Programme D'Action Mondiale Pour La Protection Du Milieu Marin Contre La Pollution Due Aux Activites Terrestres: Le Cas Du Senegal

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 51

PROGRAMME D’ACTION MONDIALE POUR LA

PROTECTION DU MILIEU MARIN CONTRE LA


POLLUTION DUE AUX ACTIVITES TERRESTRES :
LE CAS DU SENEGAL

Pr. Alioune KANE


Département de Géographie
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar
BP-5005, Dakar-Fann

Version du 16 juin 2014


SOMMAIRE

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES __________________________________________________________ 3

LISTE DES FIGURES ____________________________________________________________________________ 4

LISTE DES TABLEAUX _________________________________________________________________________ 4

RESUME _________________________________________________________________________________________ 5

INTRODUCTION ________________________________________________________________________________ 6

I. RECENSEMENT ET EVALUATION DES PROBLEMES _________________________________ 8

II. DEFINITION DES PRIORITES _________________________________________________________ 37

III. OBJECTIFS DE GESTION CONCERNANT LES PROBLEMES PRIORITAIRES _____ 43

IV. IDENTIFICATION, EVALUATION ET CHOIX DES STRATEGIES ET MESURES ___ 43

V. CRITERES PERMETTANT DE DETERMINER L'EFFICACITE DES STRATEGIES ET


DES MESURES __________________________________________________________________________ 46

VI. ELEMENTS D'APPUI AU PROGRAMME ______________________________________________ 47

BIBLIOGRAPHIE _____________________________________________________________________________ 48

TABLE DES MATIERES ______________________________________________________________________ 50

2
Liste des sigles et acronymes
ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
CCLME : Canary Current Large Marine Ecosystem
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
CNDD : Commission Nationale du Développement Durable
COV : Composés Organiques Volatiles
CRDI : Centre de Recherche en Développement International
CRODT : Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye
DPM : Domaine Publique Maritime
FAO : Food and Agriculture Organization of the United Nations
GES : Gaz à effet de serre
GIZC : Gestion Intégrée Des Zones Côtières
HAP : Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques
IAGU : Institut Africain de Gestion Urbaine
ICS : Industries Chimiques Du Sénégal
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
ISRA : Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
MTOA : Manufacture des tabacs de l'Ouest Africain
NSOA : Nouvelles Savonneries de l'Ouest Africain
NSQ : Nappe des Sables du Quaternaire
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONAS : Office National de l’Assainissement Du Sénégal
PAD : Port Autonome de Dakar
PAM : Programme Alimentaire mondial
PASDUNE : Programme d'Actions pour la Sauvegarde et le Développement des
Niayes et zones vertes de Dakar
PCB : Polychlorobiphényles
PCTI : Plan Climat territoire Intégré
PNUE : Programme des Nations Nnies pour l’Environnement
POLMAR : Plan National de Lutte contre la Pollution Marine
POP : Polluant Organique Persistant
SAF : Savonnerie Africaine Fakhry
SAR : Société Africaine de Raffinage
SDE : Sénégalaise Des Eaux
SOBOA Société des brasseries de l'Ouest africain
SONACOS : Société Nationale de Commercialisation des Semences
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
UICN : International Union for Conservation of Nature
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
VDN : Voie de Contournement Nord

3
Liste des figures
Figure 1 : Carte de situation géographique du Sénégal (ANDS, 2013) ------------------------------------------------------- 7
Figure 2 : Principaux sites de provenance de la pollution d’origine terrestre sur le littoral sénégalais ---------- 13
Figure 3 : Pollution par rejets directs d’effluents domestiques et industriels (DEEC, communication aux
journées scientifiques du littoral, UCAD, avril 2011) -------------------------------------------------------------------- 15
Figure 4 : Schéma de dépollution de la baie de Hann (DEEC, communication aux journées scientifiques du
littoral, UCAD, avril 2011) -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 19
Figure 5 : Découpage régional du littoral sénégalais ---------------------------------------------------------------------------- 21
Figure 6 : Vues de la décharge de Mbeubeuss ------------------------------------------------------------------------------------- 23

Liste des tableaux


Tableau 1 : Situation des taux d’accès à l’eau et à l’assainissement au Sénégal en 2014 ................................ 14
Tableau 2 : Rejets industriels dans la presqu’île du Cap-Vert ......................................................................... 25
Tableau 3 : Nombre de dépassement des normes de raccordement au réseau d’assainissement .................. 26
Tableau 4 : Taux de recul du trait de côte sur le littoral sénégalais (source : Faye, 2010) .............................. 30

4
Résumé
De nombreux pays connaissent des problèmes environnementaux parmi lesquels la pollution
marine due aux activités terrestres. C’est dans ce contexte que le CCLME (Canary Current
Large Marine Ecosystem) s’est engagé à réaliser un rapport dans les sept pays de sa zone
de couverture, à savoir le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, le Maroc, la
Mauritanie et le Sénégal. L’objectif est de recenser toutes les activités terrestres pouvant
constituer des sources de pollution côtière et marine et affecter ainsi la qualité de l’eau de
mer et des sédiments et procéder ainsi à une estimation des quantités rejetées.

Le littoral sénégalais, objet d’un fort enjeu économique et social, subit de multiples
agressions liées à un développement croissant d’activités socio-économiques (industrie,
tourisme, habitat, pêche) qui contribuent grandement à la pollution marine. La Baie de Hann
est un bel exemple d’illustration, elle est le réceptacle des rejets issus des constructions
navales du port de Dakar, des rejets urbains de la commune d’arrondissement de Hann-Bel-
air et de nombreuses autres industries.

Le CCLME s’est engagé dans un processus d’élaboration d’un programme national de lutte
contre la pollution marine liée aux activités terrestres pour apporter une réponse face à ce
péril.

Le présent rapport présente une évaluation de la pollution marine liées aux activités
terrestres sénégalaises. Il est construit à partir d’un inventaire des différents sites de
pollution sur le littoral du Sénégal depuis l’estuaire du fleuve Sénégal au nord jusqu’à
l’embouchure du fleuve Casamance à l’extrême sud du pays.

5
Introduction
La pollution des eaux marines est un phénomène observable à l’échelle mondiale. Le
Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), cité par le Service de
l’Observation et des statistiques du Commissariat général au Développement Durable
(France) dans son rapport paru en mai 2011, intitulé « Environnement littoral et marin »,
montre que plus de 80 % de la pollution marine sont d’origine terrestre. Cette pollution arrive
au milieu marin via les fleuves, par les vents et/ou par rejets directs (rejets industriels et
urbains). Les écosystèmes estuariens représentent les principales zones de transit des
polluants. 20 % de la pollution marine sont liés aux activités humaines en mer (fuites et/ou
rejet d’hydrocarbures, pertes de cargaison, immersion de déchets, etc.). En effet, les
accidents pétroliers constituent une des plus importantes sources de pollution marine.
Toutefois, selon l’International Tanker Owners Pollution Limited, « la moyenne annuelle
d’accidents de plus de 700 tonnes de pétrole est passé de 25 dans les années 1970, 9 dans
les années 1980, à 3,8 entre 2000 et 2004 » (PNUE-DEWA/GRID-Europe, 2006).

Le milieu marin et littoral sénégalais, est soumis à ces deux catégories de sources de
pollution marine. Les rejets industriels et urbains polluent fortement le littoral du Sénégal : la
baie de Hann en est une illustration. Les bateaux de pêche, de marchandises et/ou en
transit, bien présents dans les eaux sénégalaises représentent de potentielles sources de
pollution. D’ailleurs, l’échouement du bateau espagnol « Almadraba Uno » sur les rochers de
l’île des Madeleines en août 2013, a suscité beaucoup d’inquiétudes quant à la pollution des
eaux et ses menaces sur la biodiversité marine.

Le Sénégal est situé entre 12° et 17° de latitude nord et 11° et 18° de longitude ouest. Il est
limité au nord et nord-est par la Mauritanie, à l’est et au sud-est par le Mali, au sud par la
Guinée Bissau et la République de Guinée et à l’Ouest par l’océan atlantique (Figure 1).
Zone de Finistère ouest-africaine, le Sénégal dispose de 700 km de côtes avec des
paysages riches et variés. Son espace maritime, qui s’étend sur 198 000 km2, est très
productif en raison de l’upwelling côtier, des apports terrigènes mais également des
conditions climatiques favorables, notamment de température et d’insolation (CSE, 2005).

6
Figure 1 : Carte de situation géographique du Sénégal (ANDS, 2013)

Le recensement de la population sénégalaise (2013) effectuée par l’Agence Nationale de la


Statistique et de la Démographie estime le nombre d’habitants à 12 873 601 sur une
superficie de 196 712 km2. Le taux d’accroissement démographique annuel est de 2,7 %, et
les 58 % de la population ont moins de 20 ans (CSE, 2005). Sur le plan économique,
l’agriculture, l’élevage, l’industrie, la pèche et le tourisme, représentent les principaux
secteurs du tissu socio-économique sénégalais. Le taux de croissance moyen annuel du
produit intérieur brut (PIB) est de 5% pour la période 1995-2001 alors qu’il n’était que de
0,7% lors de la période 1991-1994. Le secteur agricole occupe 60% de la population
sénégalaise mais ne couvre que 52% des besoins alimentaire du pays, ce qui justifie
l’importance des importations (CSE, 2005). L’agriculture est très dépendante de la
pluviométrie alors que cette dernière est inégalement répartie sur l’ensemble du territoire
avec un fort gradient décroissant du sud au nord du pays. En 2001, la contribution des
secteurs primaire et secondaire au PIB est respectivement de 18,18 et de 20,6% (CSE,
2005). Le secteur tertiaire informel joue également un rôle important dans le tissu socio-
économique national.

7
I. Recensement et évaluation des problèmes
Le recensement et l'évaluation des problèmes constituent une démarche qui comporte
quatre éléments à déterminer : la nature et la gravité des problèmes, la modification du
milieu physique y compris la modification et la destruction des habitats, les sources de
dégradation et les zones géographiques suscitant des préoccupations (zones touchées ou
vulnérables).

I.1. Enjeux
Les enjeux de la lutte contre la pollution marine d’origine terrestre sont de divers ordres : la
sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté, l’hygiène publique, la protection des
ressources côtières et la salubrité des écosystèmes ainsi que les avantages et les
utilisations économiques et, socioculturelles.

I.1.1. Sécurité alimentaire et lutte contre la pauvreté


Selon le PCTI (Plan Climat Territoire Intégré)-Dakar (2013), bien que l'on associe souvent
agriculture et ruralité, il existe également une agriculture urbaine dynamique dans les
grandes villes d'Afrique de l'Ouest généralement localisées sur le littoral. La région de Dakar,
qui fait partie de la région écologique des Niayes caractérisée par des dépressions inter-
dunaires où affleure une nappe peu profonde, offre des conditions particulièrement
favorables au développement de l'agriculture. En effet, bien que les sols y soient en général
de texture sableuse, donc peu fertiles intrinsèquement, ils sont naturellement enrichis en
limons au moment des hivernages. S’ils sont correctement amendés en fumure organique et
bien irrigués, ils peuvent atteindre de très hauts niveaux de productivité par unité de surface.
Ainsi, la région de Dakar est encore une zone de production agricole importante du pays
malgré l’extension urbaine qu'a connu la presqu'île au cours des dernières décennies (96%
de la population est urbaine). L'agriculture urbaine se faufile dans différentes zones de Dakar
en tirant profit des espaces naturels difficilement constructibles encore disponibles sur la
presqu'île. La production agricole de la région est dominée par l'horticulture (maraîchage et
floriculture) et dans une moindre mesure par l'élevage. 3000 exploitations agricoles y sont
recensées, représentant notamment 30% de la production maraîchère du Sénégal et une
part significative de l'aviculture intensive (poulets de chair et poules pondeuses).

Des menaces pèsent également sur l'avenir de l'agriculture urbaine à Dakar. Un inquiétant
appauvrissement des sols et un difficile accès à l'eau ont été soulignés dans différentes
études (Ba, 2007 ; Cissé et Fall, 2001). La forte pollution et la salinisation de la nappe de la
zone des Niayes de Dakar, engendrées par la surexploitation, l’usage d’intrants chimiques et

8
l’absence de réseau d'assainissement, ont fortement déstabilisé le fonctionnement de
l'activité agricole en bouleversant les modes d'accès à l'eau. En réponse à cette situation, les
exploitants ont développé deux stratégies comportant toutes deux d’importantes limites,
souvent ils utilisent les eaux usées pour l'arrosage ou l'irrigation de leurs cultures. Ces
dernières ont l'avantage de contenir beaucoup de matières organiques. Cependant, cela
peut représenter une nuisance car la présence de matières en suspension, de germes
pathogènes et de coagulants risquent de compromettre l'activité agricole par le colmatage
des sols et par le développement de maladies pouvant affecter les producteurs et les
consommateurs. Ainsi, le fait marquant de l’agriculture urbaine dans la région de Dakar, est
la forte utilisation de pesticides et d'engrais chimiques pour augmenter les rendements et
répondre à la demande du marché national. L'utilisation de ces produits a été telle que
certains parasites commencent à développer des résistances. En réponse à ces
mécanismes de résistance, les producteurs multiplient les doses et les fréquences
d'utilisation. Ces pratiques peuvent, à moyen et long terme, entraîner une dégradation et un
appauvrissement des sols ; ce qui affecterait considérablement et négativement cet
important secteur de développement économique.

I.1.2. Hygiène publique


La presqu’île de Dakar héberge deux nappes phréatiques qui s’étendent sur 300 km 2 : la
nappe infra-basaltique, captive, reposant sur les formations volcaniques des Mamelles, et la
nappe des Sables du Quaternaire (NSQ), nappe libre parfois affleurante, reposant sur une
couche de roches marneuses définissant ainsi sa profondeur.

Selon Henry (1921), le niveau piézométrique de la nappe des sables quaternaires baisse
depuis 1883. Les prélèvements pour l’eau potable n’ont donc fait qu’accentuer le
phénomène. Dans les années 1930, le captage des eaux de la NSQ fournissait un débit de
3 000 m3/j qui fut porté à 24 000 m3/j en 1949 (Martin, 1970) ; ce qui provoqua une intrusion
saline dans les captages proches de la mer.

