, quant à eux, avancé que
le véhicule fourni à la Belgique était en fait un
exemplaire du Vickers Light Tank Modal 1937,
simple extrapolation du Modal 1934 équipée,
elle aussi, d'une tourelle dotée d'une pièce antichar
de 40 mm. Ce dernier engin aurait alors été pres
senti pour remplacer les T15, et une commande
de 83 exemplaires aurait même été passée à la
fin des années trente. Cette information semble
néanmoins peu plausible au regard des importan
tes dépenses militaires déjà consenties par l'État
belge à cette époque. Quoi qu'il en soit, la guerre
mettra, là aussi, un terme au projet.

•4 Prototype du ctiar de commandement développé par


VIckers-Armstrong à la fin des années trente. C'est cet
engin reprenant la base d'un Vickers Light Tank Mk. VI qui,
à la même époque, aurait été livré à l'Armée belge à des
fins d'expérimentations en vue de le produire sous licence.

CONCLUSION
Engin de reconnaissance et de prise de contact avant tout, le T15 BiBLOGRAPHE
traduit finalement l'ambivalence de la politique militaire belge des
années trente. Cavalarla. Du chaval au motaur, paru dans Tank Muséum
News, numéro spécial, Bruxelles, 1997
Tiraillée entre volonté de mécanisation de ses forces et souci d'afficher
Histolra de TArmée belge de 1830 à nosjours et De 1920
une façade défensive aux yeux de ses grands voisins, en particulier l'Al à nos jours (tome U), Centre de Documentation Historique
lemagne, la Belgique s'est en effet dotée d'un engin très mobile mais fai des Forces Armées, Éditions Grisard, Bruxelles, 1988
blement protégé et armé. Dès lors, ses performances lors de la campagne Champagne (J. P.), Les véhicules blindés à l'Armée belge
de mai 1940 seront à l'avenant de son statut d'« ersatz de char », et les (1914-1974), Arlon, Everling, 1975
Fletcher (D.), Mechanised Force: British Tanks Between
42 exemplaires déployés disparaîtront presque tous dans la fournaise des
the Wars, HMSO, 1991
combats sans avoir pu influer sur le cours des opérations, m Simon (E.), Les blindés belges en mai 1940. Un point de
la situation, paru dans Bulletin d'information du Centre
Liégeois d'Histoire et d'Archéologie Militaires, t. IX,
fascicule 12, octobre/décembre 2006

il

C •-

» -v ■

,K Engagés en contre-attaque aux côtés d'autômoteurs antichars


' T13, comme ici, lors de manoeuvres avant-guerre, les T15
rencontreront quelques succès^ocaux, avant de disparaître
"* jarqsque tous sous les coups de boutoir de la Wehrmacht.
.ïx-
mss,

iMTlTîSîli Wtsm
Profils couleurs G M Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine, 2015

Appartenant à la Panzerjàger-Abteilung 228 de la 116.


Panzer-Division, des Jagdpanzer IV rejoignent le front
normand depuis Guerville le 28 juillet 1944. Cet engin,
armé d'un canon de 7,5cm long de 48 calibres, aurait
pu être désigné Sturmgeschûtz et être déployé dans les
Sturmgeschûtz-Abteilungen des Infanterie-Divisionen sans
l'Intervention du Generalobersl Helnz Guderlan, NAC

Sauf mentions contraires, toutes photos archives Caraktère


LES JAGDPANZER^

HISTOIRE DES CHASSEURS DE CHARS DU III. REICH . . . ..

