Trucks Amp Amp Tanks 040

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A34IComet
SUR LES TRACES DU PANTHER

AH-56 Cheyenne
EN AVANCE SUR SON TEMPS

Comparatif
PANZERIV AUSF. H
VS PANZER IV/70(V)

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1".

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Batailles & Blindés n°57 Trucks & Tanks n°40 LOS! N°10
Ligne de Frdnt n''4B Aérojdurnal n°37

aero
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Panzer-division typ 45 Les chars TYP XXI


Un ersatz de division blindée Les Français du Pacte de Varsovie Kamikaze Les secrets du dernier
sous le casque allemand La vanité de l'héroisme "loup gris"

NOS HORS-SÉRIES ET NUMÉROS SPÉCIAUX


Batailles & Blindés HS n°23 Ligne de Front HS n°19 Tanks & Trucks HS n°14 AJ HS N°15

i BATAILLES!
il & BLINDES Licm îrrFmjfr PANTHERI ^
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a VAa'Ai'JTES

La révolution Les Centurions:5 grandes Panther & Variantes Boeing B-17 Fortress
de la guerre mécanisée figures de l'armée française

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les BO ans de
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01 kiosque ,5- RHC'^
LE 31 4 GUERRE
OCTOBRE,
Renseignefnents : Éditions Caraktère - Immeuble le Maunier - 3 120, route d'Avignon -13 090 Aix-en-Provence - France
Tél: +33(0)4 42 21 06 76 - wwwxaraktere.com
/^ZTTZy le PL-01 concept

Camouflage urbain
Camouflage L'art disruptif

Sd.Kfz, 251/9 Stumnel I Le Kanonenwagen au combat


Engin puissant grâce à son canon de 7,5cm, le
Sd.Kfz. 251/9 Stummel est un seml-chenillé destiné i
à assurer l'appui-feu des groupes de combat alle
iTrucks:a\Tanks.Magailne mands. Pourtant, son faible blindage en fait une proie j
facile pour les armes antichars adverses. Dans ces
^ Trucks & Tanks Magazine tt 40 ^ i conditions, de strictes tactiques d'engagement sont i
Novembre - décembre 2013
ISSN : 1957-4193
élaborées afin de maximiser son potentiel et de limiter|
les risques.
Magazine bimestriel édité par
Caraklère SARL
Immeuble Le Maunier
3120, roule d'Avignon
13090 Aix-en-Provence
SARL au capital de 40 000 euros
DOmER LBSCHQRSDUPflV/l
RCS de Marseille 422 047 118
Avant tout formations d'attaque, les divisions mécanisées
www.caraktore.coni sont destinées à percer, tourner, encercler et poursuivre
les forces de l'OTAN. Mais face à la « supériorité » tech- i
Rédaction : 09 66 02 34 75
Service Commercial : 04 42 21 06 76 noiogique de cette dernière, peuvent-elles atteindre ces
Télécopie : 09 70 63 19 99 objectifs ? Les T-55, T-62, T-72 et autres T-80 ne sont-ils
lnfo@caraktere.com pas surclassés par les Centurion britanniques, les Léopard
Commission paritaire ; 0912 K 89138 allemands et les M60 et Ml américains ? Le pacte de
Dépôt légal(BNF): à parution Varsovie a-t-il véritablement les moyens de ses ambitions ?
Directeur de la publication et rédacteur en chef :Y. Kadari
Un coin du voile entourant l'énorme machine de guerre
Secrétaire de rédaction :L. Tirone du bloc de l'Est est soulevé au travers de ce dossier sur
Correctrice : 8. Watellier
Relations clients: E. Barsamian les chars du PAVA.
Direction artistique : A. Gola
Infographie :
M. Mioduszewska - A. Ricard - N. Bélivier - V. Deraze 1 9 0/-M rAK
1£jOCM Dau W
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L/DS Le la
plus puissant
Seconde canonmondiale
guerre antichar

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A34 CONET Sur les traces du Panther
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Rutscher E5 Le chasseur furtif
Imprimé en France par / Printed in France by:
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tation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce AH-56 Cheyenne En avance sur son temps
soit, des pages publiées dans la présente publication, faite
sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une
contrefaçon. Seules sont autorisées, d'une part, les reproduc
tions strictement réservées à l'usage du copiste et non desti
nées à une utilisation collective et, d'autre part, les analyses
et courtes citations justifiées par le caractère spécifique ou
Draisine « Zeppeun » I La draisine mystère
d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées.
Loi du 11.03.1957, art. 40 et 41; Code Pénal, art. 425.

Les documents reçus (manuscrits et photos) ne sont pas


rendus sauf accord préalable écrit : leur envoi implique - Comparatif Pâmer IV Ausf. H vs Panzer IV/70(V) p.76
l'accord de l'auteur. fl

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Ir r

Depuis sa création en 1955 jusqu'à sa dis capable de submerger le dispositif de l'OTAN, et variantes et nécessitant à lui seul un long
solution en 1991, le pacte de Varsovie n'a leurs qualités, moins mises en évidence par article), mais un tour d'horizon de leur évo
cessé d'inquiéter les pays occidentaux par les analystes américains, sont indéniables, au lution technologique mise en perspective
sa puissance. Il est vrai que les quantités de point que le différentiel est bien moins marqué avec les avancées techniques de l'OTAN.
blindés assemblés ont de quoi donner le tour sur le terrain que dans les discours de propa De quoi revoir quelques poncifs éculés sur les
nis. Force de frappe principale du PAVA, les gande occidentaux. Le dossier consacré aux chars soviétiques I
chars de combat constituent l'ossature de chars du pacte de Varsovie ne se veut pas un
Nous vous souhaitons une bonne lecture.
son ordre de bataille. Si la masse des blin inventaire précis et détaillé des différentes gé
dés du bloc de l'Est est impressionnante au nérations de blindés soviétiques (chaque mo
point de faire penser à une marée mécanisée dèle ayant été décliné en plusieurs versions La rédaction
r
t. Le Direct Support Vehicte PL-01 Concept lors
Dans le cadre d'un programme de modernisation de de la 22° exposition internationale de l'industrie
ses forces armées, la Pologne, mettant à profit son de la défense(MSPO 2013 International Defense
Industry Exhibition in Poland), qui s'est tenue
expérience dans le domaine des chars de combat, dans la ville de Kieice, située en Pologne, du
2 au 5 septembre 2013, Plus de 210 000 visiteurs
cherche à s'équiper d'un tout nouveau Armoured et invités, venus de 56 pays différents, ont pu
Fighting Vehic/e (AFV) ou véhicule de combat blindé. se rendre sur les stands des 6 500 exposants
réunis sur une surface de 185 000 m^.

Toutes photos OBRUM.

Par Laurent Tirone PT-91TWARDY

Actuellement, Tamnée de Terre polonaise est équi


pée de chars de combat PT-91 Twardy. Ce blindé
est un dérivé du vénérable Obiekt 172M-E3,
désignation nationale du T-72M soviétique.
Durant la guerre froide, l'industrie polonaise
acquiert en effet la licence de production de ce
modèle, moins perfectionné que les engins alignés
par l'Union soviétique, notamment au niveau du
blindage. Avec la fin du pacte de Varsovie se
pose la question de l'acquisition d un Main Battia
Tank adapté aux nouvelles considérations straté
giques. Grâce à l'expérience acquise précédem
ment, la décision est prise de ne pas faire appel
0L5KI HOLDING OBRONNY à des matériels étrangers mais de moderniser la
base existante afin de donner naissance au PT-91
Twardy. Ce dernier se distingue essentiellement
des machines antérieures par la pose de briques
réactives destinées à renforcer la protection,
le montage d'un moteur plus puissant(le 12 cylin
dres PZL Wola de 1 000 chevaux), d'une nou
velle boîte de vitesses, de dispositifs de tir plus
perfectionnés... Pour autant, le PT-91 Twardy est
toujours armé d'un canon de 125 mm 2A46MS
couplé à un système de chargement automatique
des munitions, et l'architecture reste la même
que celle du T-72. Or, cette dernière a montré
ses limites lors de la guerre du Golfe de 1991,
qui a vu les « Asad Babil » (Lion de Babylone)
irakiens — appellation locale du T-72M se
faire « laminer » par les chars Ml américains.
Cet affrontement a mis en évidence l'extrême
vulnérabilité de l'ex-char soviétique : l'empla
cement et la mauvaise protection des charges
propulsives conduisent,en cas de tir au but sur le
Twardy, à leur explosion, entraînant la désolida-
risation de la tourelle du châssis et la mort immé
diate de ses trois hommes d'équipage. Après
avoir analysé les différents combats de chars,
et fort de son expérience, le consortium polonais
OBRUM Gliwice {Osrodek Badawczo-Rozwojowy
Urz^dzeh Mechanicznych), avec l'aide technique
de la firme suédoise BAE Systems Hàgglunds
— qui a mis au point le véhicule de combat CV-90
(Combat Vehicle 90)-, développe un nouveau
concept de blindé qui met en avant une archi
tecture plus moderne que celles qui prévalaient
depuis de nombreuses années. m-'.
PL-01 CONCEPT
ia.r'ra'i

UN ËNGÏN « NATIONAL > LE PL-01 CONCEPT

Dans le cadre d'un programme de modernisation de ses forces armées, Le PL-01 Concept est présenté lors de la 22= exposition internationale
qui coûtera plusieurs milliards de zlotys, Varsovie cherche donc à acquérir de l'industrie de la défense, qui s'est tenue dans la ville de Kieice,
un nouvel Armoured Fighting VehidB destiné à remplacer ses PT-91 située en Pologne, en 2013. Meme si I architecture présentée n est
Twardy, du moins en partie, dont la conception remonte à de trop pas novatrice, dans le sens où d'autres nations y ont pensé, OBRUM
nombreuses années. OBRUM est alors chargé de mettre au point « un a le mérite de proposer une machine qui pourrait déboucher sur une
véhicule à chenilles moduleire dont la principale mission est de lutter production en série. Par rapport au PT-91, la tourelle est manœuvrée
contre les véhicules ennemis pouvant mettre en danger les blindés à par l'équipage depuis une cellule de sécurité placée à l'intérieur de la
roues ou les véhicules de combat d'infanterie qui ne sont pas équipés caisse du véhicule. Entièrement automatisée, la tourelle n'abrite donc
de ia puissance de feu permettant de faire face à cette menace ». plus que les systèmes d'armement. Si son poids et sa protection n'en
Pour ce faire, la firme polonaise fait appel, outre BAE, à des sous-trai font pas l'équivalent d'un char de combat, comme le Twardy, le DSV
tants nationaux :ZM BUMAR-LABEDY S.A., Huta Stalowa Woia S.A., doit assumer une bonne partie de ses missions.
Bumar Elektronika S.A. WB Elektronics S.A., Wojskowy Instytut
Techniki Pancernej i Samochodowej,BUMAR PCO S.A.,ZM Tarnôw S.
A., Radmor S.A., PiMCO Sp. z o.o. À charge pour tous les bureaux CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES
d'études de mettre au point un Direct Support Vehide (DSV ou véhi
cule d'appui direct), désigné PL-01 Concept, qui permettra d'accroître Pour réduire le temps de développement et ne pas compliquer les études
considérablement le potentiel de combat des forces terrestres blindées avec un châssis inédit, le ministère de la Défense polonais demande à ce
polonaises. Son développement doit mettre l'accent sur une grande que le DSV utilise des composants éprouvés, en l'occurrence ceux de
mobilité, une puissance de feu en nette amélioration et une augmen Yinfantry Fighting Vehide(IFV) de BAE Systems Hâgglunds : le CV-90.
tation du niveau de protection de l'équipage. Par ailleurs, le DSV,selon les desiderata des forces armées polonaises.

Le Direct Pire Support Combat


Vehide PL-01 est motorisé avec un bloc
Diesel couplé à une transmission automatique
et à une suspension à barres de torsion
composée de sept galets de roulement,
il peut alors atteindre une vitesse sur route
de 70 km/h et 50 km/h en tout-terrain,
avec une autonomie maximaie de 500 km.
il est capable de négocier des pentes
jusqu'à 30°, des tranchées de 2,6 m et
passer, sans préparation, un gué de 1,5 m
de profondeur(5 m avec un équipement
spécial). Le PL-01 peut être équipé de
chenilles en acier avec patins en caoutchouc
(ou tout caoutchouc pour les trajets sur
route) qui diminuent la pression au sol.
doit servir de plate-forme commune à une gamme de véhicules chenillés grâce à une caméra thermique couplée à un télémètre laser, tandis que
modulaires universels(UMPG ou UniversalModular TrackedPlatform) la vue panoramique du commandantfonctionne en mode Hunter-Killer.
qui comprendra des engins de commandement, de dépannage et de Les trois hommes d'équipage sont donc à l'abri dans la caisse du char,
déminage. Le PL-01 mesure 7 mètres de long, 3,8 de large et 2,8 de protégés par un blindage composite modulaire. Le PL-01 est doté de
haut, et, avec un blindage supplémentaire et une protection anti-mines, plusieurs couches de blindage céramique/aramide le plaçant au-delà des
doit peser 35 tonnes, bien que l'Armée polonaise prévoie de réduire le normes STANAG 4569 niveau 5 sur l'arc frontal (protection jusqu'à
poids de 2 à 3 tonnes. Placé dans une tourelle télécommandée,l'arme des calibres de 30 à 40 mm)et de niveau 4 sur les flancs et l'arrière,
ment principal se compose d'un canon de 120 mm capable d'atteindre avec un blindage modulaire supplémentaire. Le modèle présenté à Kieice
une cadence de tir d'au moins six coups par minute. Une option avec est équipé d'une maquette du système de protection active de BAE
une pièce de 105 mm est également proposée dans le cadre de l'ex Systems destiné à détruire les missiles antichars avant que ceux-ci ne
portation. Le tube est couplé à une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm viennent frapper l'engin.
UKM-2013C, une version modifiée de rUKM-2000C. Placé en tourelle,
le système de chargement automatique est alimenté par deux tambours
de munitions contenant de 12 à 16 projectiles. En outre, 29 munitions CALENDRIER
peuvent être stockées dans un compartiment placé dans le châssis du
véhicule, espace également capable d'accueillir jusqu'à quatre soldats. Dans le cadre du programme de modernisation de ses forces armées
Le choix du fabricant de l'armement principal n'a pas encore été arrêté ; devant se terminer en 2022, le Centre national de la recherche et de
toutefois, la firme belge Cockerill Maintenance & Ingénierie Defence développement a donné un délai de 42 mois pour mettre au point et
(CMI) est sur les rangs, en proposant de produire en Pologne son canon produire un prototype du Direct Support Vehicle, qui devra donc être
de 105 mm CT-CV 105HP. De plus, CMI Defence a récemment acheté disponible en 2016. Si la proposition du PL-1 Concept passe avec
la licence de fabrication du tube de 120 mm à canon à âme lisse de succès les tests de l'Armée polonaise, la production en série est prévue
RUAG Defence. Afin d'assurer sa défense rapprochée, notamment en pour 2018.
milieu urbain, un tourelleau composé d'une mitrailleuse de 7,62 mm ou
de 12,7 mm ou encore d'un lance-grenades automatique de 40 mm
peut être télécommandé depuis l'intérieur. Le PL-01 vu à Kieice est
équipé d'un poste de tir ZSMU-1276/ZSMU-40 produit par ZMT et NOUS REMERCIONS MADAME EWA KUBISIEWICZ BOBA, OU CONSORTIUM
actuellement testé par l'Armée polonaise. L'équipage peut observer les OBRUM,POUR SA DILIGENCE DANS LA FOURNITURE DES PHOTOS ILLUSTRANT
alentours grâce à des dispositifs optroniques de pointe et communi CET ARTICLE ET DES INFORMATIONS CONCERNANT LE PL-0LaM«r£2t.,.
quer avec les autres acteurs du champ de bataille en temps réel grâce
à un système d'information tactique couplé à un
système de géolocalisation (Global Positioning
System ou GPS). Par ailleurs est présent un dispo
sitif d'identification « ami/ennemi ». L'équipement
de contrôle de tir inclurait une capacité jour/nuit

L'équipement standard du PL-01 comprend


un système NBC (nucléaire, biologique et chimique),
des extincteurs automatiques de tourelle et de caisse,
un dispositif de gestion du champ de bataille, des
caméras avant et arrière pour le pilote, des optiques
destinées au combat nocturne, des équipements de
chauffage et de climatisation, un module de filtratlon
d'air pour le compartiment de l'équipage ainsi que
des « classiques » radios et autres Interphones,

PL-01 CONCEPT
Camouflage
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1 Juin 1989, Berlin-Ouest, des chars lourds


Chieftain Mark 10 C de la Berlin Brigade, dotés
du blindage additionnel Stillbrew, remontent la nre
du « 17 juin » lors de la parade commémorant la
capitulation du ///, Reich. En arrière-plan est visible la
SIegessâule, la colonne de la victoire.
DoD

L'ART DISRUPTIF
La Seconde Guerre mondiale, à l'image des batailles de Stalingrad et de Berlin, a montré
que les batailles pouvaient se dérouler en milieu urbain. Bien que les chars de combat ne
soient pas vraiment adaptés à de telles zones du fait de leur taille, tous les belligérants ont
dû les y engager pour appuyer l'infanterie. Le début de la guerre froide remet à l'ordre du
jour les combats en ville, rendant indispensable l'application d'un camouflage approprié. Mais
comment dissimuler des engins de plusieurs dizaines de tonnes dans un tel environnement ?

Profils couleur : €> M. Filipluk / Trucks & Tanks Magazine, 2013

CAMOUFLER L1NDISSIMULABLE
La réponse à cet e question est des plus claires : il est im
possible de véritablement dérober aux regards humains un
char en ville, un milieu visuellement non homogène, s'il
générale de l'engin. Étymologiquement parlant, disruptif est em
ployé dans le sens de : « qui sert à rompre ». Dans le cas pré
sent, il s'agit de rompre les lignes, car rendre plus difficile l'iden
doit à un moment ou à un autre se déplacer. En statique, tification altère la capacité de l'adversaire à juger de la menace.
il est certes envisageable de le dissimuler derrière un mur Les quelques instants gagnés doivent suffire pour prendre l'initiative.
ou dans un recoin par exemple, mais une fois en mouvement, Ce n'est plus tant la discrétion qui est recherchée, mais la surprise,
une telle masse est aisée à repérer. Pour autant, si occulter un afin que l'œil ne puisse interpréter tout de suite ce qu'il regarde.
blindé n'est pas encore du domaine du réalisable, certains mo Le plus couramment, ce camouflage se compose d'un mélange de
tifs et teintes peuvent aider à rendre son identification plus diffi figures géométriques (des rectangles ou des carrés généralement)
cile. Ainsi, si des études effectuées par différentes armées sur les indépendantes de la forme du véhicule (selon des angles différents
camouflages « urbains » prouvent qu'aucun « bariolage » n'est des axes « naturels » : caisse, tourelle...), dans des tons allant
capable de masquer un char, celui employé sur les treillis des du blanc à des dégradés de gris-bleu, avec parfois du marron.
fantassins déployés dans un tel milieu (en règle générale dans Par ailleurs, rompre les lignes permet de compromettre la préci
les tons gris à noir) peut être appliqué à un véhicule. Le but d'un sion des tirs ennemis, car les soldats sont perturbés par ce type de
tel camouflage, dit « disruptif », apposé sur une plate-forme mi schéma et de couleurs qui gêne considérablement l'appréciation
litaire n'est alors plus de cacher mais de « casser » la silhouette de la perspective, du gabarit, du relief ou encore des détails. ■
FV 4201 Chieftain Note : Durant les années 1980, les 4th/7lh Royal Drageon Guards élaborent un
Armoured Squadron camouflage pour les combats en ville. Les carrés de couleur blanc, gris et marron
4th/7th Royal Drageon Guards rendent plus difficiles le repérage et l'identification des blindés britanniques depuis
Berlin Brigade les hauteurs d'un immeuble ou depuis les airs. Le FV 4201 Chieftain représenté ici,
Berlin-Ouest, 1989 avec ce camouflage disruptif, est un Mark 5.
k
m
i
G M. Filipiuk I Tnjcks & Tanks Magazine. 2013
O M- Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine, 2013
n 1
C3
«se
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AMX-IORCR Note Cet AMX-10RCR (R pour revalorisé) est peint, en 2002, selon un motif lavable
1" Régiment de Spahis destiné à opérer en zone urbaine. Le gris sur le dessus doit permettre de rendre plus
Armée française, 2002 difficile son identification depuis un point élevé (immeuble...). Pour les besoins de la
FORAD (Force adverse) du CENZUB (Centre d'entraînement aux actions en zone
urbaine), situé dans le camp de Sissonne, des chars AMX-30B2 (dont l'un porte le
numéro d'immatriculation 654 0041)ont aussi été peints d'un camouflage disruptif à base
de carrés gris/blanc/noir ne recouvrant toutefois que le toit de la caisse et de la tourelle
Camouflage urbaii\i

Panhard VBL 12,7


avec tourelleau CTM-105
Vue d'artiste

Note : Dans le cadre de tests lancés en 2002


portant sur un nouveau camouflage urbain
mis au point par le STAT (Section technique
de l'armée de Terre), l'Armée française fait
repeindre douze VBL Panhard et douze
AMX-10RCR. Ces engins ont été déployés au
sein du 1" régiment de spahis (Valence-Drôme).
Le profil représenté ici est une vue d'artiste
appliquée sur un Panhard VBL 12,7 avec
tourelleau CTM-105, mais reprenant toutefois les
motifs originaux.

© M, Filipluk / Taicks & Tanks Magazine. 2013


Leclerc Serie 2
avec camouflage urbain
Vue d'artiste
Note : Cette vue d artiste
est inspirée de la maquette
d'un char Leclerc équipé L
du kit AZUR (action en
zone urbaine), dévoilée
sur le stand de GIAT
f
Industrie lors du salon
Eurosatory qui s'est tenu
en 2006. Pour l'occasion
le constructeur français
a présenté le blindé
recouvert d'un camouflage
disruptif, appliqué ici sur le
profil d'un Leclerc Série 2.
© M. Filipiuk / Taicks & Tanks Magazine, 2013
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Noie : Pour des raisons de
LU
coût, le camouflage disruptif ^^
es o
< jusqu'Ici appliqué sur les engins
de la FORAD du CENZUB de
Sissone a cessé de l'être.
Peugeot P4 o "G >
u (B
FORAD du CENZUB de Sissone, 2005 w -C to
c s c:
<c .2 ^ .o
o
"t.
UfUi
Léopard 2A6 Note : Le Léopard 2A6 peut être doté d'un kit PSO
avec camouflage PSO (Peace Support Opérations), qui a été développé
dans l'esprit du TUSK {Tank Urban Survival Kit),
Vue d'artiste
destiné au M1A2 Abrams. Le PSO comprend un
poste de tir secondaire, l'amélioration des capacités
de reconnaissance, une lame de bulldozer à l'avant,
un canon plus court(pour favoriser les manœuvres
en zones urbaines, mais au détriment de la portée
de tir), un armement non létal, des caméras pour la
surveillance des alentours immédiats, un projecteur.
Un camouflage spécifique fait aussi son apparition,
appliqué ici sur un profil de Léopard 2A6 de base.
5 M. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine. 2013
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Sd.Kfz. 251/9 Stummel