On définit classiquement l’assainissement comme une démarche visant l’amélioration


sanitaire globale de l’environnement urbain par la collecte et le traitement des déchets
liquides, solides et des excréments avant l’évacuation des effluents traités vers le milieu
naturel. Force est de constater que la réalisation de chacune de ces différentes
fonctionnalités pose problème au Sénégal, particulièrement pour les déchets urbains liquides
et les excréments. Sur l’ensemble de la conurbation de Dakar, seule une petite partie située
dans le centre-ville est drainée par un réseau d’égouts et de collecteurs. Le reste de l’espace
urbain et tout particulièrement les banlieues (départements de Pikine, Guédiawaye) n’est
doté d’aucune structure collective d’assainissement et dépend donc, pour la collecte et le

9
traitement, des moyens existants de gestion des boues de vidanges. Mais comme le
soulignait l’ONAS en introduction du colloque organisé par lui en 2009 sur cette même
gestion : « Le paradigme actuel qui oppose l’assainissement autonome (par latrines et
fosses septiques) à l’assainissement collectif (par réseaux d’égout) conduit à une impasse et
limite considérablement le développement du secteur » (Mbéguéré et al, 2011). En effet,
aucune de ces options technologiques ne permet de ni résoudre la question du traitement
des boues de vidange, ni exclure les pollutions massives qu’elles peuvent engendrer.
« Lorsque le contenu d’une fosse septique est malencontreusement déversée dans la
concession, la rue, en pleine nature ou dans des champs de cultures, les risques pour la
santé publique sont bien plus élevés que ceux liés aux déversements d’eaux usées
urbaines. Cette forme d’assainissement ne peut être qualifiée d’assainissement autonome.
Un litre de boues de vidange correspond en effet à 50 – 100 litres d’eaux usées et un camion
de vidange de 5 m3 déversé en pleine nature est l’équivalent d’une population de 5 000
habitants déféquant à l’air libre » (Ibid).

De nombreux rapports soulignent déjà que la gestion des déchets ménagers est un défi
majeur pour les municipalités sénégalaises qui sont confrontées à une forte croissance
démographique doublée d’une concentration des populations en milieu urbain. Cette
croissance urbaine, qu’on estime considérable dans les décennies à venir, se complique par
une évolution des modes de consommation, qui se traduit par une augmentation des
volumes de déchets, et par une proportion croissante de plastiques (Valentin 2010).
Cependant, aucune des étapes de la gestion des déchets -depuis le ramassage jusqu’au
traitement- n’est actuellement inscrite dans aucune perspective systémique et donc durable.

I.1.3. Ressources côtières et marines et salubrité des écosystèmes


Les franges côtières accueillent 90% des productions halieutiques mondiales, environ 25%
de la production biologique globale et sur les 13 200 espèces connues de poissons de mer,
plus de 80% sont côtières (Sain et al.2002) cité par Quensière (2006). La biomasse totale
des poissons pélagiques côtiers ciblés (Sardinella aurita, Sardinella maderensis, trachurus
trecae, Decaptherus Rhonchus et Scomber japonicus) a été estimée à 929 000 t dont 50 %
de sardinelles, principalement concentrées au sud de 14°00 N (Fall, 2013).
Les exemples de surexploitation concernent d’abord la pêche. On sait que plus de 90% de la
pêche mondiale s’effectue dans les eaux côtières dont la superficie ne dépasse pas 7% de
l’étendue totale des mers. On s’accorde aujourd’hui à considérer que de nombreux stocks
ouest africains sont pleinement exploités voire surexploités. Des études portant sur différents
stocks des communautés à Scianidés (Guinée et Sénégal) (Sidibé et al. 2003), des
communautés à Sparidés (Sénégal) (Gascuel et al. 2003 ; Laurans et al 2004) et des

10
langoustes profondes au Cap Vert (Medina et al. 2003) constituent autant d’indices récents
montrant tous une diminution très significative de l’abondance des ressources démersales
ouest-africaines. Cette diminution est particulièrement forte au Sénégal où par exemple la
biomasse de mérou est actuellement réduite de 90% (Gascuel et al., 2003).

Des études rétrospectives, effectuées sur la cinétique sédimentaire de la baie de Hann sur la
période 1954-1997, montrent un recul du trait de côte d’environ 77cm par an, mais avec des
variations dans le temps et dans l’espace. L’érosion aurait ralenti au cours des dernières
décennies, entre 1978 et 1997. On constate également que l’érosion est limitée jusqu’à
Mbatal puis augmente de manière importante pour atteindre des maximums à Grand Mbao,
au Cap des Biches et Rufisque. Au Sénégal, les phénomènes de recul du trait de côte sont
signalés sur pratiquement tout le littoral de Saint-Louis à Joal en passant par de nombreux
sites de la région de Dakar avec des reculs variant entre 2 et 8 m par an. Les causes sont
connues : « ce sont les prélèvements de sable et autres sédiments sur les plages par
exemple à Mbao et à Mbeubeuss, […], aux Parcelles Assainies, Golf, Guediawaye, Cap des
Biches, […], etc. Ce sont aussi les constructions de bâtiments sur les plages et d’ouvrages
perpendiculaires au rivage […] l’examen de photographies aériennes montrent au niveau
des chenaux d’alimentation de l’usine ICS à Mbao et de la centrale thermique du Cap des
Biches, mais aussi au niveau de l’épi de Nianning, une situation d’érosion intense ». Ces
constats, effectués par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 2010,
lors d’une expertise sur l’état des côtes de la région ouest africaine en général et de la région
de Dakar en particulier, mettaient en évidence le coût déjà exorbitant des mesures prises
pour compenser le laisser faire en matière de construction, de prélèvements de sable et de
coupes des forêts de filaos qui jouent le rôle de protection des dunes littorales contre
l’érosion.

On sait que partout dans le monde, une importante population humaine s’installe sur la
bordure maritime pour profiter de ses ressources. D’après les estimations des Nations Unies,
60% de la population mondiale du début des années 1990 vivaient à moins de cinquante
kilomètres des côtes. On en prévoit 75% en 2025 soit une croissance de 1,5 par an, ce qui
dépassera de près d’un milliard la population actuellement concernée (PNUE/PAM/PAP,
1999). Ainsi, certains milieux littoraux comme les récifs coralliens sont producteurs de
services environnementaux essentiels à près de 500 millions d’individus (UNESCO, 2008).
90% des protéines animales consommées dans les îles du Pacifique sont d’origine marine.
Plus généralement, pour un nombre important de pays du Sud, l’essentiel du mieux-être
économique et social est issu de l’exploitation des richesses littorales et côtières. C’est le
cas du Sénégal où les principaux secteurs d’activité économique sont désormais basés sur
l’exploitation de ces richesses naturelles. Néanmoins, pour ce pays, comme pour l’ensemble

11
de la région ouest africaine, cette valorisation a été aussi tardive que brutale. Alors qu’à la fin
des années 1980 il était encore légitime de penser et d’écrire qu’à l’instar des sociétés ouest
africaines « on ne peut pas dire que les sénégalais soient un peuple tourné vers la mer »
(Bâ, 1993). Force est de constater, moins de quarante ans plus tard, l’ouverture des
marchés d’exportation des produits de la pêche, le développement du tourisme, l’explosion
de l’immobilier littoral, l’extension considérable des espaces urbanisés côtiers. Autant
d’évènements qui font que désormais les bordures maritimes sénégalaises sont le principal
théâtre du développement économique et social national.

I.1.4. Avantages et utilisations économiques et socioculturelles


Le littoral du Sénégal présente une zone stratégique de développement. Les activités
touristiques et de pêche occupent une place importante dans l’économie nationale. Les
écosystèmes de mangrove de la lagune de la Somone, du delta du Saloum et de la
Casamance entretiennent une grande richesse en biodiversité. Ils régulent la qualité des
eaux côtières et offrent des conditions favorables pour la reproduction et le développement
de ressources halieutiques. Toutefois, la dégradation des mangroves, liée à la sursalinisation
et à l’assèchement, et leur substitution par les tannes, notamment dans le delta du Saloum,
menacent la diversité biologique qui s’y développe et le bon état écologique de l’ensemble
de l’écosystème. Il faut souligner également que les communautés côtières entretiennent
des rapports assez particuliers avec ces écosystèmes. Certaines communautés y pratiquent
des rites qui remontent d’ailleurs depuis des générations. Ainsi, cette composante
socioculturelle doit être prise en compte dans les politiques d’aménagement et de gestion
intégrée des zones côtières (GIZC).

I.2. Nature et gravité des problèmes


Les sources de pollution marine d’origine terrestre au Sénégal sont multiples (Figure 2).
Nous pouvons retenir entre autres les industries (Baie de Hann), le port autonome de Dakar,
l’utilisation des pesticides (Niayes et Estuaire du Sénégal), les égouts qui font des rejets
directs en mer sans aucun traitement (Région de Dakar principalement). Les espèces
marines sont particulièrement sensibles à cette pollution d’origine terrestre.

12
Estuaire du
Sénégal

Ecosystème des
Niayes

Lagunes de
Somone,
Mbodiène, Joal

Delta du Saloum

Estuaire de la
Casamance

Figure 2 : Principaux sites de provenance de la pollution d’origine terrestre sur le


littoral sénégalais

I.2.1. Contaminants
Le littoral sénégalais connait plusieurs sources de contaminants qui sont à l’origine des
problèmes environnementaux.

I.2.1.1. Eaux usées


Selon le GESAMP (2001a) cité par le PNUE (GEO 3) « à l’échelle mondiale, les rejets
d’eaux usées restent la principale source de contamination, en volume de l’environnement
marin et côtier ». Ces rejets le long des côtes ont considérablement augmenté au cours de
ces dernières décennies en raison de la forte concentration des populations sur le littoral et
de la forte demande en eau dans les agglomérations.

Des stratégies industrielles agressives, observées dans beaucoup de pays côtiers, et une
urbanisation galopante, entraînent des niveaux alarmants de pollution qui menacent très
sérieusement les écosystèmes marins et côtiers (Cicin Sain et al, 2002). Actuellement,
aucun traitement n’est porté aux effluents urbains ouest-africains. Une situation similaire est

13
observée au Sénégal où les eaux usées, en particulier en milieu urbain côtier, apparaissent
comme le parent pauvre des politiques et stratégies de gestion des eaux. Ainsi, des
performances remarquables ont été réalisées par le Gouvernement du Sénégal pour l’accès
à l’eau potable permettant d’atteindre les OMD plus d’un an avant l’échéance. Mais pour ce
qui est de l’assainissement les scores restent encore très faibles en milieu urbain comme en
milieu rural (Tableau 1) d’après le rapport de la 8e revue annuelle conjointe du PEPAM
(2014).

Tableau 1 : Situation des taux d’accès à l’eau et à l’assainissement au Sénégal en


2014

Rubrique Milieu urbain Milieu rural Taux global

Accès à l’eau 98% 84,1% 90,4%

Accès à l’assainissement 61,7% 38,7% 49,1%

Source : PEPAM, 2014

D’après un rapport du Groupement SGI/Cabinet Merlin/EDE (2010), le système


d’assainissement des départements de Dakar, Guédiawaye et Pikine est se décompose en
trois (03) grandes zones. La zone de la "Corniche Ouest" est caractérisée par un réseau
d’assainissement qui rejette directement en mer les effluents collectés, soit sans aucun
traitement, soit après un dégrillage. La deuxième zone est desservie par un ensemble de
réseaux aboutissant à la station d'épuration de Cambérène d’une capacité de 200 000
équivalents-habitants. Cette zone s'étend de Ngor à l'Ouest jusqu'à la Grande Niaye à l'Est
(commune de Pikine Nord), elle se prolonge vers le Sud avec la commune de Hann Bel Air,
à l’exception de la baie de Hann. La troisième zone correspond au Département de Pikine
qui n'est desservi par aucun réseau d'assainissement ; elle dispose généralement de
dispositifs d'assainissement autonome ou, plus rarement, semi-collectif.

Au total, on dénombre dans la presqu’île du Cap Vert un ensemble de réseaux


d'assainissement d'eaux usées représentant un linéaire de 608 km de canalisations
gravitaires (diamètres de 150 à 1600 mm), 44 stations de pompage et 48 km de
canalisations de refoulement. Parmi ces 44 stations de pompage d’eaux usées, 12 rejettent
directement ou indirectement en mer par le biais des stations de l’Université et de
Soumbédioune. A la station d’épuration de Cambérène est connectée 27 stations de
pompage tandis qu’une seule est reliée à la station d’épuration des Niayes. Les stations de
pompage d’eaux pluviales rejettent généralement leurs eaux sur la côte dakaroise au niveau
de Thiaroye, Hann Bel Air, Guédiawaye (ONAS, 2013).

14
Pollution, par des rejets directs au milieu naturel…

Pollution d’origine industrielle, ou urbains domestiques….

Figure 3 : Pollution par rejets directs d’effluents domestiques et industriels


(DEEC, communication aux journées scientifiques du littoral, UCAD, avril 2011)

Les rejets industriels (colorant, ammoniaque, métaux lours, etc.), la charge organique
importante et les fortes concentrations en coliformes et en streptocoques fécaux, comme
celles observées dans la baie de Hann à Dakar (Bouvy & Arfy, 2004), constituent des
sources de pollutions notables. Ces pollutions rendant les eaux côtières impropres à la
baignade et à la commercialisation de produits issus de la mer.

