Management Interculturel RF

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RÉALISÉ PAR :

ALIAE BELMJAHAD ZINEB CHERRABI

ABDERRAHIM GUEZRI HIBA BOUAMRI

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REMERCIEMENT

Avant tout développement de la thématique de ce travail, il nous parait


indispensable de commencer par les remerciements sincères vis-à-vis de
toutes les personnes qui nous ont été d'un grand soutien. Nous tenons à cet
effet à exprimer notre gratitude pour notre professeur Mr. SAMIHI Youssef
pour la rigueur de son encadrement et ses efforts fournis. Nous
reconnaissons à ce niveau le soutien de toutes les personnes qui nous
apportée leur aide. Nous adressons ainsi nos vifs et profonds
remerciements à tous le cadre professoral et administratif de l'Ecole
Nationale de Commerce et de Gestion de veiller sur notre formation. Avec
toutes nos reconnaissances, nous souhaitons que ce travail d'étude atteigne
l'objectif souhaité.

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SOMMAIRE

 INTRODUCTION GENERALE :

I. DEFINITIONS LIEES A L’APPROCHE GEOGRAPHIQUE ET CULTURELLE


DE L’AFRIQUE
1. De quelle(s) Afrique(s) parle-t-on ?
2. Les organisations sous-régionales en Afrique
3. Définitions de concepts liés aux cultures africaine

II. LES MYTHES ET LES SOURCES DE L’HISTOIRE DE L’AFRIQUE


1. Une épopée antique réappropriée comme racine mythique : « l’Egypte
nègre » de Cheikh Anta Diop
2. Le problème des sources

III. UN PANORAMA DES RACINES CULTURELLES DE L’AFRIQUE DANS


SON HISTOIRE PRECOLONIALE
1. Une introduction aux anciens royaumes africains
2. Les royaumes de Méroé et d’Aksoum
3. De l’Afrique du Nord romaine et christianisée à l’Afrique du Nord
arabophone et musulmane
4. Les interactions entre royaumes du Maghreb et du Sahel
5. Les empires du Sahel occidental.
6. Les royaumes du Kanem – Bornou
7. Les royaumes bantous d’Afrique centrale, orientale et australe

IV. LES PRISES ET EMPRISES EXTERIEURES


1. Les primo-colonisations portugaise et hollandaise
2. L’esclavage et la saignée des traites négrières arabe et occidentale
3. La Conférence de Berlin (1884-1885) et le choc des colonisations modernes

V. LES INDEPENDANCES
1. Espoirs et désespoirs des indépendances
2. Le projet panafricain
3. Les séquelles de la relation coloniale

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VI. LES EVOLUTIONS RELIGIEUSES
1. Les religions traditionnelles africaines
2. Les trois religions du monothéisme
3. Les autres religions
VII. LES ENJEUX ECONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIAUX D’AUJOURD’HUI.
1. L’Afrique qui décolle : un contexte de croissance.
2. L’innovation africaine et les secteurs porteurs pour les investissements
3. Des progrès de gouvernance restent nécessaires pour le développement
4. Des défis démographiques considérables
5. Des défis sociaux
6. Les stratégies face aux défis de l’Afrique
XI. LES MODELES DU MANAGEMENT INTERCULTUREL CONFRONTES A L’AFRIQUE
1. Application des modèles interculturels classiques au management africain
2. Interprétation du management africain par référence aux modèles interculturels
XII. ADAPTER SON MANAGEMENT DANS LES ENTREPRISES ET LES ORGANISATIONS
EN AFRIQUE
1. L’adaptation managériale au contexte africain
2. Stratégie pour la conduite de grands projets en Afrique

 CONCLUSION GENERALE

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INTRODUCTION GENERALE :

L'ouvrage propose une plongée approfondie dans la dynamique actuelle de l'Afrique,


mettant en lumière son émergence en tant que continent du XXIe siècle, riche en
opportunités et confronté à des défis considérables. L'auteur, imprégné de son expérience
personnelle et professionnelle en tant que consultant œuvrant en Afrique, adopte une
approche équilibrée, respectueuse de l'autonomie africaine et attentive aux droits de
l'homme universels.
L'Afrique, en dépit d'un passé marqué par les traumas de la colonisation et les complexités
des relations postcoloniales, se révèle être un acteur majeur de la scène mondiale. Le livre
s'articule autour de deux grandes parties distinctes. La première explore le contexte culturel
du continent, remontant à son histoire tourmentée, à ses royaumes anciens, et à ses
traditions profondément enracinées. L'accent est mis sur les fondements culturels qui
définissent l'identité plurielle de l'Afrique et sur les spiritualités qui sous-tendent ses
valeurs.
La seconde partie plonge dans le domaine du management interculturel en Afrique, offrant
une compréhension approfondie du contexte économique, politique et social contemporain
du continent. Elle décrit les principales familles culturelles et identifie les traits
managériaux communs, tout en s'appuyant sur des modèles endogènes à l'Afrique. Le livre
utilise également des modèles internationaux du management interculturel pour faciliter la
compréhension du management africain. À travers des cas d'entreprises et de pays, il
propose des stratégies d'adaptation pour les partenaires extérieurs cherchant à collaborer
avec l'Afrique dans le contexte de la mondialisation.
L'auteur, issu d'une génération postcoloniale, transcende les clichés et les positions
partisanes, s'efforçant d'adopter un regard indépendant sur l'Afrique. Sa démarche
intermédiaire entre chercheur et manager apporte une dimension pratique aux analyses,
offrant des clés de compréhension et d'adaptation pour ceux qui travaillent avec ce
continent dynamique. L'ouvrage se nourrit également d'une expérience de terrain, captant
les réalités diverses de l'Afrique à travers des rencontres avec des acteurs variés, des
voyageurs anonymes aux responsables politiques.
Ainsi, cet ouvrage se présente comme une ressource essentielle pour quiconque souhaite
comprendre les enjeux complexes de l'Afrique contemporaine, offrant des perspectives
éclairantes sur la culture, le management, et les dynamiques socio-économiques du
continent en pleine mutation

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CHAPITRE I : DEFINITIONS LIEES A L’APPROCHE
GEOGRAPHIQUE ET CULTURELLE DE L’AFRIQUE

 Ce chapitre s’engage dans une exploration approfondie des réalités


géographiques et culturelles de l’Afrique. En présentant l’Afrique comme un
continent imposant de 30 millions de kilomètres carrés abritant une
population de près de 1,2 milliard d’habitants, dont un milliard en Afrique
subsaharienne, le texte établit une base quantitative. Il souligne également la
distinction fréquemment faite entre l’Afrique du Nord arabophone et
l’Afrique subsaharienne, et élargit parfois cette distinction aux îles de l’océan
Indien influencées par des cultures asiatiques. Une tendance géopolitique
actuelle cherche à atténuer le clivage entre l’Afrique du Nord, qualifiée
parfois de « blanche », et l’Afrique subsaharienne, souvent qualifiée de
« noire », motivée par divers facteurs. L’Union Africaine est mise en avant
comme un agent d’unité, regroupant tous les États de l’Afrique continentale et
insulaire. Les échanges historiques entre l’Afrique du Nord et l’Afrique
subsaharienne, notamment la traite des esclaves avant la période européenne,
sont soulignés comme étant d’une importance constante. L’influence
contemporaine des pays d’Afrique du Nord en Afrique subsaharienne est
notée, tant sur les plans politique, économique (par exemple, les entreprises
égyptiennes), que géopolitique, économique et religieuse (notamment pour le
Maroc). Le chapitre mentionne également que des institutions d’aide au
développement, comme l’Agence française de développement (AFD),
redéfinissent leur stratégie en adoptant une conception intégrée de l’Afrique,
abandonnant la traditionnelle distinction entre l’Afrique du Nord et l’Afrique
subsaharienne, telle que définie dans la région MENA (« Middle East and
North Africa »).

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1. Les organisations sous-régionales en Afrique

En ce qui concerne les organisations sous-régionales en Afrique, le texte expose que bien
que l'ONU divise l'Afrique en cinq sous-régions officielles, à savoir septentrionale,
occidentale, centrale, orientale, et australe, de nombreuses organisations sous-régionales se
chevauchent parfois, ne correspondant pas toujours à cette classification. Les cinq
principales organisations économiques correspondent approximativement à ces sous-
régions : l'Union du Maghreb arabe (UMA) pour l'Afrique du Nord, la Communauté
Économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour l'Afrique de l'Ouest, la
Communauté Économique des États d'Afrique Centrale (CEEAC) pour l'Afrique centrale,
la Southern African Development Community (SADC) pour l'Afrique australe, et l'Autorité
intergouvernementale pour le Développement (IGAD) avec des membres de l'Afrique
orientale, ainsi que la East African Community (EAC). Le texte souligne également le
débat sur le franc CFA en Afrique de l'Ouest, expliquant les raisons économiques et
politiques derrière ce débat. Enfin, il rapporte l'annonce du retrait du franc CFA par
l'UEMOA le 21 décembre 2019, avec la promotion de l'Eco par le Nigeria en échange du
retrait de la France des organes de gouvernance et de la fin du dépôt des réserves
monétaires.

2. Définitions de concepts liés aux cultures africaine :


En ce qui concerne les définitions de concepts liés aux cultures africaines, le texte aborde
le terme "race" en soulignant son évitement dans les sciences humaines en raison de
plusieurs raisons, notamment la similarité génétique élevée entre les populations humaines
et les implications éthiques du concept. Cependant, le texte note que malgré cet évitement
du terme "race", il est parfois inévitable de parler de la "négritude" dans le contexte
culturel africain, et la couleur de peau reste un marqueur significatif en termes de
stéréotypes et de préjugés en Europe et en Afrique. En ce qui concerne le terme "ethnie", le
texte le définit comme un groupement humain avec une structure familiale, économique, et
sociale homogène, reposant sur une communauté de langue, de culture, et de conscience de
groupe, souvent corrélé à la langue en Afrique. Il souligne la controverse entourant le
concept d'ethnie, certains soulignant la complexité des groupes humains et la création
d'ethnies par interaction avec d'autres groupes, tandis que d'autres estiment que la
colonisation a contribué à la création d'ethnies africaines. La diversité linguistique ne
correspond pas toujours à une division ethnique stricte, et le terme "ethnie" a parfois été
remplacé par "peuple" pour éviter des connotations négatives, notamment dans les discours
politiques et intellectuels en Afrique. Enfin, le texte définit le "colonialisme" comme une
doctrine qui justifie et prône la colonisation, ou qui ne considère dans la colonisation que
l'intérêt des colonisateurs, et le "panafricanisme" comme un mouvement qui cherche à
unifier culturellement et politiquement les peuples et états africains, développant l'unité et
la solidarité des peuples et états africains.
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The first chapter of the text provides a comprehensive exploration of Africa's geographical
and cultural landscapes. It outlines the continent's vast expanse and diverse population,
emphasizing the distinction between North and sub-Saharan Africa. Efforts to bridge
historical divisions are highlighted, with the African Union serving as a unifying entity.
The chapter delves into the historical ties between North and sub-Saharan Africa,
emphasizing the ongoing influence of North African countries in areas such as politics,
economics, and religion.
Geopolitical shifts, including the evolving strategies of development aid institutions, are
discussed, with a focus on the French Development Agency's move towards an integrated
approach. Sub-regional organizations, such as ECOWAS and SADC, are outlined,
showcasing the complexity of regional dynamics that often transcend the UN's official
division. The chapter touches on economic organizations corresponding to different
regions, the West African CFA franc debate, and the introduction of the Eco.
Cultural concepts are explored, addressing the avoidance of the term "race" in the social
sciences and the acknowledgment of "Negritude" within the African cultural context. The
concept of "ethnicity" is examined, with attention to debates on its definition and its
replacement with "people" in political discourse to avoid negative connotations. The
chapter concludes by highlighting the enduring impact of colonialism and introducing the
principles of pan-Africanism as a movement seeking unity among African peoples and
states. In summary, the chapter provides a nuanced understanding of Africa's complex
realities, intertwining historical, geopolitical, and cultural perspectives.