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lE KA/\fO/\fEmAGEJ\/M COMBAT
Engin puissant du fait de son repérées, son équipage doit les aveugler
UN CANON, DEUX ENGINS avec des obus fumigènes, avant de les
armement, le Sd.Kfz. 257/9 mittlere
détruire à coups d'explosifs. Si le combat
Schùtzenpanzerwagen (7,5cm Au début de la Seconde Guerre mondiale, antichar reste possible, ce n'est en aucun
Kanone), surnommé « Stummel » le Panzer IV et le Sturmgeschutz iii sont cas sa fonction principale. Pour sa part,
armés d'un canon identique : le 7,5cm le Sturmgeschutz, avec son blindage fron
(mégot), est un semi-chenillé
KwK 37 L/24 kurz (appelé 7,5cm StuK tal plus épais, doit escorter l'infanterie en
destiné à assurer l'appui-feu des pour le Stug il!) utilisant des munitions engageant directement les points d'appui
groupes de combat allemands. explosives, fumigènes, perforantes ennemis. Encore une fois, les chars ne sont
Afin de maximiser son efficacité et à charge creuse. Du fait de la faible pas ses cibles prioritaires.
vitesse initiale de ses projectiles, cette
au combat, ce mittlere Spahwagen pièce est destinée à l'appui-feu au moment
est régulièrement amélioré, et, de lancer une offensive. Avec son blindage OPERATION « BARBAROSSA »
surtout, des consignes strictes plus léger, le Panzer IV a pour mission,
placé bien en arrière, de surveiller le sec L'opération « Barbarossa », lancée le
d'engagement sont rédigées. teur d'attaque des formations équipées de 22 juin 1941 contre l'Union soviétique,
Panzer III. Une fois les positions adverses montre que des canons de char de fort
A Ce Sd.Kfz. 251/9 officie sur le {m. SPW) Sd.Kfz. 251 sont eux aussi armés avec
front de l'Est. Le Kanonenwagen le 7,5cm Kanone L/24 de manière à renforcer la
s'y avère des plus efficaces grâce puissance de feu des unités de Panzergrenadiere.
à la polyvalence de son armement.
Toutefois, son emploi est régi par de Le montage du Sturmkanone impose toutefois d'y
strictes consignes, car son blindage apporter quelques modifications, donnant naissance
est vulnérable à toutes les armes au 7,5cm Kanone 37 (Sfl.). Le m. SPW reçoit alors la
antichars soviétiques. Ainsi, un
« simple » fusil PTRD de 14,5 mm
désignation de Se/./ffe. 251/9. En outre, le Se/./C7z. 231
peut en venir à bout, (une automitrailleuse à huit roues) en est doté sous
l'appellation de Sd.Kfz. 233. Les deux véhicules sont
li r Appartenant à la 2. SS-
Panzer-Division « Das Reich »
communément identifiés comme « Kanonenwagen ».
en déplacement sur les routes Au combat, le 7,5cm kurz prouve toute son efficience,
françaises, ce Sd.Kfz. 251/9 est au point que V Organisatlons-Abteilung (III) déclare,
calibre et à haute vitesse initiale sont nécessaires. un modèle de début de série. dans un rapport daté du 22 novembre 1942, que :
En effet, le semi-chenillé est une
Un constat qui conduit à l'installation d'un tube long Ausf. D qui embarque un « vieux »
« Les Panzer III armés du 7,5cm KwK U2A s'avèrent
à la fois sur les Panzer III et IV. Pour appuyer ces 7,5cm Kanone 37(Sfl.). Les engins beaucoup plus efficaces que ceux dotés du 5cm KwK.
modifications, \'Organisatlons-Abteilung HH) récapi suivants seront équipés d'un 7,5cm Aussi, le 7,5cm KwK doit équiper nécessairementles
Kanone 51 (Sfl.) qui ne sera plus Schûtzenpanzerwagen, et le Generalstab des Heeres
tule, dans un rapport, les leçons tirées des différents
Issu des anciens stocks de l'Armée
engagements : « L'expérience des combats menés allemande provenant des Panzer IV
(état-major de l'armée) exige un redémarrage de la
en Afrique et en Russie montre que les Panzer III et StuGe III kurz. production de cette pièce ». Dans ces conditions,
et IV équipés d'un canon court ne répondent pas aux et une fois les stocks de 7,5cm Kanonen 37 mo
exigences de la troupe. » Sauf mention contraire, toutes difiés provenant de vieux Sturmgeschûtze épuisés,
photos archives Caraktère une nouvelle version est développée ; le 7,5cm Ka
none 51 (SfL). Alors que la précédente variante du
KANONENWAGEN Sd.Kfz. 251/9 demandait une découpe du blindage
dans la partie avant pour installer la pièce, la nou
De fait, le montage d'une pièce longue de 5cm velle version, sur châssis à'Ausf. D, voit simplement
{Panzer ///) ou de 7,5cm {Panzer IVet StuGe 111) laisse le 7,5cm placé au-dessus du poste de pilotage.
disponibles de grandes quantités de 7,5cm Kano- Cette solution offre beaucoup plus de place à l'in
nen L/24 non utilisés. Des Panzer III Ausf. N se voient térieur du véhicule, mais en contrepartie elle aug
donc équipés avec ce dernier dès le mois de mai 1942,et mente la hauteur totale de plus de 35 centimètres.
une commande initiale de quelque 500 exemplaires est Une mitrailleuse l\/IG-42 de 7,92 mm,coaxiale à l'ar
passée. En outre, des mittlere Schûtzenpanzerwagen mement principal, est également montée.
ai is
SIII5
1 Sd.Kfz. 2S1/9 Stummel

d'avant le déclenchement du conflit et n'ont donc


▲ Le Versuchsfahrzeug(prototype)
LE 7,5CM KANONE51(SEL). du Sd.Kfz. 251/9 Kanonenwagen pas été introduites avec le Kanonenwagen. En revan
pliotograptiié dans l'enceinte che, la 7,5cm Gr. Patr. 38 HUB apparaît dès 1942.
de l'usine Hanomag à Hanovre. Mais avec une perforation de 75 mm,elle ne présente
Destiné principalement à l'appui-feu, le 7,5cm L'engin reprend la base d'une
Kanone 51 (Sfl.) tire les munitions explosives Ausf. C,comme l'Indiquent, entre pas d'amélioration notable. Par ailleurs, les servants
Sprenggranate 34 (Sprgr. 34) ou Granatpatrane 34 autres, les coffres latéraux non s'en plaignent fortement, comme en témoigne un
Intégrés. Le canon est un 7,5cm rapport, daté de mai 1944, du Générai der Artillerie :
(Gr. Patr. 34) et fumigène Nebelgranate Patrone
Kanone 37(Sfl.), dont le montage
{Nbgr. Patr.). Performants, ces projectiles sont uti a imposé la découpe du blindage. « La 7,5cm Gr. Patr. 38 HL/B n'est pas utilisable en
lisés jusqu'à la fin de la guerre. Dans le cadre de la La lunette de tir Sfl.Z.F. 1, tout comme raison d'une mise à feu intempestive lors des tirs
lutte antichar, deux autres obus sont en dotation : la mitrailleuse MG-34 de 7,92 mm soutenus et d'une grande imprécision au-deià de
montée à l'amère, est bien visible.
la Panzergranatpatrone {Pz. Gr. Patr.) - aussi appe NAC 1 000 mètres. » Elle est rapidement remplacée par
lée Panzergranate rot(Pz. Gr. rot) ou encore Kanone la Gr. Patr. 38HL/C, qui transperce jusqu'à 100 mm
Granate rotPanzer(K. Gr. rot. Pz.)- capable de percer d'acier et qui a les faveurs de la troupe.
35 mm d'acier à une distance de 1 000 mètres,
et la Granatpatrone Hohiladung A (Gr. Patr. I-/L/A)
à charge creuse pénétrant 70 mm de blindage à ORGANISATION
n'importe quelle distance. Ces deux munitions datent D'UN SCHWERER KANONENZUG

Le déploiement des Kanonenwagen est orga


nisé par la Kriegsstàrkenachweisung (K.St.
PERFORMANCES BALISTIQUES N.) 1125 datée du 21 décembre 1942. Un
schwerer Kanonen-Zug (peloton lourd) aligne six
DU 7,5CM KWK 37L/24 Kanonenwagen, un Sd.Kfz. 251/3 de commande
ment et un Sd.Kfz. 251/1 de transport de munitions.
Tableau des perforations sous une incidence de 30^^ Ce schwererZug est incorporé comme Teiieinheit
(unité partielle) dans une schwere Kompanie
Vitesse Portée/Perforation
Projectile Type Poids (compagnie lourde) au sein d'un bataillon de
initiale 100 m. 500 m. 1 000 m. 1 500 m. Panzergrenadier ou gepanzerte Panzergrenadier
1 Pz. Gr. rot. Perforant 6,8 kg 385 m/s 41 mm 39 mm 35 mm 33 mm [gepanzerte (blindé) étant abrégé gf^. L'engagement
Charge des six Kanonenwagen doit se faire de manière
Gr. 38 HL/A 4,5 kg 452 m/s 70 mm 70 mm 70 mm. 70 mm
creuse concentrée lors de l'attaque du bataillon afin de
Gr. 38 HL/AB
Charge
4,4 kg 450 m/s 100 mm 100 mm 100 mm. 100 mm
briser toute résistance. Si la situation l'exige, une
creuse
seule Kanonengruppe (deux Sd.Kfz. 251/9) peut
Charge être déployée. Toutefois, ce faisant, le Kommandeur
\ Gr. 38 HL/C 4,75 kg 450 m/s 75 mm 75 mm 75 mm 75 mm
creuse
du bataillon est obligé de déléguer le commande
Sprgr. 34 Explosif 5,74 kg 420 m/s - 26 mm 23 mm 20 mm
ment direct de ses précieux véhicules.
^ Ir

REGLES D'ENGAGEMENT

Le Merkb/atî 47a/33 (brochure) du 1^'juin 1943


détaille les règles d'engagement du schwerer(7,5cm)
Kanonen-Zug auf SPW : « [...] Grâce à sa vitesse,
sa bonne précision et son efficacité, te schwerer
(7,5cm) Kanonen-Zug est particulièrement adapté à
l'engagement des nids de résistance ennemis. Ainsi,
les armes lourdes d'infanterie, les postes d'observa
tion, les bunkers et les maisons fortifiées doivent être
aveuglés avec des obus fumigènes. En raison du faible
blindage de ses engins, le Zug est inférieur aux chars.
Cependant, avec ses Granatpatronen Hohiladung,
a peut engager rapidement les chars qui apparaissent
soudainement[...] La dotation en munitions des 7,5cm
K. 37 (Sf.) auf SPW se compose de Sprenggranaten,
I!
Hohiladungsgranaten et Nebelgranaten. »
Les consignes d'engagement précisent que :
a. Les Granaten 38 Hi/B ou Hi/C doivent être utilisées
contre les blindés jusqu'à une portée maximale de
800 mètres.
b. La Sprenggranate 34 a une portée de 6 000 mètres.
Dotée d'une fusée de contact(mrtAufschlagzûndei),
elle peut être employée contre les nids de résis
tance, les armes antichars, les pièces d'artillerie ou ▲ Transformé en botte de paille, ce (deux Sd.Kfz. 251/9) dans le peloton lourd. Du
pour infliger des dégâts aux chars. Avec une fusée Sd.Kfz. 251/9 est camouflé dans un Nachrichtenblatt der Panzertruppen n° 4, datant
champ de maïs durant l'été 1942,
munie d'un retardateur (mit Verzôgerung), elle est d'octobre 1943, sont extraits les commentaires sui
L'antenne placée sur le côté droit
destinée à combattre les cibles retranchées derrière semble confirmer qu'il s'agit de vants : « La Kanonen-Gruppe cterfs/s Pz. Gren. Kp. c
un couvert, comme des abris en bois, des maisons, l'un des deux Versuchsfahrzeuge (gP) .• l'introduction au sein de ta Kanonen-Gruppe d'une
et, par ricochet, contre les troupes abritées dans déployés sur le front de l'Est en quatrième section apporte une augmentation significa
vue de tester cette conversion en
des tranchées ou dans des trous de tirailleur.
conditions réelles de combat.
tive de ia puissance de feu pouriaPz. Gren. Kp. c (gP).
c. La Nebeigranate, d'une portée de 6 000 mètres, Coll. Erdmann La Kanonen-Gruppe se compose de deux 7,5cm
a pour but d'aveugler les servants d'arme lourde ▼ Un Sd.Kfz, 251/9, basé sur une Kanonen 37 (Sf.) auf SPW (Sd.Kfz. 251/9)et consti
et les postes d'observation. Ausf. D, lors d'une journée « porte tue le point fort de ia Pz. Gren. Kp. c (gP). L'unité
ouverte » organisée le 19 mars tactique est ia Gruppe. Elle doit ouvrir le feu selon
1944 dans la Grolideutschland-
les modalités suivantes:uniquement sur des cibles
Kaseme,lieu de garnison de
LA KANONENGRUPPE la Panzer-Grenadier-Division identifiées etseulement à l'arrêt. Son déploiement se
« Grolideutschiand ». Même en temps base sur ia connaissance exacte des capacités et des
Le 1=' avril 1943, la structure organisationnelle de de gueme,l'Année allemande soigne possibilités d'emploi des 7,5cm Kanonen auf SPW [...]
ses « relations publiques », ce qui
la Panzer-Grenadier-Kompanie c [ou ft. Gren. Kp. c paraît beaucoup amuser les enfants
(gP)\ est modifiée pour intégrer une Kanonen-Gruppe qui escaladent le seml-chenlllé I SUITE P. 20
ai i£
51 E i Sd.Kfz. 251/9 Stummel

Sd.Kfz. 251/9 mittlerer Schûtzenpanzerwagen Ausf. C


{7,5cm Kanone 37)
Unité non identifiée
Union soviétique, hiver 1942-43

WH -1874629

1874629

kl Fiii[,u,k • Tru<:k , t.inVv 2Q13


i

Sd.Kfz. 251/9 mittlerer Schùtzenpanzerwagen Ausf. D


(7,5cm Kanone 51)
Panzer-Grenadier-Division « Gro(ideutschland »
Panzer-Fûsilier-Regiment « GroEdeutschIand »
Allemagne, mai 1945

1759891

Q
^ 1^

Sd.Kfz. 251/9 Stummel


La Kanonen-Gruppe est une unité offensive. Sa tâche
principale est d'appuyer ia Pz. Gren. Kp. c (gP) iors des
attaques grâce à sa mobiiité en tout-terrain. La protection
offerte par ie blindage des Sd.Kfz. 251 /9 contre les tirs
d'infanterie et les éclats d'obus luipermet d'accompagner
les Panzergrenadiere et de les appuyer avec des tirs directs.
Emploi:leur grande puissance de feu etleur bonne mobilité
sont ia base de leur efficacité. Leurs capacités d'appui
(puissance de feu)sontidentiques à celles fournies parie
Panzer IV (L/24) ou le Sturmgeschûtz (L/24) [...] ».

PANZER AUFKLARUNGSABTEILUNGEN

Le Kanonenwagen est également déployé au sein des


Panzer-Aufkiârungs-Abtellungen (unités de reconnais
sance) selon la K.St.N. 1125 du 21 décembre 1942.
Le Nachrichtenblatt der Panzertruppen rapporte, dans son
édition n° 11 datée de mai 1944, une opération militaire
menée en novembre 1943. Y est décrit l'emploi d'une
Panzer-Aufklàrungs-Abteilung (gP) lors d'une reconnais
sance destinée à éclairer le désengagement du flanc droit
d'un groupe armé.

Organisation de VAufklarungs-Abteilung (gP)


1. Spâh-Kompanie (Rad) -■^l-'.f* Jy \ai
2. Spàh-Kompanle (Luchs Vollkette)
3. Aufklàrungs-Kompanie (gPj
4. Aufklàrungs-Kompanie (Krads, Lkw)
5. schwere Kompanie (gP)

L Aufklarungs-Abteilung(gP)a pour mission de reconnaître


les axes de retraite d'une division blindée, sans doute :• «v :\- i
f- *■ .
- ' ■
la 9. Panzer-Division. Pour ce faire, son Kommandeur
forme un verstârkt Panzer-Spàh-Trupp (section de recon
naissance renforcée) qui est segmenté afin de couvrir le
maximum d'objectifs ;
Dessiniwitschi - Spàh-Trupp 1 : section de reconnaissance
sur roues avec un Pak SPW (Sd.Kfz. 251/10).
Gare de Krassniza - Spàh-Trupp 2: section de recon
naissance sur roues.
Rassjessha - Spàh-Trupp 3: section de chars de recon %
naissance Luchs.
Mal. Korogod - Spàh-Trupp 4 ; section de Luchs.
ote 135,8 - Spàh-Trupp 5 : section Luchs avec une
section SPI/\/(deux SPW), une section antiaérienne avec
des Sd.Kfz. 10/4,
Tchernobyl - Spàh-Trupp 6 : section de reconnaissance
sur roues avec un Kanonenwagen 7,5cm, un Pak SPW,
un mittlerer Granatwerfer auf SPW [Sd.Kfz. 251/2
chutzenpanzerwagen [Granatwerfer) armé d'un mortier
de 8cm]et une section de SPW.
Leiew - Spàh-Trupp 7 ; section de reconnaissance sur
roues et une section de SPW
Kopatschi - Spàh-Trupp 8:section de Luchs, un mittlerer
Granatwerfer auf SPW et un Kanonenwagen 7,5cm
Nagorzy - Spàh-Trupp 9 : section de Luchs VL,

Cette organisation ad-hoc montre comment les struc |t 'ij V ^


tures organiques peuvent être modifiées pour répondre
aux exigences d'une situation donnée. Les différents
engins sont ainsi dispatchés de manière individuelle
au sein des sections. Le rapport décrit le déroulement
ultérieur des combats et se termine par une décla
ration de l'inspecteur général : « Ce compte rendu
est un exemple parfait des possibilités d'une Panzer-
Aufklarungs-Abteilung. Cette formation est la mieux ▲ Ci-dessus : Dans le Sd.Kfz. 251/9, l'équipage k En haut : Contrairement à son prédécesseur
adaptée aux actions de désengagement en raison de sa est assis à droite, en face du caisson où sont qui demandait une modification du blindage,
mobilité en tout-terrain, de sa puissance de feu, de ses stockés les 32 projectiles de 7,5cm. ie 7,5cm Kanone 51 (Sfl.) est simplement
NAC placé au-dessus du poste de pilotage.
moyens de communication et de ses véhicules blindés.
MOTORISATIOni & MOBILITÉ |
Sd.Kfz. 251/9 Moteur Maybach HL42TRKM |
Appui feu d artillerie
Puissance 100cvà2 800tr/mn |

Période 1942-1945 38
Constructeur
Bûssing-NAG, Weserhutte, Wumag, 20^
Wegmann, Ritscher, Deutsche Werke
■ Sur route
' Tout terrain
Vitesse max. Autonomie

6,09F Poids Equipage: 3


Obstacle vertical
0,69 m

Tranchee Gue
1,49 m 0,70 m

Longueur :4,56 m
ARMEMENT
Armement principal 7,5cmKwK37L/24 m 7.5cm KwK 51U24
BLIIUDAGE
Approvisionnement 38 projectiles
Caisse
Armement secondaire 1 mitrailleuse MG-42 de 7,92 mm
Frontal 14,5 mm
Latéral 8 mm Approvisionnement 1 010 projectiles
Arriéré Radio Fu5

▲ Culasse du 7,5cm Kanone 37(Sfl.). Son Installation demande une profonde modification du blindage
au-dessus du poste de pilotage. À sa gauche se trouve la lunette Selbstfahrlafetten-Zielfernrohr 1 {Sfl.Z.F. 1)
du tireur. Sur la droite est visible l'embase de l'antenne, ce qui identifie cet engin comme le S/ersuchsfahrzeug.
NAC
M I Sd.Kfz. 251/9 Stummel
Contrairement à l'exemple donné ci-dessus, les
Kanonenwagen du schwerer Zug ne devraient pas
être dispersés : « Le commandant de ia compagnie
peut ne pas engager ses engins, ni en attaque ni en
défense, sans avant avoir mis en place une concen
tration du potentiel de son unité. Cette concentration
sera obtenue par ia création d'un important volume de
feu parie biais du groupement tactique. Le schwerer
Zug est à ia disposition du commandant de ia com
pagnie, mais pas à celle du chef de peloton, car ii est
du devoir du plus haut gradé de conduire ie combat.
Une segmentation du schwerer Zug doit être l'excep
tion à ia régie. Le schwerer Zug est un poing blindé
avec lequel sera porté ie coup décisif. »

EXEMPLE DE COMBAT

Après son engagement près de Debrecen, en Hongrie,


le Kommandeurde la Panzer-Aufkiàrungs-Abteiiung 20
rédige un compte-rendu ; « Après ia fin de ia bataille
de chars quis'est déroulée à Debrecen, des unités de
reconnaissance ennemies ont progressé et ont atteint
Cependant, le style de combat mobile est tout aussi ▲ Sd.Kfz. 251/9 Ausf. D (7,5cm ie nord de ia rivière Tisza. La Pz. Aufkl. Abt. 20 a alors
important. Une utilisation statique de /'Abteilung Kanone 51) lors de l'hiver 1944-45. reçu l'ordre de nettoyer ia zone des forces ennemies
Son camouflage est bien plus
aurait conduit à son anéantissement en raison du dans ia nuit du 24 au 25 octobre 1944. Un repérage
travaillé que celui des modèles
manque d'infanterie d'accompagnement. » Les engins utilisés lors de l'hiver précédent. vers Nyiregyhaza nous apprend que Berkesz et l'est
lourds tels que le Sd.Kfz. 251/10 (3,7cm Pak) et le des hauteurs sont occupés par l'ennemi. Gardant un
Sd.Kfz. 251/9 (7,5cm KwK 37) représentent une pont, quatre canons antichars sont aussi identifiés.
puissance de feu considérable, qui est ensuite ren Tôtie 25 octobre,/'Abteilung avance vers Nyiregyhaza,
forcée par des Sd.Kfz. 251/21 Schûtzenpanzerwagen suria route principale, sans se préoccuper d'éventuei-
(Driiiing N\G-)bM. ies menaces sur les flancs et l'arrière. La suggestion
faite par ie commandant de contourner les positions
antichars est rejetée en faveur d'une attaque frontale.
CONTRE EXEMPLE Aucun renfort, que cela soit par des Sturmgeschûtze
T Front de l'Est, hiver 1942-43.
ou de i'artiiierie, n'est disponible. La 3. Kompanie pro-
Dans les bulletins de l'armée volumes 1 2, 1 3 Ce Kanonenwagen est construit gresse alors sur ia droite, et ia 2. Kompanie passe
et 14 (juin, juillet, août 1944), un certain nombre sur une base d'Ausf. C. Sur le par ia gauche, dans une rue minée. La << 3. » est
modèle de série, l'antenne est
de principes relatifs à l'engagement d'une à ce moment bloquée sur ie pont, iui aussi miné.
déplacée sur le côté gauche de
Panzer-Grenadier-Kompanie sont publiés. Parmi manière à être plus proche du Finalement, les canons antichars ennemis ont été
ceux-ci, plusieurs traitent du Kanonenwagen. poste de radio Fu.Sprech f. détruits par ie Kanonen-Zug pour ia perte d'un seul
véhicule. » Au travers de ce témoignage est démon
trée l'efficacité de la concentration des moyens sur
un point du front donné.
SUITE P. 25
TACTIQUES DE COMBAT COMBINE POUR LES SD.KFZ.251/2ET SD.KFZ.251/9

W Dans le dernier
numéro du
Nachrich tenbla tt
der Panzertruppen
(volume 20 daté -iMrl'irrc':
de février 1945),
le combat combiné
des Kanonen-Zug et
Kanonen-Zug Granatwerfer-Zug
Grana twerfer-Zug Sont la force de frappe principale du commandant de VAbteilung
est soigneusement CARACTERISTIQUES
expliqué pour
- Le Kanonen-Zug est destiné au tir direct, Le Granatwerfer-Zug est destiné au tir
maximiser l'efficacité
avec pour mission d'ouvrir le feu à partir indirect sur des cibles non visibles
des armes lourdes de
de positions préparées ou en positon de
la Panzer-Aufklàrungs- défilement sur des cibles visibles
Abtei/ung.
COMBAT
En cas de combat à bord des véhicules, seul un terrain infranchissable
doit empêcher une attaque de VAbteilung
- Cas de figure qui empêche l'emploi du Kanonen-Zug \ - Obligation est faite pour le Granatwerfer-Zug
[de démonter l'armement (mortier)
MISSIONS COMMUNES
- Élimination des armes antichars ennemies
- Appui de l'assaut de VAbteilung
- Destruction des nids de résistance et des armes lourdes d'infanterie
- Aveuglement des postes d'observation, des bunkers et des armes lourdes
- Coups d'arrêt à une progression ennemie par des tirs de barrage
- Engagement de toutes les cibles visibles
- Fermeture des brèches créées par l'ennemi

ILS OPERENT DE LA FAÇON SUIVANTE :


- Attaque surprise
- Grande précision des tirs
- Haute cadence de feu

Doit être engagé principalement contre des ! - Doit recevoir ses ordres de mission bien
cibles qui apparaissent au cours des combats. avant que le combat ne commence pour
' laisser le temps d'installer des postes
I d'observation et de positionner les mortiers.
IL EST STRICTEMENT INTERDIT DE:
- D'engager le Kanonen-Zug sans D'engager le Granatwerfer-Zug précipitamment
reconnaissance préalable et sans reconnaissance préalable
- De l'engager comme un peloton indépendant Lors d'attaques frontales
- Pour des missions de sécurité
- En tant que chasseur de chars
- En tant que véhicule d'appui ou comme
Sturmgeschûtz lors d'attaques frontales
Ni le Kanonen-Zug ni le Granatwerfer-Zug ne doivent prendre la tête du peloton

MESURE CONTRE LES CHARS ENNEMIS


Uniquement : Uniquement :
- À courtes distances, - En tir indirect pour séparer l'infanterie
- Lors d'une embuscade d'accompagnement des chars
- En concentrant les tirs

'fc'-L OUVERTURE PU FEU


Seulement à l'arrêt depuis des positions camouflées. Se découvrir
sera l'exeption, par exemple lors d'un combat mobile
tCONCINTRATION DU FEU
L'ouverture du feu simultanée de toutes les armes se traduira par
l'anéantissement de l'ennemi et par une faible consommation de munitions
LES DEUX PELOTONS DOIVENT COORDONNER LEURS ACTIONS
Le feu des canons va forcer
■ Les mortiers vont anéantir l'ennemi retranché'.
l'ennemi à rester à couvert
i
L'ennemi, quittant son couvert, sera anéanti jiLfes forcer l^nnérWJ'i''i
par les canons utilisés en tir direct
Sd.Kfz. 251/9 Stummel

31-Tonner m Pz Kpfw M4(Général Sherman) Aniage zu'


l

c • A
H. Dv. 469/3b
Os)
Front Nur fur den Dienstgebrauchi
Nicht in Feindeshand fallen fassen!

yû 9sf
[ÂRBIBLIOTHEK

I
DRESDEN
Panzer-
Seite
BeschuBtafel
(Abwehr schwer zu bekampfender Panzerfahrzeuge)

Sp: BeschuO von Kette und Loufweric Pz: 300r

Heck 7,5 cm KwK


Pz: 400 m

Sp! Molor-EnHOftung
InbiandichieBen
môglich Stand: 15.1. 43

Die Angoben fur diesen Kampfwagen sind errechnet. B5


SIe sollen als Richtwerte einen vorlâufigen Anhalt geben.

26-Tonner m Pz Kpfw T34 A 26-Tonner m Pz Kpfw T34 B (verstorkt)

Front Front

Seite Seite

Pz: 100 m
BeschuS von Kolt» un<i l-aufwetk Pz: 100m
nur bei nahezu
BeichuB von Kefte und Laufwerk
nur bei nahezu senkrechtem
sankrechlem BeschuB
BesdtuD

Heck Heck
^ Ir

UTfi.

w. i^i

sir

▲ Cérémonie du serment pour les hommes de la Panzer-Brigade 106


« Feldhermhalle ». Un Panther4usf. G flanque un Sd.Kfz. 251/9 de fin de
production. L'engin au premier plan est un Sd.Kfz. 251/21. L'insigne de l'unité,
un Wolfsangel blanc(un symbole mystique nordique)sur fond noir, est visible
sur la plaque avant du seml-chenlllé et sur le côté de la tourelle du Panther.
us Nara
PROPOSITIONS D'AMELIORATION
T Sur le Sd.Kfz. 251/9, le 7,5cm Kanone 51 offre un débattement plus important
En septembre 1944, le Nachrichtenblatt der Panzertruppen publie que le Kanone 37, mais II augmente notablement la hauteur de l'engin.
quelques idées destinées à améliorer les unités de première ligne :
Demande de la troupe : installation d'un poste radio additionnel Fu 5
dans le véhicule du chef de peloton (Sd.Kfz. 251/3) du Kanonen-Zug
igP) KAN 1125.
Réponse : la proposition est acceptée. Le poste de radio sera installé
lors de la livraison. La modification de la KAN sera publiée dans
VAIIgemeine Heeresmitteilung.
Demande de la troupe : pose d'un interphone dans un m. SPW251/9
[Kanonenwagen]
Réponse : la proposition est acceptée. Les Kanonenwagen 251/9
actuellement en production seront dotés de Sprechsch/âuche.

