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INTRODUCTION

Plusieurs classifications peuvent être relevées lorsqu’il s’agit de


présenter les différents types de recours contentieux possibles
devant le juge administratif. Ainsi, Léon Duguit distinguait la
juridiction objective de la juridiction subjective. La première
hypothèse correspond à la situation où la question posée au juge est
une question de droit objectif, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de
déterminer la régularité d’un acte. A l’opposé, le contentieux
subjectif est celui où le requérant invoque une atteinte portée à une
situation juridique et à des droits individuels. Plus près de nous,
c’est le professeur Chapus qui a distingué le contentieux des recours
et le contentieux des poursuites.
Dans le cadre de notre travail nous nous attelons uniquement sur la
distinction des deux deux recours du contentieux administratif.
De ce qui précède il est clair que ce sujet revêt une importance
capitale dans la mesure où son étude nous permettra de mieux
distinguer le recours pour excès de pouvoir et le recours de plein
contentieux.
La question qui fait office de problématique dans ce sujet est la
suivante : comment distingue t-on le recours pour excès de pouvoir
du recours de plein contentieux ?
D’emblée parler des conditions de recevabilité du recours pour
excès de pouvoir et du recours de plein contentieux avant d’aborder
leurs effets.
Eu égard de tout ce qui précède que notre travail s’articulera d’une
part la distinction des deux recours du point de vue de leurs
conditions de recevabilité (I) et d’autre part la distinction des deux
recours du point de vue de leurs effets (II).

I) La distinction des deux recours du point de vue de leurs conditions


de recevabilité
Nous allons d’abord aborder les conditions de recevabilité du
recours pour excès de pouvoir (A) et ensuite les conditions de
recevabilité du recours de plein contentieux (B).

A) Les conditions de recevabilité du recours pour excès de pouvoir

On appelle « conditions de recevabilité » les conditions devant être


réunies pour que le juge puisse être saisi et rendre une décision
« prononce sur le fond ». Si l’une des conditions n’est pas remplie, le
juge rejette la requête en la déclarant irrecevable, sans même
examiner si elle est bien fondée, c’est à dire si l’acte attaqué est
effectivement illégal. Les conditions de recevabilité sont les
suivantes :
- Le requérant doit avoir un intérêt à agir.
Un détenu a toujours intérêt à contester une mesure qui le vise
personnellement ou qui modifie les conditions de détention de tous
les détenus. En revanche, les personnes extérieures ne peuvent
contester que les mesures qui les touchent directement : elles ne
peuvent pas agir à la place du détenu.
- Le requérant doit avoir la capacité à agir.
C’est-à-dire avoir l’aptitude à faire valoir lui-même ses droits en
justice. Les mineures et les incapables majeurs n’ont pas la capacité
d’agir : ils doivent faire appel à leur représentant légal pour les
assister devant un tribunal.
- Le requérant doit, dans certains cas, être représenté par un
avocat.
A l’inverse l’action en responsabilité de l’administration ne nécessite
pas obligatoirement l’assistance d’un avocat. Il en est de même
lorsque le recours pour excès de pouvoir doit être exercé
directement devant le Conseil d’Etat (cas notamment des
contestations d’acte réglementaire émanant d’un ministre).
- L’acte attaqué doit être un acte administratif qui fait grief. C’est-à-
dire un acte susceptible de produire des effets juridiques (qui
change la situation juridique de la personne).
- Le recours doit être rédigé en français.
Rédigé sur papier libre, comporter des indications suffisantes pour
identifier son auteur (identité et adresse pour prendre contact avec
lui). Il doit impérativement être signé.
- La décision attaquée doit être produite en annexe de la requête.
En cas d’impossibilité, lorsque la décision n’a pas été notifiée, une
copie de la décision de l’administration refusant de la communiquer
ou la preuve de la saisine de la CADA (Commission d’accès aux
documents administratifs) peuvent être suffisantes.
- Les pièces produites en annexe de la requête.Elles doivent être
numérotées et il est nécessaire d’en dresser la liste après l’exposé
des conclusions.
- la requête doit être accompagnée de plusieurs copies.Dans le cas
le plus courant, il faut un original et trois copies, à savoir quatre
exemplaires en tout. (sauf dans le cas récent de la dématérialisation
via une clef RPVA, mais ceci est uniquement réservé aux avocats).

