Critères de Qualité Applicables Aux Plans Nationaux D'Adaptation Du Secteur de La Santé

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CRITÈRES DE QUALITÉ APPLICABLES AUX PLANS

NATIONAUX D’ADAPTATION DU SECTEUR DE LA SANTÉ


CRITÈRES DE QUALITÉ APPLICABLES AUX PLANS
NATIONAUX D’ADAPTATION DU SECTEUR DE LA SANTÉ
Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé [Quality criteria
for health national adaptation plans]
ISBN 978-92-4-002715-2 (version électronique)
ISBN 978-92-4-002716-9 (version imprimée)

© Organisation mondiale de la Santé 2021


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Citation suggérée. Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la
santé [Quality criteria for health national adaptation plans]. Genève : Organisation mondiale de la Santé ;
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Conception par Inís Communication
TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS iv
SIGLES ET ABRÉVIATIONS v
RÉSUMÉ D’ORIENTATION vi

INTRODUCTION 1
Généralités 1
Démarche visant à renforcer la résilience du secteur de
la santé face aux changements climatiques 3
But et public cible du document d’orientation 5
Principes directeurs 6

CRITÈRES DE QUALITÉ APPLICABLES AUX PLANS NATIONAUX


D’ADAPTATION DU SECTEUR DE LA SANTÉ 7
1 ESPRIT D’INITIATIVE ET ENVIRONNEMENT FAVORABLE 8
1.1 Un Ministère de la santé responsable de l’élaboration du PNAS 8
1.2 Approbation/adhésion du gouvernement 9
1.3 Participation active du Ministère de la santé au processus d’élaboration
et de mise en œuvre du PNA 11
1.4 Planification et programmation sanitaires basées sur les données relatives au climat 13

2 COORDINATION INTERSECTORIELLE ET COHÉRENCE DES


POLITIQUES 15
2.1 Coordination et synergies avec les secteurs déterminants pour la santé 15

3 TRAITEMENT EXHAUSTIF DES RISQUES SANITAIRES


SENSIBLES AU CLIMAT 17
3.1 PNAS reposant sur des bases factuelles 17
3.2 Traitement exhaustif des risques sanitaires sensibles au climat propres à des contextes
spécifiques 18
3.3 Hiérarchisation des risques sanitaires sensibles au climat 19

4 TRAITEMENT EXHAUSTIF DES OPTIONS ET DES MESURES


D’ADAPTATION 20
4.1 Options d’adaptation exhaustives pour traiter les risques sanitaires sensibles au climat 20
4.2 Examen des facteurs de vulnérabilité pour concevoir et cibler des mesures d’adaptation 20
4.3 Hiérarchisation des mesures d’adaptation du secteur de la santé 21

5 DOTATION EN RESSOURCES 24
5.1 Estimation des ressources nécessaires à la mise en œuvre du PNAS 24
5.2 Stratégie de mobilisation des ressources 24

6 SUIVI, ÉVALUATION ET COMMUNICATION DES RÉSULTATS 26


6.1 Plan de suivi, d’évaluation et de communication des résultats relatif au PNAS  26
6.2 Mécanisme d’itérations périodiques du PNAS 28

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 29

iii
REMERCIEMENTS

Ce document d’orientation sur les critères de qualité applicables à la planification de l’adaptation du


secteur de la santé est le fruit du travail et des contributions de différents experts au sein et à l’extérieur de
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ainsi que des enseignements tirés des activités visant à soutenir
les pays dans leurs efforts pour développer les composantes santé des plans nationaux d’adaptation. L’OMS
sait gré à Santé Canada, à la Norvège et au Ministère du développement international du Royaume-Uni
de leur soutien financier et technique dans le cadre de l’élaboration de ces orientations.

Les principaux auteurs et rédacteurs du rapport sont Amy Savage, Elena Villalobos Prats et Diarmid
Campbell-Lendrum du Département Environnement, changements climatiques et santé de l’OMS.

L’OMS accueille avec satisfaction les contributions des auteurs et arbitres scientifiques ci-après, qui ont
apporté leur précieux concours au présent document : Itsnaeni Abbas (OMS Indonésie), Julie Amoroso-
Garbin (CCNUCC), Borko Bajic (Institut de santé publique, Monténégro), Hamed Bakir (Bureau régional
de l’OMS pour la Méditerranée orientale), Peter Berry (Santé Canada), Mina Brajovic (OMS Monténégro),
Kristie Ebi (Université de Washington), Jonathan Drewry (Organisation panaméricaine de la santé – OPS),
Nasir Hassan (Bureau régional de l’OMS pour le Pacifique occidental), Inge Heim (Académie croate des
sciences médicales), Antoinette Kaic-Rak (OMS Croatie), Vladimir Kendrovski (Bureau régional de l’OMS
pour l’Europe), Saori Kitabatake (OMS Fidji), Waltaji Terfa Kutane (OMS Mozambique), Kelera Oli (OMS
Fidji), Guy Mbayo (Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique), Maylin Meincke (consultant indépendant),
Raja Ram Pote Shrestha (OMS Népal), Deryck Ramkhelawan (Ministère grenadien de la santé) et Malala
Ranarison (OMS Madagascar).

iv Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


SIGLES ET ABRÉVIATIONS

COP Conférence des Parties

FVC Fonds vert pour le climat

FEM Fonds pour l’environnement mondial

PNAS Plan national d’adaptation du secteur de la santé

PMA Pays les moins avancés

LEG Groupe d’experts des pays les moins avancés

LGBTQI Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers et intersexes

PNA Plan national d’adaptation

CDN Contributions déterminées au niveau national

Évaluations V&A Évaluations de la vulnérabilité et de l’adaptation en matière de changements


climatiques

OMS Organisation mondiale de la Santé

Sigles et abréviations v
RÉSUMÉ D’ORIENTATION

L’Accord de Paris sur le climat, signé à l’occasion de la vingt-et-unième session de la Conférence des Parties
(COP21) en 2015, fait fond sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
(ci-après, la Convention) et pourrait, s’il est mis en œuvre de façon effective, être considéré comme une
garantie mondiale pour la santé humaine. L’Accord met l’accent sur l’importance de l’atténuation dans le
cadre des efforts visant à éviter une hausse de la température mondiale supérieure à 2°C (voire, à 1,5 °C),
et sur l’importance de l’adaptation aux changements climatiques pour soutenir les pays exposés aux
incidences anthropogéniques des changements climatiques, bien que ces pays aient, pour beaucoup,
très peu contribué aux émissions mondiales (1).

Parmi les initiatives relevant de la Convention qui sont mises en œuvre pour aider les pays à faire face aux
difficultés posées par les changements climatiques figure le processus visant à élaborer et mettre en œuvre
des plans nationaux d’adaptation (PNA) et des mécanismes de financement de l’action climatique. Au
titre de l’article 7 de l’Accord de Paris, les États sont également tenus de prendre des mesures en matière
d’adaptation afin de placer les PNA au cœur de l’action visant à atteindre les buts de l’Accord de Paris.
Son alinéa 9 dispose que « [c]haque Partie entreprend, selon qu’il convient, des processus de planification
de l’adaptation et met en œuvre des mesures qui consistent notamment à mettre en place ou à renforcer
des plans, politiques et/ou contributions utiles » (2). Le processus d’élaboration et de mise en œuvre des
PNA vise à soutenir les besoins en matière de planification de l’adaptation à moyen et à long terme dans
les pays les moins avancés (PMA) et dans d’autres pays en développement afin de renforcer la résilience
face aux changements climatiques dans tous les secteurs pertinents (3).

Selon la définition de l’OMS, un plan d’adaptation du secteur de la santé (PNAS) est un plan élaboré
par le Ministère de la santé d’un pays dans le cadre du processus relatif au PNA. La mise en place
d’un PNAS est essentielle pour : hiérarchiser les mesures à prendre pour faire face aux incidences des
changements climatiques sur la santé à tous les niveaux de planification ; rattacher le secteur de la santé
aux programmes nationaux et internationaux de lutte contre les changements climatiques, notamment en
mettant davantage l’accent sur les cobénéfices pour la santé des mesures d’atténuation et d’adaptation
dans d’autres secteurs ; promouvoir et favoriser une planification coordonnée et inclusive en matière de
changements climatiques et la santé parmi les acteurs de la santé à différents échelons de l’administration
et dans les secteurs déterminants pour la santé ; et améliorer l’accès du secteur de la santé au financement
de l’action climatique. Un PNAS définit les mesures à prendre pour renforcer la résilience des secteurs
et systèmes de santé face aux changements climatiques et garantir qu’ils soient capables d’anticiper,
d’absorber et d’évoluer dans un contexte marqué par un climat changeant tout en améliorant la prise en
charge d’autres menaces pour la santé.

L’OMS a publié un document d’orientation relatif à l’élaboration du PNAS (4), dans lequel sont décrits les
principes et concepts fondamentaux qui caractérisent le processus national d’adaptation du secteur de
la santé, les aspects essentiels de l’adaptation du secteur de la santé aux changements climatiques et les
différentes étapes de l’élaboration du plan. Ce document est en phase avec les directives techniques visant
à élaborer et à mettre en œuvre des PNA établies par le groupe d’experts des pays les moins avancés
(LEG) (5). L’OMS a par ailleurs élaboré le Cadre opérationnel pour renforcer la résilience des systèmes de
santé face au changement climatique (6), qui aide les pays à mettre en place une approche systématique
et globale pour faire face aux incidences du changement climatique sur la santé. Une approche souple,
adaptée au contexte et d’inspiration nationale est à privilégier. Le PNAS doit reposer sur les meilleures
données disponibles, et être exhaustif dans sa façon de traiter les risques sanitaires sensibles au climat
et les mesures retenues pour renforcer la résilience du secteur de la santé (6). Il doit comprendre un plan
de mise en œuvre réalisable assorti d’échéances précises, une présentation des rôles et fonctions de
chaque mesure d’adaptation, ainsi qu’un plan de suivi et d’évaluation qui prévoie la possibilité de procéder
régulièrement à un réexamen et à une mise à jour du PNAS. Le processus et le plan final devraient en
outre permettre de porter à leur maximum les synergies entre les secteurs, en particulier les secteurs

vi Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


déterminants pour la santé, et de promouvoir la collaboration et la coopération intersectorielles en matière
de santé.

Les pays rencontrent souvent des difficultés lorsqu’ils conçoivent, élaborent et mettent en œuvre leur
PNAS. Ce document devrait être utilisé parallèlement au document d’orientation relatif aux PNAS, et
constituer un appui supplémentaire dans la conception et la mise en place d’un PNAS de qualité qui puisse
s’adapter à des contextes nationaux spécifiques.

Les critères énoncés dans le présent document sont le reflet des enseignements qu’a tirés l’OMS, depuis
2012, de son action visant à aider les pays en développement à établir leur PNAS dans le cadre du
processus d’élaboration et de mise en œuvre des PNA. Un examen des PNAS existants, d’autres documents
pertinents et des consultations déterminantes avec des experts ont permis de mettre en évidence certains
des aspects clés de l’élaboration d’un PNAS de qualité ; c’est autour de ces aspects que s’articulent les
critères de qualité présentés dans ce document.

Les critères de qualité couvrent six axes :


1. Esprit d’initiative et environnement favorable
2. Coordination intersectorielle et cohérence des politiques
3. Traitement exhaustif des risques sanitaires sensibles au climat
4. Traitement exhaustif des options et des mesures d’adaptation
5. Dotation en ressources
6. Suivi, évaluation et communication des résultats

Les critères énoncés ne sont pas prescriptifs et doivent être adaptés à l’évolution de la situation dans
les pays, aux conditions climatiques incertaines et changeantes, ainsi qu’aux nouvelles connaissances
et technologies. Des études de cas par pays sont présentées tout au long du document pour illustrer la
façon dont ces critères sont mis en pratique dans des contextes spécifiques.