Ces exempies montrent que le semi-chenillé allemand fait l'objet


d'améliorations permanentes. Il est d'ailleurs probable que tous les
Kanonenwagen (avec 7,5cm Kanone 51) produits à partir d'août 1944
(peut-être plus tôt) soient équipés avec un Sprechschlàuche. m

r Bien que le Sd.Kfz. 251/9 ne soit pas un engin antichar, son équi
page peut être amené à affronter des blindés adverses. Des notices
montrant les points faibles du T-34/76 soviétique et du M4 Sherman
américain sont donc éditées. Les Allemands différencient les endroits
à viser en priorité en fonction des trois types de munitions dispo
nibles. Ainsi, HL signifie que le tireur doit employer un projectile à
charge creuse {Hohiladung);Sp, pour Sprenggranate correspond à
un obus explosif ; enfin Pz, pour Panzergranatpatrone, doit conduire
à l'utilisation d'un perforant. Pour ce dernier, la distance maximale
d'engagement est alors précisée.
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Rbre 1983, des T-72A défilent pour


Prer la révolution d'Octobre 1917.
Pendant près d'un demi-siècle, les laquelle les bolctieviques ont pris
pays occidentaux ont vécu dans la TTle pouvoir en Russie, Pour l'occasion, les
ijjlî-'(l|il;^fj 7>ir chars ont bien évidemment été lustrés,
hantise de voir les chars de combat et des liserés blancs (sur les galets
soviétiques déferler sur l'Europe, de
l'Oder à l'Atlantique. Il est vrai que le Main
1^;. ont été appliqués afin de rendre les
. de roulement, le « V » du glacis...)
engins plus « photogéniques ».
Iff-
Battle Tank constitue la force de frappe
principale du corps de bataille du pacte de Varsovie, lit» Sauf mention contraire,
^toutes photos US Nara
combinant puissance de feu, blindage et mobilité. Véritable
épine dorsale du dispositif destiné à affronter l'OTAN, il
aurait joué un rôle décisif en cas de conflit conventionnel.
Cette arme est donc l'objet de toutes les attentions,
au point que les deux blocs vont se livrer une véritable
course à l'armement qui verra jusqu'à 180 000 blindés
de tout type se faire face durant la guerre froide.
L'APRES PANTHER

C'est avec le char moyen T-34/85 que l'Armée rouge remporte la


victoire finale dans les rues de Berlin en mai 1945. Même s'il s'est
révélé inférieur, notamment dans le domaine de l'armement, au
Panzer VPanther, ce blindé armé d'un canon de 85 mm a fait preuve
d'indéniables qualités en termes de robustesse et de rusticité, tout en
pouvant compter sur sa mobilité et sa protection inclinée. Pour autant,
les Soviétiques n'ont jamais vraiment cessé, même si ce n'était pas
leur priorité, de travailler sur un éventuel successeur au T-34/85 ca
pable de tenir tête aux fauves allemands. Ainsi, l'ingénieur Aleksandr
Morozov, qui chapeautait jusqu'ici le programme du T-34 à Kharkov,
reçoit l'ordre de mettre au point un engin capable de résister aux obus
des nouveaux Panzer. Morozov dessine donc un châssis caractérisé
par le montage transversal du moteur, qui permet de positionner le
puits de tourelle au centre du véhicule. De ce fait, le déplacement du
centre de gravité permet d'accroître le blindage avant sans pour autant
sacrifier les qualités de franchissement en tout-terrain. Par ailleurs,
la position centrale du canon permet une meilleure stabilité, augmentant
nettement la précision du tir. La suspension, présentant un espace entre
la deuxième et la troisième roue de route, est décalée par la suite entre
la première et la deuxième roue, donnant naissance au train de roule
ment qui sera utilisé après-guerre sur les Main Battis Tanks soviétiques
jusqu'à l'arrivée du T-62, sur lequel les espaces entre les roues sont
déplacés vers l'arrière. Les divers prototypes du T-44 testés à Kubinka
conduisent à l'abandon du canon D-25-44T de 122 mm - à la cadence
de tir et l'emport en munitions insuffisants pour un char moyen -
au profit du ZiS-S-53 de 85 mm. Malgré l'adoption d'un épais blindage
(avant de la caisse à 90 mm,celui de la tourelle à 120 mm), le nouveau
char, rebaptisé T-44A, ne pèse que 32 tonnes du fait de sa compacité.

▲ Prototype du T-44 équipé d'un canon de


122 mm. Identique à celle de riS-2, cette arme
affiche une cadence de tir trop faible.
Morosov

▲ ▲ Prototype du T-44 armé d'un canon de


85 mm. Identique à celui équipant le T-34/85,
ce tube est jugé Insuffisamment performant.
Morosov

^ T-44A. Ce blindé est un modèle de transition entre


le char moyen T-34 et le Main BaWe Tank T-54.
Morosov
m
T Prototype du T-44 armé d'un canon de 122 mm
testé en compagnie d'un Panzer V Ausf. D Panther. Ce
dernier sert à étalonner le nouveau blindé soviétique.
Morosov
LES CHARS DU PACTE DE VARSOVIE

Le 85 mm reste toutefois insuffisant pour percer le


LES PREMICES DE LA GUERRE FROIDE
blindage frontal des Panzer les plus lourds, et, dès
octobre 1944, Morozov a commencé à plancher sur
une version du T-44 armée d'un canon de 100 mm Reprenant la base mécanique du T-44B, un proto
désignée T-44B. Le blindage avant en caisse est porté type désigné T-54 Obj'ekt 137, ou T-54-1, est as
à 120 mm et en tourelle à 180 mm, et des jupes semblé en juillet 1945. La protection est revue à la
blindées de 6 mm d'épaisseur protègent son train de hausse, avec une tourelle affichant 200 mm d'acier à
roulement contre les charges creuses. Une mitrailleuse l'avant et jusqu'à 160 mm sur les côtés. L'armement
de toit DShK de 12,7 mm, montée sur la trappe du principal se compose d'un canon LB-1 de 100 mm.
chargeur, assure la défense antiaérienne. Un moteur Une mitrailleuse SD de 7,62 mm est montée de ma
nière coaxiale. Ce char se distingue par l'installation
Diesel V-54 de 12 cylindres, produisant 520 chevaux, TT T-54M et BMP-1 polonais.
d'armes automatiques SG-43 placées dans des cais
propulse les 34,5 tonnes du T-44B à 43,5 km/h. Cette version du T-54 adopte
des équipements (système sons blindés positionnés sur les ailes. Alimentées
Enfin, des réservoirs supplémentaires, cylindriques et
infrarouge...) destinés à ie par 500 cartouches, elles sont servies par le pilote.
fixés à l'arrière de la caisse, connectés au réservoir
porter au standard du T-55M. Installée sur la tourelle, une DShK de 12,7 mm est,
interne, lui fournissent un rayon d'action de 360 km.
elle, destinée à la défense antiaérienne. En dépit d'un
Avec 1 823 exemplaires produits entre octobre 1944 T Le T-54-1 (modèle 1946)
n'est qu'une évolution imparfaite poids porté à 39,15 tonnes, l'autonomie est toujours
et 1947 (dont 190 avant la fin de la Seconde Guerre
du T-44B, mais son canon de de 360 km, car les réservoirs internes ont vu leur
mondiale), le T-44 est ce qui s'apparente le plus, du 100 mm lui donne déjà les contenance augmentée jusqu'à 545 litres. Les tests
côté soviétique, à un Main Battle Tank. Pourtant, moyens d'affronter tous les ctiars
occidentaux avec succès.
menés entre juillet et novembre 1 945 mettent en
il ne s'agit que d'un char de transition. Morosov lumière de nombreux défauts, mais, prémices de la
guerre froide obligent, la production en
série du T-54-1 est lancée en 1947 aux
usines Nijni Tagil et en 1 948 à Kharkov,
après qu'il a été accepté officiellement
ie 29 avril 1946. Trop vite mis en fabrication,
le T-54 modèle 1946 est loin d'être abouti, au point
qu'une nouvelle version est rapidement mise en
chantier : VObjekt 137R ou T-54-2. Il s'en différen
cie par l'abandon des mitrailleuses montées sur les
côtés et par sa tourelle reprenant la forme hémis
phérique de celle du char lourd IS-3. Un surplomb
à l'arrière de la tourelle permet d'identifier, entre
autres, le T-54 modèle 1949, qui entre en production
à l'usine Uralvagonzavod. Afin d'améliorer la pres
sion au sol, les chenilles passent de 500 à 580 mm.
m

par les bureaux d'études OKB-520 d'Uralvagonzavod, situés


à Nijniy Tagil. Le T-54A (ou Objekt 137Gj est alors armé
d'un canon D-1OTG de 100 mm, muni d'un frein de bouche,
couplé à un stabilisateur vertical STP-1 Gorizont. Pour lui
permettre de passer des coupures humides peu profondes,
il est doté d'un système de franchissement OPVT qui com
prend un schnorkel et une pompe de cale. Les déplacements
nocturnes sont désormais possibles avec l'installation de
lunettes spécifiques couplées à un projecteur infrarouge.
La fiabilité est améliorée avec de nouveaux filtres à air,
une pompe d'huile électrique, un extincteur automatique...
Une deuxième phase de modifications est lancée en 1954,
aboutissant au T-54B (ou Objekt 137G2), qui ajoute au tube
de 100 mm un système de stabilisation horizontale STP-2.
Le combat nocturne est favorisé, avec un projecteur infra
rouge L-2 Luna et un modèle spécifique OU-3 pour le chef de
char. Une lunette de visée TPN-1 -22-11 assure de meilleures
chances de tir au but. Par ailleurs, la mise à disposition de
nouvelles munitions APFSDS {Armour-Piercing Fin-Stabilized
Discarding Sabot), capables de percer 200 mm de blindage à
1 000 mètres, renforce son potentiel offensif. En définitive,
A. Le T-54 modèle 1951 Un modèle amélioré voit le jour, Y Objekt 137Sh ou T-54-3, l'engin de 36 tonnes est plus performant que les machines
(aussi désigné Objekt 137Sh, de 50 tonnes utilisées par les pays occidentaux, à l'instar
avec une tourelle dont la partie arrière est redessinée, lui
T-54-3) fige les grandes
lignes de la famille des donnant une forme semi-ovale. Le tireur reçoit une nouvelle des M48 américains et Centurion anglais. Sa puissance de
T-54/T-55, comme le train de lunette TSH 2-22 à la place de la TSH-20. En outre, le T-54 feu et sa mobilité sont supérieures, sa production est simple,
roulement à cinq galets, la modèle 1951 est équipé d'un générateur TDA qui, après tout comme son entretien. Si l'ergonomie est mauvaise,
caisse ou encore la forme de
la tourelle. Si l'engin brille par injection de carburant dans le pot d'échappement gauche, il reste assez facile à manœuvrer par un équipage peu formé.
sa rusticité et sa simplicité, Il permet de créer un épais nuage de fumée. Enfin, il ne nécessite pas une maintenance trop lourde.
se révélé également être une Un panel de qualités qui fait dire que le bloc de l'Ouest ne
base mécanique très saine,
capable d'évoluer en fonction possède à cette date aucun char équivalent. Néanmoins,
des menaces et d'intégrer VERS PLUS D'EFFICIENCE le T-54B présente toujours quelques soucis de fiabilité,
facilement de nouveaux et sa capacité d'emport en munitions est limitée à seule
équipements(comme des Si le modèle 1951 finalise les grandes lignes de la famille des ment 34 coups. En outre, il n'est pas adapté à un conflit
systèmes de stabilisation
du tube en azimut et en
T-54, il demeure un engin rustique conservant une techno qui verrait l'emploi d'armes chimiques voire nucléaires.
site, des dispositifs de logie guère éloignée de celle du T-34/85. Une campagne de Des lacunes qui imposent aux décideurs soviétiques de
vision nocturne...). modernisation est donc entreprise au début des années 1950 revoir une partie de leur copie.
LES CHARS DU PDCTE DE VARSOVIE

■4 Un T-55 équipé
d'un schnorkel lors
d'un exercice de
franchissement. Ainsi
pourvu, ie char peut
passer une coupure
humide de 5 mètres.
RIa-Novosti

LE T-55, LE MAINBATTLE TANK « PARFAIT » FACE A SES ADVERSAIRES

Toujours performante, la plate-forme du T-54B est reprise Déjà, le T-55 est significativement supérieur au char lourd
mais subit une révision complète afin d'être adaptée aux IS-2 malgré un blindage frontal de la tourelle moins épais
nouvelles demandes. Son successeur, le T-55 modèle 1954, (200 mm contre 250 mm). Le T-55 pousse même les
produit de 1955 à 1 960, se voit installer un moteur V-55 Soviétiques à revoir le rôle de l'IS-3, car ce dernier est surpassé
portant la puissance à 580 chevaux. L'augmentation de la dans le domaine de la puissance de feu et de la mobilité.
capacité des réservoirs permet encore d'accroître l'auto Ainsi, les chars lourds sont en train de tomber en disgrâce
nomie jusqu'à 500 km et plus de 700 km avec les fûts de dans l'Armée soviétique, qui désormais met l'accent sur les
carburant embarqués sur l'arrière. Un démarreur électrique Main Battle Tanks, plus adaptés à une guerre de mouve
remplace le pneumatique qui demandait une pression d'air ment. Face aux blindés de l'OTAN, le T-55 est plus petit,
T T-55 polonais. Ce char
à son maximum pour actionner le gros 12 cylindres Diesel. plus léger, et son canon est plus performant que le 90 mm est largement exporté
L'agencement intérieur est revu afin de pouvoir embarquer équipant les I\/I48 Patton. En effet, ce dernier tire des obus vers les pays du pacte de
jusqu'à 45 projectiles (43 en règle générale) de 100 mm, T33 perforant 150 mm d'acier à 1 000 mètres qui sont Varsovie, et ces derniers
vont progressivement
dont 18 sont stockés dans des conteneurs humides afin de donc dans l'incapacité de venir à bout d'un T-55. La T30E16 développer des versions
réduire les risques d'explosion interne en cas de coup au HVAP (High Velocity Armor Piercing) peut le faire, mais à locales mieux équipées
but ennemi. La mitrailleuse de 12,7 mm DShK de défense condition que la distance de tir soit inférieure à 700 mètres. que le modèle de base.
antiaérienne est supprimée car jugée obsolète
face aux avions à réaction. Cette version est
suivie par un modèle plus adapté à un conflit
en ambiance nucléaire, biologique et chimique
(NBC). En effet, si un T-54B est capable de
résister à l'explosion d'une charge nucléaire
tactique à 300 mètres, son équipage ne survit
pas en deçà des 700 mètres. Dans ces condi
tions, le bureau de Kharkov met au point un sys
tème contre les risques radiologiques, nucléai
res, biologiques et chimiques (RNBC). Désigné
PAZ (Protivoatomnaya Zashchita), il offre une
protection contre les risques nucléaires en as M
surant la filtration des particules radioactives.
Outre cet équipement, le nouveau T-55A est
muni d'un canon amélioré D-10T2S, stabilisé en
azimut et en site, utilisant des munitions explosi
ves à fragmentation et des obus à charge creuse
BK5M perforant 390 mm d'acier. De manière
à lutter contre les hélicoptères antichars, le T-55
modèle 1970 (ou T-55M) se voit à nouveau
doté d'une mitrailleuse antiaérienne de 12,7 mm
destinée à lutter contre les hélicoptères.
L'EUROPE DE LA GUERRE FROIDE
1949-1991

Membres de l'OTAN
ISLANDE
Membres fondateurs du PAVA

Intégration en 1956

Retrait en 1968

FINLANDE r' 1 États neutres


SUEDE

.R.S.S

▼ Des T-55 franchissent SUISSE


aisément une coupure
humide des plus boueuses.
Le char soviétique
r. YOUGOSLAVIE
représente une bonne
synthèse entre protection,
mobilité et puissance de
feu. Tout ceci, associé à
une fabrication en masse
g ALBA'N E

aisée et une maintenance


des plus simples, fait que
ce blindé est en service
dans la majorité des pays
du pacte de Varsovie et
sera largement exporté MAROC ALGERIE TUNISIE
hors de l'Europe.
Ria-Novosti

t
LES CHARS DU PACTE DE VaRSOVIB m


T I
En dépit de quelques af rontements indirects, à l'exemple
de ceux avec la Corée, Moscou et Washington considèrent
l'Europe comme un enjeu essentiel. Les États-Unis prennent
démocratique allemande commence à être mise sur pied. Toutefois,
voulant marquer de plus en plus son indépendance, la Roumanie se
dégage partiellement des obligations militaires du pacte en 1964,
alors l'initiative en réarmant l'Allemagne de l'Ouest et en tout en demeurant officiellement membre de l'alliance politique et
l'intégrant à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord militaire. Par ailleurs, l'Albanie montre ouvertement son désaccord
(OTAN) créée le 4 avril 1949. Cette décision est vue de manière et décide de rompre, le 13 septembre 1968, définitivement avec
négative par l'Union soviétique, qui craint, avec la mise en place de l'organisation intégrée. Au sein de cette dernière, trois nouvelles
la Bundeswehr, une résurgence du militarisme allemand. Dans ces institutions sont créées en 1969 en suivant partiellement le modèle
conditions, Moscou établit, le 14 mai 1955 à Varsovie, un » traité de l'OTAN : un conseil militaire des chefs d'état-major ainsi qu'un
d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle entre la République comité consultatif commun des ministres de la Défense (ce dernier
populaire d'Albanie, ia République populaire de Bulgarie, ia République regroupe différents ministres des pays du pacte ainsi que le com
populaire hongroise, ia République démocratique allemande, ia Républi mandant en chef des forces unifiées et son chef d'état-major, tou
que populaire polonaise, ia République populaire roumaine, l'Union des jours soviétiques) assurent désormais une apparence de dialogue et
républiques socialistes soviétiques et ia République tchécoslovaque. » d'échanges multilatéraux au sein de la structure. De la même façon,
Ce traité de solidarité est alors signé par 8 pays socialistes. L'accord un comité technologique est institué dans le but de rationaliser les
autorise la mainmise de Moscou sur les organisations militaires de capacités de recherche et développement au sein du Bloc socialiste.
ses « partenaires » et lui permet de prolonger sa présence militaire Si l'Union soviétique continue indéniablement d'avoir la haute main
sur le territoire de ses « satellites ». Sur le plan politique, le pacte sur les orientations politiques et militaires de l'Alliance, les autres
de Varsovie (PAVA) se présente avant tout comme un système de pays voient leur capacité consultative augmenter. Cette évolution
« sécurité collective » européen symétrique à celui de l'OTAN. Sur contribue à faire du PAVA,durant les années 1970, une organisation
le plan militaire, il prévoit l'intégration des forces armées, tout parti militaire plus rationnelle et efficace que l'OTAN. La standardisation des
culièrement au niveau de la défense aérienne, domaine éminemment matériels et des procédures fait des progrès considérables, et le fossé
décisif. Sur un plan pratique, il permet à l'URSS de disposer d'un technologique avec les pays occidentaux se réduit continuellement.
glacis militaire solide garantissant sa sécurité. Parmi tous les pays L'Union soviétique parvient indéniablement, entre 1975 et 1980, à
d'Europe déclarés socialistes, un seul refuse, en 1955, de se joindre un niveau de puissance militaire conventionnelle et nucléaire jamais
au nouveau système dirigé par Moscou : la Yougoslavie y trouve en égalé. Néanmoins, la réunification allemande (1989-1990), assortie
effet une occasion de réaffirmer une certaine indépendance. Le ren d'un retrait du Groupe de forces Ouest, donne en 1989 le véritable
forcement et la modernisation progressifs des forces du PAVA,tout signal du changement. Moscou est obligée d'entamer à compter de
autant que le développement d'une véritable organisation militaire, là un retrait massif de ses forces stationnées en Allemagne de l'Est
débutent réellement à partir des années 1960. Les armées des pays d'abord, puis en Hongrie, en Tchécoslovaquie et en Pologne. Lors
« frères » commencent à être alignées sur le modèle soviétique en d'ultimes négociations en 1990-91, les nouveaux gouvernements
termes de matériels, en recevant notamment des chars T-55. Dans d'Europe de l'Est démocratiquement élus rejettent tout prolongement
un même temps, la Nationale Voiksarmee (NVA) de la République du pacte de Varsovie, qui est dissous le 1°' juillet 1991. ■

Par contre, le 100 mm est susceptible de détruire un char occidental point à Nijniy Tagil et dont l'étude a commencé en 1957, est confirmée.
jusqu'à 1 000 mètres en cas d'engagement de face. Les forces so Les performances balistiques de rU-5TS de 115 mm se révèlent en effet
viétiques disposent d'un char capable de supplanter ses adversaires. supérieures à celles de toutes les pièces soviétiques montées sur les chars
En termes de blindés, le pacte de Varsovie surclasse l'OTAN, que cela moyens et lourds, et son obus flèche ZBM-6 (vitesse initiale de 1 615 m/
soit en qualité ou en quantité. Toutefois, les Occidentaux ne restent pas s) peut percer 280 mm de blindage homogène à 1 000 mètres sous une
inactifs devant la puissance militaire croissante du bloc de l'Est. incidence de 90° et encore 246 mm à 2 000 mètres. Cette arme paraît
être la réponse au 105 mm britannique, mais sur quel char l'installer ?
L'Objekt 430(futur T-64) paraît prometteur, mais il est loin d'être finalisé.
LE CANON 17 DE 105 MM BRITANNIQUE Par ailleurs, la tourelle du T-55 est trop petite pour accueillir la culasse du
115 mm. Dans l'urgence est donc développé un blindé dérivé du T-55,
Jusqu'au milieu des années 1950, les T-54/55 armés d'une pièce de dont la fiabilité n'est plus à démontrer. Une nouvelle tourelle est alors
100 mm se révèlent globalement plus performants que les chars adver dessinée. Plus longue, plus basse et dotée d'un plus grand diamètre au
ses équipés du tube de 90 mm, mais la situation s'apprête à changer, puits de tourelle, elle accepte enfin l'U-5TS. Pour améliorer la cadence
avec la mise en service, dès 1958, du canon rayé de 105 mm L7 de de tir, un évacuateur de cartouche est installé. La douille vide arrive dans
62 calibres sur le blindé britannique Centurion. Son obus à sabot dé un compartiment, une trappe s'ouvre à l'arrière de la tourelle, un sys
tachable possède une vitesse initiale de 1 470 m/s, et sa capacité de tème à ressort l'éjecte à l'extérieur, et la trappe se referme derrière elle.
pénétration est largement supérieure à celle des projectiles du canon Le mécanisme est ensuite réarmé par le recul du tube. Par ailleurs, ce
de 100 mm soviétique. Tout cela n'est pas encore trop grave, car système d'éjection évite à l'équipage d'être encombré par les douilles
les Centurion sont relativement peu nombreux en comparaison de la vides, tout en prouvant au passage que l'ergonomie est si déplorable
masse des T-54 et T-55, mais les Américains lancent la production qu'il est impossible de le faire manuellement. Toutefois, son utilisation
de leur M60, lui aussi équipé de ce canon de 105 mm. Pour corser le n'est pas exempte de danger, car les vibrations engendrées par les
tout, l'Allemagne et la France prévoient également d'adopter ce calibre parcours à grande vitesse tendent à dérégler I éjecteur, qui ne s aligne
sur leurs futurs Léopard et AMX-30. Mais Moscou est loin d'avoir dit plus parfaitement sur la fenêtre. La douille en cuivre rebondit alors dan
son dernier mot. gereusement dans l'étroite tourelle. Pour pallier ce dysfonctionnement,
le chef de char dispose d'une plaque de fer censée le protéger. Mais le
tireur et le chargeur n'ont aucune protection. Pour ne rien arranger, la
LE T-62, LE CHAR DE « L'URGENCE » séquence de chargement est aussi fastidieuse que pénible. Le char
geur est obligé d'attendre que le tube se place en position de sécurité
Pour contrer le 105 mm occidental, un état des lieux des matériels pour évacuer la douille, puis qu'il revienne à l'horizontale pour pouvoir
disponibles est demandé, et l'existence d'un canon de 115 mm, mis au charger avec énormément de force l'obus de 22 kg dans la culasse.
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▲ Le T-62 est présenté officiellement le 7 novembre


1967, lorsque 20 engins de la 4° division blindée de la
Garde Kantemirovskaya participent à la parade sur la
place Rouge. Il faudra attendre encore un an avant de
le voir en Europe, lors de l'opération « Danube ». Celle-
ci volt le déploiement des troupes du pacte de Varsovie,
mais seuls les Soviétiques engagent des T-62 dans une
Tctiécoslovaqule en pleine révolution, la nuit du 21 août 1968.
Coll. Baryatinskiy

► T-62tv1. Cette version est dotée d'un blindage


rapporté sur la tourelle afin de faire détonner
prématurément les obus à charge creuse.
Coll. Baryatinskiy