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les Ja^r/panzer(chasseurs de chars)découlent directement
du Sturmgeschûtz III, un canon d'assaut en service au sein de la Sturm-Artillerie (artillerie d'assaut).
Les excellentes performances sur le front de l'Est de ce dernier rivalisent, en 1941-42, avec celles
des chars de combat, comme les Panzer III et IV. Deux courants s'opposent alors au sein de la
Wehrmacht : les partisans du canon d'assaut, plus simple à produire, et ceux du char, dont la
tourelle assure une meilleure réactivité au combat. De 1942 à 1944 commence alors une lutte
d'influence entre les deux camps, qui aurait pu aboutir à la défaite prématurée du III. Reich si des
hommes comme le Generaloberst Heinz Guderian n'avait pu intervenir.
er
affiche de réelles qualités, ce n'est qu'après le déclenchement de
5r(/(;///, LE PRÉCURSEUR l'opération « Barbarossa » que les StuGe III, alors armés d'un canon
de y,5cm kurz(24 calibres de longueur), dévoilent la totalité de leur
Le Sturmgeschûtz III combat au sein de la Wehrmacht dès la cam potentiel. En effet, si les légers T-26 et rapides BT-7 sont balayés,
pagne de France de mai 1940. Déjà, l'engin est prévu pour engager, les chars multitourelles T-35 et autres T-28 ne constituant qu'une
en plus de son rôle premier, les chars adverses, d'où sa désignation gêne passagère, les Panzer butent sur les lourds KV-1 (450 engins
initiale de Begleiîartillerle unter Panzer fur Infanterie und Panzerabwehr, disponibles) et surtout les très performants chars moyens T-34/76
cette longue appellation pouvant être traduite par « artillerie d'ac (950 exemplaires en service). Bien que dépourvu de tourelle, le StuG III
compagnement sous blindage à l'usage de l'infanterie et de la lutte parvient à s'opposer aux machines soviétiques. D'abord, sa silhouette
antichar ». Cette machine est toutefois dénigrée par Heinz Guderian, basse le rend non seulement relativement facile à camoufler, mais aussi
fervent défenseur de l'Arme blindée, qui ne voit pas d'un œil favorable difficile à cadrer. Ensuite, il affiche une mobilité tout à fait correcte,
l'apparition de ce véhicule sans tourelle qui risque de détourner une qui lui permet de prendre un avantage tactique en contournant ses
part non négligeable des ressources allouées à ses précieux Panzer. adversaires. Autre atout : il est bien mieux protégé que les Panzer,
Après bien des tractations, la Sturm-Artillerle voit le jour sous l'impulsion avec ses 50 mm de blindage frontal qui parviennent à stopper une
du Generalmajor Erich von Manstein et passe sous le contrôle exclusif partie des coups ennemis, du moins à longue distance. Enfin, son
de l'Artillerie allemande. Si la poignée d'exemplaires engagés en France canon peut tirer un projectile à charge creuse HohHadung (Gr.38 HL)

«■-
...

A Un Sturmgeschutz III
Ausf. G en Hongrie en
1944. L'équipage de quatre
hommes a fixé des patins de
chenilies afin de renforcer le
5
blindage de son automoteur,
li est vrai que ia puissance
des derniers canons
soviétiques tend à rendre
ia protection insuffisante.

► Un StuG III armé du canon


de 7,5cm iong de 24 caiibres
de la Sturmgeschutz-Batterie
640 durant la campagne
de France en mai 1940.
Discrets sur ce front du fait
de ia faibie quantité d'engins
déployés, les canons
d'assaut allemands révèlent
tout leur potentiel en Union
soviétique en 1941, au point
que certains les imaginent
prendre ia place des Panzer.

mjÊ
^F
LES JAGDPANZERJ
capable de perforer 70 mm d'acier à toutes distances. Un ensemble de comme un canon soviétique 76,2 mm F-22 modèle 1 936, que les
qualités mis en exergue par l'entraînement supérieur de ses équipages Allemands ont capturé en grand nombre, ou un 7,5cm Pak 40. Le plus
et qui permet en définitive à l'Armée allemande de faire le gros dos en puissant chasseur de chars de cette longue lignée est le 8,8cm Pak 43/1
attendant l'arrivée de matériel plus performant. Par la suite, le canon (1/71)auf FahrgestellPanzerkampfwagen lll/IV(Sf.) ou 8,8cm Pak 43
d'assaut allemand est réarmé pour pouvoir engager à « distance de (L/711 auf Geschûtzwagen lll/IV{Sd.Kfz. 164) Nashorn, dont l'armement
sécurité » les chars soviétiques. Conscient, dès l'automne 1941, que la est susceptible de venir à bout de tous les engins ennemis. D'autres
situation sur le front de l'Est ne peut perdurer sous peine de voir la modèles voient le jour, comme le 7,5cm Pak 40/1 auf Geschûtzwagen
Wehrmacht s'effondrer, Hitler demande alors d'étudier le montage d'un Lorraine Schlepper(f) qui recycle un char de prise. Du fait de leur très
canon à haute vitesse initiale dans la casemate du StuG III. Dans un faible blindage, ces machines manquent clairement de polyvalence.
même temps, le blindage frontal doit être augmenté en vue
d'accroître la protection. La préférence du Fûhrer pour le
canon d'assaut n'est pas due au hasard ni à une quelconque
lubie. En effet, l'engin est celui qui paraît le mieux adapté
- ou du moins pour lequel les modifications sont les moins
importantes - à l'installation d'un 7,5cm de 48 calibres,
désigné StuK 40 L/48, dès le modèle F. Pour autant, même
si ce réarmement est réussi, le Sturmgeschûtz demeure un
engin conçu avant-guerre et qui ne bénéficie pas des der
nières innovations technologiques nécessaires pour évoluer
sur le front de l'Est, comme un blindage incliné ou encore
des chenilles larges pour réduire la pression sur sol meuble.
De nouvelles études sont alors lancées afin de mettre en
service des canons d'assaut modernes. Il n'est, pour l'ins
tant, pas question de développer de nouveaux chasseurs
de chars, puisque, au sein de la Wehrmacht, cette catégorie
d'engins existe déjà.