Résumé d’orientation vii


INTRODUCTION

GÉNÉRALITÉS
Les changements climatiques ont des incidences sur la santé qui sont directes (blessures et décès
causés par des phénomènes météorologiques extrêmes) et indirectes (augmentation de la propagation
des maladies à transmission vectorielle, de la malnutrition et des problèmes de santé mentale), et portent
atteinte aux déterminants sociaux et environnementaux de la santé tels que l’air pur, l’eau potable, la sécurité
alimentaire et nutritionnelle et l’accès à un hébergement sûr. On trouvera dans la Figure 1 des exemples
de risques sanitaires sensibles au climat, de modes d’exposition et de facteurs de vulnérabilité. Selon des
chiffres très prudents de l’OMS, rien qu’entre 2030 et 2050, les changements climatiques devraient faire
environ 250 000 morts supplémentaires par an en raison de la malnutrition, du paludisme, de la diarrhée
et du stress thermique. Les incidences des changements climatiques font déjà peser une charge accrue
sur les systèmes de santé, ce qui est particulièrement problématique pour les pays et les communautés
qui ont des infrastructures sanitaires peu développées. On s’attend à ce qu’avec l’augmentation de la
température, la pression sur les systèmes de santé augmente encore davantage.

Figure 1. Risques majeurs pour la santé associés aux changements climatiques

Introduction 1
Les changements climatiques menacent les progrès réalisés au cours des dernières décennies dans
les domaines de la santé et du développement, et l’inaction multiplie les risques futurs que font peser
les changements climatiques sur la santé. Ils sont susceptibles de bloquer, voire de faire reculer, les
avancées réalisées dans le domaine du développement dans de nombreux pays. S’attaquer aux incidences
des changements climatiques sur la santé est essentiel à la réalisation des objectifs de développement
mondiaux et des objectifs de développement durable. En outre, les avantages liés à la réalisation de ces
objectifs contribueront à renforcer la résilience des systèmes de santé. Les objectifs de développement
durable 2 (Faim zéro), 3 (Bonne santé et bien-être), 6 (Eau propre et assainissement), 7 (Énergie propre et
d’un coût abordable), 11 (Villes et communautés durables) et 13 (Action climatique) sont tous en rapport
direct avec les changements climatiques et l’action sanitaire. Les effets des changements climatiques
sur la santé touchent quant à eux presque tous les objectifs de développement durable d’une manière ou
d’une autre. Par conséquent, il est crucial que le secteur de la santé prenne une part active aux actions
nationales et internationales de lutte contre les changements climatiques et à la planification nationale
de l’adaptation.

En 1992, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (ci-après, la Convention)
a été adoptée par les pays et le Secrétariat de la Convention a été créé pour soutenir la lutte mondiale
contre les changements climatiques. Dans le cadre de ce combat, le processus visant à élaborer et mettre
en œuvre des plans nationaux d’adaptation (PNA) a été institué lors de la 16e session de la Conférence des
Parties (COP16 ; décision 1/CP.16) (7). Grâce à ce processus, il est plus simple d’évaluer les vulnérabilités
face aux changements climatiques, d’intégrer les changements climatiques à la planification nationale et
de faire progresser l’adaptation, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA) et dans d’autres
pays en développement (8).

Le processus d’élaboration et de mise en œuvre des PNA a deux objectifs :


a) Réduire la vulnérabilité face aux effets des changements climatiques en renforçant la capacité
d’adaptation et la résilience ;

b) Favoriser l’intégration cohérente de l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques,
programmes et activités existants ou nouveaux pertinents, en particulier la mise en place de processus
et de stratégies de planification, dans tous les secteurs concernés et à différents niveaux, selon les
besoins (9).

Plusieurs mécanismes techniques et financiers de soutien à l’élaboration des PNA ont été mis en place au
titre de la Convention (8), notamment : le groupe d’experts des PMA (LEG) (10), le Comité de l’adaptation (11)
et plusieurs mécanismes de financement de l’action climatique tels que le Fonds pour l’environnement
mondial (FEM) (12)1 et le Fonds vert pour le climat (FVC) (13). En 2012, le LEG a élaboré des lignes directrices
pour le processus relatif au PNA, y compris des directives techniques sur l’élaboration des PNA (5), afin
d’apporter un soutien aux Parties et aux organisations qui aident les Parties en matière d’adaptation.

1
Par l’intermédiaire du Fonds pour les pays les moins avancés et du Fonds spécial pour les changements climatiques.

2 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


DÉMARCHE VISANT À RENFORCER LA RÉSILIENCE DU SECTEUR DE LA SANTÉ FACE AUX
CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Encadré 1. Définitions

Le présent document d’orientation définit les trois expressions ci-après, qui sont semblables et étroitement
liées :
Plan national d’adaptation du secteur de la santé (PNAS) : il s’agit d’un plan mené par le Ministère de la
santé dans le cadre du processus relatif au plan national d’adaptation (PNA). Le sigle « PNAS » renvoie au
plan/document lui-même.
Processus relatif au PNAS : il inclut les activités associées à l’élaboration du PNAS (document), ce qui inclut
la conduite d’une évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation en matière de changements climatiques et de
santé, la mise en œuvre du plan, le suivi et l’évaluation des extrants, des résultats et des impacts, et la mise à
profit des enseignements tirés pour éclairer la mise à jour régulière du plan.
Démarche visant à renforcer la résilience du secteur de la santé face aux changements climatiques : elle
inclut toutes les activités liées au renforcement de la résilience du secteur de la santé face aux changements
climatiques, ce qui comprend l’évaluation des incidences des changements climatiques sur la santé et
des retombées sanitaires positives des mesures d’atténuation, la planification en matière de changements
climatiques et de santé, le financement, la conduite d’actions climatiques et d’interventions dans le domaine
de la santé et le suivi des progrès réalisés (Figure 2). Ces activités peuvent être intégrées au processus national
global relatif aux changements climatiques – contributions déterminées au niveau national (CDN) et PNAS,
notamment.
Le processus relatif au PNAS, ainsi que le PNAS lui-même, contribuent à la démarche globale visant à renforcer
la résilience du secteur de la santé face aux changements climatiques.

Figure 2. Démarche visant à renforcer la résilience du secteur de la santé face aux changements
climatiques

Depuis plus de 12 ans, l’OMS aide les pays à renforcer la résilience de leur secteur de la santé face aux
changements climatiques, et notamment à planifier l’adaptation de celui-ci. En 2012, le programme sur
les changements climatiques et la santé a été élargi pour inclure un appui spécifique aux pays en matière
de représentation du secteur de la santé dans le cadre du processus d’élaboration et de mise en œuvre
du PNA. L’OMS soutient les ministères de la santé dans leur démarche visant à renforcer la résilience
du secteur de la santé face aux changements climatiques, et ce à de nombreux égards – elle les aide
notamment à conduire des évaluations de la vulnérabilité et de l’adaptation en matière de changements

Introduction 3
climatiques (ci-après, les évaluations V&A) et à élaborer un PNAS, dans le cadre du processus relatif au
PNA. Lorsque le secteur de la santé est plus avancé dans la planification de l’adaptation que ne l’est le
processus national, le PNAS peut être élaboré avant que le PNA ne soit mené à terme. L’OMS apporte un
soutien continu au processus relatif au PNAS par le biais d’ateliers, de formations et d’autres activités de
renforcement des capacités aux niveaux mondial, régional et national. Ces critères de qualité applicables
aux PNAS seront intégrés au dispositif d’assistance visant à aider les pays à élaborer ces plans.

Les objectifs du PNAS sont notamment les suivants :


‚ Garantir la représentation du secteur de la santé dans le processus relatif au PNA ;
‚ Accorder un degré de priorité élevé aux incidences des changements climatiques sur la santé à tous
les niveaux de la planification ;
‚ Inclure la santé dans les programmes nationaux et internationaux de lutte contre les changements
climatiques ;
‚ Accroître l’accès du secteur de la santé au financement de l’action climatique ;
‚ Promouvoir et favoriser une planification coordonnée et inclusive en matière de changements
climatiques et de santé parmi les acteurs de la santé à différents échelons de l’administration et dans
les secteurs déterminants pour la santé ;
‚ Faire en sorte que le système de santé soit résilient face aux changements climatiques et capable
d’anticiper, d’absorber et d’évoluer dans un contexte marqué par un climat changeant tout en améliorant
la prise en charge d’autres menaces pour la santé.

Pour appuyer les pays dans l’élaboration de leur PNAS, l’OMS a établi des directives techniques relatives à
la protection de la santé contre les effets du changement climatique grâce à la planification de l’adaptation
du secteur de la santé (4). Ces directives cadrent avec les directrices techniques élaborées par le LEG (5)
pour soutenir les pays les moins avancés et les pays en développement dans la planification nationale de
l’adaptation. Cette cohérence favorise l’intégration efficace et utile du PNAS dans le PNA. L’élaboration d’un
PNAS s’inscrit nécessairement dans une dynamique constamment renouvelée en raison de l’évolution des
conditions, de l’accélération des changements climatiques et des incertitudes inhérentes au processus.

Les difficultés auxquelles sont confrontés les pays lorsqu’ils élaborent et mettent en œuvre leur PNAS
sont notamment les suivantes :
‚ Conscience et compréhension insuffisantes des incidences des changements climatiques sur la santé,
tant au sein du Ministère de la santé que dans d’autres secteurs déterminants pour la santé ;
‚ Manque de représentation du secteur de la santé dans l’ensemble du processus de lutte contre les
changements climatiques, notamment pour ce qui a trait à l’adaptation (programmes d’action nationaux
aux fins de l’adaptation, par exemple). Par conséquent, bien que plusieurs pays aient élaboré des plans
ou des stratégies sur les changements climatiques et la santé, dans de nombreux cas, ces efforts n’ont
pas été intégrés au processus national de lutte contre les changements climatiques ;
‚ Manque de représentation du Ministère de la santé dans le processus visant à formuler et mettre en
œuvre le PNA ;
‚ Absence de base de connaissances permettant d’éclairer l’élaboration du PNAS ;
‚ Prise en compte d’un nombre limité seulement de risques sanitaires sensibles au climat ;
‚ Décalage entre les principaux risques pour la santé sensibles au climat et les mesures d’adaptation
contenues dans les PNA/PNAS ;
‚ Absence d’une série complète de mesures d’adaptation nécessaires à la mise en place d’un système
de santé résilient face aux changements climatiques ;
‚ Absence de stratégie de planification des ressources pour la mise en œuvre du PNAS, notamment de
stratégie de mobilisation des fonds nécessaires.

Les éléments techniques clés permettant d’éclairer la mise en place d’un secteur de la santé résilient
face aux changements climatiques sont résumés dans le Cadre opérationnel pour renforcer la résilience
des systèmes de santé face au changement climatique (ci-après, Cadre opérationnel de l’OMS) (6) (voir
Figure 3), et sont particulièrement utiles à l’élaboration et à la mise en œuvre de plans complets et

4 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


météorologiques, dans les programmes existants de lutte contre les maladies sensibles au climat
(par exemple maladies à transmission vectorielle) ; ii) meilleure gestion des déterminants
environnementaux de la santé, comme l’eau et l’assainissement, la nutrition et la qualité de l’air,
en tenant compte de l’effet modificateur des conditions socioéconomiques ; et iii) réduction des
risques de catastrophe, préparation aux situations d’urgence et gestion des urgences, par rapport
aux conséquences sanitaires des phénomènes météorologiques extrêmes, comme les vagues de
chaleur, les inondations et les sécheresses.
systématiques axés sur l’adaptation
6. Financement. du secteur
Outre répondre dedemande
à la forte la santé (telsenque
actuelle les PNAS).
financement Si le cadre opérationnel
d’interventions
de l’OMS porte principalement
curatives dans lessur la façon
systèmes dont
de santé, lesenvisager
il faut systèmes de santé
une éventuelle peuventdes
augmentation renforcer
coûts leur résilience,
il s’intéresse également à la
des soins de mise enaux
santé dus place desensibles
maladies mesures dans
au climat, d’autres
et élaborer secteurs
de nouveaux cléspour
modèles déterminants pour la
santé (tels que l’eau,financer les approches intersectorielles préventives. Cela peut inclure la mise en œuvre de
l’assainissement et l’hygiène ainsi que l’agriculture et la sécurité alimentaire).
mécanismes de financement spécifiques au changement climatique.