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CHAPITRE II : LES MYTHES ET LES SOURCES DE
L’HISTOIRE DE L’AFRIQUE

1. Une épopée antique réappropriée comme racine mythique :


« l’Egypte nègre » de Cheikh Anta Diop
Cette partie aborde les mythes et les sources de l'histoire de l'Afrique, en se référant
notamment au discours de Nicolas Sarkozy à l'Université Cheikh Anta Diop à Dakar en
2007. L'auteur mentionne la réaction négative suscitée par les déclarations de Sarkozy,
critiquant l'idée que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire.
Ensuite, le texte explore la théorie de Cheikh Anta Diop, un universitaire sénégalais, qui a
avancé l'idée que l'Égypte antique était peuplée de Noirs et que les civilisations africaines
étaient à l'origine de toute civilisation. Cette théorie afro-centriste, développée dans des
ouvrages tels que "Nations nègres et culture", a rencontré un certain succès en Afrique de
l'Ouest et parmi les intellectuels noirs américains dans les années 1960.
L'auteur souligne cependant les critiques émises à l'égard de la théorie de Diop, notamment
par des universitaires africains, et met en avant les lacunes méthodologiques de ses
arguments. Il mentionne également le désaccord entre Diop et le président de l'époque,
Léopold Senghor, malgré leur engagement commun en faveur de la négritude

2. Le problème des sources


Le texte se penche également sur le problème des sources en ce qui concerne l'histoire de
l'Afrique. Il évoque la rareté des sources écrites avant les explorations portugaises du XVe
siècle, avec une dépendance significative envers les récits de voyageurs et de commerçants
arabes. Les limites des sources écrites arabes, ainsi que la rareté des monuments conservés,
sont également abordées.
Enfin, l’auteur met en lumière l'importance de la tradition orale en Afrique en tant que
source historique. Il explique que, malgré le manque d'écriture dans certaines sociétés
africaines, la tradition orale a joué un rôle crucial dans la préservation de l'histoire, citant la
Charte du Mandé comme un exemple de tradition orale considérée comme historique.
En résumé, le chapitre explore les perspectives divergentes sur l'histoire de l'Afrique, en
mettant en évidence les débats entourant les théories de Cheikh Anta Diop et les défis liés à
la documentation historique sur le continent.

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Chapter 2 of the book delves into the myths and sources of African history, drawing
particular attention to Nicolas Sarkozy's speech at Cheikh Anta Diop University in Dakar
in 2007. The author highlights the negative reaction provoked by Sarkozy's statements,
criticizing the notion that the African man has not sufficiently entered history.
The text then explores the theory put forth by Cheikh Anta Diop, a Senegalese scholar,
who asserted that ancient Egypt was inhabited by Blacks and that African civilizations
were the cradle of all civilizations. This Afrocentric theory, expounded in works like
"Nations nègres et culture," gained traction in West Africa and among black intellectuals in
the 1960s. However, the author underscores criticisms of Diop's theory, particularly from
African scholars, and highlights methodological shortcomings in his arguments. The text
also notes the disagreement between Diop and the then-president, Léopold Senghor,
despite their shared commitment to Negritude.
Addressing the issue of sources in African history, the text discusses the scarcity of written
sources before the 15th-century Portuguese explorations, heavily relying on accounts from
Arab travelers and traders. It explores the limitations of Arabic written sources and the
scarcity of preserved monuments.
Finally, the author emphasizes the significance of oral tradition in Africa as a historical
source. Despite the absence of writing in certain African societies, oral tradition played a
crucial role in preserving history, with the Charter of Mandé cited as an example of orally
transmitted history.
In summary, the chapter explores diverse perspectives on African history, shedding light on
the debates surrounding Cheikh Anta Diop's theories and the challenges associated with
historical documentation on the continent.

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CHAPITRE III : UN PANORAMA DES RACINES
CULTURELLES DE L’AFRIQUE DANS SON HISTOIRE
PRECOLONIALE
1. Une introduction aux anciens royaumes africains
Ce chapitre s'attarde sur les racines culturelles de l'Afrique avant l'ère coloniale, offrant
une analyse approfondie de l'histoire précoloniale du continent. L'auteur dénonce une
certaine tendance à idéaliser l'Afrique précoloniale dans certains programmes éducatifs
africains, soulignant plutôt la complexité et les défis historiques auxquels le continent a été
confronté.
Le récit débute par une exploration des divers niveaux de pouvoir en Afrique, allant des
structures de chefferies villageoises aux royaumes et empires. Il met en exergue l'impact
des conditions matérielles sur l'étendue du pouvoir, notamment la portée des tambours pour
la communication, la mobilité du roi à pied ou à cheval, et l'influence de l'accès aux
chevaux et aux fusils sur l'expansion territoriale.
Catarina Madeira-Santos soulève des questions cruciales sur la réalité de nombreux
royaumes africains, en établissant des critères tels que l'emprise territoriale, l'existence d'un
service public, d'une fiscalité et d'une armée de métier. Les doutes de François-Xavier
Fauvelle ajoutent une dimension supplémentaire en interrogeant la fonction des capitales,
se demandant si elles étaient de véritables centres de pouvoir ou simplement des hubs
commerciaux.
Royaumes et empires Périodes (siècles) Localisation (dans les pays
actuels)
Méroé IVe av. J.-C. – IVe AP. J.-C. Soudan

Aksoum Aksoum Ethiopie, Erythrée

Ghana IVe – XIIIe Mauritanie, Mali

Mali XIIIe – XVe Mauritanie, Sénégal, guinée,


Mali

Songhaï XVe – XVIe Mauritanie, Sénégal, guinée,


Mali, Niger

Kanem – Bornou VIIIe – XIXe Région du Lac Tchad (Tchad,


Nigeria, Niger, Cameroun)

Kongo XIVe – XIXe Congo (RDc), Congo (Rc),


Angola, Gabon

Zimbabwe XIIIe – XIVe Zimbabwe, Mozambique

Rwanda XVIIIe – XXe Rwanda

Zoulou XVIIIe – XIXe République d’Afrique du sud

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2. Les royaumes de Méroé et d’Aksoum :
L'auteur présente ensuite dix exemples spécifiques de royaumes ou empires précoloniaux,
se concentrant particulièrement sur les royaumes de Méroé et d'Aksoum. Il explore
l'évolution de ces entités, mettant en lumière leurs caractéristiques distinctives, leurs succès
et leurs échecs, tout en les replaçant dans le contexte plus large de l'histoire africaine.

3. De l’Afrique du Nord romaine et christianisée à l’Afrique du


Nord arabophone et musulmane

L'analyse se déplace ensuite vers l'Afrique du Nord, explorant la conquête arabe du VIIe
siècle. Il contextualise cette période en soulignant les changements significatifs provoqués
par l'effondrement de l'Empire romain et la montée de l'Empire byzantin. L'islamisation de
l'Afrique du Nord est discutée en détail, mettant en évidence la manière dont cette
transformation a redessiné la carte culturelle de la région.

643 665 681


640 641
642 Les Arabes •Le général arabe •Oqba Ibn
Sous le calife Omar, Construction poursuivent Nafi, tombé
de la •Les Oqba Ibn Nafi
les Arabes, dirigés Byzantins en organise une un moment
par le général Amr première Cyrénaïque en disgrâce,
mosquée évacuent troisième
Ibn al-Âs, Alexandri (Est de la grande reçoit le
franchissent l'isthme d'Afrique à Libye) et commande
Fustât (futur e sous la expédition et
de Suez et pression prennent fonde Kairouan ment
conquièrent l'Égypte. Le Caire). Tripoli à suprême en
arabe (Tunisie
l'Ouest. actuelle) en 670. Afrique.

Vers l'an
700
Les Arabes 698 695 693 ou 702 683
686
ont •Hassan •Hassan prend •La reine • Arrêt d'Oqba
largement •Le calife Abd el
reprend brièvement berbère "la dans les
pris le Malik envoie
Carthage et Carthage aux Kahina" est Aurès, où il
contrôle de une nouvelle
jette les Byzantins, mais vaincue par le est tué par
armée arabe à
l'Afrique du bases d'un elle est reprise gouverneur une coalition
Kaïrouan,
Nord, nouveau temporairement arabe Hassan, berbère et
fondant battant les
port, qui par une flotte marquant la fin byzantine
Kairouan et Berbères et
deviendra byzantine. de la résistance
Tunis en reprenant le
Tunis. berbère. territoire.
une
soixantaine
d'années.

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Un aspect particulièrement notable est la résistance millénaire des royaumes chrétiens de
Nubie. L'auteur décrit comment ces royaumes, successeurs du royaume de Méroé, sont
devenus chrétiens au VIe siècle sous l'influence du patriarcat d'Alexandrie. La tentative
arabe de colonisation des royaumes nubiens, les traités conclus et la résistance farouche de
la reine berbère "la Kahina" ajoutent des couches complexes à cette histoire.
L’auteur offre une vue panoramique et nuancée de l'Afrique précoloniale, mettant en
évidence la diversité des cultures, des pouvoirs politiques, des interactions commerciales,
et des défis auxquels le continent a été confronté avant l'avènement de la colonisation.
L'auteur démontre la nécessité de dépasser les simplifications idéalisées pour comprendre
pleinement la richesse et la complexité de l'histoire africaine précoloniale.

4. Les interactions entre royaumes du Maghreb et du Sahel


La deuxième partie traite la relation entre le Maroc et le Sahel, traversant des périodes
historiques marquées par des conquêtes, des échanges culturels, et des influences
mutuelles, a façonné une connexion profonde entre ces régions. L'histoire remonte au XIe
siècle avec les caravanes commerciales échangeant sel et or, et culmine avec la création de
la dynastie Almoravide, où les Sénégalais musulmans ont joué un rôle crucial.
Les Almoravides ont étendu leur empire jusqu'au fleuve Sénégal, contribuant ainsi à la
"réislamisation du Maroc". La scission de l'empire Almoravide entre le nord (Youssef ben
Tachfin) et le sud (Aboubaker) a influencé les trajectoires des relations futures. Au XVIe
siècle, les Saadiens ont conquis l'empire Songhaï, laissant une empreinte douloureuse sur
les relations Maroc-Sahel.
Cependant, les intellectuels sénégalais préfèrent souligner la continuité des liens
historiques, mettant en avant la contribution des Sénégalais à la création des Almoravides.
Ces relations anciennes trouvent des échos dans les liens commerciaux actuels, les
Sénégalais montrant un intérêt particulier pour les produits marocains.
En synthèse, les interactions entre le Maroc et le Sahel ont été façonnées par des moments
clés de l'histoire, créant des liens culturels et religieux durables. Ces relations historiques
continuent de se manifester à travers des échanges commerciaux et culturels, témoignant
d'une connexion profonde entre ces régions au fil des siècles.

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Maroc Sahel ou « Soudan »
Le premier conquérant arabe du
681 Maghreb, oqba ben nafi, atteint le
Empire du Ghana (à
Maroc.
dominante soninké) en
789 Idrissides : Moulay Idriss à Volu bilis : Mauritanie et Mali actuels.
895 il fonde fès en 807 Le royaume du Tekrour, lié
à l’empire du ghana et allié
Almoravides (« les gens du monastère aux Almoravides, était sur
», issus de la confé dération berbère la rive sud du fleuve
1062 IVe – XIIIe
saharienne sanhaja) : youssef ben sénégal (au fouta Toro
1147 Tachfin fonde Marrakech en 1062 et
siècles nB.
actuel). Le prince
un empire du sénégal à saragosse. almoravide Abou baker ben
omar tente une conquête de
Almohades : conquête de 1130 à 1160
l’empire du ghana (mort de
par Abd el Moumen (inspiré par le
l’empereur Bassi en 1062,
1147 prédicateur de Tinmal, Mohamed Ibn
auquel succède son neveu
1269 Toumert) qui prend Marrakech en
Tankâminîn)
1147 ; suivi par yacoub el Mansour (
1184-1199)

Empire du Mali ou du
Manden (à dominante
Mérinides : issus de la tribu berbère malinké) : fondé par
Zenata, conquête de fès en 1248 (et soundiata Keita (1230
fondation de la « nouvelle » fès el XIIIe XVe 1255) aux Mali, sénégal,
1265
Jedid) puis de Marrakech en 1265. En siècles (1230 guinée et sud de la
1465 1352, le Marocain Ibn Battûta voyage 1464) Mauritanie actuels. En
au Mali par oualata (sud-Est de la 1324, le souverain du Mali,
Maurita nie actuelle). Moussa Ibn Aboubaker, fait
un pèlerinage prestigieux à
la Mecque par Le caire.
Ouattasides, d’origine Zenata, à fès. Empire du Songhaï : fondé
1420
hassan al-Wazzan va en mission au par sonni Ali (1464-1492) :
1554 songhaï en 1512 1513.
XVe XVIe aux Mali, niger, sénégal,
Saadiens : prise de Marrakech en siècles (1464 sud de la Mauritanie
1524 1524, puis de fès en 1554 ; empire 1591 actuels (capitale : gao).
1660 jusqu’à Tombouctou et gao sous conquête marocaine du
Ahmed el Mansour à Marrakech. songhaï en 1591.

Alaouites : Moulay Rachid, puis Indépendances des pays


1660
Moulay Ismaïl à Meknès en 1672 fran cophones d’Afrique de
l’ouest, après une éphémère
1912 Protectorat français signé à fès. 1960
« fédéra tion du Mali »
Indépendance : Mohamed V, hassan II entre le sénégal et le Mali
1956 actuel
et Mohamed VI à Rabat.