PANZERJAGER,

LES « VRAIS » CHASSEURS DE CHARS

L'arsenal allemand compte en effet des matériels dont le rôle


est strictement dévolu à la destruction des blindés ennemis.
Le premier de cette longue lignée est le 4,7cm Pak(t) (Sf)
aufPanzerkampfwagen lAusf. B- Sfpour Seibstfahriafette
ou canon automoteur - ou Panzerjager / fur 4,7cm Pak(t),
mis au point après la campagne de Pologne. Manquant
de puissance de feu face aux T-34 et autres KV-1, il est
progressivement remplacé par divers assemblages, généri-
quement appelés Marder, sur châssis de chars légers Panzer H
ou de Panzer 38(t), dotés d'une pièce plus puissante,

"'I Un Panzerjager I
appartenant à une unité
affectée à la Panzergruppe
« Kleist », comme l'indique
le « K » peint sur l'avant de
la caisse, vient de traverser
la frontière soviétique en juin
1941. Contrairement à ce
que pourrait laisser penser
sa siltiouette désuète, le
Sd.Kfz. 101 est un engin
suffisamment puissant pour
prendre à partie les BT-7
et autres T-28 ; toutefois,
les projectiles de son
canon tchèque de 4,7cm
butent sur les blindages
des T-34 et des KV-1.

► Deux Nashorn
(rhinocéros) de la schwere
Panzerjager-Abteilung 519
sur le front de Vitebsk en
mars 1944. Jusqu'à la fin
du conflit, les munitions
de son canon de 8.8cm.
long de 71 calibres, seront
en mesure de détruire
tous les chars alliés.
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En effet, leur emploi tactique se limite théoriquement aux tirs à grande et ce jusqu'au bout, mais il n'est plus capable d'évoluer en profon
distance et aux embuscades. Incapables de combattre en duel un deur. De ce fait, le différentiel avec les blindés ennemis ne pourra
engin ennemi, elles ne sont pas plus à l'aise face à des fortifications. que s'accroître en sa défaveur, partant du principe qu'en temps de
Pour les Allemands, les Panzerjager ont au moins le mérite d'exister guerre, qui n'avance pas finit par reculer. Début 1942, la Wehrmacht
et apportent une réponse partielle au manque de mobilité des canons lance des programmes afin de se doter d'une machine mieux armée
antichars tractés. Mais, d'un point de vue offensif, leurs capacités et mieux blindée tirant les enseignements des combats menés face
intrinsèques sont des plus limitées, d'où l'intérêt pour les canons d'as à l'Armée rouge. Ces études doivent prendre en compte plusieurs
saut qui sont capables de mener des opérations aussi bien dans la considérations, comme une industrie allemande qui ne peut facilement
défensive que dans l'attaque. augmenter ses cadences de production, le besoin vital en chars du
front de l'Est, les plates-formes disponibles... Dans ces conditions,
les châssis des Panzer / et // ne pouvant être surchargés, le choix
DES CANONS D'ASSAUT MODERNES se porte, durant l'année 1 942, sur ceux du Panzer IV et des futurs
Panther et Tiger I. Pour résumer, sont prévues trois grandes clas
Indubitablement, le StuG III affiche un dessin obsolète, avec ses ses d'automoteurs : ceux sur plates-formes de Panzer IV avec un
blindages verticaux, et le volume de sa casemate n'est pas suf canon de 7,5cm long de 70 calibres, ceux sur base de Panther et de
fisant pour accepter un armement plus performant que le 7,5cm Tiger(P) avec une pièce de 8,8cm de 71 calibres et ceux reprenant le
de 48 calibres. Il n'en demeure pas moins un engin efficace. Au fil châssis du futur Panzer VI Ausf. fî Tiger II avec un tube de 12,8cm
de la guerre, ce canon d'assaut tiendra plus ou moins son rang. mesurant 55 calibres.