Figure 3. Cadre opérationnel


FIGURE 3 : Dix pourconstituant
10éléments renforcer
components to la résilience
build
le cadre climate de
opérationnel des systèmes
resilient
l’OMS health
pour de santé face au
systems
renforcer la résilience
des systèmes de santé face au climat, et principaux liens avec les éléments constitutifs des
changement climatique
systèmes de santé

X EFFETS C
E AU LIM
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EN

H E CL
M

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DE ONN I N A N S R C E
LA EM E T S T E C H N O LO G I E S E T HE T L
SA N R E C TÉ E
NT TAUX INFR A STR U C T URES S A N
É D U R AB S
LES ET ADAPTABLE
AU X EF S
FETS CLIMATIQUE

12 Cadre opérationnel pour renforcer la résilience des systèmes de santé face au changement climatique

BUT ET PUBLIC CIBLE DU DOCUMENT D’ORIENTATION


Ce document d’orientation donne des exemples de bonnes pratiques en matière d’élaboration de PNAS,
en s’appuyant sur l’expérience acquise depuis 2012 par l’OMS, qui aide les pays à élaborer et mettre en
œuvre leur PNAS et à surmonter les difficultés d’élaboration rencontrées. Un examen des PNAS existants,
d’autres documents pertinents et des consultations déterminantes avec des experts ont permis de mettre
en évidence certains des aspects clés de l’élaboration d’un PNAS de qualité ; c’est autour de ces aspects
que s’articulent les critères de qualité présentés dans ce document. Ces critères permettent d’en savoir
plus sur le processus relatif au PNAS et le document qui s’y rapporte, afin d’aider les pays à élaborer un
plan complet, réaliste et réalisable. L’expérience des pays qui se sont engagés dans le processus, qui
ont élaboré un PNAS ou qui ont commencé à le mettre en œuvre constitue un socle de connaissances
partagées. En outre, des études de cas viennent illustrer chaque critère. Ces critères visent également à
aider les pays à instaurer un processus relatif au PNAS qui soit itératif et qui s’inscrive dans la durée. Les
critères énoncés ne sont pas prescriptifs et doivent être adaptés à l’évolution de la situation dans les pays,
aux conditions climatiques incertaines et changeantes, et aux nouvelles connaissances et technologies.
Des études de cas par pays sont présentées tout au long du document pour illustrer différentes façons
dont ces critères sont mis en pratique.

Ce document d’orientation s’adresse en premier lieu au personnel du Ministère de la santé, ou d’un


département national équivalent chargé de l’élaboration et de la mise en œuvre du PNAS dans le pays. Les
destinataires secondaires sont notamment les organismes qui soutiennent les processus relatifs au PNAS
et au PNA dans d’autres secteurs, les organismes non gouvernementaux, les donateurs bilatéraux, les
fonctionnaires de l’OMS et d’autres organismes du système des Nations Unies et organismes techniques.
Ces critères ne sont pas destinés à évaluer les PNAS existants, mais plutôt à aider les praticiens à rehausser
les normes et le niveau d’ambition de la planification de l’adaptation du secteur de la santé.

Introduction 5
PRINCIPES DIRECTEURS
Un ensemble de principes directeurs permet d’éclairer les éléments et les étapes du processus d’élaboration
et de mise en œuvre du PNA et du PNAS. Ces principes, qui sont décrits dans les directives techniques
établies par le LEG au titre de la Convention (5) et entérinés dans le document d’orientation relatif au
PNAS (4), sont rappelés ci-dessous. En effet, ils sous-tendent les critères et doivent être pris en compte
dans le cadre de l’application du présent document d’orientation.

‚ Un processus d’inspiration nationale garantit l’appropriation par les pays.


‚ Une planification reposant sur des bases factuelles permet de garantir que la planification de
l’adaptation du secteur de la santé est fondée sur les meilleures données disponibles. Tout plan
d’adaptation devrait avoir pour visée de renforcer la mise en valeur et la disponibilité de l’information, de
renforcer les données, de combler les lacunes en matière de connaissances, et d’éclairer les politiques
pertinentes.
‚ Le renforcement des initiatives visant à adapter le secteur de la santé aux effets des changements
climatiques – ce qui inclut la conduite d’évaluations ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre de
politiques et de programmes aux niveaux local et national.
‚ Une programmation sanitaire basée sur les données relatives au climat permet d’intégrer
l’adaptation du secteur de la santé aux changements climatiques dans les stratégies, les processus
et les systèmes de suivi nationaux relatifs à la planification de la santé.
‚ Les approches non prescriptives permettent d’appréhender l’adaptation du secteur de la santé aux
changements climatiques de façon souple et adaptée au contexte, et d’éviter les chevauchements.
Les circonstances nationales ainsi que les informations et les données d’expérience disponibles sur
la santé et les changements climatiques détermineront le champ d’application du PNAS, ainsi que les
mécanismes institutionnels et les ressources requis pour la mise en œuvre de celui-ci.
‚ La coopération et la coordination intersectorielles permettent de maximiser les synergies entre
les secteurs, en particulier entre les secteurs déterminants pour la santé tels que les secteurs de
l’alimentation, de l’eau, de l’énergie et du logement. Il convient donc d’élaborer des indicateurs
sanitaires dans le cadre des mécanismes de suivi de l’adaptation de ces secteurs, en veillant à ce que
des considérations d’ordre sanitaire soient incluses dans leur processus de planification de l’adaptation
afin d’éviter toute erreur d’adaptation.
‚ La cohérence avec le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA permet de garantir que
le plan d’adaptation du secteur de la santé s’inscrive dans le PNA global et soit en phase avec celui-ci.
‚ Une méthode d’apprentissage par itérations favorise la mise en place d’un processus itératif
d’adaptation du secteur de la santé aux changements climatiques, qui s’accompagne de plans assortis
d’échéances réexaminés et mis à jour régulièrement.
‚ Le partage des connaissances et le renforcement des capacités favorisent la collaboration entre
les pays et l’harmonisation des approches de l’adaptation à l’échelon sous-régional, et permettent
de renforcer les capacités nationales en matière de changements climatiques et de santé, ce qui est
crucial dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre du PNAS.
‚ La maximisation des synergies entre les programmes et avec d’autres initiatives multilatérales telles
que le Cadre de Sendai et les objectifs de développement durable.

6 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


CRITÈRES DE QUALITÉ APPLICABLES AUX PLANS
NATIONAUX D’ADAPTATION DU SECTEUR DE LA SANTÉ

Les critères de qualité auxquels obéissent les PNAS s’articulent autour de six axes:
1. Esprit d’initiative et environnement favorable
2. Coordination intersectorielle et cohérence des politiques
3. Traitement exhaustif des risques sanitaires sensibles au climat
4. Traitement exhaustif des options et des mesures d’adaptation
5. Dotation en ressources
6. Suivi, évaluation et communication des résultats

Tableau 1. Résumé des critères de qualité applicables aux PNAS

Critères
SECTION 1 : ESPRIT D’INITIATIVE ET ENVIRONNEMENT FAVORABLE
1.1 Un Ministère de la santé responsable de l’élaboration du PNAS
1.2 Approbation/adhésion du gouvernement
1.3 Participation active du secteur de la santé au processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA
1.4 Planification et programmation sanitaires basées sur les données relatives au climat
SECTION 2 : COORDINATION INTERSECTORIELLE ET COHÉRENCE DES POLITIQUES
2.1 Coordination et synergies avec les secteurs déterminants pour la santé
SECTION 3 : TRAITEMENT EXHAUSTIF DES RISQUES SANITAIRES SENSIBLES AU CLIMAT
3.1 PNAS reposant sur des bases factuelles
3.2 Traitement exhaustif des risques sanitaires sensibles au climat propres à des contextes spécifiques
3.3 Hiérarchisation des risques sanitaires sensibles au climat
SECTION 4 : TRAITEMENT EXHAUSTIF DES OPTIONS ET DES MESURES D’ADAPTATION
4.1 Options d’adaptation exhaustives pour traiter les risques sanitaires sensibles au climat
4.2 Examen des facteurs de vulnérabilité pour concevoir et cibler des mesures d’adaptation
4.3 Hiérarchisation des mesures d’adaptation du secteur de la santé
SECTION 5 : DOTATION EN RESSOURCES
5.1 Estimation des ressources nécessaires à la mise en œuvre du PNAS
5.2 Stratégie de mobilisation des ressources
SECTION 6 : SUIVI, ÉVALUATION ET COMMUNICATION DES RÉSULTATS
6.1 Plan de suivi, d’évaluation et de communication des résultats relatif au PNAS
6.2 Mécanisme d’itérations périodiques du PNAS

Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé 7


1 ESPRIT D’INITIATIVE ET ENVIRONNEMENT FAVORABLE

1.1 UN MINISTÈRE DE LA SANTÉ RESPONSABLE DE L’ÉLABORATION DU PNAS


L’esprit d’initiative dont fait preuve le Ministère de la santé (ou un ministère ou département national
équivalent) pour garantir que les changements climatiques soient considérés comme une question
sanitaire de première importance et pour accorder à ce phénomène un degré de priorité élevé joue un
rôle crucial dans le processus relatif au PNAS, l’élaboration du plan y relatif et la mise en œuvre continue
de celui-ci. Un mandat ministériel clairement défini pour l’élaboration, la coordination, la mise en œuvre
et le suivi et l’évaluation du PNAS, qui prévoit les attributions de chacun et l’allocation de ressources
humaines et financières suffisantes, permet d’asseoir la planification de l’adaptation du secteur de la santé
sur des bases solides. Une unité ou un référent sur les changements climatiques et la santé pourrait par
exemple être désigné, au sein du ministère, pour diriger le processus relatif au PNAS en cours, y compris
la coordination entre les parties prenantes, l’évaluation des incidences des changements climatiques sur
la santé, l’élaboration du document, la mise en œuvre du plan, le suivi et la communication des résultats,
et la mise à jour régulière du plan.

En prenant les rênes, le Ministère de la santé permet non seulement de garantir que les compétences
sectorielles nécessaires soient mises au service des mesures relatives au PNAS, mais aussi de garantir
que les interventions en matière de lutte contre les changements climatiques et de santé soient bien
intégrées dans le secteur de la santé et voulues par celui-ci. L’esprit d’initiative et l’engagement du secteur
de la santé sont essentiels pour garantir une mise en œuvre efficace du PNAS. Ce rôle moteur peut se
manifester par la prise en compte ou l’intégration de la question des changements climatiques dans les
plans périodiques de développement du secteur de la santé et la programmation sanitaire. Il suppose
en outre de se coordonner avec l’équipe nationale chargée des changements climatiques, de s’investir
durablement dans les mécanismes de coordination du PNA et de collaborer avec les secteurs déterminants
pour la santé pour veiller à ce que la santé soit dûment protégée et promue dans le cadre des programmes
pertinents (santé urbaine, eau, assainissement et hygiène ou alimentation et énergie, par exemple). Une
telle démarche peut se traduire par la mise en place d’un mécanisme de coordination intersectoriel relatif
au PNA, tel qu’un groupe de travail sectoriel chargé du PNA ou un groupe consultatif technique.

L’engagement du Ministère de la santé en faveur de la santé et de la lutte contre les changements


climatiques ne se limite pas à l’élaboration et à la mise en place du PNAS. À vrai dire, le processus relatif
au PNAS peut faire office de catalyseur dans certains pays et servir de base à un processus plus vaste
de renforcement de la résilience face aux changements climatiques. Il importe que la participation et
l’engagement du Ministère de la santé ne faiblissent pas afin que le secteur de la santé demeure une
priorité du programme national de lutte contre les changements climatiques et pour garantir une mise en
œuvre efficace du PNAS.