I.2.1.2. Polluants organiques persistants et éléments radioactifs


Les polluants organiques persistants (POPs) sont issus de nombreux secteurs de
développement économique comme l’industrie et l’agriculture. L’Agence de l’Environnement
et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) a établi une liste de POPs suivant trois catégories :
 Production non-intentionnelle : Dioxine, furannes, hydrocarbures polycycliques
aromatiques (HAPs), etc ;
 Produits chimiques industriels: Polychlorobiphényles (PCBs),
Hexachlorocyclohexane (HCH), Hexachlorobenzène (HCB) ;
 Pesticides : Fongicides (Hexachlorobenzène (HCB), Endrine, ect.) et insecticides
(Chlordane, Chlordécone, ect.).
Ces substances toxiques ont des effets nuisibles sur l’environnement et sur la santé
humaine. Leur accumulation dans les organismes vivants et dans les habitats naturels
représente donc une problématique majeure pour les scientifiques et les gestionnaires de

15
l’environnement. Les POPs sont véhiculées par l’air, l’eau et/ou par les espèces migratrices.
Du fait de leurs propriétés (bioaccumulation, persistance dans l’environnement, transportable
sur de très longue distance), toute la chaine alimentaire ainsi que les environnements
sédimentaires littoraux, qui représentent des milieux récepteurs, sont donc susceptibles
d’être contaminés par ces substances, même s’ils se situent au-delà des frontières de leurs
lieux d’émission. Au regard de cette classification et des sources potentielles, le littoral
sénégalais semble être à l’abri de cet type de pollution.

En 2002, le Sénégal a ratifié plusieurs conventions internationales relatives aux produits


chimiques. Il s’est doté également de textes nationaux pour les prendre en compte dans son
droit positif et renforcer son arsenal juridique en la matière. L’arrêté primatoral n°09415 du
06 novembre 2008 interdit l’importation, la production et l’utilisation des pesticides et des
produits chimiques visés par la Convention de Stockholm sur les POPs (CNDD, 2009).

Toutefois, l’utilisation, souvent incontrôlée, de certains pesticides dans les activités


maraîchères dans la zone des Niayes et du delta du fleuve Sénégal, peut, à moyen et long
terme constituer une menace pour l’écosystème et les consommateurs. Les systèmes
estuariens et deltaïques du littoral sénégalais peuvent également, du fait des propriétés
particulières des POPs (persistance, bioaccumulation, transport sur de longues distances et
présence au-delà de leurs lieux d’émission) sont donc susceptibles d’être des milieux
récepteurs. Ces substances peuvent être transportées par les courants marins et intégrer le
réseau trophique côtier et ou s’accumuler dans les sédiments silteux et argileux des
systèmes estuariens et deltaïque du littoral sénégalais. Une analyse de quelques carottes
sédimentaires et/ou sur des poissons permettrait de conclure sur la présence des POPs sur
le littoral du Sénégal.

L’étude réalisée au Sénégal par la Direction de l’Environnement et des Etablissements


classés en mars 2003, intitulée « Inventaire national des polychlorobyphenyles (PCB) » a
conclu que les quantités de PCB trouvées dans les sites cibles sont très faibles. Toutefois,
une attention particulière doit être accordée aux transformateurs de Hann et de la centrale
C3 de la Cap des Biches car ils en contiennent et sont situés dans le secteur du littoral.

Nous pouvons souligner également que le gouvernement du Sénégal a pris des mesures
réglementaires notamment dans l’article 44 du Code de l’Environnement pour contrôler les
substances chimiques toxiques et radioactives. L’article stipule que « les substances
chimiques nocives et dangereuses qui, en raison de leur toxicité, de leur radioactivité, de leur
pouvoir de destruction dans l’environnement ou de leur concentration dans les chaînes
biologiques, présentent ou sont susceptibles de présenter un danger pour l’homme, le milieu
naturel ou son environnement lorsqu’elles sont produites, importées sur le territoire national

16
ou évacuées dans le milieu, sont soumises au contrôle et à la surveillance des services
compétents ». Il existe également des documents et des plans qui présentent le diagnostic
sur l’état de la pollution au Sénégal et des textes réglementaires adoptés. Nous pouvons
citer le Plan national de lutte contre la pollution marine (Plan POLMAR) et le Profil National
sur La Gestion Des Polluants Organiques Persistants au Sénégal (POPs).

I.2.1.3. Métaux lourds


La présence des métaux lourds dans le milieu littoral sénégalais représente une menace sur
la diversité biologique et la santé humaine. Les micropolluants inorganiques comme les
métaux lourds (mercure, cadmium, plomb), les micropolluants d’origine industrielle sont les
agents responsables de la contamination. Ils peuvent être issus de rejets urbains et
industriels et leur complexité avec les sédiments silteux et argileux, riche en matière
organique, favorise leur préservation dans les environnements sédimentaires du littoral. Le
littoral de la Presqu’île du Cap-vert (la baie de Hann par exemple) est le plus exposé à ce
type de pollution du fait de l’importance des activités industrielles et de la présence du port
de Dakar. Les travaux de Ndiaye (2007) ont mis en évidence la présence de Plomb, de
Mercure, de Cadmium et d’Arsenic dans les sédiments marins du Port Autonome de Dakar.

L’incinération de métaux ou de matériels à forte teneur en métaux (en particulier plomb,


mercure et cadmium) peut également conduire au rejet de métaux dans l’environnement.
Les métaux s’accumulent également dans la chaine alimentaire et sont source de danger
potentiel et de risques pour la santé, notamment pour les enfants en bas âge. A titre
d’illustration, un rapport de l’OMS (2008) signale une série de décès inexpliqués d’enfants
dans le quartier de Ngagne Diaw, à Thiaroye sur Mer. Des enquêtes réalisées par les
autorités sanitaires et environnementales ont révélé une forte contamination consécutive au
recyclage informel de batteries au plomb. Des analyses réalisées sur l’entourage des enfants
décédés (81 personnes dont 50 enfants) ont montré que ces derniers présentaient une très
forte plombémie, supérieure bien souvent à 1000 μg/l. Au total, 41 enfants présentant des
risques élevés ont reçu un traitement chélateur d’urgence pour réduire leurs concentrations
de plomb dans le sang. (Maherou, 2012). De même, le le Ministère en charge de
l’Environnement a procédé à l’enlèvement de 300 tonnes de déchets provenant de batteries
usagées et de sol contaminé.

Les déchets stockés au niveau de la décharge de Mbeubeuss, constituent également une


source de pollution importante des nappes phréatiques côtières aux métaux lourds, surtout
pendant la saison des pluies. Depuis 1970, l’essentiel des déchets de la région de Dakar est
déversé dans cette décharge de Mbeubeuss, située à environ 30 km de Dakar: c’est un
immense dépotoir d’ordures ménagères, des commerces, des entreprises et des industries

17
de la capitale. La quantité d’ordures déversées, par jour, dans cette fameuse décharge, à
ciel ouvert, est de l’ordre de 900 tonnes chaque jour, selon l’Institut Africain pour la Gestion
Urbaine (IAGU cité par Ndao, 2012).

I.2.1.4. Hydrocarbures
La perturbation de l'équilibre des écosystèmes littoraux est souvent liée aux activités qui y
sont développées comme par exemple le transport d’hydrocarbures. Le déversement,
volontaire et/ou involontaire, de produits pétroliers constitue la principale source de pollution
aux hydrocarbures du milieu littoral. Le benzène, le toluène et le xylène, aromatiques
contenus dans le pétrole brut, sont très toxiques (Ndiaye, 2007) et sont de ce fait nuisibles à
la faune marine et côtière. L’auteur a observé des nappes d’hydrocarbures au niveau du port
de Dakar. Du fait de leur dispersion et leur transport par les courants marins, ces nappes
représentent une menace réelle sur la qualité biologique, écologique et sur la qualité des
eaux dans la baie de Hann, l’anse de Dakar, l’île de Gorée, etc.

A cause de sa position géographique favorable, le port de Dakar est une zone de trafic
(transbordement, transit, conteneurs) très importante. La ville de Dakar est située sur la
pointe la plus avancée de la côte ouest africaine, donnant ainsi à son port une position
géographique stratégique. Le port de Dakar se trouve à l’intersection des principales lignes
maritimes entre l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique Latine et le continent africain. Ceci
permet aux navires venant du nord de gagner 2 à 3 jours de navigation par rapport aux
autres ports de la sous-région et favorise les trafics concurrentiels de transbordement et de
transit sur les pays de l’hinterland comme le Mali. Le Port Autonome de Dakar (PAD) est le
troisième port de l’Afrique de l’Ouest en tonnage derrière Abidjan et Lagos. Ainsi pour
conserver cette place, le PAD vient d’augmenter sa capacité d’accueil. Il a ainsi dragué le
chenal extérieur de la bouée 12 à la passe d’entrée à -13,5 mètres par rapport au zéro
hydrographique (www.walf-groupe.com/actualites).

La contamination aux hydrocarbures peut aussi être liée au largage des eaux de vidange
des bateaux, à l’antifouling1 (Sossa, 2008), au transbordement de pétrole, à la présence de
pipelines et la maintenance des bateaux dans la zone portuaire. Environ 100 Millions de
tonnes d’hydrocarbures, celles présentes dans les soutes des navires, transitent chaque
année le long des côtes sénégalaises (Gueye, 2012). Le trafic malien en hydrocarbures est
passé de 51643 à 88423 tonnes entre 2009 et 2012 (PAD, 2012).

Les zones de Mbao, Hann, le Port et la Baie de Soumbédioune présente une pollution
importante aux hydrocarbures qui a été révélée par l’analyse des eaux, des moules, et des

1
Peinture antisalissure utilisée pour les coques des bateaux

18
sédimentes prélevés dans ces zones. En effet, ces analyses indiquent une augmentation de
la teneur en hydrocarbures entre 2004 et 2007. Au port de Dakar, les valeurs trouvées sont
respectivement de 42,7 μg/kg et 2824,07 μg/kg. La concentration en hydrocarbures dans les
zones de Mbao, Hann, du Port et Soumbédioune suit une évolution croissante.

Si la baie de Soumbédioune est le réceptacle des rejets urbains du Canal Ouest (canal 4)
qui draine les eaux d’une bonne partie de la capitale, à Mbao et Hann, ce sont les industries
qui sont mises en cause dans l’accumulation des hydrocarbures. Cette pollution laisse planer
des risques sanitaires sur les usagers de la mer et les populations, d’autant plus que les
moules consommées à grande échelle et qui ont une fonction de filtre, ont des taux de
concentration en hydrocarbures supérieurs à la normale (Ndiaye, 20122). D’ailleurs pour la
baie de Hann, un schéma de dépollution (Figure 4) est prévu et à même reçu un accord de
financement de partenaires au développement.

Figure 4 : Schéma de dépollution de la baie de Hann (DEEC, communication aux


journées scientifiques du littoral, UCAD, avril 2011)

2
www.lesoleil.sn

19
I.2.1.5. Nutriments
Toujours selon le PNUE (GEO 3), l’introduction de nutriments dans les eaux marines et
côtières est une grande préoccupation. Le déversement de composés azotés dans les
océans a considérablement augmenté. Les rejets d’eaux usées sont souvent la principale
source locale de ces composés au voisinage des agglomérations. Mais les rejets agricoles et
les dépôts atmosphériques y contribuent également. Dans certaines zones côtières, les
apports azotés anthropogéniques proviennent surtout de l’atmosphère, c’est-à-dire
principalement des émissions d’automobiles et de l’industrie. Ils devraient donc augmenter
avec l’industrialisation et l’utilisation massive des transports.

I.2.1.6. Mise en mouvement des sédiments


Le littoral du Sénégal peut être présenté suivant deux types d’environnement sédimentaire
avec des conditions différentes mais liées (Figure 5) :

- Le milieu ouvert : il est constitué par les plages, les flèches littorales et les corps
sédimentaires de flot et/ou de jusant, visibles à marée basse au niveau des
embouchures du fleuve Sénégal, du Saloum, de la Somone, etc. Le faciès
sédimentaire y est principalement sableux. Les houles, les courants de dérive et les
courants de marée sont les principaux facteurs qui gouvernent la dynamique des
sédiments et leur redistribution dans le système ;

- Le milieu interne : ce milieu sédimentaire est le domaine des vasières et des


mangroves. On le retrouve principalement sur le littoral de la Petite Côte et en
Casamance, contrairement à la Grande Côte où ces unités morpho sédimentaires et
écologiques sont en situation de relique. Le faciès sédimentaire est dominé par les
silts et les argiles. Par contre, au niveau des tannes, les sédiments sont globalement
sableux. Le vent et les courants de marée sont les facteurs qui entraînent la
dynamique des sédiments au sein de ces systèmes (Sakho et al, 2011).

20
Figure 5 : Découpage régional du littoral sénégalais

La contamination des sédiments marins est une problématique majeure qui mérite une
attention particulière. Les opérations de dragages dans le port peuvent remettre en
suspension des sédiments contaminés et toxiques et donc altérer la qualité des eaux et
compromettre le bon état écologique des systèmes côtiers. L’absence de données récentes
sur la bathymétrie et la sédimentation côtière et maritime pose un réel problème d’analyse
de cette problématique hautement importante.

21
I.2.1.7. Détritus
D’après les travaux de Rouyat et al (2006) le taux de collecte des déchets dans les villes du
Sénégal est de 35% et se situe donc dans la moyenne des villes au sud du Sahara. Selon
Rouyat, Broutin et al, (2006) « D’une manière générale, les engins mécaniques sont surtout
utilisés dans les quartiers centraux des communes […]. Ainsi, les deux tiers des habitants
des communes étudiées ne bénéficieraient d’aucun service d’évacuation des déchets ». A la
périphérie, les usagers développent des solutions de substitution. On y observe
fréquemment les services d’opérateurs de pré-collecte qui drainent les déchets vers des
dépôts intermédiaires car, ils ne peuvent être acheminés vers les véritables décharges que
par la municipalité grâce aux moyens mécaniques dont elle dispose. Cette étape est souvent
défaillante : soit que les zones de dépôts intermédiaires ne soient pas identifiées, soit
qu’elles ne sont pas régulièrement vidées. Rouyat, Broutin et al. (2006) ont montré que :
« Face à cette situation, les usagers ont recours à l’incinération ou l’enfouissement au niveau
de la concession, ou à l’évacuation dans des dépotoirs sauvages situés sur la voie publique
ou sur des terrains vagues ». Dans les communes de Thiès et de Mbour, les maraîchers
achètent même le contenu des camions comme intrant de compostage. Ces pratiques
posent des problèmes de santé publique et de dégradation de l’environnement. Pourtant
elles sont interdites par le décret réglementant l’évacuation et le dépôt des ordures
ménagères.