A Un Jagdpanther lors
d'un entraînement en
Allemagne. Considéré dans
un premier temps comme
un canon d'assaut, cet
engin finira sa carrière en
tant que ctiasseur de chars
À l'Instar du Ferdinand,
cet automoteur verra sa
désignation changer à de
nombreuses reprises, en
fonction des choix tactiques
de l'Armée allemande ou de
l'Influence des partisans du
StuG ou du Jagdpanzer.
NAC

■4 Deux Panther de la
schwere Panzerjàger-
Abteilung 654 retraitent
vers la Seine après avoir
combattu en Normandie
en juillet-août 1944. Sans
l'intervention de Guderian,
ces machines auraient
été déployées au sein
de schwere Heeres-
Sturmgeschutz-Abteilungen.
ECPA-D
lis JASÛPANZER'^W

II. Abteilung
Panzer-Lehr-Regiment 130
Panzer-Lehr-Divlsion
15. Armee, Heeresgruppe B
Armée allemande
Allemagne, poche de la Ruhr, avril 1945

Note ; ce blindé aurait été détruit


par des chars du 11th Cavalry
Regiment de \'US Army.

m m

< >
9,87 m (avec canon)

- -

NOUVELLE GÉNÉRATION ■ LE CAS DU FERDINAND


DE CANONS D'ASSAUT LOURDS Depuis juin 1941 et l'invasion de l'Union soviétique par la Wehrmacht,
les chars ennemis, à l'image du T-34, apparaissent clairement comme
Le 3 août 1942, le Major Ventz, du Ws Pruf6, informe Krupp que pour l'adversaire numéro 1, car surclassant les Panzar alors en dota
faciliter la production tout comme la standardisation du parc chenillé, tion dans l'Armée allemande. Dans le cadre du Tiger Programm,
le nouveau canon automoteur doit reprendre certains composants du un appel d'offres est alors lancé pour fournir à la Panzerwaffe un
Panzer VAusf. D Panther, comme la suspension à barres de torsion et la blindé lourd apte à opérer dans les steppes russes. De la compé
transmission. D'un poids de 35 tonnes, le blindé est prévu tition entre les firmes Porsche et Henschel naîtra le
pour être armé du 8,8cm KwKL/71 et d'une mitrailleuse T Malgré une idée très Panzer iV Ausf. £ Tiger. Bien que cette dernière récu
MG-42 de 7,92 mm. Les 20-22 septembre, lors d'une répandue, le changement père le contrat, le professeur Ferdinand Porsche, sûr du
réunion sur l'armement, le Fûhrer avalise le programme de nom de Ferdinand (du succès de son prototype, avait déjà lancé la produc
prénom du concepteur,
d'un schwere Sturmgeschûtz auf Fahrgestell Panther le professeur Porsche) tion de 90 châssis, qui lui restent donc sur les bras.
mit Panther Motor und Panther Getriebe mit der 8,8cm en Elefant (éléphant) n'a La décision est alors prise de recycler ces plates-formes
L/71, qui peut être traduit (non littéralement) par canon pas eu lieu en raison des
inemployées pour assembler un canon automoteur,
modifications apportées
d'assaut lourd sur châssis de Panther avec le moteur et et les premières propositions portent sur un engin doté
entre janvier 1944 et mars
la transmission du Panther et armé d'un canon de 8,8cm 1944. y compris l'ajout d'une pièce de 15cm voire de 17cm. Un temps durant,
long de 71 calibres. La même pièce aurait dû équiper le d'une mitrailleuse de caisse. un obusier àe 21cm ou des mortiers de plus gros calibre
Tiger I, mais faute à un puits de tourelle insuffisamment Cette nouvelle appellation
a été suggérée par Hitler sont même évoqués. Des configurations qui classent
vaste, elle sera montée sur son successeur. À cette date, le 29 novembre 1943. naturellement le futur véhicule en Sturmgeschûtz.
le projet de remplacer le Panther I - que certains jugent puis concrétisée par deux En parallèle, les spécialistes de l'armement mettent au