8 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Encadré 2. Rôle moteur du Ministère de la santé népalais

Le Népal ne contribue pas de manière significative aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, ses émissions
ne constituant que 0,027 % des émissions mondiales et sa population, 0,4 % de la population mondiale (14).
De la région Teraï, de basse altitude, aux plus hauts sommets du monde, le Népal se caractérise par des
zones écologiques diversifiées, ce qui le rend particulièrement vulnérable face aux effets des changements
climatiques. Il est le théâtre de catastrophes causées par le climat (inondations et glissements de terrain, fonte
des glaciers, épuisement des sources d’eau, notamment) qui ont des incidences directes et indirectes sur la
santé publique. En raison des changements climatiques, on assiste à présent à l’apparition, dans les régions
montagneuses situées à plus de 2 000 mètres d’altitude, de vecteurs du paludisme, du kala-azar, de la dengue
et de l’encéphalite japonaise, qui se limitaient auparavant aux régions de basse altitude. Pour faire face à cette
situation, le Gouvernement népalais a élaboré un PANA en 2010, ainsi qu’une politique sur les changements
climatiques en 2011. Toutefois, les questions de santé n’ont pas été traitées comme il se devait dans la politique
sur les changements climatiques. Bien que des questions en lien avec les changements climatiques aient été
traitées dans certains documents relatifs aux politiques sanitaires, une approche systématique était nécessaire
pour aborder cette problématique émergente de façon exhaustive.
Le Ministère népalais de la santé s’est employé activement à reconnaître l’importance, au niveau national, de
l’adaptation du secteur de la santé aux changements climatiques. Le Ministère de l’environnement, en tant que
ministère de référence pour la question des changements climatiques, a participé aux travaux d’élaboration
préparatoires du PNA. Le Ministère de la santé a convenu de l’importance d’élaborer la composante santé du
PNA pour faire face aux incidences des changements climatiques sur la santé, et a pris l’initiative de commencer
à élaborer le PNAS avant que le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA ne soit engagé. La création
d’un groupe de travail technique multisectoriel a permis de garantir une coordination étroite avec le Ministère
de l’environnement. Le délai de mise en œuvre préconisé du PNAS est de cinq ans, et ce afin de faciliter son
intégration dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA.
Conformément aux principes directeurs énoncés dans la Convention, le processus de planification de l’adaptation
du secteur de la santé a commencé par la collecte des meilleures données disponibles et la conduite d’une
évaluation V&A. Le groupe de travail technique relevant du Ministère de la santé a fourni des orientations
générales et a veillé à recueillir les contributions d’un ensemble de secteurs affiliés composés de représentants de
différents organismes de santé et d’autres parties prenantes, issus notamment des secteurs de l’environnement,
de l’approvisionnement en eau, de la météorologie, de l’énergie et des milieux universitaires.
Le 23 décembre 2016, le Ministère népalais de la santé a approuvé le PNAS (2017-2021). Une unité spécialisée
a été créée au sein du Ministère pour gérer la coordination globale de la mise en œuvre de celui-ci et son
intégration dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA. Les rôles et responsabilités afférents
ont été énoncés dans le plan d’action. Le rôle moteur du Ministère de la santé et l’appui offert par l’OMS, ainsi
que le dialogue soutenu engagé avec le Ministère de l’environnement et d’autres parties prenantes, ont été
propices à l’élaboration du PNAS. Celui-ci est en cours de mise en œuvre, et le processus visant à l’intégrer
au PNA est engagé. Le Ministère de l’environnement progresse dans l’élaboration du PNA et bénéficie à cet
effet du soutien continu du secteur de la santé. Le processus d’élaboration du PNAS a concouru à la création
d’un environnement plus porteur, ce qui permet au Népal de réunir les conditions propres à garantir que les
incidences des changements climatiques sur la santé au niveau national soient inscrites au rang des priorités.

1.2 APPROBATION/ADHÉSION DU GOUVERNEMENT


L’approbation officielle du PNAS au niveau ministériel a également toute son importance, en ce qu’elle
traduit la volonté de s’attaquer aux incidences des changements climatiques sur la santé. Dans certains
cas, le Ministère de la santé est responsable de l’élaboration du PNAS d’un point de vue politique. Toutefois,
comme le document se rapportant au PNAS est établi par un tiers, il importe qu’il remporte l’adhésion
officielle du Ministère de la santé et de l’organisme qui dirige le processus relatif au PNA afin de garantir
une appropriation et une mise en œuvre efficace du plan.

Esprit d’initiative et environnement favorable 9


Encadré 3. De l’élaboration d’un plan national sur les changements climatiques et la santé à l’intégration
dans le PNA : expérience et enseignements tirés aux Fidji

Les Fidji, petit État insulaire en développement du Pacifique Sud comptant environ 900 000 habitants, sont
vulnérables face aux effets des changements climatiques. Le secteur de la santé fidjien considérait déjà les
risques pour la santé comme une priorité absolue avant que le processus d’élaboration et de mise en œuvre
des PNA ne soit établi. Un plan d’action stratégique sur les changements climatiques et la santé a été élaboré
en 2016 pour appuyer la vision, portée par le secteur de santé, d’une population fidjienne en bonne santé face
aux incertitudes dues aux changements climatiques. Ce plan d’action prévoit des mesures d’adaptation pour
prévenir et surmonter les risques sanitaires existants et futurs posés par les changements climatiques. En
outre, le comité d’orientation sur les changements climatiques et la santé, présidé par le Secrétaire permanent
du Ministère de la santé et des services médicaux, a souligné la nécessité d’établir un plan de sortie pour le
projet global aux Fidji (15), mis en œuvre de 2010 à 2014, et ce afin d’inscrire dans la durée l’action visant à
renforcer la résilience des systèmes de santé face aux changements climatiques aux Fidji.
Le Comité exécutif national chargé de la santé au sein du Ministère de la santé et des services médicaux a
approuvé l’élaboration du plan d’action, à laquelle ont participé différentes parties prenantes, à savoir : des
organismes relevant des pouvoirs publics (telles que la division chargée des changements climatiques au sein
du Ministère des affaires étrangères – qui a été transférée au Ministère de l’économie en 2017 –, le Ministère
de l’éducation, le Département de l’environnement et les Services météorologiques fidjiens), ainsi que des
universités, des organisations non gouvernementales nationales et des organisations régionales. Ce plan
d’action concourt au renforcement de la mission et de la vision du Ministère de la santé en s’appuyant sur les
six éléments constitutifs des systèmes de santé et les dix composantes du Cadre opérationnel de l’OMS, et fait
fond sur les engagements internationaux des Fidji (tels que l’Accord de Paris et le Programme de développement
durable à l’horizon 2030 (16)). Les Fidji étant très vulnérables face aux phénomènes météorologiques extrêmes,
notamment aux inondations et aux cyclones tropicaux, ce plan soutient également la mise en œuvre du plan
d’action national relatif à la gestion des urgences sanitaires et des catastrophes.
Le processus fidjien d’élaboration et de mise en œuvre du PNA a débuté en 2017 avec l’élaboration du cadre
fidjien relatif au PNA. Le document Fiji NAP: a pathway towards climate resilience (PNA des Fidji : la voie vers
la résilience climatique) a ensuite été élaboré en 2018 par la Division chargée des changements climatiques
et de la coopération internationale, coordonnée par un comité interministériel, qui relève du Ministère de
l’économie. Dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre du PNA, une série d’ateliers de consultation
réunissant l’éventail des parties concernées au niveau national ont été organisés, ainsi que des entretiens clés
avec des experts et des représentants d’organisations régionales et de la société civile nationale. Comme le
plan d’action pour la santé avait été élaboré avant que le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA
ait été engagé, le secteur de la santé disposait d’une base d’adhésion solide. Le secteur de la santé faisait
partie des 14 groupes de travail techniques multi-acteurs désignés dans le cadre de l’élaboration du PNA.
Chaque groupe a fait un bilan complet des politiques existantes dans son secteur et s’est prêté à un exercice
de hiérarchisation. Dans le cas du secteur de la santé, de nombreuses mesures d’adaptation ont été fusionnées
à partir du plan d’action et d’autres documents pertinents, tels que l’évaluation de la vulnérabilité face aux
changements climatiques élaborée par la Banque mondiale. Le PNA prévoit une section sur la santé dans
sa partie dédiée aux priorités sectorielles pour l’adaptation et fait allusion à la santé dans d’autres secteurs
comme la sécurité alimentaire et nutritionnelle et l’infrastructure (Figure 4). Les nombreux travaux du secteur
de la santé sur les changements climatiques et la santé ont permis à celui-ci d’asseoir sa contribution au PNA
global sur des bases solides.

10 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Figure 4. PNAS des Fidji : domaines d’action sectoriels – secteurs devant faire l’objet d’une
adaptation dans le cadre de la lutte contre les risques environnementaux et climatiques

Composante sectorielle Description Résultats

Renforce la capacité d’anticiper et de réduire les Un système agricole transformé et réorienté


Sécurité alimentaire et risques environnementaux et climatiques et assure permettant de soutenir la production de denrées
nutritionnelle la production durable de denrées alimentaires. alimentaires sans dégrader les ressources.

Renforce les systèmes et les infrastructures pour Des services médicaux et de santé résilients
faire face aux incidences néfastes de la variabilité capables de résister aux phénomènes environne-
Santé
climatique et des changements climatiques futurs. ments et climatiques futurs.

Réduit la vulnérabilité des ressources, infrastruc- Des infrastructures résilientes capables de


tures et centres de population principaux, fonctionner selon les modalités futures et de
Établissements humains
favorisant ainsi la croissance. répondre aux besoins à venir.

Contribue à garantir que la durée de vie complète Des infrastructures résilientes capables de
des investissements est atteinte en réduisant les fonctionner selon les modalités futures et de
Infrastructures
risques environnementaux et climatiques. répondre aux besoins à venir.

Favorise la préservation de la biodiversité et de Soutient les efforts visant à protéger, préserver et


Biodiversité et environne- l’environnement naturel ainsi que des services restaurer le capital naturel sur lequel reposent les
ment naturel qu’ils fournissent. sociétés et la croissance économique.

1.3 PARTICIPATION ACTIVE DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ AU PROCESSUS D’ÉLABORATION ET


DE MISE EN ŒUVRE DU PNA
La participation active du secteur de la santé au programme national de lutte contre les changements
climatiques, notamment par l’élaboration et la mise en œuvre du PNA, est essentielle pour : faire de la
santé et de la lutte contre les changements climatiques une priorité au niveau national, promouvoir les
synergies entre les secteurs et accroître les possibilités d’accès du secteur de la santé au financement
climat (Figure 5). Le PNAS n’est pas un document isolé, mais la composante santé du PNA (5). Il pourrait
être utile, selon le contexte national, de renforcer les capacités des décideurs en matière de santé et
de lutte contre les changements climatiques pour veiller à ce que le secteur de la santé soit en mesure
de défendre la santé dans le programme de lutte contre les changements climatiques. Dans le cas où
le secteur de la santé serait en avance sur le processus d’élaboration et de mise en œuvre du PNA, les
représentants nationaux en matière de changements climatiques pourraient être associés au processus
relatif au PNAS de sorte à promouvoir la prise en compte du PNAS dans le PNA final. Une telle situation
donnerait au secteur de la santé la possibilité de contribuer de façon décisive à donner une impulsion à
la planification de l’adaptation dans d’autres secteurs et à l’échelle nationale.

Esprit d’initiative et environnement favorable 11


Figure 5. Prise en compte de la coordination du PNAS dans le processus d’élaboration et de mise en
œuvre du PNA et la planification sanitairePNAD y de planificación sanitaria existente

Processus global
relatif au PNA

Coordination du PNA du secteur de la Autres plans d’adaptation de secteurs


santé (PNAS) sensibles aux changements climatiques

Niveaux opérationnels du secteur de la santé (exemples) Niveaux opérationnels de secteurs


déterminants pour la santé
(exemples)
Préparation
Santé
Systèmes de santé aux situations Eau, Agriculture/
environnementale
d’urgence sanitaire assainissement et sécurité
hygiène alimentaire
Gestion des Maladies non
maladies transmissibles et
transmissibles nutrition Infrastructures Transports

Fuente: (4)

Encadré 4. Promouvoir un environnement favorable à l’élaboration du PNAS en Indonésie

L’Indonésie est l’un des pays les plus vulnérables au monde face aux
effets des changements climatiques, et les changements et la variabilité
climatiques continuent d’avoir des incidences sur la santé publique dans
le pays. Au niveau régional, les changements climatiques font ressortir
une augmentation de la température de l’air allant jusqu’à 1,250 °C. En
raison de la variabilité et des changements climatiques, les risques et
les résultats en matière de santé se dégradent – maladies à transmission
vectorielle (comme le paludisme et la dengue), Maladies à transmission
hydrique et autres maladies liées à l’eau (comme le choléra et les maladies
diarrhéiques), notamment. S’agissant des risques sanitaires moins
directement sensibles au climat (sécurité alimentaire et nutritionnelle
et maladies non transmissibles, par exemple), le suivi et l’évaluation au
niveau national en vue de prévoir les incidences de la variabilité et des
changements climatiques doivent être améliorés.
Le Gouvernement indonésien a montré sa ferme volonté de faire face
au changement du climat mondial. Depuis les années 1990, le pays a
activement contribué à l’action mondiale de lutte contre les changements
climatiques, notamment en ratifiant l’Accord de Paris par la loi n° 16/2016.
Au niveau national, l’Indonésie a œuvré en faveur de l’adaptation
en élaborant, en 2014, le Plan d’action national sur l’adaptation aux
changements climatiques.