D’une façon générale, les décharges ne sont pas conformes à la réglementation. Elles n’ont
pas de fonds imperméabilisés pour éviter la contamination des sols et des nappes. Elles ne
sont pas isolées, ni sécurisées. Les personnes peuvent y venir récupérer des objets et les
animaux en liberté viennent y chercher de la nourriture. Elles ne sont pas recouvertes et les
ordures qu’on y dépose sont emportées par le vent et dispersées dans la campagne
environnante. Elles sont également une source non négligeable d’émissions de gaz à effet
de serre (GES).

Le summum de la non-conformité aux règles élémentaires de prudence et de la préservation


environnementale est représenté par la décharge de Mbeubeuss (Figure 6) installée en
périphérie de la région de Dakar, directement dans la nappe, puisque Mbeubeuss est le nom
du lac dont elle occupe désormais le fond. Ouverte depuis 1968 sans aucun aménagement
préalable, la décharge de Mbeubeuss occupe aujourd’hui 75 ha et accueille chaque jour
1300 à 2000 tonnes de détritus déversés pêle-mêle sans aucun tri ni aucun traitement
préalable. La hauteur totale des dépôts a atteint 25 mètres de hauteur, soit près de 20
millions de mètres cube en 40 ans. Cette décharge pose la problématique de la
contamination de la nappe ou du milieu ambiant à travers les rejets atmosphériques,
biologiques, bactériologiques, la dispersion de métaux lourds, d’hydrocarbures et d’autres

22
substances hautement toxiques liée aux activités de recyclage (Figure 6). Les résultats des
analyses réalisées sont inquiétants (IAGU, 2012 ; Diawara, 2009) puisque la totalité des
puits d’eau de boisson de Malika sont contaminés par les métaux lourds.

http://www.lequotidien.sn

© Julien Gérard

http://www.freresdeshommes.org

Figure 6 : Vues de la décharge de Mbeubeuss

I.2.2. Modification du milieu physique


L’altération des écosystèmes du littoral sénégalais se présente sous des formes diverses.
Sur la Petite Côte et en Casamance par exemple, les modifications du milieu physique sont
observables sur l’écosystème de mangrove. La dégradation de cette forêt tropicale, est due
aux effets combinés des sécheresses des années 1970-1980 et des activités anthropiques à
travers les diverses formes d’usages du bois de palétuviers. Le développement des tannes
(surfaces stériles et salées) au dépend de la mangrove est le signe d’un milieu en profonde
mutation. La zone de Foundiougne en est un bon exemple. Une étude récente, effectuée sur
les mangroves de la lagune de la Somone (Sakho et al., 2011), montre que l’évolution des

23
vasières, précédemment occupées par des palétuviers, en tanne n’est possible que si les
conditions d’immersion biquotidienne par la marée ne sont plus présentes.

L’estuaire du fleuve Sénégal est marqué, depuis la mise en place du barrage de Diama, par
un fonctionnement hydrologique exclusivement sous contrôle tidal. Le principe du mélange
eau douce/eau salée, qui définit le système estuarien, n’est plus considéré dans l’estuaire du
fleuve Sénégal. Cette situation a entraîné des modifications importantes sur le milieu
physique : salinisation des nappes côtières et dégradation des terres agricoles, notamment
dans la zone du Gandiolais. L’activité agricole, jadis très développée dans la zone, est
depuis totalement compromise. Toutefois, aujourd’hui, des projets sont mis place pour
alimenter cette zone en eau douce à partir du fleuve Sénégal.

I.2.3. Sources de dégradation de l’environnement littoral


Les sources de dégradation de l’environnement littoral sont ponctuelles ou diffuses ou alors
liées à la présence de dépôts atmosphériques. La gravité de leurs impacts est généralement
liée à la plus ou moins grande proximité avec la zone côtière.

I.2.3.1. Sources ponctuelles

I.2.3.1. 1. Installation d’épuration des eaux usées


On sait que le traitement des boues de vidanges pose problème puisque dans la situation la
plus classique (réseau de collecteur, acheminement et traitement par une station) comme
c’est le cas pour la station de Cambérène, 21,8% des eaux étaient by-passées (non traitées)
et 34,9% de ces eaux ne subissaient qu’un traitement primaire en 2008 (Bassan et al.,
2011). La solution qui consiste à remplacer un réseau d’égouts par des cuves individuelles
régulièrement collectées par des citernes est réputée - sur un plan financier - coûté deux fois
moins cher. Sur le plan environnemental, le coût est incomparablement plus élevé puisqu’il
est responsable à la fois de l’impossibilité actuelle d’exploiter la nappe des sables
quaternaires, impossibilité qui est à l’origine des inondations chroniques. Dans la zone des
Niayes, les eaux rejetées sont utilisées directement par les maraichers voisins de la station
d’épuration de Cambérène.

I.2.3.1.2. Installations industrielles


Plusieurs installations industrielles de la région de Dakar sont source de dégradation de
l’environnement côtier et marin.

La cimenterie de Dakar, basée à Rufisque produit près de 6 000 tonnes de ciment par jour.
Depuis 60 ans, elle dépose sur la zone des particules de dérivé de ciment qui selon les vents
s’étendent sur le littoral, la ville de Rufisque ou les zones agricoles et pastorales alentour. Un

24
projet de traitement des émissions est actuellement en cour de réalisation (2013). Les rejets
directs de déchets industriels sur le littoral de Mboro, opérés par les industries chimiques du
Sénégal (ICS) représentent une menace réelle sur la biodiversité marine, la qualité du milieu
physique et sur la santé de la population.

Sur le littoral de la Petite-côte, la baie de Hann est l’un des principaux réceptacles des
déchets industriels généralement rejetés sans traitement approprié dans le milieu marin. Il
s’agit d’une pollution chimique (colorants minéraux, arsenic, hydrocarbures, acides, etc.) et
même parfois physique avec le rejet d’eaux chaudes en mer par certaines industries.
D’après la DEEC, environ 66% des rejets liquides des industries sénégalaises estimés à
41 000 m³ par unité industrielle, aboutissent en mer.

Les rejets de la SAR (Société Africaine de Raffinage) sise à Mbao contiennent d’importantes
quantités de sels minéraux et de déversements liquides provenant de la turbine à vapeur et
du nettoyage des conduites. Les ICS produisent des déchets solides, liquides mais gazeux
liés à la fabrication des engrais NPK, des acides sulfuriques et phosphoriques. En effet, l’eau
de mer utilisée pour récupérer l’ammoniaque, le fluor et les autres gaz est indirectement
déversée en mer avec de fortes températures.

Les industries textiles quant à elles, émettent des effluents contenant de la teinture chimique
favorable à la prolifération des algues tandis que les industries de pêche envoient en mer de
l’eau de lavage chargée de sang et de matières solides.

Enfin les études océanographiques ont montré que beaucoup de polluants proviennent
essentiellement des effluents non traités d’unités industrielles comme la SONACOS, la SAF,
la NSOA, la MTOA et la SOBOA aboutissent, grâce aux courants, à la baie de Hann et à la
zone portuaire (Tableau 2). Annuellement, 1 203 230 m3 sont rejetés au niveau de ces deux
sites.

Tableau 2 : Rejets industriels dans la presqu’île du Cap-Vert

Site Baie de Hann Port de Dakar Total rejet

Volume annuel rejeté 923 352 m3.an-1 274 878 m3.an-1 1 203 230 m3.an-1

Source : Faye 2010

Entre le Port de Dakar et la Centrale du Cap des Biches, 69 industries rejetant en mer ont
été répertoriées par le cabinet TECSULT tandis que la base de données du Ministère en
charge de l’Industrie, donne un nombre 90 unités industrielles dont la majeure partie est
située dans le domaine du PAD. La campagne d’échantillonnages et d’analyses physico-
chimiques réalisée au niveau de ces 90 entreprises a mis en évidence une forte proportion
de dépassement des normes de raccordement au réseau d’assainissement (Tableau 3).

25
Tableau 3 : Nombre de dépassement des normes de raccordement au réseau
d’assainissement

Nombre d’entreprises dont le Pourcentage des entreprises


Paramètres
rejet dépasse la norme en dépassement des normes
PH 11 entreprises 55%
Température 13 entreprises 66%
MES 16 entreprises 80%
DCO 13 entreprises 65%
DBO5 5 entreprises 25%
Azote total 5 entreprises 25%
Phosphore total 15 entreprises 75%
Source : ONAS, 2013

I.2.3.1. 3. Centrales électriques


La centrale électrique du Cap des Biches, située sur le littoral dakarois, représente une
source potentielle de pollution. Elle déverse chaque jour plusieurs litres d’une huile noirâtre
dans l’océan. Rendant la baie de cette plage impraticable. Cette huile qui provient des
machines de la centrale énergétique contribue beaucoup à la pollution de la baie de Cap des
biches très prisée par les vacanciers, surtout en cette période estivale. Une triste situation
qui se répercute sur l’activité des pécheurs, car « les poissons provenant de cette zone ont
un arrière goût après la cuisson » poursuit encore cet expert en environnement. A l’instar de
cet expert, des associations écologiques comptent adresser une correspondance au ministre
de l’environnement afin de lui rappeler son rôle de sauvegarde et de protection de la nature3.
Cette pollution représente une véritable menace à la santé publique. Des mesures
préventives doivent donc être mises en place afin de faire face à toute éventualité.

I.2.3.1. 4. Centre de villégiature et de tourisme


Le succès touristique de la région de la Petite Côte et du delta du Saloum résulte de la
variété de ses ressources et paysages naturels. On y observe une grande diversité des
biotopes littoraux : côte rocheuse au Nord ; côte sableuse au centre; vasières et mangroves
au sud. Cette diversité est associée à une richesse faunistique et floristique importante,
soulignée par le classement de nombreux sites (parc national du delta du Saloum, réserve
spéciale de Popenguine, forêt classée de Bandia, réserve expérimentale de la station IRD de
Mbour, etc.) et complétée en milieu marin par la richesse halieutique apportée par l’upwelling
et la forte étendue du plateau continental.
Les effets induits par la densification de la population et le développement important du
construit qui l’accompagne sont préjudiciables à l’environnement côtier. En 1997, à la suite
d’un ensemble d’investigations menées sur l’ensemble du territoire sénégalais, un bilan

3
http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/senegal-cap-des-biches-la

26
effectué par le Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan constatait, en matière de
protection des eaux et de conservation du littoral, un nombre impressionnant de
dysfonctionnements tels qu’« une importante dispersion des connaissances et des
responsabilités administratives en matière de gestion et de protection des eaux; une
législation et des normes en deçà de la nécessité; des rejets industriels, urbains et agricoles
qui provoquent […] la contamination de certains puits d’eau potable et l’insalubrité des eaux
de baignade sur tout le littoral […]; des milieux naturels en danger (érosion des côtes ;
dégradation des zones humides et des lacs côtiers; fragilisation des estuaires, des lagunes
et des mangroves) » (Ministre sénégalais des Finances et du Plan).

I.2.3.1. 5. Constructions
Le port de Dakar assure 90% des échanges du Sénégal avec l’extérieur et le trafic
correspond à plus de 70% des recettes douanières du pays.

La superficie du port de 46 ha à sa création, aux 326 ha actuels avec 142 ha d’espaces


administratifs et industriels et 184 ha de zone douanière.

Le développement du trafic de conteneurs à partir de 2000 participe aux besoins


d’expansion, tout comme l’intensification progressive du taux d’occupation des sols qui
avoisinaient la saturation (90%) en 2009. L’intensité du trafic mais aussi « la lenteur des
procédures douanières qui influent sur le temps de transit des marchandises à l’intérieur de
la barrière douanière » (Ba et al 2013) y ont également contribué.

Une réunion récente, organisée autour du thème « Port de Dakar : aspects


environnementaux, contraintes et perspectives de développement à moyen terme » a été
l’occasion de montrer que les difficultés douanières étaient loin d’être les seules auxquelles
les autorités portuaires devaient faire face. Les différents intervenants ont cité les problèmes
d’ensablement, la difficulté d’agrandir le port désormais enserré par la ville, la nécessité de
renouveler une flotte qualifiée de « vieillissante » (Le Quotidien, 21 mai 2013).

I.2.3.1. 6. Extractions de sable et de graviers


En Afrique de l’Ouest, où le taux de croissance urbaine est le plus élevé au monde (5%
d’après les Nations Unies, 1995), l’extension du bâti est aujourd’hui l’une des principales
sources d’altération des écosystèmes littoraux. Cette extension ne concerne pas seulement
les capitales, les ports et les grandes villes côtières mais aussi l’habitat touristique et de loisir
dont l’extension est, aujourd’hui, très rapide dans certaines régions littorales comme la Petite
Côte sénégalaise (Diagne & Yamamura 2000, Baldé 2003, Ackerman et al. 2003). En milieu
littoral le développement immobilier ne provoque pas seulement une artificialisation des
terres mais occasionne fréquemment une accentuation de l’érosion côtière soit, par des

27
constructions et aménagements inadaptés soit, par la multiplication des prélèvements de
sable destinés à la construction (Ouegnimaoua 2002, Cesaraccio et al.; 2004; Sakho, 2011).
La conjonction de ces deux phénomènes peut conduire à des phénomènes catastrophiques
comme on le craint actuellement sur la Langue de barbarie, à Saint-Louis.

La première cause de recul du trait de côte au Sénégal est attribuée aux pillages de sable et
de sédiment sur les plages de l’ensemble de la côte, de St-Louis à Joal en passant par la
presqu’île du Cap-Vert. L’expansion urbaine accélérée dans la capitale impose une pression
sur la ressource. Le site de Mbeubeuss est un exemple typique facilement observable par
vue aérienne.