insuffisamment blindé - est sur les rails, et le futur 8,8cm ordres, en date du 1"janvier point une version plus efficace du « 88 » de 56 calibres
1944 et du 27 février 1944,
Sturmgeschûtz 43(Panther) doit reprendre la plate-forme Par conséquent, si les qui arme le Tiger I. Plus performant, le nouveau Pak 43
du Panther II avec un blindage frontal épais de 100 mm, événements co'incident. de 71 calibres est aussi beaucoup trop volumineux pour
contre 60 mm pour les flancs. Finalement, l'abandon Ils ne sont pas liés. les tourelles alors en production dans les usines du Raich.
de ce dernier en mai 1943 conduit au choix du pre
mier, et le châssis ne pouvant accepter d'être surchargé,
la protection est réduite à 80 mm pour le glacis, tandis
que la partie avant basse et les côtés doivent se conten
ter de 50 mm d'acier. Lors de son étude, le schwere
Sturmgeschûtz 8,8cm (futur Jagdpanther) oscille entre
un rôle de chasseur de chars et celui de canon automo
teur. Le 9 septembre 1942, le Waffenamt Prûfwesen 6
Panzer- und Motorisierungsabteilung parle de schweren
Panzerjàger 8,8cm KwK L/71 mit Bauelementen des
Panzer Panther. La mission de ce dernier ne semble pas
véritablement établie, car, en octobre 1943, Vinspektorat
der Panzertruppan 6 — in 6 ou Inspection (générale) des
troupes blindées - table plutôt sur un Sturmgeschûtz
Panther fûr 8,8cm Stu.Kan. 43(Sd.Kfz. 172), l'appellation
de l'armement principal, Stu.Kan. 43, faisant référence
à un canon d'assaut. L'évolution de la situation sur le front
de l'Est et l'action du Generalinspekteur der Panzertruppan
Heinz Guderian finiront de le classer comme chasseur
de chars.
Sur la ligne de front, malgré les améliorations continuel A Alors que, le 15 mars l'offensive d'été de la Wehrmacht en Union soviétique.
1943, les automoteurs
les apportées sur les Panzer, la domination des T-34 Supervisée par Ferdinand Porsche lui-même, la production
lourds sont classés comme
demeure une source d'inquiétudes, d'autant que le Stu. Gesch. 8,8cm K est confiée aux usines Nibelungen situées en Autriche.
cheval de bataille russe ne cesse d'évoluer qualitative (auf Fahrgestell TIger P) L'engin est alors surnommé « Ferdinand », en l'honneur
ment. La lutte antichar devient donc la mission prioritaire (Ferdinand), Ils deviennent de son concepteur. D'avril à mai 1 943, les chaînes de
des Panzerjàger Ferdinand
dévolue à cette future machine. Le StuG ///ayant prouvé
pour la bataille de Koursk
montage assemblent les 90 Stu. Gesch. 8,8cm K (auf
sa polyvalence, un engin similaire dans sa conception, (5 juillet au 23 août 1943). FahrgestellTtger P) (Ferdinand), désignation au 15 mars
mais mieux blindé et supérieurement armé, devra mettre Un tour de passe-passe 1943. L'engin connaîtra son baptême du feu à Koursk
la barre encore plus haut. sémantique qui les transfère en juillet 1943
au sein des schwere
Le 22 novembre 1 942, décision est prise de combiner Panzerjàger-Regimenter. Ici
les 90 châssis assemblés prématurément par Porsche des engins de la II. Abtellung
avec le 8,8cm Pak 43 L/71 et d'ainsi mettre au point (ou schwere Panzerjâger- LUnE D'INFLUENCE
Abtellung 854) du schwere
un Sturmgeschutz mit der 8,8cm lang de 65 tonnes. Panzerjager-Regiment 656
Ce 8,8cm long est capable d'expédier un obus lors d'un entraînement en De manière générale, les Sturmgeschûtze sont déployés