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5.Les empires du Sahel occidental
Trois grands empires ont marqué l'histoire du Sahel occidental, façonnant la région à
travers l'agriculture, l'élevage, l'exploitation de l'or, des esclaves et le commerce
transsaharien. Le Ghana, le Mali et le Songhaï ont successivement prospéré, laissant une
empreinte durable sur la géopolitique et la culture de la région.
L'empire du Ghana, entre le IVe et le XIIIe siècle, était un royaume soninké situé au Sud de
la Mauritanie et à l'Ouest du Mali, avec Kumbi Saleh comme capitale. Il était renommé
pour son exportation d'or vers les pays d'islam et sa taxe sur les charges de sel et de cuivre.
Son apogée vers l'an 1000 avec Khaya Maghan Cisse fut suivie du déclin face à l'invasion
almoravide au XIe siècle.
Le Mali, fondé vers 1230 par Soundiata Keïta, domina le Mali, le Sénégal, la Guinée et le
Sud de la Mauritanie. Bien que la localisation de sa capitale, supposée être Niani, reste
incertaine, l'empire atteignit son apogée au XIVe siècle sous l'empereur Moussa.
Tombouctou, Gao et Djenné devinrent des centres intellectuels et commerciaux, mais
l'empire s'effondra au XVe siècle sous les attaques diverses.
L'empire Songhaï, avec ses deux dynasties dirigées par Sonni Ali et Askia Mohamed
Touré, couvrait le Mali, le Sénégal, le Niger et le Sud de la Mauritanie. Askia Mohamed
Touré organisa l'empire avec Gao comme capitale. Cependant, des querelles dynastiques
conduisirent à sa chute en 1591, annexé par les Saadiens du Maroc.
Ces empires ont laissé des héritages riches, documentés par des écrivains tels qu'Ibn
Battûta et Al Omari, des témoignages oraux comme la Charte du Mandé, et des monuments
architecturaux à Tombouctou, Gao et Djenné. Les interactions entre le Maroc et le Sahel
ont été également influencées par ces puissantes entités, enrichissant l'histoire culturelle et
économique de la région.
L'histoire de l'Afrique, telle que décrite dans le texte, est riche et diversifiée, couvrant
plusieurs régions et époques. L'évolution des empires et royaumes au fil des siècles offre
un aperçu complexe des dynamiques culturelles, économiques et politiques du continent.
Voici une synthèse cohérente de ces éléments.
Au Sahel occidental, les empires du Ghana, Mali et Songhaï ont prospéré entre les VIIIe et
XVIe siècles, tirant leur richesse de l'or, des esclaves et du commerce transsaharien. Ces
empires ont été des centres d'échanges culturels et économiques, mettant en lumière des
figures emblématiques comme Moussa, Souleymane, Sonni Ali et Askia Mohamed Touré.
Cependant, ils ont également connu des périodes de déclin sous la pression des invasions
extérieures.

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6. Les royaumes du Kanem – Bornou

Le Kanem-Bornou, situé au nord du Lac Tchad, a été un centre de pouvoir gouverné par la
dynastie musulmane Saifawa. Spécialisé dans le commerce des esclaves, le Kanem-Bornou
a survécu pendant plus de mille ans malgré les menaces et les déplacements vers le Bornou
au XIIIe ou XIVe siècle. Le Bornou, dirigé par une aristocratie de cavaliers, a maintenu le
commerce des esclaves comme activité principale jusqu'à sa destruction par les Peuls en
1808.

7. Les royaumes bantous d’Afrique centrale, orientale et australe

L'expansion bantoue a marqué des migrations sur plusieurs millénaires, depuis les
grassfields du Nigeria et du Cameroun jusqu'à l'Afrique centrale, orientale et australe. Au
Kongo, le commerce avec les Portugais a prospéré, mais des tensions ont émergé,
particulièrement sur la question de l'esclavage. Au Rwanda, les tensions ethniques entre
Hutus et Tutsis ont été exacerbées pendant la colonisation allemande et belge, conduisant
finalement au génocide de 1994.
La civilisation swahilie en Afrique orientale a émergé grâce aux échanges entre les cultures
bantoues et les influences islamiques et asiatiques. Les cités-États swahilies, telles que
Kilwa et Zanzibar, ont prospéré grâce au commerce de l'or, de l'ivoire et des esclaves.
Cependant, l'arrivée des Portugais à la fin du XVe siècle a marqué le déclin de cette
civilisation.
En Afrique australe, les royaumes de Mapungubwé, du Grand Zimbabwe et du
Monomotapa ont été des centres d'échanges prospères, impliqués dans le commerce d'or,
d'ivoire et d'autres produits. Malgré la grandeur de ces royaumes, ils ont été conquis par les
Portugais en 1629.
Enfin, le royaume zoulou, fondé par Chaka, a joué un rôle significatif dans les conflits avec
les Boers et les Britanniques au XIXe siècle. Malgré des revers, les Zoulous ont persisté
jusqu'au XXe siècle, illustrant la résilience et l'importance des cultures africaines dans
l'histoire globale du continent.

17
Chapter 3 provides a detailed analysis of Africa's cultural foundations before the colonial
era, rejecting idealized views in favor of a nuanced exploration of the continent's
complexity and historical challenges. The narrative begins by examining power structures,
from village chiefdoms to empires, considering factors such as communication methods
and territorial expansion influences.
Catarina Madeira-Santos raises questions about African kingdoms' reality, introducing
criteria like territorial control and service provision, while François-Xavier Fauvelle
questions the function of capitals. The chapter then explores ten precolonial examples,
focusing on kingdoms like Meroe and Aksum, highlighting their distinctive features and
placing them in the broader African historical context.
The discussion extends to North Africa, addressing the 7th-century Arab conquest,
Islamization, and the millennium-long resistance of Christian Nubian kingdoms. The
author emphasizes the importance of oral tradition in African history, citing the Charter of
Mandé as an example.
In summary, the chapter underscores the need to move beyond idealized notions to
understand Africa's rich and complex precolonial history. The second part explores
Morocco-Sahel relations, tracing historical connections shaped by conquests, cultural
exchanges, and mutual influences. From 11th-century caravans to the Almoravid dynasty,
Senegalese contributions, and conflicts with the Saadians, these historical ties persist in
current trade links.
The third part explores West Africa's major empires – Ghana, Mali, and Songhai. Ghana,
known for gold exports, faced decline with Almoravid invasion. Mali thrived under Mansa
Musa but collapsed in the 15th century. Songhai's dynasties, notably Askia Muhammad
Touré, covered vast territories but fell in 1591. These empires, documented by writers and
monuments, significantly influenced Morocco-Sahel interactions.
The synthesis captures the richness of Africa's history, highlighting the diverse dynamics of
empires, trade, and cultural exchanges over centuries.

18
CHAPITRE IV : LES PRISES ET EMPRISES
EXTERIEURES
1. Les primo-colonisations portugaise et hollandaise :

Ce chapitre examine la colonisation portugaise en Afrique, débutant au XVIe siècle avec


Luanda comme point central en Angola. La création de comptoirs négriers, notamment en
1567, établit Luanda comme un point de connexion crucial entre le Portugal, le Brésil et
l'intérieur de l'Angola. Les Portugais progressent dans l'Angola en remontant le fleuve
Cuanza, érigeant des forteresses le long du fleuve pour renforcer leur présence. La
colonisation portugaise, à l'époque masculine en raison des conditions sanitaires, voit
l'implantation de militaires, administrateurs, commerçants et missionnaires.
L'impact de cette colonisation sur la démographie portugaise reste limité, la mortalité des
Européens restant élevée, surtout dans des régions étendues comme l'Angola et le
Mozambique. Jusqu'au XXe siècle, le pouvoir demeure délégué aux métis et aux royaumes
africains locaux, en particulier dans des provinces éloignées. L'influence des traditions
matrilinéaires africaines est perceptible, particulièrement dans les familles coloniales, où la
prise de décision est souvent guidée par des normes différentes de celles de la succession
européenne. Ainsi, cette phase de colonisation précoce en Afrique illustre les premières
interactions entre les acteurs extérieurs et les populations locales, jetant les bases d'une
histoire coloniale complexe.
En 1652, les Boers, un groupe de 90 colons néerlandais, ont établi leur présence au Cap de
Bonne-Espérance sous la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. À cette époque, la
région était habitée par des peuples autochtones, comprenant les Bantous, les Khoikoi
nomades (Hottentots) et les San chasseurs-cueilleurs, affiliés au groupe linguistique
khoïsan. Malgré la coexistence de ces groupes, des mélanges ethniques, en particulier avec
les Xhosas, étaient déjà présents dans cette région aux conditions climatiques difficiles,
rendant la terre inhospitalière aux Bantous venus du Nord.
Les relations entre les Hollandais et les autochtones se sont détériorées lorsqu'ils ont établi
d'immenses fermes, empiétant sur les terres de pâturage et de chasse autochtones,
entraînant le massacre du gibier. Pour stimuler leur économie, les Hollandais ont eu
recours à des esclaves originaires d'Inde, d'Indonésie ou de Madagascar en raison de
conflits avec les tribus locales et de leur manque d'expérience agricole. Cette stratégie
économique a mis en lumière la dureté des Hollandais envers leurs esclaves, importés de
l'extérieur du continent, dans le but de maximiser leur rentabilité.

19
Ainsi, l'établissement hollandais au Cap de Bonne-Espérance a été marqué par des tensions
avec les populations autochtones, des pratiques agricoles expansionnistes menant à des
conflits territoriaux, et l'utilisation d'esclaves étrangers pour soutenir l'économie, illustrant
les débuts de la colonisation hollandaise en Afrique du Sud.
L'esclavage en Afrique a revêtu différentes formes, dont l'esclavage interne à l'Afrique, la
traite arabo-islamique et la traite atlantique. Dans de nombreuses ethnies, l'esclavage était
courant, souvent résultant de guerres locales ou de razzias. Bien que la Charte du Manden
au Mali ait condamné l'esclavage en 1222, il persistait, avec des distinctions entre
l'esclavage lié aux activités militaires, aux travaux collectifs pénibles et aux travaux
domestiques. L'esclavage africain présentait divers statuts, avec des esclaves de la
couronne pouvant obtenir des responsabilités en fonction de leurs compétences.
Les esclaves militaires étaient évalués pour leurs aptitudes au combat, tandis que les captifs
de couronne bénéficiaient de considération et de privilèges. Ce système était héréditaire et
transmis de dynastie à dynastie, les captifs restant la propriété du royaume. L'esclavage
judiciaire, visant les criminels ou les débiteurs insolubles, était pratiqué dans différentes
parties de l'Afrique. Par exemple, au royaume du Dahomey, les premières victimes des
sacrifices humains lors des « coutumes annuelles » étaient des esclaves.
L'esclavage interne à l'Afrique a été renforcé par l'exportation vers les pays arabes ou
l'Amérique, stimulée par la traite islamique et atlantique. En Afrique de l'Ouest, de
nombreux esclaves étaient intégrés dans la production agricole et l'artisanat, mais cela a
entraîné la dévalorisation sociale des corporations d'artisans investies par les esclaves.
La traite islamique et atlantique ont conduit à la capture et à la vente d'esclaves par les
royaumes, chefferies ou trafiquants africains. Cela a eu des implications sociales,
renforçant l'organisation de certains peuples africains en castes, notamment les
Toucouleurs, avec des castes nobles, de métiers et de captifs. Certains historiens estiment
que les « rois nègres » ont perdu leur crédibilité dans la traite négrière, compromettant leur
position successivement dans l'esclavage et les traités de colonisation.

20
2. L’esclavage et la saignée des traites
négrières arabes et occidentales
La traite « arabe » ou « islamique » présentait deux voies, terrestre à travers le Sahara et
maritime via l'océan Indien, notamment par Zanzibar et la mer Rouge. Contrairement à la
traite « atlantique », la traite « arabo-islamique » est moins souvent évoquée en Afrique,
potentiellement en raison de considérations politiques. Des pays d'Afrique du Nord, tels
que l'Égypte et le Maroc, qui ont largement pratiqué cette traite, sont des membres
influents de l'Union Africaine. Ces pays arabes et africains sont également membres du «
Groupe des 77 aux Nations unies », où une autre solidarité, celle des pays en
développement, s'exprime. La traite arabo-islamique était particulièrement axée sur les
femmes destinées à devenir concubines ou servantes, représentant environ 15 millions de
personnes déportées.
La traite atlantique, organisée selon le principe du « commerce triangulaire », impliquait
l'échange de produits manufacturés européens contre des esclaves en Afrique. Ces esclaves
étaient ensuite vendus en Amérique pour obtenir des produits agricoles, tels que café, rhum
et coton, qui étaient ramenés en Europe. Cette traite, mettant l'accent sur l'exploitation
d'hommes pour les plantations américaines, a résulté en environ 11 millions de
déportations.