12 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


En 2016, le Gouvernement indonésien, par l’intermédiaire du Ministère de l’environnement et des forêts, a
élaboré ses CDN, qui font actuellement l’objet d’une mise à jour pour 2020-2030. L’élaboration des CDN a
bénéficié du concours des différentes parties concernées, qui ont œuvré sous la direction du Ministère de
l’environnement et des forêts ; ces contributions ont ensuite été intégrées au Plan national de développement à
moyen terme (Rencana Pembangunan Jangka Menengah Nasional – RPJMN) pour la période 2020-2024. Pour
répondre aux objectifs fixés dans le cadre des CDN, ce qui inclut l’adaptation du secteur de la santé, le PNAS
cherche à susciter une prise de conscience accrue des risques pour la santé dus aux changements climatiques.
Celui-ci prévoit 10 stratégies : i) favoriser les mesures d’adaptation du secteur de la santé au niveau national
et orienter la mise en œuvre de mesures d’adaptation au niveau des provinces et des districts/des villes ; ii)
recenser les populations et les régions vulnérables ; iii) établir des partenariats axés sur la résilience du secteur
de la santé ; iv) mettre en place un système d’alerte rapide lié aux changements climatiques et à la santé ; v)
promouvoir l’adaptation du secteur de la santé à l’échelon local ; vi) intégrer les changements climatiques dans
le programme national de prévention et de gestion des maladies ; vii) améliorer le système de surveillance et
de suivi ; viii) renforcer les capacités du personnel de santé ; ix) faire en sorte que les établissements et les
infrastructures de soins soient protégés contre les risques climatiques ; x) renforcer le cadre politique relatif
aux changements climatiques et à l’adaptation du secteur de la santé.
Différents secteurs ont concouru à l’élaboration du PNAS, notamment le Ministère de l’environnement et
des forêts, le Ministère de la planification nationale du développement, le Conseil national pour la gestion
des catastrophes, l’Agence de météorologie, climatologie et géophysique, les milieux universitaires et des
experts des changements climatiques. La participation active du Ministère de la planification nationale du
développement à la mise en place du PNAS a permis au PNAS et au PNA d’être en phase. En outre, le PNA
est en cours d’actualisation, l’objectif étant de l’aligner sur le RPJMN 2020-2024 et les CDN 2020-2030. Ces
stratégies guideront l’Indonésie au cours des 10 prochaines années et aideront le secteur de la santé à s’adapter
aux changements climatiques et à promouvoir la santé de la population à l’avenir.

1.4 PLANIFICATION ET PROGRAMMATION SANITAIRES BASÉES SUR LES DONNÉES RELATIVES


AU CLIMAT
Les considérations liées aux changements climatiques, lorsqu’elles sont intégrées dans la planification de
la santé au niveau national plutôt qu’appréhendées dans le cadre d’un processus à part (voir la Figure 5 à
la page 12), ont plus de chances de remporter l’adhésion et de donner lieu à des initiatives pérennes.
La variabilité et les changements climatiques vont exacerber la charge que représentent les maladies
sensibles au climat et les autres affections de santé publique qui touchent déjà les pays. Dans la plupart
des cas, des programmes nationaux de santé publique (notamment dans les domaines de la lutte contre le
paludisme, de la santé maternelle et infantile, de la nutrition, de l’eau et de l’assainissement) ont déjà été mis
en place pour alléger la charge que représentent ces maladies et affections, et peuvent être renforcés par la
prise en compte et l’intégration de considérations relatives à la variabilité et aux changements climatiques.

En outre, les changements climatiques, y compris les phénomènes météorologiques extrêmes, font peser
des risques sur les systèmes de santé et sur le fonctionnement et l’infrastructure des établissements. La
résilience face aux changements climatiques et la viabilité écologique des établissements de soins sont
des éléments pouvant être intégrés aux processus et programmes de planification de la santé. Le Cadre
opérationnel de l’OMS (6) et les orientations de l’OMS sur les établissements de santé résilients face au
changement climatique et écologiquement viables (17) sont des outils utiles pour renforcer la résilience
des systèmes de santé et améliorer le fonctionnement des établissements de soins face aux changements
climatiques.

Le PNAS s’avère dans un premier temps un processus et un outil utiles pour intégrer les changements
climatiques dans le secteur de la santé, et ce le temps que l’ensemble de la programmation sanitaire
s’appuie sur les données relatives au climat. Chaque pays devra définir le processus qu’il suivra pour
intégrer l’adaptation aux changements climatiques et d’éventuelles mesures d’atténuation dans des
programmes de santé publique et des plans de développement du secteur de la santé spécifiques. Des
stratégies et des mesures visant à renforcer, par le biais de ces programmes, la résilience et la viabilité
écologique seront mises en place à différents niveaux opérationnels, selon le contexte national et les
mécanismes institutionnels existants.

Esprit d’initiative et environnement favorable 13


Encadré 5. Programmation sanitaire basée sur les données relatives au climat en Jordanie

Le climat jordanien est méditerranéen, et consiste en des étés chauds et secs et des hivers frais et humides. En
raison des changements climatiques, les températures devraient augmenter, et il est possible que les vagues
de chaleur et de sécheresse augmentent également. La rareté des ressources en eau pourrait également être
exacerbée par les changements climatiques, ce qui aurait un impact considérable sur l’approvisionnement en
eau douce des secteurs municipal et agricole. Les tempêtes de sable et de poussière augmentent en fréquence,
en durée et en intensité. Les risques pour la santé liés au climat comprennent les maladies respiratoires, les
maladies d’origine hydrique et alimentaire, les maladies à transmission vectorielle, ainsi que les problèmes de
nutrition et de santé au travail.
Entre 2012 et 2014, un comité d’orientation de haut niveau présidé par le vice-ministre de la santé a supervisé
l’élaboration de la Stratégie et du plan d’action nationaux d’adaptation du secteur de la santé aux changements
climatiques (ci-après, la Stratégie d’adaptation). Le comité d’orientation a également piloté l’intégration de la
Stratégie d’adaptation dans la stratégie nationale relative à la santé et le plan d’action s’y rapportant.
La participation des parties prenantes à un stade précoce était essentielle pour garantir l’adhésion du pays
aux progrès/résultats enregistrés. Elle a également contribué à une mise en œuvre efficace et à accroître les
chances de s’inscrire dans la durée et d’obtenir un impact à long terme. Six équipes techniques ont contribué à
la mise au point de la Stratégie d’adaptation, qui s’articule autour de six effets sur la santé sensibles au climat de
rang prioritaire, à savoir : i) les vagues de chaleur, ii) la nutrition, iii) les maladies d’origine hydrique/alimentaire,
iv) les maladies à transmission vectorielle, v) la santé au travail et vi) les maladies d’origine respiratoire/
transmises par l’air. Chaque équipe était dirigée par le responsable chargé de la question correspondante
au sein du Ministère de la santé et se composait de membres du Ministère de la santé, de chercheurs et de
représentants d’autres secteurs pertinents.
Chaque équipe a évalué la vulnérabilité de son programme face aux changements climatiques et l’état de
préparation du programme existant, a passé au crible et recensé des stratégies d’intervention et a mis au point
le plan d’action pour l’adaptation. De plus, chacune d’entre elles a formulé quatre demandes de financement
couvrant les principaux domaines d’action prioritaires. Les six équipes ont considéré que la mise en place
d’un système d’alerte rapide – par le renforcement des liens entre surveillance des maladies et changements
climatiques et environnementaux – était un domaine d’action prioritaire commun.
La Stratégie d’adaptation présente des arguments solides et des mesures concrètes venant appuyer la
programmation sanitaire basée sur des données relatives au climat.

14 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


2 COORDINATION INTERSECTORIELLE ET COHÉRENCE DES
POLITIQUES

2.1 COORDINATION ET SYNERGIES AVEC LES SECTEURS DÉTERMINANTS POUR LA SANTÉ


Il est crucial que la santé soit protégée et favorisée, non pas uniquement par le secteur de la santé, mais
aussi par d’autres secteurs déterminants pour la santé tels que l’alimentation et l’agriculture, l’énergie,
l’urbanisme, l’eau, l’assainissement et l’hygiène. L’adoption d’une approche participative est recommandée
dans le cadre de l’élaboration du PNAS, et ce afin d’encourager les différentes parties prenantes, à tous
les niveaux, dans l’ensemble des secteurs et au sein de la communauté locale, à donner leur avis. Ce
processus permettra de renforcer la contribution des autres secteurs à la promotion de la santé, et de
stimuler leur esprit d’initiative en la matière. Un processus de consultation durable aidera les acteurs, à
tous les niveaux, à mettre en œuvre de manière efficace les mesures d’adaptation décrites dans le PNAS
et favorisera l’élaboration des versions futures du plan. Le recensement des parties prenantes constitue
un bon moyen de repérer les intervenants susceptibles d’éclairer une stratégie et un plan de mobilisation.

La participation active de ces différents secteurs à l’élaboration et à la mise en œuvre du PNAS contribuera
probablement à en accroître l’efficacité. Les secteurs déterminants pour la santé les plus pertinents
dépendront du contexte national et pourraient inclure l’eau et l’assainissement, l’agriculture et la sécurité
alimentaire, la gestion des catastrophes, les infrastructures, l’aménagement urbain, l’aménagement rural,
la gestion des zones côtières, la gestion des terres, la biodiversité et les écosystèmes. Ces secteurs sont
en bonne logique associés à toutes les étapes de l’élaboration du PNAS, y compris aux évaluations V&A
et à la définition et la hiérarchisation des mesures d’adaptation. Le PNAS pourrait par ailleurs présenter
les mécanismes intersectoriels et institutionnels en place et recenser d’autres mesures à mettre en œuvre
dans le cadre du plan afin de garantir la coordination et la synergie avec les secteurs déterminants pour
la santé.

Coordination intersectorielle et cohérence des politiques 15


Encadré 6. Coopération et coordination intersectorielles pour l’adaptation du secteur de la santé en
Croatie

L’ambition du PNA croate est la résilience face aux changements


climatiques et l’attention portée aux systèmes naturels vulnérables et aux
secteurs déterminants pour la santé revêtant une importance sur le plan
socioéconomique. Prijelazni instrument Europske unije za Republiku Hrvatsku

Jačanje kapaciteta Ministarstva zaštite okoliša i energetike za prilagodbu

L’équipe chargée de l’élaboration du PNA a organisé un atelier auquel


klimatskim promjenama te priprema Nacrta Strategije prilagodbe klimatskim
promjenama

étaient conviés des représentants de tous les secteurs considérés comme Broj ugovora: TF/HR/P3-M1-O1-0101

nécessaires pour l’adaptation aux changements climatiques (tels que l’eau, Podaktivnost 2.3.1.:
l’énergie, l’agriculture, la santé et le tourisme). Chacun des représentants IZVJEŠTAJ O PROCIJENJENIM UTJECAJIMA I
RANJIVOSTI NA KLIMATSKE PROMJENE PO
a fait un résumé des activités existantes. Cela a permis à l’équipe POJEDINIM SEKTORIMA

intersectorielle de prendre conscience des problèmes, des lacunes et des


besoins dans différents secteurs. La bonne synergie entre les secteurs a
été cruciale pour que puisse être élaboré un PNA d’une portée exhaustive. Zagreb, svibanj 2017.