Pendant ce laps de temps, la tourelle est bloquée pour que le


mouvement de rotation n'interfère pas dans le chargement.
De plus, ce système se révèle si peu fiable que la cadence de tir
dégringole de sept à quatre coups par minute. Le châssis doit
aussi être modifié pour accepter cette tourelle. Rallongé et élargi,
il voit son poids augmenter à 38 tonnes, mais le blindé conserve
le 12 cylindres Diesel de 580 chevaux. Le rapport puissance/poids
est alors inférieur à celui affiché par le T-55. Le T-62 est loin
d'être parfait, mais il est facile à produire, dispose d'un canon
performant, et, de toute façon, les Soviétiques n'ont pas le choix.
Faute de mieux, ce blindé sera le cheval de bataille d'une petite
partie du PAVA dès l'année 1962. Effectivement, certains de
ses membres, comme l'Allemagne de l'Est, le refusent, car il est
jugé encore inférieur à ses homologues occidentaux. Conçu dans
la précipitation pour s'opposer aux nouvelles pièces d'artillerie
occidentales de 105 mm, le T-62 est plus à considérer comme
un char de transition, mais adapté à une production en masse,
que comme un engin réellement abouti. Dans les faits, il n'est
qu'un « gros » T-55 armé d'un canon de 115 mm. Le gain en
puissance de feu est certes significatif par rapport à celle de son
prédécesseur, mais le châssis accepte mal la surcharge pondérale.
Finalement, le T-62 est assemblé jusqu'en 1973 dans les usines
UVZ à 20 000 exemplaires. En parallèle, pour répliquer au bond
technologique effectué par ces derniers, Moscou fonde ses espoirs
sur le développement de VObjekt 430.
■|v v'- LES CHARS DU PACTE DE VARSOVIE (
1

f Des T-62 lors d'un


exercice en Bulgarie en
1982. Hormis l'Union

Surprise et rapidité d'exécution doivent être les


soviétique, un seul
autre pays membre du
pacte de Varsovie a
les moins performants, comme les chars T-55 et T-62, réellement utilisé le T-62 :

clés de la réussite d'une offensive menée par le sont prévus pour opérer en pointe. En cas de rencontre la Bulgarie, avec environ
80 exemplaires selon des
pacte de Varsovie à l'Ouest. L'objectif premier est avec une zone pourvue en armes antichars, les lourds sources occidentales. Les
alors de mener une attaque mécanisée massive T-10 et consorts doivent passer à l'action afin de percer autres n'ont fait que le
en Centre-Europe visant à enfoncer les défenses les lignes ennemies. Le but est de saturer les défenses, tester, avant de décliner
l'offre de tVloscou.
de l'OTAN et détruire son corps de bataille. Ces tactiques d'amener l'adversaire à épuiser ses munitions et à révéler
Coll. Baryatinskiy
résolument « agressives » sont élaborées autour de l'Arme ses plans de feu jusqu'au point de rupture. Si les blindés
blindée, seule garante de la destruction rapide de l'ennemi. occidentaux venaient à être repérés, les plus perfectionnés
Pour ce faire, les chars soviétiques, ainsi que ceux de T-64, T-72 et T-80 seraient engagés dans les plus brefs
leurs alliés, ont pour tâche de se ruer dans la profondeur délais pour enrayer une éventuelle contre-attaque blindée.
du dispositif ennemi, en portant les hostilités aussi loin Les stratèges soviétiques savent que ce tempo infernal
que possible de leurs territoires nationaux, et de s'empa éprouvera fortement les formations d'assaut, d'autant que
rer des installations stratégiques majeures de l'adversaire les divisions blindées soviétiques sont prévues pour mener
(aérodromes, ports, sites de missiles nucléaires, centres de des actions soutenues d'une durée maximale de six jours.
commandement et de communication, bases logistiques, C'est à ce moment que le système des échelons prend
etc.) avant que l'OTAN n'ait eu le temps de terminer de toute son importance. Dispersées sur une grande profon
mobiliser ses forces et que des renforts n'arrivent des deur, les unités de réserve de second échelon (constituées
États-Unis. Cette progression rapide doit également éviter en partie de divisions dites de catégorie « B » demandant
le recours à des frappes nucléaires tactiques destinées 72 heures pour être opérationnelles) montent régulièrement
à enrayer l'avance des forces du pacte de Varsovie (PAVA). en ligne pour maintenir l'élan initial et sont engagées par
Avant tout formations d'attaque, les divisions mécanisées vagues de manière à maintenir une pression constante
sont destinées à enfoncer, tourner, encercler et poursuivre sur les forces de l'OTAN qui doivent alors combattre des
l'adversaire. Afin de faciliter la percée du poing blindé (consti troupes constamment fraîches, de façon à ce qu'elles
tué de divisions dites de catégorie « A » à effectifs pleins), finissent par succomber sous le nombre, moment où les
une puissante préparation d'artillerie doit « ramollir » les ultimes échelons seront engagés pour la percée décisive.
défenses antichars ennemies, tandis que les lance-roquettes Les divisions de type « G », nécessitant deux mois pour
multiples et les missiles 9K52 Luna-M (FROG-7 pour Free être remises en condition, sont là pour tenir les arrières et
Rocket Over Ground dans la terminologie occidentale) et éventuellement finir d'épuiser les troupes de l'OTAN dans
Scud à tête conventionnelle frapperaient dans la profon une guerre qui viendrait à durer.
deur des lignes adverses. De manière à prendre de court Le char constitue donc la force de frappe principale du
les défenses, l'avance doit être continue et la plus fluide corps de bataille du pacte de Varsovie en combinant puis
possible. La moindre opportunité (trouée, découverte de sance de feu, blindage et mobilité. Véritable épine dorsale
points faibles...) doit être exploitée pour désorganiser le du dispositif destiné à combattre l'OTAN, il joue un rôle
dispositif de l'OTAN. Pour user ce dernier, les matériels décisif en cas de conflit conventionnel. ■
LE T-64, uni CHAR A « L'OCCIDEniTALE »

Bien que l'assemblage en grande série soit privilégié


par l'Armée soviétique, la « tentation » d'un char
disposant des plus hautes technologies demeure
présente. Effectivement, le T-54 a beau être perfor
mant, il n'en demeure pas moins un engin rustique,
dans la lignée des T-34/B5. En 1951, le KB-60M,
situé à l'usine Kharkov, travaille sur une plate-forme
bien plus sophistiquée : VObjekî 430. Le cahier des
charges est des plus ambitieux, avec l'accroissement
de la puissance de feu, un blindage amélioré et une
mobilité accrue, sans pour autant augmenter la taille
et le poids. Pour ce faire, les ingénieurs optent pour
un moteur moins imposant que le gros VI2 Diesel :
le 5-TDF. Compact,ce bloc à pistons opposés dévelop
pe 760 chevaux et permet d'obtenir un compartiment
arrière très court. Le train de roulement est entièrement
revu et adopte six galets de petite taille, au point qu'il
ne représente plus que 15 % de la masse totale du
char. Cet abaissement du volume de la partie méca
nique permet d'augmenter la dotation en munitions à
50 projectiles. Ainsi motorisé, la vitesse de pointe de
VObjekt 430 se situe entre 65 et 70 km/h sur route. ▲ Les T-64BV sont dotés de pratique du 115 mm (900 mètres avec des projectiles
Le blindage utilise une combinaison céramique/acier briques réactives Kontakt-1 perforants et 600 mètres avec des obus à charge
dite « K », quasi révolutionnaire à cette époque. Si le destinées à renforcer la
creuse) demeure trop limitée, et les essais avec des
protection du char.
premier prototype, qui voit le jour en 1958, est armé Morosov missiles 9M14 IVIalyutka montés à l'extérieur ne
d'un canon de 100 mm, le deuxième est doté du sont pas convaincants, car impossibles à recharger
115 mm qui équipera aussi le T-62. Toutefois, l'en en ambiance NBC. Le T-64 est loin d'être au point,
gin est loin d'être fiable, et les travaux continuent, comme le prouvent aussi les problèmes rencontrés
notamment sur l'armement principal, avec la sortie Un T-64BV lors d'un exercice par son système de chargement automatique qui ne
d'un nouveau prototype en 1963. Pour augmenter le de franchissement. Le train fonctionne que si le char est totalement à plat. Pour
de roulement à petits galets
volume de feu, VObjekt 432 est muni d'un chargeur résoudre une partie de ces problèmes, un canon 2A46
est clairement visible. S'il
automatique qui double la cadence de tir par rapport à favorise la vitesse de pointe, de 125 mm est installé sur VObjekt 434 afin de valider
celle d'un T-62, tout en prenant moins de place qu'un il est aussi très fragile. cette revalorisation. Le modèle de série, le T-64A (ou
Morosov
homme dans la tourelle trop étroite. Avec un télé modèle 1965), est produit jusqu'en 1975 à raison de
mètre à coïncidence optique TPD-43B, VObjekt 432 8 000 exemplaires. Pour autant, les Soviétiques sou
tire donc plus vite et plus précisément que le T-62. haitent disposer d'un char capable de tirer un missile
Toutefois, les munitions de 115 mm étant trop lon ▼ T-64A. Très sophistiqué mais 9K112 Cobra, d'une portée de 4 000 mètres, depuis
aussi très fragile, ce char n'a
gues, le canon, que certains pensent déjà obsolète, équipé que les armées soviétiques. le canon et donnent naissance au T-64B (ou modèle
utilise des projectiles en deux parties qui compliquent Sur le papier, il s'avère puissant, 1976). 1 200 exemplaires de ce dernier sont assem
la chaîne logistique. Pour autant, après des tests à avec son canon de 125 mm, et blés jusqu'en 1982, les versions suivantes n'étant que
Kubinka en 1964, la production en série commence à très rapide, avec des pointes
des T-64 de série revalorisés. Rapide, puissant, bien
dépassant les 70 km/h. Toutefois,
Nijni Tagil, et 600 T-64 modèle 1963 (sa dénomina son moteur et son train de protégé, ce char concentre les plus hautes technolo
tion officielle) sont assemblés. Néanmoins, la portée roulement manquent de fiabilité. gies disponibles mais présente plusieurs inconvénients.
. w, flor
'* f LES CHARS DU PACTE DE VARSDVIE

pays du pacte de Varsovie, comme la Pologne et la


Tchécoslovaquie. Toutefois, étant donné que le train
de roulement du T-64 reste coûteux et fragile, un
démonstrateur, VObjekt 172 (ou modèle 1968), est
mis au point avec un blindage en acier durant l'été
1968. Ressemblant extérieurement au T-64, il est
motorisé par l'universel VI 2 Diesel, mais poussé à
780 chevaux, afin d'uniformiser les composants au
sein du PAVA. De ce fait, fin 1968, de VObjekt 167
est dérivé VObjekt 172M, qui reprend les six gros
galets de roulement bien plus solides que ceux du
T-64 et le canon 2A46 de 125 mm,avec le chargeur
automatique, des nouvelles versions du T-64. Durant
l'été 1969, des chars de présérie sont assemblés en
vue d'essais sur le terrain, notamment en Asie centrale.
Une expérimentation qui se prolonge jusqu'en 1971
et qui, au vu des résultats positifs, conduit à un dé
but de fabrication en 1972 sous la désignation de
T-72, fabrication qui se poursuivra jusqu'en 1974.

Déjà, il demeure mécaniquement fragile (moteur et train de


roulement), et son coût est tel que les quantités disponibles
ne suffisent pas à remplacer le T-62, qui n'est qu'un engin
de transition. Dans ces conditions, impossible d'en équiper
toutes les armées du pacte de Varsovie, d'autant que les
Soviétiques ne tiennent pas à ce que ses secrets de fabrica
tion tombent éventuellement aux mains de l'ennemi. Aussi,
le T-64 est réservé aux unités de la Garde, en remplacement
de leurs lourds T-10 obsolètes. Le PAVA a donc besoin d'un
char capable de s'opposer à ses homologues occidentaux
tout en pouvant être produit en masse.

LE T-72, LE CHAR DE « MASSE »

Alors que la production du T-64 commence en 1964-65,


Uralvagonzavod procède à des tests sur le premier proto
type du nouveau char, VObjekt 167, doté d'un blindage en
acier et également d'un train de roulement classique à six
rouleaux porteurs afin de valider des solutions techniques
applicables à un engin plus simple à industrialiser par les
▲ Un T-72A soviétique.
Le nombre de versions
de ce char compiique
le travail des analystes
occidentaux, qui ont
longtemps cru que ce
cliché était celui d'un T-80.

< Le T-72A se distingue,


entre autres, de la version
antérieure (surnommée
« Ural ») par le montage
sur la tourelle de 12 pots
fumigènes 902A.
nfLi
^Lifr

Même au sein du pacte de Varsovie, Moscou


conserve une certaine méfiance envers ses
« alliés », au point que l'URSS ne livre que
LES « SINEES » DU PACTE DE VARSDVIE
rarement ses matériels les plus évolués, tech Anti-Tank pour obus à charge creuse). Ces valeurs cor
nologiquement parlant, le char de combat T-72 respondent à une équivalence en blindage homogène
n'échappant pas à cette « règle ». Dans le jargon laminé (BHL) ou acier moulé appelé, dans la langue de
soviétique, ces blindés sous-équipés sont désignés Shakespeare, Rolled homogeneous armour pour RHA.
« modèles singes ». Les raisons sont multiples, comme La nouvelle forme de la tourelle fait que le T-72A est
la peur de voir leurs secrets de construction tomber T Un T-72M1. Il s'agit de la surnommé « Dolly Parton » (une chanteuse de country
version export du T-72B. Le
aux mains de l'ennemi occidental.
blindage des T-72M et M1 n'est
américaine) au sein de l'L/S Army. Enfin, les plaques
pas aussi avancé que sur les d'acier protégeant le train de roulement et destinées
modèles soviétiques, et ces à faire détonner prématurément les charges creuses
ctiars s'avèrent Inférieurs à
LA BASE:LET-72A leurs homologues occidentaux,
sont désormais en métal renforcé avec de la fibre de
comme l'ont prouvé les différents plastique. C'est de ce modèle qu'est dérivée la version
Modernisation du premier T-72, le T-72A (développé engagements au Moyen-Orient. « export » du T-72.
en 1974 et produit de 1974 à 1982) s'en distingue
par un moteur amélioré, un système interphone revu,
l'installation d'un équipement de vision nocturne,
une légère refonte du compartiment de stockage des
munitions et le remplacement du télémètre optique
à coïncidence TPD-2, peu performant et coûteux à
produire, par un télémètre laser TPD-K1. Toutefois,
la principale différence tient dans la protection de la
tourelle. L'acier homogène du modèle originel, dont
l'inclinaison est comprise entre 55° et 60°, est rem
placé sur le T-72A par un blindage en acier laminé
intégrant de la céramique (des éléments en caout
chouc sont également cités), quasi vertical. Connu
sous la référence « K », ce blindage est censé porter
la protection à 500 mm face à des projectiles APFSDS
{Armour Piercing Fin StabiUsed Discarding Sabot pour
obus perforant à sabot détachable stabilisé par ailet
tes) et à 560 mm face à des HEAT {Hight Explosive

À cette date, les travaux menés sur le télémètre laser depuis le canon. Les modernisations se poursuivent,
TPD-K-1 sont concluants, et le char le reçoit en série, avec, en 1979, le montage sur la tourelle de douze
puis prend la désignation de T-72A (Objekt 174). pots fumigènes 902A et une lunette TWNE-4B
Une amélioration de la protection est aussi appor autorisant le tir de nuit. La dotation en munitions
tée, avec l'intégration du blindage « K ». Au sein du ▼ Des T-72M polonais. La Pologne est portée de 39 à 44 projectiles, toujours en deux
récupère la licence de fabrication fardeaux. Dans la foulée, le moteur est remplacé
pacte de Varsovie, le T-72A (développé en 1974
du T-72A (mais sans les blindages
et produit de 1974 à 1982) est référencé T-72M. évolués) et exportera largement ce par le W-46-6 Diesel développant 840 chevaux.
En 1 976, l'engin intègre le missile 9M11 9 Svir tiré char hors des frontières du PAVA. Le blindage de la tourelle est également renforcé.
En 1982, apparaît le T-72B (développé de 1981
à 1982 et produit de 1982 à 1985), qui voit la
protection de la caisse renforcée par des plaques
de 16/17 mm et la tourelle redessinée, prenant au
passage, de la part des Occidentaux, le surnom
de Dolly Parton, une chanteuse de country améri
caine aux formes généreuses. En 1985, l'avant de
la tourelle, son toit et l'avant de la caisse au niveau
du poste de pilotage sont encore renforcés par des
plaques de 25 mm en résine mélangée à de la fibre
de verre. Baptisé Super Dolly Parton, il est plus
connu sous la référence T-72B1 (développé en 1985
et produit de 1985 à 1990) ou T-72M1 à l'export.
De plus, les lance-pots fumigènes sont déplacés
à l'arrière de la tourelle pour permettre l'installation
de briques réactives. Ces dernières sont en tests
depuis la capture au Moyen-Orient de chars israé
liens en 1981, équipés du blindage ERA {Explosive
*1 Reactive Armour). Début 1984, une version locale en
est dérivée, l'EDZ, et commence à équiper les T-72,
ces modèles devenant des T-72BW ou T-72B1W.
À l'étranger, la désignation T-72S est utilisée.
** \
. -i
LES CHARS DU PACTE DB VARSOVIE ^I
pénétrateur en acier ne percerait « que » 250 mm d'acier homogène
LE T-72M à 1 000 mètres. Suivant les évolutions du T-72A, le T-72M se voit
lui aussi amélioré avec l'ajout d'une plaque de blindage supplé
Au milieu des années 1970, les Soviétiques entament une série mentaire (17 mm d'épaisseur) sur le glacis et le toit de la tourelle.
de négociations avec la Pologne et la Tchécoslovaquie pour la Désormais référencé T-72M1, ce char est équipé de sept pots
production sous licence de T-72A. Une fois cette dernière acquise, lance-grenades fumigènes montés sur le devant de la tourelle. Du
les deux pays, considérés comme les plus « sûrs » du pacte de char de commandement T-72AK est également dérivée une version
Varsovie, démarrent la production du T-72M, dont le blindage et export (T-72MK) munie d'un équipement radio supplémentaire, y
la protection nucléaire, biologique et chimique (NBC) sont réduits. compris la radio R-130M, couplé à un générateur AB-1-P/30-M1-U
Si pour la version soviétique la tourelle est censée stopper un et à un système de navigation TNA-3. La principale différence ex
projectile flèche de 105 mm, ce modèle ne peut compter que sur terne est une antenne de 10 mètres télescopique, stockée sous le
280 mm d'acier homogène, qui ne sont pas de taille face aux armes coffre de rangement pendant les trajets de liaison. Son embase est
utilisées par les pays de l'OTAN. En outre, il semble que le T-72M montée sur le côté gauche, à l'arrière de la tourelle. Dans le code
ne bénéficie pas des dernières générations de munitions en service OTAN, le T-72MK est désigné sous trois appellations : T-72MK1
dans l'Armée soviétique et réputées venir à bout du blindage frontal (commandement de compagnie), T-72MK2 (commandement du
d'un Ml Abrams à 1 000 mètres. Ainsi, la 3BM42 de 125 mm à bataillon) et T-72MK3(commandement de régiment). ■

T-72M
9. Panzer-Division « Heinz Hoffmann »
Militàrbezirk V
Nationale Volksarmee(NVA)
Deutsche Demokratische Republik (DDR),
1990

Note ; ce T-72M de la République


démocratique allemande [RDAou
Deutsche Demokratische Republik
(DDR)en allemand], également
appelée Allemagne de l'Est, arbore
un camouflage trois tons (noir,
gris clair, vert) élaboré à la fin des
années 1980 en vue de remplacer
le vert uni « classique », mais
toutefois moins foncé que celui
des autres armées du PAVA.

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noxxiES

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T-72M1 roumains. En 1988-89, le nouveau missile 9K119 Reflex (44) fait son aux desiderata des forces soviétiques (facilité de production
Dérivé du T-72B, ce apparition. Avec la pose d'un système de brouillage passif et importante puissance de feu), il perd en mobilité par rap
modèle est surnommé
« Dolly Parton » au
électronique, censé neutraliser le dispositif de guidage des port au T-64, cinq tonnes plus léger. Partant de ce constat,
sein de l'US Army, une missiles ennemis, il donne naissance au T-72BM (développé est lancé le développement d'un char devant combiner les
chanteuse américaine de 1988 à 1989 et produit de 1989 à 1995), qui est aussi points forts du T-64 et ceux du T-72. Alors que ce dernier est
de country et de pop
équipé de la conduite de tir du T-80U. Cette version est la utilisé par les divisions « de base » de l'Armée soviétique, le
aux formes généreuses,
du fait du nouveau dernière à opérer du temps du pacte de Varsovie, car ce nouveau blindé, résolument moderne, doit intégrer les unités
dessin de la tourelle. dernier est dissous le juillet 1 991. Si le T-72 correspond de chars de la Garde.

► Ci-contre et
page UC
de UlVJIie
droite .

es T-BOBV photographiés
à la fin des années 1980.
Ce modèle est équipé
de briques réactives. En
dépit de ces dernières,
les T-80BV se sont
révélés très vulnérables
'ors de la guerre menée
en Tchétchénie (1944-
1996) du fait de la
mauvaise protection du
carburant des missiles
antichars stockés dans le
compartiment de combat.

m
LES CHARS DU PACTE DE VARSDVIE

puissance/poids inégalé dans la catégorie des Main Battte Tanks.


LE T-80, UNE HISTOIRE DE TURBINE Le châssis donnant de bons résultats, la tourelle est modifiée pour
intégrer le canon et le chargeur automatique du T-64B. L'engin prend
L'idée de monter une turbine sur un char date de la fin des années alors la désignation de T-80, et des véhicules tests sont assemblés,
1950, mais la technologie disponible alors n'est pas encore au point mais il faut attendre 1976 pour que la véritable production en série
pour un projet viable. Ce n'est qu'en 1955 que ces mécaniques russes commence, avec le T-80B (modèle 1976) qui combine ainsi le meilleur
parviennent à atteindre un degré de fiabilité suffisant, et des modèles de la technologie du T-64B et du T-72A. Le char est armé de leur ca
GTD-1 de 1 000 chevaux vont équiper les deux prototypes du char non de 125 mm 2A46 et tire les mêmes projectiles, tout en pouvant
lourd Objekt 278, qui sont un mélange entre un IS-7 et un IS-8 (fu utiliser le missile 9K112 Cobra. La principale différence tient dans la
tur T-10). Pesant 53,5 tonnes, ils dépassent les 57 km/h, mais leur motorisation, puisque la turbine SM 1000 développe 1 000 chevaux et
autonomie, consommation démesurée de la turbine oblige, est limitée autorise une vitesse de pointe de 70 km/h. Le T-80B entre en service
à seulement 300 km. Considérés comme des véhicules expérimentaux, à la fin des années 1970 au sein des unités de la Garde positionnées
les Objekt 278 ne connaissent pas de suite. Au début des années 1960, à l'ouest de l'Oural. En 1 984, les engins sont dotés de briques réac
Morozov teste un T-64 doté d'une turbine GTD-3TL de 700 chevaux tives Kontakt-1 et prennent la désignation de T-80BV (ou T-80BW).
sur \'Objekt 167 GTD (ou modèle 1962). Le résultat n'est pas non plus Pour la petite histoire, les analystes occidentaux ont beaucoup de
convaincant, et c'est le bloc 5-TDF qui sera finalement choisi, mais mal à différencier les multiples modèles de T-64, T-72 et autres T-80,
qui, à l'usage, s'avérera très délicat. Les travaux continuent jusqu'au d'autant que ce dernier ne fait sa première apparition publique que le
développement, en 1969, de deux Objekt 219. Le SRI (ou T-64T) 1 ® mai 1989 à Moscou lors d'une parade militaire. À la fin des années
à chenilles Caterpillar est écarté au profit du SP2 qui voit son train 1970, est étudié le T-80A, avec un blindage amélioré et une plus grande
de roulement renforcé avec des galets plus gros que ceux montés puissance de feu, ayant la capacité à tirer le missile 9M119M Refleks.
sur le T-64, et le nombre de rouleaux de support passe de quatre à Pour remplacer la GTD-1 OOOT peu fiable, il utilise la turbine GTD-1 OOOM
cinq. Sa turbine GTD-1 OOOT de 1 000 chevaux lui procure un rapport de 1 200 chevaux. La dotation en munitions passe de 38 coups à 45.
Toutefois, le T-80A est 2,8 tonnes plus lourd que
le T-80B et sert finalement de base à une ver
sion améliorée : le T-80U (U pour Uiushchenniy),
étudié de 1986 à 1987. L'engin est motorisé par
une turbine à gaz multi-combustible GTD-1000F
de 1 100 chevaux. Le canon de 125 mm, un
modèle 2A46B (D-81TM) amélioré, peut utiliser
les missiles 9M119 Svir et 9M119M Refleks.
La mitrailleuse lourde NSVT de 12,7 mm est
maintenant télécommandée depuis I intérieur.
Le « classique » projecteur infrarouge sur la cou
pole du commandant est remplacé par un dispo
sitif d'intensification de lumière, et un système de
désignation laser est monté sur le toit. Le danger
des mines est pris en compte avec le renforce
ment de la protection du pilote. La tourelle est
redessinée pour améliorer le blindage du toit et
permettre l'installation de briques réactives Kon-
takt-5 capables de contrer la menace des obus
à charge creuse et des projectiles perforants.
i['X<otiwr

En1948,lafirme Volgograd dévelop e un char


léger de reconnaissance reprenant la plate
forme chenillée du tracteur Antartic. Le cahier
SEUL ET UNIQUE flU SEIN DE SUN CflHP
des charges est pour le moins ambitieux, car est demandé connaît une campagne de modernisation avec, notamment,
un bon équilibre entre une puissance de feu « importante » la pose d'un système de stabilisation « Sarya » du tube sur les deux
et de bonnes capacités amphibies. Pour évoluer sur l'eau, deux hy plans, couplé avec un viseur TSchK-66K permettant enfin de réali
drojets sont installés à l'arrière de la caisse. La forme spécialement ser des tirs précis lorsque l'engin avance à petite vitesse. En outre,
étudiée de la carène permet de forcer l'eau jusqu'aux deux turbines des dispositifs de vision nocturne font leur apparition à la fois pour
installées à l'arrière. La seule préparation à la navigation consiste le tireur, le chef de bord et le pilote. En 1960, Volgograd propose
à relever le brise-lames monté à l'avant, puis à mettre en route les de modifier la carène pour améliorer les performances sur l'eau.
pompes de cale. En jouant sur la pression des jets, le pilote peut Toutefois, l'étude du PT-76 modèle 1960 est stoppée, car l'aug
aisément manoeuvrer son engin et atteindre la vitesse, sur l'eau, mentation de la vitesse est considérée comme insignifiante compa
de 10,2 km/h. Toutefois, pour que de telles performances soient rativement à la hausse de la masse en charge. En 1963, le projet
possibles, le poids a dû être réduit au maximum, avec 14 tonnes, de VObjekt 906 qui prévoyait le montage d'un canon de 85 mm est
et la protection est tout juste suffisante pour arrêter des projecti lui aussi abandonné. Il faut dire que l'arrivée en unités, au début des
les de petit calibre. Au début des années 1950, l'engin, avec un années 1970, du transport de troupes BMP-1 rend moins indispen
équipage de trois hommes, entre en service sous la désignation sable la présence d'un char léger de reconnaissance, et le PT-76,
de Plavayushiy Tank obr. 1951 g. (ou char léger amphibie FT-76 en dépit de deux propositions armées de pièces de 100 mm faites en
modèle 1951). Les premiers exemplaires sont armés d'un canon 1975 pour des blindés amphibies et aérotransportables, ne connaît
de 76,2 mm D-56T modèle 1954. Ultérieurement, ce dernier est pas de successeur. Approximativement 12 000 exemplaires sont fa
remplacé par une version améliorée, le D-56TM, dotée d'un frein de briqués, dont 2 000 réservés à l'export. Au sein du pacte de Varsovie,
bouche à deux étages et tirant des munitions à charge creuse, don le PT-76 est déployé par l'Union soviétique, la Bulgarie, la République
nant naissance au PT-76 modèle 1954. Par la suite, le modèle 1958 démocratique allemande (RDA), la Pologne et l'Albanie. ■

PT-76
7® division d'assaut naval de Lusace
Armée populaire polonaise
Gdansk, Pologne, 1970

© M, Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine. 2013

▲ T-80B. Le char est introduit au sein des unités de la Garde soviétique à la fin des années 1970
et au début des années 1980. Ses secrets technologiques sont soigneusement préservés, si bien
que ce n'est qu'en juillet 1988 que les occidentaux peuvent enfin observer l'engin de face.
LESCHdRSDUP/ICTEDEVflRSDVie