I.2.3.1. 7. Modification de l’habitat


L’altération des écosystèmes prend des formes variées. La déforestation de la forêt de
mangrove liée à l’extension de zones agricoles alors que les changements climatiques ne
permettent plus une régénération normale des palétuviers (Andrieu, 2004) est une
problématique majeure. Selon FAO (2001), l’Afrique de l’Ouest connaît ainsi le plus fort taux
de déforestation avec une perte annuelle de plus de 1,5% du couvert forestier soit deux fois
plus que l’Afrique orientale ou australe et quatre fois plus que l’Afrique centrale).

I.2.3.1. 8. Introduction d’espèces prolifiques


Ces espèces sont principalement présentes dans le delta et la vallée du fleuve Sénégal.
Aujourd’hui, le typha constitue une problématique environnementale et sociale qui inquiète
l’ensemble des acteurs du delta. Cette plante envahit les plans d’eau, surtout dans le parc de
Djoudj, et constitue de ce fait, une menace pour les oiseaux et l’ensemble de la faune
aquatique dans la réserve. Les différentes luttes, chimique, mécanique et biologique
administrées n’ont pas encore permises d’éradiquer complètement ces plantes prolifiques.

I.2.3.2. Sources diffuses

I.2.3.2. 1. Eaux de ruissellement urbain


Le niveau piézométrique de la nappe de Thiaroye a connu des rabattements importants et
les prélèvements de la SDE n’ont donc fait qu’accentuer le phénomène. En 1992, la
dynamique négative du niveau des nappes se poursuivait car une pluviométrie annuelle
d’environ 700 mm -générant une recharge moyenne en lame d’eau de 200 mm environ- était
alors nécessaire pour assurer un solde positif de l’évolution annuelle du niveau statique des
nappes phréatiques. Le rôle de la pluviosité dans l’évolution du niveau statique des nappes
est corroboré par les résultats du bilan hydrique de la nappe des sables quaternaires établi
par Béture-Sétame (1988). Il indique que les apports pluviométriques sont le seul facteur de
recharge de la nappe phréatique. Cependant, il existe des secteurs qui échappent à cette

28
dynamique de baisse : les zones sous influence des pompages de la SDE sont marquées
par une remontée à partir de 1985 suite à une baisse des volumes d’eau pompés et le littoral
sud est une zone à dynamique stable à cause de la présence du coin salé (DASYLVA,
COSANDEY, SAMBOU, 1992). Déjà en 1989, par une cartographie élémentaire, Collins et
Salem (1989) ont montré une corrélation entre la densité de population, le défaut
d’assainissement et la détérioration de la qualité des eaux souterraines dans les zones de
Thiaroye, Yeumbeul et Malika.

I.2.3.2. 2. Eaux de ruissellement agricole et horticole


-
La nappe des sables quaternaires présentent une teneur excessives en nitrate (NO3 ) allant
jusqu’à 400 mg/l, compromettant ainsi les ressources en eau potable de la presqu’ile.
D’après l’OMS, une eau n’est plus potable à partir de 50 mg de nitrate par litre d’eau (Collins
et Salem, 1989). Le risque de contamination est particulièrement pesant sur la nappe de
Thiaroye en raison du développement accrus de l’habitat informel (en dehors d’un réseau
d’assainissement) dans la zone périurbaine.

La distribution géographique des teneurs en nitrates montre que les valeurs sont assez
variables ; elles s’établissent dans les moyennes de 50 mg/l au niveau de la tête de la
presqu’ile, 200 à 400 mg/l au niveau du col et 20 mg/l vers l’Est dans le corps. Sur des profils
verticaux, l’évolution des teneurs en nitrates dans l’eau des sols, depuis la surface jusqu’à la
nappe, montre d’importante variations. 90% des ménages évacuent leurs ordures
ménagères par l’intermédiaire des sociétés de nettoiement, 5% par l’enfouissement et 5%
par incinération ou par dépôt sur le sol. Les eaux usées domestiques sont versées
directement sur le sol pour 95% de la population ou éliminé dans un trou creusé dans le sol
(Tandia et al., 1997). A l’inverse des études plus anciennes réalisées en 1979 (Harris et al.,
1979) présentaient des concentrations faibles en nitrates. Ceci laisse à penser que la
contamination de la nappe est un phénomène assez récent. La contamination de la nappe
de la zone périurbaine entraine celle de la nappe infrabasaltique à cause de la continuité
hydraulique existant entre ces deux zones.

L’étude hydrochimique de la nappe de sable du quaternaire dans la zone de Dakar menée


par Farba Omar Sy (Institut Supérieur des technique de l’Eau) a évalué la teneur en nitrate
sur une soixantaine de points de la nappe de Thiaroye, 20 d’entre eux dépassent les normes
admissibles de nitrates (50 mg/l), de Nitrites (0,1 mg/l) et d’Ammoniaque (0,1 mg/l). Les
teneurs extrêmes sont observées dans les sites proches soit, d’une décharge d’ordure
ménagère soit, d’une zone de maraichage. Les teneurs en nitrates dans le champ de
captage de la zone de Thiaroye, où les rejets directs dans la nappe sont importants et de ce
-
fait où la pollution est grande, varient entre 100 et 450 mg de NO3 /l H2O, (Urbaplan 2006).

29
Dans ces conditions, comment alimenter les populations de Thiaroye en eau potable ? La
solution actuellement en vigueur consiste à diluer les eaux polluées avec de eaux importées
du lac de Guiers afin d’atteindre les seuils de potabilité (Urbamonde, 2009).

I.2.3.2.3. Décharges et sites de dépôt de déchets dangereux


Différents travaux, effectués par l’Institut Africain de Gestion Urbaine (IAGU) et le CRDI ou
dans le cadre d’études universitaires, ont montré les lourds impacts environnementaux de la
décharge de Mbeubeus : rejets atmosphériques, biologiques, bactériologiques, dispersion de
métaux lourds, d’hydrocarbures et d’autres substances hautement toxiques. Les résultats
sont inquiétants (IAGU, 2012 ; Diawara, 2009) puisque la totalité des puits d’eau de boisson
de Malika sont contaminés aux métaux lourds. Près de 77% des sols utilisés pour
l’agriculture ne respectent pas les normes bactériologiques admises, 34% des femmes de
plus de 15 ans présentent des problèmes gynécologiques et obstétricaux entraînant ainsi
73% d’avortements et 23% de mort nés pour les enfants arrivant à terme.

I.2.3.2. 4. Erosion résultant de la modification physique du profil de la côte


Le recul du trait de côté existe au Sénégal sur l’ensemble du littoral, de l’estuaire du Fleuve
Sénégal au delta du Saloum en passant par la presqu’Ile de Dakar. Il varie de 2 à 8 m en
moyenne et par année selon les secteurs (Tableau 4). Selon l’Union économique et
monétaire ouest-africaine (UEMOA) les principales causes sont le prélèvement de sédiments
sur les plages. L’exemple de Mbeubeuss est un cas flagrant de pillage de la dune et les
conséquences sont observables sur l’ensemble du littoral, depuis Malika jusqu’aux
Mamelles. La seconde cause est imputable aux constructions de bâtiments sur les plages
face au rivage bloquant ainsi la dune et son interaction avec les marées.

Tableau 4 : Taux de recul du trait de côte sur le littoral sénégalais


(source : Faye, 2010)

Site Taux d’évolution moyen Auteurs


Saint-Louis -1,03 m/an Sall, 1982
Fann -0,38 m Sall, 1971
Cambérène -1,8 m/an Niang-Diop, 1995
Yoff -1 m/an Fall, 2004
Rufisque -1,20 m/an Niang-Diop, 1995
Mbour -0,45 m/an Dabo, 2006
Saly -0,9 m/an CSE, 2004
Joal -0,09 m/an Sy, 2007
Pointe Sarène -2 m/an Ibe et Quelennec, 1989
Source : Faye, 2010

30
I.2.3.3. Dépôts atmosphériques
Les dépôts atmosphériques proviennent essentiellement des moyens de transport (voitures
et des installations industrielles.

I.2.3.3.1. Moyens de transport


D’après les observations du PNUE, en Afrique, la pollution atmosphérique est imputable, à
90%, aux véhicules automobiles (PNUE, 2011). Les principaux polluants sont le monoxyde
et le dioxyde de carbone (CO, CO2), le dioxyde de soufre (SO2), le monoxyde et le dioxyde
d’azote (NO, NO2), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les composés
organiques volatils (COV). Les pollutions secondaires, comme l’ozone (O3) et les particules
très fines qui pénètrent profondément dans les bronches ont également des effets néfastes
sur la santé. A Dakar, des dosages effectués récemment montent que 96% des particules
produites par le trafic urbain sont inférieures à 2,5 µm. A partir de travaux effectués en 2002,
l’OMS considère qu’un quart des décès prématurés en Afrique sont imputables à la
mauvaise qualité de l’air.

L’importance du trafic dakarois est liée à un ensemble de facteurs désormais connus et


étudiés. Parmi ceux-ci, il convient de faire une mention particulière à la vétusté du parc
automobile et aux réseaux de transport. Le gigantisme de la conurbation dakaroise est
associé à une dissociation complète des lieux de résidence et de travail. Ainsi, les villes de
Pikine, de Guediawaye et de Rufisque-Bargny hébergent plus de 60% de la population et
moins de 15% des industries. Cependant, l’essentiel des services et des emplois se trouvent
à Dakar qui regroupe sur les 7 hectares du plateau la présidence, la Primature, les différents
ministères, l’Assemblée Nationale, le Palais de Justice, l’état major des forces armées, les
ambassades, les sièges des plus grandes sociétés nationales, la chambre de commerce et
d’industrie, les sièges des principales banques, les principaux hôpitaux, etc. Il en résulte de
très importants mouvements journaliers de populations.

Le transport de marchandises a été recentré depuis les années 1960-1970 vers le « tout
routier » aux dépens des transports ferroviaires ou fluviaux déjà existants ; un choix qui s’est
avéré lourd de conséquences néfastes. Ainsi, peu de dispositions ont été prises pour
permettre aux camions gros porteurs de sillonner une capitale aux voies étroites et
dépourvue de lieux de stationnement fixes. Les camions viennent donc se mêler à un trafic
urbain déjà surchargé et fortement désorganisé par les 60% de transporteurs privés et les
15% de transporteurs clandestins. La position du port en plein centre ville ne favorise, ni la
fluidité du trafic, ni la mobilité urbaine, ni l’amélioration des conditions de sécurité et de santé
publique.

31
I.2.3.3.2. Installations industrielles
La cimenterie de Dakar, basée à Rufisque produit près de 6 000 tonnes de ciment par jour.
Depuis 60 ans, elle dépose sur la zone des particules de dérivé de ciment qui, selon les
vents s’étendent sur le littoral, la ville de Rufisque ou les zones agricoles et pastorales
alentour. Un projet de traitement des émissions est actuellement en cour de réalisation
(2013). Les rejets dans l’atmosphère, liés aux activités des centrales électriques et des
incinérateurs, représentent également une source importante de pollution.

I.2.4. Zones géographiques préoccupantes

I.2.4.1. Habitats fragiles


Les habitats fragiles regroupent généralement les récifs de corail, les zones humides, les
verdières, les lagunes et les mangroves. Au Sénégal (Figure 2), on retrouve essentiellement
des zones humides (Niayes), des lagunes (Mbodène, Somone, Joal) et des marais à
mangrove (Delta du Saloum et Casamance).

L’altération des écosystèmes prend des formes variées. La déforestation de la forêt de


mangrove liée à l’extension de zones agricoles alors que les changements climatiques ne
permettent plus une régénération normale des palétuviers (Andrieu, 2004) est une
problématique majeure. Selon FAO (2001), l’Afrique de l’Ouest connaît ainsi le plus fort taux
de déforestation avec une perte annuelle de plus de 1,5% du couvert forestier soit deux fois
plus que l’Afrique Orientale ou Australe et quatre fois plus que l’Afrique Centrale.
Dans la région de Dakar, la disparition des richesses naturelles est également accentuée par
le remplacement de massifs forestiers résiduels par des voies de circulation automobile.
Destinées à redonner une certaine fluidité de circulation, le mode extensif de développement
du bâti compromet leur efficacité. Ainsi, dans la région de Dakar où, en dehors de
l’arboretum de Hann, il ne reste plus que deux petits massifs forestiers. Ceux-ci sont
désormais fortement menacés. La bordure protectrice de filaos longeant la mer vient d’être
amputée d’une large bande pour la construction de la voie de contournement nord (VDN). La
petite forêt de Mbao, classée depuis les années 1940, est désormais coupée en deux par la
large saignée que constitue l’autoroute Dakar-Diamniadio. Aucune création de massif
forestier n’est envisagée pour compenser ces pertes.

La présence de massifs forestiers, voire de coulées vertes, ne relève pas seulement de


l’esthétisme d’une ville. Elle crée aussi une respiration indispensable à l’équilibre urbain, par
des couloirs d’aération et de rafraichissement qui, compte tenu du changement climatique,
sont et seront dans l’avenir de plus en plus indispensables. L’accumulation en ville d’édifices
en béton, toujours plus nombreux dans un espace confiné, contribue pendant la journée au
stockage d’une quantité d’énergie thermique considérable (îlot de chaleur) que rien ne vient

32
dissiper, d’autant que l’orientation des bâtiments n’est aucunement pensée pour favoriser les
courants d’air rafraichissants. De même, la concentration dans la banlieue de petites
constructions les unes contre les autres, le plus souvent avec des terrasses en béton,
contrarie la ventilation des maisons, leur fait perdre de l’habitabilité et favorise le recours à la
climatisation, donc à une consommation d’énergie accrue pour compenser chaleur et
manque d’aération.