Les mesures liées à la santé prévues dans le PNA mettent l’accent sur
l’adoption d’une approche multidisciplinaire et sont principalement Ovaj projekt financira
Europska unija
Projekt provodi
EPTISA Adria d.o.o.

axées sur : le renforcement des capacités ; les systèmes d’alerte rapide,


de surveillance et de préparation pour faire face aux phénomènes
météorologiques extrêmes et aux flambées épidémiques sensibles au climat
; la recherche fondée sur la surveillance de l’environnement ; l’élaboration
d’outils novateurs d’évaluation des risques.
Le PNA s’intéresse en outre à l’adaptation aux changements climatiques
et aux priorités en matière de développement permettant de contribuer à
la réalisation des objectifs de développement durable. Il en est question
dans l’examen national volontaire se rapportant au Programme de
développement durable à l’horizon 2030 (16).
Sur la base du PNA, le Ministère croate de la santé a par ailleurs mis en
place toute une série d’activités spécifiques au secteur de la santé axées
sur les changements climatiques et la santé. Le Ministère de la santé a
également créé un groupe de travail multidisciplinaire sur les changements
climatiques et la santé, ce qui a permis de démontrer que les différents Voluntary National Review of the UN 2030 Agenda
for Sustainable Development Implementation

secteurs pouvaient mettre en place une coordination efficace pour


favoriser l’adaptation du secteur de la santé. Le groupe de travail se réunit
régulièrement pour débattre et aborder différents sujets tels que le plan
d’action chaleur-santé, le plan de protection contre le froid, la chaleur et la
COVID-19.

16 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


3 TRAITEMENT EXHAUSTIF DES RISQUES SANITAIRES
SENSIBLES AU CLIMAT

3.1 PNAS REPOSANT SUR DES BASES FACTUELLES


L’une des étapes du processus relatif au PNA est d’évaluer les vulnérabilités face aux changements
climatiques et de recenser des options d’adaptation aux niveaux sectoriel, infranational et national ainsi
qu’à tout autre niveau pertinent (5). Il est donc essentiel de procéder à une évaluation V&A complète
pour garantir que le PNAS repose sur des bases factuelles. Une évaluation V&A permet d’évaluer
les vulnérabilités actuelles et futures (c’est-à-dire, l’exposition d’une population ou d’une région à un
préjudice) face aux risques sanitaires des changements climatiques, ainsi que les politiques et programmes
susceptibles d’accroître la résilience, en tenant compte des différents éléments qui déterminent les effets
sur la santé sensibles au climat. L’évaluation fournit aux décideurs des informations sur l’étendue et
l’ampleur des risques sanitaires probables attribuables aux changements climatiques, ainsi que sur les
principaux programmes et politiques visant à prévenir les effets futurs des changements climatiques ou
à en limiter la gravité. La Figure 6 ci-dessous décrit les étapes clés de la conduite d’une évaluation V&A.

Le mieux serait de mener une évaluation V&A complète avant de rédiger le PNAS. Toutefois, si cela n’est
pas possible, un examen sur dossier de toutes les données disponibles peut servir de base à l’élaboration
du PNAS. Une évaluation V&A complète peut alors être incorporée dans le PNAS en tant qu’activité
afin de guider la planification future et les versions ultérieures du plan. Des mises à jour régulières de
l’évaluation V&A sont ensuite effectuées pour tenir compte des facteurs d’incertitude inhérents aux
prévisions climatiques et à la planification de l’adaptation, et d’autres changements liés à des circonstances
pertinentes. Des orientations techniques formulées par l’OMS (18) permettent d’appuyer la conduite d’une
évaluation V&A.

Figure 6. Évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation

Définir le cadre et l’étendue de


l’évaluation Évaluer Gérer et suivre les risques

Vulnérabilité :
Charge de morbidité actuelle Effets nocifs et
bénéfiques pour la
Programmes actuels de santé dans d’autres
Définir le périmètre protection de la santé secteurs
géographique et les effets sur
la santé à étudier ;
Déterminer les questions à
traiter et les étapes à inclure ;
Impacts futurs :
Déterminer le cadre de
l’action publique dans lequel Variation de la charge hors
changement climatique Communication et
s’inscrit l’évaluation ; mise en œuvre du plan
Projections des impacts
Mettre en place une équipe de sanitaires du changement
projet et un plan directeur ; climatique
Instaurer un processus pour
les parties prenantes ;
Élaborer un plan de Adaptation :
communication. Identifier et classer par ordre de
priorité les interventions Suivi et évaluation
supplémentaires
Identifier les ressources et les
obstacles à la mise en œuvre

Traitement exhaustif des risques sanitaires sensibles au climat 17


Si le contexte national s’y prête, il pourrait s’avérer utile de mener des évaluations V&A sur des risques
sanitaires spécifiques sensibles au climat afin de bien cerner l’influence que peuvent avoir les conditions
climatiques et météorologiques sur certains effets sur la santé et la façon dont ces résultats peuvent
être exacerbés en raison des changements climatiques, et d’élaborer des stratégies d’adaptation plus
appropriées et plus efficaces en conséquence. L’OMS a élaboré une série de documents d’orientation
technique pour appuyer l’élaboration d’évaluations V&A portant sur des effets sur la santé bien précis, y
compris la dénutrition (19) et les maladies diarrhéiques (à venir).

Encadré 7. Évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation – mettre l’accent sur la lutte contre les
changements climatiques et sur la promotion de la santé en Éthiopie

Le Ministère de la santé éthiopien a conduit la première évaluation V&A en 2015, qui faisait fond sur des
données secondaires relatives à l’exposition, à la vulnérabilité et à la capacité d’adaptation obtenues auprès
de l’Agence nationale de météorologie, de l’Agence centrale de la statistique, du Ministère de la santé et de
l’Institut éthiopien de santé publique, ainsi que dans des publications.
L’évaluation V&A a fait ressortir que l’Éthiopie avait enregistré une hausse de température au cours du
siècle dernier. Il est attendu que les changements climatiques induits par l’homme entraînent une hausse
supplémentaire et sans précédent de la température au cours des cent prochaines années, et les phénomènes
climatiques extrêmes (tels que les inondations et les épisodes de sécheresse) constituent une menace
permanente. Les principaux résultats et risques sanitaires sensibles au climat recensés dans l’évaluation
comprenaient la diarrhée, le paludisme, la fièvre jaune et la dengue, et des mesures d’adaptation visant à faire
face à ces risques ont été préconisées.
Le secteur de la santé a tiré des enseignements clés des processus relatifs à l’évaluation V&A et au PNAS.
• Les changements climatiques touchent les populations vulnérables pour une part disproportionnée en
raison de capacités d’adaptation insuffisantes et de l’absence de mécanismes adéquats pour faire face à ce
phénomène.
• Le personnel de santé n’avait généralement pas conscience des effets des changements climatiques, le
renforcement des capacités et la gestion des connaissances revêtant donc une importance cruciale.
• L’évaluation V&A a permis de réduire la confusion qui existait au sujet des risques sanitaires liés aux
changements climatiques et a fourni une orientation claire et des bases solides pour l’élaboration d’un PNAS
reposant sur des bases factuelles.
• Les efforts déployés devraient être axés sur la mise en place de mesures préventives afin de protéger la
population contre les maladies et les risques sanitaires sensibles au climat.
• Les processus relatifs à l’évaluation V&A et au PNAS ont contribué au développement d’une expertise
multisectorielle et multidisciplinaire, notamment au transfert des connaissances vers les universités du pays.
• Les données qui ont été produites grâce à l’évaluation V&A peuvent être mises au service d’un système
d’alerte rapide et de surveillance relatif aux maladies sensibles au climat, projet qui a déjà été mis à l’essai
dans 11 établissements de santé éthiopiens au cours des quatre dernières années.
Source : (20)

3.2 TRAITEMENT EXHAUSTIF DES RISQUES SANITAIRES SENSIBLES AU CLIMAT PROPRES À


DES CONTEXTES SPÉCIFIQUES
Il est recommandé que les pays ambitieux en matière de prise en charge des risques sanitaires sensibles
au climat déterminent des priorités à moyen et long terme ainsi que des mesures d’adaptation pour
faire face à ces risques. Sur la base des résultats des évaluations V&A (si disponibles), tous les risques
sanitaires sensibles au climat et les vulnérabilités propres à chaque pays sont recensés, et un exercice de
hiérarchisation est mené. Il est important d’établir cette liste élargie pour recenser toutes les options possibles
en matière d’adaptation, établir des synergies au sein du secteur de la santé et entre les secteurs, et éclairer
la planification future. Pour chaque risque sanitaire sensible au climat, il est également crucial d’intégrer
des informations relatives aux populations vulnérables, en s’appuyant sur différents facteurs, notamment
biologiques, géographiques et sociaux. Mieux comprendre la vulnérabilité permettra d’élaborer et de mettre
en œuvre des interventions ciblées auprès de groupes vulnérables spécifiques. La vulnérabilité peut varier en
fonction du risque sanitaire. Parmi les risques sanitaires sensibles au climat figurent les maladies et les effets
sur la santé sensibles au climat, ainsi que les risques pour les systèmes de santé et les établissements de

18 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


soins, notamment les moyens mobilisables par le personnel de santé suite à un phénomène météorologique
extrême, la capacité du système de surveillance de la santé de surveiller ou de prévoir les épidémies, et la
disponibilité de services liés à l’environnement essentiels tels que l’eau, l’assainissement, l’hygiène et l’énergie
au niveau de l’établissement. Ainsi, appréhender les systèmes de santé de manière globale est également
utile dans le cadre de l’évaluation. Le Tableau 2 présente une série de risques sanitaires sensibles au climat
à prendre en considération.

Tableau 2. Risques sanitaires sensibles au climat

Effets sur la santé Exemples


Effets sur la santé de phénomènes Blessures ou décès
météorologiques extrêmes
Maladies liées à la chaleur Coup de chaleur
Maladies respiratoires Infections, troubles ventilatoires obstructifs (comme l’asthme) et
effets pulmonaires de la chaleur et de la pollution atmosphérique
Maladies à transmission hydrique et Choléra, schistosomiase, maladies diarrhéiques, proliférations
autres maladies liées à l’eau d’algues à toxines, leptospirose
Zoonoses Rage
Maladies à transmission vectorielle Paludisme, fièvre de dengue, virus Zika, infection à virus
Chikungunya, maladie de Lyme
Malnutrition et maladies d’origine Déficit pondéral, émaciation, retards de croissance, carences en
alimentaire micronutriments, maladies d’origine alimentaire causant des maladies
diarrhéiques, ciguatera
Maladies non transmissibles Maladies de l’appareil circulatoire (maladies cardiovasculaires,
maladies cérébrovasculaires, hypertension, par exemple), troubles
endocriniens (diabète, par exemple), cancers
Santé mentale et psychosociale Dépression, anxiété, état de stress post-traumatique
Impacts sur les établissements de Destruction des infrastructures, perturbation des chaînes
santé d’approvisionnement, accès à l’eau et disponibilité de l’eau altérés,
perturbation ou mise à l’arrêt des services de santé
Impacts sur les systèmes de santé Problèmes d’accès aux services de santé, tensions supplémentaires
sur des ressources limitées
Impacts sanitaires des pressions Les différents impacts sanitaires découlant de la réinstallation induite
démographiques induites par le climat par les changements climatiques, comme le surpeuplement et la
surcharge des services de santé
Sources : (21-23)

3.3 HIÉRARCHISATION DES RISQUES SANITAIRES SENSIBLES AU CLIMAT


Lorsqu’une liste exhaustive des risques sanitaires sensibles au climat propres au pays a été établie,
un exercice de hiérarchisation peut être effectué pour déterminer les domaines d’action prioritaires se
rapportant au PNAS dans sa version actuelle.

Les critères prédéterminés de hiérarchisation dépendent du contexte du pays et pourraient inclure :


‚ ml’ampleur du risque
‚ la taille de la population touchée
‚ le niveau de vulnérabilité
‚ les ressources disponibles
‚ le financement

Les risques sanitaires sensibles au climat qui ne sont pas traités spécifiquement durant la période initiale
peuvent encore être abordés dans le cadre d’actions visant à renforcer la résilience des systèmes de
santé. En outre, il est recommandé de continuer d’étudier ces risques dans le cadre d’évaluations V&A
périodiques afin de suivre tout changement de priorités.