XVIe : 1519-1600 266 000

XVIIe : 1601-1700 1 252 800

XVIIIe : 1701-1800 6 096 200

XIXe : 1801-1867 3 446 800

Total 11 061 800

(Exportations » d’esclaves d’Afrique par l’Atlantique par siècle : 1519-18678)


La traite atlantique, abolie par les Français en 1794 puis définitivement en 1848, ainsi que
par les Britanniques en 1834, coïncida avec le début de la colonisation officielle à la fin du
XIXe siècle, marquée par la Conférence de Berlin (1884-1885). Cette traite impliquait
l'utilisation de ports africains par des compagnies européennes ou le recours à des navires
pratiquant le cabotage pour le transport d'esclaves.
L'esclavage en Afrique a engendré des séquelles psychologiques et politiques profondes,
entraînant des traumatismes et des sentiments d'humiliation. La traite extérieure a causé la
mort de plus de 30 millions de personnes, avec des conséquences démographiques
négatives. L'opposition de certains dirigeants africains à l'abolition de l'esclavage et son
expansion en Afrique après la perte du marché atlantique ont provoqué d'importantes
révoltes. De manière inattendue, le commerce triangulaire a introduit en Afrique des
cultures américaines riches en calories, telles que le maïs et le manioc.

21
3. La Conférence de Berlin (1884-1885) et le choc des
colonisations modernes

La Conférence de Berlin (1884-1885) a partagé l'Afrique entre les Européens, officialisant


le partage entre la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Portugal, avec des frontières
souvent arbitraires. Les puissances coloniales ont étendu leur emprise sur l'Afrique,
perdant les colonies allemandes au profit des Alliés après la Première Guerre mondiale.
Les impacts de la colonisation en Afrique varient, avec des séquelles psychologiques et
démographiques majeures. La gestion coloniale a adopté différentes approches, de la
gestion directe de la France et de la Belgique à l'administration indirecte des Britanniques.
Le développement économique a mis l'accent sur les infrastructures, mais souvent au
détriment des populations locales. Les impacts sociaux incluent le développement de
l'éducation et de la santé, bien que de manière inégale.
Le débat sur la colonisation reste complexe, impliquant des questions juridiques et
politiques. Certains considèrent la colonisation comme un "crime contre l'humanité", citant
les violences, expropriations et négations de dignité humaine. D'autres soulignent les
aspects matériels et institutionnels positifs, comme les infrastructures et les systèmes de
gouvernement adoptés par les anciennes colonies. En fin de compte, le débat nécessite une
évaluation approfondie des différentes perspectives impliquées.
L'accession à l'indépendance en Afrique, entre 1956 et 1977, a été marquée par des espoirs
et des défis. Les nouvelles nations ont dû faire face à la nécessité de construire des unités
dans des frontières parfois artificielles, conduisant à la création de régimes autoritaires et
de partis uniques. La période de la guerre froide a influencé les orientations politiques des
nouveaux États, les orientant vers l'Est ou l'Ouest. Les processus d'indépendance ont été
accompagnés de conflits sanglants, notamment en Algérie, au Cameroun, en Guinée-
Bissau, au Mozambique, en Angola, au Zimbabwe, et au Kenya. Ces conflits ont laissé des
cicatrices profondes et des conséquences persistantes sur la stabilité politique et sociale de
ces nations.
L'histoire post-indépendance a été marquée par des difficultés politiques, économiques et
sociales. La "Françafrique", spécifique aux anciennes colonies françaises, a été caractérisée
par des relations politiques, commerciales et militaires opaques. Les séquelles
psychosociologiques de la colonisation ont créé un complexe d'infériorité, une méfiance
envers les Européens, et un désir de revanche, influençant les relations franco-africaines.
Le projet panafricain a été promu par des leaders tels que Kwame Nkrumah, qui a joué un
rôle central dans la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) en 1963. L'Union
Africaine (UA) a émergé comme une institution politique et économique continentale,
travaillant vers l'intégration et la coopération. En 2018, la Zone de Libre-Échange
Continentale Africaine (ZLECA) a été établie pour stimuler le commerce intra-africain.
Les séquelles de la relation coloniale persistent, notamment avec la "Françafrique", créant
des tensions politiques et économiques. Les conséquences psychosociologiques influencent
les perceptions actuelles des relations entre l'Afrique et l'Europe, soulignant la nécessité
d'une communication transparente et de relations équilibrées.

22
Chapter 4 explores Portuguese colonization in Africa, starting in the 16th century with
Luanda as a pivotal hub in Angola. Luanda's establishment as a crucial link in the slave
trade network positioned it at the intersection of Portugal, Brazil, and the interior of
Angola. Portuguese expansion progressed along the Cuanza River, marked by the erection
of fortresses. This early phase sets the stage for complex colonial interactions, laying the
foundation for the intricate colonial history.
In 1652, Dutch settlers, known as the Boers, arrived at the Cape of Good Hope under the
Dutch East India Company. Indigenous conflicts arose as large farms encroached on
grazing and hunting lands, leading to tensions with the local population. The Dutch, aiming
to boost their economy, utilized slaves from India, Indonesia, or Madagascar. The Cape's
colonization was characterized by territorial conflicts, expansionist agricultural practices,
and the reliance on foreign slaves.
The chapter also examines diverse forms of slavery in Africa, such as internal slavery,
Arabo-Islamic, and Atlantic slave trades. It delves into the psychological and demographic
impacts of these trades on African societies, emphasizing the lasting scars of external
exploitation. The Atlantic slave trade, abolished in the 19th century, coincided with the
onset of official colonization in the late 1800s, marked by the Berlin Conference (1884-
1885). Colonization's effects varied, with psychological and demographic consequences,
uneven economic development, and diverse social repercussions.
The debate on colonization remains complex, encompassing legal and political dimensions.
Some view colonization as a "crime against humanity," citing violence, expropriation, and
the denial of human dignity. Others highlight material and institutional positives, such as
infrastructure and governance systems adopted by former colonies. The independence era
(1956-1977) brought hopes and challenges, with newly formed nations facing the task of
building unity within sometimes artificial borders. The post-independence period was
marked by political, economic, and social difficulties, with colonial legacies influencing
Franco-African relations and emphasizing the need for transparent communication and
balanced interactions.

23
CHAPITRE V : LES INDEPENDANCES

1. Espoirs et désespoirs des indépendances

Les futurs dirigeants politiques africains, formés en France ou au Royaume-Uni, ont


observé les différences entre la démocratie occidentale et le régime colonial. Les forces
armées africaines ont joué un rôle crucial dans les guerres mondiales, influençant le
système politique en France. La Constitution de 1946 a mis en avant la mission de
promouvoir la liberté et l'autonomie démocratique pour les peuples colonisés. Des
membres africains de l'Assemblée nationale française ont contribué à des décrets
importants, tels que la fin du travail forcé et la citoyenneté française pour les colonisés en
1946. Des avancées significatives dans la santé en Afrique ont été réalisées grâce à des
campagnes de vaccination et à la disparition de la variole, malgré des préoccupations liées
à la croissance démographique rapide. Les dirigeants africains prônant l'indépendance,
conjugués à des défis croissants pour les gouvernements colonisateurs, ont conduit à une
remise en question de la colonisation. En 1960, les pressions démographiques ont incité les
gouvernements européens à envisager la décolonisation et à transférer le pouvoir aux
dirigeants africains revendiquant l'indépendance.

2. Le projet panafricain

Les processus d'indépendance en Afrique entre 1956 et 1977 ont marqué la fin de la
période coloniale, avec les colonies françaises, britanniques, italiennes et portugaises
accédant à l'indépendance. Des mouvements d'indépendance ont été accompagnés de
conflits parfois sanglants. Les principales périodes de transition comprennent les années
1960 pour les colonies françaises, 1956-1966 pour le Soudan, 1951-1960 pour les colonies
italiennes, et 1974-1975 pour les colonies portugaises.
Le processus d'accession à l'indépendance a été marqué par des luttes telles que la guerre
d'Algérie (1954-1962), les émeutes et la guerre asymétrique au Cameroun (1955-1960), la
lutte armée en Guinée-Bissau (années 1950-1970), la guerre civile au Mozambique (1962-
1992), le conflit en Angola (1975), et les conflits opposant différentes factions au
Zimbabwe (années 1960-1980) et au Kenya (1950).

24
3. Les séquelles de la relation coloniale

Le système colonial présentait des contradictions, notamment entre sa mission


"civilisationnelle" démocratique proclamée et la réalité non démocratique de la
colonisation. Malgré la promotion de la démocratie et de l'éducation, l'écart entre les
valeurs affichées et appliquées était évident, en particulier en ce qui concerne la santé. Cela
risquait de modifier considérablement la population, mettant en péril les équilibres
économiques et politiques de la colonisation. Le désir d'émancipation parmi les Africains a
contribué à la relativement courte durée de la colonisation européenne en Afrique, environ
70 ans, y compris celle du Portugal.
La période post-indépendance en Afrique a été marquée par la recherche d'unité dans des
frontières souvent artificielles, conduisant parfois à des régimes autoritaires et des partis
uniques. Pendant la "guerre froide", les pays se positionnaient du côté occidental ou
soviétique, influençant leurs alliances et coopérations. Des crises graves, telles que la
guerre civile au Biafra (Nigeria), les guerres sécessionnistes en Érythrée et au Sud-Soudan,
ainsi que les conflits au Liberia et en Sierra Leone, ont engendré des conséquences
dévastatrices, dont des famines et des génocides. Le contexte géopolitique complexe a
également vu des coopérations variées avec d'anciens colonisateurs et des influences
soviétiques ou cubaines. Le génocide au Rwanda en 1994 et les guerres civiles au Liberia
et en Sierra Leone ont ajouté des tragédies humaines à cette période tumultueuse de
l'histoire africaine post-indépendance.
Kwame Nkrumah, philosophe marxiste et homme politique ghanéen, joue un rôle central
dans le développement du panafricanisme. Après avoir fondé le Convention People’s Party
(CPP) en Côte d’Or en 1949, il devient Premier Ministre en 1957 lorsque le pays obtient
l'indépendance, adoptant ensuite le nom de Ghana en 1960. Malgré des initiatives
économiques planifiées et l'établissement du CPP en tant que parti unique en 1964,
Nkrumah est renversé par un coup d'État en 1966, attribué à des échecs économiques et à
une dérive autoritaire.
Son engagement en faveur du panafricanisme se manifeste à travers des collaborations
avec des intellectuels marxistes tels que George Padmore, Robert James, Cheikh Anta
Diop, et des leaders comme Sékou Touré et Julius Nyerere. Il contribue à la création de
l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1963, promouvant l'idée d'une institution
régionale forte, les "États-Unis d'Afrique". Cette vision est reprise ultérieurement par des
leaders comme Mouammar Kadhafi et Thomas Sankara.
L'OUA, évoluant en Union Africaine (UA) en 2002, est dotée de diverses institutions, dont
la Commission Africaine, le Parlement panafricain, le Conseil économique, social et
culturel, ainsi que le Conseil de Paix et de Sécurité. Bien que l'UA ait perdu le caractère
révolutionnaire de ses débuts, elle joue un rôle de médiation dans les conflits, favorisant le
respect des règles de droit et de démocratie.

25
Un jalon significatif est l'accord de création de la Zone de Libre-Échange Continentale
Africaine (ZLECA) en 2018, visant à faciliter la libre circulation des personnes, des
services, des marchandises et des capitaux. Cependant, sa mise en œuvre complexe
nécessite des accords détaillés sur divers aspects. Malgré ces défis, l'UA demeure un acteur
clé pour la stabilité et le développement en Afrique.
La "Françafrique" est une spécificité des relations franco-africaines caractérisée par une
culture du secret et du pouvoir occulte. Initiée par les présidents Charles de Gaulle et Félix
Houphouët-Boigny, cette politique visait à maintenir des liens privilégiés entre la France et
ses anciennes colonies africaines, impliquant des dimensions politiques, économiques et
militaires.
Les aspects politiques de la "Françafrique" ont consisté à maintenir au pouvoir des
dirigeants africains corrompus ou autoritaires, considérés comme des alliés fidèles de la
France. Sous différents présidents français, cette approche a été marquée par des
interventions électorales et militaires pour assurer la loyauté de ces dirigeants.
Outre les enjeux économiques, la politique française en Afrique a eu des conséquences
dramatiques, comme le soutien militaire au Cameroun dans les années 1960, entraînant
d'importantes pertes humaines. Des positions ambiguës ont également été observées dans
des crises externes, telles que le soutien à la sécession biafraise au Nigeria et l'implication
limitée lors du génocide au Rwanda en 1994.
Bien que la "Françafrique" ait perdu de son influence avec la fin de la guerre froide et
l'émergence de nouvelles puissances, son impact négatif persiste. La méfiance
postcoloniale envers les interventions françaises, le manque de transparence dans les
transactions et les pratiques occultes ont contribué à susciter des réactions négatives,
notamment face à des opérations telles que celle menée au Sahel en 2019.
Les séquelles de la colonisation demeurent prégnantes dans la culture africaine, malgré la
disparition de la période coloniale. Les traumatismes de deux générations, marquées par
l'intrusion brutale, le travail forcé, les maladies importées, ont engendré un complexe
d'infériorité, une méfiance envers les Européens et un désir de revanche dans la génération
actuelle.
Cette méfiance s'exprime parfois à travers des réactions ambiguës, attribuant aux
Européens un pouvoir supérieur tout en doutant de leurs intentions néocoloniales. Cette
situation est en contraste avec des pays comme l'Éthiopie, n'ayant guère connu de
colonisation, où l'indifférence envers les Blancs prévaut.
Les intervenants européens en Afrique sont conseillés d'éviter une posture de "culpabilité
héréditaire" tout en reconnaissant les effets psychosociaux persistants du passé colonial.
Sur le plan politique, les opérations militaires françaises au Mali et au Burkina Faso, bien
qu'effectuées à la demande d'autorités africaines élues, sont parfois perçues comme des
forces coloniales, témoignant de la complexité des relations postcoloniales.
26
La France, engagée dans la lutte contre le terrorisme islamiste au Sahel, se retrouve parfois
conspuée dans des manifestations qui la considèrent comme une force coloniale. Les
critiques soulignent les faiblesses des gouvernements locaux corrompus, mettant en
lumière des soldes non versées, la corruption militaire, et des massacres perpétrés par les
forces maliennes. Cette situation complexe nécessite des interventions diplomatiques
habiles pour surmonter la suspicion persistante de néocolonialisme.