I.2.4.2. Habitats d'espèces menacées


Le littoral nord du Sénégal se distingue par la richesse et la variété de ses ressources
naturelles. Il est caractérisé par la présence d'un écosystème particulier, les Niayes. Il s’agit
d’une topographie naturelle produite par l’effet combiné de la houle marine poussée par les
alizés qui crée la dune vive littorale et du vent de terre qui en forme une autre, en retrait,
semi-fixées par un couvert végétal herbacé et arbustif. Une dune fossile complète le système
encore en retrait. Entre les trois dunes se creusent des dépressions inter-dunaires où
affleure la nappe phréatique des sables du quaternaire, ménageant ainsi des zones propices
à la colonisation par une flore et une faune très spécifique, car les conditions bio-géo-
climatiques y sont très différentes et beaucoup plus favorables que dans les zones alentours.
Depuis la période coloniale, cette région soulève des enjeux socio-économiques et
stratégiques certains. La région des Niayes s'étend sur plus de 180 km de longueur et 30 à
35 km de largeur, ce qui représente une superficie d'environ 2 300 km2 (Dryade, 1990). La
proximité de l'océan favorise une température moyenne annuelle relativement basse (ex.,
24°C à Saint-Louis) par rapport à la moyenne du Sénégal (28°C). Le régime pluviométrique
est caractérisé par une saison pluvieuse qui s'étend entre les mois de mai-juin jusqu'au mois
d'octobre avec des cumuls annuels d'environ 300 mm au Nord et 500 mm au Sud. Les
conditions bioclimatiques et hydriques sont particulièrement favorables à la culture
maraîchère qui approvisionne en partie la capitale en plus des villes de l'intérieur (Thiès,
Louga, Diourbel) voire certains pays limitrophes comme la Mauritanie. L'intérêt socio-
économique que représente cette zone est également lié au fait que plus de 100 000
personnes tirent l'essentiel de leur revenu de l'activité maraîchère qui y est pratiquée
(Aguiar, 2002). Du point de vue démographique, 53 % de la population du Sénégal vit dans
la zone côtière. Cette concentration de la population dans les grandes villes du littoral
(Dakar, Thiès, Louga et Saint-Louis) est le résultat d'un exode rural permanent et d'un taux
de croissance démographique élevé atteignant 3.8 % dans les zones urbaines alors que
celui-ci est de 2.7 % pour l'ensemble du pays. La densité moyenne de la population de la
région des Niayes était de 62,5 habitants au km2 en 2000. Les plus fortes densités sont
observées dans les secteurs sud et nord de la région (71 habitants au km2) (DPS, 1997).

33
L'écosystème des Niayes est caractérisé par une très riche biodiversité. Une végétation de
type humide y est présente, les Niayes constituent un important réservoir floristique du
Sénégal. Selon Ndiaye (1998), 20% de la flore sénégalaise (près de 419 espèces végétales)
s'y trouvent localisés, et parmi les 31 espèces endémiques du pays, 13 sont spécifiques à
cet écosystème. Un rapport de l'UICN (2002) indique que dans la grande Niaye de Pikine,
113 espèces d'oiseaux ont été dénombrées parmi lesquelles 40 sont endémiques.

Cette région a connu, au cours des dernières décennies, de profondes mutations que lui ont
imposées de fortes contraintes naturelles et anthropiques qui, combinée à la vulnérabilité
écologique et climatique, se traduit aujourd'hui par une précarité qui risque à long terme de
réduire très significativement le potentiel de sécurité alimentaire de la région. Parmi ces
facteurs de vulnérabilités, on peut citer la sécheresse qui, en provoquant l'abaissement du
niveau de la nappe, a mis en péril les ressources environnementales vitales pour les
populations locales. La grande sécheresse des années 1970 qui a frappé l’ensemble des
pays du Sahel, est également responsable d’un afflux de population rurale venu chercher
dans les Niayes des conditions de vie meilleures. Cette migration massive a
considérablement augmenté la pression foncière et engendré un surcroît d’urbanisation
« spontanée », notamment autour des grandes agglomérations (exemple de Pikine). Le
changement d'occupation des sols résultant est la cause d’une diminution durable des
surfaces agricoles (Diop, 2006). Un autre exemple de vulnérabilité est illustré par plusieurs
études qui montrent que l'utilisation incontrôlée des pesticides dans la zone de Niayes
menace fortement la biodiversité de la région (Niang, 2001 ; Gueye, 2010). Plusieurs
espèces seraient déjà menacées de disparition.

Les Niayes, aujourd’hui exposées à de multiples menaces, sont le domaine par excellence
des transactions foncières irrégulières. Ces zones focalisent ainsi un nombre important de
problèmes environnementaux et socio-économiques, qui nécessitent des mesures
particulières tant au niveau de l’aménagement du territoire qu’au niveau de la préservation
de la biodiversité et de la qualité environnementale au sens le plus large du terme. Une
gestion concertée des Niayes, qui associerait tous les acteurs, s’impose, afin d’œuvrer dans
un esprit de développement durable.

I.2.4.3. Eléments d'écosystèmes


Les écosystèmes de mangrove représentent l’une des plus importantes zones de frayère et
de nourricerie du littoral du Sénégal. Ils jouent, de ce fait, un rôle important dans le réseau
trophique côtier et sur la diversité biologique du domaine marin sénégalais. Conscients des
enjeux liés aux écosystèmes de mangrove, d’importants efforts ont été déployés ces
dernières années pour leur restauration et leur sauvegarde, notamment par Wetlands

34
International. Des campagnes de reboisement de la mangrove sont réalisées chaque année
en Casamance et dans le delta du Saloum.

Une attention particulière doit donc être accordée à ces écosystèmes fragiles, aujourd’hui
fortement menacés.

La création des Aires Marines Protégées (AMP) procède bien d’une volonté de sauvegarde
des écosystèmes côtiers et marins du Sénégal. Depuis 2002, le Gouvernement du Sénégal,
inquiet de la situation de ses ressources marines et côtières a mis en place cinq
successivement (5) AMP que sont celles de Saint-Louis, de Kayar, de Bamboung, d’Abéné
et de Joal-Fadiouth (Figure 7).

I.2.4.4. Littoral
Si la concentration des populations humaines dans les régions littorales est un phénomène
mondial, il constitue désormais, de par son ampleur, un sujet de préoccupation en Afrique.

Au Sénégal, la moitié de la population est côtière avec des densités cinq fois plus importante
qu’à l’intérieur du pays. 60 % de la population africaine vit à moins de 10 km des côtes
(UNESCO, 2004). La richesse et la diversité des ressources naturelles jouent un rôle
essentiel dans la concentration des populations humaines sur les franges côtières.
En Afrique de l’Ouest, des activités économiques de première importance comme la pêche
et le tourisme se partagent l’usage des richesses naturelles littorales et côtières avec un
nombre croissant d’activités telles que l’agriculture, les transports, l’élevage, la foresterie,
l’industrie, les loisirs, la plaisance, différentes formes d’aquaculture, les salines, les mines,
etc.

Voici à peine une vingtaine d’années, il était encore légitime d’écrire qu’à l’instar de la
majorité des sociétés ouest-africaines, « on ne peut pas dire que les sénégalais soient un
peuple tourné vers la mer » (Ba, 1993). Depuis l’ouverture des marchés d’exportation de la
pêche, le développement du tourisme, l’explosion de l’immobilier littoral, l’extension
considérable des espaces urbanisés côtiers font que les zones littorales sont désormais le
théâtre d’une forte dynamique économique et sociale.
Cette extension, aussi forte que rapide, des activités humaines sur cette frange étroite et
fragile n’est pas sans poser de nombreux problèmes de durabilité.

I.2.4.5. Bassins versants côtiers


L’extrême vulnérabilité des systèmes côtiers ouest africains aux aléas climatiques a été
identifiée par le PNUE (2006) qui considère que plus de 30% des aménagements humains
sur la côte sénégalaise et la vie de plusieurs milliers d’espèces sont menacés de disparition
à court terme. Ces prévisions, établies par les spécialistes de la CCNUCC, constituent un

35
sujet d’inquiétude tant pour la poursuite du développement économique et social de la région
que pour la préservation de ses richesses éco systémiques.

La forte densification des populations humaines sur les bordures maritimes (Cour and
Snrech 1998 ; OCDE, 2006 ; UNEP, 2007) a entraîné une fragilisation importante des
écosystèmes par la dégradation des sols (PNUE, 2006), par une urbanisation massive
(UNEP, 2007), par la surexploitation des espèces et des écosystèmes marins (UNEP, 2007),
des massifs forestiers, des ressources pédologiques et en eau (FAO, 2003). Enfin, les
pollutions et empoisonnements des milieux tels que la salinisation des sols et des nappes
phréatiques contribuent également à déstabiliser les systèmes naturels et à raréfier les
ressources.

La fragilisation des zones littorales et côtières les rendent plus sensibles aux aléas
climatiques avec pour conséquences d’accroitre une vulnérabilité des populations déjà
aggravée par l'augmentation des inégalités dans l’accès aux ressources et aux services
écologiques. La concentration des activités consommatrices de ressources et de services
naturels sur la frange côtière ne demande pas une gestion sectorielle des interactions entre
systèmes sociaux et systèmes naturels. Elle oblige à considérer le système socioécologique
dans son ensemble et sa complexité, de façon à en atténuer la fragilité sans trop perdre de
ses performances. En cela la préservation des systèmes côtiers constitue tout à la fois une
nécessité urgente et un terrain privilégié de réflexion et d’expérimentation sur le
développement durable.

L’exemple de la Petite Côte sénégalaise illustre bien cette situation. Cette région se
caractérise tout à la fois par sa diversité (de paysages, de faune, de flore, d’organisations
sociales, de productions économiques), par un dynamisme économique remarquable depuis
une vingtaine d’années et par l’accumulation concomitante de graves problèmes
environnementaux. Principale zone économique après Dakar, elle héberge, sur 150 km, un
large panel d’activités : industrielles (Mbao, Rufisque, Bargny, Nianing, Missirah…), de
transports (terrestre et maritime) et de services, mais aussi des activités agricoles,
pastorales, forestières. Elle connaît une urbanisation galopante. Ses deux domaines
d’activité dominants sont la pêche et le tourisme, les deux secteurs les plus importants de
l’économie sénégalaise auxquels elle contribue de façon importante.

La Petite Côte possède des eaux fertiles en toute saison. Elle fournit les plus forts tonnages
et possède les principaux ports de pêche piroguière du pays : Joal, Mbour, Hann… Avec
Saly-Portudal, le plus grand centre touristique d’Afrique de l’Ouest, la Petite Côte est la
première zone de tourisme balnéaire et récréatif du Sénégal avec 21 % du chiffre d’affaires
national.

36
La conséquence la plus importante de la littoralisation de la population résulte du
changement de logique évolutive de la bordure maritime. Alors que précédemment une
population peu abondante exerçait une faible pression sur les ressources qui conservaient
une dynamique naturelle marquée par les alternances de saisons sèches et de saisons
humides, la colonisation massive des bordures littorales a favorisé l’émergence de systèmes
socio-écologiques régis par de fortes interactions entre les différents secteurs d’activité en
présence. La complexité des dynamiques qui en résulte interdit désormais les approches
sectorielles et oblige à des modes d’analyse et de gestion beaucoup plus délicates à mettre
en œuvre.

I.2.4.6. Estuaires et bassins de réception


L’estuaire du fleuve Sénégal est un écosystème à forte valeur écologique et socio-
économique. On y retrouve une diversité d’habitats naturels, souvent érigés en réserve : le
parc national de la langue de Barbarie, la réserve de Gueumbeul, etc. La salinisation des
terres et des nappes côtières, suite à la mise en place en place du barrage de Diama et de la
nouvelle embouchure (la brèche), représente l’une des problématiques majeures du système
estuarien.

I.2.4.7. Zones marines et côtières spécialement protégées


Les zones marines protégées, mises en place dans le delta du Saloum, sont des exemples
d’espaces protégés pour la conservation et la protection de la biodiversité marine et côtière.
Ce modèle de gestion des habitats marin-côtiers peut être encouragé afin de mettre fin à une
exploitation intensive et abusée des ressources. Les sociétés littorales, souvent
traditionnelles, dépendent principalement des services de ces écosystèmes, très riches en
biodiversité.

I.2.4.8. Petites îles


Les petites îles sont situées dans le delta du Saloum. Elles sont particulièrement touchées
par les phénomènes d’érosion côtière et de salinisation des nappes phréatiques. Ainsi, dans
un contexte de réchauffement climatique et d’augmentation du niveau marin, ces îles sont
particulièrement vulnérables et les communautés qui y vivent présentent de faibles capacités
de résilience. Des plans d’adaptation face aux effets du changement climatique pourraient
donc permettre à ces populations de mieux organiser leur territoire et leurs activités et
surtout comprendre les enjeux liés à ces problématiques contemporaines.

II. Définition des priorités

37
Les mesures prioritaires devraient être déterminées après l'évaluation des cinq éléments
indiqués plus haut et devraient refléter très précisément :

II.1. Importance relative des incidences sur la sécurité


alimentaire, la santé publique, la santé des ressources
marines et côtières et des écosystèmes ainsi que les
avantages socio-économiques, y compris les valeurs
culturelles
II.1.1. Catégories de sources
Il existe des secteurs prioritaires où la pollution d’origine industrielle, agricole, humaine et
saline, constitue une réelle menace sur la qualité des milieux physique, biologique et sur la
santé des populations littorales. Parmi ceux-ci on peut citer la baie de Hann, le littoral de
Mboro avec les ICS, la zone du Gandiolais au débouché du fleuve Sénégal, le delta du
Saloum, etc.

La pollution saline des nappes côtières constitue un frein au développement de l’agriculture


maraîchère et la zone du Gandiolais est particulièrement touchée par ce phénomène ; en
particulier depuis 2003 avec l’ouverture de cette fameuse brèche sur la flèche littorale de la
Langue de Barbarie. Cette brèche, en plus de raccourcir le temps de trajet des eaux fluviales
vers la mer a également augmenté la pénétration des eaux marines dans le bief estuarien.
Aujourd’hui l’activité maraichère de toute cette région est en péril, sans compter les
problèmes d’alimentation en eau potable des populations locales.