MORPHOLOGIE
Équipage 3 hommes
E

Longueur:7,62 m

MOTORISATIOni & MOBILITE


Moteur 6 cylindres W-6 Diesel
Puissance 240 chevaux

Vitesse Maximale Autonomie


100 150

sur route "/,•


tui/li^ sur l'eau lii

ARMEMENT |
Principal 1 canon D-56TM de 76,2 mm
Munitions 40 projectiles
Secondaire 1 mitrailleuse SGMT ou PKT de 7,62 mm
Munitions 2 000 projectiles
Radio R-123 et R-124

Une peinture destinée à réduire sa signature thermique est également I Août 1989. un soldat appartenant à l'infanterie de marine
appliquée. Un ensemble de modifications qui porte le poids à 46 tonnes. soviétique pose devant son char amphibie PT-76.
Plus compact, plus mobile que les machines occidentales, il constitue
un rival de poids au sophistiqué Ml Abrams américain. La production Bibliographie
du T-80U commence en 1987, et il demeure le char le plus performant
produit (6 000 exemplaires) jusqu'à ce que l'Union soviétique cesse
d'exister en tant que telle. Zaloga (S.), Tank War- Central Front NATO vs. Warsaw Pact,
Collection Elite, Osprey Publishing, septembre 1989
Zaloga (S.), IS-2 Heavy Tank 1944-73, Collection New Vanguard,
CONCLUSION Osprey Publishing,février 1994
Zaloga (S.), T-72 Main Battle Tank 1974-93, Collection New
De 1955 à 1991, période durant laquelle le pacte de Varsovie a perduré, Vanguard, Osprey Publishing, septembre 1993
l'Union soviétique et ses alliés ont mis en ligne des dizaines de milliers Zaloga(S.), T-54 and T-55 Main Battis Tanks 1944-2004, Collection
de chars de tous types, qui sont loin des poncifs véhiculés depuis des New Vanguard, Osprey Publishing,juillet 2004
années sur des matériels rustiques et peu performants. En effet, hormis Markov (D.), Russia's Main Battis Tank T-80U, mini color sériés,
la période de transition entre le T-62 et le T-64, les engins du bloc de Concord publication company,2000
l'Est sont équivalents voire surclassent leurs homologues occidentaux.
Koch (F.), Russian Tanks and Armored Vehicies: 1946-to ths
Dans les faits, les T-54 et T-55 sont supérieurs aux M48 et autres
Prsssnt .An iiiustratsd Rsfersncs, Schiffer Publishing Ltd,
Centurion et ne perdent leur avantage en puissance de feu qu'avec
septembre 2004
l'arrivée du canon de 105 mm britannique. La réponse soviétique est le
tube de 115 mm, qui sera monté sur le T-62. Ce dernier réduit l'écart Les armées de ia Guerre froide. Éditions Atlas, 1992
mais voit sa mobilité régresser. Le T-64 retrouvera dans ce domaine Nouveiies générations de véhicules de combat,volume 12,ouvrage
un excellent niveau, mais son potentiel est entaché par un coût trop collectif. Encyclopédie des armes. Éditions Atlas, 1986
Important et une mauvaise fiabilité. L'arrivée du T-72 et de ses nom L'aventure des chars, ouvrage collectif. Hachette collections,
breuses versions remet à niveau le pacte de Varsovie, même si les pays octobre 2004
satellites n'alignent pas la variante la plus perfectionnée, et le T-80 Bemard (V.), « 14 mai 1955,Pacte de Varsovie, menace rouge sur
donne des sueurs froides aux analystes américains qui redoutent sa le monde », paru dans Ligne de front hors-série numéro 3, Éditions
puissance de feu et son blindage. En définitive, les Soviétiques sont Caraktére, 2008
parvenus à trouver un équilibre entre sophistication et rusticité avec le Ashuraliev (A.), « Tempête rouge sur l'Europe, les plans d'invasion
T-72, du moins pour les modèles en service dans l'Armée soviétique, du pacte de Varsovie vus par l'OTAN », paru dans Bataiiies et
tout en alignant des engins comme le T-80 rivalisant avec les chars de Blindés numéro 52, décembre 2012/janvier 2013
troisième génération occidentaux, et si les plans d'Invasion de l'Europe Debay(Y.), T-55,ia bête rouge, Tome 1, URSS& Pacte de Varsovie,
avaient été activés, les forces mécanisées du PAVA auraient constitué
les dossiers d'Assaut, septembre/octobre 2012
un poing blindé difficile à contrer. ■
Lorsque la Seconde Guer e mondiale prend DES CH/IRS LOURDS SOVIETIQUES
fin, l'Armée soviétique aligne le char lourd
JS-2 depuis 1944. Toutefois, elle surprend
désagréablement les occidentaux en faisant adopte une forme profilée pour favoriser au maximum
parader à Berlin, lors du défilé de la victoire le le ricochet des projectiles adverses. Dans l'urgence,
7 septembre 1945, riS-3 bien plus moderne, dont les les Soviétiques lancent la production de riS-3 dans
caractéristiques techniques surclassent leurs propres l'usine de Chelyabinsk début 1945, en parallèle avec
matériels. Pour autant, le développement des chars l'IS-2m, et les chaînes d'assemblage s'arrêteront en
lourds soviétiques lors de la guerre froide ne s'est pas 1951 avec 1 800 exemplaires en service. Néanmoins,
fait sans certaines difficultés. le char lourd soviétique n'affrontera pas de Panzer.

PROGRAMME DE MGDERnilSATION
Ce char lourd est la réponse soviétique à la mise en En 1954 commencent des programmes de moderni
service du Panzer VI Ausf. B. Le Tiger II est en effet sation de riS-2. Rebaptisé IS-2I\/I, il voit sa dotation en
armé d'un canon de 8,8cm KwK 43 U71 capable de munitions passer de 28 à 35 projectiles, le poste de
détruire à longue distance la majorité des chars sovié pilotage reçoit un épiscope plus efficace, et un moteur
tiques. Pour contrer la menace, le projet d'un blindé amélioré, le V-54K-IS, est installé. En 1960, riS-3
encore mieux protégé que riS-2, et tenant compte connaît lui aussi une modernisation, qui se traduit par
des études menées sur le champ de bataille démon T Parade de la Victoire à le renforcement du blindage de la caisse, la pose d'un
trant que la majorité des coups sont portés dans l'arc Berlin, le 7 septembre 1945, dispositif de vision nocturne pour le pilote, le montage
frontal, est lancé. Dés:gné Kirovest-1, le prototype pour des iS-3 appartenant au
du V-54K-IS... Au sein de l'Armée soviétique, rebaptisé
reprend la base mécanique de ce dernier. Terminé 71' régiment de chars lourds
de la Garde. Ce blindé est IS-3M, le char lourd connaît le combat en Hongrie en
en octobre 1944, il se caractérise par un dessin de une mauvaise surprise pour 1956. Pour autant, il ne s'agit que de replâtrages de
la tourelle et de la caisse radicalement différent des les armées occidentales, car machines conçues dans l'urgence durant la « Grande
précédentes générations de blindés ce l'Armée rouge. sa protection frontale paraît
invulnérable à la majorité de
guerre patriotique », et des blindés mieux pensés sont
Particulièrement épais, le blindage de la partie avant leurs équipements antichars. réclamés par la troupe.

î
À :
LES CHARS DU PACTE DE VARSOVIE

'régiment de chars lourds de la Garde


Armée soviétique
Parade militaire, Union soviétique, Moscou, 1953

O M. Filipiuk I Trucks & Tanks Magazine, 2013

d'être au point, et le prototype prend même feu après seulement une


trentaine de mètres parcourus en dehors de son hangar I Un temps,
IS-3 il est envisagé d'installer la transmission mécanique de riS-4, mais
1945-1951 riS-6 n'apportant aucun gain par rapport aux machines existantes, il
est purement et simplement abandonné.
MORPHOLOGIE
Équipage 4 hommes
E

Dans un même temps est mis au point un tout nouveau char lourd,
dont les caractéristiques techniques (blindage et puiosance de feu)
s'inspirent de celles du Tiger II. Ainsi, l'armement se compose d'un
très puissant canon de 130 mm, dérivé d'un modèle naval, capable
Longueur : 10 m de projeter un obus de 36,5 kg à la vitesse de 945 m/s. Son blin
dage est prévu pour résister à des projectiles de 128 mm. Pour ne
MOTORISATION & MOBILITE pas refaire l'erreur commise par les Allemands avec la sous-motori-
sation de leurs schwere Panzer, un bloc Diesel de 1 050 chevaux
Moteur 12 cylindres V-2-IS Diesel
est monté. Pour assurer la défense rapprochée, une mitrailleuse de
Puissance 600 chevaux à 2 000 tr/min
14,5 mm coaxiale, six armes automatiques de 7,62 mm et une autre
Vitesse Maximale Autonomie de 14,5 mm,en position antiaérienne, sont installées ! L'engin atteint
37 120150 68 tonnes sur la balance, mais les 1 050 chevaux de son moteur

sur route s ^250 lui permettent d'atteindre des vitesses élevées sur route. Le premier
prototype de riS-7 est testé en 1948, et les essais sont loin d'être
tout-terrain
k hn\
concluants : ergonomie déplorable, accès trop difficile aux munitions,
impossibilité d'utiliser les trop nombreuses mitrailleuses (qui ne peuvent
ARMEMENT
être rechargées au combat)... Inspirée de celle du Tiger II, la suspen
Principal 1 canon D-25 de 122 mm
sion s'use trop rapidement et casse régulièrement à haute vitesse.
Munitions 28 projectiles
Les critiques continuent de pleuvoir sur l'IS-7 : sa masse dépasse les
Secondaire
2 mitrailleuses DT de 7,62 mm
1 mitrailleuse DShK de 14,5 mm capacités de pontage des unités du génie, son prix de revient est trop
élevé et sa maintenance demande trop d'attention. Finalement, seule
1 000 projectiles de 7,62 mm "- -n
945 projectiles de 14,5 mm une petite série d'engins tests sera produite.
Radio 10RK

DEL'IS-8 AU T-10M

Les déboires rencontrés par les précédentes études permettent aux


Soviétiques de préciser le cahier des charges d'un nouveau char lourd,
Immédiatement après la fin des hostilités avec les Allemands, le dont le développement commence en 1948. Ainsi, riS-8 reprend le
bureau d'études SKB-2 planche sur le projet Objekt 703, qui reprend système de rotation électrique de la tourelle de riS-7, tout comme
des éléments de riS-4, un char lourd dessiné durant la guerre, mais sa suspension à barres de torsion. Le moteur V-12-5 est dérivé de
qui ne verra le jour qu'en 1947, avec seulement 200 unités produites. celui de riS-4, et ce dernier lui « donne » également ses chenilles.
V Objekt 703 se caractérise par sa transmission électrique avec un Son canon de 122 mm D-25TA est une amélioration de la pièce équi
générateur couplé au moteur. Son principe est largement copié sur pant les IS-2 et IS-3 et voit ses performances balistiques augmenter
celui des chasseurs de chars Ferdinand/Elefant capturés et analysés suite à l'introduction du projectile BR-472. La tourelle, dont la partie
par les ingénieurs soviétiques. Cependant, cette transmission est loin frontale a une épaisseur de 200 mm, ressemble à celle de l'IS-S.
T-10M (modèle 1956)
Unité de chars lourds de la Garde non identifiée
Berlin, Allemagne de l'Est, août 1961

Note : ce T-10M a été déployé dans le secteur de


Berlin tenu par les Soviétiques lors d'opérations
menées durant l'été 1961 visant à assurer
« l'étanctiéité » des frontières.
Le but de ces manœuvres était d'empêcher les
habitants de Berlin Est de passer à l'Ouest.

© M. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine,2013

Le refroidissement du moteur est soigné pour en accroître la fiabilité.


La production commence au début des années 1950 à Chelyabinsk.
La campagne de déstalinisation s'accompagnant d'un changement de T-10M
désignation des chars, l'engin est rebaptisé T-10. Par la suite, ce dernier V_y 1950.1962
est modernisé par l'adjonction d'un nouveau canon D-25TS, stabilisé sur
le pian vertical et doté d'un évacuateur de fumée. Le T-1OA devient T-108 MORPHOLOGIE
suite à l'installation d'un dispositif de stabilisation sur les deux axes et de Équipage 4 hommes
nouveaux dispositifs de contrôle de tir. En 1957 apparaît l'ultime variante,
le T-10M, qui se caractérise par son canon long IVI-62-TS de 122 mm,
dont l'obus perforant transperce 185 mm de blindage à 1 000 m (160 mm
auparavant). En outre, un projectile à charge creuse BP-460A pousse cette
performance à 300 mm. Lorsque la production du T-1 OM s'arrête, ce n'est
pas moins de 8 000 machines qui ont été assemblées.
Longueur : 10.56 m

0BJEKT279 MOTORISATlOni & MOBILITE


Moteur 12 cylindres W-12-5 Diesel
Début 1956, le ministère de la Défense soviétique projette d'acquérir un Puissance 750 chevaux
engin lourd de nouvelle génération, de la classe des 50 à 60 tonnes, sus
ceptible de se déplacer dans des zones inaccessibles aux autres blindés. Vitesse Maximale Autonomie
Le bureau d'études des usines Kirov planche alors sur une plate-forme 20
30
. 40

s'inspirant de travaux américains réalisés sur les canons automoteurs 50 350


T-95. Le prototype russe, référencé Objekt 279, reprend donc le train fkm/li sur route
de roulement constitué de deux paires de chenilles, mais cette fois posi
tionnées sous le plancher. Les quatre voies du train de roulement sont
ARMEMENT
montées de part et d'autre de deux poutres longitudinales rectangulaires.
Principal 1 canon l\/l-62T2 de 122 mm
Elles ont la particularité d'être creuses, de façon à servir de réservoir à
carburant. Cette configuration autorise une réduction de la pression au 30 projectiles
Secondaire 2 mitrailleuses KPVT de 14,5 mm
sol (0,60 kg/cm^) tout en améliorant la motricité lors de progressions dans
des zones peu porteuses. La suspension est de type hydropneumatique. Munitions|744 projectiles
Le blindage de VObjekt 279 bénéficie d'un dessin élaboré, car ce char
doit résister au feu des chasseurs-bombardiers de l'OTAN et affronter des

< Des 1S-3M lors de manœuvres hivernales. Développé dans l'urgence afin
de faire face au Panzer VI Ausf. B Tiger 11 de la Wehrmacht, ce blindé est
bien protégé et puissamment armé d'un canon de 122 mm. Pour autant,
sa fiabilité est médiocre et son ergonomie déplorable. Par ailleurs, ses
équipages se plaignent de son extrême rusticité qui en fait un véhicule
des plus inconfortables, bien éloigné des standards occidentaux.
LES CHARS DU PACTE DE VARSDVIE

retranchements solidement défendus. De ce fait, sa protection tient


compte des armes à charge creuse. La tourelle moulée reprend le dessin
0bjekt279 d'une soucoupe inversée, allure désormais classique pour les chars
1959 russes. Cette conception favorise le ricochet des projectiles adverses.
De manière à maximiser les chances de survie de son équipage de
MORPHOLOGIE quatre hommes, la partie frontale atteint les 305 mm, inclinés à 30°.
Équipage 4 hommes Pour faire face aux retombées radioactives et chimiques d'une éventuelle
E troisième guerre mondiale, VObjekt 279 bénéficie d'une surpression
automatique de l'atmosphère du compartiment de combat, et l'air aspiré
passe par des filtres à charbon. En sus, le dessin de la superstructure
intègre ces nouvelles menaces. En théorie, la forme elliptique du châssis
est supposée l'empêcher de se retourner s'il venait à se retrouver pris
dans le souffle d'une explosion nucléaire. De manière à garantir de
Longueur : 10.24 m hautes performances, un moteur 2DG-8I\/I fort de 1 000 chevaux à
2 400 tours par minute, couplé à une inédite boîte de vitesses semi-
MOTORISATION & MOBILITE automatiques à trois rapports, est installé. Stabilisé sur deux plans par
Moteur 16 cylindres 2DG-8M Diesel un système « Groza », l'armement principal est constitué d'un canon
Puissance 11 000 chevaux à 2400 tr/min rayé l\/l-65 de 130 mm de 60 calibres transperçant 230 mm d'acier
Vitesse Maximale Autonomie homogène à 1 000 mètres sous une incidence de 30°.
sur route 2SII 300
La fiche technique est des plus ambitieuses, mais la complexité méca
nique débouche sur une mise au point longue et laborieuse. En effet,
la transmission entraînant les quatre chenilles se révèle difficile à syn
chroniser. Sujet à des pertes de puissance subites, le bloc propulseur
est, de plus, loin de fonctionner convenablement. Le premier prototype
ARMEMENT voit le jour fin 1959 et s'avère très performant sur sol très meuble
Principal 1 1 canon M-65 de 130 mm (marécages par exemple). Toutefois, VObjekt 279 se révèle délicat
Munitions 24 projectiles à produire du fait de son train à quatre voies, et sa maintenance est
Secondaire 1 mitrailleuse KPVT de 14,5 mm jugée trop compliquée et onéreuse. Le projet est finalement abandonné,
Munitions 3GG projectiles les Soviétiques préférant lancer des programmes de modernisation de
leurs IS-8/T-10. ■

Objekt 279(prototype 279)


Union soviétique, 1960

© M. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine. 2013


12,8cm Pak 44L/55

12,8CMPAK44L/55
5
''f.Jfirr
*■ ff:,,

Le second conflit mondial a débuté

LE PLUS PUISSANT avec des canons antichars de 3,7cm


opposés à des blindages de l'ordre
de 20 à 30 mm d'épaisseur. Si ce
CANON ANTICHAR calibre est suffisant au début de la
guerre, les chars ne tardent pas à voir
DE LA SECONDE leur protection améliorée. Conim®"^®
alors une course à l'armement entre le
boulet et la cuirasse. Les belligérants
GUERRE MONDIALE conçoivent donc des projets
qui évoluent petit à petit vers le
gigantisme, le 12,8cm Pak 44 étant
Le modèle de 12,8cm Pak 44 proposé par Krupp est présenté en très représentatif de cette tendance.
position de transport. Le frein de bouctie en poivrière est typique des
pièces de ce calibre. Une chaise de route bloque le tube en place.

Toutes photos US Nara


T En bas : La pièce produite par
CE CANON QUI VENAIT DE L'EST Rtieinmetall est dotée d'une culasse DES ARMES PRESDUE SIMILAIRES
à coin coulissant horizontalement.
Cette vue permet également
Lancée le 22 juin 1941 sur ordre d'Hitler, l'opération d'apprétiender les trapèzes de Les deux modèles ont plusieurs points de simili
suspension s'abaissent lors de
« Barbarossa » met la Wehrmacht aux prises avec tude. Ils utilisent tous les deux une culasse à coin
la mise en position de tir.
des pièces d'artillerie soviétiques performantes. coulissant horizontalement de la gauche vers la
L'une d'entre elles, le canon de campagne de 122 mm, T Cl-dessous : Le Pak 44 de droite pour son ouverture. Le frein de bouche en
semble être le parfait compromis entre le poids, Krupp est conçu sur un affût poivrière est également commun, avec cependant
cruciforme, simplifiant la mise
la portée et la puissance explosive de ses projectiles. en batterie, permettant un
quelques différences : les trous sont moins nom
Il n'en faut pas plus pour qu'une version allemande pointage aisé tous azimuts. breux et plus grands sur la version de Rheinmetall.
soit mise en chantier en 1943. Berlin opte pour un cali
bre de 12,8cm, déjà en service dans la Kriegsmarine
(la Marine de guerre allemande). Cette décision tout
à fait pragmatique est motivée par le fait que les usines
disposent déjà des machines-outils dimensionnées
pour ce diamètre. Skoda et Krupp se mettent rapide
ment au travail sur le Kanone 43(K. 43). Cependant,
un autre projet semble plus prometteur : le 12,8cm
Kanone 44 (K. 44). Les efforts se concentrent alors
sur cette version, car elle dispose d'une culasse
à glissière horizontale, plus facile à produire que le sys
tème Bange choisi pour le modèle précédent. L'Armée
allemande demande à Krupp et à Rheinmetall-Borsig de
conjuguer leurs efforts pour produire un tube antichar
basé sur le concept du K. 44. Les deux firmes conçoi
vent chacune leur propre version, dont les prototypes
sont testés en 1944 à Hillersieben (où ils sont capturés
par VUS Army). Connues officiellement sous le nom
de Pak 44, ces pièces sont considérées comme les
armes antichars les plus puissantes produites pendant
la Seconde Guerre mondiale.

A)*'.
ai is
51 IS
12,8cm Pak 44L/5S
Sur les deux prototypes, la mise à feu est électrique,
les roues sont freinées pneumatiquement, et la mise en
batterie se fait sur un affût cruciforme. Les services de
renseignements américains pensent que c'est la version
produite par Krupp qui a été adoptée par la Wehrmachtsous
le nom 12,8cm K. 81. Cette hypothèse est déduite du fait
que la pièce est présente sur un automoteur antichar.

LA VERSION DE RHEINMETALL-BQRSIG

À l'instar du Flak 18 de 8,8cm, la pièce est montée sur


un affût cruciforme et peut être pointée dans toutes les
directions pour une élévation variant de - 5° à + 45°.
Pour permettre un angle aussi élevé, les tourillons sont
placés très en arrière. Ils sont couplés à des équilibreurs
hydropneumatiques pour contrebalancer le poids de la
volée du tube, fortement en porte-à-faux. Les manivelles
servant au réglage du tir sont présentes des deux côtés
du berceau. Notons cependant que le siège du tireur est
à gauche. Le frein de recul est hydropneumatique, et il a
la particularité d'être réglable en résistance en fonction
de l'élévation choisie. Le tube est légèrement plus long
que son concurrent, il mesure 762 centimètres avec le
frein de bouche. Il est en outre doté d'une chambre de
combustion plus grande. Deux spécificités qui laissent
à penser que ses performances balistiques antichars sont
sensiblement supérieures. Une chaise de route est prévue
sur l'avant, tandis qu'en mouvement, les parties supérieure
et inférieure de l'arme sont verrouillées ensemble à l'aide
de cames rétractables afin d'éviter des rotations intempes
tives. Les servants sont protégés par un bouclier angulaire
à blindage espacé. Les plaques sont épaisses de 5 mm et
séparées par un vide de 15 mm. La pièce est pourvue de
six roues. Les quatre avant sont montées deux par deux
sur une poutre connectée par un pivot sur un bras oscillant.
Lorsque la pièce est mise en batterie, ce mécanisme permet
son abaissement par l'utilisation d'une manivelle connectée
aux arbres de suspension. Les boggies sont alors élevés
plus haut que l'affût et ajoutent leur volume à la protec
tion des servants. Cette opération effectuée, le chariot
arrière est détaché. Les bras de côté sont alors déployés,
et les pieds carrés sont réglés afin de donner une bonne
horizontalité à la plate-forme de tir.

LA VERSION DE KRUPP

La pièce est également montée sur un affût cruciforme


avec un débattement en azimut de 360° et en élévation
de - 5° à -t- 45°. Les manettes de pointage sont présentes
des deux côtés du berceau, avec la particularité que celles
de droite sont démontables. Un aiguillon est présent sur
le système de réglage de traverse, et quand ce dernier
est enclenché, il permet une rotation plus rapide du tube.

O Le 12,8cm Pak 44 de Rheinmetall en position de route. Le bouclier,


avec ses deux plaques d'acier, est clairement visible sur cette vue. Il
semble toutefois n'apporter qu'une protection toute relative aux servants.
© Placé à l'avant, le siège du pointeur est bien protégé par
le bouclier très incliné du Pak 44 de Krupp. Le bras de l'affût
cruciforme est déployé. Présentée de cette manière, la pièce ne
peut cactier ses points communs avec le Pak 43 de 8,8cm.
© Détail du train de roulement du modèle de Krupp. Les
bogies, tant avant qu'arrière, sont articulés de manière à
permettre l'abaissement de la pièce sans être détactiés.
Cette particularité autorise une mise en batterie rapide.
su |£
SI lE

Les tourillons sont sensiblement placés de manière identi


que sur le modèle de Rheinmetall-Borsig. Le fût est 19 mm
plus court que celui de son concurrent. Le tube est monté
sur deux chariots à deux roues qui restent solidaires du
^^12,8cmPm44L/55 j|g„u|Qm
châssis. Ils sont abaissés pour permettre la mise en bat
terie, tandis que les pieds des quatre branches supportent
le poids de la structure par l'intermédiaire de pieds montés RHEINMEHAL-
sur cric hydraulique. Le mécanisme d'amortissement du
recul est réglable en résistance. Son frein et le récupéra
1 CONSTRUCTEUR KRUPP
BORSIG 1
Calibre 12,8 cm 12,8 cm
teur sont montés dans le berceau. Ce dernier peut être
verrouillé, pour le transport, sur les deux extrémités du Longueur du tube 703 cm 705 cm
chariot, si bien qu'il est possible de tracter la pièce tant Traverse 360 ° 360 °
d'un côté que de l'autre en déplaçant simplement la barre
de traction. Cette particularité, associée à la configuration Élévation de-5 à +45° de -5 à +45°
du train de roulement, facilite grandement les opérations Vitesse initiale 1 000 m/s 1 000 mis
de mise en batterie. De l'aveu même des techniciens amé
Pénétration à 1000 m
ricains qui ont examiné l'arme, le bouclier est beaucoup 230 mm + de 230 mm
sous une incidence de 30°
plus gracieux dans le cas de la version produite par Krupp.
Pénétration à 2000 m
Il est recourbé sur son sommet et incliné vers l'arrière. 200 mm + de 200 mm
sous une incidence de 30°
Les ailes sont également prolongées vers l'arrière et rive-
tées à la partie centrale. Enfin, la protection étant découpée Pénétration à 3000 m
173 mm + de 173 mm
dans une seule plaque de 5 mm d'épaisseur, les servants sous une incidence de 30°
sont toutefois bien plus exposés que dans la version de Poids du vecteur perforant 28,3 kg 28,3 kg
Rheinmetall-Borsig.

UN CALIBRE ADEQUAT?

Si les deux tubes ont des performances balistiques pratiquement similaires,


les servants sont mieux protégés avec le bouclier du modèle de Rheinmetall.
Cependant, les facilités de mise en batterie et la fabrication plus simple de
la version Krupp semblent plus appropriées à la construction en série et à
son emploi sur le terrain. Notons que cette pièce représente l'aboutissement
des recherches en matière de combat antichar menées pendant la Seconde
Guerre mondiale. Son calibre proche de la gamme « 120-125 mm » reste un
excellent compromis, car il permet l'utilisation d'un obus possédant à la fois
une puissance explosive et une capacité de percement, au point que les Main
Battie Tanks actuels sont toujours équipés d'un canon de cette dimension.
Les lois de la balistique restent immuables... ■

▲ L'impressionnante volée
du 12,8cm du Pak 44
de Rheinmetall doit être
stabilisée par une chaise
de route dimensionnée
à l'avenant. Même avec
ce dispositif, on imagine
l'amplitude des vibrations
transmises au tube
pendant le transport.