This chapter explores the complexities of European colonization in Africa, examining the
Portuguese and Dutch presence in Angola and South Africa, respectively. It delves into the
establishment of trade outposts, the impact on local demographics, and the introduction of
external influences on traditional African societies. The narrative extends to the
transatlantic and trans-Saharan slave trades, detailing the varied forms of slavery within
Africa and the profound consequences of the Atlantic trade. The discussion progresses to
the abolition of the Atlantic slave trade, the Berlin Conference's role in the partitioning of
Africa, and the subsequent colonial era. The text underscores the contradictions within
colonial missions, particularly the tension between proclaimed democratic ideals and the
often-autocratic reality. The post-independence period is analyzed, highlighting challenges
faced by newly formed African nations, their geopolitical alignments during the Cold War,
and the persistent influence of former colonial powers. Pan-Africanism, as championed by
leaders like Kwame Nkrumah, is examined, along with the establishment and evolution of
continental organizations such as the Organization of African Unity (OAU) and the African
Union (AU). The chapter concludes with a critical examination of the enduring impact of
colonial legacies, the complex dynamics of Franco-African relations, and the challenges in
fostering balanced postcolonial relationships between Africa and Europe

27
CHAPITRES VI : LES EVOLUTIONS RELIGIEUSES

1- Les évolutions religieuses :


Selon l'ouvrage "Le management interculturel en Afrique", les évolutions religieuses en
Afrique incluent souvent un syncrétisme des religions traditionnelles avec les religions
monothéistes, en particulier le christianisme. Ce syncrétisme reflète l'interaction et
l'adaptation des croyances religieuses en Afrique
De plus, l'ouvrage mentionne l'impact de la spiritualité et des traditions secrètes,
soulignant que certaines pratiques religieuses traditionnelles coexistent avec les religions
monothéistes et que des éléments et des rites des religions traditionnelles peuvent persister
. Ces évolutions religieuses témoignent de la complexité et de la diversité du paysage
religieux en Afrique, ainsi que de l'importance de comprendre ces dynamiques dans un
contexte interculturel.

2- Les religions traditionnelles africaines :


Selon l'ouvrage "Le management interculturel en Afrique", les religions traditionnelles
africaines ont souvent l'intuition d'un Dieu suprême et créateur de l'univers, mais
inaccessible. Les ancêtres sont également une croyance fondamentale, car ils restent
vivants comme esprits et peuvent se manifester ou être adressés par des rites adaptés. Les
divinités représentatives de l'environnement des ethnies sont également importantes, et on
peut s'adresser à elles par l'intercession des ancêtres. Les religions traditionnelles africaines
s'inscrivent dans la conception d'un monde dont l'homme n'est pas le centre, contrairement
à la pensée occidentale. Les ancêtres et les esprits qui peuplent les forêts et les bois sacrés
forment un monde invisible, relié au monde visible des hommes, des animaux et de la
nature. Les religions traditionnelles africaines sont importantes, en particulier dans le golfe
de Guinée (Bénin, Ghana, Togo, Nigeria...) chez les Fon, Ewé, Yorubas qui pratiquent le
vaudou. Le vaudou reconnaît un Dieu suprême, Mawu, mais on s'adresse à un panthéon de
divinités représentant des forces de la nature ou les forces d'activités humaines. Les
religions traditionnelles africaines sont souvent associées à la sorcellerie et à la médecine
traditionnelle, et on distingue trois types de rituels : la magie noire, la magie blanche et la
magie rouge
Les religions traditionnelles africaines sont donc un aspect important de la diversité
religieuse en Afrique, et leur coexistence avec les religions monothéistes reflète
l'interaction et l'adaptation des croyances religieuses en Afrique. Les bois ou forêts sacrés,
qui sont strictement protégés ou interdits d'accès aux non-initiés, sont également
importants pour la protection spirituelle de la nature, et des écologistes s'efforcent
aujourd'hui de s'inspirer de cette sagesse pour lutter contre la déforestation en Afrique

28
3- Les trois religions du monothéisme :
En cette partie on trouve la distinction entre les trois religions monothéistes dans un
contexte historique et géographique spécifique. Tout d'abord, le judaïsme est apparu en
Afrique suite à la dispersion des juifs après la destruction du Temple de Jérusalem en l'an
70. Certaines tribus berbères en Afrique du Nord se sont identifiées comme juives, tandis
que d'autres ont émigré vers l'Abyssinie. Des pressions, notamment de la conquête arabe,
ont conduit certains juifs à se convertir à l'islam. Au milieu du XXe siècle, la plupart des
juifs d'Afrique du Nord ont émigré, principalement vers Israël.
En ce qui concerne le christianisme antique, il s'est développé dans la composante latine au
Maghreb, mais a disparu après l'invasion arabo-musulmane du VIIe siècle. Le
christianisme monophysite, en particulier copte en Égypte et en Éthiopie, a persisté et est
toujours présent aujourd'hui, représentant une part significative de la population dans ces
régions.
Ainsi, l'islam sunnite a fait son apparition en Afrique du Nord au VIIe siècle grâce à la
conquête arabe, puis s'est répandu en Afrique subsaharienne. L'islam africain se développe
avec différentes écoles juridiques, notamment malékite à l'ouest, shaféite à l'est, et hanéfite
en Égypte. Le texte souligne également des événements spécifiques, tels que l'expulsion
des missionnaires jésuites européens d'Éthiopie en 1632 en raison de désaccords
doctrinaux.
Dans la région de l'Afrique de l'Ouest, l'islam connaît une expansion considérable à la fin
du XVIIIe et au début du XIXe siècle, notamment à travers la diffusion du soufisme
confrérique, particulièrement avec la Tijaniyia.
La tijaniyia dans un contexte simple représente un rôle central en tant que lien entre le
Maghreb et l'Afrique de l'Ouest. Au Sénégal, où l'islam est majoritairement confrérique, il
existe un "contrat social sénégalais" entre le pouvoir temporel et spirituel, établissant une
relation institutionnalisée entre l'État et les confréries depuis l'époque coloniale. Les
confréries, souvent conservatrices, soutiennent généralement le pouvoir en place, et cette
relation est également approuvée par les médias et les chancelleries occidentales, qui
voient les confréries comme un rempart contre le djihadisme.
La Tijaniya joue un rôle particulier en tant que lien entre le Maroc et le Sahel. Fondée par
sidi Ahmed Al Tijânî, la Tijaniya s'est développée en adoptant une approche non rigide de
la doctrine, se présentant comme la "Tariqa Mohammedia" et favorisant le respect du droit
à la différence sans violence ni extrémisme. Son wird tijani, basé sur l'invocation continue
de Dieu, la bénédiction du prophète, et d'autres pratiques, a gagné en popularité auprès des
populations berbères et africaines, promettant le pardon des péchés et une place au paradis.
La Tijaniya s'est propagée dans tout le Maghreb et l'Afrique subsaharienne grâce à ses
disciples et successeurs, devenant la confrérie la plus importante au monde avec environ
300 à 350 millions d'adeptes. Les liens de la Tijaniya entre le Maroc et l'Afrique de l'Ouest
sont particulièrement forts, bien que les Touaregs aient constitué une barrière à l'est du
Sahara en raison de leur hostilité envers la confrérie.

29
Les sites clés de la Tijaniya, tels que Fès au Maroc, Ain Madhi en Algérie, Tivaouane,
Thiès et Kaolack au Sénégal, Bandiagara au Mali, Chinguetti en Mauritanie, sont
considérés comme des lieux sacrés pour les adeptes. Le pèlerinage à Fès, devenu un
phénomène de société au Sénégal, est également devenu un enjeu commercial et
diplomatique pour le Maroc. Des agences de voyages proposent des "ziyara tout compris",
développant ainsi un important tourisme religieux qui englobe des aspects religieux,
touristiques et commerciaux. Le pèlerinage à Fès est considéré comme presque aussi
important que celui de La Mecque, avec des participants entourés d'une aura de prestige et
porteurs de la baraka.
Selon notre ouvrage, le christianisme missionnaire est un aspect important de l'expansion
du christianisme sur le continent africain. Les missionnaires chrétiens, catholiques et
protestants, ont joué un rôle crucial dans la diffusion de la foi chrétienne en Afrique,
notamment à travers des activités telles que l'enseignement, la santé, l'éducation et le
développement social. L’ouvrage mentionne que le christianisme missionnaire commence
avec les Portugais au début du XVe siècle. Les missionnaires ont dû adapter leurs
méthodes et leurs approches en fonction des contextes culturels et religieux spécifiques, ce
qui a souvent conduit à des syncrétismes et des adaptations entre les traditions chrétiennes
et les pratiques locales. Dans le contexte de l'Afrique, les défis auxquels les missionnaires
ont été confrontés incluent la résistance aux idées missionnaires, les conflits avec d'autres
représentants de l'Occident, et les tensions entre les différentes cultures et religions
. Les missionnaires ont dû former les intervenants de la pastorale à la pratique du dialogue
interculturel, et le management d'une communauté chrétienne dans un contexte
multiculturel est devenu un enjeu crucial. En résumé, le christianisme missionnaire est un
aspect important de l'expansion du christianisme en Afrique, avec des missionnaires
catholiques et protestants contribuant à l'expansion de la foi chrétienne sur le continent.
Les missionnaires ont été confrontés à diverses défis et ont dû adapter leurs méthodes et
leurs approches en fonction des contextes culturels et religieux spécifiques, ce qui a
souvent conduit à des syncrétismes et des adaptations entre les traditions chrétiennes et les
pratiques locales.

4- Les autres religions :


Et finalement il existe d’autres religions comme L'hindouisme qui est représenté en
Afrique du Sud, dans les îles de l'océan Indien (à Maurice, à La Réunion et à Madagascar)
et en Afrique de l'Est, notamment au Kenya et en Tanzanie. À Maurice, l'hindouisme est la
première religion et représente 52% de la population, principalement constituée d'une
population d'origine indienne "importée" comme main-d'œuvre qualifiée en Afrique par la
colonisation britannique. Les missionnaires chrétiens ont également été actifs en Afrique.

30
In this chapter the book specifies that religious developments on the African continent are
marked by a syncretism between traditional religions and monotheistic religions, in
particular Christianity. This phenomenon reflects the interaction and adaptation of religious
beliefs in Africa. Traditional African religions recognize an inaccessible Supreme God,
emphasize ancestors and spirits, and are part of a worldview where man is not at the center.
Traditional religions, such as voodoo among the Fon, Ewé and Yorubas, play an important
role, associated with witchcraft and traditional medicine. Sacred woods, strictly protected,
are also crucial for the preservation of nature, attracting the interest of ecologists.
The book distinguishes the three main monotheistic religions in Africa. Judaism emerged
with the dispersal of Jews, ancient Christianity flourished before declining after the Arab-
Muslim invasion, and Islam spread to North Africa in the 7th century before developing
further in sub-Saharan Africa, notably with Tijaniya.
Tijaniya, a Sufi brotherhood, plays a central role as a link between the Maghreb and West
Africa. It takes a flexible approach to doctrine and promotes respect for the right to be
different. With links between Morocco and West Africa, the Tijaniya has about 300 to 350
million followers and is present in key sites considered sacred.
Regarding Christianity, missionaries have played a crucial role in its expansion in Africa,
adapting their methods to specific cultural and religious contexts. Missionary Christianity
has faced challenges such as resistance to missionary ideas and cultural and religious
tensions.
Finally, other religions, such as Hinduism, are present in South Africa, the islands of the
Indian Ocean and East Africa. In Mauritius, Hinduism is the main religion due to the
importation of Indian labour during British colonization.
In summary, religious diversity in Africa reflects the complex interplay between local
religious traditions and external influences, with significant implications for intercultural
management on the continent.