Traitement exhaustif des risques sanitaires sensibles au climat 19


4 TRAITEMENT EXHAUSTIF DES OPTIONS ET DES
MESURES D’ADAPTATION

4.1 OPTIONS D’ADAPTATION EXHAUSTIVES POUR TRAITER LES RISQUES SANITAIRES


SENSIBLES AU CLIMAT
Le PNAS étant un processus de planification de l’adaptation s’inscrivant sur le long terme, une gamme
complète d’options d’adaptation à moyen et long terme est nécessaire. En outre, il est recommandé
d’adopter une approche systématique de la lutte contre les changements climatiques dans le secteur
de la santé qui tienne compte des risques sanitaires sensibles au climat, et de renforcer la résilience
du système de santé face aux changements climatiques. Dans l’idéal, un PNAS comprend un ensemble
complet d’options d’adaptation se rapportant à chacun des risques sanitaires sensibles au climat qui ont
été hiérarchisés dans le cadre de l’évaluation V&A, et ce dans le but de renforcer la résilience des systèmes
de santé. Les éléments et exemples figurant dans le Cadre opérationnel de l’OMS peuvent être utiles à
l’élaboration de plans exhaustifs du point de vue des options et des mesures et permettre de repérer les
éventuelles lacunes en matière de renforcement de la résilience des systèmes de santé.

4.2 EXAMEN DES FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ POUR CONCEVOIR ET CIBLER DES MESURES
D’ADAPTATION
Les incidences néfastes des changements climatiques ne touchent pas toutes les populations de la
même manière, et les populations les plus vulnérables sont celles qui risquent d’en subir les effets les
plus grands (23). Les différences en matière d’impacts sanitaires sont fonction de toute une série de
facteurs, parmi lesquels figurent le degré de vulnérabilité et la capacité d’adaptation des différents groupes
d’individus. Les inégalités actuelles en matière de santé font que certaines populations sont plus vulnérables
face aux incidences des changements climatiques sur la santé. Des facteurs environnementaux, sociaux
et de santé publique influent sur l’ampleur et la répartition des risques sanitaires sensibles au climat
(Figure 7). Par exemple, les données suggèrent que les changements climatiques n’ont pas les mêmes
incidences sanitaires sur les femmes et les hommes. Cela s’explique par des facteurs biologiques et
socioculturels (normes, rôles et rapports de genre, notamment) et par le fait qu’ils n’ont pas le même accès
aux ressources et les mêmes possibilités d’exercer un contrôle sur celles-ci. Le guide de l’OMS intitulé
Mainstreaming gender in health adaptation to climate change programmes (en anglais) pourrait être utile
à ce stade du processus (24).

Il est également important de tenir compte d’autres inégalités en matière de santé (comme celles dont
sont victimes les personnes vivant avec un handicap ou une maladie chronique sous-jacente) et d’autres
populations vulnérables (comme la communauté LGBTQI – lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers
et intersexes). L’évaluation V&A aidera à définir quelles sont les personnes les plus vulnérables et la façon
dont cette vulnérabilité pourrait être infléchie à l’avenir. Il serait souhaitable que le PNAS envisage les
différentes catégories de populations vulnérables (par exemple, par zone géographique, sexe, âge ou statut
socioéconomique) pour chaque risque sanitaire sensible au climat de rang prioritaire et tienne compte
de ces catégories dans le cadre de la planification et de la hiérarchisation des mesures d’adaptation. La
Figure 7 présente toute une série de facteurs de vulnérabilité à prendre en considération.

20 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Figure 7. Facteurs de vulnérabilité liés aux changements climatiques et à la santé

FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ

Facteurs Facteurs biologiques Facteurs Facteurs


démographiques et état de santé géographiques socioéconomiques
‚ Âge (jeunes et ‚ Femmes enceintes ou ‚ Logements urbains ‚ Pauvreté
personnes âgées) allaitantes non planifiés ‚ Normes, rôles et
‚ Sexe ‚ Populations ‚ Zones exposées aux rapports de genre
‚ Dynamiques immunodéprimées inondations ‚ Secteur
démographiques ‚ Populations vivant avec ‚ Zones exposées à la professionnel
(déplacements et la tuberculose sécheresse (formel/informel)
migration, notamment) ‚ Populations ‚ Zones exposées aux ‚ Accès aux soins de
sous-alimentées tempêtes côtières et santé
‚ Populations confrontées aux cyclones ‚ Éducation
Conditions à une morbidité ‚ Zones qui ‚ Eau potable et
sociopolitiques infectieuse connaissent assainissement
‚ Populations confrontées des problèmes
‚ Instabilité politique ‚ Hébergement
à une morbidité d’approvisionnement
‚ Situations d’urgence en eau
chronique
complexes ou conflits ‚ Zones où règne
‚ Personnes ayant un
‚ Liberté d’expression et l’insécurité
handicap mental ou
d’information alimentaire
physique
‚ Droits civils et société ‚ Zones urbaines,
civile isolées ou rurales

4.3 HIÉRARCHISATION DES MESURES D’ADAPTATION DU SECTEUR DE LA SANTÉ


Lorsque toute une série d’options d’adaptation à moyen et long terme ont été définies dans le cadre de
l’évaluation V&A et que la question de l’équité et des populations vulnérables a été examinée, un exercice
de hiérarchisation est mené afin de sélectionner les différentes mesures d’adaptation prioritaires à mettre
en œuvre.

Les critères de hiérarchisation dépendent du contexte du pays et pourraient inclure :


‚ l’ampleur du risque
‚ la taille de la population touchée
‚ le niveau de vulnérabilité
‚ les ressources disponibles
‚ le financement

Hiérarchiser les mesures d’adaptation permet de favoriser la mise en place d’un PNAS réaliste et applicable,
et de traiter les principaux risques sanitaires sensibles au climat tout en favorisant la planification à long
terme. Les options d’adaptation qui ne se voient pas attribuer le rang de priorité durant la période initiale
peuvent être incluses dans des versions ultérieures du PNAS. La dernière série de mesures d’adaptation
prioritaires retenues dans le PNAS doit être exhaustive, cibler les populations vulnérables et permettre
de faire face aux risques sanitaires sensibles au climat de rang prioritaire.

Traitement exhaustif des options et des mesures d’adaptation 21


Encadré 8. Hiérarchisation des mesures d’adaptation du secteur de la santé à la Grenade

Les petits États insulaires en développement tels que la Grenade sont touchés pour une part disproportionnée
par les conséquences néfastes des changements climatiques. Une évaluation V&A a été menée à terme dans
le pays en 2016, dans le cadre de l’élaboration du PNAS de la Grenade. L’évaluation V&A a permis de recenser
les risques sanitaires directs et indirects liés aux changements climatiques et servira de base à la planification
stratégique ultérieure ainsi qu’aux initiatives que prendra la Grenade pour ériger un système de santé résilient
face aux changements climatiques. En particulier, elle a conduit à l’élaboration du Plan d’action sur la santé et
les changements climatiques et de la Stratégie nationale sur les changements climatiques et la santé.
En dépit du degré d’incertitude inhérent aux prévisions climatiques et de la complexité des incidences sur
la santé à la Grenade, des mesures d’adaptation prioritaires ont été établies. Ces mesures ont pour objet de
contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité dues aux phénomènes météorologiques extrêmes,
à l’accès à une eau sans risque sanitaire, à la protection de la sécurité alimentaire et au renforcement de
l’assainissement, ainsi qu’à une surveillance et une maîtrise renforcées des maladies à transmission vectorielle.
Un processus de hiérarchisation a été mené, dans le cadre duquel les mesures d’adaptation potentielles ont
été réparties entre les différents éléments constitutifs du système de santé et classées par degré de priorité et
selon leur accessibilité économique. Un exemple de composantes d’un système de santé, hiérarchisées selon
leur degré de priorité, est présenté dans le Tableau 3.

Tableau 3. Hiérarchisation des mesures d’adaptation du secteur de la santé

Personal sanitario:

Mesure Degré de priorité Accessibilité économique


Inclusion des maladies sensibles au climat dans la 2 points 0 points
formation sur la gestion des risques de catastrophe
Formation du personnel de santé à la gestion des 3 points 1 point
risques de catastrophe
Mise en place d’un programme de formation sur 0 points 2 points
les maladies sensibles au climat et les mécanismes
d’urgence
Formation du personnel de santé dans les communautés 2 points 5 points

Les recommandations de l’évaluation V&A faisaient ressortir que le système grenadien d’informations sanitaires
et de surveillance des maladies devait être renforcé afin qu’il soit possible de suivre les épidémies et de rattacher
à l’avenir les ensembles de données sanitaires aux données météorologiques. Ainsi, une mesure essentielle
d’adaptation du secteur de la santé définie dans l’évaluation V&A était l’intégration des données climatiques et
environnementales dans le système de surveillance des maladies, afin de mettre à niveau et de rationaliser le
système national d’informations sanitaires.
Les recommandations de l’évaluation V&A faisaient ressortir que le système grenadien d’informations
sanitaires et de surveillance des maladies devait être renforcé afin qu’il soit possible de suivre les épidémies et
de rattacher à l’avenir les ensembles de données sanitaires aux données météorologiques. Ainsi, une mesure
essentielle d’adaptation du secteur de la santé définie dans l’évaluation V&A était l’intégration des données
climatiques et environnementales dans le système de surveillance des maladies, afin de mettre à niveau et de
rationaliser le système national d’informations sanitaires.
Les autres domaines d’action prioritaires incluaient : i) l’intégration des initiatives relatives aux hôpitaux sûrs et
aux hôpitaux intelligents dans le plan stratégique du secteur de la santé ; ii) la recherche ainsi que l’évaluation
du degré actuel de préparation du système de santé aux catastrophes ; iii) l’amélioration de la gestion du
matériel d’urgence, ce qui inclut les kits sanitaires d’urgence ; iv) le réexamen du programme de formation sur
la réduction des risques de catastrophe dans le but d’y inclure les maladies et les risques sanitaires sensibles
au climat ainsi que les mécanismes d’urgence ; v) l’organisation d’une formation adéquate à l’intention du
personnel de santé et des bénévoles dans les communautés (une fois par année) ; vi) la mise en place d’un
système de communication (alerte rapide) par SMS.

22 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Les principaux résultats du processus d’évaluation V&A² jusqu’à présent sont les suivants :
• Intégration d’aspects liés aux changements climatiques dans les nouvelles politiques, les nouveaux plans et
les nouvelles stratégies de communication en matière de santé.
• Intégration de la surveillance des maladies sensibles au climat dans le plan d’action national de la Grenade
en tant que domaine d’action prioritaire.
• Élaboration du plan d’action 2016-2020 sur la santé et les changements climatiques.
• Rédaction d’une proposition portant sur la gestion résiliente des déchets cliniques face aux risques climatiques.
• Présentation des activités de la Grenade en matière de climat et de santé lors de la COP21 à Paris, en 2015.
• Organisation, en 2015, d’un atelier national sur la mise en relation des données épidémiologiques et climatiques
en collaboration avec l’Agence de santé publique des Caraïbes, l’Organisation panaméricaine de la Santé et
l’Institut de météorologie et d’hydrologie des Caraïbes.
• Proposition de mettre en œuvre le système d’information sanitaire de district 2 dans le pays en tant que
nouveau système d’information et de surveillance sanitaires.

2
De plus amples informations sur le processus d’évaluation V&A de la Grenade sont disponibles à l’adresse suivante : http://
health.bmz.de/what_we_do/climate_health/Vulnerability_assessments/20_climate_change_affecting_health_grenada/index.
html, consulté le 12 novembre 2020. 2020.

Traitement exhaustif des options et des mesures d’adaptation 23


5 DOTATION EN RESSOURCES

5.1 ESTIMATION DES RESSOURCES NÉCESSAIRES À LA MISE EN ŒUVRE DU PNAS


La mise en œuvre du PNAS nécessite des ressources, notamment humaines et financières, et il est
essentiel d’estimer ces ressources pour garantir une planification et une mise en œuvre efficaces. Il est
également essentiel de procéder à une estimation du budget et des ressources humaines nécessaires dans
le cadre des mesures d’adaptation prévues dans le PNAS, estimation qui sera ensuite utilisée pour allouer
ou mobiliser les ressources requises. En outre, il est essentiel de tenir compte des capacités nationales
en matière de santé et de lutte contre les changements climatiques, et des possibilités de renforcement
des capacités aux niveaux national, régional et international.