■4 Les bogies avant de


la pièce Rheinmetall
sont jumelés. Cette
configuration augmente
la stabilité de l'attelage
lors des transports. En
position de tir, ils se
soulèvent pour permettre
l'abaissement de la pièce.
Les roues participent
de cette manière à la
protection des servants.
12,8cm Pak 44 L/S5

© Hubert Cance / Trucks S Tanks Magazine 2013

12.8cm Pak
(modèle Krupp) CD
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© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2013

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12,8cm Pak U
(modèle Rheinmetall-Borsig)
Cruiser tank A34 Comet

CRUISER TANK

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SUR LES TRACES DU PANTHER

Par Dominique Renaud

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Une colonne d'A34 appartenant à la 11th Armoured Division traverse une ville
en ruine dans le nord de l'Allemagne le 30 mars 1945. Arrivé trop tardivement
pour prendre une part décisive à la guerre, le Comet est le meilleur char dont
dispose l'Armée anglaise. Hélas pour les équipages britanniques, Il ne pourra
pas vraiment démontrer toute l'étendue de son potentiel, faute de combat de
chars majeur dans les dernières semaines du conflit sur le front Ouest.

Sauf mention contraire, toutes photos archives Caraktère


Lors de la bataille de Koursk, en juillet 1943, les plaines russes
voient apparaître un des plus redoutables prédateurs que le théâtre
d'opérations européen ait connu : le Panzer V. Les rapports soviétiques T Vue arrière d'un A34

soulignent sa puissance de feu ainsi que son épais blindage. Cornet. Le compartiment
arrière abrite un 12 cylindres
Appelé à devenir le char de bataille principal de la Panzerwaffe, le en V Rolls-Royce Meteor
Mark III. Dérivé d'un moteur
nouveau venu est supérieur à tous les véhicules britanniques en d'avion (le Merlin III), ce bloc
service. En effet, alors que le Panther intègre les dernières avancées d'une cylindrée de 27 litres
développe la puissance
techniques de l'époque, les tanks britanniques sont tous élaborés respectable de 600 chevaux
à 2 250 tr/min. Également
selon des conceptions d'avant-guerre. Il est alors plus que temps de lui appelé Rover Meteor, il est
trouver un adversaire à sa taille. Mais le retard technologique accumulé produit par les firmes Rolls-
Royce Limited, Meadows,
par l'industrie militaire anglaise est loin de faciliter cette entreprise. Rover et Morris Motors.

AVANT ETAIT L'A27M CROMWELL

En janvier 1943 débute la production du Croiser Tank


Mark VU! A27M Cromweii. En dépit de toute l'expé
rience de l'Armée britannique qui combat depuis 1940,
l'engin présente une conception archaïque, avec ses
blindages verticaux, alors que ses prédécesseurs,
les Crusader, bénéficiaient d'une cuirasse inclinée 1
La tourelle, par exemple, paraît d'un autre temps, avec
ses plaques de blindage carrées fixées avec de gros
boulons apparents. Toutefois, le châssis, associé à
un poids inférieur à 30 tonnes et à l'excellent moteur
12 cylindres en V essence Rolls-Royce Meteor déve
loppant 600 chevaux, s'avère des plus performants,
offrant une vitesse maximale de 65 km/h et une agilité
qui permet à l'engin de franchir facilement les obstacles.
Si le canon de 6-Pdr (57 mm) se révèle insuffisant
pour la chasse aux fauves allemands, les Anglais pen
sent qu'un 75 mm polyvalent est un compromis idéal.
Hélas, ce raisonnement basé sur le déploiement des
chars américains, à l'instar du Sherman, se heurte, au
sens propre comme au sens figuré, aux blindages des T Cette vue arrière de trois quarts permet de bien visualiser le train de roulement de rA34 Comet.
Panzer V Panther et Panzer Vf Ausf. E Tiger. De ce Plus lourd que rA27 Cromwell dont il est dérivé, rA34 a vu sa suspension renforcée par l'adjonction
fait, l'installation du très puissant canon antichar de de quatre rouleaux porteurs. Les tout premiers modèles en sont dépourvus. Ses chenilles larges de
seulement 45,7 centimètres et sa surface de contact au sol de 3,93 mètres ne lui permettent pas
17-Pdr (76,2 mm) est préconisée. d'afficher une bonne pression massique (0,97 kg/cm^), obligeant le pilote à éviter les zones trop meubles.
Cruiser tank A34 Comet
gham Carriage & Wagon doit en modifier la caisse en greffant un
AVANT ÉTAIT LE CHALLENGER sixième galet porteur sur ie train de roulement. Les suspensions sont
considérablement renforcées pour supporter la surcharge de 4 ton
Dans le but de contrer les Panzer lourds, la firme Stothert & Pitt nes. Bien que son canon soit capable de percer 108 mm de blindage
conçoit une tourelle capable d'accueillir le 17-Pdr et les deux char à 1 500 m sous une incidence de 30°, le Cruiser Tank Mark VU!
geurs nécessaires à son fonctionnement. Afin de tenir compte de Challenger (A30) souffre d'un centre de gravité trop haut perché
l'encombrement du 76,2 mm,la tourelle est très volumineuse. Ayant qui tend à le déséquilibrer en tout-terrain. Par ailleurs, la masse de
pour mission de l'intégrer sur un Cromwell A27M, la société Birmin- la tourelle ralentit le pointage du tube. De plus, la longueur trop
importante de la plate-forme nuit
à la maniabilité tout en accentuant
le phénomène de déchenillage.
Une cure d'amaigrissement au niveau
de la tourelle, qui a pour conséquence
de réduire la protection, ne changera
pas la donne, et la production se

W>'rr limite à 200 exemplaires, qui sont


progressivement déployés au sein
d'unités de reconnaissance.

< Un A34 Comet lors de tests de


franchissement. Plutôt léger, avec ses
33,2 tonnes, le char anglais peut passer
un obstacle vertical de 0,9 mètre et une
coupure franche de 2,44 mètres. Toutefois,
ces performances sont similaires à celles
du Panther, bien plus lourd. Par ailleurs,
avec ses 45 tonnes, ce dernier est à peine
quelques km/h moins rapide (46 contre
51 km/h). En revanche, le Panzer ne peut
rivaliser en termes de rapport puissance/
poids (15,4 contre 18,1 chevaux par tonne).

T Cette vue arrière permet de distinguer


la nuque de tourelle qui, outre le fait qu'elle
équilibre la volée du canon, renferme
le poste radio No. 19 Wireless pour les
■ fc.'- communications au sein du régiment.

Îl

•"'H,*
up BU V \, A

IRONDUKEIV
^m. IX]

Cruiser TankAZ4 Cornet « Iron Duke IV »


1st Royal Tank Régiment
Armée britannique
Parade de la Victoire
Berlin, Ailemagne, 7 septembre 1945

Char personnel du Lieutenant-Colonel Pat


Hobart, commandant du 1st RTR.

© M. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine, 2013

■'
■ M
iÊ Cruiser tank A34 Comet
1. * f.

AVANT ETAIT LE FIREFLY

Avec un Cromwell sous-armé et un Challenger impar


fait, les Anglais trouvent une solution intermédiaire
avec la greffe du 17-Pdr dans la tourelle d'un M4,
donnant naissance au Sherman Firefly. Avec une
vitesse initiale de 1 284 m/s, l'obus à sabot détachable
de 76,2 mm perfore 185 mm d'acier à une distance de
1 000 mètres sous une incidence de 30°. Cependant,
J) aussi puissant soit-il, ce blindé n'est pas exempt de
défauts. Ainsi, sa cuirasse n'est pas supérieure à celle
d'un Sherman de base et reste donc trop peu épaisse
pour encaisser les projectiles adverses, et l'ergonomie
est peu satisfaisante. En outre, le Firefly est trop lent

■4 Cette vue avant permet de distinguer la trappe ronde du pilote et


la mitrailleuse Besa de 7,92 mm {0.312-in) de caisse. Produite par la
firme Blrmlngtiam Small Arms Company LImited (BSA), cette arme
automatique affiche une cadence de tir maximale de 800 coups
par minute. Avec celle placée de manière coaxiaie au canon, elle
assure la défense rapprochée du blindé face aux équipes antichars
allemandes armées de lance-roquettes de type Panzerfaust.

COMET KFm5TIGER

Dufait d'une ar ivée tardive sur la ligne de front, les A34


Comet n'ont pas vraiment eu l'occasion de combattre les
chars allemands. Toutefois, quelques rencontres fortuites se
pas d'armes lourdes capables de mettre à mal l'épaisse cuirasse des
chars allemands, ils sont toutefois équipés de lance-roquettes PIAT.
L'engin de Fehrmann, codé « F02 », reçoit un projectile sur le côté
sont déroulées, comme celle opposant les derniers Tiger de la droit du mantelet. Le coup au but ne réussit pas à percer, mais le
Panzer-Lehr-Division à des Comet du Ist Troop, A Squadron, mécanisme d'élévation du tube de 8,8cm est touché. Endommagé,
3rd Battal/on du Royal Tank Regiment de la 29th ArmouredBrigade de le Tiger piloté par YUnteroffizier Erich Franzen prend le chemin de sa
la 11th Armored Division. base de départ pour y subir des réparations et rejoindre par la suite sa
Kampfgruppe « Schuize ». Confronté à l'appétit du fauve, Franzen fait
Le 8 avril 1945, sous les ordres de VOberieutnant Rudolf Fehrmann, halte dans un dépôt de carburant. Les soldats en charge de l'essence
six Tiger (des modèles hybrides dotés d'un châssis de fin de série sont plutôt réticents à l'idée de ravitailler un char qui, manifestement,
à roues tout métal et d'une tourelle de début de production) apparte retraite. Le précieux liquide est en effet réservé aux unités de première
nant à la Kampfgruppe « Schuize » s'ébranlent vers Frilles, à l'est de ligne. Toutefois, Franzen réussit un magistral coup de bluff en revêtant
Wiethesheim. Leur mission est de stopper l'avance des soldats britan la veste de Fehrmann I Finalement, pliant devant le grade du présumé
niques. Les hommes de Fehrmann sont alors durement accrochés par officier, les « pompistes » s'acquittent de leur tâche. Une fois arrivé
la 6th Airborne Division. Les parachutistes anglais sont positionnés à l'atelier, l'engin est réparé, mais il n'a pas le loisir de rejoindre
dans des tranchées camouflées le long de la route. S'ils ne possèdent son groupement d'origine, car, le 10 avril 1945, il est versé dans la
Kampfgruppe « Grossan » avec deux autres Tiger. Le 12 avril, les
trois fauves procèdent à une contre-attaque vers la forêt d'Essel alors
tenue par les Britanniques. Après avoir traversé un pont enjambant la
rivière Drebber, les Panzer tombent sur des blindés appartenant à la
11th ArmoredDivision. Arborant un taureau sur fond jaune, la formation
britannique aligne des A34 Comet. Les Allemands sortent pourtant
V' vainqueurs de l'accrochage, et ils revendiquent deux Cruisers, un Haif-
Track et un Scout Car. Leur « méfait » exécuté, ils doivent s'abriter
derrière des arbres lorsque la nuit vient à tomber. Le lendemain matin,
le combat reprend, lorsque le « F02 » tire un perforant sur les chars
anglais qui se sont imprudemment avancés. La riposte ne se fait pas
attendre, et un déluge de feu s'abat sur le mastodonte, qui file se mettre
à couvert. Alors que le fauve rejoint la route pour trouver une position
plus favorable, il passe devant le viseur du Comet du Sergeant Harding
du C Squadron du 2nd Fife and Forfar Yeomanry Regiment qui vient
justement de manœuvrer afin de prendre de flanc le char germanique.
À seulement 60 mètres, l'homme fait retentir son 77 mm, et le pro
jectile traverse la cuirasse latérale du Tiger avant d'aller se loger dans
son moteur. L'engin prend immédiatement feu, forçant son équipage
à l'évacuer. Souffrant de brûlures légères, les Allemands arrivent à
\ÈÉè regagner à pied le camp de Fallingbostel. Pour sa part, le Sergeant
Harding recevra une décoration pour son action.
Le Tiger I « F02 » (ou « F01 » selon d'autres sources) présente un impact
de 76,2 mm dans le compartiment moteur. Le tjioc Maybach s enflammera
après ce coup au but, obligeant son équipage à l'abandonner.
BTM
par rapport au A27. Les Anglais mettent enfin l'accent sur le successeur pro
grammé du Cromwell, dont le projet date de la mi-1943 ! La firme Leyiand, qui
reçoit une commande pour 500 exemplaires, est aiors en charge du projet A34 ^k CRUISER TANK
Comet, bien qu'elle ait une préférence pour rA41 Centurion, plus moderne, ■'IF COMET(A34)
mais dont l'étude prend plus de temps.

DÉSIGNATION |
UN NOUVEAU CANON
Période 1944
Catégorie Cruiser Tank
Afin de ne pas refaire les mêmes erreurs que pour le Challenger, une version
Constructeur Leyiand
compacte et aiiégée du 17-Pdr (76,2 mm) de 55 calibres est développée par
Vickers. L'arme se distingue de i'original par son tube raccourci à 49 caiibres, Exemplaires produits 1 200

sa culasse plus compacte et ses munitions plus courtes pourvues d'une douille
plus large. Afin d'éviter les erreurs possibles de logistique, les projectiles n'étant MORPHOLOGIE |
pas utilisables par le 7 7-Pt//-classique, le nouveau canon prend la désignation
de 77 mm Royal Ordnance Quick-FIring {ROQFJ Mark. //, 77 mm FIV IHigh
Velocity) ou encore 77 mm Gun par ie Tank Board, bien que ie calibre réel soit
33JZ2^ Poids t Équipage 5 hommes
toujours de 76,2 mm. Les performances balistiques de son projectile APCBC
{Armour-Piercing Capped Ballistic Capped) de 7,7 kg (793 m/s) sont un peu
moins bonnes, avec 100 mm d'acier percés à 1 500 mètres sous une inci
dence de 30°, mais elles mettent toujours en danger les Panzer VPanther et
Panzer VI Ausf. E Tiger. Par ailleurs, le 77 mm utilise iui aussi une munition
APDS {Armour Plercing DIscarding Sabot ou perforant à sabot détachable)
qui, grâce à sa haute vitesse initiale (1 120 m/s), transperce 131 mm d'acier à
1 500 mètres et encore 120 mm à 2 000 mètres sous une incidence de 30° !
À iongue distance, le Panzer V Ausf. G ne bénéficie plus de son habituelle Longueur : 7,66 m
impunité. Avec ce canon, l'Armée britannique possède une arme remettant
totaiement en question la supériorité des pièces ennemies. Par aiiieurs, la taille PROTECTION
réduite des projectiles permet d'en embarquer un nombre supérieur et de faci- Frontal
iiter leur manutention. Blindage tourelle 102 mm
Blindage caisse 64 mm
Blindage superstructure 76 mm
UNE NOUVELLE TOURELLE
MOBILITE
Bien que de pius petite taille, le 77 mm HV est toujours trop imposant pour la
tourelle du Cromwell. Une nouvelle version est alors dessinée. La partie arrière et SUR ROUTE TOUT-TERRAIN
les côtés sont constitués d'une plaque de blindage en forme de « U ». Affichant
Vitesse maximale
une épaisseur de 102 mm, la partie avant est moulée, et un renflement dans
le bas protège l'anneau de tourelle. De plus, cette dernière est pius résistante
que celle de ses prédécesseurs grâce à l'emploi d'un blindage en acier corroyé.

T La tourelle de cet A34 Comet est renforcée par des patins de Autonomie
chenilles. Il est vrai que son blindage latéral, épais de 64 mm d'acier
non Inclinés, est vulnérable aux armes antichars allemandes.
240"V--*^r
200^ Vmt

ARMEMENT
Principal 1 canon de 77 mm RGQF Mk. Il
Munitions 61 projectiles
2 mitrailleuses Besa de 7,92 m
Secondaire
2x6 lance-grenades fumigènes
Munitions
5 175 projectiles de 7,92 mm
12 grenades

Obstacle vertical
0,90 m

Tranchee
2.44 m

MOTORISATIOW & RADIO


Moteur 1 12 cylindres en V essence Rolls-Royce Meteor Mark I
Puissance 600 cv à 2 250 tr/min
Radio I No. 19 et No. 38
Cruiser tank A34 Comet
De manière classique, elle abrite le chef de char, qui dispose d'un
tourelleau à vision périphérique, le tireur et le chargeur. Une nuque de DEPLOIEMENT
tourelle, outre le fait qu'elle équilibre la volée du canon, renferme la
radio No. 19 Wireless pour les communications au sein du régiment. Le prototype en acier doux est présenté en février-mars 1 944, mais
Un modèle No. 38 Wireless est destiné aux échanges avec les unités il demande encore une période de mise au point, si bien que les pre
de fantassins, et un combiné téléphonique est monté à l'arrière de miers modèles « aptes au combat » sont livrés à l'automne 1944.
la caisse de sorte que l'infanterie d'accompagnement peut dialoguer En décembre 1944, le Cruiser Tank Comet (A34) aurait pu connaître
avec l'équipage. son baptême du feu dans le massif ardennais, mais les équipages
ne sont pas prêts et reçoivent en urgence des Sherman pour arrêter
l'offensive allemande. Finalement, jusqu'à la fin du conflit, le tank
uni CHASSIS RElViAnilE anglais est déployé au sein de la 29th Armoured Brigade appartenant
à la 11th Armoured Division, et ce dès le mois de mars 1945. Du fait
La tourelle, plus lourde que celle du Cromwell, impose de modifier le de son arrivée tardive sur le champ de bataille, le char britannique ne
châssis. Ainsi, le train de roulement volt la diminution de la taille de ses participera à aucune bataille majeure, mais ses équipages peuvent
cinq galets. En outre, quatre rouleaux porteurs sont ajoutés sur sa partie maintenant rivaliser avec les rares Panzer encore en service en cette
supérieure, après que des tests ont démontré une certaine faiblesse à fin de guerre. L'Armée anglaise l'engage ensuite lors de la guerre de
ce niveau. De manière à lui permettre d'affronter les chars allemands, Corée (25 juin 1950 - 27 juillet 1953) aux côtés de son successeur,
la partie avant de la caisse passe de 32 mm à 64 mm. Au final, son le Centurion, avant de le mettre à la retraite en 1958. Certains sont
train de roulement modifié de type Christie supporte sans sourciller le revendus à l'Irlande, à l'Afrique du Sud et à la Finlande. ■
surpoids par rapport à celui de rA27,tout en brillant par sa robustesse,
sa maniabilité et son agilité. Sur route, l'A34 est rapide, avec des
pointes aux alentours des 50 km/h. Il est vrai que le tank britannique
est doté d'un bloc des plus performants couplé à une boîte de vites Bibliographie
ses Merrit-Brown à cinq rapports avant et une marche arrière. Dérivé
d'un moteur d'avion, le 12 cylindres en V Rolls-Royce Meteor Mk. III
développe 600 chevaux tout en présentant une excellente fiabilité.
Foss (C.), Encydopedia of Tanks & Armoured Fighting,
Grâce à son rapport puissance/poids de 18,1 chevaux/tonne, le Cruiser Amber Books
surclasse le Panzer VAusf. G, et, globalement, l'A34 Comet a enfin
rattrapé une bonne partie du retard qu'avaient les chars anglais sur le Bingham (J.), AFVProfile No. 25 Cromwelland Comet,
très moderne Panther. Pour autant, il lui reste inférieur dans certains Profile Publications Ltd., 1971
domaines, comme celui du blindage, mais le tank britannique est aussi Hughes (C.), Taylor (D.), British Cruiser Tank A34 Comet,
bien plus léger, avec 33,2 tonnes contre 45 tonnes. Armor Photogallery,(Book 20), Model Centrum Progrès, 2013
Fletcher (D.), Cromwell Cruiser Tank 1942-50,
T Parade de la Victoire pour des A34 à Berlin le 7 septembre 1945. Les Britanniques, New Vanguard, Osprey Publishing, mars 2006
qui alignent alors leurs engins les plus avancés,font grise mine lorsque l'Armée rouge
défile à son tour avec le char lourd IS-3 dont le dessin ultramodeme tranche avec Fletcher (D.), British Tank of WWII(2), Holland
un Comet aux lignes évoquant encore les machines du début du conflit. Jusqu'à & Germany 1944/1945, Concord Publication, 2001
la mise en service des versions du Centurion armées du canon L7 de 105 mm,
l'Armée anglaise ne rivalisera pas avec les matériels soviétiques, comme le T-54.
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© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2013

CD

CrUISER TANKk2k COMET


Cruiser tank A34 Comet

A34 COMET FLAMETHROWER:UN COMET TOUT FEU TOUT FLAMME

La version lance-flam es du Churchil se révèle être un engin


des plus redoutables que les Allemands ont appris à craindre.
Robuste, d'une fiabilité honnête, le Crocodile sert jusqu'au bout
Si les plans sont rapidement dessinés, la puissance de feu de rA34
Comet en vient à poser un problème inattendu. L'industrie anglaise
peine en effet à fournir en nombre suffisant ce char susceptible,
du second conflit mondial. Pourtant, les autorités anglaises enfin, d'affronter les Panzer. Distraire de précieux engins pour en
le considèrent logiquement comme impropre à la guerre de faire des chars lance-flammes alors que le Churchill Crocodile a fait
mouvement, et un tank Flamethrower plus moderne, et surtout plus ses preuves en dépit de sa lenteur est tout simplement considéré
rapide, est réclamé. comme une hérésie. Le projet est finalement abandonné.

LE CHOIX DE LA PLATE-FORME A34 COMET FLAMETHROWER

Les formations équipées de Churchill Crocodile ont en effet toutes les Comme pour le Churchill Crocodile, rA34 Comet Flamethrower voit
peines du monde à se déplacer vers les zones du front qui réclament le carburant et les bouteilles de gaz propulseur (nitrogène) installés
leur intervention. Et pourtant, ces engins si particuliers se révèlent dans une remorque blindée à deux roues. Accueillant 1 810 litres de
redoutables au moment d'attaquer des fortifications. Fin 1944, liquide inflammable, elle est reliée au char grâce à un attelage articulé
la réalisation d'un nouveau blindé plus rapide est ainsi demandée aux qui permet à l'ensemble d'évoluer facilement en tout-terrain. Un gros
ingénieurs britanniques. Reste maintenant à trouver un char assez tuyau souple emmanché dans un conduit blindé achemine le liquide sous
véloce et surtout au blindage suffisamment épais pour transporter pression vers le projecteur lance-flammes installé à l'avant de la caisse.
en « toute sécurité » un lance-flammes. Les engins répondant à ces Les 1 810 litres de réserve lui permettent de « cracher », en théorie,
spécifications ne sont pas légion dans les arsenaux britanniques ! quelque 80 jets enflammés d'une seconde à une distance moyenne
En septembre 1944, les ingénieurs anglais finalisent pourtant la ver de près de 110 mètres. Certains observateurs rapportent jusqu'à
sion définitive du plus puissant, et réussi, char Cru/se/"jamais conçu. 130/135 mètres dans des circonstances optimales, voire 180 mètres
L'A34 Comet réunit toutes les qualités requises : une vitesse de l'ordre dans quelques cas exceptionnels I Dans les faits, les équipages peuvent
de 50 km/h, un blindage frontal de 110 mm et un puissant canon compter sur une soixantaine de tirs consommant chacun entre 27 et
de 77 mm capable de river son clou à un Panther à longue distance. 32 litres de liquide inflammable. La portée moyenne atteint les 75 à
Le projet est alors activé. Enfin I un lance-flammes va être installé 80 mètres, une allonge qui suffit à lui conférer une certaine sécurité
sur le châssis d'un char moderne et non plus sur des blindés périmés. face aux lance-roquettes portables allemands de type Panzerfaust.

Cruiser Tank A34 Comet Flamethrower


Vue d'artiste

N. S

Filipluk /Tnicks & Tanks Magazine. 2013

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© Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2013

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CrUISER ÎAHKkZk COMET


Flamethrower
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Panzerkleinzerstôrer Rutscher E-5

n
PANZEBKLEINZERSTÔBER

RUTSCHER ETS
LE CHASSEUR

FURTIF
Si en 1943 le Panzer V Panther
reprend la main, technologiquement RUTSCHER VERSUSPANZERJÀGER 38(T)
parlant, face aux blindés soviétiques, Fin 1943,le Waffenprûfamt 6(section de développement des véhicules
il apparaît rapidement que le nombre blindés du Heereswaffenamt) demande aux firmes BMW et Weserhûtte
de machines assemblées risque fort (une entreprise de construction de grues et matériel d'extraction minière)
de ne pas être suffisant pour lutter de plancher sur un petit chasseur de chars, baptisé Rutscher (littéralement
contre les si nombreuses divisions en français : « celui qui glisse »), susceptible d'être développé en peu
de temps et surtout conçu pour être fabriqué massivement. Toutefois,
mécanisées russes le projet est abandonné à la fin du mois de février 1944, car l'entreprise
Il est vrai que la qualité n'assure Skoda a mis au point un modèle équivalent reprenant le châssis éprouvé
pas seule la suprématie face à la du Panzer 38(tj et armé d'un canon de 7,5cm de 48 calibres. Facile à
quantité. Les Allemands décident produire, relativement performant, le Panzerjàger 38(t), improprement
connu sous la désignation de « Hetzer », répond aux demandes d'une
donc de développer un chasseur de
Wehrmacht sur la défensive qui doit affronter les « innombrables »
chars peu coûteux et susceptible blindés russes.
d'être produit en masse.
Présentation officielle du Jagdpanzer 38(t). Bien qu'imparfait(mauvaise
Par Jacques Armand ergonomie, vision sur l'extérieur réduite...), ce petit chasseur de chars
se révèle adapté à une production en grande série (2047 exemplaires
construits par BMM et 780 par ékoda), car il utilise des composants
éprouvés, ce qui n'est pas le cas du Panzerkleinzerstôrer. Ce dernier
nécessite, en effet, le développement de pièces spécifiques.
Archives Caraktère.
A Mis côte à côte, les profils
du Panzerkleinzerstôrer
Rutscher et du
Jagdpanzer 38(t) mettent en
évidence la taille réduite du
premier. Ce blindé biplace
É
ne peut pas, en effet,
compter sur son blindage
pour se protéger des coups
adverses et mise sur ses
faibles dimensions pour
gêner les tireurs ennemis.
Panzerkleinzerstôrer Rutscher
Vue d'artiste

□a

Jagdpanzer 38(t)
Panzerjàger-Abteilung
« Scharnhorst »
Infanterie-Division « Scharnhorst »
Allemagne, avril 1945

toutefois un impact sur la garde au sol, qui est fixée à 35 centimètres.