II.1.2. Zones touchées

II.1.2.1. Sécurité du littoral


Pour lutter contre les effets catastrophiques du recul du trait de côte, les populations de Yoff
et de Diamalaye s’activent avec les moyens du bord, notamment dans les quartiers Ndénath
et Tonghor, où des ordures ménagères et des gravats sont compactés et disposer sur les
zones où le recul est le plus important. A Rufisque, un important projet de construction de
digues a été initié dans le cadre d’une stratégie de protection côtière face au changement
climatique mise en œuvre par la Direction de l’Environnement et des Etablissements Classés
(coût 3 milliards de francs CFA). A Mbao, un travail similaire a été effectué. Au total, 26
projets supplémentaires d’aménagement et de préservation ont été inventoriés pour un
budget total estimé de plus de 30 milliards de francs CFA (Ibid, année). Une telle dépense
aurait pu être évitée pour l’essentiel si la législation développée par le Sénégal avait été

38
appliquée : loi n° 81-13 du 4 mars 1981 portant Code de l’eau ; loi n°2008-43 du 20 août
2008 portant code de l’urbanisme ; loi n°98-03 du 8 janvier 1998 portant Code Forestier ; loi
n°98-05 du 8 janvier 1998 portant Code Pétrolier ; loi n° 98-32 du 14 avril 1998 portant code
des Pêches ; l’article 69 de la loi n° 201-01 du 15 janvier 2001 portant code de
l’environnement et rappelant l’imprescriptibilité du DPM ; loi portant Code Minier interdisant
les prélèvements sauvages de sédiments marins.
Les questions de dégradation des paysages côtiers ne sont pas uniquement liées au laisser-
faire des services de l’Etat et des collectivités territoriales, mais aussi à des initiatives hâtives
ou mal informées comme la coupure de la langue de Barbarie vigoureusement dénoncée par
certains scientifiques sénégalais (Niang, 2011). D’autres exemples existent sur des
aménagements successifs, effectués sans études préalables approfondies, dans la région
de Mbao-Rufisque-Bargny. Même dans les aménagements récents, aucune des études
prospectives ou évaluations - qui sont pourtant nécessaires – n’a été réalisée pour prendre
en compte l’évolution marine dans les prochaines années.

Le littoral de la région de Dakar est sans doute la partie la plus vulnérable et celle qui
soulève encore plus d’interrogations sur l’application des règles juridiques en vigueur. Le
projet de loi sur le littoral est toujours à l’étude mais il se trouve confronté aux nombreux
enjeux politiques et financiers qui conditionnent les acteurs du littoral. Pendant ce temps :

 Les règles de classement et de déclassement sur le domaine public maritime restent


toujours régis par les articles 19 et suivants de la loi de 1976 portant Code du domaine de
l’Etat ;
 Malgré l’intervention de la Commission de contrôle des opérations domaniales
(CCOD), des villas et hôtels continuent de surgir en bordure de mer ;
L’érosion côtière est accentuée par les effets des changements climatiques et des activités
humaines.

II.1.2.2. Sécurité sur les ressources halieutiques


Le secteur de la pêche et des aires marines protégées peut être considéré comme celui qui
soulève le plus de problèmes institutionnels en raison des nombreux conflits de
compétences et de délimitation des attributions administratives. Les problèmes
institutionnels se ramènent à la délimitation des compétences des administrations côtières
dont :
 La pêche maritime avec ses attributions aux termes de la loi portant code de la
pêche de 1998;
 Les parcs nationaux avec les compétences de gestion des aires protégées ;

39
II.1.2.3. Sécurité des terres agricoles
Le développement et la persistance de l'agriculture sur la presqu'île peut être expliqués par
la présence de plusieurs facteurs favorables. La proximité entre les consommateurs et les
producteurs est, à ce titre, l’atout clé de l'agriculture urbaine (Donadieu et Fleury, 1997).
Cette proximité raccourci les circuits de distribution (moins d'intermédiaires et des coûts de
transports faibles), contribuant ainsi à améliorer la compétitivité-prix de ces produits sur les
marchés de Dakar. Cette caractéristique devrait d’ailleurs se renforcer au cours des
prochaines années étant donnée la probable hausse des coûts de transport, liée à
l’enchérissement des combustibles fossiles. Le modèle de localisation agricole de Von
Thunen (1826), selon lequel les produits agricoles à forte valeur ajoutée et rapidement
périssables se localisent dans des zones de production proches des centres de
consommation, semble s'appliquer dans la région de Dakar où les principaux produits sont
les légumes, les fruits et la viande. Si la technologie permet de transporter et de conserver
des produits périssables sur de longues distances, le cout en énergie de la chaine de froid
est très élevé et s’enchérira encore dans les prochaines décennies. Le développement de
cette agriculture urbaine est très important pour l’équilibre de la ville. Toutefois, elle doit
respecter encore plus qu’ailleurs de strictes mesures écologiques pour assurer aux
consommateurs des produits de bonne qualité sanitaire à un prix abordable tout en évitant la
pollution des eaux côtières et du milieu physique littoral.

II.1.2.4. Santé et Sécurité alimentaire


D'autres menaces pèsent également sur l'avenir de l'agriculture urbaine de Dakar. Un
inquiétant appauvrissement des sols et un difficile accès à l'eau ont été soulignés dans
différentes études (Ba, 2007 ; Cissé et Fall, 2001). Tout d'abord, la forte pollution et la
salinisation de la nappe de la zone des Niayes de Dakar, engendrée par la combinaison de
trois phénomènes (surexploitation, pollutions chimiques d'origine agricole et absence
d'assainissement) qui a conduit à stopper le pompage de celle-ci, a fortement déstabilisé le
fonctionnement de l'activité agricole en bouleversant les modes d'accès à l'eau. En réponse
à cette situation, les exploitants ont développé deux stratégies d’adaptation non exclusives.
Soit les exploitants s’approvisionnent en eau auprès de la SDE et cela engendre une forte
augmentation des coûts de production. Soit les exploitants utilisent les eaux usées pour
alimenter en eau les cultures, ce qui présente des réductions de cout de production
puisqu’elle est gratuite et riche en matières organiques, nitrates et phosphates, mais fait
aussi peser des risques sur les exploitations, par sédimentation de mares et aussi sanitaires
sur les produits (présence de germes pathogènes et de coagulants). Enfin, la production
agricole de la région de Dakar se caractérise par une forte utilisation de pesticides et des
engrais chimiques dans le but d'augmenter les rendements. Le manque de restitution de

40
matière organique aux sols cultivés et l’accumulation de molécules toxiques rémanentes
constituent un problème majeur et une source de pollution éventuelle. L'utilisation de ces
produits chimiques a été telle que certaines espèces « nuisibles » aux cultures ont
développé des souches résistantes. En réponse, les producteurs augmentent les doses et la
fréquence d'application des traitements phytosanitaires accentuant ainsi le processus de
pollution des nappes et des eaux côtières.

II.1.2.5. Assainissement et santé


Les impacts environnementaux de la décharge de Mbeubeuss sont considérables. Les eaux
souterraines et superficielles sont contaminées par les métaux lourds (particulièrement le
plomb) et les organismes microbiologiques (salmonelle). Le niveau inquiétant de ses taux
met en danger la santé des écosystèmes et des riverains. Sur le littoral nord du Sénégal,
près de 77% des sols utilisés pour l’agriculture ne respecteraient pas les normes
microbiologiques admises pour la culture de légumes consommés crus. Selon les résultats
de la composante Ecosanté en charge de l’évaluation de l’impact de la décharge sur la santé
des populations riveraines et des récupérateurs, 34% des femmes âgées de plus de 15 ans
présentent des problèmes gynécologiques et obstétricaux dont les plus fréquents sont les
avortements (73%) et les mort-nés (22,52%).

II.1.2.6. Sécurité

Les risques industriels sont encore plus inquiétants. En 1992, l’accident de la SONACOS à
Bel Air a soulevé au plan juridique la question de la responsabilité pénale et/ou civile des
Industries Chimiques du Sénégal (ICS) et de la SONACOS pour non application ou défaut
d’application des normes de sécurité en matière de transport des produits dangereux (en
particulier l’ammoniac). Les industries, présentes sur le littoral du Sénégal, comme les ICS,
représentent une source de pollution réelle du milieu marin-côtier. Des actions visant à
encadrer et surveiller les rejets industriels doivent être menées pour protéger la ressource
biologique et la santé des populations.

II.2. Les coûts, avantages et mesures possibles


Pour fixer les mesures prioritaires et à tous les stades de l'élaboration et de la mise en
œuvre des programmes d'action, les Etats devraient :

 Appliquer des méthodes de gestion intégrée des zones côtières en prévoyant


notamment la participation des intéressés, en particulier des représentants
des pouvoirs locaux, des collectivités locales et des secteurs socio-

41
économiques pertinents, y compris les organisations non gouvernementales,
les femmes, les populations autochtones et les principaux groupes;

 Etre conscients des liens fondamentaux entre les eaux douces et le milieu
marin et recourir, entre autres, à des méthodes de gestion intégrée des
bassins versants côtiers ;

 Etre conscients des liens fondamentaux entre la gestion durable des


ressources côtières et marines, la lutte contre la pauvreté et la protection du
milieu marin;

 Recourir aux études d'impact sur l'environnement littoral pour évaluer les
solutions possibles ;

 Tenir compte du fait qu'il faut considérer ces programmes comme partie
intégrante des programmes globaux concernant l'environnement marin-côtier,
existants ou futurs ;

 Adopter des mesures pour protéger : (i) les habitats fragiles, pour lesquels on
fera appel à la participation des communautés concernées, ces mesures
devant être conformes aux méthodes actuelles de conservation et d'utilisation
de la diversité biologique compatibles avec un développement durable; et (ii)
les espèces en danger;

 Intégrer les mesures prises à l'échelon national aux plans, programmes et


stratégies de portée régionale et mondiale pertinents;

 Mettre en place des centres de coordination pour faciliter la coopération


régionale et internationale;

 Appliquer le principe de précaution et le principe de l'équité entre générations.

Le principe de précaution devrait être appliqué par le biais de mesures préventives et


correctives fondées sur les connaissances, les études d'impact et les capacités actuelles au
niveau national, et fondées sur une information et des analyses pertinentes aux niveaux
sous régional, régional et mondial.
S'il existe un risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique
absolue ne doit pas être invoquée pour justifier des retards dans l'adoption de mesures
rentables pour empêcher la dégradation du milieu marin.

42
III. Objectifs de gestion concernant les
problèmes prioritaires
A partir des priorités retenues, les Etats devraient se fixer des objectifs précis en matière de
gestion, tant en ce qui concerne les catégories de sources que les zones touchées. Ces
objectifs devraient indiquer le but recherché, les objectifs à atteindre et leur calendrier
d'exécution, propre aux zones touchées et aux secteurs industriel, agricole, urbain et autres.
Dans la mesure du possible, les Etats devraient prendre immédiatement des mesures
préventives et correctives en se fondant sur les connaissances, ressources, plans et
procédures existants.

IV. Identification, évaluation et choix des


stratégies et mesures
Les stratégies et programmes devant permettre d'atteindre les objectifs fixés en matière de
gestion devraient être constitués d’un ensemble de mesures spécifiques, de conditions et
d’incitations.

IV.1. Mesures spécifiques


IV.1.1. Mesures visant à favoriser l'exploitation durable des ressources
côtières et marines et à prévenir/réduire la dégradation du milieu
marin
Elles sont de plusieurs ordres, dont :

 L’utilisation des meilleures techniques disponibles et des meilleures pratiques


possibles d'un point de vue écologique, y compris le remplacement de
substances et de procédés ayant d'importantes incidences néfastes ;

 L’adoption de procédés de production non polluants, y compris utilisation efficace


de l'énergie et de l'eau dans tous les secteurs économiques et sociaux.

 L’emploi des meilleures méthodes de gestion ;

 Le recours à des techniques appropriées écologiquement rationnelles et


efficaces ainsi qu’à des produits de substitution adaptés.

Ainsi, les mesures doivent permettre de protéger le littoral et garantir l’accès à la mer
comme par exemple déconstruire et relocaliser dans des zones sûres les lotissements
illégaux établis dans les zones sensibles en zone littorale sensu lato. Il faut également

43
penser à anticiper l’élévation du niveau de la mer en remontant les infrastructures d’accès
à la mer d’au moins deux mètres, tout particulièrement les établissements dédiés à la
pêche côtière.

IV.1.2. Mesures visant à remédier à la pollution ou à d'autres formes de


dégradation
Les politiques suivies pour lutter contre la pollution consistaient par exemple à interdire la
production et l’utilisation de certaines substances, à réglementer les effluents et à interdire le
rejet en mer de détritus, mais aussi un effort scientifique important pour améliorer les
connaissances sur ces polluants.
Les principes de ces politiques étaient consignées dans plusieurs accords internationaux,
notamment, la convention de Londres de 1972 sur l’immersion des déchets et son protocole
de 1996, la Convention de Bâle de 1989 sur le contrôle des mouvements transfrontières de
déchets dangereux et de leur élimination, et le Programme d’action mondial pour la
protection de l’environnement marin contre la pollution due à des activités terrestres. La
pollution marine est également l’un des thèmes importants des programmes du PNUE pour
les mers régionales, institués dans beaucoup de régions du monde. Les pollutions liées aux
déchets peuvent être réduites voire totalement contenues en procédant notamment :
- à la récupération des déchets;
- au recyclage, y compris la réutilisation des effluents;
- au traitement des déchets;

Il serait également important d’économiser l’eau et réduire les contaminations dont elle
est l’objet, ce qui suppose de lutter contre les gaspillages et les fuites de réseau, de
développer le système de traitement des eaux usées, de réguler le niveau de la nappe et de
renforcer le réseau d’évacuation des eaux excédentaires et pluviales de façon systémique et
systématique.

IV.1.3. Mesures visant à prévenir, à réduire ou à atténuer la dégradation


des zones touchées
 Définition de critères permettant de déterminer la qualité du milieu et
notamment des critères biologiques, physiques et/ou chimiques en vue de
déterminer les progrès réalisés ;
 Prescriptions en matière de planification et d'utilisation des terres, y compris
critères concernant l'emplacement des grands ouvrages ;
 Remise en état des habitats dégradés.
Pour Dakar, il est préconisé d’empêcher la ville de s’étendre en surface en établissant
et sanctuarisant un réseau cohérent d’espaces verts organisés en couloirs écologiques. Il

44
faut préserver et encourager le développement de bandes boisées et des zones forestières
littorales.