B) Les conditions de recevabilité du recours de plein juridiction

Le recours de plein contentieux ne sera recevable que si certaines


conditions tenant au requérant et à sa représentation sont remplies.
En outre, comme dans le cas du recours pour excès de pouvoir, le
recours de plein contentieux doit être exercé dans un certain délai.
Dans le cadre du recours pour excès de pouvoir, le requérant doit
simplement justifier d’un intérêt à agir (l’acte en question doit avoir
un impact sur sa situation juridique).En revanche, dans le recours de
plein contentieux, le requérant doit pouvoir faire état d’un préjudice.
Autrement dit, la recevabilité du recours de plein contentieux est
subordonnée à l’existence d’un droit lésé du requérant. Le requérant
demande que soit reconnue la violation d’un de ses droits et que
soit réparé le préjudice qui en est résulté.
Il faut toutefois préciser que la reconnaissance d’un droit lésé n’est
pas subordonnée à la violation d’une situation juridiquement
protégée. Ainsi, la jurisprudence a admis qu’un concubin pouvait
obtenir réparation du préjudice subi du fait du décès de son
compagnon (CE, Ass., 28 juillet 1951, Béranger ; CE, Ass., 3 mars
1978, Dame Muësser veuve Lecompte).
Comme le recours pour excès de pouvoir, le recours de plein
contentieux doit respecter le délai de recours de droit commun en
matière administrative
Ce délai est de deux mois à compter de la publication de la décision
s’il s’agit d’un règlement, ou à compter de la notification de la
décision s’il s’agit d’une décision individuelle.De plus, le délai pour
exercer un recours de plein contentieux est également de deux mois
dans le cas d’une décision implicite. « sauf disposition législative ou
réglementaire contraire, dans les cas où le silence gardé par
l’autorité administrative sur une demande vaut décision de rejet,
l’intéressé dispose, pour former un recours, d’un délai de deux mois
à compter de la date à laquelle est née une décision implicite de
rejet. Toutefois, lorsqu’une décision explicite de rejet intervient
avant l’expiration de cette période, elle fait à nouveau courir le délai
de recours ».

II) La distinction des deux recours du point de vue de leurs effets


Dans le recours pour excès de pouvoir ,le pouvoir du juge est très
limité (A) alors que dans le recours de plein contentieux le pouvoir
du juge est étendue (B)

A) La limitation du pouvoir du juge dans le recours pour excès de


pouvoir

Saisi d'un recours pour excès de pouvoir, le juge peut rendre trois
décisions : il peut d'abord rendre un non lieu. Il en est ainsi par
exemple de retrait, de désistement du requérant ou de validation
législative de l'acte. Il peut également rendre une décision de rejet;
il en est ainsi en cas d'irrecevabilité du recours ou de légalité de
l'acte administratif. Il peut enfin rendre une décision d'annulation.
C'est le cas lorsque l'acte est illégal. Mais dans les cas d'annulation,
le juge peut procéder par annulation partielle (deuxième condition
de recevabilité du recours); une annulation par voie de connexité ou
par voie de conséquence.Cependant l'annulation de règlement
n'entraîne pas automatiquement la disparition des mesures
individuelles qui en sont des émanations. En ce qui concerne
l'autorité de la décision, il convient de distinguer selon qu'il s'agisse
d'un rejet ou d'une annulation. La décision de rejet jouit d'une
autorité relative. Cela signifie que d'autres requérants peuvent
intenter un recours contre le même acte. Quant à la décision
d'annulation, elle est revêtue d'une autorité absolue. Le recours
pour exces de pouvoir produit des effets erga omnes c'est-à-dire à
l'égard de tous et aussi des effets rétroactifs pour le passé et pour
l'avenir. Mais l'exécution de la décision d'annulation peut parfois
poser problème du fait que l'administration peut refuser à cette
exécution. Mais en outre le juge ne peut pas se substituer à elle, n'a
pas de pouvoir d'injonction méme de voie d'exécution forcée (CE, 26
novembre 1925, Rodière, GAJA, n°43).Dans ce cas la jurisprudence
peut engager la responsabilité de L’administration.

B) L’étendue du pouvoir du juge dans le recours de plein


contentieux

Dans ce genre de recours, le juge dispose de tous les pouvoirs. Et il


ne se limite pas à annuler ou à valider une décision administrative,
mais également, il peut la réformer, voir lui en substituer une
nouvelle. De même, il peut annuler ou rectifier les clauses d’un
contrat administratif, déclarer l’administration responsable, et la
condamner à verser des dommages-intérêts, ou même l’autoriser à
prendre les mesures requises pour résoudre le litige. Dans ce sens,
le Tribunal Administratif statue sur les contentieux relatifs aux
contrats administratifs, à la responsabilité de l’administration pour
ses décisions administratives, ses actes illégaux, ou ceux relatifs
aux travaux publics, ou des dommages résultants de ses activités
dangereuses. Comme il statue sur les contentieux électoraux, où le
juge administratif peut rectifier les résultats des élections, suite à
leur annulation et recalcule.Ce recours est soumis au principe du
double degré de juridiction. Néanmoins, les contentieux, dans le
cadre de ce recours, ne peuvent pas tous faire l’objet d’un pourvoi
en cassation, car il n’est pas possible, à titre d’exemple, de saisir les
chambres de Cassation pour statuer sur le contentieux des résultats
des élections municipales, présidentielles et législatives, et
l’assemblée plénière est compétente pour statuer en appel sur les
jugements rendus par les chambres d’appel en tant que juge de
première instance dans cette matière.

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