COMBAT RAPPROCHE Un moteur 6 cylindres BMW de 3,5 litres et de 90 chevaux est censé
lui procurer une vitesse suffisante pour permettre à son équipage de
Si les Panzerjager-Abteiiungen sont maintenant équipées en masse se dérober promptement. Le poids est compris dans une fourchette
du Panzerjager 38(t) (2 047 exemplaires construits), il n'en va pas de allant de 3,5 à 5 tonnes — de ce fait, selon certains auteurs, le Rutscher
même des unités d'infanterie qui, au moment d'affronter les blindés entrerait dans le programme des Entwicklungstypen sous la désignation
adverses, ne peuvent compter que sur des canons antichars peu mobi de E-5. Enfin, le Panzerkleinzerstôrer doit être doté de deux 8cm Pan-
les et sur des lance-roquettes à charge creuse uniquement utilisables zerabwehrwerfer 600 {PAW 600) et d'une mitrailleuse MG-34 de
lors de combats (très) rapprochés. Afin de ne pas laisser les Landser 7,92 mm pour la défense rapprochée. Une fois la proposition la plus
armés de leurs seuls Panzerfàuste, la Entwicklungskommission, en pertinente choisie, il est prévu que cinq châssis tests soient immédia
charge du programme des Entwicklungstypen (type standard), réactive, tement commandés.
le 23 janvier 1945, le projet d'un Panzerkleinzerstôrer. Afin d'être en
phase avec un ///. Reich asphyxié économiquement, la fabrication de ce
petit chasseur de chars ne doit pas monopoliser beaucoup de matières V18CMPAW600
premières et surtout ne pas nécessiter trop de travail de recherche et
d'efforts industriels. Par ailleurs, il est demandé que le temps consa Développé en janvier 1945 par la firme Wolf-Magdeburg, le 8cm
cré à l'étude soit ie plus bref possible, à l'instar du Panzerjager 38(t) PAW 600, qui sera plus tard rebaptisé Panzerwurfkanone 8H63
qui répondait aussi à cet impératif. (PWK 8H63j, est un canon à âme lisse (calibre réel de 81,4 mm) uti
lisant le principe des basses et hautes pressions, capable de tirer des
obus stabilisés, grâce à un empennage à ailettes sur leur axe, à la
CAHIER DES CHARGES vitesse de 520 mètres par seconde. Il semble que ceux-ci soient une
modification des projectiles du 8cm Granatwerfer 34 (8cm GrW 34),
Les recommandations techniques stipulent que le Panzerkleinzerstôrer un mortier disponible en grand nombre au sein de la Wehrmacht.
doit être servi par deux hommes — un seul
était prévu à l'origine, mais la charge de
travail était trop importante. La cuirasse
frontale est limitée à 20 mm et les flancs
à 14,5 mm. De manière à compenser cette
faible protection, l'engin doit adopter une sil
houette ramassée n'excédant pas 1,5 mètre
de hauteur. Ces mensurations réduites ont

► Pour la propulsion de ses munitions, le


Panzerwurfkanone 8H63 utilise le principe des
hautes/basses pressions. Ce système permet
d'obtenir une arme légère, ayant peu de recul,
facile à produire et pour un coût bien Inférieur à
celui d'un canon ou d'un lance-roquettes classique.
Droits réservés
«

^F
Panzerkleinzerstorer Rutscher E-5
Les munitions à charge creuse affichent des performances balistiques ▼ Avec ses 46 tonnes, l'IS-2 est le blindé le mieux protégé de l'arsenal de l'Armée
rouge. Les projectiles du PWK 8H63 sont toutefois capables de percer son épaisse
intéressantes, avec 140 à 150 mm de blindage transpercés sous
protection, mais uniquement si l'équipage du Rutscher engage le combat à courte
une incidence de 30°. La portée théorique s'élève à 1 500 mètres, distance. Pour ce faire, les deux hommes misent avant tout sur la furtivité de leur
mais, en pratique, elle n'excède pas les 700 mètres. Le Rutscher a engin pour échapper aux obus de 122 mm de riS-2, qui n'ont aucune difficulté à
détruire un Panzerkleinzerstorer.
donc la capacité de détruire un char moyen T-34/85, surtout que
Archives Caraktère.
deux projectiles peuvent être expédiés en même temps ! Cette arme
a d'ailleurs rencontré de francs succès lors de son déploiement opé
rationnel en Prusse-Orientale, en février-mars 1945, aux mains de la
18. Panzer-Grenadier-Division, y compris lors de confrontations avec
les lourds JS-2 soviétiques. Le manque d'allonge suscite toutefois
certaines inquiétudes, et le montage d'une pièce de 7,5cm KwK L/48
(dont la Panzergranate 39 perfore 74 mm d'acier à 1 500 mètres sous
une incidence de 30°) est un temps envisagé, puis écarté.

20 PROPOSITIONS DIFFERENTES!

Une fois le cahier des charges fixé, le Waffenprûfamt 6 doit étudier


pas moins de 20 propositions différentes de ce petit blindé rapide.
Par exemple, Weserhûtte dessine un véhicule de 3,5 tonnes utilisant
des composants spécifiques, alors que la firme Bûssing met au point un
engin d'un poids supérieur à 5 tonnes qui pourrait être assemblé avec
des éléments mécaniques déjà existants. Un problème de conception se
pose également : la vitesse élevée demandée ne serait atteinte qu'avec
une suspension à barres de torsion. La Entwicklungskommission décide
alors de poursuivre plusieurs voies d'étude afin de trouver la solution Friedrichshafen travaille à l'élaboration de la transmission du Rutscher.
technique la plus adaptée. En mars 1945, la société Zahnradfabrik Elle privilégie alors deux pistes : une boîte de vitesses à 5 rapports
FAK-45 et une autre semi-automatique, toutes deux pouvant être cou
plées à un moteur Diesel Saurer de 1 50 chevaux.

Panzerkleinzerstorer RÉALITÉ INDUSTRIELLE


Rutscher
Le 19 mars 1945, le Generaiinspekteur der Panzertruppen rejette les
propositions dont le poids est compris entre 7 et 9 tonnes, car, compte
(selon précgnisation initiales de i'Entwicklungskommission] tenu de la faible portée des PWK 8H63, le Panzerkleinzerstorer se doit
d'être extrêmement agile et mobile pour être efficace lors de combats
1 Désignation Panzerkleinzerstorer Rutscher
rapprochés face à des tanks lourds JS-2 dont les canons de 122 mm
t Constructeurs BMVV et Weserhiitte peuvent le détruire sans aucune difficulté. La masse maximale en
charge est donc fixée, idéalement, à 3,5 tonnes, avec un maximum
MORPHOLOGIE de 5 tonnes. Les firmes allemandes répliquent alors que seule une
machine de 7 à 10 tonnes peut être assemblée rapidement et sur
Équipage 2 hommes
315*^ Poids it tout massivement. Un blindé de 3,5 tonnes demanderait l'élaboration
de tout nouveaux éléments (suspension, moteur...), et la production
en série ne serait envisageable que dans un délai de un an et demi
à deux ans I

CONCLUSION
. ..Ji
Totalement inadapté aux réalités industrielles de la fin de la. guerre,
le programme du Rutscher est abandonné. L'appellation E-5 est
Longueur ; 4,85 m d'ailleurs sujette à caution, car la Entwicklungskommission avait
pour mission de rationaliser les productions militaires, ce qui ne va
pas dans le sens de la conception d'un matériel totalement original.
Deux châssis sont néanmoins terminés (le 3,5 tonnes de Weserhûtte
BLINDAGE
et le 7,5 tonnes de Daimier-Benz) et participeront à des essais dyna
I Caisse |Superstructure
miques, mais le concept du Panzerkleinzerstorer ne dépassera pas le
20 mm
stade de la maquette en bois. ■
14,5 mm
8 mm
70
Bibliographie
MOTORISATION & MOBILITE ^liin/hl
Moteur|6 cylindres BMW Vitesse Maximale • Spielberger (W.), Light Jagdpanzer: Development - Production
Puissance 90 cv sur route Opérations, Schiffer Publishing Ltd, février 2007
• Jentz (T.), Paper Panzers Panzerkampfwagen, Sturmgeschûtz
ARMEMENT and Jagdpanzer, Panzer Tracts No.20-1, 2001
Principal|2 canons de 81,4 mm PWK 8HB3 • Flogg (I.), German Artiiiery of Worid War Two,
Secondaire 1 mitrailleuse MG-34 de 7,92 mm Frontline Books, 12 juin 2013
o e ë qT
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Note ; Pour passer ce plan au 1/35°, photocopiez-le à 85,2 % © Hubert Cance / Trucks & Tanks Magazine 2015

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tn Panzerkleinzerstorer Rutscher
AH-56 CHEYEI\II\IE

NAVAN
SUR SON TEMPS

Lors de la guerre du Viêt Nam


(1961-1975), les hélicoptères
américains HU-1A Iroquois,
plus tard redésignés UH-1
et surnommé Huey, servent
de moyens de transport
de soldats, apportant une
souplesse tactique certaine
à rus Army. Toutefois, ces
voilures tournantes sont
particulièrement menacées
lorsqu'elles débarquent des
troupes car, à cet instant, ▲ Le soleil se couche sur cet AH-56 Cheyenne. Bien
ADVANCED AERIAL
elles ne peuvent riposter aux que superbe, ce cliché est presque prémonitoire, car,
ie 9 août 1972, ie projet de cet hélicoptère, en avance
tirs adverses. Une parade est FIRE-SUPPORTSYSTEM
sur son temps, est annulé par ie Secretary ofthe Army
trouvée en armant quelques Le 26 mars 1964, VArmy Chief of Staff prenà en
du fait d'une technologie de pointe mal maîtrisée.

exemplaires d'UH-1 de lance- charge le programme PAS. Après l'avoir redésigné Toutes photos Lockheed Corporation
roquettes, lance-grenades et Advanced Aerial Pire-support System (AAFSS),
de mitrailleuses afin d'effectuer le chef d'état-major lance un request for proposais
des passes d'attaques au sol (RPR) auprès de 148 constructeurs américains De son côté, Sikorsky présente le S-66 doté
autour des Landing-Zones. pour la conception d'un hélicoptère capable d'at d'un Rotorprop, qui, afin d'atteindre des vites
Néanmoins, les Gunships ne teindre la vitesse de 400 km/h tout en affichant ses élevées, effectuerait une rotation à 90° et
sont qu'une solution transitoire un rayon d'action de 3 900 km. Répondant à cet agirait comme une hélice propulsive. Pour sa part,
et, en octobre 1963, un ambitieux appel d'offres, Bell propose le D-262 Lockheed met en avant le CL-840 équipé d'un
(ivlodel 209), qui est en fait une version redessi rotor rigide et à la fois d'une hélice de poussée
programme d'hélicoptère née et plus petite du U-255 ; le rotor bipale 540 et d'un rotor arrière classique monté à l'extrémité
lourd d'attaque, spécialement d'origine reçoit un système d'augmentation de de la queue. Le 19 février 1965, l'Armée améri
conçus pour les frappes air- coniroie de stabilité ; son profil reprend la ligne du caine valide les projets de Lockheed et Sikorsky
sol, est lancé : le Fire-support Sioux Scout au niveau de la turbine ; ses patins et demande à ces derniers de prévoir un plan d'in
Aerial System (PAS) d'atterrissage sont rétractables ; enfin, le fuselage dustrialisation. Le 6 octobre 1965,les propositions
est en nid-d'abeilles aluminium pour la légèreté. sont examinées par un comité d'évaluation qui,
Poui autant, ce projet reste de facture classique. finalement, désigne Lockheed comme vainqueur
du programme AAFSS, car son hélicoptère est jugé
moins coûteux, plus rapide à mettre en œuvre et tech
nologiquement plus abouti. Le 17 décembre 1965,les
exigences techniques sont finalisées, avec notamment
l'obligation d'embarquer des roquettes. Le 23 mars
1966, un contrat d'ingénierie et de développement
est signé pour dix prototypes, désignés AH-56A.
Le vol inaugurai se dérouie le 21 septembre 1967,
et le Secretary ofDefense américain passe commande,
le 8 janvier 1968, pour 375 appareils. Les dix prototy
pes sont achevés en 1969, et les tests de l'hélicoptère
Lockheed AH-56 Cheyenne - son nom de baptême
donné par les militaires - peuvent entrer dans leur
phase finale.

AH-56 CHEYElUniE

L'hélicoptère imaginé par Lockheed est doté d'un


train tricycle et de deux ailes de petites dimensions,
destinées à assurer la portance pour les vols à grande
vitesse en réduisant la charge aérodynamique du rotor.
Si le Cheyenne est équipé de manière classique de
deux rotors (le principal et celui de queue dit anti
couple), il se distingue des autres machines par la
présence d'un troisième rotor tripale, situé au bout
de la queue et placé perpendiculaire à l'antl-couple.
Lorsque le pilote veut atteindre la vitesse maximale,
presque toute la puissance disponible du turbopro-
pulseur Général Electric T64-16 de 3 485 chevaux
est dirigée vers ce rotor propulsif. De ce fait, l'engin
est capable de dépasser les 200 nœuds (370 km/h)
mais n'est pas classé, officiellement parlant, comme
un hélicoptère. Le pilote et le copilote/tireur sont assis
dans un cockpit en tandem et bénéficient d'une avio-
nique de pointe, telle que des dispositifs de navigation
et de vision nocturnes, un viseur holographique monté • M'wir;":;*", , ■
sur le casque des deux membres d'équipage, des sys
tèmes de visée et de tir à la pointe de la technologie...
Tout un équipement qui permet au Cheyenne d'utiliser
un large panel d'armement, placé sur six points, monté
sous les ailes. Ainsi, des missiles antichars TOW ou
des roquettes non guidées de 2,75-inch (70 mm)
peuvent être utilisés. Par ailleurs, une tourelle Installée
sous l'appareil, au milieu du fuselage, peut accueillir un
canon XM140 de 30 mm ainsi qu'un lance-grenades
Ml 29 de 1,57-inch (40 mm)ou une mitrailleuse mul
titude XM196 de 0,308-inch (7,62 mm). Le tireur
peut commander la tourelle sur 360° ou la pointer
de + /- 100° grâce à un viseur périscopique tout
en pouvant garder ses cibles en visuel sur 120° du
fait d'un siège pivotant. Si nécessaire, les points
d'attache permettent le transport de réservoirs de
■SIV?
carburant supplémentaires.

El\l ESSAIS

En septembre 1967, le deuxième prototype commence


la phase préliminaire de tests, et les observateurs
notent une grande instabilité lors des vols à basse
altitude due à l'effet de sol. Les problèmes sont O Afin de répondre au catiier des charges de \'Advanced Aenal Fire-support System,
notamment en termes de vitesse maximale, le Cheyenne est doté d'un troisième rotor
immédiatement pris en compte par les ingénieurs de tripale, situé sur la queue, en sus du rotor anti-couple et perpendiculaire à ce dernier.
Lockheed, et la firme peut, le 12 décembre 1967,
organiser une démonstration publique de son engin Un AH-56 s'apprête à entamer une séance de tests sur l'héliport des usines
« révolutionnaire ». Les spectateurs assistent alors Lockheed, Les premiers essais de maniabilité sont des plus encourageants, mais des
phénomènes de vibrations commencent à inquiéter les ingénieurs américains.
à un « ballet » sans précédent. Le pilote peut ainsi
ralentir ou accélérer sa machine sans la cabrer. En vol © La configuration de l'AH-SS Cheyenne est quasiment unique au sein de
stationnaire, il peut à sa guise pointer le nez vers le bas la famille des voilures tournantes. Cette architecture est si particulière (rotor
ou vers le haut sans provoquer la moindre accélération. arrière, ailes...) qu'il n'est pas officiellement classé comme hélicoptère.

- Wil»
AH-56 CHEYENNE
A L'AH-56 est un
hélicoptère lourd
d'attaque dont le rôle
est de remplacer les
UH-1 Gunships puis
les AH-1G Cobra,
ce dernier étant un
engin considéré
comme intérimaire.

"it.
%j ,
'

Par ailleurs, l'hélicoptère est capable de rester immobile


en dépit d'un vent de travers de 56 km/h. Le pilote
se « paye » même le luxe de saluer son auditoire en
inclinant plusieurs fois l'avant de sa monture alors qu'il
vient de se poser I Enfin, l'AH-56 Cheyenne rejoint son
hangar par ses propres moyens. En mars 1968,rAH-56
subit des essais dynamiques et atteint la vitesse en
vol d'avancement de 170 nœuds (315 km/h), de
25 nœuds en vol latéral (46 km/h) et 20 nœuds vers
l'arrière (37 km/h).

▲ Si sur le papier le Cheyenne est technologiquement plus avancé que les hélicoptères de son époque,
INSTABILITE CHRONIQUE son manque de mise au point en fait une machine dangereuse dans certaines conditions de vol.

T Trois des dix prototypes assemblés de i'AH-56 évoluent de concert. Deux sont perdus,
En dépit de cette démonstration, l'AH-56 Cheyenne
et l'autre en soufflerie, les « survivants » serviront de machines de tests pour des essais(
est loin d'être au point, car, le 12 mars 1969, le rotor
principal du prototype n °3 vient toucher le fuselage et
provoque l'écrasement de l'appareil, tuant son pilote.
L'accident est survenu lors d'un vol d'essai pendant
lequel le pilote, en agissant sur les commandes, cher
chait à accentuer un phénomène vibratoire parasite
dit 0.5P (le 0.5P est une vibration qui se produit une
fois tous les deux tours de rotation du rotor principal).
L'enquête fait remarquer que les mécanismes de sécu
rité avaient apparemment été désactivés pour le vol
et conclut que les oscillations induites par le pilote ont
provoqué une résonance qui a dépassé la capacité de
compensation du système de rotor. Le 10 avril 1969,
l'Armée américaine est peu satisfaite de l'évolution des
tests. Outre un poids trop important, ce ne sont pas
moins de onze défauts majeurs qui sont pointés du
doigt, à l'image de la vibration 0.5P. Lockheed installe
alors Vimproved flight controlSystem (ICS), destiné à
réduire les vibrations du rotor, et corrige dans la foulée
une partie des problèmes. Néanmoins, la dérive des
coûts et le non-respect du calendrier finissent par
T En-bas : Pour le Sénat,
pousser les militaires à annuler la commande tout en début 1972, afin de montrer la
conservant le contrat de développement de manière puissance de feu du Cfieyenne
à finaliser cette nouvelle technologie. Sur le terrain, et obtenir un soutien pour
les troupes combattant au Viêtnam sont équipées le développement de son
tiélicoptère, rt/S4rmy organise
AH 56 CHEYENNE
du AH-1G Cobra, un engin intérimaire qui, au final, une démonstration de tir DIMENSIONS
démontrera un important potentiel, au point d'être de missiles antichars TOW.
Hélas, le premier s'écrase LongueurJ
toujours en service aujourd'hui.
au sol, tandis que le second Hauteurji
touche sa cible. Auparavant,
130 missiles avaient été tirés
Enveraut&J 15.62 m
sans problème, mais ce semi- MASSES
LA SUITE ET FIN DE MAAFSS
échec, devant les responsables 5 879 kg
américains, hypothèque
En dépit de ses déboires, Lockheed continue son travail gravemeht sa carrière. au décollage
d'étude mais voit, en septembre 1969, le prototype PERFORMANCES
T Ci-dessous : En dépit des
numéro 10 voler en éclats lors d'essais en soufflerie Vitesse de croisière i; IMMij
incidents qui émaillent sa
destinés à solutionner les problèmes induits par les carrière, le projet AH-56
vibrations 0.5P. Le numéro 9 est alors prudemment continue, mais des voix
Plafonfl
discordantes se font entendre
équipé d'un siège éjectable. Pour autant, les tests d'ar .j Rayon d'actibril
au sein de VUS Army et de l'US
mement avec le numéro 6 montrent que le Cheyenne Air Force sur le rôle de chacun l4mfniin
est une plate-forme stable. L'installation d'une nouvelle dans les missions de close air
transmission, d'un moteur plus puissant T64-GE-716 support(CAS). Le Department
ofDefense(DOD) mène donc 1 turbomoteur
de 4 275 chevaux (3 925 chevaux auparavant pour
une étude, qui conclut que le
une version améliorée du T64-GE-16) et la pose Général Electric T64-GE-716
programme Air force AX, l'avion
de Yadvanced mechanical control System (AMCS) Harrier et le Cheyenne sont 4 275 chevaux
- le gyroscope est maintenant placé sous la transmis significativement différents.
sion pour empêcher les vibrations de se transmettre aux
commandes de vol - permettent à l'AH-56 Cheyenne
d'enfin se comporter honorablement. Hélas pour lui,
les missions de c/ose air support(CAS) évoluent au
sein de VUS Army, et, le 17 août 1972, le programme
AdvancedAttack Heiicopter(AAH)est lancé avec un
cahier des charges qui prévoit notamment deux turbi
nes pour accroître les chances de survie. Malgré des
performances élevées (215 nœuds, soit 398 km/h,
en vol et 245 nœuds, soit 454 km/h, en piqué) et
une meilleure maniabilité à haute vitesse, l'appareil
de Lockheed est écarté de la compétition, car son
avionique, en avance sur son temps au moment
de sa conception, est jugée maintenant dépassée.
Par ailleurs, une remise à niveau et le montage d'un
deuxième moteur feraient « exploser » les coûts de
développement. L'ultime proposition, le CL-1700,
une version modifiée du Cheyenne avec deux moteurs
et sans l'hélice propulsive, est donc écartée. L'AAH
donnera en définitive naissance à l'AH-64 Apache.
En conclusion, l'hélicoptère AH-56 Cheyenne ne ren
contrera pas le succès escompté par Lockheed car
utilisant une technologie mal maîtrisée à l'époque,
et lorsqu'elle sera au point, la voilure tournante ne
répondra plus aux desiderata de VUS Army du fait
de l'obsolescence de certains de ses composants,
électronique en tête. ■

BIBLIOGRAPHIE

•Miller (P.), AH-56 Cheyenne, Alphascript


Publishing, septembre 2010
•Landis (T.), Jenkins (D.), Lockheed AH-56A
Cheyenne - Warbird Tech Vol. 27, Specialty
Press, avril 2000
•Articles on Compound Helicopters, Including:
Piasecki X-49, Lockheed Ah-56 Cheyenne, Bell
533, Sikorsky X2, Piasecki 16h, Eurocopter X3,
Hephaestus Books, 2011
•Bernstein (J.), US Army AH-1 Cobra Units in
Vietnam, collection : Combat Aircraft, Osprey
Publishing, septembre 2003
•Compound Helicopters:Ah-56
Cheyenne, Books LLC, mai 2010

.iïk
Panzer-draisine « Zeppelin »

Par Paul Malmassari


Sauf mentions contraires,
toutes ptiotos Maimassari
LA DRAISINE MYSTERE
Les draisines sont des engins autonomes, légers, destinés à
reconnaître l'état de la voie ferrée en avant des trains, blindés ou
civils. En réalité, ce terme général recouvre plusieurs catégories
d'engins, avec ou sans moteur, blindés ou non, de poids variable.
La Wehrmacht faisait la distinction entre Panzer-Draisîne et
Panzertriebwagen, ces derniers étant des autorails blindés. Déployée
par l'Armée allemande durant la Seconde guerre mondiale, la
draisine « Zeppelin »> fait partie de la première catégorie.
Âl 1^
^ Ir

DES ORIGiniES iniCOlUniUES

De la draisine qui nous intéresse ici, peu de choses


sont connues. En particulier, il n'est pas certain
que l'engin soit d'origine aiiemande ou directement
de provenance soviétique. Dans tous les cas,
certains éléments sont russes, comme les portes
qui proviennent de tracteurs d'artillerie T-20
Komsomoletz et la tourelle d'une automitrailleuse
BA-10(Bmneavtomobil 10) armée d'un canon de
45 mm 20-K. Certaines photographies montrent
que la Panzer-Draisine « Zeppelin » servait sur le
tronçon Kemijarvi-Saiia-Aiakurtti, à cheval sur la
frontière actuelle avec la Russie i 11, sans doute lors
de missions anti-partisans. Se pourrait-il alors qu'il
s'agisse d'un engin conçu en Finlande ?

DES QUANTITES INCONNUES

De même,le camouflage (représentant des sapins)


i ■
semblant être toujours le même, l'idée qu'un seul
engin de ce type existait a été dans ces conditions
communément admise. Mais une des photogra
phies fait brutalement apparaître un chiffre « 7 »,
alors que seul le « 1 » était visible jusque-là.
Y a-t-il eu plusieurs draisines construites, après
peut-être le succès de la première ? Il semble plus
probable qu'il y ait eu une nouvelle numérotation,
et seule la découverte de documents portant un
chiffre entre 1 et 7 pourrait prouver le contraire.

CONCLUSION

En tout état de cause, l'ensemble des photos pré


sentées ici permettent de se faire une idée assez
précise de cette draisine, qui a fait l'objet de plu
sieurs kits du commerce, semble-t-il fondés sur le
plan ici présenté, issu de l'ouvrage « Les Trains
blindés 1826-1989 » (cf. bibliographie) et qui avait
été dressé suite à de nombreux calculs proportion
nels prenant en compte les dimensions quasiment
invariables des tampons (hauteur et écartement)
et de la tourelle. ■

[1 ] À l'est de cette frontière, la vole qui a été arractiée par les


Allemands en retraite en 1944 n'a toujours pas été reconstruite.

