HDA enluminure Lancelot et Guenièvre

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Le Graal selon Barjavel, entre tradition et modernité Séquence 5e

Histoire
e
arts
dess Lancelot et Guenièvre
Par Marie-Paule Rochelois

La légende
de Lancelot a
rencontré dès C’est le cas de cette copie réali-
l’époque médiévale sée vers 1380-1385 par un nommé
Albertolus de Porcelis et qui se trou-
tant de succès vait dans la bibliothèque des ducs de
que plus de Milan. La magnificence de ses illus-
cent cinquante trations a valu à son illustrateur d’être
manuscrits désigné comme le Maître de Lancelot.
médiévaux contant
la quête du Saint- Bleu et rouge
Graal nous sont précieux
parvenus, recopiés
L’enluminure frappe d’abord par la
au sein d’ateliers finesse de son exécution : le rendu des
spécialisés tissus, impression et drapé, la justesse
et souvent des expressions. Ses couleurs vives, à
magnifiquement dominante de rouge et de bleu, sont
enluminés. très prisées au Moyen Âge – le bleu
à partir du XIIIe siècle. Leur maîtrise
et leur vivacité soulignent l’excellence
Cela en faisait des de l’atelier où officiait le Maître de
objets coûteux : la Lancelot.
plupart ont donc été Car les couleurs pouvaient être Lancelot et Guenièvre, miniature,
réalisés à la demande obtenues par différents pigments vers 1380-1385, BnF, Paris.
de grands seigneurs ou d’origine végétale ou minérale. Le
de bourgeois lettrés, bleu était en général de l’indigo, extrait
et soigneusement d’une plante assez commune appelée guède. Mais on parvenait au bleu plus profond
et plus lumineux employé ici à partir de la pierre broyée de lapis-lazuli, minerai qui
conservés dans leur ne se trouvait qu’en Afghanistan et donc beaucoup plus onéreux. Quant au rouge, il
bibliothèque, ce qui avait beaucoup gagné en éclat depuis la synthèse, à la fin du XIe siècle, du sulfure de
explique qu’ils aient mercure qui a donné le vermillon ; celui-ci remplace le minium, rouge orangé, qui
traversé les siècles. avait donné leur nom aux miniatures.

Perspective multiple
Cette scène où Lancelot partant pour la quête du Graal vient ému faire ses
adieux à Guenièvre pourrait paraître d’une composition assez malhabile : ce serait
ne pas tenir compte des règles médiévales. D’abord, ce n’est pas tant la réalité qu’on
cherche à rendre : l’illustration est avant tout symbole. On reconnaît la dame, noble
et belle, à sa taille mince, mise en valeur par l’arrondi des bras, sa blondeur, sa peau
blanche et ses longs doigts. Et le chevalier à son armure et ses éperons de guerrier, ses
épaules larges qu’on montre de face, et ses cuisses puissantes. Ensuite, la perspective
est assez déconcertante pour qui est aujourd’hui habitué au point de fuite unique
adopté depuis la Renaissance : les colonnes du baldaquin alignées sur le même plan,
le lit vu de dessus… Mais le Moyen Âge multiplie les points de vue : les objets ne sont
Retrouvez pas figurés par rapport à l’œil du spectateur, mais aussi à celui des personnages – la
le questionnaire vision du lit est donc ici celle de Guenièvre et Lancelot –, voire à celui de Dieu, qui
élève de cette analyse voit tout, y compris ce qui pourrait nous paraître caché.
et son corrigé en
ligne.

SEPTEMBRE 2015 NRP COLLÈGE 39

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