31
CHAPITRE 7 : LES ENJEUX
ECONOMIQUES, POLITIQUES ET SOCIAUX
D’AUJOURD’HUI

Ce chapitre représente une introduction de la seconde partie qui consiste sur l’adaptation
du management en Afrique, un chapitre qui contient le contexte économique, politique et
social de l’Afrique.

1- La croissance internationale :

Dans un contexte de croissance et en ce qui concerne la croissance internationale, le XXIe


siècle est souvent annoncé comme l'ère de l'Afrique, marqué par diverses évolutions
économiques. Les bailleurs de fonds internationaux ont passé des Objectifs du Millénaire
pour le Développement aux Objectifs de Développement Durable, qui sont plus qualitatifs
et englobent des aspects sociaux, inclusifs, écologiques, ainsi que des engagements de
gouvernance.
Les transferts financiers externes vers l'Afrique subsaharienne se répartissent généralement
en trois catégories, totalisant environ 50 milliards de dollars chacune par an : l'aide
publique au développement stagne malgré les engagements de l’Organisation de
Coopération et de Développement économiques, tandis que les transferts de la diaspora
africaine et les investissements directs étrangers augmentent significativement. Les
transferts des migrants vers leur pays d'origine ont atteint 46 milliards de dollars en 2018
pour l'Afrique subsaharienne, représentant une hausse de près de 10 % par rapport à 2017.
Ces tendances reflètent la volonté de certains pays africains de réduire leur dépendance à
l'aide publique extérieure et de favoriser les investissements privés.
Des leaders africains, tels que le président kényan Uhuru Kenyatta et le président ghanéen
Nana Akufo-Addo, expriment leur désir de mettre fin à l'assistance publique extérieure en
faveur d'un modèle axé sur les investissements. Cependant, ces aspirations coexistent avec
des défis tels que l'accentuation des inégalités, comme souligné par le Rapporteur spécial
des Nations unies sur l'extrême pauvreté au Ghana.
Parallèlement, les pays émergents, tant externes (Chine, Inde, Brésil, Turquie) qu'internes
(Afrique du Sud, Égypte, Maroc), participent à la compétition des offres d'investissement
en Afrique, avec la Chine émergeant comme le principal partenaire extérieur du continent.

32
1.1- La croissance africaine :
La croissance du PIB en Afrique subsaharienne a été en moyenne de 5,1 % par an dans la
période 2001-2015, avec un taux moyen de croissance de la population de 2,5 % par an.
Cela a entraîné une croissance moyenne du PIB par habitant de 2,6 % par an. La croissance
du PIB est devenue plus forte que celle de l'Asie, principalement due à la croissance
chinoise qui a tiré l'économie africaine. Cependant, la croissance économique africaine a
ralenti par la suite en raison des cours des matières premières, de l'inflation et des
déséquilibres des finances publiques, la ramenant au niveau de la croissance
démographique dans la période 2015-2018. Malgré cela, certains pays comme le Ghana,
l'Ethiopie, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et la Tanzanie ont maintenu une croissance de 7 % à
8 % par an. Il est cependant important de considérer ces chiffres avec prudence en raison
du poids important de l'économie informelle et de la relative fiabilité des appareils
statistiques en Afrique subsaharienne
En Afrique, il existe des inégalités importantes entre les pays les plus riches et les plus
pauvres, ainsi qu'au sein de chaque pays. Le coefficient de Gini, qui mesure l'inégalité des
revenus, varie considérablement d'un pays à l'autre, allant de 33 en Ethiopie à 65 en
Afrique du Sud. Les économies africaines sont résilientes face aux chocs, mais la région
est confrontée à des défis considérables tels que le chômage de masse, le sous-emploi, la
corruption, la mauvaise gouvernance économique et la vulnérabilité aux chocs négatifs. La
croissance économique africaine a été supérieure à la croissance mondiale depuis 2008,
mais elle a connu un ralentissement en raison des cours des matières premières, de
l'inflation et des déséquilibres des finances publiques. En 2022, la croissance économique
en Afrique subsaharienne devrait ralentir fortement à 3,6 % en raison du ralentissement de
l'économie, du resserrement des conditions financières et de la hausse de l'inflation à
l'échelle mondiale.
Cependant, selon les dirigeants d'Investisseurs et Partenaires, un fonds d'investissements
réputé destiné aux PME africaines, l'Afrique va progressivement influencer l'ensemble de
la planète de manière significative, et en 2050, son PIB pourrait égaler celui de l'Union
européenne, tandis que sa population comptera 2 milliards d'habitants.
La croissance économique en Afrique repose principalement sur la demande d'un marché
intérieur africain en expansion, en raison de la démographie, de l'urbanisation et de la
montée en puissance d'une classe moyenne. De plus, les investissements internationaux
dans l'Afrique sont en augmentation, avec un besoin massif d'investissements dans des
infrastructures de tous types et la création de millions d'emplois pour donner un avenir
stable aux générations futures. Les entrepreneurs sont confrontés à de nombreuses
difficultés opérationnelles, telles que la carence de l'alimentation électrique, de la pénurie
de personnel qualifié, de problèmes fonciers et de tracas inutiles causés par l'administration
fiscale. Pour faciliter la croissance, il est important de résoudre ces problèmes et de créer
un environnement propice à l'investissement et à la prospérité.

33
2- L’innovation africaine :

Au cours des 20 dernières années, l'Afrique a connu un développement important du


secteur privé et des grandes entreprises. Les banques africaines de taille régionale, comme
Standard Bank, Attijariwafa Bank et Ecobank, ont émergé. Les compagnies de transport
aérien, comme Ethiopian Airlines, Kenya Airlines et Royal Air Maroc, ainsi que
l'entreprise de ciment nigériane Dangote, ont également prospéré. Les télécommunications,
avec des multinationales comme MTN, ont connu un essor notable.
En parallèle, l'Afrique a connu une explosion de la créativité, notamment chez les jeunes
intellectuels vivant dans les grandes villes. Cette créativité se reflète dans les affaires et les
arts, avec une synergie entre le secteur économique des loisirs et de la culture. Les start-up
se multiplient dans des villes telles que Dakar, Abidjan, Lagos, Nairobi et Johannesburg.
72% des jeunes Africains sont attirés par l'entrepreneuriat. Les entrepreneurs africains,
souvent très qualifiés et structurés, ont généralement fait des études supérieures à l'étranger
avant de revenir dans leur pays d'origine pour créer ou reprendre une entreprise. Ils sont en
rupture avec les normes conservatrices de leur société et osent prendre des risques dans un
environnement économique souvent défaillant.
Cependant, ces entrepreneurs africains font face à plusieurs obstacles majeurs, tels que le
manque d'accès au financement bancaire traditionnel et une infrastructure insuffisante. Les
réglementations fiscales peuvent également être dissuasives voire décourageantes pour
certains investissements. Il est donc crucial que les gouvernements africains travaillent
main dans la main avec le secteur privé pour créer un environnement favorable au
développement des PME locales et encourager davantage l'esprit entrepreneurial chez ses
jeunes citoyens. Les partenaires internationaux doivent également jouer un rôle clé dans ce
processus via notamment des programmes spécialement conçus visant à renforcer cet esprit
entrepreneurial auprès de populations vulnérables comme celles vivant sous seuil
minimums.
En conclusion, l'émergence rapide d'une classe moyenne croissante combinée avec une
population jeune très qualifiée offre aujourd'hui une opportunité unique permettant non
seulement de développer durablement mais aussi de transformer radicalement nos sociétés.
Les entrepreneurs africains sont les pionniers de cette transformation et il est important que
nous leur apportions tout le soutien nécessaire pour qu'ils puissent continuer à innover,
créer des emplois durables et contribuer au développement économique de l'Afrique
subsaharienne dans son ensemble.

34
2.1 - Les secteurs porteurs :

1. Télécommunications : Le secteur des nouvelles technologies, en particulier la


téléphonie mobile et le commerce en ligne, a connu une croissance spectaculaire en
Afrique. Les transferts d'argent via mobile et le "mobile banking" sont des
innovations africaines qui ont ensuite été exportées vers d'autres régions.
2. Services informatiques : Le marché africain des services informatiques s'est
développé pour répondre aux besoins des opérateurs de téléphonie mobile, des
banques, des administrations, etc. Les entreprises africaines interviennent dans le
développement de logiciels et la gestion des systèmes d'information.
3. Agro-alimentaire : Le secteur agricole en Afrique est en forte croissance en raison
de la demande croissante due à la croissance démographique et à la disponibilité de
terres cultivables. Les télécommunications sont également utilisées pour
l'information et la formation des fermiers.
4. Santé : Le secteur de la santé en Afrique est confronté à de nombreux défis, mais
des progrès ont été réalisés avec la lutte contre le paludisme et la baisse du
VIH/SIDA. Le secteur privé de la santé se développe pour pallier les insuffisances
du secteur public.
5. Développement urbain : L'urbanisation croissante en Afrique crée des besoins
immenses en matière d'infrastructures urbaines, de transports collectifs, de
logements, etc. Le développement urbain doit intégrer les enjeux du développement
durable.
6. Transports : Les coûts élevés et la lenteur des transports sont des obstacles
majeurs pour l'économie africaine. Les entrepreneurs sérieux peuvent saisir des
opportunités dans le secteur des transports en mettant l'accent sur la régularité, la
maintenance et la sécurité.

7. Bâtiment et travaux publics : Le secteur du BTP est en expansion en raison des


besoins liés à la forte croissance démographique et au développement des
infrastructures.
8. Énergie : L'Afrique a un fort potentiel en matière d'énergies renouvelables, mais il
est encore sous-exploité. La production d'électricité décentralisée fondée sur les
énergies renouvelables présente des opportunités, tout comme le développement de
l'efficacité énergétique.

9. Formation professionnelle et enseignement supérieur : L'enseignement


technique et la formation professionnelle ont un déficit important en Afrique. Le
secteur privé commence à prendre la relève en offrant des formations pratiques et
en recherche de partenariats avec des universités internationales.

35
10. Tourisme : Malgré les défis sécuritaires et les infrastructures limitées, le secteur du
tourisme en Afrique subsaharienne connaît une croissance importante et contribue
au développement économique et à l'emploi.

11. Industries culturelles : Le dynamisme culturel en Afrique, notamment dans la


musique, le cinéma, la mode, offre un potentiel de développement important. Les
industries culturelles sont soutenues par les médias et les plateformes en ligne. Ces
11 secteurs porteurs d'opportunités en Afrique sont la preuve que le continent est un
lieu de développement économique et social. Les entrepreneurs qui souhaitent
investir dans ces domaines peuvent non seulement réaliser des profits, mais
également contribuer à l'amélioration de la qualité de vie des populations locales.

3- Les gouvernances nécessaires pour le développement :


3.1- La gouvernance économique :

L'émergence de l'Afrique dépend de plusieurs facteurs, notamment l'intégration régionale


pour la création d'infrastructures et de marchés plus vastes, la priorité donnée à la
transformation des matières premières plutôt qu'à leur exportation, et la modernisation de
l'agriculture vivrière. Une bonne gouvernance financière est également essentielle, avec la
lutte contre la corruption et la fuite des capitaux africains, ainsi que l'encouragement de
l'investissement africain malgré les taux d'intérêt élevés qui compromettent les emprunts et
les investissements.
La corruption est un problème profondément enraciné dans de nombreux pays africains,
alimentée par le besoin de redistribuer les revenus à la famille, au clan ou au village
d'origine, ainsi que par la faiblesse des rémunérations des fonctionnaires. Les dirigeants
corrompus ont tendance à en bénéficier davantage, tandis que les citoyens pauvres en sont
les principales victimes, exclus des services publics. La corruption aggrave les inégalités et
est profondément antisociale.
Bien que l'Afrique centrale soit particulièrement réputée pour sa gestion rentière et sa
corruption, elle n'en a pas le monopole. D'autres régions, comme le Sahel, sont également
touchées, parfois dans des contextes d'insécurité où les services publics deviennent plus
difficiles à assurer. Cela crée un terrain propice à la corruption, avec une plus grande
sollicitation de l'aide internationale qui craint d'être mal utilisée.
Par exemple : La corruption est répandue en Afrique, prenant différentes formes telles que
les pots-de-vin demandés par les policiers, la surfacturation des actes administratifs et des
documents officiels, et le détournement de fonds. Les dirigeants corrompus bénéficient le
plus souvent de ces pratiques, tandis que les citoyens ordinaires en sont les principales
victimes, privés de services publics essentiels. La corruption aggrave les inégalités et
entrave le développement économique et social de l'Afrique. Les gouvernements africains

36
doivent prendre des mesures pour lutter contre la corruption, renforcer la transparence et la
responsabilité, et promouvoir une culture de l'intégrité.