5.2 STRATÉGIE DE MOBILISATION DES RESSOURCES


Bien que les activités d’élaboration et de mise en œuvre du PNAS puissent être couvertes par des crédits
budgétaires au niveau national, de nombreux pays sont susceptibles d’être confrontés à des déficits
de financement. Partant, une stratégie de mobilisation des ressources peut permettre de planifier les
besoins en ressources à moyen et long terme et de chercher un financement externe. Le PNAS définit
les sources de financement existantes et les lacunes en matière de financement et présente un plan
destiné à combler ces lacunes et intensifier les activités d’adaptation futures, notamment en intégrant
l’adaptation du secteur de la santé dans les processus nationaux d’allocation de crédits budgétaires et
en prévoyant l’accès à des sources de financement externes, telles que le FVC, le FEM ou le Fonds pour
l’adaptation. L’OMS a été approuvée en tant que partenaire du FVC, et de plus amples informations sur la
façon d’élaborer une proposition d’activités préparatoires pour le secteur de la santé sont disponibles sur
le site Web de l’OMS (25). Un PNAS solide est un outil essentiel pour convaincre les donateurs de soutenir
des propositions de financement. Des analyses coûts-avantages de l’action et de l’inaction ainsi que le
retour sur investissement peuvent être utiles pour étayer le dossier d’investissement.

24 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Encadré 9. Planification de la mise en œuvre du PNAS au Monténégro

En mai 2020, le PNAS du Monténégro, à savoir le Programme monténégrin sur l’adaptation aux changements
climatiques dans le secteur de la santé, ainsi que le plan d’action relatif à sa mise en œuvre, ont été approuvés
le gouvernement du pays. Ce PNAS a été élaboré dans le cadre d’un processus inclusif et avec la participation
active de toutes les institutions compétentes du pays. La vision commune ainsi que le concept de résilience
climatique du système de la santé pour faire face et s’adapter aux changements climatiques et répondre aux
besoins sanitaires accrus ont été inscrits dans le plan d’action du processus, dont il a été convenu lors de
plusieurs réunions soutenues par le Bureau régional OMS de l’Europe au cours des trois dernières années. L’un
des objectifs stratégiques était de garantir l’allocation de ressources humaines et financières suffisantes pour
protéger les individus et les communautés contre les effets des changements climatiques sur la santé.
Pour atteindre cet objectif, le Ministère monténégrin de la santé a nommé un groupe de travail national sur les
changements climatiques et la santé. Ce groupe, composé de représentants d’établissements de santé clés, a
été chargé d’élaborer et de mener à bien la politique nationale d’action en matière de changements climatiques
et de santé. Ses membres se sont employés à concevoir le plan d’action et à recenser les changements requis
en mettant à profit leur compréhension renforcée de ce qui fonctionne et pourquoi, en déterminant où des
améliorations étaient nécessaires et en recensant les problèmes devant être traités pour garantir une mise en
œuvre efficace des politiques et des programmes. L’accent a été mis sur l’allocation de ressources humaines et
financières suffisantes et les approches permettant de surmonter les obstacles institutionnels.
Les mesures prévues dans le Programme sont de grande ampleur, cohérentes, coordonnées et complémentaires.
Les besoins stratégiques reposent sur des travaux de recherche et des bases factuelles, et les mesures
d’intervention visant à renforcer les systèmes de santé et à intégrer la santé dans les politiques d’autres secteurs
font le meilleur usage possible des subventions publiques. Le plan de mobilisation des ressources, rédigé par
le groupe de travail, constituait un élément clé du Plan d’action relatif à la mise en œuvre le Programme. Dans
le cadre de l’élaboration de ce plan de mobilisation, une méthode a été utilisée pour cerner les éléments clés
entourant chaque activité, notamment : les indicateurs de performance ; les indicateurs de résultats avec coûts
de départ, coûts à mi-parcours et coûts finaux ; l’institution responsable de la mise en œuvre ; le calendrier ; le
financement nécessaire total ; les sources de financement. Au cours de leurs réunions, les membres du groupe
ont examiné les sources de financement de chaque activité énoncée dans le Programme, en tenant compte
des éventuelles sources de financement internes et externes. Afin de suivre les progrès des établissements
de santé en matière de préparation aux changements climatiques, le Plan d’action prévoit les trois niveaux
de réalisation suivants : i) système de santé publique et services de santé insuffisamment prêts à faire face
aux changements climatiques ; ii) système de santé publique et services de santé en meilleure mesure de
faire face aux changements climatiques ; iii) système de santé publique et services de santé prêts à faire face
aux changements climatiques. Les progrès réalisés pour garantir la résilience du système de santé face aux
changements climatiques seront favorisés par l’effort de planification prévisionnelle qui transparaît de la stratégie
de mobilisation des ressources.

Dotation en ressources 25
6 SUIVI, ÉVALUATION ET COMMUNICATION DES
RÉSULTATS

6.1 PLAN DE SUIVI, D’ÉVALUATION ET DE COMMUNICATION DES RÉSULTATS RELATIF AU PNAS


Le PNAS prévoit un plan complet de suivi, d’évaluation et de communication des résultats destiné à
superviser l’exécution de celui-ci (assorti de questions telles que : « les activités du PNAS sont-elles mises
en œuvre conformément au plan ? ») et l’impact des mesures d’adaptation mises en œuvre. Les évaluations
V&A fixent un niveau de référence permettant de suivre l’impact du PNAS. Il est peu probable que cet
impact (comme la réduction de la mortalité ou de la morbidité due aux maladies sensibles au climat par
rapport au niveau de référence déterminé lors de la conduite de l’évaluation V&A) soit manifeste à court
terme. Toutefois, le processus relatif au PNAS est un processus de planification à long terme qui comprend
des évaluations V&A et des itérations périodiques.

Le plan de suivi, d’évaluation et de communication des résultats prévoit des indicateurs à tous les niveaux
(extrants/processus, résultats et impact) assortis de délais spécifiques à court, moyen et long terme,
ainsi que les rôles et responsabilités assignés aux différents secteurs et des exigences en matière de
communication des résultats. Les résultats obtenus pourront alors être utilisés pour éclairer la planification
continue et future de l’adaptation, ce qui inclut les versions ultérieures du PNAS. L’alignement du plan de
suivi, d’évaluation et de communication des résultats sur les exigences et le calendrier du PNA en matière
de suivi, d’évaluation et de communication des résultats, ainsi que sur d’autres échéanciers nationaux
et internationaux de présentation de résultats en matière de santé et de lutte contre les changements
climatiques (tels que les CDN et les communications nationales), favorise la cohérence et l’homogénéité et
permet de réduire la charge administrative. Il est souhaitable de veiller à ce que les informations pertinentes
relatives à la mise en œuvre du PNAS soient intégrées dans les CDN, les communications nationales et
les autres processus relatifs aux changements climatiques et à la santé.

La publication du LEG intitulée Monitoring and assessing progress, effectiveness and gaps under the
process to formulate and implement national adaptation plans: The PEG M&E tool (7) (en anglais) décrit 10
fonctions essentielles du processus d’élaboration et de mise en œuvre des PNA et un système de mesure
commun pour évaluer ces fonctions. Utilisé conjointement avec les directives du PNAS, cet outil de suivi
et d’évaluation des progrès, de l’efficacité et des lacunes dans le processus relatif au PNA est utile pour
éclairer l’élaboration d’un plan de suivi, d’évaluation et de communication des résultats relatif au PNAS.

26 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Encadré 10. Élaboration du plan tanzanien de suivi, d’évaluation et de communication des résultats
relatif au PNAS

En février 2018, une équipe intersectorielle chargée du PNAS composée de représentants du Ministère de la
santé, du développement communautaire, du genre, des personnes âgées et des enfants, du Bureau de la
vice-présidente – Division de l’environnement, de l’Agence météorologique tanzanienne, du Ministère de l’eau
et de l’irrigation, du Ministère des finances et des affaires économiques, de la Muhimbili University of Health
and Allied Sciences et de la Sokoine University of Agriculture, ainsi que de l’OMS et de l’Agence allemande de
coopération internationale, se sont réunis dans le cadre d’un atelier de cinq jours en vue de mener à bien le
projet de PNAS tanzanien.
À l’issue d’une des sessions, dirigée par un consultant de l’Agence allemande de coopération internationale,
un plan complet de suivi, d’évaluation et de communication des résultats relatif au PNAS tanzanien a été
mené à terme. Les travaux d’élaboration de ce plan s’appuyaient sur le cadre décrit à la Figure 8 et sur les
principes directeurs relatifs à la participation collective de l’ensemble des secteurs à tous les niveaux, à la
transparence et à la responsabilité.

Figure 8. Cadre logique tanzanien de suivi-évaluation

Évaluation
Objectifs du
PNAS

Objectifs Suivi et
évaluation
stratégiques

Mesures
d’adaptation Suivi

Le cadre logique suivi-évaluation a orienté la mise au point d’indicateurs à chaque niveau, notamment
d’indicateurs permettant de mesurer et de suivre les progrès (indicateurs de processus/d’intrants et d’extrants)
et d’indicateurs permettant de mesurer et d’évaluer l’efficacité du PNAS (indicateurs de résultats). Ce plan
complet de suivi, d’évaluation et de communication des résultats définit les indicateurs, les moyens de
vérification, la fréquence de la communication des résultats et l’institution en charge de chaque objectif et
mesure. En outre, il pose les jalons de l’évaluation périodique du PNAS lui-même, sur la base de sa pertinence,
de son efficacité et de son utilité. Il vise à garantir que le PNAS soit mis en œuvre comme prévu, et régulièrement
réexaminé et mis à jour afin que l’objectif global, qui est de garantir la résilience du système de santé tanzanien
face aux changements climatiques, soit atteint.

Suivi, évaluation et communication des résultats 27


6.2 MÉCANISME D’ITÉRATIONS PÉRIODIQUES DU PNAS
Il est souhaitable de définir une période de mise en œuvre précise pour chaque version du PNAS afin de
pouvoir établir des objectifs mesurables et évaluer régulièrement les conditions nationales, la mise en
œuvre du plan, la pertinence et l’efficacité des mesures d’adaptation, ainsi que les nouvelles connaissances
et technologies. Une période de cinq ans est recommandée (4) pour chaque version, le délai devant être
à la fois suffisamment long pour pouvoir réaliser des progrès substantiels, et suffisamment court pour
pouvoir réévaluer les priorités en cas d’incertitude et de changement de circonstances. La flexibilité que
garantit l’établissement périodique de nouvelles versions du PNAS permet également aux résultats du
processus de suivi, d’évaluation et de communication des résultats d’éclairer sans délai la planification
de l’adaptation. Aligner les versions successives du PNAS sur celles du PNA et d’autres processus de
planification liés aux changements climatiques et/ou à la santé permettra d’éviter les chevauchements
et de renforcer les synergies.

28 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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(https://unfccc.int/sites/default/files/french_paris_agreement.pdf, consulté le 15 novembre 2020).
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Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Groupe d’experts des PMA
(LEG) ; 2012 (https://unfccc.int/resource/docs/publications/publication_ldc_napp_2013fre.pdf,
consulté le 15 novembre 2020).
4. Directives de l’OMS relatives à la protection de la santé contre les effets du changement climatique
grâce à la planification de l’adaptation du secteur de la santé. Genève : Organisation mondiale de la
Santé ; 2014 (https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/160091/9789242508000_fre.pdf?ua=1,
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nationaux d’adaptation. Bonn : Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques,
Groupe d’experts des PMA (LEG) ; 2012 (https://unfccc.int/files/adaptation/cancun_adaptation_
framework/national_adaptation_plans/application/pdf/naptechguidelines_french_high_res.pdf,
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climatique. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2015 (https://apps.who.int/iris/bitstream/
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under the process to formulate and implement National Adaptation Plans: The PEG M&E tool. Bonn :
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climatiques [site Web] (https://unfccc.int/topics/resilience/workstreams/national-adaptation-plans/
overview, consulté le 15 novembre 2020) (en anglais).
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Nations Unies sur les changements climatiques ; 2018 (https://unfccc.int/sites/default/files/resource/
sbi2018inf13.pdf, consulté le 26 novembre 2020) (en anglais).
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changements climatiques [site Web] (https://unfccc.int/fr/LEG, consulté le 15 novembre 2020).
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news-room/q-a-detail/accessing-implementing-gcf-readiness-funds, consulté le 15 novembre 2020).

30 Critères de qualité applicables aux plans nationaux d’adaptation du secteur de la santé


Département Environnement, changement climatique et santé
Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Avenue Appia 20 – CH-1211 Genève 27 – Suisse
www.who.int/phe/fr/

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