à 15 000 mètres de distance tout en pouvant détruire France ou en Allemagne, par l'Artillerie allemande. Avant-guerre, cette dernière
la majorité des chars soviétiques jusqu'à 2 000 mètres. peu avant leur départ autorise la création d'unités spécialisées et de doctrines
pour l'Union soviétique.
Le 15 décembre 1942, l'engin prendra l'appellation de adaptées pour coordonner l'action des canons d'assaut
Stu. Gesch. 8,8cm K {auf FahrgestelITtgeT P), puis Tiger- avec celle de l'infanterie. Le Stu. Gesch. 8,8cm K (auf
Sturmgeschutz le 29 décembre 1 942. Le 30 novembre, FahrgestellT\get P) (Ferdinand) devrait donc être engagé
soit huit jours seulement après l'acte de naissance offi au sein des Sturmgeschûtz-Abtellungen. D'ailleurs, le
ciel, les plans sont prêts. Compte tenu de ces délais projet de structure organisationnelle de Y Oberkommando
étonnamment courts, il est raisonnable de penser que des hleeres (OKH ou Grand état-major de l'armée de
l'idée était dans l'air depuis un certain temps et que Terre allemande) est de constituer trois schwere Heeres
les études étaient assez avancées. Malgré une mise au Sturmgeschûtz-Abtellungen. Deux Sturmgeschûtz-
point laborieuse, le prototype est présenté à Adolf Hitler Abtellungen déjà existantes (les 190. et 197.) sont
le 19 mars 1943. L'engin est, depuis le 6 février 1943, pressenties pour être « transformées », une troisième
« baptisé » SturmgeschutzaufFahrgestellPorscheT\ger P restant à composer. À la fin du mois de janvier 1943, une
mit der iangen 8,8cm. Dans la nomenclature germanique, première série de Kriegsstarkenachweisungen (K.St N.
► Au printemps 1944, les
il est donc considéré comme un canon d'assaut, d'autant ou tables théoriques d'organisation d'unité, appellation
Stu. Gesch. m. 8,8cm Pak
que, le 22 février, l'appellation Ferdinand fur 8,8cm Stu. 43 (auf Fahrgestell TIger P) qui peut être transposée en TED pour tableau d'effectifs
G. 43/1 65-To auf Fahrgestein\ger PI est employée. (Ferdinand) de la schwere et dotation) est émise. Elles reposent sur une structure
Le Fûhrer est enthousiasmé par ses caractéristiques : Panzerjager-Abtellung
653, moins sa 1. Kompanie
ternaire pour chaque Abtellung avec trois batteries, cha
sa protection frontale dépasse celle de tous les autres envoyée en Italie, retrouvent cune équipée de trois machines, évoluant sous l'égide
blindés en service dans la Fieer, et son 8,8cm à haute yOstfront. Engagée dans la d'une batterie de commandement, disposant elle-même
vitesse initiale affiche des performances balistiques bataille pour Tarnopol, puis de trois Ferdinand ; groupements de services et de soutien
confrontée à « Bagration »
impressionnantes. Le potentiel lui semble si important - la puissante offensive
venant en sus.
qu'une commande de 90 canons d'assaut fStuK 43/1 soviétique menée durant Cependant, le 1='mars 1943, le Generaloberst
aufTgerj, qualificatif adopté depuis le 2 mars 1943, l'été 1944 -, l'unité va Heinz Guderian, qui est alors Generalinspekteur der
est immédiatement lancée. Le Doktor Porsche va ainsi « fondre comme neige au
soleil » du fait de l'action
Panzertruppen, impose ses vues quant à l'usage des
pouvoir recycler quasiment tous ses châssis. L'objectif est ennemie mais aussi de Ferdinand. Son idée maîtresse est de regrouper les
d'aligner un maximum de ces canons automoteurs pour pannes fréquentes. moyens disponibles, unique solution selon lui pour pouvoir

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