3.2- La gouvernance politique :


La gouvernance politique en Afrique varie considérablement d'un pays à l'autre. En Afrique
de l'Ouest, l'alternance politique est généralement assurée par des élections régulières, à
l'exception du Togo qui connaît une dynastie présidentielle héréditaire. En revanche, en
Afrique centrale, de nombreux autocrates s'accrochent au pouvoir depuis des décennies ou
des dynasties familiales y sont établies, ce qui limite l'alternance politique. Dans certaines
régions d'Afrique orientale et australe, la démocratie semble plus avancée, à l'exception de
l'Angola qui est confronté à la corruption liée à l'abondance des hydrocarbures.
Le lien entre la gouvernance et la croissance économique est visible dans plusieurs pays,
tels que la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Kenya et le Maroc, où une meilleure gouvernance a
favorisé le développement. Selon la Fondation Mo Ibrahim, spécialisée dans la
gouvernance en Afrique, le niveau global de gouvernance en Afrique s'est amélioré depuis
l'an 2000.
La situation politique des États africains peut être regroupée en différentes catégories : les
démocraties matures (tels que le Sénégal et le Ghana), les "démocratures" (régimes
autoritaires mais performants, comme le Rwanda et le Botswana), les démocraties molles
(institutions démocratiques mais peu performantes ou détournées, par exemple le Mali et le
Burkina Faso), les dictatures (comme l'Égypte et le Zimbabwe), les États rentiers (comme
le Gabon et le Congo) et les "États faillis" (tels que la Libye et la Somalie).
Sur le plan de la sécurité, certains pays font face à des mouvements terroristes et/ou
criminels de grande ampleur, tels que Boko Haram dans la région du lac Tchad et les
groupes armés au Sahel. Des violations des droits de l'homme persistent dans de nombreux
pays africains, notamment en matière de torture, malgré les interdictions internationales.
Certains pays maintiennent encore la peine de mort.

3.3. La gouvernance sociale :


La société civile en Afrique est très développée et prend différentes formes, telles que :

 Les associations de développement communautaire

 Les associations professionnelles, notamment dans le secteur agricole

 Les associations religieuses

Les ONG, qu'elles soient nationales ou étrangères, jouent un rôle important en Afrique. À
l'exception de pays comme l'Érythrée qui contrôle étroitement les ONG humanitaires, il est

37
courant qu'elles soient financées de l'extérieur. Les ONG offrent souvent des opportunités
professionnelles et de revenus pour les cadres sociaux, complétant ainsi les secteurs public
et commercial. Dans des pays chaotiques comme la République démocratique du Congo,
les ONG contribuent à la structuration de la société.

Même dans des pays autoritaires, les ONG de défense des droits humains sont actives.
Certaines dictatures persécutent ces ONG lorsqu'elles critiquent le gouvernement ou
s'opposent à ses exactions, entraînant de nombreux militants à l'exil. Par exemple, la
Mauritanie persécute les militants anti-esclavagistes, bien que l'esclavage ait été
officiellement aboli récemment. Néanmoins, un dialogue, bien que parfois tendu, existe
dans la plupart des pays, notamment avec les ministères de la Justice.

Les femmes africaines jouent également un rôle crucial dans la vie associative et
communautaire, contribuant grandement à leur dynamisme.

Cependant, la corruption est un problème profondément enraciné dans de nombreux pays


africains, ce qui crée des obstacles au développement économique et social. Les
gouvernements africains doivent travailler à la bonne gouvernance économique et à la
redistribution équitable des richesses générées pour réduire la pauvreté des populations

4- Les défis démographiques :


La population de l'Afrique subsaharienne est principalement composée de jeunes, avec
environ 60% de la population ayant moins de 25 ans. En raison du taux de fécondité encore
élevé de cinq enfants par femme, on estime que la population de la région atteindra 2
milliards d'habitants d'ici 2050 et peut-être même 4 milliards d'ici 2100.
Cependant, on observe une transition démographique en cours dans la région. Le taux de
croissance de la population diminue, tandis que le produit intérieur brut (PIB) augmente, ce
qui permet une amélioration du niveau de vie.
Le taux de fécondité tend à baisser, en particulier en Afrique du Nord où il est déjà tombé à
2,2 enfants par femme. En revanche, en Afrique subsaharienne, les taux de fécondité
varient de 3 enfants par femme en Afrique du Sud à 7 enfants au Niger et 6 enfants au
Mali, avec une moyenne actuelle de 5 enfants.
Néanmoins, ce taux de fécondité baisse, notamment grâce à la scolarisation croissante des
filles, qui réduit les mariages précoces et change leur perception de la condition féminine.
La natalité diminue également en raison de l'urbanisation, qui entraîne de mauvaises
conditions de logement et une éducation plus difficile pour les enfants. De plus, les enfants
ne sont plus nécessaires pour les travaux agricoles, ce qui réduit leur justification dans les
zones rurales.
Il y a également une migration vers les zones urbaines, favorisée par le développement de
grandes capitales anarchiques et de bidonvilles insalubres. On estime qu'environ la moitié
de la population africaine sera urbaine d'ici 2040. Cependant, le nombre de personnes

38
vivant en milieu rural continue de croître, même s'il diminue en proportion de la population
totale.
Les migrations à l'intérieur des pays sont plus importantes que celles entre les pays
africains, et l'émigration entre pays africains reste plus importante que celle vers l'extérieur
du continent. Par exemple, il y a eu d'importants mouvements migratoires du Zimbabwe,
du Mozambique et de la République démocratique du Congo vers l'Afrique du Sud, bien
que cela ait diminué en raison du ralentissement économique de ce pays, ce qui a créé des
problèmes sociaux tels que la concurrence pour l'emploi et des manifestations xénophobes.
Il y a également des mouvements migratoires de l'Afrique de l'Ouest vers l'Afrique du
Nord, notamment vers le Maroc qui a adopté une politique d'accueil plus favorable aux
Subsahariens.

5- Les défis sociaux :


L'Afrique connaît une croissance économique encourageante, mais la majorité des emplois
sont dans le secteur informel, créant des frustrations chez les jeunes diplômés et
contribuant à l'émigration vers les pays développés. La création d'emplois de qualité est le
plus grand défi de l'Afrique, avec un besoin de créer 450 millions d'emplois pour les jeunes
d'ici 30 ans. Les inégalités augmentent malgré la baisse du taux de pauvreté, et l'accès à la
santé est difficile pour la majorité de la population. La société civile est très active en
Afrique, avec des associations de développement communautaire, professionnelles,
Religieuses et des ONG, et La "classe moyenne" représente un phénomène sociologique
nouveau qui encourage la croissance par la demande interne. Enfin, la prévalence du VIH-
SIDA est de 3,9% en 2018 en Afrique, alors que la moyenne mondiale est de 0,8% selon
l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

6- Les stratégies face aux défis de l’Afrique :


Pour atteindre l'émergence d'un pays, Pierre Jacquemont propose dix conditions ou facteurs
stratégiques :
 Élaborer une stratégie et des plans d'émergence, à l'exemple de pays comme le
Maroc ou le Sénégal, suivis par d'autres tels que le Cameroun.
 Construire des sécurités de base, comprenant une agriculture de subsistance, la
préservation de l'environnement, des ressources énergétiques autonomes et un
contrôle du système bancaire.
 Réduire les inégalités de revenus, les disparités entre les genres et les obstacles
d'accès à l'éducation et à la santé, en raison de leurs impacts économiques
négatifs et des risques sociaux associés.
 Développer l'inclusion par l'emploi, en mettant l'accent sur le développement de
services, qu'ils soient urbains ou ruraux, formels ou informels.
 Favoriser le développement de la protection sociale.
 (Re)susciter le développement territorial pour renforcer les bases de
l'émergence économique.

39
 Renforcer les conditions de participation nationale, tant en emploi qualifié qu'en
capital, imposées aux investissements internationaux.
 Promouvoir une économie "verte" axée sur la création d'emplois et la
préservation de l'avenir environnemental.
 Améliorer la fiscalité et son efficacité.
 Réorienter l'aide internationale vers des leviers plus impactantes, en mettant
l'accent sur la réduction des risques fondamentaux et les conditions d'une
croissance inclusive.
Choisir judicieusement le mode de développement, avec trois possibilités envisagées selon
Severino et Hajdenberg :
 La croissance par les exportations de matières premières.
 Les investissements étrangers pour les transferts technologiques.
 Soutenir "l'entreprenante Afrique" en mettant en place des "Small-business
acts" favorables aux PME, à l'instar du Kenya et de la Tanzanie.
Il s’agirait alors d’une croissance endogène, mais ouverte aux échanges internationaux.

This chapter serves as an introduction to the second part, focusing on the


adaptation of management in Africa. It encompasses a detailed exploration of
the continent's economic, political, and social landscape. The discussion
begins with the international perspective, highlighting Africa's significance in
the 21st century and the shifting dynamics of external financial transfers. The
text delves into the complexities of African economic growth, addressing both
successes and challenges faced by different nations. It then transitions to the
theme of innovation, emphasizing the growth of the private sector and
entrepreneurial spirit. Key sectors offering opportunities for development are
identified, and the narrative extends to governance, demographic trends,
social challenges, and strategies to overcome obstacles and foster Africa's
emergence.

40
CHAPITRE XI : LES MODELES DU
MANAGEMENT INTERCULTUREL CONFRONTES A
L’AFRIQUE

1. Application des modèles interculturels classiques au management


africain

A. Les distances hiérarchiques :

En général, les sociétés africaines ont une distance hiérarchique faible. Cela signifie
qu'elles accordent moins d'importance aux différences de statut entre les personnes.
Les Africains sont donc plus susceptibles de :

 Traiter leurs supérieurs hiérarchiques de manière informelle,


 Partager les décisions avec leurs supérieurs hiérarchiques.

Cependant, il est important de noter que cette généralisation ne s'applique pas à toutes les
cultures africaines. Dans certaines sociétés, la distance hiérarchique est plus important.
B. Partenariat :

En Afrique, les gens attachent une grande importance au partenariat dans leurs
relations. Cela signifie que, que ce soit avec leurs patrons ou leurs collègues, ils
considèrent chacun comme étant sur un pied d'égalité. Les Africains sont enclins à
construire des relations basées sur la confiance et le respect mutuel avec leurs supérieurs et
leurs collègues. De plus, ils partagent les responsabilités et travaillent ensemble vers des
objectifs communs, favorisant ainsi une collaboration équilibrée.

1.1 Relation à la société

A) L’individualisme

Les sociétés individualistes valorisent l'autonomie et la responsabilité individuelle. Les


individus sont encouragés à prendre des initiatives et à assumer leurs responsabilités
personnelles. La vie privée est séparée de la vie professionnelle.

B) Sens communautaire :

Les Africains valorisent le groupe et l'intérêt collectif. Ils accordent beaucoup d'importance
aux relations sociales et au travail d'équipe. La vie personnelle et la vie professionnelle
peuvent être partagées ou même confondues.

41
En Afrique, les sociétés sont généralement plus communautaires qu'individualistes. Les
Africains accordent beaucoup d'importance aux relations sociales et au travail d'équipe. Ils
sont plus susceptibles de considérer la vie privée et la vie professionnelle comme faisant
partie d'un tout.

1.2 Relations dans l’équipe

En Afrique, les sociétés sont généralement plus féminines que masculines. Les Africains
accordent beaucoup d'importance aux relations sociales et au travail d'équipe. Ils sont plus
susceptibles de rechercher des conditions de travail agréables et de favoriser l'harmonie des
positions.

1.3 Gestion du temps

Les Africains sont généralement plus polychroniques que monochroniques. Ils sont plus
susceptibles d'être ouverts aux interruptions, de passer d'une tâche à l'autre et d'accepter les
modifications de programme.

1.4 Gestion de l’information :

Les Africains sont généralement plus implicites et informels que les Occidentaux. Ils
s'expriment de façon informelle, elliptique ou sous-entendue, et supposent que le contexte
de la situation est déjà connu. Ils font circuler l'information de façon spontanée, orale et
indépendante des circuits officiels. Par exemple Dans une entreprise africaine, il est
courant que les informations soient transmises de façon orale, par exemple lors de réunions
informelles ou de conversations entre collègues.

1.5 Gestion du statut

Les Africains sont généralement plus sensibles au statut d'origine que les Occidentaux. Ils
reconnaissent et valorisent l'appartenance à une catégorie d'origine, caractérisée par des
critères discriminants tels que l'ethnie, la caste, le clan, la famille, l'âge, le sexe, la
provenance régionale, le diplôme, la religion ou la langue.