BIBLIOGRAPHIE

•Sawdny (W.), Die Panzerzûge des


Deutschen Reiches 1904-1945, EK-
Verlag GmbH, Freiburg (RFA), 2006
•Malmassari (P.), Les Trains biindés 1826-
1989, Éditions Heimdal, Bayeux, 1989

Pour la double page : Photos issues de la revue


Die Wehrmacht. Cet article décrit une fabrication de la
Panzer-Draisine « Zeppelin » par le génie allemand en
quelques jours pour répondre à la menace des partisans.
Bien que provenant d'un journal de propagande, cette
solution est tout à fait plausible.
Die Wehrmacht
PAm-DRAisiNE« Zeppelin »
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© Paul Malniassari I Trucks & Tanks Magazine 2013


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|n La Panzer-Draisine « Zeppelin » posée Deux autres vues de l'engin qui


" provisoirement sur un appui en traverses, & donnent une bonne idée de
certainement pour une intervention sur les l'angle du blindage. L'immatriculation indique
essieux. On dislingue une caisse à outils. Notons le numéro « WH E.P. 1 ». S'agit-il du premier
l'immatriculation « WH E.P.7 » {Eisenbahn engin de la série ou une numérotation
Panier?), qui pourrait laisser supposer qu'au différente du même véhicule ?
moins six autres véhicules ont été mis en service.
H On voit clairement le canon de 45 mm de
jjra La Panzer-Draisine « Zeppelin » est la tourelle de la BA-10. La porte ouverte
transportée sur remorque porte-char, tractée n'est pas rectangulaire mais trapézo'idale. Il
par un semi-chenillé allemand, et est en cours de paraît probable que la porte provienne d'un
dépose sur la voie. Par rapport au plan, on notera tracteur d'artillerie T-20 Komsomoletz. En effet,
les volets d'accès pour l'équipage sur le toit de la il serait étonnant quelle ait été fabriquée
caisse, dont nous ignorions l'existence au spécialement, car, dans ce cas, pourquoi
moment de son traçage. accroître la difficulté au lieu de faire une porte à
forme simple et d'un seul morceau.

HUne vue inédite prise en gare de Salla,


en Finlande, qui permet de bien voir le
camouflage et de deviner des détails des
parties horizontales.
Comparatif par Laurent Tirone

PANZER
ItJMJMM, IV
M V WW

AVSF.H
PANZER IV

deux machines d'un même camp. Il ne s'agit pas de les faire


77om
our l'occasion, ce comparatif déroge à la règle et voit s'opposer
a ainsi été augmenté, et il a reçu un canon de

P s'affronter, mais de confronter leur potentiel par rapport aux


besoins de la Wehrmacht en 1944. Les engins en lice sont le
Panzer IV Aust. H et le Panzer IV/70(V).

Même s'ils ont en commun la même base du Généra! Guderian, qui est très loin d'être
7,5cm long de 48 calibres qui lui permet de
tenir tête au T-34/76. Toutefois, les modifica
tions, qui auraient pu lui donner les moyens
de surclasser son adversaire de toujours, n'ont
pu être menées à bien. Ainsi, début février
mécanique, ils n'ont pas les mêmes caracté convaincu que le Panzer IV/70(V) peut égaler 1943, la synthèse des rapports de combat
ristiques techniques, en dépit d'appellations un blindé doté d'une tourelle. Signalons que aboutit à demander l'accroissement significa
des plus similaires, car ie premier est un char cette ultime référence est adoptée en novembre tif du blindage du char moyen afin de faire
de combat alors que le deuxième s'apparente 1944 par le Waffenamt, le chiffre 70 indiquant échec aux obus de 45 mm et de 76,2 mm.
à un chasseur de chars qui pourrait en être la longueur du tube du Pak 42 et le « V » Une fois ces impératifs pris en compte, le poids
une « simple » déclinaison. Toutefois, cette accolé identifiant la firme Vomag. C'est sans du blindé, dont la cuirasse aurait été inclinée,
conversion doit être mise en perspective avec doute de ce désaccord qu'est né le surnom du aurait atteint les 28 tonnes ! De ce fait, la fia
l'opinion d'Hitler. En effet, ie Fûhrer se tenait chasseur de chars : Guderian Ente ou canard bilité des composants mécaniques,tels que la
au courant de toutes les avancées techniques de Guderian. D'autres auteurs attribuent son boîte de vitesses ou les freins, est remise en
et n'hésitait pas à imposer son point de vue. origine aux balancements en marche, dus au cause. Finalement, le 17 février 1943, Hitler ne
Or, l'homme était persuadé de la victoire, porte-à-faux conséquent du canon, reproduisant donne pas son aval au projet W1462,qui aurait
à terme, du boulet sur la cuirasse et que l'ap peu ou prou le pas d'un canard I La réalisation engendré plus de problèmes qu'il n'en aurait
parition de projectiles de dernière génération des 57 premiers Panzer IVlang (V) débute en résolus. Les programmes de remise à niveau
allait donner la prééminence aux automoteurs août 1944. Malgré les injonctions d'Hitler, ne s'arrêtent pas là, à l'image des différentes
sur les chars d'assaut, grâce à leur capacité les cadences ne pourront égaler ses desiderata, tentatives destinées à monter des tourelles
à embarquer des armements plus conséquents. et le pic de fabrication sera atteint en janvier de Panther (à l'exemple du Schmalturm de
Partant de ce postulat, il passe une commande 1945 avec 185 exemplaires. Le mois suivant, \'Ausf. F) sur sa plate-forme, toutes avortées
massive de Panzer IV/70(V) au détriment du 135 Panzer IV/70(V}, ou Sd.Kfz. 162/1, seront suite à des surcharges pondérales. Clairement,
char de combat. Un choix qui paraît indiquer montés. En mars, seulement 50 seront termi le châssis du Panzer IV ne peut plus évoluer,
que l'engin est vu comme une alternative moins nés, à cause des bombardements. En avril, et, dans sa configuration de char d'assaut,
coûteuse au Panzer V Panther (muni du même 10 partiront en unités... En définitive, entre il n'est plus capable d'accepter un armement
armement), que l'industrie allemande n'arrive 930 et 940 engins seront assemblés avant la plus puissant. Les soucis mécaniques ren
pas à produire en assez grande quantité. fin de la guerre. Pour sa part, le Panzer IVest, contrés par le Sturmpanzer IV Stupa et ses
Ce « chasseur de chars » est vraisemblable en 1944, une machine aboutie qui a connu 28,2 tonnes prouvent que le châssis est au
ment vu par Hitler comme un remplaçant de nombreuses campagnes de modernisation bout de ses possibilités d'évolution. En cette
plausible du Panzer IV. destinées à lui permettre de tenir sa place avant-dernière année de guerre, le Panzer IV
Cette volonté ne sera pas totalement reiranscrite dans la course à l'armement que se livrent la a donc atteint ses limites.
sur le terrain, notamment a cause de l'opposition Wehrmacht et l'Armée rouge. Son blindage
Alors, en 1944, quel type d'architecture était la
COMSTRUCTEURS & PRODUCTION plus adaptée à la réalité du terrain : un Panzer IV
doté d'une tourelle ou un Panzer IV/70(V)dont
Constructeurs Krupp-Gruson, Vomag, Nibelungenwerke Vdmag
la casemate accueille le très performant 7,5cm
Production 3 774 exemplaires d'avril 1943 à juillet 1944 930 exemplaires d'avril 1944 à mars 1945
Pak 42 L/70 ?
Masque du canon/mantelet AfHèfB Latéria!
50 mm ^
^ 30 mm Tourelle
jQd 30 mm Superstructure
f^yl
^ 30 mm Caisse
^.(§)®(S)(S) ® ® (2^@

Latéria!

40 mm Superstructure

<□ 30 mm Caisse

PROTECTION
Les Allemands considèrent que le blindage pris dans une spirale infernale, face à laquelle offrent donc une protection supérieure à
du Panzer IVAusf. H est susceptible de stop il ne peut plus réagir et qui ie laisse sans celle d'un Tiger I ! Les flancs, avec 40 mm,
per des projectiles perforants allant jusqu'au défense face à un AP M79 Shot apte à ie sont évidemment plus vulnérables, mais leur
calibre de 5cm, à toutes distances, du moins détruire à 1 500 m. Contre l'Armée anglaise, inclinaison à 60° est toujours meilleure que
pour la partie avant de la caisse, épaisse de le char de combat reprend des couleurs, car les 30 mm verticaux du Panzer iV. Pour en
80 mm. La tourelle et ses 50 mm d'acier ne le Croiser Tank Cromwell A27 a bien du mal finir avec la cuirasse, le masque de canon de
sont un obstacle que pour des obus de 3,7cm, à affronter avec succès le Panzer iV, car son type Saukopf est difficile à percer compte
là encore à toutes distances. Une protection 75 mm Quick-Firing Mark V L/36,5 ne par tenu de son profil. Pour tenter de compen
qui, en 1944, est largement insuffisante. Sur vient à percer que 52 mm à 1 000 m. Lors ser cette faiblesse, ies Panzerschûtzen vont
le front de l'Est, les Panzerschûtzen doivent d'attaques sur les flancs, les tankistes anglais prendre l'habitude de surblinder leurs chars
en effet affronter le T-34/85 modèle 1944 l'emportent, mais un combat frontal laisse avec des éléments de chenilles ou des sacs
et son canon de 85 mm S-53 L/52, dont la toutes ses chances au Panzer iV. Toutefois, de sable qui, outre le fait qu'ils sont peu effi
munition perforante BR-365 est en mesure la mise en service, fin 1944, de rA34 Comet, caces, vont surcharger les châssis qui n'ont
de venir à bout de la caisse de leur char à armé du 77 mm Rayai Ordnance Quick-Firing pas vraiment besoin de cela... Le « chasseur
500 m en cas d'impact frontal et à 1 500 m (ROQFi Mark, ii /120 mm perforés à 2 000 m, de chars » finit de prendre l'avantage avec
pour la tourelle. Les équipages allemands ne sous une incidence de 30°), réduit sa capacité sa hauteur de seulement 1,85 m qui le rend
cachent d'ailleurs pas leurs craintes lorsque de survie comme peau de chagrin. plus difficile à repérer puis à toucher que
des T-34/85 se trouvent dans leurs parages. Le Panzer iV/70(VJ, avec ses 80 mm inclinés son « frère d'armes » qui culmine à 2,68 m.
Sans compter que les flancs, épais de 30 mm, à 50 , est donc bien mieux loti. Si la valeur de Néanmoins, le Panzer iV Ausf. H est équipé
ne sont qu'un faible rempart. Face à un iS-2 blindage est identique pour la superstructure, de Schurzen (jupes) qui couvrent les flancs
armé d'une pièce de 122 mm, ies chances de son profil renforce la protection. En effet, les de la caisse et de la tourelle, et également la
survie en cas de coup au but sont quasi nulles. pointes des projectiies ont de fortes chances
partie arrière pour cette dernière. Ces plaques
Certes, le pilote peut incliner ie blindage en de glisser dessus au moment de l'impact. métalliques peuvent arrêter ies projectiles
positionnant son engin de façon à ce que la Physiquement, un blindage est une matière des fusils antichars de 14,5 mm soviétiques
cuirasse présente un angle plus prononcé, capable d absorber l'énergie cinétique d'un - leur fonction première - mais aussi mettre
mais cet « artifice » ne peut cacher l'obso- projectile sans se briser. Dans le cas d'un en échec les munitions à charge creuse en
lescence du Panzer IV, dont la protection, en ricochet, I obus est dévié. Cela implique qu'il déclenchant prématurément leur explosion.
caricaturant un peu, est tout juste bonne à conserve une grande partie de sa vitesse et Le Panzer iV/70(V} en est aussi équipé, mais
stopper la « ferraille » du champ de bataille. donc de son énergie cinétique. Cette dernière seulement sur les flancs de sa caisse.
Sur le front de l'Ouest, la situation n'est guère n étant pas absorbée par la cuirasse, le choc
meilleure, car, dès juillet 1944, les Armored sur la structure est beaucoup moins violent. Et En dépit de cela, le blindage du Panzer iV
Divisions alignent le M4A1(76) W pourvu le ricochet n'est que le premier effet provoqué Ausf. H fait piètre figure en comparaison
d'une pièce de 76,2 mm Ml Al de 55 cali par l'inclinaison. Ainsi, plus un blindage est de celui du Panzer iV/70(V), et, en 1944, le
bres. Pour les Américains, cette bouche à feu profilé, plus son épaisseur rapportée sur l'axe char de combat n'offre plus une protection
doit réduire ie différentiel entre le Sherman horizontal est grande. Les 80 mm inclinés à suffisante face à la montée en puissance des
et le Panther. Le Panzer iV se retrouve donc 50° de ia partie frontale du Panzer iV/70(V) engins adverses.
.J

Gué: 1,00 m
'^1

MOBILITE
Partageant le même châssis, les deux engins de l'autonomie (210 km sur route et 130 km le char de combat. Déjà, le porte-à-faux plus
sont évidemment dotés des mêmes élé en tout-chemin) grâce à une consommation important du canon long de 7,5cm sollicite
ments mécaniques. Ainsi, ils sont équipés du mesurée. En outre, malgré une conception durement le train de roulement, si bien que les
moteur 12 cylindres en V essence Maybach datant des années 1930, le châssis n'est pas bandages en caoutchouc des deux premiers
HL120 TRM développant 300 chevaux à dépassé en dépit d'une garde au sol de seule galets ne supportent pas le surpoids et doivent
3 000 tours par minute. En 1944, ce bloc ment 40 cm et de chenilles larges de 40 cm. donc être remplacés par des modèles en acier
d'une cylindrée 11,7 litres est toutefois La suspension à lames de ressort lui permet et à silentbiocs internes. Cela ne résout que
dépassé en termes de performances pures. d'afficher un comportement « honorable » sur partiellement cette déficience, car la surcharge
Par rapport à la masse qu'il doit propulser terrain meuble, et sa pression au sol (de 0,86 à induite par l'épais blindage frontal, concen
(de 25 à 26 tonnes), sa puissance est insuffi 0,89 kg/cm^) reste correcte, sans pour autant tré sur la partie avant, provoque leur usure
sante par rapport à celle affichée par les chars être bonne au vu de son poids de seulement prématurée. La conception type chasseur de
adverses. Seule sa bonne fiabilité le distingue de 26 tonnes. La boîte de vitesses Synchromesh chars du Panzer IV/70(V) conduit à d'autres
la dernière génération de véhicules allemands qui ZF SSG 76, à 6 rapports avant et une marche complications, notamment dans le domaine
cumulent les incidents de jeunesse, au contraire arrière, n'appelle à aucune critique particulière, des évolutions en tout-terrain. En effet,
du HL120 TRM parfaitement abouti depuis de même si elle accuse son « grand » âge par la charge sur l'avant et le porte-à-faux induit
longues années. De ce fait, pour les deux véhi rapport aux modèles équipant les Panzer V par le « 70 calibres » tendent à faire piquer du
cules allemands, le rapport puissance/poids Panther. Ceci étant dit, le comportement des nez le Panzer IV/70(V)lors du franchissement
(aux alentours de 12 chevaux par tonne) est deux engins diffère du fait de leur architec d'obstacles, obligeant le pilote à avancer avec
clairement défavorable face à l'A27 Cromwell ture. Déjà, la plate-forme du Panzer IV a été beaucoup de prudence s'il ne veut pas « plan
et ses 21,42 cv/t(moteur de 600 chevaux) ou prévue d'origine pour accueillir une tourelle, et ter » sa monture. Dénué de tourelle, il se révèle
au T-34/85 et ses 15,6 cv/t (500 chevaux). les ingénieurs ont tenu compte des différen également bien peu à l'aise s'il doit pivoter dans
Le Panzer IVAusf. H et le Panzer IV/70(V)sont tes contraintes, comme le centre de gravité. des chemins étroits, car son tube bute sur les
donc sous-motorisés, et leurs performances Ce qui n'est pas le cas du Panzer IV/70(VI, qui obstacles en bordure, alors que le tireur du
globales sont à la traîne de leurs adversaires, est une conversion après-coup. Le concernant, char de combat peut manœuvrer sa tourelle
avec des vitesses de pointe n'excédant pas les bureaux d'études de Vomag ont dû faire pour s'adapter au terrain. Inutile de parler de
les 40 km/h. Malgré tout, ils restent « dans le avec ce qu'ils avaient, et le résultat, dynami son agilité en milieu urbain... Étant catalogué,
coup » dans certains domaines, comme celui quement parlant, est moins réussi que pour de par sa dénomination, « à l'égal » d'un char
d'assaut, son engagement dans une agglomé
MOTORISATION ration est pourtant une hypothèse tout à fait
Moteur|Maybacli HL12G TRM Maybach HL12G TRM vraisemblable, bien que son architecture ne soit
Architecture 12 cylindres en V essence 12 cylindres en V pas vraiment en accord avec les contraintes
inhérentes au combat en ville.
Architecture 11,7 litres 11,7 litres
« Simple », voire hâtive, conversion d'un châs
Synchromesh ZF SSG 76
Boite de "'fesses
vitesses Synchromesh
g ZF SSG^ 76 6 rapports avant et 1 marche arrière sis de char de combat, le Panzer iV/70(V), bien
Puissance 300 cv à 3 GGG trimin 300 cv à 2 000 trimin que partageant une base commune, ne peut
rivaliser avec le Panzer IVAusf. H, qui met en
Rapport puissance I poids 12 cv/C 11,60 cv/t*
9 avant son bon équilibre général.
'(chevaux! tonnes)
Armement principal Armement secondaire ^
7,5cm KwK 40 L48 2 mitrailleuses MG-34 de 7,92 mm
X 87 obus X 3 150 projectiles

Panzergranate 39

Panzergranate 39/42
v.".i ■ :
Armement principal Armement secondaire

7,5cm Pak 42L/70 1 mitrailleuse MG-42 de 7,92 mrri


X 55 obus X 600 projectiles

PUISSANCE DE FEU
Bien que les deux blindés possèdent un canon performances balistiques importantes à courte manœuvrer dans le but de se positionner sur les
de 7,5cm, la simple lecture des chiffres ne et moyenne portées. En effet, la masse moindre flancs ou sur l'arrière, qui sont moins protégés
laisse aucun doute sur la prééminence du ne lui permet pas de conserver longtemps son que l'avant. Action qui est plus difficile pour
Panzer IV/70(V) en termes de puissance de extrême vélocité, et la précision tend à se dété le Panzer IV/70(V), absence de tourelle oblige,
feu. Son Pak 42 de 70 calibres (longueur du riorer au fur et à mesure que les distances de car elle impose au pilote de placer la totalité
tube de 5,25 m)lui procure des performances combat s'allongent. Ainsi, la Pzgr. 40de 4,6 kg de son engin dans l'axe de la cible, qui peut
remarquables. Ainsi, avec une vitesse initiale parvient à venir à bout de 126 mm de blindage rapidement se déplacer hors du champ de tir
de 925 m/s, l'obus Panzergranate 39/42 à 100 mètres sous une incidence de 30° avec du 7,5cm Pak 42 L/70. Sur un terrain ouvert,
(Pzgr. 39/42)de 6,8 kg perce 111 mm d'acier une vitesse initiale de 990 m/s. Si cette valeur le débattement réduit du canon (12° de chaque
à 1 000 m sous une incidence de 30° et encore est flatteuse à courte portée, elle revient dans la côté) peut être compensé en faisant riper les
89 mm à 2 000 m. En comparaison, le 7,5cm « norme » à 1 000 m avec 87 mm,et au-delà, chenilles sur place. Cette action est même plus
KwK 40 de 48 calibres (longueur du tube de les Allemands considèrent qu'il est inutile de rapide que la rotation d'une tourelle ! Action qui
3,60 m) tire une munition du même type (la l'utiliser. Pour sa part, le 7,5cm Pak 42 1/70 est également valable pour le Fahrer du char de
Pzgr. 39 de 6,8 kg) qui, avec une vélocité de emploie de la même manière cette munition combat, qui aide lui aussi le pointeur lors de la
740 m/s, ne parvient à perforer « que » 85 mm référencée Pzgr. 40/42. Pesant 4,75 kg et filant visée. Le Panzer IVAusf. Hest donc plus souple
de blindage à 1 000 m sous une incidence de à 1 120 m/s, elle perce 194 mm de blindage à d'emploi lors des engagements au « corps à
30° et encore 64 mm à 2 000 m. Sur le front 100 m sous une incidence de 30°, 149 mm corps ». Lors d'embuscades,\e Panzer IV/701V)
de l'Ouest, la balistique des deux armes permet à 1 000 m et encore 106 mm à 2 000 m. met en avant sa silhouette basse, mais le char
de venir à bout de la majorité des adversaires En résumé, de face, le Panzer IV Ausf. H ne de combat n'a pas dit son dernier mot I S il est
rencontrés (M4 Sherman, Cromwell...), mais peut affronter le T-34/85 qu'à courte distance évidemment plus volumineux, et donc moins
c'est une autre histoire en 1944 à l'Est, car (si le tireur vise la tourelle épaisse de 90 mm)et aisé à camoufler, il se rattrape par sa capa
les chars soviétiques alignés par l'Armée rouge à moyenne si la caisse est la cible (45 mm de cité à dissimuler sa caisse derrière un obstacle
sont de plus âpres adversaires. Ainsi, le 7,5cm blindage incliné valant 75 mm verticaux), même et ainsi combattre à défilement de tourelle.
de 48 calibres n'a pas les facultés d'affron avec la Pzgr. 40. Dans les mêmes conditions, En outre, il peut s'adapter plus facilement au
ter à armes égales les T-34/85, du moins lors le Panzer IV/70(Vj peut engager le char moyen terrain. En effet, le plus grand débattement
d'un combat frontal. En cas de besoin, les soviétique à grande portée. En effet, la précision vertical du canon (- 8° à -f 20° contre - 5° à
Panzerschutzen peuvent utiliser la Pzgr. 40 bien de ses appareils de pointage SfL Z.F. 1a gradués -)- 15° pour son frère d'armes) lui assure une
plus performante, mais bien plus rare du fait jusqu à 3 000 m rend possible cette neutrali plus grande souplesse en lui autorisant un plus
de la pénurie de matières premières sévissant sation à des distances auxquelles le T-34/85 grand choix d'emplacements de combat. Enfin,
dans le III. Reich. Cette munition se compose ne peut répliquer avec efficacité compte tenu sa dotation en munitions supérieure (87 pro
d'un noyau plus dur, généralement en carbure de la qualité médiocre de ses propres optiques jectiles contre 55) lui assure une plus grande
de tungstène, que l'enveloppe. Ce pénétrateur de tir. En cas de rencontre avec le char lourd persistance sur le champ de bataille.
long et mince concentre l'énergie cinétique JS-2, le Panzer IV Ausf. H ne peut l'abattre Au final, si le Panzer IV/70IV) est incontesta
sur une plus petite surface d'impact. Jusqu'à de face, tandis que le « chasseur de chars » blement plus puissant, le Panzer IV Ausf. H
deux fois plus léger qu'un perforant « classi peut envisager de le percer dans ses points est bien plus polyvalent, et II est mieux doté
que », il favorise une vitesse initiale élevée. faibles. Ceci étant dit, en cas de combat de en armes secondaires (deux mitrailleuses de
La conjugaison de ces facteurs lui autorise des rencontre, les équipages allemands peuvent 7,92 mm contre une).
Comparatif
HY V w YfH V ^T blindé est généralement étudié à l'aune de trois grands critères : puissance de feu,
I I I l\l I I II III i\l protection et mobilité. Sans conteste, le Panzer l\//70(V) remporte les deux premiers.
^Y Cependant, il pèche par ses aptitudes inférieures à celles du char de combat dans le
troisième exercice. Si à cela s'ajoute l'absence de tourelle, les unités déployant ce type
d'engin perdent en souplesse d'emploi. Le Panzer IVAusf. A/garde donc pour lui sa polyvalence, qui lui permet de s'adapter à toutes les situations
grâce à sa tourelle. Toutefois, le char de combat est, en 1944, pratiquement obsolète sur le front de l'Est compte tenu de la mise en service des
T-34/85 et des JS-2, car son canon est désormais à la peine, et son blindage n'est plus à la hauteur. Au vu de leur potentiel industriel limité,
les Allemands ne peuvent fabriquer en masse le remplaçant du Panzer IV:le Panther armé de la même pièce que le chasseur de chars. En dépit
de ses défauts structurels, le Panzer IV/70(V), tout comme le Panzer IV/70(A), qui reprend le châssis non modifié d'un Panzer IVAusf. J avec
une superstructure simplement posée dessus, est une alternative crédible, et bien moins coûteuse, aux Panzer àe dernière génération. Certes,
il récupère le châssis d'un char fiable, mais qui a bien du mal, techniquement parlant, à s'imposer à ce stade de la guerre. En outre, l'automo
teur se révèle mieux adapté aux tactiques défensives en vigueur dans la Wehrmacht en cette fin 1944, tout en se montrant plus « facile » à
manœuvrer, absence de tourelle oblige, pour des équipages à la formation écourtée.

PanzerIVAusf. H

Longueur ; 7,02 m
(avec canon)
Largeur : 3,30 m
Hauteur : 2,68 m

Équipage :

Radio : Fug 5

PanzerIV/70IV)

Longueur : 8,50 m
(avec canon)
Largeur : 3,17 m
Hauteur : 1,85 m

Équipage ;

Radio : FuG Spr f

m-
fl
! ïï

)M. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine 2013 ^

PAHZERIVAUSF.H

PANZERIVffOm

Panzer IV Ausf. H
6./SS-Panzer-Regiment 12
12. SS-Panzer-Division « Hitlerjugend »
Armée allemande
Beverloo, Belgique, mars 1944

Panzer IV/70(V)
Unité non Identifiée
Armée allemande
Front de l'Ouest
Allemagne, 1945

Note : cet engin a été capturé


par les forces britanniques.

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Bientôt en kiosque, un nouveau numéro de Ligne de Front hors-série n° 20


L'histoire des divisions de la
Waffen-SS est bien connue. Celle
des quelques 800 000 hommes
WAFFEN-SS ayant intégré ses rangs l'est
moins. C'est pourquoi ce numéro
L'expérience de guerre retrace le parcours de la SS en
armes de 1939 à 1945, mais plus
particulièrement du point de vue
du vécu de guerre, aussi bien à
travers l'expérience de la violence
que de la vie quotidienne.
Faisant appel à de nombreux
témoignages restitués dans leur
contexte et avec la plus grande
rigueur historique par les auteurs,
attentifs à ne pas passer sous
silence les innombrables exactions
commises par ces soldats
politiques du régime nazi, et
illustré par des dizaines de photos
inédites, ce hors-série de Ligne

Cr Parution le 14 no^■emh^c 2013


96 pages -11,50 £
de Front revient sous un angle
nouveau sur l'engagement de la
Waffèn-SS sur tous les théâtres
d'opérations.
9- LES CHARS DU PACTE DE VARSOVIE
M. Filipiuk / Trucks & Tanks Magazine. 2013

T-55A(modèle 1970)
Armée tchécoslovaque
Tchécoslovaquie, années 1970

Note : Contrairement aux autres


pays du pacte de Varsovie,
dont les blindés reprennent le
« classique » vert soviétique, l'Armée
tchécoslovaque laisse une certaine
latitude à ses unités mécanisées
dans l'utilisation des teintes qui sont
choisies en fonction des saisons.

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