IV.2. Conditions requises et incitations


Conditions requises et incitations afin que les activités soient en accord avec les mesures
telles que :
- Instruments et incitations économiques, compte tenu du principe "pollueur-
payeur" et de l'internalisation des coûts écologiques;
- Mesures de réglementation;
- Assistance/coopération technique, y compris la formation de personnel;
- Education et sensibilisation du public.

En milieu urbain et périurbain, ces mesures peuvent être accompagnées par un ensemble
de politiques visant à réduire les sources de pollution du milieu marin-côtier, comme :

 Sanctuariser et développer une ceinture agricole périurbaine dédiée à


l’alimentation vivrière de la ville de Dakar en améliorant la fertilité des sols par les
produits du recyclage des déchets organiques urbains et en renforçant
l’approvisionnement en eau par recyclage des eaux usées ménagères et pluviales,
une fois décontaminées.

 Organiser la gestion des déchets : le tri et la collecte des déchets peuvent être
organisés à grande échelle avec un traitement adapté, ce qui limiterait
considérablement les rejets sur le milieu littoral.

 Intégrer le concept d’économie circulaire dans les procédures de contrôle


notamment pour les importations de produits manufacturés, afin de réduire les
déchets générés par ces importations massives de matériaux et de biens
d’équipement. Il faut également encourager les mesures alternatives comme la
production et l’utilisation de plastiques biodégradables d’origine organique. La
présence des sachets plastiques sur les côtes sénégalaises représente une source
de pollution importante du domaine littoral et menace même la biodiversité marine.

 Identification/désignation du mécanisme institutionnel habilité ayant les ressources


pour s'acquitter des tâches de gestion découlant des stratégies et des programmes, y
compris application des dispositions concernant le respect des mesures ;

45
 Changer le mode de construction du bâti, basé actuellement sur le béton, afin
d’arrêter les prélèvements de sable marin et de réduire la dépendance au sable, au
fer et au ciment. Aller vers un système à moindre empreinte écologique.

 Au niveau du port de Dakar, il serait important de déplacer les zones de stockage de


matières dangereuses à l’extérieur de la zone urbanisée et industrielle. Des fuites de
substances toxiques pourraient être nuisibles à la faune marine et porter atteinte à
toute utilisation normale des eaux (baignade, etc.).

 Mise au point d'un système de surveillance et d'un mécanisme permettant d'établir


des rapports sur la qualité de l'environnement littoral, aux fins du suivi et, le cas
échéant, de l'adaptation des stratégies et des programmes;

V. Critères permettant de déterminer


l'efficacité des stratégies et des mesures
Le succès des stratégies et programmes dépend des moyens permettant de déterminer à
tout moment si lesdits programmes et stratégies sont bien conformes aux objectifs fixés du
point de vue de leur gestion. Les Etats devraient mettre au point des critères spécifiques
pour évaluer l'efficacité des stratégies et programmes. Ces critères doivent être adaptés à un
ensemble particulier d'éléments retenus (tels qu'indiqués à la section C plus haut) pour
chaque stratégie ou programme, il conviendrait néanmoins que lesdits critères aient trait :
- à l'efficacité écologique ;
- aux coûts et avantages économiques;
- à l'équité (les coûts et les avantages de la stratégie ou du programme sont répartis
équitablement) ;
- à la souplesse en matière d'administration (la stratégie ou le programme peuvent être
adaptés aux circonstances) ;
- à l'efficacité de l'administration (la gestion de la stratégie ou du programme est
rentable et transparente) ;
- à la durée (calendrier nécessaire pour mettre en place la stratégie ou le programme
et obtenir des résultats) ;
- aux incidences sur d'autres milieux (la réalisation des objectifs de la stratégie ou du
programme se traduit par un bénéfice.

46
VI. Eléments d'appui au programme
L'objectif à long terme des programmes d'action nationaux devrait servir à l'élaboration de
stratégies et de programmes intégrés permettant d'appliquer toutes les mesures prioritaires
nécessaires pour remédier aux incidences des activités terrestres sur le milieu marin. En
outre, les programmes d'action doivent eux-mêmes être intégrés à l'ensemble des objectifs
nationaux et des autres programmes pertinents en matière de développement durable. En
conséquence, en matière d'administration et de gestion, les Etats devraient s'assurer qu'ils
disposent bien des moyens nécessaires pour appuyer les programmes d'action nationaux. Il
s'agira, le cas échéant de :
- Structures organiques favorisant la coordination entre secteurs et organismes
sectoriels ;
- Mécanismes juridiques et de mécanismes d'exécution (nécessité d'adopter une
nouvelle législation par exemple) ;
- Mécanismes financiers (y compris les approches novatrices permettant d'assurer un
financement continu et prévisible du programme) ;
- Moyens permettant de déterminer et de poursuivre les recherches nécessaires et de
moyens permettant de déterminer les besoins en matière de surveillance aux fins du
programme ;
- Planification des interventions d'urgence ;
- Mise en valeur des ressources humaines et d'éducation ;
- Participation sensibilisation du public (fondées, par exemple, sur les principes de la
gestion intégrée des zones côtières).

47
Bibliographie
CNDD 2009 : Rapport national sur le développement durable : contribution du Sénégal aux
18ème et 19ème sessions de la commission du développement durable des nations unies (cdd-
18/19), 62 p

Fall M. 2014 : Rapport annuel d’activités de 2013. ISRA, CRODT, 15 p

Faye I. Nd., 2010 : Dynamique du trait de côte sur les littoraux sableux de la Mauritanie à la
Guinée-Bissau (Afrique de l'Ouest) : approche régionale et locale par photo-interprétation,
traitement d'image et analyse de cartes anciennes. IUEM, Brest, 393 p. + annexes.

Faye G. 2010 : Les impacts des activités économiques sur la dynamique du littoral de la
Petite côte, de la baie de Hann à Joal au Sénégal. RGLL, n°08, p 119-130

Gueye S. 2012 : Discours d’ouverture de la Conférence sous-régionale GI WACAF sur le


régime international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les
hydrocarbures.

Maherou J. 2012 : Risques sanitaires et environnementaux au Sénégal. http://www.asef-


asso.fr/ma-planete/nos-syntheses/1511-les-risques-sanitaires-au-senegal

Ndiaye, C.O. 2007. Pollution du littoral par les activités du port autonome de Dakar. Mémoire
de Maîtrise, Section de Géographie, Université Gaston Berger de Saint-Louis, 105
p+annexes

Ndao M. 2012 : Dynamiques et gestion environnementales de 1970 à 2010 des zones


humides au Sénégal : étude de l'occupation du sol par télédétection des Niayes avec
Djiddah Thiaroye Kao (à Dakar), Mboro (à Thiès) et Saint-Louis. Thèse de doctorat, en
cotutelle Université Toulouse 2 le Mirail/Université Gaston Berger de Saint-Louis, 370 p

PCTI-DAKAR. 2013 : Vulnérabilité de la région de Dakar au changement climatique. Rapport


IRD, 113 p.

PNUE-DEWA/GRID-Europe, 2006. « Dégazages illégaux dans les mers d’Europe ». Bulletin


d’alerte environnemental, N°7, 4 p.

PNUE/Gouvernement du Sénégal, 2003. Inventaire national des polychlorobyphenyles.


Rapport Direction de l’Environnement et des Etablissements classés, 37 p.

ONAS 2013 : Etude complémentaire du projet de dépollution de la baie de Hann. Mission A.


Note d’analyse des études antérieures et calcul des débits et charges polluantes phase 1 :
intercepteur, 59 p

48
Sakho, I., Mesnage, V., Deloffre, J., Niang, I., Faye, G., Lafite, R. 2011. The influence of
natural and anthropogenic factors on mangrove dynamics over 60 years : the Somone
Estuary, Senegal. Estuarine, Coastal and Shelf Science, 94, 93-101.

Sakho, I. 2011. Evolution et Fonctionnement hydrosédimentaire de la lagune de la Somone,


Petite Côte, Sénégal. Thèse de doctorat en cotutelle, Université de Rouen & Université
Cheikh Anta Diop de Dakar, 255 p.

Sossa A. 2008 : Les plages de Dakar, endroits ludiques ou fosses sceptiques. http://www.au-
senegal.com

49
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES __________________________________________________________ 3

LISTE DES FIGURES ____________________________________________________________________________ 4

LISTE DES TABLEAUX _________________________________________________________________________ 4

RESUME _________________________________________________________________________________________ 5

INTRODUCTION ________________________________________________________________________________ 6

I. RECENSEMENT ET EVALUATION DES PROBLEMES _________________________________ 8


I.1. Enjeux _____________________________________________________________________________ 8
I.1.1. Sécurité alimentaire et lutte contre la pauvreté _______________________________________ 8
I.1.2. Hygiène publique _______________________________________________________________ 9
I.1.3. Ressources côtières et marines et salubrité des écosystèmes ___________________________ 10
I.1.4. Avantages et utilisations économiques et socioculturelles ______________________________ 12
I.2. Nature et gravité des problèmes _______________________________________________________ 12
I.2.1. Contaminants _________________________________________________________________ 13
I.2.1.1. Eaux usées _______________________________________________________________ 13
I.2.1.2. Polluants organiques persistants et éléments radioactifs __________________________ 15
I.2.1.3. Métaux lourds ____________________________________________________________ 17
I.2.1.4. Hydrocarbures ____________________________________________________________ 18
I.2.1.5. Nutriments _______________________________________________________________ 20
I.2.1.6. Mise en mouvement des sédiments ___________________________________________ 20
I.2.1.7. Détritus _________________________________________________________________ 22
I.2.2. Modification du milieu physique __________________________________________________ 23
I.2.3. Sources de dégradation de l’environnement littoral ___________________________________ 24
I.2.3.1. Sources ponctuelles ________________________________________________________ 24
I.2.3.1. 1. Installation d’épuration des eaux usées _____________________________________ 24
I.2.3.1.2. Installations industrielles _________________________________________________ 24
I.2.3.1. 3. Centrales électriques ____________________________________________________ 26
I.2.3.1. 4. Centre de villégiature et de tourisme _______________________________________ 26
I.2.3.1. 5. Constructions __________________________________________________________ 27
I.2.3.1. 6. Extractions de sable et de graviers _________________________________________ 27
I.2.3.1. 7. Modification de l’habitat _________________________________________________ 28
I.2.3.1. 8. Introduction d’espèces prolifiques _________________________________________ 28
I.2.3.2. Sources diffuses ___________________________________________________________ 28
I.2.3.2. 1. Eaux de ruissellement urbain ______________________________________________ 28
I.2.3.2. 2. Eaux de ruissellement agricole et horticole __________________________________ 29
I.2.3.2.3. Décharges et sites de dépôt de déchets dangereux ____________________________ 30
I.2.3.2. 4. Erosion résultant de la modification physique du profil de la côte ________________ 30
I.2.3.3. Dépôts atmosphériques ____________________________________________________ 31
I.2.3.3.1. Moyens de transport _____________________________________________________ 31
I.2.3.3.2. Installations industrielles _________________________________________________ 32

50
I.2.4. Zones géographiques préoccupantes _______________________________________________ 32
I.2.4.1. Habitats fragiles ___________________________________________________________ 32
I.2.4.2. Habitats d'espèces menacées ________________________________________________ 33
I.2.4.3. Eléments d'écosystèmes ____________________________________________________ 34
I.2.4.4. Littoral __________________________________________________________________ 35
I.2.4.5. Bassins versants côtiers _____________________________________________________ 35
I.2.4.6. Estuaires et bassins de réception _____________________________________________ 37
I.2.4.7. Zones marines et côtières spécialement protégées _______________________________ 37
I.2.4.8. Petites îles _______________________________________________________________ 37

II. DEFINITION DES PRIORITES _________________________________________________________ 37


II.1. Importance relative des incidences sur la sécurité alimentaire, la santé publique, la santé des
ressources marines et côtières et des écosystèmes ainsi que les avantages socio-économiques, y compris les
valeurs culturelles ________________________________________________________________________ 38
II.1.1. Catégories de sources __________________________________________________________ 38
II.1.2. Zones touchées________________________________________________________________ 38
II.1.2.1. Sécurité du littoral _________________________________________________________ 38
II.1.2.2. Sécurité sur les ressources halieutiques ________________________________________ 39
II.1.2.3. Sécurité des terres agricoles _________________________________________________ 40
II.1.2.4. Santé et Sécurité alimentaire ________________________________________________ 40
II.1.2.5. Assainissement et santé ____________________________________________________ 41
II.1.2.6. Sécurité _________________________________________________________________ 41
II.2. Les coûts, avantages et mesures possibles _____________________________________________ 41

III. OBJECTIFS DE GESTION CONCERNANT LES PROBLEMES PRIORITAIRES _____ 43

IV. IDENTIFICATION, EVALUATION ET CHOIX DES STRATEGIES ET MESURES ___ 43


IV.1. Mesures spécifiques_______________________________________________________________ 43
IV.1.1. Mesures visant à favoriser l'exploitation durable des ressources côtières et marines et à
prévenir/réduire la dégradation du milieu marin _____________________________________________ 43
IV.1.2. Mesures visant à remédier à la pollution ou à d'autres formes de dégradation ___________ 44
IV.1.3. Mesures visant à prévenir, à réduire ou à atténuer la dégradation des zones touchées ____ 44
IV.2. Conditions requises et incitations ____________________________________________________ 45

V. CRITERES PERMETTANT DE DETERMINER L'EFFICACITE DES STRATEGIES ET


DES MESURES __________________________________________________________________________ 46

VI. ELEMENTS D'APPUI AU PROGRAMME ______________________________________________ 47

BIBLIOGRAPHIE _____________________________________________________________________________ 48

TABLE DES MATIERES ______________________________________________________________________ 50

51

Vous aimerez peut-être aussi