1.6 Gestion du risque

Les Africains sont généralement plus ouverts à la prise de risque que les Occidentaux. Ils
sont moins réticents à prendre des risques, soit par confiance en leurs propres aptitudes,
soit par sentiment de ne pas être le maître de leur destin. Ils sont ouverts à l'innovation et à
l'entreprenariat.

42
1.7 Gestion de la règle (particularisme, universalisme)

Les Africains sont généralement plus particularistes que les Occidentaux. Ils sont plus
susceptibles d'adapter la règle selon les personnes concernées ou selon l'appréciation des
circonstances. Ils acceptent que des personnes de statut privilégié puissent ne pas respecter
la règle. Dans une entreprise africaine, il est plus probable qu'une règle soit enfreinte pour
des raisons personnelles ou familiales.

2. Interprétation du management africain par référence aux


modèles interculturels :

2.1. La relation hiérarchique

Elle est plus marquée en Afrique qu’en Europe et même qu’en France, mais elle en est
différente. Les relations hiérarchiques sont généralement caractérisées par :

• Une Forte importance de la hiérarchie, avec un respect marqué pour les supérieurs

• Le chef est souvent l'objet d'une sorte de vénération

• L'autorité est tempérée par la consultation

• Le chef doit consulter son « conseil des sages »

• Il leur donne la parole successivement

• Il tirera ensuite la conclusion

• S'il n'est pas d'accord avec l'un de ses collaborateurs, il commencera par lui dire : «
tu as parfaitement raison », puis il développera progressivement une argumentation
contraire

2.2 La relation à la société

En Afrique, l'individu est perçu comme faisant partie d'un groupe, et le sens
communautaire est très fort. Les objectifs collectifs sont privilégiés, et les objectifs
individuels sont souvent subordonnés aux objectifs du groupe. Ainsi il y’a peu de
séparation entre la vie professionnelle et la vie privé.

La relation hiérarchique et la relation à la société :

43
En Afrique, les relations entre les employeurs et les employés
sont souvent fondées sur un modèle paternaliste. Dans ce modèle, l'employeur est
considéré comme un chef de famille, et les employés comme des enfants. Les relations
sont fondées sur la confiance, la loyauté et l'obligation mutuelle.

Ce modèle est en train d'évoluer sous l'influence des entreprises internationales, qui
privilégient les procédures et l'équité. Cependant, il reste encore très présent dans de
nombreuses entreprises africaines.

L'étude de Jean-Michel Severino et Jérémy Hajdenberg sur les PME


africaines :

Il montre que le modèle familial est très répandu en Afrique. Les entrepreneurs africains
privilégient souvent l'engagement de leur propre famille au sein de leur entreprise. Par ce
que l’entreprise est considéré en Afrique comme patrimoine familial.

3. La relation dans l’équipe :

Les relations dans l’équipe sont à la fois fondées sur l’affirmation de soi et le consensus.
L’affirmation de soi se traduit notamment dans les apparences, le langage et le discours. La
recherche de consensus peut retarder les décisions dans l’équipe. Pour gérer efficacement
les relations dans une équipe africaine, il est important de comprendre ces deux tendances
et de trouver un équilibre entre elles.

4. La gestion du temps :

En Afrique, la gestion du temps est très polychronique. Les rendez-vous peuvent être pris
au dernier moment. Les interruptions pendant un rendez-vous ou une réunion de travail
sont fréquentes. Les temps personnels et professionnels ne sont pas distingués comme en
Occident. Ainsi qu’il y’a globalement peu de planification et de prévision.

5. La gestion du l’information :

La gestion de l'information en Afrique est différente de celle de l'Occident. Les Africains


sont souvent moins directs et plus indirects dans leur communication. Ils peuvent être
réticents à partager des informations qu'ils considèrent comme confidentielles. Ils peuvent
également utiliser des points de repère vagues pour désigner des lieux.

6. La gestion du statut :

En Afrique, il existe beaucoup de situations de statut octroyé. La primauté de l’âge est


importante. Le respect du statut s’accompagne du protocole correspondant. Il peut jouer
sur l’avancement, mais il n’empêche généralement pas une progression de carrière au
mérite.

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7. La gestion du risque :

En Afrique, on ne se soucie pas beaucoup de prévention des risques, même si les gens sont
assez entreprenants. Beaucoup recherchent toujours un emploi stable et sécurisé. Le fait de
faire partie d'une communauté peut rendre difficile la prise de risques. De plus, la peur du
vieillissement et de la mort est moins présente.

8. La gestion de la règle :

En Afrique, on est souvent sur le versant du particularisme. La règle s’applique en fonction


des personnes concernées. Ainsi que les Africains cherchent souvent à établir une relation
personnifiée avec un fonctionnaire ou un responsable.

This chapter concerns management models in Africa, they are diverse and
influenced by the continent's cultural specificities, such as the importance of
human relationships, respect for elders, the significance of family and
community, religion, and language. International models of intercultural
management can be helpful in understanding these cultural differences, but it
is important to adapt them to the African reality.

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CHAPITRE XII : ADAPTER SON MANAGEMENT
DANS LES ENTREPRISES ET LES ORGANISATIONS
EN AFRIQUE
1. L'adaptation managériale au contexte africain

Pour réussir en Afrique, il est important de développer des attitudes personnelles qui respectent la
culture africaine, tout d'abord il faut construire des relations personnelles de confiance avec ses
interlocuteurs africains, il faut être respectueux, élégant, humoristique et patient. Ainsi qu'il faut
bien gérer les situations difficiles. il est important d'éviter les comportements arrogants, impatients
ou colériques. faut également être prudent pour éviter la corruption et les abus de confiance.
Prenant le cas de la "mangeoire" décrit dans l'ouvrage, c'est un exemple abus, un cadre africain
demande à un partenaire européen de l'aider à faire admettre son fils dans un établissement
européen. Le partenaire européen accepte, mais le cadre africain demande ensuite une
compensation financière pour son aide. Ce genre de situation est fréquent en Afrique, car les cadres
africains ont souvent des obligations de solidarité et de redistribution envers leur famille et leur
communauté.
La gestion interculturelle en Afrique est une tâche complexe, car elle doit prendre en compte la
forte solidarité communautaire. Cela se traduit souvent par une préférence pour recruter ou
promouvoir des membres de sa famille, de son village, de son clan ou de son ethnie. Cette
préférence peut avoir des conséquences importantes sur la gestion des ressources humaines des
entreprises. Elle peut conduire à une répartition inégale des postes et des responsabilités, à une
discrimination et à une inefficacité. Pour mettre en place des pratiques de gestion des ressources
humaines basées sur les compétences et les performances dans un contexte culturel où la solidarité
communautaire est forte, il est nécessaire d'adopter une approche progressive
Les entreprises et organisations qui souhaitent réussir en Afrique doivent être conscientes des
différences culturelles et être prêtes à adapter leurs pratiques en conséquence. Cela nécessite une
analyse approfondie du contexte culturel et une compréhension des enjeux sociologiques et
politiques.

A retenir d'après les études de cas effectués au Cameron, mali, Sénégal :


• La préférence communautaire est une réalité importante en Afrique. Les entreprises
internationales doivent en tenir compte dans leurs pratiques de gestion des ressources humaines
• Les projets techniques ont souvent des implications sociales et culturelles importantes. Il est
important de les prendre en compte dès la conception du projet.
• L'analyse du contexte culturel est essentielle pour la réussite d'un projet en Afrique.

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2. Stratégie pour la conduite de grands projets en Afrique

L'émergence de puissances émergentes telles que l'Inde, le Brésil, la Turquie et surtout la Chine
engendre une compétition croissante en Afrique pour l'accès aux matières premières. La présence
de la Chine dans divers secteurs peut remettre en question les normes occidentales de gouvernance
et de responsabilité sociale et environnementale, bien que la Chine s'adapte progressivement à ces
exigences. Les incertitudes économiques récentes ont entraîné un ralentissement de la croissance
dans certains pays en raison notamment de la baisse des prix des matières premières. Les
investissements majeurs, notamment dans le secteur minier, nécessitent une approche à long terme.
En parallèle, l'aide publique au développement stagne tandis que les transferts d'argent des émigrés
augmentent mais sont souvent utilisés pour subvenir aux besoins quotidiens plutôt que pour des
projets économiques spécifiques. De plus, certains pays imposent des restrictions sur
l'investissement dans les ressources humaines avec des réglementations strictes concernant
l'embauche de professionnels étrangers.
Politique BEE : (Etude de cas en Afrique du sud)
En Afrique du Sud, la politique BEE (Black Economic Empowerment) vise à redistribuer les
richesses en favorisant le pouvoir économique et politique des personnes noires. Cette politique à
passer par deux phases. La première phase (1994-1998) a bénéficié à une élite noire, mais n'a pas
atteint les masses. La deuxième phase (à partir de 2003) a élargi la politique en incluant l'embauche
et la préférence pour les entreprises noires, améliorant l'accès à l'emploi. Toutefois, le BEE est
critiqué pour l'embauche de personnes non qualifiées. Les entreprises françaises impliquées doivent
comprendre les défis, s'aligner sur des objectifs stratégiques, et mettre en place des mécanismes de
suivi. En collaboration avec les autorités sud-africaines, elles peuvent contribuer à une économie
plus inclusive.
En effet, le chômage des personnes noires reste très élevé, à 30,4 %, contre 7,6 % pour les
personnes blanches. De plus, certaines entreprises ont profité de la BEE pour embaucher des
personnes noires non qualifiées, ce qui a créé un "plafond de verre" pour les personnes noires
compétentes.
Pour être plus efficace, la BEE doit donc se concentrer sur le développement des compétences des
personnes noires.

La stratégie de ressources humaines pour un grand projet en Afrique :


Les entreprises qui investissent en Afrique doivent s'adapter au marché du travail local, qui est
souvent caractérisé par une pénurie de compétences techniques. Pour recruter les talents dont elles
ont besoin, elles peuvent s'appuyer sur trois stratégies complémentaires :
• Soutenir le système de formation sectoriel du pays
• Recruter des cadres et techniciens qualifiés, notamment en Europe
• Créer un centre de formation pour les ouvriers dans la nouvelle entreprise
Les entreprises peuvent également s'appuyer sur le marché de l'emploi local pour recruter des
travailleurs non qualifiés, ou sur le marché de l'emploi international pour quelques postes
hautement qualifiés ou spécialisés.

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Comme il est situé dans l’ouvrage une étude de cas concrète mené en guinée qui traite les défis de
l’emploi qualifié. Cependant a majorité de la population guinéenne est analphabète et le système
de formation professionnelle est insuffisant. Les compétences des travailleurs guinéens ne
correspondent pas toujours aux exigences des entreprises internationales.
Face à ce défi, les investisseurs internationaux doivent s'engager à renforcer le système de
formation professionnelle en Guinée. Ils doivent également créer des centres de formation
d'entreprise pour les emplois de technologies spécifiques. De plus, ils peuvent envoyer des stages à
l'étranger aux futurs ingénieurs, techniciens et agents de maîtrise.

Chapter XII talks about management in Africa that poses a complex challenge due to the
diversity of cultures and socio-economic contexts across the continent. There are two
critical types of adaptation for success: managerial adaptation to the existing African
context, which involves personal attitudes and management strategy, and the strategy for
conducting major projects in Africa, which pertains to geopolitical context and human
resources strategy.

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Cet ouvrage se présente comme une exploration approfondie des cultures
africaines, mettant en lumière leur convergence étendue et proposant des
conseils pour adapter son approche tant dans les relations professionnelles que
personnelles. L'auteur part du postulat que les cultures trouvent leurs
fondements dans l'histoire et la spiritualité, qui constituent les assises de leurs
valeurs.
La première partie, après des définitions préalables, plonge dans des éléments
significatifs de l'histoire de l'Afrique à travers ses périodes précoloniale,
coloniale, et postcoloniale, ainsi que ses évolutions religieuses. L'ouvrage
explore la trajectoire mouvementée du continent, mettant en lumière ses
royaumes et civilisations révolus, les flux d'esclavage internes et externes, et
trace le parcours de la colonisation jusqu'aux mouvements d'indépendance qui
ont conduit à la modernité et à la "renaissance" contemporaine de l'Afrique.
La deuxième partie se consacre à la situation actuelle en commençant par un
cadre économique, social, et anthropologique général, pour ensuite se
focaliser sur l'entreprise et la vie professionnelle. Cela répond à la nécessité
de comprendre, surtout pour ceux envisageant de travailler en Afrique, les
secteurs économiques porteurs, les défis de gouvernance, les modèles
relationnels et managériaux, ainsi que les dynamiques culturelles de
"l'Afrique du jour" et de "l'Afrique de la nuit".

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